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LA MIGRATION / Partie 3 - Ça y est, je reste. cover
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OHLALA, ÇA PIQUE ! Femmes et Précarités

LA MIGRATION / Partie 3 - Ça y est, je reste.

LA MIGRATION / Partie 3 - Ça y est, je reste.

20min |12/02/2025|

63

Play
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Description

"Ça y est, je reste" est le troisième et dernier épisode consacré à la thématique de la migration, la première choisie par les femmes en situation de grande précarité qui fréquentent l'accueil de jour Le Filon, à Paris.

"C'est une nouvelle vie qui va commencer."


" Il faut toujours se battre.

Si vous croisez les bras, il n'y aura rien qui va se passer. "

Au travers des discussions que vous entendrez dans cet épisode, se manifestent le besoin d'échanger sur des vécus similaires et l'urgent désir d'avancer.


Bonne écoute.


Attention, ce podcast contient des passages sensibles, relatant des situations de violences.


L'enregistrement a lieu au sein de l'accueil de jour et au sein d'un studio d'enregistrement.


Ce podcast n'aurait pu voir le jour sans le travail de l'association Le Filon, ses salariées, ses contributeurs, ses bénévoles et surtout, les personnes accueillies et accompagnées par la structure, au coeur de la création de ce projet.


Merci à Vyvaldie, MBalou, Paola, Brigitte, Arlette, Amina, Bena, Aimée, Ndella, Habiba, Lily, Soline, Adélaïna et Cécile.


Conception et mise en oeuvre - Cécile Tarchini Behar et Lily Jaillard

Coordination - Soline Payan et Adélaïna Desmars

Au montage - Adrien Clayette

À la communication - Roxane Rabieaux. Visuel du podcast - Mélanie Guitton


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    ça réchauffe,

  • Speaker #0

    ça percule,

  • Speaker #1

    ça bouscule, ça stimule, ça chatouille,

  • Speaker #0

    ça réveille,

  • Speaker #1

    ça éveille, ça pique !

  • Speaker #0

    Ça pique !

  • Speaker #1

    Des récits, des discussions, des témoignages. Parfois dures mais aussi joyeuses. Différentes thématiques que nous, femmes en situation de grande précarité, choisissons d'aborder.

  • Speaker #2

    Isolée, SDF, retraitée, mère sans papier, ce podcast donne la parole aux femmes qui fréquentent l'accueil de jour Le Filon à Paris. Un lieu repère et participatif qui leur est dédié, où elles sont accompagnées dans leurs projets et dont l'accès à leurs droits, où l'on peut se poser, déposer, se reconstruire.

  • Speaker #0

    Bonne écoute !

  • Speaker #2

    Attention, ce podcast contient des passages sensibles relatant des situations de violence.

  • Speaker #3

    Bonjour tout le monde ! Bonjour ! J'ai eu mon papier, je suis soulagée.

  • Speaker #0

    C'est vrai que je n'ai pas trouvé ce que je pensais. Je n'ai pas trouvé ça du tout.

  • Speaker #4

    Si Dieu le veut bien, si tout va bien, je veux bien. continuer mes études et faire venir ma fille.

  • Speaker #1

    La solitude en tant que migrante, vraiment c'est quelque chose de compliqué, on vit mal.

  • Speaker #0

    Je commence à avoir de l'espoir, parce qu'au final je me dis, si je n'ai pas d'argent, je peux manger, je peux me laver, je peux laver mes habits.

  • Speaker #2

    Pardon Je vais mettre mon ordi à l'ombre, parce que là il est en train de chauffer

  • Speaker #3

    Je me suis frayée une route en arrivant ici en France. Et en France aussi, ce n'était pas facile au début. Ce n'était pas facile sans papiers, sans famille, sans personne pour se parler,. Quand tu viens au Filon, tu rencontres des femmes, vous faites des débats, des activités. Et à la fin, j'ai eu mon papier. J'ai été soulagée. Je suis vraiment soulagée. Ça m'ouvre l'esprit. Ça m'a ouvert aussi des portes. Je suis maintenant calme. Parce que je n'étais pas calme. J'avais peur. Parce que j'ai souffert.

  • Speaker #2

    Tu as fait des cauchemars un peu sur la Méditerranée.

  • Speaker #3

    Oui, j'avais un psychiatre. et un psychologue qui m'aidaient à faire des exercices. Et je prends aussi, pour l'instant, je prends encore les médicaments pour le sommeil parce que là, je dors difficilement. Moi, là-dessus, je ne dors pas.

  • Speaker #2

    C'est une nouvelle vie qui va commencer.

  • Speaker #3

    C'est aussi une vie qui n'est pas facile. C'est aussi une vie qui n'est pas facile. Des courriers, des rendez-vous. La vie, ce n'est pas facile. Tout est difficile. Il faut se battre toujours. Si vous croisez les bras, il n'y aura rien qui va se passer.

  • Speaker #0

    Au commencement, aussi, je vivais chez mon cousin. Je cuisinais tous les repas, je faisais le nettoyage et tout ça. Mais une semaine passe, dix jours passent, il commence à changer. Il se met en caleçon, faire des défilés. Des fois, je m'assois dans le salon, il vient s'asseoir à côté de moi, je me dis ah Des fois, il me dit, il avait fait un accident de travail, tu peux me masser le dos et tout ça. Je dis il n'y a pas de souci. Mais il a compris que je n'ai pas compris ce qu'il voulait ou bien je refuse. Après, c'est là. Le cauchemar a commencé. Il y avait un salon de coiffure qui était à 15 minutes. Je suis passée au salon. J'ai toqué à la porte. J'ai dit je recherche du travail. La dame a tellement rigolé. Ah, madame, vous venez d'arriver. J'ai dit oui, je viens d'arriver. Ah, c'est pour ça, on ne cherche pas de travail comme ça. J'ai dit ah, j'ai vu comme c'est un salon de coiffure avec des tresses, je me dis ah, je vais venir pour voir. Ah, ça tourne bien. J'ai pas de tresseuse. Alors, j'ai frappé à la bonne porte. Elle était tellement gentille. Jusqu'à présent, je la fréquente. Après, quand je finis au salon à 19h, je dois rentrer chez mon cousin pour dormir. Mais quand je viens, il ferme, il part. Je m'assois sur les escaliers. Des fois, j'ai envie de faire pipi. Je toque au voisin, il me dit, moi, je me couche sur les carreaux comme ça. Quand il vient, je rentre. Jusqu'à un jour, je suis venue aussi pareillement. Il n'est pas venu. Ce jour-là, j'ai dormi dehors. J'ai dormi dehors. Pendant deux ou trois jours, je dormais dans le parc de Montreuil. J'ai vécu des moments très difficiles au commencement. Au fur et à mesure, j'ai appelé le 115. Il n'y avait pas de place. Après, j'avais trouvé une copine aussi. Je la connaissais au Sénégal. Je lui ai expliqué ma situation. Elle me dit, tu peux venir dormir chez moi. Le mois, on divise, on paye. Je lui ai dit, il n'y a pas de souci. Elle n'avait qu'une seule chambre, un petit lit. Et elle avait une fille d'un an et quelques. Alors, elle aussi, elle me disait qu'à l'occasion, comme ça, je vais garder sa fille. Je lui ai dit que si je garde ta fille, comment je vais faire pour payer ? Je ne savais pas. Elle a dit, c'est ça. J'ai pris mes bagages. Je suis sortie, je suis partie. Une cliente que j'ai tressée au salon m'a donné le contact d'une autre copine. Elle est femme d'affaires, elle a ses enfants. Elle dit qu'elle veut une personne qui soit à la maison pour garder ses enfants. Au fin du mois, je lui donne 250 euros. Mais c'est moi qui vais cuisiner, c'est moi qui vais nettoyer. Elle a un garçon de 25 ans, l'autre 20 ans, l'autre 15 ans. Je me dis, mais c'est la même chose en fait, qui se répète. J'ai dit, bon, il n'y a pas de souci, parce que je ne savais pas où aller. J'étais tellement fatiguée, épuisée, fatiguée, parce que je ne savais pas quoi faire en fait. Le matin, avant que j'aille au salon, je nettoie toute la maison. Le soir, je quitte 19h. J'arrive là-bas vers presque 21h des fois. Je cuisine la nuit. Ensuite, je nettoie, je dors 1h, minuit. Le lendemain, je dois me lever encore et vous savez j'ai fait ça pendant un mois c'était pas facile c'était pas facile, j'ai vécu des moments très très très difficiles avant que le 115 me prenne moi quand je suis venue je me disais que si je viens en 3 mois j'aurai mon papier quand je venais même j'ai dit à mes enfants dans 3 mois vous allez me voir Et puis, votre vie va changer. Je vais vous envoyer de l'argent pour que vous viviez. Après, quand j'aurai mes papiers, je vais vous chercher. C'est vrai que je n'ai pas trouvé ce que je pensais. Je n'ai pas trouvé ça du tout. Ici, moi, ce que j'aime le plus ici, c'est la liberté. Tu as le droit de prendre tes propres décisions. Tu peux dire ce que tu penses. Mais ce n'est pas ce qu'on croyait voir, en fait. C'est difficile par rapport à ce qu'on croyait.

  • Speaker #1

    La solitude, vraiment, en tant que migrant, vraiment c'est quelque chose de compliqué, de très compliqué. On vit mal. Quand tu es seule, tu penses à beaucoup de choses, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Même des pensées suicidaires, parce que je te dis que je suis seule, je fais ça, ça ne marche pas, je tourne vers telle personne. En fait, tu n'as pas d'espoir, tu n'as pas de repère. Donc du coup, vraiment, la solitude, vraiment, on le vit très mal. Personnellement, je me sens toujours un peu, un peu seule. dedans là, au moins, franchement, ça me fait travailler, ça revient, ça revient, ça revient, ça revient, ça revient, donc du coup, la solitude c'est quelque chose qui est vraiment horrible.

  • Speaker #6

    En venant ici en France, j'ai vécu beaucoup de choses, beaucoup d'expériences, des angoisses, solitude, donc vraiment sans les associations, j'étais vraiment toute seule. Dans ma ville, dans les coins, vraiment je ne sais pas si je pourrais même parler avec vous comme ça, parce que c'était dur. Grâce au Filon, d'autres associations, j'ai surmonté un peu les pentes là, les blessures là, je peux dire.

  • Speaker #5

    Je remercie le Filon puisque l'association m'a beaucoup aidé. Parce qu'avant, j'étais sous dépressions. J'avais des idées noires parce que c'était tellement dur. Et c'est tellement dur d'oublier ça.

  • Speaker #0

    Alors je suis venue en France, la première chose que je n'arrive pas à oublier, quand j'ai pris l'avion, Alors tu voyais les pavillons, silencieux, il n'y a pas de bruit, tu ne vois personne. Je me dis, j'espère que ce n'est pas ici que je vais vivre, pour m'enfermer ici, parce que là, comme je l'ai vu, on dirait que c'est des prisons. Nous, au Sénégal, c'est ouvert. Tu fais ton thé, quatre ou cinq personnes viennent, tu bois avec eux, pour manger ensemble, comme je te l'ai dit, les familles nombreuses, on a une grande assiette comme ça, chacun met sa main dedans. Alors quand je suis venue à Paris, là c'est des appartements, c'est fermé. Bonjour, même tu ne l'entendais pas. Quand je commence à faire un mois et que je découvre par exemple le filon, c'est là que je me suis dit que c'est la vie, peut-être que je commence à avoir de l'espoir. Parce qu'au filon je me dis, si je n'ai pas d'argent, je peux manger. Je peux me laver, je peux laver mes habits, il n'y a pas de souci. Je me suis dit, comme je suis ici, je vais faire le maximum pour que les gens puissent manger. Et le premier jour que j'ai cuisiné et que tout le monde a aimé, vraiment, j'avais plus de confiance en moi. Parce que quand je venais, j'avais perdu la confiance totale en moi. Parce que chez nous, on te dit que tu n'es rien, en fait. Une femme, tu n'es rien. Tu n'es rien. Tu dois être soumise et tout ça. Mais quand j'ai cuisiné, les gens ont aimé, ont mangé. Après là, je me dis, je peux. Je peux le faire. Et je l'ai fait une deuxième fois. Et ça me fait plaisir quand vous me dites, quand vas-tu cuisiner ? Ça me fait vraiment plaisir quand on me le demande au filon. Quand tu vas faire le tiep, vraiment. Je me sens confiante en moi et je me dis que je peux tout faire. Je peux faire. J'ai une confiance en moi. Et ça me ferait énormément de plaisir avec mon emploi du temps. Si je pouvais, même une fois par semaine, j'allais cuisiner pour le filon. Parce que c'est notre maison familiale, en fait. On ne s'ennuie pas. On rencontre des femmes de différents pays. Moi, je parle de ma culture. La Gabonaise parle de sa culture. L'Ivorien... ça fait qu'on oublie beaucoup de choses en fait. D'un côté, on oublie. D'un autre, on se dit qu'on est toujours chez nous. On commence à être des copines. Il y en a qui sont venus, mais on est aussi pareils. Tu passes au filon lundi ou mardi, je serai là-bas. Ça fait plaisir pour te rencontrer. Vraiment.

  • Speaker #4

    Si Dieu le veut bien si tout va bien,je vais continuer mes études et faire venir ma fille. En fait, quand j'étais petite, j'avais l'intention de devenir une financière, gestion de finances. J'aimais beaucoup la matière, donc je vais bien être et continuer l'étude.

  • Speaker #5

    Moi mon rêve c'est de devenir quelqu'un quelqu'un qui ait beaucoup d'ambition, quelqu'un qui est indépendant, quelqu'un qui aide les gens, quelqu'un qui donne les gens du travail, quelqu'un qui prend bien soin des gens. Parce que ma famille, elle ne fait pas ça. Et moi je voulais devenir quelqu'un qui fait ça, qui donne des exemples, qui est tellement riche, qui crée des associations au pays. Parce qu'il y a beaucoup de corrompus. Si tu as un problème avec un riche, tu n'es pas capable d'aller au tribunal. Parce que tous ces corrompus, parce qu'en Europe, tu trouves des gens qui t'aident, tu trouves des gens qui te consolent. Mais là-bas, il n'y a pas ça. Nous, là-bas au Sénégal, ça change beaucoup parce qu'il y a des femmes qui disent non à la violence, non à la violence aux femmes. Moi, mon rêve, c'est de devenir quelqu'un qui aide les gens, quelqu'un qui dit non à la violence, quelqu'un qui a un nom. Quand j'allais au tribunal pour aider quelqu'un, ils voient lui, c'est Amina.

  • Speaker #0

    J'ai fait une demande d'asile. Et on me l'a accordé, ainsi que mes enfants. Maintenant, je commence à faire ma formation cuisinière, comme j'aime la cuisine, pour pouvoir intégrer le plus rapidement possible. Vraiment, c'est ça les bonnes nouvelles en fait. J'espère toujours ouvrir mon propre, comment on dit, les camions qui vont les... Je ne sais pas comment on les appelle. C'est de food truck. Food truck. Parce que là, je me suis installée définitivement.

  • Speaker #7

    Je reste.

  • Speaker #1

    Moi, c'est Vivaldy.

  • Speaker #6

    Je suis Abiba. Je suis Brigitte.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Fatmata.

  • Speaker #6

    Je m'appelle Amina. Moi, c'est Bena.

  • Speaker #5

    Je m'appelle Malou.

  • Speaker #4

    C'est Cissé.

  • Speaker #6

    J'ai 60 ans.

  • Speaker #0

    Je suis Tunisienne.

  • Speaker #6

    Je viens du Congo-Prasel. Je viens de Côte d'Ivoire.

  • Speaker #5

    Je viens au Sénégal.

  • Speaker #4

    Je viens de la Guinée-Conakry.

  • Speaker #6

    Je viens du Congo-Pouchasson-Hernès. Je suis en France, ça fait 5 ans et quelques. J'arrive en France la fin

  • Speaker #1

    2020. Ça fait bientôt 3 ans. Ça fait bientôt 2 ans. Ça fait 12 années.

  • Speaker #5

    J'ai fait presque 4 ans.

  • Speaker #2

    Et moi, Lily, du coup, 24 ans, éducatrice spécialisée au Filon depuis 3 ans et demi. Je suis Cécile, directrice du Filon. J'y travaille depuis 2018. On vous dit à bientôt pour un prochain épisode du podcast OhLala Ça Pique !

Description

"Ça y est, je reste" est le troisième et dernier épisode consacré à la thématique de la migration, la première choisie par les femmes en situation de grande précarité qui fréquentent l'accueil de jour Le Filon, à Paris.

"C'est une nouvelle vie qui va commencer."


" Il faut toujours se battre.

Si vous croisez les bras, il n'y aura rien qui va se passer. "

Au travers des discussions que vous entendrez dans cet épisode, se manifestent le besoin d'échanger sur des vécus similaires et l'urgent désir d'avancer.


Bonne écoute.


Attention, ce podcast contient des passages sensibles, relatant des situations de violences.


L'enregistrement a lieu au sein de l'accueil de jour et au sein d'un studio d'enregistrement.


Ce podcast n'aurait pu voir le jour sans le travail de l'association Le Filon, ses salariées, ses contributeurs, ses bénévoles et surtout, les personnes accueillies et accompagnées par la structure, au coeur de la création de ce projet.


Merci à Vyvaldie, MBalou, Paola, Brigitte, Arlette, Amina, Bena, Aimée, Ndella, Habiba, Lily, Soline, Adélaïna et Cécile.


Conception et mise en oeuvre - Cécile Tarchini Behar et Lily Jaillard

Coordination - Soline Payan et Adélaïna Desmars

Au montage - Adrien Clayette

À la communication - Roxane Rabieaux. Visuel du podcast - Mélanie Guitton


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    ça réchauffe,

  • Speaker #0

    ça percule,

  • Speaker #1

    ça bouscule, ça stimule, ça chatouille,

  • Speaker #0

    ça réveille,

  • Speaker #1

    ça éveille, ça pique !

  • Speaker #0

    Ça pique !

  • Speaker #1

    Des récits, des discussions, des témoignages. Parfois dures mais aussi joyeuses. Différentes thématiques que nous, femmes en situation de grande précarité, choisissons d'aborder.

  • Speaker #2

    Isolée, SDF, retraitée, mère sans papier, ce podcast donne la parole aux femmes qui fréquentent l'accueil de jour Le Filon à Paris. Un lieu repère et participatif qui leur est dédié, où elles sont accompagnées dans leurs projets et dont l'accès à leurs droits, où l'on peut se poser, déposer, se reconstruire.

  • Speaker #0

    Bonne écoute !

  • Speaker #2

    Attention, ce podcast contient des passages sensibles relatant des situations de violence.

  • Speaker #3

    Bonjour tout le monde ! Bonjour ! J'ai eu mon papier, je suis soulagée.

  • Speaker #0

    C'est vrai que je n'ai pas trouvé ce que je pensais. Je n'ai pas trouvé ça du tout.

  • Speaker #4

    Si Dieu le veut bien, si tout va bien, je veux bien. continuer mes études et faire venir ma fille.

  • Speaker #1

    La solitude en tant que migrante, vraiment c'est quelque chose de compliqué, on vit mal.

  • Speaker #0

    Je commence à avoir de l'espoir, parce qu'au final je me dis, si je n'ai pas d'argent, je peux manger, je peux me laver, je peux laver mes habits.

  • Speaker #2

    Pardon Je vais mettre mon ordi à l'ombre, parce que là il est en train de chauffer

  • Speaker #3

    Je me suis frayée une route en arrivant ici en France. Et en France aussi, ce n'était pas facile au début. Ce n'était pas facile sans papiers, sans famille, sans personne pour se parler,. Quand tu viens au Filon, tu rencontres des femmes, vous faites des débats, des activités. Et à la fin, j'ai eu mon papier. J'ai été soulagée. Je suis vraiment soulagée. Ça m'ouvre l'esprit. Ça m'a ouvert aussi des portes. Je suis maintenant calme. Parce que je n'étais pas calme. J'avais peur. Parce que j'ai souffert.

  • Speaker #2

    Tu as fait des cauchemars un peu sur la Méditerranée.

  • Speaker #3

    Oui, j'avais un psychiatre. et un psychologue qui m'aidaient à faire des exercices. Et je prends aussi, pour l'instant, je prends encore les médicaments pour le sommeil parce que là, je dors difficilement. Moi, là-dessus, je ne dors pas.

  • Speaker #2

    C'est une nouvelle vie qui va commencer.

  • Speaker #3

    C'est aussi une vie qui n'est pas facile. C'est aussi une vie qui n'est pas facile. Des courriers, des rendez-vous. La vie, ce n'est pas facile. Tout est difficile. Il faut se battre toujours. Si vous croisez les bras, il n'y aura rien qui va se passer.

  • Speaker #0

    Au commencement, aussi, je vivais chez mon cousin. Je cuisinais tous les repas, je faisais le nettoyage et tout ça. Mais une semaine passe, dix jours passent, il commence à changer. Il se met en caleçon, faire des défilés. Des fois, je m'assois dans le salon, il vient s'asseoir à côté de moi, je me dis ah Des fois, il me dit, il avait fait un accident de travail, tu peux me masser le dos et tout ça. Je dis il n'y a pas de souci. Mais il a compris que je n'ai pas compris ce qu'il voulait ou bien je refuse. Après, c'est là. Le cauchemar a commencé. Il y avait un salon de coiffure qui était à 15 minutes. Je suis passée au salon. J'ai toqué à la porte. J'ai dit je recherche du travail. La dame a tellement rigolé. Ah, madame, vous venez d'arriver. J'ai dit oui, je viens d'arriver. Ah, c'est pour ça, on ne cherche pas de travail comme ça. J'ai dit ah, j'ai vu comme c'est un salon de coiffure avec des tresses, je me dis ah, je vais venir pour voir. Ah, ça tourne bien. J'ai pas de tresseuse. Alors, j'ai frappé à la bonne porte. Elle était tellement gentille. Jusqu'à présent, je la fréquente. Après, quand je finis au salon à 19h, je dois rentrer chez mon cousin pour dormir. Mais quand je viens, il ferme, il part. Je m'assois sur les escaliers. Des fois, j'ai envie de faire pipi. Je toque au voisin, il me dit, moi, je me couche sur les carreaux comme ça. Quand il vient, je rentre. Jusqu'à un jour, je suis venue aussi pareillement. Il n'est pas venu. Ce jour-là, j'ai dormi dehors. J'ai dormi dehors. Pendant deux ou trois jours, je dormais dans le parc de Montreuil. J'ai vécu des moments très difficiles au commencement. Au fur et à mesure, j'ai appelé le 115. Il n'y avait pas de place. Après, j'avais trouvé une copine aussi. Je la connaissais au Sénégal. Je lui ai expliqué ma situation. Elle me dit, tu peux venir dormir chez moi. Le mois, on divise, on paye. Je lui ai dit, il n'y a pas de souci. Elle n'avait qu'une seule chambre, un petit lit. Et elle avait une fille d'un an et quelques. Alors, elle aussi, elle me disait qu'à l'occasion, comme ça, je vais garder sa fille. Je lui ai dit que si je garde ta fille, comment je vais faire pour payer ? Je ne savais pas. Elle a dit, c'est ça. J'ai pris mes bagages. Je suis sortie, je suis partie. Une cliente que j'ai tressée au salon m'a donné le contact d'une autre copine. Elle est femme d'affaires, elle a ses enfants. Elle dit qu'elle veut une personne qui soit à la maison pour garder ses enfants. Au fin du mois, je lui donne 250 euros. Mais c'est moi qui vais cuisiner, c'est moi qui vais nettoyer. Elle a un garçon de 25 ans, l'autre 20 ans, l'autre 15 ans. Je me dis, mais c'est la même chose en fait, qui se répète. J'ai dit, bon, il n'y a pas de souci, parce que je ne savais pas où aller. J'étais tellement fatiguée, épuisée, fatiguée, parce que je ne savais pas quoi faire en fait. Le matin, avant que j'aille au salon, je nettoie toute la maison. Le soir, je quitte 19h. J'arrive là-bas vers presque 21h des fois. Je cuisine la nuit. Ensuite, je nettoie, je dors 1h, minuit. Le lendemain, je dois me lever encore et vous savez j'ai fait ça pendant un mois c'était pas facile c'était pas facile, j'ai vécu des moments très très très difficiles avant que le 115 me prenne moi quand je suis venue je me disais que si je viens en 3 mois j'aurai mon papier quand je venais même j'ai dit à mes enfants dans 3 mois vous allez me voir Et puis, votre vie va changer. Je vais vous envoyer de l'argent pour que vous viviez. Après, quand j'aurai mes papiers, je vais vous chercher. C'est vrai que je n'ai pas trouvé ce que je pensais. Je n'ai pas trouvé ça du tout. Ici, moi, ce que j'aime le plus ici, c'est la liberté. Tu as le droit de prendre tes propres décisions. Tu peux dire ce que tu penses. Mais ce n'est pas ce qu'on croyait voir, en fait. C'est difficile par rapport à ce qu'on croyait.

  • Speaker #1

    La solitude, vraiment, en tant que migrant, vraiment c'est quelque chose de compliqué, de très compliqué. On vit mal. Quand tu es seule, tu penses à beaucoup de choses, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Même des pensées suicidaires, parce que je te dis que je suis seule, je fais ça, ça ne marche pas, je tourne vers telle personne. En fait, tu n'as pas d'espoir, tu n'as pas de repère. Donc du coup, vraiment, la solitude, vraiment, on le vit très mal. Personnellement, je me sens toujours un peu, un peu seule. dedans là, au moins, franchement, ça me fait travailler, ça revient, ça revient, ça revient, ça revient, ça revient, donc du coup, la solitude c'est quelque chose qui est vraiment horrible.

  • Speaker #6

    En venant ici en France, j'ai vécu beaucoup de choses, beaucoup d'expériences, des angoisses, solitude, donc vraiment sans les associations, j'étais vraiment toute seule. Dans ma ville, dans les coins, vraiment je ne sais pas si je pourrais même parler avec vous comme ça, parce que c'était dur. Grâce au Filon, d'autres associations, j'ai surmonté un peu les pentes là, les blessures là, je peux dire.

  • Speaker #5

    Je remercie le Filon puisque l'association m'a beaucoup aidé. Parce qu'avant, j'étais sous dépressions. J'avais des idées noires parce que c'était tellement dur. Et c'est tellement dur d'oublier ça.

  • Speaker #0

    Alors je suis venue en France, la première chose que je n'arrive pas à oublier, quand j'ai pris l'avion, Alors tu voyais les pavillons, silencieux, il n'y a pas de bruit, tu ne vois personne. Je me dis, j'espère que ce n'est pas ici que je vais vivre, pour m'enfermer ici, parce que là, comme je l'ai vu, on dirait que c'est des prisons. Nous, au Sénégal, c'est ouvert. Tu fais ton thé, quatre ou cinq personnes viennent, tu bois avec eux, pour manger ensemble, comme je te l'ai dit, les familles nombreuses, on a une grande assiette comme ça, chacun met sa main dedans. Alors quand je suis venue à Paris, là c'est des appartements, c'est fermé. Bonjour, même tu ne l'entendais pas. Quand je commence à faire un mois et que je découvre par exemple le filon, c'est là que je me suis dit que c'est la vie, peut-être que je commence à avoir de l'espoir. Parce qu'au filon je me dis, si je n'ai pas d'argent, je peux manger. Je peux me laver, je peux laver mes habits, il n'y a pas de souci. Je me suis dit, comme je suis ici, je vais faire le maximum pour que les gens puissent manger. Et le premier jour que j'ai cuisiné et que tout le monde a aimé, vraiment, j'avais plus de confiance en moi. Parce que quand je venais, j'avais perdu la confiance totale en moi. Parce que chez nous, on te dit que tu n'es rien, en fait. Une femme, tu n'es rien. Tu n'es rien. Tu dois être soumise et tout ça. Mais quand j'ai cuisiné, les gens ont aimé, ont mangé. Après là, je me dis, je peux. Je peux le faire. Et je l'ai fait une deuxième fois. Et ça me fait plaisir quand vous me dites, quand vas-tu cuisiner ? Ça me fait vraiment plaisir quand on me le demande au filon. Quand tu vas faire le tiep, vraiment. Je me sens confiante en moi et je me dis que je peux tout faire. Je peux faire. J'ai une confiance en moi. Et ça me ferait énormément de plaisir avec mon emploi du temps. Si je pouvais, même une fois par semaine, j'allais cuisiner pour le filon. Parce que c'est notre maison familiale, en fait. On ne s'ennuie pas. On rencontre des femmes de différents pays. Moi, je parle de ma culture. La Gabonaise parle de sa culture. L'Ivorien... ça fait qu'on oublie beaucoup de choses en fait. D'un côté, on oublie. D'un autre, on se dit qu'on est toujours chez nous. On commence à être des copines. Il y en a qui sont venus, mais on est aussi pareils. Tu passes au filon lundi ou mardi, je serai là-bas. Ça fait plaisir pour te rencontrer. Vraiment.

  • Speaker #4

    Si Dieu le veut bien si tout va bien,je vais continuer mes études et faire venir ma fille. En fait, quand j'étais petite, j'avais l'intention de devenir une financière, gestion de finances. J'aimais beaucoup la matière, donc je vais bien être et continuer l'étude.

  • Speaker #5

    Moi mon rêve c'est de devenir quelqu'un quelqu'un qui ait beaucoup d'ambition, quelqu'un qui est indépendant, quelqu'un qui aide les gens, quelqu'un qui donne les gens du travail, quelqu'un qui prend bien soin des gens. Parce que ma famille, elle ne fait pas ça. Et moi je voulais devenir quelqu'un qui fait ça, qui donne des exemples, qui est tellement riche, qui crée des associations au pays. Parce qu'il y a beaucoup de corrompus. Si tu as un problème avec un riche, tu n'es pas capable d'aller au tribunal. Parce que tous ces corrompus, parce qu'en Europe, tu trouves des gens qui t'aident, tu trouves des gens qui te consolent. Mais là-bas, il n'y a pas ça. Nous, là-bas au Sénégal, ça change beaucoup parce qu'il y a des femmes qui disent non à la violence, non à la violence aux femmes. Moi, mon rêve, c'est de devenir quelqu'un qui aide les gens, quelqu'un qui dit non à la violence, quelqu'un qui a un nom. Quand j'allais au tribunal pour aider quelqu'un, ils voient lui, c'est Amina.

  • Speaker #0

    J'ai fait une demande d'asile. Et on me l'a accordé, ainsi que mes enfants. Maintenant, je commence à faire ma formation cuisinière, comme j'aime la cuisine, pour pouvoir intégrer le plus rapidement possible. Vraiment, c'est ça les bonnes nouvelles en fait. J'espère toujours ouvrir mon propre, comment on dit, les camions qui vont les... Je ne sais pas comment on les appelle. C'est de food truck. Food truck. Parce que là, je me suis installée définitivement.

  • Speaker #7

    Je reste.

  • Speaker #1

    Moi, c'est Vivaldy.

  • Speaker #6

    Je suis Abiba. Je suis Brigitte.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Fatmata.

  • Speaker #6

    Je m'appelle Amina. Moi, c'est Bena.

  • Speaker #5

    Je m'appelle Malou.

  • Speaker #4

    C'est Cissé.

  • Speaker #6

    J'ai 60 ans.

  • Speaker #0

    Je suis Tunisienne.

  • Speaker #6

    Je viens du Congo-Prasel. Je viens de Côte d'Ivoire.

  • Speaker #5

    Je viens au Sénégal.

  • Speaker #4

    Je viens de la Guinée-Conakry.

  • Speaker #6

    Je viens du Congo-Pouchasson-Hernès. Je suis en France, ça fait 5 ans et quelques. J'arrive en France la fin

  • Speaker #1

    2020. Ça fait bientôt 3 ans. Ça fait bientôt 2 ans. Ça fait 12 années.

  • Speaker #5

    J'ai fait presque 4 ans.

  • Speaker #2

    Et moi, Lily, du coup, 24 ans, éducatrice spécialisée au Filon depuis 3 ans et demi. Je suis Cécile, directrice du Filon. J'y travaille depuis 2018. On vous dit à bientôt pour un prochain épisode du podcast OhLala Ça Pique !

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Description

"Ça y est, je reste" est le troisième et dernier épisode consacré à la thématique de la migration, la première choisie par les femmes en situation de grande précarité qui fréquentent l'accueil de jour Le Filon, à Paris.

"C'est une nouvelle vie qui va commencer."


" Il faut toujours se battre.

Si vous croisez les bras, il n'y aura rien qui va se passer. "

Au travers des discussions que vous entendrez dans cet épisode, se manifestent le besoin d'échanger sur des vécus similaires et l'urgent désir d'avancer.


Bonne écoute.


Attention, ce podcast contient des passages sensibles, relatant des situations de violences.


L'enregistrement a lieu au sein de l'accueil de jour et au sein d'un studio d'enregistrement.


Ce podcast n'aurait pu voir le jour sans le travail de l'association Le Filon, ses salariées, ses contributeurs, ses bénévoles et surtout, les personnes accueillies et accompagnées par la structure, au coeur de la création de ce projet.


Merci à Vyvaldie, MBalou, Paola, Brigitte, Arlette, Amina, Bena, Aimée, Ndella, Habiba, Lily, Soline, Adélaïna et Cécile.


Conception et mise en oeuvre - Cécile Tarchini Behar et Lily Jaillard

Coordination - Soline Payan et Adélaïna Desmars

Au montage - Adrien Clayette

À la communication - Roxane Rabieaux. Visuel du podcast - Mélanie Guitton


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    ça réchauffe,

  • Speaker #0

    ça percule,

  • Speaker #1

    ça bouscule, ça stimule, ça chatouille,

  • Speaker #0

    ça réveille,

  • Speaker #1

    ça éveille, ça pique !

  • Speaker #0

    Ça pique !

  • Speaker #1

    Des récits, des discussions, des témoignages. Parfois dures mais aussi joyeuses. Différentes thématiques que nous, femmes en situation de grande précarité, choisissons d'aborder.

  • Speaker #2

    Isolée, SDF, retraitée, mère sans papier, ce podcast donne la parole aux femmes qui fréquentent l'accueil de jour Le Filon à Paris. Un lieu repère et participatif qui leur est dédié, où elles sont accompagnées dans leurs projets et dont l'accès à leurs droits, où l'on peut se poser, déposer, se reconstruire.

  • Speaker #0

    Bonne écoute !

  • Speaker #2

    Attention, ce podcast contient des passages sensibles relatant des situations de violence.

  • Speaker #3

    Bonjour tout le monde ! Bonjour ! J'ai eu mon papier, je suis soulagée.

  • Speaker #0

    C'est vrai que je n'ai pas trouvé ce que je pensais. Je n'ai pas trouvé ça du tout.

  • Speaker #4

    Si Dieu le veut bien, si tout va bien, je veux bien. continuer mes études et faire venir ma fille.

  • Speaker #1

    La solitude en tant que migrante, vraiment c'est quelque chose de compliqué, on vit mal.

  • Speaker #0

    Je commence à avoir de l'espoir, parce qu'au final je me dis, si je n'ai pas d'argent, je peux manger, je peux me laver, je peux laver mes habits.

  • Speaker #2

    Pardon Je vais mettre mon ordi à l'ombre, parce que là il est en train de chauffer

  • Speaker #3

    Je me suis frayée une route en arrivant ici en France. Et en France aussi, ce n'était pas facile au début. Ce n'était pas facile sans papiers, sans famille, sans personne pour se parler,. Quand tu viens au Filon, tu rencontres des femmes, vous faites des débats, des activités. Et à la fin, j'ai eu mon papier. J'ai été soulagée. Je suis vraiment soulagée. Ça m'ouvre l'esprit. Ça m'a ouvert aussi des portes. Je suis maintenant calme. Parce que je n'étais pas calme. J'avais peur. Parce que j'ai souffert.

  • Speaker #2

    Tu as fait des cauchemars un peu sur la Méditerranée.

  • Speaker #3

    Oui, j'avais un psychiatre. et un psychologue qui m'aidaient à faire des exercices. Et je prends aussi, pour l'instant, je prends encore les médicaments pour le sommeil parce que là, je dors difficilement. Moi, là-dessus, je ne dors pas.

  • Speaker #2

    C'est une nouvelle vie qui va commencer.

  • Speaker #3

    C'est aussi une vie qui n'est pas facile. C'est aussi une vie qui n'est pas facile. Des courriers, des rendez-vous. La vie, ce n'est pas facile. Tout est difficile. Il faut se battre toujours. Si vous croisez les bras, il n'y aura rien qui va se passer.

  • Speaker #0

    Au commencement, aussi, je vivais chez mon cousin. Je cuisinais tous les repas, je faisais le nettoyage et tout ça. Mais une semaine passe, dix jours passent, il commence à changer. Il se met en caleçon, faire des défilés. Des fois, je m'assois dans le salon, il vient s'asseoir à côté de moi, je me dis ah Des fois, il me dit, il avait fait un accident de travail, tu peux me masser le dos et tout ça. Je dis il n'y a pas de souci. Mais il a compris que je n'ai pas compris ce qu'il voulait ou bien je refuse. Après, c'est là. Le cauchemar a commencé. Il y avait un salon de coiffure qui était à 15 minutes. Je suis passée au salon. J'ai toqué à la porte. J'ai dit je recherche du travail. La dame a tellement rigolé. Ah, madame, vous venez d'arriver. J'ai dit oui, je viens d'arriver. Ah, c'est pour ça, on ne cherche pas de travail comme ça. J'ai dit ah, j'ai vu comme c'est un salon de coiffure avec des tresses, je me dis ah, je vais venir pour voir. Ah, ça tourne bien. J'ai pas de tresseuse. Alors, j'ai frappé à la bonne porte. Elle était tellement gentille. Jusqu'à présent, je la fréquente. Après, quand je finis au salon à 19h, je dois rentrer chez mon cousin pour dormir. Mais quand je viens, il ferme, il part. Je m'assois sur les escaliers. Des fois, j'ai envie de faire pipi. Je toque au voisin, il me dit, moi, je me couche sur les carreaux comme ça. Quand il vient, je rentre. Jusqu'à un jour, je suis venue aussi pareillement. Il n'est pas venu. Ce jour-là, j'ai dormi dehors. J'ai dormi dehors. Pendant deux ou trois jours, je dormais dans le parc de Montreuil. J'ai vécu des moments très difficiles au commencement. Au fur et à mesure, j'ai appelé le 115. Il n'y avait pas de place. Après, j'avais trouvé une copine aussi. Je la connaissais au Sénégal. Je lui ai expliqué ma situation. Elle me dit, tu peux venir dormir chez moi. Le mois, on divise, on paye. Je lui ai dit, il n'y a pas de souci. Elle n'avait qu'une seule chambre, un petit lit. Et elle avait une fille d'un an et quelques. Alors, elle aussi, elle me disait qu'à l'occasion, comme ça, je vais garder sa fille. Je lui ai dit que si je garde ta fille, comment je vais faire pour payer ? Je ne savais pas. Elle a dit, c'est ça. J'ai pris mes bagages. Je suis sortie, je suis partie. Une cliente que j'ai tressée au salon m'a donné le contact d'une autre copine. Elle est femme d'affaires, elle a ses enfants. Elle dit qu'elle veut une personne qui soit à la maison pour garder ses enfants. Au fin du mois, je lui donne 250 euros. Mais c'est moi qui vais cuisiner, c'est moi qui vais nettoyer. Elle a un garçon de 25 ans, l'autre 20 ans, l'autre 15 ans. Je me dis, mais c'est la même chose en fait, qui se répète. J'ai dit, bon, il n'y a pas de souci, parce que je ne savais pas où aller. J'étais tellement fatiguée, épuisée, fatiguée, parce que je ne savais pas quoi faire en fait. Le matin, avant que j'aille au salon, je nettoie toute la maison. Le soir, je quitte 19h. J'arrive là-bas vers presque 21h des fois. Je cuisine la nuit. Ensuite, je nettoie, je dors 1h, minuit. Le lendemain, je dois me lever encore et vous savez j'ai fait ça pendant un mois c'était pas facile c'était pas facile, j'ai vécu des moments très très très difficiles avant que le 115 me prenne moi quand je suis venue je me disais que si je viens en 3 mois j'aurai mon papier quand je venais même j'ai dit à mes enfants dans 3 mois vous allez me voir Et puis, votre vie va changer. Je vais vous envoyer de l'argent pour que vous viviez. Après, quand j'aurai mes papiers, je vais vous chercher. C'est vrai que je n'ai pas trouvé ce que je pensais. Je n'ai pas trouvé ça du tout. Ici, moi, ce que j'aime le plus ici, c'est la liberté. Tu as le droit de prendre tes propres décisions. Tu peux dire ce que tu penses. Mais ce n'est pas ce qu'on croyait voir, en fait. C'est difficile par rapport à ce qu'on croyait.

  • Speaker #1

    La solitude, vraiment, en tant que migrant, vraiment c'est quelque chose de compliqué, de très compliqué. On vit mal. Quand tu es seule, tu penses à beaucoup de choses, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Même des pensées suicidaires, parce que je te dis que je suis seule, je fais ça, ça ne marche pas, je tourne vers telle personne. En fait, tu n'as pas d'espoir, tu n'as pas de repère. Donc du coup, vraiment, la solitude, vraiment, on le vit très mal. Personnellement, je me sens toujours un peu, un peu seule. dedans là, au moins, franchement, ça me fait travailler, ça revient, ça revient, ça revient, ça revient, ça revient, donc du coup, la solitude c'est quelque chose qui est vraiment horrible.

  • Speaker #6

    En venant ici en France, j'ai vécu beaucoup de choses, beaucoup d'expériences, des angoisses, solitude, donc vraiment sans les associations, j'étais vraiment toute seule. Dans ma ville, dans les coins, vraiment je ne sais pas si je pourrais même parler avec vous comme ça, parce que c'était dur. Grâce au Filon, d'autres associations, j'ai surmonté un peu les pentes là, les blessures là, je peux dire.

  • Speaker #5

    Je remercie le Filon puisque l'association m'a beaucoup aidé. Parce qu'avant, j'étais sous dépressions. J'avais des idées noires parce que c'était tellement dur. Et c'est tellement dur d'oublier ça.

  • Speaker #0

    Alors je suis venue en France, la première chose que je n'arrive pas à oublier, quand j'ai pris l'avion, Alors tu voyais les pavillons, silencieux, il n'y a pas de bruit, tu ne vois personne. Je me dis, j'espère que ce n'est pas ici que je vais vivre, pour m'enfermer ici, parce que là, comme je l'ai vu, on dirait que c'est des prisons. Nous, au Sénégal, c'est ouvert. Tu fais ton thé, quatre ou cinq personnes viennent, tu bois avec eux, pour manger ensemble, comme je te l'ai dit, les familles nombreuses, on a une grande assiette comme ça, chacun met sa main dedans. Alors quand je suis venue à Paris, là c'est des appartements, c'est fermé. Bonjour, même tu ne l'entendais pas. Quand je commence à faire un mois et que je découvre par exemple le filon, c'est là que je me suis dit que c'est la vie, peut-être que je commence à avoir de l'espoir. Parce qu'au filon je me dis, si je n'ai pas d'argent, je peux manger. Je peux me laver, je peux laver mes habits, il n'y a pas de souci. Je me suis dit, comme je suis ici, je vais faire le maximum pour que les gens puissent manger. Et le premier jour que j'ai cuisiné et que tout le monde a aimé, vraiment, j'avais plus de confiance en moi. Parce que quand je venais, j'avais perdu la confiance totale en moi. Parce que chez nous, on te dit que tu n'es rien, en fait. Une femme, tu n'es rien. Tu n'es rien. Tu dois être soumise et tout ça. Mais quand j'ai cuisiné, les gens ont aimé, ont mangé. Après là, je me dis, je peux. Je peux le faire. Et je l'ai fait une deuxième fois. Et ça me fait plaisir quand vous me dites, quand vas-tu cuisiner ? Ça me fait vraiment plaisir quand on me le demande au filon. Quand tu vas faire le tiep, vraiment. Je me sens confiante en moi et je me dis que je peux tout faire. Je peux faire. J'ai une confiance en moi. Et ça me ferait énormément de plaisir avec mon emploi du temps. Si je pouvais, même une fois par semaine, j'allais cuisiner pour le filon. Parce que c'est notre maison familiale, en fait. On ne s'ennuie pas. On rencontre des femmes de différents pays. Moi, je parle de ma culture. La Gabonaise parle de sa culture. L'Ivorien... ça fait qu'on oublie beaucoup de choses en fait. D'un côté, on oublie. D'un autre, on se dit qu'on est toujours chez nous. On commence à être des copines. Il y en a qui sont venus, mais on est aussi pareils. Tu passes au filon lundi ou mardi, je serai là-bas. Ça fait plaisir pour te rencontrer. Vraiment.

  • Speaker #4

    Si Dieu le veut bien si tout va bien,je vais continuer mes études et faire venir ma fille. En fait, quand j'étais petite, j'avais l'intention de devenir une financière, gestion de finances. J'aimais beaucoup la matière, donc je vais bien être et continuer l'étude.

  • Speaker #5

    Moi mon rêve c'est de devenir quelqu'un quelqu'un qui ait beaucoup d'ambition, quelqu'un qui est indépendant, quelqu'un qui aide les gens, quelqu'un qui donne les gens du travail, quelqu'un qui prend bien soin des gens. Parce que ma famille, elle ne fait pas ça. Et moi je voulais devenir quelqu'un qui fait ça, qui donne des exemples, qui est tellement riche, qui crée des associations au pays. Parce qu'il y a beaucoup de corrompus. Si tu as un problème avec un riche, tu n'es pas capable d'aller au tribunal. Parce que tous ces corrompus, parce qu'en Europe, tu trouves des gens qui t'aident, tu trouves des gens qui te consolent. Mais là-bas, il n'y a pas ça. Nous, là-bas au Sénégal, ça change beaucoup parce qu'il y a des femmes qui disent non à la violence, non à la violence aux femmes. Moi, mon rêve, c'est de devenir quelqu'un qui aide les gens, quelqu'un qui dit non à la violence, quelqu'un qui a un nom. Quand j'allais au tribunal pour aider quelqu'un, ils voient lui, c'est Amina.

  • Speaker #0

    J'ai fait une demande d'asile. Et on me l'a accordé, ainsi que mes enfants. Maintenant, je commence à faire ma formation cuisinière, comme j'aime la cuisine, pour pouvoir intégrer le plus rapidement possible. Vraiment, c'est ça les bonnes nouvelles en fait. J'espère toujours ouvrir mon propre, comment on dit, les camions qui vont les... Je ne sais pas comment on les appelle. C'est de food truck. Food truck. Parce que là, je me suis installée définitivement.

  • Speaker #7

    Je reste.

  • Speaker #1

    Moi, c'est Vivaldy.

  • Speaker #6

    Je suis Abiba. Je suis Brigitte.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Fatmata.

  • Speaker #6

    Je m'appelle Amina. Moi, c'est Bena.

  • Speaker #5

    Je m'appelle Malou.

  • Speaker #4

    C'est Cissé.

  • Speaker #6

    J'ai 60 ans.

  • Speaker #0

    Je suis Tunisienne.

  • Speaker #6

    Je viens du Congo-Prasel. Je viens de Côte d'Ivoire.

  • Speaker #5

    Je viens au Sénégal.

  • Speaker #4

    Je viens de la Guinée-Conakry.

  • Speaker #6

    Je viens du Congo-Pouchasson-Hernès. Je suis en France, ça fait 5 ans et quelques. J'arrive en France la fin

  • Speaker #1

    2020. Ça fait bientôt 3 ans. Ça fait bientôt 2 ans. Ça fait 12 années.

  • Speaker #5

    J'ai fait presque 4 ans.

  • Speaker #2

    Et moi, Lily, du coup, 24 ans, éducatrice spécialisée au Filon depuis 3 ans et demi. Je suis Cécile, directrice du Filon. J'y travaille depuis 2018. On vous dit à bientôt pour un prochain épisode du podcast OhLala Ça Pique !

Description

"Ça y est, je reste" est le troisième et dernier épisode consacré à la thématique de la migration, la première choisie par les femmes en situation de grande précarité qui fréquentent l'accueil de jour Le Filon, à Paris.

"C'est une nouvelle vie qui va commencer."


" Il faut toujours se battre.

Si vous croisez les bras, il n'y aura rien qui va se passer. "

Au travers des discussions que vous entendrez dans cet épisode, se manifestent le besoin d'échanger sur des vécus similaires et l'urgent désir d'avancer.


Bonne écoute.


Attention, ce podcast contient des passages sensibles, relatant des situations de violences.


L'enregistrement a lieu au sein de l'accueil de jour et au sein d'un studio d'enregistrement.


Ce podcast n'aurait pu voir le jour sans le travail de l'association Le Filon, ses salariées, ses contributeurs, ses bénévoles et surtout, les personnes accueillies et accompagnées par la structure, au coeur de la création de ce projet.


Merci à Vyvaldie, MBalou, Paola, Brigitte, Arlette, Amina, Bena, Aimée, Ndella, Habiba, Lily, Soline, Adélaïna et Cécile.


Conception et mise en oeuvre - Cécile Tarchini Behar et Lily Jaillard

Coordination - Soline Payan et Adélaïna Desmars

Au montage - Adrien Clayette

À la communication - Roxane Rabieaux. Visuel du podcast - Mélanie Guitton


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    ça réchauffe,

  • Speaker #0

    ça percule,

  • Speaker #1

    ça bouscule, ça stimule, ça chatouille,

  • Speaker #0

    ça réveille,

  • Speaker #1

    ça éveille, ça pique !

  • Speaker #0

    Ça pique !

  • Speaker #1

    Des récits, des discussions, des témoignages. Parfois dures mais aussi joyeuses. Différentes thématiques que nous, femmes en situation de grande précarité, choisissons d'aborder.

  • Speaker #2

    Isolée, SDF, retraitée, mère sans papier, ce podcast donne la parole aux femmes qui fréquentent l'accueil de jour Le Filon à Paris. Un lieu repère et participatif qui leur est dédié, où elles sont accompagnées dans leurs projets et dont l'accès à leurs droits, où l'on peut se poser, déposer, se reconstruire.

  • Speaker #0

    Bonne écoute !

  • Speaker #2

    Attention, ce podcast contient des passages sensibles relatant des situations de violence.

  • Speaker #3

    Bonjour tout le monde ! Bonjour ! J'ai eu mon papier, je suis soulagée.

  • Speaker #0

    C'est vrai que je n'ai pas trouvé ce que je pensais. Je n'ai pas trouvé ça du tout.

  • Speaker #4

    Si Dieu le veut bien, si tout va bien, je veux bien. continuer mes études et faire venir ma fille.

  • Speaker #1

    La solitude en tant que migrante, vraiment c'est quelque chose de compliqué, on vit mal.

  • Speaker #0

    Je commence à avoir de l'espoir, parce qu'au final je me dis, si je n'ai pas d'argent, je peux manger, je peux me laver, je peux laver mes habits.

  • Speaker #2

    Pardon Je vais mettre mon ordi à l'ombre, parce que là il est en train de chauffer

  • Speaker #3

    Je me suis frayée une route en arrivant ici en France. Et en France aussi, ce n'était pas facile au début. Ce n'était pas facile sans papiers, sans famille, sans personne pour se parler,. Quand tu viens au Filon, tu rencontres des femmes, vous faites des débats, des activités. Et à la fin, j'ai eu mon papier. J'ai été soulagée. Je suis vraiment soulagée. Ça m'ouvre l'esprit. Ça m'a ouvert aussi des portes. Je suis maintenant calme. Parce que je n'étais pas calme. J'avais peur. Parce que j'ai souffert.

  • Speaker #2

    Tu as fait des cauchemars un peu sur la Méditerranée.

  • Speaker #3

    Oui, j'avais un psychiatre. et un psychologue qui m'aidaient à faire des exercices. Et je prends aussi, pour l'instant, je prends encore les médicaments pour le sommeil parce que là, je dors difficilement. Moi, là-dessus, je ne dors pas.

  • Speaker #2

    C'est une nouvelle vie qui va commencer.

  • Speaker #3

    C'est aussi une vie qui n'est pas facile. C'est aussi une vie qui n'est pas facile. Des courriers, des rendez-vous. La vie, ce n'est pas facile. Tout est difficile. Il faut se battre toujours. Si vous croisez les bras, il n'y aura rien qui va se passer.

  • Speaker #0

    Au commencement, aussi, je vivais chez mon cousin. Je cuisinais tous les repas, je faisais le nettoyage et tout ça. Mais une semaine passe, dix jours passent, il commence à changer. Il se met en caleçon, faire des défilés. Des fois, je m'assois dans le salon, il vient s'asseoir à côté de moi, je me dis ah Des fois, il me dit, il avait fait un accident de travail, tu peux me masser le dos et tout ça. Je dis il n'y a pas de souci. Mais il a compris que je n'ai pas compris ce qu'il voulait ou bien je refuse. Après, c'est là. Le cauchemar a commencé. Il y avait un salon de coiffure qui était à 15 minutes. Je suis passée au salon. J'ai toqué à la porte. J'ai dit je recherche du travail. La dame a tellement rigolé. Ah, madame, vous venez d'arriver. J'ai dit oui, je viens d'arriver. Ah, c'est pour ça, on ne cherche pas de travail comme ça. J'ai dit ah, j'ai vu comme c'est un salon de coiffure avec des tresses, je me dis ah, je vais venir pour voir. Ah, ça tourne bien. J'ai pas de tresseuse. Alors, j'ai frappé à la bonne porte. Elle était tellement gentille. Jusqu'à présent, je la fréquente. Après, quand je finis au salon à 19h, je dois rentrer chez mon cousin pour dormir. Mais quand je viens, il ferme, il part. Je m'assois sur les escaliers. Des fois, j'ai envie de faire pipi. Je toque au voisin, il me dit, moi, je me couche sur les carreaux comme ça. Quand il vient, je rentre. Jusqu'à un jour, je suis venue aussi pareillement. Il n'est pas venu. Ce jour-là, j'ai dormi dehors. J'ai dormi dehors. Pendant deux ou trois jours, je dormais dans le parc de Montreuil. J'ai vécu des moments très difficiles au commencement. Au fur et à mesure, j'ai appelé le 115. Il n'y avait pas de place. Après, j'avais trouvé une copine aussi. Je la connaissais au Sénégal. Je lui ai expliqué ma situation. Elle me dit, tu peux venir dormir chez moi. Le mois, on divise, on paye. Je lui ai dit, il n'y a pas de souci. Elle n'avait qu'une seule chambre, un petit lit. Et elle avait une fille d'un an et quelques. Alors, elle aussi, elle me disait qu'à l'occasion, comme ça, je vais garder sa fille. Je lui ai dit que si je garde ta fille, comment je vais faire pour payer ? Je ne savais pas. Elle a dit, c'est ça. J'ai pris mes bagages. Je suis sortie, je suis partie. Une cliente que j'ai tressée au salon m'a donné le contact d'une autre copine. Elle est femme d'affaires, elle a ses enfants. Elle dit qu'elle veut une personne qui soit à la maison pour garder ses enfants. Au fin du mois, je lui donne 250 euros. Mais c'est moi qui vais cuisiner, c'est moi qui vais nettoyer. Elle a un garçon de 25 ans, l'autre 20 ans, l'autre 15 ans. Je me dis, mais c'est la même chose en fait, qui se répète. J'ai dit, bon, il n'y a pas de souci, parce que je ne savais pas où aller. J'étais tellement fatiguée, épuisée, fatiguée, parce que je ne savais pas quoi faire en fait. Le matin, avant que j'aille au salon, je nettoie toute la maison. Le soir, je quitte 19h. J'arrive là-bas vers presque 21h des fois. Je cuisine la nuit. Ensuite, je nettoie, je dors 1h, minuit. Le lendemain, je dois me lever encore et vous savez j'ai fait ça pendant un mois c'était pas facile c'était pas facile, j'ai vécu des moments très très très difficiles avant que le 115 me prenne moi quand je suis venue je me disais que si je viens en 3 mois j'aurai mon papier quand je venais même j'ai dit à mes enfants dans 3 mois vous allez me voir Et puis, votre vie va changer. Je vais vous envoyer de l'argent pour que vous viviez. Après, quand j'aurai mes papiers, je vais vous chercher. C'est vrai que je n'ai pas trouvé ce que je pensais. Je n'ai pas trouvé ça du tout. Ici, moi, ce que j'aime le plus ici, c'est la liberté. Tu as le droit de prendre tes propres décisions. Tu peux dire ce que tu penses. Mais ce n'est pas ce qu'on croyait voir, en fait. C'est difficile par rapport à ce qu'on croyait.

  • Speaker #1

    La solitude, vraiment, en tant que migrant, vraiment c'est quelque chose de compliqué, de très compliqué. On vit mal. Quand tu es seule, tu penses à beaucoup de choses, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Même des pensées suicidaires, parce que je te dis que je suis seule, je fais ça, ça ne marche pas, je tourne vers telle personne. En fait, tu n'as pas d'espoir, tu n'as pas de repère. Donc du coup, vraiment, la solitude, vraiment, on le vit très mal. Personnellement, je me sens toujours un peu, un peu seule. dedans là, au moins, franchement, ça me fait travailler, ça revient, ça revient, ça revient, ça revient, ça revient, donc du coup, la solitude c'est quelque chose qui est vraiment horrible.

  • Speaker #6

    En venant ici en France, j'ai vécu beaucoup de choses, beaucoup d'expériences, des angoisses, solitude, donc vraiment sans les associations, j'étais vraiment toute seule. Dans ma ville, dans les coins, vraiment je ne sais pas si je pourrais même parler avec vous comme ça, parce que c'était dur. Grâce au Filon, d'autres associations, j'ai surmonté un peu les pentes là, les blessures là, je peux dire.

  • Speaker #5

    Je remercie le Filon puisque l'association m'a beaucoup aidé. Parce qu'avant, j'étais sous dépressions. J'avais des idées noires parce que c'était tellement dur. Et c'est tellement dur d'oublier ça.

  • Speaker #0

    Alors je suis venue en France, la première chose que je n'arrive pas à oublier, quand j'ai pris l'avion, Alors tu voyais les pavillons, silencieux, il n'y a pas de bruit, tu ne vois personne. Je me dis, j'espère que ce n'est pas ici que je vais vivre, pour m'enfermer ici, parce que là, comme je l'ai vu, on dirait que c'est des prisons. Nous, au Sénégal, c'est ouvert. Tu fais ton thé, quatre ou cinq personnes viennent, tu bois avec eux, pour manger ensemble, comme je te l'ai dit, les familles nombreuses, on a une grande assiette comme ça, chacun met sa main dedans. Alors quand je suis venue à Paris, là c'est des appartements, c'est fermé. Bonjour, même tu ne l'entendais pas. Quand je commence à faire un mois et que je découvre par exemple le filon, c'est là que je me suis dit que c'est la vie, peut-être que je commence à avoir de l'espoir. Parce qu'au filon je me dis, si je n'ai pas d'argent, je peux manger. Je peux me laver, je peux laver mes habits, il n'y a pas de souci. Je me suis dit, comme je suis ici, je vais faire le maximum pour que les gens puissent manger. Et le premier jour que j'ai cuisiné et que tout le monde a aimé, vraiment, j'avais plus de confiance en moi. Parce que quand je venais, j'avais perdu la confiance totale en moi. Parce que chez nous, on te dit que tu n'es rien, en fait. Une femme, tu n'es rien. Tu n'es rien. Tu dois être soumise et tout ça. Mais quand j'ai cuisiné, les gens ont aimé, ont mangé. Après là, je me dis, je peux. Je peux le faire. Et je l'ai fait une deuxième fois. Et ça me fait plaisir quand vous me dites, quand vas-tu cuisiner ? Ça me fait vraiment plaisir quand on me le demande au filon. Quand tu vas faire le tiep, vraiment. Je me sens confiante en moi et je me dis que je peux tout faire. Je peux faire. J'ai une confiance en moi. Et ça me ferait énormément de plaisir avec mon emploi du temps. Si je pouvais, même une fois par semaine, j'allais cuisiner pour le filon. Parce que c'est notre maison familiale, en fait. On ne s'ennuie pas. On rencontre des femmes de différents pays. Moi, je parle de ma culture. La Gabonaise parle de sa culture. L'Ivorien... ça fait qu'on oublie beaucoup de choses en fait. D'un côté, on oublie. D'un autre, on se dit qu'on est toujours chez nous. On commence à être des copines. Il y en a qui sont venus, mais on est aussi pareils. Tu passes au filon lundi ou mardi, je serai là-bas. Ça fait plaisir pour te rencontrer. Vraiment.

  • Speaker #4

    Si Dieu le veut bien si tout va bien,je vais continuer mes études et faire venir ma fille. En fait, quand j'étais petite, j'avais l'intention de devenir une financière, gestion de finances. J'aimais beaucoup la matière, donc je vais bien être et continuer l'étude.

  • Speaker #5

    Moi mon rêve c'est de devenir quelqu'un quelqu'un qui ait beaucoup d'ambition, quelqu'un qui est indépendant, quelqu'un qui aide les gens, quelqu'un qui donne les gens du travail, quelqu'un qui prend bien soin des gens. Parce que ma famille, elle ne fait pas ça. Et moi je voulais devenir quelqu'un qui fait ça, qui donne des exemples, qui est tellement riche, qui crée des associations au pays. Parce qu'il y a beaucoup de corrompus. Si tu as un problème avec un riche, tu n'es pas capable d'aller au tribunal. Parce que tous ces corrompus, parce qu'en Europe, tu trouves des gens qui t'aident, tu trouves des gens qui te consolent. Mais là-bas, il n'y a pas ça. Nous, là-bas au Sénégal, ça change beaucoup parce qu'il y a des femmes qui disent non à la violence, non à la violence aux femmes. Moi, mon rêve, c'est de devenir quelqu'un qui aide les gens, quelqu'un qui dit non à la violence, quelqu'un qui a un nom. Quand j'allais au tribunal pour aider quelqu'un, ils voient lui, c'est Amina.

  • Speaker #0

    J'ai fait une demande d'asile. Et on me l'a accordé, ainsi que mes enfants. Maintenant, je commence à faire ma formation cuisinière, comme j'aime la cuisine, pour pouvoir intégrer le plus rapidement possible. Vraiment, c'est ça les bonnes nouvelles en fait. J'espère toujours ouvrir mon propre, comment on dit, les camions qui vont les... Je ne sais pas comment on les appelle. C'est de food truck. Food truck. Parce que là, je me suis installée définitivement.

  • Speaker #7

    Je reste.

  • Speaker #1

    Moi, c'est Vivaldy.

  • Speaker #6

    Je suis Abiba. Je suis Brigitte.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Fatmata.

  • Speaker #6

    Je m'appelle Amina. Moi, c'est Bena.

  • Speaker #5

    Je m'appelle Malou.

  • Speaker #4

    C'est Cissé.

  • Speaker #6

    J'ai 60 ans.

  • Speaker #0

    Je suis Tunisienne.

  • Speaker #6

    Je viens du Congo-Prasel. Je viens de Côte d'Ivoire.

  • Speaker #5

    Je viens au Sénégal.

  • Speaker #4

    Je viens de la Guinée-Conakry.

  • Speaker #6

    Je viens du Congo-Pouchasson-Hernès. Je suis en France, ça fait 5 ans et quelques. J'arrive en France la fin

  • Speaker #1

    2020. Ça fait bientôt 3 ans. Ça fait bientôt 2 ans. Ça fait 12 années.

  • Speaker #5

    J'ai fait presque 4 ans.

  • Speaker #2

    Et moi, Lily, du coup, 24 ans, éducatrice spécialisée au Filon depuis 3 ans et demi. Je suis Cécile, directrice du Filon. J'y travaille depuis 2018. On vous dit à bientôt pour un prochain épisode du podcast OhLala Ça Pique !

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