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Où ça mène quand on sème

Charlotte : l’altitude pour retrouver son équilibre à coté de l'élevage de vaches et porcs

Charlotte : l’altitude pour retrouver son équilibre à coté de l'élevage de vaches et porcs

24min |21/11/2025|

112

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Description

C'est depuis ses montagnes pyrénéennes, à 1600m d'altitude, au pied des pistes de ski, que Charlotte prend la parole. Elle nous livre son témoignage de femme d'un éleveur de vaches à viande de race Gasconne, en agriculture biologique, et de porcs sur paille. Fille d'un militaire et d'une infirmière en Franche-Comté, elle a toujours été attirée par le monde agricole jusqu'à s'installer avec son conjoint. Après quelques années à travailler avec sa belle famille sur la ferme, elle revient sur son installation compliquée sur l'exploitation agricole, son échec, la dissociation vie professionnelle et vie personnelle et les leçons qu'elle en tire.


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“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture et la viticulture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture et viticulture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue au sein du podcast où s'amène quand on s'aime, celui qui donne la parole aux conjoints d'agriculteurs. Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en bio, en conventionnel, en raisonnée. Elles viennent de toute la France. Certaines sont tombées dans l'agriculture toute petite, d'autres la découvrent jour après jour. Elles jonglent entre la ferme, la famille, leur métier. et portent une force incroyable. Moi, c'est Marion. Et avec ce podcast, j'espère que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans leurs propos, trouveront des conseils, des échos à leur vie, prendront peut-être un peu de recul, trouveront du soutien ou simplement verront une mise en lumière de ce qui se vit, souvent dans l'ombre, au cœur des fermes. Ici, c'est de la good vibes, de la sororité, du partage et un vrai souffle de girl power en agriculture. Alors,

  • Speaker #1

    à votre avis, où ça mène quand on s'aime ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je reçois Charlotte. On vient tout juste de faire connaissance toutes les deux et je suis ravie de partager ce moment avec toi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est Charlotte, j'ai 30 ans. Je suis mariée avec un agriculteur dans les Pyrénées-Orientales, dans la montagne à Aïn. J'ai un enfant et un en cours, qui est prévu pour décembre.

  • Speaker #0

    Trop bien, félicitations.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Quel âge a ton premier enfant ?

  • Speaker #1

    Elle a 4 ans et demi.

  • Speaker #0

    Ok, trop chouette. Avant de parler un peu de toi plus en détail, est-ce que tu peux nous décrire un peu où tu vis ? Avec qui nous présenter un petit peu la ferme de ton mari ?

  • Speaker #1

    Je vis à Aisne, dans les Pyrénées-Orientales, donc dans le 66, qui est dans le sud-sud de la France. Et nous, en fait, on habite dans les montagnes, à 1600 mètres d'altitude, au pied des pistes de ski, clairement, parce qu'on est à 5 minutes de la station en voiture. Mon mari est en Gaïc avec ses parents depuis 2018. Ce sont des vaches à viande de race Gascogne, des porcs depuis qu'il est installé et un peu de céréales, mais pour la production des vaches. Les vaches sont en agriculture biologique.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et les porcs, non, par contre. Et ils sont sur air paillé.

  • Speaker #0

    D'accord, ça marche. Et donc, c'est une ferme depuis plusieurs générations dans la famille ?

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors, mon beau-père, en fait, s'est installé dans les années 80, il me semble. Et après, ma belle-mère a suivi en 99 avec du canard. À l'époque, elle faisait du canard gras.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    et Et avant ça, en fait, le père de mon beau-père faisait des brebis, mais sur une autre exploitation à Saint-Thomas, qui est un peu plus bas dans la vallée.

  • Speaker #0

    Ok, ça marche. Et alors maintenant qu'on voit un peu mieux le décor, on va parler un peu plus de toi. D'où viens-tu initialement et est-ce que tu as grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis née en Franche-Comté, à Besançon, donc rien à voir avec le Sud. Ah, d'accord. Ouais,

  • Speaker #0

    clairement.

  • Speaker #1

    Mon papa était militaire et maintenant, il a son compte pour... faire des travaux chez les gens. Et ma mère était infirmière. Et elle s'est aussi reconvertie parce qu'elle ne pouvait plus faire son travail. Donc, pas du tout dans le milieu agricole. Mais je ne sais pas pourquoi, depuis que je suis toute petite, les animaux, la ferme m'ont toujours attirée. Ça a commencé surtout avec les chevaux. C'est comme ça que j'ai axé mes études après, par la suite.

  • Speaker #0

    Justement, tes études, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ton parcours professionnel ? Quelle formation et études tu as suivies ? Et dans quel objectif ?

  • Speaker #1

    Alors, Moi, j'ai fait un bac pro CGE à option production et valorisation des chevaux. Je l'ai fait dans la Drôme. Donc, j'ai eu mon bac. Après, je suis partie une année dans la Sarthe pour faire une année de production animale en BTS. Ça ne m'a pas du tout convenu parce que c'était très scientifique et les sciences, ce n'est pas trop pour moi. Donc, je me suis réorientée vers un BTS AXE dans la comptabilité agricole que j'ai faite par contre à l'ARAC dans l'Aude. Et c'est là que j'ai rencontré mon mari en fait.

  • Speaker #0

    Ok. Alors, comment est-ce que vous vous êtes rencontrés du coup ?

  • Speaker #1

    Eh ben, en fait, on a le même âge, sauf que moi, j'avais retapé une classe, donc je me retrouvais en première année. Et lui, il était en deuxième année, pareil, du même BTS que moi. La force des choses a fait qu'on était souvent ensemble et les axes traînaient souvent ensemble, première et deuxième année. Donc ça s'est fait tout naturellement, en fait.

  • Speaker #0

    Ok, on en parlera un petit peu plus tout à l'heure. Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui professionnellement ?

  • Speaker #1

    Je suis fonctionnaire, donc je travaille dans une mairie où je fais de la comptabilité.

  • Speaker #0

    Donc toujours dans le même domaine, mais plus trop dans l'agricole, alors.

  • Speaker #1

    C'est ça, je ne suis plus dans l'agricole depuis 2020.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu files un coup de main, un côté administratif sur l'exploitation, de par tes connaissances de comptabilité agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Non. En fait, avant, j'étais installée avec mon mari, on s'est installées ensemble sur l'exploitation. Et en 2020, j'ai arrêté l'activité parce que ça ne se passait pas très bien au niveau relationnel avec mes beaux-parents. Donc, pour bien séparer la vie perso de la vie pro, j'ai pris la décision de partir, ce qui était difficile mais une bonne chose, on va dire. Je ne m'occupe pas du tout de la partie. comptable de l'exploitation actuellement. J'aide sur les réseaux sociaux. Des fois, on me parle avec mon mari sur certaines choses qu'il pourrait faire par rapport au port, mais après sinon le reste, non.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est vraiment par rapport à tes beaux-parents parce que vous aviez mis en place des changements sur l'exploitation ou ?

  • Speaker #1

    Ben nous, on s'est installé On est en 2018 et en fait de base on avait décidé en fait de s'installer que tous les deux avec mon mari en gaec en faisant du port et il voulait faire un peu de vache, continuer les vaches gasconnes parce que c'est vraiment une passion pour lui à côté. Et en fait ce qui s'est passé c'est qu'on sentait que mes beaux-parents, surtout mon beau-père, voulaient vraiment que mon mari s'installe avec eux sur l'exploitation pour continuer ce qui avait été créé, ce qui est normal aussi. Mais ça a été... comment dire...

  • Speaker #0

    Un peu compliqué de faire un choix de ce positionnement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Puis à l'époque, franchement, on était jeunes. C'était compliqué. On voulait vraiment... Enfin, moi, surtout, je ne voulais pas, parce que je ne voulais pas qu'il y ait d'amalgame, pas faire de dispute ou quoi, parce que, bon, on m'a toujours dit, travailler en famille, c'est très compliqué. Je l'ai vu dans ma famille pour certains, pas dans l'agricole, mais pour d'autres entreprises. Donc, je sais que ça peut être compliqué de travailler en famille. Moi, je ne voulais pas. Et puis, à l'époque, j'étais jeune. J'avais la vingtaine. Et c'est vrai que c'est toujours plus facile de s'installer sur une exploitation qui tourne que de créer de tout à zéro. Donc finalement, on s'est installés. Après qu'ils aient réussi à nous convaincre avec eux, et on a commencé les ports en 2019. Donc ça a mis un an à peu près pour que les ports, entre guillemets, arrivent et commencent à être découpés sur l'exploitation. Parce qu'on fait la découpe et on fait la vente directe à la ferme. Et ça a été compliqué au début. prendre ma place parce que j'avais déjà travaillé sur l'exploitation de mes beaux-parents en tant que salarié mais c'était pas du tout pareil en fait. J'ai vu une différence entre le salariat et être associé on va dire. J'ai vu un changement de comportement on va dire. C'était différent.

  • Speaker #0

    C'était pas les mêmes attitudes peut-être pas les mêmes attentes c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est ça. Des petites réflexions qui au début nous paraissent anodines mais qui à force et sur le long terme sont assez lourdes et assez pénibles. On va dire. Ok, ouais, je comprends.

  • Speaker #0

    Et du coup, tu penses peut-être un jour revenir sur la ferme ou quand tes beaux-parents, par exemple, pendant leur retraite ou quelque chose, ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Oui, on en discute avec mon mari de temps en temps, même en déconnant, mais c'est vrai que moi, l'agricole, me manque énormément. C'était ma passion, honnêtement. Je préférais sauver mon couple et sauver ma vie de famille que de rester dans quelque chose où c'était... restez-vous à l'échec sur le long terme dans cette situation-là. Mais je sais qu'avec mon mari, ça se passe super bien quand on travaille ensemble. On développe pas mal de trucs, on sait ce qu'on a à faire chacun de notre côté. Donc je sais qu'à long terme, si mes beaux-parents après reprennent la retraite, oui, il y a des chances que je me réinstalle avec mon mari.

  • Speaker #0

    Et le fait d'avoir quitté l'exploitation, est-ce que tes relations avec tes beaux-parents ont repris leur cours ? Est-ce que vous avez réussi à séparer, comme tu disais, le pro du perso ? Est-ce que ça va mieux ?

  • Speaker #1

    Alors, au début, ça a été très compliqué parce qu'on ne sait pas du tout. De mon côté, ça a été... Moi, c'est tout ou rien, en fait. Donc, de mon côté, je ne voulais plus les voir. On habite dans le même village, pourtant. J'étais enceinte de ma fille. Je ne les ai pas vues pendant pratiquement toute ma grossesse. C'est mon mari qui allait leur annoncer qu'on allait avoir une fille. C'était une fille et pas un garçon. Moi, je ne voulais plus les voir parce que c'était très compliqué. J'avais beaucoup, beaucoup de rancœur. J'ai du mal à pardonner parce qu'il y a des choses qui ont été dites. Je n'oublie pas. Même aujourd'hui, je suis passée à autre chose. Maintenant, ça va mieux. Surtout quand je vois la relation qu'ils peuvent avoir avec ma fille. Donc, ça me rassure dans un sens. Mais je n'oublie pas.

  • Speaker #0

    Oui, tu avais besoin d'une coupure aussi. Puis, tu verras comment ça évoluera.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    OK. C'est super intéressant de discuter de ça. Merci. Je sais que ça ne doit pas être évident de revenir un peu là-dessus. Mais c'est hyper intéressant comme parcours. Merci beaucoup pour ça. Alors, j'aimerais maintenant qu'on parle un peu de votre vie à deux. Que représente le quotidien quand on vit avec un agriculteur ? Alors, tu nous parlais de votre rencontre. Quand tu as su qu'il était fils d'agriculteur et qu'il voulait reprendre l'exploitation, qu'est-ce que toi, tu as ressenti ?

  • Speaker #1

    Ça ne m'a pas fait... Ce n'est pas de mi-chaud ni froid, mais en étant dans ce milieu, pour mes études, je me doutais que j'allais rencontrer quand même des agriculteurs, entre guillemets. Donc, j'étais un peu préparée à ça.

  • Speaker #0

    Ok. Vous vivez là sur la ferme ou à côté ?

  • Speaker #1

    Non, on ne vit pas sur la ferme. C'est mes beaux-parents qui vivent sur la ferme. Et après, on a le bâtiment des vaches et des cochons qui est à l'extérieur du village. donc ça c'est bien Donc, c'est séparé. Et nous, on a notre maison à nous, vraiment, qu'on a achetée en 2019 dans le village, où on est tranquille et c'est vraiment chez nous. Donc, du coup, c'est vrai que c'est pratique, on va dire, pour séparer la vie pro et perso.

  • Speaker #0

    Ouais, donc ça, c'est vraiment un choix de votre part pour faire cette dissociation-là.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, oui. Sachant qu'on est à côté quand même des animaux, on est vraiment à côté. Donc, il n'y a pas de problème au niveau des trajets ou autre, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis de l'organisation avec l'élevage, quoi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    OK. Ça marche. Est-ce que toi, tu as toujours souhaité vivre à la campagne ? Est-ce que tu vivais à la campagne avant ? Et pour quelles raisons ?

  • Speaker #1

    Alors oui, moi, j'ai toujours vécu à la campagne, clairement, parce qu'on a beaucoup déménagé, vu que mon père était militaire. Et quand j'ai rencontré mon mari, j'habitais dans les Hautes-Alpes, dans un endroit qui était vraiment un peu perdu. Donc vraiment, j'avais l'habitude de la campagne. Et... Et ça ne m'a pas fait plus peur que ça de venir vivre ici. Alors par contre, petite anecdote, j'habitais en montagne et moi j'en avais marre de la neige, j'en avais marre de la montagne. Et j'étais là à dire à mes parents, je n'habiterai plus à la montagne. Je ne veux plus. Donc mes parents ont déménagé à Argelès-sur-Mer et moi j'ai fini à Eynes à 1600 mètres d'altitude à suivre mon mari. Avec de la neige l'hiver. Donc on va dire l'amour donne des ailes. Mais ouais, non.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous organisez pour garder un équilibre de couple dans le rythme avec la ferme ?

  • Speaker #1

    C'est un peu compliqué des fois, on ne va pas se mentir, parce qu'il y a des grosses périodes. Nous, on a regroupé les vélages sur l'hiver. Les vélages commencent de décembre et vont jusqu'à avril. Et après, on a toute la partie cochon. On ne fait pas naître, on achète, on engraisse. Ça prend un peu moins de temps, donc c'est pratique. Par contre, c'est toute l'année, parce que vu qu'on fait de la vente directe, les trois quarts des cochons sont vendus en vente directe. sont découpés à la ferme par mon mari, qui a passé un CAP bouché l'année dernière. Et tout est vendu à la ferme, donc il y a toute cette partie découpe, transformation. Pour le veau, c'est surtout l'été, du coup. Grosse période, l'été, on ne se voit pas trop, clairement. C'est la période où, en plus, il a les foins, donc il part le matin, il fait jour, il rentre, il fait nuit. Même ma fille, des fois, elle a un peu de mal. Mais bon, on arrive toujours à trouver des compromis, donc ça va. Mais là, par exemple, en ce moment, c'est une période entre guillemets calme. Dans ces périodes-là, on arrive à trouver du temps pour nous, on se fait des petits trucs. Même s'il bosse les week-ends, on se fait des sorties à l'après-midi ou à la matinée. On s'organise et l'avantage, vu qu'il est en guêque avec ses parents, c'est qu'ils sont trois. Donc, ils peuvent quand même gérer sur certains trucs. Ses parents s'occupent de certains trucs pendant que lui, il n'est pas là et inversement.

  • Speaker #0

    Ils arrivent à s'organiser pour se dégager du temps chacun.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et vous arrivez à partir du coup un peu en vacances avec ta fille ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Alors oui, on arrive souvent quand il a fini les foins, que la grosse période fin d'été, elle est passée. Donc la semaine souvent avant la rentrée scolaire, on se prend une semaine ensemble. Donc on va chez mes parents à la mer ou alors on se fait des week-ends ensemble. L'année dernière, on est parti en vacances carrément, vraiment une semaine à Rocamadour. Ça nous avait fait du bien. Alors on ne part pas tout le temps, mais on essaye quand même de se faire des trucs à trois. quoi.

  • Speaker #0

    Ok. Et le fait d'habiter sur une station de ski, vous en profitez un petit peu ?

  • Speaker #1

    Alors oui, l'hiver, ça nous arrive d'aller skier quand il y a de la neige. Parce que là, c'est compliqué, on va dire en ce moment. Les stations ont du mal à avoir de la neige, clairement. Surtout la station où on habite. Mais après, oui, non, franchement, on arrive à se dégager du temps. La petite, elle va au club de sport faire du ski. Puis même nous, si on veut se prendre l'après-midi ou une journée pour aller faire du ski, on est vraiment à côté. Donc, c'est trop facile pour nous, pour le coup.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Et alors, dans ces montagnes, est-ce que vous êtes bien entourée ? Est-ce que vous avez des amis, de la famille à côté ? Est-ce que tu te sens plutôt bien entourée ou parfois un peu seule et isolée ?

  • Speaker #1

    Alors, on va dire que ça dépend de mon mood. Ça dépend de la période, si c'est chargé ou pas. Non, après, globalement, on est bien entouré. Donc, malgré ce qui s'est passé avec mes beaux-parents, ils habitent dans mes villages. Donc, maintenant, ça se passe bien. Effectivement, c'est vrai que c'est un plus, c'est assez agréable, on va pas se mentir. Mes parents sont à 1h30 en voiture, donc c'est pareil, ils sont pas très loin. Et c'est vrai qu'au niveau des amis, on est bien entourés, que ce soit au niveau des personnes qui sont issues de l'agriculture et d'autres qui ne sont pas du tout issues de l'agriculture, mais qui y comprennent et qui nous écoutent aussi, et qui, quand on a besoin de parler, se décharger, sont là.

  • Speaker #0

    On en parle assez souvent, ça du fait d'avoir des amis qui ne sont pas spécialement du milieu. Ça fait aussi un peu de bien de parler d'autres choses, même si le fait de fréquenter des gens du milieu, ça peut être aussi un plus parce qu'ils comprennent notre quotidien, nos contraintes. Mais peut-être l'équilibre entre les deux fréquentations autour de nous peut faire du bien, je pense.

  • Speaker #1

    Clairement.

  • Speaker #0

    On va parler un peu de l'arrivée de ta fille. Comment est-ce que ça s'est passé d'accueillir un enfant avec un agriculteur ? Est-ce que ça est arrivé dans des périodes agricoles qui étaient compliquées ou plutôt calmes ? Comment est-ce que tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Alors, c'était particulier parce que le jour où j'ai appris que j'étais enceinte, c'est le jour où j'ai décidé d'arrêter sur l'exploitation. Il a fallu la phrase que mon mari me dise, mais ne reste pas pour moi, pour, comment dire, enfin, ne reste pas à cause de moi, fais ce que tu veux, moi, je ne t'en voudrais pas, je resterai. Alors, ça a été, je pense, le déclic pour moi. Et l'après-midi, j'apprenais que j'étais enceinte de ma fille. Donc, je me suis dit, peut-être qu'en fait, c'était écrit, je ne sais pas. Et ma fille est arrivée en avril, ma fille. donc c'était une période où c'était assez C'était la fin des vélages, on va dire, donc après période calme, mais qui s'est enchaînée sur l'été, où quand elle était toute petite, il était à fond, du coup, dans ce qu'on disait, la vente, la découpe et les foins.

  • Speaker #0

    Avec du recul, qu'est-ce qui, selon toi, chaque jour, te fait du bien dans cette vie-là, dans le fait de partager le quotidien avec un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est cool parce qu'en fait, ça fait partie de notre vie, même si des fois, c'est compliqué, mais il y a des avantages comme il y a des inconvénients. Les inconvénients, forcément, c'est quand on a des impératifs. comme dans tout travail. Mais les avantages, c'est que même s'il bosse, si je veux passer du temps avec lui et que moi, je ne travaille pas, je peux aller avec lui dans le tracteur, je peux passer du temps avec lui. Je peux être avec lui même s'il bosse. Donc, on passe du temps quand même ensemble.

  • Speaker #0

    On prend bien et on arrive aussi, nous, à s'adapter peut-être un peu plus aussi pour pouvoir partager des moments avec eux, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Typiquement, cet été, ils ne pouvaient pas forcément revenir manger le midi. Donc forcément, avec la petite, on préparait le pique-nique et puis on allait le rejoindre pour... pique-niquer dans les champs. Donc ça, c'est assez cool quand même. Et puis, la petite était super contente. C'était un peu une petite aventure pour elle. Et nous, on passe du temps en famille, donc c'est agréable.

  • Speaker #0

    Oui, ça permet de faire un peu les deux, de profiter en famille et en même temps, d'accepter ce rythme de travail assez dense, je comprends. Est-ce qu'il y a une fierté ou une satisfaction particulière, selon toi, à vivre à côté d'un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Ah oui, moi, je suis très, très fière de mon mari, de tout ce qu'il entreprend, de tout ce qu'il fait. Je l'admire beaucoup parce que... Il travaille beaucoup et il essaye d'être juste dans tout ce qu'il fait, dans sa production, dans ce qu'il fait. Franchement, je suis très, très fière de lui et je suis fière d'être avec lui, oui, effectivement, et de dire que c'est mon mari qui fait ça comme boulot. Enfin, je n'ai pas honte de dire que mon mari est agriculteur.

  • Speaker #0

    Et heureusement. Et je pense que c'est quelque chose qu'on partage toutes, ce sentiment de fierté, c'est ce qui fait tenir aussi, d'ailleurs, parfois.

  • Speaker #1

    C'est clair. Puis c'est un métier patient en plus, donc on ne peut pas trop le reprocher non plus. Puis on sait à quoi on s'engage quand on se met avec eux aussi.

  • Speaker #0

    Exactement, et d'ailleurs qu'est-ce que toi tu dirais à une femme qui commence une relation avec un agriculteur et qui se questionne sur tout ça sur des contraintes qu'elle aura sur des difficultés ou des joies et de comment est-ce qu'elle va articuler sa vie avec un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Alors moi je pense qu'il faut déjà mettre les choses à plat dès le début, en discuter au début de la relation en disant voilà, que lui dise ça risque de se passer comme ça et qu'elle sache à quoi s'attendre aussi parce que si elle n'est pas du milieu elle peut elle peut tomber de haut, on ne va pas se mentir sur certains points. Après, s'il y a de la communication, franchement, il n'y a pas de problème pour moi. Les efforts, après, se font des deux côtés. Donc, quand on aime une personne, on fait des concessions, que ce soit d'un côté ou de l'autre. Il faut vachement discuter. C'est surtout ça, moi, en fait. Je pense vraiment que c'est la clé, quoi. C'est la communication.

  • Speaker #0

    Tu parlais de surprises. Est-ce que, toi, il y a eu des choses sur lesquelles tu te projetais qui ne se sont pas passées comme prévues dans ta vie avec lui ou des surprises sur ses travaux, sur sa disposition ? que ce soit des bonnes ou mauvaises surprises, bien sûr.

  • Speaker #1

    Moi, quand j'ai fait des stages, j'ai toujours eu vu des agriculteurs qui arrivaient à s'organiser avec des services de remplacement, par exemple, pour partir en vacances. Au début, mon mari, vu qu'il n'est jamais parti en vacances avec ses parents quand il était jeune, donc chez lui, c'était compliqué de partir au début en vacances. C'est-à-dire que mon mari ne peut pas prendre des vacances s'il ne part pas. Rester à la maison, même pour le congé paternité, au début, quand ma fille est née, donc il avait le droit à 15 jours, même s'il était en congé paternité, il partait le matin. au vache. Donc au début, ça m'avait un peu surprise par rapport à ça, parce que j'étais, ah ouais, il a vraiment du mal à décrocher quand même. Mais justement, en discutant par rapport à ça, en disant, voilà, ce serait bien quand même que si on prend des vacances, on lâche vraiment prise. Et moi, après, j'ai compris que vraiment, s'il veut prendre des vacances, il faut qu'il parte. Donc, le compromis qu'on fait, c'est que quand on prend des vacances, on part, on reste pas, parce que sinon, c'est sûr qu'il va aller bosser. C'est une surprise, oui et non, entre guillemets, mais c'était le truc qui a été le plus... plus dur à mettre en place, on va dire.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant ce que tu dis, que ce besoin vienne de lui, tu vois, et pas spécialement de toi. C'est vrai que parfois, c'est des nanas qui disent, bon allez, on coupe de la ferme, on coupe de tout ça, et surtout celles qui vivent sur l'exploitation. Mais là, que ça vienne un peu de l'agriculteur de dire, moi, je veux couper de ma ferme, sinon je vais y retourner. Je trouve ça hyper intéressant comme point de vue, et puis on le comprend aussi, en fait.

  • Speaker #1

    Après, je pense aussi le fait que moi, enfin, ils s'entendent très bien aussi avec mes parents. Et le fait que ma famille ne soit pas du milieu agricole, peut-être aussi ça lui a ouvert les yeux sur certains points et en disant « Ah ben, ça se passe autrement comme chez les autres. »

  • Speaker #0

    Tu penses à quoi là comme point ?

  • Speaker #1

    Par exemple, sur le point de partir en vacances, passer du temps en famille, mais pas forcément que à la journée, parce que lui, forcément, quand il m'expliquait quand il passait du temps avec ses parents, c'était à la journée parce qu'ils n'avaient pas l'argent ou ils n'avaient pas le temps de partir en vacances. Ce qui est classique, on va dire, dans beaucoup d'exploitations, tout le monde ne peut pas se permettre de partir en vacances. Nous, on a cette chance, donc c'est cool. Donc lui, il part en vacances avec ses grands-parents. Il m'expliquait quand il était jeune avec sa sœur aussi. Et le fait, je pense, de discuter avec mes parents, de voir que ça se passe autrement chez les autres, il a envie d'autre chose aussi. Parce que sur certains points, il n'est pas du tout comme ses parents. Elle n'a pas du tout la même relation avec mes beaux-parents qu'avec mes parents. Mes parents, elle va partir en vacances une semaine chez eux. Parce que pour les voir, pour passer du temps aussi ensemble, et parce que mes parents aussi veulent l'apprendre. Elle est trop contente d'y aller, on part en week-end. Mais mes beaux-parents, elle les voit presque tous les jours. Et des fois, on rentre de l'école, elle me dit « Ah, je veux aller voir papi et mamie. » Et moi, je suis là « Oui, mais maman, elle est fatiguée. Elle aimerait rentrer aussi à la maison. » Alors des fois, mon mari, quand il va la chercher, il passe du temps ensemble. Clairement, hier, j'avais la réunion parents-profs de début d'année. Je l'ai déposée à la ferme. Mon mari était en découpe de cochons. Ils étaient en train de finir de mettre sous vide. Donc, elle était à l'atelier avec ma belle-mère et mon mari. Et après, quand elle a entendu mon beau-père arriver en tracteur, elle était trop contente. Elle est partie avec lui. Et ce qui est bien aussi, c'est que mon beau-père a appris à ralentir grâce à ma fille, je pense.

  • Speaker #0

    Ah ouais, c'est bien ça.

  • Speaker #1

    Ouais. Bon, après, il a eu des soucis de santé qui ont fait que ça lui a donné un coup et il a été obligé de ralentir, clairement. Mais je pense aussi que le fait de prendre le temps avec ma fille, ça lui fait du bien aussi. Parce que clairement, moi, je l'ai toujours connu. Il ne reste jamais à la maison, pareil comme mon mari, à faire des trucs à la maison alors qu'il pourrait avoir des travaux à faire chez lui. Non, il faut tout le temps qu'il soit sur la ferme, sur l'exploit, il y a toujours des trucs. à faire donc il fait et une fois moi j'étais pas dispo je bosse et centre de loisirs étaient fermés il fallait garder la petite mon mari à fond en découpe ma belle mère aussi c'est mon beau père qui l'a gardé était trop content de passer la journée avec elle quoi et même il n'avait pas envie de faire autre chose il était trop content de faire ça quoi et même à ma belle-mère aussi elle est contente elle est fière de l'avoir avec elle à la boutique enfin Moi, au début, j'avais du mal à la laisser parce que je ne voulais pas qu'on me reproche de laisser ma fille tout le temps qu'il la garde. Parce qu'il y avait un passif aussi, mais au fur et à mesure, j'ai vu que c'était un plaisir pour eux et que même ils étaient en demande de ça.

  • Speaker #0

    C'est pas évident non plus, je comprends. Parce qu'avec la proximité, toi, tu as aussi envie de demander des dépannages, mais tu ne veux pas que ce soit trop non plus. qui te disent, en fait, on n'est pas nounou. Ça, je comprends plus. Et j'ai toujours dit, vraiment, il faut que ce soit du plaisir. Je ne veux pas vous inonder.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, on a trouvé un petit équilibre, je pense. C'est quand ils ont envie, quand Charlie a envie aussi. Parce que, voilà, des fois, c'est elle qui en demande aussi d'aller voir ses grands-parents. Clairement, on ne pourrait pas l'en empêcher. On ne peut pas.

  • Speaker #0

    Surtout quand elle a ce luxe d'avoir ses grands-parents dans le village, forcément.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors elle, vraiment, on va dire qu'elle est la reine du pétrole, parce que c'est une enfant qui ne s'ennuie jamais, je pense. Elle est tout le temps à la ferme, elle est tout le temps dehors avec son père, avec son grand-père, ou sa grand-mère, ou avec moi, selon ce qu'on fait. Enfin, je pense qu'elle a une enfance qui n'est pas malheureuse du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Et qu'est-ce que toi, tu penses du fait d'élever tes enfants à la ferme ? Quel point positif ? et négatif parce que parfois il y en a aussi sur des aspects peut-être sécuritaires etc tu trouves à ça ?

  • Speaker #1

    Alors positif moi je la trouve hyper éveillée elle pose tout le temps plein plein de questions Et puis elle sait du coup plein de trucs Parce que forcément on lui explique Donc elle a déjà vu des vélages Donc c'est même elle qui expliquait l'année dernière A la maîtresse ce qu'était un vélage La différence entre une génie c'est une vache Un veau Alors que la maîtresse c'est des termes techniques Donc ils connaissent pas ce qui est normal Mais Charlie 3 ans et demi C'est elle qui expliquait ça à la maîtresse Donc c'était assez marrant quand il nous l'expliquait Et elle est tout le temps en train de De demander, d'apprendre Elle est hyper motivée Merci. C'est une petite qui a fait la Vallée d'Aisne, qui est une randonnée de deux heures pour monter les vaches en estive à plus de 2000 mètres d'altitude. Elle l'a fait en marchant. Elle m'impressionne, cette petite. Franchement, je pense que ça leur fait du bien. Ils sont à l'air. Ils sont super bien.

  • Speaker #0

    Je comprends. Trop bien. C'est une super conclusion à cet échange. Merci beaucoup, Charlotte, pour ton temps.

  • Speaker #1

    Merci à toi pour cette interview.

  • Speaker #0

    C'est la fin de notre échange. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à découvrir tous les autres. Vous pouvez également noter le podcast sur votre plateforme d'écoute préférée. Et pour suivre l'aventure au quotidien, retrouvez-moi sur les réseaux sociaux et surtout sur Instagram où je suis très active. N'hésitez pas à vous abonner, liker, partager. C'est grâce à vous que ce projet prend forme et qu'il peut continuer à grandir. Et mesdames, si vous avez envie de raconter votre histoire, rejoignez-moi dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

C'est depuis ses montagnes pyrénéennes, à 1600m d'altitude, au pied des pistes de ski, que Charlotte prend la parole. Elle nous livre son témoignage de femme d'un éleveur de vaches à viande de race Gasconne, en agriculture biologique, et de porcs sur paille. Fille d'un militaire et d'une infirmière en Franche-Comté, elle a toujours été attirée par le monde agricole jusqu'à s'installer avec son conjoint. Après quelques années à travailler avec sa belle famille sur la ferme, elle revient sur son installation compliquée sur l'exploitation agricole, son échec, la dissociation vie professionnelle et vie personnelle et les leçons qu'elle en tire.


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“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture et la viticulture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture et viticulture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue au sein du podcast où s'amène quand on s'aime, celui qui donne la parole aux conjoints d'agriculteurs. Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en bio, en conventionnel, en raisonnée. Elles viennent de toute la France. Certaines sont tombées dans l'agriculture toute petite, d'autres la découvrent jour après jour. Elles jonglent entre la ferme, la famille, leur métier. et portent une force incroyable. Moi, c'est Marion. Et avec ce podcast, j'espère que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans leurs propos, trouveront des conseils, des échos à leur vie, prendront peut-être un peu de recul, trouveront du soutien ou simplement verront une mise en lumière de ce qui se vit, souvent dans l'ombre, au cœur des fermes. Ici, c'est de la good vibes, de la sororité, du partage et un vrai souffle de girl power en agriculture. Alors,

  • Speaker #1

    à votre avis, où ça mène quand on s'aime ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je reçois Charlotte. On vient tout juste de faire connaissance toutes les deux et je suis ravie de partager ce moment avec toi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est Charlotte, j'ai 30 ans. Je suis mariée avec un agriculteur dans les Pyrénées-Orientales, dans la montagne à Aïn. J'ai un enfant et un en cours, qui est prévu pour décembre.

  • Speaker #0

    Trop bien, félicitations.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Quel âge a ton premier enfant ?

  • Speaker #1

    Elle a 4 ans et demi.

  • Speaker #0

    Ok, trop chouette. Avant de parler un peu de toi plus en détail, est-ce que tu peux nous décrire un peu où tu vis ? Avec qui nous présenter un petit peu la ferme de ton mari ?

  • Speaker #1

    Je vis à Aisne, dans les Pyrénées-Orientales, donc dans le 66, qui est dans le sud-sud de la France. Et nous, en fait, on habite dans les montagnes, à 1600 mètres d'altitude, au pied des pistes de ski, clairement, parce qu'on est à 5 minutes de la station en voiture. Mon mari est en Gaïc avec ses parents depuis 2018. Ce sont des vaches à viande de race Gascogne, des porcs depuis qu'il est installé et un peu de céréales, mais pour la production des vaches. Les vaches sont en agriculture biologique.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et les porcs, non, par contre. Et ils sont sur air paillé.

  • Speaker #0

    D'accord, ça marche. Et donc, c'est une ferme depuis plusieurs générations dans la famille ?

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors, mon beau-père, en fait, s'est installé dans les années 80, il me semble. Et après, ma belle-mère a suivi en 99 avec du canard. À l'époque, elle faisait du canard gras.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    et Et avant ça, en fait, le père de mon beau-père faisait des brebis, mais sur une autre exploitation à Saint-Thomas, qui est un peu plus bas dans la vallée.

  • Speaker #0

    Ok, ça marche. Et alors maintenant qu'on voit un peu mieux le décor, on va parler un peu plus de toi. D'où viens-tu initialement et est-ce que tu as grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis née en Franche-Comté, à Besançon, donc rien à voir avec le Sud. Ah, d'accord. Ouais,

  • Speaker #0

    clairement.

  • Speaker #1

    Mon papa était militaire et maintenant, il a son compte pour... faire des travaux chez les gens. Et ma mère était infirmière. Et elle s'est aussi reconvertie parce qu'elle ne pouvait plus faire son travail. Donc, pas du tout dans le milieu agricole. Mais je ne sais pas pourquoi, depuis que je suis toute petite, les animaux, la ferme m'ont toujours attirée. Ça a commencé surtout avec les chevaux. C'est comme ça que j'ai axé mes études après, par la suite.

  • Speaker #0

    Justement, tes études, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ton parcours professionnel ? Quelle formation et études tu as suivies ? Et dans quel objectif ?

  • Speaker #1

    Alors, Moi, j'ai fait un bac pro CGE à option production et valorisation des chevaux. Je l'ai fait dans la Drôme. Donc, j'ai eu mon bac. Après, je suis partie une année dans la Sarthe pour faire une année de production animale en BTS. Ça ne m'a pas du tout convenu parce que c'était très scientifique et les sciences, ce n'est pas trop pour moi. Donc, je me suis réorientée vers un BTS AXE dans la comptabilité agricole que j'ai faite par contre à l'ARAC dans l'Aude. Et c'est là que j'ai rencontré mon mari en fait.

  • Speaker #0

    Ok. Alors, comment est-ce que vous vous êtes rencontrés du coup ?

  • Speaker #1

    Eh ben, en fait, on a le même âge, sauf que moi, j'avais retapé une classe, donc je me retrouvais en première année. Et lui, il était en deuxième année, pareil, du même BTS que moi. La force des choses a fait qu'on était souvent ensemble et les axes traînaient souvent ensemble, première et deuxième année. Donc ça s'est fait tout naturellement, en fait.

  • Speaker #0

    Ok, on en parlera un petit peu plus tout à l'heure. Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui professionnellement ?

  • Speaker #1

    Je suis fonctionnaire, donc je travaille dans une mairie où je fais de la comptabilité.

  • Speaker #0

    Donc toujours dans le même domaine, mais plus trop dans l'agricole, alors.

  • Speaker #1

    C'est ça, je ne suis plus dans l'agricole depuis 2020.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu files un coup de main, un côté administratif sur l'exploitation, de par tes connaissances de comptabilité agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Non. En fait, avant, j'étais installée avec mon mari, on s'est installées ensemble sur l'exploitation. Et en 2020, j'ai arrêté l'activité parce que ça ne se passait pas très bien au niveau relationnel avec mes beaux-parents. Donc, pour bien séparer la vie perso de la vie pro, j'ai pris la décision de partir, ce qui était difficile mais une bonne chose, on va dire. Je ne m'occupe pas du tout de la partie. comptable de l'exploitation actuellement. J'aide sur les réseaux sociaux. Des fois, on me parle avec mon mari sur certaines choses qu'il pourrait faire par rapport au port, mais après sinon le reste, non.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est vraiment par rapport à tes beaux-parents parce que vous aviez mis en place des changements sur l'exploitation ou ?

  • Speaker #1

    Ben nous, on s'est installé On est en 2018 et en fait de base on avait décidé en fait de s'installer que tous les deux avec mon mari en gaec en faisant du port et il voulait faire un peu de vache, continuer les vaches gasconnes parce que c'est vraiment une passion pour lui à côté. Et en fait ce qui s'est passé c'est qu'on sentait que mes beaux-parents, surtout mon beau-père, voulaient vraiment que mon mari s'installe avec eux sur l'exploitation pour continuer ce qui avait été créé, ce qui est normal aussi. Mais ça a été... comment dire...

  • Speaker #0

    Un peu compliqué de faire un choix de ce positionnement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Puis à l'époque, franchement, on était jeunes. C'était compliqué. On voulait vraiment... Enfin, moi, surtout, je ne voulais pas, parce que je ne voulais pas qu'il y ait d'amalgame, pas faire de dispute ou quoi, parce que, bon, on m'a toujours dit, travailler en famille, c'est très compliqué. Je l'ai vu dans ma famille pour certains, pas dans l'agricole, mais pour d'autres entreprises. Donc, je sais que ça peut être compliqué de travailler en famille. Moi, je ne voulais pas. Et puis, à l'époque, j'étais jeune. J'avais la vingtaine. Et c'est vrai que c'est toujours plus facile de s'installer sur une exploitation qui tourne que de créer de tout à zéro. Donc finalement, on s'est installés. Après qu'ils aient réussi à nous convaincre avec eux, et on a commencé les ports en 2019. Donc ça a mis un an à peu près pour que les ports, entre guillemets, arrivent et commencent à être découpés sur l'exploitation. Parce qu'on fait la découpe et on fait la vente directe à la ferme. Et ça a été compliqué au début. prendre ma place parce que j'avais déjà travaillé sur l'exploitation de mes beaux-parents en tant que salarié mais c'était pas du tout pareil en fait. J'ai vu une différence entre le salariat et être associé on va dire. J'ai vu un changement de comportement on va dire. C'était différent.

  • Speaker #0

    C'était pas les mêmes attitudes peut-être pas les mêmes attentes c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est ça. Des petites réflexions qui au début nous paraissent anodines mais qui à force et sur le long terme sont assez lourdes et assez pénibles. On va dire. Ok, ouais, je comprends.

  • Speaker #0

    Et du coup, tu penses peut-être un jour revenir sur la ferme ou quand tes beaux-parents, par exemple, pendant leur retraite ou quelque chose, ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Oui, on en discute avec mon mari de temps en temps, même en déconnant, mais c'est vrai que moi, l'agricole, me manque énormément. C'était ma passion, honnêtement. Je préférais sauver mon couple et sauver ma vie de famille que de rester dans quelque chose où c'était... restez-vous à l'échec sur le long terme dans cette situation-là. Mais je sais qu'avec mon mari, ça se passe super bien quand on travaille ensemble. On développe pas mal de trucs, on sait ce qu'on a à faire chacun de notre côté. Donc je sais qu'à long terme, si mes beaux-parents après reprennent la retraite, oui, il y a des chances que je me réinstalle avec mon mari.

  • Speaker #0

    Et le fait d'avoir quitté l'exploitation, est-ce que tes relations avec tes beaux-parents ont repris leur cours ? Est-ce que vous avez réussi à séparer, comme tu disais, le pro du perso ? Est-ce que ça va mieux ?

  • Speaker #1

    Alors, au début, ça a été très compliqué parce qu'on ne sait pas du tout. De mon côté, ça a été... Moi, c'est tout ou rien, en fait. Donc, de mon côté, je ne voulais plus les voir. On habite dans le même village, pourtant. J'étais enceinte de ma fille. Je ne les ai pas vues pendant pratiquement toute ma grossesse. C'est mon mari qui allait leur annoncer qu'on allait avoir une fille. C'était une fille et pas un garçon. Moi, je ne voulais plus les voir parce que c'était très compliqué. J'avais beaucoup, beaucoup de rancœur. J'ai du mal à pardonner parce qu'il y a des choses qui ont été dites. Je n'oublie pas. Même aujourd'hui, je suis passée à autre chose. Maintenant, ça va mieux. Surtout quand je vois la relation qu'ils peuvent avoir avec ma fille. Donc, ça me rassure dans un sens. Mais je n'oublie pas.

  • Speaker #0

    Oui, tu avais besoin d'une coupure aussi. Puis, tu verras comment ça évoluera.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    OK. C'est super intéressant de discuter de ça. Merci. Je sais que ça ne doit pas être évident de revenir un peu là-dessus. Mais c'est hyper intéressant comme parcours. Merci beaucoup pour ça. Alors, j'aimerais maintenant qu'on parle un peu de votre vie à deux. Que représente le quotidien quand on vit avec un agriculteur ? Alors, tu nous parlais de votre rencontre. Quand tu as su qu'il était fils d'agriculteur et qu'il voulait reprendre l'exploitation, qu'est-ce que toi, tu as ressenti ?

  • Speaker #1

    Ça ne m'a pas fait... Ce n'est pas de mi-chaud ni froid, mais en étant dans ce milieu, pour mes études, je me doutais que j'allais rencontrer quand même des agriculteurs, entre guillemets. Donc, j'étais un peu préparée à ça.

  • Speaker #0

    Ok. Vous vivez là sur la ferme ou à côté ?

  • Speaker #1

    Non, on ne vit pas sur la ferme. C'est mes beaux-parents qui vivent sur la ferme. Et après, on a le bâtiment des vaches et des cochons qui est à l'extérieur du village. donc ça c'est bien Donc, c'est séparé. Et nous, on a notre maison à nous, vraiment, qu'on a achetée en 2019 dans le village, où on est tranquille et c'est vraiment chez nous. Donc, du coup, c'est vrai que c'est pratique, on va dire, pour séparer la vie pro et perso.

  • Speaker #0

    Ouais, donc ça, c'est vraiment un choix de votre part pour faire cette dissociation-là.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, oui. Sachant qu'on est à côté quand même des animaux, on est vraiment à côté. Donc, il n'y a pas de problème au niveau des trajets ou autre, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis de l'organisation avec l'élevage, quoi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    OK. Ça marche. Est-ce que toi, tu as toujours souhaité vivre à la campagne ? Est-ce que tu vivais à la campagne avant ? Et pour quelles raisons ?

  • Speaker #1

    Alors oui, moi, j'ai toujours vécu à la campagne, clairement, parce qu'on a beaucoup déménagé, vu que mon père était militaire. Et quand j'ai rencontré mon mari, j'habitais dans les Hautes-Alpes, dans un endroit qui était vraiment un peu perdu. Donc vraiment, j'avais l'habitude de la campagne. Et... Et ça ne m'a pas fait plus peur que ça de venir vivre ici. Alors par contre, petite anecdote, j'habitais en montagne et moi j'en avais marre de la neige, j'en avais marre de la montagne. Et j'étais là à dire à mes parents, je n'habiterai plus à la montagne. Je ne veux plus. Donc mes parents ont déménagé à Argelès-sur-Mer et moi j'ai fini à Eynes à 1600 mètres d'altitude à suivre mon mari. Avec de la neige l'hiver. Donc on va dire l'amour donne des ailes. Mais ouais, non.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous organisez pour garder un équilibre de couple dans le rythme avec la ferme ?

  • Speaker #1

    C'est un peu compliqué des fois, on ne va pas se mentir, parce qu'il y a des grosses périodes. Nous, on a regroupé les vélages sur l'hiver. Les vélages commencent de décembre et vont jusqu'à avril. Et après, on a toute la partie cochon. On ne fait pas naître, on achète, on engraisse. Ça prend un peu moins de temps, donc c'est pratique. Par contre, c'est toute l'année, parce que vu qu'on fait de la vente directe, les trois quarts des cochons sont vendus en vente directe. sont découpés à la ferme par mon mari, qui a passé un CAP bouché l'année dernière. Et tout est vendu à la ferme, donc il y a toute cette partie découpe, transformation. Pour le veau, c'est surtout l'été, du coup. Grosse période, l'été, on ne se voit pas trop, clairement. C'est la période où, en plus, il a les foins, donc il part le matin, il fait jour, il rentre, il fait nuit. Même ma fille, des fois, elle a un peu de mal. Mais bon, on arrive toujours à trouver des compromis, donc ça va. Mais là, par exemple, en ce moment, c'est une période entre guillemets calme. Dans ces périodes-là, on arrive à trouver du temps pour nous, on se fait des petits trucs. Même s'il bosse les week-ends, on se fait des sorties à l'après-midi ou à la matinée. On s'organise et l'avantage, vu qu'il est en guêque avec ses parents, c'est qu'ils sont trois. Donc, ils peuvent quand même gérer sur certains trucs. Ses parents s'occupent de certains trucs pendant que lui, il n'est pas là et inversement.

  • Speaker #0

    Ils arrivent à s'organiser pour se dégager du temps chacun.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et vous arrivez à partir du coup un peu en vacances avec ta fille ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Alors oui, on arrive souvent quand il a fini les foins, que la grosse période fin d'été, elle est passée. Donc la semaine souvent avant la rentrée scolaire, on se prend une semaine ensemble. Donc on va chez mes parents à la mer ou alors on se fait des week-ends ensemble. L'année dernière, on est parti en vacances carrément, vraiment une semaine à Rocamadour. Ça nous avait fait du bien. Alors on ne part pas tout le temps, mais on essaye quand même de se faire des trucs à trois. quoi.

  • Speaker #0

    Ok. Et le fait d'habiter sur une station de ski, vous en profitez un petit peu ?

  • Speaker #1

    Alors oui, l'hiver, ça nous arrive d'aller skier quand il y a de la neige. Parce que là, c'est compliqué, on va dire en ce moment. Les stations ont du mal à avoir de la neige, clairement. Surtout la station où on habite. Mais après, oui, non, franchement, on arrive à se dégager du temps. La petite, elle va au club de sport faire du ski. Puis même nous, si on veut se prendre l'après-midi ou une journée pour aller faire du ski, on est vraiment à côté. Donc, c'est trop facile pour nous, pour le coup.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Et alors, dans ces montagnes, est-ce que vous êtes bien entourée ? Est-ce que vous avez des amis, de la famille à côté ? Est-ce que tu te sens plutôt bien entourée ou parfois un peu seule et isolée ?

  • Speaker #1

    Alors, on va dire que ça dépend de mon mood. Ça dépend de la période, si c'est chargé ou pas. Non, après, globalement, on est bien entouré. Donc, malgré ce qui s'est passé avec mes beaux-parents, ils habitent dans mes villages. Donc, maintenant, ça se passe bien. Effectivement, c'est vrai que c'est un plus, c'est assez agréable, on va pas se mentir. Mes parents sont à 1h30 en voiture, donc c'est pareil, ils sont pas très loin. Et c'est vrai qu'au niveau des amis, on est bien entourés, que ce soit au niveau des personnes qui sont issues de l'agriculture et d'autres qui ne sont pas du tout issues de l'agriculture, mais qui y comprennent et qui nous écoutent aussi, et qui, quand on a besoin de parler, se décharger, sont là.

  • Speaker #0

    On en parle assez souvent, ça du fait d'avoir des amis qui ne sont pas spécialement du milieu. Ça fait aussi un peu de bien de parler d'autres choses, même si le fait de fréquenter des gens du milieu, ça peut être aussi un plus parce qu'ils comprennent notre quotidien, nos contraintes. Mais peut-être l'équilibre entre les deux fréquentations autour de nous peut faire du bien, je pense.

  • Speaker #1

    Clairement.

  • Speaker #0

    On va parler un peu de l'arrivée de ta fille. Comment est-ce que ça s'est passé d'accueillir un enfant avec un agriculteur ? Est-ce que ça est arrivé dans des périodes agricoles qui étaient compliquées ou plutôt calmes ? Comment est-ce que tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Alors, c'était particulier parce que le jour où j'ai appris que j'étais enceinte, c'est le jour où j'ai décidé d'arrêter sur l'exploitation. Il a fallu la phrase que mon mari me dise, mais ne reste pas pour moi, pour, comment dire, enfin, ne reste pas à cause de moi, fais ce que tu veux, moi, je ne t'en voudrais pas, je resterai. Alors, ça a été, je pense, le déclic pour moi. Et l'après-midi, j'apprenais que j'étais enceinte de ma fille. Donc, je me suis dit, peut-être qu'en fait, c'était écrit, je ne sais pas. Et ma fille est arrivée en avril, ma fille. donc c'était une période où c'était assez C'était la fin des vélages, on va dire, donc après période calme, mais qui s'est enchaînée sur l'été, où quand elle était toute petite, il était à fond, du coup, dans ce qu'on disait, la vente, la découpe et les foins.

  • Speaker #0

    Avec du recul, qu'est-ce qui, selon toi, chaque jour, te fait du bien dans cette vie-là, dans le fait de partager le quotidien avec un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est cool parce qu'en fait, ça fait partie de notre vie, même si des fois, c'est compliqué, mais il y a des avantages comme il y a des inconvénients. Les inconvénients, forcément, c'est quand on a des impératifs. comme dans tout travail. Mais les avantages, c'est que même s'il bosse, si je veux passer du temps avec lui et que moi, je ne travaille pas, je peux aller avec lui dans le tracteur, je peux passer du temps avec lui. Je peux être avec lui même s'il bosse. Donc, on passe du temps quand même ensemble.

  • Speaker #0

    On prend bien et on arrive aussi, nous, à s'adapter peut-être un peu plus aussi pour pouvoir partager des moments avec eux, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Typiquement, cet été, ils ne pouvaient pas forcément revenir manger le midi. Donc forcément, avec la petite, on préparait le pique-nique et puis on allait le rejoindre pour... pique-niquer dans les champs. Donc ça, c'est assez cool quand même. Et puis, la petite était super contente. C'était un peu une petite aventure pour elle. Et nous, on passe du temps en famille, donc c'est agréable.

  • Speaker #0

    Oui, ça permet de faire un peu les deux, de profiter en famille et en même temps, d'accepter ce rythme de travail assez dense, je comprends. Est-ce qu'il y a une fierté ou une satisfaction particulière, selon toi, à vivre à côté d'un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Ah oui, moi, je suis très, très fière de mon mari, de tout ce qu'il entreprend, de tout ce qu'il fait. Je l'admire beaucoup parce que... Il travaille beaucoup et il essaye d'être juste dans tout ce qu'il fait, dans sa production, dans ce qu'il fait. Franchement, je suis très, très fière de lui et je suis fière d'être avec lui, oui, effectivement, et de dire que c'est mon mari qui fait ça comme boulot. Enfin, je n'ai pas honte de dire que mon mari est agriculteur.

  • Speaker #0

    Et heureusement. Et je pense que c'est quelque chose qu'on partage toutes, ce sentiment de fierté, c'est ce qui fait tenir aussi, d'ailleurs, parfois.

  • Speaker #1

    C'est clair. Puis c'est un métier patient en plus, donc on ne peut pas trop le reprocher non plus. Puis on sait à quoi on s'engage quand on se met avec eux aussi.

  • Speaker #0

    Exactement, et d'ailleurs qu'est-ce que toi tu dirais à une femme qui commence une relation avec un agriculteur et qui se questionne sur tout ça sur des contraintes qu'elle aura sur des difficultés ou des joies et de comment est-ce qu'elle va articuler sa vie avec un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Alors moi je pense qu'il faut déjà mettre les choses à plat dès le début, en discuter au début de la relation en disant voilà, que lui dise ça risque de se passer comme ça et qu'elle sache à quoi s'attendre aussi parce que si elle n'est pas du milieu elle peut elle peut tomber de haut, on ne va pas se mentir sur certains points. Après, s'il y a de la communication, franchement, il n'y a pas de problème pour moi. Les efforts, après, se font des deux côtés. Donc, quand on aime une personne, on fait des concessions, que ce soit d'un côté ou de l'autre. Il faut vachement discuter. C'est surtout ça, moi, en fait. Je pense vraiment que c'est la clé, quoi. C'est la communication.

  • Speaker #0

    Tu parlais de surprises. Est-ce que, toi, il y a eu des choses sur lesquelles tu te projetais qui ne se sont pas passées comme prévues dans ta vie avec lui ou des surprises sur ses travaux, sur sa disposition ? que ce soit des bonnes ou mauvaises surprises, bien sûr.

  • Speaker #1

    Moi, quand j'ai fait des stages, j'ai toujours eu vu des agriculteurs qui arrivaient à s'organiser avec des services de remplacement, par exemple, pour partir en vacances. Au début, mon mari, vu qu'il n'est jamais parti en vacances avec ses parents quand il était jeune, donc chez lui, c'était compliqué de partir au début en vacances. C'est-à-dire que mon mari ne peut pas prendre des vacances s'il ne part pas. Rester à la maison, même pour le congé paternité, au début, quand ma fille est née, donc il avait le droit à 15 jours, même s'il était en congé paternité, il partait le matin. au vache. Donc au début, ça m'avait un peu surprise par rapport à ça, parce que j'étais, ah ouais, il a vraiment du mal à décrocher quand même. Mais justement, en discutant par rapport à ça, en disant, voilà, ce serait bien quand même que si on prend des vacances, on lâche vraiment prise. Et moi, après, j'ai compris que vraiment, s'il veut prendre des vacances, il faut qu'il parte. Donc, le compromis qu'on fait, c'est que quand on prend des vacances, on part, on reste pas, parce que sinon, c'est sûr qu'il va aller bosser. C'est une surprise, oui et non, entre guillemets, mais c'était le truc qui a été le plus... plus dur à mettre en place, on va dire.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant ce que tu dis, que ce besoin vienne de lui, tu vois, et pas spécialement de toi. C'est vrai que parfois, c'est des nanas qui disent, bon allez, on coupe de la ferme, on coupe de tout ça, et surtout celles qui vivent sur l'exploitation. Mais là, que ça vienne un peu de l'agriculteur de dire, moi, je veux couper de ma ferme, sinon je vais y retourner. Je trouve ça hyper intéressant comme point de vue, et puis on le comprend aussi, en fait.

  • Speaker #1

    Après, je pense aussi le fait que moi, enfin, ils s'entendent très bien aussi avec mes parents. Et le fait que ma famille ne soit pas du milieu agricole, peut-être aussi ça lui a ouvert les yeux sur certains points et en disant « Ah ben, ça se passe autrement comme chez les autres. »

  • Speaker #0

    Tu penses à quoi là comme point ?

  • Speaker #1

    Par exemple, sur le point de partir en vacances, passer du temps en famille, mais pas forcément que à la journée, parce que lui, forcément, quand il m'expliquait quand il passait du temps avec ses parents, c'était à la journée parce qu'ils n'avaient pas l'argent ou ils n'avaient pas le temps de partir en vacances. Ce qui est classique, on va dire, dans beaucoup d'exploitations, tout le monde ne peut pas se permettre de partir en vacances. Nous, on a cette chance, donc c'est cool. Donc lui, il part en vacances avec ses grands-parents. Il m'expliquait quand il était jeune avec sa sœur aussi. Et le fait, je pense, de discuter avec mes parents, de voir que ça se passe autrement chez les autres, il a envie d'autre chose aussi. Parce que sur certains points, il n'est pas du tout comme ses parents. Elle n'a pas du tout la même relation avec mes beaux-parents qu'avec mes parents. Mes parents, elle va partir en vacances une semaine chez eux. Parce que pour les voir, pour passer du temps aussi ensemble, et parce que mes parents aussi veulent l'apprendre. Elle est trop contente d'y aller, on part en week-end. Mais mes beaux-parents, elle les voit presque tous les jours. Et des fois, on rentre de l'école, elle me dit « Ah, je veux aller voir papi et mamie. » Et moi, je suis là « Oui, mais maman, elle est fatiguée. Elle aimerait rentrer aussi à la maison. » Alors des fois, mon mari, quand il va la chercher, il passe du temps ensemble. Clairement, hier, j'avais la réunion parents-profs de début d'année. Je l'ai déposée à la ferme. Mon mari était en découpe de cochons. Ils étaient en train de finir de mettre sous vide. Donc, elle était à l'atelier avec ma belle-mère et mon mari. Et après, quand elle a entendu mon beau-père arriver en tracteur, elle était trop contente. Elle est partie avec lui. Et ce qui est bien aussi, c'est que mon beau-père a appris à ralentir grâce à ma fille, je pense.

  • Speaker #0

    Ah ouais, c'est bien ça.

  • Speaker #1

    Ouais. Bon, après, il a eu des soucis de santé qui ont fait que ça lui a donné un coup et il a été obligé de ralentir, clairement. Mais je pense aussi que le fait de prendre le temps avec ma fille, ça lui fait du bien aussi. Parce que clairement, moi, je l'ai toujours connu. Il ne reste jamais à la maison, pareil comme mon mari, à faire des trucs à la maison alors qu'il pourrait avoir des travaux à faire chez lui. Non, il faut tout le temps qu'il soit sur la ferme, sur l'exploit, il y a toujours des trucs. à faire donc il fait et une fois moi j'étais pas dispo je bosse et centre de loisirs étaient fermés il fallait garder la petite mon mari à fond en découpe ma belle mère aussi c'est mon beau père qui l'a gardé était trop content de passer la journée avec elle quoi et même il n'avait pas envie de faire autre chose il était trop content de faire ça quoi et même à ma belle-mère aussi elle est contente elle est fière de l'avoir avec elle à la boutique enfin Moi, au début, j'avais du mal à la laisser parce que je ne voulais pas qu'on me reproche de laisser ma fille tout le temps qu'il la garde. Parce qu'il y avait un passif aussi, mais au fur et à mesure, j'ai vu que c'était un plaisir pour eux et que même ils étaient en demande de ça.

  • Speaker #0

    C'est pas évident non plus, je comprends. Parce qu'avec la proximité, toi, tu as aussi envie de demander des dépannages, mais tu ne veux pas que ce soit trop non plus. qui te disent, en fait, on n'est pas nounou. Ça, je comprends plus. Et j'ai toujours dit, vraiment, il faut que ce soit du plaisir. Je ne veux pas vous inonder.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, on a trouvé un petit équilibre, je pense. C'est quand ils ont envie, quand Charlie a envie aussi. Parce que, voilà, des fois, c'est elle qui en demande aussi d'aller voir ses grands-parents. Clairement, on ne pourrait pas l'en empêcher. On ne peut pas.

  • Speaker #0

    Surtout quand elle a ce luxe d'avoir ses grands-parents dans le village, forcément.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors elle, vraiment, on va dire qu'elle est la reine du pétrole, parce que c'est une enfant qui ne s'ennuie jamais, je pense. Elle est tout le temps à la ferme, elle est tout le temps dehors avec son père, avec son grand-père, ou sa grand-mère, ou avec moi, selon ce qu'on fait. Enfin, je pense qu'elle a une enfance qui n'est pas malheureuse du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Et qu'est-ce que toi, tu penses du fait d'élever tes enfants à la ferme ? Quel point positif ? et négatif parce que parfois il y en a aussi sur des aspects peut-être sécuritaires etc tu trouves à ça ?

  • Speaker #1

    Alors positif moi je la trouve hyper éveillée elle pose tout le temps plein plein de questions Et puis elle sait du coup plein de trucs Parce que forcément on lui explique Donc elle a déjà vu des vélages Donc c'est même elle qui expliquait l'année dernière A la maîtresse ce qu'était un vélage La différence entre une génie c'est une vache Un veau Alors que la maîtresse c'est des termes techniques Donc ils connaissent pas ce qui est normal Mais Charlie 3 ans et demi C'est elle qui expliquait ça à la maîtresse Donc c'était assez marrant quand il nous l'expliquait Et elle est tout le temps en train de De demander, d'apprendre Elle est hyper motivée Merci. C'est une petite qui a fait la Vallée d'Aisne, qui est une randonnée de deux heures pour monter les vaches en estive à plus de 2000 mètres d'altitude. Elle l'a fait en marchant. Elle m'impressionne, cette petite. Franchement, je pense que ça leur fait du bien. Ils sont à l'air. Ils sont super bien.

  • Speaker #0

    Je comprends. Trop bien. C'est une super conclusion à cet échange. Merci beaucoup, Charlotte, pour ton temps.

  • Speaker #1

    Merci à toi pour cette interview.

  • Speaker #0

    C'est la fin de notre échange. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à découvrir tous les autres. Vous pouvez également noter le podcast sur votre plateforme d'écoute préférée. Et pour suivre l'aventure au quotidien, retrouvez-moi sur les réseaux sociaux et surtout sur Instagram où je suis très active. N'hésitez pas à vous abonner, liker, partager. C'est grâce à vous que ce projet prend forme et qu'il peut continuer à grandir. Et mesdames, si vous avez envie de raconter votre histoire, rejoignez-moi dans un prochain épisode. A bientôt !

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Description

C'est depuis ses montagnes pyrénéennes, à 1600m d'altitude, au pied des pistes de ski, que Charlotte prend la parole. Elle nous livre son témoignage de femme d'un éleveur de vaches à viande de race Gasconne, en agriculture biologique, et de porcs sur paille. Fille d'un militaire et d'une infirmière en Franche-Comté, elle a toujours été attirée par le monde agricole jusqu'à s'installer avec son conjoint. Après quelques années à travailler avec sa belle famille sur la ferme, elle revient sur son installation compliquée sur l'exploitation agricole, son échec, la dissociation vie professionnelle et vie personnelle et les leçons qu'elle en tire.


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“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture et la viticulture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture et viticulture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue au sein du podcast où s'amène quand on s'aime, celui qui donne la parole aux conjoints d'agriculteurs. Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en bio, en conventionnel, en raisonnée. Elles viennent de toute la France. Certaines sont tombées dans l'agriculture toute petite, d'autres la découvrent jour après jour. Elles jonglent entre la ferme, la famille, leur métier. et portent une force incroyable. Moi, c'est Marion. Et avec ce podcast, j'espère que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans leurs propos, trouveront des conseils, des échos à leur vie, prendront peut-être un peu de recul, trouveront du soutien ou simplement verront une mise en lumière de ce qui se vit, souvent dans l'ombre, au cœur des fermes. Ici, c'est de la good vibes, de la sororité, du partage et un vrai souffle de girl power en agriculture. Alors,

  • Speaker #1

    à votre avis, où ça mène quand on s'aime ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je reçois Charlotte. On vient tout juste de faire connaissance toutes les deux et je suis ravie de partager ce moment avec toi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est Charlotte, j'ai 30 ans. Je suis mariée avec un agriculteur dans les Pyrénées-Orientales, dans la montagne à Aïn. J'ai un enfant et un en cours, qui est prévu pour décembre.

  • Speaker #0

    Trop bien, félicitations.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Quel âge a ton premier enfant ?

  • Speaker #1

    Elle a 4 ans et demi.

  • Speaker #0

    Ok, trop chouette. Avant de parler un peu de toi plus en détail, est-ce que tu peux nous décrire un peu où tu vis ? Avec qui nous présenter un petit peu la ferme de ton mari ?

  • Speaker #1

    Je vis à Aisne, dans les Pyrénées-Orientales, donc dans le 66, qui est dans le sud-sud de la France. Et nous, en fait, on habite dans les montagnes, à 1600 mètres d'altitude, au pied des pistes de ski, clairement, parce qu'on est à 5 minutes de la station en voiture. Mon mari est en Gaïc avec ses parents depuis 2018. Ce sont des vaches à viande de race Gascogne, des porcs depuis qu'il est installé et un peu de céréales, mais pour la production des vaches. Les vaches sont en agriculture biologique.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et les porcs, non, par contre. Et ils sont sur air paillé.

  • Speaker #0

    D'accord, ça marche. Et donc, c'est une ferme depuis plusieurs générations dans la famille ?

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors, mon beau-père, en fait, s'est installé dans les années 80, il me semble. Et après, ma belle-mère a suivi en 99 avec du canard. À l'époque, elle faisait du canard gras.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    et Et avant ça, en fait, le père de mon beau-père faisait des brebis, mais sur une autre exploitation à Saint-Thomas, qui est un peu plus bas dans la vallée.

  • Speaker #0

    Ok, ça marche. Et alors maintenant qu'on voit un peu mieux le décor, on va parler un peu plus de toi. D'où viens-tu initialement et est-ce que tu as grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis née en Franche-Comté, à Besançon, donc rien à voir avec le Sud. Ah, d'accord. Ouais,

  • Speaker #0

    clairement.

  • Speaker #1

    Mon papa était militaire et maintenant, il a son compte pour... faire des travaux chez les gens. Et ma mère était infirmière. Et elle s'est aussi reconvertie parce qu'elle ne pouvait plus faire son travail. Donc, pas du tout dans le milieu agricole. Mais je ne sais pas pourquoi, depuis que je suis toute petite, les animaux, la ferme m'ont toujours attirée. Ça a commencé surtout avec les chevaux. C'est comme ça que j'ai axé mes études après, par la suite.

  • Speaker #0

    Justement, tes études, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ton parcours professionnel ? Quelle formation et études tu as suivies ? Et dans quel objectif ?

  • Speaker #1

    Alors, Moi, j'ai fait un bac pro CGE à option production et valorisation des chevaux. Je l'ai fait dans la Drôme. Donc, j'ai eu mon bac. Après, je suis partie une année dans la Sarthe pour faire une année de production animale en BTS. Ça ne m'a pas du tout convenu parce que c'était très scientifique et les sciences, ce n'est pas trop pour moi. Donc, je me suis réorientée vers un BTS AXE dans la comptabilité agricole que j'ai faite par contre à l'ARAC dans l'Aude. Et c'est là que j'ai rencontré mon mari en fait.

  • Speaker #0

    Ok. Alors, comment est-ce que vous vous êtes rencontrés du coup ?

  • Speaker #1

    Eh ben, en fait, on a le même âge, sauf que moi, j'avais retapé une classe, donc je me retrouvais en première année. Et lui, il était en deuxième année, pareil, du même BTS que moi. La force des choses a fait qu'on était souvent ensemble et les axes traînaient souvent ensemble, première et deuxième année. Donc ça s'est fait tout naturellement, en fait.

  • Speaker #0

    Ok, on en parlera un petit peu plus tout à l'heure. Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui professionnellement ?

  • Speaker #1

    Je suis fonctionnaire, donc je travaille dans une mairie où je fais de la comptabilité.

  • Speaker #0

    Donc toujours dans le même domaine, mais plus trop dans l'agricole, alors.

  • Speaker #1

    C'est ça, je ne suis plus dans l'agricole depuis 2020.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu files un coup de main, un côté administratif sur l'exploitation, de par tes connaissances de comptabilité agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Non. En fait, avant, j'étais installée avec mon mari, on s'est installées ensemble sur l'exploitation. Et en 2020, j'ai arrêté l'activité parce que ça ne se passait pas très bien au niveau relationnel avec mes beaux-parents. Donc, pour bien séparer la vie perso de la vie pro, j'ai pris la décision de partir, ce qui était difficile mais une bonne chose, on va dire. Je ne m'occupe pas du tout de la partie. comptable de l'exploitation actuellement. J'aide sur les réseaux sociaux. Des fois, on me parle avec mon mari sur certaines choses qu'il pourrait faire par rapport au port, mais après sinon le reste, non.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est vraiment par rapport à tes beaux-parents parce que vous aviez mis en place des changements sur l'exploitation ou ?

  • Speaker #1

    Ben nous, on s'est installé On est en 2018 et en fait de base on avait décidé en fait de s'installer que tous les deux avec mon mari en gaec en faisant du port et il voulait faire un peu de vache, continuer les vaches gasconnes parce que c'est vraiment une passion pour lui à côté. Et en fait ce qui s'est passé c'est qu'on sentait que mes beaux-parents, surtout mon beau-père, voulaient vraiment que mon mari s'installe avec eux sur l'exploitation pour continuer ce qui avait été créé, ce qui est normal aussi. Mais ça a été... comment dire...

  • Speaker #0

    Un peu compliqué de faire un choix de ce positionnement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Puis à l'époque, franchement, on était jeunes. C'était compliqué. On voulait vraiment... Enfin, moi, surtout, je ne voulais pas, parce que je ne voulais pas qu'il y ait d'amalgame, pas faire de dispute ou quoi, parce que, bon, on m'a toujours dit, travailler en famille, c'est très compliqué. Je l'ai vu dans ma famille pour certains, pas dans l'agricole, mais pour d'autres entreprises. Donc, je sais que ça peut être compliqué de travailler en famille. Moi, je ne voulais pas. Et puis, à l'époque, j'étais jeune. J'avais la vingtaine. Et c'est vrai que c'est toujours plus facile de s'installer sur une exploitation qui tourne que de créer de tout à zéro. Donc finalement, on s'est installés. Après qu'ils aient réussi à nous convaincre avec eux, et on a commencé les ports en 2019. Donc ça a mis un an à peu près pour que les ports, entre guillemets, arrivent et commencent à être découpés sur l'exploitation. Parce qu'on fait la découpe et on fait la vente directe à la ferme. Et ça a été compliqué au début. prendre ma place parce que j'avais déjà travaillé sur l'exploitation de mes beaux-parents en tant que salarié mais c'était pas du tout pareil en fait. J'ai vu une différence entre le salariat et être associé on va dire. J'ai vu un changement de comportement on va dire. C'était différent.

  • Speaker #0

    C'était pas les mêmes attitudes peut-être pas les mêmes attentes c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est ça. Des petites réflexions qui au début nous paraissent anodines mais qui à force et sur le long terme sont assez lourdes et assez pénibles. On va dire. Ok, ouais, je comprends.

  • Speaker #0

    Et du coup, tu penses peut-être un jour revenir sur la ferme ou quand tes beaux-parents, par exemple, pendant leur retraite ou quelque chose, ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Oui, on en discute avec mon mari de temps en temps, même en déconnant, mais c'est vrai que moi, l'agricole, me manque énormément. C'était ma passion, honnêtement. Je préférais sauver mon couple et sauver ma vie de famille que de rester dans quelque chose où c'était... restez-vous à l'échec sur le long terme dans cette situation-là. Mais je sais qu'avec mon mari, ça se passe super bien quand on travaille ensemble. On développe pas mal de trucs, on sait ce qu'on a à faire chacun de notre côté. Donc je sais qu'à long terme, si mes beaux-parents après reprennent la retraite, oui, il y a des chances que je me réinstalle avec mon mari.

  • Speaker #0

    Et le fait d'avoir quitté l'exploitation, est-ce que tes relations avec tes beaux-parents ont repris leur cours ? Est-ce que vous avez réussi à séparer, comme tu disais, le pro du perso ? Est-ce que ça va mieux ?

  • Speaker #1

    Alors, au début, ça a été très compliqué parce qu'on ne sait pas du tout. De mon côté, ça a été... Moi, c'est tout ou rien, en fait. Donc, de mon côté, je ne voulais plus les voir. On habite dans le même village, pourtant. J'étais enceinte de ma fille. Je ne les ai pas vues pendant pratiquement toute ma grossesse. C'est mon mari qui allait leur annoncer qu'on allait avoir une fille. C'était une fille et pas un garçon. Moi, je ne voulais plus les voir parce que c'était très compliqué. J'avais beaucoup, beaucoup de rancœur. J'ai du mal à pardonner parce qu'il y a des choses qui ont été dites. Je n'oublie pas. Même aujourd'hui, je suis passée à autre chose. Maintenant, ça va mieux. Surtout quand je vois la relation qu'ils peuvent avoir avec ma fille. Donc, ça me rassure dans un sens. Mais je n'oublie pas.

  • Speaker #0

    Oui, tu avais besoin d'une coupure aussi. Puis, tu verras comment ça évoluera.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    OK. C'est super intéressant de discuter de ça. Merci. Je sais que ça ne doit pas être évident de revenir un peu là-dessus. Mais c'est hyper intéressant comme parcours. Merci beaucoup pour ça. Alors, j'aimerais maintenant qu'on parle un peu de votre vie à deux. Que représente le quotidien quand on vit avec un agriculteur ? Alors, tu nous parlais de votre rencontre. Quand tu as su qu'il était fils d'agriculteur et qu'il voulait reprendre l'exploitation, qu'est-ce que toi, tu as ressenti ?

  • Speaker #1

    Ça ne m'a pas fait... Ce n'est pas de mi-chaud ni froid, mais en étant dans ce milieu, pour mes études, je me doutais que j'allais rencontrer quand même des agriculteurs, entre guillemets. Donc, j'étais un peu préparée à ça.

  • Speaker #0

    Ok. Vous vivez là sur la ferme ou à côté ?

  • Speaker #1

    Non, on ne vit pas sur la ferme. C'est mes beaux-parents qui vivent sur la ferme. Et après, on a le bâtiment des vaches et des cochons qui est à l'extérieur du village. donc ça c'est bien Donc, c'est séparé. Et nous, on a notre maison à nous, vraiment, qu'on a achetée en 2019 dans le village, où on est tranquille et c'est vraiment chez nous. Donc, du coup, c'est vrai que c'est pratique, on va dire, pour séparer la vie pro et perso.

  • Speaker #0

    Ouais, donc ça, c'est vraiment un choix de votre part pour faire cette dissociation-là.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, oui. Sachant qu'on est à côté quand même des animaux, on est vraiment à côté. Donc, il n'y a pas de problème au niveau des trajets ou autre, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis de l'organisation avec l'élevage, quoi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    OK. Ça marche. Est-ce que toi, tu as toujours souhaité vivre à la campagne ? Est-ce que tu vivais à la campagne avant ? Et pour quelles raisons ?

  • Speaker #1

    Alors oui, moi, j'ai toujours vécu à la campagne, clairement, parce qu'on a beaucoup déménagé, vu que mon père était militaire. Et quand j'ai rencontré mon mari, j'habitais dans les Hautes-Alpes, dans un endroit qui était vraiment un peu perdu. Donc vraiment, j'avais l'habitude de la campagne. Et... Et ça ne m'a pas fait plus peur que ça de venir vivre ici. Alors par contre, petite anecdote, j'habitais en montagne et moi j'en avais marre de la neige, j'en avais marre de la montagne. Et j'étais là à dire à mes parents, je n'habiterai plus à la montagne. Je ne veux plus. Donc mes parents ont déménagé à Argelès-sur-Mer et moi j'ai fini à Eynes à 1600 mètres d'altitude à suivre mon mari. Avec de la neige l'hiver. Donc on va dire l'amour donne des ailes. Mais ouais, non.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous organisez pour garder un équilibre de couple dans le rythme avec la ferme ?

  • Speaker #1

    C'est un peu compliqué des fois, on ne va pas se mentir, parce qu'il y a des grosses périodes. Nous, on a regroupé les vélages sur l'hiver. Les vélages commencent de décembre et vont jusqu'à avril. Et après, on a toute la partie cochon. On ne fait pas naître, on achète, on engraisse. Ça prend un peu moins de temps, donc c'est pratique. Par contre, c'est toute l'année, parce que vu qu'on fait de la vente directe, les trois quarts des cochons sont vendus en vente directe. sont découpés à la ferme par mon mari, qui a passé un CAP bouché l'année dernière. Et tout est vendu à la ferme, donc il y a toute cette partie découpe, transformation. Pour le veau, c'est surtout l'été, du coup. Grosse période, l'été, on ne se voit pas trop, clairement. C'est la période où, en plus, il a les foins, donc il part le matin, il fait jour, il rentre, il fait nuit. Même ma fille, des fois, elle a un peu de mal. Mais bon, on arrive toujours à trouver des compromis, donc ça va. Mais là, par exemple, en ce moment, c'est une période entre guillemets calme. Dans ces périodes-là, on arrive à trouver du temps pour nous, on se fait des petits trucs. Même s'il bosse les week-ends, on se fait des sorties à l'après-midi ou à la matinée. On s'organise et l'avantage, vu qu'il est en guêque avec ses parents, c'est qu'ils sont trois. Donc, ils peuvent quand même gérer sur certains trucs. Ses parents s'occupent de certains trucs pendant que lui, il n'est pas là et inversement.

  • Speaker #0

    Ils arrivent à s'organiser pour se dégager du temps chacun.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et vous arrivez à partir du coup un peu en vacances avec ta fille ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Alors oui, on arrive souvent quand il a fini les foins, que la grosse période fin d'été, elle est passée. Donc la semaine souvent avant la rentrée scolaire, on se prend une semaine ensemble. Donc on va chez mes parents à la mer ou alors on se fait des week-ends ensemble. L'année dernière, on est parti en vacances carrément, vraiment une semaine à Rocamadour. Ça nous avait fait du bien. Alors on ne part pas tout le temps, mais on essaye quand même de se faire des trucs à trois. quoi.

  • Speaker #0

    Ok. Et le fait d'habiter sur une station de ski, vous en profitez un petit peu ?

  • Speaker #1

    Alors oui, l'hiver, ça nous arrive d'aller skier quand il y a de la neige. Parce que là, c'est compliqué, on va dire en ce moment. Les stations ont du mal à avoir de la neige, clairement. Surtout la station où on habite. Mais après, oui, non, franchement, on arrive à se dégager du temps. La petite, elle va au club de sport faire du ski. Puis même nous, si on veut se prendre l'après-midi ou une journée pour aller faire du ski, on est vraiment à côté. Donc, c'est trop facile pour nous, pour le coup.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Et alors, dans ces montagnes, est-ce que vous êtes bien entourée ? Est-ce que vous avez des amis, de la famille à côté ? Est-ce que tu te sens plutôt bien entourée ou parfois un peu seule et isolée ?

  • Speaker #1

    Alors, on va dire que ça dépend de mon mood. Ça dépend de la période, si c'est chargé ou pas. Non, après, globalement, on est bien entouré. Donc, malgré ce qui s'est passé avec mes beaux-parents, ils habitent dans mes villages. Donc, maintenant, ça se passe bien. Effectivement, c'est vrai que c'est un plus, c'est assez agréable, on va pas se mentir. Mes parents sont à 1h30 en voiture, donc c'est pareil, ils sont pas très loin. Et c'est vrai qu'au niveau des amis, on est bien entourés, que ce soit au niveau des personnes qui sont issues de l'agriculture et d'autres qui ne sont pas du tout issues de l'agriculture, mais qui y comprennent et qui nous écoutent aussi, et qui, quand on a besoin de parler, se décharger, sont là.

  • Speaker #0

    On en parle assez souvent, ça du fait d'avoir des amis qui ne sont pas spécialement du milieu. Ça fait aussi un peu de bien de parler d'autres choses, même si le fait de fréquenter des gens du milieu, ça peut être aussi un plus parce qu'ils comprennent notre quotidien, nos contraintes. Mais peut-être l'équilibre entre les deux fréquentations autour de nous peut faire du bien, je pense.

  • Speaker #1

    Clairement.

  • Speaker #0

    On va parler un peu de l'arrivée de ta fille. Comment est-ce que ça s'est passé d'accueillir un enfant avec un agriculteur ? Est-ce que ça est arrivé dans des périodes agricoles qui étaient compliquées ou plutôt calmes ? Comment est-ce que tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Alors, c'était particulier parce que le jour où j'ai appris que j'étais enceinte, c'est le jour où j'ai décidé d'arrêter sur l'exploitation. Il a fallu la phrase que mon mari me dise, mais ne reste pas pour moi, pour, comment dire, enfin, ne reste pas à cause de moi, fais ce que tu veux, moi, je ne t'en voudrais pas, je resterai. Alors, ça a été, je pense, le déclic pour moi. Et l'après-midi, j'apprenais que j'étais enceinte de ma fille. Donc, je me suis dit, peut-être qu'en fait, c'était écrit, je ne sais pas. Et ma fille est arrivée en avril, ma fille. donc c'était une période où c'était assez C'était la fin des vélages, on va dire, donc après période calme, mais qui s'est enchaînée sur l'été, où quand elle était toute petite, il était à fond, du coup, dans ce qu'on disait, la vente, la découpe et les foins.

  • Speaker #0

    Avec du recul, qu'est-ce qui, selon toi, chaque jour, te fait du bien dans cette vie-là, dans le fait de partager le quotidien avec un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est cool parce qu'en fait, ça fait partie de notre vie, même si des fois, c'est compliqué, mais il y a des avantages comme il y a des inconvénients. Les inconvénients, forcément, c'est quand on a des impératifs. comme dans tout travail. Mais les avantages, c'est que même s'il bosse, si je veux passer du temps avec lui et que moi, je ne travaille pas, je peux aller avec lui dans le tracteur, je peux passer du temps avec lui. Je peux être avec lui même s'il bosse. Donc, on passe du temps quand même ensemble.

  • Speaker #0

    On prend bien et on arrive aussi, nous, à s'adapter peut-être un peu plus aussi pour pouvoir partager des moments avec eux, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Typiquement, cet été, ils ne pouvaient pas forcément revenir manger le midi. Donc forcément, avec la petite, on préparait le pique-nique et puis on allait le rejoindre pour... pique-niquer dans les champs. Donc ça, c'est assez cool quand même. Et puis, la petite était super contente. C'était un peu une petite aventure pour elle. Et nous, on passe du temps en famille, donc c'est agréable.

  • Speaker #0

    Oui, ça permet de faire un peu les deux, de profiter en famille et en même temps, d'accepter ce rythme de travail assez dense, je comprends. Est-ce qu'il y a une fierté ou une satisfaction particulière, selon toi, à vivre à côté d'un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Ah oui, moi, je suis très, très fière de mon mari, de tout ce qu'il entreprend, de tout ce qu'il fait. Je l'admire beaucoup parce que... Il travaille beaucoup et il essaye d'être juste dans tout ce qu'il fait, dans sa production, dans ce qu'il fait. Franchement, je suis très, très fière de lui et je suis fière d'être avec lui, oui, effectivement, et de dire que c'est mon mari qui fait ça comme boulot. Enfin, je n'ai pas honte de dire que mon mari est agriculteur.

  • Speaker #0

    Et heureusement. Et je pense que c'est quelque chose qu'on partage toutes, ce sentiment de fierté, c'est ce qui fait tenir aussi, d'ailleurs, parfois.

  • Speaker #1

    C'est clair. Puis c'est un métier patient en plus, donc on ne peut pas trop le reprocher non plus. Puis on sait à quoi on s'engage quand on se met avec eux aussi.

  • Speaker #0

    Exactement, et d'ailleurs qu'est-ce que toi tu dirais à une femme qui commence une relation avec un agriculteur et qui se questionne sur tout ça sur des contraintes qu'elle aura sur des difficultés ou des joies et de comment est-ce qu'elle va articuler sa vie avec un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Alors moi je pense qu'il faut déjà mettre les choses à plat dès le début, en discuter au début de la relation en disant voilà, que lui dise ça risque de se passer comme ça et qu'elle sache à quoi s'attendre aussi parce que si elle n'est pas du milieu elle peut elle peut tomber de haut, on ne va pas se mentir sur certains points. Après, s'il y a de la communication, franchement, il n'y a pas de problème pour moi. Les efforts, après, se font des deux côtés. Donc, quand on aime une personne, on fait des concessions, que ce soit d'un côté ou de l'autre. Il faut vachement discuter. C'est surtout ça, moi, en fait. Je pense vraiment que c'est la clé, quoi. C'est la communication.

  • Speaker #0

    Tu parlais de surprises. Est-ce que, toi, il y a eu des choses sur lesquelles tu te projetais qui ne se sont pas passées comme prévues dans ta vie avec lui ou des surprises sur ses travaux, sur sa disposition ? que ce soit des bonnes ou mauvaises surprises, bien sûr.

  • Speaker #1

    Moi, quand j'ai fait des stages, j'ai toujours eu vu des agriculteurs qui arrivaient à s'organiser avec des services de remplacement, par exemple, pour partir en vacances. Au début, mon mari, vu qu'il n'est jamais parti en vacances avec ses parents quand il était jeune, donc chez lui, c'était compliqué de partir au début en vacances. C'est-à-dire que mon mari ne peut pas prendre des vacances s'il ne part pas. Rester à la maison, même pour le congé paternité, au début, quand ma fille est née, donc il avait le droit à 15 jours, même s'il était en congé paternité, il partait le matin. au vache. Donc au début, ça m'avait un peu surprise par rapport à ça, parce que j'étais, ah ouais, il a vraiment du mal à décrocher quand même. Mais justement, en discutant par rapport à ça, en disant, voilà, ce serait bien quand même que si on prend des vacances, on lâche vraiment prise. Et moi, après, j'ai compris que vraiment, s'il veut prendre des vacances, il faut qu'il parte. Donc, le compromis qu'on fait, c'est que quand on prend des vacances, on part, on reste pas, parce que sinon, c'est sûr qu'il va aller bosser. C'est une surprise, oui et non, entre guillemets, mais c'était le truc qui a été le plus... plus dur à mettre en place, on va dire.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant ce que tu dis, que ce besoin vienne de lui, tu vois, et pas spécialement de toi. C'est vrai que parfois, c'est des nanas qui disent, bon allez, on coupe de la ferme, on coupe de tout ça, et surtout celles qui vivent sur l'exploitation. Mais là, que ça vienne un peu de l'agriculteur de dire, moi, je veux couper de ma ferme, sinon je vais y retourner. Je trouve ça hyper intéressant comme point de vue, et puis on le comprend aussi, en fait.

  • Speaker #1

    Après, je pense aussi le fait que moi, enfin, ils s'entendent très bien aussi avec mes parents. Et le fait que ma famille ne soit pas du milieu agricole, peut-être aussi ça lui a ouvert les yeux sur certains points et en disant « Ah ben, ça se passe autrement comme chez les autres. »

  • Speaker #0

    Tu penses à quoi là comme point ?

  • Speaker #1

    Par exemple, sur le point de partir en vacances, passer du temps en famille, mais pas forcément que à la journée, parce que lui, forcément, quand il m'expliquait quand il passait du temps avec ses parents, c'était à la journée parce qu'ils n'avaient pas l'argent ou ils n'avaient pas le temps de partir en vacances. Ce qui est classique, on va dire, dans beaucoup d'exploitations, tout le monde ne peut pas se permettre de partir en vacances. Nous, on a cette chance, donc c'est cool. Donc lui, il part en vacances avec ses grands-parents. Il m'expliquait quand il était jeune avec sa sœur aussi. Et le fait, je pense, de discuter avec mes parents, de voir que ça se passe autrement chez les autres, il a envie d'autre chose aussi. Parce que sur certains points, il n'est pas du tout comme ses parents. Elle n'a pas du tout la même relation avec mes beaux-parents qu'avec mes parents. Mes parents, elle va partir en vacances une semaine chez eux. Parce que pour les voir, pour passer du temps aussi ensemble, et parce que mes parents aussi veulent l'apprendre. Elle est trop contente d'y aller, on part en week-end. Mais mes beaux-parents, elle les voit presque tous les jours. Et des fois, on rentre de l'école, elle me dit « Ah, je veux aller voir papi et mamie. » Et moi, je suis là « Oui, mais maman, elle est fatiguée. Elle aimerait rentrer aussi à la maison. » Alors des fois, mon mari, quand il va la chercher, il passe du temps ensemble. Clairement, hier, j'avais la réunion parents-profs de début d'année. Je l'ai déposée à la ferme. Mon mari était en découpe de cochons. Ils étaient en train de finir de mettre sous vide. Donc, elle était à l'atelier avec ma belle-mère et mon mari. Et après, quand elle a entendu mon beau-père arriver en tracteur, elle était trop contente. Elle est partie avec lui. Et ce qui est bien aussi, c'est que mon beau-père a appris à ralentir grâce à ma fille, je pense.

  • Speaker #0

    Ah ouais, c'est bien ça.

  • Speaker #1

    Ouais. Bon, après, il a eu des soucis de santé qui ont fait que ça lui a donné un coup et il a été obligé de ralentir, clairement. Mais je pense aussi que le fait de prendre le temps avec ma fille, ça lui fait du bien aussi. Parce que clairement, moi, je l'ai toujours connu. Il ne reste jamais à la maison, pareil comme mon mari, à faire des trucs à la maison alors qu'il pourrait avoir des travaux à faire chez lui. Non, il faut tout le temps qu'il soit sur la ferme, sur l'exploit, il y a toujours des trucs. à faire donc il fait et une fois moi j'étais pas dispo je bosse et centre de loisirs étaient fermés il fallait garder la petite mon mari à fond en découpe ma belle mère aussi c'est mon beau père qui l'a gardé était trop content de passer la journée avec elle quoi et même il n'avait pas envie de faire autre chose il était trop content de faire ça quoi et même à ma belle-mère aussi elle est contente elle est fière de l'avoir avec elle à la boutique enfin Moi, au début, j'avais du mal à la laisser parce que je ne voulais pas qu'on me reproche de laisser ma fille tout le temps qu'il la garde. Parce qu'il y avait un passif aussi, mais au fur et à mesure, j'ai vu que c'était un plaisir pour eux et que même ils étaient en demande de ça.

  • Speaker #0

    C'est pas évident non plus, je comprends. Parce qu'avec la proximité, toi, tu as aussi envie de demander des dépannages, mais tu ne veux pas que ce soit trop non plus. qui te disent, en fait, on n'est pas nounou. Ça, je comprends plus. Et j'ai toujours dit, vraiment, il faut que ce soit du plaisir. Je ne veux pas vous inonder.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, on a trouvé un petit équilibre, je pense. C'est quand ils ont envie, quand Charlie a envie aussi. Parce que, voilà, des fois, c'est elle qui en demande aussi d'aller voir ses grands-parents. Clairement, on ne pourrait pas l'en empêcher. On ne peut pas.

  • Speaker #0

    Surtout quand elle a ce luxe d'avoir ses grands-parents dans le village, forcément.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors elle, vraiment, on va dire qu'elle est la reine du pétrole, parce que c'est une enfant qui ne s'ennuie jamais, je pense. Elle est tout le temps à la ferme, elle est tout le temps dehors avec son père, avec son grand-père, ou sa grand-mère, ou avec moi, selon ce qu'on fait. Enfin, je pense qu'elle a une enfance qui n'est pas malheureuse du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Et qu'est-ce que toi, tu penses du fait d'élever tes enfants à la ferme ? Quel point positif ? et négatif parce que parfois il y en a aussi sur des aspects peut-être sécuritaires etc tu trouves à ça ?

  • Speaker #1

    Alors positif moi je la trouve hyper éveillée elle pose tout le temps plein plein de questions Et puis elle sait du coup plein de trucs Parce que forcément on lui explique Donc elle a déjà vu des vélages Donc c'est même elle qui expliquait l'année dernière A la maîtresse ce qu'était un vélage La différence entre une génie c'est une vache Un veau Alors que la maîtresse c'est des termes techniques Donc ils connaissent pas ce qui est normal Mais Charlie 3 ans et demi C'est elle qui expliquait ça à la maîtresse Donc c'était assez marrant quand il nous l'expliquait Et elle est tout le temps en train de De demander, d'apprendre Elle est hyper motivée Merci. C'est une petite qui a fait la Vallée d'Aisne, qui est une randonnée de deux heures pour monter les vaches en estive à plus de 2000 mètres d'altitude. Elle l'a fait en marchant. Elle m'impressionne, cette petite. Franchement, je pense que ça leur fait du bien. Ils sont à l'air. Ils sont super bien.

  • Speaker #0

    Je comprends. Trop bien. C'est une super conclusion à cet échange. Merci beaucoup, Charlotte, pour ton temps.

  • Speaker #1

    Merci à toi pour cette interview.

  • Speaker #0

    C'est la fin de notre échange. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à découvrir tous les autres. Vous pouvez également noter le podcast sur votre plateforme d'écoute préférée. Et pour suivre l'aventure au quotidien, retrouvez-moi sur les réseaux sociaux et surtout sur Instagram où je suis très active. N'hésitez pas à vous abonner, liker, partager. C'est grâce à vous que ce projet prend forme et qu'il peut continuer à grandir. Et mesdames, si vous avez envie de raconter votre histoire, rejoignez-moi dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

C'est depuis ses montagnes pyrénéennes, à 1600m d'altitude, au pied des pistes de ski, que Charlotte prend la parole. Elle nous livre son témoignage de femme d'un éleveur de vaches à viande de race Gasconne, en agriculture biologique, et de porcs sur paille. Fille d'un militaire et d'une infirmière en Franche-Comté, elle a toujours été attirée par le monde agricole jusqu'à s'installer avec son conjoint. Après quelques années à travailler avec sa belle famille sur la ferme, elle revient sur son installation compliquée sur l'exploitation agricole, son échec, la dissociation vie professionnelle et vie personnelle et les leçons qu'elle en tire.


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“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture et la viticulture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture et viticulture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue au sein du podcast où s'amène quand on s'aime, celui qui donne la parole aux conjoints d'agriculteurs. Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en bio, en conventionnel, en raisonnée. Elles viennent de toute la France. Certaines sont tombées dans l'agriculture toute petite, d'autres la découvrent jour après jour. Elles jonglent entre la ferme, la famille, leur métier. et portent une force incroyable. Moi, c'est Marion. Et avec ce podcast, j'espère que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans leurs propos, trouveront des conseils, des échos à leur vie, prendront peut-être un peu de recul, trouveront du soutien ou simplement verront une mise en lumière de ce qui se vit, souvent dans l'ombre, au cœur des fermes. Ici, c'est de la good vibes, de la sororité, du partage et un vrai souffle de girl power en agriculture. Alors,

  • Speaker #1

    à votre avis, où ça mène quand on s'aime ?

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, je reçois Charlotte. On vient tout juste de faire connaissance toutes les deux et je suis ravie de partager ce moment avec toi. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est Charlotte, j'ai 30 ans. Je suis mariée avec un agriculteur dans les Pyrénées-Orientales, dans la montagne à Aïn. J'ai un enfant et un en cours, qui est prévu pour décembre.

  • Speaker #0

    Trop bien, félicitations.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Quel âge a ton premier enfant ?

  • Speaker #1

    Elle a 4 ans et demi.

  • Speaker #0

    Ok, trop chouette. Avant de parler un peu de toi plus en détail, est-ce que tu peux nous décrire un peu où tu vis ? Avec qui nous présenter un petit peu la ferme de ton mari ?

  • Speaker #1

    Je vis à Aisne, dans les Pyrénées-Orientales, donc dans le 66, qui est dans le sud-sud de la France. Et nous, en fait, on habite dans les montagnes, à 1600 mètres d'altitude, au pied des pistes de ski, clairement, parce qu'on est à 5 minutes de la station en voiture. Mon mari est en Gaïc avec ses parents depuis 2018. Ce sont des vaches à viande de race Gascogne, des porcs depuis qu'il est installé et un peu de céréales, mais pour la production des vaches. Les vaches sont en agriculture biologique.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et les porcs, non, par contre. Et ils sont sur air paillé.

  • Speaker #0

    D'accord, ça marche. Et donc, c'est une ferme depuis plusieurs générations dans la famille ?

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors, mon beau-père, en fait, s'est installé dans les années 80, il me semble. Et après, ma belle-mère a suivi en 99 avec du canard. À l'époque, elle faisait du canard gras.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    et Et avant ça, en fait, le père de mon beau-père faisait des brebis, mais sur une autre exploitation à Saint-Thomas, qui est un peu plus bas dans la vallée.

  • Speaker #0

    Ok, ça marche. Et alors maintenant qu'on voit un peu mieux le décor, on va parler un peu plus de toi. D'où viens-tu initialement et est-ce que tu as grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, je suis née en Franche-Comté, à Besançon, donc rien à voir avec le Sud. Ah, d'accord. Ouais,

  • Speaker #0

    clairement.

  • Speaker #1

    Mon papa était militaire et maintenant, il a son compte pour... faire des travaux chez les gens. Et ma mère était infirmière. Et elle s'est aussi reconvertie parce qu'elle ne pouvait plus faire son travail. Donc, pas du tout dans le milieu agricole. Mais je ne sais pas pourquoi, depuis que je suis toute petite, les animaux, la ferme m'ont toujours attirée. Ça a commencé surtout avec les chevaux. C'est comme ça que j'ai axé mes études après, par la suite.

  • Speaker #0

    Justement, tes études, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ton parcours professionnel ? Quelle formation et études tu as suivies ? Et dans quel objectif ?

  • Speaker #1

    Alors, Moi, j'ai fait un bac pro CGE à option production et valorisation des chevaux. Je l'ai fait dans la Drôme. Donc, j'ai eu mon bac. Après, je suis partie une année dans la Sarthe pour faire une année de production animale en BTS. Ça ne m'a pas du tout convenu parce que c'était très scientifique et les sciences, ce n'est pas trop pour moi. Donc, je me suis réorientée vers un BTS AXE dans la comptabilité agricole que j'ai faite par contre à l'ARAC dans l'Aude. Et c'est là que j'ai rencontré mon mari en fait.

  • Speaker #0

    Ok. Alors, comment est-ce que vous vous êtes rencontrés du coup ?

  • Speaker #1

    Eh ben, en fait, on a le même âge, sauf que moi, j'avais retapé une classe, donc je me retrouvais en première année. Et lui, il était en deuxième année, pareil, du même BTS que moi. La force des choses a fait qu'on était souvent ensemble et les axes traînaient souvent ensemble, première et deuxième année. Donc ça s'est fait tout naturellement, en fait.

  • Speaker #0

    Ok, on en parlera un petit peu plus tout à l'heure. Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui professionnellement ?

  • Speaker #1

    Je suis fonctionnaire, donc je travaille dans une mairie où je fais de la comptabilité.

  • Speaker #0

    Donc toujours dans le même domaine, mais plus trop dans l'agricole, alors.

  • Speaker #1

    C'est ça, je ne suis plus dans l'agricole depuis 2020.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu files un coup de main, un côté administratif sur l'exploitation, de par tes connaissances de comptabilité agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Non. En fait, avant, j'étais installée avec mon mari, on s'est installées ensemble sur l'exploitation. Et en 2020, j'ai arrêté l'activité parce que ça ne se passait pas très bien au niveau relationnel avec mes beaux-parents. Donc, pour bien séparer la vie perso de la vie pro, j'ai pris la décision de partir, ce qui était difficile mais une bonne chose, on va dire. Je ne m'occupe pas du tout de la partie. comptable de l'exploitation actuellement. J'aide sur les réseaux sociaux. Des fois, on me parle avec mon mari sur certaines choses qu'il pourrait faire par rapport au port, mais après sinon le reste, non.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est vraiment par rapport à tes beaux-parents parce que vous aviez mis en place des changements sur l'exploitation ou ?

  • Speaker #1

    Ben nous, on s'est installé On est en 2018 et en fait de base on avait décidé en fait de s'installer que tous les deux avec mon mari en gaec en faisant du port et il voulait faire un peu de vache, continuer les vaches gasconnes parce que c'est vraiment une passion pour lui à côté. Et en fait ce qui s'est passé c'est qu'on sentait que mes beaux-parents, surtout mon beau-père, voulaient vraiment que mon mari s'installe avec eux sur l'exploitation pour continuer ce qui avait été créé, ce qui est normal aussi. Mais ça a été... comment dire...

  • Speaker #0

    Un peu compliqué de faire un choix de ce positionnement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Puis à l'époque, franchement, on était jeunes. C'était compliqué. On voulait vraiment... Enfin, moi, surtout, je ne voulais pas, parce que je ne voulais pas qu'il y ait d'amalgame, pas faire de dispute ou quoi, parce que, bon, on m'a toujours dit, travailler en famille, c'est très compliqué. Je l'ai vu dans ma famille pour certains, pas dans l'agricole, mais pour d'autres entreprises. Donc, je sais que ça peut être compliqué de travailler en famille. Moi, je ne voulais pas. Et puis, à l'époque, j'étais jeune. J'avais la vingtaine. Et c'est vrai que c'est toujours plus facile de s'installer sur une exploitation qui tourne que de créer de tout à zéro. Donc finalement, on s'est installés. Après qu'ils aient réussi à nous convaincre avec eux, et on a commencé les ports en 2019. Donc ça a mis un an à peu près pour que les ports, entre guillemets, arrivent et commencent à être découpés sur l'exploitation. Parce qu'on fait la découpe et on fait la vente directe à la ferme. Et ça a été compliqué au début. prendre ma place parce que j'avais déjà travaillé sur l'exploitation de mes beaux-parents en tant que salarié mais c'était pas du tout pareil en fait. J'ai vu une différence entre le salariat et être associé on va dire. J'ai vu un changement de comportement on va dire. C'était différent.

  • Speaker #0

    C'était pas les mêmes attitudes peut-être pas les mêmes attentes c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. C'est ça. Des petites réflexions qui au début nous paraissent anodines mais qui à force et sur le long terme sont assez lourdes et assez pénibles. On va dire. Ok, ouais, je comprends.

  • Speaker #0

    Et du coup, tu penses peut-être un jour revenir sur la ferme ou quand tes beaux-parents, par exemple, pendant leur retraite ou quelque chose, ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Oui, on en discute avec mon mari de temps en temps, même en déconnant, mais c'est vrai que moi, l'agricole, me manque énormément. C'était ma passion, honnêtement. Je préférais sauver mon couple et sauver ma vie de famille que de rester dans quelque chose où c'était... restez-vous à l'échec sur le long terme dans cette situation-là. Mais je sais qu'avec mon mari, ça se passe super bien quand on travaille ensemble. On développe pas mal de trucs, on sait ce qu'on a à faire chacun de notre côté. Donc je sais qu'à long terme, si mes beaux-parents après reprennent la retraite, oui, il y a des chances que je me réinstalle avec mon mari.

  • Speaker #0

    Et le fait d'avoir quitté l'exploitation, est-ce que tes relations avec tes beaux-parents ont repris leur cours ? Est-ce que vous avez réussi à séparer, comme tu disais, le pro du perso ? Est-ce que ça va mieux ?

  • Speaker #1

    Alors, au début, ça a été très compliqué parce qu'on ne sait pas du tout. De mon côté, ça a été... Moi, c'est tout ou rien, en fait. Donc, de mon côté, je ne voulais plus les voir. On habite dans le même village, pourtant. J'étais enceinte de ma fille. Je ne les ai pas vues pendant pratiquement toute ma grossesse. C'est mon mari qui allait leur annoncer qu'on allait avoir une fille. C'était une fille et pas un garçon. Moi, je ne voulais plus les voir parce que c'était très compliqué. J'avais beaucoup, beaucoup de rancœur. J'ai du mal à pardonner parce qu'il y a des choses qui ont été dites. Je n'oublie pas. Même aujourd'hui, je suis passée à autre chose. Maintenant, ça va mieux. Surtout quand je vois la relation qu'ils peuvent avoir avec ma fille. Donc, ça me rassure dans un sens. Mais je n'oublie pas.

  • Speaker #0

    Oui, tu avais besoin d'une coupure aussi. Puis, tu verras comment ça évoluera.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    OK. C'est super intéressant de discuter de ça. Merci. Je sais que ça ne doit pas être évident de revenir un peu là-dessus. Mais c'est hyper intéressant comme parcours. Merci beaucoup pour ça. Alors, j'aimerais maintenant qu'on parle un peu de votre vie à deux. Que représente le quotidien quand on vit avec un agriculteur ? Alors, tu nous parlais de votre rencontre. Quand tu as su qu'il était fils d'agriculteur et qu'il voulait reprendre l'exploitation, qu'est-ce que toi, tu as ressenti ?

  • Speaker #1

    Ça ne m'a pas fait... Ce n'est pas de mi-chaud ni froid, mais en étant dans ce milieu, pour mes études, je me doutais que j'allais rencontrer quand même des agriculteurs, entre guillemets. Donc, j'étais un peu préparée à ça.

  • Speaker #0

    Ok. Vous vivez là sur la ferme ou à côté ?

  • Speaker #1

    Non, on ne vit pas sur la ferme. C'est mes beaux-parents qui vivent sur la ferme. Et après, on a le bâtiment des vaches et des cochons qui est à l'extérieur du village. donc ça c'est bien Donc, c'est séparé. Et nous, on a notre maison à nous, vraiment, qu'on a achetée en 2019 dans le village, où on est tranquille et c'est vraiment chez nous. Donc, du coup, c'est vrai que c'est pratique, on va dire, pour séparer la vie pro et perso.

  • Speaker #0

    Ouais, donc ça, c'est vraiment un choix de votre part pour faire cette dissociation-là.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, oui. Sachant qu'on est à côté quand même des animaux, on est vraiment à côté. Donc, il n'y a pas de problème au niveau des trajets ou autre, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis de l'organisation avec l'élevage, quoi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    OK. Ça marche. Est-ce que toi, tu as toujours souhaité vivre à la campagne ? Est-ce que tu vivais à la campagne avant ? Et pour quelles raisons ?

  • Speaker #1

    Alors oui, moi, j'ai toujours vécu à la campagne, clairement, parce qu'on a beaucoup déménagé, vu que mon père était militaire. Et quand j'ai rencontré mon mari, j'habitais dans les Hautes-Alpes, dans un endroit qui était vraiment un peu perdu. Donc vraiment, j'avais l'habitude de la campagne. Et... Et ça ne m'a pas fait plus peur que ça de venir vivre ici. Alors par contre, petite anecdote, j'habitais en montagne et moi j'en avais marre de la neige, j'en avais marre de la montagne. Et j'étais là à dire à mes parents, je n'habiterai plus à la montagne. Je ne veux plus. Donc mes parents ont déménagé à Argelès-sur-Mer et moi j'ai fini à Eynes à 1600 mètres d'altitude à suivre mon mari. Avec de la neige l'hiver. Donc on va dire l'amour donne des ailes. Mais ouais, non.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que vous vous organisez pour garder un équilibre de couple dans le rythme avec la ferme ?

  • Speaker #1

    C'est un peu compliqué des fois, on ne va pas se mentir, parce qu'il y a des grosses périodes. Nous, on a regroupé les vélages sur l'hiver. Les vélages commencent de décembre et vont jusqu'à avril. Et après, on a toute la partie cochon. On ne fait pas naître, on achète, on engraisse. Ça prend un peu moins de temps, donc c'est pratique. Par contre, c'est toute l'année, parce que vu qu'on fait de la vente directe, les trois quarts des cochons sont vendus en vente directe. sont découpés à la ferme par mon mari, qui a passé un CAP bouché l'année dernière. Et tout est vendu à la ferme, donc il y a toute cette partie découpe, transformation. Pour le veau, c'est surtout l'été, du coup. Grosse période, l'été, on ne se voit pas trop, clairement. C'est la période où, en plus, il a les foins, donc il part le matin, il fait jour, il rentre, il fait nuit. Même ma fille, des fois, elle a un peu de mal. Mais bon, on arrive toujours à trouver des compromis, donc ça va. Mais là, par exemple, en ce moment, c'est une période entre guillemets calme. Dans ces périodes-là, on arrive à trouver du temps pour nous, on se fait des petits trucs. Même s'il bosse les week-ends, on se fait des sorties à l'après-midi ou à la matinée. On s'organise et l'avantage, vu qu'il est en guêque avec ses parents, c'est qu'ils sont trois. Donc, ils peuvent quand même gérer sur certains trucs. Ses parents s'occupent de certains trucs pendant que lui, il n'est pas là et inversement.

  • Speaker #0

    Ils arrivent à s'organiser pour se dégager du temps chacun.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et vous arrivez à partir du coup un peu en vacances avec ta fille ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    Alors oui, on arrive souvent quand il a fini les foins, que la grosse période fin d'été, elle est passée. Donc la semaine souvent avant la rentrée scolaire, on se prend une semaine ensemble. Donc on va chez mes parents à la mer ou alors on se fait des week-ends ensemble. L'année dernière, on est parti en vacances carrément, vraiment une semaine à Rocamadour. Ça nous avait fait du bien. Alors on ne part pas tout le temps, mais on essaye quand même de se faire des trucs à trois. quoi.

  • Speaker #0

    Ok. Et le fait d'habiter sur une station de ski, vous en profitez un petit peu ?

  • Speaker #1

    Alors oui, l'hiver, ça nous arrive d'aller skier quand il y a de la neige. Parce que là, c'est compliqué, on va dire en ce moment. Les stations ont du mal à avoir de la neige, clairement. Surtout la station où on habite. Mais après, oui, non, franchement, on arrive à se dégager du temps. La petite, elle va au club de sport faire du ski. Puis même nous, si on veut se prendre l'après-midi ou une journée pour aller faire du ski, on est vraiment à côté. Donc, c'est trop facile pour nous, pour le coup.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Et alors, dans ces montagnes, est-ce que vous êtes bien entourée ? Est-ce que vous avez des amis, de la famille à côté ? Est-ce que tu te sens plutôt bien entourée ou parfois un peu seule et isolée ?

  • Speaker #1

    Alors, on va dire que ça dépend de mon mood. Ça dépend de la période, si c'est chargé ou pas. Non, après, globalement, on est bien entouré. Donc, malgré ce qui s'est passé avec mes beaux-parents, ils habitent dans mes villages. Donc, maintenant, ça se passe bien. Effectivement, c'est vrai que c'est un plus, c'est assez agréable, on va pas se mentir. Mes parents sont à 1h30 en voiture, donc c'est pareil, ils sont pas très loin. Et c'est vrai qu'au niveau des amis, on est bien entourés, que ce soit au niveau des personnes qui sont issues de l'agriculture et d'autres qui ne sont pas du tout issues de l'agriculture, mais qui y comprennent et qui nous écoutent aussi, et qui, quand on a besoin de parler, se décharger, sont là.

  • Speaker #0

    On en parle assez souvent, ça du fait d'avoir des amis qui ne sont pas spécialement du milieu. Ça fait aussi un peu de bien de parler d'autres choses, même si le fait de fréquenter des gens du milieu, ça peut être aussi un plus parce qu'ils comprennent notre quotidien, nos contraintes. Mais peut-être l'équilibre entre les deux fréquentations autour de nous peut faire du bien, je pense.

  • Speaker #1

    Clairement.

  • Speaker #0

    On va parler un peu de l'arrivée de ta fille. Comment est-ce que ça s'est passé d'accueillir un enfant avec un agriculteur ? Est-ce que ça est arrivé dans des périodes agricoles qui étaient compliquées ou plutôt calmes ? Comment est-ce que tu l'as vécu ?

  • Speaker #1

    Alors, c'était particulier parce que le jour où j'ai appris que j'étais enceinte, c'est le jour où j'ai décidé d'arrêter sur l'exploitation. Il a fallu la phrase que mon mari me dise, mais ne reste pas pour moi, pour, comment dire, enfin, ne reste pas à cause de moi, fais ce que tu veux, moi, je ne t'en voudrais pas, je resterai. Alors, ça a été, je pense, le déclic pour moi. Et l'après-midi, j'apprenais que j'étais enceinte de ma fille. Donc, je me suis dit, peut-être qu'en fait, c'était écrit, je ne sais pas. Et ma fille est arrivée en avril, ma fille. donc c'était une période où c'était assez C'était la fin des vélages, on va dire, donc après période calme, mais qui s'est enchaînée sur l'été, où quand elle était toute petite, il était à fond, du coup, dans ce qu'on disait, la vente, la découpe et les foins.

  • Speaker #0

    Avec du recul, qu'est-ce qui, selon toi, chaque jour, te fait du bien dans cette vie-là, dans le fait de partager le quotidien avec un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Je trouve que c'est cool parce qu'en fait, ça fait partie de notre vie, même si des fois, c'est compliqué, mais il y a des avantages comme il y a des inconvénients. Les inconvénients, forcément, c'est quand on a des impératifs. comme dans tout travail. Mais les avantages, c'est que même s'il bosse, si je veux passer du temps avec lui et que moi, je ne travaille pas, je peux aller avec lui dans le tracteur, je peux passer du temps avec lui. Je peux être avec lui même s'il bosse. Donc, on passe du temps quand même ensemble.

  • Speaker #0

    On prend bien et on arrive aussi, nous, à s'adapter peut-être un peu plus aussi pour pouvoir partager des moments avec eux, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Typiquement, cet été, ils ne pouvaient pas forcément revenir manger le midi. Donc forcément, avec la petite, on préparait le pique-nique et puis on allait le rejoindre pour... pique-niquer dans les champs. Donc ça, c'est assez cool quand même. Et puis, la petite était super contente. C'était un peu une petite aventure pour elle. Et nous, on passe du temps en famille, donc c'est agréable.

  • Speaker #0

    Oui, ça permet de faire un peu les deux, de profiter en famille et en même temps, d'accepter ce rythme de travail assez dense, je comprends. Est-ce qu'il y a une fierté ou une satisfaction particulière, selon toi, à vivre à côté d'un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Ah oui, moi, je suis très, très fière de mon mari, de tout ce qu'il entreprend, de tout ce qu'il fait. Je l'admire beaucoup parce que... Il travaille beaucoup et il essaye d'être juste dans tout ce qu'il fait, dans sa production, dans ce qu'il fait. Franchement, je suis très, très fière de lui et je suis fière d'être avec lui, oui, effectivement, et de dire que c'est mon mari qui fait ça comme boulot. Enfin, je n'ai pas honte de dire que mon mari est agriculteur.

  • Speaker #0

    Et heureusement. Et je pense que c'est quelque chose qu'on partage toutes, ce sentiment de fierté, c'est ce qui fait tenir aussi, d'ailleurs, parfois.

  • Speaker #1

    C'est clair. Puis c'est un métier patient en plus, donc on ne peut pas trop le reprocher non plus. Puis on sait à quoi on s'engage quand on se met avec eux aussi.

  • Speaker #0

    Exactement, et d'ailleurs qu'est-ce que toi tu dirais à une femme qui commence une relation avec un agriculteur et qui se questionne sur tout ça sur des contraintes qu'elle aura sur des difficultés ou des joies et de comment est-ce qu'elle va articuler sa vie avec un agriculteur ?

  • Speaker #1

    Alors moi je pense qu'il faut déjà mettre les choses à plat dès le début, en discuter au début de la relation en disant voilà, que lui dise ça risque de se passer comme ça et qu'elle sache à quoi s'attendre aussi parce que si elle n'est pas du milieu elle peut elle peut tomber de haut, on ne va pas se mentir sur certains points. Après, s'il y a de la communication, franchement, il n'y a pas de problème pour moi. Les efforts, après, se font des deux côtés. Donc, quand on aime une personne, on fait des concessions, que ce soit d'un côté ou de l'autre. Il faut vachement discuter. C'est surtout ça, moi, en fait. Je pense vraiment que c'est la clé, quoi. C'est la communication.

  • Speaker #0

    Tu parlais de surprises. Est-ce que, toi, il y a eu des choses sur lesquelles tu te projetais qui ne se sont pas passées comme prévues dans ta vie avec lui ou des surprises sur ses travaux, sur sa disposition ? que ce soit des bonnes ou mauvaises surprises, bien sûr.

  • Speaker #1

    Moi, quand j'ai fait des stages, j'ai toujours eu vu des agriculteurs qui arrivaient à s'organiser avec des services de remplacement, par exemple, pour partir en vacances. Au début, mon mari, vu qu'il n'est jamais parti en vacances avec ses parents quand il était jeune, donc chez lui, c'était compliqué de partir au début en vacances. C'est-à-dire que mon mari ne peut pas prendre des vacances s'il ne part pas. Rester à la maison, même pour le congé paternité, au début, quand ma fille est née, donc il avait le droit à 15 jours, même s'il était en congé paternité, il partait le matin. au vache. Donc au début, ça m'avait un peu surprise par rapport à ça, parce que j'étais, ah ouais, il a vraiment du mal à décrocher quand même. Mais justement, en discutant par rapport à ça, en disant, voilà, ce serait bien quand même que si on prend des vacances, on lâche vraiment prise. Et moi, après, j'ai compris que vraiment, s'il veut prendre des vacances, il faut qu'il parte. Donc, le compromis qu'on fait, c'est que quand on prend des vacances, on part, on reste pas, parce que sinon, c'est sûr qu'il va aller bosser. C'est une surprise, oui et non, entre guillemets, mais c'était le truc qui a été le plus... plus dur à mettre en place, on va dire.

  • Speaker #0

    C'est super intéressant ce que tu dis, que ce besoin vienne de lui, tu vois, et pas spécialement de toi. C'est vrai que parfois, c'est des nanas qui disent, bon allez, on coupe de la ferme, on coupe de tout ça, et surtout celles qui vivent sur l'exploitation. Mais là, que ça vienne un peu de l'agriculteur de dire, moi, je veux couper de ma ferme, sinon je vais y retourner. Je trouve ça hyper intéressant comme point de vue, et puis on le comprend aussi, en fait.

  • Speaker #1

    Après, je pense aussi le fait que moi, enfin, ils s'entendent très bien aussi avec mes parents. Et le fait que ma famille ne soit pas du milieu agricole, peut-être aussi ça lui a ouvert les yeux sur certains points et en disant « Ah ben, ça se passe autrement comme chez les autres. »

  • Speaker #0

    Tu penses à quoi là comme point ?

  • Speaker #1

    Par exemple, sur le point de partir en vacances, passer du temps en famille, mais pas forcément que à la journée, parce que lui, forcément, quand il m'expliquait quand il passait du temps avec ses parents, c'était à la journée parce qu'ils n'avaient pas l'argent ou ils n'avaient pas le temps de partir en vacances. Ce qui est classique, on va dire, dans beaucoup d'exploitations, tout le monde ne peut pas se permettre de partir en vacances. Nous, on a cette chance, donc c'est cool. Donc lui, il part en vacances avec ses grands-parents. Il m'expliquait quand il était jeune avec sa sœur aussi. Et le fait, je pense, de discuter avec mes parents, de voir que ça se passe autrement chez les autres, il a envie d'autre chose aussi. Parce que sur certains points, il n'est pas du tout comme ses parents. Elle n'a pas du tout la même relation avec mes beaux-parents qu'avec mes parents. Mes parents, elle va partir en vacances une semaine chez eux. Parce que pour les voir, pour passer du temps aussi ensemble, et parce que mes parents aussi veulent l'apprendre. Elle est trop contente d'y aller, on part en week-end. Mais mes beaux-parents, elle les voit presque tous les jours. Et des fois, on rentre de l'école, elle me dit « Ah, je veux aller voir papi et mamie. » Et moi, je suis là « Oui, mais maman, elle est fatiguée. Elle aimerait rentrer aussi à la maison. » Alors des fois, mon mari, quand il va la chercher, il passe du temps ensemble. Clairement, hier, j'avais la réunion parents-profs de début d'année. Je l'ai déposée à la ferme. Mon mari était en découpe de cochons. Ils étaient en train de finir de mettre sous vide. Donc, elle était à l'atelier avec ma belle-mère et mon mari. Et après, quand elle a entendu mon beau-père arriver en tracteur, elle était trop contente. Elle est partie avec lui. Et ce qui est bien aussi, c'est que mon beau-père a appris à ralentir grâce à ma fille, je pense.

  • Speaker #0

    Ah ouais, c'est bien ça.

  • Speaker #1

    Ouais. Bon, après, il a eu des soucis de santé qui ont fait que ça lui a donné un coup et il a été obligé de ralentir, clairement. Mais je pense aussi que le fait de prendre le temps avec ma fille, ça lui fait du bien aussi. Parce que clairement, moi, je l'ai toujours connu. Il ne reste jamais à la maison, pareil comme mon mari, à faire des trucs à la maison alors qu'il pourrait avoir des travaux à faire chez lui. Non, il faut tout le temps qu'il soit sur la ferme, sur l'exploit, il y a toujours des trucs. à faire donc il fait et une fois moi j'étais pas dispo je bosse et centre de loisirs étaient fermés il fallait garder la petite mon mari à fond en découpe ma belle mère aussi c'est mon beau père qui l'a gardé était trop content de passer la journée avec elle quoi et même il n'avait pas envie de faire autre chose il était trop content de faire ça quoi et même à ma belle-mère aussi elle est contente elle est fière de l'avoir avec elle à la boutique enfin Moi, au début, j'avais du mal à la laisser parce que je ne voulais pas qu'on me reproche de laisser ma fille tout le temps qu'il la garde. Parce qu'il y avait un passif aussi, mais au fur et à mesure, j'ai vu que c'était un plaisir pour eux et que même ils étaient en demande de ça.

  • Speaker #0

    C'est pas évident non plus, je comprends. Parce qu'avec la proximité, toi, tu as aussi envie de demander des dépannages, mais tu ne veux pas que ce soit trop non plus. qui te disent, en fait, on n'est pas nounou. Ça, je comprends plus. Et j'ai toujours dit, vraiment, il faut que ce soit du plaisir. Je ne veux pas vous inonder.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, on a trouvé un petit équilibre, je pense. C'est quand ils ont envie, quand Charlie a envie aussi. Parce que, voilà, des fois, c'est elle qui en demande aussi d'aller voir ses grands-parents. Clairement, on ne pourrait pas l'en empêcher. On ne peut pas.

  • Speaker #0

    Surtout quand elle a ce luxe d'avoir ses grands-parents dans le village, forcément.

  • Speaker #1

    C'est ça. Alors elle, vraiment, on va dire qu'elle est la reine du pétrole, parce que c'est une enfant qui ne s'ennuie jamais, je pense. Elle est tout le temps à la ferme, elle est tout le temps dehors avec son père, avec son grand-père, ou sa grand-mère, ou avec moi, selon ce qu'on fait. Enfin, je pense qu'elle a une enfance qui n'est pas malheureuse du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Et qu'est-ce que toi, tu penses du fait d'élever tes enfants à la ferme ? Quel point positif ? et négatif parce que parfois il y en a aussi sur des aspects peut-être sécuritaires etc tu trouves à ça ?

  • Speaker #1

    Alors positif moi je la trouve hyper éveillée elle pose tout le temps plein plein de questions Et puis elle sait du coup plein de trucs Parce que forcément on lui explique Donc elle a déjà vu des vélages Donc c'est même elle qui expliquait l'année dernière A la maîtresse ce qu'était un vélage La différence entre une génie c'est une vache Un veau Alors que la maîtresse c'est des termes techniques Donc ils connaissent pas ce qui est normal Mais Charlie 3 ans et demi C'est elle qui expliquait ça à la maîtresse Donc c'était assez marrant quand il nous l'expliquait Et elle est tout le temps en train de De demander, d'apprendre Elle est hyper motivée Merci. C'est une petite qui a fait la Vallée d'Aisne, qui est une randonnée de deux heures pour monter les vaches en estive à plus de 2000 mètres d'altitude. Elle l'a fait en marchant. Elle m'impressionne, cette petite. Franchement, je pense que ça leur fait du bien. Ils sont à l'air. Ils sont super bien.

  • Speaker #0

    Je comprends. Trop bien. C'est une super conclusion à cet échange. Merci beaucoup, Charlotte, pour ton temps.

  • Speaker #1

    Merci à toi pour cette interview.

  • Speaker #0

    C'est la fin de notre échange. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à découvrir tous les autres. Vous pouvez également noter le podcast sur votre plateforme d'écoute préférée. Et pour suivre l'aventure au quotidien, retrouvez-moi sur les réseaux sociaux et surtout sur Instagram où je suis très active. N'hésitez pas à vous abonner, liker, partager. C'est grâce à vous que ce projet prend forme et qu'il peut continuer à grandir. Et mesdames, si vous avez envie de raconter votre histoire, rejoignez-moi dans un prochain épisode. A bientôt !

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