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Où ça mène quand on sème

#27 Angéline : de l'horticulture à la photographie

#27 Angéline : de l'horticulture à la photographie

28min |16/05/2025|

144

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#27 Angéline : de l'horticulture à la photographie

#27 Angéline : de l'horticulture à la photographie

28min |16/05/2025|

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Description

Angéline a grandi au milieu des fleurs auprès de ses parents. 🌻

Elle est désormais graphiste et photographe professionnelle. 📸

Elle est mariée à un éleveur laitier depuis plus de 15 ans et ils ont ensemble 3 enfants. 🐮

Depuis la frontière entre la Maine et Loire et la Mayenne, elle témoigne de sa vie bien rythmée. 🧑‍🌾


Nous discuterons ensemble des joies et difficultés à partager la vie d'un agriculteur. Nous aborderons la vie de couple et de famille à la campagne rythmée par les bonheurs mais aussi les contraintes de l'agriculture.

Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Pour cet épisode, j'ai la chance de discuter avec Angéline. Nous venons de nous découvrir toutes les deux, mais peux-tu brièvement te présenter ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est Angéline. J'ai bientôt 38 ans. Je suis mariée depuis bientôt 15 ans. avec trois enfants. La plus grande, elle a bientôt 13 et le dernier, il a 7 ans. Je suis photographe. Aussi, on peut nommer ça graphiste. Je fais beaucoup de choses pour les mariages, faire part à beaucoup de papeteries. Mon mari est agriculteur.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter brièvement l'exploitation de ton mari ?

  • Speaker #1

    C'est une SCEA basée en Nord-Ménéloire. Nord-Ménéloire, nous, on habite sur une Mayenne. Il y a 200 mètres d'écart, mais on n'est pas sur le même département. Alors, ils sont à trois. 3 avec en plus un salarié et un apprenti. Il y a 300 hectares du coup. Ils font du lait avec de la prime Holstein classique on va dire. Après ils font les taurillons. Tous les naissants en fait ils vont les garder jusqu'au bout quoi. Donc quand c'est un mâle ils ne vont pas le vendre en fait. Ils le gardent pour faire du taurillon. Donc ils ont 170 vaches à traire, 35 taris, 150 taurillons. Et après les petites génisses pour le renouvellement il y en a 160. Il y a un peu de taf.

  • Speaker #0

    Oui il y a de quoi être occupé.

  • Speaker #1

    Voilà c'est ça. Historiquement c'est mon beau-père. Pour l'histoire ils sont pas français, ils sont suisses. Ils sont arrivés sur l'exploitation en 2000. Pourquoi ? Parce qu'en fait là-bas ils avaient plein de soucis, ils n'arrivaient pas à se développer. Donc ils ont trouvé cette petite ferme-là. Donc en 2000 mon beau-père reprend la ferme. Nous on s'est mariés en 2010 et je crois que c'est dans ces moments-là où il y a eu Stéphane qui a inséré le GAEC. Donc c'est un GAEC à l'époque. Ma belle-mère était dedans aussi d'ailleurs. Ensuite... Mon mari est arrivé aussi. Alors nous, pour l'histoire, on a dû reprendre une petite ferme à l'extérieur. Il ne s'est pas mis dans le GAEC tout de suite. Il a dû, parce que du coup, comme nous, on est en Mayenne, il ne pouvait pas directement s'installer dans la ferme. Il s'est installé pendant deux ans tout seul. Et ensuite, il a inséré le GAEC en 2012. Et quelques années plus tard, il y a un associé qui est parti et il y en a un autre qui a remplacé. Et en fait, là, c'est Laurent, un copain qui était dans notre classe quand on était à l'école. Donc on a tous à peu près le même âge, donc c'est cool. Avec des enfants du même âge aussi, donc c'est très drôle. Ça, c'est un petit peu l'historique. Après, ils fonctionnent en... Ils font la traite. Ils ont un roto. Et là, on a un projet de changer avec des robots pour avoir plus de fluidité. Parce que c'est vrai que du coup, comme il n'y a pas loin de 200 vaches à traire, c'est long. Ça prend plus de deux heures le matin, plus de deux heures le soir. Alors après, l'avantage d'être à plusieurs, ils font par binôme. Donc en fait, ceux qui font le matin, ils ne vont pas faire le soir, par exemple. Après l'avantage aussi du coup d'être en SCEA c'est qu'ils sont plusieurs donc en fait on a nos week-ends, enfin un week-end sur deux exactement. Donc c'est quand même assez confortable, je pense que dans ce milieu-là tout le monde n'a pas cette chance-là.

  • Speaker #0

    C'est plus d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Ouais voilà, donc après même si au quotidien on aimerait bien des fois en avoir un peu plus, je pense que c'est déjà pas mal. Donc nous on vit pas sur le lieu de la ferme, d'ailleurs mes beaux-parents sont partis en retraite et donc du coup maintenant ils sont dans le village. Donc en fait plus de personnes qui travaillent dans la ferme qui habitent sur le site, mais ça se fait quand même. Rires On n'habite pas à 50 km, donc c'est quand même assez gérable. Mais ce qui fait que la particularité, après, c'est plus pour moi, c'est que du coup, je suis vraiment 100% toute seule quand je suis à la maison.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Parce qu'après, moi, je travaille. En fait, ce n'est pas très compliqué. On a un bâtiment qui est à côté de la maison, qui était la salle de traite avant, et qu'on a rénové en atelier. Donc le rez-de-chaussée, c'est mon atelier. Et au-dessus, c'est mon studio. Donc c'est resté un bâtiment de travail. Ça a juste un petit peu changé de fonction entre-temps. Je suis quasiment tout le temps à la maison quand même.

  • Speaker #0

    Ouais, trop chouette. Et en plus, tu as la place d'avoir ton espace à toi pour t'épanouir professionnellement aussi sur le lieu. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et puis du coup, l'avantage aussi, étant photographe, il faut avoir des spots. Au lieu d'avoir à me déplacer, d'aller chercher des parcs, des lieux et tout, moi j'ai tout chez moi. Donc en fait, ça me permet d'avoir adapté ces spots-là. Je propose des petites choses. Alors c'est tout simple parce qu'après, ça reste très nature quand même. Mais j'ai des balançoires, par exemple, sous les arbres. Très nature, très brut, avec des branches. et je connais mes spots par cœur du coup. Et c'est vrai que c'est un gros avantage du coup pour moi, ça me permet le samedi d'enchaîner les séances tout en ayant les enfants faits à la maison. Bon après ils grandissent aussi, donc ils deviennent de plus en plus autonomes, donc ça me permet ça, avant c'était un peu plus compliqué. C'est un gros gros avantage. Ok,

  • Speaker #0

    je comprends. Pour parler un peu plus de toi maintenant, qu'on ait une visu du contexte, d'où est-ce que tu viens initialement et est-ce que tu viens d'un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors moi, initialement, je me destinais dans l'horticulture. Moi, j'ai des parents qui sont passionnés, mais vraiment passionnés de fou dans tout ce qui est plantes, la nature. Mon père, du coup, il était paysagiste, il était à son compte. Ma mère, elle travaillait dans le bureau, en fait, un truc assez classique quand on travaille en couple. Donc moi je me suis orientée, je voulais faire du coup tout ce qui était plus production en pépinière. Donc c'est pour ça du coup que j'ai fait une école agricole, donc j'ai fait un bac TSP et c'est là du coup qu'on s'est rencontré, on était dans la même classe. Suite à ça j'ai fait un BTS horticole en alternance, donc du coup je bossais, j'étais déjà dans le monde du travail on va dire. J'étais en pépinière dans une grosse boîte et puis une fois que j'ai fini mon BTS, en fait avec mes parents on avait un projet de lancer une jardinerie et de vendre en fait les plantes qu'on produisait nous-mêmes. Ça s'est lancé dans la foulée. Cette jardinerie, c'était un peu autant mon bébé que ceux de mes parents. Je m'y ai donné corps et âme, on va dire. Donc du coup, dès que j'ai fini mon PTS, j'ai inséré l'entreprise familiale et on a monté cette fameuse jardinerie. C'était vraiment, à l'époque, on va dire, une très belle expérience professionnelle parce que du coup, j'ai appris beaucoup de choses. Je n'ai pas fait que de la vente. Il y avait vraiment tout. J'étais autant dans les bureaux que dans la production. On faisait aussi des fleurs. coupés, on vendait vraiment toutes sortes de choses, c'était la petite jardinerie de campagne, puis en plus on avait des clients réguliers donc c'était assez sympa du coup cette jardinerie elle était située à peu près une heure de route de là où on habite donc du coup ça a vite été un frein quand on a des enfants, donc nous en fait on s'est mariés en 2010 c'est au mois de mai, au mois de juillet mon mari du coup il s'installait donc on reprenait la petite ferme avec une maison où il y avait tout à refaire on pouvait vraiment pas y vivre Un an de travaux très conséquents. Dès qu'on est arrivé dans la maison, c'est là où je suis tombée enceinte. C'était tout de suite, direct. Je pense qu'en fait, d'avoir passé deux ans avec des gros projets à jamais m'arrêter, puis à l'époque, on avait 23-25 ans, donc on était jeunes. Je m'ennuyais, en fait, à la maison. Et c'est là que je me suis amusée à faire des petites bidouilles en papier. Je vendais ça, en fait, sur des sites internet qui n'existent plus aujourd'hui. Ça a vite marché et je me suis vite rendue compte que... qui avait un petit potentiel là-dedans, puis ça me plaisait bien. Donc je me suis dit, après tout, ça pourrait être cool de développer un peu, et puis comme ça, la jardinerie, j'y ferai un petit peu moins, puis je serai plus présente à la maison.

  • Speaker #0

    Quand tu parles de bidouille, c'est de la papeterie, ou c'est ce que tu disais, un peu du graphisme, faire part, etc., c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors oui, bidouille, parce qu'en fait, si je dis vraiment ce que je faisais au début, c'était des petites étiquettes. Il n'y a rien de fou. Et puis, je ne sais pas, ça a pris une ampleur assez rapidement, et puis après, les gens m'ont demandé, part sur le même thème. Et puis en fait, de fil en aiguille, j'ai commencé à faire plein de choses en fait. Et puis ça, c'était vraiment le tout début. Après, on a eu notre deuxième trois ans plus tard. Et puis c'est là où je me suis dit, bon allez, avec un deuxième qui allait arriver, aller à la jardinerie en fait tous les jours de la semaine, ça devenait quand même vraiment compliqué. Et là, je me suis dit, bon allez, je prends un congé parental pour essayer vraiment de développer moi, mon entreprise à moi pour pouvoir être autonome à la maison. Donc là, c'était vraiment parti. Après, deux ans plus tard, on a eu Ernest, le dernier. Donc là, j'avais 30 ans à peu près. Et alors, il faut savoir aussi que dans le laps de temps, j'ai mes parents qui ont divorcé. Donc travailler comme ça, c'était devenu un peu compliqué pour moi. Enfin, je n'avais plus forcément ce plaisir d'aller là-bas. Le fait de voir aussi que j'avais un potentiel, moi, à développer toute seule mon truc, vraiment, ça me plaisait. Donc je me suis dit, allez, il faut aller là, quoi. J'arrivais à peu près. près à 30 ans, je me suis dit, bon bah c'est cool de faire la papeterie, c'est quelque chose qui me plaît, j'aime bien, ça fonctionne, mais j'ai jamais rêvé en fait de faire ça. Et je voyais qu'il y avait un petit truc en fait avec la photo. Il y a quelque chose là-dedans, j'arrive pas à explorer, en fait je suis bridée, il y a quelque chose que... Il y a un truc à faire. Je me suis dit, bon allez, puis mon mari m'a bien soutenue aussi là-dessus. J'ai fait une petite formation à distance. J'ai acheté un appareil photo qui était quand même mieux, qui m'a permis vraiment de me lancer. Et puis après, j'ai fait, j'ai fait, j'ai fait l'avantage d'avoir les enfants, du coup c'était hyper pratique. Et voilà, c'est ce qui fait que j'en arrive là aujourd'hui. Donc en fait, aujourd'hui, je suis principalement photographe et la papeterie, c'est en second plan.

  • Speaker #0

    Ok. Donc photographe à domicile, tu disais, dans les locaux que tu as créés sur l'exploitation.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu fais un peu d'événements ? Oui, après le gros de mon travail, ça reste quand même les mariages. Donc effectivement, les mariages, c'est le samedi. Donc on reprend un peu la problématique du début avec les samedis. Entre-temps, les enfants, ils ont aussi grandi. La grande, elle a bientôt 13. Ernest, il a 7 ans. Donc en fait, ils deviennent de plus en plus autonomes. Quand j'ai des mariages pas très très loin, le matin, ils peuvent rester tout seuls. Après, le week-end, mon mari, il vient pour manger vers 9h. Il repart après pour faire l'alimentation. Il revient vers midi. Et après, il y repart vers 16h. Donc en fait, ils ont des laps de temps où ils sont tout seuls. Mais bon, après, ils arrivent à nous appeler en fait s'il y a quelque chose. Comme on a un week-end sur deux, il y a quand même des samedis où il gère. Je trouve ça cool parce que ça fait aussi des journées où il est tout seul avec les enfants. Chose qu'avant, il ne faisait jamais. Même pour les enfants, en fait, comme ça, ils passent du temps tout seuls avec leur père. Donc il n'y a pas que moi. Je trouve ça quand même sympa. Oui. Et puis voilà, les choses, on va voir comment ça va évoluer en fait.

  • Speaker #0

    Du coup, ça permet à ton mari de créer un lien privilégié qui n'est pas forcément évident dans un contexte à l'école avec les enfants, tant qu'on peut leur accorder.

  • Speaker #1

    Après ça, il y a beaucoup de gens qui me disent, ce n'est pas un peu contraignant, les mariages de samedi, tu n'es pas avec tes enfants. En fait, pour moi, c'est aussi un peu une bulle d'air parce que finalement, c'est moi qui gère tout à la maison. Donc ça me fait des journées aussi où... Ce n'est pas là où je vais m'occuper de moi, évidemment, ça reste du travail. Mais je n'ai pas la maison et je n'ai pas les enfants à gérer. En tout cas, pour l'instant, ça me convient.

  • Speaker #0

    Vous n'êtes pas loin de l'exploitation. Non. Est-ce que ça t'arrive d'aller filer un coup de main de temps en temps, d'y aller par plaisir ou ne serait-ce que pour le voir ?

  • Speaker #1

    Alors, un coup de main, non. Clairement, il y a assez de monde là-bas. Et puis, c'est pareil, en fait, comme c'est quand même une grande exploitation, la traite, ça dure deux heures, deux heures et demie. Puis, c'est assez technique. autant quand il était installé les deux premières années où il était là où on habite sur la fin j'étais presque autonome à faire la traite je lui donnais facilement un coup de main j'ai vraiment lâché parce qu'après j'ai eu les enfants et du coup non si alors à la maison on a des génisses parce que du coup on a un bâtiment donc on a quand même quelques bêtes donc ça peut arriver de temps en temps c'est succinct quoi c'est anecdotique mais après si on y va de temps en temps plus au bout jour quand le chien Voilà, ça nous fait une balade. Je ne vais pas y aller toutes les semaines. Quoiqu'après, on essaye de faire le dimanche matin. Le week-end où il travaille, il ne rentre pas pour pouvoir être à la maison vers midi. Parce qu'en fait, sinon, il rentre trop tard et puis ça ne lui fait pas de pause. Le dimanche, il se lève à 4 heures et puis il a du boulot jusqu'à midi. Donc, tout le monde se lève et puis on va à la boulangerie et puis on amène le petit-déj là-bas.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est sympa aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Il faut que j'essaye de garder l'habitude, parce que je trouve ça sympa, comme ça on fait un petit tour de la ferme.

  • Speaker #0

    Donc si j'ai bien compris, ton évolution professionnelle, elle s'est aussi faite, entre guillemets, avec des barrières géographiques liées à l'exploitation de ton mari ?

  • Speaker #1

    Bah oui, clairement, moi j'ai vraiment un peu cette impression-là aussi. Enfin, moi, mes choix se sont faits un peu en fonction de la ferme.

  • Speaker #0

    Ouais, mais sans pour autant faire des sacrifices, finalement, c'est juste que t'as redéfini tes envies et ce que tu voulais faire, non ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est ça. Puis bon, après, à 23 ans, on n'est pas très vieux non plus. Aujourd'hui, il y a des changements de carrière, il y en a plein. Puis je pense qu'à l'époque, j'ai vécu dans un contexte où faire un travail artistique, ce n'était pas forcément un métier. En fait, moi, ce qui me plaisait aussi beaucoup quand j'étais jeune, c'était de faire fleuriste. C'est un truc qui m'aurait beaucoup plu. En fait, mon père, comme il avait un pied dans l'horticulture, il avait un copain qui produisait des roses. Donc j'avais été faire des stages là-bas. Et à chaque fois, quand on allait livrer les roses chez les fleuristes, tout le monde me disait « mais il ne faut pas faire ça, il ne faut pas faire ça, tu ne gagneras jamais ta vie » et tout. Donc en fait, à force de l'avoir entendu, mine de rien, je me suis dit « je ne vais pas m'orienter là-dedans, ce n'est pas possible » . C'est pour ça qu'en fait, finalement, c'est vraiment des années plus tard que je me suis dit « et pourquoi pas ? » .

  • Speaker #0

    Je comprends. Mais du coup, ton lien avec les fleurs, le contexte dans lequel tu as grandi, est-ce que tu souhaitais, toi, te rapprocher de l'exploitation et puis de tout ça, de t'installer avec ton... conjoint. Est-ce que tu t'es pas dit est-ce que je ferais pas des fleurs sur l'exploitation ? Est-ce que c'est une question que tu t'es posée ?

  • Speaker #1

    Alors, à un moment, peut-être, oui, je me suis dit pourquoi pas. Mais en fait, je sais pas comment je peux dire, tout s'est fait tellement petit à petit, on va dire. Donc, en fait, pendant 4 ans, j'étais plus à 100% là-bas, mais j'avais encore un pied dedans un petit peu. Puis c'était quand même toujours quelque chose qui me plaisait, malgré tout. Après, encore aujourd'hui, je pourrais si je voudrais, surtout qu'en plus, là, ils sont en train de monter une méta. Donc en fait, je pourrais construire une serre, chauffer toute l'année et produire des trucs, puis repartir dans du maraîchage. Mais après, non, je ne me vois pas du tout aujourd'hui repartir là-dedans. Puis ce que j'ai construit, ça m'embête vraiment de l'arrêter. Et puis en fait, je trouve qu'aussi, c'est assez complémentaire entre nos deux métiers. Je crois que j'aime beaucoup finalement ce qui est artistique. Et ce n'est pas pour autant que je ne suis plus dans les plantes et tout ça, mais je le fais de manière différente aujourd'hui. Je le vois plutôt comme ça.

  • Speaker #0

    Je comprends bien. Puis vous avez aussi trouvé votre équilibre.

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il y a ça aussi. Cette année, par exemple, en mariage, j'ai eu deux couples d'agriculteurs. J'ai été faire leur séance d'after à la ferme. J'adore. C'est dans ce que je préfère faire, en fait. Donc, je sais que je suis dans mon univers à ma façon, on va dire.

  • Speaker #0

    Maintenant qu'on te connaît un peu mieux, on va discuter ensemble de ta vie de couple et de famille. Donc, tu nous as dit que tu avais rencontré ton mari lors de vos études. Quels ont été tes premiers ressentis sur le fait que celui-ci souhaitait être agriculteur ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, je ne sais même plus. Il faut savoir que j'arrivais, j'étais considérée comme de la ville. Je n'habitais pas dans une grande ville, mais à côté en lotissement. Quand je suis arrivée dans l'école d'agriculture, où il n'y avait que des agriculteurs, Je pense que j'ai appris à encaisser l'info au fur et à mesure du temps, je ne sais pas. Mais ce n'était pas forcément évident parce qu'on n'était pas beaucoup de filles dans la classe. Mais c'était sympa, c'est vraiment des années que j'ai beaucoup aimées. Et justement, avant, quand j'étais au collège, c'était très compliqué pour moi ces années-là. Et je pense qu'avec le recul, je n'étais pas du tout dans l'environnement qui était fait pour moi. Et le jour où je suis arrivée dans cette école, mes notes se sont mises à monter. Sans rien faire de plus, mais je pense que j'étais simplement avec des gens qui me représentaient.

  • Speaker #0

    Vous n'habitez pas sur l'exploitation. Est-ce que c'est un choix ? Est-ce que c'est prévu pour plus tard ? Tu parlais du fait que tes parents y habitaient. Est-ce que vous pensez un jour prendre cette place-là ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Pour plusieurs raisons, non, pas du tout. Parce que moi, j'aime beaucoup ma maison. On fait énormément de choses. C'est une petite ferme chez nous, mais qu'on a refait à notre image. Moi, j'aime les plantes de base. à ce que l'on aime. Ma première passion, il y a tout un jardin tout autour. La maison à la ferme, elle est très sympa aussi, mais par exemple, il n'y a même pas de gazon. Donc moi, je ne pourrais pas vivre en sortant et avoir que des bâtiments. Non, j'ai besoin de chez moi, de ce que j'ai construit, de mon petit univers un peu bucolique, si je peux dire un peu. C'est un peu ça, en fait, chez nous, du coup. Non, puis après, je trouve que c'est très bien aussi, les week-ends où ils ne travaillent pas, on est chez nous. On n'est plus à la ferme, quoi. Ça permet de couper. Je comprends complètement.

  • Speaker #0

    Et vous habitez loin de l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Non, alors on n'est pas sur le même département, mais à vol d'oiseau, il y a les 300 mètres, on va dire. Ah oui ? Mais non, ce n'est pas loin. Des fois, on entend les machines.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    ok. Non, non, c'est tout près.

  • Speaker #0

    Toi, vivre à la campagne, ça a toujours été un choix ?

  • Speaker #1

    Moi, non, je ne me voyais pas du tout vivre en ville. Pas du tout. C'est pour ça que quand je suis chez moi, on est un peu dans une bulle, on va dire.

  • Speaker #0

    Ok, ok. Tu parlais donc de ta belle famille qui est du coup géographiquement ? proches. Quels sont tes rapports avec elles ?

  • Speaker #1

    On a de très bons rapports. Mes beaux-parents, comme je l'ai dit tout à l'heure, ils sont suisses. Il n'y a que mes beaux-parents et mes belles-sœurs. Il y en a une qui est à Paris et l'autre qui n'habite pas très loin. On se voit assez souvent. On est assez proches, avec une bonne relation. Moi, Aude, c'est comme si c'était ma sœur. Je communique vraiment beaucoup avec elle, presque tous les jours même. Puis après, avec ma belle-mère, pareil, je pense qu'on a une bonne relation. Elle, de par son expérience, elle avait une belle-mère qui était très intrusive et qui habitait avec eux. Donc en fait, elle ne veut pas du tout refaire vivre ça à ses enfants. Je pense que des fois, elle n'ose pas. Elle ne va pas venir nous embêter. Elle ne va pas venir pour prendre un café comme ça sur un coup de tête.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose que j'entends souvent. C'est un écart générationnel qui faisait qu'avant, les familles étaient encore plus proches. Et maintenant, elles respectent plus l'intimité des uns des autres.

  • Speaker #1

    Oui, je pense aussi.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que c'est pour ça que j'aborde souvent la question de la belle famille. C'est pour savoir, si toi, ça te faisait peur en te disant, je vais m'installer avec un agriculteur, donc il y aura forcément, puisque c'est une exploitation familiale, la belle famille à côté. Est-ce que tu appréhendais ça ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Non, pas spécialement. Non, non, non, pas. Alors après, est-ce qu'elle le fait encore une fois ? On était jeunes. Je pense qu'en fait, tout s'est fait tellement vite, en fait, pour nous, qu'il y a plein de choses où on ne s'est vraiment pas posé de questions, je pense.

  • Speaker #0

    OK. Vous avez donc trois enfants. Comment ça s'est passé au moment de l'arrivée des enfants par rapport à des périodes agricoles peut-être compliquées ou denses ? Quelle disponibilité a eu ton mari au moment de l'arrivée des enfants ? Comment toi, tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Pour Hortense, elle est arrivée mi-mars, dans une période où ça le fait encore. De mémoire, je crois qu'il avait pris son congé paternitaire un peu plus tard. On avait dû partir en vacances. Je n'ai plus trop de souvenirs. Sinon, après, en soi, ça s'était bien passé. Après, c'était le premier. Moi, j'étais disponible. en congé mater. Donc, en fait, j'avais qu'E.L. à m'occuper. Moi, je n'ai pas eu de difficultés particulières. Après, c'est vrai que c'était plus les grandes périodes où il n'était pas là les premières années. Bon, il faut s'y faire, en fait. Prêt à l'arrivée d'Eleonore, alors elle allait arriver en hiver. Donc c'était plus simple aussi, elle a eu cette chance-là. Après Ernest, lui il est arrivé début octobre, donc en plein dans la période des Smith-Blay. Donc j'ai accouché à 6h du matin, à 8h il était parti dans son tracteur. Il est parti bosser quoi ! Puis après c'était un troisième, donc après je pense qu'on se focalise moins là-dessus. Puis moi je ne me suis pas arrêtée non plus en fait du coup, parce que comme je quittais mon emploi... Il fallait absolument que mon entreprise marche. Donc en fait, je ne me suis pas arrêtée non plus. J'avais mon ordi avec moi à la maternité. C'était une année un peu particulière parce que je lançais la photo ici en même temps. Il y a des moments qui étaient un petit peu durs, mais après, on a survécu.

  • Speaker #0

    Comment se passe votre organisation familiale avec les trois enfants, non moins de l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Les enfants, c'est vrai que maintenant, ils grandissent. Donc en fait, il y a pas mal de choses qui évoluent. Parce qu'en fait, jusqu'ici, c'est moi qui faisais tous les tours à l'école. Maintenant, la grande est au collège. Elle prend le car le matin. En gros, je l'emmène au car. Pendant ce temps-là, les deux autres se lèvent. Je n'ai plus rien à gérer de ce niveau-là. Maintenant, ils arrivent à se débrouiller tout seuls. C'est de plus en plus facile. Comme on n'est pas dans le village, on a le droit au service avec le TitiBus. Il y a une dame qui vient les chercher le matin. Je ne fais plus de tour pour aller à l'école. La grande nouveauté depuis le début de l'année. Ça me gagne beaucoup de temps dans ma journée. Le soir ils sont... les premiers déposés. Du coup, en fait, donc à 5h moins le quart, ils sont à la maison. Après, je suis avec eux pour prendre le goûter. Et puis la grande, après, il faut que j'aille la chercher au quart. C'est toujours cette horaire-là qui est un peu plus compliquée parce que des fois, moi, je travaille aussi. Quand il y aura les robots, j'espère que ce sera plus simple parce que du coup, quand moi, je vais avoir des rendez-vous avec des clients, mon mari va pouvoir prendre le relais puisque là, pour l'instant, il ne peut pas parce qu'en fait, il est en pleine traite. Impossible. Impossible d'aider. Et puis après, mon mari, il arrive le soir. Donc, c'est moi qui m'occupe de faire les repas. Alors après, pareil, tout ça... petit à petit, ils voient aussi que moi, j'ai du boulot. Donc, en fait, il y a des fois, oui, c'est que des pattes. On fait au plus simple, au plus rapide. Et, suite à un temps, j'avais un peu plus de temps. Maintenant, c'est vrai qu'en fait, j'ai quand même de plus en plus de travail et je ne peux plus être partout autant que j'ai pu l'être il y a quelques années. OK.

  • Speaker #0

    Ça s'entend. Et du coup, par rapport à cette organisation familiale Danse avec les trois enfants plus le travail à temps compte et la vie d'un éleveur, comment est-ce que vous trouvez vos moments de couple à deux ?

  • Speaker #1

    on rentre pour manger. Moi, comme je suis à la maison, le midi, on est ensemble. Après, ce n'est pas forcément le midi, je dirais, où c'est le moment le plus sympa dans la journée. On a tous les deux notre tête dans le boulot. Mais au moins, on a ce moment-là dans la journée pour échanger sur toute l'intendance, on va dire, de la maison. Là, on va repartir dans des travaux, par exemple. Donc, c'est à ce moment-là, en fait, où on va échanger sur les devis, par exemple, et autres. Parce que le soir, avec les enfants, c'est un peu plus compliqué. Et puis après, sinon, on essaye, on va dire au moment des anniversaires, anniversaire de mariage, de rencontre, etc. On essaye de se forcer un petit peu, puis d'aller se faire un resto. Une fois tous les deux ans, on va dire à peu près. On essaye de partir trois jours, trois, quatre jours tous les deux. On est partis début décembre à Lisbonne pendant trois jours. C'est mon père qui a zéré les enfants. Il faut tout, parce que c'est ça qui n'est pas évident, en plus avec l'école et tout. Mais ça fait du bien d'être trois jours. Alors moi, pour ma part, de ne pas avoir justement toute la maison à zérer et les enfants. Et puis on se retrouve dans un contexte différent. Je pense que c'est important de s'obliger à le faire.

  • Speaker #0

    Et de se retrouver aussi un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    En famille, tous les cinq, vous partez un peu en vacances ?

  • Speaker #1

    Oui, alors après on est plus, on va dire week-end. Après encore une fois, comme il y a un week-end sur deux, c'est un peu plus simple. J'essaye moi pendant les vacances scolaires d'avril et d'octobre. Alors, ce n'est pas systématique, mais j'essaye en tout cas. Je réserve un petit Airbnb dans des coins divers et variés, mais pas trop loin non plus. Le dernier qu'on a fait, par exemple, on a été visiter les châteaux de la Loire. Du coup, le truc cool, c'est que j'ai réservé, on a dormi sur une cabane sur l'eau, sur les bateaux en bois. Un petit truc sympa. Oui, franchement. Sinon, l'été, alors du coup, on a tous les deux notre pleine saison en même temps. Donc, c'est toujours un peu compliqué. On n'arrive pas à nous-mêmes si on essaye de prendre une semaine. C'est toujours super compliqué. On n'est pas pleinement dans nos vacances. On essaye de faire tout simple. On va en Suisse, en fait, voir la famille. Comme ça, ça se planifie un peu à la dernière minute. Il y a des changements de date. Puis les enfants, ils adorent aller là-bas. Ils retrouvent leurs parrains. Enfin, voilà, c'est tout simple, mais ça marche bien.

  • Speaker #0

    Trop chouette, ça marche. Autour de vous, est-ce que tu parlais de ta belle-sœur et puis de tes beaux-parents ? Au-delà de la famille, est-ce que vous avez des amis dans le coin ? Est-ce que vous êtes bien entouré ? Ou est-ce que parfois tu te sens un peu isolé ? Comment est-ce que tu qualifierais votre vie sociale ?

  • Speaker #1

    Moi, je dirais que depuis que je me suis lancée dans la photo, alors autant j'adore mon métier, tout ça, c'est génial. Mais du coup, je retravaille les samedis. J'ai l'impression qu'on fait moins de choses socialement avec les copains. Après, pareil, il y en a aussi qui sont aussi lancés dans leurs entreprises et tout. Donc, je pense qu'on est tous un peu la tête dans le guidon. Voilà, c'est le petit point négatif. Sinon, au niveau famille, ma mère, elle a une heure de route, puis elle bosse encore. Donc, ce n'est pas forcément évident. Je ne vais pas aller la voir sur un coup de... de tête. Mon père maintenant il habite en Bretagne à trois heures de route, pareil. Mais par contre, ce que je vais faire c'est que pendant les vacances scolaires, puis moi j'ai l'avantage de pouvoir bosser à distance. Mettons le samedi j'ai un mariage, en fait le lundi, mardi, mercredi suivant je vais pas prendre de séance et puis je peux aller bosser en fait en étant ailleurs. Donc j'essaye pendant les vacances scolaires d'y aller quoi. Et même s'il n'est pas là, parce que pareil, ça en fait autant avec les filles Je pense que j'étais dans l'optique, on est une famille, dès qu'on doit faire un truc, on doit être tous les cinq. Et puis, je pense que j'ai changé mon fusil d'épaule quand j'ai eu Ernest, je pense, je ne sais pas, à la trentaine, enfin bref. Et du coup, je me suis dit, en fait, il faut que je fasse ma vie. Ils sont là maintenant, les enfants, il faut que j'arrête d'attendre Grégoire qui n'est jamais là, ou très peu. Maintenant, si j'ai envie d'aller faire quelque chose, je vais y aller, je ne vais plus forcément l'attendre. Et puis, c'est beaucoup plus simple depuis que j'ai cette vision-là. Et même pour les enfants, parce que c'est bien aussi qu'ils aillent voir autre chose. il n'y a pas que que la ferme. Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    tes enfants, par rapport à l'exploitation, ça leur arrive d'y aller ? Est-ce que certains sont piqués et ont des attentes derrière ?

  • Speaker #1

    Attente, non. Alors, si on va leur demander, ils vont me dire oui, mais je pense qu'ils ne savent pas vraiment ce que ça représente encore à leur âge. Après, s'ils y vont des fois le soir, ils les emmènent pour faire la traite. Si, si, ils aiment bien y aller. Ils ont leur cote et tout. Enfin bref, ils aiment bien. Après, j'ai la grande qui aime beaucoup les animaux. Elle, on voit, ça se sent en fait. Elle a ce truc de l'éleveur. Elle a l'œil. Les animaux, ça se ressent. Elle a vraiment ce petit truc en plus. On a un âne à la maison qu'on a eu depuis le printemps. C'est elle qui s'en occupe quasiment toute seule. Elle a son lapin à la maison. C'est pareil. Les poules aussi. Elle adore s'occuper des poules. Donc du coup, est-ce qu'elle reprendra la ferme ? Je n'ai aucune idée. Parce qu'après, elle est très sensible aussi. Du coup, je ne sais pas si...

  • Speaker #0

    Certains aspects du métier seraient compatibles.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça. Puis bon, ils sont jeunes encore. On pourrait dire, Ernest, le dernier, qui est un garçon. Bon, il aime bien, mais je ne sais pas. Je pense qu'il ne se pose pas du tout de questions.

  • Speaker #0

    Vous verrez bien. Oui,

  • Speaker #1

    voilà, c'est ça. Après, il aime bien aussi les bateaux. Chez Papy, en Bretagne, il aime bien. Donc, aucune idée. Après, on ne se fait pas du tout de fixettes là-dessus. Le but, ce n'est pas notre but qu'ils reprennent la ferme. Le but, c'est qu'ils fassent quelque chose qu'ils aiment.

  • Speaker #0

    Oui, ça marche. Pour conclure cet échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il faut savoir s'adapter. Il faut être indépendante. Je pense que si on attend toujours sur son conjoint, pour x et y raisons, c'est pour ça que je me dis, depuis que j'ai eu Ernest, c'est beaucoup plus simple. En fait, je me suis mis des règles. Même le soir, par exemple, pour manger, je veux dire, si à une certaine heure, il n'est pas arrivé, on ne l'attend plus, en fait. C'est qu'il y a quelque chose et tout, et on se dit, de toute façon, il arrivera. et vivre au jour le jour aussi un peu et puis pas se tracer des plannings trop nickels et puis on s'adapte, savoir s'adapter quoi.

  • Speaker #0

    Et enfin, qu'est-ce qui selon toi t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur ?

  • Speaker #1

    Déjà je pense que notre lieu de vie déjà, c'est quand même assez exceptionnel, je pense que tout le monde n'a pas ça. On vit au milieu de la nature quoi, le matin on va ouvrir la fenêtre, on va voir des chevaux y passer. J'ai pas vécu ça quand j'étais jeune, je savoure tout ça. puis après le fait d'avoir quelqu'un qui est très autonome aussi qui est capable de tout faire ils sont bricoleurs, ils savent tout gérer s'il y a besoin de construire un enclos avec du bois ou n'importe ils savent gérer, ils vont s'occuper de la voiture aussi mécanique, ils font de tout malgré que nous quand même en tant que femmes il faut quand même qu'on sache se débrouiller pour beaucoup de choses parce qu'on ne peut pas toujours compter sur eux mais en même temps quand ils prennent le temps ils savent leur donner ça marche,

  • Speaker #0

    merci beaucoup pour cet échange

  • Speaker #1

    De rien, j'espère que j'ai été assez claire. Ce n'est pas toujours évident de mettre des mots, on ne se pose pas toujours ces questions, d'ailleurs nous-mêmes, alors ce n'est pas évident.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie, ou au contraire sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

Angéline a grandi au milieu des fleurs auprès de ses parents. 🌻

Elle est désormais graphiste et photographe professionnelle. 📸

Elle est mariée à un éleveur laitier depuis plus de 15 ans et ils ont ensemble 3 enfants. 🐮

Depuis la frontière entre la Maine et Loire et la Mayenne, elle témoigne de sa vie bien rythmée. 🧑‍🌾


Nous discuterons ensemble des joies et difficultés à partager la vie d'un agriculteur. Nous aborderons la vie de couple et de famille à la campagne rythmée par les bonheurs mais aussi les contraintes de l'agriculture.

Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Pour cet épisode, j'ai la chance de discuter avec Angéline. Nous venons de nous découvrir toutes les deux, mais peux-tu brièvement te présenter ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est Angéline. J'ai bientôt 38 ans. Je suis mariée depuis bientôt 15 ans. avec trois enfants. La plus grande, elle a bientôt 13 et le dernier, il a 7 ans. Je suis photographe. Aussi, on peut nommer ça graphiste. Je fais beaucoup de choses pour les mariages, faire part à beaucoup de papeteries. Mon mari est agriculteur.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter brièvement l'exploitation de ton mari ?

  • Speaker #1

    C'est une SCEA basée en Nord-Ménéloire. Nord-Ménéloire, nous, on habite sur une Mayenne. Il y a 200 mètres d'écart, mais on n'est pas sur le même département. Alors, ils sont à trois. 3 avec en plus un salarié et un apprenti. Il y a 300 hectares du coup. Ils font du lait avec de la prime Holstein classique on va dire. Après ils font les taurillons. Tous les naissants en fait ils vont les garder jusqu'au bout quoi. Donc quand c'est un mâle ils ne vont pas le vendre en fait. Ils le gardent pour faire du taurillon. Donc ils ont 170 vaches à traire, 35 taris, 150 taurillons. Et après les petites génisses pour le renouvellement il y en a 160. Il y a un peu de taf.

  • Speaker #0

    Oui il y a de quoi être occupé.

  • Speaker #1

    Voilà c'est ça. Historiquement c'est mon beau-père. Pour l'histoire ils sont pas français, ils sont suisses. Ils sont arrivés sur l'exploitation en 2000. Pourquoi ? Parce qu'en fait là-bas ils avaient plein de soucis, ils n'arrivaient pas à se développer. Donc ils ont trouvé cette petite ferme-là. Donc en 2000 mon beau-père reprend la ferme. Nous on s'est mariés en 2010 et je crois que c'est dans ces moments-là où il y a eu Stéphane qui a inséré le GAEC. Donc c'est un GAEC à l'époque. Ma belle-mère était dedans aussi d'ailleurs. Ensuite... Mon mari est arrivé aussi. Alors nous, pour l'histoire, on a dû reprendre une petite ferme à l'extérieur. Il ne s'est pas mis dans le GAEC tout de suite. Il a dû, parce que du coup, comme nous, on est en Mayenne, il ne pouvait pas directement s'installer dans la ferme. Il s'est installé pendant deux ans tout seul. Et ensuite, il a inséré le GAEC en 2012. Et quelques années plus tard, il y a un associé qui est parti et il y en a un autre qui a remplacé. Et en fait, là, c'est Laurent, un copain qui était dans notre classe quand on était à l'école. Donc on a tous à peu près le même âge, donc c'est cool. Avec des enfants du même âge aussi, donc c'est très drôle. Ça, c'est un petit peu l'historique. Après, ils fonctionnent en... Ils font la traite. Ils ont un roto. Et là, on a un projet de changer avec des robots pour avoir plus de fluidité. Parce que c'est vrai que du coup, comme il n'y a pas loin de 200 vaches à traire, c'est long. Ça prend plus de deux heures le matin, plus de deux heures le soir. Alors après, l'avantage d'être à plusieurs, ils font par binôme. Donc en fait, ceux qui font le matin, ils ne vont pas faire le soir, par exemple. Après l'avantage aussi du coup d'être en SCEA c'est qu'ils sont plusieurs donc en fait on a nos week-ends, enfin un week-end sur deux exactement. Donc c'est quand même assez confortable, je pense que dans ce milieu-là tout le monde n'a pas cette chance-là.

  • Speaker #0

    C'est plus d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Ouais voilà, donc après même si au quotidien on aimerait bien des fois en avoir un peu plus, je pense que c'est déjà pas mal. Donc nous on vit pas sur le lieu de la ferme, d'ailleurs mes beaux-parents sont partis en retraite et donc du coup maintenant ils sont dans le village. Donc en fait plus de personnes qui travaillent dans la ferme qui habitent sur le site, mais ça se fait quand même. Rires On n'habite pas à 50 km, donc c'est quand même assez gérable. Mais ce qui fait que la particularité, après, c'est plus pour moi, c'est que du coup, je suis vraiment 100% toute seule quand je suis à la maison.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Parce qu'après, moi, je travaille. En fait, ce n'est pas très compliqué. On a un bâtiment qui est à côté de la maison, qui était la salle de traite avant, et qu'on a rénové en atelier. Donc le rez-de-chaussée, c'est mon atelier. Et au-dessus, c'est mon studio. Donc c'est resté un bâtiment de travail. Ça a juste un petit peu changé de fonction entre-temps. Je suis quasiment tout le temps à la maison quand même.

  • Speaker #0

    Ouais, trop chouette. Et en plus, tu as la place d'avoir ton espace à toi pour t'épanouir professionnellement aussi sur le lieu. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et puis du coup, l'avantage aussi, étant photographe, il faut avoir des spots. Au lieu d'avoir à me déplacer, d'aller chercher des parcs, des lieux et tout, moi j'ai tout chez moi. Donc en fait, ça me permet d'avoir adapté ces spots-là. Je propose des petites choses. Alors c'est tout simple parce qu'après, ça reste très nature quand même. Mais j'ai des balançoires, par exemple, sous les arbres. Très nature, très brut, avec des branches. et je connais mes spots par cœur du coup. Et c'est vrai que c'est un gros avantage du coup pour moi, ça me permet le samedi d'enchaîner les séances tout en ayant les enfants faits à la maison. Bon après ils grandissent aussi, donc ils deviennent de plus en plus autonomes, donc ça me permet ça, avant c'était un peu plus compliqué. C'est un gros gros avantage. Ok,

  • Speaker #0

    je comprends. Pour parler un peu plus de toi maintenant, qu'on ait une visu du contexte, d'où est-ce que tu viens initialement et est-ce que tu viens d'un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors moi, initialement, je me destinais dans l'horticulture. Moi, j'ai des parents qui sont passionnés, mais vraiment passionnés de fou dans tout ce qui est plantes, la nature. Mon père, du coup, il était paysagiste, il était à son compte. Ma mère, elle travaillait dans le bureau, en fait, un truc assez classique quand on travaille en couple. Donc moi je me suis orientée, je voulais faire du coup tout ce qui était plus production en pépinière. Donc c'est pour ça du coup que j'ai fait une école agricole, donc j'ai fait un bac TSP et c'est là du coup qu'on s'est rencontré, on était dans la même classe. Suite à ça j'ai fait un BTS horticole en alternance, donc du coup je bossais, j'étais déjà dans le monde du travail on va dire. J'étais en pépinière dans une grosse boîte et puis une fois que j'ai fini mon BTS, en fait avec mes parents on avait un projet de lancer une jardinerie et de vendre en fait les plantes qu'on produisait nous-mêmes. Ça s'est lancé dans la foulée. Cette jardinerie, c'était un peu autant mon bébé que ceux de mes parents. Je m'y ai donné corps et âme, on va dire. Donc du coup, dès que j'ai fini mon PTS, j'ai inséré l'entreprise familiale et on a monté cette fameuse jardinerie. C'était vraiment, à l'époque, on va dire, une très belle expérience professionnelle parce que du coup, j'ai appris beaucoup de choses. Je n'ai pas fait que de la vente. Il y avait vraiment tout. J'étais autant dans les bureaux que dans la production. On faisait aussi des fleurs. coupés, on vendait vraiment toutes sortes de choses, c'était la petite jardinerie de campagne, puis en plus on avait des clients réguliers donc c'était assez sympa du coup cette jardinerie elle était située à peu près une heure de route de là où on habite donc du coup ça a vite été un frein quand on a des enfants, donc nous en fait on s'est mariés en 2010 c'est au mois de mai, au mois de juillet mon mari du coup il s'installait donc on reprenait la petite ferme avec une maison où il y avait tout à refaire on pouvait vraiment pas y vivre Un an de travaux très conséquents. Dès qu'on est arrivé dans la maison, c'est là où je suis tombée enceinte. C'était tout de suite, direct. Je pense qu'en fait, d'avoir passé deux ans avec des gros projets à jamais m'arrêter, puis à l'époque, on avait 23-25 ans, donc on était jeunes. Je m'ennuyais, en fait, à la maison. Et c'est là que je me suis amusée à faire des petites bidouilles en papier. Je vendais ça, en fait, sur des sites internet qui n'existent plus aujourd'hui. Ça a vite marché et je me suis vite rendue compte que... qui avait un petit potentiel là-dedans, puis ça me plaisait bien. Donc je me suis dit, après tout, ça pourrait être cool de développer un peu, et puis comme ça, la jardinerie, j'y ferai un petit peu moins, puis je serai plus présente à la maison.

  • Speaker #0

    Quand tu parles de bidouille, c'est de la papeterie, ou c'est ce que tu disais, un peu du graphisme, faire part, etc., c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors oui, bidouille, parce qu'en fait, si je dis vraiment ce que je faisais au début, c'était des petites étiquettes. Il n'y a rien de fou. Et puis, je ne sais pas, ça a pris une ampleur assez rapidement, et puis après, les gens m'ont demandé, part sur le même thème. Et puis en fait, de fil en aiguille, j'ai commencé à faire plein de choses en fait. Et puis ça, c'était vraiment le tout début. Après, on a eu notre deuxième trois ans plus tard. Et puis c'est là où je me suis dit, bon allez, avec un deuxième qui allait arriver, aller à la jardinerie en fait tous les jours de la semaine, ça devenait quand même vraiment compliqué. Et là, je me suis dit, bon allez, je prends un congé parental pour essayer vraiment de développer moi, mon entreprise à moi pour pouvoir être autonome à la maison. Donc là, c'était vraiment parti. Après, deux ans plus tard, on a eu Ernest, le dernier. Donc là, j'avais 30 ans à peu près. Et alors, il faut savoir aussi que dans le laps de temps, j'ai mes parents qui ont divorcé. Donc travailler comme ça, c'était devenu un peu compliqué pour moi. Enfin, je n'avais plus forcément ce plaisir d'aller là-bas. Le fait de voir aussi que j'avais un potentiel, moi, à développer toute seule mon truc, vraiment, ça me plaisait. Donc je me suis dit, allez, il faut aller là, quoi. J'arrivais à peu près. près à 30 ans, je me suis dit, bon bah c'est cool de faire la papeterie, c'est quelque chose qui me plaît, j'aime bien, ça fonctionne, mais j'ai jamais rêvé en fait de faire ça. Et je voyais qu'il y avait un petit truc en fait avec la photo. Il y a quelque chose là-dedans, j'arrive pas à explorer, en fait je suis bridée, il y a quelque chose que... Il y a un truc à faire. Je me suis dit, bon allez, puis mon mari m'a bien soutenue aussi là-dessus. J'ai fait une petite formation à distance. J'ai acheté un appareil photo qui était quand même mieux, qui m'a permis vraiment de me lancer. Et puis après, j'ai fait, j'ai fait, j'ai fait l'avantage d'avoir les enfants, du coup c'était hyper pratique. Et voilà, c'est ce qui fait que j'en arrive là aujourd'hui. Donc en fait, aujourd'hui, je suis principalement photographe et la papeterie, c'est en second plan.

  • Speaker #0

    Ok. Donc photographe à domicile, tu disais, dans les locaux que tu as créés sur l'exploitation.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu fais un peu d'événements ? Oui, après le gros de mon travail, ça reste quand même les mariages. Donc effectivement, les mariages, c'est le samedi. Donc on reprend un peu la problématique du début avec les samedis. Entre-temps, les enfants, ils ont aussi grandi. La grande, elle a bientôt 13. Ernest, il a 7 ans. Donc en fait, ils deviennent de plus en plus autonomes. Quand j'ai des mariages pas très très loin, le matin, ils peuvent rester tout seuls. Après, le week-end, mon mari, il vient pour manger vers 9h. Il repart après pour faire l'alimentation. Il revient vers midi. Et après, il y repart vers 16h. Donc en fait, ils ont des laps de temps où ils sont tout seuls. Mais bon, après, ils arrivent à nous appeler en fait s'il y a quelque chose. Comme on a un week-end sur deux, il y a quand même des samedis où il gère. Je trouve ça cool parce que ça fait aussi des journées où il est tout seul avec les enfants. Chose qu'avant, il ne faisait jamais. Même pour les enfants, en fait, comme ça, ils passent du temps tout seuls avec leur père. Donc il n'y a pas que moi. Je trouve ça quand même sympa. Oui. Et puis voilà, les choses, on va voir comment ça va évoluer en fait.

  • Speaker #0

    Du coup, ça permet à ton mari de créer un lien privilégié qui n'est pas forcément évident dans un contexte à l'école avec les enfants, tant qu'on peut leur accorder.

  • Speaker #1

    Après ça, il y a beaucoup de gens qui me disent, ce n'est pas un peu contraignant, les mariages de samedi, tu n'es pas avec tes enfants. En fait, pour moi, c'est aussi un peu une bulle d'air parce que finalement, c'est moi qui gère tout à la maison. Donc ça me fait des journées aussi où... Ce n'est pas là où je vais m'occuper de moi, évidemment, ça reste du travail. Mais je n'ai pas la maison et je n'ai pas les enfants à gérer. En tout cas, pour l'instant, ça me convient.

  • Speaker #0

    Vous n'êtes pas loin de l'exploitation. Non. Est-ce que ça t'arrive d'aller filer un coup de main de temps en temps, d'y aller par plaisir ou ne serait-ce que pour le voir ?

  • Speaker #1

    Alors, un coup de main, non. Clairement, il y a assez de monde là-bas. Et puis, c'est pareil, en fait, comme c'est quand même une grande exploitation, la traite, ça dure deux heures, deux heures et demie. Puis, c'est assez technique. autant quand il était installé les deux premières années où il était là où on habite sur la fin j'étais presque autonome à faire la traite je lui donnais facilement un coup de main j'ai vraiment lâché parce qu'après j'ai eu les enfants et du coup non si alors à la maison on a des génisses parce que du coup on a un bâtiment donc on a quand même quelques bêtes donc ça peut arriver de temps en temps c'est succinct quoi c'est anecdotique mais après si on y va de temps en temps plus au bout jour quand le chien Voilà, ça nous fait une balade. Je ne vais pas y aller toutes les semaines. Quoiqu'après, on essaye de faire le dimanche matin. Le week-end où il travaille, il ne rentre pas pour pouvoir être à la maison vers midi. Parce qu'en fait, sinon, il rentre trop tard et puis ça ne lui fait pas de pause. Le dimanche, il se lève à 4 heures et puis il a du boulot jusqu'à midi. Donc, tout le monde se lève et puis on va à la boulangerie et puis on amène le petit-déj là-bas.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est sympa aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Il faut que j'essaye de garder l'habitude, parce que je trouve ça sympa, comme ça on fait un petit tour de la ferme.

  • Speaker #0

    Donc si j'ai bien compris, ton évolution professionnelle, elle s'est aussi faite, entre guillemets, avec des barrières géographiques liées à l'exploitation de ton mari ?

  • Speaker #1

    Bah oui, clairement, moi j'ai vraiment un peu cette impression-là aussi. Enfin, moi, mes choix se sont faits un peu en fonction de la ferme.

  • Speaker #0

    Ouais, mais sans pour autant faire des sacrifices, finalement, c'est juste que t'as redéfini tes envies et ce que tu voulais faire, non ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est ça. Puis bon, après, à 23 ans, on n'est pas très vieux non plus. Aujourd'hui, il y a des changements de carrière, il y en a plein. Puis je pense qu'à l'époque, j'ai vécu dans un contexte où faire un travail artistique, ce n'était pas forcément un métier. En fait, moi, ce qui me plaisait aussi beaucoup quand j'étais jeune, c'était de faire fleuriste. C'est un truc qui m'aurait beaucoup plu. En fait, mon père, comme il avait un pied dans l'horticulture, il avait un copain qui produisait des roses. Donc j'avais été faire des stages là-bas. Et à chaque fois, quand on allait livrer les roses chez les fleuristes, tout le monde me disait « mais il ne faut pas faire ça, il ne faut pas faire ça, tu ne gagneras jamais ta vie » et tout. Donc en fait, à force de l'avoir entendu, mine de rien, je me suis dit « je ne vais pas m'orienter là-dedans, ce n'est pas possible » . C'est pour ça qu'en fait, finalement, c'est vraiment des années plus tard que je me suis dit « et pourquoi pas ? » .

  • Speaker #0

    Je comprends. Mais du coup, ton lien avec les fleurs, le contexte dans lequel tu as grandi, est-ce que tu souhaitais, toi, te rapprocher de l'exploitation et puis de tout ça, de t'installer avec ton... conjoint. Est-ce que tu t'es pas dit est-ce que je ferais pas des fleurs sur l'exploitation ? Est-ce que c'est une question que tu t'es posée ?

  • Speaker #1

    Alors, à un moment, peut-être, oui, je me suis dit pourquoi pas. Mais en fait, je sais pas comment je peux dire, tout s'est fait tellement petit à petit, on va dire. Donc, en fait, pendant 4 ans, j'étais plus à 100% là-bas, mais j'avais encore un pied dedans un petit peu. Puis c'était quand même toujours quelque chose qui me plaisait, malgré tout. Après, encore aujourd'hui, je pourrais si je voudrais, surtout qu'en plus, là, ils sont en train de monter une méta. Donc en fait, je pourrais construire une serre, chauffer toute l'année et produire des trucs, puis repartir dans du maraîchage. Mais après, non, je ne me vois pas du tout aujourd'hui repartir là-dedans. Puis ce que j'ai construit, ça m'embête vraiment de l'arrêter. Et puis en fait, je trouve qu'aussi, c'est assez complémentaire entre nos deux métiers. Je crois que j'aime beaucoup finalement ce qui est artistique. Et ce n'est pas pour autant que je ne suis plus dans les plantes et tout ça, mais je le fais de manière différente aujourd'hui. Je le vois plutôt comme ça.

  • Speaker #0

    Je comprends bien. Puis vous avez aussi trouvé votre équilibre.

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il y a ça aussi. Cette année, par exemple, en mariage, j'ai eu deux couples d'agriculteurs. J'ai été faire leur séance d'after à la ferme. J'adore. C'est dans ce que je préfère faire, en fait. Donc, je sais que je suis dans mon univers à ma façon, on va dire.

  • Speaker #0

    Maintenant qu'on te connaît un peu mieux, on va discuter ensemble de ta vie de couple et de famille. Donc, tu nous as dit que tu avais rencontré ton mari lors de vos études. Quels ont été tes premiers ressentis sur le fait que celui-ci souhaitait être agriculteur ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, je ne sais même plus. Il faut savoir que j'arrivais, j'étais considérée comme de la ville. Je n'habitais pas dans une grande ville, mais à côté en lotissement. Quand je suis arrivée dans l'école d'agriculture, où il n'y avait que des agriculteurs, Je pense que j'ai appris à encaisser l'info au fur et à mesure du temps, je ne sais pas. Mais ce n'était pas forcément évident parce qu'on n'était pas beaucoup de filles dans la classe. Mais c'était sympa, c'est vraiment des années que j'ai beaucoup aimées. Et justement, avant, quand j'étais au collège, c'était très compliqué pour moi ces années-là. Et je pense qu'avec le recul, je n'étais pas du tout dans l'environnement qui était fait pour moi. Et le jour où je suis arrivée dans cette école, mes notes se sont mises à monter. Sans rien faire de plus, mais je pense que j'étais simplement avec des gens qui me représentaient.

  • Speaker #0

    Vous n'habitez pas sur l'exploitation. Est-ce que c'est un choix ? Est-ce que c'est prévu pour plus tard ? Tu parlais du fait que tes parents y habitaient. Est-ce que vous pensez un jour prendre cette place-là ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Pour plusieurs raisons, non, pas du tout. Parce que moi, j'aime beaucoup ma maison. On fait énormément de choses. C'est une petite ferme chez nous, mais qu'on a refait à notre image. Moi, j'aime les plantes de base. à ce que l'on aime. Ma première passion, il y a tout un jardin tout autour. La maison à la ferme, elle est très sympa aussi, mais par exemple, il n'y a même pas de gazon. Donc moi, je ne pourrais pas vivre en sortant et avoir que des bâtiments. Non, j'ai besoin de chez moi, de ce que j'ai construit, de mon petit univers un peu bucolique, si je peux dire un peu. C'est un peu ça, en fait, chez nous, du coup. Non, puis après, je trouve que c'est très bien aussi, les week-ends où ils ne travaillent pas, on est chez nous. On n'est plus à la ferme, quoi. Ça permet de couper. Je comprends complètement.

  • Speaker #0

    Et vous habitez loin de l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Non, alors on n'est pas sur le même département, mais à vol d'oiseau, il y a les 300 mètres, on va dire. Ah oui ? Mais non, ce n'est pas loin. Des fois, on entend les machines.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    ok. Non, non, c'est tout près.

  • Speaker #0

    Toi, vivre à la campagne, ça a toujours été un choix ?

  • Speaker #1

    Moi, non, je ne me voyais pas du tout vivre en ville. Pas du tout. C'est pour ça que quand je suis chez moi, on est un peu dans une bulle, on va dire.

  • Speaker #0

    Ok, ok. Tu parlais donc de ta belle famille qui est du coup géographiquement ? proches. Quels sont tes rapports avec elles ?

  • Speaker #1

    On a de très bons rapports. Mes beaux-parents, comme je l'ai dit tout à l'heure, ils sont suisses. Il n'y a que mes beaux-parents et mes belles-sœurs. Il y en a une qui est à Paris et l'autre qui n'habite pas très loin. On se voit assez souvent. On est assez proches, avec une bonne relation. Moi, Aude, c'est comme si c'était ma sœur. Je communique vraiment beaucoup avec elle, presque tous les jours même. Puis après, avec ma belle-mère, pareil, je pense qu'on a une bonne relation. Elle, de par son expérience, elle avait une belle-mère qui était très intrusive et qui habitait avec eux. Donc en fait, elle ne veut pas du tout refaire vivre ça à ses enfants. Je pense que des fois, elle n'ose pas. Elle ne va pas venir nous embêter. Elle ne va pas venir pour prendre un café comme ça sur un coup de tête.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose que j'entends souvent. C'est un écart générationnel qui faisait qu'avant, les familles étaient encore plus proches. Et maintenant, elles respectent plus l'intimité des uns des autres.

  • Speaker #1

    Oui, je pense aussi.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que c'est pour ça que j'aborde souvent la question de la belle famille. C'est pour savoir, si toi, ça te faisait peur en te disant, je vais m'installer avec un agriculteur, donc il y aura forcément, puisque c'est une exploitation familiale, la belle famille à côté. Est-ce que tu appréhendais ça ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Non, pas spécialement. Non, non, non, pas. Alors après, est-ce qu'elle le fait encore une fois ? On était jeunes. Je pense qu'en fait, tout s'est fait tellement vite, en fait, pour nous, qu'il y a plein de choses où on ne s'est vraiment pas posé de questions, je pense.

  • Speaker #0

    OK. Vous avez donc trois enfants. Comment ça s'est passé au moment de l'arrivée des enfants par rapport à des périodes agricoles peut-être compliquées ou denses ? Quelle disponibilité a eu ton mari au moment de l'arrivée des enfants ? Comment toi, tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Pour Hortense, elle est arrivée mi-mars, dans une période où ça le fait encore. De mémoire, je crois qu'il avait pris son congé paternitaire un peu plus tard. On avait dû partir en vacances. Je n'ai plus trop de souvenirs. Sinon, après, en soi, ça s'était bien passé. Après, c'était le premier. Moi, j'étais disponible. en congé mater. Donc, en fait, j'avais qu'E.L. à m'occuper. Moi, je n'ai pas eu de difficultés particulières. Après, c'est vrai que c'était plus les grandes périodes où il n'était pas là les premières années. Bon, il faut s'y faire, en fait. Prêt à l'arrivée d'Eleonore, alors elle allait arriver en hiver. Donc c'était plus simple aussi, elle a eu cette chance-là. Après Ernest, lui il est arrivé début octobre, donc en plein dans la période des Smith-Blay. Donc j'ai accouché à 6h du matin, à 8h il était parti dans son tracteur. Il est parti bosser quoi ! Puis après c'était un troisième, donc après je pense qu'on se focalise moins là-dessus. Puis moi je ne me suis pas arrêtée non plus en fait du coup, parce que comme je quittais mon emploi... Il fallait absolument que mon entreprise marche. Donc en fait, je ne me suis pas arrêtée non plus. J'avais mon ordi avec moi à la maternité. C'était une année un peu particulière parce que je lançais la photo ici en même temps. Il y a des moments qui étaient un petit peu durs, mais après, on a survécu.

  • Speaker #0

    Comment se passe votre organisation familiale avec les trois enfants, non moins de l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Les enfants, c'est vrai que maintenant, ils grandissent. Donc en fait, il y a pas mal de choses qui évoluent. Parce qu'en fait, jusqu'ici, c'est moi qui faisais tous les tours à l'école. Maintenant, la grande est au collège. Elle prend le car le matin. En gros, je l'emmène au car. Pendant ce temps-là, les deux autres se lèvent. Je n'ai plus rien à gérer de ce niveau-là. Maintenant, ils arrivent à se débrouiller tout seuls. C'est de plus en plus facile. Comme on n'est pas dans le village, on a le droit au service avec le TitiBus. Il y a une dame qui vient les chercher le matin. Je ne fais plus de tour pour aller à l'école. La grande nouveauté depuis le début de l'année. Ça me gagne beaucoup de temps dans ma journée. Le soir ils sont... les premiers déposés. Du coup, en fait, donc à 5h moins le quart, ils sont à la maison. Après, je suis avec eux pour prendre le goûter. Et puis la grande, après, il faut que j'aille la chercher au quart. C'est toujours cette horaire-là qui est un peu plus compliquée parce que des fois, moi, je travaille aussi. Quand il y aura les robots, j'espère que ce sera plus simple parce que du coup, quand moi, je vais avoir des rendez-vous avec des clients, mon mari va pouvoir prendre le relais puisque là, pour l'instant, il ne peut pas parce qu'en fait, il est en pleine traite. Impossible. Impossible d'aider. Et puis après, mon mari, il arrive le soir. Donc, c'est moi qui m'occupe de faire les repas. Alors après, pareil, tout ça... petit à petit, ils voient aussi que moi, j'ai du boulot. Donc, en fait, il y a des fois, oui, c'est que des pattes. On fait au plus simple, au plus rapide. Et, suite à un temps, j'avais un peu plus de temps. Maintenant, c'est vrai qu'en fait, j'ai quand même de plus en plus de travail et je ne peux plus être partout autant que j'ai pu l'être il y a quelques années. OK.

  • Speaker #0

    Ça s'entend. Et du coup, par rapport à cette organisation familiale Danse avec les trois enfants plus le travail à temps compte et la vie d'un éleveur, comment est-ce que vous trouvez vos moments de couple à deux ?

  • Speaker #1

    on rentre pour manger. Moi, comme je suis à la maison, le midi, on est ensemble. Après, ce n'est pas forcément le midi, je dirais, où c'est le moment le plus sympa dans la journée. On a tous les deux notre tête dans le boulot. Mais au moins, on a ce moment-là dans la journée pour échanger sur toute l'intendance, on va dire, de la maison. Là, on va repartir dans des travaux, par exemple. Donc, c'est à ce moment-là, en fait, où on va échanger sur les devis, par exemple, et autres. Parce que le soir, avec les enfants, c'est un peu plus compliqué. Et puis après, sinon, on essaye, on va dire au moment des anniversaires, anniversaire de mariage, de rencontre, etc. On essaye de se forcer un petit peu, puis d'aller se faire un resto. Une fois tous les deux ans, on va dire à peu près. On essaye de partir trois jours, trois, quatre jours tous les deux. On est partis début décembre à Lisbonne pendant trois jours. C'est mon père qui a zéré les enfants. Il faut tout, parce que c'est ça qui n'est pas évident, en plus avec l'école et tout. Mais ça fait du bien d'être trois jours. Alors moi, pour ma part, de ne pas avoir justement toute la maison à zérer et les enfants. Et puis on se retrouve dans un contexte différent. Je pense que c'est important de s'obliger à le faire.

  • Speaker #0

    Et de se retrouver aussi un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    En famille, tous les cinq, vous partez un peu en vacances ?

  • Speaker #1

    Oui, alors après on est plus, on va dire week-end. Après encore une fois, comme il y a un week-end sur deux, c'est un peu plus simple. J'essaye moi pendant les vacances scolaires d'avril et d'octobre. Alors, ce n'est pas systématique, mais j'essaye en tout cas. Je réserve un petit Airbnb dans des coins divers et variés, mais pas trop loin non plus. Le dernier qu'on a fait, par exemple, on a été visiter les châteaux de la Loire. Du coup, le truc cool, c'est que j'ai réservé, on a dormi sur une cabane sur l'eau, sur les bateaux en bois. Un petit truc sympa. Oui, franchement. Sinon, l'été, alors du coup, on a tous les deux notre pleine saison en même temps. Donc, c'est toujours un peu compliqué. On n'arrive pas à nous-mêmes si on essaye de prendre une semaine. C'est toujours super compliqué. On n'est pas pleinement dans nos vacances. On essaye de faire tout simple. On va en Suisse, en fait, voir la famille. Comme ça, ça se planifie un peu à la dernière minute. Il y a des changements de date. Puis les enfants, ils adorent aller là-bas. Ils retrouvent leurs parrains. Enfin, voilà, c'est tout simple, mais ça marche bien.

  • Speaker #0

    Trop chouette, ça marche. Autour de vous, est-ce que tu parlais de ta belle-sœur et puis de tes beaux-parents ? Au-delà de la famille, est-ce que vous avez des amis dans le coin ? Est-ce que vous êtes bien entouré ? Ou est-ce que parfois tu te sens un peu isolé ? Comment est-ce que tu qualifierais votre vie sociale ?

  • Speaker #1

    Moi, je dirais que depuis que je me suis lancée dans la photo, alors autant j'adore mon métier, tout ça, c'est génial. Mais du coup, je retravaille les samedis. J'ai l'impression qu'on fait moins de choses socialement avec les copains. Après, pareil, il y en a aussi qui sont aussi lancés dans leurs entreprises et tout. Donc, je pense qu'on est tous un peu la tête dans le guidon. Voilà, c'est le petit point négatif. Sinon, au niveau famille, ma mère, elle a une heure de route, puis elle bosse encore. Donc, ce n'est pas forcément évident. Je ne vais pas aller la voir sur un coup de... de tête. Mon père maintenant il habite en Bretagne à trois heures de route, pareil. Mais par contre, ce que je vais faire c'est que pendant les vacances scolaires, puis moi j'ai l'avantage de pouvoir bosser à distance. Mettons le samedi j'ai un mariage, en fait le lundi, mardi, mercredi suivant je vais pas prendre de séance et puis je peux aller bosser en fait en étant ailleurs. Donc j'essaye pendant les vacances scolaires d'y aller quoi. Et même s'il n'est pas là, parce que pareil, ça en fait autant avec les filles Je pense que j'étais dans l'optique, on est une famille, dès qu'on doit faire un truc, on doit être tous les cinq. Et puis, je pense que j'ai changé mon fusil d'épaule quand j'ai eu Ernest, je pense, je ne sais pas, à la trentaine, enfin bref. Et du coup, je me suis dit, en fait, il faut que je fasse ma vie. Ils sont là maintenant, les enfants, il faut que j'arrête d'attendre Grégoire qui n'est jamais là, ou très peu. Maintenant, si j'ai envie d'aller faire quelque chose, je vais y aller, je ne vais plus forcément l'attendre. Et puis, c'est beaucoup plus simple depuis que j'ai cette vision-là. Et même pour les enfants, parce que c'est bien aussi qu'ils aillent voir autre chose. il n'y a pas que que la ferme. Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    tes enfants, par rapport à l'exploitation, ça leur arrive d'y aller ? Est-ce que certains sont piqués et ont des attentes derrière ?

  • Speaker #1

    Attente, non. Alors, si on va leur demander, ils vont me dire oui, mais je pense qu'ils ne savent pas vraiment ce que ça représente encore à leur âge. Après, s'ils y vont des fois le soir, ils les emmènent pour faire la traite. Si, si, ils aiment bien y aller. Ils ont leur cote et tout. Enfin bref, ils aiment bien. Après, j'ai la grande qui aime beaucoup les animaux. Elle, on voit, ça se sent en fait. Elle a ce truc de l'éleveur. Elle a l'œil. Les animaux, ça se ressent. Elle a vraiment ce petit truc en plus. On a un âne à la maison qu'on a eu depuis le printemps. C'est elle qui s'en occupe quasiment toute seule. Elle a son lapin à la maison. C'est pareil. Les poules aussi. Elle adore s'occuper des poules. Donc du coup, est-ce qu'elle reprendra la ferme ? Je n'ai aucune idée. Parce qu'après, elle est très sensible aussi. Du coup, je ne sais pas si...

  • Speaker #0

    Certains aspects du métier seraient compatibles.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça. Puis bon, ils sont jeunes encore. On pourrait dire, Ernest, le dernier, qui est un garçon. Bon, il aime bien, mais je ne sais pas. Je pense qu'il ne se pose pas du tout de questions.

  • Speaker #0

    Vous verrez bien. Oui,

  • Speaker #1

    voilà, c'est ça. Après, il aime bien aussi les bateaux. Chez Papy, en Bretagne, il aime bien. Donc, aucune idée. Après, on ne se fait pas du tout de fixettes là-dessus. Le but, ce n'est pas notre but qu'ils reprennent la ferme. Le but, c'est qu'ils fassent quelque chose qu'ils aiment.

  • Speaker #0

    Oui, ça marche. Pour conclure cet échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il faut savoir s'adapter. Il faut être indépendante. Je pense que si on attend toujours sur son conjoint, pour x et y raisons, c'est pour ça que je me dis, depuis que j'ai eu Ernest, c'est beaucoup plus simple. En fait, je me suis mis des règles. Même le soir, par exemple, pour manger, je veux dire, si à une certaine heure, il n'est pas arrivé, on ne l'attend plus, en fait. C'est qu'il y a quelque chose et tout, et on se dit, de toute façon, il arrivera. et vivre au jour le jour aussi un peu et puis pas se tracer des plannings trop nickels et puis on s'adapte, savoir s'adapter quoi.

  • Speaker #0

    Et enfin, qu'est-ce qui selon toi t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur ?

  • Speaker #1

    Déjà je pense que notre lieu de vie déjà, c'est quand même assez exceptionnel, je pense que tout le monde n'a pas ça. On vit au milieu de la nature quoi, le matin on va ouvrir la fenêtre, on va voir des chevaux y passer. J'ai pas vécu ça quand j'étais jeune, je savoure tout ça. puis après le fait d'avoir quelqu'un qui est très autonome aussi qui est capable de tout faire ils sont bricoleurs, ils savent tout gérer s'il y a besoin de construire un enclos avec du bois ou n'importe ils savent gérer, ils vont s'occuper de la voiture aussi mécanique, ils font de tout malgré que nous quand même en tant que femmes il faut quand même qu'on sache se débrouiller pour beaucoup de choses parce qu'on ne peut pas toujours compter sur eux mais en même temps quand ils prennent le temps ils savent leur donner ça marche,

  • Speaker #0

    merci beaucoup pour cet échange

  • Speaker #1

    De rien, j'espère que j'ai été assez claire. Ce n'est pas toujours évident de mettre des mots, on ne se pose pas toujours ces questions, d'ailleurs nous-mêmes, alors ce n'est pas évident.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie, ou au contraire sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

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Description

Angéline a grandi au milieu des fleurs auprès de ses parents. 🌻

Elle est désormais graphiste et photographe professionnelle. 📸

Elle est mariée à un éleveur laitier depuis plus de 15 ans et ils ont ensemble 3 enfants. 🐮

Depuis la frontière entre la Maine et Loire et la Mayenne, elle témoigne de sa vie bien rythmée. 🧑‍🌾


Nous discuterons ensemble des joies et difficultés à partager la vie d'un agriculteur. Nous aborderons la vie de couple et de famille à la campagne rythmée par les bonheurs mais aussi les contraintes de l'agriculture.

Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Pour cet épisode, j'ai la chance de discuter avec Angéline. Nous venons de nous découvrir toutes les deux, mais peux-tu brièvement te présenter ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est Angéline. J'ai bientôt 38 ans. Je suis mariée depuis bientôt 15 ans. avec trois enfants. La plus grande, elle a bientôt 13 et le dernier, il a 7 ans. Je suis photographe. Aussi, on peut nommer ça graphiste. Je fais beaucoup de choses pour les mariages, faire part à beaucoup de papeteries. Mon mari est agriculteur.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter brièvement l'exploitation de ton mari ?

  • Speaker #1

    C'est une SCEA basée en Nord-Ménéloire. Nord-Ménéloire, nous, on habite sur une Mayenne. Il y a 200 mètres d'écart, mais on n'est pas sur le même département. Alors, ils sont à trois. 3 avec en plus un salarié et un apprenti. Il y a 300 hectares du coup. Ils font du lait avec de la prime Holstein classique on va dire. Après ils font les taurillons. Tous les naissants en fait ils vont les garder jusqu'au bout quoi. Donc quand c'est un mâle ils ne vont pas le vendre en fait. Ils le gardent pour faire du taurillon. Donc ils ont 170 vaches à traire, 35 taris, 150 taurillons. Et après les petites génisses pour le renouvellement il y en a 160. Il y a un peu de taf.

  • Speaker #0

    Oui il y a de quoi être occupé.

  • Speaker #1

    Voilà c'est ça. Historiquement c'est mon beau-père. Pour l'histoire ils sont pas français, ils sont suisses. Ils sont arrivés sur l'exploitation en 2000. Pourquoi ? Parce qu'en fait là-bas ils avaient plein de soucis, ils n'arrivaient pas à se développer. Donc ils ont trouvé cette petite ferme-là. Donc en 2000 mon beau-père reprend la ferme. Nous on s'est mariés en 2010 et je crois que c'est dans ces moments-là où il y a eu Stéphane qui a inséré le GAEC. Donc c'est un GAEC à l'époque. Ma belle-mère était dedans aussi d'ailleurs. Ensuite... Mon mari est arrivé aussi. Alors nous, pour l'histoire, on a dû reprendre une petite ferme à l'extérieur. Il ne s'est pas mis dans le GAEC tout de suite. Il a dû, parce que du coup, comme nous, on est en Mayenne, il ne pouvait pas directement s'installer dans la ferme. Il s'est installé pendant deux ans tout seul. Et ensuite, il a inséré le GAEC en 2012. Et quelques années plus tard, il y a un associé qui est parti et il y en a un autre qui a remplacé. Et en fait, là, c'est Laurent, un copain qui était dans notre classe quand on était à l'école. Donc on a tous à peu près le même âge, donc c'est cool. Avec des enfants du même âge aussi, donc c'est très drôle. Ça, c'est un petit peu l'historique. Après, ils fonctionnent en... Ils font la traite. Ils ont un roto. Et là, on a un projet de changer avec des robots pour avoir plus de fluidité. Parce que c'est vrai que du coup, comme il n'y a pas loin de 200 vaches à traire, c'est long. Ça prend plus de deux heures le matin, plus de deux heures le soir. Alors après, l'avantage d'être à plusieurs, ils font par binôme. Donc en fait, ceux qui font le matin, ils ne vont pas faire le soir, par exemple. Après l'avantage aussi du coup d'être en SCEA c'est qu'ils sont plusieurs donc en fait on a nos week-ends, enfin un week-end sur deux exactement. Donc c'est quand même assez confortable, je pense que dans ce milieu-là tout le monde n'a pas cette chance-là.

  • Speaker #0

    C'est plus d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Ouais voilà, donc après même si au quotidien on aimerait bien des fois en avoir un peu plus, je pense que c'est déjà pas mal. Donc nous on vit pas sur le lieu de la ferme, d'ailleurs mes beaux-parents sont partis en retraite et donc du coup maintenant ils sont dans le village. Donc en fait plus de personnes qui travaillent dans la ferme qui habitent sur le site, mais ça se fait quand même. Rires On n'habite pas à 50 km, donc c'est quand même assez gérable. Mais ce qui fait que la particularité, après, c'est plus pour moi, c'est que du coup, je suis vraiment 100% toute seule quand je suis à la maison.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Parce qu'après, moi, je travaille. En fait, ce n'est pas très compliqué. On a un bâtiment qui est à côté de la maison, qui était la salle de traite avant, et qu'on a rénové en atelier. Donc le rez-de-chaussée, c'est mon atelier. Et au-dessus, c'est mon studio. Donc c'est resté un bâtiment de travail. Ça a juste un petit peu changé de fonction entre-temps. Je suis quasiment tout le temps à la maison quand même.

  • Speaker #0

    Ouais, trop chouette. Et en plus, tu as la place d'avoir ton espace à toi pour t'épanouir professionnellement aussi sur le lieu. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et puis du coup, l'avantage aussi, étant photographe, il faut avoir des spots. Au lieu d'avoir à me déplacer, d'aller chercher des parcs, des lieux et tout, moi j'ai tout chez moi. Donc en fait, ça me permet d'avoir adapté ces spots-là. Je propose des petites choses. Alors c'est tout simple parce qu'après, ça reste très nature quand même. Mais j'ai des balançoires, par exemple, sous les arbres. Très nature, très brut, avec des branches. et je connais mes spots par cœur du coup. Et c'est vrai que c'est un gros avantage du coup pour moi, ça me permet le samedi d'enchaîner les séances tout en ayant les enfants faits à la maison. Bon après ils grandissent aussi, donc ils deviennent de plus en plus autonomes, donc ça me permet ça, avant c'était un peu plus compliqué. C'est un gros gros avantage. Ok,

  • Speaker #0

    je comprends. Pour parler un peu plus de toi maintenant, qu'on ait une visu du contexte, d'où est-ce que tu viens initialement et est-ce que tu viens d'un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors moi, initialement, je me destinais dans l'horticulture. Moi, j'ai des parents qui sont passionnés, mais vraiment passionnés de fou dans tout ce qui est plantes, la nature. Mon père, du coup, il était paysagiste, il était à son compte. Ma mère, elle travaillait dans le bureau, en fait, un truc assez classique quand on travaille en couple. Donc moi je me suis orientée, je voulais faire du coup tout ce qui était plus production en pépinière. Donc c'est pour ça du coup que j'ai fait une école agricole, donc j'ai fait un bac TSP et c'est là du coup qu'on s'est rencontré, on était dans la même classe. Suite à ça j'ai fait un BTS horticole en alternance, donc du coup je bossais, j'étais déjà dans le monde du travail on va dire. J'étais en pépinière dans une grosse boîte et puis une fois que j'ai fini mon BTS, en fait avec mes parents on avait un projet de lancer une jardinerie et de vendre en fait les plantes qu'on produisait nous-mêmes. Ça s'est lancé dans la foulée. Cette jardinerie, c'était un peu autant mon bébé que ceux de mes parents. Je m'y ai donné corps et âme, on va dire. Donc du coup, dès que j'ai fini mon PTS, j'ai inséré l'entreprise familiale et on a monté cette fameuse jardinerie. C'était vraiment, à l'époque, on va dire, une très belle expérience professionnelle parce que du coup, j'ai appris beaucoup de choses. Je n'ai pas fait que de la vente. Il y avait vraiment tout. J'étais autant dans les bureaux que dans la production. On faisait aussi des fleurs. coupés, on vendait vraiment toutes sortes de choses, c'était la petite jardinerie de campagne, puis en plus on avait des clients réguliers donc c'était assez sympa du coup cette jardinerie elle était située à peu près une heure de route de là où on habite donc du coup ça a vite été un frein quand on a des enfants, donc nous en fait on s'est mariés en 2010 c'est au mois de mai, au mois de juillet mon mari du coup il s'installait donc on reprenait la petite ferme avec une maison où il y avait tout à refaire on pouvait vraiment pas y vivre Un an de travaux très conséquents. Dès qu'on est arrivé dans la maison, c'est là où je suis tombée enceinte. C'était tout de suite, direct. Je pense qu'en fait, d'avoir passé deux ans avec des gros projets à jamais m'arrêter, puis à l'époque, on avait 23-25 ans, donc on était jeunes. Je m'ennuyais, en fait, à la maison. Et c'est là que je me suis amusée à faire des petites bidouilles en papier. Je vendais ça, en fait, sur des sites internet qui n'existent plus aujourd'hui. Ça a vite marché et je me suis vite rendue compte que... qui avait un petit potentiel là-dedans, puis ça me plaisait bien. Donc je me suis dit, après tout, ça pourrait être cool de développer un peu, et puis comme ça, la jardinerie, j'y ferai un petit peu moins, puis je serai plus présente à la maison.

  • Speaker #0

    Quand tu parles de bidouille, c'est de la papeterie, ou c'est ce que tu disais, un peu du graphisme, faire part, etc., c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors oui, bidouille, parce qu'en fait, si je dis vraiment ce que je faisais au début, c'était des petites étiquettes. Il n'y a rien de fou. Et puis, je ne sais pas, ça a pris une ampleur assez rapidement, et puis après, les gens m'ont demandé, part sur le même thème. Et puis en fait, de fil en aiguille, j'ai commencé à faire plein de choses en fait. Et puis ça, c'était vraiment le tout début. Après, on a eu notre deuxième trois ans plus tard. Et puis c'est là où je me suis dit, bon allez, avec un deuxième qui allait arriver, aller à la jardinerie en fait tous les jours de la semaine, ça devenait quand même vraiment compliqué. Et là, je me suis dit, bon allez, je prends un congé parental pour essayer vraiment de développer moi, mon entreprise à moi pour pouvoir être autonome à la maison. Donc là, c'était vraiment parti. Après, deux ans plus tard, on a eu Ernest, le dernier. Donc là, j'avais 30 ans à peu près. Et alors, il faut savoir aussi que dans le laps de temps, j'ai mes parents qui ont divorcé. Donc travailler comme ça, c'était devenu un peu compliqué pour moi. Enfin, je n'avais plus forcément ce plaisir d'aller là-bas. Le fait de voir aussi que j'avais un potentiel, moi, à développer toute seule mon truc, vraiment, ça me plaisait. Donc je me suis dit, allez, il faut aller là, quoi. J'arrivais à peu près. près à 30 ans, je me suis dit, bon bah c'est cool de faire la papeterie, c'est quelque chose qui me plaît, j'aime bien, ça fonctionne, mais j'ai jamais rêvé en fait de faire ça. Et je voyais qu'il y avait un petit truc en fait avec la photo. Il y a quelque chose là-dedans, j'arrive pas à explorer, en fait je suis bridée, il y a quelque chose que... Il y a un truc à faire. Je me suis dit, bon allez, puis mon mari m'a bien soutenue aussi là-dessus. J'ai fait une petite formation à distance. J'ai acheté un appareil photo qui était quand même mieux, qui m'a permis vraiment de me lancer. Et puis après, j'ai fait, j'ai fait, j'ai fait l'avantage d'avoir les enfants, du coup c'était hyper pratique. Et voilà, c'est ce qui fait que j'en arrive là aujourd'hui. Donc en fait, aujourd'hui, je suis principalement photographe et la papeterie, c'est en second plan.

  • Speaker #0

    Ok. Donc photographe à domicile, tu disais, dans les locaux que tu as créés sur l'exploitation.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu fais un peu d'événements ? Oui, après le gros de mon travail, ça reste quand même les mariages. Donc effectivement, les mariages, c'est le samedi. Donc on reprend un peu la problématique du début avec les samedis. Entre-temps, les enfants, ils ont aussi grandi. La grande, elle a bientôt 13. Ernest, il a 7 ans. Donc en fait, ils deviennent de plus en plus autonomes. Quand j'ai des mariages pas très très loin, le matin, ils peuvent rester tout seuls. Après, le week-end, mon mari, il vient pour manger vers 9h. Il repart après pour faire l'alimentation. Il revient vers midi. Et après, il y repart vers 16h. Donc en fait, ils ont des laps de temps où ils sont tout seuls. Mais bon, après, ils arrivent à nous appeler en fait s'il y a quelque chose. Comme on a un week-end sur deux, il y a quand même des samedis où il gère. Je trouve ça cool parce que ça fait aussi des journées où il est tout seul avec les enfants. Chose qu'avant, il ne faisait jamais. Même pour les enfants, en fait, comme ça, ils passent du temps tout seuls avec leur père. Donc il n'y a pas que moi. Je trouve ça quand même sympa. Oui. Et puis voilà, les choses, on va voir comment ça va évoluer en fait.

  • Speaker #0

    Du coup, ça permet à ton mari de créer un lien privilégié qui n'est pas forcément évident dans un contexte à l'école avec les enfants, tant qu'on peut leur accorder.

  • Speaker #1

    Après ça, il y a beaucoup de gens qui me disent, ce n'est pas un peu contraignant, les mariages de samedi, tu n'es pas avec tes enfants. En fait, pour moi, c'est aussi un peu une bulle d'air parce que finalement, c'est moi qui gère tout à la maison. Donc ça me fait des journées aussi où... Ce n'est pas là où je vais m'occuper de moi, évidemment, ça reste du travail. Mais je n'ai pas la maison et je n'ai pas les enfants à gérer. En tout cas, pour l'instant, ça me convient.

  • Speaker #0

    Vous n'êtes pas loin de l'exploitation. Non. Est-ce que ça t'arrive d'aller filer un coup de main de temps en temps, d'y aller par plaisir ou ne serait-ce que pour le voir ?

  • Speaker #1

    Alors, un coup de main, non. Clairement, il y a assez de monde là-bas. Et puis, c'est pareil, en fait, comme c'est quand même une grande exploitation, la traite, ça dure deux heures, deux heures et demie. Puis, c'est assez technique. autant quand il était installé les deux premières années où il était là où on habite sur la fin j'étais presque autonome à faire la traite je lui donnais facilement un coup de main j'ai vraiment lâché parce qu'après j'ai eu les enfants et du coup non si alors à la maison on a des génisses parce que du coup on a un bâtiment donc on a quand même quelques bêtes donc ça peut arriver de temps en temps c'est succinct quoi c'est anecdotique mais après si on y va de temps en temps plus au bout jour quand le chien Voilà, ça nous fait une balade. Je ne vais pas y aller toutes les semaines. Quoiqu'après, on essaye de faire le dimanche matin. Le week-end où il travaille, il ne rentre pas pour pouvoir être à la maison vers midi. Parce qu'en fait, sinon, il rentre trop tard et puis ça ne lui fait pas de pause. Le dimanche, il se lève à 4 heures et puis il a du boulot jusqu'à midi. Donc, tout le monde se lève et puis on va à la boulangerie et puis on amène le petit-déj là-bas.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est sympa aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Il faut que j'essaye de garder l'habitude, parce que je trouve ça sympa, comme ça on fait un petit tour de la ferme.

  • Speaker #0

    Donc si j'ai bien compris, ton évolution professionnelle, elle s'est aussi faite, entre guillemets, avec des barrières géographiques liées à l'exploitation de ton mari ?

  • Speaker #1

    Bah oui, clairement, moi j'ai vraiment un peu cette impression-là aussi. Enfin, moi, mes choix se sont faits un peu en fonction de la ferme.

  • Speaker #0

    Ouais, mais sans pour autant faire des sacrifices, finalement, c'est juste que t'as redéfini tes envies et ce que tu voulais faire, non ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est ça. Puis bon, après, à 23 ans, on n'est pas très vieux non plus. Aujourd'hui, il y a des changements de carrière, il y en a plein. Puis je pense qu'à l'époque, j'ai vécu dans un contexte où faire un travail artistique, ce n'était pas forcément un métier. En fait, moi, ce qui me plaisait aussi beaucoup quand j'étais jeune, c'était de faire fleuriste. C'est un truc qui m'aurait beaucoup plu. En fait, mon père, comme il avait un pied dans l'horticulture, il avait un copain qui produisait des roses. Donc j'avais été faire des stages là-bas. Et à chaque fois, quand on allait livrer les roses chez les fleuristes, tout le monde me disait « mais il ne faut pas faire ça, il ne faut pas faire ça, tu ne gagneras jamais ta vie » et tout. Donc en fait, à force de l'avoir entendu, mine de rien, je me suis dit « je ne vais pas m'orienter là-dedans, ce n'est pas possible » . C'est pour ça qu'en fait, finalement, c'est vraiment des années plus tard que je me suis dit « et pourquoi pas ? » .

  • Speaker #0

    Je comprends. Mais du coup, ton lien avec les fleurs, le contexte dans lequel tu as grandi, est-ce que tu souhaitais, toi, te rapprocher de l'exploitation et puis de tout ça, de t'installer avec ton... conjoint. Est-ce que tu t'es pas dit est-ce que je ferais pas des fleurs sur l'exploitation ? Est-ce que c'est une question que tu t'es posée ?

  • Speaker #1

    Alors, à un moment, peut-être, oui, je me suis dit pourquoi pas. Mais en fait, je sais pas comment je peux dire, tout s'est fait tellement petit à petit, on va dire. Donc, en fait, pendant 4 ans, j'étais plus à 100% là-bas, mais j'avais encore un pied dedans un petit peu. Puis c'était quand même toujours quelque chose qui me plaisait, malgré tout. Après, encore aujourd'hui, je pourrais si je voudrais, surtout qu'en plus, là, ils sont en train de monter une méta. Donc en fait, je pourrais construire une serre, chauffer toute l'année et produire des trucs, puis repartir dans du maraîchage. Mais après, non, je ne me vois pas du tout aujourd'hui repartir là-dedans. Puis ce que j'ai construit, ça m'embête vraiment de l'arrêter. Et puis en fait, je trouve qu'aussi, c'est assez complémentaire entre nos deux métiers. Je crois que j'aime beaucoup finalement ce qui est artistique. Et ce n'est pas pour autant que je ne suis plus dans les plantes et tout ça, mais je le fais de manière différente aujourd'hui. Je le vois plutôt comme ça.

  • Speaker #0

    Je comprends bien. Puis vous avez aussi trouvé votre équilibre.

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il y a ça aussi. Cette année, par exemple, en mariage, j'ai eu deux couples d'agriculteurs. J'ai été faire leur séance d'after à la ferme. J'adore. C'est dans ce que je préfère faire, en fait. Donc, je sais que je suis dans mon univers à ma façon, on va dire.

  • Speaker #0

    Maintenant qu'on te connaît un peu mieux, on va discuter ensemble de ta vie de couple et de famille. Donc, tu nous as dit que tu avais rencontré ton mari lors de vos études. Quels ont été tes premiers ressentis sur le fait que celui-ci souhaitait être agriculteur ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, je ne sais même plus. Il faut savoir que j'arrivais, j'étais considérée comme de la ville. Je n'habitais pas dans une grande ville, mais à côté en lotissement. Quand je suis arrivée dans l'école d'agriculture, où il n'y avait que des agriculteurs, Je pense que j'ai appris à encaisser l'info au fur et à mesure du temps, je ne sais pas. Mais ce n'était pas forcément évident parce qu'on n'était pas beaucoup de filles dans la classe. Mais c'était sympa, c'est vraiment des années que j'ai beaucoup aimées. Et justement, avant, quand j'étais au collège, c'était très compliqué pour moi ces années-là. Et je pense qu'avec le recul, je n'étais pas du tout dans l'environnement qui était fait pour moi. Et le jour où je suis arrivée dans cette école, mes notes se sont mises à monter. Sans rien faire de plus, mais je pense que j'étais simplement avec des gens qui me représentaient.

  • Speaker #0

    Vous n'habitez pas sur l'exploitation. Est-ce que c'est un choix ? Est-ce que c'est prévu pour plus tard ? Tu parlais du fait que tes parents y habitaient. Est-ce que vous pensez un jour prendre cette place-là ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Pour plusieurs raisons, non, pas du tout. Parce que moi, j'aime beaucoup ma maison. On fait énormément de choses. C'est une petite ferme chez nous, mais qu'on a refait à notre image. Moi, j'aime les plantes de base. à ce que l'on aime. Ma première passion, il y a tout un jardin tout autour. La maison à la ferme, elle est très sympa aussi, mais par exemple, il n'y a même pas de gazon. Donc moi, je ne pourrais pas vivre en sortant et avoir que des bâtiments. Non, j'ai besoin de chez moi, de ce que j'ai construit, de mon petit univers un peu bucolique, si je peux dire un peu. C'est un peu ça, en fait, chez nous, du coup. Non, puis après, je trouve que c'est très bien aussi, les week-ends où ils ne travaillent pas, on est chez nous. On n'est plus à la ferme, quoi. Ça permet de couper. Je comprends complètement.

  • Speaker #0

    Et vous habitez loin de l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Non, alors on n'est pas sur le même département, mais à vol d'oiseau, il y a les 300 mètres, on va dire. Ah oui ? Mais non, ce n'est pas loin. Des fois, on entend les machines.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    ok. Non, non, c'est tout près.

  • Speaker #0

    Toi, vivre à la campagne, ça a toujours été un choix ?

  • Speaker #1

    Moi, non, je ne me voyais pas du tout vivre en ville. Pas du tout. C'est pour ça que quand je suis chez moi, on est un peu dans une bulle, on va dire.

  • Speaker #0

    Ok, ok. Tu parlais donc de ta belle famille qui est du coup géographiquement ? proches. Quels sont tes rapports avec elles ?

  • Speaker #1

    On a de très bons rapports. Mes beaux-parents, comme je l'ai dit tout à l'heure, ils sont suisses. Il n'y a que mes beaux-parents et mes belles-sœurs. Il y en a une qui est à Paris et l'autre qui n'habite pas très loin. On se voit assez souvent. On est assez proches, avec une bonne relation. Moi, Aude, c'est comme si c'était ma sœur. Je communique vraiment beaucoup avec elle, presque tous les jours même. Puis après, avec ma belle-mère, pareil, je pense qu'on a une bonne relation. Elle, de par son expérience, elle avait une belle-mère qui était très intrusive et qui habitait avec eux. Donc en fait, elle ne veut pas du tout refaire vivre ça à ses enfants. Je pense que des fois, elle n'ose pas. Elle ne va pas venir nous embêter. Elle ne va pas venir pour prendre un café comme ça sur un coup de tête.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose que j'entends souvent. C'est un écart générationnel qui faisait qu'avant, les familles étaient encore plus proches. Et maintenant, elles respectent plus l'intimité des uns des autres.

  • Speaker #1

    Oui, je pense aussi.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que c'est pour ça que j'aborde souvent la question de la belle famille. C'est pour savoir, si toi, ça te faisait peur en te disant, je vais m'installer avec un agriculteur, donc il y aura forcément, puisque c'est une exploitation familiale, la belle famille à côté. Est-ce que tu appréhendais ça ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Non, pas spécialement. Non, non, non, pas. Alors après, est-ce qu'elle le fait encore une fois ? On était jeunes. Je pense qu'en fait, tout s'est fait tellement vite, en fait, pour nous, qu'il y a plein de choses où on ne s'est vraiment pas posé de questions, je pense.

  • Speaker #0

    OK. Vous avez donc trois enfants. Comment ça s'est passé au moment de l'arrivée des enfants par rapport à des périodes agricoles peut-être compliquées ou denses ? Quelle disponibilité a eu ton mari au moment de l'arrivée des enfants ? Comment toi, tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Pour Hortense, elle est arrivée mi-mars, dans une période où ça le fait encore. De mémoire, je crois qu'il avait pris son congé paternitaire un peu plus tard. On avait dû partir en vacances. Je n'ai plus trop de souvenirs. Sinon, après, en soi, ça s'était bien passé. Après, c'était le premier. Moi, j'étais disponible. en congé mater. Donc, en fait, j'avais qu'E.L. à m'occuper. Moi, je n'ai pas eu de difficultés particulières. Après, c'est vrai que c'était plus les grandes périodes où il n'était pas là les premières années. Bon, il faut s'y faire, en fait. Prêt à l'arrivée d'Eleonore, alors elle allait arriver en hiver. Donc c'était plus simple aussi, elle a eu cette chance-là. Après Ernest, lui il est arrivé début octobre, donc en plein dans la période des Smith-Blay. Donc j'ai accouché à 6h du matin, à 8h il était parti dans son tracteur. Il est parti bosser quoi ! Puis après c'était un troisième, donc après je pense qu'on se focalise moins là-dessus. Puis moi je ne me suis pas arrêtée non plus en fait du coup, parce que comme je quittais mon emploi... Il fallait absolument que mon entreprise marche. Donc en fait, je ne me suis pas arrêtée non plus. J'avais mon ordi avec moi à la maternité. C'était une année un peu particulière parce que je lançais la photo ici en même temps. Il y a des moments qui étaient un petit peu durs, mais après, on a survécu.

  • Speaker #0

    Comment se passe votre organisation familiale avec les trois enfants, non moins de l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Les enfants, c'est vrai que maintenant, ils grandissent. Donc en fait, il y a pas mal de choses qui évoluent. Parce qu'en fait, jusqu'ici, c'est moi qui faisais tous les tours à l'école. Maintenant, la grande est au collège. Elle prend le car le matin. En gros, je l'emmène au car. Pendant ce temps-là, les deux autres se lèvent. Je n'ai plus rien à gérer de ce niveau-là. Maintenant, ils arrivent à se débrouiller tout seuls. C'est de plus en plus facile. Comme on n'est pas dans le village, on a le droit au service avec le TitiBus. Il y a une dame qui vient les chercher le matin. Je ne fais plus de tour pour aller à l'école. La grande nouveauté depuis le début de l'année. Ça me gagne beaucoup de temps dans ma journée. Le soir ils sont... les premiers déposés. Du coup, en fait, donc à 5h moins le quart, ils sont à la maison. Après, je suis avec eux pour prendre le goûter. Et puis la grande, après, il faut que j'aille la chercher au quart. C'est toujours cette horaire-là qui est un peu plus compliquée parce que des fois, moi, je travaille aussi. Quand il y aura les robots, j'espère que ce sera plus simple parce que du coup, quand moi, je vais avoir des rendez-vous avec des clients, mon mari va pouvoir prendre le relais puisque là, pour l'instant, il ne peut pas parce qu'en fait, il est en pleine traite. Impossible. Impossible d'aider. Et puis après, mon mari, il arrive le soir. Donc, c'est moi qui m'occupe de faire les repas. Alors après, pareil, tout ça... petit à petit, ils voient aussi que moi, j'ai du boulot. Donc, en fait, il y a des fois, oui, c'est que des pattes. On fait au plus simple, au plus rapide. Et, suite à un temps, j'avais un peu plus de temps. Maintenant, c'est vrai qu'en fait, j'ai quand même de plus en plus de travail et je ne peux plus être partout autant que j'ai pu l'être il y a quelques années. OK.

  • Speaker #0

    Ça s'entend. Et du coup, par rapport à cette organisation familiale Danse avec les trois enfants plus le travail à temps compte et la vie d'un éleveur, comment est-ce que vous trouvez vos moments de couple à deux ?

  • Speaker #1

    on rentre pour manger. Moi, comme je suis à la maison, le midi, on est ensemble. Après, ce n'est pas forcément le midi, je dirais, où c'est le moment le plus sympa dans la journée. On a tous les deux notre tête dans le boulot. Mais au moins, on a ce moment-là dans la journée pour échanger sur toute l'intendance, on va dire, de la maison. Là, on va repartir dans des travaux, par exemple. Donc, c'est à ce moment-là, en fait, où on va échanger sur les devis, par exemple, et autres. Parce que le soir, avec les enfants, c'est un peu plus compliqué. Et puis après, sinon, on essaye, on va dire au moment des anniversaires, anniversaire de mariage, de rencontre, etc. On essaye de se forcer un petit peu, puis d'aller se faire un resto. Une fois tous les deux ans, on va dire à peu près. On essaye de partir trois jours, trois, quatre jours tous les deux. On est partis début décembre à Lisbonne pendant trois jours. C'est mon père qui a zéré les enfants. Il faut tout, parce que c'est ça qui n'est pas évident, en plus avec l'école et tout. Mais ça fait du bien d'être trois jours. Alors moi, pour ma part, de ne pas avoir justement toute la maison à zérer et les enfants. Et puis on se retrouve dans un contexte différent. Je pense que c'est important de s'obliger à le faire.

  • Speaker #0

    Et de se retrouver aussi un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    En famille, tous les cinq, vous partez un peu en vacances ?

  • Speaker #1

    Oui, alors après on est plus, on va dire week-end. Après encore une fois, comme il y a un week-end sur deux, c'est un peu plus simple. J'essaye moi pendant les vacances scolaires d'avril et d'octobre. Alors, ce n'est pas systématique, mais j'essaye en tout cas. Je réserve un petit Airbnb dans des coins divers et variés, mais pas trop loin non plus. Le dernier qu'on a fait, par exemple, on a été visiter les châteaux de la Loire. Du coup, le truc cool, c'est que j'ai réservé, on a dormi sur une cabane sur l'eau, sur les bateaux en bois. Un petit truc sympa. Oui, franchement. Sinon, l'été, alors du coup, on a tous les deux notre pleine saison en même temps. Donc, c'est toujours un peu compliqué. On n'arrive pas à nous-mêmes si on essaye de prendre une semaine. C'est toujours super compliqué. On n'est pas pleinement dans nos vacances. On essaye de faire tout simple. On va en Suisse, en fait, voir la famille. Comme ça, ça se planifie un peu à la dernière minute. Il y a des changements de date. Puis les enfants, ils adorent aller là-bas. Ils retrouvent leurs parrains. Enfin, voilà, c'est tout simple, mais ça marche bien.

  • Speaker #0

    Trop chouette, ça marche. Autour de vous, est-ce que tu parlais de ta belle-sœur et puis de tes beaux-parents ? Au-delà de la famille, est-ce que vous avez des amis dans le coin ? Est-ce que vous êtes bien entouré ? Ou est-ce que parfois tu te sens un peu isolé ? Comment est-ce que tu qualifierais votre vie sociale ?

  • Speaker #1

    Moi, je dirais que depuis que je me suis lancée dans la photo, alors autant j'adore mon métier, tout ça, c'est génial. Mais du coup, je retravaille les samedis. J'ai l'impression qu'on fait moins de choses socialement avec les copains. Après, pareil, il y en a aussi qui sont aussi lancés dans leurs entreprises et tout. Donc, je pense qu'on est tous un peu la tête dans le guidon. Voilà, c'est le petit point négatif. Sinon, au niveau famille, ma mère, elle a une heure de route, puis elle bosse encore. Donc, ce n'est pas forcément évident. Je ne vais pas aller la voir sur un coup de... de tête. Mon père maintenant il habite en Bretagne à trois heures de route, pareil. Mais par contre, ce que je vais faire c'est que pendant les vacances scolaires, puis moi j'ai l'avantage de pouvoir bosser à distance. Mettons le samedi j'ai un mariage, en fait le lundi, mardi, mercredi suivant je vais pas prendre de séance et puis je peux aller bosser en fait en étant ailleurs. Donc j'essaye pendant les vacances scolaires d'y aller quoi. Et même s'il n'est pas là, parce que pareil, ça en fait autant avec les filles Je pense que j'étais dans l'optique, on est une famille, dès qu'on doit faire un truc, on doit être tous les cinq. Et puis, je pense que j'ai changé mon fusil d'épaule quand j'ai eu Ernest, je pense, je ne sais pas, à la trentaine, enfin bref. Et du coup, je me suis dit, en fait, il faut que je fasse ma vie. Ils sont là maintenant, les enfants, il faut que j'arrête d'attendre Grégoire qui n'est jamais là, ou très peu. Maintenant, si j'ai envie d'aller faire quelque chose, je vais y aller, je ne vais plus forcément l'attendre. Et puis, c'est beaucoup plus simple depuis que j'ai cette vision-là. Et même pour les enfants, parce que c'est bien aussi qu'ils aillent voir autre chose. il n'y a pas que que la ferme. Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    tes enfants, par rapport à l'exploitation, ça leur arrive d'y aller ? Est-ce que certains sont piqués et ont des attentes derrière ?

  • Speaker #1

    Attente, non. Alors, si on va leur demander, ils vont me dire oui, mais je pense qu'ils ne savent pas vraiment ce que ça représente encore à leur âge. Après, s'ils y vont des fois le soir, ils les emmènent pour faire la traite. Si, si, ils aiment bien y aller. Ils ont leur cote et tout. Enfin bref, ils aiment bien. Après, j'ai la grande qui aime beaucoup les animaux. Elle, on voit, ça se sent en fait. Elle a ce truc de l'éleveur. Elle a l'œil. Les animaux, ça se ressent. Elle a vraiment ce petit truc en plus. On a un âne à la maison qu'on a eu depuis le printemps. C'est elle qui s'en occupe quasiment toute seule. Elle a son lapin à la maison. C'est pareil. Les poules aussi. Elle adore s'occuper des poules. Donc du coup, est-ce qu'elle reprendra la ferme ? Je n'ai aucune idée. Parce qu'après, elle est très sensible aussi. Du coup, je ne sais pas si...

  • Speaker #0

    Certains aspects du métier seraient compatibles.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça. Puis bon, ils sont jeunes encore. On pourrait dire, Ernest, le dernier, qui est un garçon. Bon, il aime bien, mais je ne sais pas. Je pense qu'il ne se pose pas du tout de questions.

  • Speaker #0

    Vous verrez bien. Oui,

  • Speaker #1

    voilà, c'est ça. Après, il aime bien aussi les bateaux. Chez Papy, en Bretagne, il aime bien. Donc, aucune idée. Après, on ne se fait pas du tout de fixettes là-dessus. Le but, ce n'est pas notre but qu'ils reprennent la ferme. Le but, c'est qu'ils fassent quelque chose qu'ils aiment.

  • Speaker #0

    Oui, ça marche. Pour conclure cet échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il faut savoir s'adapter. Il faut être indépendante. Je pense que si on attend toujours sur son conjoint, pour x et y raisons, c'est pour ça que je me dis, depuis que j'ai eu Ernest, c'est beaucoup plus simple. En fait, je me suis mis des règles. Même le soir, par exemple, pour manger, je veux dire, si à une certaine heure, il n'est pas arrivé, on ne l'attend plus, en fait. C'est qu'il y a quelque chose et tout, et on se dit, de toute façon, il arrivera. et vivre au jour le jour aussi un peu et puis pas se tracer des plannings trop nickels et puis on s'adapte, savoir s'adapter quoi.

  • Speaker #0

    Et enfin, qu'est-ce qui selon toi t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur ?

  • Speaker #1

    Déjà je pense que notre lieu de vie déjà, c'est quand même assez exceptionnel, je pense que tout le monde n'a pas ça. On vit au milieu de la nature quoi, le matin on va ouvrir la fenêtre, on va voir des chevaux y passer. J'ai pas vécu ça quand j'étais jeune, je savoure tout ça. puis après le fait d'avoir quelqu'un qui est très autonome aussi qui est capable de tout faire ils sont bricoleurs, ils savent tout gérer s'il y a besoin de construire un enclos avec du bois ou n'importe ils savent gérer, ils vont s'occuper de la voiture aussi mécanique, ils font de tout malgré que nous quand même en tant que femmes il faut quand même qu'on sache se débrouiller pour beaucoup de choses parce qu'on ne peut pas toujours compter sur eux mais en même temps quand ils prennent le temps ils savent leur donner ça marche,

  • Speaker #0

    merci beaucoup pour cet échange

  • Speaker #1

    De rien, j'espère que j'ai été assez claire. Ce n'est pas toujours évident de mettre des mots, on ne se pose pas toujours ces questions, d'ailleurs nous-mêmes, alors ce n'est pas évident.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie, ou au contraire sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

Angéline a grandi au milieu des fleurs auprès de ses parents. 🌻

Elle est désormais graphiste et photographe professionnelle. 📸

Elle est mariée à un éleveur laitier depuis plus de 15 ans et ils ont ensemble 3 enfants. 🐮

Depuis la frontière entre la Maine et Loire et la Mayenne, elle témoigne de sa vie bien rythmée. 🧑‍🌾


Nous discuterons ensemble des joies et difficultés à partager la vie d'un agriculteur. Nous aborderons la vie de couple et de famille à la campagne rythmée par les bonheurs mais aussi les contraintes de l'agriculture.

Retrouvez le témoignage d'une femme d'agriculteur tous les 15 jours au sein de mon podcast.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Pour cet épisode, j'ai la chance de discuter avec Angéline. Nous venons de nous découvrir toutes les deux, mais peux-tu brièvement te présenter ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est Angéline. J'ai bientôt 38 ans. Je suis mariée depuis bientôt 15 ans. avec trois enfants. La plus grande, elle a bientôt 13 et le dernier, il a 7 ans. Je suis photographe. Aussi, on peut nommer ça graphiste. Je fais beaucoup de choses pour les mariages, faire part à beaucoup de papeteries. Mon mari est agriculteur.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter brièvement l'exploitation de ton mari ?

  • Speaker #1

    C'est une SCEA basée en Nord-Ménéloire. Nord-Ménéloire, nous, on habite sur une Mayenne. Il y a 200 mètres d'écart, mais on n'est pas sur le même département. Alors, ils sont à trois. 3 avec en plus un salarié et un apprenti. Il y a 300 hectares du coup. Ils font du lait avec de la prime Holstein classique on va dire. Après ils font les taurillons. Tous les naissants en fait ils vont les garder jusqu'au bout quoi. Donc quand c'est un mâle ils ne vont pas le vendre en fait. Ils le gardent pour faire du taurillon. Donc ils ont 170 vaches à traire, 35 taris, 150 taurillons. Et après les petites génisses pour le renouvellement il y en a 160. Il y a un peu de taf.

  • Speaker #0

    Oui il y a de quoi être occupé.

  • Speaker #1

    Voilà c'est ça. Historiquement c'est mon beau-père. Pour l'histoire ils sont pas français, ils sont suisses. Ils sont arrivés sur l'exploitation en 2000. Pourquoi ? Parce qu'en fait là-bas ils avaient plein de soucis, ils n'arrivaient pas à se développer. Donc ils ont trouvé cette petite ferme-là. Donc en 2000 mon beau-père reprend la ferme. Nous on s'est mariés en 2010 et je crois que c'est dans ces moments-là où il y a eu Stéphane qui a inséré le GAEC. Donc c'est un GAEC à l'époque. Ma belle-mère était dedans aussi d'ailleurs. Ensuite... Mon mari est arrivé aussi. Alors nous, pour l'histoire, on a dû reprendre une petite ferme à l'extérieur. Il ne s'est pas mis dans le GAEC tout de suite. Il a dû, parce que du coup, comme nous, on est en Mayenne, il ne pouvait pas directement s'installer dans la ferme. Il s'est installé pendant deux ans tout seul. Et ensuite, il a inséré le GAEC en 2012. Et quelques années plus tard, il y a un associé qui est parti et il y en a un autre qui a remplacé. Et en fait, là, c'est Laurent, un copain qui était dans notre classe quand on était à l'école. Donc on a tous à peu près le même âge, donc c'est cool. Avec des enfants du même âge aussi, donc c'est très drôle. Ça, c'est un petit peu l'historique. Après, ils fonctionnent en... Ils font la traite. Ils ont un roto. Et là, on a un projet de changer avec des robots pour avoir plus de fluidité. Parce que c'est vrai que du coup, comme il n'y a pas loin de 200 vaches à traire, c'est long. Ça prend plus de deux heures le matin, plus de deux heures le soir. Alors après, l'avantage d'être à plusieurs, ils font par binôme. Donc en fait, ceux qui font le matin, ils ne vont pas faire le soir, par exemple. Après l'avantage aussi du coup d'être en SCEA c'est qu'ils sont plusieurs donc en fait on a nos week-ends, enfin un week-end sur deux exactement. Donc c'est quand même assez confortable, je pense que dans ce milieu-là tout le monde n'a pas cette chance-là.

  • Speaker #0

    C'est plus d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Ouais voilà, donc après même si au quotidien on aimerait bien des fois en avoir un peu plus, je pense que c'est déjà pas mal. Donc nous on vit pas sur le lieu de la ferme, d'ailleurs mes beaux-parents sont partis en retraite et donc du coup maintenant ils sont dans le village. Donc en fait plus de personnes qui travaillent dans la ferme qui habitent sur le site, mais ça se fait quand même. Rires On n'habite pas à 50 km, donc c'est quand même assez gérable. Mais ce qui fait que la particularité, après, c'est plus pour moi, c'est que du coup, je suis vraiment 100% toute seule quand je suis à la maison.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Parce qu'après, moi, je travaille. En fait, ce n'est pas très compliqué. On a un bâtiment qui est à côté de la maison, qui était la salle de traite avant, et qu'on a rénové en atelier. Donc le rez-de-chaussée, c'est mon atelier. Et au-dessus, c'est mon studio. Donc c'est resté un bâtiment de travail. Ça a juste un petit peu changé de fonction entre-temps. Je suis quasiment tout le temps à la maison quand même.

  • Speaker #0

    Ouais, trop chouette. Et en plus, tu as la place d'avoir ton espace à toi pour t'épanouir professionnellement aussi sur le lieu. Oui,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et puis du coup, l'avantage aussi, étant photographe, il faut avoir des spots. Au lieu d'avoir à me déplacer, d'aller chercher des parcs, des lieux et tout, moi j'ai tout chez moi. Donc en fait, ça me permet d'avoir adapté ces spots-là. Je propose des petites choses. Alors c'est tout simple parce qu'après, ça reste très nature quand même. Mais j'ai des balançoires, par exemple, sous les arbres. Très nature, très brut, avec des branches. et je connais mes spots par cœur du coup. Et c'est vrai que c'est un gros avantage du coup pour moi, ça me permet le samedi d'enchaîner les séances tout en ayant les enfants faits à la maison. Bon après ils grandissent aussi, donc ils deviennent de plus en plus autonomes, donc ça me permet ça, avant c'était un peu plus compliqué. C'est un gros gros avantage. Ok,

  • Speaker #0

    je comprends. Pour parler un peu plus de toi maintenant, qu'on ait une visu du contexte, d'où est-ce que tu viens initialement et est-ce que tu viens d'un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors moi, initialement, je me destinais dans l'horticulture. Moi, j'ai des parents qui sont passionnés, mais vraiment passionnés de fou dans tout ce qui est plantes, la nature. Mon père, du coup, il était paysagiste, il était à son compte. Ma mère, elle travaillait dans le bureau, en fait, un truc assez classique quand on travaille en couple. Donc moi je me suis orientée, je voulais faire du coup tout ce qui était plus production en pépinière. Donc c'est pour ça du coup que j'ai fait une école agricole, donc j'ai fait un bac TSP et c'est là du coup qu'on s'est rencontré, on était dans la même classe. Suite à ça j'ai fait un BTS horticole en alternance, donc du coup je bossais, j'étais déjà dans le monde du travail on va dire. J'étais en pépinière dans une grosse boîte et puis une fois que j'ai fini mon BTS, en fait avec mes parents on avait un projet de lancer une jardinerie et de vendre en fait les plantes qu'on produisait nous-mêmes. Ça s'est lancé dans la foulée. Cette jardinerie, c'était un peu autant mon bébé que ceux de mes parents. Je m'y ai donné corps et âme, on va dire. Donc du coup, dès que j'ai fini mon PTS, j'ai inséré l'entreprise familiale et on a monté cette fameuse jardinerie. C'était vraiment, à l'époque, on va dire, une très belle expérience professionnelle parce que du coup, j'ai appris beaucoup de choses. Je n'ai pas fait que de la vente. Il y avait vraiment tout. J'étais autant dans les bureaux que dans la production. On faisait aussi des fleurs. coupés, on vendait vraiment toutes sortes de choses, c'était la petite jardinerie de campagne, puis en plus on avait des clients réguliers donc c'était assez sympa du coup cette jardinerie elle était située à peu près une heure de route de là où on habite donc du coup ça a vite été un frein quand on a des enfants, donc nous en fait on s'est mariés en 2010 c'est au mois de mai, au mois de juillet mon mari du coup il s'installait donc on reprenait la petite ferme avec une maison où il y avait tout à refaire on pouvait vraiment pas y vivre Un an de travaux très conséquents. Dès qu'on est arrivé dans la maison, c'est là où je suis tombée enceinte. C'était tout de suite, direct. Je pense qu'en fait, d'avoir passé deux ans avec des gros projets à jamais m'arrêter, puis à l'époque, on avait 23-25 ans, donc on était jeunes. Je m'ennuyais, en fait, à la maison. Et c'est là que je me suis amusée à faire des petites bidouilles en papier. Je vendais ça, en fait, sur des sites internet qui n'existent plus aujourd'hui. Ça a vite marché et je me suis vite rendue compte que... qui avait un petit potentiel là-dedans, puis ça me plaisait bien. Donc je me suis dit, après tout, ça pourrait être cool de développer un peu, et puis comme ça, la jardinerie, j'y ferai un petit peu moins, puis je serai plus présente à la maison.

  • Speaker #0

    Quand tu parles de bidouille, c'est de la papeterie, ou c'est ce que tu disais, un peu du graphisme, faire part, etc., c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors oui, bidouille, parce qu'en fait, si je dis vraiment ce que je faisais au début, c'était des petites étiquettes. Il n'y a rien de fou. Et puis, je ne sais pas, ça a pris une ampleur assez rapidement, et puis après, les gens m'ont demandé, part sur le même thème. Et puis en fait, de fil en aiguille, j'ai commencé à faire plein de choses en fait. Et puis ça, c'était vraiment le tout début. Après, on a eu notre deuxième trois ans plus tard. Et puis c'est là où je me suis dit, bon allez, avec un deuxième qui allait arriver, aller à la jardinerie en fait tous les jours de la semaine, ça devenait quand même vraiment compliqué. Et là, je me suis dit, bon allez, je prends un congé parental pour essayer vraiment de développer moi, mon entreprise à moi pour pouvoir être autonome à la maison. Donc là, c'était vraiment parti. Après, deux ans plus tard, on a eu Ernest, le dernier. Donc là, j'avais 30 ans à peu près. Et alors, il faut savoir aussi que dans le laps de temps, j'ai mes parents qui ont divorcé. Donc travailler comme ça, c'était devenu un peu compliqué pour moi. Enfin, je n'avais plus forcément ce plaisir d'aller là-bas. Le fait de voir aussi que j'avais un potentiel, moi, à développer toute seule mon truc, vraiment, ça me plaisait. Donc je me suis dit, allez, il faut aller là, quoi. J'arrivais à peu près. près à 30 ans, je me suis dit, bon bah c'est cool de faire la papeterie, c'est quelque chose qui me plaît, j'aime bien, ça fonctionne, mais j'ai jamais rêvé en fait de faire ça. Et je voyais qu'il y avait un petit truc en fait avec la photo. Il y a quelque chose là-dedans, j'arrive pas à explorer, en fait je suis bridée, il y a quelque chose que... Il y a un truc à faire. Je me suis dit, bon allez, puis mon mari m'a bien soutenue aussi là-dessus. J'ai fait une petite formation à distance. J'ai acheté un appareil photo qui était quand même mieux, qui m'a permis vraiment de me lancer. Et puis après, j'ai fait, j'ai fait, j'ai fait l'avantage d'avoir les enfants, du coup c'était hyper pratique. Et voilà, c'est ce qui fait que j'en arrive là aujourd'hui. Donc en fait, aujourd'hui, je suis principalement photographe et la papeterie, c'est en second plan.

  • Speaker #0

    Ok. Donc photographe à domicile, tu disais, dans les locaux que tu as créés sur l'exploitation.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu fais un peu d'événements ? Oui, après le gros de mon travail, ça reste quand même les mariages. Donc effectivement, les mariages, c'est le samedi. Donc on reprend un peu la problématique du début avec les samedis. Entre-temps, les enfants, ils ont aussi grandi. La grande, elle a bientôt 13. Ernest, il a 7 ans. Donc en fait, ils deviennent de plus en plus autonomes. Quand j'ai des mariages pas très très loin, le matin, ils peuvent rester tout seuls. Après, le week-end, mon mari, il vient pour manger vers 9h. Il repart après pour faire l'alimentation. Il revient vers midi. Et après, il y repart vers 16h. Donc en fait, ils ont des laps de temps où ils sont tout seuls. Mais bon, après, ils arrivent à nous appeler en fait s'il y a quelque chose. Comme on a un week-end sur deux, il y a quand même des samedis où il gère. Je trouve ça cool parce que ça fait aussi des journées où il est tout seul avec les enfants. Chose qu'avant, il ne faisait jamais. Même pour les enfants, en fait, comme ça, ils passent du temps tout seuls avec leur père. Donc il n'y a pas que moi. Je trouve ça quand même sympa. Oui. Et puis voilà, les choses, on va voir comment ça va évoluer en fait.

  • Speaker #0

    Du coup, ça permet à ton mari de créer un lien privilégié qui n'est pas forcément évident dans un contexte à l'école avec les enfants, tant qu'on peut leur accorder.

  • Speaker #1

    Après ça, il y a beaucoup de gens qui me disent, ce n'est pas un peu contraignant, les mariages de samedi, tu n'es pas avec tes enfants. En fait, pour moi, c'est aussi un peu une bulle d'air parce que finalement, c'est moi qui gère tout à la maison. Donc ça me fait des journées aussi où... Ce n'est pas là où je vais m'occuper de moi, évidemment, ça reste du travail. Mais je n'ai pas la maison et je n'ai pas les enfants à gérer. En tout cas, pour l'instant, ça me convient.

  • Speaker #0

    Vous n'êtes pas loin de l'exploitation. Non. Est-ce que ça t'arrive d'aller filer un coup de main de temps en temps, d'y aller par plaisir ou ne serait-ce que pour le voir ?

  • Speaker #1

    Alors, un coup de main, non. Clairement, il y a assez de monde là-bas. Et puis, c'est pareil, en fait, comme c'est quand même une grande exploitation, la traite, ça dure deux heures, deux heures et demie. Puis, c'est assez technique. autant quand il était installé les deux premières années où il était là où on habite sur la fin j'étais presque autonome à faire la traite je lui donnais facilement un coup de main j'ai vraiment lâché parce qu'après j'ai eu les enfants et du coup non si alors à la maison on a des génisses parce que du coup on a un bâtiment donc on a quand même quelques bêtes donc ça peut arriver de temps en temps c'est succinct quoi c'est anecdotique mais après si on y va de temps en temps plus au bout jour quand le chien Voilà, ça nous fait une balade. Je ne vais pas y aller toutes les semaines. Quoiqu'après, on essaye de faire le dimanche matin. Le week-end où il travaille, il ne rentre pas pour pouvoir être à la maison vers midi. Parce qu'en fait, sinon, il rentre trop tard et puis ça ne lui fait pas de pause. Le dimanche, il se lève à 4 heures et puis il a du boulot jusqu'à midi. Donc, tout le monde se lève et puis on va à la boulangerie et puis on amène le petit-déj là-bas.

  • Speaker #0

    D'accord. C'est sympa aussi.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Il faut que j'essaye de garder l'habitude, parce que je trouve ça sympa, comme ça on fait un petit tour de la ferme.

  • Speaker #0

    Donc si j'ai bien compris, ton évolution professionnelle, elle s'est aussi faite, entre guillemets, avec des barrières géographiques liées à l'exploitation de ton mari ?

  • Speaker #1

    Bah oui, clairement, moi j'ai vraiment un peu cette impression-là aussi. Enfin, moi, mes choix se sont faits un peu en fonction de la ferme.

  • Speaker #0

    Ouais, mais sans pour autant faire des sacrifices, finalement, c'est juste que t'as redéfini tes envies et ce que tu voulais faire, non ?

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est ça. Puis bon, après, à 23 ans, on n'est pas très vieux non plus. Aujourd'hui, il y a des changements de carrière, il y en a plein. Puis je pense qu'à l'époque, j'ai vécu dans un contexte où faire un travail artistique, ce n'était pas forcément un métier. En fait, moi, ce qui me plaisait aussi beaucoup quand j'étais jeune, c'était de faire fleuriste. C'est un truc qui m'aurait beaucoup plu. En fait, mon père, comme il avait un pied dans l'horticulture, il avait un copain qui produisait des roses. Donc j'avais été faire des stages là-bas. Et à chaque fois, quand on allait livrer les roses chez les fleuristes, tout le monde me disait « mais il ne faut pas faire ça, il ne faut pas faire ça, tu ne gagneras jamais ta vie » et tout. Donc en fait, à force de l'avoir entendu, mine de rien, je me suis dit « je ne vais pas m'orienter là-dedans, ce n'est pas possible » . C'est pour ça qu'en fait, finalement, c'est vraiment des années plus tard que je me suis dit « et pourquoi pas ? » .

  • Speaker #0

    Je comprends. Mais du coup, ton lien avec les fleurs, le contexte dans lequel tu as grandi, est-ce que tu souhaitais, toi, te rapprocher de l'exploitation et puis de tout ça, de t'installer avec ton... conjoint. Est-ce que tu t'es pas dit est-ce que je ferais pas des fleurs sur l'exploitation ? Est-ce que c'est une question que tu t'es posée ?

  • Speaker #1

    Alors, à un moment, peut-être, oui, je me suis dit pourquoi pas. Mais en fait, je sais pas comment je peux dire, tout s'est fait tellement petit à petit, on va dire. Donc, en fait, pendant 4 ans, j'étais plus à 100% là-bas, mais j'avais encore un pied dedans un petit peu. Puis c'était quand même toujours quelque chose qui me plaisait, malgré tout. Après, encore aujourd'hui, je pourrais si je voudrais, surtout qu'en plus, là, ils sont en train de monter une méta. Donc en fait, je pourrais construire une serre, chauffer toute l'année et produire des trucs, puis repartir dans du maraîchage. Mais après, non, je ne me vois pas du tout aujourd'hui repartir là-dedans. Puis ce que j'ai construit, ça m'embête vraiment de l'arrêter. Et puis en fait, je trouve qu'aussi, c'est assez complémentaire entre nos deux métiers. Je crois que j'aime beaucoup finalement ce qui est artistique. Et ce n'est pas pour autant que je ne suis plus dans les plantes et tout ça, mais je le fais de manière différente aujourd'hui. Je le vois plutôt comme ça.

  • Speaker #0

    Je comprends bien. Puis vous avez aussi trouvé votre équilibre.

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il y a ça aussi. Cette année, par exemple, en mariage, j'ai eu deux couples d'agriculteurs. J'ai été faire leur séance d'after à la ferme. J'adore. C'est dans ce que je préfère faire, en fait. Donc, je sais que je suis dans mon univers à ma façon, on va dire.

  • Speaker #0

    Maintenant qu'on te connaît un peu mieux, on va discuter ensemble de ta vie de couple et de famille. Donc, tu nous as dit que tu avais rencontré ton mari lors de vos études. Quels ont été tes premiers ressentis sur le fait que celui-ci souhaitait être agriculteur ?

  • Speaker #1

    Honnêtement, je ne sais même plus. Il faut savoir que j'arrivais, j'étais considérée comme de la ville. Je n'habitais pas dans une grande ville, mais à côté en lotissement. Quand je suis arrivée dans l'école d'agriculture, où il n'y avait que des agriculteurs, Je pense que j'ai appris à encaisser l'info au fur et à mesure du temps, je ne sais pas. Mais ce n'était pas forcément évident parce qu'on n'était pas beaucoup de filles dans la classe. Mais c'était sympa, c'est vraiment des années que j'ai beaucoup aimées. Et justement, avant, quand j'étais au collège, c'était très compliqué pour moi ces années-là. Et je pense qu'avec le recul, je n'étais pas du tout dans l'environnement qui était fait pour moi. Et le jour où je suis arrivée dans cette école, mes notes se sont mises à monter. Sans rien faire de plus, mais je pense que j'étais simplement avec des gens qui me représentaient.

  • Speaker #0

    Vous n'habitez pas sur l'exploitation. Est-ce que c'est un choix ? Est-ce que c'est prévu pour plus tard ? Tu parlais du fait que tes parents y habitaient. Est-ce que vous pensez un jour prendre cette place-là ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Pour plusieurs raisons, non, pas du tout. Parce que moi, j'aime beaucoup ma maison. On fait énormément de choses. C'est une petite ferme chez nous, mais qu'on a refait à notre image. Moi, j'aime les plantes de base. à ce que l'on aime. Ma première passion, il y a tout un jardin tout autour. La maison à la ferme, elle est très sympa aussi, mais par exemple, il n'y a même pas de gazon. Donc moi, je ne pourrais pas vivre en sortant et avoir que des bâtiments. Non, j'ai besoin de chez moi, de ce que j'ai construit, de mon petit univers un peu bucolique, si je peux dire un peu. C'est un peu ça, en fait, chez nous, du coup. Non, puis après, je trouve que c'est très bien aussi, les week-ends où ils ne travaillent pas, on est chez nous. On n'est plus à la ferme, quoi. Ça permet de couper. Je comprends complètement.

  • Speaker #0

    Et vous habitez loin de l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Non, alors on n'est pas sur le même département, mais à vol d'oiseau, il y a les 300 mètres, on va dire. Ah oui ? Mais non, ce n'est pas loin. Des fois, on entend les machines.

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    ok. Non, non, c'est tout près.

  • Speaker #0

    Toi, vivre à la campagne, ça a toujours été un choix ?

  • Speaker #1

    Moi, non, je ne me voyais pas du tout vivre en ville. Pas du tout. C'est pour ça que quand je suis chez moi, on est un peu dans une bulle, on va dire.

  • Speaker #0

    Ok, ok. Tu parlais donc de ta belle famille qui est du coup géographiquement ? proches. Quels sont tes rapports avec elles ?

  • Speaker #1

    On a de très bons rapports. Mes beaux-parents, comme je l'ai dit tout à l'heure, ils sont suisses. Il n'y a que mes beaux-parents et mes belles-sœurs. Il y en a une qui est à Paris et l'autre qui n'habite pas très loin. On se voit assez souvent. On est assez proches, avec une bonne relation. Moi, Aude, c'est comme si c'était ma sœur. Je communique vraiment beaucoup avec elle, presque tous les jours même. Puis après, avec ma belle-mère, pareil, je pense qu'on a une bonne relation. Elle, de par son expérience, elle avait une belle-mère qui était très intrusive et qui habitait avec eux. Donc en fait, elle ne veut pas du tout refaire vivre ça à ses enfants. Je pense que des fois, elle n'ose pas. Elle ne va pas venir nous embêter. Elle ne va pas venir pour prendre un café comme ça sur un coup de tête.

  • Speaker #0

    C'est quelque chose que j'entends souvent. C'est un écart générationnel qui faisait qu'avant, les familles étaient encore plus proches. Et maintenant, elles respectent plus l'intimité des uns des autres.

  • Speaker #1

    Oui, je pense aussi.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai que c'est pour ça que j'aborde souvent la question de la belle famille. C'est pour savoir, si toi, ça te faisait peur en te disant, je vais m'installer avec un agriculteur, donc il y aura forcément, puisque c'est une exploitation familiale, la belle famille à côté. Est-ce que tu appréhendais ça ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Non, pas spécialement. Non, non, non, pas. Alors après, est-ce qu'elle le fait encore une fois ? On était jeunes. Je pense qu'en fait, tout s'est fait tellement vite, en fait, pour nous, qu'il y a plein de choses où on ne s'est vraiment pas posé de questions, je pense.

  • Speaker #0

    OK. Vous avez donc trois enfants. Comment ça s'est passé au moment de l'arrivée des enfants par rapport à des périodes agricoles peut-être compliquées ou denses ? Quelle disponibilité a eu ton mari au moment de l'arrivée des enfants ? Comment toi, tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Pour Hortense, elle est arrivée mi-mars, dans une période où ça le fait encore. De mémoire, je crois qu'il avait pris son congé paternitaire un peu plus tard. On avait dû partir en vacances. Je n'ai plus trop de souvenirs. Sinon, après, en soi, ça s'était bien passé. Après, c'était le premier. Moi, j'étais disponible. en congé mater. Donc, en fait, j'avais qu'E.L. à m'occuper. Moi, je n'ai pas eu de difficultés particulières. Après, c'est vrai que c'était plus les grandes périodes où il n'était pas là les premières années. Bon, il faut s'y faire, en fait. Prêt à l'arrivée d'Eleonore, alors elle allait arriver en hiver. Donc c'était plus simple aussi, elle a eu cette chance-là. Après Ernest, lui il est arrivé début octobre, donc en plein dans la période des Smith-Blay. Donc j'ai accouché à 6h du matin, à 8h il était parti dans son tracteur. Il est parti bosser quoi ! Puis après c'était un troisième, donc après je pense qu'on se focalise moins là-dessus. Puis moi je ne me suis pas arrêtée non plus en fait du coup, parce que comme je quittais mon emploi... Il fallait absolument que mon entreprise marche. Donc en fait, je ne me suis pas arrêtée non plus. J'avais mon ordi avec moi à la maternité. C'était une année un peu particulière parce que je lançais la photo ici en même temps. Il y a des moments qui étaient un petit peu durs, mais après, on a survécu.

  • Speaker #0

    Comment se passe votre organisation familiale avec les trois enfants, non moins de l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Les enfants, c'est vrai que maintenant, ils grandissent. Donc en fait, il y a pas mal de choses qui évoluent. Parce qu'en fait, jusqu'ici, c'est moi qui faisais tous les tours à l'école. Maintenant, la grande est au collège. Elle prend le car le matin. En gros, je l'emmène au car. Pendant ce temps-là, les deux autres se lèvent. Je n'ai plus rien à gérer de ce niveau-là. Maintenant, ils arrivent à se débrouiller tout seuls. C'est de plus en plus facile. Comme on n'est pas dans le village, on a le droit au service avec le TitiBus. Il y a une dame qui vient les chercher le matin. Je ne fais plus de tour pour aller à l'école. La grande nouveauté depuis le début de l'année. Ça me gagne beaucoup de temps dans ma journée. Le soir ils sont... les premiers déposés. Du coup, en fait, donc à 5h moins le quart, ils sont à la maison. Après, je suis avec eux pour prendre le goûter. Et puis la grande, après, il faut que j'aille la chercher au quart. C'est toujours cette horaire-là qui est un peu plus compliquée parce que des fois, moi, je travaille aussi. Quand il y aura les robots, j'espère que ce sera plus simple parce que du coup, quand moi, je vais avoir des rendez-vous avec des clients, mon mari va pouvoir prendre le relais puisque là, pour l'instant, il ne peut pas parce qu'en fait, il est en pleine traite. Impossible. Impossible d'aider. Et puis après, mon mari, il arrive le soir. Donc, c'est moi qui m'occupe de faire les repas. Alors après, pareil, tout ça... petit à petit, ils voient aussi que moi, j'ai du boulot. Donc, en fait, il y a des fois, oui, c'est que des pattes. On fait au plus simple, au plus rapide. Et, suite à un temps, j'avais un peu plus de temps. Maintenant, c'est vrai qu'en fait, j'ai quand même de plus en plus de travail et je ne peux plus être partout autant que j'ai pu l'être il y a quelques années. OK.

  • Speaker #0

    Ça s'entend. Et du coup, par rapport à cette organisation familiale Danse avec les trois enfants plus le travail à temps compte et la vie d'un éleveur, comment est-ce que vous trouvez vos moments de couple à deux ?

  • Speaker #1

    on rentre pour manger. Moi, comme je suis à la maison, le midi, on est ensemble. Après, ce n'est pas forcément le midi, je dirais, où c'est le moment le plus sympa dans la journée. On a tous les deux notre tête dans le boulot. Mais au moins, on a ce moment-là dans la journée pour échanger sur toute l'intendance, on va dire, de la maison. Là, on va repartir dans des travaux, par exemple. Donc, c'est à ce moment-là, en fait, où on va échanger sur les devis, par exemple, et autres. Parce que le soir, avec les enfants, c'est un peu plus compliqué. Et puis après, sinon, on essaye, on va dire au moment des anniversaires, anniversaire de mariage, de rencontre, etc. On essaye de se forcer un petit peu, puis d'aller se faire un resto. Une fois tous les deux ans, on va dire à peu près. On essaye de partir trois jours, trois, quatre jours tous les deux. On est partis début décembre à Lisbonne pendant trois jours. C'est mon père qui a zéré les enfants. Il faut tout, parce que c'est ça qui n'est pas évident, en plus avec l'école et tout. Mais ça fait du bien d'être trois jours. Alors moi, pour ma part, de ne pas avoir justement toute la maison à zérer et les enfants. Et puis on se retrouve dans un contexte différent. Je pense que c'est important de s'obliger à le faire.

  • Speaker #0

    Et de se retrouver aussi un petit peu.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    En famille, tous les cinq, vous partez un peu en vacances ?

  • Speaker #1

    Oui, alors après on est plus, on va dire week-end. Après encore une fois, comme il y a un week-end sur deux, c'est un peu plus simple. J'essaye moi pendant les vacances scolaires d'avril et d'octobre. Alors, ce n'est pas systématique, mais j'essaye en tout cas. Je réserve un petit Airbnb dans des coins divers et variés, mais pas trop loin non plus. Le dernier qu'on a fait, par exemple, on a été visiter les châteaux de la Loire. Du coup, le truc cool, c'est que j'ai réservé, on a dormi sur une cabane sur l'eau, sur les bateaux en bois. Un petit truc sympa. Oui, franchement. Sinon, l'été, alors du coup, on a tous les deux notre pleine saison en même temps. Donc, c'est toujours un peu compliqué. On n'arrive pas à nous-mêmes si on essaye de prendre une semaine. C'est toujours super compliqué. On n'est pas pleinement dans nos vacances. On essaye de faire tout simple. On va en Suisse, en fait, voir la famille. Comme ça, ça se planifie un peu à la dernière minute. Il y a des changements de date. Puis les enfants, ils adorent aller là-bas. Ils retrouvent leurs parrains. Enfin, voilà, c'est tout simple, mais ça marche bien.

  • Speaker #0

    Trop chouette, ça marche. Autour de vous, est-ce que tu parlais de ta belle-sœur et puis de tes beaux-parents ? Au-delà de la famille, est-ce que vous avez des amis dans le coin ? Est-ce que vous êtes bien entouré ? Ou est-ce que parfois tu te sens un peu isolé ? Comment est-ce que tu qualifierais votre vie sociale ?

  • Speaker #1

    Moi, je dirais que depuis que je me suis lancée dans la photo, alors autant j'adore mon métier, tout ça, c'est génial. Mais du coup, je retravaille les samedis. J'ai l'impression qu'on fait moins de choses socialement avec les copains. Après, pareil, il y en a aussi qui sont aussi lancés dans leurs entreprises et tout. Donc, je pense qu'on est tous un peu la tête dans le guidon. Voilà, c'est le petit point négatif. Sinon, au niveau famille, ma mère, elle a une heure de route, puis elle bosse encore. Donc, ce n'est pas forcément évident. Je ne vais pas aller la voir sur un coup de... de tête. Mon père maintenant il habite en Bretagne à trois heures de route, pareil. Mais par contre, ce que je vais faire c'est que pendant les vacances scolaires, puis moi j'ai l'avantage de pouvoir bosser à distance. Mettons le samedi j'ai un mariage, en fait le lundi, mardi, mercredi suivant je vais pas prendre de séance et puis je peux aller bosser en fait en étant ailleurs. Donc j'essaye pendant les vacances scolaires d'y aller quoi. Et même s'il n'est pas là, parce que pareil, ça en fait autant avec les filles Je pense que j'étais dans l'optique, on est une famille, dès qu'on doit faire un truc, on doit être tous les cinq. Et puis, je pense que j'ai changé mon fusil d'épaule quand j'ai eu Ernest, je pense, je ne sais pas, à la trentaine, enfin bref. Et du coup, je me suis dit, en fait, il faut que je fasse ma vie. Ils sont là maintenant, les enfants, il faut que j'arrête d'attendre Grégoire qui n'est jamais là, ou très peu. Maintenant, si j'ai envie d'aller faire quelque chose, je vais y aller, je ne vais plus forcément l'attendre. Et puis, c'est beaucoup plus simple depuis que j'ai cette vision-là. Et même pour les enfants, parce que c'est bien aussi qu'ils aillent voir autre chose. il n'y a pas que que la ferme. Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    tes enfants, par rapport à l'exploitation, ça leur arrive d'y aller ? Est-ce que certains sont piqués et ont des attentes derrière ?

  • Speaker #1

    Attente, non. Alors, si on va leur demander, ils vont me dire oui, mais je pense qu'ils ne savent pas vraiment ce que ça représente encore à leur âge. Après, s'ils y vont des fois le soir, ils les emmènent pour faire la traite. Si, si, ils aiment bien y aller. Ils ont leur cote et tout. Enfin bref, ils aiment bien. Après, j'ai la grande qui aime beaucoup les animaux. Elle, on voit, ça se sent en fait. Elle a ce truc de l'éleveur. Elle a l'œil. Les animaux, ça se ressent. Elle a vraiment ce petit truc en plus. On a un âne à la maison qu'on a eu depuis le printemps. C'est elle qui s'en occupe quasiment toute seule. Elle a son lapin à la maison. C'est pareil. Les poules aussi. Elle adore s'occuper des poules. Donc du coup, est-ce qu'elle reprendra la ferme ? Je n'ai aucune idée. Parce qu'après, elle est très sensible aussi. Du coup, je ne sais pas si...

  • Speaker #0

    Certains aspects du métier seraient compatibles.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, c'est ça. Puis bon, ils sont jeunes encore. On pourrait dire, Ernest, le dernier, qui est un garçon. Bon, il aime bien, mais je ne sais pas. Je pense qu'il ne se pose pas du tout de questions.

  • Speaker #0

    Vous verrez bien. Oui,

  • Speaker #1

    voilà, c'est ça. Après, il aime bien aussi les bateaux. Chez Papy, en Bretagne, il aime bien. Donc, aucune idée. Après, on ne se fait pas du tout de fixettes là-dessus. Le but, ce n'est pas notre but qu'ils reprennent la ferme. Le but, c'est qu'ils fassent quelque chose qu'ils aiment.

  • Speaker #0

    Oui, ça marche. Pour conclure cet échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur ?

  • Speaker #1

    Je dirais qu'il faut savoir s'adapter. Il faut être indépendante. Je pense que si on attend toujours sur son conjoint, pour x et y raisons, c'est pour ça que je me dis, depuis que j'ai eu Ernest, c'est beaucoup plus simple. En fait, je me suis mis des règles. Même le soir, par exemple, pour manger, je veux dire, si à une certaine heure, il n'est pas arrivé, on ne l'attend plus, en fait. C'est qu'il y a quelque chose et tout, et on se dit, de toute façon, il arrivera. et vivre au jour le jour aussi un peu et puis pas se tracer des plannings trop nickels et puis on s'adapte, savoir s'adapter quoi.

  • Speaker #0

    Et enfin, qu'est-ce qui selon toi t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur ?

  • Speaker #1

    Déjà je pense que notre lieu de vie déjà, c'est quand même assez exceptionnel, je pense que tout le monde n'a pas ça. On vit au milieu de la nature quoi, le matin on va ouvrir la fenêtre, on va voir des chevaux y passer. J'ai pas vécu ça quand j'étais jeune, je savoure tout ça. puis après le fait d'avoir quelqu'un qui est très autonome aussi qui est capable de tout faire ils sont bricoleurs, ils savent tout gérer s'il y a besoin de construire un enclos avec du bois ou n'importe ils savent gérer, ils vont s'occuper de la voiture aussi mécanique, ils font de tout malgré que nous quand même en tant que femmes il faut quand même qu'on sache se débrouiller pour beaucoup de choses parce qu'on ne peut pas toujours compter sur eux mais en même temps quand ils prennent le temps ils savent leur donner ça marche,

  • Speaker #0

    merci beaucoup pour cet échange

  • Speaker #1

    De rien, j'espère que j'ai été assez claire. Ce n'est pas toujours évident de mettre des mots, on ne se pose pas toujours ces questions, d'ailleurs nous-mêmes, alors ce n'est pas évident.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie, ou au contraire sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

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