Speaker #0Combien de fois avez-vous tenté de faire quelque chose dans votre esprit, mais que physiquement, il ne se passe rien ? Ça, c'est une belle fonction de notre cerveau, qui est naturellement programmée pour s'opposer aux changements. Et c'est là qu'on se demande des fois, est-ce qu'il est notre ami ou notre ennemi?
Bonjour à toutes et tous et bienvenue à cet épisode de Ni dieu ni diable. Aujourd'hui, on va parler du cerveau humain, on en avait déjà parlé. J'avais fait trois épisodes, en fait, avec un quatrième pour la différence homme-femme. Et là, je me suis penché un peu plus sur l'effet qu'il a vraiment. Comment il se comporte, parce que notre cerveau, est-ce que c'est un allié ou c'est un tyran silencieux? Si vous avez écouté notre série, vous savez déjà que ce n'est pas notre bonheur qui prime pour lui, mais notre survie. Imaginez un instant que, loin de vivre pour notre bonheur, il soit en fait programmé pour nous maintenir dans des schémas de vie qui entretiennent notre souffrance. Comment on fait pour sortir de cette boucle invisible qui nous enchaîne à ça, même lorsque tout semble officiellement normal? On va regarder aujourd'hui une facette insoupçonnée du fonctionnement de cet appareil-là. Puis on va essayer de se donner des outils pour en reprendre le contrôle. Notre cerveau est une machine extraordinaire, vraiment complexe, mais son but premier, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ça n'a jamais été de nous rendre heureux. Comme on l'a vu dans l'épisode, particulièrement le premier et le deuxième de la série du cerveau, son rôle, est de nous maintenir en vie. C'est la survie... Il est programmé essentiellement pour ça. Il va ajuster nos pensées, nos actions, nos comportements en fonction de ce qui a déjà fonctionné avant. Et avec ça, il nous garde en sécurité, même si ce qui a fonctionné nous rendait malheureux. On va prendre un exemple qui est très simple. Si vous avez passé des années dans une situation stressante et désagréable au travail, des années dans une relation dans laquelle vous n'êtes pas heureux réellement, mais que vous avez survécu, votre cerveau peut finir par considérer cette situation comme la "normale", puis il se dit « Ok, ça, ça fonctionne, on ne changera pas, même si ça nous rend malheureux. » La neuroplasticité, ce phénomène par lequel le cerveau crée et renforce des connexions neuronales en fonction de nos habitudes, explique pourquoi nous avons tendance à rester dans des schémas répétitifs, qu'ils soient positifs ou négatifs, qu'importe.
Notre cerveau est une créature d'habitude. Il préfère ce qu'il connaît à ce qu'il ne connaît pas. On va prendre comme exemple ce que Marie Curie avait dit, "On craint ce qu'on ne connaît pas". Ben, c'est naturel chez nous. On est nés comme ça. C'est pas culturel, là. Donc, peu importe si une situation est mauvaise ou bonne, tant qu'elle ne semblera pas immédiatement menacer notre survie, oubliez ça, il y a des chances que vous restiez coincés dedans. Voilà pourquoi il est si difficile de sortir des cycles négatifs. C'est ce que nous avons abordé avec l'idée d'homéostasie, qui fait entre autres que notre corps tente de maintenir une température constante, nonobstant l'environnement froid ou chaud. Notre survie implique aussi une homéostasie psychologique. Notre cerveau essaie de maintenir un état émotionnel constant. Si vous avez passé de longues périodes dans la souffrance, votre cerveau il ajuste son seuil d'émotions à cet état. On va prendre un exemple qui est frappant. Certaines personnes se retrouvent inconsciemment à saboter leur propre bonheur. Et ça, je suis certain que vous en connaissez, si c'est pas vous. Vous avez sûrement entendu parler d'histoires de personnes qui, après un succès ou un moment heureux, reviennent soudainement à des comportements destructeurs. C'est leur cerveau qui ramène l'équilibre émotionnel à ce qu'il considère comme normal. Parce que, exemple, une réussite, qu'elle soit sentimentale ou qu'elle soit en affaires, peu importe, ça dérange le plan initial, comment on fonctionnait avant. On a survécu jusque-là, puis dans notre inconscient, on va détruire ce qu'on a accompli. Comment s'en sortir? La question à 100 piastres, comme on dit en québécois. Comment on peut briser ces chaînes invisibles? La première étape, c'est toujours la prise de conscience. Il faut réaliser qu'on est coincé. prisonniers dans des schémas répétitifs... Si on arrive à faire ça, ça c'est déjà un grand pas. Ensuite, il faut faire des actions concrètes pour forcer le cerveau à recalibrer ses circuits neuronaux. Comme expliqué dans l'épisode 46, il est possible de reprogrammer notre cerveau grâce à des actions répétées et conscientes. L'une des méthodes les plus efficaces, c'est la thérapie cognitive-comportementale. Ça, c'est prouvé être capable de modifier les circuits neuronaux. En répétant des nouvelles façons de penser et d'agir, le cerveau finit par créer des nouveaux chemins neuronaux, des nouveaux circuits. C'est normal. Exemple: Tous les matins vous vous levez, vous faites la même chose, dans le même ordre: Votre café, vous allez au petit coin, vous brossez les dents, après ça vous revenez préparer votre déjeuner. Vous avez un patron que vous répétez. Là, on ne parle pas de gros travail. Changez le patron... Allez au petit coin, brossez vos dents avant. Au lieu de faire du café, faites un thé. Ou faites le noir, si vous êtes capable de le boire noir. Changez le rythme! Changez l'habitude! Et pas une fois. Là, le lendemain matin, vous commencez par la même chose. Vous allez au petit coin, brossez vos dents, vous faites le café après, puis votre déj après. Changez le rythme que vous aviez avant. Là, votre cerveau va comprendre que "en changeant des choses", on continue de survivre. Là, vous venez d'ouvrir une porte. Parce que c'est une machine à apprendre le cerveau. Et je le répète, il marche 24 heures sur 24. J'ai un autre exemple qui est assez convaincant, qui vient de la méditation pleine conscience, ce qui est très, très à la mode de ce temps-là. Ça, oui, ça peut modifier la structure du cerveau, notamment au niveau du cortex préfrontal, la zone responsable de la gestion des émotions. C'est fascinant de penser qu'en s'entraînant à être conscient à ses pensées, on peut remodeler notre cerveau. Changez vos patrons. Changez vos habitudes. Répétez la nouvelle habitude. Et pas juste le matin. Faites ça plusieurs fois. Dérangez votre routine. Et montrez à votre cerveau que vous continuez de "survivre". Là après ça, on procédera à d'autres étapes. Et ensuite, ça va être quoi? Ça va être de surprendre notre cerveau. Puis pour ça, il y a d'autres moyens qui sont assez inattendus. Comme je l'ai dit, changez vos habitudes, vos petites routines, mais changez aussi vos habitudes corporelles. Changez votre environnement physique. Déplacez des meubles. Habillez-vous différemment. Ça peut être aussi simple que ça. Ça peut être un autre chemin pour aller au travail. Au lieu de sortir de chez vous et tourner à droite, puis après ça, la première à gauche, puis après ça la première à droite... Au lieu d'aller à droite, en sortant de votre entrée, allez à gauche, prenez la première à droite, puis après ça prenez l'autre à droite. C'est juste deux coins de rue. Ça va changer. Une autre approche aussi qui est étrange et étonnante, c'est de se confronter au silence. Prenez un moment pour vous couper complètement des distractions modernes. Ça, c'est inspiré de la méditation Vipassana, mais on n'ira pas dans le compliqué. Du moment que vous arrivez de votre travail, probablement que vous arrivez, vous vous écrasez devant la TV ou devant l'Internet. À la place, faites juste vous asseoir. Comptez jusqu'à 20 dans votre tête. Écoutez le bruit ou le silence de la maison. Ne faites que ça. Même si les gens chez vous se chamaillent, ce n'est pas grave. Restez assis 20 secondes, même si vous vous sentez idiot de ne pas assister à la chicane. Non, non... Assoyez-vous compté jusqu'à 20. Faites ça chaque jour en revenant de travailler. Il va se passer un phénomène dans votre cerveau que vous ne comprendrez pas. J'expliquerai peut-être dans un épisode plus tard, je ne vous le promets pas, mais ça va déclencher une réaction et ça va déclencher une hormone. Et cette hormone-là va contribuer à ce nouvel apprentissage de votre cerveau. Et l'exercice qui est le plus difficile, parce qu'il est très complexe, puis je n'irai pas dans les détails infinis, mais c'est de réaliser qu'on se sabote. Quand il vous arrive une nouvelle situation qui, à prime abord, devrait être positive, puis que vous vous sentez du négatif là-dedans, ou que vous voyez que vous replongez dans le négatif, reculez-vous. Observez la situation. Demandez-vous ce qui justifie ce qui arrive. Vous ne trouverez rien qui justifie, hormis peut-être que vous voulez retourner à l'état d'avant. Je pourrais en parler encore pendant des heures, mais on va juste commencer avec ça. Réapprendre à notre cerveau qu'il existe d'autres chemins, et que le bonheur est encore là, et que le confort est encore là, mais surtout... que la survie est encore là! Lui, tant que la survie est là, il est en business! Mais on a tous des habitudes et on les garde et on les répète. Donc, le cerveau est dans un cycle de routine... Cassez les routines. Et si vous êtes encore en vie, le cerveau, il le voit ça. Il le comprend. Même s'il l'appréhende... Sur le coup ça le dérange. Mais après ça... Ah! C'est drôle, il n'y en a plus de problème. Tout va bien. Parce que quoi? Parce qu'on n'a pas fait la même chose, et on est encore en vie. Vous essayerez ça. Je vais arrêter là, il n'y a pas besoin de développer pendant des siècles... On va réapprendre à notre cerveau à fonctionner. On va voir après ça s'il y a des résultats. Donc, je vous invite à me donner des suites de si vous avez essayé et qu'est-ce que ça vous a apporté. Et comme le dit mon assistante Chloé à la fin de chaque épisode, tout ce que vous dites ici, il va rester confidentiel. À moins que vous me disiez, « Hey, ça c'est bon, parlons-en à ton émission. » Je vous nomme ou je ne vous nomme pas, ça, ça dépend de vous. Mais j'aimerais bien avoir de vos nouvelles là-dessus. Puis pas après un ou deux jours. Ça, vous allez vous rendre compte que si ça fonctionne, là, c'est une question de plusieurs semaines. Je vous laisse tester ça.
