- Speaker #0
Oh là là, ça pique ! Ça chauffe,
- Speaker #1
ça réchauffe,
- Speaker #0
ça percute,
- Speaker #1
ça bouscule, ça stimule, ça chatouille,
- Speaker #0
ça réveille,
- Speaker #1
ça éveille,
- Speaker #2
ça pique !
- Speaker #0
Ça pique !
- Speaker #1
Des récits, des discussions, des témoignages parfois durs mais aussi joyeux, différentes thématiques que nous, femmes en situation de grande précarité, choisissons d'aborder.
- Speaker #3
Isolées, SDF, retraitées, mères, sans papiers, ce podcast donne la parole aux femmes qui fréquentent l'accueil de jour Le Filon à Paris, un lieu repère et participatif qui leur est dédié, où elles sont accompagnées dans leurs projets et dont l'accès à leurs droits, et où l'on peut se poser, déposer, se reconstruire. Bonne écoute ! Attention, ce podcast contient des passages sensibles relatant des situations de violences.
- Speaker #2
Quand j'ai perdu le bébé, j'ai décidé de quitter chez lui. J'ai décidé de quitter, de courir, de partir n'importe où.
- Speaker #4
La femme n'a jamais eu raison.
- Speaker #1
Je me sentais souillée.
- Speaker #4
Une femme v!*lée, ça ne s'efface jamais. Ça ne peut pas s'effacer.
- Speaker #1
Donc parler, ça me fait, en fait, ça m'apaise, quoi. Ça m'apaise, ça m'enlève un poids.
- Speaker #4
Les gens autour, comme on est en train de faire aujourd'hui, c'est important. C'est très important.
- Speaker #0
Autrefois, j'avais un peu peur du noir. Aujourd'hui, de ce qui se passe derrière le mur. Mais je n'ai pas peur de l'avenir. Autrefois, j'avais peur. C'était une histoire d'enfant. Mais je n'ai jamais eu peur de changement. Ma peur est de perdre l'espoir. J'avais peur de la faim et de la sécheresse. Mais maintenant, je n'ai plus peur de relever ce défi. Je peur d'avoir le cœur vide.
- Speaker #2
Quand j'avais l'âge de 15 ans, on m'a donné un mariage à une des connaissances de mon papa que je ne voulais pas parce que j'avais l'intention de terminer mes études. Mais vu que la famille avait décidé, mes tantes, mon papa avaient décidé de me donner en mariage, donc le mariage s'est réalisé sans mon consentement. Il était Peul, et moi j'étais Malinké, donc il y a toujours eu du ra*!sme entre ces deux ceux cultures, on va dire comme ça. Les Malinkés et les Peuls ont toujours eu des malentendus en Guinée. Donc, ça ne s'est pas bien déroulé entre les deux épouses de monsieur et moi, vu que j'étais la plus petite, parce que le monsieur, il avait l'argent. Je voulais l'épouser juste à cause de l'argent. Moi, ce n'était pas mon intention. Moi, je ne voulais même pas l'épouser. Quand il sortait, il y avait ces femmes qui me battaient parce que j'étais la plus jeune et tout. Il me ba**ait lui-même. J'ai eu des v!0*ences seksuelles avec lui. Je suis tombée enceinte quand j'avais 15 ans. Chez nous, avant de te marier, à l'âge de 10 ans, on te fait l'e**ision. Maintenant, quand on te fait l'e**ision, quand on... on fait l'e**ision, on te recoud. Pour ne pas que tu ailles gâcher ta virginité, on te recoud. Maintenant, au niveau du rapport avec le monsieur, j'avais du mal, je saignais, mais lui, il ne comprenait pas ça. Donc, quand j'étais enceinte, mon premier bébé, je l'ai perdu. Parce que j'avais des v!0*ences et tout, je l'ai perdu. Quand j'ai perdu le bébé, j'ai décidé de quitter chez lui. J'ai décidé de... De quitter, de courir, de partir n'importe où, parce que personne ne m'écoutait. Je souffrais, je partais pliée à l'école. Et j'étais... personne ne m'écoutait au fait. Donc j'ai décidé de partir. Quand j'ai décidé de partir, je suis allée voir mon papa. Je lui ai expliqué la situation. Il dit que non, que lui, il ne peut rien faire. Parce que quand tu es épousée chez nous, le monsieur, c'est lui qui décide. Je suis allée voir ma maman. Elle a dit, tu sais même, dans notre culture, la décision, c'est l'homme qui fait. Ton papa a dit qu'il ne peut rien faire. Donc, moi aussi, je ne peux rien faire pour toi. J'ai dit, OK. Donc, je ne vais pas partir me confier. Maintenant, je me suis retournée chez le monsieur. Mais je ne savais pas quoi faire parce que je n'avais rien, je n'avais pas d'argent, je n'avais rien, je n'avais pas de soutien, je ne savais pas quoi faire. Quelques temps après, une année après, il est tombé malade, mais tout ce temps, moi, j'étais là-bas, je cherchais, je cherchais une solution pour moi-même, mais je ne trouvais pas parce que je n'avais rien, je ne savais pas où partir, je ne savais rien, je n'avais pas de passeport, rien, rien. Quand il est tombé malade, il était dans la grande famille. chez la première femme. La maladie s'est aggravée. Donc là, on l'a emmenée à l'hôpital. Quand elle était à l'hôpital, quand j'ai décidé de partir le voir, ces femmes me disaient non, je ne peux pas la voir que parce que la situation qui se trouve leur mari, c'est à cause de moi. Donc, je ne pouvais pas voir le monsieur. On est resté dans ça. Le monsieur, il est décédé. Ils ont décidé de faire la réunion de tout le monde. Tout le monde était présent. Maintenant, son petit frère, qui était un peu proche de moi avant le décès de monsieur, a décidé de demander ma main. De redemander ma main. Je lui ai dit non, je ne pouvais pas accepter la demande, vu que ton frère lui-même n'était pas gentil avec moi, vu qu'aussi t'es... Les dames de monsieur n'étaient pas gentilles avec moi. Je ne peux pas être avec toi. Maintenant, il a décidé que si je ne veux pas être avec lui, de quitter la seule chambre que j'avais, de rendre la chambre et partir. Mais je savais que quand je quittais ce lieu, je n'irais pas rentrer parce que mes parents n'allaient pas accepter que je rentre. Donc, moi aussi, je n'avais pas d'autre solution que... que d'accepter parce que je ne savais pas quoi faire. En plus, j'étais jeune, je ne savais pas quoi décider. J'ai accepté. J'ai accepté pour qu'au moins j'aie un toit pour là où rester. On a fait le mariage lui aussi. Je suis tombée enceinte de lui. Après l'accouchement de... de la petite. Il est devenu agressif, lui aussi. Quand il est devenu agressif, je ne m'attendais pas à ça de lui, comme son frère. Je l'ai expliqué. Je lui ai dit, pourquoi tu es devenu comme ça ? Il dit, non, toi, tu es mauvaise. Les femmes de mon frère m'ont dit que c'est toi qui as tué mon frère. Ils ont parlé de maraboutage. Je leur ai dit, ok. Je leur ai dit, si c'est comme ça, j'accepte. Si c'est ce que tu as dit, c'est ça. Donc, il est devenu v!Olent, v!0lent. Je ne savais pas où me mettre. J'ai pris la petite. J'ai couru. Je suis allée chez une amie. Mais elle aussi, elle était chez ses parents. Donc, je ne pouvais pas rester. Elle m'a conseillé de retourner parce que je n'avais pas à partir. Je suis retournée. Quand la petite avait deux ans, ils ont décidé de l'e**iser. Oui. Quand ils ont décidé de l'e**iser, je leur ai dit non. Je leur ai dit ma fille non, elle ne peut pas être e**isée parce que moi d'abord, les choses qu'elle a subies pour l'e**ision, je ne veux pas que ça se reproduise pour ma fille. Donc je n'ai pas accepté que ma fille soit e**isée. J'ai pris ma fille, je l'ai laissée chez ma copine. Moi je suis sortie. C'est comme ça que je me suis retrouvée sur la route de l'Europe. Quand j'ai décidé de sortir, je n'avais pas en tête que j'allais venir en France. Je suis sortie comme ça.
- Speaker #4
C'est dur comme histoire. C'est comme ça en Afrique, souvent la femme n'a pas la décision. Même dans les pays où on semble dire que c'est des pays de droit. Ça a toujours été difficile. Peut-être dans les grandes villes, mais dans les villages, il y a toujours des histoires comme ça. On dit que le Congo, c'est un pays de droit. Mais les hommes aussi ne respectent rien. Ils peuvent se marier comme ils veulent. Ils peuvent te battre comme ils veulent. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Et la femme est là. On dit toujours qu'il faut supporter. Parce que déjà, on est marié. Pour repartir chez les parents, la famille trouve comme un déshonneur. Ça fait très... c'est des histoires très douloureuses. Ce qu'elle, elle, elle subissait, c'était les v!0ls. Parce que c'est d'abord une personne que vous n'aimez pas, qu'on vous force de vous marier, et vous êtes avec... Souvent, c'est comme ça en Afrique. Il n'y a pas là-bas, si tu es avec ton mari, même si tu dis que tu es fatiguée, tu dois faire. Tu ne peux pas aller porter plainte qu'on m'a v!Olée. Tu ne peux pas, tu vas garder ça. Même si c'est une personne qui t'a v!0lée, tu vas garder ça dans ton cœur. Parce que c'est un déshonneur déjà, tout le monde va mal te regarder. D'abord, même là où vous allez porter plainte, on ne va même pas vous écouter. Voilà, on ne va même pas vous écouter. Tel que dans mon cas, j'étais mariée avec un régime paraissant monogame. Donc mon mari n'a pas le droit de prendre une autre femme. Mais comme il a l'argent, il a le droit de corrompre, il peut fabriquer le divorce, il peut faire tout ce qu'il veut. Et il va dans une mairie se marier gaillardement avec une autre, il le fait. vous allez porter plainte d'abord lui il a l'argent, il l'a déjà corrompu votre dossier sera toujours sans suite et ça c'est des choses qui laissent, vous allez en parler à qui, même votre famille va dire non il faut rester là, il faut supporter ça fait rien avoir une rivale c'est quoi mais au départ on ne s'était pas entendu comme ça Donc on peut vous blesser comme ça, vous n'avez pas le droit de parler. Et si vous parlez trop, vous risquez, vous pouvez aussi risquer votre vie. Parce que si, par exemple, vous partez au tribunal, le mari, vous avez eu beaucoup de biens, et qu'on va décider que vous divisez ces biens, sa famille, d'abord lui-même va commencer par parler de son... faire l'historique, il va dire quand je partais à l'école, quand je faisais ceci, tu n'étais pas là, tout ça. Et mais... t'as pas le droit et puis il y a trop de choses derrière ça. Et du coup, la femme n'a jamais eu raison. Mais c'est vraiment dur. Là-bas, c'est la loi du plus fort. Si vous avez de l'argent, eh bien, c'est un pays de droit. Et si vous n'avez pas d'argent, en personne, on ne vous écoute.
- Speaker #1
En fait, son histoire m'a beaucoup touchée. Je me dis que ce que les femmes subissent, c'est vraiment trop compliqué parce que moi-même aussi, j'ai subi des v!O*ences. Donc, du coup, quand j'entends ce genre de choses, ça me fait très mal. Pour s'en remettre, vraiment, c'est difficile. C'est difficile parce que... Et qu'à un moment donné, moi, j'ai voulu mettre fin à ma vie. Parce que je me disais que ce genre de choses, moi, je n'en parlais pas. Moi, c'est maintenant que je commence à en parler. Je n'en parlais pas et ça restait là, dedans. C'est ça qui me poussait au fait et au sui**de même. Parce que je me dis que je me sentais souillée. À l'âge de 10 ans, j'ai perdu ma mère. Je n'avais pas ni de mère ni de père. Donc, j'étais là, seule, dans la rue. J'ai vivé chez ma tante, mais le traitement, ce n'était pas ça en fait. J'avais qu'elle, je ne connaissais pas les parents de ma maman parce qu'on m'avait pris très très très petite avant que je sache que ma maman était morte déjà. Donc du coup, j'étais obligée de rester avec elle, mais malgré ça, je sentais la différence entre ces enfants et moi. À l'heure du dîner, tu sens que le partage n'est pas correct. Il y avait... Un des amis de son mari qui venait à la maison. Et du coup, ma tante m'a forcé même de sortir avec l'ami de son mari. Et sinon, si je n'acceptais pas, j'allais me retrouver dans la rue. Parce que chez nous, même si à l'âge de 25 ans, 30 ans, je suis encore chez les parents, parce que c'est difficile pour avoir un travail. Donc du coup, obligée de rester chez les parents. Et je me suis sentie obligée de sortir avec l'amie de son mari parce que, ouais, son mari, là, il avait l'argent, il travaillait. Donc, pour moi, je me suis dit que c'était de la pr0**i*ution parce que je ne peux pas aller sortir avec quelqu'un pour de l'argent si ce n'est pas de la pr0**i*ution. Donc, du coup, quand je pensais à ça, ça me faisait très, très, très, très, très, très, très mal. Je n'en parlais pas et je souffrais vraiment. Donc parler, ça m'apaise, ça m'enlève un poids que j'avais sur moi.
- Speaker #4
Vraiment, une personne doit être assistée, tel que ce qu'elle est en train de dire. Vous vivez chez quelqu'un qui va obliger à sa nièce de sortir avec une personne que vous ne voulez pas parce que vous allez lui rapporter de l'argent. Et si vous ne faites pas ça, on vous met dehors. Vous allez vous plaindre chez qui ? Moi, j'ai grandi dans une famille où chez nous, les parents, ils amènent beaucoup de gens, des neveux, des cousins, tout ça. C'est des grandes familles, jamais seules avec ses propres enfants. Mais ce qui se passe dans la maison. Il y a des neveux, on peut v!Oler ta fille. On te v!Ole, en cachette, on te dit ce que tu parles, je te t*pe. Et la fille, elle va grandir avec ça toute la vie. Ça ne peut pas s'effacer. Ça ne s'efface pas. Moi, j'ai grandi dans ça. Il y a des fois, tu regardes ta maman, elle te pose la question, qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne dis rien. Mais puisque la maman, elle a... trop beaucoup à faire. Elle doit s'occuper de ça. Elle ne sait pas que sa fille est en train de la regarder. Peut-être qu'elle a quelque chose à dire. Donc vous grandissez dans ça. Voilà. C'est pas facile. C'est pas facile. Quand on vient ici, quand vous découvrez la manière dont les choses se passent ici, c'est ça qui fait que les gens restent. Parce qu'au moins, on vous écoute. Vous pouvez voir un psychologue qui peut vous aider, il y a des assistantes sociales, il y a des médecins, il y a des gens qui... Vous allez écouter beaucoup d'histoires après, après vous allez dire que je ne suis pas seule dans cette situation. C'est vrai que, bon pour nous aussi, il y a une vie chrétienne, c'est vrai, mais aussi les gens autour, comme on est en train de faire aujourd'hui, c'est important. C'est très important, parce que ça laisse des... parce qu'une femme violée, ça ne s'efface jamais. Ç a peut pas s'effacer.
J'ai peur de perdre à cause de la paresse. J'avais autrefois peur de ne pas être compris mais je n'ai jamais eu peur de l'inconnu. Ma peur est de mourir sans avoir vécu. J 'ai une certaine peur de veillir, mais je n'ai pas peur que la vérité apparaisse. Je n'ai pas non plus peur de mourir. J'avais déjà peur de perdre mon intrigue, j'avais peur de ne pas garder le secret. Mais, j'ai vraiment, vraiment peur d'avoir peur.
- Speaker #1
Moi c'est Vyvaldie. Je suis Habiba.
- Speaker #4
Je suis Brigitte. Je m'appelle Fatoumata.
- Speaker #2
Je m'appelle Amina. Moi c'est Tshika Bena. Je m'appelle Mbalou Sissé. J'ai
- Speaker #4
60 ans.
- Speaker #2
J'ai même 26 ans et 27 ans.
- Speaker #1
Je suis Tunisienne.
- Speaker #4
Je viens du Congo-Brazzaville.
- Speaker #1
Je viens de Côte d'Ivoire.
- Speaker #2
Je viens au Sénégal. Je viens de la Guinée-Conakry. Je viens du Congo-Kinshasa-RDC.
- Speaker #4
Je suis en France, ça fait 5 ans et quelques mois.
- Speaker #1
J'arrive en France la fin 2020. Ça fait bien. Ça fait bientôt trois ans.
- Speaker #2
Ça fait bientôt deux ans.
- Speaker #1
Ça fait douze années.
- Speaker #2
J'ai fait presque quatre ans.
- Speaker #3
Et moi, Lily, du coup, 24 ans, éducatrice spécialisée au Filon depuis trois ans et demi. Je suis Cécile, directrice du Filon. J'y travaille depuis 2018. On vous dit à bientôt pour un prochain épisode du podcast OHLALA, ÇA PIQUE !