- Speaker #0
Au début, on a l'impression qu'on est dans la faiblesse, et en fait, ce n'est pas vrai parce qu'on est en train d'acquérir des forces qu'on n'imagine pas. Et un jour ou l'autre, ces forces vont ressortir, et on va se rendre compte que tout ça n'a pas été vain.
- Speaker #1
Bienvenue dans Oser recommencer, le podcast qui accompagne les femmes prêtes à réinventer leur carrière avec audace et alignement. Je suis Lorraine, psychologue du travail et fondatrice des Audacieuses Académies. Mon but ? Vous aider à construire une vie pro et perso qui vous ressemble vraiment sans concession. Chaque semaine, seule ou avec des invités, je vous partage des parcours audacieux, des conseils concrets, des outils pratiques pour vous aider à transformer vos doutes en déclics. Une dose d'inspiration, un brin d'audace, et si c'était le moment pour oser vous lancer. Octobre rose, c'est avant tout un mois où la lutte contre le cancer est sous les projecteurs, où les rubans roses rappellent l'importance de la prévention, du soutien et de la recherche. Mais au-delà du cancer du sein, c'est aussi l'occasion d'évoquer tous les combats menés contre la maladie, quels qu'ils soient, et surtout ce qui vient après. Après les traitements, après les combats, après la maladie. Aujourd'hui, on aborde donc un sujet à la fois délicat et profondément inspirant. Le retour au travail après un cancer, comment se reconstruire, retrouver sa place et parfois même se réinventer après une épreuve qui bouleverse tout. Pour en parler, j'ai l'honneur d'accueillir Laurie, une femme dont le parcours professionnel et personnel est une véritable leçon de courage et de créativité. Bonjour Laurie, bienvenue dans Oser recommencer.
- Speaker #0
Bonjour Lorraine, merci.
- Speaker #1
Merci à toi, merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui pour partager ton histoire et tes conseils quand il s'agit de retourner au travail après avoir mené un combat. Avant de plonger dans les détails de ton parcours, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
- Speaker #0
Eh bien, donc je suis Laurie, j'ai 52 ans. Je suis actuellement dans un parcours d'alternance pour le retour à l'emploi. Je suis en train de créer mon parcours de retour à l'emploi après la partie cancer qui m'a occupé quand même pas mal de temps.
- Speaker #1
Bien, donc là, si je comprends bien, tu as repris une nouvelle formation dans le but d'envisager une reconversion.
- Speaker #0
Oui, qui n'est pas vraiment une reconversion, qui est plutôt une montée en compétences.
- Speaker #1
Ok, bon, alors explique-nous un petit peu d'où tu viens, qu'est-ce que tu as fait pour qu'on comprenne un peu ton parcours et ton cheminement.
- Speaker #0
Alors, à la base, moi j'ai commencé mon parcours professionnel dans la communication, dans des agences de com, de publicité. Et c'était à la base ce que je voulais faire, j'avais fait des études dans ce sens-là. Et ça m'a occupée pendant à peu près plus de 16 ans. et puis Puis la dernière agence dans laquelle j'ai travaillé a fermé et là j'en ai un peu profité, j'avais ma petite expérience. Je me suis retrouvée en licenciement économique et je me suis dit là il faut que je transforme ça en quelque chose de bien. Et j'en ai profité pour faire une vraie reconversion professionnelle, c'est-à-dire que j'ai fait une formation longue, certifiante. qui m'a permis d'apprendre un nouveau métier et je suis devenue formatrice consultante.
- Speaker #1
Ok, ça tu avais du coup quel âge à ce moment-là ?
- Speaker #0
Je devais avoir à peu près 41-42 ans.
- Speaker #1
Ok, et quand tu dis formation longue, ça a duré combien de temps ?
- Speaker #0
C'était un programme de six mois à temps plein, tous les jours en présentiel.
- Speaker #1
Ok, très intéressant. Petite parenthèse, pour bénéficier de cette formation, est-ce que tu as pu solliciter des aides financières particulières, peut-être dues à ton licenciement économique ou pas du tout ?
- Speaker #0
Oui, heureusement, c'est pour ça que je me suis dit, je sautais un peu sur l'occasion, parce que comme j'étais licenciée économique, j'avais des facilités pour me faire financer des formations. Et donc, c'est pour ça que la chance que j'ai eue, c'est que j'ai été formée et que ça ne m'a rien coûté.
- Speaker #1
Donc tu as vraiment su tirer bénéfice de cette situation qui n'était pas hyper cool pour donc te reformer. Ok, donc la formation se passe et ensuite ?
- Speaker #0
Et ensuite, tout se passe bien, c'est-à-dire que je retrouve un emploi dans ce nouveau secteur d'activité, dans le digital learning, puisque là, je voulais vraiment, moi, me diriger vers tout ce qui était e-learning, formation digitale. Et donc, je trouve ce poste-là, donc tout va bien. Et au bout d'un an, je suis obligée de m'arrêter net parce qu'en fait, je tombe malade. Au début, on ne sait pas ce que c'est. Moi, je crois même que c'est une dépression, donc je me fais soigner pour dépression. Et en fait, pas du tout. Il va s'avérer, ça a été long avant de savoir, mais il va s'avérer que j'avais une tumeur cérébrale et que mon traitement antidépresseur ne faisait absolument rien puisque je ne soignais pas la bonne maladie. Et puis, du coup, là, ça m'a stoppée net. C'est-à-dire que moi, j'étais vraiment dans une dynamique vraiment… très actif, c'est-à-dire que je recommençais un nouveau métier.
- Speaker #1
Effervescence de ce nouveau métier.
- Speaker #0
Exactement, puis je faisais plein de choses autour. Moi, je faisais du théâtre. J'avais une petite fille qui avait 4 ans à l'époque. Je venais déménager, on avait un nouvel appart. C'était vraiment quelque chose, une espèce de trajectoire qui d'un seul coup, pam, s'arrête net. Et là, je commence... Une autre vie.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Et puis, alors, attends, je te finis le parcours, parce qu'après, on va revenir sur les détails. Donc, bon, ça, ça m'a arrêtée pendant plusieurs années, parce qu'entre trouver ce que j'avais, traiter, l'après, après, moi, je suis repartie dans un parcours d'entreprise. Et puis, maintenant, je reviens dans une activité salariée.
- Speaker #1
Ok, que de petits sentiers différents empruntés, j'adore, c'est riche. Alors, si on détaille un petit peu ces situations-là, ces combats que tu as menés, comment ça s'est passé ? Donc, on t'annonce une dépression, finalement ce n'est pas du tout ça, c'est une tumeur cérébrale. Et à ce moment-là, tu dois t'arrêter combien de temps ?
- Speaker #0
On n'en sait rien. Au départ, on n'en sait rien. C'est-à-dire que j'ai des arrêts maladie qui se renouvellent les uns après les autres. Parce qu'au début, on ne sait pas. Et puis, en fait, moi, ça a duré peut-être deux ans d'arrêts maladie. En plus, c'est tombé en plein pendant la période Covid, confinement. Et du coup, mon employeur de l'époque, au bout d'un moment, ne savait pas quand est-ce que j'allais revenir. Et j'étais incapable de lui fournir une réponse. et du coup évidemment et t'avais ressenti excuse-moi à ce moment-là une certaine forme de pression de la part de ton employeur oui donc t'avais ça à gérer en plus ah bah oui et bon il y a beaucoup de choses à gérer enfin je veux dire quand on a un cancer en plus moi j'en ai eu deux comme par hasard qui se sont déclarés en même temps mais le cancer c'est pas qu'une maladie enfin je veux dire c'est des implications mais sur tous les aspects de la vie bon bref donc du coup Merci. Après, moi, je comprends, c'est une petite entreprise. C'est compliqué de garder des gens sans savoir quand est-ce qu'ils vont revenir. S'ils vont revenir, d'ailleurs, c'est dur. Tout le monde traversait une période difficile à son niveau. Bref, donc du coup, la conséquence pour moi, c'est quand même qu'il m'a demandé une rupture conventionnelle et puis que j'ai accepté, puisque de toute façon, qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? Donc voilà, la première conséquence a été ça.
- Speaker #1
OK. Et donc, une fois la rupture conventionnelle acceptée, etc., tu viens de dire que tu as dû faire front à deux cancers. Le deuxième cancer, tu l'apprends à quel moment ?
- Speaker #0
En fait, pendant que... Alors, la tumeur cérébrale, on a mis du temps à découvrir que c'était une tumeur cérébrale, en fait, parce qu'on ne cherchait pas du tout par là.
- Speaker #1
Et tu n'avais pas forcément de douleur ? Au niveau de la tête ?
- Speaker #0
Je n'avais pas de douleur.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Je n'avais pas de douleur. Moi, j'ai toujours eu des maux de tête, mais depuis que je suis gamine presque. Non, non, je n'avais pas de douleur, mais j'avais des symptômes très bizarres qui pouvaient faire penser à une dépression. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus. J'étais triste, j'étais complètement à l'ouest. Je perdais la mémoire, j'avais des pertes d'équilibre. J'étais vraiment… déconnecté de la réalité dans une espèce de brouillard. Donc voilà, c'était des symptômes vraiment de dépression. Et en plus, comme j'étais traitée, je prenais des antidépresseurs, donc j'étais encore plus... dans un autre monde.
- Speaker #1
Et j'imagine que toi, tu ne devais pas expliquer cette dépression puisque tu étais dans cette effervescence de plein de nouveautés dans ta vie.
- Speaker #0
Oui. J'avais déjà fait une dépression des années avant. Donc, c'était un état... Je me suis dit, ça y est, ça recommence. C'était un état que j'avais déjà connu. Mais là, ce n'était pas pareil. Mais en même temps, je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. Bon, bref. Et du coup, pendant tout ce parcours de « on ne savait pas ce que j'avais » , etc., Pendant ce temps-là, et là je m'en occupais vraiment, pour moi ce n'était pas important, tu sais, les femmes, on a des programmes de dépistage de cancer du col de l'utérus.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
On a des frottis tous les deux ans, je crois. Et donc, pendant ce temps-là, on me dit, voilà, votre dernier frottis a révélé une lésion. Donc, en général, ce n'est pas grave, c'est qu'on enlève la petite partie où... où on voit qu'il y a quelque chose qui commence à se passer, et puis c'est fini. Donc, j'ai eu cette première petite opération, qui est rien, c'est de l'ampulatoire, ça se fait, tu arrives à 2h de l'après-midi, à 5h, tu es sortie, quoi. Et puis voilà, moi, j'oublie, je ne m'en occupe pas, j'avais autre chose à penser. Et ce qui se passe, c'est que, quelques temps après, on me dit, voilà, après analyse, on se rend compte que, en fait, c'est un cancer. Le truc, c'est que j'avais eu le diagnostic de cancer de la tumeur cérébrale deux jours avant. Donc, si tu veux, c'était la semaine de l'angoisse.
- Speaker #1
Ah oui, ça a été aussi rapproché.
- Speaker #0
Les deux diagnostics, c'est une coïncidence, mais ils sont arrivés la même semaine.
- Speaker #1
Et ça pouvait être lié ou pas du tout ?
- Speaker #0
Ben non, heureusement. Non, non, c'est ma chance, c'est que ça n'était pas lié. Enfin, ma chance. Oui, c'est une chance quelque part. Moi, je considère que, franchement, à travers tout ce parcours, j'ai eu des trucs. très galère et tout. Mais quand même, à travers tout ça, je trouve que j'ai quand même eu beaucoup de chance.
- Speaker #1
Et donc, toute cette période, elle dure combien de temps ? Où tu es en arrêt, justement, et où tu te bats contre la maladie ? Ça dure combien de temps ?
- Speaker #0
Ça dure à peu près deux ans, je dirais. Deux ans où là, j'ai tout. J'ai les traitements, j'ai les opérations, j'ai la chimio. Voilà, puisqu'on m'a fait un protocole un peu à part, parce qu'on devait traiter les deux maladies en même temps, et que la tumeur cérébrale, c'est une tumeur rarissime, d'après ce qu'on dit. Donc, tout ça, ça dure à peu près, vraiment dans le dur, deux ans.
- Speaker #1
Donc, deux ans où tu fais des allers-retours dans les hôpitaux, etc. Et où le travail est complètement mis en off.
- Speaker #0
Ah bah oui, puis alors je n'y pense pas du tout. Et encore une fois, j'ai eu la chance de pouvoir mettre ça en off parce que je n'étais pas en danger économiquement. C'est-à-dire que je n'étais pas toute seule. J'avais mon conjoint, j'avais ma famille. Je touchais un petit peu d'indemnités chômage. Je n'étais pas à la rue. Je sais qu'il y a des personnes pour qui c'est encore plus dramatique parce qu'il n'y a plus de... perte totale de revenus.
- Speaker #1
Justement, j'allais te demander, dans ces cas-là, dans ces situations, quelles sont les aides financières auxquelles on peut prétendre ?
- Speaker #0
Il n'y en a pas. Soit tu es en arrêt maladie, et là tu touches tes indemnités journalières de l'assurance maladie, soit, moi, après ce que j'ai fait, et je l'ai fait beaucoup trop tôt, mais bon, je ne savais pas, mais je me suis inscrite à France Travail, donc j'ai touché du chômage, mais enfin... Clairement, je n'étais pas du tout en état, soit d'être dans une recherche, soit dans une création, parce que j'étais dans un état de faiblesse pas possible, et puis surtout pas la tête à ça, pas l'énergie. Ou sinon, c'est effectivement les indemnités chômage. Et puis moi, une fois que je suis arrivée au bout de mes indemnités chômage, à la fin, ce n'est plus rien, c'est zéro. Alors, c'est peut-être différent si j'avais été seule, mais comme j'ai un conjoint, du coup, tu ne peux prétendre à rien. Tu ne peux prétendre à aucune aide. En même temps, c'est bien, parce que je n'étais pas toute seule, je n'étais pas à la rue, je n'étais pas… Mais en même temps, moi, ça m'a vraiment beaucoup touchée, ça m'a vraiment fait beaucoup me poser de questions, parce que quelque part, je me suis retrouvée sous dépendance financière de mon conjoint. C'est-à-dire que d'un seul coup, s'il n'est pas là, je ne suis plus rien, donc je dépends de lui. Et ça, pour moi, c'était très, très, très difficile à accepter. Même si de son côté, il ne m'a fait aucun reproche. Lui, il me soutient. Quoi que je fasse, il me soutient. Il est derrière moi. Il ne me met aucune pression. Franchement, j'ai encore beaucoup de chance. à ce niveau-là. Mais personnellement, pour moi, c'était très humiliant. Moi, j'ai toujours été... Je me suis toujours assumée, je suis toujours été indépendante, je suis toujours menée ma barque comme je l'entendais. Il y avait des hauts, il y avait des bas, mais en tout cas, c'était moi que ça regardait. Et là, d'un seul coup, je suis dépendante de lui pour vivre. Et ça, pour moi, c'était impossible.
- Speaker #1
Et on ne se l'imagine pas, en fait, quand on ne l'a pas vécu, je crois. On pense tout de suite aux maux physiques, mentaux. mais à tout ce que ça touche tout autour, on n'y pense pas forcément. Et là, c'est venu toucher ton besoin d'indépendance dont on te privait finalement.
- Speaker #0
Complètement, complètement. Et en plus, pour moi, c'est une question très importante parce que moi, franchement, je trouve que les femmes, alors en général, ce n'est pas que mon cas personnel, mais moi, je trouve que les femmes ne font pas assez attention à leur indépendance financière. Et là, pour le coup, je me suis rendue compte que c'est... hyper important, hyper important. Tu sais, t'as toujours des gens qui te disent « Bah ouais, mais tu te rends compte, t'as de la chance, heureusement qu'il est là. Oui, évidemment que j'ai de la chance. Oui, heureusement qu'il est là. Oui, il est gentil. Oui, il est cool. Oui, mais n'empêche que c'est plus moi qui gère ma vie, en fait. Et attention, je mets absolument rien de négatif sur mon amoureux, parce que c'est mon amoureux, mais il est vraiment très gentil. Enfin, j'ai rien à reprocher. C'est vraiment une question entre moi et moi. Pour moi, ce n'était pas possible. Et c'était humiliant de me dire, si j'ai besoin de ça, je suis obligée de passer par lui.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. C'est un besoin fondamental qui a été touché.
- Speaker #0
Oui. Et puis, ma survie économique dépend de lui. S'il n'est pas là, je n'ai rien. Oui,
- Speaker #1
c'est ça.
- Speaker #0
Pour moi, c'était insupportable.
- Speaker #1
Oui, je comprends. Ça, c'est une affaire d'éducation financière et de besoins fondamentaux que l'on a. pas et du coup là toi le tien était touché en plein coeur à quel moment le ciel s'éclaircit ?
- Speaker #0
le ciel s'éclaircit déjà il y a un premier c'est à dire que j'ai compris que dans l'état et dans la situation dans laquelle j'étais pour moi c'était très difficile de reprendre une activité salariée classique moi je voulais rester dans le salariat moi ça m'allait très bien je n'ai pas jamais voulu être entrepreneur Mais à ce moment-là, je me suis dit, bon, là, tu ne peux pas. Tu ne peux pas. Physiquement, ce n'est pas possible. Psychologiquement, ce n'est pas possible. En plus, le cancer, ça modifie tout. La personne, la psychologie. Et voilà, je n'étais plus en capacité d'aller retravailler dans une entreprise avec des gens. Et puis, j'avais beaucoup de rendez-vous médicaux qui pouvaient tomber à n'importe quelle heure. Enfin, n'importe quelle heure, j'exagère, mais n'importe quel jour. Mais je ne voulais pas rester sans rien faire. Et je me suis dit, écoute, là, d'un seul coup, tu as une espèce de petite bulle qui s'ouvre devant toi. Qu'est-ce que tu veux en faire ? Et là, je me suis dit, crée ton activité en attendant que tu puisses passer à autre chose. Crée ton activité et profite-en pour faire quelque chose qui te fait plaisir, qui t'éclate et dans lequel tu te sens bien.
- Speaker #1
À quel moment tu te permets justement de te reprojeter dans une activité professionnelle ? Est-ce que ça vient de toi et de tes ressentis ? Ou est-ce que ce sont des feux verts des médecins ?
- Speaker #0
Il n'y a pas de feu vert des médecins. En fait, les médecins, en gros, ils te disent, vous en êtes où ? Ça va, le boulot, vous avez repris ? Non, je ne pouvais pas reprendre. Donc, soit je me… En fait, moi… Non, ils ont… En plus, c'est compliqué parce que moi, pendant très longtemps, j'étais très surveillée. On ne savait pas trop comment ça allait évoluer, la maladie, même après les traitements. Donc, j'avais des examens tous les trois mois. Donc, tous les trois mois, j'ai… En fait, j'étais un peu figée, si tu veux. Il y a eu une grosse période où tous les trois mois, on allait voir ce qui se passait dans ma tête pour le coup, pour de vrai. Et moi, j'étais complètement bloquée. J'étais comme engluée dans un espace dans lequel je ne pouvais pas sortir. Parce que tous les trois mois, je me disais, oh là là, ça y est, ça va recommencer. Oh là là, on ne sait pas ce qu'on va m'annoncer. Donc, c'est très difficile de se projeter. Donc, moi, je n'arrivais pas à me projeter à plus que trois mois. Mon échéance, c'était trois mois sur trois mois sur trois mois. Donc, très difficile de voir un truc à long terme. Donc, je n'ai pas vraiment eu de feu vert des médecins, mais moi, en tout cas, je ne voulais pas. J'étais chez moi toute la journée. C'est dur, quoi. Enfin, c'est dur. C'est cool. Il y a plein de gens qui peuvent trouver ça cool. C'est vrai que c'est agréable et tout, mais tu te dis, mais je suis en train de faire quoi de ma vie, là ? Il se passe quoi ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et puis, je n'ai pas envie de donner ce spectacle aussi à voir à ma fille, quoi. Au contraire, moi, j'ai une fille. J'ai bien envie de lui donner des bonnes bases. dans la vie, etc. Je n'ai pas envie qu'elle voit sa mère à la maison et ses papas qui ramènent les sous. Et puis voilà, d'un seul coup, je rentre dans un schéma que j'ai toujours combattu et je me retrouve en plein dedans. Donc non, le feu vert, c'est moi qui me le donne. Pareil, pas toujours forcément au bon moment. C'est-à-dire que j'ai la volonté de faire quelque chose, mais je n'ai pas forcément la force et l'énergie de le faire. C'est toujours ça. Bref, je me suis dit, crée ton truc. Comme ça, au moins, c'est toi qui décides quand tu bosses, comment tu bosses, quelle charge de travail tu t'imposes.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Voilà. Après, qu'est-ce que tu fais ? La question d'après, c'est donc quoi ?
- Speaker #1
C'est ça. Oui, tu avais trouvé finalement le statut. Entrepreneur, mais entrepreneur dans quoi ?
- Speaker #0
Voilà, qu'est-ce qu'on fait ?
- Speaker #1
Ok. Et alors, comment tu débroussailles ces questionnements-là ?
- Speaker #0
En fait, tu y penses tout le temps. Tu es tout le temps en train de te dire quoi. Alors, il y a plein d'idées qui traversent l'esprit. Oui, mais non, pas pour ci, pas pour ça. En fait, un jour... Alors, moi, j'ai créé... Ce que j'ai fait, c'est que je suis devenue comédienne voix off.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Ça ne s'est pas fait tout de suite, ce n'est pas du jour au lendemain. J'ai dit tiens, je vais faire ça et plouf, je le fais. Déjà, moi, la voix, ça a toujours été quelque chose que... Depuis que j'étais toute gamine, en fait, j'adorais écouter les voix des gens dans les publicités, de reconnaître les voix de doubleurs, tu vois, qui double quel acteur. Ça a toujours été... J'ai beaucoup aimé... Sentible ? Oui, reconnaître les voix. Après, moi, j'ai bossé, comme je te disais, dans la publicité. On faisait travailler des comédiens qui venaient faire des voix off. pour des publicités. J'adorais ces séances studio. Pour moi, c'était... Je me sentais vraiment dans mon élément. Mais à aucun moment, je me suis dit ça peut devenir mon métier. Et puis, je fais du théâtre depuis longtemps. Et puis, après, avec ma fille, on regardait pas mal de dessins animés. Et souvent, dans les dessins animés, je reconnaissais toujours les mêmes voix parce que c'est souvent des comédiens qui reviennent. Et au bout d'un moment, je me suis dit oh là là, encore. C'est toujours les mêmes. Et c'est là, dans ce coup, j'ai eu le déclic. Je me suis dit, tiens, amène la tienne. Apporte ta voix. Et c'est comme ça que je me suis dit, allez, tu vas faire de la voix off. Et je me suis formée. J'avais le temps pour ça, pour le coup. Donc, je me suis formée. Puis après, j'ai lancé mon activité. Et je me suis aussi retrouvée à coacher des voix off en formation qui ont suivi la même formation que moi. pour les accompagner, pour les aider dans leur interprétation.
- Speaker #1
C'est fou ce que tu partages parce que ce que j'entends, c'est que tu étais baignée un peu dans ce milieu-là depuis longtemps à travers ton expérience dans la pub. Tu ne t'es jamais permise de te projeter sur ce type de job et c'est dans le flou le plus total, le brouillard le plus épais que ça s'illumine.
- Speaker #0
Oui, exactement. En tout cas, que d'un seul coup, il y a quelque chose qui se dégage. Oui,
- Speaker #1
que tu te permets et que tu... tu t'accordes le fait de te projeter dans ce job.
- Speaker #0
Oui, et tu parles de brouillard, mais c'était ça. Moi, j'étais dans le brouillard, mais permanent.
- Speaker #1
Donc, tu lances ton activité de voix off à ton compte et parallèlement à ça, tu coaches des étudiants, des personnes en formation.
- Speaker #0
Oui, ce ne sont pas des étudiants, ce sont des gens qui étaient comme moi, en fait. Sauf que moi, j'avais un petit peu d'avance sur eux. Et puis, comme j'ai... J'avais ce background justement de formatrice, de comédienne théâtre. Du coup, ça me permettait aussi de pouvoir les accompagner avec une approche pédagogique, une approche de technique théâtrale pour les aider à avancer dans leur interprétation. Enfin, d'un seul coup, les choses se mettaient un petit peu, s'alignaient. Oui,
- Speaker #1
il y a un fil d'Ariane qui s'est dessiné au travers des compétences que tu as pu transposer finalement sur cette nouvelle expérience.
- Speaker #0
et en plus ce qui a été vraiment top c'est que moi j'avais une confiance en moi réduite en dessous de zéro parce que effectivement quand on est malade, quand on a un cancer j'ai remarqué que tout le monde dit ça c'est qu'on a une vraie baisse de confiance en soi et on croit que nos capacités n'existent plus qu'on a plus de compétences, qu'on est nul et c'est vrai que on m'a proposé, c'est pas moi qui ai voulu coacher, c'est pareil ça a été une opportunité Merci. de coacher ces personnes-là, au début, je me suis dit « Waouh ! Mais pourquoi ? Quelle légitimité ai-je à faire ça ? » Et puis, je me suis dit « Mais si ! Attention, si quelqu'un te le propose, c'est qu'il a vu quelque chose que toi, tu n'es pas encore capable de voir. Donc, vas-y. » Et en fait, je pense que ça a été aussi très bénéfique pour moi, cette période de coaching, parce que ça m'a permis de regagner de la confiance en moi en voyant que j'arrivais à accompagner et à faire progresser d'autres personnes. C'est-à-dire qu'en faisant progresser les autres, finalement, tu progresses toi aussi. Et ça, ça a été une découverte.
- Speaker #1
Et tout ça, ça dure combien de temps ?
- Speaker #0
Ça, ça dure à peu près deux, trois ans.
- Speaker #1
Et tu es toujours avec des contrôles, des check-up tous les trois mois ?
- Speaker #0
Alors, au fur et à mesure du temps, ça devient après tous les quatre mois, puis tous les six mois. Au fur et à mesure du temps, tu sais, tu as une menace pendant très longtemps. Moi, j'ai une menace comme une épée. Tu dis, ça va tomber, tu ne sais pas quand. En plus, effectivement, moi, comme je n'avais pas ressenti de douleur ni rien, tu te dis, il se passe des trucs dans mon corps. que je ne maîtrise absolument pas, je ne les sens pas. Mais en fait, il y a une dissociation corps-esprit. Tu dis, mon corps, il est en train de faire des trucs tout seul dans son coin. Et même moi, c'est-à-dire que quand ils ont commencé à me dire, les médecins, bon, on va espacer les contrôles, je disais, non, non, non, il faut continuer parce qu'on ne sait pas ce qui peut se passer. Bref, après, effectivement, petit à petit, tu as la menace qui devient moins pressante. Ce que j'ai en face de moi, la route, elle devient de plus en plus longue. Les kilomètres commencent à s'afficher au compteur à nouveau. Et puis, je commence à gagner en énergie. C'est-à-dire qu'au fur et à mesure, ça y est, je recommence à retrouver mes forces physiques et psychologiques et intellectuelles. C'est-à-dire que je commence à revenir dans le game, tu vois.
- Speaker #1
Oui, à sortir la tête de l'eau.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Donc, deux, trois ans se passent avec cette activité. Et ensuite ?
- Speaker #0
Et ensuite, c'est une activité qui m'a apporté beaucoup parce que d'un seul coup, en tant qu'entrepreneur, il faut tout faire.
- Speaker #1
Ah ben oui. Et multi-casquette, ouais.
- Speaker #0
Ah ouais, et du coup, tu apprends énormément de choses. Tu apprends énormément de choses. Moi, j'ai appris à faire mon site Internet, alors que c'était un truc, franchement, qui aurait dit que Laurie ferait un site Internet un jour ? J'ai fait mes démos, j'ai travaillé sur mon projet, sur ma com, sur mes réseaux. Dès qu'il y a un souci, tu te retrouves seule face à toi-même. Donc, tu débrouilles des trucs dont tu n'aurais jamais été capable.
- Speaker #1
C'est poignant ce que tu partages parce que dans un moment le plus bas de ta vie, tu révèles tes plus grandes forces finalement.
- Speaker #0
Oui, puis ça permet de… Comme tu as du temps, tu vas à des événements, tu rencontres des gens. D'un seul coup, j'ai découvert un nouveau monde. C'est-à-dire que pendant des années, j'étais salariée. où tu te lèves le matin, tu vas bosser, tu rentres le soir, il faut s'occuper ici, de ça, tu fais tes petites activités à côté, les week-ends, les vacances, bon bref. Ta vie, elle est très occupée, mais en fait, elle est très cadrée. Et là, d'un seul coup, j'ai découvert qu'il y avait d'autres gens qui étaient indépendants, des gens qui n'étaient pas obligés d'être au boulot la journée, ça te permet d'avoir des rendez-vous en journée, mais tu fais aussi des choses de week-end, tu fais aussi des choses de soir. Moi, les séances de coaching, je les faisais le soir, à des horaires qui ne sont plus des horaires de bureau, entre guillemets, tu vois. Donc, en fait, la vie, elle est devenue complètement différente. Et j'ai découvert qu'il y avait plein de gens qui faisaient plein de métiers différents, plein d'activités différentes, et qu'il y avait un autre monde qui naviguait en parallèle des gens qui sont salariés, quoi, en fait. Oui, oui. Et j'ai découvert aussi cet autre univers où, ben voilà, on se débrouille. Quand on ne sait pas faire, ben on fait, ou on demande à quelqu'un, ou... Voilà, et donc j'en ai aussi profité pour faire des petites formations. Je faisais des formations, j'ai beaucoup... J'ai fait beaucoup de choses sur LinkedIn, j'ai participé à des webinaires, j'ai assisté à des webinaires. Je me suis formée un peu toute seule à plein de choses que je ne connaissais pas. Et ceci dit, moi ce qui m'a un petit peu au bout d'un moment, qui a été un peu lourd, c'est que t'es très seule. Déjà j'avais été un peu confinée par force par la maladie, et au bout d'un moment je me suis retrouvée à bosser de chez moi, tout le temps, toute seule. La voix off, c'est quelque chose de très solitaire parce que tu fais tes enregistrements, tu nettoies tes pistes, tu envoies ça à tes clients et puis finalement, tu te rends compte que tu ne rencontres personne. Et donc, au bout d'un moment, j'ai commencé à me dire « là, ça devient compliqué » . Ça devient compliqué et puis bon, je n'arrivais pas à en vivre vraiment aussi complètement. C'est-à-dire que je faisais des choses, c'était très bien, mais économiquement, pour moi, ce n'était pas encore viable.
- Speaker #1
Et donc, à ce moment-là, lors de cette prise de conscience de cette solitude qui est pesante, qu'est-ce qui se passe ?
- Speaker #0
Quel choix est-ce que tu fais ? Je me suis sentie en capacité de repartir, de me repositionner sur le marché du travail. D'un seul coup, je me suis dit, ça y est, là maintenant, je suis prête. Je suis prête, tu peux le faire. Oui, ça a été un ressenti interne profond.
- Speaker #1
Oui, c'est-à-dire que d'un seul coup, j'ai mesuré. Je me suis dit, mais avant, j'étais fracassée. Je ne m'en rendais même pas compte. Mais maintenant, je me sens bien. Moi, souvent, c'est comme ça. Je me rends compte que je n'étais pas bien une fois que je vais mieux. Sur le coup, je ne fais pas trop gaffe. Puis, tu es pris dans un espèce d'entonnoir. Tu ne réfléchis pas. Mais a posteriori, je me suis dit, oui, tu as traversé une période qui n'était pas facile. Et maintenant, j'ai senti que j'avais… la force, l'énergie, l'envie, la volonté, que je pouvais refaire quelque chose. Alors, je ne voulais pas abandonner la voix off, parce que c'est quelque chose qui me plaît énormément, qui m'apporte beaucoup de choses. Je me suis dit, comment tu peux combiner d'autres choses ? Et puis, je me suis dit, là, peut-être qu'il est temps de te remettre sur le marché du travail, de reprendre, de rechercher, de faire une vraie recherche classique. Et c'est ce que j'ai fait. J'ai repossé mon CV. Je suis repartie dans le digital learning, ce que je faisais avant. Mais si tu veux, pendant longtemps, j'étais en contact avec une association qui s'appelle Social Builder, qui est une association qui a pour mission d'amener beaucoup plus de femmes dans les métiers du digital.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Les métiers de la tech, parce que la représentation féminine n'est pas très aiguë. galitaires. C'est des métiers qui de plus en plus se masculinisent. Et ça ne va pas parce que c'est les métiers de l'avenir. Donc, il ne faut pas laisser les femmes hors de ça. Tu verras, j'ai un discours un peu féministe. Donc, Social Builders, ils avaient une mission qui me plaisait bien. Et avec eux, j'ai exploré pas mal de métiers du numérique. Dans la cybersécurité, dans la data. Et puis, un jour, la révélation, c'est quand même dingue parce que je me suis dit, mais en fait, moi, j'en faisais un métier. digital déjà. Qu'est-ce que je suis en train de chercher ? Autre chose. Parce que moi, j'étais prête à me relancer dans un parcours de formation, repartir de zéro. Mais à ce coup, je me suis dit, mais en fait, ça ne va pas. Tu n'es pas dans la bonne direction. Tu faisais déjà un métier digital, donc repars là-dedans. Puis en plus, ça me plaisait.
- Speaker #0
Ah oui, j'allais te demander, est-ce que ça ne te plaisait plus ou est-ce que tu as un besoin d'apprendre ?
- Speaker #1
Mais tu sais, voilà, je pense qu'on devient un peu cons, pardon, je dis un gros mot, mais... des fois, on ne se rend pas compte qu'on a le truc, la solution sous les yeux. C'est-à-dire que moi, il a fallu que je passe par plein de chemins différents pour finalement me dire, tu sais faire et puis tu aimes ça, donc pourquoi tu ne repars pas là-dedans ? C'est ce que j'ai fait. Et là, pour le coup, recherche d'emploi classique. Sauf qu'il y avait deux choses que je n'avais pas du tout anticipées, c'est que déjà, moi, j'avais la cinquantaine. Et sur le marché du travail, ça commence à devenir un handicap. Surtout en plus pour des métiers numériques où 50 ans, c'est un dinosaure.
- Speaker #0
Tu as vraiment ressenti cette pression-là de l'âge ?
- Speaker #1
Oui, quand même.
- Speaker #0
C'est-à-dire que comment tu l'as ressenti ? C'est parce que tu avais peu de retours par rapport à tes candidatures ou c'était un peu une croyance négative limitante qui t'empêchait d'avancer et qui te ramenait à tes peurs sans arrêt ?
- Speaker #1
Je pense un peu les deux. Je pense un peu les deux. J'ai eu des petits défois indices qui me disaient « je pense que là, ça ne va pas » . En fait, j'avais l'impression que je faisais peur aux recruteurs. Je disais « mais dès qu'ils voient… » Alors, je ne mets pas mon âge sur mes CV, je ne suis pas débile, mais quand tu vois qu'il y a quand même une certaine expérience,
- Speaker #0
tu vois bien que je n'ai pas 25 ans.
- Speaker #1
Oui, voilà. Déjà, il y avait ça. Et ensuite, ce que je n'avais pas du tout anticipé, c'est que moi je suis quand même En tout, je suis restée éloignée du marché du travail sept ans. Depuis le début de mes problèmes jusqu'au moment où je me suis dit c'est bon, j'y retourne. Il s'est écoulé sept ans, ce qui est quand même énorme. Et en plus, entre-temps, comme je t'ai dit, il s'était passé toute la partie Covid où dans le milieu de la formation, ça a été un booster sur la formation à distance parce que d'un seul coup, tout le monde s'est dit comment on va faire pour la formation. Et les métiers de la formation digitale ont explosé. Il y a eu des tas de nouveaux outils, des tas de nouvelles pratiques. Et moi, bien sûr, je n'étais pas là à ce moment-là. Donc, j'avais quand même des lacunes. Au bout d'un moment, je me suis dit, bon, alors, il te manque des trucs. Parce que les quelques retours que j'ai eus suite à mes envois de CV, c'était, est-ce que vous savez les CRC ? Est-ce que vous connaissez tel outil ? Et en l'occurrence, non. Donc là, j'ai identifié qu'il fallait que je comble une lacune.
- Speaker #0
Donc finalement, ce n'était pas tant lâche que ça, c'était une remise à niveau de tes connaissances.
- Speaker #1
Oui, exactement.
- Speaker #0
Et qu'est-ce que tu décides de faire ? Est-ce que tu te reformes sur les compétences manquantes ou est-ce que tu changes complètement ?
- Speaker #1
Non, alors là, je me dis, à partir du moment où j'ai décidé que j'allais reprendre ce que je faisais auparavant, je me dis, il faut juste que je comble les vides, en fait. Donc, je vais me former sur les compétences que je n'ai pas. Et là, je commence à me renseigner, à faire des recherches. Et pour l'instant, les seules propositions que je trouvais, c'était pour se former à distance. Et moi, je ne voulais pas, parce que... J'en avais marre d'être à distance chez moi tout le temps. Moi, je voulais être avec des gens, réfléchir avec des gens, faire un esprit d'équipe, créer de l'intelligence collective. Vraiment, j'étais en demande de ça. Donc, la distance, c'était compliqué. Puis, après, je me suis dit, bon, allez, ça va te prendre quelques mois. C'était des formats à court, tu vois, trois mois. Ce n'était pas non plus insurmontable. Et puis... Dans mes recherches, je suis tombée sur un organisme qui proposait justement de former des digital learning managers en passant par un format d'alternance sur un nom. Et moi, je me suis dit, oh là là, non, mais c'est trop long, t'imagines. Déjà, en plus, comme je me disais que j'étais trop vieille, on me disait, oh là là, un nom de plus. Alors, quand je vais débarquer, ce n'est même plus la peine. Et puis, finalement, j'ai échangé avec eux. et d'un seul coup, je me suis dit... en fait, revois ce que tu es en train de penser, là, ça ne va pas. Finalement, c'est peut-être la bonne option parce que ça va me permettre de faire un espèce de retour en douceur, en fait. Et donc, j'ai dit, bon, allez, banco, je voulais faire du court, finalement, je vais faire du long. Et à partir du moment où j'ai décidé ça, tout est allé super vite. C'est-à-dire que j'ai dit OK pour l'organisme de formation, j'ai trouvé l'entreprise en alternance tout de suite. Donc, ça a été... En fait, tout s'est aligné. Ça a été super rapide. Hop ! J'avais un boulot.
- Speaker #0
En parlant de... Oui. En parlant de l'alternance, donc là, arrivé à un certain âge, au-delà de 30 ans, on parle donc de contrat de professionnalisation plutôt que d'apprentissage.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Moi, j'ai beaucoup de femmes qui me disent mais non, jamais, je trouverai de contrat de pro. Je vais coûter cher à l'employeur. toi, est-ce que tu as eu à nouveau cette barrière de l'âge quand il a fallu chercher ton lieu d'alternance ?
- Speaker #1
Pas du tout. Et d'ailleurs, c'est ce qui m'a étonnée. Je pense que je suis tombée aussi sur un employeur top parce que franchement, ça n'a jamais été un problème. Ça n'a jamais été un sujet. Mais en plus, je suis dans une entreprise qui est pour le coup très mixte. C'est-à-dire qu'il y a vraiment tous les profils, tous les âges. C'est des hommes, des femmes, des jeunes, des plus vieux. Voilà. Donc, je pense que j'ai aussi cette chance-là de tomber sur la bonne entreprise.
- Speaker #0
Et comme quoi, tout est possible. Tout est possible et tout existe.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Donc, ta recherche de stage, elle est très fluide.
- Speaker #1
Oui. Alors, l'organisme de formation par lequel je passe nous met déjà, pas en contact, mais enfin nous propose des entreprises. qui sont en recherche d'alternants dans ce milieu quand même, dans ce domaine de l'ingénierie pédagogique, du digital learning. Après, à nous de faire notre candidature. Mais déjà, si tu veux, il y a quand même une partie du travail qui est déjà faite. Je ne me suis pas lancée d'un seul coup dans les milliers d'entreprises qui se présentaient à moi. J'avais quand même un petit chemin qui était tracé et moi, il fallait que je fasse la suite. mais Du coup, ça a matché, en fait. C'est-à-dire que moi, j'ai vu une entreprise qui me plaisait bien. Je leur ai envoyé ma candidature. Et puis, eux, mon profil leur convenait aussi. Donc, on s'est rencontrés. Et finalement, ça s'est fait rapidement.
- Speaker #0
Et donc, après, tu es partie pour une année d'études.
- Speaker #1
Voilà. Et voilà. Je suis dedans, là. C'est une année d'études en alternance. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de temps en entreprise. rythmée par des périodes de formation.
- Speaker #0
Durant ces périodes de formation, tu te retrouves avec des très jeunes ou est-ce qu'il y a aussi des personnes de ton âge ? Est-ce que c'est très mixte ?
- Speaker #1
Je suis la plus ancienne. Mais ce n'est pas grave. En tout cas, pour moi, ça n'a jamais été un souci. D'abord, l'âge. Qu'on soit jeune, qu'on soit vieux, pour moi, je m'en fiche. Pour moi, tous les gens sont pareils. Et puis, il y a tout profil. Il y a des gens qui sont en reconversion, qui ont la trentaine, d'autres qui ont moins de 30 ans, d'autres qui ont plus la quarantaine. Et je trouve que c'est bien parce que maintenant, les parcours professionnels, ils ne sont pas linéaires. On change tout le temps. Donc, on va forcément passer tous par des périodes de formation qui sont indispensables si on veut changer et acquérir de nouvelles compétences. Et puis forcément, on se retrouve avec des gens… qui sont en début de parcours, d'autres qui sont en milieu de parcours, d'autres qui sont en fin de parcours, et tout ce monde-là a des choses à s'apporter, mutuellement.
- Speaker #0
Donc là, t'en es à combien de temps de formation ?
- Speaker #1
J'en suis à peu près à mi-parcours, c'est-à-dire que si tu veux, mon alternance telle qu'elle se dessine aujourd'hui, c'est j'ai commencé avec 5 semaines de bootcamp, en fait, où on a une formation intensive pendant 5 semaines en organisme de formation, et après, je fais des périodes de 5 semaines en entreprise une semaine de formation donc pour moi c'est très bien parce que ça me permet de revenir de remettre un pied dans l'entreprise de voir que finalement tout ce qui me faisait peur je vois vraiment pas pourquoi j'avais peur parce que voilà quoi même si je suis restée longtemps hors du milieu de l'entreprise finalement les choses n'ont pas changé tant que ça moi j'ai beaucoup changé mais le monde n'a pas été il n'y a pas eu de révolution quoi
- Speaker #0
Et une fois formée, tu vois comment ton futur ?
- Speaker #1
Écoute, mon futur, je le vois un peu hybride parce qu'en fait, ce qui était assez rigolo, c'est qu'au moment où je me suis lancée dans ce parcours d'alternance, j'ai eu une recrudescence de demande de travaux pour la voix off. C'est-à-dire que d'un seul coup... Rires Ce que j'ai mis un peu en pause, d'un seul coup, est revenu. Et je me suis dit, waouh, comment je vais faire pour tout gérer ? Bon, je réussis à tout gérer. Bon, ça va, c'est pas non plus... Mais du coup, pour l'instant, je fais un peu les deux. En plus, j'ai la chance parce que dans mon travail, là, à l'heure actuelle, ils font... Des fois, ils ont besoin de voix. Donc...
- Speaker #0
Parfait.
- Speaker #1
Je suis là. Ah oui, non, mais je te dis, des fois, il y a des trucs qui sont quand même dingues.
- Speaker #0
Ça s'aligne.
- Speaker #1
Ouais. Et puis après, bah écoute... Là, pour l'instant, je me dis, va jusqu'au bout de cette année d'alternance. Et après, écoute, après, moi, pour l'instant, je me dis, je vais repartir et rechercher un emploi. Enfin, voilà, continuer, faire la continuité de ce que je suis en train de faire maintenant. Ceci dit, comme j'ai appris que la vie était pleine de surprises, je me dis, je ne sais pas encore ce qui m'attend. Donc, voilà. Step by step, va au bout de ça. Et puis après, tu verras, tu mettras des choses en place. Et puis finalement, peut-être que ce que tu vas mettre en place va t'amener des choses auxquelles tu n'avais pas du tout pensé. Et c'est très bien.
- Speaker #0
Et tu as répété à plusieurs reprises dans notre échange que la maladie changeait fondamentalement une personne. Aujourd'hui, quand tu regardes derrière toi et devant toi, c'est qui la nouvelle Laurie ? Elle est comment ? Elle a quelle vision ? Elle voit comment les choses par rapport à avant ?
- Speaker #1
Déjà, c'est marrant que tu parles de la nouvelle Laurie parce que c'est vrai que c'est une vraie nouvelle personne. En fait, le premier boulot, c'est de commencer à faire connaissance avec cette personne. Pour moi, ça a été difficile parce que sur plein de sujets, je ne me reconnaissais pas. Je ne savais pas qui j'étais. Donc, c'est vraiment refaire connaissance avec quelqu'un au même titre que quand tu as un enfant, tu fais connaissance avec une nouvelle personne. Là, c'est pareil. et je pense que j'ai gagné en sagesse je pense que j'ai gagné en indulgence vis-à-vis de moi-même et vis-à-vis des autres parce que finalement je me rends compte qu'il y a des choses qui sont tellement pas importantes, des choses sur lesquelles on bloque et on dépense beaucoup d'énergie et à la fin tu te dis pourquoi faire finalement Et puis, je pense que je prends plus de temps pour moi, ce que je ne savais pas faire avant. Et j'essaie de faire plus attention à moi. Et je pense que quand on fait plus attention à soi, je crois qu'on fait aussi un petit peu plus attention aux autres.
- Speaker #0
C'est quoi pour toi, prendre du temps pour toi ?
- Speaker #1
Ben, m'écouter, me dire à un moment donné, ça, ce n'est pas grave, ça ne t'en occupe pas, ça, laisse tomber. Et je suis encore quelqu'un qui... qui aiment bien prendre les choses en main. Voilà, ça, personne ne le fait. OK, je vais le faire. Et au bout d'un moment, à force de vouloir tout faire, ça devient trop. Tu ne peux plus gérer. Moi, j'ai appris au moins à dire... ça, ça ne se fera pas, eh bien, ce n'est pas grave.
- Speaker #0
Oui. Mieux cerner tes besoins et poser tes limites.
- Speaker #1
Poser mes limites. Je crois que c'est ça. Parce que de toute façon, à un moment donné, j'ai été confrontée à mes limites de force. Et du coup, maintenant, je me dis, bon, ben voilà, maintenant tes limites, tu peux aussi un petit peu avoir un contrôle dessus.
- Speaker #0
Laurie, un immense merci pour ce partage si sincère, si riche en enseignement, en humanité. Franchement, c'est, je crois, l'épisode le plus émouvant que j'ai réalisé jusqu'à présent.
- Speaker #1
Ah bon ?
- Speaker #0
Oui, vraiment. Je dois admettre que j'ai eu les larmes qui sont un petit peu montées à certains moments.
- Speaker #1
Ah !
- Speaker #0
C'était pas une butte ! Non, mais tout ça pour dire que ton parcours, ton engagement, ta résilience, c'est vraiment une source d'inspiration et c'est très, très porteur d'espoir. Avant de nous quitter, j'aimerais te laisser le mot de la fin. Un message, une pensée, un conseil que tu aimerais partager avec celles et ceux qui traversent ou ont traversé ou traverseront malheureusement une épreuve similaire et qui se demandent comment, à leur tour, oser recommencer.
- Speaker #1
Je pense que c'est un message pour dire qu'il faut accepter le changement parce que de toute façon, c'est un énorme changement. Donc, il ne faut pas lutter contre. À bout d'un moment, il faut. l'accepter et se dire que quand on traverse tout ça, au début, on a l'impression qu'on est dans la faiblesse. Et en fait, ce n'est pas vrai parce qu'on est en train d'acquérir des forces qu'on n'imagine pas. Et un jour ou l'autre, ces forces vont ressortir et on va se rendre compte que tout ça n'a pas été vain.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Laurie, pour ta générosité, ta lumière. À vous qui nous écoutez, n'oubliez pas, chaque parcours est unique. Chaque recommencement est une force. Retrouvez Laurie sur LinkedIn peut-être ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Pour aller plus loin et éventuellement pour lui poser des questions si le cœur vous en dit. Et puis surtout, prenez bien soin de vous.