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Où ça mène quand on sème

Léa : fière d'être une vachère épanouie et femme d'éleveur

Léa : fière d'être une vachère épanouie et femme d'éleveur

19min |08/11/2024|

340

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19min |08/11/2024|

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Description

Léa, 30 ans, est fille et femme d'éleveur, elle-même éleveuse de bovins laitiers. Ils produisent avec son conjoint du St nectaire fermier en Auvergne.

Elle témoigne des difficultés à prendre sa place en tant que femme éleveuse dans une nouvelle région, mais également du bonheur d'élever son fils sur la ferme.


“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Léa a bientôt 30 ans. Elle est productrice de Saint-Nectaire fermier en Auvergne. Elle est fille, femme et elle-même éleveuse de bovins. Elle travaille sur l'exploitation de son conjoint. Ils ont ensemble un enfant. Elle va nous témoigner des difficultés de quitter sa région et de s'installer en tant que femme éleveuse, mais aussi des joies de partager son travail avec son conjoint et avec son fils sur la ferme.

  • Speaker #1

    Alors moi c'est Léa, je vais avoir 30 ans dans deux mois. Je suis agricultrice dans le puits d'Aume à Sauzelfroid. Je suis en couple depuis 8 ans avec mon conjoint. et nous avons eu un petit garçon il y a 18 mois.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter rapidement votre exploitation ?

  • Speaker #1

    Nous avons 60 vaches laitières à Traer et nous en avons autant à élever. Nous transformons la quasi-intégralité du lait en sein nectar fermier. Nous avons notre propre cave d'affinage, donc on en affine une partie que l'on vend direct à la ferme et puis un petit peu à des grossistes. des crémiers fromagés et sur les marchés.

  • Speaker #0

    Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu plus de toi. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai un parcours un petit peu atypique. Donc mon père est agriculteur, je suis originaire en fait de la Sarthe, je suis une Sarthoise et en fait j'ai migré en Auvergne par la suite. Après mes études, je cherchais à m'installer avec mon père. Je cherchais à développer un atelier de transformation sur l'exploitation. Et pour me faire une expérience, j'étais à la base partie pour un ou deux ans en Auvergne, au cœur de la fabrication du fromage. Donc j'ai cherché une exploitation pour travailler. Je suis atterrie ici, sur la commune voisine. Et puis, au bout d'un an, j'ai rencontré mon conjoint. Et puis, je ne suis jamais repartie, en fait.

  • Speaker #0

    L'exploitation de ton papa, tu peux nous la présenter rapidement ?

  • Speaker #1

    Un peu le même système. Il y avait 80 vaches laitières en polyculture élevage, avec culture de maïs, de blé. Et voilà, c'était un système en pâturage à 90%.

  • Speaker #0

    Toi, tu as toujours voulu faire de l'élevage ?

  • Speaker #1

    Toujours, j'y étais baignée dedans. C'est mon père qui m'a transmis la passion des vaches.

  • Speaker #0

    Ok, chouette. Quand tu as rencontré ton conjoint, lui cherchait quelqu'un pour travailler avec lui. Vous en avez parlé rapidement.

  • Speaker #1

    Il ne cherchait pas forcément, mais il avait beaucoup de travail. Il était tout seul. Il n'avait qu'un salarié à l'époque et il était débordé de travail. Ça s'est très vite présenté comme une évidence de travailler ensemble. Moi, je travaillais à l'époque sur une autre ferme. Et puis très vite, je suis passée à mi-temps sur cette ferme et à mi-temps chez lui. Et puis au bout de quelques mois, je suis passée à temps plein chez lui. Et j'ai commencé à beaucoup m'investir sur la ferme comme si c'était pour moi.

  • Speaker #0

    D'accord, ok. Vous vous êtes un peu découvert aussi en travaillant ensemble en fait.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, à notre rencontre, ça a été un petit peu un coup de foudre. Et en fait, on s'est aperçu qu'on s'entendait autant dans la vie personnelle que dans la vie professionnelle. On était sur la même longueur d'onde. surtout quoi.

  • Speaker #0

    Trop bien, trop chouette ok. Pour en venir du coup à là, quelles études tu as fait et dans du coup dans quel but mais ça on l'a un peu compris

  • Speaker #1

    Bah moi mon but premier c'était de m'installer, ça a toujours été mon rêve donc j'ai fait un bac pro CGEA et ensuite un BTS AXE et puis j'ai continué après une année en licence production animale avec une spécialité déjà en transformation Ça m'intéressait déjà beaucoup à l'époque, au niveau de la valorisation du lait. Et puis, j'ai fait beaucoup de stages dans cette dernière année où j'ai découvert la fabrication du fromage.

  • Speaker #0

    Est-ce que quand tu as travaillé dans une autre ferme avant de t'installer avec ton conjoint, tu as ressenti de la discrimination être une fille investie dans le milieu agricole ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Alors non, justement, ça surprenait beaucoup. Une fille débarque et se fasse sa place et ne se laisse pas faire parce que ça impressionnait. Quitter sa région natale pour venir à 400 kilomètres travailler, ça impressionnait beaucoup. Au contraire, quand je suis partie de la première ferme, avant de rencontrer mon conjoint, les gens m'appelaient. Je m'étais déjà fait un nom au bout d'un an du fait que je sache travailler et que j'ai du caractère pour faire ce que je fais.

  • Speaker #0

    Il faut un certain courage, une certaine force pour faire ce que tu as fait. Je comprends que ça marque un peu les esprits aussi.

  • Speaker #1

    Par contre, avant que j'arrive, j'en avais ressenti avant que j'arrive ici. Et c'est peut-être d'ailleurs ce qui m'a poussée à prendre mon envol d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Ok, tu veux nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, ma dernière expérience avant que je parte en Sarthe, je sortais donc de l'école et je devais être embauchée dans une ferme en tant que vachère. Et là par contre, le problème c'est que j'ai fait qu'une semaine. Et j'ai fait une semaine non pas parce que je n'arrivais pas à faire ce que j'avais à faire, mais parce que la personne qui m'avait embauchée, clairement, elle ne voulait pas me garder parce que j'étais une fille. Donc ça, ça a été très dur.

  • Speaker #0

    Ah ouais. Il te l'a dit clairement ou il te l'a fait ressentir ?

  • Speaker #1

    Il me l'a fait ressentir et puis à la fin, il me l'a carrément dit clairement.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on répond à ça, sauf avoir envie de s'installer et de prouver le contraire ?

  • Speaker #1

    On redouble du coup d'efforts pour montrer tout ce qu'on vaut. C'est vrai que ça m'a beaucoup marquée et après, je pense que c'est ce qui m'a rendue aussi déterminée.

  • Speaker #0

    Je comprends. Du coup, maintenant que tu es installée agricultrice avec ton conjoint, quelles sont tes missions ? toi sur l'exploitation et celle de ton conjoint. Comment est-ce que vous dispatchez les tâches sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    On est tous les deux très polyvalents, surtout. Après, on a bien sûr nos propres tâches, quand même, chacun au quotidien. Mon conjoint, lui, il est plus sur la partie alimentation, soins du troupeau, et puis tout ce qui est travaux extérieurs, donc sur les tracteurs, la mécanique, les clôtures, des choses comme ça. Et moi, je suis plus sur la partie élevage, suivi du troupeau, la traite, le soin des veaux. Et puis après, toute la partie fabrication, affinage et vente.

  • Speaker #0

    Ok. Est-ce que tu peux nous présenter une journée type pour toi ?

  • Speaker #1

    Une journée type, c'est assez difficile parce que les journées sont variées. Mais en gros, le matin, je suis à la traite et mon conjoint soigne les vaches. Donc, il y a les veaux à s'occuper. et donc après chaque traite matin et soir on a la fabrication du sein nectar quand on a fini la fabrication le matin souvent il faut qu'on aille un petit moment en cave et puis après le reste de la journée c'est de l'administratif le suivi des génisses on va voir les troupeaux dehors à droite à gauche on s'occupe des bêtes voilà tous les travaux qu'il y a autour de l'élevage quoi ok

  • Speaker #0

    Alors maintenant que nous te connaissons un peu mieux, nous allons discuter ensemble de ta vie de couple et de votre vie de famille. Tu nous as présenté un peu comment tu avais connu ton mari. Quels ont été tes premiers ressentis sur le fait qu'il était agriculteur ? Faire ta vie avec un agriculteur, c'était un rêve ? Est-ce que tu as eu des excitations, des craintes par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    C'était un petit peu une évidence, étant donné la passion que j'avais, parce que je me disais qu'il n'y aurait qu'un agriculteur pour comprendre mon métier. Après, je n'étais pas fermée à ce que mon conjoint ne fasse pas ça, mais il aurait fallu qu'il comprenne les contraintes et les horaires surtout.

  • Speaker #0

    Plutôt rassurée, plutôt de te dire qu'il vit la même chose que moi, donc il va bien me comprendre.

  • Speaker #1

    C'est compliqué aussi de faire la part des choses à la maison. De travailler ensemble, déjà, ce n'est pas donné à tout le monde. Et après, quand on peut, il faut que dans la vie personnelle, on fasse la part des choses. Et ça, ce n'est pas toujours évident de ne pas ramener les problèmes à la maison.

  • Speaker #0

    Ouais, essayer de couper un peu, de parler d'autres choses, et autre chose que l'exploitation quand on rentre.

  • Speaker #1

    Ouais, ça c'est difficile.

  • Speaker #0

    Et quels ont été, lui, ses premiers ressentis sur le fait que tu étais agricultrice, ou que tu souhaitais en tout cas l'être ?

  • Speaker #1

    Je sais pas, faudrait que je lui demande. Moi, il m'admirait beaucoup pour ce que je faisais. Le métier s'est beaucoup féminisé, mais c'est vrai que... Parce qu'en fait, avec mon conjoint, on a 10 ans d'écart. Il a 10 ans de plus que moi, et du coup, c'est vrai que lui, il connaissait pas beaucoup de femmes qui faisaient ça, maintenant, il y en a beaucoup. Il était impressionné de voir ma motivation et de quoi j'étais capable. Ok.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous habitez sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est un choix commun, qu'est-ce que ça vous apporte ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un choix commun au niveau de la vie quotidienne. C'est un plus au niveau de la vie de l'élevage, des vélages. Et puis nous, avec la vente directe, on a tout sur place. Je ne me verrais pas faire de la route pour revenir en permanence. C'est vraiment un confort. Et ça a été aussi un plus et un confort quand on a eu le petit bout de chou.

  • Speaker #0

    Parce qu'il a pu peut-être le voir plus, toi Est-ce que vous avez de l'aide sur l'exploitation ? Est-ce que vous avez des employés ?

  • Speaker #1

    Oui, jusqu'ici on avait deux salariés et deux apprentis.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça, ça vous aide aussi pour votre organisation familiale ? Ah oui,

  • Speaker #1

    oui, oui, tout à fait. Pour jongler entre tout, c'est nécessaire.

  • Speaker #0

    Donc tu t'es installée sur l'exploitation de ton conjoint, c'était une exploitation depuis plusieurs générations. Est-ce que ta belle famille travaille encore dessus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une exploitation familiale depuis trois générations. Mes beaux-parents sont à la retraite. Mon beau-père vient encore un petit peu sur l'exploitation, mais juste pour vraiment filer un petit coup de main.

  • Speaker #0

    D'accord, oui. C'est toujours compliqué de couper le cordon. Oui, voilà. Ok, vous avez un enfant. Quel âge a-t-il ? Est-ce que l'arrivée de cet enfant a été compliquée vis-à-vis de la période agricole et du travail sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Il a 18 mois là actuellement. Ça a été, il a fallu qu'on prévoit un petit peu l'organisation quand même. Mais étant donné qu'on avait réussi à trouver de la bonne main d'oeuvre, ça a été assez facile à gérer. Après, on désirait un enfant déjà depuis longtemps, mais on avait longtemps attendu parce qu'on n'avait pas le personnel qu'il fallait et on se disait qu'on n'allait jamais y arriver à faire tout notre travail avec un enfant. Et puis il y a un jour où on a dit il faut qu'on ne se soucie de ça sinon on ne fera jamais rien. On s'est décidé quand même de faire notre vie de famille et puis on s'est dit on adaptera après en fonction. Et puis en fait du jour où on l'a eu après tout s'est bien goupillé parce qu'on a trouvé des gens sur qui on pouvait compter. et du coup... Tout nous a souris, on va dire, depuis qu'on a pris cette décision.

  • Speaker #0

    C'était peut-être compliqué de passer le pas, mais une fois que c'est fait, vous vous êtes rendu compte que c'était jouable, en fait.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Comment se passe votre organisation familiale ? Alors,

  • Speaker #1

    nous, on a une nourrice pour nous seconder, on va dire. Donc, la semaine, il a des heures chez la nourrice. Et puis, après, j'essaie un petit peu de me garder du temps, au moins une après-midi ou des fois vraiment quand je peux, une journée dans la semaine. où je le garde avec moi. Et puis après, les week-ends, il est avec nous et puis on le fait suivre comme on peut, on va dire, sur la ferme. Le week-end, quand on n'est que tous les deux, on se relaie. Il y en a un qui part faire le boulot tant que l'autre garde le petit. Et puis inversement, après, on se rejoint et puis il nous suit dans nos tâches.

  • Speaker #0

    OK. Comment est-ce que tu pourrais nous décrire la relation entre ton conjoint et ton fils ? Est-ce qu'il arrive à lui trouver lui aussi un peu ? de temps ? Est-ce qu'ils sont proches ? Est-ce que c'est compliqué à se mettre en place avec le travail aussi ?

  • Speaker #1

    Non, il est super complice avec son fils. C'est un très bon papa, il s'en occupe très bien. La plupart du temps, les week-ends, surtout le soir, c'est lui qui s'en occupe tant que moi je traie. Après, il me rejoint et il reste vraiment un bon bout de temps avec son père, le temps que je puisse le récupérer. Il profite vraiment de son fils et il essaie de le voir au maximum. On essaie de se garder un maximum de temps pour passer des moments en famille.

  • Speaker #0

    Trop chouette. Donc, au final, vous arrivez à passer presque autant de temps que soit toi ou lui avec votre fils.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Trop bien.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    On essaie de trouver un bon équilibre. Moi, le matin, quand j'ai fini, c'est moi qui m'en occupe. Après, le soir, c'est lui. Donc, on en profite presque à temps égal. OK.

  • Speaker #0

    Super. Question un peu cliché, c'est peut-être toi, 18 mois. Vous espérez qu'il reprenne après ? Ou vous ne vous posez pas trop la question et vous verrez bien ?

  • Speaker #1

    Pas forcément. Moi, en tant que passionnée, oui, j'aimerais voir un de mes enfants avoir la même passion que moi et reprendre. Mais après, je sais que le métier est très dur. Et s'il veut faire autre chose, je n'en empêcherai pas du tout. Et mon conjoint, c'est pareil. Il n'était pas forcément prédisposé à ça. Et lui, il sait ce que c'est de ne pas trop avoir eu le choix, on va dire. Il n'hésitera pas à l'encourager s'il veut faire autre chose. Aujourd'hui, on est plus évolué quand même à ce niveau-là, au niveau des mentalités, qu'à l'époque quand même.

  • Speaker #0

    Oui, ça a bien avancé, c'est clair. Tu dis que lui sait très bien ce que c'est d'être un peu obligé de reprendre. Est-ce qu'il a eu une pression de ses parents là-dessus

  • Speaker #1

    Il aurait bien voulu voir un petit peu autre chose. Et puis, à l'époque, il n'a pas trop eu le choix de reprendre la ferme familiale. C'est un peu les anciennes mentalités ici. Moi, j'ai trouvé que quand je suis arrivée ici, en Auvergne, ils ne sont pas toujours allés voir ailleurs. Et du coup, ils sont un petit peu moins ouverts sur ce sujet quand même.

  • Speaker #0

    OK. Je comprends. D'accord.

  • Speaker #1

    Après, il adore ce qu'il fait. Et il est passionné aussi. Mais voilà. Ce n'était pas toujours évident. Quand on te force un petit peu la main, ça reste quand même quelque chose qui te marque.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends.

  • Speaker #1

    Surtout sous les coups durs.

  • Speaker #0

    On vit différemment que quand on l'a souhaité, même s'il l'a sans doute souhaité. Je comprends ce que tu veux dire. Voilà. Vis-à-vis de votre couple, comment est-ce que vous trouvez vos moments aussi à deux, à côté du travail à la ferme et à côté de cette organisation familiale avec votre fils ? Est-ce que vous vous accordez des soirées, des restaurants, des week-ends, tous les deux ?

  • Speaker #1

    Là, c'est un petit peu plus compliqué, surtout depuis qu'on a notre fils. Le temps qu'on prend, c'est en famille. C'est vrai que nous deux, c'est très rare. C'est compliqué, oui.

  • Speaker #0

    Et avec votre fils, est-ce que vous partez en vacances ? Est-ce que vous arrivez à partir en week-end, à avoir un peu de temps en famille, en dehors de l'exploitation tous les trois ?

  • Speaker #1

    Oui, on essaie. C'est vrai que depuis qu'il est là, on se l'oblige un peu. Moi déjà, avec ma famille en Sarthe, à peu près tous les deux mois, on part 4-5 jours. Depuis qu'il est né, on prend systématiquement une semaine l'été pour partir.

  • Speaker #0

    Pour avoir un instant un peu que tous les trois des vacances en famille.

  • Speaker #1

    Voilà. Moi, essayer quand même de profiter de ma famille qui est loin. Donc, on essaie de remonter régulièrement. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. C'est important aussi. Là, tu parles de ta famille qui est loin. Autour de vous, est-ce que vous avez des amis de la famille de ton conjoint ? Est-ce que tu te sens parfois isolée, plutôt bien entourée ? Comment est-ce que tu décrirais votre vie sociale ?

  • Speaker #1

    Non, il avait ses amis et sa vie sociale déjà quand je suis arrivée. Donc, ça a aidé. On a gardé le même cercle d'amis. Et puis, moi, mes expériences professionnelles, je m'en suis fait aussi. Depuis que je suis là, je me suis investie dans différentes choses. Donc, j'ai rencontré beaucoup de gens aussi. Donc, tout ça, ça a tissé un lien social quand même assez important maintenant. Mais c'est sûr qu'au début, ce n'est pas toujours évident. C'est sûr que des fois, il y a des grands moments de solitude quand même. Ce n'est pas donné à tout le monde.

  • Speaker #0

    Oui, de s'installer, de construire son réseau d'amis, de travail autour de soi, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, et puis moi, les week-ends, je ne pouvais pas aller voir mes parents, par exemple. J'étais vraiment… Vu que ma famille est loin, j'étais parfois toute seule. Au début, tu ne connais personne. Donc, c'est sûr que tu te sens un petit peu isolée. Oui,

  • Speaker #0

    je comprends. Et est-ce que les personnes qui vous entourent sont toutes du milieu agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    On a les deux cas. On a des amis qui font comme nous, bien sûr. Et puis, on a aussi des gens qui ne font pas du tout ça. Et là, ça fait du bien de parler d'autres choses avec eux. Mais ils comprennent aussi nos contraintes.

  • Speaker #0

    Ok, ça marche. Pour finir cet échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur qui nous écoute ?

  • Speaker #1

    Il ne faut pas s'oublier.

  • Speaker #0

    Vis-à-vis de la ferme, vis-à-vis de ton fils, vis-à-vis de quoi tu penses ça ?

  • Speaker #1

    Vis-à-vis un petit peu de tout. tout, il faut se concentrer sur l'essentiel, mais il ne faut pas s'oublier aussi en tant que femme, en tant que femme personnellement. Ok,

  • Speaker #0

    ouais, ouais. Ne pas trop se mettre de côté par rapport à tout ça et à son investissement sur l'exploitation agricole aussi, peut-être.

  • Speaker #1

    Bah, c'est bien de s'investir, c'est bien de prendre du temps pour sa famille, tout ça, c'est important. Des fois, il faut prendre du recul et il faut s'occuper un peu de soi et prendre ne serait-ce qu'une après-midi de temps en temps pour Faire vraiment ce qu'on veut, nous, personnellement. Il faut penser un peu, des fois, à soi, parce qu'à trop, des fois, penser aux autres, on s'oublie et ce n'est pas bon.

  • Speaker #0

    Pour conclure, qu'est-ce qui, selon toi, t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur et d'agricultrice, du coup ?

  • Speaker #1

    Déjà, c'est de me lever tous les matins et d'aimer ce que je fais. Et puis, de pouvoir, aujourd'hui, peut-être le transmettre. à mon enfant et d'avoir trouvé mon équilibre avec mes rêves, mes ambitions, mon couple et maintenant ma famille.

  • Speaker #0

    C'est une super conclusion à cet échange. C'est super positif. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de discuter de tout ça.

  • Speaker #1

    Merci à toi. Ça fait du bien de parler de ces choses-là.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie, ou au contraire sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

Léa, 30 ans, est fille et femme d'éleveur, elle-même éleveuse de bovins laitiers. Ils produisent avec son conjoint du St nectaire fermier en Auvergne.

Elle témoigne des difficultés à prendre sa place en tant que femme éleveuse dans une nouvelle région, mais également du bonheur d'élever son fils sur la ferme.


“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !


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Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Léa a bientôt 30 ans. Elle est productrice de Saint-Nectaire fermier en Auvergne. Elle est fille, femme et elle-même éleveuse de bovins. Elle travaille sur l'exploitation de son conjoint. Ils ont ensemble un enfant. Elle va nous témoigner des difficultés de quitter sa région et de s'installer en tant que femme éleveuse, mais aussi des joies de partager son travail avec son conjoint et avec son fils sur la ferme.

  • Speaker #1

    Alors moi c'est Léa, je vais avoir 30 ans dans deux mois. Je suis agricultrice dans le puits d'Aume à Sauzelfroid. Je suis en couple depuis 8 ans avec mon conjoint. et nous avons eu un petit garçon il y a 18 mois.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter rapidement votre exploitation ?

  • Speaker #1

    Nous avons 60 vaches laitières à Traer et nous en avons autant à élever. Nous transformons la quasi-intégralité du lait en sein nectar fermier. Nous avons notre propre cave d'affinage, donc on en affine une partie que l'on vend direct à la ferme et puis un petit peu à des grossistes. des crémiers fromagés et sur les marchés.

  • Speaker #0

    Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu plus de toi. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai un parcours un petit peu atypique. Donc mon père est agriculteur, je suis originaire en fait de la Sarthe, je suis une Sarthoise et en fait j'ai migré en Auvergne par la suite. Après mes études, je cherchais à m'installer avec mon père. Je cherchais à développer un atelier de transformation sur l'exploitation. Et pour me faire une expérience, j'étais à la base partie pour un ou deux ans en Auvergne, au cœur de la fabrication du fromage. Donc j'ai cherché une exploitation pour travailler. Je suis atterrie ici, sur la commune voisine. Et puis, au bout d'un an, j'ai rencontré mon conjoint. Et puis, je ne suis jamais repartie, en fait.

  • Speaker #0

    L'exploitation de ton papa, tu peux nous la présenter rapidement ?

  • Speaker #1

    Un peu le même système. Il y avait 80 vaches laitières en polyculture élevage, avec culture de maïs, de blé. Et voilà, c'était un système en pâturage à 90%.

  • Speaker #0

    Toi, tu as toujours voulu faire de l'élevage ?

  • Speaker #1

    Toujours, j'y étais baignée dedans. C'est mon père qui m'a transmis la passion des vaches.

  • Speaker #0

    Ok, chouette. Quand tu as rencontré ton conjoint, lui cherchait quelqu'un pour travailler avec lui. Vous en avez parlé rapidement.

  • Speaker #1

    Il ne cherchait pas forcément, mais il avait beaucoup de travail. Il était tout seul. Il n'avait qu'un salarié à l'époque et il était débordé de travail. Ça s'est très vite présenté comme une évidence de travailler ensemble. Moi, je travaillais à l'époque sur une autre ferme. Et puis très vite, je suis passée à mi-temps sur cette ferme et à mi-temps chez lui. Et puis au bout de quelques mois, je suis passée à temps plein chez lui. Et j'ai commencé à beaucoup m'investir sur la ferme comme si c'était pour moi.

  • Speaker #0

    D'accord, ok. Vous vous êtes un peu découvert aussi en travaillant ensemble en fait.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, à notre rencontre, ça a été un petit peu un coup de foudre. Et en fait, on s'est aperçu qu'on s'entendait autant dans la vie personnelle que dans la vie professionnelle. On était sur la même longueur d'onde. surtout quoi.

  • Speaker #0

    Trop bien, trop chouette ok. Pour en venir du coup à là, quelles études tu as fait et dans du coup dans quel but mais ça on l'a un peu compris

  • Speaker #1

    Bah moi mon but premier c'était de m'installer, ça a toujours été mon rêve donc j'ai fait un bac pro CGEA et ensuite un BTS AXE et puis j'ai continué après une année en licence production animale avec une spécialité déjà en transformation Ça m'intéressait déjà beaucoup à l'époque, au niveau de la valorisation du lait. Et puis, j'ai fait beaucoup de stages dans cette dernière année où j'ai découvert la fabrication du fromage.

  • Speaker #0

    Est-ce que quand tu as travaillé dans une autre ferme avant de t'installer avec ton conjoint, tu as ressenti de la discrimination être une fille investie dans le milieu agricole ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Alors non, justement, ça surprenait beaucoup. Une fille débarque et se fasse sa place et ne se laisse pas faire parce que ça impressionnait. Quitter sa région natale pour venir à 400 kilomètres travailler, ça impressionnait beaucoup. Au contraire, quand je suis partie de la première ferme, avant de rencontrer mon conjoint, les gens m'appelaient. Je m'étais déjà fait un nom au bout d'un an du fait que je sache travailler et que j'ai du caractère pour faire ce que je fais.

  • Speaker #0

    Il faut un certain courage, une certaine force pour faire ce que tu as fait. Je comprends que ça marque un peu les esprits aussi.

  • Speaker #1

    Par contre, avant que j'arrive, j'en avais ressenti avant que j'arrive ici. Et c'est peut-être d'ailleurs ce qui m'a poussée à prendre mon envol d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Ok, tu veux nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, ma dernière expérience avant que je parte en Sarthe, je sortais donc de l'école et je devais être embauchée dans une ferme en tant que vachère. Et là par contre, le problème c'est que j'ai fait qu'une semaine. Et j'ai fait une semaine non pas parce que je n'arrivais pas à faire ce que j'avais à faire, mais parce que la personne qui m'avait embauchée, clairement, elle ne voulait pas me garder parce que j'étais une fille. Donc ça, ça a été très dur.

  • Speaker #0

    Ah ouais. Il te l'a dit clairement ou il te l'a fait ressentir ?

  • Speaker #1

    Il me l'a fait ressentir et puis à la fin, il me l'a carrément dit clairement.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on répond à ça, sauf avoir envie de s'installer et de prouver le contraire ?

  • Speaker #1

    On redouble du coup d'efforts pour montrer tout ce qu'on vaut. C'est vrai que ça m'a beaucoup marquée et après, je pense que c'est ce qui m'a rendue aussi déterminée.

  • Speaker #0

    Je comprends. Du coup, maintenant que tu es installée agricultrice avec ton conjoint, quelles sont tes missions ? toi sur l'exploitation et celle de ton conjoint. Comment est-ce que vous dispatchez les tâches sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    On est tous les deux très polyvalents, surtout. Après, on a bien sûr nos propres tâches, quand même, chacun au quotidien. Mon conjoint, lui, il est plus sur la partie alimentation, soins du troupeau, et puis tout ce qui est travaux extérieurs, donc sur les tracteurs, la mécanique, les clôtures, des choses comme ça. Et moi, je suis plus sur la partie élevage, suivi du troupeau, la traite, le soin des veaux. Et puis après, toute la partie fabrication, affinage et vente.

  • Speaker #0

    Ok. Est-ce que tu peux nous présenter une journée type pour toi ?

  • Speaker #1

    Une journée type, c'est assez difficile parce que les journées sont variées. Mais en gros, le matin, je suis à la traite et mon conjoint soigne les vaches. Donc, il y a les veaux à s'occuper. et donc après chaque traite matin et soir on a la fabrication du sein nectar quand on a fini la fabrication le matin souvent il faut qu'on aille un petit moment en cave et puis après le reste de la journée c'est de l'administratif le suivi des génisses on va voir les troupeaux dehors à droite à gauche on s'occupe des bêtes voilà tous les travaux qu'il y a autour de l'élevage quoi ok

  • Speaker #0

    Alors maintenant que nous te connaissons un peu mieux, nous allons discuter ensemble de ta vie de couple et de votre vie de famille. Tu nous as présenté un peu comment tu avais connu ton mari. Quels ont été tes premiers ressentis sur le fait qu'il était agriculteur ? Faire ta vie avec un agriculteur, c'était un rêve ? Est-ce que tu as eu des excitations, des craintes par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    C'était un petit peu une évidence, étant donné la passion que j'avais, parce que je me disais qu'il n'y aurait qu'un agriculteur pour comprendre mon métier. Après, je n'étais pas fermée à ce que mon conjoint ne fasse pas ça, mais il aurait fallu qu'il comprenne les contraintes et les horaires surtout.

  • Speaker #0

    Plutôt rassurée, plutôt de te dire qu'il vit la même chose que moi, donc il va bien me comprendre.

  • Speaker #1

    C'est compliqué aussi de faire la part des choses à la maison. De travailler ensemble, déjà, ce n'est pas donné à tout le monde. Et après, quand on peut, il faut que dans la vie personnelle, on fasse la part des choses. Et ça, ce n'est pas toujours évident de ne pas ramener les problèmes à la maison.

  • Speaker #0

    Ouais, essayer de couper un peu, de parler d'autres choses, et autre chose que l'exploitation quand on rentre.

  • Speaker #1

    Ouais, ça c'est difficile.

  • Speaker #0

    Et quels ont été, lui, ses premiers ressentis sur le fait que tu étais agricultrice, ou que tu souhaitais en tout cas l'être ?

  • Speaker #1

    Je sais pas, faudrait que je lui demande. Moi, il m'admirait beaucoup pour ce que je faisais. Le métier s'est beaucoup féminisé, mais c'est vrai que... Parce qu'en fait, avec mon conjoint, on a 10 ans d'écart. Il a 10 ans de plus que moi, et du coup, c'est vrai que lui, il connaissait pas beaucoup de femmes qui faisaient ça, maintenant, il y en a beaucoup. Il était impressionné de voir ma motivation et de quoi j'étais capable. Ok.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous habitez sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est un choix commun, qu'est-ce que ça vous apporte ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un choix commun au niveau de la vie quotidienne. C'est un plus au niveau de la vie de l'élevage, des vélages. Et puis nous, avec la vente directe, on a tout sur place. Je ne me verrais pas faire de la route pour revenir en permanence. C'est vraiment un confort. Et ça a été aussi un plus et un confort quand on a eu le petit bout de chou.

  • Speaker #0

    Parce qu'il a pu peut-être le voir plus, toi Est-ce que vous avez de l'aide sur l'exploitation ? Est-ce que vous avez des employés ?

  • Speaker #1

    Oui, jusqu'ici on avait deux salariés et deux apprentis.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça, ça vous aide aussi pour votre organisation familiale ? Ah oui,

  • Speaker #1

    oui, oui, tout à fait. Pour jongler entre tout, c'est nécessaire.

  • Speaker #0

    Donc tu t'es installée sur l'exploitation de ton conjoint, c'était une exploitation depuis plusieurs générations. Est-ce que ta belle famille travaille encore dessus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une exploitation familiale depuis trois générations. Mes beaux-parents sont à la retraite. Mon beau-père vient encore un petit peu sur l'exploitation, mais juste pour vraiment filer un petit coup de main.

  • Speaker #0

    D'accord, oui. C'est toujours compliqué de couper le cordon. Oui, voilà. Ok, vous avez un enfant. Quel âge a-t-il ? Est-ce que l'arrivée de cet enfant a été compliquée vis-à-vis de la période agricole et du travail sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Il a 18 mois là actuellement. Ça a été, il a fallu qu'on prévoit un petit peu l'organisation quand même. Mais étant donné qu'on avait réussi à trouver de la bonne main d'oeuvre, ça a été assez facile à gérer. Après, on désirait un enfant déjà depuis longtemps, mais on avait longtemps attendu parce qu'on n'avait pas le personnel qu'il fallait et on se disait qu'on n'allait jamais y arriver à faire tout notre travail avec un enfant. Et puis il y a un jour où on a dit il faut qu'on ne se soucie de ça sinon on ne fera jamais rien. On s'est décidé quand même de faire notre vie de famille et puis on s'est dit on adaptera après en fonction. Et puis en fait du jour où on l'a eu après tout s'est bien goupillé parce qu'on a trouvé des gens sur qui on pouvait compter. et du coup... Tout nous a souris, on va dire, depuis qu'on a pris cette décision.

  • Speaker #0

    C'était peut-être compliqué de passer le pas, mais une fois que c'est fait, vous vous êtes rendu compte que c'était jouable, en fait.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Comment se passe votre organisation familiale ? Alors,

  • Speaker #1

    nous, on a une nourrice pour nous seconder, on va dire. Donc, la semaine, il a des heures chez la nourrice. Et puis, après, j'essaie un petit peu de me garder du temps, au moins une après-midi ou des fois vraiment quand je peux, une journée dans la semaine. où je le garde avec moi. Et puis après, les week-ends, il est avec nous et puis on le fait suivre comme on peut, on va dire, sur la ferme. Le week-end, quand on n'est que tous les deux, on se relaie. Il y en a un qui part faire le boulot tant que l'autre garde le petit. Et puis inversement, après, on se rejoint et puis il nous suit dans nos tâches.

  • Speaker #0

    OK. Comment est-ce que tu pourrais nous décrire la relation entre ton conjoint et ton fils ? Est-ce qu'il arrive à lui trouver lui aussi un peu ? de temps ? Est-ce qu'ils sont proches ? Est-ce que c'est compliqué à se mettre en place avec le travail aussi ?

  • Speaker #1

    Non, il est super complice avec son fils. C'est un très bon papa, il s'en occupe très bien. La plupart du temps, les week-ends, surtout le soir, c'est lui qui s'en occupe tant que moi je traie. Après, il me rejoint et il reste vraiment un bon bout de temps avec son père, le temps que je puisse le récupérer. Il profite vraiment de son fils et il essaie de le voir au maximum. On essaie de se garder un maximum de temps pour passer des moments en famille.

  • Speaker #0

    Trop chouette. Donc, au final, vous arrivez à passer presque autant de temps que soit toi ou lui avec votre fils.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Trop bien.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    On essaie de trouver un bon équilibre. Moi, le matin, quand j'ai fini, c'est moi qui m'en occupe. Après, le soir, c'est lui. Donc, on en profite presque à temps égal. OK.

  • Speaker #0

    Super. Question un peu cliché, c'est peut-être toi, 18 mois. Vous espérez qu'il reprenne après ? Ou vous ne vous posez pas trop la question et vous verrez bien ?

  • Speaker #1

    Pas forcément. Moi, en tant que passionnée, oui, j'aimerais voir un de mes enfants avoir la même passion que moi et reprendre. Mais après, je sais que le métier est très dur. Et s'il veut faire autre chose, je n'en empêcherai pas du tout. Et mon conjoint, c'est pareil. Il n'était pas forcément prédisposé à ça. Et lui, il sait ce que c'est de ne pas trop avoir eu le choix, on va dire. Il n'hésitera pas à l'encourager s'il veut faire autre chose. Aujourd'hui, on est plus évolué quand même à ce niveau-là, au niveau des mentalités, qu'à l'époque quand même.

  • Speaker #0

    Oui, ça a bien avancé, c'est clair. Tu dis que lui sait très bien ce que c'est d'être un peu obligé de reprendre. Est-ce qu'il a eu une pression de ses parents là-dessus

  • Speaker #1

    Il aurait bien voulu voir un petit peu autre chose. Et puis, à l'époque, il n'a pas trop eu le choix de reprendre la ferme familiale. C'est un peu les anciennes mentalités ici. Moi, j'ai trouvé que quand je suis arrivée ici, en Auvergne, ils ne sont pas toujours allés voir ailleurs. Et du coup, ils sont un petit peu moins ouverts sur ce sujet quand même.

  • Speaker #0

    OK. Je comprends. D'accord.

  • Speaker #1

    Après, il adore ce qu'il fait. Et il est passionné aussi. Mais voilà. Ce n'était pas toujours évident. Quand on te force un petit peu la main, ça reste quand même quelque chose qui te marque.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends.

  • Speaker #1

    Surtout sous les coups durs.

  • Speaker #0

    On vit différemment que quand on l'a souhaité, même s'il l'a sans doute souhaité. Je comprends ce que tu veux dire. Voilà. Vis-à-vis de votre couple, comment est-ce que vous trouvez vos moments aussi à deux, à côté du travail à la ferme et à côté de cette organisation familiale avec votre fils ? Est-ce que vous vous accordez des soirées, des restaurants, des week-ends, tous les deux ?

  • Speaker #1

    Là, c'est un petit peu plus compliqué, surtout depuis qu'on a notre fils. Le temps qu'on prend, c'est en famille. C'est vrai que nous deux, c'est très rare. C'est compliqué, oui.

  • Speaker #0

    Et avec votre fils, est-ce que vous partez en vacances ? Est-ce que vous arrivez à partir en week-end, à avoir un peu de temps en famille, en dehors de l'exploitation tous les trois ?

  • Speaker #1

    Oui, on essaie. C'est vrai que depuis qu'il est là, on se l'oblige un peu. Moi déjà, avec ma famille en Sarthe, à peu près tous les deux mois, on part 4-5 jours. Depuis qu'il est né, on prend systématiquement une semaine l'été pour partir.

  • Speaker #0

    Pour avoir un instant un peu que tous les trois des vacances en famille.

  • Speaker #1

    Voilà. Moi, essayer quand même de profiter de ma famille qui est loin. Donc, on essaie de remonter régulièrement. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. C'est important aussi. Là, tu parles de ta famille qui est loin. Autour de vous, est-ce que vous avez des amis de la famille de ton conjoint ? Est-ce que tu te sens parfois isolée, plutôt bien entourée ? Comment est-ce que tu décrirais votre vie sociale ?

  • Speaker #1

    Non, il avait ses amis et sa vie sociale déjà quand je suis arrivée. Donc, ça a aidé. On a gardé le même cercle d'amis. Et puis, moi, mes expériences professionnelles, je m'en suis fait aussi. Depuis que je suis là, je me suis investie dans différentes choses. Donc, j'ai rencontré beaucoup de gens aussi. Donc, tout ça, ça a tissé un lien social quand même assez important maintenant. Mais c'est sûr qu'au début, ce n'est pas toujours évident. C'est sûr que des fois, il y a des grands moments de solitude quand même. Ce n'est pas donné à tout le monde.

  • Speaker #0

    Oui, de s'installer, de construire son réseau d'amis, de travail autour de soi, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, et puis moi, les week-ends, je ne pouvais pas aller voir mes parents, par exemple. J'étais vraiment… Vu que ma famille est loin, j'étais parfois toute seule. Au début, tu ne connais personne. Donc, c'est sûr que tu te sens un petit peu isolée. Oui,

  • Speaker #0

    je comprends. Et est-ce que les personnes qui vous entourent sont toutes du milieu agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    On a les deux cas. On a des amis qui font comme nous, bien sûr. Et puis, on a aussi des gens qui ne font pas du tout ça. Et là, ça fait du bien de parler d'autres choses avec eux. Mais ils comprennent aussi nos contraintes.

  • Speaker #0

    Ok, ça marche. Pour finir cet échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur qui nous écoute ?

  • Speaker #1

    Il ne faut pas s'oublier.

  • Speaker #0

    Vis-à-vis de la ferme, vis-à-vis de ton fils, vis-à-vis de quoi tu penses ça ?

  • Speaker #1

    Vis-à-vis un petit peu de tout. tout, il faut se concentrer sur l'essentiel, mais il ne faut pas s'oublier aussi en tant que femme, en tant que femme personnellement. Ok,

  • Speaker #0

    ouais, ouais. Ne pas trop se mettre de côté par rapport à tout ça et à son investissement sur l'exploitation agricole aussi, peut-être.

  • Speaker #1

    Bah, c'est bien de s'investir, c'est bien de prendre du temps pour sa famille, tout ça, c'est important. Des fois, il faut prendre du recul et il faut s'occuper un peu de soi et prendre ne serait-ce qu'une après-midi de temps en temps pour Faire vraiment ce qu'on veut, nous, personnellement. Il faut penser un peu, des fois, à soi, parce qu'à trop, des fois, penser aux autres, on s'oublie et ce n'est pas bon.

  • Speaker #0

    Pour conclure, qu'est-ce qui, selon toi, t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur et d'agricultrice, du coup ?

  • Speaker #1

    Déjà, c'est de me lever tous les matins et d'aimer ce que je fais. Et puis, de pouvoir, aujourd'hui, peut-être le transmettre. à mon enfant et d'avoir trouvé mon équilibre avec mes rêves, mes ambitions, mon couple et maintenant ma famille.

  • Speaker #0

    C'est une super conclusion à cet échange. C'est super positif. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de discuter de tout ça.

  • Speaker #1

    Merci à toi. Ça fait du bien de parler de ces choses-là.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie, ou au contraire sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

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Description

Léa, 30 ans, est fille et femme d'éleveur, elle-même éleveuse de bovins laitiers. Ils produisent avec son conjoint du St nectaire fermier en Auvergne.

Elle témoigne des difficultés à prendre sa place en tant que femme éleveuse dans une nouvelle région, mais également du bonheur d'élever son fils sur la ferme.


“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Léa a bientôt 30 ans. Elle est productrice de Saint-Nectaire fermier en Auvergne. Elle est fille, femme et elle-même éleveuse de bovins. Elle travaille sur l'exploitation de son conjoint. Ils ont ensemble un enfant. Elle va nous témoigner des difficultés de quitter sa région et de s'installer en tant que femme éleveuse, mais aussi des joies de partager son travail avec son conjoint et avec son fils sur la ferme.

  • Speaker #1

    Alors moi c'est Léa, je vais avoir 30 ans dans deux mois. Je suis agricultrice dans le puits d'Aume à Sauzelfroid. Je suis en couple depuis 8 ans avec mon conjoint. et nous avons eu un petit garçon il y a 18 mois.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter rapidement votre exploitation ?

  • Speaker #1

    Nous avons 60 vaches laitières à Traer et nous en avons autant à élever. Nous transformons la quasi-intégralité du lait en sein nectar fermier. Nous avons notre propre cave d'affinage, donc on en affine une partie que l'on vend direct à la ferme et puis un petit peu à des grossistes. des crémiers fromagés et sur les marchés.

  • Speaker #0

    Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu plus de toi. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai un parcours un petit peu atypique. Donc mon père est agriculteur, je suis originaire en fait de la Sarthe, je suis une Sarthoise et en fait j'ai migré en Auvergne par la suite. Après mes études, je cherchais à m'installer avec mon père. Je cherchais à développer un atelier de transformation sur l'exploitation. Et pour me faire une expérience, j'étais à la base partie pour un ou deux ans en Auvergne, au cœur de la fabrication du fromage. Donc j'ai cherché une exploitation pour travailler. Je suis atterrie ici, sur la commune voisine. Et puis, au bout d'un an, j'ai rencontré mon conjoint. Et puis, je ne suis jamais repartie, en fait.

  • Speaker #0

    L'exploitation de ton papa, tu peux nous la présenter rapidement ?

  • Speaker #1

    Un peu le même système. Il y avait 80 vaches laitières en polyculture élevage, avec culture de maïs, de blé. Et voilà, c'était un système en pâturage à 90%.

  • Speaker #0

    Toi, tu as toujours voulu faire de l'élevage ?

  • Speaker #1

    Toujours, j'y étais baignée dedans. C'est mon père qui m'a transmis la passion des vaches.

  • Speaker #0

    Ok, chouette. Quand tu as rencontré ton conjoint, lui cherchait quelqu'un pour travailler avec lui. Vous en avez parlé rapidement.

  • Speaker #1

    Il ne cherchait pas forcément, mais il avait beaucoup de travail. Il était tout seul. Il n'avait qu'un salarié à l'époque et il était débordé de travail. Ça s'est très vite présenté comme une évidence de travailler ensemble. Moi, je travaillais à l'époque sur une autre ferme. Et puis très vite, je suis passée à mi-temps sur cette ferme et à mi-temps chez lui. Et puis au bout de quelques mois, je suis passée à temps plein chez lui. Et j'ai commencé à beaucoup m'investir sur la ferme comme si c'était pour moi.

  • Speaker #0

    D'accord, ok. Vous vous êtes un peu découvert aussi en travaillant ensemble en fait.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, à notre rencontre, ça a été un petit peu un coup de foudre. Et en fait, on s'est aperçu qu'on s'entendait autant dans la vie personnelle que dans la vie professionnelle. On était sur la même longueur d'onde. surtout quoi.

  • Speaker #0

    Trop bien, trop chouette ok. Pour en venir du coup à là, quelles études tu as fait et dans du coup dans quel but mais ça on l'a un peu compris

  • Speaker #1

    Bah moi mon but premier c'était de m'installer, ça a toujours été mon rêve donc j'ai fait un bac pro CGEA et ensuite un BTS AXE et puis j'ai continué après une année en licence production animale avec une spécialité déjà en transformation Ça m'intéressait déjà beaucoup à l'époque, au niveau de la valorisation du lait. Et puis, j'ai fait beaucoup de stages dans cette dernière année où j'ai découvert la fabrication du fromage.

  • Speaker #0

    Est-ce que quand tu as travaillé dans une autre ferme avant de t'installer avec ton conjoint, tu as ressenti de la discrimination être une fille investie dans le milieu agricole ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Alors non, justement, ça surprenait beaucoup. Une fille débarque et se fasse sa place et ne se laisse pas faire parce que ça impressionnait. Quitter sa région natale pour venir à 400 kilomètres travailler, ça impressionnait beaucoup. Au contraire, quand je suis partie de la première ferme, avant de rencontrer mon conjoint, les gens m'appelaient. Je m'étais déjà fait un nom au bout d'un an du fait que je sache travailler et que j'ai du caractère pour faire ce que je fais.

  • Speaker #0

    Il faut un certain courage, une certaine force pour faire ce que tu as fait. Je comprends que ça marque un peu les esprits aussi.

  • Speaker #1

    Par contre, avant que j'arrive, j'en avais ressenti avant que j'arrive ici. Et c'est peut-être d'ailleurs ce qui m'a poussée à prendre mon envol d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Ok, tu veux nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, ma dernière expérience avant que je parte en Sarthe, je sortais donc de l'école et je devais être embauchée dans une ferme en tant que vachère. Et là par contre, le problème c'est que j'ai fait qu'une semaine. Et j'ai fait une semaine non pas parce que je n'arrivais pas à faire ce que j'avais à faire, mais parce que la personne qui m'avait embauchée, clairement, elle ne voulait pas me garder parce que j'étais une fille. Donc ça, ça a été très dur.

  • Speaker #0

    Ah ouais. Il te l'a dit clairement ou il te l'a fait ressentir ?

  • Speaker #1

    Il me l'a fait ressentir et puis à la fin, il me l'a carrément dit clairement.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on répond à ça, sauf avoir envie de s'installer et de prouver le contraire ?

  • Speaker #1

    On redouble du coup d'efforts pour montrer tout ce qu'on vaut. C'est vrai que ça m'a beaucoup marquée et après, je pense que c'est ce qui m'a rendue aussi déterminée.

  • Speaker #0

    Je comprends. Du coup, maintenant que tu es installée agricultrice avec ton conjoint, quelles sont tes missions ? toi sur l'exploitation et celle de ton conjoint. Comment est-ce que vous dispatchez les tâches sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    On est tous les deux très polyvalents, surtout. Après, on a bien sûr nos propres tâches, quand même, chacun au quotidien. Mon conjoint, lui, il est plus sur la partie alimentation, soins du troupeau, et puis tout ce qui est travaux extérieurs, donc sur les tracteurs, la mécanique, les clôtures, des choses comme ça. Et moi, je suis plus sur la partie élevage, suivi du troupeau, la traite, le soin des veaux. Et puis après, toute la partie fabrication, affinage et vente.

  • Speaker #0

    Ok. Est-ce que tu peux nous présenter une journée type pour toi ?

  • Speaker #1

    Une journée type, c'est assez difficile parce que les journées sont variées. Mais en gros, le matin, je suis à la traite et mon conjoint soigne les vaches. Donc, il y a les veaux à s'occuper. et donc après chaque traite matin et soir on a la fabrication du sein nectar quand on a fini la fabrication le matin souvent il faut qu'on aille un petit moment en cave et puis après le reste de la journée c'est de l'administratif le suivi des génisses on va voir les troupeaux dehors à droite à gauche on s'occupe des bêtes voilà tous les travaux qu'il y a autour de l'élevage quoi ok

  • Speaker #0

    Alors maintenant que nous te connaissons un peu mieux, nous allons discuter ensemble de ta vie de couple et de votre vie de famille. Tu nous as présenté un peu comment tu avais connu ton mari. Quels ont été tes premiers ressentis sur le fait qu'il était agriculteur ? Faire ta vie avec un agriculteur, c'était un rêve ? Est-ce que tu as eu des excitations, des craintes par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    C'était un petit peu une évidence, étant donné la passion que j'avais, parce que je me disais qu'il n'y aurait qu'un agriculteur pour comprendre mon métier. Après, je n'étais pas fermée à ce que mon conjoint ne fasse pas ça, mais il aurait fallu qu'il comprenne les contraintes et les horaires surtout.

  • Speaker #0

    Plutôt rassurée, plutôt de te dire qu'il vit la même chose que moi, donc il va bien me comprendre.

  • Speaker #1

    C'est compliqué aussi de faire la part des choses à la maison. De travailler ensemble, déjà, ce n'est pas donné à tout le monde. Et après, quand on peut, il faut que dans la vie personnelle, on fasse la part des choses. Et ça, ce n'est pas toujours évident de ne pas ramener les problèmes à la maison.

  • Speaker #0

    Ouais, essayer de couper un peu, de parler d'autres choses, et autre chose que l'exploitation quand on rentre.

  • Speaker #1

    Ouais, ça c'est difficile.

  • Speaker #0

    Et quels ont été, lui, ses premiers ressentis sur le fait que tu étais agricultrice, ou que tu souhaitais en tout cas l'être ?

  • Speaker #1

    Je sais pas, faudrait que je lui demande. Moi, il m'admirait beaucoup pour ce que je faisais. Le métier s'est beaucoup féminisé, mais c'est vrai que... Parce qu'en fait, avec mon conjoint, on a 10 ans d'écart. Il a 10 ans de plus que moi, et du coup, c'est vrai que lui, il connaissait pas beaucoup de femmes qui faisaient ça, maintenant, il y en a beaucoup. Il était impressionné de voir ma motivation et de quoi j'étais capable. Ok.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous habitez sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est un choix commun, qu'est-ce que ça vous apporte ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un choix commun au niveau de la vie quotidienne. C'est un plus au niveau de la vie de l'élevage, des vélages. Et puis nous, avec la vente directe, on a tout sur place. Je ne me verrais pas faire de la route pour revenir en permanence. C'est vraiment un confort. Et ça a été aussi un plus et un confort quand on a eu le petit bout de chou.

  • Speaker #0

    Parce qu'il a pu peut-être le voir plus, toi Est-ce que vous avez de l'aide sur l'exploitation ? Est-ce que vous avez des employés ?

  • Speaker #1

    Oui, jusqu'ici on avait deux salariés et deux apprentis.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça, ça vous aide aussi pour votre organisation familiale ? Ah oui,

  • Speaker #1

    oui, oui, tout à fait. Pour jongler entre tout, c'est nécessaire.

  • Speaker #0

    Donc tu t'es installée sur l'exploitation de ton conjoint, c'était une exploitation depuis plusieurs générations. Est-ce que ta belle famille travaille encore dessus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une exploitation familiale depuis trois générations. Mes beaux-parents sont à la retraite. Mon beau-père vient encore un petit peu sur l'exploitation, mais juste pour vraiment filer un petit coup de main.

  • Speaker #0

    D'accord, oui. C'est toujours compliqué de couper le cordon. Oui, voilà. Ok, vous avez un enfant. Quel âge a-t-il ? Est-ce que l'arrivée de cet enfant a été compliquée vis-à-vis de la période agricole et du travail sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Il a 18 mois là actuellement. Ça a été, il a fallu qu'on prévoit un petit peu l'organisation quand même. Mais étant donné qu'on avait réussi à trouver de la bonne main d'oeuvre, ça a été assez facile à gérer. Après, on désirait un enfant déjà depuis longtemps, mais on avait longtemps attendu parce qu'on n'avait pas le personnel qu'il fallait et on se disait qu'on n'allait jamais y arriver à faire tout notre travail avec un enfant. Et puis il y a un jour où on a dit il faut qu'on ne se soucie de ça sinon on ne fera jamais rien. On s'est décidé quand même de faire notre vie de famille et puis on s'est dit on adaptera après en fonction. Et puis en fait du jour où on l'a eu après tout s'est bien goupillé parce qu'on a trouvé des gens sur qui on pouvait compter. et du coup... Tout nous a souris, on va dire, depuis qu'on a pris cette décision.

  • Speaker #0

    C'était peut-être compliqué de passer le pas, mais une fois que c'est fait, vous vous êtes rendu compte que c'était jouable, en fait.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Comment se passe votre organisation familiale ? Alors,

  • Speaker #1

    nous, on a une nourrice pour nous seconder, on va dire. Donc, la semaine, il a des heures chez la nourrice. Et puis, après, j'essaie un petit peu de me garder du temps, au moins une après-midi ou des fois vraiment quand je peux, une journée dans la semaine. où je le garde avec moi. Et puis après, les week-ends, il est avec nous et puis on le fait suivre comme on peut, on va dire, sur la ferme. Le week-end, quand on n'est que tous les deux, on se relaie. Il y en a un qui part faire le boulot tant que l'autre garde le petit. Et puis inversement, après, on se rejoint et puis il nous suit dans nos tâches.

  • Speaker #0

    OK. Comment est-ce que tu pourrais nous décrire la relation entre ton conjoint et ton fils ? Est-ce qu'il arrive à lui trouver lui aussi un peu ? de temps ? Est-ce qu'ils sont proches ? Est-ce que c'est compliqué à se mettre en place avec le travail aussi ?

  • Speaker #1

    Non, il est super complice avec son fils. C'est un très bon papa, il s'en occupe très bien. La plupart du temps, les week-ends, surtout le soir, c'est lui qui s'en occupe tant que moi je traie. Après, il me rejoint et il reste vraiment un bon bout de temps avec son père, le temps que je puisse le récupérer. Il profite vraiment de son fils et il essaie de le voir au maximum. On essaie de se garder un maximum de temps pour passer des moments en famille.

  • Speaker #0

    Trop chouette. Donc, au final, vous arrivez à passer presque autant de temps que soit toi ou lui avec votre fils.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Trop bien.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    On essaie de trouver un bon équilibre. Moi, le matin, quand j'ai fini, c'est moi qui m'en occupe. Après, le soir, c'est lui. Donc, on en profite presque à temps égal. OK.

  • Speaker #0

    Super. Question un peu cliché, c'est peut-être toi, 18 mois. Vous espérez qu'il reprenne après ? Ou vous ne vous posez pas trop la question et vous verrez bien ?

  • Speaker #1

    Pas forcément. Moi, en tant que passionnée, oui, j'aimerais voir un de mes enfants avoir la même passion que moi et reprendre. Mais après, je sais que le métier est très dur. Et s'il veut faire autre chose, je n'en empêcherai pas du tout. Et mon conjoint, c'est pareil. Il n'était pas forcément prédisposé à ça. Et lui, il sait ce que c'est de ne pas trop avoir eu le choix, on va dire. Il n'hésitera pas à l'encourager s'il veut faire autre chose. Aujourd'hui, on est plus évolué quand même à ce niveau-là, au niveau des mentalités, qu'à l'époque quand même.

  • Speaker #0

    Oui, ça a bien avancé, c'est clair. Tu dis que lui sait très bien ce que c'est d'être un peu obligé de reprendre. Est-ce qu'il a eu une pression de ses parents là-dessus

  • Speaker #1

    Il aurait bien voulu voir un petit peu autre chose. Et puis, à l'époque, il n'a pas trop eu le choix de reprendre la ferme familiale. C'est un peu les anciennes mentalités ici. Moi, j'ai trouvé que quand je suis arrivée ici, en Auvergne, ils ne sont pas toujours allés voir ailleurs. Et du coup, ils sont un petit peu moins ouverts sur ce sujet quand même.

  • Speaker #0

    OK. Je comprends. D'accord.

  • Speaker #1

    Après, il adore ce qu'il fait. Et il est passionné aussi. Mais voilà. Ce n'était pas toujours évident. Quand on te force un petit peu la main, ça reste quand même quelque chose qui te marque.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends.

  • Speaker #1

    Surtout sous les coups durs.

  • Speaker #0

    On vit différemment que quand on l'a souhaité, même s'il l'a sans doute souhaité. Je comprends ce que tu veux dire. Voilà. Vis-à-vis de votre couple, comment est-ce que vous trouvez vos moments aussi à deux, à côté du travail à la ferme et à côté de cette organisation familiale avec votre fils ? Est-ce que vous vous accordez des soirées, des restaurants, des week-ends, tous les deux ?

  • Speaker #1

    Là, c'est un petit peu plus compliqué, surtout depuis qu'on a notre fils. Le temps qu'on prend, c'est en famille. C'est vrai que nous deux, c'est très rare. C'est compliqué, oui.

  • Speaker #0

    Et avec votre fils, est-ce que vous partez en vacances ? Est-ce que vous arrivez à partir en week-end, à avoir un peu de temps en famille, en dehors de l'exploitation tous les trois ?

  • Speaker #1

    Oui, on essaie. C'est vrai que depuis qu'il est là, on se l'oblige un peu. Moi déjà, avec ma famille en Sarthe, à peu près tous les deux mois, on part 4-5 jours. Depuis qu'il est né, on prend systématiquement une semaine l'été pour partir.

  • Speaker #0

    Pour avoir un instant un peu que tous les trois des vacances en famille.

  • Speaker #1

    Voilà. Moi, essayer quand même de profiter de ma famille qui est loin. Donc, on essaie de remonter régulièrement. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. C'est important aussi. Là, tu parles de ta famille qui est loin. Autour de vous, est-ce que vous avez des amis de la famille de ton conjoint ? Est-ce que tu te sens parfois isolée, plutôt bien entourée ? Comment est-ce que tu décrirais votre vie sociale ?

  • Speaker #1

    Non, il avait ses amis et sa vie sociale déjà quand je suis arrivée. Donc, ça a aidé. On a gardé le même cercle d'amis. Et puis, moi, mes expériences professionnelles, je m'en suis fait aussi. Depuis que je suis là, je me suis investie dans différentes choses. Donc, j'ai rencontré beaucoup de gens aussi. Donc, tout ça, ça a tissé un lien social quand même assez important maintenant. Mais c'est sûr qu'au début, ce n'est pas toujours évident. C'est sûr que des fois, il y a des grands moments de solitude quand même. Ce n'est pas donné à tout le monde.

  • Speaker #0

    Oui, de s'installer, de construire son réseau d'amis, de travail autour de soi, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, et puis moi, les week-ends, je ne pouvais pas aller voir mes parents, par exemple. J'étais vraiment… Vu que ma famille est loin, j'étais parfois toute seule. Au début, tu ne connais personne. Donc, c'est sûr que tu te sens un petit peu isolée. Oui,

  • Speaker #0

    je comprends. Et est-ce que les personnes qui vous entourent sont toutes du milieu agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    On a les deux cas. On a des amis qui font comme nous, bien sûr. Et puis, on a aussi des gens qui ne font pas du tout ça. Et là, ça fait du bien de parler d'autres choses avec eux. Mais ils comprennent aussi nos contraintes.

  • Speaker #0

    Ok, ça marche. Pour finir cet échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur qui nous écoute ?

  • Speaker #1

    Il ne faut pas s'oublier.

  • Speaker #0

    Vis-à-vis de la ferme, vis-à-vis de ton fils, vis-à-vis de quoi tu penses ça ?

  • Speaker #1

    Vis-à-vis un petit peu de tout. tout, il faut se concentrer sur l'essentiel, mais il ne faut pas s'oublier aussi en tant que femme, en tant que femme personnellement. Ok,

  • Speaker #0

    ouais, ouais. Ne pas trop se mettre de côté par rapport à tout ça et à son investissement sur l'exploitation agricole aussi, peut-être.

  • Speaker #1

    Bah, c'est bien de s'investir, c'est bien de prendre du temps pour sa famille, tout ça, c'est important. Des fois, il faut prendre du recul et il faut s'occuper un peu de soi et prendre ne serait-ce qu'une après-midi de temps en temps pour Faire vraiment ce qu'on veut, nous, personnellement. Il faut penser un peu, des fois, à soi, parce qu'à trop, des fois, penser aux autres, on s'oublie et ce n'est pas bon.

  • Speaker #0

    Pour conclure, qu'est-ce qui, selon toi, t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur et d'agricultrice, du coup ?

  • Speaker #1

    Déjà, c'est de me lever tous les matins et d'aimer ce que je fais. Et puis, de pouvoir, aujourd'hui, peut-être le transmettre. à mon enfant et d'avoir trouvé mon équilibre avec mes rêves, mes ambitions, mon couple et maintenant ma famille.

  • Speaker #0

    C'est une super conclusion à cet échange. C'est super positif. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de discuter de tout ça.

  • Speaker #1

    Merci à toi. Ça fait du bien de parler de ces choses-là.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie, ou au contraire sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

Description

Léa, 30 ans, est fille et femme d'éleveur, elle-même éleveuse de bovins laitiers. Ils produisent avec son conjoint du St nectaire fermier en Auvergne.

Elle témoigne des difficultés à prendre sa place en tant que femme éleveuse dans une nouvelle région, mais également du bonheur d'élever son fils sur la ferme.


“Où ça mène quand on sème” est un podcast agricole immersif qui dévoile les coulisses de la vie rurale et du monde paysan en donnant la parole aux femmes d’agriculteurs, qu’elles soient agricultrices elles-mêmes, éleveuses, ou qu'elles travaillent en dehors de l'exploitation agricole. À travers des témoignages agricoles intimes et authentiques, elles racontent la vie sur la ferme familiale, le quotidien, la réalité agricole, la cohabitation avec un agriculteur, et les défis spécifiques de la vie à la campagne. Chaque épisode aborde des thèmes variés : la vie de couple avec un exploitant agricole, les relations familiales agricoles, la maternité en milieu rural, la joie de vivre avec un agriculteur, l’éducation des enfants dans les campagnes, l’installation, la transmission familiale, la charge mentale, l’isolement rural, la place des femmes dans l’agriculture, la vie de couple à la ferme, l’adaptation à la vie agricole, des portraits d’agriculteurs, ou encore l’équilibre entre vie personnelle et projet agricole...


On y écoute des femmes d'éleveurs, de céréaliers, des viticulteurs, de maraîchers, des fermiers locaux, des producteurs laitiers, des femmes de la nouvelle génération agricole, des femmes agricultrices, des jeunes agriculteurs, des couples d’agriculteurs, des acteurs du territoire rural, des témoignages d’agriculteurs, des récits d’agriculteurs, des agriculteurs engagés dans une agriculture vivante et passionnée. Ces portraits de femmes rurales reflètent la diversité des fermes françaises, la transition agricole, l’agritourisme, la pluriactivité, l’agroécologie, l’agriculture durable...  Le podcast met en lumière les bonheurs et les difficultés de la vie agricole : les récoltes, la météo, les naissances, la charge de travail, l’aide à la ferme, les saisons agricoles exigeantes, les contraintes économiques, la succession d’exploitation, mais aussi la solidarité rurale, le rôle des femmes dans l'agriculture, la sororité entre épouses et conjointes d’agriculteurs, les discussions entre femmes, les difficultés des femmes d’agriculteurs, la féminité dans un milieu majoritairement masculin, la vie amoureuse à la ferme, et la résilience face aux épreuves.


“Où ça mène quand on sème” est un véritable espace d’échanges entre femmes d’agriculteurs, des femmes rurales inspirantes, un média agricole intimiste où résonnent amour et agriculture, femmes et agriculture, le quotidien et la passion pour l’agriculture, les traditions familiales et les évolutions du monde rural. C’est un podcast agricole ancré dans les réalités du terrain, qui permet de mieux comprendre ce que signifie être femme d’agriculteur aujourd’hui, découvrir le métier d’agriculteur et le monde agricole, mieux comprendre la vie à la ferme et porter la ruralité contemporaine. Un nouveau témoignage d’une femme d’agriculteur est à découvrir tous les 15 jours dans le podcast. Ce podcast est disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Apple Podcasts, Deezer, Google Podcasts, etc.).


Bonne écoute et bienvenue dans l’univers vivant et humain de l’agriculture au féminin !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Elles sont femmes de céréaliers, d'éleveurs, de viticulteurs, en agriculture conventionnelle, biologique, raisonnée. Elles viennent de petites, moyennes ou grandes fermes implantées sur toute la France, sont issues du monde agricole ou le découvrent jour après jour. Entre les coups de main à la ferme, la vie amoureuse et familiale, conditionnée au rythme des cultures, de la météo et des animaux, elles-mêmes salariées ou agricultrices, mères, ces femmes sont les piliers de leur conjoint agriculteur. Je m'appelle Marion. J'ai plaisir à discuter avec ces femmes et partager, témoigner, diffuser leurs choix de vie personnels et professionnels, ainsi que leurs joies et difficultés liées au monde agricole. Alors, à votre avis, où ça mène quand on s'aime ? Léa a bientôt 30 ans. Elle est productrice de Saint-Nectaire fermier en Auvergne. Elle est fille, femme et elle-même éleveuse de bovins. Elle travaille sur l'exploitation de son conjoint. Ils ont ensemble un enfant. Elle va nous témoigner des difficultés de quitter sa région et de s'installer en tant que femme éleveuse, mais aussi des joies de partager son travail avec son conjoint et avec son fils sur la ferme.

  • Speaker #1

    Alors moi c'est Léa, je vais avoir 30 ans dans deux mois. Je suis agricultrice dans le puits d'Aume à Sauzelfroid. Je suis en couple depuis 8 ans avec mon conjoint. et nous avons eu un petit garçon il y a 18 mois.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous présenter rapidement votre exploitation ?

  • Speaker #1

    Nous avons 60 vaches laitières à Traer et nous en avons autant à élever. Nous transformons la quasi-intégralité du lait en sein nectar fermier. Nous avons notre propre cave d'affinage, donc on en affine une partie que l'on vend direct à la ferme et puis un petit peu à des grossistes. des crémiers fromagés et sur les marchés.

  • Speaker #0

    Maintenant que le contexte est posé, on va parler un peu plus de toi. D'où viens-tu initialement et as-tu grandi dans un milieu agricole ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'ai un parcours un petit peu atypique. Donc mon père est agriculteur, je suis originaire en fait de la Sarthe, je suis une Sarthoise et en fait j'ai migré en Auvergne par la suite. Après mes études, je cherchais à m'installer avec mon père. Je cherchais à développer un atelier de transformation sur l'exploitation. Et pour me faire une expérience, j'étais à la base partie pour un ou deux ans en Auvergne, au cœur de la fabrication du fromage. Donc j'ai cherché une exploitation pour travailler. Je suis atterrie ici, sur la commune voisine. Et puis, au bout d'un an, j'ai rencontré mon conjoint. Et puis, je ne suis jamais repartie, en fait.

  • Speaker #0

    L'exploitation de ton papa, tu peux nous la présenter rapidement ?

  • Speaker #1

    Un peu le même système. Il y avait 80 vaches laitières en polyculture élevage, avec culture de maïs, de blé. Et voilà, c'était un système en pâturage à 90%.

  • Speaker #0

    Toi, tu as toujours voulu faire de l'élevage ?

  • Speaker #1

    Toujours, j'y étais baignée dedans. C'est mon père qui m'a transmis la passion des vaches.

  • Speaker #0

    Ok, chouette. Quand tu as rencontré ton conjoint, lui cherchait quelqu'un pour travailler avec lui. Vous en avez parlé rapidement.

  • Speaker #1

    Il ne cherchait pas forcément, mais il avait beaucoup de travail. Il était tout seul. Il n'avait qu'un salarié à l'époque et il était débordé de travail. Ça s'est très vite présenté comme une évidence de travailler ensemble. Moi, je travaillais à l'époque sur une autre ferme. Et puis très vite, je suis passée à mi-temps sur cette ferme et à mi-temps chez lui. Et puis au bout de quelques mois, je suis passée à temps plein chez lui. Et j'ai commencé à beaucoup m'investir sur la ferme comme si c'était pour moi.

  • Speaker #0

    D'accord, ok. Vous vous êtes un peu découvert aussi en travaillant ensemble en fait.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, à notre rencontre, ça a été un petit peu un coup de foudre. Et en fait, on s'est aperçu qu'on s'entendait autant dans la vie personnelle que dans la vie professionnelle. On était sur la même longueur d'onde. surtout quoi.

  • Speaker #0

    Trop bien, trop chouette ok. Pour en venir du coup à là, quelles études tu as fait et dans du coup dans quel but mais ça on l'a un peu compris

  • Speaker #1

    Bah moi mon but premier c'était de m'installer, ça a toujours été mon rêve donc j'ai fait un bac pro CGEA et ensuite un BTS AXE et puis j'ai continué après une année en licence production animale avec une spécialité déjà en transformation Ça m'intéressait déjà beaucoup à l'époque, au niveau de la valorisation du lait. Et puis, j'ai fait beaucoup de stages dans cette dernière année où j'ai découvert la fabrication du fromage.

  • Speaker #0

    Est-ce que quand tu as travaillé dans une autre ferme avant de t'installer avec ton conjoint, tu as ressenti de la discrimination être une fille investie dans le milieu agricole ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Alors non, justement, ça surprenait beaucoup. Une fille débarque et se fasse sa place et ne se laisse pas faire parce que ça impressionnait. Quitter sa région natale pour venir à 400 kilomètres travailler, ça impressionnait beaucoup. Au contraire, quand je suis partie de la première ferme, avant de rencontrer mon conjoint, les gens m'appelaient. Je m'étais déjà fait un nom au bout d'un an du fait que je sache travailler et que j'ai du caractère pour faire ce que je fais.

  • Speaker #0

    Il faut un certain courage, une certaine force pour faire ce que tu as fait. Je comprends que ça marque un peu les esprits aussi.

  • Speaker #1

    Par contre, avant que j'arrive, j'en avais ressenti avant que j'arrive ici. Et c'est peut-être d'ailleurs ce qui m'a poussée à prendre mon envol d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Ok, tu veux nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, ma dernière expérience avant que je parte en Sarthe, je sortais donc de l'école et je devais être embauchée dans une ferme en tant que vachère. Et là par contre, le problème c'est que j'ai fait qu'une semaine. Et j'ai fait une semaine non pas parce que je n'arrivais pas à faire ce que j'avais à faire, mais parce que la personne qui m'avait embauchée, clairement, elle ne voulait pas me garder parce que j'étais une fille. Donc ça, ça a été très dur.

  • Speaker #0

    Ah ouais. Il te l'a dit clairement ou il te l'a fait ressentir ?

  • Speaker #1

    Il me l'a fait ressentir et puis à la fin, il me l'a carrément dit clairement.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on répond à ça, sauf avoir envie de s'installer et de prouver le contraire ?

  • Speaker #1

    On redouble du coup d'efforts pour montrer tout ce qu'on vaut. C'est vrai que ça m'a beaucoup marquée et après, je pense que c'est ce qui m'a rendue aussi déterminée.

  • Speaker #0

    Je comprends. Du coup, maintenant que tu es installée agricultrice avec ton conjoint, quelles sont tes missions ? toi sur l'exploitation et celle de ton conjoint. Comment est-ce que vous dispatchez les tâches sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    On est tous les deux très polyvalents, surtout. Après, on a bien sûr nos propres tâches, quand même, chacun au quotidien. Mon conjoint, lui, il est plus sur la partie alimentation, soins du troupeau, et puis tout ce qui est travaux extérieurs, donc sur les tracteurs, la mécanique, les clôtures, des choses comme ça. Et moi, je suis plus sur la partie élevage, suivi du troupeau, la traite, le soin des veaux. Et puis après, toute la partie fabrication, affinage et vente.

  • Speaker #0

    Ok. Est-ce que tu peux nous présenter une journée type pour toi ?

  • Speaker #1

    Une journée type, c'est assez difficile parce que les journées sont variées. Mais en gros, le matin, je suis à la traite et mon conjoint soigne les vaches. Donc, il y a les veaux à s'occuper. et donc après chaque traite matin et soir on a la fabrication du sein nectar quand on a fini la fabrication le matin souvent il faut qu'on aille un petit moment en cave et puis après le reste de la journée c'est de l'administratif le suivi des génisses on va voir les troupeaux dehors à droite à gauche on s'occupe des bêtes voilà tous les travaux qu'il y a autour de l'élevage quoi ok

  • Speaker #0

    Alors maintenant que nous te connaissons un peu mieux, nous allons discuter ensemble de ta vie de couple et de votre vie de famille. Tu nous as présenté un peu comment tu avais connu ton mari. Quels ont été tes premiers ressentis sur le fait qu'il était agriculteur ? Faire ta vie avec un agriculteur, c'était un rêve ? Est-ce que tu as eu des excitations, des craintes par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    C'était un petit peu une évidence, étant donné la passion que j'avais, parce que je me disais qu'il n'y aurait qu'un agriculteur pour comprendre mon métier. Après, je n'étais pas fermée à ce que mon conjoint ne fasse pas ça, mais il aurait fallu qu'il comprenne les contraintes et les horaires surtout.

  • Speaker #0

    Plutôt rassurée, plutôt de te dire qu'il vit la même chose que moi, donc il va bien me comprendre.

  • Speaker #1

    C'est compliqué aussi de faire la part des choses à la maison. De travailler ensemble, déjà, ce n'est pas donné à tout le monde. Et après, quand on peut, il faut que dans la vie personnelle, on fasse la part des choses. Et ça, ce n'est pas toujours évident de ne pas ramener les problèmes à la maison.

  • Speaker #0

    Ouais, essayer de couper un peu, de parler d'autres choses, et autre chose que l'exploitation quand on rentre.

  • Speaker #1

    Ouais, ça c'est difficile.

  • Speaker #0

    Et quels ont été, lui, ses premiers ressentis sur le fait que tu étais agricultrice, ou que tu souhaitais en tout cas l'être ?

  • Speaker #1

    Je sais pas, faudrait que je lui demande. Moi, il m'admirait beaucoup pour ce que je faisais. Le métier s'est beaucoup féminisé, mais c'est vrai que... Parce qu'en fait, avec mon conjoint, on a 10 ans d'écart. Il a 10 ans de plus que moi, et du coup, c'est vrai que lui, il connaissait pas beaucoup de femmes qui faisaient ça, maintenant, il y en a beaucoup. Il était impressionné de voir ma motivation et de quoi j'étais capable. Ok.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous habitez sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est un choix commun, qu'est-ce que ça vous apporte ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est un choix commun au niveau de la vie quotidienne. C'est un plus au niveau de la vie de l'élevage, des vélages. Et puis nous, avec la vente directe, on a tout sur place. Je ne me verrais pas faire de la route pour revenir en permanence. C'est vraiment un confort. Et ça a été aussi un plus et un confort quand on a eu le petit bout de chou.

  • Speaker #0

    Parce qu'il a pu peut-être le voir plus, toi Est-ce que vous avez de l'aide sur l'exploitation ? Est-ce que vous avez des employés ?

  • Speaker #1

    Oui, jusqu'ici on avait deux salariés et deux apprentis.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça, ça vous aide aussi pour votre organisation familiale ? Ah oui,

  • Speaker #1

    oui, oui, tout à fait. Pour jongler entre tout, c'est nécessaire.

  • Speaker #0

    Donc tu t'es installée sur l'exploitation de ton conjoint, c'était une exploitation depuis plusieurs générations. Est-ce que ta belle famille travaille encore dessus ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est une exploitation familiale depuis trois générations. Mes beaux-parents sont à la retraite. Mon beau-père vient encore un petit peu sur l'exploitation, mais juste pour vraiment filer un petit coup de main.

  • Speaker #0

    D'accord, oui. C'est toujours compliqué de couper le cordon. Oui, voilà. Ok, vous avez un enfant. Quel âge a-t-il ? Est-ce que l'arrivée de cet enfant a été compliquée vis-à-vis de la période agricole et du travail sur l'exploitation ?

  • Speaker #1

    Il a 18 mois là actuellement. Ça a été, il a fallu qu'on prévoit un petit peu l'organisation quand même. Mais étant donné qu'on avait réussi à trouver de la bonne main d'oeuvre, ça a été assez facile à gérer. Après, on désirait un enfant déjà depuis longtemps, mais on avait longtemps attendu parce qu'on n'avait pas le personnel qu'il fallait et on se disait qu'on n'allait jamais y arriver à faire tout notre travail avec un enfant. Et puis il y a un jour où on a dit il faut qu'on ne se soucie de ça sinon on ne fera jamais rien. On s'est décidé quand même de faire notre vie de famille et puis on s'est dit on adaptera après en fonction. Et puis en fait du jour où on l'a eu après tout s'est bien goupillé parce qu'on a trouvé des gens sur qui on pouvait compter. et du coup... Tout nous a souris, on va dire, depuis qu'on a pris cette décision.

  • Speaker #0

    C'était peut-être compliqué de passer le pas, mais une fois que c'est fait, vous vous êtes rendu compte que c'était jouable, en fait.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    Comment se passe votre organisation familiale ? Alors,

  • Speaker #1

    nous, on a une nourrice pour nous seconder, on va dire. Donc, la semaine, il a des heures chez la nourrice. Et puis, après, j'essaie un petit peu de me garder du temps, au moins une après-midi ou des fois vraiment quand je peux, une journée dans la semaine. où je le garde avec moi. Et puis après, les week-ends, il est avec nous et puis on le fait suivre comme on peut, on va dire, sur la ferme. Le week-end, quand on n'est que tous les deux, on se relaie. Il y en a un qui part faire le boulot tant que l'autre garde le petit. Et puis inversement, après, on se rejoint et puis il nous suit dans nos tâches.

  • Speaker #0

    OK. Comment est-ce que tu pourrais nous décrire la relation entre ton conjoint et ton fils ? Est-ce qu'il arrive à lui trouver lui aussi un peu ? de temps ? Est-ce qu'ils sont proches ? Est-ce que c'est compliqué à se mettre en place avec le travail aussi ?

  • Speaker #1

    Non, il est super complice avec son fils. C'est un très bon papa, il s'en occupe très bien. La plupart du temps, les week-ends, surtout le soir, c'est lui qui s'en occupe tant que moi je traie. Après, il me rejoint et il reste vraiment un bon bout de temps avec son père, le temps que je puisse le récupérer. Il profite vraiment de son fils et il essaie de le voir au maximum. On essaie de se garder un maximum de temps pour passer des moments en famille.

  • Speaker #0

    Trop chouette. Donc, au final, vous arrivez à passer presque autant de temps que soit toi ou lui avec votre fils.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Trop bien.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    On essaie de trouver un bon équilibre. Moi, le matin, quand j'ai fini, c'est moi qui m'en occupe. Après, le soir, c'est lui. Donc, on en profite presque à temps égal. OK.

  • Speaker #0

    Super. Question un peu cliché, c'est peut-être toi, 18 mois. Vous espérez qu'il reprenne après ? Ou vous ne vous posez pas trop la question et vous verrez bien ?

  • Speaker #1

    Pas forcément. Moi, en tant que passionnée, oui, j'aimerais voir un de mes enfants avoir la même passion que moi et reprendre. Mais après, je sais que le métier est très dur. Et s'il veut faire autre chose, je n'en empêcherai pas du tout. Et mon conjoint, c'est pareil. Il n'était pas forcément prédisposé à ça. Et lui, il sait ce que c'est de ne pas trop avoir eu le choix, on va dire. Il n'hésitera pas à l'encourager s'il veut faire autre chose. Aujourd'hui, on est plus évolué quand même à ce niveau-là, au niveau des mentalités, qu'à l'époque quand même.

  • Speaker #0

    Oui, ça a bien avancé, c'est clair. Tu dis que lui sait très bien ce que c'est d'être un peu obligé de reprendre. Est-ce qu'il a eu une pression de ses parents là-dessus

  • Speaker #1

    Il aurait bien voulu voir un petit peu autre chose. Et puis, à l'époque, il n'a pas trop eu le choix de reprendre la ferme familiale. C'est un peu les anciennes mentalités ici. Moi, j'ai trouvé que quand je suis arrivée ici, en Auvergne, ils ne sont pas toujours allés voir ailleurs. Et du coup, ils sont un petit peu moins ouverts sur ce sujet quand même.

  • Speaker #0

    OK. Je comprends. D'accord.

  • Speaker #1

    Après, il adore ce qu'il fait. Et il est passionné aussi. Mais voilà. Ce n'était pas toujours évident. Quand on te force un petit peu la main, ça reste quand même quelque chose qui te marque.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends.

  • Speaker #1

    Surtout sous les coups durs.

  • Speaker #0

    On vit différemment que quand on l'a souhaité, même s'il l'a sans doute souhaité. Je comprends ce que tu veux dire. Voilà. Vis-à-vis de votre couple, comment est-ce que vous trouvez vos moments aussi à deux, à côté du travail à la ferme et à côté de cette organisation familiale avec votre fils ? Est-ce que vous vous accordez des soirées, des restaurants, des week-ends, tous les deux ?

  • Speaker #1

    Là, c'est un petit peu plus compliqué, surtout depuis qu'on a notre fils. Le temps qu'on prend, c'est en famille. C'est vrai que nous deux, c'est très rare. C'est compliqué, oui.

  • Speaker #0

    Et avec votre fils, est-ce que vous partez en vacances ? Est-ce que vous arrivez à partir en week-end, à avoir un peu de temps en famille, en dehors de l'exploitation tous les trois ?

  • Speaker #1

    Oui, on essaie. C'est vrai que depuis qu'il est là, on se l'oblige un peu. Moi déjà, avec ma famille en Sarthe, à peu près tous les deux mois, on part 4-5 jours. Depuis qu'il est né, on prend systématiquement une semaine l'été pour partir.

  • Speaker #0

    Pour avoir un instant un peu que tous les trois des vacances en famille.

  • Speaker #1

    Voilà. Moi, essayer quand même de profiter de ma famille qui est loin. Donc, on essaie de remonter régulièrement. Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. C'est important aussi. Là, tu parles de ta famille qui est loin. Autour de vous, est-ce que vous avez des amis de la famille de ton conjoint ? Est-ce que tu te sens parfois isolée, plutôt bien entourée ? Comment est-ce que tu décrirais votre vie sociale ?

  • Speaker #1

    Non, il avait ses amis et sa vie sociale déjà quand je suis arrivée. Donc, ça a aidé. On a gardé le même cercle d'amis. Et puis, moi, mes expériences professionnelles, je m'en suis fait aussi. Depuis que je suis là, je me suis investie dans différentes choses. Donc, j'ai rencontré beaucoup de gens aussi. Donc, tout ça, ça a tissé un lien social quand même assez important maintenant. Mais c'est sûr qu'au début, ce n'est pas toujours évident. C'est sûr que des fois, il y a des grands moments de solitude quand même. Ce n'est pas donné à tout le monde.

  • Speaker #0

    Oui, de s'installer, de construire son réseau d'amis, de travail autour de soi, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Oui, et puis moi, les week-ends, je ne pouvais pas aller voir mes parents, par exemple. J'étais vraiment… Vu que ma famille est loin, j'étais parfois toute seule. Au début, tu ne connais personne. Donc, c'est sûr que tu te sens un petit peu isolée. Oui,

  • Speaker #0

    je comprends. Et est-ce que les personnes qui vous entourent sont toutes du milieu agricole ou pas spécialement ?

  • Speaker #1

    On a les deux cas. On a des amis qui font comme nous, bien sûr. Et puis, on a aussi des gens qui ne font pas du tout ça. Et là, ça fait du bien de parler d'autres choses avec eux. Mais ils comprennent aussi nos contraintes.

  • Speaker #0

    Ok, ça marche. Pour finir cet échange toutes les deux, est-ce que tu aurais un conseil à partager à une autre femme d'agriculteur qui nous écoute ?

  • Speaker #1

    Il ne faut pas s'oublier.

  • Speaker #0

    Vis-à-vis de la ferme, vis-à-vis de ton fils, vis-à-vis de quoi tu penses ça ?

  • Speaker #1

    Vis-à-vis un petit peu de tout. tout, il faut se concentrer sur l'essentiel, mais il ne faut pas s'oublier aussi en tant que femme, en tant que femme personnellement. Ok,

  • Speaker #0

    ouais, ouais. Ne pas trop se mettre de côté par rapport à tout ça et à son investissement sur l'exploitation agricole aussi, peut-être.

  • Speaker #1

    Bah, c'est bien de s'investir, c'est bien de prendre du temps pour sa famille, tout ça, c'est important. Des fois, il faut prendre du recul et il faut s'occuper un peu de soi et prendre ne serait-ce qu'une après-midi de temps en temps pour Faire vraiment ce qu'on veut, nous, personnellement. Il faut penser un peu, des fois, à soi, parce qu'à trop, des fois, penser aux autres, on s'oublie et ce n'est pas bon.

  • Speaker #0

    Pour conclure, qu'est-ce qui, selon toi, t'épanouit chaque jour dans ta vie de femme d'agriculteur et d'agricultrice, du coup ?

  • Speaker #1

    Déjà, c'est de me lever tous les matins et d'aimer ce que je fais. Et puis, de pouvoir, aujourd'hui, peut-être le transmettre. à mon enfant et d'avoir trouvé mon équilibre avec mes rêves, mes ambitions, mon couple et maintenant ma famille.

  • Speaker #0

    C'est une super conclusion à cet échange. C'est super positif. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de discuter de tout ça.

  • Speaker #1

    Merci à toi. Ça fait du bien de parler de ces choses-là.

  • Speaker #0

    C'est ainsi que s'achève notre échange. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le diffuser autour de vous. Mesdames, si certains propos font écho à votre vie, ou au contraire sont bien différents de vos choix personnels et professionnels, n'hésitez pas à venir discuter avec moi dans un prochain épisode. A bientôt !

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