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Où ça mène quand on sème

Pauline : là où poussent les savoirs, au coeur d'une vie rurale riche d'enseignements autour de l' agriculture

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40min |10/10/2025|

157

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Où ça mène quand on sème

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40min |10/10/2025|

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Description

Pauline est passionnée de botanique et d'agriculture. Cette jeune divorcée redécouvre la joie de vivre avec les contraintes du milieu agricole, comme dans son enfance. Son conjoint s'installe sur une ferme ouverte à tous. Ils ont le point commun de partager à tous les sciences du vivant, que ce soit à la ferme avec la découverte des cultures et des animaux, ou par les formations qu'elle propose à son compte.


“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue au centre de podcast que ça mène quand on s'aime, celui qui donne la parole aux conjoints d'agriculteurs. Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en bio, en conventionnel, en raisonnée. Elles viennent de toute la France. Certaines sont tombées dans l'agriculture toute petite. D'autres la découvrent jour après jour. Elles jonglent entre la ferme, la famille, leur métier. Elles portent une force incroyable. Moi c'est Marion, et avec ce podcast, j'espère que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans leurs propos, pourront les conseiller, les écho à leur goût, prendront peut-être un peu de recul, pourront du soutien, ou simplement verront une mise en lumière de ce qui se vit, souvent dans l'ombre, au cœur des fermes. Ici c'est de la good fight, de la sororité, du partage, et un vrai souffle de girl power en agriculture. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Alors aujourd'hui je reçois Pauline, on vient tout juste de faire connaissance et je suis ravie de partager ce moment avec toi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Pauline, j'ai 36 ans, j'habite en Bretagne et je suis consultante agricole à mon compte.

  • Speaker #0

    Avant de parler de toi un peu plus en détail, est-ce que tu peux nous décrire un peu où tu vis, avec qui et comment se présente la ferme de ton compagnon ?

  • Speaker #1

    J'habite en Bretagne, aux confins entre la Normandie, la Mayenne et la Bretagne. Certains diront que ce n'est pas la vraie Bretagne, mais malgré tout, administrativement, ça l'est. Mon compagnon est éleveur de chèvres laitières en système bio. Tout est vendu en vente directe. J'ai aussi de l'animation pédagogique sur la ferme. Il est bien occupé. Je n'ai pas de rôle particulier dans l'exploitation, si ce n'est qu'on s'est rencontrés puisque j'étais sa conseillère.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc, moi. Je continue mon travail de conseil auprès de lui, avec parfois un petit peu une oreille moins attentive de sa part maintenant. Et puis je contribue beaucoup à la création d'ateliers spécifiques autour de la biodiversité, de l'élevage ferme, mais de manière beaucoup plus ponctuelle.

  • Speaker #0

    Ça marche. Quelle est la taille de l'exploitation et est-ce qu'il travaille seul ?

  • Speaker #1

    L'exploitation fait un tout petit peu moins de 20 hectares. est en prairie naturelle. L'autonomie fourragère est atteinte pour le troupeau. Et du coup, il travaille sur l'exploitation avec une salariée à mi-temps qui l'accompagne sur tout ce qui est partie fromagère, transformation et commercialisation.

  • Speaker #0

    Ça marche. Est-ce que vous avez des enfants ?

  • Speaker #1

    Eh bien non, pas encore. Tous les deux, c'est un renouveau pour tous les deux puisqu'on sort tous les deux de divorce. Et donc, voilà, on avance tout doucement.

  • Speaker #0

    Alors maintenant qu'on voit un peu mieux le décor, on va parler un peu de toi. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors je viens de la plaine de Beauce, entre Orléans et Pithiviers. Donc les betteraves, le blé et les silos à perte de vue.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc à priori, ce n'était pas trop l'ambiance élevage. Et puis mes parents étaient artisans, rien à voir non plus. Mais mon papa avait une passion pour les chevaux, mais pas forcément les finances qui allaient avec. Donc on faisait beaucoup de choses par nous-mêmes. On avait 7 hectares, on en a toujours d'ailleurs, 7 hectares de terrain. Et donc on faisait le foin, la paille nous-mêmes, un petit ballot. Donc j'ai eu une enfance très rurale à des choses agricoles. Puis mes parents étaient très amis avec beaucoup d'agriculteurs, notamment beaucoup d'éleveurs. Et puis on avait beaucoup de relations en Normandie par rapport aux chevaux. Et c'est en Normandie, à l'âge de 4-5 ans, que je suis tombée dans la marmite. L'élevage laitier, alors vraiment ce n'était pas quelque chose de prévu, mais je suis tombée amoureuse des vaches laitières et ça ne s'est jamais démenti. Donc j'ai conduit toutes mes études pour avoir le bonheur de pouvoir travailler avec des vaches tous les jours. Je me souviens petite, je faisais des dessins de vaches sous des pommiers en disant que j'irais habiter en Normandie quand je serais grande. Et je n'ai pas atterri si loin que ça, puisque je suis à 30 kilomètres de la Normandie. Et puis, la Bretagne, c'est quand même pas mal non plus. Trop,

  • Speaker #0

    trop chouette. OK. Et du coup, qu'est-ce que tu as fait comme études ? Quel est ton parcours professionnel ?

  • Speaker #1

    Eh bien, du coup, ce qui était assez chouette, c'est que j'avais un lycée agricole pas très loin de chez moi, où même si on était dans une zone très céréalière, il y avait un atelier élevage avec des brebis sepulques, qui était assez important. et donc j'ai pu faire ce lycée agricole avec une option écologie agronomie territoire citoyenneté qui paraît hyper mainstream maintenant mais qui était quand même assez innovant pour l'époque. On avait des cours d'écologie scientifique. On faisait des audits de biodiversité rivière, on faisait de la dissection botanique, après relever sur périnaturel. C'est des choses qui n'étaient pas particulièrement courantes pour l'époque et je pense qu'ils m'ont pas mal façonnée. Et puis, suite à ce lycée agricole, j'ai fait très classiquement une prépa aux grandes écoles en région parisienne. Et après, j'ai atterri à Nancy pour une école d'agro, l'ENSAIA, où j'ai fait... une option développement durable des filières agricoles et particulièrement de l'élevage. Et puis comme ma grande passion, c'était quand même l'ouest de la France, la Normandie, les pommiers, les vaches, j'ai cherché un stage de fin d'études, un mémoire à faire dans cette région-là. Et je suis revenue en Bretagne pour ça. Et puis je ne l'ai plus jamais quitté.

  • Speaker #0

    Ok, trop trop chouette. Quelles ont été tes premières expériences professionnelles et qu'est-ce que tu fais du coup exactement maintenant ?

  • Speaker #1

    Adieu. Du coup, en finissant mon mémoire de fin d'études, j'avais vraiment envie de travailler dans l'élevage, mais que ce ne soit pas avec une vision trop restreinte des modes d'élevage, dans le sens où le dogmatisme, ce n'est pas un truc qui m'intéressait déjà des masses à l'époque. Donc, j'avais fait mon mémoire dans une structure très orientée, agriculture, herbagère, paysanne, etc., qui était très, très chouette. Mais j'avais envie d'aller voir plein de systèmes d'élevage. Donc, je me suis fait recruter dans ce qu'on appelait à l'époque le contrôle laitier. Et puis j'ai bossé dix ans là-bas où j'ai occupé différents postes, du poste de conseillère sur le terrain, accompagner les producteurs sur des questions technico-économiques. J'ai fait de l'animation de groupe, de la spécialisation sur la qualité du lait. Et puis j'ai eu la chance de faire de l'intra-trenariat puisque l'entreprise a décidé de créer un pôle agriculture biologique et durable et de m'en confier le développement. Donc ça a été super chouette. Et donc j'ai fait ça pendant cinq, six ans. Et puis, pour plein de raisons, à la fois... Professionnelle et personnelle, j'ai eu envie de changer un petit peu d'air et de continuer ce métier de conseil auprès des producteurs, mais à mon compte. Et donc, ça fait trois ans désormais que je suis installée, que j'ai créé mon cabinet de conseil pour les producteurs de ruminants, tous les ruminants, Beauvin, Auvin, Caprin. C'est plutôt cool, voilà. Et je pense que cette passion de l'accompagnement des producteurs, elle m'est venue pendant ma dernière année d'école d'ingé. puisque je l'ai faite en alternance dans un cabinet d'expertise foncière et qui était spécialisé dans l'accompagnement des producteurs qui étaient en procédure collective, donc redressement judiciaire, règlement amiable, etc. Et franchement, c'était humainement hyper fort d'accompagner ces personnes-là qui sont en difficulté pour plein de raisons. Mais du coup, j'étais chargée pendant mon alternance de faire les dossiers d'études techniques, donc les accompagner finalement sur comment redresser la barre techniquement pendant que ma... Ma maître d'apprentissage, elle était sur le volet plutôt patrimoniaux et économique. Et du coup, c'est vraiment quelque chose qui m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup plu. Alors, dans un contexte très dur, on accompagne des gens chez qui ce n'est vraiment pas facile. Mais je pense que ça m'a beaucoup marquée et ça m'a donné vraiment envie de poursuivre l'accompagnement. Pas forcément chez des gens toujours en difficulté, mais ça m'a beaucoup porté ça.

  • Speaker #0

    Ok, je comprends. Tu es investie aussi dans les idées de la... Terre, est-ce que c'est un peu pour ces mêmes sujets, pour aider, pour pouvoir transmettre aussi à d'autres femmes qui sont en difficulté ?

  • Speaker #1

    Complètement. L'idée, c'est vraiment déjà de porter la voix des femmes, parce que je peux honnêtement dire que je n'ai jamais ressenti de sexisme ou de remarques particulièrement misogynes dans mon métier. Je tiens à le dire parce que ce n'est pas forcément l'opinion commune que beaucoup de gens ont du milieu agricole.

  • Speaker #0

    J'ai déjà eu des témoignages de ce que tu fais.

  • Speaker #1

    Alors, j'en ai eu un petit peu, mais finalement, plus de la part de pairs, donc de techniciens, de collègues, etc., que de la part d'agriculteurs, pour être tout à fait honnête. Et donc, les ailes de la terre, c'est vraiment être dans la transmission, pouvoir parler librement des problématiques, etc. Et puis, un point que je trouvais chouette, c'est que quand on est agricultrice sur le terrain, il y a beaucoup d'associations, il y a beaucoup de groupes techniques ou de groupes... avec lesquels on peut échanger. Mais quand on est indépendante, entrepreneur dans un milieu para-agricole, au final, on n'a pas trop d'espace de parole parce que les problématiques d'entrepreneuriat sont les mêmes que des nanas ou des mecs qui auraient d'autres carrières complètement. Mais il y a quand même ces spécificités agricoles, ces saisonnalités, etc., qui sont très particulières. Et du coup, c'est dur. de trouver un peu sa tribu quand on n'est pas du Serail en étant à proprement parler agricultrice. Et du coup, Laurence et les autres nanas m'ont ouvert leur porte et je trouve ça chouette dans le sens où ça permet d'ouvrir le dialogue à l'entrepreneuriat agricole et para-agricole et comment nouer un dialogue tous ensemble. Donc ça, c'était chouette aussi.

  • Speaker #0

    Ton choix professionnel de te mettre à ton compte, est-ce que ça s'est fait avant ou après ta rencontre avec ton conjoint ? Est-ce que c'est lié à son activité sur la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors non du tout, c'était vraiment une volonté pour pouvoir exercer mon métier comme je l'entends, avec plus de liberté dans les manières dont je pouvais apporter du conseil et dans la manière d'orienter ma clientèle et mes formations par exemple. Donc ça c'était vraiment un choix qui s'est fait à une époque de ma vie. où il y avait pas mal de transformations. Et puis, ça a été un petit peu bousculé puisque j'ai monté ma boîte. Quatre mois plus tard, mon mari me quittait. Ça a été une période un peu chaotique. J'ai repris un emploi à temps partiel pour faire bouillir la marmite en continuant de développer Herbivore. Et puis, c'est un petit peu plus tard qu'au détour. de rendez-vous conseil avec mon chéri qui ne l'était pas à l'époque, quand on s'est découvert des atomes crochus au-delà de ma pratique professionnelle.

  • Speaker #0

    Ça marche. Et est-ce que c'est facile de trouver des clients, des entreprises dans lesquelles aller faire tes formations autour de la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors, oui et non. J'ai un réseau à l'échelle France pour les formations notamment. Et ça, ce n'est pas nouveau. je gambade très souvent. Je suis amenée à partir 3, 4, 5 jours d'affilée assez régulièrement. Et après, ce n'est pas comme le ski, mais c'est presque saisonnier dans les périodes où c'est assez intense. C'est souvent octobre, novembre, décembre. Et puis souvent mai, juin. Le reste du temps, je suis beaucoup plus à la maison et puis à aller en rendez-vous. chez mes clients agriculteurs qui sont en coaching, à concevoir ou rénover mes formations, tout ça. Mais c'est vrai qu'il y a pas mal de périodes de l'année où ils ne me voient pas, du coup.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. C'est un peu des ajustements à faire tous les deux aussi, sans doute. Que ce soit maintenant ou avant, je ne sais pas si ton ex-mari était aussi agriculteur, est-ce que tu as fait des concessions ou des ajustements professionnels pour suivre ton conjoint ? Que ce soit de la mobilité, une reconversion, un passage à temps partiel par moment, ou comme tu le disais, justement, reprendre un emploi après. Quels ajustements tu as pu faire par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Écoute, pas tellement en réalité, dans le sens où mon ex-mari n'était pas du tout du milieu, donc on avait tous les deux nos jobs de cadre. C'était une routine assez facile finalement, sauf que... J'avais une petite exploitation où j'élevais des chèvres de race locale et puis quelques bovins à l'étang. Donc, on avait des week-ends et des vacances qui étaient consacrées uniquement à l'entretien de la petite ferme et du soin aux animaux, avec pas mal de saisonnalité autour de poser les vacances pour faire le foin, poser des jours pour les mises bas pour les chèvres, etc.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc, là-dessus, c'était un peu... une grosse organisation et je pense que mon fils mari, c'est lui qui a dû faire, je pense, le plus de concessions autour de ce mode de vie. C'est peut-être en partie ça aussi qui a pu contribuer à un certain déséquilibre dans notre mariage, parce qu'on n'était pas sûrs que c'était sa grosse tasse de thé au final. Et dans cette relation avec mon chéri, là... Au final, il a une vie très occupée avec sa transformation, son élevage, l'accueil à la ferme. Moi, j'ai une vie très occupée aussi avec mon métier. L'avantage, c'est qu'on en comprend chacun les enjeux et les impératifs. Donc, pour le moment, on va dire que moi, j'essaye d'intégrer, de l'aider ponctuellement sur quand il y a du foin, c'est moi qui fan, quand il y a des soucis sanitaires dans le troupeau. J'ai un petit peu plus d'affinité avec ces choses-là que lui. C'est moi qui vais gérer les rendez-vous avec le véto, l'ostéopathe, etc. C'est plus par plaisir et parce que j'ai peut-être un poil plus d'affinité avec certains sujets que lui sur ces choses-là. Mais on s'est dit tous les deux que, clairement, la priorité, c'était nos entreprises respectives. Dans ce moment-là de notre vie, ça ne sera peut-être pas toujours comme ça, mais on voulait se donner la chance tous les deux que ça fonctionne bien pour chacun de nous. On essaie d'y aller à fond chacun de notre côté, sachant que de mon côté, je peux plus facilement me dégager du temps pour l'accompagner à la ferme que l'inverse.

  • Speaker #0

    Vous soutenez dans vos projets pros, c'est trop bien. Ton ancienne vie agricultrice, du coup, quand même à côté de ton emploi, est-ce que ça te manque ? Est-ce que tu en as encore une un petit peu en ce moment ? Ou est-ce que tu pourrais imaginer plus tard, même si ça n'est peut-être pas du tout à l'ordre du jour, avoir ta part sur la ferme de ton conjoint avec notamment cet élevage ou avec d'autres activités ?

  • Speaker #1

    Alors, ça me manque évidemment, mais mes animaux me manquent, voilà. J'ai été obligée de me séparer de la plupart d'entre eux. Après, entre guillemets, je vis le meilleur des deux mondes, dans le sens où quelques-unes de mes chèvres ont atterri dans le troupeau de mon compagnon. Mes chevaux sont chez lui aussi. Donc finalement, je participe et je vis par procuration tout ce monde-là, en en ayant finalement moins de contraintes qu'auparavant. Quelque part, pour le moment, ça se conjugue avec le... plein développement de mon entreprise. Donc, de toute façon, je n'aurais pas eu le même temps disponible que j'avais auparavant pour continuer ce type de choses. Et puis, après, on commence tout doucement à évoquer des projets communs autour d'activités, soit d'élevage, soit d'accueil à la ferme ou de choses comme ça, dans lesquelles je pourrais prendre une part. Comme je te le disais, on est tous les deux divorcés et ça échoue de mettre en commun trop vite nos projets professionnels. dans le sens où on sait le prix à la fois émotionnel et simplement logistique, juridique, matériel finalement que ça peut avoir. Donc on en discute, on est tous les deux fermés à rien du tout, on a plein de projets, plein d'idées. Mais voilà, nos histoires de vie respectives ont fait qu'on met peut-être un petit peu plus de prudence que si on s'était rencontrés dans la vingtaine.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. Ça n'empêche pas, comme tu dis, de se... projeter, d'avoir des projets, mais de rester un peu aussi sur ses gardes et puis d'avancer ensemble.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est sympa, c'est qu'au final, comme on a quand même eu quelque part une même épreuve de vie autour de ça, alors c'est de plus en plus courant les divorces, mais ça reste une grosse épreuve. Mais du coup, c'est sympa parce qu'on avance à la même vitesse et avec une vraie compréhension mutuelle des enjeux que ça peut avoir. Donc ça, c'est chouette.

  • Speaker #0

    J'aimerais maintenant qu'on parle un peu de votre vie à deux. et de ce que représente le quotidien quand on vit avec un agriculteur. Tu nous as parlé un peu de votre rencontre dans le cadre professionnel du coup. Quand tu as su qu'il était agriculteur, tu le savais en le rencontrant, qu'est-ce que tu as ressenti ? Est-ce que le fait de t'installer avec un agriculteur, ça t'attirait ? Ça te faisait peur ? Quels sont tes ressentis par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Je vais te raconter une anecdote que j'ai vécue au lycée. Avant de revenir à ça. Donc j'étais dans un lycée agricole, un après-midi on faisait un atelier de français, et puis on était avec quelques copines en train de bosser, et puis la prof de français vient nous voir et puis vient nous dire « Mais les filles, encore célibataire, mais qu'est-ce que vous faites ? Regardez, Nicolas, 200 hectares, Benoît, un quota de betterave, enfin les filles, il faut y aller quand même ! » Et donc, dans le milieu dans lequel j'ai grandi, il y avait un rapport au fait de se marier ou en tout cas de fréquenter un agriculteur qui était lié, on va dire, à des aspects matériels et des aspects de, oh là là, est-ce qu'il y a une grosse ferme, est-ce qu'il y a du quota laitier, etc. qui, venant du milieu rural, mais pas agricole, m'a un peu séchée parce que j'étais probablement encore très... naïve ou en tout cas pas intéressée par ces choses-là et je voyais pas l'intérêt de se mettre avec quelqu'un juste on va dire pour une forme de prestige social agricole et donc ça m'a un peu découragée de me mettre avec un agri en tout cas dans le monde dans lequel j'ai grandi des plaines céréalières je me disais oh là là mais moi j'ai pas envie de rentrer dans ce truc là alors après si c'était tombé comme ça ça serait tombé comme ça mais j'ai pas eu envie de du coup fréquenter trop ce monde là Et puis après, les choses se sont faites. Mon ex-mari n'était pas du tout de ce milieu-là. Et puis par contre, dans ma pratique professionnelle, je rencontrais et je travaillais avec des agriculteurs et des agricultrices tous les jours. Donc je connaissais bien ces mondes-là. Quand j'ai rencontré mon compagnon actuel, au final, le fait qu'il ait été agriculteur, ça me faisait ni chaud ni froid, dans le sens où c'est un monde que je connais très très bien, donc je connais les contraintes pour les avoir vécues aussi. pas à la même échelle qu'une échelle professionnelle, mais quand j'étais petite, on avait les chevaux, mes parents élevaient des chevaux de course. Clairement, les vacances, c'était faire du foin, faire de la paille ou aller accompagner les chevaux en compétition ou à l'entraînement. Donc, les contraintes du vivant, les soirées du nouvel an au chevet d'une jumeau malade à attendre le véto, c'était finalement les mêmes. Donc, ça ne me faisait pas particulièrement peur. Et je trouvais ça plutôt chouette dans le sens où je me suis dit, voilà, enfin, je trouve quelqu'un qui comprend mes passions et avec qui on est assuré d'avoir tout le temps des conversations riches puisqu'on aura non-stop des sujets en commun à évoquer.

  • Speaker #0

    Et puis des valeurs communes aussi.

  • Speaker #1

    Oui, oui, complètement. Après, ce que je n'avais pas forcément... calibré, si tu veux, dans ma tête, c'était les impératifs liés à la transformation au commerce et à l'accueil sur la ferme, parce que ça, c'est encore d'autres contraintes et d'autres manières de vivre l'agriculture. que je trouve formidable quand c'est moi qui l'évite du côté touriste, mais vécu de l'intérieur, c'est parfois plus compliqué.

  • Speaker #0

    Oui, parce que du coup, ça nécessite énormément de temps, de disponibilité, sans doute aussi peut-être le week-end, etc. C'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est-à-dire que la transfo, c'est beaucoup d'exigences. Alors après, ni plus ni moins que l'élevage, mais ça se surimpose aux exigences et aux contraintes de l'élevage. Donc ça, c'est une première chose. Et puis après, le reste... C'est vrai que la commercialisation avant direct, l'accueil à la ferme, moi j'étais habituée à avoir, que ce soit chez mes parents, ou que ce soit dans ma petite ferme auparavant, etc. La ferme, les terres, l'élevage, c'était un espace de liberté où je pouvais être soit toute seule, soit moi-même, soit être entre guillemets tranquille. Et quand... un compagnon dont l'activité se tourne autour de l'agro-tourisme et de l'accueil à la ferme, etc., eh bien la ferme, ça devient un espace de représentation permanente. Je ne peux plus me dire « tiens, je vais aller glandouiller, ramasser mes murs » ou « aller faire mon tour de prairie tranquille avec le chien » ou « tiens, cet après-midi, je mettrais bien le transat dans le en face des chèvres pour les surveiller tranquillou. parce qu'il y a toujours, pas tous les jours, mais il y a très souvent des personnes en visite qui peuvent ne pas comprendre que tu as envie d'être tranquille ou qui ont envie de te poser des questions, ce qui est tout à fait normal. Mais du coup, ça, c'est un truc que je n'avais pas anticipé et qui peut parfois être un petit peu embêtant de mon côté en tout cas.

  • Speaker #0

    C'est le genre de choses où on te le dit, où on t'en parle, mais tant que tu ne le vis pas, ça ne doit pas être évident. Est-ce que tu as toujours souhaité vivre à la campagne ? Est-ce que vous vivez à l'heure actuelle tous les deux sur la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, la campagne, c'est obligatoire. C'est-à-dire que sinon, je suis en PLS. Même quand j'étais étudiante, je ne sais pas comment je me suis débrouillée, mais le lycée par exemple, j'ai fait ma prépa, il y avait un énorme parc juste à côté où je pouvais aller respirer un petit peu, voir des arbres. C'était magnifique. Ensuite, à l'école d'agro, j'ai toujours réussi à... me dépatouiller pour trouver des appartements à côté de la forêt. J'ai vraiment essayé de toujours rester en contact avec la nature. Et là, à l'heure actuelle, on habite dans une maison en centre-bourg, à mon grand désespoir, qui est à 3 km de la ferme. Et on est en train de déménager, puisqu'on a trouvé une charmante maison en pierre, pas très très loin de la ferme, avec 3500 m² de terrain, où je vais faire un verger d'agrumes. Et une petite maison où je vais faire un gîte. Et donc, j'ai très, très hâte. Surtout que moi, je bosse depuis la maison. Quand je fais un déplacement, j'ai besoin de ma verdure pour me sentir bien.

  • Speaker #0

    Mais trop chouette. C'est un super projet. Félicitations. J'ai hâte de suivre ça.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous organisez pour garder un équilibre de couple ? Dans ce rythme-là, avec la ferme et ton activité professionnelle, enfin avec vos deux entreprises de manière générale, est-ce que vous prenez du temps pour vous ? Comment est-ce que vous trouvez vos moments à deux ?

  • Speaker #1

    C'est un peu compliqué pour le moment, parce qu'on est tous les deux au début de nos activités. Lui, ça fait quatre ans qu'il est installé, mais ça fait vraiment depuis l'année dernière qu'il y a une grosse montée en puissance de tout ce qui est accueilli à la ferme. Donc c'est très chronophage, et puis ça demande beaucoup de communication, que j'assure en partie. fin. un peu chronophage aussi, puis c'est vraiment une montée en puissance pour lui. Moi, ça se développe beaucoup aussi. Donc, on essaye tant bien que mal de se trouver des moments à deux. Mais c'est parfois compliqué parce que, comme on ne travaille pas ensemble à proprement parler, mais c'est moi qui gère tout ce qui va être nutrition du troupeau, soins, etc. Une bonne partie de tout ce qui va être conseil agronomique aussi. Donc, au final, on va faire un tour de prairie le soir. Ce n'est pas pour regarder le coucher de soleil parce que l'un comme l'autre, Malgré toute la bonne volonté qu'on peut mettre à essayer de passer un moment en amoureux, on dévie forcément sur « oui, mais du coup, tu as pensé à commander le carbonate de calcium ? » « Non, mais là, je mettrais bien un petit coup de fumier, puis tu as pensé à faire la piqûre à la 32-42 ? » Du coup, c'est compliqué de trouver des moments de pause. Donc, on essaye de temps en temps le dimanche, puisque c'est le jour où on arrive à se retrouver en commun, de s'éclipser pour une après-midi ou une demi-journée un peu plus loin. pour essayer de débrancher respectivement nos prises agricoles. Je ne pense pas qu'on a atteint une routine ou des choses magiques sur comment retenir notre relation de couple dans le quotidien parce qu'aucun de nous deux n'a vraiment d'horaire ou de routine, donc c'est un peu compliqué. Ce qui va bien, c'est que... On est tous les deux passionnés, on est tous les deux chefs d'entreprise et du coup, on se comprend là-dessus. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de mésentente sur « là-là, mais tu bosses trop » . Là-dessus, on est plutôt d'accord. Alors après, de temps en temps, ce n'est pas simple de faire un petit nid pour sa vie de couple au milieu de tout ça, mais ça va arriver.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous partez en vacances ? Est-ce que c'est prévu ? Par exemple, cet été, est-ce que vous avez pris quelques jours tous les deux ? Est-ce que ce sujet-là, c'est un sujet important pour toi ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Alors non, pas de vacances parce que quand tout le monde est en vacances, c'est là que lui, il a beaucoup d'activités pour l'accueil à la ferme. Donc, ce n'est pas prévu au programme. Après, depuis qu'on est ensemble, on a réussi à s'échapper deux fois pour grosso modo une journée et demie. Alors, on a la chance d'habiter dans une région magnifique qui nous permet d'aller au bord de la mer ou dans des endroits très chouettes assez rapidement. On a réussi à s'échapper comme ça. Après, trouver du remplacement quand on fait de la transfo, de l'accueil et de l'élevage, c'est compliqué. Et sa salariée n'a pas forcément... En vie, c'est tout à fait normal de faire beaucoup plus d'heures. Donc, elle n'est pas forcément à même de le remplacer quand il n'est pas là. Et puis, économiquement, ce n'est pas non plus simple pour lui pour le moment. Donc, c'est libre là aussi à trouver. après Moi, j'ai eu une enfance où je ne partais pas en vacances parce que les chevaux, l'entraînement, l'élevage, les contraintes d'élevage, et puis des parents qui étaient entrepreneurs aussi. Donc, on avait beaucoup plus l'habitude de s'échapper sur une journée, une demi-journée. Et on va dire que c'est un petit peu mon mode de fonctionnement et qui nous permet du coup, avec mon frérie, de garder la tête hors de l'eau, de pouvoir s'échapper sur... Une journée, le week-end dernier, on est parti une grosse demi-journée à la mer. On a été faire de la rando, nager. Rien que ça, déjà, ça aère l'esprit. Ça permet de couper, de se ressourcer. C'est dans les projets de réussir à partir. Moi, je voyage assez régulièrement, notamment en Écosse, chez des amis. Éleveur aussi, donc on ne s'éloigne quand même pas trop du sujet. Mais je sais que j'aime bien y aller assez régulièrement. J'y vais toute seule et assez indépendante. Je vais assez facilement pouvoir partir en vacances ou en séjour toute seule chez des amis ou des choses comme ça. J'ai la chance aussi de beaucoup bouger pour le travail dans des régions magnifiques ou à l'étranger aussi. Je vais partir à un congrès sur les prairies en Angleterre au mois de septembre. Je pars en Roumanie au mois de janvier pour un congrès aussi. Donc au final, l'un dans l'autre, on arrive à trouver un équilibre comme ça. Lui, il aimerait partir un petit peu plus et couper plus. Pour le moment, ce n'est pas d'actualité vu le paradigme de l'exploitation. Là, il va recruter une nouvelle apprentie bientôt. Ce qui devrait nous permettre d'avoir un tout petit peu plus de souplesse et de prévoir peut-être un week-end qui fasse plus d'une journée et demie. C'est le plan. On reste modeste. Une journée et demie, on va passer à deux jours.

  • Speaker #0

    Ton indépendance, comme tu disais, je pense que c'est une force de caractère hyper importante pour vivre avec un agriculteur. et que toi, ça te convient dans ton rythme, je trouve ça vraiment génial.

  • Speaker #1

    À noter aussi, c'est qu'il ne vit pas mal. On en a beaucoup parlé. Moi, je parte, par exemple, parce que ça pourrait. Là-dessus, il est hyper soutenant. Quand c'est pro, c'est pro. Il n'y a pas de question. Mais si c'est de partir la semaine prochaine, je pars quelques jours chez une copine. Il est content que moi, je puisse le faire.

  • Speaker #0

    Et on parle rarement. de comment lui le vit, est-ce qu'il aurait aimé partir avec, est-ce que ça le fait aussi souffler de se retrouver un peu seul dans ces périodes-là. C'est vrai que c'est des choses qu'on n'aborde pas et c'est vachement bien que tu le dises aussi, que c'est OK pour lui et qu'il te laisse le faire sans problème, qu'il le vit bien. On parlait de vivre en ruralité, tu me parlais de bouger pour aller voir des amis, etc. Toi, là où tu habites, avec ton projet de future maison aussi, est-ce que parfois tu te sens seule, isolée ou plutôt bien entourée ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, plutôt hyper bien entourée. La plupart de mes copines sont aussi en milieu rural. Là-dessus, on a des modes de vie assez similaires. J'ai tout un réseau d'amis qui datent du lycée, de la prépa et de l'école d'ingé. Et au final, on s'est toutes un peu disséminées partout en France au gré de nos rencontres aux amoureuses, de nos parcours professionnels. J'ai des copines qui ont vécu à l'étranger pendant longtemps. Et donc, j'ai appris, et elles aussi, à grébulir même à distance et à être là les unes pour les autres, même en n'étant pas géographiquement proches. Donc là, du coup, là-dessus, je ne me suis jamais sentie seule. Je trouve qu'en ruralité, quand on veut se donner la peine de se créer un réseau, il y a énormément d'activités, d'associations, il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup plus que je pense que les gens de la ville peuvent l'imaginer. Et du coup, non, je ne suis pas du tout frustrée au niveau social en milieu rural. La chance aussi que je peux avoir, et là-dessus, je pense que c'est réellement une chance, et que tous les gens ont… Toutes les personnes en ruralité n'ont pas forcément. C'est que, déjà, je voyage beaucoup pour mon travail, ce qui me donne l'occasion de passer par Paris assez régulièrement, ce qui peut me permettre d'assouvir certains besoins au niveau culturel. Mais exactement comme à la ville, il faut se donner la peine de vouloir créer du lien et d'aller vers les autres et de ne pas rester chez soi. C'est toujours un petit peu ça, le nerf de la guerre.

  • Speaker #0

    Moi, ça fait... quelques années que je découvre cette vie rurale, je pense qu'avec un peu de dynamisme, d'ouverture et de curiosité, on peut un peu trouver tout ce qui nous plaît. En tout cas, moi, c'est la manière dont je le fais. Si on décide de voir un peu ce qui se fait, on trouve en fait. Il y a pas mal de choses, mais il faut aller passer la porte, il faut se dire, allez, je vais essayer d'aller faire du sport là-bas avec des gens que je ne connais pas, je vais aller les rencontrer. C'est un peu force de proposition.

  • Speaker #1

    Exactement. La question de l'amitié à l'âge adulte, c'est quelque chose qui nous interroge beaucoup avec les copines, parce que j'ai pas mal d'amis, qu'elles soient en ville ou en ruralité d'ailleurs, qui me disent « je me fais plus d'amis, c'est dur de créer un réseau, etc. » Et on a cherché un petit peu, parce qu'on est toutes vaguement un peu scientifiques sur les ports, donc on aime bien aller chercher, tu vois, quand on trouve pas les réponses, on va chercher. Et il y a des études sociologiques qui montrent que... Finalement, les amitiés dans l'enfance, elles se forment hyper spontanément parce que les gosses, ils ont des passions communes, ils sont enfermés dans une salle de classe tous ensemble à faire la même chose et que la proximité horaire et la proximité de buts et d'activités fait que ça crée une émulsion propice à l'amitié. Et qu'à l'âge adulte, à part dans le travail, finalement, c'est compliqué de retrouver cette proximité et de trouver ce volume de temps passé avec quelqu'un qui soit suffisant pour créer des liens qui ne soient pas juste superficiels. Quand on ne prend pas ce temps-là et qu'on ne met pas un petit peu d'effort et un petit peu de glue dans les relations pour faire en sorte que ça fonctionne, c'est dur d'y arriver. Donc, c'est peut-être quelque chose que je fais de manière… C'est peut-être inconscient, mais en tout cas, j'aime bien essayer de créer du lien. Après, ça ne fonctionne pas toujours. Et puis, effectivement, être force de proposition parce que la plupart du temps, les gens n'osent pas toujours. Et du coup, si on ose à leur place, ils sont super contents de se dire « Ah oui, en fait, on peut créer du lien » .

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant ce que tu dis et je me ressens un peu dans ta personnalité et dans le fait d'être un peu à l'origine de ces liens. Et après de se dire que les amitiés sont différentes et la personne construira ce lien peut-être aussi différemment et c'est ok. Chose qu'il n'était peut-être pas quand on était plus jeune, de se dire qu'il faut qu'on soit les meilleurs amis du monde avec tout le monde. Là, à distance, on s'adapte et c'est des amitiés différentes.

  • Speaker #1

    Et cette communauté, je sais que j'ai vécu des périodes assez noires avec mon divorce. et que ce soit les amis de très loin ou la communauté que je me suis recréée en arrivant en Bretagne, alors des collègues, des voisines. Mon ex-femme de ménage est devenue une très proche amie. Moi j'ai trouvé beaucoup de consolation et beaucoup de joie dans toute cette épreuve parce que tout le monde a été présent pour moi quoi. Et de voir que des amitiés créées dans un cadre... professionnelle ou dans un cadre de vie d'adulte avec les contraintes qu'on peut tous avoir autour de ça avec les enfants pour celles qui en ont avec tous les enjeux qu'on connait autour de ces villas ça m'a vachement redonné foi en l'humanité ça me prouve aussi au quotidien que c'est possible en milieu rural et sans forcément de barrière sur tout ce qui va être milieu social ou quoi que ce soit qu'on peut se retrouver Merci. une communauté hyper hétéroclite et hyper chouette.

  • Speaker #0

    On va revenir un tout petit peu sur la ferme. Est-ce que ta belle-mère est proche de vous, au moins géographiquement, et bien sûr en relation aussi ? Est-ce que c'était une ferme qu'il a reprise ou c'est une création ?

  • Speaker #1

    C'est une création ex nihilo, dans le sens où il a repris des terres sur lesquelles il n'y avait pas de bâtiments. Et il a créé tous les bâtiments, l'élevage, tout de A à Z. Ça fait 5 ans maintenant qu'il est installé, après un parcours un peu du combattant aussi, puisque grosso modo l'année de son installation, son épouse l'a quitté, il s'est fait très mal aux genoux et son papa est décédé. Donc ce n'était pas une combinaison hyper magique. Pour débuter une installation agricole, dont on connaît par ailleurs à quel point les deux premières années peuvent être parfois raides, même quand tout va bien. Il s'en est bien sorti avec effectivement le soutien de sa famille et notamment de sa maman qui habite dans le nord de la France. Elle n'habite pas du tout à Poté. Elle soutient énormément mon chéri malgré la distance.

  • Speaker #0

    Ok, je comprends bien. Et lui, il venait d'un milieu agricole ? Est-ce que son papa était agriculteur ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Ses parents étaient postiers et lui, il a développé une passion pour les chèvres. Il était parti, il faisait un master pour être prof de sport.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc rien à voir. Et puis l'appel de l'élevage a résonné en lui. Il a eu envie de s'installer. C'est assez rigolo parce que c'est un parcours assez atypique.

  • Speaker #0

    Aussi un point commun que vous avez tous les deux, cette passion pour les animaux, alors que vous ne veniez pas tous les deux directement d'un milieu agricole.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Après, moi, je pense que j'étais quand même un peu plus du serail dans le sens où j'ai toujours vécu avec des animaux. Mais je pense que je n'ai pas eu un choc culturel aussi important que lui. Mon chéri, c'était vraiment la découverte totale et du milieu et des contraintes, etc. Du coup, c'est d'autant plus admirable de se lancer et de tenir la route, parce que quand ce n'est pas des contraintes que tu as vécues en étant petit, je pense que c'est d'autant plus dur de t'adapter.

  • Speaker #0

    Avec du recul, qu'est-ce qui chaque jour te fait du bien dans cette vie-là ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est tout con, que ce soit chez mes clients, formation, chez mon chéri. c'est voir la beauté du vivant Alors, pas de manière niaiseuse, parce que voilà, tu as des animaux qui meurent, c'est dégueulasse. On ne va pas parler de tout ce qui va être rémunération, désagri et du côté compliqué que ça peut avoir. Mais tous les jours, je vois des jolies fleurs, je partage un moment avec un animal. Quand j'accompagne mes clients, quand il y a un déclic qui se produit chez eux ou des pratiques qu'on a décidé de mettre en œuvre chez eux, ça fonctionne. C'est hyper gratifiant, c'est hyper beau. Moi, je sais que je m'émerveille tous les jours quand je fais les tours de prairies sur les différentes plantes qu'on peut retrouver, sur, de temps en temps, tu trouves des petits animaux sauvages que tu n'avais jamais vus, tu découvres un insecte que tu ne connaissais pas. C'est vraiment ce lien à la terre, au vivant et au fait que, sur, je vais dire une bêtise, mes 4 mètres carrés de prairies, tu peux, en tout cas en ce qui me concerne, y passer l'après-midi à découvrir des choses que tu ne pensais pas. peut-être déjà connaître, mais que tu redécouvres parce que cette année, il y a une plante qui a poussé là qui ne poussait pas d'habitude. Il y a une nouvelle plante envahissante ou toxique qui a décidé de venir se mettre là. Pourquoi ? Comment ? Tiens, il y a tels insectes. Avant, on n'en avait pas. En fait, c'est une découverte des merveilles de la nature en permanence. Et puis, moi, comme j'aime bien cogiter, comprendre. On pourrait faire comme ci, on pourrait faire comme ça. En fait, ça m'éclate au quotidien.

  • Speaker #0

    Trop chouette et on le sent que tu es vraiment passionnée et captivée par cette nature qui t'entoure. Pour conclure cet échange, si tu pouvais faire passer un message à une autre femme qui débute cette vie-là, que ce soit une vie rurale ou une vie avec un conjoint agriculteur, qu'est-ce que tu aimerais lui dire ?

  • Speaker #1

    Déjà de ne pas rester seule, de se créer son réseau. Alors on a la chance quand même maintenant aussi de pouvoir le faire à distance avec plein de moyens. Et de se créer une communauté qui comprenne ces enjeux-là. sans rester sclérosée dans le milieu agricole parce que ce que je vois parfois, c'est une espèce d'entre-soi qui, personnellement, des fois, je trouve un petit peu triste parce qu'au final, tout tourne autour de la vie agricole et je pense qu'il y a beaucoup de richesses dans les échanges avec des gens qui ne sont pas de ce milieu-là, même si avoir un bon socle de personnes qui comprennent, c'est important, mais de ne pas se scléroser là-dedans, de ne pas se laisser... enfermé dans le quotidien prenant et dur que peut être la vie de la ferme et de réussir à s'évader assez régulièrement sans culpabilité. Voilà. Et c'est peut-être ça la partie la plus compliquée.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. C'est ce que j'allais dire. J'allais dire que c'est le dernier point qui est tout le plus crucial. Merci beaucoup Pauline pour ta sincérité et ton temps. A bientôt peut-être.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marie.

  • Speaker #0

    C'est la fin de notre échange. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à découvrir tous les autres. Vous pouvez également noter le podcast sur votre plateforme d'écoute préférée. Et pour suivre l'aventure au quotidien, retrouvez-moi sur les réseaux sociaux et surtout sur Instagram où je suis très active. N'hésitez pas à vous abonner, liker, partager. C'est grâce à vous que ce projet prend forme et qu'il peut continuer à grandir. Mesdames, si vous avez envie de raconter votre histoire, Rejoignez-moi dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

Pauline est passionnée de botanique et d'agriculture. Cette jeune divorcée redécouvre la joie de vivre avec les contraintes du milieu agricole, comme dans son enfance. Son conjoint s'installe sur une ferme ouverte à tous. Ils ont le point commun de partager à tous les sciences du vivant, que ce soit à la ferme avec la découverte des cultures et des animaux, ou par les formations qu'elle propose à son compte.


“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue au centre de podcast que ça mène quand on s'aime, celui qui donne la parole aux conjoints d'agriculteurs. Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en bio, en conventionnel, en raisonnée. Elles viennent de toute la France. Certaines sont tombées dans l'agriculture toute petite. D'autres la découvrent jour après jour. Elles jonglent entre la ferme, la famille, leur métier. Elles portent une force incroyable. Moi c'est Marion, et avec ce podcast, j'espère que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans leurs propos, pourront les conseiller, les écho à leur goût, prendront peut-être un peu de recul, pourront du soutien, ou simplement verront une mise en lumière de ce qui se vit, souvent dans l'ombre, au cœur des fermes. Ici c'est de la good fight, de la sororité, du partage, et un vrai souffle de girl power en agriculture. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Alors aujourd'hui je reçois Pauline, on vient tout juste de faire connaissance et je suis ravie de partager ce moment avec toi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Pauline, j'ai 36 ans, j'habite en Bretagne et je suis consultante agricole à mon compte.

  • Speaker #0

    Avant de parler de toi un peu plus en détail, est-ce que tu peux nous décrire un peu où tu vis, avec qui et comment se présente la ferme de ton compagnon ?

  • Speaker #1

    J'habite en Bretagne, aux confins entre la Normandie, la Mayenne et la Bretagne. Certains diront que ce n'est pas la vraie Bretagne, mais malgré tout, administrativement, ça l'est. Mon compagnon est éleveur de chèvres laitières en système bio. Tout est vendu en vente directe. J'ai aussi de l'animation pédagogique sur la ferme. Il est bien occupé. Je n'ai pas de rôle particulier dans l'exploitation, si ce n'est qu'on s'est rencontrés puisque j'étais sa conseillère.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc, moi. Je continue mon travail de conseil auprès de lui, avec parfois un petit peu une oreille moins attentive de sa part maintenant. Et puis je contribue beaucoup à la création d'ateliers spécifiques autour de la biodiversité, de l'élevage ferme, mais de manière beaucoup plus ponctuelle.

  • Speaker #0

    Ça marche. Quelle est la taille de l'exploitation et est-ce qu'il travaille seul ?

  • Speaker #1

    L'exploitation fait un tout petit peu moins de 20 hectares. est en prairie naturelle. L'autonomie fourragère est atteinte pour le troupeau. Et du coup, il travaille sur l'exploitation avec une salariée à mi-temps qui l'accompagne sur tout ce qui est partie fromagère, transformation et commercialisation.

  • Speaker #0

    Ça marche. Est-ce que vous avez des enfants ?

  • Speaker #1

    Eh bien non, pas encore. Tous les deux, c'est un renouveau pour tous les deux puisqu'on sort tous les deux de divorce. Et donc, voilà, on avance tout doucement.

  • Speaker #0

    Alors maintenant qu'on voit un peu mieux le décor, on va parler un peu de toi. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors je viens de la plaine de Beauce, entre Orléans et Pithiviers. Donc les betteraves, le blé et les silos à perte de vue.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc à priori, ce n'était pas trop l'ambiance élevage. Et puis mes parents étaient artisans, rien à voir non plus. Mais mon papa avait une passion pour les chevaux, mais pas forcément les finances qui allaient avec. Donc on faisait beaucoup de choses par nous-mêmes. On avait 7 hectares, on en a toujours d'ailleurs, 7 hectares de terrain. Et donc on faisait le foin, la paille nous-mêmes, un petit ballot. Donc j'ai eu une enfance très rurale à des choses agricoles. Puis mes parents étaient très amis avec beaucoup d'agriculteurs, notamment beaucoup d'éleveurs. Et puis on avait beaucoup de relations en Normandie par rapport aux chevaux. Et c'est en Normandie, à l'âge de 4-5 ans, que je suis tombée dans la marmite. L'élevage laitier, alors vraiment ce n'était pas quelque chose de prévu, mais je suis tombée amoureuse des vaches laitières et ça ne s'est jamais démenti. Donc j'ai conduit toutes mes études pour avoir le bonheur de pouvoir travailler avec des vaches tous les jours. Je me souviens petite, je faisais des dessins de vaches sous des pommiers en disant que j'irais habiter en Normandie quand je serais grande. Et je n'ai pas atterri si loin que ça, puisque je suis à 30 kilomètres de la Normandie. Et puis, la Bretagne, c'est quand même pas mal non plus. Trop,

  • Speaker #0

    trop chouette. OK. Et du coup, qu'est-ce que tu as fait comme études ? Quel est ton parcours professionnel ?

  • Speaker #1

    Eh bien, du coup, ce qui était assez chouette, c'est que j'avais un lycée agricole pas très loin de chez moi, où même si on était dans une zone très céréalière, il y avait un atelier élevage avec des brebis sepulques, qui était assez important. et donc j'ai pu faire ce lycée agricole avec une option écologie agronomie territoire citoyenneté qui paraît hyper mainstream maintenant mais qui était quand même assez innovant pour l'époque. On avait des cours d'écologie scientifique. On faisait des audits de biodiversité rivière, on faisait de la dissection botanique, après relever sur périnaturel. C'est des choses qui n'étaient pas particulièrement courantes pour l'époque et je pense qu'ils m'ont pas mal façonnée. Et puis, suite à ce lycée agricole, j'ai fait très classiquement une prépa aux grandes écoles en région parisienne. Et après, j'ai atterri à Nancy pour une école d'agro, l'ENSAIA, où j'ai fait... une option développement durable des filières agricoles et particulièrement de l'élevage. Et puis comme ma grande passion, c'était quand même l'ouest de la France, la Normandie, les pommiers, les vaches, j'ai cherché un stage de fin d'études, un mémoire à faire dans cette région-là. Et je suis revenue en Bretagne pour ça. Et puis je ne l'ai plus jamais quitté.

  • Speaker #0

    Ok, trop trop chouette. Quelles ont été tes premières expériences professionnelles et qu'est-ce que tu fais du coup exactement maintenant ?

  • Speaker #1

    Adieu. Du coup, en finissant mon mémoire de fin d'études, j'avais vraiment envie de travailler dans l'élevage, mais que ce ne soit pas avec une vision trop restreinte des modes d'élevage, dans le sens où le dogmatisme, ce n'est pas un truc qui m'intéressait déjà des masses à l'époque. Donc, j'avais fait mon mémoire dans une structure très orientée, agriculture, herbagère, paysanne, etc., qui était très, très chouette. Mais j'avais envie d'aller voir plein de systèmes d'élevage. Donc, je me suis fait recruter dans ce qu'on appelait à l'époque le contrôle laitier. Et puis j'ai bossé dix ans là-bas où j'ai occupé différents postes, du poste de conseillère sur le terrain, accompagner les producteurs sur des questions technico-économiques. J'ai fait de l'animation de groupe, de la spécialisation sur la qualité du lait. Et puis j'ai eu la chance de faire de l'intra-trenariat puisque l'entreprise a décidé de créer un pôle agriculture biologique et durable et de m'en confier le développement. Donc ça a été super chouette. Et donc j'ai fait ça pendant cinq, six ans. Et puis, pour plein de raisons, à la fois... Professionnelle et personnelle, j'ai eu envie de changer un petit peu d'air et de continuer ce métier de conseil auprès des producteurs, mais à mon compte. Et donc, ça fait trois ans désormais que je suis installée, que j'ai créé mon cabinet de conseil pour les producteurs de ruminants, tous les ruminants, Beauvin, Auvin, Caprin. C'est plutôt cool, voilà. Et je pense que cette passion de l'accompagnement des producteurs, elle m'est venue pendant ma dernière année d'école d'ingé. puisque je l'ai faite en alternance dans un cabinet d'expertise foncière et qui était spécialisé dans l'accompagnement des producteurs qui étaient en procédure collective, donc redressement judiciaire, règlement amiable, etc. Et franchement, c'était humainement hyper fort d'accompagner ces personnes-là qui sont en difficulté pour plein de raisons. Mais du coup, j'étais chargée pendant mon alternance de faire les dossiers d'études techniques, donc les accompagner finalement sur comment redresser la barre techniquement pendant que ma... Ma maître d'apprentissage, elle était sur le volet plutôt patrimoniaux et économique. Et du coup, c'est vraiment quelque chose qui m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup plu. Alors, dans un contexte très dur, on accompagne des gens chez qui ce n'est vraiment pas facile. Mais je pense que ça m'a beaucoup marquée et ça m'a donné vraiment envie de poursuivre l'accompagnement. Pas forcément chez des gens toujours en difficulté, mais ça m'a beaucoup porté ça.

  • Speaker #0

    Ok, je comprends. Tu es investie aussi dans les idées de la... Terre, est-ce que c'est un peu pour ces mêmes sujets, pour aider, pour pouvoir transmettre aussi à d'autres femmes qui sont en difficulté ?

  • Speaker #1

    Complètement. L'idée, c'est vraiment déjà de porter la voix des femmes, parce que je peux honnêtement dire que je n'ai jamais ressenti de sexisme ou de remarques particulièrement misogynes dans mon métier. Je tiens à le dire parce que ce n'est pas forcément l'opinion commune que beaucoup de gens ont du milieu agricole.

  • Speaker #0

    J'ai déjà eu des témoignages de ce que tu fais.

  • Speaker #1

    Alors, j'en ai eu un petit peu, mais finalement, plus de la part de pairs, donc de techniciens, de collègues, etc., que de la part d'agriculteurs, pour être tout à fait honnête. Et donc, les ailes de la terre, c'est vraiment être dans la transmission, pouvoir parler librement des problématiques, etc. Et puis, un point que je trouvais chouette, c'est que quand on est agricultrice sur le terrain, il y a beaucoup d'associations, il y a beaucoup de groupes techniques ou de groupes... avec lesquels on peut échanger. Mais quand on est indépendante, entrepreneur dans un milieu para-agricole, au final, on n'a pas trop d'espace de parole parce que les problématiques d'entrepreneuriat sont les mêmes que des nanas ou des mecs qui auraient d'autres carrières complètement. Mais il y a quand même ces spécificités agricoles, ces saisonnalités, etc., qui sont très particulières. Et du coup, c'est dur. de trouver un peu sa tribu quand on n'est pas du Serail en étant à proprement parler agricultrice. Et du coup, Laurence et les autres nanas m'ont ouvert leur porte et je trouve ça chouette dans le sens où ça permet d'ouvrir le dialogue à l'entrepreneuriat agricole et para-agricole et comment nouer un dialogue tous ensemble. Donc ça, c'était chouette aussi.

  • Speaker #0

    Ton choix professionnel de te mettre à ton compte, est-ce que ça s'est fait avant ou après ta rencontre avec ton conjoint ? Est-ce que c'est lié à son activité sur la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors non du tout, c'était vraiment une volonté pour pouvoir exercer mon métier comme je l'entends, avec plus de liberté dans les manières dont je pouvais apporter du conseil et dans la manière d'orienter ma clientèle et mes formations par exemple. Donc ça c'était vraiment un choix qui s'est fait à une époque de ma vie. où il y avait pas mal de transformations. Et puis, ça a été un petit peu bousculé puisque j'ai monté ma boîte. Quatre mois plus tard, mon mari me quittait. Ça a été une période un peu chaotique. J'ai repris un emploi à temps partiel pour faire bouillir la marmite en continuant de développer Herbivore. Et puis, c'est un petit peu plus tard qu'au détour. de rendez-vous conseil avec mon chéri qui ne l'était pas à l'époque, quand on s'est découvert des atomes crochus au-delà de ma pratique professionnelle.

  • Speaker #0

    Ça marche. Et est-ce que c'est facile de trouver des clients, des entreprises dans lesquelles aller faire tes formations autour de la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors, oui et non. J'ai un réseau à l'échelle France pour les formations notamment. Et ça, ce n'est pas nouveau. je gambade très souvent. Je suis amenée à partir 3, 4, 5 jours d'affilée assez régulièrement. Et après, ce n'est pas comme le ski, mais c'est presque saisonnier dans les périodes où c'est assez intense. C'est souvent octobre, novembre, décembre. Et puis souvent mai, juin. Le reste du temps, je suis beaucoup plus à la maison et puis à aller en rendez-vous. chez mes clients agriculteurs qui sont en coaching, à concevoir ou rénover mes formations, tout ça. Mais c'est vrai qu'il y a pas mal de périodes de l'année où ils ne me voient pas, du coup.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. C'est un peu des ajustements à faire tous les deux aussi, sans doute. Que ce soit maintenant ou avant, je ne sais pas si ton ex-mari était aussi agriculteur, est-ce que tu as fait des concessions ou des ajustements professionnels pour suivre ton conjoint ? Que ce soit de la mobilité, une reconversion, un passage à temps partiel par moment, ou comme tu le disais, justement, reprendre un emploi après. Quels ajustements tu as pu faire par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Écoute, pas tellement en réalité, dans le sens où mon ex-mari n'était pas du tout du milieu, donc on avait tous les deux nos jobs de cadre. C'était une routine assez facile finalement, sauf que... J'avais une petite exploitation où j'élevais des chèvres de race locale et puis quelques bovins à l'étang. Donc, on avait des week-ends et des vacances qui étaient consacrées uniquement à l'entretien de la petite ferme et du soin aux animaux, avec pas mal de saisonnalité autour de poser les vacances pour faire le foin, poser des jours pour les mises bas pour les chèvres, etc.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc, là-dessus, c'était un peu... une grosse organisation et je pense que mon fils mari, c'est lui qui a dû faire, je pense, le plus de concessions autour de ce mode de vie. C'est peut-être en partie ça aussi qui a pu contribuer à un certain déséquilibre dans notre mariage, parce qu'on n'était pas sûrs que c'était sa grosse tasse de thé au final. Et dans cette relation avec mon chéri, là... Au final, il a une vie très occupée avec sa transformation, son élevage, l'accueil à la ferme. Moi, j'ai une vie très occupée aussi avec mon métier. L'avantage, c'est qu'on en comprend chacun les enjeux et les impératifs. Donc, pour le moment, on va dire que moi, j'essaye d'intégrer, de l'aider ponctuellement sur quand il y a du foin, c'est moi qui fan, quand il y a des soucis sanitaires dans le troupeau. J'ai un petit peu plus d'affinité avec ces choses-là que lui. C'est moi qui vais gérer les rendez-vous avec le véto, l'ostéopathe, etc. C'est plus par plaisir et parce que j'ai peut-être un poil plus d'affinité avec certains sujets que lui sur ces choses-là. Mais on s'est dit tous les deux que, clairement, la priorité, c'était nos entreprises respectives. Dans ce moment-là de notre vie, ça ne sera peut-être pas toujours comme ça, mais on voulait se donner la chance tous les deux que ça fonctionne bien pour chacun de nous. On essaie d'y aller à fond chacun de notre côté, sachant que de mon côté, je peux plus facilement me dégager du temps pour l'accompagner à la ferme que l'inverse.

  • Speaker #0

    Vous soutenez dans vos projets pros, c'est trop bien. Ton ancienne vie agricultrice, du coup, quand même à côté de ton emploi, est-ce que ça te manque ? Est-ce que tu en as encore une un petit peu en ce moment ? Ou est-ce que tu pourrais imaginer plus tard, même si ça n'est peut-être pas du tout à l'ordre du jour, avoir ta part sur la ferme de ton conjoint avec notamment cet élevage ou avec d'autres activités ?

  • Speaker #1

    Alors, ça me manque évidemment, mais mes animaux me manquent, voilà. J'ai été obligée de me séparer de la plupart d'entre eux. Après, entre guillemets, je vis le meilleur des deux mondes, dans le sens où quelques-unes de mes chèvres ont atterri dans le troupeau de mon compagnon. Mes chevaux sont chez lui aussi. Donc finalement, je participe et je vis par procuration tout ce monde-là, en en ayant finalement moins de contraintes qu'auparavant. Quelque part, pour le moment, ça se conjugue avec le... plein développement de mon entreprise. Donc, de toute façon, je n'aurais pas eu le même temps disponible que j'avais auparavant pour continuer ce type de choses. Et puis, après, on commence tout doucement à évoquer des projets communs autour d'activités, soit d'élevage, soit d'accueil à la ferme ou de choses comme ça, dans lesquelles je pourrais prendre une part. Comme je te le disais, on est tous les deux divorcés et ça échoue de mettre en commun trop vite nos projets professionnels. dans le sens où on sait le prix à la fois émotionnel et simplement logistique, juridique, matériel finalement que ça peut avoir. Donc on en discute, on est tous les deux fermés à rien du tout, on a plein de projets, plein d'idées. Mais voilà, nos histoires de vie respectives ont fait qu'on met peut-être un petit peu plus de prudence que si on s'était rencontrés dans la vingtaine.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. Ça n'empêche pas, comme tu dis, de se... projeter, d'avoir des projets, mais de rester un peu aussi sur ses gardes et puis d'avancer ensemble.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est sympa, c'est qu'au final, comme on a quand même eu quelque part une même épreuve de vie autour de ça, alors c'est de plus en plus courant les divorces, mais ça reste une grosse épreuve. Mais du coup, c'est sympa parce qu'on avance à la même vitesse et avec une vraie compréhension mutuelle des enjeux que ça peut avoir. Donc ça, c'est chouette.

  • Speaker #0

    J'aimerais maintenant qu'on parle un peu de votre vie à deux. et de ce que représente le quotidien quand on vit avec un agriculteur. Tu nous as parlé un peu de votre rencontre dans le cadre professionnel du coup. Quand tu as su qu'il était agriculteur, tu le savais en le rencontrant, qu'est-ce que tu as ressenti ? Est-ce que le fait de t'installer avec un agriculteur, ça t'attirait ? Ça te faisait peur ? Quels sont tes ressentis par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Je vais te raconter une anecdote que j'ai vécue au lycée. Avant de revenir à ça. Donc j'étais dans un lycée agricole, un après-midi on faisait un atelier de français, et puis on était avec quelques copines en train de bosser, et puis la prof de français vient nous voir et puis vient nous dire « Mais les filles, encore célibataire, mais qu'est-ce que vous faites ? Regardez, Nicolas, 200 hectares, Benoît, un quota de betterave, enfin les filles, il faut y aller quand même ! » Et donc, dans le milieu dans lequel j'ai grandi, il y avait un rapport au fait de se marier ou en tout cas de fréquenter un agriculteur qui était lié, on va dire, à des aspects matériels et des aspects de, oh là là, est-ce qu'il y a une grosse ferme, est-ce qu'il y a du quota laitier, etc. qui, venant du milieu rural, mais pas agricole, m'a un peu séchée parce que j'étais probablement encore très... naïve ou en tout cas pas intéressée par ces choses-là et je voyais pas l'intérêt de se mettre avec quelqu'un juste on va dire pour une forme de prestige social agricole et donc ça m'a un peu découragée de me mettre avec un agri en tout cas dans le monde dans lequel j'ai grandi des plaines céréalières je me disais oh là là mais moi j'ai pas envie de rentrer dans ce truc là alors après si c'était tombé comme ça ça serait tombé comme ça mais j'ai pas eu envie de du coup fréquenter trop ce monde là Et puis après, les choses se sont faites. Mon ex-mari n'était pas du tout de ce milieu-là. Et puis par contre, dans ma pratique professionnelle, je rencontrais et je travaillais avec des agriculteurs et des agricultrices tous les jours. Donc je connaissais bien ces mondes-là. Quand j'ai rencontré mon compagnon actuel, au final, le fait qu'il ait été agriculteur, ça me faisait ni chaud ni froid, dans le sens où c'est un monde que je connais très très bien, donc je connais les contraintes pour les avoir vécues aussi. pas à la même échelle qu'une échelle professionnelle, mais quand j'étais petite, on avait les chevaux, mes parents élevaient des chevaux de course. Clairement, les vacances, c'était faire du foin, faire de la paille ou aller accompagner les chevaux en compétition ou à l'entraînement. Donc, les contraintes du vivant, les soirées du nouvel an au chevet d'une jumeau malade à attendre le véto, c'était finalement les mêmes. Donc, ça ne me faisait pas particulièrement peur. Et je trouvais ça plutôt chouette dans le sens où je me suis dit, voilà, enfin, je trouve quelqu'un qui comprend mes passions et avec qui on est assuré d'avoir tout le temps des conversations riches puisqu'on aura non-stop des sujets en commun à évoquer.

  • Speaker #0

    Et puis des valeurs communes aussi.

  • Speaker #1

    Oui, oui, complètement. Après, ce que je n'avais pas forcément... calibré, si tu veux, dans ma tête, c'était les impératifs liés à la transformation au commerce et à l'accueil sur la ferme, parce que ça, c'est encore d'autres contraintes et d'autres manières de vivre l'agriculture. que je trouve formidable quand c'est moi qui l'évite du côté touriste, mais vécu de l'intérieur, c'est parfois plus compliqué.

  • Speaker #0

    Oui, parce que du coup, ça nécessite énormément de temps, de disponibilité, sans doute aussi peut-être le week-end, etc. C'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est-à-dire que la transfo, c'est beaucoup d'exigences. Alors après, ni plus ni moins que l'élevage, mais ça se surimpose aux exigences et aux contraintes de l'élevage. Donc ça, c'est une première chose. Et puis après, le reste... C'est vrai que la commercialisation avant direct, l'accueil à la ferme, moi j'étais habituée à avoir, que ce soit chez mes parents, ou que ce soit dans ma petite ferme auparavant, etc. La ferme, les terres, l'élevage, c'était un espace de liberté où je pouvais être soit toute seule, soit moi-même, soit être entre guillemets tranquille. Et quand... un compagnon dont l'activité se tourne autour de l'agro-tourisme et de l'accueil à la ferme, etc., eh bien la ferme, ça devient un espace de représentation permanente. Je ne peux plus me dire « tiens, je vais aller glandouiller, ramasser mes murs » ou « aller faire mon tour de prairie tranquille avec le chien » ou « tiens, cet après-midi, je mettrais bien le transat dans le en face des chèvres pour les surveiller tranquillou. parce qu'il y a toujours, pas tous les jours, mais il y a très souvent des personnes en visite qui peuvent ne pas comprendre que tu as envie d'être tranquille ou qui ont envie de te poser des questions, ce qui est tout à fait normal. Mais du coup, ça, c'est un truc que je n'avais pas anticipé et qui peut parfois être un petit peu embêtant de mon côté en tout cas.

  • Speaker #0

    C'est le genre de choses où on te le dit, où on t'en parle, mais tant que tu ne le vis pas, ça ne doit pas être évident. Est-ce que tu as toujours souhaité vivre à la campagne ? Est-ce que vous vivez à l'heure actuelle tous les deux sur la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, la campagne, c'est obligatoire. C'est-à-dire que sinon, je suis en PLS. Même quand j'étais étudiante, je ne sais pas comment je me suis débrouillée, mais le lycée par exemple, j'ai fait ma prépa, il y avait un énorme parc juste à côté où je pouvais aller respirer un petit peu, voir des arbres. C'était magnifique. Ensuite, à l'école d'agro, j'ai toujours réussi à... me dépatouiller pour trouver des appartements à côté de la forêt. J'ai vraiment essayé de toujours rester en contact avec la nature. Et là, à l'heure actuelle, on habite dans une maison en centre-bourg, à mon grand désespoir, qui est à 3 km de la ferme. Et on est en train de déménager, puisqu'on a trouvé une charmante maison en pierre, pas très très loin de la ferme, avec 3500 m² de terrain, où je vais faire un verger d'agrumes. Et une petite maison où je vais faire un gîte. Et donc, j'ai très, très hâte. Surtout que moi, je bosse depuis la maison. Quand je fais un déplacement, j'ai besoin de ma verdure pour me sentir bien.

  • Speaker #0

    Mais trop chouette. C'est un super projet. Félicitations. J'ai hâte de suivre ça.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous organisez pour garder un équilibre de couple ? Dans ce rythme-là, avec la ferme et ton activité professionnelle, enfin avec vos deux entreprises de manière générale, est-ce que vous prenez du temps pour vous ? Comment est-ce que vous trouvez vos moments à deux ?

  • Speaker #1

    C'est un peu compliqué pour le moment, parce qu'on est tous les deux au début de nos activités. Lui, ça fait quatre ans qu'il est installé, mais ça fait vraiment depuis l'année dernière qu'il y a une grosse montée en puissance de tout ce qui est accueilli à la ferme. Donc c'est très chronophage, et puis ça demande beaucoup de communication, que j'assure en partie. fin. un peu chronophage aussi, puis c'est vraiment une montée en puissance pour lui. Moi, ça se développe beaucoup aussi. Donc, on essaye tant bien que mal de se trouver des moments à deux. Mais c'est parfois compliqué parce que, comme on ne travaille pas ensemble à proprement parler, mais c'est moi qui gère tout ce qui va être nutrition du troupeau, soins, etc. Une bonne partie de tout ce qui va être conseil agronomique aussi. Donc, au final, on va faire un tour de prairie le soir. Ce n'est pas pour regarder le coucher de soleil parce que l'un comme l'autre, Malgré toute la bonne volonté qu'on peut mettre à essayer de passer un moment en amoureux, on dévie forcément sur « oui, mais du coup, tu as pensé à commander le carbonate de calcium ? » « Non, mais là, je mettrais bien un petit coup de fumier, puis tu as pensé à faire la piqûre à la 32-42 ? » Du coup, c'est compliqué de trouver des moments de pause. Donc, on essaye de temps en temps le dimanche, puisque c'est le jour où on arrive à se retrouver en commun, de s'éclipser pour une après-midi ou une demi-journée un peu plus loin. pour essayer de débrancher respectivement nos prises agricoles. Je ne pense pas qu'on a atteint une routine ou des choses magiques sur comment retenir notre relation de couple dans le quotidien parce qu'aucun de nous deux n'a vraiment d'horaire ou de routine, donc c'est un peu compliqué. Ce qui va bien, c'est que... On est tous les deux passionnés, on est tous les deux chefs d'entreprise et du coup, on se comprend là-dessus. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de mésentente sur « là-là, mais tu bosses trop » . Là-dessus, on est plutôt d'accord. Alors après, de temps en temps, ce n'est pas simple de faire un petit nid pour sa vie de couple au milieu de tout ça, mais ça va arriver.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous partez en vacances ? Est-ce que c'est prévu ? Par exemple, cet été, est-ce que vous avez pris quelques jours tous les deux ? Est-ce que ce sujet-là, c'est un sujet important pour toi ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Alors non, pas de vacances parce que quand tout le monde est en vacances, c'est là que lui, il a beaucoup d'activités pour l'accueil à la ferme. Donc, ce n'est pas prévu au programme. Après, depuis qu'on est ensemble, on a réussi à s'échapper deux fois pour grosso modo une journée et demie. Alors, on a la chance d'habiter dans une région magnifique qui nous permet d'aller au bord de la mer ou dans des endroits très chouettes assez rapidement. On a réussi à s'échapper comme ça. Après, trouver du remplacement quand on fait de la transfo, de l'accueil et de l'élevage, c'est compliqué. Et sa salariée n'a pas forcément... En vie, c'est tout à fait normal de faire beaucoup plus d'heures. Donc, elle n'est pas forcément à même de le remplacer quand il n'est pas là. Et puis, économiquement, ce n'est pas non plus simple pour lui pour le moment. Donc, c'est libre là aussi à trouver. après Moi, j'ai eu une enfance où je ne partais pas en vacances parce que les chevaux, l'entraînement, l'élevage, les contraintes d'élevage, et puis des parents qui étaient entrepreneurs aussi. Donc, on avait beaucoup plus l'habitude de s'échapper sur une journée, une demi-journée. Et on va dire que c'est un petit peu mon mode de fonctionnement et qui nous permet du coup, avec mon frérie, de garder la tête hors de l'eau, de pouvoir s'échapper sur... Une journée, le week-end dernier, on est parti une grosse demi-journée à la mer. On a été faire de la rando, nager. Rien que ça, déjà, ça aère l'esprit. Ça permet de couper, de se ressourcer. C'est dans les projets de réussir à partir. Moi, je voyage assez régulièrement, notamment en Écosse, chez des amis. Éleveur aussi, donc on ne s'éloigne quand même pas trop du sujet. Mais je sais que j'aime bien y aller assez régulièrement. J'y vais toute seule et assez indépendante. Je vais assez facilement pouvoir partir en vacances ou en séjour toute seule chez des amis ou des choses comme ça. J'ai la chance aussi de beaucoup bouger pour le travail dans des régions magnifiques ou à l'étranger aussi. Je vais partir à un congrès sur les prairies en Angleterre au mois de septembre. Je pars en Roumanie au mois de janvier pour un congrès aussi. Donc au final, l'un dans l'autre, on arrive à trouver un équilibre comme ça. Lui, il aimerait partir un petit peu plus et couper plus. Pour le moment, ce n'est pas d'actualité vu le paradigme de l'exploitation. Là, il va recruter une nouvelle apprentie bientôt. Ce qui devrait nous permettre d'avoir un tout petit peu plus de souplesse et de prévoir peut-être un week-end qui fasse plus d'une journée et demie. C'est le plan. On reste modeste. Une journée et demie, on va passer à deux jours.

  • Speaker #0

    Ton indépendance, comme tu disais, je pense que c'est une force de caractère hyper importante pour vivre avec un agriculteur. et que toi, ça te convient dans ton rythme, je trouve ça vraiment génial.

  • Speaker #1

    À noter aussi, c'est qu'il ne vit pas mal. On en a beaucoup parlé. Moi, je parte, par exemple, parce que ça pourrait. Là-dessus, il est hyper soutenant. Quand c'est pro, c'est pro. Il n'y a pas de question. Mais si c'est de partir la semaine prochaine, je pars quelques jours chez une copine. Il est content que moi, je puisse le faire.

  • Speaker #0

    Et on parle rarement. de comment lui le vit, est-ce qu'il aurait aimé partir avec, est-ce que ça le fait aussi souffler de se retrouver un peu seul dans ces périodes-là. C'est vrai que c'est des choses qu'on n'aborde pas et c'est vachement bien que tu le dises aussi, que c'est OK pour lui et qu'il te laisse le faire sans problème, qu'il le vit bien. On parlait de vivre en ruralité, tu me parlais de bouger pour aller voir des amis, etc. Toi, là où tu habites, avec ton projet de future maison aussi, est-ce que parfois tu te sens seule, isolée ou plutôt bien entourée ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, plutôt hyper bien entourée. La plupart de mes copines sont aussi en milieu rural. Là-dessus, on a des modes de vie assez similaires. J'ai tout un réseau d'amis qui datent du lycée, de la prépa et de l'école d'ingé. Et au final, on s'est toutes un peu disséminées partout en France au gré de nos rencontres aux amoureuses, de nos parcours professionnels. J'ai des copines qui ont vécu à l'étranger pendant longtemps. Et donc, j'ai appris, et elles aussi, à grébulir même à distance et à être là les unes pour les autres, même en n'étant pas géographiquement proches. Donc là, du coup, là-dessus, je ne me suis jamais sentie seule. Je trouve qu'en ruralité, quand on veut se donner la peine de se créer un réseau, il y a énormément d'activités, d'associations, il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup plus que je pense que les gens de la ville peuvent l'imaginer. Et du coup, non, je ne suis pas du tout frustrée au niveau social en milieu rural. La chance aussi que je peux avoir, et là-dessus, je pense que c'est réellement une chance, et que tous les gens ont… Toutes les personnes en ruralité n'ont pas forcément. C'est que, déjà, je voyage beaucoup pour mon travail, ce qui me donne l'occasion de passer par Paris assez régulièrement, ce qui peut me permettre d'assouvir certains besoins au niveau culturel. Mais exactement comme à la ville, il faut se donner la peine de vouloir créer du lien et d'aller vers les autres et de ne pas rester chez soi. C'est toujours un petit peu ça, le nerf de la guerre.

  • Speaker #0

    Moi, ça fait... quelques années que je découvre cette vie rurale, je pense qu'avec un peu de dynamisme, d'ouverture et de curiosité, on peut un peu trouver tout ce qui nous plaît. En tout cas, moi, c'est la manière dont je le fais. Si on décide de voir un peu ce qui se fait, on trouve en fait. Il y a pas mal de choses, mais il faut aller passer la porte, il faut se dire, allez, je vais essayer d'aller faire du sport là-bas avec des gens que je ne connais pas, je vais aller les rencontrer. C'est un peu force de proposition.

  • Speaker #1

    Exactement. La question de l'amitié à l'âge adulte, c'est quelque chose qui nous interroge beaucoup avec les copines, parce que j'ai pas mal d'amis, qu'elles soient en ville ou en ruralité d'ailleurs, qui me disent « je me fais plus d'amis, c'est dur de créer un réseau, etc. » Et on a cherché un petit peu, parce qu'on est toutes vaguement un peu scientifiques sur les ports, donc on aime bien aller chercher, tu vois, quand on trouve pas les réponses, on va chercher. Et il y a des études sociologiques qui montrent que... Finalement, les amitiés dans l'enfance, elles se forment hyper spontanément parce que les gosses, ils ont des passions communes, ils sont enfermés dans une salle de classe tous ensemble à faire la même chose et que la proximité horaire et la proximité de buts et d'activités fait que ça crée une émulsion propice à l'amitié. Et qu'à l'âge adulte, à part dans le travail, finalement, c'est compliqué de retrouver cette proximité et de trouver ce volume de temps passé avec quelqu'un qui soit suffisant pour créer des liens qui ne soient pas juste superficiels. Quand on ne prend pas ce temps-là et qu'on ne met pas un petit peu d'effort et un petit peu de glue dans les relations pour faire en sorte que ça fonctionne, c'est dur d'y arriver. Donc, c'est peut-être quelque chose que je fais de manière… C'est peut-être inconscient, mais en tout cas, j'aime bien essayer de créer du lien. Après, ça ne fonctionne pas toujours. Et puis, effectivement, être force de proposition parce que la plupart du temps, les gens n'osent pas toujours. Et du coup, si on ose à leur place, ils sont super contents de se dire « Ah oui, en fait, on peut créer du lien » .

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant ce que tu dis et je me ressens un peu dans ta personnalité et dans le fait d'être un peu à l'origine de ces liens. Et après de se dire que les amitiés sont différentes et la personne construira ce lien peut-être aussi différemment et c'est ok. Chose qu'il n'était peut-être pas quand on était plus jeune, de se dire qu'il faut qu'on soit les meilleurs amis du monde avec tout le monde. Là, à distance, on s'adapte et c'est des amitiés différentes.

  • Speaker #1

    Et cette communauté, je sais que j'ai vécu des périodes assez noires avec mon divorce. et que ce soit les amis de très loin ou la communauté que je me suis recréée en arrivant en Bretagne, alors des collègues, des voisines. Mon ex-femme de ménage est devenue une très proche amie. Moi j'ai trouvé beaucoup de consolation et beaucoup de joie dans toute cette épreuve parce que tout le monde a été présent pour moi quoi. Et de voir que des amitiés créées dans un cadre... professionnelle ou dans un cadre de vie d'adulte avec les contraintes qu'on peut tous avoir autour de ça avec les enfants pour celles qui en ont avec tous les enjeux qu'on connait autour de ces villas ça m'a vachement redonné foi en l'humanité ça me prouve aussi au quotidien que c'est possible en milieu rural et sans forcément de barrière sur tout ce qui va être milieu social ou quoi que ce soit qu'on peut se retrouver Merci. une communauté hyper hétéroclite et hyper chouette.

  • Speaker #0

    On va revenir un tout petit peu sur la ferme. Est-ce que ta belle-mère est proche de vous, au moins géographiquement, et bien sûr en relation aussi ? Est-ce que c'était une ferme qu'il a reprise ou c'est une création ?

  • Speaker #1

    C'est une création ex nihilo, dans le sens où il a repris des terres sur lesquelles il n'y avait pas de bâtiments. Et il a créé tous les bâtiments, l'élevage, tout de A à Z. Ça fait 5 ans maintenant qu'il est installé, après un parcours un peu du combattant aussi, puisque grosso modo l'année de son installation, son épouse l'a quitté, il s'est fait très mal aux genoux et son papa est décédé. Donc ce n'était pas une combinaison hyper magique. Pour débuter une installation agricole, dont on connaît par ailleurs à quel point les deux premières années peuvent être parfois raides, même quand tout va bien. Il s'en est bien sorti avec effectivement le soutien de sa famille et notamment de sa maman qui habite dans le nord de la France. Elle n'habite pas du tout à Poté. Elle soutient énormément mon chéri malgré la distance.

  • Speaker #0

    Ok, je comprends bien. Et lui, il venait d'un milieu agricole ? Est-ce que son papa était agriculteur ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Ses parents étaient postiers et lui, il a développé une passion pour les chèvres. Il était parti, il faisait un master pour être prof de sport.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc rien à voir. Et puis l'appel de l'élevage a résonné en lui. Il a eu envie de s'installer. C'est assez rigolo parce que c'est un parcours assez atypique.

  • Speaker #0

    Aussi un point commun que vous avez tous les deux, cette passion pour les animaux, alors que vous ne veniez pas tous les deux directement d'un milieu agricole.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Après, moi, je pense que j'étais quand même un peu plus du serail dans le sens où j'ai toujours vécu avec des animaux. Mais je pense que je n'ai pas eu un choc culturel aussi important que lui. Mon chéri, c'était vraiment la découverte totale et du milieu et des contraintes, etc. Du coup, c'est d'autant plus admirable de se lancer et de tenir la route, parce que quand ce n'est pas des contraintes que tu as vécues en étant petit, je pense que c'est d'autant plus dur de t'adapter.

  • Speaker #0

    Avec du recul, qu'est-ce qui chaque jour te fait du bien dans cette vie-là ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est tout con, que ce soit chez mes clients, formation, chez mon chéri. c'est voir la beauté du vivant Alors, pas de manière niaiseuse, parce que voilà, tu as des animaux qui meurent, c'est dégueulasse. On ne va pas parler de tout ce qui va être rémunération, désagri et du côté compliqué que ça peut avoir. Mais tous les jours, je vois des jolies fleurs, je partage un moment avec un animal. Quand j'accompagne mes clients, quand il y a un déclic qui se produit chez eux ou des pratiques qu'on a décidé de mettre en œuvre chez eux, ça fonctionne. C'est hyper gratifiant, c'est hyper beau. Moi, je sais que je m'émerveille tous les jours quand je fais les tours de prairies sur les différentes plantes qu'on peut retrouver, sur, de temps en temps, tu trouves des petits animaux sauvages que tu n'avais jamais vus, tu découvres un insecte que tu ne connaissais pas. C'est vraiment ce lien à la terre, au vivant et au fait que, sur, je vais dire une bêtise, mes 4 mètres carrés de prairies, tu peux, en tout cas en ce qui me concerne, y passer l'après-midi à découvrir des choses que tu ne pensais pas. peut-être déjà connaître, mais que tu redécouvres parce que cette année, il y a une plante qui a poussé là qui ne poussait pas d'habitude. Il y a une nouvelle plante envahissante ou toxique qui a décidé de venir se mettre là. Pourquoi ? Comment ? Tiens, il y a tels insectes. Avant, on n'en avait pas. En fait, c'est une découverte des merveilles de la nature en permanence. Et puis, moi, comme j'aime bien cogiter, comprendre. On pourrait faire comme ci, on pourrait faire comme ça. En fait, ça m'éclate au quotidien.

  • Speaker #0

    Trop chouette et on le sent que tu es vraiment passionnée et captivée par cette nature qui t'entoure. Pour conclure cet échange, si tu pouvais faire passer un message à une autre femme qui débute cette vie-là, que ce soit une vie rurale ou une vie avec un conjoint agriculteur, qu'est-ce que tu aimerais lui dire ?

  • Speaker #1

    Déjà de ne pas rester seule, de se créer son réseau. Alors on a la chance quand même maintenant aussi de pouvoir le faire à distance avec plein de moyens. Et de se créer une communauté qui comprenne ces enjeux-là. sans rester sclérosée dans le milieu agricole parce que ce que je vois parfois, c'est une espèce d'entre-soi qui, personnellement, des fois, je trouve un petit peu triste parce qu'au final, tout tourne autour de la vie agricole et je pense qu'il y a beaucoup de richesses dans les échanges avec des gens qui ne sont pas de ce milieu-là, même si avoir un bon socle de personnes qui comprennent, c'est important, mais de ne pas se scléroser là-dedans, de ne pas se laisser... enfermé dans le quotidien prenant et dur que peut être la vie de la ferme et de réussir à s'évader assez régulièrement sans culpabilité. Voilà. Et c'est peut-être ça la partie la plus compliquée.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. C'est ce que j'allais dire. J'allais dire que c'est le dernier point qui est tout le plus crucial. Merci beaucoup Pauline pour ta sincérité et ton temps. A bientôt peut-être.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marie.

  • Speaker #0

    C'est la fin de notre échange. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à découvrir tous les autres. Vous pouvez également noter le podcast sur votre plateforme d'écoute préférée. Et pour suivre l'aventure au quotidien, retrouvez-moi sur les réseaux sociaux et surtout sur Instagram où je suis très active. N'hésitez pas à vous abonner, liker, partager. C'est grâce à vous que ce projet prend forme et qu'il peut continuer à grandir. Mesdames, si vous avez envie de raconter votre histoire, Rejoignez-moi dans un prochain épisode. A bientôt !

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Description

Pauline est passionnée de botanique et d'agriculture. Cette jeune divorcée redécouvre la joie de vivre avec les contraintes du milieu agricole, comme dans son enfance. Son conjoint s'installe sur une ferme ouverte à tous. Ils ont le point commun de partager à tous les sciences du vivant, que ce soit à la ferme avec la découverte des cultures et des animaux, ou par les formations qu'elle propose à son compte.


“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue au centre de podcast que ça mène quand on s'aime, celui qui donne la parole aux conjoints d'agriculteurs. Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en bio, en conventionnel, en raisonnée. Elles viennent de toute la France. Certaines sont tombées dans l'agriculture toute petite. D'autres la découvrent jour après jour. Elles jonglent entre la ferme, la famille, leur métier. Elles portent une force incroyable. Moi c'est Marion, et avec ce podcast, j'espère que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans leurs propos, pourront les conseiller, les écho à leur goût, prendront peut-être un peu de recul, pourront du soutien, ou simplement verront une mise en lumière de ce qui se vit, souvent dans l'ombre, au cœur des fermes. Ici c'est de la good fight, de la sororité, du partage, et un vrai souffle de girl power en agriculture. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Alors aujourd'hui je reçois Pauline, on vient tout juste de faire connaissance et je suis ravie de partager ce moment avec toi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Pauline, j'ai 36 ans, j'habite en Bretagne et je suis consultante agricole à mon compte.

  • Speaker #0

    Avant de parler de toi un peu plus en détail, est-ce que tu peux nous décrire un peu où tu vis, avec qui et comment se présente la ferme de ton compagnon ?

  • Speaker #1

    J'habite en Bretagne, aux confins entre la Normandie, la Mayenne et la Bretagne. Certains diront que ce n'est pas la vraie Bretagne, mais malgré tout, administrativement, ça l'est. Mon compagnon est éleveur de chèvres laitières en système bio. Tout est vendu en vente directe. J'ai aussi de l'animation pédagogique sur la ferme. Il est bien occupé. Je n'ai pas de rôle particulier dans l'exploitation, si ce n'est qu'on s'est rencontrés puisque j'étais sa conseillère.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc, moi. Je continue mon travail de conseil auprès de lui, avec parfois un petit peu une oreille moins attentive de sa part maintenant. Et puis je contribue beaucoup à la création d'ateliers spécifiques autour de la biodiversité, de l'élevage ferme, mais de manière beaucoup plus ponctuelle.

  • Speaker #0

    Ça marche. Quelle est la taille de l'exploitation et est-ce qu'il travaille seul ?

  • Speaker #1

    L'exploitation fait un tout petit peu moins de 20 hectares. est en prairie naturelle. L'autonomie fourragère est atteinte pour le troupeau. Et du coup, il travaille sur l'exploitation avec une salariée à mi-temps qui l'accompagne sur tout ce qui est partie fromagère, transformation et commercialisation.

  • Speaker #0

    Ça marche. Est-ce que vous avez des enfants ?

  • Speaker #1

    Eh bien non, pas encore. Tous les deux, c'est un renouveau pour tous les deux puisqu'on sort tous les deux de divorce. Et donc, voilà, on avance tout doucement.

  • Speaker #0

    Alors maintenant qu'on voit un peu mieux le décor, on va parler un peu de toi. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors je viens de la plaine de Beauce, entre Orléans et Pithiviers. Donc les betteraves, le blé et les silos à perte de vue.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc à priori, ce n'était pas trop l'ambiance élevage. Et puis mes parents étaient artisans, rien à voir non plus. Mais mon papa avait une passion pour les chevaux, mais pas forcément les finances qui allaient avec. Donc on faisait beaucoup de choses par nous-mêmes. On avait 7 hectares, on en a toujours d'ailleurs, 7 hectares de terrain. Et donc on faisait le foin, la paille nous-mêmes, un petit ballot. Donc j'ai eu une enfance très rurale à des choses agricoles. Puis mes parents étaient très amis avec beaucoup d'agriculteurs, notamment beaucoup d'éleveurs. Et puis on avait beaucoup de relations en Normandie par rapport aux chevaux. Et c'est en Normandie, à l'âge de 4-5 ans, que je suis tombée dans la marmite. L'élevage laitier, alors vraiment ce n'était pas quelque chose de prévu, mais je suis tombée amoureuse des vaches laitières et ça ne s'est jamais démenti. Donc j'ai conduit toutes mes études pour avoir le bonheur de pouvoir travailler avec des vaches tous les jours. Je me souviens petite, je faisais des dessins de vaches sous des pommiers en disant que j'irais habiter en Normandie quand je serais grande. Et je n'ai pas atterri si loin que ça, puisque je suis à 30 kilomètres de la Normandie. Et puis, la Bretagne, c'est quand même pas mal non plus. Trop,

  • Speaker #0

    trop chouette. OK. Et du coup, qu'est-ce que tu as fait comme études ? Quel est ton parcours professionnel ?

  • Speaker #1

    Eh bien, du coup, ce qui était assez chouette, c'est que j'avais un lycée agricole pas très loin de chez moi, où même si on était dans une zone très céréalière, il y avait un atelier élevage avec des brebis sepulques, qui était assez important. et donc j'ai pu faire ce lycée agricole avec une option écologie agronomie territoire citoyenneté qui paraît hyper mainstream maintenant mais qui était quand même assez innovant pour l'époque. On avait des cours d'écologie scientifique. On faisait des audits de biodiversité rivière, on faisait de la dissection botanique, après relever sur périnaturel. C'est des choses qui n'étaient pas particulièrement courantes pour l'époque et je pense qu'ils m'ont pas mal façonnée. Et puis, suite à ce lycée agricole, j'ai fait très classiquement une prépa aux grandes écoles en région parisienne. Et après, j'ai atterri à Nancy pour une école d'agro, l'ENSAIA, où j'ai fait... une option développement durable des filières agricoles et particulièrement de l'élevage. Et puis comme ma grande passion, c'était quand même l'ouest de la France, la Normandie, les pommiers, les vaches, j'ai cherché un stage de fin d'études, un mémoire à faire dans cette région-là. Et je suis revenue en Bretagne pour ça. Et puis je ne l'ai plus jamais quitté.

  • Speaker #0

    Ok, trop trop chouette. Quelles ont été tes premières expériences professionnelles et qu'est-ce que tu fais du coup exactement maintenant ?

  • Speaker #1

    Adieu. Du coup, en finissant mon mémoire de fin d'études, j'avais vraiment envie de travailler dans l'élevage, mais que ce ne soit pas avec une vision trop restreinte des modes d'élevage, dans le sens où le dogmatisme, ce n'est pas un truc qui m'intéressait déjà des masses à l'époque. Donc, j'avais fait mon mémoire dans une structure très orientée, agriculture, herbagère, paysanne, etc., qui était très, très chouette. Mais j'avais envie d'aller voir plein de systèmes d'élevage. Donc, je me suis fait recruter dans ce qu'on appelait à l'époque le contrôle laitier. Et puis j'ai bossé dix ans là-bas où j'ai occupé différents postes, du poste de conseillère sur le terrain, accompagner les producteurs sur des questions technico-économiques. J'ai fait de l'animation de groupe, de la spécialisation sur la qualité du lait. Et puis j'ai eu la chance de faire de l'intra-trenariat puisque l'entreprise a décidé de créer un pôle agriculture biologique et durable et de m'en confier le développement. Donc ça a été super chouette. Et donc j'ai fait ça pendant cinq, six ans. Et puis, pour plein de raisons, à la fois... Professionnelle et personnelle, j'ai eu envie de changer un petit peu d'air et de continuer ce métier de conseil auprès des producteurs, mais à mon compte. Et donc, ça fait trois ans désormais que je suis installée, que j'ai créé mon cabinet de conseil pour les producteurs de ruminants, tous les ruminants, Beauvin, Auvin, Caprin. C'est plutôt cool, voilà. Et je pense que cette passion de l'accompagnement des producteurs, elle m'est venue pendant ma dernière année d'école d'ingé. puisque je l'ai faite en alternance dans un cabinet d'expertise foncière et qui était spécialisé dans l'accompagnement des producteurs qui étaient en procédure collective, donc redressement judiciaire, règlement amiable, etc. Et franchement, c'était humainement hyper fort d'accompagner ces personnes-là qui sont en difficulté pour plein de raisons. Mais du coup, j'étais chargée pendant mon alternance de faire les dossiers d'études techniques, donc les accompagner finalement sur comment redresser la barre techniquement pendant que ma... Ma maître d'apprentissage, elle était sur le volet plutôt patrimoniaux et économique. Et du coup, c'est vraiment quelque chose qui m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup plu. Alors, dans un contexte très dur, on accompagne des gens chez qui ce n'est vraiment pas facile. Mais je pense que ça m'a beaucoup marquée et ça m'a donné vraiment envie de poursuivre l'accompagnement. Pas forcément chez des gens toujours en difficulté, mais ça m'a beaucoup porté ça.

  • Speaker #0

    Ok, je comprends. Tu es investie aussi dans les idées de la... Terre, est-ce que c'est un peu pour ces mêmes sujets, pour aider, pour pouvoir transmettre aussi à d'autres femmes qui sont en difficulté ?

  • Speaker #1

    Complètement. L'idée, c'est vraiment déjà de porter la voix des femmes, parce que je peux honnêtement dire que je n'ai jamais ressenti de sexisme ou de remarques particulièrement misogynes dans mon métier. Je tiens à le dire parce que ce n'est pas forcément l'opinion commune que beaucoup de gens ont du milieu agricole.

  • Speaker #0

    J'ai déjà eu des témoignages de ce que tu fais.

  • Speaker #1

    Alors, j'en ai eu un petit peu, mais finalement, plus de la part de pairs, donc de techniciens, de collègues, etc., que de la part d'agriculteurs, pour être tout à fait honnête. Et donc, les ailes de la terre, c'est vraiment être dans la transmission, pouvoir parler librement des problématiques, etc. Et puis, un point que je trouvais chouette, c'est que quand on est agricultrice sur le terrain, il y a beaucoup d'associations, il y a beaucoup de groupes techniques ou de groupes... avec lesquels on peut échanger. Mais quand on est indépendante, entrepreneur dans un milieu para-agricole, au final, on n'a pas trop d'espace de parole parce que les problématiques d'entrepreneuriat sont les mêmes que des nanas ou des mecs qui auraient d'autres carrières complètement. Mais il y a quand même ces spécificités agricoles, ces saisonnalités, etc., qui sont très particulières. Et du coup, c'est dur. de trouver un peu sa tribu quand on n'est pas du Serail en étant à proprement parler agricultrice. Et du coup, Laurence et les autres nanas m'ont ouvert leur porte et je trouve ça chouette dans le sens où ça permet d'ouvrir le dialogue à l'entrepreneuriat agricole et para-agricole et comment nouer un dialogue tous ensemble. Donc ça, c'était chouette aussi.

  • Speaker #0

    Ton choix professionnel de te mettre à ton compte, est-ce que ça s'est fait avant ou après ta rencontre avec ton conjoint ? Est-ce que c'est lié à son activité sur la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors non du tout, c'était vraiment une volonté pour pouvoir exercer mon métier comme je l'entends, avec plus de liberté dans les manières dont je pouvais apporter du conseil et dans la manière d'orienter ma clientèle et mes formations par exemple. Donc ça c'était vraiment un choix qui s'est fait à une époque de ma vie. où il y avait pas mal de transformations. Et puis, ça a été un petit peu bousculé puisque j'ai monté ma boîte. Quatre mois plus tard, mon mari me quittait. Ça a été une période un peu chaotique. J'ai repris un emploi à temps partiel pour faire bouillir la marmite en continuant de développer Herbivore. Et puis, c'est un petit peu plus tard qu'au détour. de rendez-vous conseil avec mon chéri qui ne l'était pas à l'époque, quand on s'est découvert des atomes crochus au-delà de ma pratique professionnelle.

  • Speaker #0

    Ça marche. Et est-ce que c'est facile de trouver des clients, des entreprises dans lesquelles aller faire tes formations autour de la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors, oui et non. J'ai un réseau à l'échelle France pour les formations notamment. Et ça, ce n'est pas nouveau. je gambade très souvent. Je suis amenée à partir 3, 4, 5 jours d'affilée assez régulièrement. Et après, ce n'est pas comme le ski, mais c'est presque saisonnier dans les périodes où c'est assez intense. C'est souvent octobre, novembre, décembre. Et puis souvent mai, juin. Le reste du temps, je suis beaucoup plus à la maison et puis à aller en rendez-vous. chez mes clients agriculteurs qui sont en coaching, à concevoir ou rénover mes formations, tout ça. Mais c'est vrai qu'il y a pas mal de périodes de l'année où ils ne me voient pas, du coup.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. C'est un peu des ajustements à faire tous les deux aussi, sans doute. Que ce soit maintenant ou avant, je ne sais pas si ton ex-mari était aussi agriculteur, est-ce que tu as fait des concessions ou des ajustements professionnels pour suivre ton conjoint ? Que ce soit de la mobilité, une reconversion, un passage à temps partiel par moment, ou comme tu le disais, justement, reprendre un emploi après. Quels ajustements tu as pu faire par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Écoute, pas tellement en réalité, dans le sens où mon ex-mari n'était pas du tout du milieu, donc on avait tous les deux nos jobs de cadre. C'était une routine assez facile finalement, sauf que... J'avais une petite exploitation où j'élevais des chèvres de race locale et puis quelques bovins à l'étang. Donc, on avait des week-ends et des vacances qui étaient consacrées uniquement à l'entretien de la petite ferme et du soin aux animaux, avec pas mal de saisonnalité autour de poser les vacances pour faire le foin, poser des jours pour les mises bas pour les chèvres, etc.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc, là-dessus, c'était un peu... une grosse organisation et je pense que mon fils mari, c'est lui qui a dû faire, je pense, le plus de concessions autour de ce mode de vie. C'est peut-être en partie ça aussi qui a pu contribuer à un certain déséquilibre dans notre mariage, parce qu'on n'était pas sûrs que c'était sa grosse tasse de thé au final. Et dans cette relation avec mon chéri, là... Au final, il a une vie très occupée avec sa transformation, son élevage, l'accueil à la ferme. Moi, j'ai une vie très occupée aussi avec mon métier. L'avantage, c'est qu'on en comprend chacun les enjeux et les impératifs. Donc, pour le moment, on va dire que moi, j'essaye d'intégrer, de l'aider ponctuellement sur quand il y a du foin, c'est moi qui fan, quand il y a des soucis sanitaires dans le troupeau. J'ai un petit peu plus d'affinité avec ces choses-là que lui. C'est moi qui vais gérer les rendez-vous avec le véto, l'ostéopathe, etc. C'est plus par plaisir et parce que j'ai peut-être un poil plus d'affinité avec certains sujets que lui sur ces choses-là. Mais on s'est dit tous les deux que, clairement, la priorité, c'était nos entreprises respectives. Dans ce moment-là de notre vie, ça ne sera peut-être pas toujours comme ça, mais on voulait se donner la chance tous les deux que ça fonctionne bien pour chacun de nous. On essaie d'y aller à fond chacun de notre côté, sachant que de mon côté, je peux plus facilement me dégager du temps pour l'accompagner à la ferme que l'inverse.

  • Speaker #0

    Vous soutenez dans vos projets pros, c'est trop bien. Ton ancienne vie agricultrice, du coup, quand même à côté de ton emploi, est-ce que ça te manque ? Est-ce que tu en as encore une un petit peu en ce moment ? Ou est-ce que tu pourrais imaginer plus tard, même si ça n'est peut-être pas du tout à l'ordre du jour, avoir ta part sur la ferme de ton conjoint avec notamment cet élevage ou avec d'autres activités ?

  • Speaker #1

    Alors, ça me manque évidemment, mais mes animaux me manquent, voilà. J'ai été obligée de me séparer de la plupart d'entre eux. Après, entre guillemets, je vis le meilleur des deux mondes, dans le sens où quelques-unes de mes chèvres ont atterri dans le troupeau de mon compagnon. Mes chevaux sont chez lui aussi. Donc finalement, je participe et je vis par procuration tout ce monde-là, en en ayant finalement moins de contraintes qu'auparavant. Quelque part, pour le moment, ça se conjugue avec le... plein développement de mon entreprise. Donc, de toute façon, je n'aurais pas eu le même temps disponible que j'avais auparavant pour continuer ce type de choses. Et puis, après, on commence tout doucement à évoquer des projets communs autour d'activités, soit d'élevage, soit d'accueil à la ferme ou de choses comme ça, dans lesquelles je pourrais prendre une part. Comme je te le disais, on est tous les deux divorcés et ça échoue de mettre en commun trop vite nos projets professionnels. dans le sens où on sait le prix à la fois émotionnel et simplement logistique, juridique, matériel finalement que ça peut avoir. Donc on en discute, on est tous les deux fermés à rien du tout, on a plein de projets, plein d'idées. Mais voilà, nos histoires de vie respectives ont fait qu'on met peut-être un petit peu plus de prudence que si on s'était rencontrés dans la vingtaine.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. Ça n'empêche pas, comme tu dis, de se... projeter, d'avoir des projets, mais de rester un peu aussi sur ses gardes et puis d'avancer ensemble.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est sympa, c'est qu'au final, comme on a quand même eu quelque part une même épreuve de vie autour de ça, alors c'est de plus en plus courant les divorces, mais ça reste une grosse épreuve. Mais du coup, c'est sympa parce qu'on avance à la même vitesse et avec une vraie compréhension mutuelle des enjeux que ça peut avoir. Donc ça, c'est chouette.

  • Speaker #0

    J'aimerais maintenant qu'on parle un peu de votre vie à deux. et de ce que représente le quotidien quand on vit avec un agriculteur. Tu nous as parlé un peu de votre rencontre dans le cadre professionnel du coup. Quand tu as su qu'il était agriculteur, tu le savais en le rencontrant, qu'est-ce que tu as ressenti ? Est-ce que le fait de t'installer avec un agriculteur, ça t'attirait ? Ça te faisait peur ? Quels sont tes ressentis par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Je vais te raconter une anecdote que j'ai vécue au lycée. Avant de revenir à ça. Donc j'étais dans un lycée agricole, un après-midi on faisait un atelier de français, et puis on était avec quelques copines en train de bosser, et puis la prof de français vient nous voir et puis vient nous dire « Mais les filles, encore célibataire, mais qu'est-ce que vous faites ? Regardez, Nicolas, 200 hectares, Benoît, un quota de betterave, enfin les filles, il faut y aller quand même ! » Et donc, dans le milieu dans lequel j'ai grandi, il y avait un rapport au fait de se marier ou en tout cas de fréquenter un agriculteur qui était lié, on va dire, à des aspects matériels et des aspects de, oh là là, est-ce qu'il y a une grosse ferme, est-ce qu'il y a du quota laitier, etc. qui, venant du milieu rural, mais pas agricole, m'a un peu séchée parce que j'étais probablement encore très... naïve ou en tout cas pas intéressée par ces choses-là et je voyais pas l'intérêt de se mettre avec quelqu'un juste on va dire pour une forme de prestige social agricole et donc ça m'a un peu découragée de me mettre avec un agri en tout cas dans le monde dans lequel j'ai grandi des plaines céréalières je me disais oh là là mais moi j'ai pas envie de rentrer dans ce truc là alors après si c'était tombé comme ça ça serait tombé comme ça mais j'ai pas eu envie de du coup fréquenter trop ce monde là Et puis après, les choses se sont faites. Mon ex-mari n'était pas du tout de ce milieu-là. Et puis par contre, dans ma pratique professionnelle, je rencontrais et je travaillais avec des agriculteurs et des agricultrices tous les jours. Donc je connaissais bien ces mondes-là. Quand j'ai rencontré mon compagnon actuel, au final, le fait qu'il ait été agriculteur, ça me faisait ni chaud ni froid, dans le sens où c'est un monde que je connais très très bien, donc je connais les contraintes pour les avoir vécues aussi. pas à la même échelle qu'une échelle professionnelle, mais quand j'étais petite, on avait les chevaux, mes parents élevaient des chevaux de course. Clairement, les vacances, c'était faire du foin, faire de la paille ou aller accompagner les chevaux en compétition ou à l'entraînement. Donc, les contraintes du vivant, les soirées du nouvel an au chevet d'une jumeau malade à attendre le véto, c'était finalement les mêmes. Donc, ça ne me faisait pas particulièrement peur. Et je trouvais ça plutôt chouette dans le sens où je me suis dit, voilà, enfin, je trouve quelqu'un qui comprend mes passions et avec qui on est assuré d'avoir tout le temps des conversations riches puisqu'on aura non-stop des sujets en commun à évoquer.

  • Speaker #0

    Et puis des valeurs communes aussi.

  • Speaker #1

    Oui, oui, complètement. Après, ce que je n'avais pas forcément... calibré, si tu veux, dans ma tête, c'était les impératifs liés à la transformation au commerce et à l'accueil sur la ferme, parce que ça, c'est encore d'autres contraintes et d'autres manières de vivre l'agriculture. que je trouve formidable quand c'est moi qui l'évite du côté touriste, mais vécu de l'intérieur, c'est parfois plus compliqué.

  • Speaker #0

    Oui, parce que du coup, ça nécessite énormément de temps, de disponibilité, sans doute aussi peut-être le week-end, etc. C'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est-à-dire que la transfo, c'est beaucoup d'exigences. Alors après, ni plus ni moins que l'élevage, mais ça se surimpose aux exigences et aux contraintes de l'élevage. Donc ça, c'est une première chose. Et puis après, le reste... C'est vrai que la commercialisation avant direct, l'accueil à la ferme, moi j'étais habituée à avoir, que ce soit chez mes parents, ou que ce soit dans ma petite ferme auparavant, etc. La ferme, les terres, l'élevage, c'était un espace de liberté où je pouvais être soit toute seule, soit moi-même, soit être entre guillemets tranquille. Et quand... un compagnon dont l'activité se tourne autour de l'agro-tourisme et de l'accueil à la ferme, etc., eh bien la ferme, ça devient un espace de représentation permanente. Je ne peux plus me dire « tiens, je vais aller glandouiller, ramasser mes murs » ou « aller faire mon tour de prairie tranquille avec le chien » ou « tiens, cet après-midi, je mettrais bien le transat dans le en face des chèvres pour les surveiller tranquillou. parce qu'il y a toujours, pas tous les jours, mais il y a très souvent des personnes en visite qui peuvent ne pas comprendre que tu as envie d'être tranquille ou qui ont envie de te poser des questions, ce qui est tout à fait normal. Mais du coup, ça, c'est un truc que je n'avais pas anticipé et qui peut parfois être un petit peu embêtant de mon côté en tout cas.

  • Speaker #0

    C'est le genre de choses où on te le dit, où on t'en parle, mais tant que tu ne le vis pas, ça ne doit pas être évident. Est-ce que tu as toujours souhaité vivre à la campagne ? Est-ce que vous vivez à l'heure actuelle tous les deux sur la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, la campagne, c'est obligatoire. C'est-à-dire que sinon, je suis en PLS. Même quand j'étais étudiante, je ne sais pas comment je me suis débrouillée, mais le lycée par exemple, j'ai fait ma prépa, il y avait un énorme parc juste à côté où je pouvais aller respirer un petit peu, voir des arbres. C'était magnifique. Ensuite, à l'école d'agro, j'ai toujours réussi à... me dépatouiller pour trouver des appartements à côté de la forêt. J'ai vraiment essayé de toujours rester en contact avec la nature. Et là, à l'heure actuelle, on habite dans une maison en centre-bourg, à mon grand désespoir, qui est à 3 km de la ferme. Et on est en train de déménager, puisqu'on a trouvé une charmante maison en pierre, pas très très loin de la ferme, avec 3500 m² de terrain, où je vais faire un verger d'agrumes. Et une petite maison où je vais faire un gîte. Et donc, j'ai très, très hâte. Surtout que moi, je bosse depuis la maison. Quand je fais un déplacement, j'ai besoin de ma verdure pour me sentir bien.

  • Speaker #0

    Mais trop chouette. C'est un super projet. Félicitations. J'ai hâte de suivre ça.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous organisez pour garder un équilibre de couple ? Dans ce rythme-là, avec la ferme et ton activité professionnelle, enfin avec vos deux entreprises de manière générale, est-ce que vous prenez du temps pour vous ? Comment est-ce que vous trouvez vos moments à deux ?

  • Speaker #1

    C'est un peu compliqué pour le moment, parce qu'on est tous les deux au début de nos activités. Lui, ça fait quatre ans qu'il est installé, mais ça fait vraiment depuis l'année dernière qu'il y a une grosse montée en puissance de tout ce qui est accueilli à la ferme. Donc c'est très chronophage, et puis ça demande beaucoup de communication, que j'assure en partie. fin. un peu chronophage aussi, puis c'est vraiment une montée en puissance pour lui. Moi, ça se développe beaucoup aussi. Donc, on essaye tant bien que mal de se trouver des moments à deux. Mais c'est parfois compliqué parce que, comme on ne travaille pas ensemble à proprement parler, mais c'est moi qui gère tout ce qui va être nutrition du troupeau, soins, etc. Une bonne partie de tout ce qui va être conseil agronomique aussi. Donc, au final, on va faire un tour de prairie le soir. Ce n'est pas pour regarder le coucher de soleil parce que l'un comme l'autre, Malgré toute la bonne volonté qu'on peut mettre à essayer de passer un moment en amoureux, on dévie forcément sur « oui, mais du coup, tu as pensé à commander le carbonate de calcium ? » « Non, mais là, je mettrais bien un petit coup de fumier, puis tu as pensé à faire la piqûre à la 32-42 ? » Du coup, c'est compliqué de trouver des moments de pause. Donc, on essaye de temps en temps le dimanche, puisque c'est le jour où on arrive à se retrouver en commun, de s'éclipser pour une après-midi ou une demi-journée un peu plus loin. pour essayer de débrancher respectivement nos prises agricoles. Je ne pense pas qu'on a atteint une routine ou des choses magiques sur comment retenir notre relation de couple dans le quotidien parce qu'aucun de nous deux n'a vraiment d'horaire ou de routine, donc c'est un peu compliqué. Ce qui va bien, c'est que... On est tous les deux passionnés, on est tous les deux chefs d'entreprise et du coup, on se comprend là-dessus. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de mésentente sur « là-là, mais tu bosses trop » . Là-dessus, on est plutôt d'accord. Alors après, de temps en temps, ce n'est pas simple de faire un petit nid pour sa vie de couple au milieu de tout ça, mais ça va arriver.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous partez en vacances ? Est-ce que c'est prévu ? Par exemple, cet été, est-ce que vous avez pris quelques jours tous les deux ? Est-ce que ce sujet-là, c'est un sujet important pour toi ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Alors non, pas de vacances parce que quand tout le monde est en vacances, c'est là que lui, il a beaucoup d'activités pour l'accueil à la ferme. Donc, ce n'est pas prévu au programme. Après, depuis qu'on est ensemble, on a réussi à s'échapper deux fois pour grosso modo une journée et demie. Alors, on a la chance d'habiter dans une région magnifique qui nous permet d'aller au bord de la mer ou dans des endroits très chouettes assez rapidement. On a réussi à s'échapper comme ça. Après, trouver du remplacement quand on fait de la transfo, de l'accueil et de l'élevage, c'est compliqué. Et sa salariée n'a pas forcément... En vie, c'est tout à fait normal de faire beaucoup plus d'heures. Donc, elle n'est pas forcément à même de le remplacer quand il n'est pas là. Et puis, économiquement, ce n'est pas non plus simple pour lui pour le moment. Donc, c'est libre là aussi à trouver. après Moi, j'ai eu une enfance où je ne partais pas en vacances parce que les chevaux, l'entraînement, l'élevage, les contraintes d'élevage, et puis des parents qui étaient entrepreneurs aussi. Donc, on avait beaucoup plus l'habitude de s'échapper sur une journée, une demi-journée. Et on va dire que c'est un petit peu mon mode de fonctionnement et qui nous permet du coup, avec mon frérie, de garder la tête hors de l'eau, de pouvoir s'échapper sur... Une journée, le week-end dernier, on est parti une grosse demi-journée à la mer. On a été faire de la rando, nager. Rien que ça, déjà, ça aère l'esprit. Ça permet de couper, de se ressourcer. C'est dans les projets de réussir à partir. Moi, je voyage assez régulièrement, notamment en Écosse, chez des amis. Éleveur aussi, donc on ne s'éloigne quand même pas trop du sujet. Mais je sais que j'aime bien y aller assez régulièrement. J'y vais toute seule et assez indépendante. Je vais assez facilement pouvoir partir en vacances ou en séjour toute seule chez des amis ou des choses comme ça. J'ai la chance aussi de beaucoup bouger pour le travail dans des régions magnifiques ou à l'étranger aussi. Je vais partir à un congrès sur les prairies en Angleterre au mois de septembre. Je pars en Roumanie au mois de janvier pour un congrès aussi. Donc au final, l'un dans l'autre, on arrive à trouver un équilibre comme ça. Lui, il aimerait partir un petit peu plus et couper plus. Pour le moment, ce n'est pas d'actualité vu le paradigme de l'exploitation. Là, il va recruter une nouvelle apprentie bientôt. Ce qui devrait nous permettre d'avoir un tout petit peu plus de souplesse et de prévoir peut-être un week-end qui fasse plus d'une journée et demie. C'est le plan. On reste modeste. Une journée et demie, on va passer à deux jours.

  • Speaker #0

    Ton indépendance, comme tu disais, je pense que c'est une force de caractère hyper importante pour vivre avec un agriculteur. et que toi, ça te convient dans ton rythme, je trouve ça vraiment génial.

  • Speaker #1

    À noter aussi, c'est qu'il ne vit pas mal. On en a beaucoup parlé. Moi, je parte, par exemple, parce que ça pourrait. Là-dessus, il est hyper soutenant. Quand c'est pro, c'est pro. Il n'y a pas de question. Mais si c'est de partir la semaine prochaine, je pars quelques jours chez une copine. Il est content que moi, je puisse le faire.

  • Speaker #0

    Et on parle rarement. de comment lui le vit, est-ce qu'il aurait aimé partir avec, est-ce que ça le fait aussi souffler de se retrouver un peu seul dans ces périodes-là. C'est vrai que c'est des choses qu'on n'aborde pas et c'est vachement bien que tu le dises aussi, que c'est OK pour lui et qu'il te laisse le faire sans problème, qu'il le vit bien. On parlait de vivre en ruralité, tu me parlais de bouger pour aller voir des amis, etc. Toi, là où tu habites, avec ton projet de future maison aussi, est-ce que parfois tu te sens seule, isolée ou plutôt bien entourée ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, plutôt hyper bien entourée. La plupart de mes copines sont aussi en milieu rural. Là-dessus, on a des modes de vie assez similaires. J'ai tout un réseau d'amis qui datent du lycée, de la prépa et de l'école d'ingé. Et au final, on s'est toutes un peu disséminées partout en France au gré de nos rencontres aux amoureuses, de nos parcours professionnels. J'ai des copines qui ont vécu à l'étranger pendant longtemps. Et donc, j'ai appris, et elles aussi, à grébulir même à distance et à être là les unes pour les autres, même en n'étant pas géographiquement proches. Donc là, du coup, là-dessus, je ne me suis jamais sentie seule. Je trouve qu'en ruralité, quand on veut se donner la peine de se créer un réseau, il y a énormément d'activités, d'associations, il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup plus que je pense que les gens de la ville peuvent l'imaginer. Et du coup, non, je ne suis pas du tout frustrée au niveau social en milieu rural. La chance aussi que je peux avoir, et là-dessus, je pense que c'est réellement une chance, et que tous les gens ont… Toutes les personnes en ruralité n'ont pas forcément. C'est que, déjà, je voyage beaucoup pour mon travail, ce qui me donne l'occasion de passer par Paris assez régulièrement, ce qui peut me permettre d'assouvir certains besoins au niveau culturel. Mais exactement comme à la ville, il faut se donner la peine de vouloir créer du lien et d'aller vers les autres et de ne pas rester chez soi. C'est toujours un petit peu ça, le nerf de la guerre.

  • Speaker #0

    Moi, ça fait... quelques années que je découvre cette vie rurale, je pense qu'avec un peu de dynamisme, d'ouverture et de curiosité, on peut un peu trouver tout ce qui nous plaît. En tout cas, moi, c'est la manière dont je le fais. Si on décide de voir un peu ce qui se fait, on trouve en fait. Il y a pas mal de choses, mais il faut aller passer la porte, il faut se dire, allez, je vais essayer d'aller faire du sport là-bas avec des gens que je ne connais pas, je vais aller les rencontrer. C'est un peu force de proposition.

  • Speaker #1

    Exactement. La question de l'amitié à l'âge adulte, c'est quelque chose qui nous interroge beaucoup avec les copines, parce que j'ai pas mal d'amis, qu'elles soient en ville ou en ruralité d'ailleurs, qui me disent « je me fais plus d'amis, c'est dur de créer un réseau, etc. » Et on a cherché un petit peu, parce qu'on est toutes vaguement un peu scientifiques sur les ports, donc on aime bien aller chercher, tu vois, quand on trouve pas les réponses, on va chercher. Et il y a des études sociologiques qui montrent que... Finalement, les amitiés dans l'enfance, elles se forment hyper spontanément parce que les gosses, ils ont des passions communes, ils sont enfermés dans une salle de classe tous ensemble à faire la même chose et que la proximité horaire et la proximité de buts et d'activités fait que ça crée une émulsion propice à l'amitié. Et qu'à l'âge adulte, à part dans le travail, finalement, c'est compliqué de retrouver cette proximité et de trouver ce volume de temps passé avec quelqu'un qui soit suffisant pour créer des liens qui ne soient pas juste superficiels. Quand on ne prend pas ce temps-là et qu'on ne met pas un petit peu d'effort et un petit peu de glue dans les relations pour faire en sorte que ça fonctionne, c'est dur d'y arriver. Donc, c'est peut-être quelque chose que je fais de manière… C'est peut-être inconscient, mais en tout cas, j'aime bien essayer de créer du lien. Après, ça ne fonctionne pas toujours. Et puis, effectivement, être force de proposition parce que la plupart du temps, les gens n'osent pas toujours. Et du coup, si on ose à leur place, ils sont super contents de se dire « Ah oui, en fait, on peut créer du lien » .

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant ce que tu dis et je me ressens un peu dans ta personnalité et dans le fait d'être un peu à l'origine de ces liens. Et après de se dire que les amitiés sont différentes et la personne construira ce lien peut-être aussi différemment et c'est ok. Chose qu'il n'était peut-être pas quand on était plus jeune, de se dire qu'il faut qu'on soit les meilleurs amis du monde avec tout le monde. Là, à distance, on s'adapte et c'est des amitiés différentes.

  • Speaker #1

    Et cette communauté, je sais que j'ai vécu des périodes assez noires avec mon divorce. et que ce soit les amis de très loin ou la communauté que je me suis recréée en arrivant en Bretagne, alors des collègues, des voisines. Mon ex-femme de ménage est devenue une très proche amie. Moi j'ai trouvé beaucoup de consolation et beaucoup de joie dans toute cette épreuve parce que tout le monde a été présent pour moi quoi. Et de voir que des amitiés créées dans un cadre... professionnelle ou dans un cadre de vie d'adulte avec les contraintes qu'on peut tous avoir autour de ça avec les enfants pour celles qui en ont avec tous les enjeux qu'on connait autour de ces villas ça m'a vachement redonné foi en l'humanité ça me prouve aussi au quotidien que c'est possible en milieu rural et sans forcément de barrière sur tout ce qui va être milieu social ou quoi que ce soit qu'on peut se retrouver Merci. une communauté hyper hétéroclite et hyper chouette.

  • Speaker #0

    On va revenir un tout petit peu sur la ferme. Est-ce que ta belle-mère est proche de vous, au moins géographiquement, et bien sûr en relation aussi ? Est-ce que c'était une ferme qu'il a reprise ou c'est une création ?

  • Speaker #1

    C'est une création ex nihilo, dans le sens où il a repris des terres sur lesquelles il n'y avait pas de bâtiments. Et il a créé tous les bâtiments, l'élevage, tout de A à Z. Ça fait 5 ans maintenant qu'il est installé, après un parcours un peu du combattant aussi, puisque grosso modo l'année de son installation, son épouse l'a quitté, il s'est fait très mal aux genoux et son papa est décédé. Donc ce n'était pas une combinaison hyper magique. Pour débuter une installation agricole, dont on connaît par ailleurs à quel point les deux premières années peuvent être parfois raides, même quand tout va bien. Il s'en est bien sorti avec effectivement le soutien de sa famille et notamment de sa maman qui habite dans le nord de la France. Elle n'habite pas du tout à Poté. Elle soutient énormément mon chéri malgré la distance.

  • Speaker #0

    Ok, je comprends bien. Et lui, il venait d'un milieu agricole ? Est-ce que son papa était agriculteur ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Ses parents étaient postiers et lui, il a développé une passion pour les chèvres. Il était parti, il faisait un master pour être prof de sport.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc rien à voir. Et puis l'appel de l'élevage a résonné en lui. Il a eu envie de s'installer. C'est assez rigolo parce que c'est un parcours assez atypique.

  • Speaker #0

    Aussi un point commun que vous avez tous les deux, cette passion pour les animaux, alors que vous ne veniez pas tous les deux directement d'un milieu agricole.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Après, moi, je pense que j'étais quand même un peu plus du serail dans le sens où j'ai toujours vécu avec des animaux. Mais je pense que je n'ai pas eu un choc culturel aussi important que lui. Mon chéri, c'était vraiment la découverte totale et du milieu et des contraintes, etc. Du coup, c'est d'autant plus admirable de se lancer et de tenir la route, parce que quand ce n'est pas des contraintes que tu as vécues en étant petit, je pense que c'est d'autant plus dur de t'adapter.

  • Speaker #0

    Avec du recul, qu'est-ce qui chaque jour te fait du bien dans cette vie-là ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est tout con, que ce soit chez mes clients, formation, chez mon chéri. c'est voir la beauté du vivant Alors, pas de manière niaiseuse, parce que voilà, tu as des animaux qui meurent, c'est dégueulasse. On ne va pas parler de tout ce qui va être rémunération, désagri et du côté compliqué que ça peut avoir. Mais tous les jours, je vois des jolies fleurs, je partage un moment avec un animal. Quand j'accompagne mes clients, quand il y a un déclic qui se produit chez eux ou des pratiques qu'on a décidé de mettre en œuvre chez eux, ça fonctionne. C'est hyper gratifiant, c'est hyper beau. Moi, je sais que je m'émerveille tous les jours quand je fais les tours de prairies sur les différentes plantes qu'on peut retrouver, sur, de temps en temps, tu trouves des petits animaux sauvages que tu n'avais jamais vus, tu découvres un insecte que tu ne connaissais pas. C'est vraiment ce lien à la terre, au vivant et au fait que, sur, je vais dire une bêtise, mes 4 mètres carrés de prairies, tu peux, en tout cas en ce qui me concerne, y passer l'après-midi à découvrir des choses que tu ne pensais pas. peut-être déjà connaître, mais que tu redécouvres parce que cette année, il y a une plante qui a poussé là qui ne poussait pas d'habitude. Il y a une nouvelle plante envahissante ou toxique qui a décidé de venir se mettre là. Pourquoi ? Comment ? Tiens, il y a tels insectes. Avant, on n'en avait pas. En fait, c'est une découverte des merveilles de la nature en permanence. Et puis, moi, comme j'aime bien cogiter, comprendre. On pourrait faire comme ci, on pourrait faire comme ça. En fait, ça m'éclate au quotidien.

  • Speaker #0

    Trop chouette et on le sent que tu es vraiment passionnée et captivée par cette nature qui t'entoure. Pour conclure cet échange, si tu pouvais faire passer un message à une autre femme qui débute cette vie-là, que ce soit une vie rurale ou une vie avec un conjoint agriculteur, qu'est-ce que tu aimerais lui dire ?

  • Speaker #1

    Déjà de ne pas rester seule, de se créer son réseau. Alors on a la chance quand même maintenant aussi de pouvoir le faire à distance avec plein de moyens. Et de se créer une communauté qui comprenne ces enjeux-là. sans rester sclérosée dans le milieu agricole parce que ce que je vois parfois, c'est une espèce d'entre-soi qui, personnellement, des fois, je trouve un petit peu triste parce qu'au final, tout tourne autour de la vie agricole et je pense qu'il y a beaucoup de richesses dans les échanges avec des gens qui ne sont pas de ce milieu-là, même si avoir un bon socle de personnes qui comprennent, c'est important, mais de ne pas se scléroser là-dedans, de ne pas se laisser... enfermé dans le quotidien prenant et dur que peut être la vie de la ferme et de réussir à s'évader assez régulièrement sans culpabilité. Voilà. Et c'est peut-être ça la partie la plus compliquée.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. C'est ce que j'allais dire. J'allais dire que c'est le dernier point qui est tout le plus crucial. Merci beaucoup Pauline pour ta sincérité et ton temps. A bientôt peut-être.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marie.

  • Speaker #0

    C'est la fin de notre échange. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à découvrir tous les autres. Vous pouvez également noter le podcast sur votre plateforme d'écoute préférée. Et pour suivre l'aventure au quotidien, retrouvez-moi sur les réseaux sociaux et surtout sur Instagram où je suis très active. N'hésitez pas à vous abonner, liker, partager. C'est grâce à vous que ce projet prend forme et qu'il peut continuer à grandir. Mesdames, si vous avez envie de raconter votre histoire, Rejoignez-moi dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

Pauline est passionnée de botanique et d'agriculture. Cette jeune divorcée redécouvre la joie de vivre avec les contraintes du milieu agricole, comme dans son enfance. Son conjoint s'installe sur une ferme ouverte à tous. Ils ont le point commun de partager à tous les sciences du vivant, que ce soit à la ferme avec la découverte des cultures et des animaux, ou par les formations qu'elle propose à son compte.


“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue au centre de podcast que ça mène quand on s'aime, celui qui donne la parole aux conjoints d'agriculteurs. Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en bio, en conventionnel, en raisonnée. Elles viennent de toute la France. Certaines sont tombées dans l'agriculture toute petite. D'autres la découvrent jour après jour. Elles jonglent entre la ferme, la famille, leur métier. Elles portent une force incroyable. Moi c'est Marion, et avec ce podcast, j'espère que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans leurs propos, pourront les conseiller, les écho à leur goût, prendront peut-être un peu de recul, pourront du soutien, ou simplement verront une mise en lumière de ce qui se vit, souvent dans l'ombre, au cœur des fermes. Ici c'est de la good fight, de la sororité, du partage, et un vrai souffle de girl power en agriculture. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Alors aujourd'hui je reçois Pauline, on vient tout juste de faire connaissance et je suis ravie de partager ce moment avec toi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Pauline, j'ai 36 ans, j'habite en Bretagne et je suis consultante agricole à mon compte.

  • Speaker #0

    Avant de parler de toi un peu plus en détail, est-ce que tu peux nous décrire un peu où tu vis, avec qui et comment se présente la ferme de ton compagnon ?

  • Speaker #1

    J'habite en Bretagne, aux confins entre la Normandie, la Mayenne et la Bretagne. Certains diront que ce n'est pas la vraie Bretagne, mais malgré tout, administrativement, ça l'est. Mon compagnon est éleveur de chèvres laitières en système bio. Tout est vendu en vente directe. J'ai aussi de l'animation pédagogique sur la ferme. Il est bien occupé. Je n'ai pas de rôle particulier dans l'exploitation, si ce n'est qu'on s'est rencontrés puisque j'étais sa conseillère.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc, moi. Je continue mon travail de conseil auprès de lui, avec parfois un petit peu une oreille moins attentive de sa part maintenant. Et puis je contribue beaucoup à la création d'ateliers spécifiques autour de la biodiversité, de l'élevage ferme, mais de manière beaucoup plus ponctuelle.

  • Speaker #0

    Ça marche. Quelle est la taille de l'exploitation et est-ce qu'il travaille seul ?

  • Speaker #1

    L'exploitation fait un tout petit peu moins de 20 hectares. est en prairie naturelle. L'autonomie fourragère est atteinte pour le troupeau. Et du coup, il travaille sur l'exploitation avec une salariée à mi-temps qui l'accompagne sur tout ce qui est partie fromagère, transformation et commercialisation.

  • Speaker #0

    Ça marche. Est-ce que vous avez des enfants ?

  • Speaker #1

    Eh bien non, pas encore. Tous les deux, c'est un renouveau pour tous les deux puisqu'on sort tous les deux de divorce. Et donc, voilà, on avance tout doucement.

  • Speaker #0

    Alors maintenant qu'on voit un peu mieux le décor, on va parler un peu de toi. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors je viens de la plaine de Beauce, entre Orléans et Pithiviers. Donc les betteraves, le blé et les silos à perte de vue.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc à priori, ce n'était pas trop l'ambiance élevage. Et puis mes parents étaient artisans, rien à voir non plus. Mais mon papa avait une passion pour les chevaux, mais pas forcément les finances qui allaient avec. Donc on faisait beaucoup de choses par nous-mêmes. On avait 7 hectares, on en a toujours d'ailleurs, 7 hectares de terrain. Et donc on faisait le foin, la paille nous-mêmes, un petit ballot. Donc j'ai eu une enfance très rurale à des choses agricoles. Puis mes parents étaient très amis avec beaucoup d'agriculteurs, notamment beaucoup d'éleveurs. Et puis on avait beaucoup de relations en Normandie par rapport aux chevaux. Et c'est en Normandie, à l'âge de 4-5 ans, que je suis tombée dans la marmite. L'élevage laitier, alors vraiment ce n'était pas quelque chose de prévu, mais je suis tombée amoureuse des vaches laitières et ça ne s'est jamais démenti. Donc j'ai conduit toutes mes études pour avoir le bonheur de pouvoir travailler avec des vaches tous les jours. Je me souviens petite, je faisais des dessins de vaches sous des pommiers en disant que j'irais habiter en Normandie quand je serais grande. Et je n'ai pas atterri si loin que ça, puisque je suis à 30 kilomètres de la Normandie. Et puis, la Bretagne, c'est quand même pas mal non plus. Trop,

  • Speaker #0

    trop chouette. OK. Et du coup, qu'est-ce que tu as fait comme études ? Quel est ton parcours professionnel ?

  • Speaker #1

    Eh bien, du coup, ce qui était assez chouette, c'est que j'avais un lycée agricole pas très loin de chez moi, où même si on était dans une zone très céréalière, il y avait un atelier élevage avec des brebis sepulques, qui était assez important. et donc j'ai pu faire ce lycée agricole avec une option écologie agronomie territoire citoyenneté qui paraît hyper mainstream maintenant mais qui était quand même assez innovant pour l'époque. On avait des cours d'écologie scientifique. On faisait des audits de biodiversité rivière, on faisait de la dissection botanique, après relever sur périnaturel. C'est des choses qui n'étaient pas particulièrement courantes pour l'époque et je pense qu'ils m'ont pas mal façonnée. Et puis, suite à ce lycée agricole, j'ai fait très classiquement une prépa aux grandes écoles en région parisienne. Et après, j'ai atterri à Nancy pour une école d'agro, l'ENSAIA, où j'ai fait... une option développement durable des filières agricoles et particulièrement de l'élevage. Et puis comme ma grande passion, c'était quand même l'ouest de la France, la Normandie, les pommiers, les vaches, j'ai cherché un stage de fin d'études, un mémoire à faire dans cette région-là. Et je suis revenue en Bretagne pour ça. Et puis je ne l'ai plus jamais quitté.

  • Speaker #0

    Ok, trop trop chouette. Quelles ont été tes premières expériences professionnelles et qu'est-ce que tu fais du coup exactement maintenant ?

  • Speaker #1

    Adieu. Du coup, en finissant mon mémoire de fin d'études, j'avais vraiment envie de travailler dans l'élevage, mais que ce ne soit pas avec une vision trop restreinte des modes d'élevage, dans le sens où le dogmatisme, ce n'est pas un truc qui m'intéressait déjà des masses à l'époque. Donc, j'avais fait mon mémoire dans une structure très orientée, agriculture, herbagère, paysanne, etc., qui était très, très chouette. Mais j'avais envie d'aller voir plein de systèmes d'élevage. Donc, je me suis fait recruter dans ce qu'on appelait à l'époque le contrôle laitier. Et puis j'ai bossé dix ans là-bas où j'ai occupé différents postes, du poste de conseillère sur le terrain, accompagner les producteurs sur des questions technico-économiques. J'ai fait de l'animation de groupe, de la spécialisation sur la qualité du lait. Et puis j'ai eu la chance de faire de l'intra-trenariat puisque l'entreprise a décidé de créer un pôle agriculture biologique et durable et de m'en confier le développement. Donc ça a été super chouette. Et donc j'ai fait ça pendant cinq, six ans. Et puis, pour plein de raisons, à la fois... Professionnelle et personnelle, j'ai eu envie de changer un petit peu d'air et de continuer ce métier de conseil auprès des producteurs, mais à mon compte. Et donc, ça fait trois ans désormais que je suis installée, que j'ai créé mon cabinet de conseil pour les producteurs de ruminants, tous les ruminants, Beauvin, Auvin, Caprin. C'est plutôt cool, voilà. Et je pense que cette passion de l'accompagnement des producteurs, elle m'est venue pendant ma dernière année d'école d'ingé. puisque je l'ai faite en alternance dans un cabinet d'expertise foncière et qui était spécialisé dans l'accompagnement des producteurs qui étaient en procédure collective, donc redressement judiciaire, règlement amiable, etc. Et franchement, c'était humainement hyper fort d'accompagner ces personnes-là qui sont en difficulté pour plein de raisons. Mais du coup, j'étais chargée pendant mon alternance de faire les dossiers d'études techniques, donc les accompagner finalement sur comment redresser la barre techniquement pendant que ma... Ma maître d'apprentissage, elle était sur le volet plutôt patrimoniaux et économique. Et du coup, c'est vraiment quelque chose qui m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup plu. Alors, dans un contexte très dur, on accompagne des gens chez qui ce n'est vraiment pas facile. Mais je pense que ça m'a beaucoup marquée et ça m'a donné vraiment envie de poursuivre l'accompagnement. Pas forcément chez des gens toujours en difficulté, mais ça m'a beaucoup porté ça.

  • Speaker #0

    Ok, je comprends. Tu es investie aussi dans les idées de la... Terre, est-ce que c'est un peu pour ces mêmes sujets, pour aider, pour pouvoir transmettre aussi à d'autres femmes qui sont en difficulté ?

  • Speaker #1

    Complètement. L'idée, c'est vraiment déjà de porter la voix des femmes, parce que je peux honnêtement dire que je n'ai jamais ressenti de sexisme ou de remarques particulièrement misogynes dans mon métier. Je tiens à le dire parce que ce n'est pas forcément l'opinion commune que beaucoup de gens ont du milieu agricole.

  • Speaker #0

    J'ai déjà eu des témoignages de ce que tu fais.

  • Speaker #1

    Alors, j'en ai eu un petit peu, mais finalement, plus de la part de pairs, donc de techniciens, de collègues, etc., que de la part d'agriculteurs, pour être tout à fait honnête. Et donc, les ailes de la terre, c'est vraiment être dans la transmission, pouvoir parler librement des problématiques, etc. Et puis, un point que je trouvais chouette, c'est que quand on est agricultrice sur le terrain, il y a beaucoup d'associations, il y a beaucoup de groupes techniques ou de groupes... avec lesquels on peut échanger. Mais quand on est indépendante, entrepreneur dans un milieu para-agricole, au final, on n'a pas trop d'espace de parole parce que les problématiques d'entrepreneuriat sont les mêmes que des nanas ou des mecs qui auraient d'autres carrières complètement. Mais il y a quand même ces spécificités agricoles, ces saisonnalités, etc., qui sont très particulières. Et du coup, c'est dur. de trouver un peu sa tribu quand on n'est pas du Serail en étant à proprement parler agricultrice. Et du coup, Laurence et les autres nanas m'ont ouvert leur porte et je trouve ça chouette dans le sens où ça permet d'ouvrir le dialogue à l'entrepreneuriat agricole et para-agricole et comment nouer un dialogue tous ensemble. Donc ça, c'était chouette aussi.

  • Speaker #0

    Ton choix professionnel de te mettre à ton compte, est-ce que ça s'est fait avant ou après ta rencontre avec ton conjoint ? Est-ce que c'est lié à son activité sur la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors non du tout, c'était vraiment une volonté pour pouvoir exercer mon métier comme je l'entends, avec plus de liberté dans les manières dont je pouvais apporter du conseil et dans la manière d'orienter ma clientèle et mes formations par exemple. Donc ça c'était vraiment un choix qui s'est fait à une époque de ma vie. où il y avait pas mal de transformations. Et puis, ça a été un petit peu bousculé puisque j'ai monté ma boîte. Quatre mois plus tard, mon mari me quittait. Ça a été une période un peu chaotique. J'ai repris un emploi à temps partiel pour faire bouillir la marmite en continuant de développer Herbivore. Et puis, c'est un petit peu plus tard qu'au détour. de rendez-vous conseil avec mon chéri qui ne l'était pas à l'époque, quand on s'est découvert des atomes crochus au-delà de ma pratique professionnelle.

  • Speaker #0

    Ça marche. Et est-ce que c'est facile de trouver des clients, des entreprises dans lesquelles aller faire tes formations autour de la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors, oui et non. J'ai un réseau à l'échelle France pour les formations notamment. Et ça, ce n'est pas nouveau. je gambade très souvent. Je suis amenée à partir 3, 4, 5 jours d'affilée assez régulièrement. Et après, ce n'est pas comme le ski, mais c'est presque saisonnier dans les périodes où c'est assez intense. C'est souvent octobre, novembre, décembre. Et puis souvent mai, juin. Le reste du temps, je suis beaucoup plus à la maison et puis à aller en rendez-vous. chez mes clients agriculteurs qui sont en coaching, à concevoir ou rénover mes formations, tout ça. Mais c'est vrai qu'il y a pas mal de périodes de l'année où ils ne me voient pas, du coup.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. C'est un peu des ajustements à faire tous les deux aussi, sans doute. Que ce soit maintenant ou avant, je ne sais pas si ton ex-mari était aussi agriculteur, est-ce que tu as fait des concessions ou des ajustements professionnels pour suivre ton conjoint ? Que ce soit de la mobilité, une reconversion, un passage à temps partiel par moment, ou comme tu le disais, justement, reprendre un emploi après. Quels ajustements tu as pu faire par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Écoute, pas tellement en réalité, dans le sens où mon ex-mari n'était pas du tout du milieu, donc on avait tous les deux nos jobs de cadre. C'était une routine assez facile finalement, sauf que... J'avais une petite exploitation où j'élevais des chèvres de race locale et puis quelques bovins à l'étang. Donc, on avait des week-ends et des vacances qui étaient consacrées uniquement à l'entretien de la petite ferme et du soin aux animaux, avec pas mal de saisonnalité autour de poser les vacances pour faire le foin, poser des jours pour les mises bas pour les chèvres, etc.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc, là-dessus, c'était un peu... une grosse organisation et je pense que mon fils mari, c'est lui qui a dû faire, je pense, le plus de concessions autour de ce mode de vie. C'est peut-être en partie ça aussi qui a pu contribuer à un certain déséquilibre dans notre mariage, parce qu'on n'était pas sûrs que c'était sa grosse tasse de thé au final. Et dans cette relation avec mon chéri, là... Au final, il a une vie très occupée avec sa transformation, son élevage, l'accueil à la ferme. Moi, j'ai une vie très occupée aussi avec mon métier. L'avantage, c'est qu'on en comprend chacun les enjeux et les impératifs. Donc, pour le moment, on va dire que moi, j'essaye d'intégrer, de l'aider ponctuellement sur quand il y a du foin, c'est moi qui fan, quand il y a des soucis sanitaires dans le troupeau. J'ai un petit peu plus d'affinité avec ces choses-là que lui. C'est moi qui vais gérer les rendez-vous avec le véto, l'ostéopathe, etc. C'est plus par plaisir et parce que j'ai peut-être un poil plus d'affinité avec certains sujets que lui sur ces choses-là. Mais on s'est dit tous les deux que, clairement, la priorité, c'était nos entreprises respectives. Dans ce moment-là de notre vie, ça ne sera peut-être pas toujours comme ça, mais on voulait se donner la chance tous les deux que ça fonctionne bien pour chacun de nous. On essaie d'y aller à fond chacun de notre côté, sachant que de mon côté, je peux plus facilement me dégager du temps pour l'accompagner à la ferme que l'inverse.

  • Speaker #0

    Vous soutenez dans vos projets pros, c'est trop bien. Ton ancienne vie agricultrice, du coup, quand même à côté de ton emploi, est-ce que ça te manque ? Est-ce que tu en as encore une un petit peu en ce moment ? Ou est-ce que tu pourrais imaginer plus tard, même si ça n'est peut-être pas du tout à l'ordre du jour, avoir ta part sur la ferme de ton conjoint avec notamment cet élevage ou avec d'autres activités ?

  • Speaker #1

    Alors, ça me manque évidemment, mais mes animaux me manquent, voilà. J'ai été obligée de me séparer de la plupart d'entre eux. Après, entre guillemets, je vis le meilleur des deux mondes, dans le sens où quelques-unes de mes chèvres ont atterri dans le troupeau de mon compagnon. Mes chevaux sont chez lui aussi. Donc finalement, je participe et je vis par procuration tout ce monde-là, en en ayant finalement moins de contraintes qu'auparavant. Quelque part, pour le moment, ça se conjugue avec le... plein développement de mon entreprise. Donc, de toute façon, je n'aurais pas eu le même temps disponible que j'avais auparavant pour continuer ce type de choses. Et puis, après, on commence tout doucement à évoquer des projets communs autour d'activités, soit d'élevage, soit d'accueil à la ferme ou de choses comme ça, dans lesquelles je pourrais prendre une part. Comme je te le disais, on est tous les deux divorcés et ça échoue de mettre en commun trop vite nos projets professionnels. dans le sens où on sait le prix à la fois émotionnel et simplement logistique, juridique, matériel finalement que ça peut avoir. Donc on en discute, on est tous les deux fermés à rien du tout, on a plein de projets, plein d'idées. Mais voilà, nos histoires de vie respectives ont fait qu'on met peut-être un petit peu plus de prudence que si on s'était rencontrés dans la vingtaine.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. Ça n'empêche pas, comme tu dis, de se... projeter, d'avoir des projets, mais de rester un peu aussi sur ses gardes et puis d'avancer ensemble.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est sympa, c'est qu'au final, comme on a quand même eu quelque part une même épreuve de vie autour de ça, alors c'est de plus en plus courant les divorces, mais ça reste une grosse épreuve. Mais du coup, c'est sympa parce qu'on avance à la même vitesse et avec une vraie compréhension mutuelle des enjeux que ça peut avoir. Donc ça, c'est chouette.

  • Speaker #0

    J'aimerais maintenant qu'on parle un peu de votre vie à deux. et de ce que représente le quotidien quand on vit avec un agriculteur. Tu nous as parlé un peu de votre rencontre dans le cadre professionnel du coup. Quand tu as su qu'il était agriculteur, tu le savais en le rencontrant, qu'est-ce que tu as ressenti ? Est-ce que le fait de t'installer avec un agriculteur, ça t'attirait ? Ça te faisait peur ? Quels sont tes ressentis par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Je vais te raconter une anecdote que j'ai vécue au lycée. Avant de revenir à ça. Donc j'étais dans un lycée agricole, un après-midi on faisait un atelier de français, et puis on était avec quelques copines en train de bosser, et puis la prof de français vient nous voir et puis vient nous dire « Mais les filles, encore célibataire, mais qu'est-ce que vous faites ? Regardez, Nicolas, 200 hectares, Benoît, un quota de betterave, enfin les filles, il faut y aller quand même ! » Et donc, dans le milieu dans lequel j'ai grandi, il y avait un rapport au fait de se marier ou en tout cas de fréquenter un agriculteur qui était lié, on va dire, à des aspects matériels et des aspects de, oh là là, est-ce qu'il y a une grosse ferme, est-ce qu'il y a du quota laitier, etc. qui, venant du milieu rural, mais pas agricole, m'a un peu séchée parce que j'étais probablement encore très... naïve ou en tout cas pas intéressée par ces choses-là et je voyais pas l'intérêt de se mettre avec quelqu'un juste on va dire pour une forme de prestige social agricole et donc ça m'a un peu découragée de me mettre avec un agri en tout cas dans le monde dans lequel j'ai grandi des plaines céréalières je me disais oh là là mais moi j'ai pas envie de rentrer dans ce truc là alors après si c'était tombé comme ça ça serait tombé comme ça mais j'ai pas eu envie de du coup fréquenter trop ce monde là Et puis après, les choses se sont faites. Mon ex-mari n'était pas du tout de ce milieu-là. Et puis par contre, dans ma pratique professionnelle, je rencontrais et je travaillais avec des agriculteurs et des agricultrices tous les jours. Donc je connaissais bien ces mondes-là. Quand j'ai rencontré mon compagnon actuel, au final, le fait qu'il ait été agriculteur, ça me faisait ni chaud ni froid, dans le sens où c'est un monde que je connais très très bien, donc je connais les contraintes pour les avoir vécues aussi. pas à la même échelle qu'une échelle professionnelle, mais quand j'étais petite, on avait les chevaux, mes parents élevaient des chevaux de course. Clairement, les vacances, c'était faire du foin, faire de la paille ou aller accompagner les chevaux en compétition ou à l'entraînement. Donc, les contraintes du vivant, les soirées du nouvel an au chevet d'une jumeau malade à attendre le véto, c'était finalement les mêmes. Donc, ça ne me faisait pas particulièrement peur. Et je trouvais ça plutôt chouette dans le sens où je me suis dit, voilà, enfin, je trouve quelqu'un qui comprend mes passions et avec qui on est assuré d'avoir tout le temps des conversations riches puisqu'on aura non-stop des sujets en commun à évoquer.

  • Speaker #0

    Et puis des valeurs communes aussi.

  • Speaker #1

    Oui, oui, complètement. Après, ce que je n'avais pas forcément... calibré, si tu veux, dans ma tête, c'était les impératifs liés à la transformation au commerce et à l'accueil sur la ferme, parce que ça, c'est encore d'autres contraintes et d'autres manières de vivre l'agriculture. que je trouve formidable quand c'est moi qui l'évite du côté touriste, mais vécu de l'intérieur, c'est parfois plus compliqué.

  • Speaker #0

    Oui, parce que du coup, ça nécessite énormément de temps, de disponibilité, sans doute aussi peut-être le week-end, etc. C'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est-à-dire que la transfo, c'est beaucoup d'exigences. Alors après, ni plus ni moins que l'élevage, mais ça se surimpose aux exigences et aux contraintes de l'élevage. Donc ça, c'est une première chose. Et puis après, le reste... C'est vrai que la commercialisation avant direct, l'accueil à la ferme, moi j'étais habituée à avoir, que ce soit chez mes parents, ou que ce soit dans ma petite ferme auparavant, etc. La ferme, les terres, l'élevage, c'était un espace de liberté où je pouvais être soit toute seule, soit moi-même, soit être entre guillemets tranquille. Et quand... un compagnon dont l'activité se tourne autour de l'agro-tourisme et de l'accueil à la ferme, etc., eh bien la ferme, ça devient un espace de représentation permanente. Je ne peux plus me dire « tiens, je vais aller glandouiller, ramasser mes murs » ou « aller faire mon tour de prairie tranquille avec le chien » ou « tiens, cet après-midi, je mettrais bien le transat dans le en face des chèvres pour les surveiller tranquillou. parce qu'il y a toujours, pas tous les jours, mais il y a très souvent des personnes en visite qui peuvent ne pas comprendre que tu as envie d'être tranquille ou qui ont envie de te poser des questions, ce qui est tout à fait normal. Mais du coup, ça, c'est un truc que je n'avais pas anticipé et qui peut parfois être un petit peu embêtant de mon côté en tout cas.

  • Speaker #0

    C'est le genre de choses où on te le dit, où on t'en parle, mais tant que tu ne le vis pas, ça ne doit pas être évident. Est-ce que tu as toujours souhaité vivre à la campagne ? Est-ce que vous vivez à l'heure actuelle tous les deux sur la ferme ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, la campagne, c'est obligatoire. C'est-à-dire que sinon, je suis en PLS. Même quand j'étais étudiante, je ne sais pas comment je me suis débrouillée, mais le lycée par exemple, j'ai fait ma prépa, il y avait un énorme parc juste à côté où je pouvais aller respirer un petit peu, voir des arbres. C'était magnifique. Ensuite, à l'école d'agro, j'ai toujours réussi à... me dépatouiller pour trouver des appartements à côté de la forêt. J'ai vraiment essayé de toujours rester en contact avec la nature. Et là, à l'heure actuelle, on habite dans une maison en centre-bourg, à mon grand désespoir, qui est à 3 km de la ferme. Et on est en train de déménager, puisqu'on a trouvé une charmante maison en pierre, pas très très loin de la ferme, avec 3500 m² de terrain, où je vais faire un verger d'agrumes. Et une petite maison où je vais faire un gîte. Et donc, j'ai très, très hâte. Surtout que moi, je bosse depuis la maison. Quand je fais un déplacement, j'ai besoin de ma verdure pour me sentir bien.

  • Speaker #0

    Mais trop chouette. C'est un super projet. Félicitations. J'ai hâte de suivre ça.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous organisez pour garder un équilibre de couple ? Dans ce rythme-là, avec la ferme et ton activité professionnelle, enfin avec vos deux entreprises de manière générale, est-ce que vous prenez du temps pour vous ? Comment est-ce que vous trouvez vos moments à deux ?

  • Speaker #1

    C'est un peu compliqué pour le moment, parce qu'on est tous les deux au début de nos activités. Lui, ça fait quatre ans qu'il est installé, mais ça fait vraiment depuis l'année dernière qu'il y a une grosse montée en puissance de tout ce qui est accueilli à la ferme. Donc c'est très chronophage, et puis ça demande beaucoup de communication, que j'assure en partie. fin. un peu chronophage aussi, puis c'est vraiment une montée en puissance pour lui. Moi, ça se développe beaucoup aussi. Donc, on essaye tant bien que mal de se trouver des moments à deux. Mais c'est parfois compliqué parce que, comme on ne travaille pas ensemble à proprement parler, mais c'est moi qui gère tout ce qui va être nutrition du troupeau, soins, etc. Une bonne partie de tout ce qui va être conseil agronomique aussi. Donc, au final, on va faire un tour de prairie le soir. Ce n'est pas pour regarder le coucher de soleil parce que l'un comme l'autre, Malgré toute la bonne volonté qu'on peut mettre à essayer de passer un moment en amoureux, on dévie forcément sur « oui, mais du coup, tu as pensé à commander le carbonate de calcium ? » « Non, mais là, je mettrais bien un petit coup de fumier, puis tu as pensé à faire la piqûre à la 32-42 ? » Du coup, c'est compliqué de trouver des moments de pause. Donc, on essaye de temps en temps le dimanche, puisque c'est le jour où on arrive à se retrouver en commun, de s'éclipser pour une après-midi ou une demi-journée un peu plus loin. pour essayer de débrancher respectivement nos prises agricoles. Je ne pense pas qu'on a atteint une routine ou des choses magiques sur comment retenir notre relation de couple dans le quotidien parce qu'aucun de nous deux n'a vraiment d'horaire ou de routine, donc c'est un peu compliqué. Ce qui va bien, c'est que... On est tous les deux passionnés, on est tous les deux chefs d'entreprise et du coup, on se comprend là-dessus. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de mésentente sur « là-là, mais tu bosses trop » . Là-dessus, on est plutôt d'accord. Alors après, de temps en temps, ce n'est pas simple de faire un petit nid pour sa vie de couple au milieu de tout ça, mais ça va arriver.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous partez en vacances ? Est-ce que c'est prévu ? Par exemple, cet été, est-ce que vous avez pris quelques jours tous les deux ? Est-ce que ce sujet-là, c'est un sujet important pour toi ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Alors non, pas de vacances parce que quand tout le monde est en vacances, c'est là que lui, il a beaucoup d'activités pour l'accueil à la ferme. Donc, ce n'est pas prévu au programme. Après, depuis qu'on est ensemble, on a réussi à s'échapper deux fois pour grosso modo une journée et demie. Alors, on a la chance d'habiter dans une région magnifique qui nous permet d'aller au bord de la mer ou dans des endroits très chouettes assez rapidement. On a réussi à s'échapper comme ça. Après, trouver du remplacement quand on fait de la transfo, de l'accueil et de l'élevage, c'est compliqué. Et sa salariée n'a pas forcément... En vie, c'est tout à fait normal de faire beaucoup plus d'heures. Donc, elle n'est pas forcément à même de le remplacer quand il n'est pas là. Et puis, économiquement, ce n'est pas non plus simple pour lui pour le moment. Donc, c'est libre là aussi à trouver. après Moi, j'ai eu une enfance où je ne partais pas en vacances parce que les chevaux, l'entraînement, l'élevage, les contraintes d'élevage, et puis des parents qui étaient entrepreneurs aussi. Donc, on avait beaucoup plus l'habitude de s'échapper sur une journée, une demi-journée. Et on va dire que c'est un petit peu mon mode de fonctionnement et qui nous permet du coup, avec mon frérie, de garder la tête hors de l'eau, de pouvoir s'échapper sur... Une journée, le week-end dernier, on est parti une grosse demi-journée à la mer. On a été faire de la rando, nager. Rien que ça, déjà, ça aère l'esprit. Ça permet de couper, de se ressourcer. C'est dans les projets de réussir à partir. Moi, je voyage assez régulièrement, notamment en Écosse, chez des amis. Éleveur aussi, donc on ne s'éloigne quand même pas trop du sujet. Mais je sais que j'aime bien y aller assez régulièrement. J'y vais toute seule et assez indépendante. Je vais assez facilement pouvoir partir en vacances ou en séjour toute seule chez des amis ou des choses comme ça. J'ai la chance aussi de beaucoup bouger pour le travail dans des régions magnifiques ou à l'étranger aussi. Je vais partir à un congrès sur les prairies en Angleterre au mois de septembre. Je pars en Roumanie au mois de janvier pour un congrès aussi. Donc au final, l'un dans l'autre, on arrive à trouver un équilibre comme ça. Lui, il aimerait partir un petit peu plus et couper plus. Pour le moment, ce n'est pas d'actualité vu le paradigme de l'exploitation. Là, il va recruter une nouvelle apprentie bientôt. Ce qui devrait nous permettre d'avoir un tout petit peu plus de souplesse et de prévoir peut-être un week-end qui fasse plus d'une journée et demie. C'est le plan. On reste modeste. Une journée et demie, on va passer à deux jours.

  • Speaker #0

    Ton indépendance, comme tu disais, je pense que c'est une force de caractère hyper importante pour vivre avec un agriculteur. et que toi, ça te convient dans ton rythme, je trouve ça vraiment génial.

  • Speaker #1

    À noter aussi, c'est qu'il ne vit pas mal. On en a beaucoup parlé. Moi, je parte, par exemple, parce que ça pourrait. Là-dessus, il est hyper soutenant. Quand c'est pro, c'est pro. Il n'y a pas de question. Mais si c'est de partir la semaine prochaine, je pars quelques jours chez une copine. Il est content que moi, je puisse le faire.

  • Speaker #0

    Et on parle rarement. de comment lui le vit, est-ce qu'il aurait aimé partir avec, est-ce que ça le fait aussi souffler de se retrouver un peu seul dans ces périodes-là. C'est vrai que c'est des choses qu'on n'aborde pas et c'est vachement bien que tu le dises aussi, que c'est OK pour lui et qu'il te laisse le faire sans problème, qu'il le vit bien. On parlait de vivre en ruralité, tu me parlais de bouger pour aller voir des amis, etc. Toi, là où tu habites, avec ton projet de future maison aussi, est-ce que parfois tu te sens seule, isolée ou plutôt bien entourée ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, plutôt hyper bien entourée. La plupart de mes copines sont aussi en milieu rural. Là-dessus, on a des modes de vie assez similaires. J'ai tout un réseau d'amis qui datent du lycée, de la prépa et de l'école d'ingé. Et au final, on s'est toutes un peu disséminées partout en France au gré de nos rencontres aux amoureuses, de nos parcours professionnels. J'ai des copines qui ont vécu à l'étranger pendant longtemps. Et donc, j'ai appris, et elles aussi, à grébulir même à distance et à être là les unes pour les autres, même en n'étant pas géographiquement proches. Donc là, du coup, là-dessus, je ne me suis jamais sentie seule. Je trouve qu'en ruralité, quand on veut se donner la peine de se créer un réseau, il y a énormément d'activités, d'associations, il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup plus que je pense que les gens de la ville peuvent l'imaginer. Et du coup, non, je ne suis pas du tout frustrée au niveau social en milieu rural. La chance aussi que je peux avoir, et là-dessus, je pense que c'est réellement une chance, et que tous les gens ont… Toutes les personnes en ruralité n'ont pas forcément. C'est que, déjà, je voyage beaucoup pour mon travail, ce qui me donne l'occasion de passer par Paris assez régulièrement, ce qui peut me permettre d'assouvir certains besoins au niveau culturel. Mais exactement comme à la ville, il faut se donner la peine de vouloir créer du lien et d'aller vers les autres et de ne pas rester chez soi. C'est toujours un petit peu ça, le nerf de la guerre.

  • Speaker #0

    Moi, ça fait... quelques années que je découvre cette vie rurale, je pense qu'avec un peu de dynamisme, d'ouverture et de curiosité, on peut un peu trouver tout ce qui nous plaît. En tout cas, moi, c'est la manière dont je le fais. Si on décide de voir un peu ce qui se fait, on trouve en fait. Il y a pas mal de choses, mais il faut aller passer la porte, il faut se dire, allez, je vais essayer d'aller faire du sport là-bas avec des gens que je ne connais pas, je vais aller les rencontrer. C'est un peu force de proposition.

  • Speaker #1

    Exactement. La question de l'amitié à l'âge adulte, c'est quelque chose qui nous interroge beaucoup avec les copines, parce que j'ai pas mal d'amis, qu'elles soient en ville ou en ruralité d'ailleurs, qui me disent « je me fais plus d'amis, c'est dur de créer un réseau, etc. » Et on a cherché un petit peu, parce qu'on est toutes vaguement un peu scientifiques sur les ports, donc on aime bien aller chercher, tu vois, quand on trouve pas les réponses, on va chercher. Et il y a des études sociologiques qui montrent que... Finalement, les amitiés dans l'enfance, elles se forment hyper spontanément parce que les gosses, ils ont des passions communes, ils sont enfermés dans une salle de classe tous ensemble à faire la même chose et que la proximité horaire et la proximité de buts et d'activités fait que ça crée une émulsion propice à l'amitié. Et qu'à l'âge adulte, à part dans le travail, finalement, c'est compliqué de retrouver cette proximité et de trouver ce volume de temps passé avec quelqu'un qui soit suffisant pour créer des liens qui ne soient pas juste superficiels. Quand on ne prend pas ce temps-là et qu'on ne met pas un petit peu d'effort et un petit peu de glue dans les relations pour faire en sorte que ça fonctionne, c'est dur d'y arriver. Donc, c'est peut-être quelque chose que je fais de manière… C'est peut-être inconscient, mais en tout cas, j'aime bien essayer de créer du lien. Après, ça ne fonctionne pas toujours. Et puis, effectivement, être force de proposition parce que la plupart du temps, les gens n'osent pas toujours. Et du coup, si on ose à leur place, ils sont super contents de se dire « Ah oui, en fait, on peut créer du lien » .

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant ce que tu dis et je me ressens un peu dans ta personnalité et dans le fait d'être un peu à l'origine de ces liens. Et après de se dire que les amitiés sont différentes et la personne construira ce lien peut-être aussi différemment et c'est ok. Chose qu'il n'était peut-être pas quand on était plus jeune, de se dire qu'il faut qu'on soit les meilleurs amis du monde avec tout le monde. Là, à distance, on s'adapte et c'est des amitiés différentes.

  • Speaker #1

    Et cette communauté, je sais que j'ai vécu des périodes assez noires avec mon divorce. et que ce soit les amis de très loin ou la communauté que je me suis recréée en arrivant en Bretagne, alors des collègues, des voisines. Mon ex-femme de ménage est devenue une très proche amie. Moi j'ai trouvé beaucoup de consolation et beaucoup de joie dans toute cette épreuve parce que tout le monde a été présent pour moi quoi. Et de voir que des amitiés créées dans un cadre... professionnelle ou dans un cadre de vie d'adulte avec les contraintes qu'on peut tous avoir autour de ça avec les enfants pour celles qui en ont avec tous les enjeux qu'on connait autour de ces villas ça m'a vachement redonné foi en l'humanité ça me prouve aussi au quotidien que c'est possible en milieu rural et sans forcément de barrière sur tout ce qui va être milieu social ou quoi que ce soit qu'on peut se retrouver Merci. une communauté hyper hétéroclite et hyper chouette.

  • Speaker #0

    On va revenir un tout petit peu sur la ferme. Est-ce que ta belle-mère est proche de vous, au moins géographiquement, et bien sûr en relation aussi ? Est-ce que c'était une ferme qu'il a reprise ou c'est une création ?

  • Speaker #1

    C'est une création ex nihilo, dans le sens où il a repris des terres sur lesquelles il n'y avait pas de bâtiments. Et il a créé tous les bâtiments, l'élevage, tout de A à Z. Ça fait 5 ans maintenant qu'il est installé, après un parcours un peu du combattant aussi, puisque grosso modo l'année de son installation, son épouse l'a quitté, il s'est fait très mal aux genoux et son papa est décédé. Donc ce n'était pas une combinaison hyper magique. Pour débuter une installation agricole, dont on connaît par ailleurs à quel point les deux premières années peuvent être parfois raides, même quand tout va bien. Il s'en est bien sorti avec effectivement le soutien de sa famille et notamment de sa maman qui habite dans le nord de la France. Elle n'habite pas du tout à Poté. Elle soutient énormément mon chéri malgré la distance.

  • Speaker #0

    Ok, je comprends bien. Et lui, il venait d'un milieu agricole ? Est-ce que son papa était agriculteur ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. Ses parents étaient postiers et lui, il a développé une passion pour les chèvres. Il était parti, il faisait un master pour être prof de sport.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    Donc rien à voir. Et puis l'appel de l'élevage a résonné en lui. Il a eu envie de s'installer. C'est assez rigolo parce que c'est un parcours assez atypique.

  • Speaker #0

    Aussi un point commun que vous avez tous les deux, cette passion pour les animaux, alors que vous ne veniez pas tous les deux directement d'un milieu agricole.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Après, moi, je pense que j'étais quand même un peu plus du serail dans le sens où j'ai toujours vécu avec des animaux. Mais je pense que je n'ai pas eu un choc culturel aussi important que lui. Mon chéri, c'était vraiment la découverte totale et du milieu et des contraintes, etc. Du coup, c'est d'autant plus admirable de se lancer et de tenir la route, parce que quand ce n'est pas des contraintes que tu as vécues en étant petit, je pense que c'est d'autant plus dur de t'adapter.

  • Speaker #0

    Avec du recul, qu'est-ce qui chaque jour te fait du bien dans cette vie-là ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est tout con, que ce soit chez mes clients, formation, chez mon chéri. c'est voir la beauté du vivant Alors, pas de manière niaiseuse, parce que voilà, tu as des animaux qui meurent, c'est dégueulasse. On ne va pas parler de tout ce qui va être rémunération, désagri et du côté compliqué que ça peut avoir. Mais tous les jours, je vois des jolies fleurs, je partage un moment avec un animal. Quand j'accompagne mes clients, quand il y a un déclic qui se produit chez eux ou des pratiques qu'on a décidé de mettre en œuvre chez eux, ça fonctionne. C'est hyper gratifiant, c'est hyper beau. Moi, je sais que je m'émerveille tous les jours quand je fais les tours de prairies sur les différentes plantes qu'on peut retrouver, sur, de temps en temps, tu trouves des petits animaux sauvages que tu n'avais jamais vus, tu découvres un insecte que tu ne connaissais pas. C'est vraiment ce lien à la terre, au vivant et au fait que, sur, je vais dire une bêtise, mes 4 mètres carrés de prairies, tu peux, en tout cas en ce qui me concerne, y passer l'après-midi à découvrir des choses que tu ne pensais pas. peut-être déjà connaître, mais que tu redécouvres parce que cette année, il y a une plante qui a poussé là qui ne poussait pas d'habitude. Il y a une nouvelle plante envahissante ou toxique qui a décidé de venir se mettre là. Pourquoi ? Comment ? Tiens, il y a tels insectes. Avant, on n'en avait pas. En fait, c'est une découverte des merveilles de la nature en permanence. Et puis, moi, comme j'aime bien cogiter, comprendre. On pourrait faire comme ci, on pourrait faire comme ça. En fait, ça m'éclate au quotidien.

  • Speaker #0

    Trop chouette et on le sent que tu es vraiment passionnée et captivée par cette nature qui t'entoure. Pour conclure cet échange, si tu pouvais faire passer un message à une autre femme qui débute cette vie-là, que ce soit une vie rurale ou une vie avec un conjoint agriculteur, qu'est-ce que tu aimerais lui dire ?

  • Speaker #1

    Déjà de ne pas rester seule, de se créer son réseau. Alors on a la chance quand même maintenant aussi de pouvoir le faire à distance avec plein de moyens. Et de se créer une communauté qui comprenne ces enjeux-là. sans rester sclérosée dans le milieu agricole parce que ce que je vois parfois, c'est une espèce d'entre-soi qui, personnellement, des fois, je trouve un petit peu triste parce qu'au final, tout tourne autour de la vie agricole et je pense qu'il y a beaucoup de richesses dans les échanges avec des gens qui ne sont pas de ce milieu-là, même si avoir un bon socle de personnes qui comprennent, c'est important, mais de ne pas se scléroser là-dedans, de ne pas se laisser... enfermé dans le quotidien prenant et dur que peut être la vie de la ferme et de réussir à s'évader assez régulièrement sans culpabilité. Voilà. Et c'est peut-être ça la partie la plus compliquée.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. C'est ce que j'allais dire. J'allais dire que c'est le dernier point qui est tout le plus crucial. Merci beaucoup Pauline pour ta sincérité et ton temps. A bientôt peut-être.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Marie.

  • Speaker #0

    C'est la fin de notre échange. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à découvrir tous les autres. Vous pouvez également noter le podcast sur votre plateforme d'écoute préférée. Et pour suivre l'aventure au quotidien, retrouvez-moi sur les réseaux sociaux et surtout sur Instagram où je suis très active. N'hésitez pas à vous abonner, liker, partager. C'est grâce à vous que ce projet prend forme et qu'il peut continuer à grandir. Mesdames, si vous avez envie de raconter votre histoire, Rejoignez-moi dans un prochain épisode. A bientôt !

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