- Speaker #0
Bonjour et bienvenue au centre de podcast que ça mène quand on s'aime, celui qui donne la parole aux conjoints d'agriculteurs. Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en bio, en conventionnel, en raisonnée. Elles viennent de toute la France. Certaines sont tombées dans l'agriculture toute petite. D'autres la découvrent jour après jour. Elles jonglent entre la ferme, la famille, leur métier. Elles portent une force incroyable. Moi c'est Marion, et avec ce podcast, j'espère que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans leurs propos, ouvront des conseils, les écho à l'heure, prendront peut-être un peu de recul, ouvront du soutien, ou simplement verront une mise en lumière de ce qui se vit, souvent dans l'ombre,
- Speaker #1
au cœur des fermes. Ici, c'est de la good fight, de la sororité, du partage, et un vrai souffle de girl power en agriculture. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ?
- Speaker #0
Aujourd'hui, je reçois Lisa, on vient tout juste de faire connaissance et je suis ravie de partager ce moment avec toi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
- Speaker #1
Moi, je m'appelle Lisa, j'ai 30 ans cette année. Et il y a un an et demi, on a décidé avec mon compagnon Mathieu de créer notre domaine, Viticolle.
- Speaker #0
Avant de parler de toi un peu plus en détail, est-ce que tu peux nous décrire un peu avec qui tu vis, où est-ce que tu vis et comment se présente votre ferme ?
- Speaker #1
Alors nous, on vit du côté d'Avignon et je partage donc ma vie avec Mathieu, qui est mon compagnon maintenant depuis 10 ans. On s'est d'ailleurs rencontré à une réunion syndicale d'une AOP Côte-du-Rhône-Village-Gadagne. C'est très marrant, on en garde un très bon souvenir. On a donc pris en fermage 4 hectares sur les communes de Saz et l'Irak, dans le Gard, qui n'est pas très loin d'Avignon. On fait des vins bio, ça, ça nous tenait à cœur d'être en agriculture biologique. Et aussi, on a une méthode de vinification naturelle. Ça, ça nous tenait à cœur aussi. C'est des vins qu'on aime boire, c'est des vins qu'on aime faire. On trouve que c'est beaucoup. beaucoup plus respectueux. Il y a un gros travail qui est fait en vinif. On fait des vins qui sont propres, ce qu'on appelle propres.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu plus ce qu'est une vinification naturelle ?
- Speaker #1
Alors, une vinification naturelle, les vins nature, c'est sans soufre ou très peu. Il y a une toute petite partie. Donc, le soufre ou les sulfites, c'est ce qui permet de tenir un petit peu le vin, permet que le vin, il n'y a pas de défauts qui apparaissent. On peut en mettre beaucoup. Et effectivement, là, il n'y a aucun défaut qui va arriver. Tu ne te prends pas trop la tête. Aujourd'hui, il y a beaucoup de vin, il y a beaucoup de sulfite justement, et qui se tiennent aussi dans le temps, et pour éviter aux vignerons que le vin ait des soucis. Mais nous, on pense qu'on peut en mettre moins, et que le vin peut aussi se tenir, et qu'il n'y ait pas de défaut non plus. Donc c'est ce qu'on fait. C'est une méthode, en fait, au lieu d'ajouter des levures, ça s'appelle les levures indigènes. Donc elles sont directement présentes. Dans le raisin, quand tu le presses et quand tu le vinifies. C'est ça qui va fermenter le raisin. Pour te terminer sur le vin, la méthode, en fait, c'est des vins qui sont sans empreint. On intervient si besoin. C'est pour ça qu'on dit que ce sont des vins plus propres.
- Speaker #0
Ok, d'où le nom naturel.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Ok, je comprends mieux. Est-ce que vous avez des enfants et quel âge ont-ils ?
- Speaker #1
Alors, on a une petite fille, Jeanne, qui a 3 ans et demi maintenant. C'est un peu elle qui nous a donné l'impulsion de tout ça. On y pensait. déjà depuis longtemps, puisque comme je disais, avec Mathieu, on s'est rencontrés il y a 10 ans à une réunion syndicale. Moi, je commençais tout juste ma carrière, j'étais assistante commerciale. Aujourd'hui, je suis responsable commerciale pour une cave coopérative, et j'ai travaillé dans d'autres domaines sur les 10 années qui précèdent. Et Mathieu, lui, venait de finir son BTS VT ONO et faisait du vin, donc, pour un domaine. Il a fait 10 ans comme ça, il a travaillé pour d'autres domaines aussi, et en fait, on s'est dit, quand même, on est un... couple, je veux dire, toi tu fais du vin, moi je sais vendre le vin, peut-être qu'on peut en tirer quelque chose. Et avant la naissance de Jeanne, on y avait déjà réfléchi, mais moi j'avais peur, honnêtement j'avais peur, je m'en sentais pas vraiment capable, je me disais qu'on n'était pas à la hauteur de ça, de vendre notre propre vin, de le faire. J'avais un peu peur et puis à la naissance de Jeanne, en fait, je crois que ça m'a fait un peu un déclic. Et avec Mathieu, on s'est regardé, on a dit mais qu'est-ce qu'on va laisser de tout ça à Jeanne ? quelle valeur on va lui laisser. Alors, c'est sûr, on gagnait très bien notre vie. On était très, très bien payés, pour être tout à fait honnête. Mais en fait, on ne se retrouvait pas trop dans ce qu'on faisait. On avait envie de faire les vins qu'on avait envie de faire. On avait envie de vendre notre vin et d'avoir une aventure ensemble aussi. Une aventure de couple, quoi. Parce que Mathieu, il le dit d'ailleurs, sans vouloir parler à sa place, mais il le dit, il dit qu'il n'y aurait pas eu le domaine si je n'avais pas été là de toute manière. Il ne l'aurait pas fait tout seul. Donc, c'est un peu Jeanne. Ça a été un peu le déclencheur de tout ça.
- Speaker #0
Donc c'est un beau projet familial déclenché par cette petite fille, c'est trop chouette.
- Speaker #1
Ouais, c'est clair, complètement.
- Speaker #0
Alors maintenant qu'on voit un peu mieux le décor, on va parler un peu plus de toi. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?
- Speaker #1
Alors moi, pas vraiment agricole, on ne peut pas dire ça. Mes parents sont chefs d'entreprise, ils ne sont pas attirés par l'agriculture en tout cas. Par contre, mes grands-parents, mon oncle et ma tante avaient des terres. Donc, j'ai baigné dans ce microcosme, entre guillemets, quand même, de vignes, le terroir, le vin. Donc, c'est quand même ce qui m'a attirée pour mes études, c'est sûr. Et mon oncle et ma tante, effectivement, ont un domaine viticole aujourd'hui près de Vaquerras.
- Speaker #0
Ok, donc tu as un peu baigné dedans, mais pas de manière complètement directe, disons.
- Speaker #1
Non, voilà, on était quand même dans ce microcosme qui tournait autour de ça. il y a toujours eu... Beaucoup plus attiré effectivement par la vigne, plus qu'une autre agriculture, mais le vin a toujours été présent.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous présenter un peu ton parcours professionnel ? Donc quelles études as-tu faites et dans quel but initial ? Et puis revenir un peu sur tes premières expériences professionnelles, donc comme tu nous disais, de ces dix dernières années avant de t'installer avec ton conjoint.
- Speaker #1
Donc moi, je ne savais pas trop où je voulais aller et donc la facilité, ça a été de faire du commerce. Je me suis dit tiens, pourquoi pas le vin ? Pourquoi pas vendre du vin ? Donc j'ai fait un BTS commerce international parce que mes parents, ma mère, ne voulaient pas que je me spécialise dans le vin au cas où je ne voulais pas vendre du vin plus tard ou je voulais faire autre chose. Donc elle ne voulait pas que je me spécialise dans un commerce vin et spiritueux qui existe mais que je fasse quelque chose de plus large. Donc j'ai fait un BTS commerce international dans un domaine pas très loin d'Avignon. Là, j'ai fait une superbe expérience. En plus, Xavier, le vigneron, était à l'école avec mon papa. C'était une superbe expérience. Donc là, j'ai fait mon alternance. Et ensuite, je suis partie dans plusieurs domaines. J'en ai fait plusieurs pour avoir plus d'expérience. J'ai été assistante commerciale. Et ensuite, je suis arrivée dans un domaine à Châteauneuf-du-Pape où je suis arrivée assistante commerciale aussi. Et on m'a formée pour reprendre la responsabilité commerciale du domaine, upgrader un petit peu. peu, voilà, c'est ce qui me plaisait. Je suis très carriériste, j'adore apprendre, et d'ailleurs, j'aime beaucoup mon travail, j'adore vendre du vin, et je pense qu'aujourd'hui, je ne pourrais pas vendre autre chose, d'ailleurs. Je pense que je serais très mauvaise à vendre des aspirateurs. Mais voilà, et donc après, j'ai atterri là six ans, et ensuite, le domaine a été vendu. Quand je suis tombée enceinte, il y a eu un licenciement économique par rapport au domaine, et c'est là que du coup, je me suis retrouvée avec ma petite fille, à la maison, et c'est là que Mathieu aussi à bien gamberger, donc ça s'est passé un peu comme ça. Et après, quand même, la naissance de Jeanne, quand Jeanne avait 9 mois, j'ai repris un poste de responsable commercial dans une cave coopérative près de Nîmes, où je suis toujours salariée. Mathieu, d'ailleurs, aussi est toujours salarié, parce qu'il y a les difficultés de l'installation dans un domaine viticole, c'est très dur. Donc du coup, pour l'instant, on a gardé nous deux, nos deux travails à côté.
- Speaker #0
Vous êtes tous les deux en double activité, plutôt pour des raisons financières à l'heure actuelle.
- Speaker #1
Pour moi, effectivement, financière, cette année, c'est la première année de commercialisation de nos vins. Donc, on ne savait pas trop, il y avait tout à créer puisqu'on n'a rien racheté. Aujourd'hui, racheter un domaine viticole, il n'y a rien à moins d'un million d'euros, ici, dans le sud de la France, en tout cas, dans les coins où on est. Donc, c'est quasiment impossible pour un couple ou pour un jeune viticulteur qui veut s'installer. Donc, on a préféré prendre des vignes en fermage, donc à la location, qui est beaucoup plus économique, et on loue une partie d'une cave chez quelqu'un. Aujourd'hui, on n'a rien qui est à nous. mais ça n'empêche pas finalement de s'installer. Donc, c'est ça qui est super beau. Mais effectivement, c'est première année de commercialisation, donc on n'a pas de fichier client. On ne savait pas où on allait aller, donc par souci quand même de financier. Et voilà, on a des petites filles, donc on a préféré faire comme ça. Et Mathieu, on a préféré faire comme ça aussi parce que financièrement, il y a une entente en fait avec un coopérateur. C'est une solidarité vigneronne, on va dire. C'est que Mathieu travaille pour lui, donc il a quand même un salaire tous les mois. Mais en contrepartie, ils nous prêtent ces outils viticoles. Donc, ça nous a permis aussi de ne pas investir dans des outils comme un tracteur ou d'autres choses pour travailler la vigne qui sont aussi très imposants pour une première année, quoi. Voilà, en termes financiers. Donc, c'est un bon deal aussi et ça nous aide pas mal finalement pour nous installer.
- Speaker #0
Ok. Je ne savais pas du tout que ça pouvait exister et c'est super du coup pour pouvoir aider un jeune couple qui souhaite s'installer et créer son propre revanche. Je trouve ça vraiment super. Est-ce que toutes ces adaptations-là, ça vient de vous ou c'est vous ? vous qui vous êtes démenée à en discuter autour de vous, à aller chercher des contacts, des aides ?
- Speaker #1
Oui. En fait, on s'est dit, bon, entre guillemets, je dis bien entre guillemets, on n'a pas de sous, on veut monter notre domaine. Bon, il faut qu'on en ait un peu. Le premier truc qu'on a fait, c'est qu'on a vendu notre voiture. Voilà. Ça nous a payé nos premières vendanges. Le fermage de la première année et tout ça avec ces sous-là. Ensuite, bien évidemment, on est allé voir la banque pour nous aider un petit peu. Parce que dans le vin, pour expliquer un peu, ce qui est compliqué, c'est qu'on a beaucoup, de dépenses avant d'avoir le vin en bouteille finie, puisqu'il faut que je paye toutes mes matières sèches. Donc les matières sèches, ça va être les bouchons, les bouteilles, le carton, toutes ces choses-là, il faut que je les paye avant, puisqu'il faut bien que je mette en bouteille avant mes bouteilles pour les vendre. Après, tu commences à les vendre. Donc déjà, tu as payé tout ça. Et ensuite, il faut commencer à vendre ton produit. C'est ça qui est un petit peu dur au démarrage, en fait, les premières années. Une fois, après que c'est lancé, normalement, tu es dans un roulement. Donc oui, il a fallu trouver des solutions. Donc les solutions, ça a été ça. Et en fait, nos vignes sont à côté d'un viticulteur, donc un coopérateur. Lui, il n'a pas sa cave. Il amène ses raisins dans une cave coopérative. Et en fait, en discutant avec Mathieu, lui, il lui a dit, écoute, moi, j'ai besoin de quelqu'un. Tes terres, elles sont à côté des miennes. pas les sous pour m'acheter des outils aujourd'hui. Est-ce qu'on peut faire un deal ? Et lui, il a dit bien sûr, pourquoi pas ? Et pour aider un jeune en plus, voilà. Donc ça a été le deal qui a été fait et c'est des solutions qu'on trouve et on s'adapte comme ça et je pense que l'année prochaine, on aura aussi encore des solutions à trouver pour avancer encore et voilà. Et en fait, ces deals-là, ça nous permet d'investir sur d'autres choses. Cette année, on a réussi à s'acheter des barriques. En fait, ces petits trucs-là, ça nous permet d'avancer comme ça.
- Speaker #0
et c'est obligé on peut pas aujourd'hui on peut pas s'en passer quoi trop bien trop chouette je comprends bien et ça c'est des choses que vous saviez qui existaient vous avez vu des amis qui faisaient déjà ça par exemple ou vraiment c'est un peu au culot à se dire on va créer ces opportunités là au culot complet
- Speaker #1
alors en plus aujourd'hui le milieu viticole il est carrément en crise tout a augmenté tout a triplé au niveau des prix donc il y a aussi ça et on a beaucoup l'exemple plus d'amis qui ont hérité de leurs parents ... Donc déjà, il y a quand même quelque chose d'un petit peu plus simple. Je ne dis pas que c'est facile non plus, mais il y a quand même quelque chose de plus simple quand tu hérites et quand il y a quelque chose avant. Nous, on n'a pas hérité, on a dû tout créer. Donc ça qui est un peu plus dur. D'ailleurs, aujourd'hui, le nombre de gens, je t'assure Marion, qui me disent « Ah, vous vous installez ? » Ben dis donc, vous êtes courageux. Des fois, avec Mathieu, on se regarde, on se dit « Est-ce qu'on n'est pas un peu fou de s'installer maintenant ? » Mais bon, on y croit tellement dur comme fer et on a tellement envie de nous offrir cette vie-là. qu'on sait qu'on va y arriver.
- Speaker #0
Bon bien. Et tu parlais de commercialisation. Vous, votre vin, l'objectif, c'est de le vendre en local ou financièrement, il va y avoir une partie qui part vers d'autres horizons ?
- Speaker #1
J'aimerais faire un peu des deux. Moi, de mon expérience du commerce, il ne faut pas mettre ses oeufs dans le même panier. On l'a vu au niveau du Covid. On connaissait beaucoup de domaines qui faisaient que de la restauration ou presque 80% de restauration et puis d'un seul coup, tout s'arrête. Là, on le voit avec l'export. Ceux qui font 80, 90%. d'export en ce moment entre la Russie, les Etats-Unis, tout ça, on voit que c'est très compliqué aussi. Donc, je pense qu'il ne faut pas mettre ses oeufs dans le même panier. J'aimerais faire les deux. J'aimerais qu'il y ait peut-être un 50-50 ou un 60-40 entre la France et l'export. Aujourd'hui, on est présent seulement au Japon, au Danemark et on a un petit client en Belgique aussi. Sur l'export, en tout cas, le reste, c'est que de la France.
- Speaker #0
Ça marche. Si on revient un peu sur ton parcours, Parcours, est-ce que c'est un choix d'être viticultrice ou un concours de circonstances selon toi ?
- Speaker #1
Un concours de circonstances, c'est d'abord rencontrer Mathieu. Je n'aurais jamais rencontré Mathieu, je n'aurais jamais monté de domaine, ça c'est sûr. Je pense que je n'aurais pas eu cette vision-là déjà de l'agriculture, ce rapport-là à la terre, offrir notre vision d'autres valeurs. Je ne dis pas que d'autres métiers ne peuvent pas apporter d'autres valeurs, mais c'est vrai que l'agriculture... Je trouve ça tellement beau comme métier, n'importe quelle agriculture. Pour moi, c'est incroyable. Donc oui, c'est d'avoir rencontré Mathieu, c'est d'avoir ce projet-là à deux, d'avoir pu être au contact d'autres amis agriculteurs, viticulteurs, surtout, on n'a pratiquement que des amis vignerons. Et de voir ça, de voir aussi, je trouve, le travail qui est fait. Aujourd'hui, on travaille beaucoup. Tous les agriculteurs, les viticulteurs, on travaille beaucoup. C'est un travail de longue haleine toute l'année. Je trouve ça vraiment intéressant. Je trouve ça très beau.
- Speaker #0
Et le fait de vivre avec un viticulteur, est-ce que c'était un rêve de petite fille ? Ou est-ce que pareil, c'est le fait que vous soyez installées tous les deux et que ça s'est fait comme ça ?
- Speaker #1
Non, je n'avais pas de rêve de petite fille, de rencontrer un viticulteur, j'avoue honnêtement. Non, aujourd'hui, je ne me vois pas vivre autrement. C'est dur parce qu'il y a des périodes... Alors, ce n'est pas comme une ferme, par exemple, ou avec des bêtes. Nous, ce n'est pas tous les jours. C'est-à-dire que tu n'as pas des horaires le soir, le matin. C'est vrai que ce n'est pas ça, mais tu as des gros coups de bourre dans la vigne. Et puis, tu as la grosse période des vendanges où là, on ne se parle pas. C'est peut-être dans le guidon et on y va. Et là, les amplitudes d'horaires sont énormes. Ou quand tu fais les traitements de la vigne et tout ça. C'est des grosses périodes, des gros coups de bourre où là, les horaires sont vraiment variés. Mais on a des temps plus calmes aussi. Comme là, la période avant les vendanges, août, c'est relativement calme. Il y a d'ailleurs beaucoup de Viti qui partent en vacances 15 jours ou 3 semaines avant les vendanges, au mois d'août. Parce que c'est la période vraiment calme, tout ce qui est fait à faire dans la vie n'y est fait. Ta cave, normalement, est nettoyée et tu rentres de vacances et les vendanges attaquent, quoi. Entre guillemets, pour parler grossièrement. Il y a ça qui est à gérer, mais ce n'est pas comme une ferme, si tu veux, où tu as tous les jours des horaires fixes pour les bêtes. Mais il y a des contraintes quand même.
- Speaker #0
C'est justement. Quelles sont vos missions sur l'exploitation, à l'un et à l'autre ? Comment est-ce que vous répartissez toutes les tâches à faire ?
- Speaker #1
Justement, on est bien complémentaires puisque moi, je m'occupe vraiment, je le décharge de toute la partie administrative et commerciale. Il me donne un peu de temps en temps des coups de main et puis il vient quand même sur les salons pour rencontrer des clients et tout ça. C'est quand même important qu'il nous rencontre tous les deux parce que ça reste lui, du coup, le vigneron. C'est Mathieu qui fait le vin aujourd'hui et qui s'occupe de la vigne. Moi, après, je l'aide quand même dans la vigne. Je vais avec lui quand il y a besoin des coups de bourre. et puis aujourd'hui Comme on a gardé nos deux emplois, c'est beaucoup le week-end en fait. On a des semaines à rallonge où on s'occupe de la vigne et aussi de la cave, de la mise en bouteille, de tout ça. On le fait souvent le week-end. Donc, on se répartit comme ça.
- Speaker #0
Oui, je comprends bien. Maintenant qu'on te connaît un peu mieux, on va un peu s'intéresser à ton quotidien, donc de la vie de famille avec un viticulteur. Tu nous as parlé un petit peu de votre rencontre. Tu as su qu'il était dans le domaine des vignes et peut-être qu'il t'a parlé à l'époque de devenir viticulteur ou pas. C'est une autre question. Qu'est-ce que tu as ressenti au fait que c'était un homme impliqué dans le milieu agricole et dans le milieu viticole ?
- Speaker #1
Ça m'a plu parce que déjà, on avait les mêmes centres d'intérêt. Et c'est vrai que lui aussi, c'était la première fois qu'il rencontrait une fille qui était dans le monde du vin. Du coup, lui, ça lui permettait aussi que je comprenne. aussi ses contraintes de vie et son métier. Et on partageait aussi le vin. Parce que du coup, il y avait ce partage-là, d'échanger, de discuter de différents vins et tout ça. Donc, il y avait cet échange-là entre nous. Et ça m'a plu aussi. Je pense que c'est ce qui fait qu'on a bien matché aussi. Et non, on n'a pas parlé d'avoir l'exploitation. Il n'en a pas parlé dès le départ. Ça n'a pas du tout été une fin, en tout cas, au début en soi. Voilà, ça, on n'en parlait pas. Pas du tout.
- Speaker #0
Lors de votre installation, comment est-ce que vous l'avez vécu tous les deux ? Est-ce que pour votre couple et votre famille, il y a eu des difficultés ? Ou au contraire, ça vous a rapproché, ça vous a permis de vous découvrir un peu plus l'un et l'autre ?
- Speaker #1
Donc quand on a décidé de prendre les vignes, ça s'est fait un peu, je crois, sur un coup de tête. Et je pense que si ça ne s'était pas fait comme ça, je pense que moi, j'y serais jamais allée. Je suis tellement prudente, je suis tellement no prise de risque. que je pense qu'on ne l'aurait pas fait. C'est pour ça que je pense que ça ne s'est pas fait avant la naissance de Jeanne, parce que j'avais trop peur. Je suis aussi un peu ce genre de fille qui se dit que ce n'est pas fait pour elle ou qu'elle n'en est pas capable, alors qu'en fait, j'en suis tout à fait capable aujourd'hui. Et on s'est installé. Donc en fait, Mathieu était dans un domaine viticole. Il était en poste. Il en avait marre. Il rentrait tous les soirs. Moi, j'étais donc arrêtée. j'avais pas encore recommencé mon travail j'étais avec Jeanne à la maison et en fait il en avait marre il me disait je me reconnais pas c'est pas ça, je veux qu'on fasse autre chose, il y avait vraiment ce truc là en lui quoi, de transmettre autre chose, de changer de vie et en fait il m'a dit écoute, c'est soit je donne ma démission et je pète un câble quoi, soit on fait ça correctement et voilà je lui donne on fait une rupture conventionnelle et je m'en vais et on monte un projet quoi, et je lui dis ok, allez on fait une rupture conventionnelle, on y va Il a fait une rupture conventionnelle au printemps. Il est parti faire une vinif chez un vigneron qui faisait du vin nature et qui est très connu dans le monde du vin nature. Et en fait, ils se sont tellement bien entendus pendant ces vendanges-là. Après, on s'est revus, nous, avec les femmes. Et ça me tient à cœur d'en parler parce qu'aujourd'hui, c'est des vrais amis. Aujourd'hui, on est très proche. Ça s'est un peu enchaîné. C'est lui qui nous a présenté un vigneron qui avait des vignes en fermage, qui pouvait potentiellement nous accueillir dans sa cave. Et tout s'est fait en fait très, très vite. Et donc, les vendanges étaient en septembre et en janvier 2024, on avait les terres et on commençait à s'occuper des terres. aller tailler et tout ça. Donc en fait, c'est allé très très vite et ça s'est fait comme ça. Et tant mieux que ça se soit fait comme ça parce que je pense que sinon, on n'y serait jamais allé parce que j'aurais eu peur ou voilà. La première année, ça a été parce qu'on n'avait que les vignes à s'occuper en fait en 2024. Donc d'avoir nos deux taffes à côté, si tu veux, ce n'était pas si lourd. Et après, il y a eu les vendanges. Donc moi, je travaillais, j'avais repris mon poste et tout ça. Il y a eu les vendanges. L'automne-hiver, le taf. Et donc là, en fait, on était tous les deux pas sur l'exploitation. On n'avait jamais à s'occuper. Cette année-là, ça a été une lourde période parce qu'on a beaucoup travaillé les week-ends. Mathieu a fait des journées à rallonge pour le domaine. Il fallait mettre en bouteille, il fallait le vendre parce qu'il fallait quand même qu'on engrange un peu des sous sur le domaine. Il fallait rembourser nos prêts, rembourser les fournisseurs. Je vais être honnête, l'année, elle a été rude. Elle a été très rude. On s'est beaucoup engueulés, on s'est beaucoup éloignés par moments. parce qu'on était fatigué de tout gérer, on a été très fatigué. Et à un moment donné, on s'est même dit, mais est-ce qu'on ne fait pas une connerie ? Est-ce que ce n'est pas trop ? Est-ce que ce n'était pas trop gros pour nous ? On a commencé à vendre notre vin et on a commencé à avoir plein de retours positifs. On a eu des recommandes de clients et là, on s'est dit, bon, ben voilà, ça paye un peu. Tout le travail, tout ça, ça paye un peu et ça fait du bien. Et là, ça commence un petit peu à se calmer. Mathieu va être en congé là un petit peu, donc ça va faire du bien. Mais on a annulé des vacances en juillet. parce que la vigne, on ne pouvait pas partir parce qu'on avait peur qu'il y ait des petits soucis et tout. Donc, on a annulé des premières vacances. Mais là, ça y est, c'est bon, on part en août. Donc, ça va nous faire du bien. Il y a les vendanges qui vont arriver. Donc là, on sait très bien que c'est une période très intense pour nous. Ça définit notre année. Enfin, l'année qui va arriver, finalement. Donc oui, ça a été la première année. Elle a été dure psychologiquement, financièrement. Ça, ça a été très dur. Sincèrement, ça a été dur de tout gérer. Et on a bien... On avait peur, toujours peur je pense, parce que rien n'est encore joué.
- Speaker #0
Je comprends bien, une année rude, mais bon, pour des bons résultats, maintenant ça va se mettre en place un peu petit à petit.
- Speaker #1
Oui, et surtout, je le redis, mais on n'avait pas trop le choix en fait. Parce qu'en fait, comme beaucoup de gens, on a des charges tous les mois et qu'en fait, on ne peut pas se permettre de dire One Life, on verra bien quoi.
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Je trouve que c'est aussi important d'en parler quand on a des cas comme vous, de personnes qui s'installent, on ne se rend pas forcément toujours compte des coulisses d'un tel projet. Je trouve ça super chouette que tu oses parler de ces difficultés rencontrées, mais aussi dans votre couple et dans votre vie de famille, c'est super important.
- Speaker #1
Je trouve en plus que, contrairement à d'autres agriculteurs, la viticulture, ça fait un peu rêver les gens. Tu vois, faire du vin, les gens ils croient que, surtout en plus quand tu es dans le sud de la France, que tu as un gros masque, tu sais, vigneron. que tu fais ton vin, que c'est super, que tu le vends, c'est hyper noble. Ce n'est pas si dur aussi, parce que c'est sûr, on n'a pas des bêtes. Je reconnais, c'est moins dur. Mais ça reste quand même... Au fond, on a des aléas climatiques. Ça peut être dur aussi. Tu peux foirer toute une cuve et perdre aussi ta récolte quand elle est dans la cuve. Donc, voilà. Le vin peut, ce que tu fais, ce que tu vois peut faire, ne peut pas plaire aussi. Tu peux ne pas arriver à vendre ton vin. C'est vrai que la viticulture fait rêver, vraiment. Et en fait, non, ce n'est pas que ça non plus. Ça peut être très dur. Tu vas avoir peur aussi de perdre sa récolte. Il y a des maladies de la vigne qui peuvent être ravageuses. C'est minutieux. En plus, le vin nature, c'est plus minutieux qu'un vin traditionnel, sans vouloir minimiser le travail des autres qui sont en rade. Mais oui, c'est un gros taf. Donc oui, c'est dur. L'installation, elle n'est pas facile. C'est pas facile. Donc voilà, ça fait un peu rêver, mais ce n'est pas comme dans les magazines.
- Speaker #0
C'est important de parler un peu des différents aspects autour d'un projet, je comprends. Est-ce que vous vivez sur le domaine ou à côté ?
- Speaker #1
Non, donc du coup, nous, on vit à Avignon. On avait acheté notre maison en 2019, donc du coup, on est resté là pour l'instant. Pour l'instant, on ne trouve pas. Dans notre coin où on a nos vignes, on ne trouve pas parce que le foncier est quand même assez cher. et on ne peut pas tout faire en même temps. Donc, pour l'instant, on patiente. Donc, on n'est pas à côté, on est à 30-40 minutes de route, ce qui n'est pas facile aussi, ça, à gérer. Mais bon, écoute, pour l'instant, on n'a pas le choix et on le fait.
- Speaker #0
OK, mais vous espérez vous rapprocher du domaine quand même pour faciliter peut-être votre vie de famille et puis votre vie professionnelle aussi avec les vignes plus proches ?
- Speaker #1
Ah oui, complètement, oui. D'ailleurs, là, on réfléchit peut-être à faire construire, faire construire une cave éventuellement. Pourquoi pas ? Et puis après, essayer de faire construire notre maison à côté. C'est une idée qu'on a en ce moment qui nous trotte un peu. Parce que finalement, on a visité quelques trucs. Il y a toujours un hic. Donc, oui, c'est l'idée, bien sûr, de vivre sur le domaine. Et peut-être d'avoir un caveau de vente aussi. J'aimerais bien développer ça. J'aimerais bien faire quelques soirées l'été. Ça me plairait bien. Faire des soirées au domaine. On vend notre vin. Pourquoi pas aussi d'inviter des potes vignerons, tu vois. Faire des soirées en partenariat avec d'autres potes aussi, ça pourrait être sympa. C'est ce qui est cool aussi dans le monde du vin, tu vois. c'est qu'il y a un côté festif C'est avant tout du partage et du plaisir, des échanges. Il n'y a rien de mieux que d'être en famille ou d'être entre potes et de s'ouvrir une bonne quille et un bon repas. J'aimerais bien partager ça un peu aussi, si j'avais le domaine et l'exploitation à côté, ça serait pas mal.
- Speaker #0
On parlait de s'installer et de petits « couacs » rencontrés. Est-ce que c'est facile de travailler en couple au quotidien ? Est-ce que vous rencontrez parfois des difficultés ? Est-ce que ça vous apporte aussi de la joie de vous croiser peut-être beaucoup plus souvent ?
- Speaker #1
Oui, moi, je trouve ça vraiment cool. Je pense que Mathieu aussi, ça lui plaît bien. En fait, je pense qu'à terme, le jour où on sera tous les deux sur l'exploitation, à des missions différentes sur le domaine, je pense qu'on ne sera pas tout le temps ensemble. C'est ça qui est bien aussi. Je pense que quand même, si on était tous les deux collés toute la journée, je t'avoue que je pense qu'on se taperait dessus. Mais voilà, on va se croiser et c'est ça qui est... top et il y a des moments où on sera tous les deux. Ce sera chouette aussi. Mais oui, c'est cool. Moi, on a eu l'expérience. Là, j'avais pris une semaine de congé en avril pour aller faire déguster à des clients, à des prospects pendant ma semaine de congé. Et Mathieu s'est libéré une journée pour m'accompagner et c'était super chouette. Tu es tous les deux, tu vends ton produit, tu parles tous les deux de ton domaine, de ton produit. Et ouais, c'était super. Et lui aussi, il a passé une super journée, on a mangé ensemble le midi. Donc oui, c'est super chouette. On adore échanger sur ce qu'on veut faire pour le domaine et tout ça. C'est cool d'en parler tous les jours. Il y a des désaccords, forcément, mais je pense qu'on aime bien travailler tous les deux. En tout cas, pour l'instant, ça nous va bien, on se voit bien continuer.
- Speaker #0
Trop chouette. Comment est-ce que vous vous organisez pour garder un équilibre de... couple dans ce rythme-là de deux personnes qui travaillent ensemble ?
- Speaker #1
Cette année, on n'en a pas. Sincèrement, on a été focus sur le domaine, focus sur nos autres jobs à côté, parce qu'il ne fallait pas les délaisser non plus. Cette année, on n'a pas trop réfléchi à ça, honnêtement. On avait d'ailleurs un projet de faire un deuxième enfant. Ça a été un peu abandonné en début d'année, parce qu'en fait, c'est aussi ça, je trouve, qui est dur, en fait. Tu vois, c'est que le projet agricole-viticole, il est tellement prenant. que tu en viens à te poser des questions personnelles, que je pense que d'autres métiers ne se posent pas. Tu abandonnes beaucoup de choses personnelles, je trouve, au début. Il y a beaucoup de concessions à faire. Donc, on a abandonné beaucoup de choses personnelles pour notre projet agricole. Donc, oui, on s'est un peu oublié cette année sur ça, très honnêtement. Ça n'a pas été au centre de notre attention.
- Speaker #0
Oui, donc tu mets ça un peu sur le coup de l'installation. J'espère qu'avec le temps, le projet prenant de l'ampleur, vous arriverez à trouver un peu plus vos moments à deux.
- Speaker #1
Oui, c'est un vrai projet de vie, le domaine. C'est un vrai projet dans le temps de gagner pour nous en qualité de vie. Je ne dis pas que ce sera moins dur. Je pense que ce sera autant dur. On n'aura sûrement que le domaine en revenu. Le travail d'agriculteur, ça reste dur et tout ça. Je ne dis pas que ce sera moins dur, mais on va gagner, je pense, quand même en qualité de vie et plus serein. Et voilà, tu gagnes autre chose. Tu gagnes autre chose. Mais oui, oui, oui. Moi, je mets ça vraiment sur le coup de l'installation et de tout ce qu'il y a à faire à côté. Donc, ça marche au début, ça, c'est sûr. C'est des concessions. Je me dis qu'on bosse pour et que ça va forcément payer. Et tous les gens qui bossent, tous les métiers, tous ceux qui bossent, tous ceux qui se lèvent le matin, un jour, ça va payer. C'est sûr. Ce n'est pas possible que ça ne paye pas. Il n'y a pas de raison.
- Speaker #0
Il n'y a pas de raison, c'est clair. Tu parlais tout à l'heure de rencontres que vous avez faites et qui ont été déterminantes dans votre projet. Est-ce que dans tout ça, dans ta vie de jeune viticultrice, tu te sens parfois seule, isolée ou plutôt bien entourée ?
- Speaker #1
Mes parents sont beaucoup là pour nous. Les parents de Mathieu, eux, ne sont plus là aujourd'hui. Mes parents sont beaucoup présents. Ils nous ont beaucoup aidés, nous ont beaucoup soutenus dans notre projet et ils nous soutiennent encore beaucoup. Ils gardent beaucoup Jade aussi pour nous aider. top. Ils sont présents, ils sont venus faire les vendanges l'année dernière. Pour ça, on est aidés et on a nos potes, forcément, qui ne sont pas dans le monde du vin aussi, mais qui nous soutiennent dans notre projet. Je ne me sens pas isolée. Ce n'est pas vrai. Je ne peux pas dire ça. J'ai d'autres amis aussi qui sont dans le vin et avec qui je peux en discuter. On a vraiment un bon groupe de potes et familiales de mon côté qui sont super et qui nous soutiennent. C'est génial. Je ne suis pas isolée.
- Speaker #0
C'est primordial un bon soutien pour se lancer dans un tel projet ?
- Speaker #1
Oui, complètement.
- Speaker #0
Comment est-ce que vous gérez le quotidien avec Jeanne, et surtout pendant des périodes peut-être intenses comme les vendanges ? Comment est-ce que ça articule votre vie de famille au quotidien ?
- Speaker #1
Au quotidien, on va dire dans les règles, c'est moi le matin qui m'occupe de Jeanne et Mathieu le soir. Mathieu va partir un peu plus tôt pour travailler les vignes, et il va la récupérer. Je pense qu'il n'y a aucune semaine qui ne se passe tout le temps comme ça. parce que moi, par rapport à mon premier job, je suis souvent en déplacement. Donc ça, c'est un peu compliqué à gérer. Et après les périodes intenses pour Mathieu dans la vigne, j'essaye de ne pas me déplacer pour que lui puisse être totalement libéré et qu'il n'ait pas à gérer Jeanne, entre guillemets. Et pendant les vendanges, effectivement, j'avoue que c'est que moi qui gère. Voilà, effectivement. énorme période-là, il faut qu'il soit quand même libre d'esprit. Donc, j'essaye de ne pas partir, de prendre cette période-là pour le soutenir. Pareil, la période des traitements, aussi qui est en avril-mai, plutôt mai-juin, j'essaye de ne pas partir parce que là, il traite de nuit. Donc, du coup, c'est quand même compliqué pour lui. On essaye de gérer comme ça au quotidien, mais c'est beaucoup plus moi effectivement qui gère Jeanne, mais il s'en occupe aussi. Je tiens à le dire, je ne veux pas croire. qu'il n'est pas là, pas du tout. Ce n'est pas vrai, il fait le maximum pour s'occuper de Jeanne, complètement.
- Speaker #0
Si on parle un peu maternité, Jeanne est arrivée avant votre projet ou en cours de ce projet. Comment est-ce que s'est passé son arrivée ? Est-ce que Mathieu a pu être présent ? Comment est-ce que toi, tu l'as vécu ?
- Speaker #1
Mathieu a pris seulement 15 jours sur les un mois auxquels il a droit. Parce que la vie, parce que l'agriculture, forcément, il y a du travail et que ça a été compliqué de se dégager du temps. Il a quand même été présent, bien évidemment, pour l'accouchement et tout ça. Et après, effectivement, comme il a repris le travail et que moi je ne travaillais pas, j'ai quand même beaucoup plus géré les nuits. Il prenait un peu le relais le week-end, et par contre quand il rentrait le soir, il prenait quand même le relais. Donc il a été présent, ça c'est sûr. Pour la petite anecdote, elle est née le jour de Noël. Une période plutôt calme, mais après, en fait, tout s'enchaîne après au printemps. Il y a plein de travail à faire dans la vigne. Et là, en fait, elle a commencé à grandir et tout ça dans cette période-là. Et Mathieu était moins dispo, forcément. Il était moins dispo. Je ne peux pas dire qu'il n'a pas été là, mais oui, c'est... Je ne sais pas comment le dire. Je n'arrive pas à l'expliquer. Je trouve que les filles, dans tes autres podcasts, arrivaient bien à l'expliquer. Moi, j'ai du mal à l'expliquer. Mais oui, il y a eu des moments où je me suis sentie seule, ça c'est sûr. Où j'aurais aimé qu'il fasse plus. Où je me suis sentie démunie, où j'avais l'impression que j'étais seulement mère et femme de ménage, entre guillemets. Et je ne me sentais que ça, quoi, tu vois. Et lui, le travail qu'il fait est très physique. Donc forcément, quand il rentrait le soir, physiquement, il était fatigué. Je l'ai vu rentrer le soir et me décharger et me dire, tiens, allez, je m'occupe de Jeanne. Et en fait, ils se mettaient sur le canapé, ils la prenaient dans les bras et ils s'endormaient tous les deux. Tu vois, parce qu'ils étaient, lui, crevés physiques. Et elle, heureusement, c'était un petit bébé et donc elle refaisait une sieste quand il arrivait. Donc les nuits, effectivement, il y a eu des nuits ultra compliquées où lui me disait, mais non, j'arrive pas à me lever, je peux pas. Je suis trop fatiguée. Demain matin, je me lève à 5h, j'y arriverai pas, quoi. Donc forcément, c'est toi qui prends et puis tu es à la maison. Donc il y a eu ce petit... clash, je pense que beaucoup de familles vivent, beaucoup de parents vivent, ce truc-là de ça et ce métier physique qu'il fait aussi, qui fait qu'il est très fatigué quand il y a l'onde.
- Speaker #0
Je comprends bien, je pense qu'on est un peu fataliste parce qu'on sait qu'on vit avec un agriculteur, qu'on vit avec un viticulteur, dans ton cas, avec des métiers très prenants, mais je pense à d'autres métiers aussi bien sûr, des femmes de soignants, des femmes de boulangers, des femmes de... Donc, on le sait et on sait qu'on aura des maris, des conjoints moins présents. Mais on a toujours évidemment cette petite envie. C'est un mélange de tellement d'émotions que je comprends complètement ce que tu dis et je pense que c'est des choses qu'on partage toutes.
- Speaker #1
C'est ça, c'est exactement ça. D'un autre côté, ça ne me gêne pas non plus. C'est-à-dire que j'aime aussi ce rôle-là que j'ai à ses côtés, tu vois, de pouvoir avoir la chance de m'occuper de mon enfant, avoir plus de temps, et futurs enfants aussi, tu vois, à terme, de m'occuper de ma maison. Je n'ai pas de problème avec ça. Je n'ai pas un problème féministe dans ce sens-là. Par moments, ça peut me gêner. C'est un peu ambivalent, mais je crois que c'est être une femme qui fait qu'on est comme ça. C'est un peu ambivalent parce que j'aimerais dire que moi aussi, j'ai envie d'aller travailler. Moi aussi, j'ai envie d'en faire plus, de démontrer. Mais d'un autre côté, ça ne me gêne pas de m'occuper de ma maison, de gérer tout ça et d'avoir cette place-là aussi à ses côtés et de lui dire « T'inquiète, je gère. » Tu vois, voilà. Donc, c'est un peu ambivalent. Il y a tout ce côté-là qui rentre en compte dans la maternité. entre je veux m'occuper de mes enfants, je veux développer mon domaine, je veux être une femme d'intérieur, je veux être une femme active, je veux être une mère exceptionnelle. Et il y a tout ce truc-là. Mais d'un autre côté, j'aimerais bien aussi que lui aussi se lève la nuit. Donc voilà, il y a tout ce truc-là à s'équilibrer. Et je pense qu'à terme, l'équilibre se trouvera dans notre domaine, d'ailleurs comme dans plein de podcasts que tu as faits, où les femmes finalement trouvent cet équilibre-là entre... Être une femme, être une mère et être une agricultrice, tu vois. Donc, je pense qu'à terme, je trouverai cet équilibre-là. Ça se trouve, voilà, et ça se cherche.
- Speaker #0
Pour conclure cet échange toutes les deux, avec du recul, qu'est-ce qui, chaque jour, te fait du bien dans cette vie-là ? Y a-t-il une fierté, une satisfaction particulière à vivre à côté d'un viticulteur ? L'agriculture, c'est un fondamental de la vie. Je suis très fière d'en faire partie. Je suis très fière d'en parler. Je suis très fière d'avoir trouvé cette voie-là, sincèrement, franchement. Et j'aimerais que beaucoup plus de jeunes puissent y accéder. Aujourd'hui, ce n'est pas facile. C'est un métier qui est très dur et c'est dommage. C'est tellement gratifiant, je trouve. de voir le produit après fini. Il y a une petite satisfaction aussi quand c'est dur, tu vois, quand c'est dur et que tu as ton produit en face de toi, il y a une petite satisfaction d'avoir sué un petit peu pour en arriver là. Donc, je trouve que c'est tout ça qui est chouette. Et le produit fini, quand tu le vois sur une table et que la bouteille est finie ou est appréciée, ça, c'est trop chouette. Et j'avoue que la petite satisfaction d'avoir bu les premières bouteilles de ton travail avec ta famille et tes potes, j'avoue qu'il y a eu une petite émotion. Ça, ça a été le plus cool. Ça, ça a été chouette.
- Speaker #1
Oui, c'est clair, je vois bien le compte. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu aimerais dire à d'autres femmes qui débutent cette vie-là ? Que ce soit de s'installer avec son conjoint ou de s'installer dans un domaine viticole.
- Speaker #0
Moi, je trouve que souvent, je ne me suis pas trop écoutée. parce que des fois j'étais un tout petit peu trop prudente je pense et je pense qu'il faut savoir s'écouter, soit en tant que femme, on a du mal des fois en tant que femme je pense à prendre des risques, à s'écouter à se dire qu'on a une bonne idée à se dire que ce qu'on fait c'est bien et qu'on en est capable et qu'il ne faut pas lâcher l'agriculture c'est le plus beau métier du monde
- Speaker #1
C'est une super conclusion à notre échange Merci beaucoup Lisa pour ta sincérité et pour ton temps et à bientôt Merci beaucoup Marion,
- Speaker #0
merci à toi
- Speaker #2
C'est la fin de notre échange Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à découvrir tous les autres. Vous pouvez également noter le podcast sur votre plateforme d'écoute préférée. Et pour suivre l'aventure au quotidien, retrouvez-moi sur les réseaux sociaux et surtout sur Instagram où je suis très active. N'hésitez pas à vous abonner, liker, partager. C'est grâce à vous que ce projet prend forme et qu'il peut continuer à grandir. Mesdames, si vous avez envie de raconter votre histoire, rejoignez-moi dans un prochain épisode. A bientôt !