- Speaker #0
Bonjour à tous, je suis Guillaume Akré, coach, et je suis ravi de vous accueillir pour ce nouvel épisode de Next Step Coaching. Dans cet épisode numéro 14, je vais parler du syndrome de l'imposteur. Commençons par définir déjà ce syndrome. Celui-ci est caractérisé par un ensemble de croyances qui consiste à penser qu'il existe une inadéquation entre notre personnalité, nos qualités et une situation qui se présente ou des responsabilités qui nous sont confiées. Et ce, malgré des critères objectifs de réussite. Grosso modo, c'est l'idée de ne pas être à la hauteur face aux tâches qui se présentent devant nous et d'être illégitime. Bien sûr, avoir des doutes est naturel. Ce n'est pas parce que nous en avons de temps à autre que nous sommes forcément frappés par ce syndrome. En fait, ce qui délimite les doutes quotidiens du syndrome de l'imposteur, c'est la souffrance qu'il génère et qui entrave régulièrement le bien-être de l'individu concerné. Alors, d'où provient cet état ? Qu'est-ce qui le caractérise ? Quels types de personnes sont touchées par celui-ci ? Et enfin, quels leviers actionner pour le résoudre ?
- Speaker #1
Sous-titrage ST'501
- Speaker #0
Pour la petite histoire, ce syndrome a été identifié en 1978 par deux psychologues américaines, Pauline Clance et Suzanne Himes, auprès de femmes dont les carrières étaient pourtant marquées du saut de la réussite professionnelle. Cela étant dit, ce sentiment ne touche pas que les femmes puisque les hommes sont également touchés par ce syndrome. Toujours selon les recherches de Pauline Clance, il est avéré que 20% de la population présenterait un syndrome de l'imposteur. Mais d'autres études, notamment celle du Journal of Behavior Science, expliquent que 70% des personnes dans le monde souffriraient du syndrome de l'imposteur à un moment de leur vie. Quoi qu'il en soit, ce ressenti peut potentiellement nous impacter à une période de notre existence. Je rappelle par ailleurs qu'il existe un test appelé échelle de Clance, en référence à Pauline Clance que je citais précédemment. C'est un test qui est rédigé en 20 questions et qui permet de savoir si nous présentons... Ce syndrome Selon Johan C. Harvey et Catherine Katz, auteurs notamment du livre Sous le masque du succès édité en 1986, le syndrome de l'imposteur est composé de trois piliers. En un, l'impression de ne pas être légitime. En deux, l'attribution de notre situation à des facteurs extérieurs. Et en troisième, la peur d'être démasqué. Pour certains, ce sentiment agit comme une motivation, parce que celui-ci va agir comme un booster sur leur activité ou leur métier, avec cette idée qu'il faut prouver que la place qu'ils occupent est méritée. Se considérer tel un imposteur permet aussi de faire preuve d'humilité dans certaines situations. Enfin, cela peut également renforcer la concentration et la réflexion face à une tâche pour éviter de décevoir. La personne fera alors son maximum pour être à la hauteur de la tâche assignée. Ces comportements résument finalement deux concepts paradoxaux. La peur du succès et la peur de l'échec. Peur du succès, car une personne l'attribue souvent à son bien-être ou à la représentation qu'elle se fait d'elle-même. De fait, le succès devient la seule option possible pour elle. Comme si tout autre scénario que la victoire était inenvisageable. Et pour l'atteindre, cette personne aura tendance à surtravailler encore et encore. Échouer lui donnerait le sentiment de ne pas être à la hauteur, voire de ne pas être accepté pour ce qu'elle est. Et peur de l'échec, car celle-ci la conforterait dans l'idée qu'elle est justement un imposteur. L'échec, dans notre société, nous soumet au regard des autres et à leur critique. Il nous conditionne négativement et fait naître parfois des croyances limitantes. Ainsi, une personne qui a peur de l'échec va se focaliser dessus et s'auto-persuader qu'elle n'est pas capable. Et au final, imagine que son entourage va découvrir sa véritable valeur. Par conséquent, ce syndrome peut générer de l'anxiété, de la culpabilité, voire de la honte. Et à partir des quatre figures, tout un tas de comportements, de schémas, on parle même de cycles, vont se mettre en place pour reproduire inlassablement ces scénarios.
- Speaker #1
Merci.
- Speaker #0
En ce qui concerne ses origines, cet état peut provenir des croyances issues de l'enfance, de l'éducation, mais aussi des injonctions de performance que nous avons reçues à différents moments de notre vie. Lier la performance brute à la valeur d'une personne implique forcément une forme de pression, qu'elle soit familiale ou sociétale. Notre époque favorise d'ailleurs ce type de pensée ou de jugement. Nous faisons souvent le lien entre nos résultats. et notre valeur en tant qu'humain alors que ces données sont complètement décorrélées. Ce sentiment, ce syndrome de l'imposteur donc, se forme également via une comparaison régulière aux autres. En effet, la personne touchée par le syndrome de l'imposteur va avoir tendance à s'étalonner à autrui pour valider cette croyance. Dans le premier épisode de ce podcast, Se comparer aux autres j'expliquais que la comparaison a trois utilités dans notre rapport à autrui. Prendre exemple, se valoriser ou... se dévaloriser. Dans ce cas de figure, le syndrome de l'imposteur cible clairement le cas de la dévalorisation. Difficile d'évoquer les leviers relatifs à ce syndrome sans parler du psychologue Albert Ellis, qui est connu pour avoir théorisé un certain nombre de concepts, notamment celui de l'acceptation inconditionnelle de soi. A savoir que tous les êtres humains ont la même valeur, indépendamment de ce qu'ils possèdent ou de leurs caractéristiques externes. Cette idée est particulièrement puissante puisqu'elle permet de s'extraire des notions de compétition, de défi, d'intelligence, d'argent, voire de beauté. Toutes ces injonctions qui font partie de notre quotidien, en somme. Même si ce n'est pas toujours facile, chercher à se découvrir, se comprendre et être en accord avec soi-même permet d'avancer sur le syndrome de l'imposteur. Par chance, cette notion n'est pas figée dans le temps et peut se travailler quotidiennement. Par exemple, en prenant le temps de séparer les faits des croyances et des impressions. Car si nous réussissons des tâches régulièrement, ça ne peut pas être systématiquement le fruit du hasard ou de la chance. Il y a sans doute de la compétence, de l'adaptation et du savoir-faire chez la personne concernée. Enfin, nous l'avons vu, accepter nos échecs nous permet aussi de ne pas lier valeur d'une personne à ses résultats. Car contrairement à une idée reçue, nos erreurs ne nous définissent pas. Par exemple, dire une bêtise à un moment donné ne signifie pas que nous sommes bêtes la plupart du temps. Enfin, pour ceux qui veulent aller plus loin sur le sujet, je vous recommande le livre de Kevin Chassangre et Stacey Callahan, Se libérer du syndrome de l'imposteur L'ouvrage se lit rapidement et comporte beaucoup d'exercices pratiques pour travailler ce sujet au quotidien. Cet épisode arrive à son terme, j'espère qu'il vous aura éclairé sur ce syndrome, n'hésitez pas à laisser des commentaires, j'y répondrai avec plaisir. Je vous souhaite une bonne continuation et je vous dis à bientôt, bye bye !