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Parlons Cul-ture de Norah Lounas

Episode#5 On m'appelle Mme Sexe : 15 leçons sur l'EARS (partie 2)

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25min |14/06/2025|

53

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25min |14/06/2025|

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Description

✨ 🎙️ Parlons Cul-ture – On m'appelle Mme Sexe : 15 leçons sur l'EARS (partie 2)


Épisode 5, on m'appelle Madame Sexe, 15 leçons sur l'éducation à la vie affective et relationnelle, deuxième partie. Leçon 7, savoir saisir les opportunités. Il y a des situations qui tombent du ciel. J'en ai deux à peu près similaires et qui sont des opportunités à saisir. Et parfois, je me suis demandé s'il n'y avait pas une caméra cachée ou si l'établissement qui m'accueillait n'était pas en train de me piéger. Ça fait un peu parano, je sais.


C'est un groupe de garçons. Comme à l'accoutumée, ils parlent des vêtements des filles et des femmes. Des strings, des jupes courtes, des chemisiers transparents, blablabla, le sexisme habituel. Un participant essaie de modérer les propos en argumentant sur le fait qu'il y a des hommes qui portent des jupes. Il précise des écossais. Ça en fait rire certains. Bon, on peut le dire, ils se moquent. Nous sommes dans les Vosges, j'imagine qu'il n'y a pas beaucoup d'Écossais. Et là, chose improbable, on voit passer devant la fenêtre un homme en kit. Silence. Ils me regardent tous, persuadés que j'y suis pour quelque chose. Ben non.


Seconde situation...


Parlons Cul-ture, c’est le podcast qui répond sans détour aux questions les plus intimes, celles que l'ont me pose dans la rubrique sexo du journal gratuit le GHI à Genève – lu par 220 000 lecteurs.
Forte de mes 20 ans d’expérience en tant que sexologue et formatrice en santé sexuelle en France, j'aime mêler expertise et humour pour vous guider à travers les méandres de la sexualité.

L’histoire commence en 2020, quand je pose mes valises à Genève. Mais pas tout à fait… Entre 2020 et 2024, je fais des allers-retours entre la France et Genève pour achever mes engagements pris avec des institutions. Le 31 décembre 2024, après deux décennies de consultations, de formations et de conférences, je décide de fermer la porte de mon cabinet français et de mes activités en France.

Enfin… c’est ce que je croyais.

L’aventure démarre le 14 février et dans l’épisode #1, je vous explique pourquoi cette date n’a rien d’anodin.

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Transcription

  • Speaker #0

    Épisode 5, on m'appelle Madame Sexe, 15 leçons sur l'éducation à la vie affective et relationnelle, deuxième partie. Leçon 7, savoir saisir les opportunités. Il y a des situations qui tombent du ciel. J'en ai deux à peu près similaires et qui sont des opportunités à saisir. Et parfois, je me suis demandé s'il n'y avait pas une caméra cachée ou si l'établissement qui m'accueillait n'était pas en train de me piéger. Ça fait un peu parano, je sais. C'est un groupe de garçons. Comme à l'accoutumée, ils parlent des vêtements des filles et des femmes. Des strings, des jupes courtes, des chemisiers transparents, blablabla, le sexisme habituel. Un participant essaie de modérer les propos en argumentant sur le fait qu'il y a des hommes qui portent des jupes. Il précise des écossais. Ça en fait rire certains. Bon, on peut le dire, ils se moquent. Nous sommes dans les Vosges, j'imagine qu'il n'y a pas beaucoup d'Écossais. Et là, chose improbable, on voit passer devant la fenêtre un homme en kit. Silence. Ils me regardent tous, persuadés que j'y suis pour quelque chose. Ben non. Seconde situation, je suis en déplacement professionnel et à l'hôtel, j'en profite pour regarder la télé. Car je ne la regarde plus depuis très très longtemps. Je vois une pub sur la crème Nivea avec l'équipe de foot du PSG. Donc c'est en 2016. Je sais, j'ai vérifié. Le slogan, c'était « La crème des hommes » . Il y a un joueur qui se mettait de la crème sur le visage et dans mes souvenirs, sur ses coudes. J'ai peut-être inventé ça parce que je l'ai retrouvé et je n'ai pas vu le geste de la crème sur les coudes. Mais ça semble quand même un souvenir vrai. Le lendemain. Je commence l'intervention dans une maison d'arrêt. Au cours d'une discussion, je leur raconte que j'ai vu cette pub, que je trouve que l'on progresse en termes de soins corporels pour les hommes. Et là, c'est magistral. Il y en a un, un pas commode, qui dit « Moi, quand je vais en boîte, je me mets du mascara. » Les autres se moquent et bien sûr, il y en a bien pour dire « Ah, t'es pédé ! » Il rétorque sans se fâcher. Ben non, le mascara, ça me fait des super yeux. un vrai beau gosse avec mes cils longs je le soutiens bien sûr un autre en profite pour dire moi quand je sors je mets du fond de teint pour cacher mes boutons et il enchaîne tu crois quoi toi les fouteux ils sont maquillés quand ils passent à la télé et là chacun y va de ses astuces beautés moi je m'efface dans ces moments-là je savoure à la fin de l'intervention l'un d'eux me demande si je peux demander au surveillant s'il peut cantiner un lisseur j'en doute mais je lui dis que je vais demander c'est non Le lendemain, il me demande si je peux lui apporter des élastiques pour ses cheveux. Il aime bien les attacher. Le surveillant est OK. Ça a été une semaine très, très riche d'échanges.

  • Speaker #1

    Sur le terrain, tu prends soin de viser l'excellence, de te surpasser. Tu prends soin de ton équipe. Prends aussi soin de ta peau, de ton épiderme. Hydrate la peau, apaise les irritations.

  • Speaker #0

    Nous sommes dans un CER, un centre éducatif renforcé. C'est uniquement des garçons. Ils sont très agités. Il y a eu une descente de police et une fouille dans leur chambre juste avant mon intervention. Il est 21h environ. Nous sommes attablés dans la cuisine. Je bois au goulot dans ma bouteille d'eau minérale. Et là, un jeune homme, environ 16 ans, me dit « Pas gêné, madame. Vous prenez votre pilule devant nous. » Je suis étonnée, évidemment. Et il persiste. « Ouais, ouais, ma copine aussi, elle fait comme vous. » Là, ses potes le regardent avec un air interrogatif. La marque de l'eau est ultra connue. Impossible qu'ils confondent. Et là, je lui dis « Tu sais très bien que c'est de l'eau, juste de l'eau. Mais parler de sexualité à 21h avec une sexologue devant tes potes, c'est hyper perturbant. Je pense que tu perds tous tes repères et je te comprends. » Et j'enchaîne sur... leurs souvenirs d'intervention lorsqu'ils étaient scolarisés, aucun n'en a eu. Soit ils avaient trop honte d'y aller et ils se sont arrangés pour se faire virer du cours. Certains en ont été privés, comme une punition. D'autres ne sont même pas allés à l'école suffisamment longtemps pour bénéficier d'un atelier vie affective et sexuelle. Ne me demandez pas comment c'est possible, mais c'est la pure vérité. Je leur propose de rattraper le temps perdu. Ce jour-là, ils adhèrent totalement. Les autres fois, pas toujours. mais parfois ils sont hyperdispos. C'est très fragile des interventions sur une période donnée. C'est un cours un peu spécial. Il est filmé pour un documentaire. Ils sont toujours plus calmes dans ces conditions. Après 30 minutes, l'équipe de tournage part, mais elle nous laisse les micros. Ni eux ni moi n'avons pensé au fait que nous les avions toujours. Un jeune homme explique, hors caméra, que son père a quitté sa mère pour un homme. Il respecte le choix de son père. Il le voit bien plus heureux depuis. Un autre parle de l'homosexualité de sa sœur, que ses parents ont rejeté leur fille. Ils souffrent de cette intolérance. Je me joue l'avocat du diable et je lui dis que ses parents ont été élevés dans la peur de l'autre, de la différence, blablabla. Et là, il me dit, très fâché, mes grands-parents étaient racistes, pas mes parents. Donc, ils ont eu la capacité d'évoluer. Eh bien, c'est pareil pour l'homosexualité, qu'ils évoluent. Ok, moi j'aime bien quand il y a de l'argumentation. Fin du cours, ensuite, j'apprends que toute l'équipe a entendu nos échanges. Ils ne peuvent rien en faire car ils étaient sortis de la salle, mais ils sont très heureux d'y avoir assisté. Leçon numéro 8, avoir du répondant. On brainstorm et il y a le mot cunnilingus. Un jeune d'environ 20 ans demande ce que c'est. Un second lui explique et lui dit qu'il adore ça. Le premier prend un air dégoûté. Un troisième lui dit, bah c'est pas plus dégoûtant qu'une fellation. Moi, quand ils se mettent à débattre avec respect, Je les laisse faire. J'interviendrai si le ton monte. Le premier dit « Moi, je suis musulman. Quand je serai mariée, ma femme ne me fera pas de fellation. Car quand même, elle va embrasser nos enfants. Faut du respect. » Une jeune fille lui demande « Donc, quand tu seras mariée, finis les fellations ? » Fier de lui, il dit « Ben non, j'irai chez les putes. Là, je sens qu'il y a de l'électricité dans l'air. » C'est le moment d'intervenir. je sens que ça peut chauffer eh bien pas du tout calmement le second lui dit un musulman chez les putes franchement c'est mieux de le faire avec ta femme et la fille qui s'était peu exprimée rétorque en plus ça veut dire que tu respectes pas la pute elle aussi elle a peut-être des enfants ah quand l'espace est sécurisé ça donne des choses intéressantes dans cette structure Ils avaient 21 heures d'atelier en 7 mois. Le temps, c'est important. C'est une conférence dans un lycée français. Un immense amphithéâtre. Ils sont bien une centaine. C'est sous la forme d'une conférence, puis un temps de questions-réponses. Le titre de la conférence ? Pornographie, éducation ou danger ? Rien que ça. 40 minutes plus tard, je leur demande si quelqu'un a une question. Un courageux, si j'ose dire, me demande... Pourquoi alors que vous êtes sexologue, vous portez un legging comme les actrices porno ? Et là, je lui dis que c'est peut-être les actrices porno qui s'habillent comme moi. Je poursuis que je trouve que sa question est intéressante, car elle montre les biais du porno. Le risque de ne plus faire la part des choses entre la fiction et la réalité, les codes de séduction et les codes du porno. S'en est suivi de très belles discussions. A la fin de la conférence, le garçon est venu s'excuser. Et en fait, il a été le moteur de nombreux échanges. C'est une aubaine pour moi. 1, 2, 1, 2, vous m'entendez ? On peut commencer ? Leçon numéro 9, ne pas avoir peur de répéter plusieurs fois. Il est au quartier mineur, il est là pour viol, il nie. Il se coltine quatre fois les mêmes interventions avec moi. Et un jour, avec un outil de discussion sur les agressions sexuelles, l'outil ça dérape, il dit Oh mais c'est ce que j'ai fait ! » Il tombe de sa chaise et il se casse le poignet. Il a agressé sexuellement ses frères et sœurs. Les co-détenus pensent qu'il est là pour homophobie. Je le verrai trois fois. La première, il est dans son rôle d'homophobe. La seconde, il dit « Moi, je dis rien, sinon vous allez m'allumer » . La troisième fois, le discours a changé, même s'il y a encore beaucoup, beaucoup de chemin à faire. Une femme adulte en situation de handicap. Elle vit en foyer et a une quarantaine d'années. Elle utilise une bouteille d'eau en verre comme sextoy. C'est hyper dangereux. Avec sa référence, elle achète un vibromasseur. Mais quelques mois plus tard, on constate qu'elle a toujours sa bouteille en verre. Elle nous dit que c'est pour chez elle quand elle retourne chez ses parents. Alors on travaille pour voir de quelle manière elle peut utiliser son accessoire chez ses parents tout en respectant son intimité. L'intimité dans le monde du handicap, c'est un gros travail à f...

  • Speaker #1

    PUBLICITE.

  • Speaker #0

    On me prévient, il est hyperactif. Il n'arrive pas à rester en place, me dit-on. Il a tout juste 9 ans. Il a agressé sexuellement son voisin de 6 ans. Pendant la journée, il n'a quasiment pas bougé de sa place. À un moment, il a demandé pour aller aux toilettes avant la pause, car il ne tenait plus. Il m'a dit « Je vais vite, vous ne parlez pas, vous m'attendez. » Les autres sont plus âgés que lui, mais ça ne le dérange pas. Il pose mille questions. En fin de journée, il me dit « Oh, mais il faut raconter tout ça, madame. Il faut le dire à tout le monde. J'ai appris plein de choses. » Trois ans plus tard, un lycée agricole me contacte. Depuis trois ans, un élève l'éthane pour me faire intervenir. Vu la région, je crois comprendre que c'est lui. Dans l'établissement, il y a eu des incidents. Le jeune en question n'est pas concerné, mais il est revenu à la charge. L'établissement veut me faire intervenir et nous avons travaillé ensemble pendant plusieurs années. La direction m'a raconté que chaque année, il revenait à la charge pour que j'intervienne. Ah, chez les plus âgés ! La question de la sodomie vient souvent sur le tapis. Lors du dernier module, un jeune homme me dit « Bon, pour être sûre, madame, je résume ce que vous avez dit. C'est pas interdit et c'est pas obligatoire. Si elle veut, on peut. Si elle veut pas, on fait pas. Faut bien se protéger, se préparer. Et les hommes, comme les femmes, ont le même anus. Donc, vous me comprenez. Et on peut dire oui un jour et non un autre. C'est bien ça ? » Parler de la sexualité, c'est plus simple qu'on croit, mais c'est quand même important d'en parler. Merci, merci madame. Leçon 10. Faire remonter ce qui est interdit au donneur d'ordre, celui qui vous paye, quitte à perdre des contrats. Un garçon me raconte en privé que sa mère entre dans sa chambre toutes les 15 minutes pour vérifier et l'empêcher de se masturber. Il me dit que son père, l'ayant quitté pour un homme, elle a peur que son fils devienne... homosexuels à cause de la masturbation. J'en parle à la direction et ils me disent que ça ne nous regarde pas, que je ne suis pas payée pour ça. Ok, ben on va s'arrêter là alors. Lors de l'intervention, elles sont plusieurs filles très fâchées. Elles me testent. Dans leur règlement scolaire, il est interdit aux couples de filles de s'embrasser. Le lycée est accolé au collège et la direction a peur de l'incitation ou que les collégiens soient choqués, surtout les sixièmes. Les couples hétéros n'ont pas cette interdiction. Elles me demandent si je trouve ça normal. Je leur dis que c'est interdit par la loi de leur interdire de s'embrasser, alors que les couples hétérosexuels le peuvent. Ça s'appelle de la discrimination. Le règlement ne peut pas être plus restrictif que la loi. L'enseignant m'interrompt, il me dit que ce n'est pas si simple, que je ne connais pas le contexte. Ok, ben on va s'arrêter là alors. J'aime bien leur raconter des histoires. J'en invente une. Ou une fille de 15 ans sort avec un homme de 40 ans. Il la trouve mature, différente des autres. Il veut coucher, pas elle. Il la traite de gamine, elle en parle à ses copines, qui ont des avis différents. Certaines sont toutes excitées et d'autres horrifiées. Mais elle le fait, car il la menace de la quitter. Qu'il est déçu, car il pensait qu'elle l'aimait, et des filles, il y en a plein. Elle y va, et ça se passe mal. En fin de cours, une jeune fille me raconte que c'est exactement son histoire. Elle me demande ce qu'elle doit faire. Un enseignant voit que nous discutons toutes les deux. Il intervient dans la discussion et me dit « Ah mais non, ce n'est pas vraiment la même histoire » . Il regarde la fille et lui dit « Ton copain, il est bien gendarme » . Elle blémit. Elle est surprise qu'il le sache. Heureusement, c'est un établissement où je suis souvent retournée et j'ai pu rediscuter avec elle de manière plus sécurisée. C'est une histoire de fellation filmée. Les deux garçons ont diffusé la vidéo à l'insu de la fille. L'établissement a renvoyé la fille. Pour la protéger contre les rumeurs, me disent-ils. Waouh ! Bon ben, on va s'arrêter là ? Non, non, s'il vous plaît, on ne veut plus faire ce genre d'erreur. Ça sera une belle collaboration ensuite. Un établissement scolaire privé. Deux heures à discuter sur les modalités, les zones horaires, les dates. Puis, un peu avant de partir, la direction me dit « Ah oui, vous pourrez parler de tout, sauf de la masturbation. » Ah ben non, s'ils en parlent, j'en parlerai. Là, je ne dis pas bye bye tout de suite parce que j'ai vraiment envie d'intervenir dans cet établissement. Et ils me disent « Bon ben, on vous rappellera. » Très très grand établissement qui accueille des personnes en situation de handicap. Une heure trente de route pour y aller, la même pour le retour. Réunion avec six professionnels. Moi, je suis toute seule. Ça dure des plombes, ça dure trois heures. Tout ça gratos. Puis le directeur me raccompagne à ma voiture, sans les autres, bien sûr, et il me dit, écoutez bien, je me rends compte que c'est très, très important, que c'est nécessaire dans notre établissement, mais je ne suis pas prêt. Leçon 11. Ne pas leur en demander trop. Tu prépares des modules avec des thématiques, tu prends du matériel, mais le premier contact, bien sûr, ça part dans tous les sens. Et l'homosexualité est un sujet incontournable. Elle est mineure, elle raconte que tous les soirs après les cours, quand elle rentre chez elle, son père l'attend devant la porte et lui demande si elle est toujours homo. Elle répond oui. Alors, elle doit monter dans sa chambre pour dîner seule. Elle pourra manger avec les autres membres de la famille lorsqu'elle sera hétéro. Au sport, à l'école, avec ses amis, tout le monde sait qu'elle est homo et elle le vit bien. Elle me demande ce que j'en pense et ce qu'elle doit faire. Bon, ben, je lui dis, ce soir, dis que t'es hétéro. Si ton père est assez con pour le croire, au moins tu pourras manger avec ta famille. Elle rigole. Moi, je ris jaune. Je suis triste de ne pas avoir plus à dire ni à faire. On fait le jeu de l'étoile. Vous vous souvenez ? J'en ai parlé dans la partie 1. Elle dit « Ah bon ? Me cracher au visage, c'est de la violence ? Tous les hommes ne le font pas ? » Elle vient en cours alcoolisée. Elle a subi un viol à l'âge de 14 ans. Elle en a 17. Elle tient avec de la vodka. Ce n'est pas la procédure, mais je l'ai en entretien individuel pendant quelques semaines, le temps que la psy ait de la disponibilité. Deux semaines après, j'apprends qu'elle veut arrêter. La psy lui a dit « à 14 ans, tu n'étais plus vierge ? Mais c'est mal ! » Ouais, pas tous les psys. Mais là, t'as vraiment envie d'hurler. Des personnes en situation de handicap, on parle de comportement sexuel transgressif. À la fin d'atelier, il dit qu'il ne reviendra pas car il se comporte mal, qu'il ne mérite pas de venir. « Ben non, mon petit chat, tu vas apprendre des choses. » Et il a assisté à tous les modules. Je l'ai revu il n'y a pas très longtemps et il y a eu beaucoup d'autres comportements transgressifs. Mais il ne faut rien lâcher. Leçon 12. Savoir se remettre en question et dire « je ne sais pas tout » . J'en ai déjà parlé lors de l'épisode 4, mais un matin, en voiture, je me suis dit qu'il fallait que j'adopte une posture plus ouverte pour que les garçons s'autorisent des échanges lors des pauses et des fins d'atelier. Et ça a marché. Peut-être qu'auparavant, je n'étais pas prête à entendre. Ils viennent de Syrie, d'Afghanistan, de Roumanie, d'Ukraine. Ils ne parlent pas très bien le français, mais ils comprennent tout. On parle avortement et je dis, en m'adressant aux jeunes hommes afghans, que j'imagine que l'avortement n'est pas autorisé en Afghanistan. Ils me disent que si. Tous sur nos téléphones, on vérifie, il y a bien une loi qui l'autorise. On parle ensemble des lois et des applications. dans leur pays respectif. C'est le tout début des situations de déni de grossesse. Une personne me demande si une femme peut faire plusieurs dénis de grossesse. Je lui dis que je n'en sais rien, mais qu'a priori je pense que non. Une jeune fille nous raconte ses trois dénis de grossesse. Savoir se taire et dire je ne sais pas. Il a été incarcéré très jeune pour viol. Je l'ai donc vu plusieurs fois, jusqu'à sa majorité. Un jour il me dit, on ne va plus se voir, je passe chez les majeurs. Il me raconte des coutumes sexuelles auprès des garçons que j'ignore totalement. De cette communauté du voyage, j'en sais plus sur les filles que sur les garçons. Je tombe de haut de tout ce qu'il me révèle. Il me dit « Attention madame, c'est secret. La majorité c'est de la violence ou des mutilations sexuelles. » Il me dit que non, c'est sa culture. On en parle. Leçon 13. Laissez un espace de parole sans réponse. Connaissez-vous le jeu de discussion le Qu'en dit on ? Je suis dans un atelier à la PJJ. Nous avons passé une heure trente sur la même carte. Cette carte, c'est « Il lui dit ta mère la pute, il lui démonte la tête » . Acceptable, non acceptable, interdit par la loi, discutable. C'est le jeu. Ce sont uniquement des garçons mineurs et, majoritairement, ils disent « Frappez, pour ça, c'est acceptable » . Les mères, c'est sacré. L'un d'eux dit « Ma mère, c'est une pute, je ne me battrai pas pour elle » . Les autres s'insurgent. Il ajoute « Ma mère se prostituait et quand elle avait un client qui aimait les petits garçons, Elle me prostituait aussi. Un blanc. Ça m'harmonne, ça baisse d'un ton. Un vrai moment de gêne. Un autre dit « Moi, pendant mon sommeil, quand j'avais 5 ans, ma mère a essayé de me tuer en me mettant 3 coups de fourchette. » Reblanc. Et il ajoute « C'est la personne que j'aime le plus au monde, même si elle ne m'aime pas. » C'est ça aussi les ateliers sur la vie affective et sexuelle. a la cinquante ans un handicap modéré j'utilise le très ancien support vidéo mais tellement efficace la sexualité pas à pas avec des marionnettes elle dit moi je veux un gui c'est une des marionnettes un jeune trisomique qui d'habitude ne parle jamais lui dit t'en as pas besoin et il montre sa main qu'il fait tourner comme une marionnette. J'étais certaine que sa présence n'était que physique. Eh bien non. Cette misère sexuelle chez les personnes en situation de handicap. Leçon 14, oser. Nous sommes à la fin d'un module de plusieurs heures sur plusieurs mois chez des personnes en situation de handicap. Lors du dernier module, je leur demande « Qui aimerait avoir des enfants ? » Les réponses sont franches et directes. Et réfléchis. J'essaie de savoir s'ils répètent comme des perroquets, mais j'entrevois que les réponses données correspondent bien à leur personnalité. Je les ai revues l'année dernière. L'intervention avait eu lieu il y a 15 ans. Ils avaient tant de souvenirs de nos ateliers, je ne pensais pas qu'ils s'en souviendraient. Ils m'ont dit « c'était bien quand on a parlé des bébés » . Le papa vient au centre social lors de la rencontre d'informations sur les ateliers. Ce papa me dit « je suis musulman » . Je veux que vous m'expliquiez le programme. Je ne lui cache rien. Je lui montre des outils de discussion, les supports. Transparence totale. Oui, mais vous savez, dans ma religion... Et là, je lui dis, je vous coupe. Vous savez, les hormones ne savent pas que votre fils est musulman. Le père sourit. J'ai tant d'autres anecdotes à partager. Ce qui m'amène à la leçon 15. La dernière de ce podcast, mais pas la dernière tout court. Leçon 15, être généreuse. En ce moment, ça bouge. Ça bougeait aussi il y a 20 ans. Ça bouge lentement, mais sûrement. L'outil de discussion, la vidéo, ne fait pas tout. Des supports de discussion, des films et des vidéos ne servent à rien si on ne sait pas pourquoi l'éducation à la vie affective et sexuelle est importante. Et toutes ces raisons sont mises en avant dans les programmes que je vois fleurir et être partagés. Mais n'oubliez pas que l'expérience ça compte. Pour ma part, je partage depuis bien longtemps, en étant formatrice et superviseuse, et depuis peu par ce podcast et mes articles dans le GHI, le journal gratuit de Genève, ainsi que dans mon Insta et surtout, surtout, mes supervisions individuelles et institutionnelles. Pour mes quelques années encore à travailler, j'ai vraiment envie de faire gagner du temps, de vous faire gagner du temps en expérience, pour vous toutes les personnes qui animez des ateliers sur la vie affective et sexuelle. Je ne peux être généreuse que si vous êtes prêt et prête à recevoir. Alors, n'hésitez pas à réserver un créneau de supervision individuelle ou institutionnelle, en présentiel en Suisse, en Suisse romande, ou en visio dans les pays francophones. Si cet épisode vous a parlé, vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à laisser un commentaire ou à me poser vos questions. On se retrouve très bientôt, le 14 juillet, ou alors... pour tout l'été, car j'ai des envies de changement de format et des surprises. D'ici là, prenez soin de vous. Et lorsque vous verrez des articles, une actualité sur l'éducation, la vie effective et sexuelle, pensez à toutes ces situations. Et souvenez-vous qu'à chaque podcast, un jeu concours est associé. À chaque fois, un joli lot. Tentez votre chance. Pour cela, abonnez-vous à mon compte Insta. Abonnez-vous au podcast, c'est gratuit. Et partagez-le. Ça me ferait plaisir. Je suis sûre qu'à vous aussi.

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Épisode 5, on m'appelle Madame Sexe, 15 leçons sur l'éducation à la vie affective et relationnelle, deuxième partie. Leçon 7, savoir saisir les opportunités. Il y a des situations qui tombent du ciel. J'en ai deux à peu près similaires et qui sont des opportunités à saisir. Et parfois, je me suis demandé s'il n'y avait pas une caméra cachée ou si l'établissement qui m'accueillait n'était pas en train de me piéger. Ça fait un peu parano, je sais.


C'est un groupe de garçons. Comme à l'accoutumée, ils parlent des vêtements des filles et des femmes. Des strings, des jupes courtes, des chemisiers transparents, blablabla, le sexisme habituel. Un participant essaie de modérer les propos en argumentant sur le fait qu'il y a des hommes qui portent des jupes. Il précise des écossais. Ça en fait rire certains. Bon, on peut le dire, ils se moquent. Nous sommes dans les Vosges, j'imagine qu'il n'y a pas beaucoup d'Écossais. Et là, chose improbable, on voit passer devant la fenêtre un homme en kit. Silence. Ils me regardent tous, persuadés que j'y suis pour quelque chose. Ben non.


Seconde situation...


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L’histoire commence en 2020, quand je pose mes valises à Genève. Mais pas tout à fait… Entre 2020 et 2024, je fais des allers-retours entre la France et Genève pour achever mes engagements pris avec des institutions. Le 31 décembre 2024, après deux décennies de consultations, de formations et de conférences, je décide de fermer la porte de mon cabinet français et de mes activités en France.

Enfin… c’est ce que je croyais.

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    Épisode 5, on m'appelle Madame Sexe, 15 leçons sur l'éducation à la vie affective et relationnelle, deuxième partie. Leçon 7, savoir saisir les opportunités. Il y a des situations qui tombent du ciel. J'en ai deux à peu près similaires et qui sont des opportunités à saisir. Et parfois, je me suis demandé s'il n'y avait pas une caméra cachée ou si l'établissement qui m'accueillait n'était pas en train de me piéger. Ça fait un peu parano, je sais. C'est un groupe de garçons. Comme à l'accoutumée, ils parlent des vêtements des filles et des femmes. Des strings, des jupes courtes, des chemisiers transparents, blablabla, le sexisme habituel. Un participant essaie de modérer les propos en argumentant sur le fait qu'il y a des hommes qui portent des jupes. Il précise des écossais. Ça en fait rire certains. Bon, on peut le dire, ils se moquent. Nous sommes dans les Vosges, j'imagine qu'il n'y a pas beaucoup d'Écossais. Et là, chose improbable, on voit passer devant la fenêtre un homme en kit. Silence. Ils me regardent tous, persuadés que j'y suis pour quelque chose. Ben non. Seconde situation, je suis en déplacement professionnel et à l'hôtel, j'en profite pour regarder la télé. Car je ne la regarde plus depuis très très longtemps. Je vois une pub sur la crème Nivea avec l'équipe de foot du PSG. Donc c'est en 2016. Je sais, j'ai vérifié. Le slogan, c'était « La crème des hommes » . Il y a un joueur qui se mettait de la crème sur le visage et dans mes souvenirs, sur ses coudes. J'ai peut-être inventé ça parce que je l'ai retrouvé et je n'ai pas vu le geste de la crème sur les coudes. Mais ça semble quand même un souvenir vrai. Le lendemain. Je commence l'intervention dans une maison d'arrêt. Au cours d'une discussion, je leur raconte que j'ai vu cette pub, que je trouve que l'on progresse en termes de soins corporels pour les hommes. Et là, c'est magistral. Il y en a un, un pas commode, qui dit « Moi, quand je vais en boîte, je me mets du mascara. » Les autres se moquent et bien sûr, il y en a bien pour dire « Ah, t'es pédé ! » Il rétorque sans se fâcher. Ben non, le mascara, ça me fait des super yeux. un vrai beau gosse avec mes cils longs je le soutiens bien sûr un autre en profite pour dire moi quand je sors je mets du fond de teint pour cacher mes boutons et il enchaîne tu crois quoi toi les fouteux ils sont maquillés quand ils passent à la télé et là chacun y va de ses astuces beautés moi je m'efface dans ces moments-là je savoure à la fin de l'intervention l'un d'eux me demande si je peux demander au surveillant s'il peut cantiner un lisseur j'en doute mais je lui dis que je vais demander c'est non Le lendemain, il me demande si je peux lui apporter des élastiques pour ses cheveux. Il aime bien les attacher. Le surveillant est OK. Ça a été une semaine très, très riche d'échanges.

  • Speaker #1

    Sur le terrain, tu prends soin de viser l'excellence, de te surpasser. Tu prends soin de ton équipe. Prends aussi soin de ta peau, de ton épiderme. Hydrate la peau, apaise les irritations.

  • Speaker #0

    Nous sommes dans un CER, un centre éducatif renforcé. C'est uniquement des garçons. Ils sont très agités. Il y a eu une descente de police et une fouille dans leur chambre juste avant mon intervention. Il est 21h environ. Nous sommes attablés dans la cuisine. Je bois au goulot dans ma bouteille d'eau minérale. Et là, un jeune homme, environ 16 ans, me dit « Pas gêné, madame. Vous prenez votre pilule devant nous. » Je suis étonnée, évidemment. Et il persiste. « Ouais, ouais, ma copine aussi, elle fait comme vous. » Là, ses potes le regardent avec un air interrogatif. La marque de l'eau est ultra connue. Impossible qu'ils confondent. Et là, je lui dis « Tu sais très bien que c'est de l'eau, juste de l'eau. Mais parler de sexualité à 21h avec une sexologue devant tes potes, c'est hyper perturbant. Je pense que tu perds tous tes repères et je te comprends. » Et j'enchaîne sur... leurs souvenirs d'intervention lorsqu'ils étaient scolarisés, aucun n'en a eu. Soit ils avaient trop honte d'y aller et ils se sont arrangés pour se faire virer du cours. Certains en ont été privés, comme une punition. D'autres ne sont même pas allés à l'école suffisamment longtemps pour bénéficier d'un atelier vie affective et sexuelle. Ne me demandez pas comment c'est possible, mais c'est la pure vérité. Je leur propose de rattraper le temps perdu. Ce jour-là, ils adhèrent totalement. Les autres fois, pas toujours. mais parfois ils sont hyperdispos. C'est très fragile des interventions sur une période donnée. C'est un cours un peu spécial. Il est filmé pour un documentaire. Ils sont toujours plus calmes dans ces conditions. Après 30 minutes, l'équipe de tournage part, mais elle nous laisse les micros. Ni eux ni moi n'avons pensé au fait que nous les avions toujours. Un jeune homme explique, hors caméra, que son père a quitté sa mère pour un homme. Il respecte le choix de son père. Il le voit bien plus heureux depuis. Un autre parle de l'homosexualité de sa sœur, que ses parents ont rejeté leur fille. Ils souffrent de cette intolérance. Je me joue l'avocat du diable et je lui dis que ses parents ont été élevés dans la peur de l'autre, de la différence, blablabla. Et là, il me dit, très fâché, mes grands-parents étaient racistes, pas mes parents. Donc, ils ont eu la capacité d'évoluer. Eh bien, c'est pareil pour l'homosexualité, qu'ils évoluent. Ok, moi j'aime bien quand il y a de l'argumentation. Fin du cours, ensuite, j'apprends que toute l'équipe a entendu nos échanges. Ils ne peuvent rien en faire car ils étaient sortis de la salle, mais ils sont très heureux d'y avoir assisté. Leçon numéro 8, avoir du répondant. On brainstorm et il y a le mot cunnilingus. Un jeune d'environ 20 ans demande ce que c'est. Un second lui explique et lui dit qu'il adore ça. Le premier prend un air dégoûté. Un troisième lui dit, bah c'est pas plus dégoûtant qu'une fellation. Moi, quand ils se mettent à débattre avec respect, Je les laisse faire. J'interviendrai si le ton monte. Le premier dit « Moi, je suis musulman. Quand je serai mariée, ma femme ne me fera pas de fellation. Car quand même, elle va embrasser nos enfants. Faut du respect. » Une jeune fille lui demande « Donc, quand tu seras mariée, finis les fellations ? » Fier de lui, il dit « Ben non, j'irai chez les putes. Là, je sens qu'il y a de l'électricité dans l'air. » C'est le moment d'intervenir. je sens que ça peut chauffer eh bien pas du tout calmement le second lui dit un musulman chez les putes franchement c'est mieux de le faire avec ta femme et la fille qui s'était peu exprimée rétorque en plus ça veut dire que tu respectes pas la pute elle aussi elle a peut-être des enfants ah quand l'espace est sécurisé ça donne des choses intéressantes dans cette structure Ils avaient 21 heures d'atelier en 7 mois. Le temps, c'est important. C'est une conférence dans un lycée français. Un immense amphithéâtre. Ils sont bien une centaine. C'est sous la forme d'une conférence, puis un temps de questions-réponses. Le titre de la conférence ? Pornographie, éducation ou danger ? Rien que ça. 40 minutes plus tard, je leur demande si quelqu'un a une question. Un courageux, si j'ose dire, me demande... Pourquoi alors que vous êtes sexologue, vous portez un legging comme les actrices porno ? Et là, je lui dis que c'est peut-être les actrices porno qui s'habillent comme moi. Je poursuis que je trouve que sa question est intéressante, car elle montre les biais du porno. Le risque de ne plus faire la part des choses entre la fiction et la réalité, les codes de séduction et les codes du porno. S'en est suivi de très belles discussions. A la fin de la conférence, le garçon est venu s'excuser. Et en fait, il a été le moteur de nombreux échanges. C'est une aubaine pour moi. 1, 2, 1, 2, vous m'entendez ? On peut commencer ? Leçon numéro 9, ne pas avoir peur de répéter plusieurs fois. Il est au quartier mineur, il est là pour viol, il nie. Il se coltine quatre fois les mêmes interventions avec moi. Et un jour, avec un outil de discussion sur les agressions sexuelles, l'outil ça dérape, il dit Oh mais c'est ce que j'ai fait ! » Il tombe de sa chaise et il se casse le poignet. Il a agressé sexuellement ses frères et sœurs. Les co-détenus pensent qu'il est là pour homophobie. Je le verrai trois fois. La première, il est dans son rôle d'homophobe. La seconde, il dit « Moi, je dis rien, sinon vous allez m'allumer » . La troisième fois, le discours a changé, même s'il y a encore beaucoup, beaucoup de chemin à faire. Une femme adulte en situation de handicap. Elle vit en foyer et a une quarantaine d'années. Elle utilise une bouteille d'eau en verre comme sextoy. C'est hyper dangereux. Avec sa référence, elle achète un vibromasseur. Mais quelques mois plus tard, on constate qu'elle a toujours sa bouteille en verre. Elle nous dit que c'est pour chez elle quand elle retourne chez ses parents. Alors on travaille pour voir de quelle manière elle peut utiliser son accessoire chez ses parents tout en respectant son intimité. L'intimité dans le monde du handicap, c'est un gros travail à f...

  • Speaker #1

    PUBLICITE.

  • Speaker #0

    On me prévient, il est hyperactif. Il n'arrive pas à rester en place, me dit-on. Il a tout juste 9 ans. Il a agressé sexuellement son voisin de 6 ans. Pendant la journée, il n'a quasiment pas bougé de sa place. À un moment, il a demandé pour aller aux toilettes avant la pause, car il ne tenait plus. Il m'a dit « Je vais vite, vous ne parlez pas, vous m'attendez. » Les autres sont plus âgés que lui, mais ça ne le dérange pas. Il pose mille questions. En fin de journée, il me dit « Oh, mais il faut raconter tout ça, madame. Il faut le dire à tout le monde. J'ai appris plein de choses. » Trois ans plus tard, un lycée agricole me contacte. Depuis trois ans, un élève l'éthane pour me faire intervenir. Vu la région, je crois comprendre que c'est lui. Dans l'établissement, il y a eu des incidents. Le jeune en question n'est pas concerné, mais il est revenu à la charge. L'établissement veut me faire intervenir et nous avons travaillé ensemble pendant plusieurs années. La direction m'a raconté que chaque année, il revenait à la charge pour que j'intervienne. Ah, chez les plus âgés ! La question de la sodomie vient souvent sur le tapis. Lors du dernier module, un jeune homme me dit « Bon, pour être sûre, madame, je résume ce que vous avez dit. C'est pas interdit et c'est pas obligatoire. Si elle veut, on peut. Si elle veut pas, on fait pas. Faut bien se protéger, se préparer. Et les hommes, comme les femmes, ont le même anus. Donc, vous me comprenez. Et on peut dire oui un jour et non un autre. C'est bien ça ? » Parler de la sexualité, c'est plus simple qu'on croit, mais c'est quand même important d'en parler. Merci, merci madame. Leçon 10. Faire remonter ce qui est interdit au donneur d'ordre, celui qui vous paye, quitte à perdre des contrats. Un garçon me raconte en privé que sa mère entre dans sa chambre toutes les 15 minutes pour vérifier et l'empêcher de se masturber. Il me dit que son père, l'ayant quitté pour un homme, elle a peur que son fils devienne... homosexuels à cause de la masturbation. J'en parle à la direction et ils me disent que ça ne nous regarde pas, que je ne suis pas payée pour ça. Ok, ben on va s'arrêter là alors. Lors de l'intervention, elles sont plusieurs filles très fâchées. Elles me testent. Dans leur règlement scolaire, il est interdit aux couples de filles de s'embrasser. Le lycée est accolé au collège et la direction a peur de l'incitation ou que les collégiens soient choqués, surtout les sixièmes. Les couples hétéros n'ont pas cette interdiction. Elles me demandent si je trouve ça normal. Je leur dis que c'est interdit par la loi de leur interdire de s'embrasser, alors que les couples hétérosexuels le peuvent. Ça s'appelle de la discrimination. Le règlement ne peut pas être plus restrictif que la loi. L'enseignant m'interrompt, il me dit que ce n'est pas si simple, que je ne connais pas le contexte. Ok, ben on va s'arrêter là alors. J'aime bien leur raconter des histoires. J'en invente une. Ou une fille de 15 ans sort avec un homme de 40 ans. Il la trouve mature, différente des autres. Il veut coucher, pas elle. Il la traite de gamine, elle en parle à ses copines, qui ont des avis différents. Certaines sont toutes excitées et d'autres horrifiées. Mais elle le fait, car il la menace de la quitter. Qu'il est déçu, car il pensait qu'elle l'aimait, et des filles, il y en a plein. Elle y va, et ça se passe mal. En fin de cours, une jeune fille me raconte que c'est exactement son histoire. Elle me demande ce qu'elle doit faire. Un enseignant voit que nous discutons toutes les deux. Il intervient dans la discussion et me dit « Ah mais non, ce n'est pas vraiment la même histoire » . Il regarde la fille et lui dit « Ton copain, il est bien gendarme » . Elle blémit. Elle est surprise qu'il le sache. Heureusement, c'est un établissement où je suis souvent retournée et j'ai pu rediscuter avec elle de manière plus sécurisée. C'est une histoire de fellation filmée. Les deux garçons ont diffusé la vidéo à l'insu de la fille. L'établissement a renvoyé la fille. Pour la protéger contre les rumeurs, me disent-ils. Waouh ! Bon ben, on va s'arrêter là ? Non, non, s'il vous plaît, on ne veut plus faire ce genre d'erreur. Ça sera une belle collaboration ensuite. Un établissement scolaire privé. Deux heures à discuter sur les modalités, les zones horaires, les dates. Puis, un peu avant de partir, la direction me dit « Ah oui, vous pourrez parler de tout, sauf de la masturbation. » Ah ben non, s'ils en parlent, j'en parlerai. Là, je ne dis pas bye bye tout de suite parce que j'ai vraiment envie d'intervenir dans cet établissement. Et ils me disent « Bon ben, on vous rappellera. » Très très grand établissement qui accueille des personnes en situation de handicap. Une heure trente de route pour y aller, la même pour le retour. Réunion avec six professionnels. Moi, je suis toute seule. Ça dure des plombes, ça dure trois heures. Tout ça gratos. Puis le directeur me raccompagne à ma voiture, sans les autres, bien sûr, et il me dit, écoutez bien, je me rends compte que c'est très, très important, que c'est nécessaire dans notre établissement, mais je ne suis pas prêt. Leçon 11. Ne pas leur en demander trop. Tu prépares des modules avec des thématiques, tu prends du matériel, mais le premier contact, bien sûr, ça part dans tous les sens. Et l'homosexualité est un sujet incontournable. Elle est mineure, elle raconte que tous les soirs après les cours, quand elle rentre chez elle, son père l'attend devant la porte et lui demande si elle est toujours homo. Elle répond oui. Alors, elle doit monter dans sa chambre pour dîner seule. Elle pourra manger avec les autres membres de la famille lorsqu'elle sera hétéro. Au sport, à l'école, avec ses amis, tout le monde sait qu'elle est homo et elle le vit bien. Elle me demande ce que j'en pense et ce qu'elle doit faire. Bon, ben, je lui dis, ce soir, dis que t'es hétéro. Si ton père est assez con pour le croire, au moins tu pourras manger avec ta famille. Elle rigole. Moi, je ris jaune. Je suis triste de ne pas avoir plus à dire ni à faire. On fait le jeu de l'étoile. Vous vous souvenez ? J'en ai parlé dans la partie 1. Elle dit « Ah bon ? Me cracher au visage, c'est de la violence ? Tous les hommes ne le font pas ? » Elle vient en cours alcoolisée. Elle a subi un viol à l'âge de 14 ans. Elle en a 17. Elle tient avec de la vodka. Ce n'est pas la procédure, mais je l'ai en entretien individuel pendant quelques semaines, le temps que la psy ait de la disponibilité. Deux semaines après, j'apprends qu'elle veut arrêter. La psy lui a dit « à 14 ans, tu n'étais plus vierge ? Mais c'est mal ! » Ouais, pas tous les psys. Mais là, t'as vraiment envie d'hurler. Des personnes en situation de handicap, on parle de comportement sexuel transgressif. À la fin d'atelier, il dit qu'il ne reviendra pas car il se comporte mal, qu'il ne mérite pas de venir. « Ben non, mon petit chat, tu vas apprendre des choses. » Et il a assisté à tous les modules. Je l'ai revu il n'y a pas très longtemps et il y a eu beaucoup d'autres comportements transgressifs. Mais il ne faut rien lâcher. Leçon 12. Savoir se remettre en question et dire « je ne sais pas tout » . J'en ai déjà parlé lors de l'épisode 4, mais un matin, en voiture, je me suis dit qu'il fallait que j'adopte une posture plus ouverte pour que les garçons s'autorisent des échanges lors des pauses et des fins d'atelier. Et ça a marché. Peut-être qu'auparavant, je n'étais pas prête à entendre. Ils viennent de Syrie, d'Afghanistan, de Roumanie, d'Ukraine. Ils ne parlent pas très bien le français, mais ils comprennent tout. On parle avortement et je dis, en m'adressant aux jeunes hommes afghans, que j'imagine que l'avortement n'est pas autorisé en Afghanistan. Ils me disent que si. Tous sur nos téléphones, on vérifie, il y a bien une loi qui l'autorise. On parle ensemble des lois et des applications. dans leur pays respectif. C'est le tout début des situations de déni de grossesse. Une personne me demande si une femme peut faire plusieurs dénis de grossesse. Je lui dis que je n'en sais rien, mais qu'a priori je pense que non. Une jeune fille nous raconte ses trois dénis de grossesse. Savoir se taire et dire je ne sais pas. Il a été incarcéré très jeune pour viol. Je l'ai donc vu plusieurs fois, jusqu'à sa majorité. Un jour il me dit, on ne va plus se voir, je passe chez les majeurs. Il me raconte des coutumes sexuelles auprès des garçons que j'ignore totalement. De cette communauté du voyage, j'en sais plus sur les filles que sur les garçons. Je tombe de haut de tout ce qu'il me révèle. Il me dit « Attention madame, c'est secret. La majorité c'est de la violence ou des mutilations sexuelles. » Il me dit que non, c'est sa culture. On en parle. Leçon 13. Laissez un espace de parole sans réponse. Connaissez-vous le jeu de discussion le Qu'en dit on ? Je suis dans un atelier à la PJJ. Nous avons passé une heure trente sur la même carte. Cette carte, c'est « Il lui dit ta mère la pute, il lui démonte la tête » . Acceptable, non acceptable, interdit par la loi, discutable. C'est le jeu. Ce sont uniquement des garçons mineurs et, majoritairement, ils disent « Frappez, pour ça, c'est acceptable » . Les mères, c'est sacré. L'un d'eux dit « Ma mère, c'est une pute, je ne me battrai pas pour elle » . Les autres s'insurgent. Il ajoute « Ma mère se prostituait et quand elle avait un client qui aimait les petits garçons, Elle me prostituait aussi. Un blanc. Ça m'harmonne, ça baisse d'un ton. Un vrai moment de gêne. Un autre dit « Moi, pendant mon sommeil, quand j'avais 5 ans, ma mère a essayé de me tuer en me mettant 3 coups de fourchette. » Reblanc. Et il ajoute « C'est la personne que j'aime le plus au monde, même si elle ne m'aime pas. » C'est ça aussi les ateliers sur la vie affective et sexuelle. a la cinquante ans un handicap modéré j'utilise le très ancien support vidéo mais tellement efficace la sexualité pas à pas avec des marionnettes elle dit moi je veux un gui c'est une des marionnettes un jeune trisomique qui d'habitude ne parle jamais lui dit t'en as pas besoin et il montre sa main qu'il fait tourner comme une marionnette. J'étais certaine que sa présence n'était que physique. Eh bien non. Cette misère sexuelle chez les personnes en situation de handicap. Leçon 14, oser. Nous sommes à la fin d'un module de plusieurs heures sur plusieurs mois chez des personnes en situation de handicap. Lors du dernier module, je leur demande « Qui aimerait avoir des enfants ? » Les réponses sont franches et directes. Et réfléchis. J'essaie de savoir s'ils répètent comme des perroquets, mais j'entrevois que les réponses données correspondent bien à leur personnalité. Je les ai revues l'année dernière. L'intervention avait eu lieu il y a 15 ans. Ils avaient tant de souvenirs de nos ateliers, je ne pensais pas qu'ils s'en souviendraient. Ils m'ont dit « c'était bien quand on a parlé des bébés » . Le papa vient au centre social lors de la rencontre d'informations sur les ateliers. Ce papa me dit « je suis musulman » . Je veux que vous m'expliquiez le programme. Je ne lui cache rien. Je lui montre des outils de discussion, les supports. Transparence totale. Oui, mais vous savez, dans ma religion... Et là, je lui dis, je vous coupe. Vous savez, les hormones ne savent pas que votre fils est musulman. Le père sourit. J'ai tant d'autres anecdotes à partager. Ce qui m'amène à la leçon 15. La dernière de ce podcast, mais pas la dernière tout court. Leçon 15, être généreuse. En ce moment, ça bouge. Ça bougeait aussi il y a 20 ans. Ça bouge lentement, mais sûrement. L'outil de discussion, la vidéo, ne fait pas tout. Des supports de discussion, des films et des vidéos ne servent à rien si on ne sait pas pourquoi l'éducation à la vie affective et sexuelle est importante. Et toutes ces raisons sont mises en avant dans les programmes que je vois fleurir et être partagés. Mais n'oubliez pas que l'expérience ça compte. Pour ma part, je partage depuis bien longtemps, en étant formatrice et superviseuse, et depuis peu par ce podcast et mes articles dans le GHI, le journal gratuit de Genève, ainsi que dans mon Insta et surtout, surtout, mes supervisions individuelles et institutionnelles. Pour mes quelques années encore à travailler, j'ai vraiment envie de faire gagner du temps, de vous faire gagner du temps en expérience, pour vous toutes les personnes qui animez des ateliers sur la vie affective et sexuelle. Je ne peux être généreuse que si vous êtes prêt et prête à recevoir. Alors, n'hésitez pas à réserver un créneau de supervision individuelle ou institutionnelle, en présentiel en Suisse, en Suisse romande, ou en visio dans les pays francophones. Si cet épisode vous a parlé, vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à laisser un commentaire ou à me poser vos questions. On se retrouve très bientôt, le 14 juillet, ou alors... pour tout l'été, car j'ai des envies de changement de format et des surprises. D'ici là, prenez soin de vous. Et lorsque vous verrez des articles, une actualité sur l'éducation, la vie effective et sexuelle, pensez à toutes ces situations. Et souvenez-vous qu'à chaque podcast, un jeu concours est associé. À chaque fois, un joli lot. 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✨ 🎙️ Parlons Cul-ture – On m'appelle Mme Sexe : 15 leçons sur l'EARS (partie 2)


Épisode 5, on m'appelle Madame Sexe, 15 leçons sur l'éducation à la vie affective et relationnelle, deuxième partie. Leçon 7, savoir saisir les opportunités. Il y a des situations qui tombent du ciel. J'en ai deux à peu près similaires et qui sont des opportunités à saisir. Et parfois, je me suis demandé s'il n'y avait pas une caméra cachée ou si l'établissement qui m'accueillait n'était pas en train de me piéger. Ça fait un peu parano, je sais.


C'est un groupe de garçons. Comme à l'accoutumée, ils parlent des vêtements des filles et des femmes. Des strings, des jupes courtes, des chemisiers transparents, blablabla, le sexisme habituel. Un participant essaie de modérer les propos en argumentant sur le fait qu'il y a des hommes qui portent des jupes. Il précise des écossais. Ça en fait rire certains. Bon, on peut le dire, ils se moquent. Nous sommes dans les Vosges, j'imagine qu'il n'y a pas beaucoup d'Écossais. Et là, chose improbable, on voit passer devant la fenêtre un homme en kit. Silence. Ils me regardent tous, persuadés que j'y suis pour quelque chose. Ben non.


Seconde situation...


Parlons Cul-ture, c’est le podcast qui répond sans détour aux questions les plus intimes, celles que l'ont me pose dans la rubrique sexo du journal gratuit le GHI à Genève – lu par 220 000 lecteurs.
Forte de mes 20 ans d’expérience en tant que sexologue et formatrice en santé sexuelle en France, j'aime mêler expertise et humour pour vous guider à travers les méandres de la sexualité.

L’histoire commence en 2020, quand je pose mes valises à Genève. Mais pas tout à fait… Entre 2020 et 2024, je fais des allers-retours entre la France et Genève pour achever mes engagements pris avec des institutions. Le 31 décembre 2024, après deux décennies de consultations, de formations et de conférences, je décide de fermer la porte de mon cabinet français et de mes activités en France.

Enfin… c’est ce que je croyais.

L’aventure démarre le 14 février et dans l’épisode #1, je vous explique pourquoi cette date n’a rien d’anodin.

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    Épisode 5, on m'appelle Madame Sexe, 15 leçons sur l'éducation à la vie affective et relationnelle, deuxième partie. Leçon 7, savoir saisir les opportunités. Il y a des situations qui tombent du ciel. J'en ai deux à peu près similaires et qui sont des opportunités à saisir. Et parfois, je me suis demandé s'il n'y avait pas une caméra cachée ou si l'établissement qui m'accueillait n'était pas en train de me piéger. Ça fait un peu parano, je sais. C'est un groupe de garçons. Comme à l'accoutumée, ils parlent des vêtements des filles et des femmes. Des strings, des jupes courtes, des chemisiers transparents, blablabla, le sexisme habituel. Un participant essaie de modérer les propos en argumentant sur le fait qu'il y a des hommes qui portent des jupes. Il précise des écossais. Ça en fait rire certains. Bon, on peut le dire, ils se moquent. Nous sommes dans les Vosges, j'imagine qu'il n'y a pas beaucoup d'Écossais. Et là, chose improbable, on voit passer devant la fenêtre un homme en kit. Silence. Ils me regardent tous, persuadés que j'y suis pour quelque chose. Ben non. Seconde situation, je suis en déplacement professionnel et à l'hôtel, j'en profite pour regarder la télé. Car je ne la regarde plus depuis très très longtemps. Je vois une pub sur la crème Nivea avec l'équipe de foot du PSG. Donc c'est en 2016. Je sais, j'ai vérifié. Le slogan, c'était « La crème des hommes » . Il y a un joueur qui se mettait de la crème sur le visage et dans mes souvenirs, sur ses coudes. J'ai peut-être inventé ça parce que je l'ai retrouvé et je n'ai pas vu le geste de la crème sur les coudes. Mais ça semble quand même un souvenir vrai. Le lendemain. Je commence l'intervention dans une maison d'arrêt. Au cours d'une discussion, je leur raconte que j'ai vu cette pub, que je trouve que l'on progresse en termes de soins corporels pour les hommes. Et là, c'est magistral. Il y en a un, un pas commode, qui dit « Moi, quand je vais en boîte, je me mets du mascara. » Les autres se moquent et bien sûr, il y en a bien pour dire « Ah, t'es pédé ! » Il rétorque sans se fâcher. Ben non, le mascara, ça me fait des super yeux. un vrai beau gosse avec mes cils longs je le soutiens bien sûr un autre en profite pour dire moi quand je sors je mets du fond de teint pour cacher mes boutons et il enchaîne tu crois quoi toi les fouteux ils sont maquillés quand ils passent à la télé et là chacun y va de ses astuces beautés moi je m'efface dans ces moments-là je savoure à la fin de l'intervention l'un d'eux me demande si je peux demander au surveillant s'il peut cantiner un lisseur j'en doute mais je lui dis que je vais demander c'est non Le lendemain, il me demande si je peux lui apporter des élastiques pour ses cheveux. Il aime bien les attacher. Le surveillant est OK. Ça a été une semaine très, très riche d'échanges.

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    Sur le terrain, tu prends soin de viser l'excellence, de te surpasser. Tu prends soin de ton équipe. Prends aussi soin de ta peau, de ton épiderme. Hydrate la peau, apaise les irritations.

  • Speaker #0

    Nous sommes dans un CER, un centre éducatif renforcé. C'est uniquement des garçons. Ils sont très agités. Il y a eu une descente de police et une fouille dans leur chambre juste avant mon intervention. Il est 21h environ. Nous sommes attablés dans la cuisine. Je bois au goulot dans ma bouteille d'eau minérale. Et là, un jeune homme, environ 16 ans, me dit « Pas gêné, madame. Vous prenez votre pilule devant nous. » Je suis étonnée, évidemment. Et il persiste. « Ouais, ouais, ma copine aussi, elle fait comme vous. » Là, ses potes le regardent avec un air interrogatif. La marque de l'eau est ultra connue. Impossible qu'ils confondent. Et là, je lui dis « Tu sais très bien que c'est de l'eau, juste de l'eau. Mais parler de sexualité à 21h avec une sexologue devant tes potes, c'est hyper perturbant. Je pense que tu perds tous tes repères et je te comprends. » Et j'enchaîne sur... leurs souvenirs d'intervention lorsqu'ils étaient scolarisés, aucun n'en a eu. Soit ils avaient trop honte d'y aller et ils se sont arrangés pour se faire virer du cours. Certains en ont été privés, comme une punition. D'autres ne sont même pas allés à l'école suffisamment longtemps pour bénéficier d'un atelier vie affective et sexuelle. Ne me demandez pas comment c'est possible, mais c'est la pure vérité. Je leur propose de rattraper le temps perdu. Ce jour-là, ils adhèrent totalement. Les autres fois, pas toujours. mais parfois ils sont hyperdispos. C'est très fragile des interventions sur une période donnée. C'est un cours un peu spécial. Il est filmé pour un documentaire. Ils sont toujours plus calmes dans ces conditions. Après 30 minutes, l'équipe de tournage part, mais elle nous laisse les micros. Ni eux ni moi n'avons pensé au fait que nous les avions toujours. Un jeune homme explique, hors caméra, que son père a quitté sa mère pour un homme. Il respecte le choix de son père. Il le voit bien plus heureux depuis. Un autre parle de l'homosexualité de sa sœur, que ses parents ont rejeté leur fille. Ils souffrent de cette intolérance. Je me joue l'avocat du diable et je lui dis que ses parents ont été élevés dans la peur de l'autre, de la différence, blablabla. Et là, il me dit, très fâché, mes grands-parents étaient racistes, pas mes parents. Donc, ils ont eu la capacité d'évoluer. Eh bien, c'est pareil pour l'homosexualité, qu'ils évoluent. Ok, moi j'aime bien quand il y a de l'argumentation. Fin du cours, ensuite, j'apprends que toute l'équipe a entendu nos échanges. Ils ne peuvent rien en faire car ils étaient sortis de la salle, mais ils sont très heureux d'y avoir assisté. Leçon numéro 8, avoir du répondant. On brainstorm et il y a le mot cunnilingus. Un jeune d'environ 20 ans demande ce que c'est. Un second lui explique et lui dit qu'il adore ça. Le premier prend un air dégoûté. Un troisième lui dit, bah c'est pas plus dégoûtant qu'une fellation. Moi, quand ils se mettent à débattre avec respect, Je les laisse faire. J'interviendrai si le ton monte. Le premier dit « Moi, je suis musulman. Quand je serai mariée, ma femme ne me fera pas de fellation. Car quand même, elle va embrasser nos enfants. Faut du respect. » Une jeune fille lui demande « Donc, quand tu seras mariée, finis les fellations ? » Fier de lui, il dit « Ben non, j'irai chez les putes. Là, je sens qu'il y a de l'électricité dans l'air. » C'est le moment d'intervenir. je sens que ça peut chauffer eh bien pas du tout calmement le second lui dit un musulman chez les putes franchement c'est mieux de le faire avec ta femme et la fille qui s'était peu exprimée rétorque en plus ça veut dire que tu respectes pas la pute elle aussi elle a peut-être des enfants ah quand l'espace est sécurisé ça donne des choses intéressantes dans cette structure Ils avaient 21 heures d'atelier en 7 mois. Le temps, c'est important. C'est une conférence dans un lycée français. Un immense amphithéâtre. Ils sont bien une centaine. C'est sous la forme d'une conférence, puis un temps de questions-réponses. Le titre de la conférence ? Pornographie, éducation ou danger ? Rien que ça. 40 minutes plus tard, je leur demande si quelqu'un a une question. Un courageux, si j'ose dire, me demande... Pourquoi alors que vous êtes sexologue, vous portez un legging comme les actrices porno ? Et là, je lui dis que c'est peut-être les actrices porno qui s'habillent comme moi. Je poursuis que je trouve que sa question est intéressante, car elle montre les biais du porno. Le risque de ne plus faire la part des choses entre la fiction et la réalité, les codes de séduction et les codes du porno. S'en est suivi de très belles discussions. A la fin de la conférence, le garçon est venu s'excuser. Et en fait, il a été le moteur de nombreux échanges. C'est une aubaine pour moi. 1, 2, 1, 2, vous m'entendez ? On peut commencer ? Leçon numéro 9, ne pas avoir peur de répéter plusieurs fois. Il est au quartier mineur, il est là pour viol, il nie. Il se coltine quatre fois les mêmes interventions avec moi. Et un jour, avec un outil de discussion sur les agressions sexuelles, l'outil ça dérape, il dit Oh mais c'est ce que j'ai fait ! » Il tombe de sa chaise et il se casse le poignet. Il a agressé sexuellement ses frères et sœurs. Les co-détenus pensent qu'il est là pour homophobie. Je le verrai trois fois. La première, il est dans son rôle d'homophobe. La seconde, il dit « Moi, je dis rien, sinon vous allez m'allumer » . La troisième fois, le discours a changé, même s'il y a encore beaucoup, beaucoup de chemin à faire. Une femme adulte en situation de handicap. Elle vit en foyer et a une quarantaine d'années. Elle utilise une bouteille d'eau en verre comme sextoy. C'est hyper dangereux. Avec sa référence, elle achète un vibromasseur. Mais quelques mois plus tard, on constate qu'elle a toujours sa bouteille en verre. Elle nous dit que c'est pour chez elle quand elle retourne chez ses parents. Alors on travaille pour voir de quelle manière elle peut utiliser son accessoire chez ses parents tout en respectant son intimité. L'intimité dans le monde du handicap, c'est un gros travail à f...

  • Speaker #1

    PUBLICITE.

  • Speaker #0

    On me prévient, il est hyperactif. Il n'arrive pas à rester en place, me dit-on. Il a tout juste 9 ans. Il a agressé sexuellement son voisin de 6 ans. Pendant la journée, il n'a quasiment pas bougé de sa place. À un moment, il a demandé pour aller aux toilettes avant la pause, car il ne tenait plus. Il m'a dit « Je vais vite, vous ne parlez pas, vous m'attendez. » Les autres sont plus âgés que lui, mais ça ne le dérange pas. Il pose mille questions. En fin de journée, il me dit « Oh, mais il faut raconter tout ça, madame. Il faut le dire à tout le monde. J'ai appris plein de choses. » Trois ans plus tard, un lycée agricole me contacte. Depuis trois ans, un élève l'éthane pour me faire intervenir. Vu la région, je crois comprendre que c'est lui. Dans l'établissement, il y a eu des incidents. Le jeune en question n'est pas concerné, mais il est revenu à la charge. L'établissement veut me faire intervenir et nous avons travaillé ensemble pendant plusieurs années. La direction m'a raconté que chaque année, il revenait à la charge pour que j'intervienne. Ah, chez les plus âgés ! La question de la sodomie vient souvent sur le tapis. Lors du dernier module, un jeune homme me dit « Bon, pour être sûre, madame, je résume ce que vous avez dit. C'est pas interdit et c'est pas obligatoire. Si elle veut, on peut. Si elle veut pas, on fait pas. Faut bien se protéger, se préparer. Et les hommes, comme les femmes, ont le même anus. Donc, vous me comprenez. Et on peut dire oui un jour et non un autre. C'est bien ça ? » Parler de la sexualité, c'est plus simple qu'on croit, mais c'est quand même important d'en parler. Merci, merci madame. Leçon 10. Faire remonter ce qui est interdit au donneur d'ordre, celui qui vous paye, quitte à perdre des contrats. Un garçon me raconte en privé que sa mère entre dans sa chambre toutes les 15 minutes pour vérifier et l'empêcher de se masturber. Il me dit que son père, l'ayant quitté pour un homme, elle a peur que son fils devienne... homosexuels à cause de la masturbation. J'en parle à la direction et ils me disent que ça ne nous regarde pas, que je ne suis pas payée pour ça. Ok, ben on va s'arrêter là alors. Lors de l'intervention, elles sont plusieurs filles très fâchées. Elles me testent. Dans leur règlement scolaire, il est interdit aux couples de filles de s'embrasser. Le lycée est accolé au collège et la direction a peur de l'incitation ou que les collégiens soient choqués, surtout les sixièmes. Les couples hétéros n'ont pas cette interdiction. Elles me demandent si je trouve ça normal. Je leur dis que c'est interdit par la loi de leur interdire de s'embrasser, alors que les couples hétérosexuels le peuvent. Ça s'appelle de la discrimination. Le règlement ne peut pas être plus restrictif que la loi. L'enseignant m'interrompt, il me dit que ce n'est pas si simple, que je ne connais pas le contexte. Ok, ben on va s'arrêter là alors. J'aime bien leur raconter des histoires. J'en invente une. Ou une fille de 15 ans sort avec un homme de 40 ans. Il la trouve mature, différente des autres. Il veut coucher, pas elle. Il la traite de gamine, elle en parle à ses copines, qui ont des avis différents. Certaines sont toutes excitées et d'autres horrifiées. Mais elle le fait, car il la menace de la quitter. Qu'il est déçu, car il pensait qu'elle l'aimait, et des filles, il y en a plein. Elle y va, et ça se passe mal. En fin de cours, une jeune fille me raconte que c'est exactement son histoire. Elle me demande ce qu'elle doit faire. Un enseignant voit que nous discutons toutes les deux. Il intervient dans la discussion et me dit « Ah mais non, ce n'est pas vraiment la même histoire » . Il regarde la fille et lui dit « Ton copain, il est bien gendarme » . Elle blémit. Elle est surprise qu'il le sache. Heureusement, c'est un établissement où je suis souvent retournée et j'ai pu rediscuter avec elle de manière plus sécurisée. C'est une histoire de fellation filmée. Les deux garçons ont diffusé la vidéo à l'insu de la fille. L'établissement a renvoyé la fille. Pour la protéger contre les rumeurs, me disent-ils. Waouh ! Bon ben, on va s'arrêter là ? Non, non, s'il vous plaît, on ne veut plus faire ce genre d'erreur. Ça sera une belle collaboration ensuite. Un établissement scolaire privé. Deux heures à discuter sur les modalités, les zones horaires, les dates. Puis, un peu avant de partir, la direction me dit « Ah oui, vous pourrez parler de tout, sauf de la masturbation. » Ah ben non, s'ils en parlent, j'en parlerai. Là, je ne dis pas bye bye tout de suite parce que j'ai vraiment envie d'intervenir dans cet établissement. Et ils me disent « Bon ben, on vous rappellera. » Très très grand établissement qui accueille des personnes en situation de handicap. Une heure trente de route pour y aller, la même pour le retour. Réunion avec six professionnels. Moi, je suis toute seule. Ça dure des plombes, ça dure trois heures. Tout ça gratos. Puis le directeur me raccompagne à ma voiture, sans les autres, bien sûr, et il me dit, écoutez bien, je me rends compte que c'est très, très important, que c'est nécessaire dans notre établissement, mais je ne suis pas prêt. Leçon 11. Ne pas leur en demander trop. Tu prépares des modules avec des thématiques, tu prends du matériel, mais le premier contact, bien sûr, ça part dans tous les sens. Et l'homosexualité est un sujet incontournable. Elle est mineure, elle raconte que tous les soirs après les cours, quand elle rentre chez elle, son père l'attend devant la porte et lui demande si elle est toujours homo. Elle répond oui. Alors, elle doit monter dans sa chambre pour dîner seule. Elle pourra manger avec les autres membres de la famille lorsqu'elle sera hétéro. Au sport, à l'école, avec ses amis, tout le monde sait qu'elle est homo et elle le vit bien. Elle me demande ce que j'en pense et ce qu'elle doit faire. Bon, ben, je lui dis, ce soir, dis que t'es hétéro. Si ton père est assez con pour le croire, au moins tu pourras manger avec ta famille. Elle rigole. Moi, je ris jaune. Je suis triste de ne pas avoir plus à dire ni à faire. On fait le jeu de l'étoile. Vous vous souvenez ? J'en ai parlé dans la partie 1. Elle dit « Ah bon ? Me cracher au visage, c'est de la violence ? Tous les hommes ne le font pas ? » Elle vient en cours alcoolisée. Elle a subi un viol à l'âge de 14 ans. Elle en a 17. Elle tient avec de la vodka. Ce n'est pas la procédure, mais je l'ai en entretien individuel pendant quelques semaines, le temps que la psy ait de la disponibilité. Deux semaines après, j'apprends qu'elle veut arrêter. La psy lui a dit « à 14 ans, tu n'étais plus vierge ? Mais c'est mal ! » Ouais, pas tous les psys. Mais là, t'as vraiment envie d'hurler. Des personnes en situation de handicap, on parle de comportement sexuel transgressif. À la fin d'atelier, il dit qu'il ne reviendra pas car il se comporte mal, qu'il ne mérite pas de venir. « Ben non, mon petit chat, tu vas apprendre des choses. » Et il a assisté à tous les modules. Je l'ai revu il n'y a pas très longtemps et il y a eu beaucoup d'autres comportements transgressifs. Mais il ne faut rien lâcher. Leçon 12. Savoir se remettre en question et dire « je ne sais pas tout » . J'en ai déjà parlé lors de l'épisode 4, mais un matin, en voiture, je me suis dit qu'il fallait que j'adopte une posture plus ouverte pour que les garçons s'autorisent des échanges lors des pauses et des fins d'atelier. Et ça a marché. Peut-être qu'auparavant, je n'étais pas prête à entendre. Ils viennent de Syrie, d'Afghanistan, de Roumanie, d'Ukraine. Ils ne parlent pas très bien le français, mais ils comprennent tout. On parle avortement et je dis, en m'adressant aux jeunes hommes afghans, que j'imagine que l'avortement n'est pas autorisé en Afghanistan. Ils me disent que si. Tous sur nos téléphones, on vérifie, il y a bien une loi qui l'autorise. On parle ensemble des lois et des applications. dans leur pays respectif. C'est le tout début des situations de déni de grossesse. Une personne me demande si une femme peut faire plusieurs dénis de grossesse. Je lui dis que je n'en sais rien, mais qu'a priori je pense que non. Une jeune fille nous raconte ses trois dénis de grossesse. Savoir se taire et dire je ne sais pas. Il a été incarcéré très jeune pour viol. Je l'ai donc vu plusieurs fois, jusqu'à sa majorité. Un jour il me dit, on ne va plus se voir, je passe chez les majeurs. Il me raconte des coutumes sexuelles auprès des garçons que j'ignore totalement. De cette communauté du voyage, j'en sais plus sur les filles que sur les garçons. Je tombe de haut de tout ce qu'il me révèle. Il me dit « Attention madame, c'est secret. La majorité c'est de la violence ou des mutilations sexuelles. » Il me dit que non, c'est sa culture. On en parle. Leçon 13. Laissez un espace de parole sans réponse. Connaissez-vous le jeu de discussion le Qu'en dit on ? Je suis dans un atelier à la PJJ. Nous avons passé une heure trente sur la même carte. Cette carte, c'est « Il lui dit ta mère la pute, il lui démonte la tête » . Acceptable, non acceptable, interdit par la loi, discutable. C'est le jeu. Ce sont uniquement des garçons mineurs et, majoritairement, ils disent « Frappez, pour ça, c'est acceptable » . Les mères, c'est sacré. L'un d'eux dit « Ma mère, c'est une pute, je ne me battrai pas pour elle » . Les autres s'insurgent. Il ajoute « Ma mère se prostituait et quand elle avait un client qui aimait les petits garçons, Elle me prostituait aussi. Un blanc. Ça m'harmonne, ça baisse d'un ton. Un vrai moment de gêne. Un autre dit « Moi, pendant mon sommeil, quand j'avais 5 ans, ma mère a essayé de me tuer en me mettant 3 coups de fourchette. » Reblanc. Et il ajoute « C'est la personne que j'aime le plus au monde, même si elle ne m'aime pas. » C'est ça aussi les ateliers sur la vie affective et sexuelle. a la cinquante ans un handicap modéré j'utilise le très ancien support vidéo mais tellement efficace la sexualité pas à pas avec des marionnettes elle dit moi je veux un gui c'est une des marionnettes un jeune trisomique qui d'habitude ne parle jamais lui dit t'en as pas besoin et il montre sa main qu'il fait tourner comme une marionnette. J'étais certaine que sa présence n'était que physique. Eh bien non. Cette misère sexuelle chez les personnes en situation de handicap. Leçon 14, oser. Nous sommes à la fin d'un module de plusieurs heures sur plusieurs mois chez des personnes en situation de handicap. Lors du dernier module, je leur demande « Qui aimerait avoir des enfants ? » Les réponses sont franches et directes. Et réfléchis. J'essaie de savoir s'ils répètent comme des perroquets, mais j'entrevois que les réponses données correspondent bien à leur personnalité. Je les ai revues l'année dernière. L'intervention avait eu lieu il y a 15 ans. Ils avaient tant de souvenirs de nos ateliers, je ne pensais pas qu'ils s'en souviendraient. Ils m'ont dit « c'était bien quand on a parlé des bébés » . Le papa vient au centre social lors de la rencontre d'informations sur les ateliers. Ce papa me dit « je suis musulman » . Je veux que vous m'expliquiez le programme. Je ne lui cache rien. Je lui montre des outils de discussion, les supports. Transparence totale. Oui, mais vous savez, dans ma religion... Et là, je lui dis, je vous coupe. Vous savez, les hormones ne savent pas que votre fils est musulman. Le père sourit. J'ai tant d'autres anecdotes à partager. Ce qui m'amène à la leçon 15. La dernière de ce podcast, mais pas la dernière tout court. Leçon 15, être généreuse. En ce moment, ça bouge. Ça bougeait aussi il y a 20 ans. Ça bouge lentement, mais sûrement. L'outil de discussion, la vidéo, ne fait pas tout. Des supports de discussion, des films et des vidéos ne servent à rien si on ne sait pas pourquoi l'éducation à la vie affective et sexuelle est importante. Et toutes ces raisons sont mises en avant dans les programmes que je vois fleurir et être partagés. Mais n'oubliez pas que l'expérience ça compte. Pour ma part, je partage depuis bien longtemps, en étant formatrice et superviseuse, et depuis peu par ce podcast et mes articles dans le GHI, le journal gratuit de Genève, ainsi que dans mon Insta et surtout, surtout, mes supervisions individuelles et institutionnelles. Pour mes quelques années encore à travailler, j'ai vraiment envie de faire gagner du temps, de vous faire gagner du temps en expérience, pour vous toutes les personnes qui animez des ateliers sur la vie affective et sexuelle. Je ne peux être généreuse que si vous êtes prêt et prête à recevoir. Alors, n'hésitez pas à réserver un créneau de supervision individuelle ou institutionnelle, en présentiel en Suisse, en Suisse romande, ou en visio dans les pays francophones. Si cet épisode vous a parlé, vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à laisser un commentaire ou à me poser vos questions. On se retrouve très bientôt, le 14 juillet, ou alors... pour tout l'été, car j'ai des envies de changement de format et des surprises. D'ici là, prenez soin de vous. Et lorsque vous verrez des articles, une actualité sur l'éducation, la vie effective et sexuelle, pensez à toutes ces situations. Et souvenez-vous qu'à chaque podcast, un jeu concours est associé. À chaque fois, un joli lot. Tentez votre chance. Pour cela, abonnez-vous à mon compte Insta. Abonnez-vous au podcast, c'est gratuit. Et partagez-le. Ça me ferait plaisir. Je suis sûre qu'à vous aussi.

Description

✨ 🎙️ Parlons Cul-ture – On m'appelle Mme Sexe : 15 leçons sur l'EARS (partie 2)


Épisode 5, on m'appelle Madame Sexe, 15 leçons sur l'éducation à la vie affective et relationnelle, deuxième partie. Leçon 7, savoir saisir les opportunités. Il y a des situations qui tombent du ciel. J'en ai deux à peu près similaires et qui sont des opportunités à saisir. Et parfois, je me suis demandé s'il n'y avait pas une caméra cachée ou si l'établissement qui m'accueillait n'était pas en train de me piéger. Ça fait un peu parano, je sais.


C'est un groupe de garçons. Comme à l'accoutumée, ils parlent des vêtements des filles et des femmes. Des strings, des jupes courtes, des chemisiers transparents, blablabla, le sexisme habituel. Un participant essaie de modérer les propos en argumentant sur le fait qu'il y a des hommes qui portent des jupes. Il précise des écossais. Ça en fait rire certains. Bon, on peut le dire, ils se moquent. Nous sommes dans les Vosges, j'imagine qu'il n'y a pas beaucoup d'Écossais. Et là, chose improbable, on voit passer devant la fenêtre un homme en kit. Silence. Ils me regardent tous, persuadés que j'y suis pour quelque chose. Ben non.


Seconde situation...


Parlons Cul-ture, c’est le podcast qui répond sans détour aux questions les plus intimes, celles que l'ont me pose dans la rubrique sexo du journal gratuit le GHI à Genève – lu par 220 000 lecteurs.
Forte de mes 20 ans d’expérience en tant que sexologue et formatrice en santé sexuelle en France, j'aime mêler expertise et humour pour vous guider à travers les méandres de la sexualité.

L’histoire commence en 2020, quand je pose mes valises à Genève. Mais pas tout à fait… Entre 2020 et 2024, je fais des allers-retours entre la France et Genève pour achever mes engagements pris avec des institutions. Le 31 décembre 2024, après deux décennies de consultations, de formations et de conférences, je décide de fermer la porte de mon cabinet français et de mes activités en France.

Enfin… c’est ce que je croyais.

L’aventure démarre le 14 février et dans l’épisode #1, je vous explique pourquoi cette date n’a rien d’anodin.

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Transcription

  • Speaker #0

    Épisode 5, on m'appelle Madame Sexe, 15 leçons sur l'éducation à la vie affective et relationnelle, deuxième partie. Leçon 7, savoir saisir les opportunités. Il y a des situations qui tombent du ciel. J'en ai deux à peu près similaires et qui sont des opportunités à saisir. Et parfois, je me suis demandé s'il n'y avait pas une caméra cachée ou si l'établissement qui m'accueillait n'était pas en train de me piéger. Ça fait un peu parano, je sais. C'est un groupe de garçons. Comme à l'accoutumée, ils parlent des vêtements des filles et des femmes. Des strings, des jupes courtes, des chemisiers transparents, blablabla, le sexisme habituel. Un participant essaie de modérer les propos en argumentant sur le fait qu'il y a des hommes qui portent des jupes. Il précise des écossais. Ça en fait rire certains. Bon, on peut le dire, ils se moquent. Nous sommes dans les Vosges, j'imagine qu'il n'y a pas beaucoup d'Écossais. Et là, chose improbable, on voit passer devant la fenêtre un homme en kit. Silence. Ils me regardent tous, persuadés que j'y suis pour quelque chose. Ben non. Seconde situation, je suis en déplacement professionnel et à l'hôtel, j'en profite pour regarder la télé. Car je ne la regarde plus depuis très très longtemps. Je vois une pub sur la crème Nivea avec l'équipe de foot du PSG. Donc c'est en 2016. Je sais, j'ai vérifié. Le slogan, c'était « La crème des hommes » . Il y a un joueur qui se mettait de la crème sur le visage et dans mes souvenirs, sur ses coudes. J'ai peut-être inventé ça parce que je l'ai retrouvé et je n'ai pas vu le geste de la crème sur les coudes. Mais ça semble quand même un souvenir vrai. Le lendemain. Je commence l'intervention dans une maison d'arrêt. Au cours d'une discussion, je leur raconte que j'ai vu cette pub, que je trouve que l'on progresse en termes de soins corporels pour les hommes. Et là, c'est magistral. Il y en a un, un pas commode, qui dit « Moi, quand je vais en boîte, je me mets du mascara. » Les autres se moquent et bien sûr, il y en a bien pour dire « Ah, t'es pédé ! » Il rétorque sans se fâcher. Ben non, le mascara, ça me fait des super yeux. un vrai beau gosse avec mes cils longs je le soutiens bien sûr un autre en profite pour dire moi quand je sors je mets du fond de teint pour cacher mes boutons et il enchaîne tu crois quoi toi les fouteux ils sont maquillés quand ils passent à la télé et là chacun y va de ses astuces beautés moi je m'efface dans ces moments-là je savoure à la fin de l'intervention l'un d'eux me demande si je peux demander au surveillant s'il peut cantiner un lisseur j'en doute mais je lui dis que je vais demander c'est non Le lendemain, il me demande si je peux lui apporter des élastiques pour ses cheveux. Il aime bien les attacher. Le surveillant est OK. Ça a été une semaine très, très riche d'échanges.

  • Speaker #1

    Sur le terrain, tu prends soin de viser l'excellence, de te surpasser. Tu prends soin de ton équipe. Prends aussi soin de ta peau, de ton épiderme. Hydrate la peau, apaise les irritations.

  • Speaker #0

    Nous sommes dans un CER, un centre éducatif renforcé. C'est uniquement des garçons. Ils sont très agités. Il y a eu une descente de police et une fouille dans leur chambre juste avant mon intervention. Il est 21h environ. Nous sommes attablés dans la cuisine. Je bois au goulot dans ma bouteille d'eau minérale. Et là, un jeune homme, environ 16 ans, me dit « Pas gêné, madame. Vous prenez votre pilule devant nous. » Je suis étonnée, évidemment. Et il persiste. « Ouais, ouais, ma copine aussi, elle fait comme vous. » Là, ses potes le regardent avec un air interrogatif. La marque de l'eau est ultra connue. Impossible qu'ils confondent. Et là, je lui dis « Tu sais très bien que c'est de l'eau, juste de l'eau. Mais parler de sexualité à 21h avec une sexologue devant tes potes, c'est hyper perturbant. Je pense que tu perds tous tes repères et je te comprends. » Et j'enchaîne sur... leurs souvenirs d'intervention lorsqu'ils étaient scolarisés, aucun n'en a eu. Soit ils avaient trop honte d'y aller et ils se sont arrangés pour se faire virer du cours. Certains en ont été privés, comme une punition. D'autres ne sont même pas allés à l'école suffisamment longtemps pour bénéficier d'un atelier vie affective et sexuelle. Ne me demandez pas comment c'est possible, mais c'est la pure vérité. Je leur propose de rattraper le temps perdu. Ce jour-là, ils adhèrent totalement. Les autres fois, pas toujours. mais parfois ils sont hyperdispos. C'est très fragile des interventions sur une période donnée. C'est un cours un peu spécial. Il est filmé pour un documentaire. Ils sont toujours plus calmes dans ces conditions. Après 30 minutes, l'équipe de tournage part, mais elle nous laisse les micros. Ni eux ni moi n'avons pensé au fait que nous les avions toujours. Un jeune homme explique, hors caméra, que son père a quitté sa mère pour un homme. Il respecte le choix de son père. Il le voit bien plus heureux depuis. Un autre parle de l'homosexualité de sa sœur, que ses parents ont rejeté leur fille. Ils souffrent de cette intolérance. Je me joue l'avocat du diable et je lui dis que ses parents ont été élevés dans la peur de l'autre, de la différence, blablabla. Et là, il me dit, très fâché, mes grands-parents étaient racistes, pas mes parents. Donc, ils ont eu la capacité d'évoluer. Eh bien, c'est pareil pour l'homosexualité, qu'ils évoluent. Ok, moi j'aime bien quand il y a de l'argumentation. Fin du cours, ensuite, j'apprends que toute l'équipe a entendu nos échanges. Ils ne peuvent rien en faire car ils étaient sortis de la salle, mais ils sont très heureux d'y avoir assisté. Leçon numéro 8, avoir du répondant. On brainstorm et il y a le mot cunnilingus. Un jeune d'environ 20 ans demande ce que c'est. Un second lui explique et lui dit qu'il adore ça. Le premier prend un air dégoûté. Un troisième lui dit, bah c'est pas plus dégoûtant qu'une fellation. Moi, quand ils se mettent à débattre avec respect, Je les laisse faire. J'interviendrai si le ton monte. Le premier dit « Moi, je suis musulman. Quand je serai mariée, ma femme ne me fera pas de fellation. Car quand même, elle va embrasser nos enfants. Faut du respect. » Une jeune fille lui demande « Donc, quand tu seras mariée, finis les fellations ? » Fier de lui, il dit « Ben non, j'irai chez les putes. Là, je sens qu'il y a de l'électricité dans l'air. » C'est le moment d'intervenir. je sens que ça peut chauffer eh bien pas du tout calmement le second lui dit un musulman chez les putes franchement c'est mieux de le faire avec ta femme et la fille qui s'était peu exprimée rétorque en plus ça veut dire que tu respectes pas la pute elle aussi elle a peut-être des enfants ah quand l'espace est sécurisé ça donne des choses intéressantes dans cette structure Ils avaient 21 heures d'atelier en 7 mois. Le temps, c'est important. C'est une conférence dans un lycée français. Un immense amphithéâtre. Ils sont bien une centaine. C'est sous la forme d'une conférence, puis un temps de questions-réponses. Le titre de la conférence ? Pornographie, éducation ou danger ? Rien que ça. 40 minutes plus tard, je leur demande si quelqu'un a une question. Un courageux, si j'ose dire, me demande... Pourquoi alors que vous êtes sexologue, vous portez un legging comme les actrices porno ? Et là, je lui dis que c'est peut-être les actrices porno qui s'habillent comme moi. Je poursuis que je trouve que sa question est intéressante, car elle montre les biais du porno. Le risque de ne plus faire la part des choses entre la fiction et la réalité, les codes de séduction et les codes du porno. S'en est suivi de très belles discussions. A la fin de la conférence, le garçon est venu s'excuser. Et en fait, il a été le moteur de nombreux échanges. C'est une aubaine pour moi. 1, 2, 1, 2, vous m'entendez ? On peut commencer ? Leçon numéro 9, ne pas avoir peur de répéter plusieurs fois. Il est au quartier mineur, il est là pour viol, il nie. Il se coltine quatre fois les mêmes interventions avec moi. Et un jour, avec un outil de discussion sur les agressions sexuelles, l'outil ça dérape, il dit Oh mais c'est ce que j'ai fait ! » Il tombe de sa chaise et il se casse le poignet. Il a agressé sexuellement ses frères et sœurs. Les co-détenus pensent qu'il est là pour homophobie. Je le verrai trois fois. La première, il est dans son rôle d'homophobe. La seconde, il dit « Moi, je dis rien, sinon vous allez m'allumer » . La troisième fois, le discours a changé, même s'il y a encore beaucoup, beaucoup de chemin à faire. Une femme adulte en situation de handicap. Elle vit en foyer et a une quarantaine d'années. Elle utilise une bouteille d'eau en verre comme sextoy. C'est hyper dangereux. Avec sa référence, elle achète un vibromasseur. Mais quelques mois plus tard, on constate qu'elle a toujours sa bouteille en verre. Elle nous dit que c'est pour chez elle quand elle retourne chez ses parents. Alors on travaille pour voir de quelle manière elle peut utiliser son accessoire chez ses parents tout en respectant son intimité. L'intimité dans le monde du handicap, c'est un gros travail à f...

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    On me prévient, il est hyperactif. Il n'arrive pas à rester en place, me dit-on. Il a tout juste 9 ans. Il a agressé sexuellement son voisin de 6 ans. Pendant la journée, il n'a quasiment pas bougé de sa place. À un moment, il a demandé pour aller aux toilettes avant la pause, car il ne tenait plus. Il m'a dit « Je vais vite, vous ne parlez pas, vous m'attendez. » Les autres sont plus âgés que lui, mais ça ne le dérange pas. Il pose mille questions. En fin de journée, il me dit « Oh, mais il faut raconter tout ça, madame. Il faut le dire à tout le monde. J'ai appris plein de choses. » Trois ans plus tard, un lycée agricole me contacte. Depuis trois ans, un élève l'éthane pour me faire intervenir. Vu la région, je crois comprendre que c'est lui. Dans l'établissement, il y a eu des incidents. Le jeune en question n'est pas concerné, mais il est revenu à la charge. L'établissement veut me faire intervenir et nous avons travaillé ensemble pendant plusieurs années. La direction m'a raconté que chaque année, il revenait à la charge pour que j'intervienne. Ah, chez les plus âgés ! La question de la sodomie vient souvent sur le tapis. Lors du dernier module, un jeune homme me dit « Bon, pour être sûre, madame, je résume ce que vous avez dit. C'est pas interdit et c'est pas obligatoire. Si elle veut, on peut. Si elle veut pas, on fait pas. Faut bien se protéger, se préparer. Et les hommes, comme les femmes, ont le même anus. Donc, vous me comprenez. Et on peut dire oui un jour et non un autre. C'est bien ça ? » Parler de la sexualité, c'est plus simple qu'on croit, mais c'est quand même important d'en parler. Merci, merci madame. Leçon 10. Faire remonter ce qui est interdit au donneur d'ordre, celui qui vous paye, quitte à perdre des contrats. Un garçon me raconte en privé que sa mère entre dans sa chambre toutes les 15 minutes pour vérifier et l'empêcher de se masturber. Il me dit que son père, l'ayant quitté pour un homme, elle a peur que son fils devienne... homosexuels à cause de la masturbation. J'en parle à la direction et ils me disent que ça ne nous regarde pas, que je ne suis pas payée pour ça. Ok, ben on va s'arrêter là alors. Lors de l'intervention, elles sont plusieurs filles très fâchées. Elles me testent. Dans leur règlement scolaire, il est interdit aux couples de filles de s'embrasser. Le lycée est accolé au collège et la direction a peur de l'incitation ou que les collégiens soient choqués, surtout les sixièmes. Les couples hétéros n'ont pas cette interdiction. Elles me demandent si je trouve ça normal. Je leur dis que c'est interdit par la loi de leur interdire de s'embrasser, alors que les couples hétérosexuels le peuvent. Ça s'appelle de la discrimination. Le règlement ne peut pas être plus restrictif que la loi. L'enseignant m'interrompt, il me dit que ce n'est pas si simple, que je ne connais pas le contexte. Ok, ben on va s'arrêter là alors. J'aime bien leur raconter des histoires. J'en invente une. Ou une fille de 15 ans sort avec un homme de 40 ans. Il la trouve mature, différente des autres. Il veut coucher, pas elle. Il la traite de gamine, elle en parle à ses copines, qui ont des avis différents. Certaines sont toutes excitées et d'autres horrifiées. Mais elle le fait, car il la menace de la quitter. Qu'il est déçu, car il pensait qu'elle l'aimait, et des filles, il y en a plein. Elle y va, et ça se passe mal. En fin de cours, une jeune fille me raconte que c'est exactement son histoire. Elle me demande ce qu'elle doit faire. Un enseignant voit que nous discutons toutes les deux. Il intervient dans la discussion et me dit « Ah mais non, ce n'est pas vraiment la même histoire » . Il regarde la fille et lui dit « Ton copain, il est bien gendarme » . Elle blémit. Elle est surprise qu'il le sache. Heureusement, c'est un établissement où je suis souvent retournée et j'ai pu rediscuter avec elle de manière plus sécurisée. C'est une histoire de fellation filmée. Les deux garçons ont diffusé la vidéo à l'insu de la fille. L'établissement a renvoyé la fille. Pour la protéger contre les rumeurs, me disent-ils. Waouh ! Bon ben, on va s'arrêter là ? Non, non, s'il vous plaît, on ne veut plus faire ce genre d'erreur. Ça sera une belle collaboration ensuite. Un établissement scolaire privé. Deux heures à discuter sur les modalités, les zones horaires, les dates. Puis, un peu avant de partir, la direction me dit « Ah oui, vous pourrez parler de tout, sauf de la masturbation. » Ah ben non, s'ils en parlent, j'en parlerai. Là, je ne dis pas bye bye tout de suite parce que j'ai vraiment envie d'intervenir dans cet établissement. Et ils me disent « Bon ben, on vous rappellera. » Très très grand établissement qui accueille des personnes en situation de handicap. Une heure trente de route pour y aller, la même pour le retour. Réunion avec six professionnels. Moi, je suis toute seule. Ça dure des plombes, ça dure trois heures. Tout ça gratos. Puis le directeur me raccompagne à ma voiture, sans les autres, bien sûr, et il me dit, écoutez bien, je me rends compte que c'est très, très important, que c'est nécessaire dans notre établissement, mais je ne suis pas prêt. Leçon 11. Ne pas leur en demander trop. Tu prépares des modules avec des thématiques, tu prends du matériel, mais le premier contact, bien sûr, ça part dans tous les sens. Et l'homosexualité est un sujet incontournable. Elle est mineure, elle raconte que tous les soirs après les cours, quand elle rentre chez elle, son père l'attend devant la porte et lui demande si elle est toujours homo. Elle répond oui. Alors, elle doit monter dans sa chambre pour dîner seule. Elle pourra manger avec les autres membres de la famille lorsqu'elle sera hétéro. Au sport, à l'école, avec ses amis, tout le monde sait qu'elle est homo et elle le vit bien. Elle me demande ce que j'en pense et ce qu'elle doit faire. Bon, ben, je lui dis, ce soir, dis que t'es hétéro. Si ton père est assez con pour le croire, au moins tu pourras manger avec ta famille. Elle rigole. Moi, je ris jaune. Je suis triste de ne pas avoir plus à dire ni à faire. On fait le jeu de l'étoile. Vous vous souvenez ? J'en ai parlé dans la partie 1. Elle dit « Ah bon ? Me cracher au visage, c'est de la violence ? Tous les hommes ne le font pas ? » Elle vient en cours alcoolisée. Elle a subi un viol à l'âge de 14 ans. Elle en a 17. Elle tient avec de la vodka. Ce n'est pas la procédure, mais je l'ai en entretien individuel pendant quelques semaines, le temps que la psy ait de la disponibilité. Deux semaines après, j'apprends qu'elle veut arrêter. La psy lui a dit « à 14 ans, tu n'étais plus vierge ? Mais c'est mal ! » Ouais, pas tous les psys. Mais là, t'as vraiment envie d'hurler. Des personnes en situation de handicap, on parle de comportement sexuel transgressif. À la fin d'atelier, il dit qu'il ne reviendra pas car il se comporte mal, qu'il ne mérite pas de venir. « Ben non, mon petit chat, tu vas apprendre des choses. » Et il a assisté à tous les modules. Je l'ai revu il n'y a pas très longtemps et il y a eu beaucoup d'autres comportements transgressifs. Mais il ne faut rien lâcher. Leçon 12. Savoir se remettre en question et dire « je ne sais pas tout » . J'en ai déjà parlé lors de l'épisode 4, mais un matin, en voiture, je me suis dit qu'il fallait que j'adopte une posture plus ouverte pour que les garçons s'autorisent des échanges lors des pauses et des fins d'atelier. Et ça a marché. Peut-être qu'auparavant, je n'étais pas prête à entendre. Ils viennent de Syrie, d'Afghanistan, de Roumanie, d'Ukraine. Ils ne parlent pas très bien le français, mais ils comprennent tout. On parle avortement et je dis, en m'adressant aux jeunes hommes afghans, que j'imagine que l'avortement n'est pas autorisé en Afghanistan. Ils me disent que si. Tous sur nos téléphones, on vérifie, il y a bien une loi qui l'autorise. On parle ensemble des lois et des applications. dans leur pays respectif. C'est le tout début des situations de déni de grossesse. Une personne me demande si une femme peut faire plusieurs dénis de grossesse. Je lui dis que je n'en sais rien, mais qu'a priori je pense que non. Une jeune fille nous raconte ses trois dénis de grossesse. Savoir se taire et dire je ne sais pas. Il a été incarcéré très jeune pour viol. Je l'ai donc vu plusieurs fois, jusqu'à sa majorité. Un jour il me dit, on ne va plus se voir, je passe chez les majeurs. Il me raconte des coutumes sexuelles auprès des garçons que j'ignore totalement. De cette communauté du voyage, j'en sais plus sur les filles que sur les garçons. Je tombe de haut de tout ce qu'il me révèle. Il me dit « Attention madame, c'est secret. La majorité c'est de la violence ou des mutilations sexuelles. » Il me dit que non, c'est sa culture. On en parle. Leçon 13. Laissez un espace de parole sans réponse. Connaissez-vous le jeu de discussion le Qu'en dit on ? Je suis dans un atelier à la PJJ. Nous avons passé une heure trente sur la même carte. Cette carte, c'est « Il lui dit ta mère la pute, il lui démonte la tête » . Acceptable, non acceptable, interdit par la loi, discutable. C'est le jeu. Ce sont uniquement des garçons mineurs et, majoritairement, ils disent « Frappez, pour ça, c'est acceptable » . Les mères, c'est sacré. L'un d'eux dit « Ma mère, c'est une pute, je ne me battrai pas pour elle » . Les autres s'insurgent. Il ajoute « Ma mère se prostituait et quand elle avait un client qui aimait les petits garçons, Elle me prostituait aussi. Un blanc. Ça m'harmonne, ça baisse d'un ton. Un vrai moment de gêne. Un autre dit « Moi, pendant mon sommeil, quand j'avais 5 ans, ma mère a essayé de me tuer en me mettant 3 coups de fourchette. » Reblanc. Et il ajoute « C'est la personne que j'aime le plus au monde, même si elle ne m'aime pas. » C'est ça aussi les ateliers sur la vie affective et sexuelle. a la cinquante ans un handicap modéré j'utilise le très ancien support vidéo mais tellement efficace la sexualité pas à pas avec des marionnettes elle dit moi je veux un gui c'est une des marionnettes un jeune trisomique qui d'habitude ne parle jamais lui dit t'en as pas besoin et il montre sa main qu'il fait tourner comme une marionnette. J'étais certaine que sa présence n'était que physique. Eh bien non. Cette misère sexuelle chez les personnes en situation de handicap. Leçon 14, oser. Nous sommes à la fin d'un module de plusieurs heures sur plusieurs mois chez des personnes en situation de handicap. Lors du dernier module, je leur demande « Qui aimerait avoir des enfants ? » Les réponses sont franches et directes. Et réfléchis. J'essaie de savoir s'ils répètent comme des perroquets, mais j'entrevois que les réponses données correspondent bien à leur personnalité. Je les ai revues l'année dernière. L'intervention avait eu lieu il y a 15 ans. Ils avaient tant de souvenirs de nos ateliers, je ne pensais pas qu'ils s'en souviendraient. Ils m'ont dit « c'était bien quand on a parlé des bébés » . Le papa vient au centre social lors de la rencontre d'informations sur les ateliers. Ce papa me dit « je suis musulman » . Je veux que vous m'expliquiez le programme. Je ne lui cache rien. Je lui montre des outils de discussion, les supports. Transparence totale. Oui, mais vous savez, dans ma religion... Et là, je lui dis, je vous coupe. Vous savez, les hormones ne savent pas que votre fils est musulman. Le père sourit. J'ai tant d'autres anecdotes à partager. Ce qui m'amène à la leçon 15. La dernière de ce podcast, mais pas la dernière tout court. Leçon 15, être généreuse. En ce moment, ça bouge. Ça bougeait aussi il y a 20 ans. Ça bouge lentement, mais sûrement. L'outil de discussion, la vidéo, ne fait pas tout. Des supports de discussion, des films et des vidéos ne servent à rien si on ne sait pas pourquoi l'éducation à la vie affective et sexuelle est importante. Et toutes ces raisons sont mises en avant dans les programmes que je vois fleurir et être partagés. Mais n'oubliez pas que l'expérience ça compte. Pour ma part, je partage depuis bien longtemps, en étant formatrice et superviseuse, et depuis peu par ce podcast et mes articles dans le GHI, le journal gratuit de Genève, ainsi que dans mon Insta et surtout, surtout, mes supervisions individuelles et institutionnelles. Pour mes quelques années encore à travailler, j'ai vraiment envie de faire gagner du temps, de vous faire gagner du temps en expérience, pour vous toutes les personnes qui animez des ateliers sur la vie affective et sexuelle. Je ne peux être généreuse que si vous êtes prêt et prête à recevoir. Alors, n'hésitez pas à réserver un créneau de supervision individuelle ou institutionnelle, en présentiel en Suisse, en Suisse romande, ou en visio dans les pays francophones. Si cet épisode vous a parlé, vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à laisser un commentaire ou à me poser vos questions. On se retrouve très bientôt, le 14 juillet, ou alors... pour tout l'été, car j'ai des envies de changement de format et des surprises. D'ici là, prenez soin de vous. Et lorsque vous verrez des articles, une actualité sur l'éducation, la vie effective et sexuelle, pensez à toutes ces situations. Et souvenez-vous qu'à chaque podcast, un jeu concours est associé. À chaque fois, un joli lot. Tentez votre chance. Pour cela, abonnez-vous à mon compte Insta. Abonnez-vous au podcast, c'est gratuit. Et partagez-le. Ça me ferait plaisir. Je suis sûre qu'à vous aussi.

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