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Entre mélancolie et authenticité : William Scheller | Entretien (2004) cover
Entre mélancolie et authenticité : William Scheller | Entretien (2004) cover
Entretiens avec des auteurs, compositeurs, éditeurs Sacem

Entre mélancolie et authenticité : William Scheller | Entretien (2004)

Entre mélancolie et authenticité : William Scheller | Entretien (2004)

22min |11/05/2023
Play
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Entretiens avec des auteurs, compositeurs, éditeurs Sacem

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22min |11/05/2023
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Description

 "Symphoman" et homme-orchestre, rockeur lyrique et raconteur pop, machiniste absurde et pianiste futuriste, jongleur et bateleur entre virtuosité et équilibrisme, chanteur à la voix blanche dans un univers polychrome, tel est William Sheller. L'homme qui voulait être heureux et qui
depuis près d'un demi-siècle continue de faire le bonheur des gens qui s'aiment et des autres.  

Octobre 2004, William Sheller reçoit Philippe Barbot chez lui, au cœur de la forêt solognote.  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les grands entretiens du musée de la sacem avec Philippe Barbeau.

  • Speaker #1

    Symphoman et homme orchestre, rocker lyrique et raconteur pop, machiniste absurde et pianiste futuriste, jongleur et battleur entre virtuosité et équilibrisme, chanteur à la voix blanche dans un univers polychrome. Fils caché de Chopin et de Macartney, à moins que ce ne soit de Boulez et de Stravinsky. Tel est William Scheller, l'homme qui voulait être heureux et qui, depuis près d'un demi-siècle, continue de faire le bonheur des gens qui s'aiment et des autres. Nous sommes en octobre 2004, au cœur de la forêt solognotte. C'est là qu'a choisi de vivre, à l'écart du show business et des mondanités, cet éternel solitaire qui sait si bien s'accompagner. C'est là aussi qu'il vient d'enregistrer son nouvel et onzième album, judicieusement baptisé « Épure » . 12 chansons émouvantes et nues comme « Mon hôtel » , « Chanson d'automne » ou « Toutes les choses qu'on lui donne » , magistralement interprétées sur son propre piano sans effet ni fioritures. Au cours d'une conversation à bâton rompu, il en explique ainsi la genese.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'en force de renverser le matériel, il faut de musique, de spectacles, comme on l'a fait. Il y a pas mal d'albums, on a raconté pas mal de choses qu'on n'a pas envie de se répéter. Il faut avoir des sujets, des choses qui soient intéressantes, avec des images. C'est un morceau que j'ai fait au fur et à mesure, quand j'ai fait des concerts au piano. J'ai transcrit une machine absurde au piano, j'ai dit tiens... J'aimerais faire un truc au piano, mais alors le minimum, minimum, minimum, c'est pas d'effet, pas de réverbe, mais juste, mais vraiment, au bord de la maquette, quoi. J'ai un petit peu bossé là-dessus, j'ai pris mon dictionnaire de rime, j'ai monté sur une barre.

  • Speaker #1

    Les notes et les mots. Indispensable mariage pour faire naître une chanson, mais union parfois conflictuelle. Comme un combat entre le sens et le son que William Scheler affronte souvent. Avec la réussite que l'on connaît. Les affres de la création, quelque sorte. J'ai toujours ça, la musique, ça vient dans la tête à n'importe quel moment. Alors ça, il faut que je me dise maintenant, je vais sortir des phrases, et puis j'en essaye. Alors il y a une phrase qui vient en haut, il y a une autre qui arrive, ça n'a rien à voir, c'est dans un autre endroit. Puis en fait, la phrase qu'on a eue au début, on s'aperçoit que cette phrase-là, ça n'a pas de conséquences. C'est que si l'histoire existait quelque part avec toute série, Il fallait une idée et fabriquer. Ensuite, on veut quelque chose de logique, une petite histoire, un petit peu de choses, un petit peu de conclusions, un petit machin. Cette scène, je prends tout. Parce que du coup, il y a des cultures automatiques, sans rien, sans machin. Il y en a qui pensent à très vite. Il manque musicalement quelque chose, si je n'ai pas mes rêves. Ce n'est pas l'intention d'être un auteur. Si je suis un auteur, je ne comprends pas parce que ce n'est pas mon... Je n'ai pas l'urgence de noter une phrase. Un auteur à une phrase, il dit tiens, on la note, ça déclenche. Moi j'ai ça à ma musique. J'entends un extrait de mon petit bout de musique, je me dis ça, ça doit faire partie d'un truc, alors ça je note. Mais les mots, les phrases. Mais j'écris pour limiter ce que j'aime bien. Ce que j'aime bien, ça va André Chénier, Péguine, je ne sais pas, Gaspé, Trémet, je ne sais pas. Moi j'aime bien les mots, c'est tout. On me dit ce qui s'est passé. « Pour ça, on ne peut pas en se dire comment ils font. » On transpire, on fait le miroir. Des fois, il y a des textes qui tiennent très bien sur le papier, mais quand je vais dans le micro, ça ne tient plus du tout. Il faut que les mots glissent avec tellement de facilité dans la musique qu'à la limite, on oublie les mots, on ne voit plus que les images. On ne voit plus que le film, puisqu'on a la musique avec pour donner le pire. C'est ça que j'aime bien. J'aime pas le texte qui se veut d'abord intelligent, en télo, enfin machin, ça nous le sommes, j'aime un peu ce que c'est marrant. J'aime mieux simplement qu'on se fasse une image des sentiments qui peuvent se dégager dans une scène rien que par les images. On s'imagine tout un truc autour. En près de 50 ans de carrière, William Scheller a toujours eu l'angoisse de se répéter. C'est sans doute pourquoi il a multiplié les expériences musicales de la science-fiction. punk avec Excalibur, au heavy metal progressiste avec l'album Albion, en passant par la musique de film, l'électronique, le piano solo, l'orchestre symphonique. De la salle Playel à l'Olympia, des conservatoires au Hit Parade, mais la chanson, aime-t-il vraiment ça ou n'est-ce pour lui qu'un exercice plaisant ?

  • Speaker #0

    C'est la chansonnerie que je veux. C'est le nom de la chansonnerie. Et sinon, j'aime beaucoup la chanson. La chanson a toujours été un arnaud. Je ne suis pas content, moi, de trouver Gainsbourg. Il n'a pas fait de l'armée. Je crois qu'il avait un petit peu un... On les abusait un petit peu cyniques, mais il le faisait avec des extrêmement sérieux

  • Speaker #1

    Question. Puisqu'il affirme semer sang et eau sur les textes de ses chansons, pourquoi ne fait-il pas appel, comme tant d'autres compositeurs, à des auteurs de métiers ? Par méfiance ou par pudeur ?

  • Speaker #0

    Non, ça va, je peux en essayer. J'ai déjà fait plusieurs fois. Et quand je le mets dans la bouche, ça ne passe pas. Et ça, c'est plutôt planté dans le cœur. C'est qu'une fois, François Zardy m'a écrit un très beau texte, qui s'appelait finalement, qui s'est appelé « D'un chili » que j'ai écrit après. Je n'ai pas pu le chanter. Elle l'a fait, elle ne l'a pas fait. Mais je ne sais pas. J'avais l'impression que ce n'était pas moi. C'était pas moi. C'était pas moi. C'est peut-être la maniaquerie, la timidité, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On le sait, l'instrument de prédilection de William Scheller, dont il a fait souvent le compagnon solitaire sur plusieurs albums comme sur scène, c'est le piano. Un complice exigeant qui nécessite une attention de tous les instants pour ne pas s'emmêler les doigts à défaut des pinceaux. Surtout quand on est censé connaître par cœur les textes que l'on chante. Un véritable entraînement de sportif.

  • Speaker #0

    Je sens quand il vient un truc dans la tête ou sous les doigts, je sens si c'est une chanson, si ça va être un truc piano. Du tout, c'est une petite pièce que je jouais. Il y a un petit truc qui s'appelle Tour la main gauche. Je sais que je me suis mis à jouer ça le matin pour me délier les doigts. Quand j'avais un café, on me moque. Ce qui est traditionnel, ce qu'on appelait, alors chez les cassis, on appelait ça des mélodies. C'est Stéphane Echer qui l'a dit, ton album, pas celui-là. en solitaire, mais moi ça me fait penser au Winterreiseur de Schubert. Et là je me suis dit, s'il n'y a qu'un piano, on peut lire la voie, autant que le piano vienne raconter les choses. Quand on est sur scène, environné de musiciens, on se fatigue le plus. Le piano, on joue beaucoup mieux. Quand on a des ordinateurs, on les bloque. On se lance le clavier, on est en perte très courte. C'est comme tous les sports. On parle de chanteurs, ce que disait Barbara, elle a une vécu les années 10, c'est pas la même chose. Mais quand elle me dit qu'il devrait chanter, je dis non, non plus, c'est pas... C'est le raconté, tu es un visant, pas un chanteur. Et quand je suis sur scène, c'est pas la même chose, parce qu'il y a les mouvements, les affections, la gestuelle, qui fait que si on veut chanter très juste, il faut éviter de se tendre la bouche, il faut éviter d'être dans son personnage. Si on est sur scène, la note qui passerait non juste, elle est excusée par le mouvement. Donc on est moins attentif qu'une fois sur un album, si on l'écoute sur 50 fois. Alors là, quand c'est des nouveaux morceaux, quand quelques fois je finissais le texte juste avant d'enregistrer, il faut se mettre Et puis alors là, il n'est pas question des petites machines, genre autotune, etc. Parce que c'est le piano, mais là, on aurait pu le faire indépendamment, mais il n'y a pas cette cohésion, les mouvements, ça accélère, ça ralentit, ça suit l'armée, ça suit l'histoire. C'est-à-dire qu'il faut travailler d'abord le piano suffisamment longtemps pour oublier complètement les mains. Quatre ans et toute seule, si on commence à se dire qu'est-ce que je dois jouer, qu'est-ce que je dois chanter, il faut que tu le fasses. Donc c'est des heures et des heures et des heures d'apprendre par cœur.

  • Speaker #1

    Quand il était enfant, le petit William ne voulait pas être pompier ou aviateur. Non, ce dont il rêvait déjà, c'était d'écrire de la musique. Mais pour cela, écouter sa voisine jouer du piano ne suffisait pas.

  • Speaker #0

    Puis j'avais une voisine, étant gamin, je vivais beaucoup chez ma mère. Et il y avait une voisine qui jouait du piano, elle jouait sans arrêt la métraline, les cloches de cornelie, enfin, de trottoir comme ça. Je disais, j'aimerais bien jouer du piano, j'étais chez elle, puis je regardais son piano comme ça. Je sais pas, puis ça me plaisait. C'est vrai qu'il y a plus de notes à la fois, plusieurs voix, ça peut sonner comme un orchestre, ça peut sonner comme Et puis quand on apprend l'écriture, on apprend l'écriture à quatre parties, c'est bien de voir un instrument qui permette de jouer quatre parties en même temps. Mais je suis un mauvais pianiste. Je fais ce que je sais faire. Mais alors quand j'étais maudit, j'avais 4-5 ans, je remplissais les cahiers de musique parce que je croyais que j'avais de la musique. Alors quand on était compositeur, alors on mettait des notes. Quand on avait du talent et qu'on jouait, ça donnait quelque chose. Puis quand on en avait pas, ça donnait rien. J'avais pas l'idée qu'il fallait écrire un do pour entendre un do. C'est après que j'ai appris. Je me suis dit, oh là là, mais c'est compliqué. Petit à petit, je me suis mis au piano, j'ai commencé à apprendre.

  • Speaker #1

    À l'époque, au milieu des années 60, tout frais et moulu du conservatoire et destiné au prix de Rome, le futur William Scheller se dirigeait sagement vers une carrière de compositeur classique. Jusqu'au jour où il entend à la radio une chanson des Beatles intitulée « A Hard Day's Night »

  • Speaker #0

    Coup de foudre. Mais c'est ça que j'aimerais faire. Peu faire ça. Ça, c'est raison. C'est pas jamais Ils peuvent se permettre crise. Mais c'était la pleine folie de la musique depuis qu'il y a Hyper séréné, hyper machin. Je me suis dit, mais attends, moi j'entends de la musique. Pourquoi je vais me priver toute ma vie d'écrire cette musique que j'ai la chance d'entendre sous prétexte d'être à la mode ? Tout le monde veut de l'avant-garde et de l'avant-garde et de l'avant-garde, en fait c'est le même rond-rond depuis maintenant 50 ans, je crois. Et puis j'ai entendu les putos, je me suis dit, il n'y a pas de faire du truc, t'es lourd. Le propos, ce n'est pas d'avoir un buste en bronze dans un square, comme j'ai plus le temps, un buste en bronze dans un square avec un pigeon qui me chie sur la tête, c'est de laisser des choses dans la mémoire des gens, puis s'ils se transmettent dans leurs enfants. Ce qu'ils ont bien aimé, que les enfants aiment bien, c'est comme ça que ça se répand, ce qu'on appelle la culture, c'est ce qu'on a bien aimé, qui nous a bien fait vibrer. Et puis on dit au monde qui a écouté ça, à mon fils, il a fouillé dans mes vinyles assez tôt, je lui ai fait écouter le morix, je lui ai fait écouter des choses comme ça. Après on était à cure, mais il y avait quand même, on se transmet, c'est ça la culture. Alors donc j'avais pas envie de faire de la musique officielle, j'avais envie de faire de la musique vivante, celle qui est dans la rue, celle dont on se souvient.

  • Speaker #1

    C'est décidé, William Scheler sera artiste de variété. Tout ça parce qu'un beau jour, une duchesse brune prénommée Barbara a dit à un blancbec blond qui grattait pour elle du papier à musique « Tu devrais chanter ! » Oui, mais plus facile à conseiller qu'à réussir, surtout pour quelqu'un qui n'a pas vraiment envie de devenir ce qu'on appelle à l'époque une vedette.

  • Speaker #0

    J'avais essayé de 45 tours tellement mauvais que je me suis dit, « Ouh là là, c'est pas pour moi » . Et puis après quoi, on a essayé de me faire faire de 45 tours, mais il y avait des gens qui en savaient pas plus que moi. C'est à des époques où la musique marchait tellement bien qu'il y avait des directeurs artistes partout. Donc, c'était pas techniquement vraiment à niveau. Une note avait couru à l'intérieur de CBS en disant « On n'a absolument pas profil d'une star ou d'un artiste. » Parce que je n'avais pas trouvé mon tour, parce que c'était tout tôt.

  • Speaker #1

    Le 16 mai 1975, un jeune chanteur fait sa première télé chez Philippe Bouvard avec le titre qu'il vient d'enregistrer. A l'origine, une satire écrite pour se moquer gentiment des chanteurs à la mode qui abusent des anglicismes. La boutade deviendra pourtant rapidement un tube intitulé Rock and the Lars.

  • Speaker #0

    C'était une mode pour rigoler, mais ça a été enregistré très rapidement. D'un seul coup, on annonce que c'est ce titre-là qui allait sortir en numéro 1. Et alors là, la première télévision que je fais, dans la rubrique de la chanson idiote, l'édition de Philippe Bouvard, la chanson idiote. Et là, Bouvard m'a donné ma première émotion de médias. Et je l'ai vu voir et il m'a dit vous avez des réticences, je peux pas vous entendre. Je dis, mais si notre chanson n'est pas idiote, les gens vont s'en rendre compte. Et il m'a dit, je n'ai pas d'autre endroit à vous placer. Et c'est le moment le plus regardé de l'émission. Mais après, on me disait, ah, dis donc, pourquoi tu refais pas encore un requin de l'art ? Regarde, là, maintenant, il y a Plastique Bertrand, t'as pris ta place. Mais il y a anté sur des plateaux depuis que je suis gosse, j'étais pas impressionné par ça. C'était un endroit de travail, il y avait des projos, il y avait des machins, faire une farcie, passer par là. C'était du travail de plateau, comme j'avais vu étant gamin, mon grand-père faire, les artistes faire ce plateau, je me souviens d'un petit duo qui s'appelait Le Parc, et ils étaient là en disant, « Ah ben oui, c'est bien parce qu'on est sur les plateaux, il y a des projos, il y a des caméras, puis on voit des artistes. » Ils étaient à l'ISO Pays des Merveilles. C'était drôle de les voir s'émerveiller de ce qui leur arrivait. Pour moi, ce n'était pas merveilleux. C'était « Ah, je sors l'anonymat de la musique. Oui, d'accord, allez jouer, etc. » Mais ça ne me permettait rien.

  • Speaker #1

    Difficile à l'époque de se douter que ce blondinet en basket rouge avait déjà composé les arrangements d'un album de Barbara. le tube « My Year is a Day » pour le groupe américain Les Irrésistibles, la musique du film « Eroticimo » de Gérard Pires et une messe en latin pour chœur et orchestre baptisée « Lux Aeterna » . Entre 1975 et 1979, William Scheler enchaîne les albums et les succès comme « Dans un vieux rock'n'roll » , Le carnet à spirale, Nicolas, oh je cours tout seul. Et le public s'habitue à cet énergumène, mi-Mozart, mi-Elton John, qui balance entre classicisme et excentricité.

  • Speaker #0

    Oui mais en plus j'avais un déballage vestimentaire complètement dingue. Pourquoi ? Parce qu'avant je pesais 95 kilos, j'ai toujours pas enfilé mes mains de jeans, sinon j'avais les jeans et les gros machins comme ça, je pouvais pas m'habiller normalement. tout le monde parce que j'étais gros. Franchement, j'étais au reste. Et quand j'ai pu m'habiller avec des couleurs insensées, des fringues incroyables et des machins parce que j'étais de l'humain, je me suis pas enlevé. Il y avait ça aussi. C'est pour le spectacle ou c'est pourJ'aime bien ça, c'est du déguisement, c'est du spectacle, c'est du rêve. J'aime bien le rêve, j'aime bien organiser du rêve. Ça, c'est tout du charlatan, c'est pas rien. Je crois pas à la pérennité de de moins en moins, surtout à notre époque. Mais là, on le sait.

  • Speaker #1

    Et puis, à l'été 1991, est publié un 45 tours qui sera désormais l'inaltérable marque de fabrique de l'artiste. A l'origine, une chanson enregistrée presque à la sauvette, tout au bout d'un disque live intitulé Scheller en solitaire. Une chanson qui débute par ce vers, désormais un classique immédiatement reconnaissable. Pourquoi les gens qui s'aiment sont-ils toujours un peu les mêmes ?

  • Speaker #0

    J'ai lu la musique pendant deux ans, cette chanson. C'était pendant la tournée parce que les musiciens en avaient répété, etc. J'étais un peu rigueux dans le chanvre d'hôtel avec Hucre. Ah, mais Monique, t'as pas un nouveau morceau qu'on pourrait essayer ? Parce que, bon, j'ai dit si, mais j'ai pas fini le texte. T'as qu'à le finir. Ah, au lieu, le nouveau... Puis j'ai écrit l'orchestration dans le chanvre d'hôtel. Je me suis dit, bon, moi, je vais en mettre un autre. Je vais en mettre un truc. Et puis, il y a un point qui m'a laissé rafler, c'est... le système de mission et plus concernant les frères et vieux ont vécu ensemble alors 50 ans et stéphane s'en sont mis par acquérir le plus de gré et puis c'était en même temps une période de solitude enfin et c est pourquoi c'est toujours au même pourquoi sont toujours les mêmes qui ça arrive et pourquoi se ressemble enfin mais tout ça j'ai commencé de trois frères riz Et quand j'ai trouvé simplement que je voulais être un homme heureux juste à la fin, il y avait un trou, il y avait une ou deux phrases, il fallait toucher le bout. Mais j'ai attendu deux ans avant d'avoir eu le texte, ça ne venait pas, c'était parce que j'avais une aide, je n'ai pas On la répétait dans l'après-midi, le midi jour, le soir, le soir sain, en disant d'écouter au milieu des clossards. Et ça a tellement plu qu'on l'a réclamée en bis à la fin. Quand le phénomène se reproduit 5-6 fois, on est dans une nouvelle chanson et que les gens la réclament à la fin. Vous savez que j'avais un truc là, je savais, on le sait quand même, pas automatiquement qu'on a un tube, mais qu'on a quelque chose qui va rester dans l'oreille. Et ça aussi c'est marrant de... Au bout d'un certain nombre d'années, faire partie de la vie des gens, leur souvenir.

  • Speaker #1

    La musique, c'est du bruit qui pense, disait Victor Hugo. Il faut même en chanson du bon sens et de l'art, affirmait Nicolas Boileau plus d'un siècle avant lui. Une chanson, qui y a-t-il à l'intérieur d'une chanson ? aurait pu questionner Charles Trenet et William Scheler. Qu'en pense-t-il ?

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai, c'est l'art du suspense, de poser les émotions, de les tenir en haleine, de les laisser sous-entendre, d'échapper, mais on ne passe pas à ça, on écrit le livre, on le laisse après. C'est quand on réalise en même temps une universalité de la musique, et sans les premiers avoir fait de la word, on s'est utilisé les instruments, c'était l'ouverture. espèce d'écuménisme physical, si on peut dire, mais qui a été rembouffé, qui te chapelle. Très curieux, parce que c'est une époque où, sur toute la planète, la même musique se partageait. Ensuite, ça s'est mis à scinder, etc. Et maintenant, ça devient des chapelles. À la limite, maintenant, ça n'est plus tellement l'artiste. Je veux dire, on voit par exemple des concerts de hard rock, ça n'est pas tant l'artiste de hard rock qui soit là, qui soit intéressant, c'est le fait de se retrouver entre hard rock, qu'avec les mêmes je ne sais pas dire les uniformes mais enfin les mêmes cultures vestimentaires et les mêmes tribus.

  • Speaker #1

    Ma vie, elle s'en va toute seule, loin du mal de toi, vers des heures bizarres de ce que j'appelle même une solitude ordinaire. Ces vers sont extraits de la chanson Sun Full, sous-titrée Une solitude ordinaire, dans l'album Les Machines Absurdes sorti en l'an 2000. La solitude, un thème qui revient souvent, même entre les lignes, dans les chansons de William Scheler, l'homme qui court tout seul.

  • Speaker #0

    On parlait souvent de solitude. C'était un luxe qu'il souhaitait à tout le monde. Je ne suis pas tant sûr que ça. Je ne suis pas tant sûr que ça. Mais c'est vrai qu'à me justifier de ce que je fais, je ne sais pas. Seulement les gens, il ne faudrait pas qu'ils soient là. On appuie sur un bouton.

  • Speaker #1

    Le blondinet en basket rouge de l'époque du carnet à spirale, et on le sait devenu un artiste majeur, primé aux victoires de la musique et même décoré du titre de chevalier des arts et des lettres. Depuis cet entretien, il a publié encore deux albums de chansons, dont le dernier, Stylus, en 2015. Sans oublier ses œuvres instrumentales, quatuors, concertos, symphonies, oratorios, dont on peut retrouver une compilation sur l'album Ostinato, paru en 2006. En 2021, auteur d'une autobiographie baptisée de son simple prénom, il a affirmé vouloir tirer un trait sur la chanson. Après tant de photos souvenirs, qui ont vu défiler en vrac une maman folle et un vieux rock'n'roll, des filles boréales et un coureur autonal, des miroirs boueux et des dépressions hivernales, autant de courts-métrages fiers et fous, peaufinés par un éternel amoureux transi à la lyrique mélancolie. Serait-il le dernier des romantiques ?

  • Speaker #0

    Je raconte les petits détails et les petites Donc il faut que telle chanson ait terminé, parce que si même si on entendait que les chansons vont, on serait bien dit pendant deux heures, et ce serait suicidaire. Je sais que des fois il y a des petits machins, des petites chansons, des mélancolies, mais à la base, c'est ce que je parle. Or j'aime bien dire sur la vie, c'est jamais être complètement désespéré, c'est jamais L'antisme c'est d'ouvrir à l'annonceur de l'âme. Les romantiques sont apparus après le cartésianisme, le siècle de lumière. Alors à force de tout mettre en équation, de mettre des étiquettes sur tous les habitants qu'on rencontrait, on les achète comme ça, et les jeunes se sont venus vers la marne. On a aussi parlé de notre âme, du noir, parlé de nos angoisses, parlé de nos clés. Ils en aiment. Et après, c'est un acquis. Ce n'est pas une époque, c'est un acquis.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Et à la prochaine fois.

Description

 "Symphoman" et homme-orchestre, rockeur lyrique et raconteur pop, machiniste absurde et pianiste futuriste, jongleur et bateleur entre virtuosité et équilibrisme, chanteur à la voix blanche dans un univers polychrome, tel est William Sheller. L'homme qui voulait être heureux et qui
depuis près d'un demi-siècle continue de faire le bonheur des gens qui s'aiment et des autres.  

Octobre 2004, William Sheller reçoit Philippe Barbot chez lui, au cœur de la forêt solognote.  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Les grands entretiens du musée de la sacem avec Philippe Barbeau.

  • Speaker #1

    Symphoman et homme orchestre, rocker lyrique et raconteur pop, machiniste absurde et pianiste futuriste, jongleur et battleur entre virtuosité et équilibrisme, chanteur à la voix blanche dans un univers polychrome. Fils caché de Chopin et de Macartney, à moins que ce ne soit de Boulez et de Stravinsky. Tel est William Scheller, l'homme qui voulait être heureux et qui, depuis près d'un demi-siècle, continue de faire le bonheur des gens qui s'aiment et des autres. Nous sommes en octobre 2004, au cœur de la forêt solognotte. C'est là qu'a choisi de vivre, à l'écart du show business et des mondanités, cet éternel solitaire qui sait si bien s'accompagner. C'est là aussi qu'il vient d'enregistrer son nouvel et onzième album, judicieusement baptisé « Épure » . 12 chansons émouvantes et nues comme « Mon hôtel » , « Chanson d'automne » ou « Toutes les choses qu'on lui donne » , magistralement interprétées sur son propre piano sans effet ni fioritures. Au cours d'une conversation à bâton rompu, il en explique ainsi la genese.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'en force de renverser le matériel, il faut de musique, de spectacles, comme on l'a fait. Il y a pas mal d'albums, on a raconté pas mal de choses qu'on n'a pas envie de se répéter. Il faut avoir des sujets, des choses qui soient intéressantes, avec des images. C'est un morceau que j'ai fait au fur et à mesure, quand j'ai fait des concerts au piano. J'ai transcrit une machine absurde au piano, j'ai dit tiens... J'aimerais faire un truc au piano, mais alors le minimum, minimum, minimum, c'est pas d'effet, pas de réverbe, mais juste, mais vraiment, au bord de la maquette, quoi. J'ai un petit peu bossé là-dessus, j'ai pris mon dictionnaire de rime, j'ai monté sur une barre.

  • Speaker #1

    Les notes et les mots. Indispensable mariage pour faire naître une chanson, mais union parfois conflictuelle. Comme un combat entre le sens et le son que William Scheler affronte souvent. Avec la réussite que l'on connaît. Les affres de la création, quelque sorte. J'ai toujours ça, la musique, ça vient dans la tête à n'importe quel moment. Alors ça, il faut que je me dise maintenant, je vais sortir des phrases, et puis j'en essaye. Alors il y a une phrase qui vient en haut, il y a une autre qui arrive, ça n'a rien à voir, c'est dans un autre endroit. Puis en fait, la phrase qu'on a eue au début, on s'aperçoit que cette phrase-là, ça n'a pas de conséquences. C'est que si l'histoire existait quelque part avec toute série, Il fallait une idée et fabriquer. Ensuite, on veut quelque chose de logique, une petite histoire, un petit peu de choses, un petit peu de conclusions, un petit machin. Cette scène, je prends tout. Parce que du coup, il y a des cultures automatiques, sans rien, sans machin. Il y en a qui pensent à très vite. Il manque musicalement quelque chose, si je n'ai pas mes rêves. Ce n'est pas l'intention d'être un auteur. Si je suis un auteur, je ne comprends pas parce que ce n'est pas mon... Je n'ai pas l'urgence de noter une phrase. Un auteur à une phrase, il dit tiens, on la note, ça déclenche. Moi j'ai ça à ma musique. J'entends un extrait de mon petit bout de musique, je me dis ça, ça doit faire partie d'un truc, alors ça je note. Mais les mots, les phrases. Mais j'écris pour limiter ce que j'aime bien. Ce que j'aime bien, ça va André Chénier, Péguine, je ne sais pas, Gaspé, Trémet, je ne sais pas. Moi j'aime bien les mots, c'est tout. On me dit ce qui s'est passé. « Pour ça, on ne peut pas en se dire comment ils font. » On transpire, on fait le miroir. Des fois, il y a des textes qui tiennent très bien sur le papier, mais quand je vais dans le micro, ça ne tient plus du tout. Il faut que les mots glissent avec tellement de facilité dans la musique qu'à la limite, on oublie les mots, on ne voit plus que les images. On ne voit plus que le film, puisqu'on a la musique avec pour donner le pire. C'est ça que j'aime bien. J'aime pas le texte qui se veut d'abord intelligent, en télo, enfin machin, ça nous le sommes, j'aime un peu ce que c'est marrant. J'aime mieux simplement qu'on se fasse une image des sentiments qui peuvent se dégager dans une scène rien que par les images. On s'imagine tout un truc autour. En près de 50 ans de carrière, William Scheller a toujours eu l'angoisse de se répéter. C'est sans doute pourquoi il a multiplié les expériences musicales de la science-fiction. punk avec Excalibur, au heavy metal progressiste avec l'album Albion, en passant par la musique de film, l'électronique, le piano solo, l'orchestre symphonique. De la salle Playel à l'Olympia, des conservatoires au Hit Parade, mais la chanson, aime-t-il vraiment ça ou n'est-ce pour lui qu'un exercice plaisant ?

  • Speaker #0

    C'est la chansonnerie que je veux. C'est le nom de la chansonnerie. Et sinon, j'aime beaucoup la chanson. La chanson a toujours été un arnaud. Je ne suis pas content, moi, de trouver Gainsbourg. Il n'a pas fait de l'armée. Je crois qu'il avait un petit peu un... On les abusait un petit peu cyniques, mais il le faisait avec des extrêmement sérieux

  • Speaker #1

    Question. Puisqu'il affirme semer sang et eau sur les textes de ses chansons, pourquoi ne fait-il pas appel, comme tant d'autres compositeurs, à des auteurs de métiers ? Par méfiance ou par pudeur ?

  • Speaker #0

    Non, ça va, je peux en essayer. J'ai déjà fait plusieurs fois. Et quand je le mets dans la bouche, ça ne passe pas. Et ça, c'est plutôt planté dans le cœur. C'est qu'une fois, François Zardy m'a écrit un très beau texte, qui s'appelait finalement, qui s'est appelé « D'un chili » que j'ai écrit après. Je n'ai pas pu le chanter. Elle l'a fait, elle ne l'a pas fait. Mais je ne sais pas. J'avais l'impression que ce n'était pas moi. C'était pas moi. C'était pas moi. C'est peut-être la maniaquerie, la timidité, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On le sait, l'instrument de prédilection de William Scheller, dont il a fait souvent le compagnon solitaire sur plusieurs albums comme sur scène, c'est le piano. Un complice exigeant qui nécessite une attention de tous les instants pour ne pas s'emmêler les doigts à défaut des pinceaux. Surtout quand on est censé connaître par cœur les textes que l'on chante. Un véritable entraînement de sportif.

  • Speaker #0

    Je sens quand il vient un truc dans la tête ou sous les doigts, je sens si c'est une chanson, si ça va être un truc piano. Du tout, c'est une petite pièce que je jouais. Il y a un petit truc qui s'appelle Tour la main gauche. Je sais que je me suis mis à jouer ça le matin pour me délier les doigts. Quand j'avais un café, on me moque. Ce qui est traditionnel, ce qu'on appelait, alors chez les cassis, on appelait ça des mélodies. C'est Stéphane Echer qui l'a dit, ton album, pas celui-là. en solitaire, mais moi ça me fait penser au Winterreiseur de Schubert. Et là je me suis dit, s'il n'y a qu'un piano, on peut lire la voie, autant que le piano vienne raconter les choses. Quand on est sur scène, environné de musiciens, on se fatigue le plus. Le piano, on joue beaucoup mieux. Quand on a des ordinateurs, on les bloque. On se lance le clavier, on est en perte très courte. C'est comme tous les sports. On parle de chanteurs, ce que disait Barbara, elle a une vécu les années 10, c'est pas la même chose. Mais quand elle me dit qu'il devrait chanter, je dis non, non plus, c'est pas... C'est le raconté, tu es un visant, pas un chanteur. Et quand je suis sur scène, c'est pas la même chose, parce qu'il y a les mouvements, les affections, la gestuelle, qui fait que si on veut chanter très juste, il faut éviter de se tendre la bouche, il faut éviter d'être dans son personnage. Si on est sur scène, la note qui passerait non juste, elle est excusée par le mouvement. Donc on est moins attentif qu'une fois sur un album, si on l'écoute sur 50 fois. Alors là, quand c'est des nouveaux morceaux, quand quelques fois je finissais le texte juste avant d'enregistrer, il faut se mettre Et puis alors là, il n'est pas question des petites machines, genre autotune, etc. Parce que c'est le piano, mais là, on aurait pu le faire indépendamment, mais il n'y a pas cette cohésion, les mouvements, ça accélère, ça ralentit, ça suit l'armée, ça suit l'histoire. C'est-à-dire qu'il faut travailler d'abord le piano suffisamment longtemps pour oublier complètement les mains. Quatre ans et toute seule, si on commence à se dire qu'est-ce que je dois jouer, qu'est-ce que je dois chanter, il faut que tu le fasses. Donc c'est des heures et des heures et des heures d'apprendre par cœur.

  • Speaker #1

    Quand il était enfant, le petit William ne voulait pas être pompier ou aviateur. Non, ce dont il rêvait déjà, c'était d'écrire de la musique. Mais pour cela, écouter sa voisine jouer du piano ne suffisait pas.

  • Speaker #0

    Puis j'avais une voisine, étant gamin, je vivais beaucoup chez ma mère. Et il y avait une voisine qui jouait du piano, elle jouait sans arrêt la métraline, les cloches de cornelie, enfin, de trottoir comme ça. Je disais, j'aimerais bien jouer du piano, j'étais chez elle, puis je regardais son piano comme ça. Je sais pas, puis ça me plaisait. C'est vrai qu'il y a plus de notes à la fois, plusieurs voix, ça peut sonner comme un orchestre, ça peut sonner comme Et puis quand on apprend l'écriture, on apprend l'écriture à quatre parties, c'est bien de voir un instrument qui permette de jouer quatre parties en même temps. Mais je suis un mauvais pianiste. Je fais ce que je sais faire. Mais alors quand j'étais maudit, j'avais 4-5 ans, je remplissais les cahiers de musique parce que je croyais que j'avais de la musique. Alors quand on était compositeur, alors on mettait des notes. Quand on avait du talent et qu'on jouait, ça donnait quelque chose. Puis quand on en avait pas, ça donnait rien. J'avais pas l'idée qu'il fallait écrire un do pour entendre un do. C'est après que j'ai appris. Je me suis dit, oh là là, mais c'est compliqué. Petit à petit, je me suis mis au piano, j'ai commencé à apprendre.

  • Speaker #1

    À l'époque, au milieu des années 60, tout frais et moulu du conservatoire et destiné au prix de Rome, le futur William Scheller se dirigeait sagement vers une carrière de compositeur classique. Jusqu'au jour où il entend à la radio une chanson des Beatles intitulée « A Hard Day's Night »

  • Speaker #0

    Coup de foudre. Mais c'est ça que j'aimerais faire. Peu faire ça. Ça, c'est raison. C'est pas jamais Ils peuvent se permettre crise. Mais c'était la pleine folie de la musique depuis qu'il y a Hyper séréné, hyper machin. Je me suis dit, mais attends, moi j'entends de la musique. Pourquoi je vais me priver toute ma vie d'écrire cette musique que j'ai la chance d'entendre sous prétexte d'être à la mode ? Tout le monde veut de l'avant-garde et de l'avant-garde et de l'avant-garde, en fait c'est le même rond-rond depuis maintenant 50 ans, je crois. Et puis j'ai entendu les putos, je me suis dit, il n'y a pas de faire du truc, t'es lourd. Le propos, ce n'est pas d'avoir un buste en bronze dans un square, comme j'ai plus le temps, un buste en bronze dans un square avec un pigeon qui me chie sur la tête, c'est de laisser des choses dans la mémoire des gens, puis s'ils se transmettent dans leurs enfants. Ce qu'ils ont bien aimé, que les enfants aiment bien, c'est comme ça que ça se répand, ce qu'on appelle la culture, c'est ce qu'on a bien aimé, qui nous a bien fait vibrer. Et puis on dit au monde qui a écouté ça, à mon fils, il a fouillé dans mes vinyles assez tôt, je lui ai fait écouter le morix, je lui ai fait écouter des choses comme ça. Après on était à cure, mais il y avait quand même, on se transmet, c'est ça la culture. Alors donc j'avais pas envie de faire de la musique officielle, j'avais envie de faire de la musique vivante, celle qui est dans la rue, celle dont on se souvient.

  • Speaker #1

    C'est décidé, William Scheler sera artiste de variété. Tout ça parce qu'un beau jour, une duchesse brune prénommée Barbara a dit à un blancbec blond qui grattait pour elle du papier à musique « Tu devrais chanter ! » Oui, mais plus facile à conseiller qu'à réussir, surtout pour quelqu'un qui n'a pas vraiment envie de devenir ce qu'on appelle à l'époque une vedette.

  • Speaker #0

    J'avais essayé de 45 tours tellement mauvais que je me suis dit, « Ouh là là, c'est pas pour moi » . Et puis après quoi, on a essayé de me faire faire de 45 tours, mais il y avait des gens qui en savaient pas plus que moi. C'est à des époques où la musique marchait tellement bien qu'il y avait des directeurs artistes partout. Donc, c'était pas techniquement vraiment à niveau. Une note avait couru à l'intérieur de CBS en disant « On n'a absolument pas profil d'une star ou d'un artiste. » Parce que je n'avais pas trouvé mon tour, parce que c'était tout tôt.

  • Speaker #1

    Le 16 mai 1975, un jeune chanteur fait sa première télé chez Philippe Bouvard avec le titre qu'il vient d'enregistrer. A l'origine, une satire écrite pour se moquer gentiment des chanteurs à la mode qui abusent des anglicismes. La boutade deviendra pourtant rapidement un tube intitulé Rock and the Lars.

  • Speaker #0

    C'était une mode pour rigoler, mais ça a été enregistré très rapidement. D'un seul coup, on annonce que c'est ce titre-là qui allait sortir en numéro 1. Et alors là, la première télévision que je fais, dans la rubrique de la chanson idiote, l'édition de Philippe Bouvard, la chanson idiote. Et là, Bouvard m'a donné ma première émotion de médias. Et je l'ai vu voir et il m'a dit vous avez des réticences, je peux pas vous entendre. Je dis, mais si notre chanson n'est pas idiote, les gens vont s'en rendre compte. Et il m'a dit, je n'ai pas d'autre endroit à vous placer. Et c'est le moment le plus regardé de l'émission. Mais après, on me disait, ah, dis donc, pourquoi tu refais pas encore un requin de l'art ? Regarde, là, maintenant, il y a Plastique Bertrand, t'as pris ta place. Mais il y a anté sur des plateaux depuis que je suis gosse, j'étais pas impressionné par ça. C'était un endroit de travail, il y avait des projos, il y avait des machins, faire une farcie, passer par là. C'était du travail de plateau, comme j'avais vu étant gamin, mon grand-père faire, les artistes faire ce plateau, je me souviens d'un petit duo qui s'appelait Le Parc, et ils étaient là en disant, « Ah ben oui, c'est bien parce qu'on est sur les plateaux, il y a des projos, il y a des caméras, puis on voit des artistes. » Ils étaient à l'ISO Pays des Merveilles. C'était drôle de les voir s'émerveiller de ce qui leur arrivait. Pour moi, ce n'était pas merveilleux. C'était « Ah, je sors l'anonymat de la musique. Oui, d'accord, allez jouer, etc. » Mais ça ne me permettait rien.

  • Speaker #1

    Difficile à l'époque de se douter que ce blondinet en basket rouge avait déjà composé les arrangements d'un album de Barbara. le tube « My Year is a Day » pour le groupe américain Les Irrésistibles, la musique du film « Eroticimo » de Gérard Pires et une messe en latin pour chœur et orchestre baptisée « Lux Aeterna » . Entre 1975 et 1979, William Scheler enchaîne les albums et les succès comme « Dans un vieux rock'n'roll » , Le carnet à spirale, Nicolas, oh je cours tout seul. Et le public s'habitue à cet énergumène, mi-Mozart, mi-Elton John, qui balance entre classicisme et excentricité.

  • Speaker #0

    Oui mais en plus j'avais un déballage vestimentaire complètement dingue. Pourquoi ? Parce qu'avant je pesais 95 kilos, j'ai toujours pas enfilé mes mains de jeans, sinon j'avais les jeans et les gros machins comme ça, je pouvais pas m'habiller normalement. tout le monde parce que j'étais gros. Franchement, j'étais au reste. Et quand j'ai pu m'habiller avec des couleurs insensées, des fringues incroyables et des machins parce que j'étais de l'humain, je me suis pas enlevé. Il y avait ça aussi. C'est pour le spectacle ou c'est pourJ'aime bien ça, c'est du déguisement, c'est du spectacle, c'est du rêve. J'aime bien le rêve, j'aime bien organiser du rêve. Ça, c'est tout du charlatan, c'est pas rien. Je crois pas à la pérennité de de moins en moins, surtout à notre époque. Mais là, on le sait.

  • Speaker #1

    Et puis, à l'été 1991, est publié un 45 tours qui sera désormais l'inaltérable marque de fabrique de l'artiste. A l'origine, une chanson enregistrée presque à la sauvette, tout au bout d'un disque live intitulé Scheller en solitaire. Une chanson qui débute par ce vers, désormais un classique immédiatement reconnaissable. Pourquoi les gens qui s'aiment sont-ils toujours un peu les mêmes ?

  • Speaker #0

    J'ai lu la musique pendant deux ans, cette chanson. C'était pendant la tournée parce que les musiciens en avaient répété, etc. J'étais un peu rigueux dans le chanvre d'hôtel avec Hucre. Ah, mais Monique, t'as pas un nouveau morceau qu'on pourrait essayer ? Parce que, bon, j'ai dit si, mais j'ai pas fini le texte. T'as qu'à le finir. Ah, au lieu, le nouveau... Puis j'ai écrit l'orchestration dans le chanvre d'hôtel. Je me suis dit, bon, moi, je vais en mettre un autre. Je vais en mettre un truc. Et puis, il y a un point qui m'a laissé rafler, c'est... le système de mission et plus concernant les frères et vieux ont vécu ensemble alors 50 ans et stéphane s'en sont mis par acquérir le plus de gré et puis c'était en même temps une période de solitude enfin et c est pourquoi c'est toujours au même pourquoi sont toujours les mêmes qui ça arrive et pourquoi se ressemble enfin mais tout ça j'ai commencé de trois frères riz Et quand j'ai trouvé simplement que je voulais être un homme heureux juste à la fin, il y avait un trou, il y avait une ou deux phrases, il fallait toucher le bout. Mais j'ai attendu deux ans avant d'avoir eu le texte, ça ne venait pas, c'était parce que j'avais une aide, je n'ai pas On la répétait dans l'après-midi, le midi jour, le soir, le soir sain, en disant d'écouter au milieu des clossards. Et ça a tellement plu qu'on l'a réclamée en bis à la fin. Quand le phénomène se reproduit 5-6 fois, on est dans une nouvelle chanson et que les gens la réclament à la fin. Vous savez que j'avais un truc là, je savais, on le sait quand même, pas automatiquement qu'on a un tube, mais qu'on a quelque chose qui va rester dans l'oreille. Et ça aussi c'est marrant de... Au bout d'un certain nombre d'années, faire partie de la vie des gens, leur souvenir.

  • Speaker #1

    La musique, c'est du bruit qui pense, disait Victor Hugo. Il faut même en chanson du bon sens et de l'art, affirmait Nicolas Boileau plus d'un siècle avant lui. Une chanson, qui y a-t-il à l'intérieur d'une chanson ? aurait pu questionner Charles Trenet et William Scheler. Qu'en pense-t-il ?

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai, c'est l'art du suspense, de poser les émotions, de les tenir en haleine, de les laisser sous-entendre, d'échapper, mais on ne passe pas à ça, on écrit le livre, on le laisse après. C'est quand on réalise en même temps une universalité de la musique, et sans les premiers avoir fait de la word, on s'est utilisé les instruments, c'était l'ouverture. espèce d'écuménisme physical, si on peut dire, mais qui a été rembouffé, qui te chapelle. Très curieux, parce que c'est une époque où, sur toute la planète, la même musique se partageait. Ensuite, ça s'est mis à scinder, etc. Et maintenant, ça devient des chapelles. À la limite, maintenant, ça n'est plus tellement l'artiste. Je veux dire, on voit par exemple des concerts de hard rock, ça n'est pas tant l'artiste de hard rock qui soit là, qui soit intéressant, c'est le fait de se retrouver entre hard rock, qu'avec les mêmes je ne sais pas dire les uniformes mais enfin les mêmes cultures vestimentaires et les mêmes tribus.

  • Speaker #1

    Ma vie, elle s'en va toute seule, loin du mal de toi, vers des heures bizarres de ce que j'appelle même une solitude ordinaire. Ces vers sont extraits de la chanson Sun Full, sous-titrée Une solitude ordinaire, dans l'album Les Machines Absurdes sorti en l'an 2000. La solitude, un thème qui revient souvent, même entre les lignes, dans les chansons de William Scheler, l'homme qui court tout seul.

  • Speaker #0

    On parlait souvent de solitude. C'était un luxe qu'il souhaitait à tout le monde. Je ne suis pas tant sûr que ça. Je ne suis pas tant sûr que ça. Mais c'est vrai qu'à me justifier de ce que je fais, je ne sais pas. Seulement les gens, il ne faudrait pas qu'ils soient là. On appuie sur un bouton.

  • Speaker #1

    Le blondinet en basket rouge de l'époque du carnet à spirale, et on le sait devenu un artiste majeur, primé aux victoires de la musique et même décoré du titre de chevalier des arts et des lettres. Depuis cet entretien, il a publié encore deux albums de chansons, dont le dernier, Stylus, en 2015. Sans oublier ses œuvres instrumentales, quatuors, concertos, symphonies, oratorios, dont on peut retrouver une compilation sur l'album Ostinato, paru en 2006. En 2021, auteur d'une autobiographie baptisée de son simple prénom, il a affirmé vouloir tirer un trait sur la chanson. Après tant de photos souvenirs, qui ont vu défiler en vrac une maman folle et un vieux rock'n'roll, des filles boréales et un coureur autonal, des miroirs boueux et des dépressions hivernales, autant de courts-métrages fiers et fous, peaufinés par un éternel amoureux transi à la lyrique mélancolie. Serait-il le dernier des romantiques ?

  • Speaker #0

    Je raconte les petits détails et les petites Donc il faut que telle chanson ait terminé, parce que si même si on entendait que les chansons vont, on serait bien dit pendant deux heures, et ce serait suicidaire. Je sais que des fois il y a des petits machins, des petites chansons, des mélancolies, mais à la base, c'est ce que je parle. Or j'aime bien dire sur la vie, c'est jamais être complètement désespéré, c'est jamais L'antisme c'est d'ouvrir à l'annonceur de l'âme. Les romantiques sont apparus après le cartésianisme, le siècle de lumière. Alors à force de tout mettre en équation, de mettre des étiquettes sur tous les habitants qu'on rencontrait, on les achète comme ça, et les jeunes se sont venus vers la marne. On a aussi parlé de notre âme, du noir, parlé de nos angoisses, parlé de nos clés. Ils en aiment. Et après, c'est un acquis. Ce n'est pas une époque, c'est un acquis.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Et à la prochaine fois.

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Description

 "Symphoman" et homme-orchestre, rockeur lyrique et raconteur pop, machiniste absurde et pianiste futuriste, jongleur et bateleur entre virtuosité et équilibrisme, chanteur à la voix blanche dans un univers polychrome, tel est William Sheller. L'homme qui voulait être heureux et qui
depuis près d'un demi-siècle continue de faire le bonheur des gens qui s'aiment et des autres.  

Octobre 2004, William Sheller reçoit Philippe Barbot chez lui, au cœur de la forêt solognote.  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les grands entretiens du musée de la sacem avec Philippe Barbeau.

  • Speaker #1

    Symphoman et homme orchestre, rocker lyrique et raconteur pop, machiniste absurde et pianiste futuriste, jongleur et battleur entre virtuosité et équilibrisme, chanteur à la voix blanche dans un univers polychrome. Fils caché de Chopin et de Macartney, à moins que ce ne soit de Boulez et de Stravinsky. Tel est William Scheller, l'homme qui voulait être heureux et qui, depuis près d'un demi-siècle, continue de faire le bonheur des gens qui s'aiment et des autres. Nous sommes en octobre 2004, au cœur de la forêt solognotte. C'est là qu'a choisi de vivre, à l'écart du show business et des mondanités, cet éternel solitaire qui sait si bien s'accompagner. C'est là aussi qu'il vient d'enregistrer son nouvel et onzième album, judicieusement baptisé « Épure » . 12 chansons émouvantes et nues comme « Mon hôtel » , « Chanson d'automne » ou « Toutes les choses qu'on lui donne » , magistralement interprétées sur son propre piano sans effet ni fioritures. Au cours d'une conversation à bâton rompu, il en explique ainsi la genese.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'en force de renverser le matériel, il faut de musique, de spectacles, comme on l'a fait. Il y a pas mal d'albums, on a raconté pas mal de choses qu'on n'a pas envie de se répéter. Il faut avoir des sujets, des choses qui soient intéressantes, avec des images. C'est un morceau que j'ai fait au fur et à mesure, quand j'ai fait des concerts au piano. J'ai transcrit une machine absurde au piano, j'ai dit tiens... J'aimerais faire un truc au piano, mais alors le minimum, minimum, minimum, c'est pas d'effet, pas de réverbe, mais juste, mais vraiment, au bord de la maquette, quoi. J'ai un petit peu bossé là-dessus, j'ai pris mon dictionnaire de rime, j'ai monté sur une barre.

  • Speaker #1

    Les notes et les mots. Indispensable mariage pour faire naître une chanson, mais union parfois conflictuelle. Comme un combat entre le sens et le son que William Scheler affronte souvent. Avec la réussite que l'on connaît. Les affres de la création, quelque sorte. J'ai toujours ça, la musique, ça vient dans la tête à n'importe quel moment. Alors ça, il faut que je me dise maintenant, je vais sortir des phrases, et puis j'en essaye. Alors il y a une phrase qui vient en haut, il y a une autre qui arrive, ça n'a rien à voir, c'est dans un autre endroit. Puis en fait, la phrase qu'on a eue au début, on s'aperçoit que cette phrase-là, ça n'a pas de conséquences. C'est que si l'histoire existait quelque part avec toute série, Il fallait une idée et fabriquer. Ensuite, on veut quelque chose de logique, une petite histoire, un petit peu de choses, un petit peu de conclusions, un petit machin. Cette scène, je prends tout. Parce que du coup, il y a des cultures automatiques, sans rien, sans machin. Il y en a qui pensent à très vite. Il manque musicalement quelque chose, si je n'ai pas mes rêves. Ce n'est pas l'intention d'être un auteur. Si je suis un auteur, je ne comprends pas parce que ce n'est pas mon... Je n'ai pas l'urgence de noter une phrase. Un auteur à une phrase, il dit tiens, on la note, ça déclenche. Moi j'ai ça à ma musique. J'entends un extrait de mon petit bout de musique, je me dis ça, ça doit faire partie d'un truc, alors ça je note. Mais les mots, les phrases. Mais j'écris pour limiter ce que j'aime bien. Ce que j'aime bien, ça va André Chénier, Péguine, je ne sais pas, Gaspé, Trémet, je ne sais pas. Moi j'aime bien les mots, c'est tout. On me dit ce qui s'est passé. « Pour ça, on ne peut pas en se dire comment ils font. » On transpire, on fait le miroir. Des fois, il y a des textes qui tiennent très bien sur le papier, mais quand je vais dans le micro, ça ne tient plus du tout. Il faut que les mots glissent avec tellement de facilité dans la musique qu'à la limite, on oublie les mots, on ne voit plus que les images. On ne voit plus que le film, puisqu'on a la musique avec pour donner le pire. C'est ça que j'aime bien. J'aime pas le texte qui se veut d'abord intelligent, en télo, enfin machin, ça nous le sommes, j'aime un peu ce que c'est marrant. J'aime mieux simplement qu'on se fasse une image des sentiments qui peuvent se dégager dans une scène rien que par les images. On s'imagine tout un truc autour. En près de 50 ans de carrière, William Scheller a toujours eu l'angoisse de se répéter. C'est sans doute pourquoi il a multiplié les expériences musicales de la science-fiction. punk avec Excalibur, au heavy metal progressiste avec l'album Albion, en passant par la musique de film, l'électronique, le piano solo, l'orchestre symphonique. De la salle Playel à l'Olympia, des conservatoires au Hit Parade, mais la chanson, aime-t-il vraiment ça ou n'est-ce pour lui qu'un exercice plaisant ?

  • Speaker #0

    C'est la chansonnerie que je veux. C'est le nom de la chansonnerie. Et sinon, j'aime beaucoup la chanson. La chanson a toujours été un arnaud. Je ne suis pas content, moi, de trouver Gainsbourg. Il n'a pas fait de l'armée. Je crois qu'il avait un petit peu un... On les abusait un petit peu cyniques, mais il le faisait avec des extrêmement sérieux

  • Speaker #1

    Question. Puisqu'il affirme semer sang et eau sur les textes de ses chansons, pourquoi ne fait-il pas appel, comme tant d'autres compositeurs, à des auteurs de métiers ? Par méfiance ou par pudeur ?

  • Speaker #0

    Non, ça va, je peux en essayer. J'ai déjà fait plusieurs fois. Et quand je le mets dans la bouche, ça ne passe pas. Et ça, c'est plutôt planté dans le cœur. C'est qu'une fois, François Zardy m'a écrit un très beau texte, qui s'appelait finalement, qui s'est appelé « D'un chili » que j'ai écrit après. Je n'ai pas pu le chanter. Elle l'a fait, elle ne l'a pas fait. Mais je ne sais pas. J'avais l'impression que ce n'était pas moi. C'était pas moi. C'était pas moi. C'est peut-être la maniaquerie, la timidité, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On le sait, l'instrument de prédilection de William Scheller, dont il a fait souvent le compagnon solitaire sur plusieurs albums comme sur scène, c'est le piano. Un complice exigeant qui nécessite une attention de tous les instants pour ne pas s'emmêler les doigts à défaut des pinceaux. Surtout quand on est censé connaître par cœur les textes que l'on chante. Un véritable entraînement de sportif.

  • Speaker #0

    Je sens quand il vient un truc dans la tête ou sous les doigts, je sens si c'est une chanson, si ça va être un truc piano. Du tout, c'est une petite pièce que je jouais. Il y a un petit truc qui s'appelle Tour la main gauche. Je sais que je me suis mis à jouer ça le matin pour me délier les doigts. Quand j'avais un café, on me moque. Ce qui est traditionnel, ce qu'on appelait, alors chez les cassis, on appelait ça des mélodies. C'est Stéphane Echer qui l'a dit, ton album, pas celui-là. en solitaire, mais moi ça me fait penser au Winterreiseur de Schubert. Et là je me suis dit, s'il n'y a qu'un piano, on peut lire la voie, autant que le piano vienne raconter les choses. Quand on est sur scène, environné de musiciens, on se fatigue le plus. Le piano, on joue beaucoup mieux. Quand on a des ordinateurs, on les bloque. On se lance le clavier, on est en perte très courte. C'est comme tous les sports. On parle de chanteurs, ce que disait Barbara, elle a une vécu les années 10, c'est pas la même chose. Mais quand elle me dit qu'il devrait chanter, je dis non, non plus, c'est pas... C'est le raconté, tu es un visant, pas un chanteur. Et quand je suis sur scène, c'est pas la même chose, parce qu'il y a les mouvements, les affections, la gestuelle, qui fait que si on veut chanter très juste, il faut éviter de se tendre la bouche, il faut éviter d'être dans son personnage. Si on est sur scène, la note qui passerait non juste, elle est excusée par le mouvement. Donc on est moins attentif qu'une fois sur un album, si on l'écoute sur 50 fois. Alors là, quand c'est des nouveaux morceaux, quand quelques fois je finissais le texte juste avant d'enregistrer, il faut se mettre Et puis alors là, il n'est pas question des petites machines, genre autotune, etc. Parce que c'est le piano, mais là, on aurait pu le faire indépendamment, mais il n'y a pas cette cohésion, les mouvements, ça accélère, ça ralentit, ça suit l'armée, ça suit l'histoire. C'est-à-dire qu'il faut travailler d'abord le piano suffisamment longtemps pour oublier complètement les mains. Quatre ans et toute seule, si on commence à se dire qu'est-ce que je dois jouer, qu'est-ce que je dois chanter, il faut que tu le fasses. Donc c'est des heures et des heures et des heures d'apprendre par cœur.

  • Speaker #1

    Quand il était enfant, le petit William ne voulait pas être pompier ou aviateur. Non, ce dont il rêvait déjà, c'était d'écrire de la musique. Mais pour cela, écouter sa voisine jouer du piano ne suffisait pas.

  • Speaker #0

    Puis j'avais une voisine, étant gamin, je vivais beaucoup chez ma mère. Et il y avait une voisine qui jouait du piano, elle jouait sans arrêt la métraline, les cloches de cornelie, enfin, de trottoir comme ça. Je disais, j'aimerais bien jouer du piano, j'étais chez elle, puis je regardais son piano comme ça. Je sais pas, puis ça me plaisait. C'est vrai qu'il y a plus de notes à la fois, plusieurs voix, ça peut sonner comme un orchestre, ça peut sonner comme Et puis quand on apprend l'écriture, on apprend l'écriture à quatre parties, c'est bien de voir un instrument qui permette de jouer quatre parties en même temps. Mais je suis un mauvais pianiste. Je fais ce que je sais faire. Mais alors quand j'étais maudit, j'avais 4-5 ans, je remplissais les cahiers de musique parce que je croyais que j'avais de la musique. Alors quand on était compositeur, alors on mettait des notes. Quand on avait du talent et qu'on jouait, ça donnait quelque chose. Puis quand on en avait pas, ça donnait rien. J'avais pas l'idée qu'il fallait écrire un do pour entendre un do. C'est après que j'ai appris. Je me suis dit, oh là là, mais c'est compliqué. Petit à petit, je me suis mis au piano, j'ai commencé à apprendre.

  • Speaker #1

    À l'époque, au milieu des années 60, tout frais et moulu du conservatoire et destiné au prix de Rome, le futur William Scheller se dirigeait sagement vers une carrière de compositeur classique. Jusqu'au jour où il entend à la radio une chanson des Beatles intitulée « A Hard Day's Night »

  • Speaker #0

    Coup de foudre. Mais c'est ça que j'aimerais faire. Peu faire ça. Ça, c'est raison. C'est pas jamais Ils peuvent se permettre crise. Mais c'était la pleine folie de la musique depuis qu'il y a Hyper séréné, hyper machin. Je me suis dit, mais attends, moi j'entends de la musique. Pourquoi je vais me priver toute ma vie d'écrire cette musique que j'ai la chance d'entendre sous prétexte d'être à la mode ? Tout le monde veut de l'avant-garde et de l'avant-garde et de l'avant-garde, en fait c'est le même rond-rond depuis maintenant 50 ans, je crois. Et puis j'ai entendu les putos, je me suis dit, il n'y a pas de faire du truc, t'es lourd. Le propos, ce n'est pas d'avoir un buste en bronze dans un square, comme j'ai plus le temps, un buste en bronze dans un square avec un pigeon qui me chie sur la tête, c'est de laisser des choses dans la mémoire des gens, puis s'ils se transmettent dans leurs enfants. Ce qu'ils ont bien aimé, que les enfants aiment bien, c'est comme ça que ça se répand, ce qu'on appelle la culture, c'est ce qu'on a bien aimé, qui nous a bien fait vibrer. Et puis on dit au monde qui a écouté ça, à mon fils, il a fouillé dans mes vinyles assez tôt, je lui ai fait écouter le morix, je lui ai fait écouter des choses comme ça. Après on était à cure, mais il y avait quand même, on se transmet, c'est ça la culture. Alors donc j'avais pas envie de faire de la musique officielle, j'avais envie de faire de la musique vivante, celle qui est dans la rue, celle dont on se souvient.

  • Speaker #1

    C'est décidé, William Scheler sera artiste de variété. Tout ça parce qu'un beau jour, une duchesse brune prénommée Barbara a dit à un blancbec blond qui grattait pour elle du papier à musique « Tu devrais chanter ! » Oui, mais plus facile à conseiller qu'à réussir, surtout pour quelqu'un qui n'a pas vraiment envie de devenir ce qu'on appelle à l'époque une vedette.

  • Speaker #0

    J'avais essayé de 45 tours tellement mauvais que je me suis dit, « Ouh là là, c'est pas pour moi » . Et puis après quoi, on a essayé de me faire faire de 45 tours, mais il y avait des gens qui en savaient pas plus que moi. C'est à des époques où la musique marchait tellement bien qu'il y avait des directeurs artistes partout. Donc, c'était pas techniquement vraiment à niveau. Une note avait couru à l'intérieur de CBS en disant « On n'a absolument pas profil d'une star ou d'un artiste. » Parce que je n'avais pas trouvé mon tour, parce que c'était tout tôt.

  • Speaker #1

    Le 16 mai 1975, un jeune chanteur fait sa première télé chez Philippe Bouvard avec le titre qu'il vient d'enregistrer. A l'origine, une satire écrite pour se moquer gentiment des chanteurs à la mode qui abusent des anglicismes. La boutade deviendra pourtant rapidement un tube intitulé Rock and the Lars.

  • Speaker #0

    C'était une mode pour rigoler, mais ça a été enregistré très rapidement. D'un seul coup, on annonce que c'est ce titre-là qui allait sortir en numéro 1. Et alors là, la première télévision que je fais, dans la rubrique de la chanson idiote, l'édition de Philippe Bouvard, la chanson idiote. Et là, Bouvard m'a donné ma première émotion de médias. Et je l'ai vu voir et il m'a dit vous avez des réticences, je peux pas vous entendre. Je dis, mais si notre chanson n'est pas idiote, les gens vont s'en rendre compte. Et il m'a dit, je n'ai pas d'autre endroit à vous placer. Et c'est le moment le plus regardé de l'émission. Mais après, on me disait, ah, dis donc, pourquoi tu refais pas encore un requin de l'art ? Regarde, là, maintenant, il y a Plastique Bertrand, t'as pris ta place. Mais il y a anté sur des plateaux depuis que je suis gosse, j'étais pas impressionné par ça. C'était un endroit de travail, il y avait des projos, il y avait des machins, faire une farcie, passer par là. C'était du travail de plateau, comme j'avais vu étant gamin, mon grand-père faire, les artistes faire ce plateau, je me souviens d'un petit duo qui s'appelait Le Parc, et ils étaient là en disant, « Ah ben oui, c'est bien parce qu'on est sur les plateaux, il y a des projos, il y a des caméras, puis on voit des artistes. » Ils étaient à l'ISO Pays des Merveilles. C'était drôle de les voir s'émerveiller de ce qui leur arrivait. Pour moi, ce n'était pas merveilleux. C'était « Ah, je sors l'anonymat de la musique. Oui, d'accord, allez jouer, etc. » Mais ça ne me permettait rien.

  • Speaker #1

    Difficile à l'époque de se douter que ce blondinet en basket rouge avait déjà composé les arrangements d'un album de Barbara. le tube « My Year is a Day » pour le groupe américain Les Irrésistibles, la musique du film « Eroticimo » de Gérard Pires et une messe en latin pour chœur et orchestre baptisée « Lux Aeterna » . Entre 1975 et 1979, William Scheler enchaîne les albums et les succès comme « Dans un vieux rock'n'roll » , Le carnet à spirale, Nicolas, oh je cours tout seul. Et le public s'habitue à cet énergumène, mi-Mozart, mi-Elton John, qui balance entre classicisme et excentricité.

  • Speaker #0

    Oui mais en plus j'avais un déballage vestimentaire complètement dingue. Pourquoi ? Parce qu'avant je pesais 95 kilos, j'ai toujours pas enfilé mes mains de jeans, sinon j'avais les jeans et les gros machins comme ça, je pouvais pas m'habiller normalement. tout le monde parce que j'étais gros. Franchement, j'étais au reste. Et quand j'ai pu m'habiller avec des couleurs insensées, des fringues incroyables et des machins parce que j'étais de l'humain, je me suis pas enlevé. Il y avait ça aussi. C'est pour le spectacle ou c'est pourJ'aime bien ça, c'est du déguisement, c'est du spectacle, c'est du rêve. J'aime bien le rêve, j'aime bien organiser du rêve. Ça, c'est tout du charlatan, c'est pas rien. Je crois pas à la pérennité de de moins en moins, surtout à notre époque. Mais là, on le sait.

  • Speaker #1

    Et puis, à l'été 1991, est publié un 45 tours qui sera désormais l'inaltérable marque de fabrique de l'artiste. A l'origine, une chanson enregistrée presque à la sauvette, tout au bout d'un disque live intitulé Scheller en solitaire. Une chanson qui débute par ce vers, désormais un classique immédiatement reconnaissable. Pourquoi les gens qui s'aiment sont-ils toujours un peu les mêmes ?

  • Speaker #0

    J'ai lu la musique pendant deux ans, cette chanson. C'était pendant la tournée parce que les musiciens en avaient répété, etc. J'étais un peu rigueux dans le chanvre d'hôtel avec Hucre. Ah, mais Monique, t'as pas un nouveau morceau qu'on pourrait essayer ? Parce que, bon, j'ai dit si, mais j'ai pas fini le texte. T'as qu'à le finir. Ah, au lieu, le nouveau... Puis j'ai écrit l'orchestration dans le chanvre d'hôtel. Je me suis dit, bon, moi, je vais en mettre un autre. Je vais en mettre un truc. Et puis, il y a un point qui m'a laissé rafler, c'est... le système de mission et plus concernant les frères et vieux ont vécu ensemble alors 50 ans et stéphane s'en sont mis par acquérir le plus de gré et puis c'était en même temps une période de solitude enfin et c est pourquoi c'est toujours au même pourquoi sont toujours les mêmes qui ça arrive et pourquoi se ressemble enfin mais tout ça j'ai commencé de trois frères riz Et quand j'ai trouvé simplement que je voulais être un homme heureux juste à la fin, il y avait un trou, il y avait une ou deux phrases, il fallait toucher le bout. Mais j'ai attendu deux ans avant d'avoir eu le texte, ça ne venait pas, c'était parce que j'avais une aide, je n'ai pas On la répétait dans l'après-midi, le midi jour, le soir, le soir sain, en disant d'écouter au milieu des clossards. Et ça a tellement plu qu'on l'a réclamée en bis à la fin. Quand le phénomène se reproduit 5-6 fois, on est dans une nouvelle chanson et que les gens la réclament à la fin. Vous savez que j'avais un truc là, je savais, on le sait quand même, pas automatiquement qu'on a un tube, mais qu'on a quelque chose qui va rester dans l'oreille. Et ça aussi c'est marrant de... Au bout d'un certain nombre d'années, faire partie de la vie des gens, leur souvenir.

  • Speaker #1

    La musique, c'est du bruit qui pense, disait Victor Hugo. Il faut même en chanson du bon sens et de l'art, affirmait Nicolas Boileau plus d'un siècle avant lui. Une chanson, qui y a-t-il à l'intérieur d'une chanson ? aurait pu questionner Charles Trenet et William Scheler. Qu'en pense-t-il ?

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai, c'est l'art du suspense, de poser les émotions, de les tenir en haleine, de les laisser sous-entendre, d'échapper, mais on ne passe pas à ça, on écrit le livre, on le laisse après. C'est quand on réalise en même temps une universalité de la musique, et sans les premiers avoir fait de la word, on s'est utilisé les instruments, c'était l'ouverture. espèce d'écuménisme physical, si on peut dire, mais qui a été rembouffé, qui te chapelle. Très curieux, parce que c'est une époque où, sur toute la planète, la même musique se partageait. Ensuite, ça s'est mis à scinder, etc. Et maintenant, ça devient des chapelles. À la limite, maintenant, ça n'est plus tellement l'artiste. Je veux dire, on voit par exemple des concerts de hard rock, ça n'est pas tant l'artiste de hard rock qui soit là, qui soit intéressant, c'est le fait de se retrouver entre hard rock, qu'avec les mêmes je ne sais pas dire les uniformes mais enfin les mêmes cultures vestimentaires et les mêmes tribus.

  • Speaker #1

    Ma vie, elle s'en va toute seule, loin du mal de toi, vers des heures bizarres de ce que j'appelle même une solitude ordinaire. Ces vers sont extraits de la chanson Sun Full, sous-titrée Une solitude ordinaire, dans l'album Les Machines Absurdes sorti en l'an 2000. La solitude, un thème qui revient souvent, même entre les lignes, dans les chansons de William Scheler, l'homme qui court tout seul.

  • Speaker #0

    On parlait souvent de solitude. C'était un luxe qu'il souhaitait à tout le monde. Je ne suis pas tant sûr que ça. Je ne suis pas tant sûr que ça. Mais c'est vrai qu'à me justifier de ce que je fais, je ne sais pas. Seulement les gens, il ne faudrait pas qu'ils soient là. On appuie sur un bouton.

  • Speaker #1

    Le blondinet en basket rouge de l'époque du carnet à spirale, et on le sait devenu un artiste majeur, primé aux victoires de la musique et même décoré du titre de chevalier des arts et des lettres. Depuis cet entretien, il a publié encore deux albums de chansons, dont le dernier, Stylus, en 2015. Sans oublier ses œuvres instrumentales, quatuors, concertos, symphonies, oratorios, dont on peut retrouver une compilation sur l'album Ostinato, paru en 2006. En 2021, auteur d'une autobiographie baptisée de son simple prénom, il a affirmé vouloir tirer un trait sur la chanson. Après tant de photos souvenirs, qui ont vu défiler en vrac une maman folle et un vieux rock'n'roll, des filles boréales et un coureur autonal, des miroirs boueux et des dépressions hivernales, autant de courts-métrages fiers et fous, peaufinés par un éternel amoureux transi à la lyrique mélancolie. Serait-il le dernier des romantiques ?

  • Speaker #0

    Je raconte les petits détails et les petites Donc il faut que telle chanson ait terminé, parce que si même si on entendait que les chansons vont, on serait bien dit pendant deux heures, et ce serait suicidaire. Je sais que des fois il y a des petits machins, des petites chansons, des mélancolies, mais à la base, c'est ce que je parle. Or j'aime bien dire sur la vie, c'est jamais être complètement désespéré, c'est jamais L'antisme c'est d'ouvrir à l'annonceur de l'âme. Les romantiques sont apparus après le cartésianisme, le siècle de lumière. Alors à force de tout mettre en équation, de mettre des étiquettes sur tous les habitants qu'on rencontrait, on les achète comme ça, et les jeunes se sont venus vers la marne. On a aussi parlé de notre âme, du noir, parlé de nos angoisses, parlé de nos clés. Ils en aiment. Et après, c'est un acquis. Ce n'est pas une époque, c'est un acquis.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Et à la prochaine fois.

Description

 "Symphoman" et homme-orchestre, rockeur lyrique et raconteur pop, machiniste absurde et pianiste futuriste, jongleur et bateleur entre virtuosité et équilibrisme, chanteur à la voix blanche dans un univers polychrome, tel est William Sheller. L'homme qui voulait être heureux et qui
depuis près d'un demi-siècle continue de faire le bonheur des gens qui s'aiment et des autres.  

Octobre 2004, William Sheller reçoit Philippe Barbot chez lui, au cœur de la forêt solognote.  


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les grands entretiens du musée de la sacem avec Philippe Barbeau.

  • Speaker #1

    Symphoman et homme orchestre, rocker lyrique et raconteur pop, machiniste absurde et pianiste futuriste, jongleur et battleur entre virtuosité et équilibrisme, chanteur à la voix blanche dans un univers polychrome. Fils caché de Chopin et de Macartney, à moins que ce ne soit de Boulez et de Stravinsky. Tel est William Scheller, l'homme qui voulait être heureux et qui, depuis près d'un demi-siècle, continue de faire le bonheur des gens qui s'aiment et des autres. Nous sommes en octobre 2004, au cœur de la forêt solognotte. C'est là qu'a choisi de vivre, à l'écart du show business et des mondanités, cet éternel solitaire qui sait si bien s'accompagner. C'est là aussi qu'il vient d'enregistrer son nouvel et onzième album, judicieusement baptisé « Épure » . 12 chansons émouvantes et nues comme « Mon hôtel » , « Chanson d'automne » ou « Toutes les choses qu'on lui donne » , magistralement interprétées sur son propre piano sans effet ni fioritures. Au cours d'une conversation à bâton rompu, il en explique ainsi la genese.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire qu'en force de renverser le matériel, il faut de musique, de spectacles, comme on l'a fait. Il y a pas mal d'albums, on a raconté pas mal de choses qu'on n'a pas envie de se répéter. Il faut avoir des sujets, des choses qui soient intéressantes, avec des images. C'est un morceau que j'ai fait au fur et à mesure, quand j'ai fait des concerts au piano. J'ai transcrit une machine absurde au piano, j'ai dit tiens... J'aimerais faire un truc au piano, mais alors le minimum, minimum, minimum, c'est pas d'effet, pas de réverbe, mais juste, mais vraiment, au bord de la maquette, quoi. J'ai un petit peu bossé là-dessus, j'ai pris mon dictionnaire de rime, j'ai monté sur une barre.

  • Speaker #1

    Les notes et les mots. Indispensable mariage pour faire naître une chanson, mais union parfois conflictuelle. Comme un combat entre le sens et le son que William Scheler affronte souvent. Avec la réussite que l'on connaît. Les affres de la création, quelque sorte. J'ai toujours ça, la musique, ça vient dans la tête à n'importe quel moment. Alors ça, il faut que je me dise maintenant, je vais sortir des phrases, et puis j'en essaye. Alors il y a une phrase qui vient en haut, il y a une autre qui arrive, ça n'a rien à voir, c'est dans un autre endroit. Puis en fait, la phrase qu'on a eue au début, on s'aperçoit que cette phrase-là, ça n'a pas de conséquences. C'est que si l'histoire existait quelque part avec toute série, Il fallait une idée et fabriquer. Ensuite, on veut quelque chose de logique, une petite histoire, un petit peu de choses, un petit peu de conclusions, un petit machin. Cette scène, je prends tout. Parce que du coup, il y a des cultures automatiques, sans rien, sans machin. Il y en a qui pensent à très vite. Il manque musicalement quelque chose, si je n'ai pas mes rêves. Ce n'est pas l'intention d'être un auteur. Si je suis un auteur, je ne comprends pas parce que ce n'est pas mon... Je n'ai pas l'urgence de noter une phrase. Un auteur à une phrase, il dit tiens, on la note, ça déclenche. Moi j'ai ça à ma musique. J'entends un extrait de mon petit bout de musique, je me dis ça, ça doit faire partie d'un truc, alors ça je note. Mais les mots, les phrases. Mais j'écris pour limiter ce que j'aime bien. Ce que j'aime bien, ça va André Chénier, Péguine, je ne sais pas, Gaspé, Trémet, je ne sais pas. Moi j'aime bien les mots, c'est tout. On me dit ce qui s'est passé. « Pour ça, on ne peut pas en se dire comment ils font. » On transpire, on fait le miroir. Des fois, il y a des textes qui tiennent très bien sur le papier, mais quand je vais dans le micro, ça ne tient plus du tout. Il faut que les mots glissent avec tellement de facilité dans la musique qu'à la limite, on oublie les mots, on ne voit plus que les images. On ne voit plus que le film, puisqu'on a la musique avec pour donner le pire. C'est ça que j'aime bien. J'aime pas le texte qui se veut d'abord intelligent, en télo, enfin machin, ça nous le sommes, j'aime un peu ce que c'est marrant. J'aime mieux simplement qu'on se fasse une image des sentiments qui peuvent se dégager dans une scène rien que par les images. On s'imagine tout un truc autour. En près de 50 ans de carrière, William Scheller a toujours eu l'angoisse de se répéter. C'est sans doute pourquoi il a multiplié les expériences musicales de la science-fiction. punk avec Excalibur, au heavy metal progressiste avec l'album Albion, en passant par la musique de film, l'électronique, le piano solo, l'orchestre symphonique. De la salle Playel à l'Olympia, des conservatoires au Hit Parade, mais la chanson, aime-t-il vraiment ça ou n'est-ce pour lui qu'un exercice plaisant ?

  • Speaker #0

    C'est la chansonnerie que je veux. C'est le nom de la chansonnerie. Et sinon, j'aime beaucoup la chanson. La chanson a toujours été un arnaud. Je ne suis pas content, moi, de trouver Gainsbourg. Il n'a pas fait de l'armée. Je crois qu'il avait un petit peu un... On les abusait un petit peu cyniques, mais il le faisait avec des extrêmement sérieux

  • Speaker #1

    Question. Puisqu'il affirme semer sang et eau sur les textes de ses chansons, pourquoi ne fait-il pas appel, comme tant d'autres compositeurs, à des auteurs de métiers ? Par méfiance ou par pudeur ?

  • Speaker #0

    Non, ça va, je peux en essayer. J'ai déjà fait plusieurs fois. Et quand je le mets dans la bouche, ça ne passe pas. Et ça, c'est plutôt planté dans le cœur. C'est qu'une fois, François Zardy m'a écrit un très beau texte, qui s'appelait finalement, qui s'est appelé « D'un chili » que j'ai écrit après. Je n'ai pas pu le chanter. Elle l'a fait, elle ne l'a pas fait. Mais je ne sais pas. J'avais l'impression que ce n'était pas moi. C'était pas moi. C'était pas moi. C'est peut-être la maniaquerie, la timidité, je ne sais pas.

  • Speaker #1

    On le sait, l'instrument de prédilection de William Scheller, dont il a fait souvent le compagnon solitaire sur plusieurs albums comme sur scène, c'est le piano. Un complice exigeant qui nécessite une attention de tous les instants pour ne pas s'emmêler les doigts à défaut des pinceaux. Surtout quand on est censé connaître par cœur les textes que l'on chante. Un véritable entraînement de sportif.

  • Speaker #0

    Je sens quand il vient un truc dans la tête ou sous les doigts, je sens si c'est une chanson, si ça va être un truc piano. Du tout, c'est une petite pièce que je jouais. Il y a un petit truc qui s'appelle Tour la main gauche. Je sais que je me suis mis à jouer ça le matin pour me délier les doigts. Quand j'avais un café, on me moque. Ce qui est traditionnel, ce qu'on appelait, alors chez les cassis, on appelait ça des mélodies. C'est Stéphane Echer qui l'a dit, ton album, pas celui-là. en solitaire, mais moi ça me fait penser au Winterreiseur de Schubert. Et là je me suis dit, s'il n'y a qu'un piano, on peut lire la voie, autant que le piano vienne raconter les choses. Quand on est sur scène, environné de musiciens, on se fatigue le plus. Le piano, on joue beaucoup mieux. Quand on a des ordinateurs, on les bloque. On se lance le clavier, on est en perte très courte. C'est comme tous les sports. On parle de chanteurs, ce que disait Barbara, elle a une vécu les années 10, c'est pas la même chose. Mais quand elle me dit qu'il devrait chanter, je dis non, non plus, c'est pas... C'est le raconté, tu es un visant, pas un chanteur. Et quand je suis sur scène, c'est pas la même chose, parce qu'il y a les mouvements, les affections, la gestuelle, qui fait que si on veut chanter très juste, il faut éviter de se tendre la bouche, il faut éviter d'être dans son personnage. Si on est sur scène, la note qui passerait non juste, elle est excusée par le mouvement. Donc on est moins attentif qu'une fois sur un album, si on l'écoute sur 50 fois. Alors là, quand c'est des nouveaux morceaux, quand quelques fois je finissais le texte juste avant d'enregistrer, il faut se mettre Et puis alors là, il n'est pas question des petites machines, genre autotune, etc. Parce que c'est le piano, mais là, on aurait pu le faire indépendamment, mais il n'y a pas cette cohésion, les mouvements, ça accélère, ça ralentit, ça suit l'armée, ça suit l'histoire. C'est-à-dire qu'il faut travailler d'abord le piano suffisamment longtemps pour oublier complètement les mains. Quatre ans et toute seule, si on commence à se dire qu'est-ce que je dois jouer, qu'est-ce que je dois chanter, il faut que tu le fasses. Donc c'est des heures et des heures et des heures d'apprendre par cœur.

  • Speaker #1

    Quand il était enfant, le petit William ne voulait pas être pompier ou aviateur. Non, ce dont il rêvait déjà, c'était d'écrire de la musique. Mais pour cela, écouter sa voisine jouer du piano ne suffisait pas.

  • Speaker #0

    Puis j'avais une voisine, étant gamin, je vivais beaucoup chez ma mère. Et il y avait une voisine qui jouait du piano, elle jouait sans arrêt la métraline, les cloches de cornelie, enfin, de trottoir comme ça. Je disais, j'aimerais bien jouer du piano, j'étais chez elle, puis je regardais son piano comme ça. Je sais pas, puis ça me plaisait. C'est vrai qu'il y a plus de notes à la fois, plusieurs voix, ça peut sonner comme un orchestre, ça peut sonner comme Et puis quand on apprend l'écriture, on apprend l'écriture à quatre parties, c'est bien de voir un instrument qui permette de jouer quatre parties en même temps. Mais je suis un mauvais pianiste. Je fais ce que je sais faire. Mais alors quand j'étais maudit, j'avais 4-5 ans, je remplissais les cahiers de musique parce que je croyais que j'avais de la musique. Alors quand on était compositeur, alors on mettait des notes. Quand on avait du talent et qu'on jouait, ça donnait quelque chose. Puis quand on en avait pas, ça donnait rien. J'avais pas l'idée qu'il fallait écrire un do pour entendre un do. C'est après que j'ai appris. Je me suis dit, oh là là, mais c'est compliqué. Petit à petit, je me suis mis au piano, j'ai commencé à apprendre.

  • Speaker #1

    À l'époque, au milieu des années 60, tout frais et moulu du conservatoire et destiné au prix de Rome, le futur William Scheller se dirigeait sagement vers une carrière de compositeur classique. Jusqu'au jour où il entend à la radio une chanson des Beatles intitulée « A Hard Day's Night »

  • Speaker #0

    Coup de foudre. Mais c'est ça que j'aimerais faire. Peu faire ça. Ça, c'est raison. C'est pas jamais Ils peuvent se permettre crise. Mais c'était la pleine folie de la musique depuis qu'il y a Hyper séréné, hyper machin. Je me suis dit, mais attends, moi j'entends de la musique. Pourquoi je vais me priver toute ma vie d'écrire cette musique que j'ai la chance d'entendre sous prétexte d'être à la mode ? Tout le monde veut de l'avant-garde et de l'avant-garde et de l'avant-garde, en fait c'est le même rond-rond depuis maintenant 50 ans, je crois. Et puis j'ai entendu les putos, je me suis dit, il n'y a pas de faire du truc, t'es lourd. Le propos, ce n'est pas d'avoir un buste en bronze dans un square, comme j'ai plus le temps, un buste en bronze dans un square avec un pigeon qui me chie sur la tête, c'est de laisser des choses dans la mémoire des gens, puis s'ils se transmettent dans leurs enfants. Ce qu'ils ont bien aimé, que les enfants aiment bien, c'est comme ça que ça se répand, ce qu'on appelle la culture, c'est ce qu'on a bien aimé, qui nous a bien fait vibrer. Et puis on dit au monde qui a écouté ça, à mon fils, il a fouillé dans mes vinyles assez tôt, je lui ai fait écouter le morix, je lui ai fait écouter des choses comme ça. Après on était à cure, mais il y avait quand même, on se transmet, c'est ça la culture. Alors donc j'avais pas envie de faire de la musique officielle, j'avais envie de faire de la musique vivante, celle qui est dans la rue, celle dont on se souvient.

  • Speaker #1

    C'est décidé, William Scheler sera artiste de variété. Tout ça parce qu'un beau jour, une duchesse brune prénommée Barbara a dit à un blancbec blond qui grattait pour elle du papier à musique « Tu devrais chanter ! » Oui, mais plus facile à conseiller qu'à réussir, surtout pour quelqu'un qui n'a pas vraiment envie de devenir ce qu'on appelle à l'époque une vedette.

  • Speaker #0

    J'avais essayé de 45 tours tellement mauvais que je me suis dit, « Ouh là là, c'est pas pour moi » . Et puis après quoi, on a essayé de me faire faire de 45 tours, mais il y avait des gens qui en savaient pas plus que moi. C'est à des époques où la musique marchait tellement bien qu'il y avait des directeurs artistes partout. Donc, c'était pas techniquement vraiment à niveau. Une note avait couru à l'intérieur de CBS en disant « On n'a absolument pas profil d'une star ou d'un artiste. » Parce que je n'avais pas trouvé mon tour, parce que c'était tout tôt.

  • Speaker #1

    Le 16 mai 1975, un jeune chanteur fait sa première télé chez Philippe Bouvard avec le titre qu'il vient d'enregistrer. A l'origine, une satire écrite pour se moquer gentiment des chanteurs à la mode qui abusent des anglicismes. La boutade deviendra pourtant rapidement un tube intitulé Rock and the Lars.

  • Speaker #0

    C'était une mode pour rigoler, mais ça a été enregistré très rapidement. D'un seul coup, on annonce que c'est ce titre-là qui allait sortir en numéro 1. Et alors là, la première télévision que je fais, dans la rubrique de la chanson idiote, l'édition de Philippe Bouvard, la chanson idiote. Et là, Bouvard m'a donné ma première émotion de médias. Et je l'ai vu voir et il m'a dit vous avez des réticences, je peux pas vous entendre. Je dis, mais si notre chanson n'est pas idiote, les gens vont s'en rendre compte. Et il m'a dit, je n'ai pas d'autre endroit à vous placer. Et c'est le moment le plus regardé de l'émission. Mais après, on me disait, ah, dis donc, pourquoi tu refais pas encore un requin de l'art ? Regarde, là, maintenant, il y a Plastique Bertrand, t'as pris ta place. Mais il y a anté sur des plateaux depuis que je suis gosse, j'étais pas impressionné par ça. C'était un endroit de travail, il y avait des projos, il y avait des machins, faire une farcie, passer par là. C'était du travail de plateau, comme j'avais vu étant gamin, mon grand-père faire, les artistes faire ce plateau, je me souviens d'un petit duo qui s'appelait Le Parc, et ils étaient là en disant, « Ah ben oui, c'est bien parce qu'on est sur les plateaux, il y a des projos, il y a des caméras, puis on voit des artistes. » Ils étaient à l'ISO Pays des Merveilles. C'était drôle de les voir s'émerveiller de ce qui leur arrivait. Pour moi, ce n'était pas merveilleux. C'était « Ah, je sors l'anonymat de la musique. Oui, d'accord, allez jouer, etc. » Mais ça ne me permettait rien.

  • Speaker #1

    Difficile à l'époque de se douter que ce blondinet en basket rouge avait déjà composé les arrangements d'un album de Barbara. le tube « My Year is a Day » pour le groupe américain Les Irrésistibles, la musique du film « Eroticimo » de Gérard Pires et une messe en latin pour chœur et orchestre baptisée « Lux Aeterna » . Entre 1975 et 1979, William Scheler enchaîne les albums et les succès comme « Dans un vieux rock'n'roll » , Le carnet à spirale, Nicolas, oh je cours tout seul. Et le public s'habitue à cet énergumène, mi-Mozart, mi-Elton John, qui balance entre classicisme et excentricité.

  • Speaker #0

    Oui mais en plus j'avais un déballage vestimentaire complètement dingue. Pourquoi ? Parce qu'avant je pesais 95 kilos, j'ai toujours pas enfilé mes mains de jeans, sinon j'avais les jeans et les gros machins comme ça, je pouvais pas m'habiller normalement. tout le monde parce que j'étais gros. Franchement, j'étais au reste. Et quand j'ai pu m'habiller avec des couleurs insensées, des fringues incroyables et des machins parce que j'étais de l'humain, je me suis pas enlevé. Il y avait ça aussi. C'est pour le spectacle ou c'est pourJ'aime bien ça, c'est du déguisement, c'est du spectacle, c'est du rêve. J'aime bien le rêve, j'aime bien organiser du rêve. Ça, c'est tout du charlatan, c'est pas rien. Je crois pas à la pérennité de de moins en moins, surtout à notre époque. Mais là, on le sait.

  • Speaker #1

    Et puis, à l'été 1991, est publié un 45 tours qui sera désormais l'inaltérable marque de fabrique de l'artiste. A l'origine, une chanson enregistrée presque à la sauvette, tout au bout d'un disque live intitulé Scheller en solitaire. Une chanson qui débute par ce vers, désormais un classique immédiatement reconnaissable. Pourquoi les gens qui s'aiment sont-ils toujours un peu les mêmes ?

  • Speaker #0

    J'ai lu la musique pendant deux ans, cette chanson. C'était pendant la tournée parce que les musiciens en avaient répété, etc. J'étais un peu rigueux dans le chanvre d'hôtel avec Hucre. Ah, mais Monique, t'as pas un nouveau morceau qu'on pourrait essayer ? Parce que, bon, j'ai dit si, mais j'ai pas fini le texte. T'as qu'à le finir. Ah, au lieu, le nouveau... Puis j'ai écrit l'orchestration dans le chanvre d'hôtel. Je me suis dit, bon, moi, je vais en mettre un autre. Je vais en mettre un truc. Et puis, il y a un point qui m'a laissé rafler, c'est... le système de mission et plus concernant les frères et vieux ont vécu ensemble alors 50 ans et stéphane s'en sont mis par acquérir le plus de gré et puis c'était en même temps une période de solitude enfin et c est pourquoi c'est toujours au même pourquoi sont toujours les mêmes qui ça arrive et pourquoi se ressemble enfin mais tout ça j'ai commencé de trois frères riz Et quand j'ai trouvé simplement que je voulais être un homme heureux juste à la fin, il y avait un trou, il y avait une ou deux phrases, il fallait toucher le bout. Mais j'ai attendu deux ans avant d'avoir eu le texte, ça ne venait pas, c'était parce que j'avais une aide, je n'ai pas On la répétait dans l'après-midi, le midi jour, le soir, le soir sain, en disant d'écouter au milieu des clossards. Et ça a tellement plu qu'on l'a réclamée en bis à la fin. Quand le phénomène se reproduit 5-6 fois, on est dans une nouvelle chanson et que les gens la réclament à la fin. Vous savez que j'avais un truc là, je savais, on le sait quand même, pas automatiquement qu'on a un tube, mais qu'on a quelque chose qui va rester dans l'oreille. Et ça aussi c'est marrant de... Au bout d'un certain nombre d'années, faire partie de la vie des gens, leur souvenir.

  • Speaker #1

    La musique, c'est du bruit qui pense, disait Victor Hugo. Il faut même en chanson du bon sens et de l'art, affirmait Nicolas Boileau plus d'un siècle avant lui. Une chanson, qui y a-t-il à l'intérieur d'une chanson ? aurait pu questionner Charles Trenet et William Scheler. Qu'en pense-t-il ?

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai, c'est l'art du suspense, de poser les émotions, de les tenir en haleine, de les laisser sous-entendre, d'échapper, mais on ne passe pas à ça, on écrit le livre, on le laisse après. C'est quand on réalise en même temps une universalité de la musique, et sans les premiers avoir fait de la word, on s'est utilisé les instruments, c'était l'ouverture. espèce d'écuménisme physical, si on peut dire, mais qui a été rembouffé, qui te chapelle. Très curieux, parce que c'est une époque où, sur toute la planète, la même musique se partageait. Ensuite, ça s'est mis à scinder, etc. Et maintenant, ça devient des chapelles. À la limite, maintenant, ça n'est plus tellement l'artiste. Je veux dire, on voit par exemple des concerts de hard rock, ça n'est pas tant l'artiste de hard rock qui soit là, qui soit intéressant, c'est le fait de se retrouver entre hard rock, qu'avec les mêmes je ne sais pas dire les uniformes mais enfin les mêmes cultures vestimentaires et les mêmes tribus.

  • Speaker #1

    Ma vie, elle s'en va toute seule, loin du mal de toi, vers des heures bizarres de ce que j'appelle même une solitude ordinaire. Ces vers sont extraits de la chanson Sun Full, sous-titrée Une solitude ordinaire, dans l'album Les Machines Absurdes sorti en l'an 2000. La solitude, un thème qui revient souvent, même entre les lignes, dans les chansons de William Scheler, l'homme qui court tout seul.

  • Speaker #0

    On parlait souvent de solitude. C'était un luxe qu'il souhaitait à tout le monde. Je ne suis pas tant sûr que ça. Je ne suis pas tant sûr que ça. Mais c'est vrai qu'à me justifier de ce que je fais, je ne sais pas. Seulement les gens, il ne faudrait pas qu'ils soient là. On appuie sur un bouton.

  • Speaker #1

    Le blondinet en basket rouge de l'époque du carnet à spirale, et on le sait devenu un artiste majeur, primé aux victoires de la musique et même décoré du titre de chevalier des arts et des lettres. Depuis cet entretien, il a publié encore deux albums de chansons, dont le dernier, Stylus, en 2015. Sans oublier ses œuvres instrumentales, quatuors, concertos, symphonies, oratorios, dont on peut retrouver une compilation sur l'album Ostinato, paru en 2006. En 2021, auteur d'une autobiographie baptisée de son simple prénom, il a affirmé vouloir tirer un trait sur la chanson. Après tant de photos souvenirs, qui ont vu défiler en vrac une maman folle et un vieux rock'n'roll, des filles boréales et un coureur autonal, des miroirs boueux et des dépressions hivernales, autant de courts-métrages fiers et fous, peaufinés par un éternel amoureux transi à la lyrique mélancolie. Serait-il le dernier des romantiques ?

  • Speaker #0

    Je raconte les petits détails et les petites Donc il faut que telle chanson ait terminé, parce que si même si on entendait que les chansons vont, on serait bien dit pendant deux heures, et ce serait suicidaire. Je sais que des fois il y a des petits machins, des petites chansons, des mélancolies, mais à la base, c'est ce que je parle. Or j'aime bien dire sur la vie, c'est jamais être complètement désespéré, c'est jamais L'antisme c'est d'ouvrir à l'annonceur de l'âme. Les romantiques sont apparus après le cartésianisme, le siècle de lumière. Alors à force de tout mettre en équation, de mettre des étiquettes sur tous les habitants qu'on rencontrait, on les achète comme ça, et les jeunes se sont venus vers la marne. On a aussi parlé de notre âme, du noir, parlé de nos angoisses, parlé de nos clés. Ils en aiment. Et après, c'est un acquis. Ce n'est pas une époque, c'est un acquis.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce podcast. Et à la prochaine fois.

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