- Speaker #0
Alors nous partons aujourd'hui à la découverte d'une artiste française reconnue internationalement dans le monde musical du jazz à la fois musicienne, chanteuse, compositrice, autrice, interprète Camille Berthoud, bonjour !
- Speaker #1
Bonjour !
- Speaker #0
Et merci de faire partie de cette belle aventure qu'est Parole de Femme Avant de commencer, Camille, alors si tu étais une émotion Un plat de ton enfance et un film, lequel serais-tu ?
- Speaker #1
Alors, une émotion, ce serait l'impatience. Un plat de mon enfance, je dirais... Le pain perdu.
- Speaker #0
Ah oui, je valide.
- Speaker #1
Excuse-moi, le troisième...
- Speaker #0
Le film, on tourne, alors aujourd'hui on... On enregistre ce podcast, on est le 14 mars et c'est l'ouverture du festival de Cannes aujourd'hui. D'où ma question.
- Speaker #1
Si j'étais un film, je pense certains l'aiment chaud, Billy Wilder.
- Speaker #0
C'est une inspiration ?
- Speaker #1
Beaucoup, je pense que c'est un film que j'ai dû voir 150 fois. qui m'a complètement, même si quand j'étais toute petite je ne comprenais pas forcément, mais j'ai tout de suite aimé l'ambiance, le côté musical, Marilyn Monroe, l'humour, l'esprit. Voilà.
- Speaker #0
Deux, trois, quatre lectures, finalement quatre niveaux différents. Oui. C'est un peu ce que t'es. Le plan de l'enfance, qui c'est qui faisait le pain pervu ?
- Speaker #1
Le pain perdu.
- Speaker #0
Pourquoi le pain perdu ?
- Speaker #1
C'est marrant parce que ça m'est venu comme ça. Maintenant, je ne mange plus de pain depuis assez longtemps. Donc du coup, je pense que c'est aussi pour ça que ça m'est revenu. Parce que ça appartient vraiment à l'enfance. Mais on faisait ça au goûter. Ma mère me faisait ça au goûter. Je me souviens. Voilà. Je suis née à Paris. J'ai vécu en Normandie, dans l'Orne.
- Speaker #0
Donc du pain perdu et une émotion. La patience, c'est drôle.
- Speaker #1
L'impatience. Ah,
- Speaker #0
l'impatience.
- Speaker #1
Pas la patience, l'impatience. Ah oui, non, moi je suis tout le contraire. Ah oui,
- Speaker #0
tu es tout le contraire de la patience.
- Speaker #1
C'est vrai. Du coup, tu devais être surprise.
- Speaker #0
C'est pour ça que je te reprenais. Je me disais, tiens, la patience, l'impatience.
- Speaker #1
L'impatience.
- Speaker #0
D'accord. C'est ce qui te caractérise ?
- Speaker #1
Je pense qu'il y a beaucoup d'autres choses qui me caractérisent. Je pourrais dire... Oui, l'envie, parce qu'une émotion, le côté aventureux, mais ce n'est pas vraiment une émotion.
- Speaker #0
C'est une émotion que tu ressens. Non, l'impatience, c'est bien.
- Speaker #1
Je suis vraiment quelqu'un de très impatient, mais je trouve que ça a deux côtés. Enfin, il y a un côté vraiment négatif, si je puis dire, et positif aussi. C'est aussi un élan vital.
- Speaker #0
C'est une force.
- Speaker #1
Moi,
- Speaker #0
je trouve que c'est ce qui fait qu'on n'abandonne pas l'impatience. C'est ce qui fait qu'on pousse les choses, l'impatience.
- Speaker #1
Oui, je pense.
- Speaker #0
En descente des montagnes.
- Speaker #1
Je pense. Je pense que l'impatience est à l'origine de beaucoup de mouvements.
- Speaker #0
Dont tu as eu besoin ?
- Speaker #1
Oui, qui font partie finalement de mon vécu et mon quotidien. L'impatience, c'est une forme de fougue. Oui,
- Speaker #0
je te vois faire avec tes mains. Oui, c'est ça. L'impatience pour ne pas rester aussi là où tu es. L'impatience pour aller toujours. Tu cherches plus loin ce que tu...
- Speaker #1
Grandir, avancer, chercher.
- Speaker #0
Et dans l'impatience, il y a aussi un brin d'aller vite. Beaucoup, beaucoup. Pourtant, il faut de la patience pour réussir dans ton métier.
- Speaker #1
Énormément. Mais justement, c'est un vrai équilibre à trouver entre l'acceptation d'un rythme qui finalement ne dépend pas que de nous. En fait, un rythme qui fait sa vie à côté. Et comme on n'est pas le centre du monde, du coup, on doit accepter ce rythme-là. Et en même temps, pouvoir... C'est ça, c'est vraiment deux énergies. À la fois, on est dans cette fougue et à la fois, on est dans l'acceptation et l'adaptation d'un autre rythme.
- Speaker #0
Je t'entends dire ça, c'est marrant. J'ai une vision vraiment du ying et du yang qui sont obligés de... de s'équilibrer parce que si l'un est trop déséquilibré par rapport à l'autre soit tu forces le destin mais trop et du coup, tu peux braquer les gens. Si tu ne le forces pas assez, en fait, tu restes dans une espèce de stagnation qui finalement n'est pas...
- Speaker #1
Qui laisse passer, exactement.
- Speaker #0
Qui laisse passer, oui. C'est un numéro d'équilibre. Et si on reste dans l'artiste ?
- Speaker #1
C'est vrai. Il y a beaucoup d'écoute. L'écoute est très importante pour tout. Mais je trouve que par rapport à ça, particulièrement pour...
- Speaker #0
L'écoute de soi ?
- Speaker #1
L'écoute de soi, l'écoute justement de... De sentir en fait, de sentir le mouvement, écouter le mouvement. C'est, ouais, je ne sais pas trop comment le décrire, mais...
- Speaker #0
Mais c'est comme si tu écoutais un rythme musical au final.
- Speaker #1
Ouais, c'est ça.
- Speaker #0
C'est ton rythme intérieur que tu dois aussi écouter.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Et le rythme de l'autre. En fait, c'est ça qui est très compliqué, j'imagine, c'est d'arriver à trouver justement le point où les deux vont se réunir pour... pour ne pas aller trop lentement, mais ne pas tomber justement dans le travers de l'impatience, peut-être.
- Speaker #1
C'est vrai.
- Speaker #0
Là, tu nous reçois chez toi, tu me reçois chez toi. C'est vraiment un cocon parisien. On en parlait tout à l'heure, c'est plein d'objets, plein d'émotions liées à plein d'objets. Parce que tu parcours le monde, c'est important pour toi d'avoir un point d'ancrage parisien ou ailleurs. Mais c'est à Paris, Paris c'est chez toi, c'est ton point de... tu te recentres ici ?
- Speaker #1
Oui, pour l'instant. Je ne sais pas si ce sera le cas encore dans dix ans. Mais c'est vrai que j'ai besoin d'un nid. Et j'ai tout fait pour que cet endroit-là, il se trouve que c'est à Paris. c'est vrai, mais c'est très silencieux et c'est vrai que moi il me fallait vraiment on est au dernier étage il faut que je me retrouve vraiment dans un nid cocon et cet endroit là correspond, donc je sais pas si je serai à Paris encore si ce sera centralisé à Paris dans 10 ans mais là c'est vrai que ça me convient bien de pouvoir, de savoir qu'il y a un endroit où je pose les pieds
- Speaker #0
Quand on voyage énormément, on se perd parfois dans tous tes voyages. Comment tu fais pour arriver à te retrouver toi ? On a l'impression que tu es... C'est vrai, parfois tu passes même de pays en pays, c'est-à-dire que tu es plus sur un format de ville en ville. Mais moi, je te suis et parfois tu sautes même de pays en pays. Oui. C'est...
- Speaker #1
C'est très éprouvant. Oui,
- Speaker #0
plaisant que ça soit. C'est la vie que tu as choisie. Mais physiquement, émotionnellement, j'imagine que ça demande quand même un sacré travail.
- Speaker #1
Oui. Alors, moi, je pense que c'est sûr, ça demande beaucoup de travail. En même temps, ça me correspond tellement parce que je suis quelqu'un de très... J'ai vraiment un côté double. C'est-à-dire que je suis très aventureuse, j'adore quand il y a énormément d'émotions, de rencontres, etc. Et puis j'ai aussi tout le contraire. J'aime beaucoup le silence, j'aime beaucoup être très tranquille dans un endroit sécurisé. Donc comme j'ai ces deux aspects très extrêmes, je peux les vivre avec mon métier. Donc quelque chose de haut en couleur et à la fois le calme absolu. J'ai vachement besoin de ces deux aspects pour me sentir bien. Et donc, c'est éprouvant, mais ce serait beaucoup plus éprouvant si je devais faire quelque chose qui me ressemble moins. Si je devais, par exemple, tous les jours aller à un endroit que je connais, c'est quelque chose, je pense, qui serait beaucoup plus éprouvant pour moi.
- Speaker #0
Mais du coup, tu retrouves ton équilibre en étant dans un lieu où finalement tu... que tu as créé à ton image et du coup, c'est comme si toutes tes énergies se retrouvaient.
- Speaker #1
Oui, oui, complètement.
- Speaker #0
Quand on arrive ici, alors effectivement, c'est redoutablement calme. Mais en plus de ça, quand on entre, c'est comme si on entrait vraiment, alors pour le coup, à l'intérieur de toi, il n'y a pas une parcelle de cet appartement qui ne raconte pas une histoire. Et même sans connaître l'histoire, on sait qu'en fait, l'histoire, c'est comme si ça flottait autour de toi. dans l'atmosphère donc c'est peut-être ça finalement qui arrive à te c'est là où tu te recentres
- Speaker #1
Très possible. Après, c'est vrai que j'ai mis tous mes trésors. Donc, depuis que je suis toute petite, ma chambre, c'était comme ça aussi. Ma chambre d'adolescente, j'ai tout repeint. Il y avait plein d'objets. Finalement, c'est...
- Speaker #0
L'objet est important pour toi.
- Speaker #1
L'objet est très important, la couleur. La couleur. J'ai besoin qu'il y ait beaucoup, beaucoup de couleurs. Je dis moi, que ce soit... pas forcément très rangé, j'ai besoin du désordre de la vie. Je me sens entourée par plein de petits personnages.
- Speaker #0
Oui, tu es vivante. Oui. C'est vivre, finalement.
- Speaker #1
Oui, complètement. Je me réfère souvent quand j'étais petite, mais quand j'étais petite, je... Je jouais beaucoup avec plein de petits personnages, j'adorais mettre en scène. J'ai ce truc de mise en scène qui reste, même qu'on peut voir dans mes chansons. J'aime beaucoup sentir que j'ai plein de petits personnages que je mets en scène et qui sont là, là, là, il y en a un que j'ai mis au-dessus, il y en a un que j'ai mis là. Presque, ils me parlent. Oui,
- Speaker #0
c'était la famille.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
c'est ça. C'est ça. C'est marrant cette ambivalence finalement que tu portes en toi. Justement, tu parles de la petite fille. Elle était comment la petite Camille ?
- Speaker #1
La petite Camille, elle était très ouverte, très joyeuse, beaucoup de bonheur. Elle aimait tout. tout. Elle aimait danser, elle aimait faire du théâtre, elle aimait faire de la musique. Enfant hypersensible, vraiment, vrai de vrai. Très, très... Voilà, très, très, très près de ses émotions. À rire, à pleurer, à... Moi, j'ai vraiment cette sensation que j'ai toujours, d'ailleurs, d'être très proche de... de mes émotions, les ressentir très...
- Speaker #0
Et les vivre.
- Speaker #1
Oui, et très fort. Faut, des fois, j'aurais pu m'en passer, mais ressentir les choses de manière très, très frontale. Mais alors, du coup, très rêveuse aussi. C'est le côté rêveur. Mais finalement, je suis pas mal la même que quand j'étais enfant. Je ne vois pas tant de... Tant de différences.
- Speaker #0
Tu as gardé cette joie ?
- Speaker #1
J'ai gardé cette joie avec quelque chose de plus dark, plus sombre. Avec l'adolescence, ça arrivait. C'est vrai que quand j'étais petite, il y avait l'hypersensibilité, mais j'étais peut-être moins... J'ai un côté vraiment clair-obscur qui est apparu à l'adolescence, qui me nourrit aussi dans mes textes. Donc il y a énormément de joie de vivre en moi, ça c'est sûr. Et il y a aussi une mélancolie. Donc il y a une vraie danse entre les deux. Qui peut-être, quand j'étais petite, ce côté mélancolique n'était pas encore...
- Speaker #0
Développé ?
- Speaker #1
Ouais, j'en avais pas forcément conscience, on va dire. Après,
- Speaker #0
la mélancolie, elle arrive quand on commence à ressentir d'autres émotions.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Petites, quand on a la chance de ne pas les vivre, ces émotions un peu plus dark.
- Speaker #1
Bah oui.
- Speaker #0
On va pas le... On ne va pas la développer. C'est drôle ce que tu dis parce que du coup, tu vois, si moi je devais décrire l'archétype d'un artiste, d'une artiste, c'est exactement ce que tu dirais, tu vois, de l'hypersensibilité, de la joie, mais nourrie aussi par de la mélancolie. Finalement, est-ce que ce n'est pas la définition d'un artiste ? Est-ce qu'il ne faut pas tout ça pour créer ? Je pense que tu vas juste interprète, ce qui est totalement ridicule, puisqu'il faut beaucoup de talent pour être interprète. Mais toi, tu pars de ton émotion pour créer un morceau, une chanson, la mettre en parole, la mettre en musique. Il y a vraiment une création complète. Tu pars toujours de tes émotions à toi ?
- Speaker #1
Je pense que je ne peux pas faire autrement, en fait. Parce que je me... Je suis un petit peu comme un... Mon corps est un intermédiaire pour pouvoir exprimer ma vision. Et par rapport à l'artiste, à mon avis, ce qu'il fait souvent un artiste, c'est... Ça peut partir d'un malaise parce que, en fait, on se sert de l'art pour exprimer des choses qu'on ne peut pas exprimer dans la vraie vie. Parce qu'on n'y arrive pas. Alors ça peut être soit une vision, ça peut être soit des émotions, ça peut même ne pas être forcément facile à décrire. Mais il y a vraiment cette nécessité, presque une urgence, presque un truc vital. qui est que on ne peut pas... Il y a un espace qui est l'art où on peut exprimer quelque chose de précis qui n'arrive pas à sortir d'une autre façon. Et donc, je dirais que c'est... Moi, c'est ce que je ressens. Il y a ce truc vital, quoi.
- Speaker #0
Pour t'exprimer. Ouais. En tout cas, pour vivre tes émotions, mais pas dans la douleur. ça leur permet de s'exprimer dans un espace-temps qui finalement ne te fait pas souffrir tant qu'elle te porte pour toi l'équivalent. En fait c'est ça.
- Speaker #1
Ouais, ouais.
- Speaker #0
C'est ce que tu vibres porte ta création. Ou alors c'est ta création qui sert à ne pas vivre le mal-être peut-être. Je ne sais pas, c'est un mélange.
- Speaker #1
En fait c'est presque un sens quoi. une sorte de trouver un sens dans quelque chose, une authenticité. C'est comme si je cherchais vraiment la couleur, une couleur précise qui pourrait exprimer mon émotion du moment. Et là, la musique, le chant m'aident à trouver précisément cette couleur-là. Alors que dans la vie de tous les jours, j'ai toutes sortes de couleurs que j'utilise. Vraiment pour trouver la bonne couleur, je trouve que chanter, écrire mes textes, ça me permet d'être juste, vraiment. Je dirais, c'est vrai que c'est difficile à décrire.
- Speaker #0
Tu es en harmonie avec toi, tu dirais que ça te permet aussi d'être en harmonie avec toi-même, d'écrire et d'exprimer justement à travers l'art, de trouver ta couleur.
- Speaker #1
Ouais, je me retrouve moi en fait. Je me retrouve moi et ça, j'ai vraiment ça sur scène. Parce que là du coup, c'est l'art mais c'est vraiment l'art sur scène quoi. J'ai l'impression quand je vais sur scène, c'est comme si je me retrouvais. Je me vois assise et je me dis ah, tu m'avais manqué quoi J'arrive et je me retrouve.
- Speaker #0
Parce que finalement, c'est là où tu es 100% centrée, tu es toi-même.
- Speaker #1
Ouais, totalement.
- Speaker #0
Et nue.
- Speaker #1
Ouais. Non mais...
- Speaker #0
On en parlera après mais nue dans toute ta... Dans toute ton authenticité.
- Speaker #1
Totalement authentique. Totalement dans quelque chose de juste. Je dirais que c'est une histoire de justesse.
- Speaker #0
Ouais. Tu vois, je suis d'accord avec toi parce que pour t'avoir vu, c'est ça, c'est pas non plus transcendé. C'est juste. Effectivement, on sent que tu vibres ce que tu dis et du coup, ça donne quelque chose d'assez... vrai. C'est pur, vrai, comme si tu étais à ta juste place au bon moment. C'est beau de se trouver.
- Speaker #1
Oui, c'est très agréable, mais c'est addictif aussi. Tant mieux, mais la scène, c'est une vraie addiction. Si je pouvais être sur scène tous les jours, je le serais. Après, le truc, c'est que tout autour de la scène, Il faut voyager, il y a tout le reste, les balances. Mais si je pouvais juste avoir un espace technique, à chaque fois, à la même heure, sans toutes les complications qui sont autour, ce serait génial pour moi.
- Speaker #0
Parce que finalement, c'est la façon que tu aurais de te retrouver.
- Speaker #1
Complètement.
- Speaker #0
Finalement, tout le temps, des fois, on cherche à se retrouver soi, il faut se recentrer. On dit souvent... Là, toi, c'est la scène qui te permet d'avoir ce...
- Speaker #1
Ah, totalement. La scène fait ça.
- Speaker #0
Tu as décidé à quel moment que tu en ferais ton métier ?
- Speaker #1
Alors, la scène, si tu veux, ça a paru extrêmement tôt. Déjà toute petite, vraiment, je dansais dès que je pouvais. Les spectacles d'école, on sent... On sent ce truc, je ne sais pas si... C'est vraiment une vraie magie. La moindre kermesse d'école...
- Speaker #0
Toi, tu es l'Olympia, quoi. Ben ouais,
- Speaker #1
complètement. Et puis, c'est la découverte, en fait, c'est la découverte de cet espace. Et je l'ai eu dès la première fête d'école. Je me souviens d'un stage que j'ai fait de théâtre quand j'étais, je devais avoir 7 ans, mais ça a été une découverte inouïe. Ça a été extraordinaire. C'est vraiment comme si on m'avait donné un... Je ne sais pas, j'étais rentrée dans une machine magique à remonter le temps, une machine qui pouvait me faire voyager. J'avais déjà perçu que je pouvais voyager dans mon imaginaire, mais là, je pouvais communiquer avec les autres. C'est ça que j'ai trouvé extraordinaire. Moi, l'imaginaire, ça fait vraiment partie de moi, la lecture, tout ça. J'ai toujours voyagé dans mon imaginaire, mais là, le fait que je puisse... voyager dans mon imaginaire et amener les autres dans cet imaginaire pour moi c'était une vraie magie une vraie magie et du coup j'ai je savais pas si je voulais dans ce jeu si je voulais être actrice je voulais être pianiste j'ai fait énormément de choses j'ai fait beaucoup de danse beaucoup de web j'ai fait du chant lyrique j'ai fait Du piano surtout beaucoup beaucoup beaucoup de piano piano classique mais en fait Je me suis beaucoup cherchée et je me disais mais c'est fou cette scène. Et en fait la scène à un moment m'a fait très très peur. Au moment de l'adolescence, je ne pouvais plus aller sur scène parce que c'était via le conservatoire, piano et tout. Donc c'est un univers très lourd quoi, avec beaucoup de pression. Et là j'ai eu une forme d'amour-haine. C'est-à-dire que je ne pouvais plus être bien. J'en avais besoin,
- Speaker #0
mais je ne me retrouvais plus.
- Speaker #1
J'allais sur scène et je ne me voyais plus. Du coup, j'ai dû vraiment beaucoup attendre et travailler sur mon impatience pour essayer de comprendre comment je pouvais me retrouver. Je suis passée par plein de choses. C'est vraiment en créant mon univers à moi que je... que je me suis retrouvée. J'ai aussi fait des études de théâtre, j'ai monté des pièces de théâtre pour enfants, etc. Il y avait toujours un truc, je ne me retrouvais pas. Et quand j'ai commencé à écrire mes propres chansons et à vraiment créer mon univers, j'ai compris que c'était cette façon-là de me retrouver. Et que je n'en avais pas d'autre. Je n'arrive pas justement à être interprète. Je ne suis pas quelqu'un qui, comme un comédien, qui est caméléon. et qui va épouser plein de formes, les formes qu'on lui demande. Moi, il faut que ça vienne de moi. Ça ne marche que dans ce sens-là. Je crée les choses. Il faut que je sois metteur en scène aussi.
- Speaker #0
Oui, il faut que ce soit toi qui rejaillisse. Tu crées la connexion avec les gens. Bien que je t'ai vue dans quelques interprétations qui n'étaient pas de tes créations et qui étaient très belles aussi. Je n'entends ce que tu dis.
- Speaker #1
C'est pas vraiment moi.
- Speaker #0
C'est pas vraiment toi. Oui. Tu as besoin... Tu venais, juste pour terminer là-dessus, toi, tu arrives à la musique et à l'art parce que tu venais d'une famille d'artistes ? Ou pas du tout ?
- Speaker #1
Oui, complètement. Mon père est pianiste. Quand il travaillait, il était ingénieur du son. Mais il a toujours fait du jazz, toujours joué du jazz. Donc, j'en ai toujours entendu chez moi. Il m'a beaucoup fait découvrir la musique en général. Il m'a appris le piano, donc j'ai eu la chance d'avoir des cours de sa part. Ma mère peint, donc elle m'a montré aussi pas mal de choses dans cet univers-là. Ma grand-mère était pianiste et peintre. Donc c'est la réunion des deux.
- Speaker #0
C'est trop beau.
- Speaker #1
Oui, oui. Je ne l'ai pas connu, hélas, mais mon grand-père jouait du clavecin. Voilà, disons que, oui,
- Speaker #0
ça vient de quelque part.
- Speaker #1
Ça vient complètement de quelque part. Et il y avait une ouverture d'esprit par rapport à l'art. L'art, dans ma famille, c'est vraiment sacré. Mon père a travaillé, du coup, en ingénieur du son dans le cinéma, donc il a été au contact de... d'autres formes d'art, voilà, comédiens, réalisateurs, on respecte beaucoup, beaucoup, toute forme d'art, et donc j'ai eu cette Ausha de pouvoir développer très jeune cet amour de tout, de l'image, du mouvement, des couleurs, du son. Et donc ça a été très complet pour moi rapidement. Et je pense que c'est ça qui m'a donné justement toute cette voracité de rassembler plein de formes d'art.
- Speaker #0
Alors c'est peut-être aussi parce que tu vois, tu me dis que dès le plus jeune âge finalement, t'es tombée dedans d'avoir des parents qui croient en toi. et qui ne te mettent pas de barrière dans ta création, dans ton envie de futur, c'est peut-être ça aussi qui porte. à un moment parce que tu aurais pu aussi avoir des parents qui te disent écoute ah oui oui complètement oui ok artiste mais enfin oui oui tu sais ce qu'on entend passe ton bac d'abord ah mais je suis tout à fait d'accord je pense qu'il ya peut-être aussi de ça est
- Speaker #1
aussi une manière de t'avoir porté et de t'avoir soutenu finalement en fait il ya les deux aspects je pense en général et dans mon cas mon père c'est une figure assez imposante, il fallait que j'assure. C'est-à-dire qu'il m'a montré le piano, mais c'était important que je sois douée. Il y avait une pression derrière. Moi, je me souviens, j'ai des souvenirs de grands tracts, de rater très jeune déjà des examens ou des entrées au conservatoire, parce que je sentais à quel point c'était important pour lui. Et donc... Voilà, il y a souvent les deux aspects. C'est très riche au niveau artistique, mais en contrepartie, il ne fallait pas que je déçoive.
- Speaker #0
C'est un poids que tu as porté ?
- Speaker #1
Oui, ça fait partie de ma constitution. Après, je suis contente parce que j'ai... Je sentais qu'il fallait que je sois au départ pianiste. Et puis, j'ai eu un petit peu ce problème avec le track, la scène. Et j'ai tout arrêté parce que je me cherchais trop. Du coup, j'ai arrêté la musique, j'ai fait du théâtre. Et je suis revenue pour créer mon monde à moi, mon espace à moi, pour essayer vraiment d'être sûre que c'était mon choix et que ça venait de moi. Il ne fallait pas que ce soit une... Quelque chose imprégné, que ce soit un choix qui soit gouverné par mes parents, même si c'est grâce à eux que j'ai touché tant de choses.
- Speaker #0
C'est grâce à eux, mais pas pour eux.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
L'expérience,
- Speaker #1
elle est énorme. C'est ça. Donc, c'est pour ça que j'ai tout arrêté pour y revenir après. C'est comme si on m'avait fait goûter plein de plats ou plein de fruits. Après, il faut tout. prendre sa respiration pour essayer de voir quel est vraiment ce qui me ressemble quelle est mon identité dans tout ce choix et ça a mis du temps ça a mis combien de temps ?
- Speaker #0
tu t'es trouvée Camille ?
- Speaker #1
oui, je me suis trouvée c'est infini, on se cherche toute sa vie mais au niveau de mon identité artistique ça y est ouais Je sais que je serai toujours en recherche. Peut-être que dans deux ans, je me dirai, j'ai envie de faire peut-être autre chose sur un certain point. Mais là, j'ai vraiment la sensation d'être au clair à ce niveau-là, par rapport à mon dernier projet, notamment. Surtout, mon dernier projet, Bonjour mon amour, mon dernier album, il a été... Il a été fait avec de nouvelles difficultés qui, du coup, ont facilité le fait que je me rapproche de moi-même. Parce que j'ai tout fait moi-même. J'ai vraiment eu ce choix-là. Je ne voulais pas être influencée par des arrangeurs, par des majors, par tout ça. Je voulais vraiment que ça vienne totalement de moi, que ça épouse ma façon de voir les choses. et du coup j'ai l'impression vraiment d'y être arrivée et sur scène ça se ressent je suis plus dans une volonté comme à mes premiers albums un peu de performance un peu de convaincre je pense être beaucoup moins là-dedans et je commence à assumer on va dire ma particularité je propose propose je pense un univers un peu un peu spécial en tout cas c'est ce qu'on me dit souvent et c'est quelque chose que maintenant j'assume donc il a fallu plusieurs albums pour que ça se définisse vraiment nous
- Speaker #0
voir la la voix sur là où je voudrais être emmené maintenant d'abord sur avant de parler d'amour justement Tu vois, quand on est une artiste féminine, c'est un podcast qui parle des femmes, donc plus particulièrement sur la partie féminine, tu vois, tu dis qu'il t'a fallu du temps et des albums. pour arriver à, je ne sais pas si je reprends ce qui est correctement, mais c'est ce que moi j'ai entendu, à t'accepter en tant que toi, tel que tu étais, et tu as pris la responsabilité finalement de te séparer des grandes majors pour être vraiment toi. Tu penses que finalement c'est un passage obligé ? Les majors te mettent dans un... Tu dois être dans un moule pour réussir. et lorsque tu veux vraiment être toi, toi en tant que femme, en tant qu'individu, à proprement parler, avec son identité et ses vibrations et ses failles et sa personnalité, tu dois forcément t'en détacher. Tu crois qu'il y a...
- Speaker #1
Je pense que réussir, c'est quand même forcément dans une logique économique, réussir dans les oreilles d'un major. et pas que d'un major d'ailleurs, mais c'est quand même convaincre une masse. Et convaincre une masse, ça veut dire respecter des codes de masse. Et donc c'est quand même assez compliqué, il y a des exceptions, mais c'est quand même assez compliqué d'arriver avec des particularités, des choses un peu étranges, d'arriver avec son étrangeté. et du coup de convaincre une masse. Donc il faut déjà, moi je l'ai compris, finalement assez rapidement, qu'il y avait une dissonance, qu'on ne peut pas travailler dans une logique économique qui est celle des majors, qui du coup veulent qu'il y ait un rendement suffisant pour pouvoir du coup... convaincre un maximum de gens tout en gardant mon identité, qui je sais est assez... Il y a de l'étrangeté, il y a beaucoup d'étrangeté dans ce que je fais, dans ce que je suis. Donc voilà, ça j'ai compris qu'il y avait un truc qui collait pas entre garder cette étrangeté et devoir être économiquement rentable. Après, c'est ça, il y a des exceptions. J'avais des exemples. Björk, par exemple, c'est quelqu'un qui a complètement pu garder son intégrité et proposer son étrangeté tout en étant internationalement connu, reconnu. Après, c'est une autre époque. À notre époque, on est à une époque de lissage. Et donc, c'est constamment ça. Toutes les choses un petit peu bizarres, toutes les choses un petit peu différentes, toutes les choses un petit peu dérangeantes, toutes les choses un petit peu... Voilà, ouais, ça peut... Il y a ce phénomène de lissage. Donc voilà, moi quand j'ai compris ça, j'ai évidemment favorisé, je me suis dit non, moi mon objectif c'est... C'est me rapprocher vraiment de... Parce qu'il n'y a que ça que je ferais bien de toute façon. Si j'essaye de correspondre à une forme de norme, il y en a qui y arrivent très bien, qui le font très bien. Et d'ailleurs, c'est...
- Speaker #0
C'est un sacré travail.
- Speaker #1
C'est un sacré travail. Mais oui, arriver à correspondre à une mode, moi, c'est quelque chose que j'ai toujours raté. En fait, j'ai toujours été en biais dans ma vie, dans tout. Et donc, ça ne sert à rien, en fait, d'essayer. Par contre, ce que je fais le mieux, c'est mon univers à moi. Il est très, très défini. Essayer de m'adapter à, essayer de correspondre à, ça ne marche pas. Je me foire. Par contre, voilà, j'ai un, je pense, un univers assez chargé avec plein, plein de, toute une construction, tout un, c'est un peu comme, voilà, plein, plein, plein d'objets, plein de choses. Et donc, c'est ça en fait. Ça, c'est très clair et très défini. Et c'est ça que je peux et que je sais faire.
- Speaker #0
Dans la même esprit, tu vois, je reviens sur le fait d'être une femme dans cet univers. Ça amène plein de questions quand tu ne fais pas partie du monde musical. Moi, ce n'est pas un monde... Je côtoie le monde artistique, bien sûr, par mes amis musiciens et artistes, mais pour autant, je ne le vis pas de l'intérieur. C'est important, comment tu as appréhendé ton image ? Tu vois, tu te présentes au monde, tu te présentes aux yeux du monde, d'un public, parfois à la télé, tu as remporté une victoire de la musique. Ce n'est pas rien, je veux dire, tu es vue à ce moment-là par des, je ne sais pas combien, peut-être des centaines de milliers de personnes. Et lorsque tu vas sur scène, tu te mets à nu. Mais tu te mets à nu artistiquement, mais pour autant, il y a quand même une image, on véhicule. Il faut être forte pour... Tu l'as appréhendé comment ? C'est pas facile de se mettre devant les gens et peut-être de subir des critiques ? Comment on le vit ça ? Comment on l'appréhende avant de le vivre d'ailleurs ?
- Speaker #1
C'est très compliqué parce qu'il y a une vraie... En fait, moi, je... Quand je suis sur scène, je ne pense pas. Heureusement, le moment de... Quand je suis en train de faire mon... Voilà, de chanter, de faire mon métier, je ne pense pas à ce que je projette. Heureusement, j'oublie totalement. Par contre, c'est sûr qu'il y a tout l'autour où on nous rencontre, où on a des... Ça, c'est vrai que... Il y a une vraie différence entre ma façon d'assumer les choses. Sur scène, je suis ce que je suis. Je m'en fous totalement, en fait, parce que je sais que je suis...
- Speaker #0
Toi. Ouais.
- Speaker #1
Et j'oublie et je m'en fous. Et c'est dommage si une perception n'est pas... S'il y a quelque chose qui ne correspond pas vraiment à l'émotion dans laquelle... Enfin, l'émotion que j'ai envie de partager, mais je m'en fous réellement. Donc ça, c'est ma force. C'est ça qui m'aide à faire ce métier parce que sinon, c'est vrai qu'on pète vite un plomb. Quand on est sur scène, on a cette inquiétude-là. Et si on fait 200 scènes par an, en fait, on se consomme avec une rapidité pas possible. Donc c'est important d'avoir, je pense, je ne sais pas comment ça s'appelle, force des involtures, je ne sais pas. Par contre, tout le reste est beaucoup plus compliqué parce que là, c'est... C'est le monde réel et ça touche à sa propre personne. Et moi, je sais que je suis assez entière, assez éméfiante à la fois. J'ai quelque chose... Il y a des gens qui ont un vrai talent pour avoir la même humeur, pour dire exactement les choses comme il faut, au bon moment. C'est un vrai talent social, en fait. Se montrer au bon endroit, faire ce qu'il faut faire. Moi, je suis assez entière, donc je ne pense pas être très opportuniste, même dans le bon sens du terme. Je suis telle qu'elle. Si je me sens bien, je m'ouvre. Si je ne me sens pas bien, je ne m'ouvre pas. Et que ce soit... Ou que ce soit, d'ailleurs. Avec qui que ce soit. Donc, je n'ai pas trop de commandes à ce niveau-là. Donc, du coup, ça peut... Voilà, des comportements. Mais ça n'a pas vraiment été le cas. Je ne sais même pas si je pense à quelque chose en particulier. Mais je sens bien que certaines personnes ont vraiment la cape du super-héros social. voilà, moi je me débrouille pas mal parce que j'aime bien les gens mais c'est vrai que je voilà, j'ai conscience qu'avec beaucoup de avec la jalousie les jugements les machins, je peux être un peu fragilisée par ce genre de choses avec ton hypersensibilité aussi oui c'est ça j'aspire beaucoup les émotions donc du coup je me protège pas mal de ça sur scène voilà sur scène encore une fois j'ai une carapace de béton mais tu vois voilà moi c'est ce que je me dis me dis est ce que voilà quand on prépare de monter sur scène est ce qu'il faut que tu es ce que tu réfléchis à
- Speaker #0
tes tenues parce que tu dis que voilà est ce qu'il faut que tu t'apprêtes est ce que tu penses que tu pourrais aller sur scène sans make up sans rien juste Comme ça, tu vois, ou est-ce que quand même... tu te dois ou est-ce que dans l'industrie musicale, tu te dois d'être quand même, parce qu'on est une femme, plutôt apprêtée malgré tout. Je ne te parle pas forcément de talent aiguille, mais tu vois, d'être presque obligée de s'apprêter malgré tout.
- Speaker #1
pour réussir. D'ailleurs je me rends compte que j'ai des chaussettes dépareillées juste au moment où je les ai. Moi je ne me suis même pas fait gaffe. C'est très chou. Tu vois, ça fait...
- Speaker #0
Toi c'est ton équivalent.
- Speaker #1
Ah bah totalement, le ying et le yang il est totalement là.
- Speaker #0
C'est drôle.
- Speaker #1
Moi en fait, le moment où je peux totalement, oui, aller à une jam et être complètement telle quelle, le truc c'est que je trouve que la scène c'est assez sacré. J'aime beaucoup me dire, avoir un habit de scène, j'ai trouvé une queue de pie que je mets là depuis quelques mois, je suis très contente. Pour moi c'est un moment, c'est le spectacle, moi j'ai tout de suite le premier rapport que j'ai eu grâce au théâtre, au spectacle. Je me souviens dans les coulisses, je me souviens de l'odeur du bois, de l'odeur de... le costume, l'odeur du costume, tout ça c'est tellement sacré, tellement beau, tellement magique. J'ai pas envie d'arriver en t-shirt. Si ça arrive, c'est parce qu'il y aura une raison et c'est pas grave. Mais pour moi, c'est plus vraiment dans le plaisir que j'ai eu toute petite fille quand je préparais des spectacles. pour quoi que ce soit, avec mes copines, pour les parents. C'est tellement un plaisir de se préparer, de se maquiller. Mais ce n'est pas dans un objectif de correspondre à. C'est dans presque une tradition qui, pour moi, est liée justement au théâtre. C'est un autre endroit. Et puis bon, là, évidemment, il y a souvent des photographes. Donc c'est agréable de... de se trouver jolie, c'est quelque chose. Mais par contre, le confort, très important. Il faut que ce soit confortable. C'est-à-dire que j'ai essayé justement, en étant sur des talons aiguilles, etc. Mais ça n'a pas duré longtemps, parce que moi, il faut que je sois bien dans le sol. Il faut que je... Voilà, je danse, donc j'ai besoin de...
- Speaker #0
En fait, il faut que tu te sentes à l'aise.
- Speaker #1
Oui, oui.
- Speaker #0
Et tu reviens à ce que tu disais. Tu ne te travestis pas pour plaire à. Non,
- Speaker #1
non, non, non, surtout pas.
- Speaker #0
Tu ne te travestis pas pour des talons aiguilles, juste, ou alors pour une photo, parce que ça sera effectivement dans un contexte très précis. Mais lorsque tu es nue sur scène, tu dois être ce que tu es, en fait, la scène de ton reflet.
- Speaker #1
Oui, oui, complètement.
- Speaker #0
Mais plus généralement, alors, je vais reformuler, alors juste pour terminer là-dessus. Mais ce que toi, tu vis là parce que tu es sortie justement des majors et tout ça, je reviens, ce qui pour moi est quand même un marqueur important pour les femmes. Est-ce que tu penses objectivement qu'on peut aujourd'hui être une artiste féminine à succès sans répondre aux codes ? esthétiques globaux de la société.
- Speaker #1
Alors,
- Speaker #0
si tu n'as pas de réponse...
- Speaker #1
Moi, j'ai toujours des réponses. Mais alors, il faut voir qu'il y a quand même plein de codes et il y en a quand même un nouveau qui est qu'il faut montrer en tant que femme qu'on n'a pas... besoin de correspondre aux codes masculins pour enfin en fait il ya le côté inverse c'est à dire que le côté voilà je fais je fais des très grands traits 1 mais je n'exagère mais voilà je suis féministe voilà je me maquille pas donc donc donc on me voit comme une féministe ou comme une nana qui qui ont qui est qui a du caractère et il ya beaucoup ça on peut le sentir ce que c'est question d'une make up quoi Ouais c'est ça, donc finalement pour moi le no make-up c'est comme du make-up, parce qu'on le fait pour les autres, on est au service d'une image. Moi je trouve que finalement ça ne se situe pas forcément au niveau du make-up ou de l'habillement, c'est essayer... essayer de correspondre à ce qui nous ressemble. On le sent assez vite, quoi, quand quelqu'un est tel qu'il a envie d'être, en fait, qu'il ne se force pas soit à ne pas se maquiller, soit à se maquiller, soit à ceci, soit à cela. Parce que justement, moi, je pense qu'une fille un peu trop féminine, je ne sais pas... Ça peut être de nos jours là maintenant ça peut être plus difficile en fait. Parce que c'est bien d'avoir l'air un peu, je sais pas, il y a tout de suite une mode quoi. Un peu hipster, un peu montrer que t'en as rien à foutre. Bon pardon,
- Speaker #0
on va dans les langues.
- Speaker #1
Qu'est-ce que c'est ?
- Speaker #0
Voilà. Mais on en vient justement à ça, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, comment vraiment être soi ?
- Speaker #1
C'est très compliqué parce que, en plus, quand on a l'impression d'être soi, finalement, est-ce qu'on l'est vraiment ? Parce qu'on est quand même imprégné incroyablement.
- Speaker #0
Incroyablement.
- Speaker #1
Donc, je pense que c'est faire les choses en conscience. C'est-à-dire, voilà, je fais ça parce que, je fais ça parce que. Et puis, il n'y a pas de problème, on peut très bien... Dire des choses... Comment dire ? Moi, je vais te dire, je vais avoir 38 ans, et je sais très bien que... Voilà, il faut que je me maquille, surtout l'hiver, enfin, un peu, parce que je vais avoir vraiment une sale gueule. Je le sais. C'est comme ça. Et peut-être que c'est pas bien de dire ça, et que c'est mieux de dire... Ce sera plus féministe de dire, moi, je m'en fous, je suis pas au service du regard des autres, tout ça. Mais ce serait mentir. Moi, je pense qu'il faut juste être dans une forme d'honnête.
- Speaker #0
voilà mais parce que tu peux aussi avoir envie de te maquiller pour pas avoir une seule gueule juste parce que quand tu te regardes dans la glace tu fais pour toi oui complètement et puis puis finalement pas que pour les autres aussi le vrai c'est aussi pour soi formelle d'abord je pense que c'est pour soi ouais ouais ouais je te maquille parce qu'on a envie de se sentir ouais parce que pour toi le make up ça va te permettre de te sens plus féminine ou mieux dans ta peau Et il y a des fois où tu vas sortir sans maquillage parce que justement, en fait, c'est aussi se respecter. Soit en tant que soi, un jour j'ai envie d'être maquillée avec des talons, un jour j'ai envie d'être maquillée et en basket, un jour j'ai envie d'être avec des talons et pas de make-up.
- Speaker #1
C'est aussi ça. Complètement.
- Speaker #0
De naviguer dans tous ces espaces.
- Speaker #1
Complètement. Et puis aussi assumer le truc qu'on a tous envie d'être aimé, quoi. Oui. C'est... Je pense que c'est la chose qui... C'est le point commun qu'on a tous dans le monde entier. Et c'est ce qu'on a le plus envie de cacher. C'est très étonnant, je pense.
- Speaker #0
Justement, on parle d'amour. On parle d'amour. Quand on est une artiste, comment on vit l'amour ? C'est dur de vivre des traites ?
- Speaker #1
La relation amoureuse ? La relation amoureuse.
- Speaker #0
Parce que l'amour du public, tu l'as, tu le vibres, tu le ressens très fort, je pense. Comment on se construit au milieu de tous ces voyages, au milieu de la célébrité ? Comment on sait qui est sincère, qui ne l'est pas ? Comment on envisage ? Alors tu as 38 ans, tu vas avoir 38 ans, mais même avant, quand tu as vraiment décidé que l'art, la musique, ce serait ta vie, tu t'es posé des questions sur peut-être une vie de couple ? Pourquoi pas peut-être une maternité, bien que ce ne soit pas une fançoire, mais peut-être une envie de maternité ou non, un sacrifice, pas de sacrifice. Comment tu l'as décrit ? Comment on se construit par rapport à ça ? On a besoin de l'amour, tu l'as dit.
- Speaker #1
Oui, alors là aussi, c'est une histoire, on ne sait pas si c'est la poule et l'œuf, l'œuf et la poule, parce que moi, je sais que si je suis artiste, c'est parce que j'ai tout un ensemble de caractéristiques. Je suis très intense, j'ai envie d'être toujours dans la vie, mais dans le rêve aussi. Il y a tout un ensemble de choses qui font que du coup, en amour c'est pareil. J'ai un idéal, je ne peux pas me contenter, j'ai besoin d'intensité, de vérité, ça correspond vachement à... comment je perçois mon métier, c'est sûr que je pourrais... je pourrais avoir peut-être un enfant, je ne vois pas comment, comment je pourrais caser ça. Du coup, je n'en ressens pas l'envie, parce que j'ai l'impression tellement de faire des enfants avec des albums, mais c'est sûr que ce n'est pas pareil. Mais bon, je ne ressens pas la nécessité d'avoir un enfant, et j'ai envie d'être très indépendante. L'indépendance est quelque chose de très précieux pour moi.
- Speaker #0
La liberté ?
- Speaker #1
La liberté.
- Speaker #0
Mais la liberté, ça veut dire pas d'attache ?
- Speaker #1
La liberté, il y a énormément d'attache, c'est sûr. Mais disons que je n'ai pas envie d'avoir des responsabilités. Le moins possible. Parce que... C'est quelque chose qui peut me faire peur de devoir... J'ai un peu la phobie d'être coincée. J'ai peur d'être coincée. Et je veux l'être le moins possible. Donc pouvoir dessiner ma vie presque comme je le souhaite. Je sais qu'on est vite empêchés par toutes sortes de choses. Et les choses que je dois assurer et assumer, je les fais bien entendu. Enfin, je suis là pour les gens que j'aime à fond. Mais justement, je n'ai pas du tout ce... Pour l'instant en tout cas, mais c'est comme ça depuis presque toujours. Je n'ai pas ce fantasme de construire une famille avec plusieurs enfants. Au contraire, c'est vraiment quelque chose qui... Qui t'angoisserait ? Qui m'angoisserait. Moi, j'ai envie de pouvoir voyager, pouvoir...
- Speaker #0
C'est presque un peu une vie bohème.
- Speaker #1
Complètement, mais d'adolescente aussi. Je me sens très adolescente encore, à mon âge.
- Speaker #0
J'allais te dire, tu vois, je te perçois comme une fille bohème, rêveuse. Est-ce que dans un... Je dirais pas un autre monde, parce que... Non. T'es ancrée aussi. Mais malgré tout, cette créativité qui t'emmène assez loin, tu vois, c'est vraiment quand tu parles de ton univers, il est vraiment présent. Mais là, tu parles d'enfant. Moi, je te parle d'amour. Et l'amour dans tout ça. Comment on fait pour construire une relation ? Parce que ça aussi, ce n'est pas simple.
- Speaker #1
J'ai toujours eu... longues histoires, je fonctionne comme ça. Après, je me rends compte qu'être avec quelqu'un qui a le même métier que soi, c'est quand même vachement bien. Parce que ça permet d'une part d'adapter au niveau emploi du temps, de se comprendre. Moi, je trouve ça... Je ne sais pas comment j'ai pu faire avant, en fait.
- Speaker #0
Parce qu'avant, tes amoureux n'étaient pas de ton...
- Speaker #1
Non, pas du tout. Pas du tout. Il y a eu différents environnements. Et pour moi, c'est un petit peu obligatoire. Mais peut-être que c'est un ressenti du présent, je ne sais pas. Je trouve que c'est vachement agréable de parler le même langage. de se sentir compris dans des problématiques qui ne sont pas forcément problématiques ou joies. On peut se retrouver sur des sujets communs et c'est vrai que c'est un métier très particulier. Je me rends compte en ayant des amis qui sont dans d'autres univers, il y a un vocabulaire qui n'est pas le même. Un emploi du temps, un vocabulaire, c'est notre vie.
- Speaker #0
Ah oui, c'est une vie vraiment. Donc,
- Speaker #1
l'amour est possible. Oh,
- Speaker #0
tout à fait. Vous avez à vivre les deux.
- Speaker #1
Je dirais que l'amour est essentiel, en fait. Moi, je suis une amoureuse de l'amour. Je suis née pour aimer. Donc, c'est une évidence. Et j'ai toujours aimé, en fait. Je n'ai pas eu...
- Speaker #0
Je n'ai pas eu une année de ma vie sans histoire amoureuse. Donc, je ne sais pas ce que c'est qu'être célibataire, quasiment. Donc, je suis quelqu'un vraiment qui...
- Speaker #1
Oui, qui aime vibrer l'amour aussi. Oui.
- Speaker #0
L'amoureuse de l'amour,
- Speaker #1
c'est beau. C'est une expression que j'emploie.
- Speaker #0
Oui, je suis totalement une amoureuse de l'amour.
- Speaker #1
On va bientôt avoir terminé. Il y a encore quelques questions à te poser. Alors, la première, je vais revenir maintenant qu'on a bien parlé de toi. Il dirait quoi ton papa ? Il est fier ?
- Speaker #0
Oui, il est fier. Je pense que même au-delà de la fierté, mon père comme ma mère, ils sont heureux que je sois heureuse. Et je pense que c'est une vraie satisfaction. J'imagine en tant que parent. Quand ton enfant est arrivé à trouver, à construire son environnement,
- Speaker #1
à trouver son identité,
- Speaker #0
je pense que c'est une vraie satisfaction quand t'es parent.
- Speaker #1
C'est un vrai accomplissement d'arriver aussi à accompagner son enfant, à se trouver justement en... son identité propre. Et toi, tu dirais quoi à la petite fille qui était montée sur scène pour la première fois ?
- Speaker #0
Ben, ouais, je lui dirais que c'est quelque chose que j'ai su tout de suite, en fait. Après, j'ai su aussi que ça n'allait pas forcément être simple, justement, au vu de cette hypersensibilité, même si c'est un mot très à la mode, mais on est peut-être beaucoup d'hypersensibles, mais j'ai senti que j'avais énormément d'ambition pour ma vie. Ce n'est pas l'ambition qu'on peut entendre tous. C'est une ambition de rêve, en fait. Je suis quelqu'un qui... C'est une vraie... J'ai un... haut espoir de la vie, de l'existence. Et donc, je sais que quand on a cet espoir-là, on a une exigence incroyable. Il faut arriver à cette hauteur-là, et c'est pas forcément simple, mais je suis très contente d'être arrivée, déjà, parcourir tous ces chemins vachement intéressants.
- Speaker #1
T'es fière de toi.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
parce que c'est pas un gros mot est-ce que t'es fière de tout ce que t'as fait est-ce que c'était pas facile je suis assez fière parce que je sais je sais à quel point je
- Speaker #0
sais à quel point c'était compliqué et puis même même malgré les difficultés d'avoir toujours choisi plutôt voilà Ce qui me correspond plutôt que... Ce qui ne peut pas vous faire. Oui, ce qui me ressemble.
- Speaker #1
Tu t'es construite et tu ne t'es jamais finalement... Tu ne t'es pas trahi finalement.
- Speaker #0
Tu es restée juste à toi-même. C'est assez juste, oui.
- Speaker #1
Puis tu as...
- Speaker #0
A renoncé.
- Speaker #1
A renoncé. Oui. Puis tu as... Voilà. Avoir de plus grosses difficultés.
- Speaker #0
C'est très vrai, ça. arriver à ne pas se trahir, c'est vrai que c'est un vrai objectif.
- Speaker #1
Oui. Ce n'est pas simple, mais ça peut être un vrai objectif de vie, en tout cas. On va terminer, Camille, par la dernière question. Je la pose à toutes les personnes qui se prêtent à Parole de Femme. Pour toi, c'est quoi être une femme en 2024 ?
- Speaker #0
Alors, être une femme en 2024... Déjà, sur beaucoup d'aspects, c'est une chance, parce que je pense que nos grands-mères, mères, elles ont traversé des sacrées épreuves. Nous, on arrive après. Heureusement qu'il y a beaucoup de choses qui ont été dépassées. Une vision de la femme qui est différente et qui nous a élargi l'espace. Pour ça, c'est beaucoup de chance. Sur d'autres aspects, il faut... Du coup, comme la place de la femme s'est élargie, il y a encore plus de possibilités. Et la rencontre avec l'homme se fait vraiment. Parce que pour moi, est-ce que la rencontre... Est-ce que la rencontre avec l'homme se faisait... Je parle de cette rencontre-là, j'improvise un peu là. C'est pour ça. C'est pour ça.
- Speaker #1
C'est la dernière question qui surprend.
- Speaker #0
Oui, oui.
- Speaker #1
Une femme en 2024, ce que ça peut évoquer.
- Speaker #0
C'est-à-dire qu'avant, il n'y avait qu'un endroit où on pouvait être à peu près. Là, maintenant, cet endroit-là est plus grand. Cet endroit-là... Donc ça laisse... plein plein plein de places possibles où du coup on peut se perdre aussi. Moi je suis tellement, enfin je suis hyper reconnaissante de pouvoir faire ce que j'aime et de m'imposer, d'imposer mes désirs les plus profonds. J'essaye. Alors ça, c'est une phrase qui peut surprendre. J'essaye dans mon métier, vu que je suis tout le temps avec des hommes, j'essaye de faire oublier que je suis une femme ou qu'ils sont des hommes. J'essaye d'oublier le sexe de l'autre. J'essaye d'être vraiment en tant qu'individu, en tant qu'artiste. J'ai envie qu'on travaille avec moi ou qu'on me fréquente. pour ce que je suis, et donc je ne suis pas que une femme, je suis... nous sommes tous plein plein plein plein d'autres choses. Donc voilà, je dirais que s'il fallait répondre de manière synthétique, c'est vraiment en 2024, la chance, évidemment il y a encore plein de batailles, mais la chance d'avoir beaucoup de choses que nos grands-mères n'avaient pas. et arrière-grand-mère, etc.
- Speaker #1
C'est peut-être la chance de pouvoir être soi-même. Plus. De ne plus être dans un rôle cantonné à des tâches secondaires ou qu'on n'avait pas choisi. On a peut-être aujourd'hui l'opportunité de choisir ce qu'on veut faire, ce qu'on veut être. Oui,
- Speaker #0
et puis c'est...
- Speaker #1
De être libre d'être soi.
- Speaker #0
C'est vrai, oui, oui. Et la bataille est, je pense, moins rude. On ne doit plus... Un petit peu moins, quand même. Je ne dois pas avoir un prénom d'homme pour exister, je ne dois pas me travestir, je ne dois pas me cacher pour faire quelque chose. Là, il y a une chambre à soi, comme dirait Virginia Woolf. J'ai un espace pour pouvoir travailler. J'ai toujours cette conscience-là. On a de la chance. On a énormément de chance par rapport à d'autres. pays où les femmes n'ont pas cette Ausha. Moi, je me le dis tous les jours que j'ai de la chance tout en me disant que c'est évidemment toujours un travail
- Speaker #1
Oui, c'est ce que j'ai. Tu as la chance que tu as aussi créé la chance où tu l'as attrapée. Je ne sais pas comment on peut dire ça, mais... avoir de la chance c'est parfois un peu passif je te trouve plutôt depuis cette heure d'entretien toi et moi de discussion tu n'es pas dans la passivité tu as construit ta vie comme tu avais envie de la construire donc tu as eu l'opportunité et tu as saisi cette opportunité d'en faire une qui est la vraie Camille mais en tout cas il y a un moment donné où les portes se sont présentées et tu as pris le lead de les ouvrir pour être toi oui oui,
- Speaker #0
une évidence mais voilà,
- Speaker #1
tu as fait ce choix aussi en conscience d'être toi avec tout ce que ça allait impliquer c'est vrai on s'arrête là merci beaucoup Merci Camille. Et puis on se retrouve sur scène à leur voix dans tout le monde entier.
- Speaker #0
au moins. Oh oui, bah attends,
- Speaker #1
nous il faut voir que le Brésil, Budapest, c'était là où les opérations de sport avaient fait absolument rien.
- Speaker #0
J'étais en Croatie il y a quelques jours, ouais ouais, c'était super. Et puis là à venir, il va y avoir un peu de Belgique, d'Allemagne, donc là c'est, voilà.
- Speaker #1
C'est vraiment la vie de troubadour. Et moi j'encourage toutes les personnes qui nous écoutent à aller écouter. Bonjour mon amour, qui est assez magique à écouter. Voilà, merci Camille. Merci beaucoup,
- Speaker #0
à bientôt.