- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, je suis Gérard Peccoux, cofondateur de Calimedia, une entreprise pionnière dans le digital learning, qui fait désormais partie de Bealink, un acteur majeur de l'innovation en formation professionnelle. Je vous souhaite la bienvenue sur Never Stop Learning, le podcast qui vous emmène au cœur des révolutions de l'apprentissage. Chaque épisode explore les contributions des spécialistes en andragogie, psychologie cognitive, neurosciences et technologies de pointe qui façonnent l'avenir de la formation. Never Stop Learning, c'est votre rendez-vous avec les leaders et les idées qui transforment l'apprentissage de demain. Bonjour et bienvenue à tous nos auditeurs. Jamais une technologie n'aura autant bouleversé le monde de la formation que l'intelligence artificielle. De l'émergence fulgurante des IA génératives comme ChatGPT, Gemini, Claude, en passant par Copilot, Perplexity ou Mistral. à l'apparition d'agents autonomes capables de planifier et d'agir sans supervision humaine, l'IA change la manière dont on conçoit, diffuse et pilote les apprentissages. En 2025, les directions des ressources humaines, les responsables Learning and Development, les formateurs, les ingénieurs pédagogiques doivent composer avec un paysage en mutation rapide. Loin d'être un effet de mode, l'IA s'impose comme une réalité industrielle et pédagogique à maîtriser. Pour mieux comprendre les technologies, les usages, les enjeux humains et les outils qui façonnent dès aujourd'hui la formation de demain, j'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui Philippe Lacroix, expert reconnu en Digital Learning. Philippe est un spécialiste de la transformation des dispositifs de formation en entreprise. Il accompagne depuis plus de 20 ans, c'est peut-être même plus, des organisations dans la mise en place de stratégies pédagogiques innovantes alliant technologie, neurosciences et expériences apprenantes. Il est également cofondateur d'ILDI, un cabinet de conseils reconnu dans le domaine du learning et de l'accompagnement à la digitalisation des formations. Consultant, conférencier et auteur, Philippe est très actif dans l'écosystème EdTech français et partage régulièrement ses réflexions sur les évolutions du secteur. Dans cet épisode, il va nous éclairer sur les mutations actuelles de la formation professionnelle, le rôle de l'intelligence artificielle et les enjeux d'une culture de l'apprentissage durable en entreprise. Bonjour Philippe !
- Speaker #1
Bonjour Gérard.
- Speaker #0
Alors, très heureux de te recevoir sur ce sujet d'actualité, mais avant de plonger dans le vif du sujet, Philippe, est-ce que tu pourrais brièvement nous rappeler ton parcours ?
- Speaker #1
Pour être honnête, j'ai été obligé de recompter, mais ça fait donc maintenant plus de 35 ans que je suis dans le domaine de la formation.
- Speaker #0
Donc j'étais loin du compte avec 20.
- Speaker #1
J'ai commencé avec Philippe Gilles, mon associé et ami de toujours, chez Cegos, où on s'occupait de l'instrumentation des opérations de formation, on faisait des packages de formation. Puis rapidement, en 2000, on a créé la première start-up française de conception et de production de e-learning qui s'appelait e-Learning Agency. Puis ensuite, on a pris la direction des activités de formation à distance de Demos. Et puis en 2012, on a créé ILDI, un cabinet de conseil qui aide les structures formation des entreprises, des académies internes, des organismes de formation. à se moderniser, à se digitaliser et à définir de nouvelles stratégies dans un monde de l'information qui est en train d'évoluer beaucoup.
- Speaker #0
Merci Philippe pour ce rappel de ton parcours, pour ceux qui ne te connaîtraient pas. Pour commencer, j'aimerais te poser une question d'ordre général. Est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi l'intelligence artificielle, elle devient incontournable dans la formation aujourd'hui ?
- Speaker #1
Alors elle devient incontournable dans la formation parce qu'elle devient incontournable d'une manière générale. Aujourd'hui, on peut choisir des outils d'IA généralistes ou des IA spécialisées, mais on se rend compte avec nos outils du quotidien qu'elles s'immiscent dans tout notre univers. Et en formation, elle va apporter ce qu'elle sait bien faire, c'est-à-dire analyser des corpus de documents, donc se substituer en partie à des experts. Elle peut, si on l'a bien dressée, avoir quelques stratégies pédagogiques, pas forcément très innovantes, mais au moins si on lui a donné quelques bonnes stratégies. les utiliser au bon moment. Elle peut optimiser des processus pédagogiques, on y reviendra plus dans le détail. Et puis surtout, pour l'apprenant, elle peut personnaliser les apprentissages puisqu'elle est capable de tenir compte d'un grand nombre de paramètres et de ne pas toujours redire la même chose aux mêmes personnes. Puis globalement, elle répond à la complexité croissante des besoins de formation. On veut de l'individualisation, de la personnalisation, on veut aller plus vite, on veut faire peut-être un peu mieux. L'IA peut avoir des réponses dans tous ces domaines.
- Speaker #0
D'accord. On va s'intéresser concrètement à ces applications. Comment l'IA va intervenir dans la conception pédagogique ?
- Speaker #1
Pour moi, la conception pédagogique, ça commence déjà par s'imprégner fortement d'un contenu, d'une expertise, la challenger, l'enrichir, la malaxer un peu pour avoir de l'agilité avec un sujet. Ça, l'IA sait très bien le faire, analyser un corpus de documents. quels qu'ils soient, que ce soit des textes, des slides, des PDF, des vidéos, des podcasts, et elle va en faire un tout qui a pour elle un certain nombre de valeurs sémantiques, et elle sera à la demande en faire des structurations qui correspondent à ce qu'on a envie de faire en conception pédagogique. Un résumé, un exercice, d'en faire un quiz, d'en faire une introduction, d'en faire un questionnement de découverte. Voilà, l'IA, c'est très très bien malaxer les données, et Quand on lui donne son propre corpus, on évite un tout petit peu l'effet d'hallucination qu'on peut avoir quand on lui pose une question générique sans lui fournir un document. Donc en conception pédagogique, c'est quand même un bon allié pour cette tâche assez difficile d'exploration documentaire.
- Speaker #0
Alors après la conception, j'ai une question à te poser sur le déroulé d'une formation. Quelle est la place de l'intelligence artificielle durant, justement, tu commençais à en parler, l'expérience apprenant ?
- Speaker #1
En général, elle est relativement invisible. C'est-à-dire que l'intelligence artificielle va avoir grosso modo deux moments. Elle va être observatrice de ce qu'on fait, et puis elle va influencer le déroulement de la formation en fonction de ses observations et de notre comportement. Donc c'est ce qu'on appelle l'adaptive learning. Là, elle n'apparaît pas sous une forme particulière, ce n'est pas un chatbot, ce n'est pas une génération de textes, mais elle va influencer le déroulement de notre parcours de formation. Puis elle peut avoir une part visible, sous forme de chatbot, qu'on interroge ou qui nous interroge, qui nous interpelle. à qui on peut poser des questions ou qui nous posent des questions. Et puis, elle peut avoir un soutien continu des apprenants avec des petits encouragements. Donc, ce n'est pas de l'apport pédagogique, c'est du soutien émotionnel où elle peut ajouter des feedbacks et dont on sait l'importance dans l'engagement des apprenants en formation.
- Speaker #0
D'accord, merci Philippe. On va poursuivre sur le rôle de l'intelligence artificielle, mais post-formation. Elle va peut-être nous aider. Tu vas nous dire comment elle va pouvoir transformer, à ton avis, l'évaluation des apprenants. J'ai une question subsidiaire. Pour moi, c'est quelque chose qui est personnel. Je pense que les outils qui sont proposés sur le marché, normalement, ils permettent de réaliser de très nombreuses analyses. Pourtant, très souvent, ils sont vraiment sous-utilisés, voire quasiment pas utilisés. Est-ce que tu penses que l'IA va permettre aux Digital Learning Managers de faire des analyses plus poussées ? Deux questions en une, en fait.
- Speaker #1
La réponse est oui aux deux.
- Speaker #0
Merci Philippe.
- Speaker #1
Y compris la subsidiaire, mais je vais peut-être développer un petit peu.
- Speaker #0
Oui, développe.
- Speaker #1
L'IA est super à l'aise dans l'analyse de data pour essayer de lui donner du sens. On peut tous faire l'exercice de donner un bilan comptable à une IA généraliste en lui disant « que peux-tu me dire de cette société ? » Et on peut être bluffé de son analyse en disant si elle va bien ou si elle ne va pas bien et les points sur lesquels il y a des choses à dire pertinentes. Donc, au-delà d'un tableau de bord qui... pourrait synthétiser, cumuler, comparer, donner de la statistique comparative, ce qu'on utilise pour savoir si la formation était performante pour un individu ou un groupe, la comparer à ce qu'on aurait pu faire avec une autre modalité à un autre moment, etc. Là, elle va pouvoir justement ne pas rester dans la mathématique et la statistique, mais dans l'analyse de données. Et Dieu sait que quand on se forme particulièrement avec un LMS, la data, c'est pas ce qui manque. Ce qu'on récupère en général dans un tableau de bord, c'est une infime partie de ce qui a pu y avoir collecté comme data. Donc si on essaye de donner l'intégralité des données à une IA, elle devrait pouvoir en sortir des dédictions intéressantes au-delà des traditionnels temps passés, score réussite. Elle pourrait dire si on a fait des efforts, si on a été impliqué, s'il y a des sujets sur lesquels on était à l'aise, des choses qu'on n'a pratiquement pas dans les tableaux de bord. Donc ça, c'est un premier impact que peut avoir l'IA sur l'évaluation. À ma connaissance, il n'y a pas encore ça dans les LMS du marché, mais pour en connaître certains, ils y travaillent. Et puis la deuxième chose, c'est que ce qu'on collecte comme information qui pourrait être pertinente pour évaluer les apprenants, pour l'instant, elle est cantonnée au périmètre seul du LMS. Alors que le big data d'une entreprise, ce que fait un salarié avec ses outils, les emails qu'il rédige, les réponses qu'il apporte à ses clients ou les échanges qu'il y a avec ses collègues, sont des sources d'informations très intéressantes pour savoir si la formation a été efficace ou pas pour lui, comparé à l'heure après. Mais il faut dépasser le périmètre du LMS pour avoir d'autres données. Et je pense que dans un temps assez court, les entreprises vont prendre le bénéfice de centraliser l'ensemble des données et de pouvoir les fournir à des IA pour les analyser. Et là, pour répondre à ta question subsidiaire, oui, on va pouvoir exploiter un peu mieux les outils qui, en business intelligence, fournissent des choses intéressantes mais dont on ne profite pas encore en formation.
- Speaker #0
Je suis d'accord avec ton analyse. Après le déroulé de la formation, on va parler des acteurs. Pourquoi, selon toi, l'IA va modifier le rôle des concepteurs pédagogiques ?
- Speaker #1
Si on veut bien comprendre la transformation qui a lieu, il ne faut pas voir l'IA comme un outil, certes, c'en est un. Mais il faut le voir comme un collègue virtuel, docile, corvéable, qu'on peut solliciter quand on veut. Il est à nos ordres, pour l'instant, il n'est pas proactif. Mais les outils d'IA, il faut les voir comme ça, comme un collègue à qui on peut déléguer. demander des choses qu'on sait faire ou partiellement faire et qu'il va compléter. Et une fois qu'on a pris cette dimension que l'IA est un vrai acteur dans l'écosystème de la formation, alors on se dit que les concepteurs pédagogiques, ils ont ce qu'il leur a manqué tout le temps, c'est-à-dire du temps pour faire des choses un peu plus profondément, avec plus d'itération, etc. Donc, analyse documentaire, on l'a déjà vu, ça peut faire gagner un temps fou. Sugérer des activités pédagogiques, ça peut faire gagner beaucoup de temps plutôt que d'essayer de trouver la bonne, là, en envoyant certaines qu'on va écarter rapidement, et en envoyant d'autres qu'on peut détourner ou réutiliser, ça peut renforcer la créativité et surtout ça va dégager du temps au concepteur pédagogique pour se focaliser sur ce qui est la forte valeur ajoutée, la scénarisation, trouver une progression adaptée au niveau de chaque apprenant, et puis l'IA, elle n'arrive pas neutre, elle a toute sa base de connaissances, donc elle peut se substituer pour partie aux apports d'experts qui auraient été un peu faibles, qui auraient été sous un format difficile à appréhender. On peut, sous contrôle, demander à l'IA de venir compléter les apports d'expertise. Donc, pour le concepteur, en fait, c'est un petit collègue pas idiot et qu'on peut faire travailler sur demande autant qu'on veut. C'est quand même un vrai atout.
- Speaker #0
Et les formateurs, comment tu vois leur métier évoluer ? Quel va être, comme tu l'as dit, le plus important avec les concepteurs pédagogiques, la complémentarité entre les formateurs et l'intelligence artificielle ?
- Speaker #1
Alors, il faut que le formateur comprenne qu'il n'y a pas de rivalité d'expertise entre lui et l'IA. Même si, si on faisait un test, en général, il est perdant. Mais la compétition n'est pas à ce niveau-là. Le rôle du formateur, pour lui, ce n'est pas de faire les meilleurs slides du monde. C'est au moment où il est dans la salle, au moment où il prépare son intervention, au moment où il fait un débriefing avec les apprenants post-formation, ou il envoie des compléments, c'est qu'il faut qu'il ait du temps pour ça. Alors si l'IA lui facilite la création d'activités pédagogiques, la mise à jour de support, la création de visuels, l'action d'exercices à faire en salle, d'études de cas, etc., il a tout ce temps à disposition pour faire ce qu'un humain sait bien faire, c'est observer et dialoguer avec un humain.
- Speaker #0
Tout à fait, je suis d'accord avec toi. Il est perdant en ferme détendue des connaissances parce que pour nous tous, c'est très difficile de rivaliser avec les intelligences artificielles qui ont quasiment maintenant tous les corpus de connaissances, mais effectivement, l'IA, pour l'instant, elle ne sait pas communiquer avec un humain. Si on s'intéresse, on va non plus du côté formation, mais du côté des apprenants. Selon ton expérience, comment les apprenants perçoivent les interactions avec l'intelligence artificielle ?
- Speaker #1
Pour être un peu caricatural, il y a deux comportements possibles. Il y a le technophile qui va s'en amuser, qui va la boxer dans tous les sens pour voir ce qu'elle est capable de faire. Donc quand on lui donne un chatbot pédagogique ou un assistant pédagogique, il va s'amuser avec et puis il va apprendre sans s'en rendre compte. Puis il y a ceux qui ont les réticences, qui vont dire être formé avec une machine, hors de question de faire confiance ou quoi que ce soit. La position neutre n'existe pas. Ou alors, à ce moment-là, c'est parce que l'IA est invisible et donc on n'a pas de position vis-à-vis d'elle puisqu'on ne la voit pas. Mais c'est assez rare. Ce qui est intéressant dans l'apport de l'IA en formation, quand on lui donne de la liberté pédagogique à l'apprenant. et elle y a, pas dans un parcours rigide, quand on a justement de la liberté pédagogique, c'est qu'elle va pouvoir se caler par rapport aux niveaux, aux attentes et aux besoins exprimés par les apprenants. Elle est très sympathique, elle est toujours prête à rendre service. Donc si elle observe que l'apprenant n'est pas très impliqué, répond un peu trop, il t'occuise, elle va pouvoir peut-être lui poser des questions différemment. Si au contraire c'est lui qui la sollicite beaucoup en posant plein de questions, en faisant plein d'exercices particuliers, etc., elle, elle va répondre à ses demandes donc on va... autonomiser l'apprenant dans la prise en main du déroulement de sa formation. Et puis, l'IA permet de faire des activités pédagogiques super riches, c'est-à-dire que faire apparaître un avatar qui parle, qui répond aux questions, avoir un petit assistant qui pose des questions en permanence, quelqu'un qui va faire des remarques pertinentes, ça, ça enrichit considérablement la formation, chose qu'on ne pouvait pas faire, sauf à des coûts incroyables, avant l'apparition de l'IA.
- Speaker #0
Quid Philippe de la fiabilité des informations qui sont communiquées par l'IA aux apprenants ? Est-ce qu'on doit absolument croire tout ce qu'elle nous écrit ?
- Speaker #1
Alors d'une manière générale, quand on interroge Claude, ChatGPT ou Gemini, non. Parce qu'elle a été formatée pour répondre à nos questions, même s'il n'a pas forcément une réponse extrêmement fiable et pertinente. Quand on intègre de l'IA dans des outils qu'on maîtrise, on ne maîtrise pas la programmation de ChatGPT et les instructions de Gemini ou de Claude. Mais par contre, quand on maîtrise les instructions qu'on donne à une IA dans un dispositif de formation, on peut tout à fait l'autoriser à dire « je ne sais pas » . Et là, on s'élimine une grande quantité d'hallucinations qui pourraient être très gênantes, parce qu'effectivement, on pourrait apporter des éléments d'information dans une formation qui serait faux ou pas à propos. Donc, il y a le risque, d'une manière générale, mais il est assez facilement limité en formation.
- Speaker #0
J'ai eu un super exemple d'hallucination hier. Je préparais un podcast sur le grand livre de la formation avec Michel Barabel, et j'ai demandé à l'IA... de me donner, alors que je l'avais déjà puisque j'avais le livre sur mon bureau de cet ouvrage collectif, je lui ai demandé de me sortir le sommaire détaillé de la quatrième édition. Eh bien,l'I en a inventé un. C'est-à-dire qu'il y a des choses qui étaient vraies et des choses qu'elle avait puisées, alors peut-être de l'édition 1, l'édition 2, l'édition 3. Elle m'avait inventé un chapitre sur les neurosciences, notamment, qui n'existe absolument pas dans la quatrième édition. Peut-être dans la première, la deuxième ou la troisième, mais dans tous les cas, pas dans la quatrième. Donc effectivement, il faut peut-être faire attention encore actuellement à la fiabilité des informations, d'autant que tu vas me confirmer cette information, mais les dernières publications montrent que les IA, et toutes les IA, elles hallucineraient actuellement de plus en plus.
- Speaker #1
Pour deux raisons, elles n'ont pas forcément accès, sauf si on le demande explicitement ou qu'on active certaines options, à la vérification de ce qu'elles disent.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
parce que c'est très consommateur d'énergie et donc l'énergie étant égale à de l'argent, ce n'est pas bon pour le modèle économique des fournisseurs d'IA. Il s'en passe très souvent, cette vérification.
- Speaker #0
C'est vrai.
- Speaker #1
Puis la deuxième chose, c'est qu'on lui a demandé d'être poli et de répondre à nos questions. Donc, elle fait tout ce qu'elle peut pour répondre aux questions, quitte à inventer des choses. Si un éditeur de logiciel intégrait un outil sans lui demander de vérifier par rapport à un corpus les informations fournies, ça serait une vraie faute. Et on arriverait aux hallucinations que tu évoques là. Mais de ce que je connais aujourd'hui, les IA sont quand même limitées dans leur réponse à une vérification par rapport aux sources qu'on lui donne.
- Speaker #0
J'avais demandé dans le cas concret que j'ai expliqué de me citer des sources. Elle m'a vraiment cité des sources très très fiables et elle a quand même inventé, mais effectivement, j'ai probablement pas posé la bonne question. Au départ, ce que tu évoques dans ta réponse. C'est étonnant, donc je pense qu'il faut encore faire très attention à l'utilisation et ne pas croire du tout ce qu'elles nous disent. D'où la pertinence finalement des ingénieurs pédagogiques, des formateurs, des Learning and Development Managers ou des responsables des ressources humaines par rapport à leur connaissance et la pertinence des réponses apportées par l'IA.
- Speaker #1
Effectivement, de s'assurer que dans les outils qu'ils utilisent pour concevoir ou diffuser l'information, il y a tout ce qui permet de limiter au maximum les hallucinations qu'on trouve dans les outils génériques.
- Speaker #0
Exactement. Alors on va passer aux éditeurs de contenu qui sont confrontés aussi à l'arrivée massive de l'IA. Quel sera à ton avis l'avenir des bibliothèques de contenu telles qu'on les connaît aujourd'hui quand la création finalement d'un module de formation est d'ores et déjà aujourd'hui, elle peut être en tous les cas ultra simplifiée par l'intelligence artificielle ?
- Speaker #1
Alors moi je vois plusieurs évolutions. Il est beaucoup plus facile, beaucoup plus rapide et avec un résultat quelquefois au moins équivalent et même quelquefois plus riche de concevoir des contenus de formation en étant supervisés par des concepteurs pédagogiques et des experts. Donc ça veut dire que la production de contenus de formation, les bibliothèques, vont être plus faciles et plus rapides à produire. Alors on pourrait se dire, il y en a d'avoir plus. Oui, certes, il risque d'y avoir plus de bibliothèques. Je pense que la majorité des sujets sont déjà couverts, donc on n'en a pas besoin de nouvelles. Par contre, on a peut-être besoin de bibliothèques un peu plus riches, un peu plus sexy, un peu plus à jour. Et donc ça, on peut s'attendre en premier à avoir effectivement plus facilement accès à des bibliothèques de contenu à jour riches et agréables à consulter. Le deuxième effet qu'on peut voir, c'est de se dire, si on a beaucoup, ça ne va pas forcément augmenter le besoin. Ça va amener à une baisse de coût. Donc ça va démocratiser l'accès à des bibliothèques de contenu qu'aujourd'hui, certaines entreprises ne pouvaient pas se permettre d'acquérir ou pas sur tous les sujets qu'elles avaient envie de couvrir. Donc ça, c'est plutôt des bonnes nouvelles pour les entreprises et pour les apprenants d'avoir des bibliothèques de contenu qui sont plus accessibles, plus riches, plus nombreuses.
- Speaker #0
Est-ce que ces bibliothèques, pour toi, elles vont passer finalement d'une logique de création par un éditeur vers l'industriel ou l'entreprise ?
- Speaker #1
Alors on n'est absolument pas à l'abri qu'il y ait des acteurs sur le marché qui se mettent à proposer des contenus de formation créés de façon industrielle et avec peu de contrôle. C'est-à-dire finalement avec le seul intérêt d'avoir couvert un sujet. Mais de quelle façon ? Avec quelle pertinence ? Si on achète un prix, on va trouver des offreurs de gens qui vont proposer des catalogues de formation. Parce qu'il faut boucher un trou. Parce qu'il faut avoir cette réponse-là par rapport à une problématique dans une plateforme.
- Speaker #0
L'exemple, c'est les livres qu'on peut quelquefois trouver de plus en plus d'ailleurs sur Amazon, sans aucun contrôle, avec des auteurs qui n'existent même pas.
- Speaker #1
Oui, ou des postes ou des réponses sur Linkedin. En fait, ça va s'arrêter rapidement, parce que personne ne sera dupe sur la faible qualité de ces contenus-là. Donc, si au début, on veut faire des économies ou avoir de la masse, on peut l'avoir. Mais le résultat va démontrer la faiblesse des contenus.
- Speaker #0
Comme souvent, les éditeurs vont certainement rester parce que du côté des clients, des entreprises, le temps manque et les ressources ne sont pas infinies.
- Speaker #1
Par contre, qu'on puisse produire plus vite des contenus à qualité équivalente, oui, c'est une bonne nouvelle parce que ça veut dire qu'on va pouvoir répondre plus vite à une demande pour laquelle, pour l'instant, il n'y a pas de réponse.
- Speaker #0
Et en limitant le risque d'obsolescence parce qu'on pourra les remettre à jour ultra rapidement alors que ça peut être un problème aujourd'hui.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Comment vont évoluer les outils auteurs à l'ère de l'intelligence artificielle selon toi ?
- Speaker #1
Ils ont déjà évolué.
- Speaker #0
Ils ont déjà évolué.
- Speaker #1
Ils restent cependant dans une logique où on construit, on crée, on conçoit et on produit le contenu avant sa diffusion. Donc on reste dans un processus où on a... une analyse documentaire, une conception pédagogique, une production de médias, un test, une mise en ligne. Ça va de plus en plus vite, c'est de plus en plus automatisé, mais on reste dans cette temporalité, on crée avant, et une fois que c'est créé, on diffuse. Sauf qu'on commence à voir quand même, avec l'adaptive learning, une partie du contenu qui se crée en temps réel, ou qui s'ajuste en temps réel, qui se complète en temps réel, et qui se comporte en temps réel grâce à l'IA. Donc on reste encore majoritairement dans un processus connu, mais il y a des ajustements à la marge qui sont créés en temps réel par les outils auteurs. Et je pense qu'on va avoir le curseur qui va se déplacer de plus en plus du temps réel aujourd'hui qui représente, je ne sais pas combien, 5, 10, 15% du contenu qui est créé en temps réel par l'IA à de plus en plus, peut-être 100%. Auquel cas, on ne sera plus du tout dans une logique où on conçoit, on produit, on diffuse, mais on va donner des instructions pédagogiques aux outils auteurs. tester le résultat de ses instructions pédagogiques avec des jeux d'essais, puis une fois qu'on sera satisfait du comportement de cet outil auteur face aux situations pédagogiques dans lesquelles il va se retrouver, on va lui faire confiance et on va lui dire maintenant fais ça pour tout le monde et sur la totalité.
- Speaker #0
Alors quelles transformations attendent les LMS ? Comment les plateformes LMS évoluent ou vont évoluer avec l'intelligence artificielle ?
- Speaker #1
Aujourd'hui un LMS ou un LCMS c'est une bibliothèque. Et puis, c'est un moyen d'accéder au contenu de cette bibliothèque avec une mesure. Sur on schématisme, dans un LMS, c'est ça que ça fait. Ça agrège des contenus, ça lui donne accès aux apprenants et ça mesure la confrontation de l'apprenant avec le contenu. Mais avec ce qu'on a dit précédemment, si le contenu devient dynamique, si le contenu se crée à la demande, quel est l'avenir d'un LMS ? si elle ne se repose plus sur une bibliothèque statique, mais une bibliothèque dynamique qui s'appuierait sur des savoirs référencés, contrôlés, identifiés, transformés en activités pédagogiques à la demande. Donc ça, c'est pour moi l'avenir des LMS. Et je sais que tous les éditeurs de LMS qui ont commencé à mettre les mains dans l'IA se rendent compte, d'autant plus les LMS qui disposent de leur propre outil auteur, se rendent compte que quand on fait aujourd'hui un dialogue avec ChatGPT, un dialogue oral, le temps de latence entre la question et la réponse, il est très faible. Bon, parce qu'il y a des moyens énormes d'infrastructure derrière chez OpenAI, et qu'il n'y a pas aujourd'hui dans l'infrastructure d'hébergement dans l'LMS pour avoir ce temps de latence. Donc cette génération en temps réel ou ce dialogue en temps réel, on ne l'a pas encore. Mais c'est qu'une question de temps. Il y a des petits modèles, il y a des matériels plus performants. Et quand on va avoir cette capacité à produire et à créer des... activités pédagogiques à la demande, alors là, le LMS va complètement se transformer. On va oublier la notion de catalogue.
- Speaker #0
Alors, toutes ces évolutions, est-ce que elles vont entraîner des changements encore plus profonds ? Penses-tu, par exemple, que les frontières temporelles... En formation, elles vont s'effacer ou elles pourraient s'effacer avec l'intelligence artificielle ?
- Speaker #1
Oui, parce que quand on demande qu'est-ce que c'est qu'un processus de formation, on fait une roue en général. On commence par la conception, la diffusion, la mesure, l'évaluation, l'ajustement, puis on recommence. On dit que ça tourne en permanence, que c'est une amélioration continue. Aujourd'hui, il y a un phasage temporel qui est très distinct. Concevoir, produire de la formation, même si les temps se raccourcissent, ça prend du temps. Se former, ça prend du temps. Mettre à jour les contenus de formation ou évaluer correctement le résultat d'une formation par un test, par observation ou par déclaration, ça prend du temps. Sauf que si on a maintenant un outil qui est capable de superviser l'ensemble de ces étapes-là, qu'est-ce qui empêche de commencer à évaluer pendant qu'on apprend ? Qu'est-ce qui empêche de commencer à mettre à jour en tenant compte des réponses ou des réactions d'un apprenant ? Rien. Donc, ce qui était un processus bien distinct dans le temps, avec un début, une fin, et on ne peut faire ça qu'après avoir terminé la phase d'avant, tout ça s'efface. Donc je pense que les frontières temporelles vont largement bouger. C'est-à-dire qu'on peut se retrouver avec une formation qui a été lancée lundi matin et qui n'est plus du tout la même mercredi soir, chose qu'on n'a pas aujourd'hui.
- Speaker #0
Et qu'en est-il des frontières entre les rôles ? Comment l'IA pourrait modifier les frontières, ou elle modifie déjà les frontières fonctionnelles dans les métiers de la formation ?
- Speaker #1
Quand on a compris que l'IA était un assistant corvéable, doué, et avec un certain savoir, et si on l'a correctement éduqué avec du savoir-faire, un expert peut tout à fait demander à une IA de faire un peu de conception pédagogique. Un concepteur pédagogique peut tout à fait demander à l'IA de faire un peu d'apport d'expertise. Un infographiste peut tout à fait enrichir son infographie avec les données qu'on ne lui a pas fournies. un ingénieur pédagogique peut tout à fait demander à IA de créer le début d'une infographie pour faire valider au client avant de le faire réaliser par un vrai infographiste. Donc les frontières fonctionnelles dans les métiers vont changer. Ça veut dire que les processus actuels, qui sont en général découpés avec les phases temporales qu'on a vues précédemment, et avec les compétences métiers identifiées sur des individus, tout ça va je ne vais pas dire fusionner, mais il va y avoir quand même grande, grande porosité entre toutes ces étapes. des processus et toutes ces compétences reliées à des profils. Si on ne prend pas ça en compte, on va juste utiliser l'IA comme outil à chacune des étapes traditionnelles. Et on ne va donc pas en profiter pleinement. On va rester dans des silos, on va rester découpé dans le temps, on ne va pas pouvoir aller vers de l'agilité. Alors ce que permet l'IA aujourd'hui, c'est au contraire d'être extrêmement agile.
- Speaker #0
Et qu'en est-il des frontières sectorielles ? En quoi l'IA brouille-t-elle ? ou va brouiller les frontières entre les éditeurs, les concepteurs ou les diffuseurs ?
- Speaker #1
C'est la conséquence de ce qu'on a dit précédemment, c'est-à-dire que si un LMS commence à produire des activités pédagogiques on-demand, est-ce qu'on a toujours besoin d'un éditeur de contenu ? Pas forcément. Est-ce qu'un concepteur pédagogique a réellement besoin aujourd'hui d'un LMS ? Si on arrive, et ça ne saurait tarder à ce que les LMS deviennent transparents, intégrés au poste de travail, dans les outils du quotidien, pour faire de la formation on the flow of works, dans le quotidien des individus, on ne va plus avoir besoin d'aller se connecter sur une plateforme. On va juste ouvrir son Gemini et puis on va lui poser une question. Dis-moi, apprends-moi ce truc-là. Ou quand on lui pose une question, si l'assistant IA disponible sur le bureau, sur le poste de travail, a été formaté et programmé pour, avant de fournir la réponse, essayer de former l'apprenant pour qu'il prenne de l'autonomie sur le sujet qu'il pose, on n'aura plus besoin de plateforme. Donc je pense que je parlais de porosité, c'est une vraie question à se poser aujourd'hui, si je suis éditeur de contenu, si je suis éditeur de LMS, ou si je suis une agence de e-learning, quel est le périmètre futur, mon périmètre futur, et celui de mes camarades de jeu ?
- Speaker #0
C'est une vraie question et avec ce que tu viens de dire, tu vas faire frémir quelques éditeurs de contenu ou de plateformes. Et j'ai envie de te poser une question provocatrice pour conclure. Selon toi, qui pourrait dominer ce nouvel écosystème de la formation qui, on l'a vu tout au long de cet épisode, est en train d'être complètement transformé par l'intelligence artificielle ?
- Speaker #1
Celui qui aura le plus gros appétit, donc les plus gros moyens.
- Speaker #0
Donc, les éditeurs d'intelligence artificielle pourraient être ça ou un nouvel acteur technologique disruptif ?
- Speaker #1
Oui. Tu vois, je me permets de citer, je n'ai pas de confidence et ce n'est pas une suggestion pour eux, mais je vais le mettre dans la catégorie des éditeurs. Esdflex qui n'est pas un éditeur, mais un agrégateur de contenu.
- Speaker #0
Agrégateur de contenu, oui.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui l'empêche de faire ça ? De dire, j'ai agrégé des contenus pédagogiques sur plein de sujets, ça, ce n'est plus la matière que je diffuse, c'est ma matière première, et j'entraîne une IA. à en faire des activités pédagogiques à la demande, adaptées au niveau et aux besoins et aux objectifs et au profil de celui qui veut acquérir des connaissances ou des compétences. Qu'est-ce qui l'empêche aujourd'hui ? Les moyens, c'est tout.
- Speaker #0
Oui. On termine, Philippe, avec quelques conseils pratiques. Quels sont les conseils pratiques que tu donnerais aux professionnels pour réussir aujourd'hui leur transformation avec l'intelligence artificielle, avec tout ce que tu nous as communiquer comme information ?
- Speaker #1
Je dirais qu'il faut monter dans le train. Donc, il ne faut pas être spectateur et attendre de voir ce que ça donne. Parce que le train, il roule et il n'est pas prêt de s'arrêter. Donc, si on attend d'avoir un moment où ça se pose, où ça se fige, pour dire « Ah, c'est le bon moment d'y aller » , à mon avis, ce n'est pas que ça sera trop tard. C'est que le chemin à parcourir, il va falloir y mettre des efforts et des efforts importants. Donc, je pense qu'aujourd'hui, même si on n'est pas convaincu, même si on ne veut pas y aller, si on ne veut pas transformer son activité. il faut quand même s'y mettre un petit peu, acquérir des compétences, faire des tests, monter des projets pour évaluer la pertinence, etc. En tout cas, il ne faut pas être simplement observateur, il faut monter dans le train, donc développer des compétences nouvelles. Même si on ne s'appuie pas sur ces compétences nouvelles, mais il faut les avoir pour savoir quand on les actionnera au bon moment. Je pense qu'il faut garder un super esprit critique par rapport aux innovations. Je ne crois pas, moi, à la solution miracle, même si elle se présente comme telle. Je crois qu'il y a des solutions qui sont extrêmement pertinentes. Une combinaison d'outils, une bonne utilisation d'outils. Je ne crois pas qu'aujourd'hui, en changeant un outil par un autre, on va rentrer dans un nouveau monde. Donc, il faut garder cet esprit critique et ne pas céder à toutes les sirènes marketing qui vous promettent monts et merveilles. Elles vont arriver, les promesses, mais il ne faut peut-être pas s'affoler ou s'emballer. Il faut rester un peu la tête froide. Et puis, ce qui est important, c'est que la formation est un secteur qui a quand même été à une évolution lente, avec des processus un peu lourds, un cadre réglementaire assez figé. Donc, les gens qui sont dans la formation aujourd'hui ne sont pas des gens qui ont été habitués à changer tous les jours leur façon de faire ou leurs outils. Or, là, on est dans une phase de transformation technologique assez forte auquel on... Je ne sais pas si c'est une bonne chose ou pas, ce n'est pas l'objet de ça, mais j'ai une vraie réponse là-dessus. Est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise chose ? mon cœur balance, et plus d'un côté que de l'autre. Mais on ne peut pas résister. Ça ne sert à rien de résister, d'appuyer les deux pieds sur le frein. La machine est lancée. Donc, il faut encourager la veille technologique active au sein des entreprises pour pouvoir tirer bon profit de ce qui est possible de faire aujourd'hui avec l'IA.
- Speaker #0
On est arrivé au terme de cet épisode. Je te remercie très sincèrement, Philippe, pour tous les conseils et éclairages sur l'impact de l'intelligence artificielle dans la transformation professionnelle que tu nous as apporté. Merci à tous nos auditeurs et auditrices et restons curieux et ouverts face à ces transformations majeures, comme nous l'a dit Philippe, tout en gardant notre esprit critique et aiguisé. Merci de votre écoute et rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode de Never Stop Learning.
- Speaker #1
Merci Gérard.
- Speaker #0
Merci beaucoup Philippe. Merci de nous avoir accompagnés pour cet épisode de Never Stop Learning. Si cet échange vous a apporté de la valeur, n'hésitez pas à le partager autour de vous et à laisser une note 5 étoiles accompagnée d'un commentaire. Vos retours sont essentiels pour continuer à vous offrir des contenus de qualité. Je suis Gérard Pécou et si vous recherchez des solutions innovantes pour transformer vos projets de formation, rendez-vous sur calimedia.fr ou bilink.com. Nos équipes se feront un plaisir de vous accompagner dans vos projets. On se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode de Never Stop Learning, votre rendez-vous pour explorer, innover et ne jamais cesser d'apprendre. A très vite !