- Speaker #0
Bonjour et bienvenue au sein du podcast où s'amène quand on s'aime, celui qui donne la parole aux conjoints d'agriculteurs. Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en bio, en conventionnel, en raisonnée. Elles viennent de toute la France. Certaines sont tombées dans l'agriculture toute petite, d'autres la découvrent jour après jour. Elles jonglent entre la ferme, la famille, leur métier. et portent une force incroyable. Moi, c'est Marion. Et avec ce podcast, j'espère que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans leurs propos, trouveront des conseils, des échos à leur vie, prendront peut-être un peu de recul, trouveront du soutien ou simplement verront une mise en lumière de ce qui se vit, souvent dans l'ombre, au cœur des fermes. Ici, c'est de la good vibes, de la sororité,
- Speaker #1
du partage et un vrai souffle de girl power en agriculture. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ?
- Speaker #0
Aujourd'hui, je reçois Émilie. On vient tout juste de faire connaissance toutes les deux et je suis très heureuse de partager ce moment avec toi. Pour commencer cet épisode, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
- Speaker #1
Alors, moi je m'appelle Émilie, j'ai 32 ans, je suis maman de deux enfants qui ont 4 et 7 ans, une petite fille et un grand garçon. Je suis mariée à Johan qui a 36 ans. Et on est tous les deux agriculteurs sur le Nord Aveyron avec des vaches au braque.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur l'exploitation ?
- Speaker #1
Alors l'exploitation, c'est l'exploitation de mon mari, donc de Johan, qui lui s'est installé il y a 15 ans, qui a repris suite à son papa, qui a pris la retraite et que son papa avait déjà du grand-père de Johan. Et peut-être même d'avant, mais ça, je n'ai pas réussi à avoir l'info. Et on a des vaches au braque sur, on a 85 mers. et on exploite 130 hectares. Chez nous, on est surtout dans une zone montagne. Du coup, tout ce qui est culture, il y en a très peu.
- Speaker #0
Les cultures, je suppose que c'est pour les besoins alimentaires des vaches ?
- Speaker #1
Voilà. Là, par exemple, ça fait deux ans qu'on fait du blé. Mais ça fait que 4 hectares sur les 130, c'est vraiment à la marge.
- Speaker #0
Ok, je comprends bien.
- Speaker #1
C'est ce qu'on utilise après pour les mettre.
- Speaker #0
D'accord. Maintenant qu'on voit un peu mieux le décor, on va parler un peu plus de toit. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?
- Speaker #1
Mes parents habitent à 15 km de là où j'habite actuellement, donc nous on habite sur la ferme. Et mes parents, moi, sont également agriculteurs, ils ont également des vaches au brac. Donc je suis ici du milieu agricole.
- Speaker #0
Ok, donc ouais, t'as vraiment grandi dans ce milieu-là et tu n'es pas dépaysée ?
- Speaker #1
Non, du tout.
- Speaker #0
Le fait d'être fille d'agriculteur, t'as toujours donné envie de te marier à un agriculteur ou au contraire, pas du tout ?
- Speaker #1
Non, pas forcément. Enfin, je connais du coup les contraintes, donc je connaissais les contraintes. Non, ça m'a pas... Ni repoussé, ni attiré, ça s'est passé parce que ça devait se passer. J'avais aucun appris sur ça.
- Speaker #0
Du coup, tu as grandi à la ferme. Est-ce que tu peux nous raconter un peu ton enfance sur l'exploitation de tes parents ?
- Speaker #1
Donc moi, mes parents, ils ont des vaches sous braque. C'est à peu près le même style d'exploitation que ce que nous, on a aujourd'hui. Ils ont un peu baissé aujourd'hui, mais sinon voilà. Donc mes parents, ils se sont installés tous les deux sur l'exploitation. J'ai un grand frère et donc du coup, on a tout le temps passé nos étés. On était tout le temps à la maison, on va remplir le centre aéré, tout ça. non. On ne connaît pas parce que ma mère a se débrouillé pour s'organiser, pour prendre le temps pour s'occuper de nous. Il y avait des fois, c'était un peu balancé à droite à gauche, mais sinon, on était quasiment tout le temps à la maison.
- Speaker #0
Ok, trop chouette. Et la ferme de tes parents, du coup, elle va être reprise par ton frère ou par toi prochainement ou pas spécialement ?
- Speaker #1
Ça sera par nous. D'ici deux, trois ans, quand on aura bien su quand est-ce que mes parents vont pouvoir prendre la retraite, ce sera à nous.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Ce sera à nous qu'on reprend. Après, on reprendra d'une manière différente parce que sinon, ça fait beaucoup pour nous. Vu que nous, on est installés que tous les deux, ça fera beaucoup trop. Ils étaient déjà deux, nous, on est deux. On ne va pas reprendre toutes les bêtes.
- Speaker #0
Vous allez faire un peu des ajustements, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, voilà.
- Speaker #0
OK. Et quel type, du coup, diminue un peu le cheptel ?
- Speaker #1
Voilà. Si on reprend tout, ça va faire plus de 150 vaches. Et pour nous, vu notre mode de vie et notre fonctionnement, ça fera trop. Surtout que dans notre secteur, c'est quand même très compliqué de trouver des salariés. Donc, ce n'est pas une solution qu'on envisage. Donc, du coup, le but, nous, d'augmenter nos bêtes, mais pas de tout reprendre. Et après, pareil, on baissera un peu au niveau des hectares de ce que mes parents ont. On n'en reprendra pas tout et voilà.
- Speaker #0
OK, oui, ça va.
- Speaker #1
Pour nous, après, avoir un peu plus d'autonomie dans tout ce qui est alimentation, tout ça, ce sera plus simple.
- Speaker #0
Je comprends bien. Qu'est-ce que tu as fait comme parcours professionnel pour devenir agricultrice ?
- Speaker #1
Alors moi, à la base, j'ai fait des études à la comptabilité. J'ai un bac plus 3 en comptabilité. J'ai travaillé pendant quasiment 10 ans en comptabilité. Et après, du coup, ma belle-mère prenant la retraite, l'opportunité s'est faite qu'après j'ai fait une formation agricole en 1 an et comme ça, j'ai pu m'installer.
- Speaker #0
Ok, très bien. Est-ce que ce choix de devenir agricultrice s'est fait avec la rencontre avec ton père ?
- Speaker #1
C'est un choix qu'on a fait tous les deux avec Yohann, parce que moi toute seule, donner des coups de main et tout ça, oui, à mes parents ou même à lui, oui, mais après de là à ce que, pour moi même, je ne savais pas trop si j'allais m'installer ou pas. Puis après, au fur et à mesure, finalement, ma belle-mère, elle était présente et tout ça, mais c'est vrai que la retraite approchant, sur différentes choses à lâcher. Du coup, c'est moi un peu plus qui y allais. Au fur et à mesure, après, on s'est dit, mais c'est peut-être l'occasion, en fait. J'aimais mon travail en tant que comptable, mais c'est vrai que c'était plus, ben, t'es tout le temps dedans. Là, c'est vrai que je suis pratiquement tout le temps dehors. Tout ça, c'est pas le même rythme, quoi. Puis après, on a eu les enfants, donc... Moi, du moins, je suis plus flexible en étant maintenant agricultrice qu'en étant salariée à l'extérieur.
- Speaker #0
Pas bien. Et comment est-ce que vous répartissez les missions sur l'exploitation ?
- Speaker #1
Ça, ça dépend de la saison. Parce que vu que nous, on a des vaches allaitantes, l'hiver, elles sont dedans. Donc là, il y a le soin des animaux, matin et soir. Donc là, j'arrive à peu près à y aller le matin. Et encore, ça, ça dépend avec les enfants. Parce que c'est toujours pareil, c'est pas l'heure à laquelle ils se lèvent et tout ça. Donc, vu que c'est encore un peu petit, voilà. Et après, le soir, en revanche, c'est mon beau-père. Lui, il continue matin et soir à y aller. Donc, j'avoue que le soir, du coup, je n'y vais pas. je récupère les enfants après l'école je fais les devoirs, je fais tout ce qu'il y a à faire et après en journée, là on travaille tous les deux s'il y a des soins particuliers à faire aux animaux s'il y a de l'entretien des parcelles des clôtures, etc là je suis là et après en période estivale, l'été donc là il y a beaucoup de surveillance d'animaux les foins sont passés, après il y a eu un peu de moisson on est souvent quand même tous les deux et après moi vraiment je m'occupe aussi beaucoup de la partie papier tous les papiers qu'il y a à faire tout ça c'est moi ... Déjà, mon mari n'aime pas ça, de base. Et vu mon ancien métier étant comptable avant, finalement, je n'aurais jamais cru que mon métier d'avant m'aiderait autant dans ce métier agricultrice.
- Speaker #0
Oui, c'est ce que j'allais dire. Avec les démarches administratives qui augmentent et qui augmentent, le fait d'avoir un bagage de comptable, ça doit aider.
- Speaker #1
Voilà, il y a ça. Et puis même après, ne serait-ce que l'outil informatique, ça ne paraît pas, mais moi, mon mari a tout le temps été agriculteur. À l'école, honnêtement, on leur explique toute la technique de tout ce qu'il faut. pour l'alimentation, pour les sols, tout ça, des animaux. Ça, c'est oui. Mais après, derrière, il y a tout un volet administratif qui est lourd. Et donc, du coup, c'est vrai que lui, il me fait 100% confiance là-dessus. Il se décharge de ça. Il me dit, moi, vraiment, fais-le. Parce que c'est une partie vraiment qui l'aide, pas qu'il n'intéresse pas, parce que c'est quand même important. Mais voilà, lui, il a besoin d'avoir un résumé précis, concret, de ce qu'il faut savoir. Oui,
- Speaker #0
je vois bien. Au moins, c'est complémentaire.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Sur le fait d'être agricultrice, est-ce que tu penses que ton statut est aussi bien reconnu que celui de ton conjoint ?
- Speaker #1
Pour ma part, par rapport à ça, chez nous, peut-être chez d'autres exploitations, je ne dis pas que c'est nous, par rapport à ça, c'est vrai que quand les commerciaux passent, quand les marchands passent et tout ça, c'est... Après, je m'efface aussi, c'est mon choix aussi de m'effacer, je le laisse gérer. Après, si j'ai quelque chose à dire, je le dirai. Mais souvent, je le laisse lui gérer cette partie-là. Parce que même...
- Speaker #0
Oui, mais c'est par choix.
- Speaker #1
Oui, c'est par choix. Parce que j'ai beau avoir eu une formation de un an, c'est quand même sommaire. Enfin, je veux dire, tout ce qui est les détails de l'alimentation, pour bien nourrir les sols et tout ça, on a eu un truc très express. Alors oui, en fait, quand je suis là, moi, j'écoute plus pour essayer de m'enrichir moins, pour après pouvoir donner mon avis. Et pour l'instant, je me suis installée en... janvier 2022. Et donc, du coup, pour l'instant, je suis encore sur certains points dans une phase de connaissance d'apprentissage.
- Speaker #0
Ok, je vois bien. Mais oui, c'est vrai que parfois, c'est un sujet je pense qui évolue. Est-ce que tu penses que le métier d'agriculteur est plus accessible aux femmes maintenant ?
- Speaker #1
Oui. Oui, parce qu'il y a quand même des solutions qui font que rien que l'amélioration, serait-ce que des mécaniques pour moins se fatiguer, que ce soit moins lourd, les choses. Il y a quand même des méthodes pour la mécanisation, ça a aidé beaucoup les femmes à ce niveau-là. Après, le problème, c'est comme tout, la mécanisation, c'est un coût. Donc, je pense que pour certaines femmes aussi, ça doit être un frein. Parce qu'il y a plein de méthodes pour donner du foin facilement, par exemple l'hiver ou même à l'automne. Mais tout ça, c'est vrai que ça a un coût. Donc du coup, c'est un choix aussi. Et ce que tu es prêt à faire en tant que femme, ce n'est pas tout le temps facile. Ne serait-ce que pour dételer et râteler du matériel au tracteur. Il y a des choses, enfin, ce n'est pas si évident que ça. Il y a des accroches qui sont dures. Alors oui, oui, tu y arrives au bout d'un moment, mais ce n'est pas tout le temps si simple que ça.
- Speaker #0
Ok, je vois. Et enfin, pour clôturer un peu ce sujet du côté agricultrice, est-ce que toi, tu as déjà ressenti de la discrimination à être une femme investie dans le milieu agricole ?
- Speaker #1
Non, ça non. Non, non. Quand même, maintenant, il y en a quand même de plus en plus de femmes quand on a quelque chose à dire, quand même, on nous écoute et on nous prend en considération.
- Speaker #0
Ok. J'aimerais maintenant qu'on parle un peu plus de votre vie à deux et de ce que représente le quotidien quand on vit avec un agriculteur. Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés tous les deux ?
- Speaker #1
Alors nous, on se connaissait un peu d'avant parce qu'en fait, mon cousin a fait des études agricoles avec Johan. Et donc du coup, en fait, on se connaissait de comme ça, de soirée et puis de fil en aiguille. Voilà. Maintenant, ça fait quatre ans qu'on est ensemble. Je l'ai toujours connu agriculteur, donc ça fait 15 ans qu'il est installé.
- Speaker #0
Mais justement, quand tu as su qu'il était agriculteur, qu'est-ce que toi tu as ressenti ?
- Speaker #1
Mais quand je l'ai appris, de toute façon, je m'en doutais. Vu les études qu'il avait fait, je me doutais qu'il avait fini par faire agriculteur. Pas de crainte particulièrement, vu que je connaissais le métier, je connaissais les avantages, je connaissais également les contraintes de ce métier-là.
- Speaker #0
Tu baignais déjà un peu dedans, c'est de la triche.
- Speaker #1
C'est ça. Vraiment, comparé à d'autres, c'est sûr que moi, je savais à quoi m'attendre.
- Speaker #0
Et comment s'est faite alors votre installation, tous les deux, sur cette exploitation ?
- Speaker #1
Donc je suis installée depuis janvier 2022, donc on va dire que j'ai eu bien un an et demi entre le moment où j'ai quitté mon boulot, fait ma formation et le temps de tout l'administratif, je reviens toujours à ça tu vas dire, et de pouvoir vraiment s'installer. Et après voilà, c'est bien coordonné parce que ma belle-mère, elle voulait vraiment arrêter officiellement parce qu'elle avait envie de profiter un peu plus de sa retraite et donc ça s'est assez bien coupé.
- Speaker #0
Ok, tu parlais du fait que vous viviez ensemble sur la ferme, est-ce que c'est un choix ? Et quel impact ça a sur votre vie de couple et de famille ?
- Speaker #1
Alors oui, c'est un choix d'habiter sur exploitation. On avait la chance que la maison où on habite avant, c'était l'ancienne maison des grands-parents à Yohann. Donc la bâtisse était déjà sur la ferme. Et après, c'est un choix parce que nous, on est un éleveur. Entre les mises bas et tout ça, c'est vrai que c'est quand même un gros avantage d'être sur place, notamment l'hiver. Parce que nous, on a tous les vélages l'hiver. Donc du coup, c'est vrai que t'es sur place, c'est plus simple. Et après, pour moi, le gros avantage d'habiter sur exploitation, c'est que, par exemple, quand j'ai des enfants, et puis à tout moment, il m'appelle, il me dit « Oui, il faudrait que tu viennes m'aider pour faire ci, pour faire ça. Allez, on embarque tout le monde. » Et puis des fois même, c'est les enfants qui me disent « Ah mais papa, il est où ? Qu'est-ce qu'il fait ? Je veux aller le voir. » Donc hop, des fois, quand c'est des jours où il fait un peu triste ou un peu gris, que tu ne sais pas trop comment les occuper, « Ah ben oui, hop, hop, hop, vous mettez les bottes, les vestes c'est « on va aller voir papa, qu'est-ce qu'il fait ? » Pour moi, c'est en plus un lien en plus fort que... que mes enfants ont avec Yoann par rapport à ça, c'est que tout le moment, on peut aller le voir.
- Speaker #0
Oui, ça facilite la vie de famille et en même temps, ça crée ce lien de proximité alors qu'il peut être assez occupé au travail.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Et alors, travailler en couple au quotidien, comment ça se passe ?
- Speaker #1
Ça va. Mais bon, il y a sûr des points. C'est sûr qu'il a ses trucs à lui. Lui, par exemple, il ne va pas l'embêter quand je fais les papiers. Moi, je ne vais pas l'embêter quand il fait du fumier ou quoi que ce soit parce que là, clairement, il n'a pas besoin de moi.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Je... Et après, en revanche, c'est surtout quand on fait les soins aux animaux. Par exemple, quand il faut, je ne sais pas, par exemple, déplacer des bêtes d'un près à l'autre, quand malheureusement, il y a des bêtes qu'on voit qui sont malades et qu'il faut s'en occuper, il faut les soigner et tout ça. Là, des fois, on n'est pas tout à fait d'accord sur tout, mais bon, on arrive à se tomber d'accord. C'est vrai que ça demande beaucoup de communication et de flexibilité.
- Speaker #0
Est-ce qu'on se redécouvre un petit peu aussi tous les deux à travailler ensemble ?
- Speaker #1
Pas pour mon cas. Parce qu'on va dire qu'avant, quand j'étais salariée, je travaillais 4 jours semaine. Donc j'avais 3 jours et à ce moment-là, je n'avais pas d'enfant. Donc on va dire que j'avais déjà quasiment la moitié de ma semaine où en fait j'étais avec lui.
- Speaker #0
Ok, je comprends bien. Et est-ce que à côté de votre organisation professionnelle, vous arrivez à vous dégager un peu du temps pour vous deux, des moments ensemble ? Est-ce que vous partez en vacances ?
- Speaker #1
Alors, des moments à deux, il n'y en a pas tant que ça quand on y réfléchit. Parce que, bon, on a les enfants, ils sont petits. Après, on essaye, par exemple, mais même ne serait-ce que juste des fois, une fois de temps en temps, aller faire un resto, par exemple le midi. C'est tout bête, mais du coup, déjà, ça coupe un peu du quotidien. Et ça, après le soir, on y arrive un peu parce que j'ai quand même mes beaux-parents et mes grands-parents qui ne sont pas loin. Donc, ça aide beaucoup les grands-parents. Et après, tu vois, là, ce week-end, c'est prévu depuis 7 ans que l'âge du grand, qu'on ne parte que tous les deux. Et donc là, je t'avoue qu'on a un peu hâte de se retrouver que tous les deux, loin de la ferme. Il nous tarde.
- Speaker #0
Je comprends. Le fait d'être sur la ferme, est-ce que vous avez autour de vous, tu me disais, il y a ta famille qui n'est pas loin, ta belle famille. Est-ce que tu te sens parfois un peu seule ou isolée ou plutôt bien entourée ?
- Speaker #1
Non, moi, je considère quand même qu'on est bien entourée. Parce que voilà, moi j'ai mes beaux-parents juste à côté, si jamais par exemple il faut aller au bête ou quoi et que c'est un peu dans le feu de l'action, hop vite je les pose chez mes beaux-parents et ils les prennent toujours avec grand plaisir. Et après mes parents étant pas loin, si des fois mes beaux-parents sont fatigués de les avoir, tout ça, je peux assez facilement aussi les amener chez mes parents, si vraiment on est bloqué. Et après on a les copains pas loin, si jamais il faut couper ou ne serait-ce que si des fois on a besoin d'aide, on est quand même bien entouré.
- Speaker #0
Vous avez des amis que vous arrivez à avoir régulièrement ?
- Speaker #1
Oui, c'est principalement les amis d'enfance à Yoann. Yoann a tout le temps vécu sur la ferme et il a des amis, pareil, à côté. Il y a quand même beaucoup d'agriculteurs. Donc c'est vrai qu'il y a une solidarité qui est top.
- Speaker #0
Est-ce que c'est beaucoup des gens du milieu ou est-ce que vous avez aussi des amis qui ne sont pas du tout de ce milieu-là ?
- Speaker #1
En proximité, c'est beaucoup d'agriculteurs. Après, moi, via mes études, j'ai des amis qui ne sont pas du tout agriculteurs, mais ils ne sont pas forcément dans le coin. Mais bon, ça nous fait une excuse de partir un week-end et aller voir, du coup.
- Speaker #0
Concernant ta belle famille, tu as travaillé avec eux ou tu travailles encore même avec eux. Quels sont tes liens avec eux ?
- Speaker #1
Je m'entends bien avec mes beaux-parents. Moi, j'apprécie énormément de la part de mes beaux-parents. C'est quand même leur exploitation avant, de base. Ils ont bien lâché le truc. Ils nous laissent faire, entre guillemets, comme on veut, même s'ils sont toujours là, ne serait-ce que pour eux. des coups de main, ne serait-ce que tout bête. Ah, bête, il allait vérifier qu'il y avait bien... Mon beau-père qui aime beaucoup se promener. Ah, t'es, je suis passée dans un tel prix, il n'y a pas d'eau, pensez, il faut que vous allez remettre une tonne à eau. C'est des petits détails. Mais voilà, on se demande, est-ce que vous pouvez venir nous aider à changer des bêtes ou n'importe. Ils seront toujours là, présents. Toujours, oui, oui, oui, on est là, on arrive. Toujours dans la bienveillance. Et ils nous laissent... Des fois, ils nous disent, « Ah ouais, non, nous, on aurait fait ça comme ça. » On l'écoute, on ne l'écoute pas, mais au moins on a entendu le conseil, c'est jamais de lui dire, non, il faut absolument que tu fasses ça, c'est toujours avec bienveillance.
- Speaker #0
Oui, ce n'est pas envahissant non plus, quoi, pour eux. Non,
- Speaker #1
non, non, du tout.
- Speaker #0
Ok, trop bien. On parlait un petit peu des enfants.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Donc, tu nous racontais un peu comment tu gérais au quotidien avec la ferme et justement avec ta belle famille, etc. Quand tes enfants sont arrivés, est-ce que toi, tu étais déjà agricultrice et comment est-ce que tu as vécu l'arrivée de tes enfants dans un quotidien agricole un peu... compliqué ou est-ce que c'était dans une période un peu plus calme ? Est-ce que ton conjoint a pu être présent et t'aider à vivre au mieux cette période-là ?
- Speaker #1
Alors pour Enzo, lui il est né début novembre, donc je m'étais dit c'est bon, ce sera calme. Ça va, ça devrait être calme. Et en fait finalement ça n'a pas été tant que ça parce que c'était un moment où il y avait un peu une sécheresse, il n'y avait pas trop d'eau, donc il a été présent parce qu'il avait réussi, il essayait de se régagner au maximum tous les jours pourquoi pour que la date du terme arrive et qu'il s'organise au maximum. Mais je n'ai pas eu mon mari tous les jours à la maternité H24. Il est venu tous les jours, mais par exemple, après il repartait, il me disait qu'il fallait aller voir les bêtes, qu'il ne fallait pas qu'il y ait un souci. Voilà, quand j'étais à la maternité, après arriver à la maison, le gros avantage pour moi d'être avec un agriopteur, c'est que finalement, il est là tous les midis. Donc quand toi, tu es un peu fatigué, quand il a des coliques, qu'il a mal au ventre et tout ça, que c'est pas possible. plus compliqué, il arrive, il arrive pour manger à la base, tu le prends parce que moi j'ai besoin de souffler. Pour moi, ça a été un gros avantage d'être avec un agriculteur. Et après, pour ma seconde, c'était l'été. Donc là, ça a été un peu plus compliqué parce que c'était pendant les foins. Mais là, pareil, il a réussi à à se faire, par exemple j'avais prévenu mes parents qui fanaient eux aussi de leur côté je leur ai dit, moi je ne Ausha pas trop parce que si jamais vous venez tout d'un coup finir de faucher chez nous finir de faner parce qu'il faut y aller donc voilà, tout le monde était un peu au courant qu'il fallait y aller mollo cet été là, donc on s'est tous bien aidés et finalement quand je suis partie à la maternité, mon père est venu finir de presser parce que mon mari devait m'accompagner, tout simplement Ok,
- Speaker #0
donc vous avez réussi à trouver votre Merci. votre équilibre là-dedans, lui, à se dégager un peu du temps, malgré ses contraintes de travail à la ferme.
- Speaker #1
Oui, oui, oui.
- Speaker #0
Tu l'as bien vécu finalement, en fait, là, de ce que j'entends, pour moi, c'est vraiment que positif, au contraire, du fait d'être sur la ferme et qu'il puisse venir te voir, etc. Tu n'as pas eu de moment ou de regret ou de te dire j'aurais aimé qu'il soit plus présent, etc. Pas spécialement, finalement.
- Speaker #1
Non, non, moi, non. Il y a eu des moments, c'est sûr que tu es toute seule avec les deux, surtout quand tu viens d'accoucher, ce n'est pas tout le temps facile, mais vraiment, c'est des petits moments que tu te dis oui. Là, ça aurait été peut-être plus simple si j'avais eu un mari qui était tout le temps à la maison, ou un salarié qui aurait été là, qui aurait pu prendre son premier mois, d'être vraiment à la maison, oui. Mais bon, c'est vraiment ces quelques moments. Vraiment, moi, j'ai très bien vécu d'être à la ferme, à la maison, pendant que lui était plus ou moins par là.
- Speaker #0
Ok, trop, trop bien. Avec du recul, qu'est-ce qui, selon toi, chaque jour, te fait du bien dans cette vie-là, dans le fait de travailler tous les deux sur l'exploitation ?
- Speaker #1
Moi, ce que j'aime aussi, c'est finalement d'être tous les deux sur l'exploitation. C'est finalement, on passe du temps à deux, même si c'est du travail et tout ça. C'est quand même du temps que tu passes avec ton conjoint, que si tu travailles à l'extérieur, tu n'as pas. Donc pour moi, ça déjà, c'est une première force. Et après, honnêtement, c'est de travailler dehors. Je ne m'en rendais pas compte quand j'étais salariée. Mais maintenant que je le suis, vraiment, c'est un plaisir d'aller dehors et de pouvoir profiter de la nature, d'être avec du vivant.
- Speaker #0
Et là, du coup, ça fait trois ans que tu es installée avec lui.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Avec Durkul, est-ce que tu as eu des surprises, que ce soit positives ou négatives, bien sûr, sur ta projection de t'installer avec lui ?
- Speaker #1
Je ne pense pas que ce serait si technique, finalement. Parce que quand j'étais là que pour des coups de main, ça allait. Mais par exemple, quand je te dis, pour l'alimentation des bêtes ou le travail du sol et tout ça, pour la fertilisation, tout ça, c'est quand même... Ça, c'était plus un truc où je disais, ah ouais, quand même, ce n'est pas si simple que ça. Il faut que j'apprenne sur ça parce que... Je trouve que je pêche sur ça.
- Speaker #0
Ok, et tu penses te former avec lui ? Est-ce qu'il y a des formations d'ailleurs continues au niveau agricole pour des agricultrices, pour des agriculteurs, sur des thèmes ? Est-ce que tu penses, toi, en suivre ou en avoir le besoin ?
- Speaker #1
Il y a la Chambre d'agriculture qui propose des petites formations, ne serait-ce que sur deux, un, deux, trois jours, et qui permet de faire des petits remises à niveau, et j'en ai eu fait.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Sur des sujets, voilà, moi quand des fois il me dit « Ah, tu crois qu'on fait comme ci, comme ça ? » Mais en fait... Je n'ai pas trop d'avis parce que je n'ai pas le recul. Alors des fois, je demande à mon papa qui lui a le recul, mais ça me donne un avis en plus. Mais j'aimerais bien... C'est pour ça que j'essaie de me former pour avoir mon propre avis sur la question quand il me pose la question.
- Speaker #0
Ok. Oui, ça aide. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu aimerais dire à une femme qui débute cette vie-là, qui s'installe avec son conjoint et qui commence à travailler tous les deux sur une exploitation ?
- Speaker #1
Alors moi, avant qu'elle s'installe, je lui dirais de... Prendre le temps de bien... De travailler un peu déjà avec lui, mais pas en officiel, quoi. Je veux dire que moi, j'ai eu fait, je suis allée l'aider, tout ça, ne serait-ce pour savoir s'il y a des caractères qui ne sont pas compatibles à travailler ensemble. Ils seront très heureux ensemble, en tant que couple, mais travailler ensemble, des fois, c'est pas si simple. Et déjà, de pouvoir travailler un peu ensemble, ne serait-ce que s'il y a l'aider quand même régulièrement sur la ferme et tout ça, voir si la communication passe bien et si ça lui plaît. parce que Moi, je vois beaucoup d'avantages de ce métier-là, mais il ne faudrait pas qu'après, ça devienne une... De se dire, oui, bon, mais voilà, je me suis engagée maintenant parce que c'est des gros engagements et qu'elle le fasse à contre-coeur à terme. Et que vraiment, il faut que ça soit quelque chose qui lui plaise.
- Speaker #0
OK. Ouais, ouais, je comprends bien. Et enfin, pour conclure, mais tu l'as un petit peu abordé, qu'est-ce qui, toi, t'épanouit chaque jour à vivre avec un agriculteur ?
- Speaker #1
Eh bien... La flexibilité. Parce qu'on ne fait jamais la même chose. D'une journée à l'autre. Alors oui, il y aura des périodes très intenses, quand il y a ces levelages, quand c'est les fouins, c'est plus ou moins tout le temps la même chose. Mais ça va être sur une paire de semaines. Après, c'est très flexible. Un jour, tu vas travailler dans les champs. Un autre jour, tu vas être auprès des animaux. Ce n'est jamais pareil. Et ça, vraiment, pour ça, c'est... C'est la diversité qui, moi, me fait le plus grammier.
- Speaker #0
Et même si sur l'année, les choses reviennent un petit peu, le fait que tous les quotidiens et les journées ne se ressemblent pas, c'est ça qui te plaît ?
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Parce que tu vois, quand j'étais salariée, c'était très ritualisé, quoi. C'était très routinier. Et finalement, tu attaquais ta journée, tu savais ce que tu faisais. Alors ça, après, il faut aimer un peu de flexibilité. Mais finalement, moi, ça me va bien, quoi. Finalement, ah ben, t'es finalement, on va faire ça. Ok, mais finalement, il y a eu un problème avec une bête, on importe. ou il faut aller aider des voisins, très bien, on y va. Et ce qu'on avait prévu, on fera ça demain ou un autre jour.
- Speaker #0
Trop bien. Merci beaucoup, Émilie, pour ta sincérité et pour ton temps. Ton témoignage rejoint ceux de nombreuses femmes qu'on entend peu. Et il est donc précieux. Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci à toi pour tout. C'est la fin de notre échange.
- Speaker #0
Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Si cet épisode vous a plu, je vous invite à découvrir tous les autres. Vous pouvez également noter le podcast sur votre plateforme d'écoute préférée. Et pour suivre l'aventure au quotidien, retrouvez-moi sur les réseaux sociaux et surtout sur Instagram où je suis très active. n'hésitez pas à vous abonner, liker, partager c'est grâce à vous que ce projet prend forme et qu'il peut continuer à grandir et mesdames si vous avez envie de raconter votre histoire rejoignez-moi dans un prochain épisode à bientôt