- Speaker #0
Tu avais un peu cet esprit Shaolin dans cet entraînement où tu as un peu tout le monde qui crie, où tu as un peu tout le monde qui extériorise l'effort et en fait ça te catalyse. Tu avais vraiment un esprit de groupe qui était très fort.
- Speaker #1
Salut et bienvenue sur Partir, le podcast qui vous emmène vivre à l'étranger.
- Speaker #0
Dans la culture chinoise, tu as vraiment ce côté énergie que nous on n'a pas occidentaux. C'est vraiment la spiritualité que j'ai retenue, c'est vraiment ce truc qu'on n'a pas. Ils écoutent leur corps, ils sont en lien avec leur corps. mais dans leur manière de vivre, dans leur manière de respirer, dans leur manière de se battre.
- Speaker #1
À 21 ans, il venait de finir ses études et il a quitté sa vie tranquille pour plonger au cœur d'un temple Shaolin. Six mois de combats, de méditations et de découvertes où chaque jour, il testait ses limites entre le feu et la glace. Mais que se passe-t-il vraiment derrière ces murs sacrés ? Donc Guillaume nous raconte tout ça aujourd'hui. Mais avant de découvrir son histoire, je voulais vous remercier du fond du cœur pour vos likes, pour vos abonnements, pour votre soutien. C'est vous qui faites vivre ce podcast, donc vraiment merci beaucoup et je vous souhaite une bonne écoute. Donc toi, tu n'as pas fait les choses à moitié pour ton premier voyage parce que tu as pris un virage à 90 degrés pour aller faire un entraînement chez les moines Shaolin. Avant que tu ne racontes ta vie là-bas, déjà comment ça t'est venu cette idée de faire ça ?
- Speaker #0
En fait, mon père a toujours été dans les arts martiaux. Il a fait beaucoup de boxe en France, il a fait des championnats et tout ça. Donc déjà, depuis que je suis... Je fais de la boxe depuis que je suis petit et c'est vraiment une discipline qui me plaît beaucoup, les sports de combat. Et j'avais toujours été passionné par les moines Shaolin, qu'on voit dans les films, j'avais regardé beaucoup de reportages. Et alors il y a un truc qui m'intriguait beaucoup, c'était le combat au bâton. Tu sais où ils ont un bâton et ils se battent avec, style... Je ne sais pas si tu as regardé The Walking Dead, il y a un gars qui s'appelle Negan qui se bat avec un bâton, un peu ça. Pour ceux qui connaissent, j'imagine. Et c'est quelque chose qui m'avait... toujours intrigué et en fait depuis que je suis ado depuis que je suis très jeune je voulais voyager et je m'étais dit en fait pendant mes études que ce serait j'avais pas envie de partir un petit peu comme tout le monde le faisait au début tu sais en commençant par l'Australie en commençant par par tout ça enfin tout un peu tout ce que j'entendais autour de moi je voulais vraiment faire un truc unique qui me ressemblait en fait plus et je me suis dit du coup j'ai fait mes petites recherches sur internet je suis tombé sur cette école et je me suis dit allez pourquoi pas
- Speaker #1
franchement c'est courageux de sortir un peu des sentiers battus déjà en partant de chez toi mais en plus dans un programme comme ça parce que personnellement je ne connais personne qui a fait ça dans ma vie à part toi comment tu as trouvé du coup cette école,
- Speaker #0
qu'est-ce que ça proposait qu'est-ce que tu as fini par trouver justement pour partir alors je l'ai trouvé sur internet en fait j'étais déjà parti une première fois en Chine avec l'école donc moi je suis cuisinier, j'étais dans une école de cuisine Merci. Et en fait l'année d'avant, il y a une sélection dans l'école qui envoie 6 apprentis cuisiniers, 4 apprentis pâtissiers, 2 apprentis boulangers en Chine pendant deux semaines pour faire un festival là-bas. Donc en fait on va dans un hôtel et on fait un festival de gastronomie française. Et en fait déjà là-bas j'avais entendu parler d'écoles avec des vrais maîtres, des vrais chiffous qui enseignaient les arts martiaux à des internationaux. Et donc déjà ça avait commencé à fleurir dans ma tête et en fait arrivé à la fin de mon diplôme, j'ai commencé à chercher mais vraiment sans savoir où j'allais. sur internet et je suis tombé sur cette école ça m'a bien plu j'ai regardé les tarifs c'était pas très cher par rapport à chez nous quoi et du coup et bah j'ai décidé d'aller ça a été un peu la première que j'ai trouvé je me suis dit Ouais vraiment
- Speaker #1
le bon enchaînement quoi que tu sois pris dans pour aller en chine avec ton école et ensuite que ça te propose tout ça et c'est trop bien c'était quoi le coup du coup tu disais pas très cher ça correspond à quoi alors
- Speaker #0
Si je me souviens bien, comme je te disais avant, c'est vrai que ça fait 7 ans, donc je me replonge un peu là-dedans, je crois que c'était entre 500 et 600 euros le mois. Et en fait, tu es logé, tu es nourri, tu vis là-bas du lundi au dimanche. Il me semble que c'était ça, donc c'était assez abordable.
- Speaker #1
Ok. Franchement, ça va pour être nourri, logé, avec tout le programme d'entraînement, etc.
- Speaker #0
Oui, c'est ça, voilà, avec le programme.
- Speaker #1
Plutôt correct. Merci. et Comment tu choisis la durée pour laquelle tu pars ?
- Speaker #0
Je crois que tu peux vraiment y aller, je crois que tu peux y aller à la semaine, ou pour deux semaines, ou pour un mois. Je te dis, tu as une métisse pour les semaines, peut-être que c'est un mois minimum, je ne sais plus, mais en fait, tu payes mois par mois. Enfin, moi, j'ai payé mois par mois.
- Speaker #1
Donc, toi, du coup, l'idée, c'était de partir trois mois pour faire cette école ?
- Speaker #0
C'est ça. Je suis parti trois mois de base, donc le visa était très compliqué à obtenir. Je vais me rappeler que ça a été très, très dur d'obtenir le visa. Apparemment c'est assez aléatoire, des fois tu l'as facilement et des fois je sais que ça va être... Moi je suis parti du coup. trois mois et une fois là-bas, j'ai renouvelé pour trois mois.
- Speaker #1
Oui, ça t'a plu, tu as voulu prolonger. Et du coup, avant d'arriver sur place, est-ce qu'il t'est demandé de te préparer sur certains points avant d'aller là-bas, du point de vue peut-être sportif ou mental, sur ce qui t'attend ?
- Speaker #0
Eh bien non, c'est vraiment ouvert à toute personne qui souhaite découvrir cet environnement. Ça peut paraître… C'est dur, c'est très dur physiquement, mais ils ne sont pas non plus des monstres qui vont te pousser à rendre tes tripes. Si vraiment tu as moins de... Il y avait par exemple des gens de 50 ans, des fois, qui venaient et ils s'adaptent aussi un peu. Si la personne ne peut pas suivre, ils ne vont pas lui mettre des coups de bâton.
- Speaker #1
Ce n'est pas la terreur.
- Speaker #0
Non, non, quand même pas.
- Speaker #1
Trop bien. Toi, est-ce que du coup, avant de partir, tu avais des appréhensions, des questionnements sur le fait de partir au bout de la terre pour une expérience qui est totalement différente de ce que tu connais ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr, parce que ça faisait des années que je voulais partir. Depuis avant ma toute première année d'apprentissage, je voulais partir. Et en fait, j'ai vraiment mis en boîte ce rêve de voyager et je voulais vraiment voyager longtemps. depuis que j'étais ado et en fait c'était vraiment le ça passe ou ça casse et c'est aussi pour ça que je me suis dit va faire un en fait tente une expérience comme ça directement et en fait vois ce qui se passe si vraiment ça te plaît pas je pense que c'est que ce genre de chose n'est pas fait pour toi et peut-être là prend un virage dans ta vie et réfléchis à autre chose et puis si ça passe si tu adores ça c'est que c'est la bonne voie et c'est que voilà je sais que je me lance dans plusieurs années de voyage Donc oui, grosse appréhension, grosse appréhension aussi vis-à-vis des arts martiaux, parce que moi le Shaolin, je n'avais jamais fait. Je n'avais fait que de la boxe et quelques disciplines comme ça. La langue, parce que je parlais très peu anglais à l'époque. Et il y avait des traducteurs dans l'académie, mais qui ne parlaient qu'anglais. Parce que déjà, il y avait le mandarin. Donc le mandarin, je ne sais pas. Et oui, bien sûr, il y avait une grosse, grosse appréhension. mais je... Je voulais l'attendre.
- Speaker #1
Trop bien, franchement, c'est courageux, audacieux. Et donc, du coup, tu décides de partir pour suivre un entraînement, tu m'as dit Shaolin, Sandha. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est, en quoi ça consiste plus précisément ?
- Speaker #0
Alors, le Shaolin, c'est un art martial chinois, donc c'est l'art de combat des guerriers Shaolin. Alors, en fait, c'est assez particulier, parce que pour apprendre le Shaolin, le combat Shaolin, en fait, c'est ce qui s'appelle des formes. En fait, des formes, c'est des mouvements, ça va un peu s'apparenter à une chorégraphie de danse. Donc par exemple, on va, je sais pas, tu vas commencer comme ça, puis balancer ta main vers la droite, puis balancer ton poing, puis tes jambes, ton corps en même temps. Et en fait, tu vas prendre 3-4 mouvements par 3-4 mouvements. Ça va te donner ce qui s'appelle une forme. Donc toutes les formes ont des noms, j'ai oublié les noms, je t'avoue. Et en fait ces formes qui s'apparentent à des danses sont des techniques de combat. Par exemple tu balances un poing, c'est pour mettre un coup. Quand tu balances ta paume, ton poing, on t'apprend 3 mouvements, 4 mouvements, 3 par 3, 4 par 4 et ton shifu, ton maître te regarde, voit si tu exécutes bien tes mouvements, il faut vraiment que tu aies une coordination parfaite dans ton corps, dans ta puissance entre guillemets parce que eux c'est vraiment pas de la... C'est vraiment pas le Shaolin et cette discipline, c'est vraiment pas de la force brute, c'est vraiment ce qu'ils appellent de la puissance. Eux, ils partent vraiment du principe que chaque coup, ils partent de la terre, ils puissent l'énergie de la terre qu'ils retransmettent dans un poing, dans une main. Et donc, c'est des mouvements assez vifs. Et c'est très physique parce que tu es souvent courbé sur les genoux. C'est vraiment particulier et très loin de ce que j'avais fait jusqu'ici. Et donc, ces mouvements te donnent à la fin une forme. Et en fait, quand tu valides ta forme, la première, elle est à la main, par exemple. Donc, focaliser sur la pomme de la main. La deuxième est au point et la troisième est au bâton. Donc, c'est la première arme, le bâton, chez les Shaolin. Et en fait, une fois que tu as validé ses formes, tu peux passer à la suivante. Donc, ça, c'est le Shaolin. Et tu vois, c'est impressionnant parce que ça… Tu sais, comme dans les films, par exemple, d'arts martiaux, ils crient beaucoup. Et en fait, à chaque coup, quasiment, tu vas lancer un cri. en fait pour extérioriser un peu ta force C'est marrant parce que tu es dans un groupe de 10 personnes, tu as ton petit cri qui... Et en fait, ça te catalyse aussi. Tu as vraiment une espèce de synergie du groupe où ça te pousse à te surpasser. C'est vraiment impressionnant. Et le sanda, c'est du kickboxing chinois. Donc là, c'est vraiment plus boxe où tu as les coups de coude et tu as les coups de poule. Donc en fait, on alternait les deux. Et tu avais aussi... Alors oui, je ne te l'ai pas dit, je faisais aussi du qigong, c'est de la méditation. Donc basé autour du Qi, donc le Qi c'est la force vitale qui est dans l'estomac. Ok. Tu peux voir si tu vas en Chine ou dans les Chinatown à l'étranger, tu as souvent des... Tu vois j'en ai vu une à Auckland il n'y a pas longtemps en fait, où tu as des personnes qui se rejoignent et qui font de la méditation en extérieur, en général c'est du Qi Gong ou du Tai Chi.
- Speaker #1
Ok, ouais je vois, je visualise à peu près. Ouais donc programme assez complet sur lequel tu prévois de t'envoler. Et donc du coup on est en 2018. tu arrives en Chine. Comment ça s'est passé ton arrivée sur place ?
- Speaker #0
Alors mon arrivée, beaucoup de sentiments, beaucoup d'inquiétude, mais beaucoup d'euphorie à la fois parce que je débarque quand j'ai 20 ans, avec ma petite valise, je suis dans un aéroport où tout est écrit en mandarin, je ne comprends rien. Il y a un truc qui me choque, c'est que les Chinois ils crachent beaucoup. Et en fait ils crachent vraiment partout, tu sais, dans les aéroports. Alors c'est pourquoi ? Parce que la Chine est un pays très pollué. Et en fait, c'est un peu pour cracher les toxines, tout ce qu'ils aspirent à longueur de journée. Donc, c'est assez perturbant. C'est vraiment dépaysant. Même tout, tu vois, les odeurs. C'est un pays qui a une odeur difficile. On parle beaucoup de l'Inde, par exemple, où les odeurs sont agressives. La Chine, c'est pareil, je trouve, à certains endroits. Donc, en fait, tout est vraiment très dépaysant. Tout est presque agressif. Pour moi, petit Français de 20 ans qui n'a jamais trop fait ce genre d'expérience. Et en fait, du coup, il y avait une... Il y avait une traductrice de l'école qui venait me chercher à l'aéroport. Je l'ai trouvée, elle avait ma petite encarte avec marqué mon prénom. Et du coup, on est allé manger parce qu'il était tard. Donc elle m'a emmené dans un petit restaurant chinois où on a pris un espèce de petit buffet, où on a pris en portée. Donc première fois que je goûtais vraiment de la vraie nourriture chinoise. Du coup, on a un peu discuté, mais moi, comme je t'ai dit, je ne parlais pas trop anglais, donc c'était assez compliqué. Je suis arrivé à me faire comprendre, mais vraiment au niveau scolaire élémentaire. donc sans plus quoi donc on est arrivé à l'académie de nuit quand je suis arrivé il y avait des il y avait quelques élèves encore qui s'entraînaient donc on avait en fait on avait une salle d'entraînement vraiment à disposition 24h sur 24 et du coup elle m'a fait faire le tour donc c'était vraiment une immense salle d'entraînement en long avec un ring tout au bout des machines un peu il y avait des appareils de musculation et des espèces de comment appeler ça des espèces de de poutine ball en fait mais avec des bras en fait et ça c'est pour un autre art martial qui enseignait là bas donc j'ai oublié le nom et voilà donc il y a cette salimance avec une dizaine de personnes dedans et en fait elle m'emmène vers un gars qui s'appelait Joshua et qui en fait était français et c'était marrant parce que lui il avait 16 ans et en fait il était là bas pour cinq ans lui son but c'était vraiment de devenir maître d'art martiaux et mon père l'avait envoyé là bas et en fait lui vraiment il enfin lui vraiment c'était complètement atypique de ses 16 ans à ses 21 ans je sais pas ce qu'il est devenu aujourd'hui mais il était dans cette école et du coup on a sympathisé et en fait il s'est avéré qu'on était dans le même groupe et du coup on a bien sympathisé tous les deux, il m'a un petit peu expliqué, il m'a un peu mis en confiance et il m'a un peu expliqué comment ça marchait.
- Speaker #1
Ouais ça fait du bien d'avoir quelqu'un peut-être qui parle sa langue, surtout pour les débuts comme ça, quand t'arrives dans un truc totalement différent, comme tu dis ouais t'es en Chine quoi, c'est pas comme si tu vas dans un pays européen, là t'es de l'autre côté de la Terre, premier voyage, t'as la tête dedans quoi.
- Speaker #0
Ouais c'est clair.
- Speaker #1
Et du coup, c'était principalement des personnes autres que chinois qui étaient avec toi dans l'académie ?
- Speaker #0
Oui, alors il y avait cinq ou six chinois qui vraiment représentaient un peu la fierté, l'élite de l'académie. Et le reste, c'était vraiment américains, français, belges, suisses, allemands. Il y avait quelques allemands. Il y avait un pakistanais. Il y avait de l'Amérique du Sud. Il y avait vraiment un peu de tout.
- Speaker #1
Ok. Qu'est-ce qu'il en est pour les Chinois sur ce côté devenir bonne Shaolin, etc. Dans la vidéo que j'avais vue hier, j'avais l'impression qu'il y a beaucoup d'élèves qui ont ce genre d'école.
- Speaker #0
C'est ça. Alors en fait, là-bas, alors que je ne te dis pas de bêtises, parce que c'est un sujet quand même assez fermé, mais c'est vraiment une fierté nationale. Les quelques élèves qui avaient là-bas étaient assez jeunes. Il y en avait un qui avait 14 ans, je me souviens. Il y en avait une autre aussi qui avait 14 ans, ils étaient deux. Le reste, ils avaient entre 16 et 18, si je me souviens bien. Donc, on ne se mélangeait pas énormément. Il y en avait trois ou quatre dans mon groupe, parce que le Shaolin, c'était un peu la discipline vers laquelle ils se dirigent en général. Et en fait, alors pourquoi est-ce qu'ils faisaient ça d'eux-mêmes ? Est-ce que c'était leurs parents ? Pour la majorité, je ne sais pas. Je sais juste que celui de 14 ans, c'était ses parents, en fait. Il avait un petit peu obligé à aller là-bas. Il ne voulait pas du tout faire ça. Donc, c'était assez dur pour lui. Et eux, je sais qu'en fait, il faut vraiment qu'ils soient au-dessus de toi. Il faut vraiment qu'en termes de performance, ils représentent cette fierté des arts martiaux chinois qui sont quand même très connus dans le monde, très respectés. Et eux, ils avaient vraiment un entraînement plus intensif. Ils faisaient les entraînements avec nous, mais le matin, ils étaient avant nous, le soir, ils étaient après nous. Et alors après, sur quoi ça débouche ? Je ne sais pas, je sais que les maîtres là-bas, c'est ce qu'ils appellent des chifous. Ils peuvent prendre un disciple et après l'entraîner personnellement et ce disciple, plus tard, pourra devenir chifou à son tour. Après, très honnêtement, je ne sais pas trop pourquoi ils étaient là et si vraiment c'était leur choix personnel et s'ils rêvaient de devenir Shifu, je ne sais pas.
- Speaker #1
Oui, je vois. C'est quelque chose qui n'est pas très accessible à nous.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Tu vois, par exemple, je me souviens qu'il y avait plusieurs maîtres dans mon école et je sais qu'en fait, on était dans un village très ancien dans les montagnes où c'était vraiment une population un peu sédentaire de famille en famille qui tenait les fermes autour. et euh Je sais que certains n'étaient pas très… On était très bien accueillis par la plupart, mais je sais que certains n'étaient pas très contents que des maîtres chinois enseignent leurs techniques à des étrangers. Donc tu vois, c'est un sujet assez… Enfin, dans cette partie, en tout cas dans cette école, parce que peut-être que c'est vraiment des vieilles mentalités, vraiment plus ancrées à l'esprit de la Chine en Chine. Oui, voilà. Donc je sais que ça en dérangeait certains. Donc ouais, c'est un sujet qui est quand même... Tu viens, tu fais ton école, mais après tu repars. C'est folklorique, mais c'est pas très accessible pour un étranger.
- Speaker #1
Ok, ouais, je comprends. Et du coup, tu disais que vous étiez dans un village au milieu des montagnes. Ça ressemble à quoi, le décor qui est autour de toi, l'école, le petit village, etc. ?
- Speaker #0
Alors, c'est très vieux. C'est très, très vieux. C'est vraiment de la vieille pierre, du vieux bois. C'est assez sec, c'est beaucoup de montagnes autour de nous, on est vraiment très isolé. En revanche, il y a un barrage, je me souviens, il y a un cours d'eau à côté de l'école où on allait méditer souvent là-bas. Et en fait, il y a un barrage qui alimente la ville et qui alimente l'école en eau. Et vraiment, par exemple, par grande sécheresse, s'il n'y a plus d'eau, il n'y a plus d'eau. Et on m'a raconté qu'une année, il y a eu vraiment une canicule. Le cours d'eau s'est complètement asséché et il n'y avait plus de douche, par exemple. Il n'y avait plus de douche, il n'y avait plus d'eau accessible. Donc, c'est vraiment, tu vois, c'est très peu desservi. C'est vraiment rudimentaire. Et sinon, le village, c'est un village, en fait, classique, avec quelques petites maisons, beaucoup dans les montagnes. Dans les montagnes, tu vois vraiment les anciennes fermes, avec les anciens champs. Et puis après, si tu marches, on allait faire deux, trois randonnées. Là-bas, le week-end, c'est vraiment des montagnes à perte de vue. C'était très isolé.
- Speaker #1
ça devait être des paysans en tout cas, je pense. Et donc, pour parler de ton programme en lui-même, comment ça se passe ? Est-ce que tu peux nous raconter ton quotidien ou une semaine type, par exemple ?
- Speaker #0
Alors, mon quotidien, j'ai un planning, en fait, comme à l'école, sauf que ce ne sont pas des cours de mathématiques, de français, ce sont des cours où tu sais que le lundi, tu vas avoir Shaolin en première heure. Donc, je fais ça du lundi au vendredi. Alors, ta possibilité, je crois qu'on se levait à... 6 heures ou 7 heures si je me souviens bien. Tu avais possibilité de te lever une heure avant pour faire du tai chi. Donc moi j'ai essayé, ce n'est pas quelque chose qui m'a spécialement attiré. Donc j'ai fait 2 ou 3 semaines et j'ai arrêté. Et petit déjeuner, tu avais petit déjeuner dans une salle commune et après on commençait l'entraînement assez tôt. Donc on devait faire 4 heures le matin. Donc tu avais soit entraînement Shaolin, donc on en avait 2 ou 3 par semaine, donc tu sais où tu fais les formes là, comme je t'expliquais. Tu avais du sanda. Donc on devait avoir pareil 2 ou 3 cours où vraiment on faisait de la boxe, des combats, de l'entraînement pieds-points, soit dans la salle, soit en extérieur, ça dépendait aussi des saisons. Moi je suis arrivé vraiment en plein hiver, il faisait très très très froid, donc il y avait énormément de neige, donc on était que en intérieur et quand il a commencé à faire plus beau, on commençait à aller dehors. On courait beaucoup, au début de chaque entraînement on courait un quart d'heure. Et il y avait aussi du power stretching, c'était une heure et demie d'étirements, donc on se mettait par deux ou à trois et on se tordait dans tous les sens. pour étirer tes bras, tes jambes. Mais en fait, parce que le Shaolin, c'est très souple. Il faut vraiment avoir une flexibilité de ton corps qui est un peu plus poussée que chez nous, disons. Et donc, tu avais de grosses séances d'étirement. Et avant chaque sanda, avant chaque cours de Shaolin, on s'étirait tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et il y avait le power training. Alors, le power training, ça, je m'en rappelle, parce que c'était le mardi après-midi. Et en fait, le power training, d'un Comme son nom l'indique, c'était une heure et demie de souffrance où tu levais des poids, tu courais avec des poids. C'était vraiment un entraînement physique ultra poussé. Il y avait une pente dans l'école et par exemple, il fallait marcher. Tu te mettais en bas de la pente et il fallait que tu marches en canard jusqu'en haut de la pente. Et tu redescendais, tu recommençais, tu descendais, tu recommençais, jusqu'à ce que ce n'était pas rare que tu finisses avec l'envie de vomir à la fin de cet entraînement. C'était vraiment le plus terrible. Oui, ça t'a marqué. Oui, celui-là, il était vraiment terrible. Mais après aussi, comme je te disais tout à l'heure, tu avais un peu cet esprit Shaolin dans cet entraînement où tu as un peu tout le monde qui crie, où tu as un peu tout le monde qui extériorise. l'effort et en fait ça te catalyse et tu avais vraiment un esprit de groupe qui était très fort notamment dans ces séances. On avait une séance de de qigong aussi donc voilà qui était une séance de méditation, pardon on avait une séance de qigong debout et une séance de qigong assis et on avait possibilité, donc voilà ça c'était tous nos cours et on avait possibilité d'assister à des cours de massage aussi donc il y avait un professeur de massage en fait qui venait te montrer. tous les points du corps. C'est assez particulier. En fait, il t'appuie vraiment sur les points pour te détendre les muscles, mais ça fait très mal. Des fois, il te montrait par exemple les points dans la main, il te prenait la main et il te mettait à genoux tellement qu'il t'appuyait fort. Et voilà. Et à la fin de... Alors, je pourrais peut-être t'envoyer une vidéo pour t'expliquer parce que j'en ai une, mais à la fin de chaque journée, on faisait ce qui s'appelle le Nihara. Et en fait le Yihara, si on se mettait tous en ligne un peu comme des militaires, et en fait on faisait quelques mouvements, donc c'était des coups de poing, des uppercuts. Et en fait à chaque mouvement tu faisais Yihara, Yihara, Yihara. Et en fait c'était 5 mouvements où tout le monde finissait en même temps. Et c'était pour clôturer la journée en fait qu'on faisait ça. Et après t'as toujours beaucoup le... comment dire... T'as l'esprit Shaolin en fait qui se fait aussi beaucoup dans le respect. Donc à la fin de... au début de chaque entraînement tu salues ton Shifu, tu... Ils ont un mouvement, la basse. je sais pas si je peux te montrer en posant le téléphone, en gros c'est par exemple pour dire merci Shifu, au début de chaque entraînement ou quoi, tu dis Shé Shé Shifu, et en fait ça c'est le point de la guerre contre la main de la paix, et en fait c'est vraiment l'esprit Shaolin chinois, où tu t'entraînes non dans le but de blesser, mais plus dans le but de protéger et de se protéger soi-même.
- Speaker #1
C'est vachement complet, varié, ça n'a pas l'air d'être de tout repos non plus. Du coup, j'ai plein de questions par rapport à ce que tu nous as raconté. Déjà, toi, comment tu te sens dans ce nouveau quotidien rempli de nouveaux enseignements, de sport, d'autres choses ?
- Speaker #0
Je me sens bien. Je me sens très bien. Je me sens léger. Je me sens… C'est une pause, en fait. Tu vois, c'est une bulle dans ma vie. Où tu as ce passage, en fait, où je viens de finir mes études. il va falloir se lancer dans la vie d'adulte qui me... terrorise en fait à vrai dire donc je suis bien je suis très léger là bas et je suis je sais pas comment te l'expliquer c'est vraiment c'est vraiment un sentiment de légèreté intense en fait.
- Speaker #1
Ouais comme tu dis ça fait une petite pause c'est vrai que quand on a 21 ans on finit les études parfois se lancer dans dans la vie d'adulte entre guillemets ça peut faire un peu peur c'est peut-être pas trop ce qu'on veut faire et tout là au moins tu es dans ta bulle dans ton truc t'as que ça à faire quoi
- Speaker #0
Et ça, puis ça me plaît. En fait, je l'ai fait et ça me plaît. Ce n'est pas comme si j'y étais allé, ça ne me plaît pas, je reviens deux semaines plus tard en me disant, c'est que ça me plaît, je suis à fond dedans, j'apprends beaucoup, j'adore ce que je fais là-bas. Et non, vraiment, c'est super bon.
- Speaker #1
Trop bien.
- Speaker #0
Et physiquement ?
- Speaker #1
Oui, on va tant mieux. Et physiquement en parlant, du coup, ça donne quoi ?
- Speaker #0
Physiquement, c'est très, très dur. Surtout, comme je t'ai dit, il fait très, très froid en arrivant là-bas. et en fait le problème c'est qu'au bout de trois semaines je me blesse, en fait je me fais une tendinite aux genoux. étant digne de bach qui ne quittera pas en fait jusqu'à la fin de mon entraînement donc ça a été assez intense des fois j'ai dû adapter par exemple j'avais beaucoup de mal à courir longtemps tu sais que le genou donc par exemple quand on courait en début tu sais je t'ai dit qu'on courait 15 minutes à moi par exemple je me mettais en gainage où j'ai adapté certaines choses enfin bon chiffon on a adapté certaines choses à ma condition du coup donc assez assez dur ce moment parce que je me dis pas mince puis surtout que vraiment je me souviens en fait ça m'arrive en plein combat j'ai vraiment une douleur La douleur me paralyse le genou. Je me dis qu'est-ce qui se passe ? Je me suis cassé un truc. Je suis allé à l'hôpital avec la même traductrice qui était venue me chercher. Le médecin me regarde. C'est une tendinite, mais pour l'entraînement, ça va être compliqué. La question se pose, qu'est-ce que je fais ? J'ai pris quelques jours off pour réfléchir. Je suis parti à Yantag. Je me suis dit, est-ce que je reste ? Est-ce que je ne reste pas ? Je me suis dit, je suis là, je reste. Et je suis resté, et en fait, ça l'a fait. Et en fait, c'est marrant, mais je me suis habitué, en fait, à... Je suppose que si un médecin regarde cette vidéo, il va dire non, non, c'est pas du tout ce qu'il faut faire. mais je me suis habitué en fait à à m'entraîner avec cette tendinite. Ça l'a fait. Des fois, ça m'a fait très mal, mais par un coup, c'était assez vif. Mais ça pouvait venir une fois toutes les deux semaines où vraiment, je faisais un mouvement qu'il ne fallait pas. J'avais une grosse douleur, mais ça passait. À part ça, sinon, c'était grosses courbatures. En fait, on se fait souvent aussi, j'allais dire par habitude, enfin, moins que d'habitude ou pas, parce que je sais que les Chinois se blessaient aussi parfois. Mais c'est souvent que tu te faisais un petit bobo. on est Ça m'a aidé beaucoup à se faire la main, le pied. Je me souviens aussi qu'on avait fait un entraînement aussi un jour, une heure à taper pieds nus sur des sacs. Et je m'étais fait l'élos au-dessus du pied. Donc, tu rentres, tu te bandes ton pied. Voilà, c'est comme ça. Et de toute façon, tu peux très bien t'arrêter. Si tu veux, tu peux te dire non, non, pendant deux semaines, j'arrête. Mais bon, si tu arrêtes, tu es dans ton lit au milieu des montagnes et tu attends. Tu n'es pas vraiment là pour ça. Donc, voilà, physiquement, c'est dur. mais... Après, tout ce qui est courbature, petit à petit, tu t'y fais. Tu en as de moins en moins. Tu deviens de plus en plus souple. Donc, tu t'y habitues.
- Speaker #1
C'est de plus en plus facile dans la douleur, on va dire.
- Speaker #0
Oui, voilà. Puis, c'est vrai que ça devient ton quotidien. Tu sais que 5 jours par semaine, 4 semaines par mois, c'est ce que tu fais. Ça devient vraiment ton… En fait, c'est comme tout, ton corps s'y habitue.
- Speaker #1
Tu as ta routine et ça va. Et mentalement parlant ? d'être dans son quotidien, justement, dans sa difficulté, mais aussi d'être au milieu des montagnes, d'être dans le groupe, etc.
- Speaker #0
Eh bien, mentalement, alors étonnamment, là, avec le recul, très facile. Vraiment, très durs les entraînements où tu es vraiment à cracher tes poumons. Tu te dis, ah non, c'est que le début de journée, très durs ces moments-là. Mais comme je te dis, tu as aussi tout ton groupe. Tu as toutes ces personnes autour de toi, de différents horizons, qui sont ici pour leurs raisons spécifiques. Il y a une espèce de communauté dans cet endroit qui est vraiment unique. Et je pense que pour mon jeune âge, à ce moment-là, c'est quelque chose dont j'avais besoin. Je pense que j'avais aussi tout un passé, tout un tas de choses à régler vis-à-vis de moi. et dont ce cadre et la méditation m'ont beaucoup aidé. Et j'avais aussi, en fait, je me lançais tout juste dans une autre passion à l'époque qui est l'écriture en fait et que j'avais vraiment commencé vraiment à la fin de mon apprentissage. C'était ma prof de français qui m'avait un peu mis sur cette voie. Et en fait, j'ai profité de ces moments dans les montagnes, en fait dans le calme et coupé de toute connexion pour vraiment me lancer à fond là-dedans et vraiment commencer à un peu explorer cet univers. Donc ça m'a pris énormément de temps, enfin de temps libre du coup. Et donc, vraiment beaucoup plus dur physiquement que mentalement pour moi.
- Speaker #1
J'ai l'impression que dans les programmes un petit peu comme ça que tu as suivis, le côté physique où on va te faire aller au-delà de ta zone de confort et que le côté mental vient justement un peu contrebalancer ça avec la méditation pour apaiser les moments de calme, la montagne, etc. Est-ce que toi, tu l'as vécu comme ça ou il y avait ce type qui canalise ?
- Speaker #0
C'est ça, en fait, tu as vraiment ce côté très dur, tu as vraiment le feu et la glace, en fait. Tu as vraiment ce côté très dur de l'entraînement où tu vas vraiment suer comme tu n'as jamais sué de ta vie et en fait, éprouver ton corps comme tu ne l'as jamais fait avant. Mais tu as aussi ce côté, comme tu dis, tu as vraiment déjà ce côté méditation. Puis tu sais, des fois, après les entraînements, on s'étire un peu entre nous, on se masse des fois. Des fois, après les entraînements, le power training, par exemple, à la fin, on se massait, on se mettait deux par deux, on se massait le dos, les bras. donc c'est vraiment t'as tout qui redescend Et tu as vraiment ce côté méditation où vraiment tu te concentres sur toi-même, sur ton chi, sur l'énergie. Tout est dans la culture chinoise, tu as vraiment ce côté énergie que nous, on n'a pas occidentaux. Et moi, quelque chose qui me manque beaucoup chez nous, parce que moi, j'ai un peu grandi là-dedans. Mon père, il est dans le Reiki et il ne nous a pas élevés là-dedans. Mais tu vois, je l'ai toujours vu un peu pratiquer ça. Donc moi, je vraiment grandis avec cette certitude qu'on a vraiment une énergie autour de nous, mais que nous, occidentaux, on a vraiment perdu. on ne s'est plus pallié avec. Et donc, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir là-bas. Et tu as aussi ce cadre, tu as les montagnes, tu as le ruisseau. Tous les vendredis, on va au temple. Donc moi, ce que je ne fais pas tout le temps avec mon genou, parce que c'est une grosse montée, mais tous les vendredis, il y a un temple où on allait courir là-bas et méditer. Tu avais des petites grottes avec des bougies, des statues où tu pouvais méditer. Et après, tu as aussi… Alors, c'est assez strict parce qu'on a un couvre-feu. Tu n'as pas le droit de sortir le soir. À 21h, tu es dans ta chambre. C'est très strict. Par contre, tu as ces moments où, entre midi et deux, ou les week-ends, tu fais ce que tu veux, tu vas te balader. Les dimanches, par exemple, j'allais souvent au bord du ruisseau. Tu avais un endroit avec plein de petites pierres plates et je me mettais là, je me faisais un petit café dans mon thermos et j'allais écrire là-bas, me méditer. Donc, tu as vraiment le feu et la glace.
- Speaker #1
Tranquilo, oui. C'est vraiment un monde à part de ce que tu connaissais, ton quotidien français, finalement. Franchement, ça doit être vraiment… enrichissant surtout à cet âge-là, je pense à 21 ans, d'avoir ces enseignements-là, d'être dans un cadre comme ça, qui est vraiment à l'opposé de ce qu'on connaît. Tu disais qu'il y avait une communauté qui était assez unique. Comment tu la décrirais ? Qu'est-ce qui ressort de cette communauté, peut-être en termes de valeur, en termes d'entraide, etc. ?
- Speaker #0
Alors, je vais la comparer à mon métier, qui est la cuisine. Et dans la cuisine, en fait, ta brigade, c'est vraiment ta... ta famille parce que la cuisine c'est un métier très intense très militaire et en fait on est tous ensemble dans la mouise tu vois quand le service commence tu vois il faut aller au plus vite il faut faire au mieux et en fait tu peux pas le faire tout seul en fait si tu es dans un milieu où tu es plusieurs tu peux pas jouer perso dans ton coin sinon ça ne marche pas en fait là bas c'est exactement pareil en fait on est tous en fait dans le même bateau dans le même entraînement physique, dans le même... On est tous venus ici pour une raison. Ce n'est pas des motivations légères qui nous poussent à partir là-bas. On est tous venus vraiment chercher quelque chose, vraiment dans la méditation, dans les arts martiaux. Tu sais, cet esprit, cette culture chinoise aussi, qu'on considère, nous, peut-être d'un point de vue extérieur, comme sage. C'est vrai qu'encore une fois, tu vas dans les cultures populaires, dans les films, tu vois vraiment le moine Shaolin qui médite. Je pense que tu as vraiment... beaucoup de personnes qui viennent là-bas en quête de réponses. Et en fait, on se retrouve un peu tous là-bas dans cette recherche d'identité, recherche de réponses, justement. Et c'est ça, en fait, je pense, qui nous lie un peu les uns aux autres. Plus à l'esprit, bien sûr, l'esprit d'entraînement, de combat.
- Speaker #1
Ensemble dans la douleur.
- Speaker #0
Qui nous rassemble aussi, c'est ça.
- Speaker #1
Toi, à 21 ans, c'est quoi que tu allais chercher là-bas ?
- Speaker #0
Je pense que j'avais besoin, en tout transparent, j'avais besoin de m'évader. J'ai vécu des choses assez difficiles très jeune. J'ai eu une famille aimante, tout ça, pas de souci. En revanche, on a connu des épreuves dans ma famille assez difficiles. Donc, je pense que j'ai eu besoin un peu de fuir tout ça. En fait, je pense que je ne me suis pas construit sur de très bonnes bases. Je suis désolé, je ne sais pas si ça se dit, c'est dans un podcast. Non. Je pense que je ne me suis pas construit sur de très bonnes bases et j'ai eu besoin de... Je pense vraiment de me changer les idées aussi d'où ce besoin de faire quelque chose de complètement, comme tu dis, ce virage total et de faire quelque chose de complètement unique. Donc je pense que j'ai eu besoin de guérir de certaines choses et d'évoluer sur d'autres aussi, parce que c'est vrai qu'à 21 ans, tu n'as connu que la France, tu n'as connu que mon village, que mon école, que ma famille. Donc tu sais, tu as ta manière de penser. Je pense qu'en tant que Français, on est assez connu pour avoir une mentalité assez, comment dire, assez carrée. Voilà, c'est fermé. Et ça, je le ressens vraiment à 21 ans. Je le ressens et je me retrouve au milieu. On avait un petit groupe francophone, on était 5-6, où il y avait un an de français, un an de suisse, un an de belge. Et je le ressens vraiment, je ressens vraiment que je suis le jeune du groupe et que par rapport à eux, je suis très fermé. Je ne connais rien par rapport à eux. Ils ont vraiment une ouverture d'esprit que moi, je n'ai pas à l'époque et qu'avec le recul, je me dis, si j'étais allé quelques années plus tard, ça aurait été complètement différent. Voilà, donc il y a tout ça. J'avais aussi une envie de mourir au monde. Je pense que j'avais aussi besoin de comprendre que dans le monde, on ne pense pas comme moi, donc il n'y a pas qu'une seule vision. Et je pense que j'avais aussi ce besoin, comme je t'ai dit, de vivre quelque chose avant de rentrer dans ce cadre métro-boulot-dodo, parce que j'avais quatre ans d'études derrière moi, donc j'ai commencé à 16 ans, j'ai fini à 20 ans. J'ai beaucoup travaillé. Encore une fois, la cuisine, c'est les jours fériés, les week-ends, les soirs. dans des conditions assez rudes. Et en fait, je me suis dit pendant ces quatre ans, est-ce que c'est ce qui m'attend ? Est-ce que je finis mon diplôme ? Et en fait, il n'y a rien qui change à part mon diplôme en poche. Je continue là-dedans pendant 40 ans. Je fais la même vie, je fais les mêmes, au même endroit. Et en fait, c'est quelque chose qui me terrifie. J'ai beaucoup de mal, moi, comme beaucoup de personnes de notre génération, j'ai l'impression, j'ai beaucoup de mal à me projeter là-dedans, dans une vie de stabilité pour le moment. s'il va bien faire y aller à un moment Donc, j'ai toutes ces choses en tête. J'ai un besoin, j'ai une soif d'aventure, j'ai une soif de vivre avant de survivre dans le système.
- Speaker #1
Et du coup, ça a répondu à tes questions ? Tu as senti que ça t'a apporté ce que tu étais venu chercher ?
- Speaker #0
Oui, ça m'a beaucoup aidé. Ça n'a pas répondu à toutes mes questions, ça n'a pas guéri toutes mes failles peut-être, mais en tout cas, ça m'a beaucoup aidé à progresser, je pense, sur certaines choses et même en tant qu'individu, je pense.
- Speaker #1
Trop bien. Je pense qu'il y a Pierre comme cadre dans la vie pour venir chercher des réponses à nos questions. Donc, c'est bien franchement que tu aies fait ça. Je voulais revenir sur ce que tu disais un petit peu plus tôt. Tu parlais du coup de la mentalité Shaolin, les moines Shaolin. C'est vrai qu'on s'en fait. cette idée un petit peu du grand sage qui médite, qui te transmet des choses, etc., à côté un petit peu spirituel. C'est quoi, du coup, les grands enseignements qui vous sont transmis à travers ces entraînements, ce programme et les mois que tu passes là-bas ?
- Speaker #0
Alors, avant toute chose, je pense qu'il y a la spiritualité. Le Shaolin, en fait, il a un peu… Après, voilà, c'est vraiment… Enfin, on a l'idée du stéréotype, mais c'est vraiment… Évidemment, c'est des êtres humains. Ils ont tous leur… Tu vois, je me souviens que mon Shifu, moi, par exemple, j'étais très jeune. Et voilà, ils ont tous leur caractère, tous leur mentalité. Ils ont vraiment une... En fait, ce qu'on t'apprend, c'est vraiment d'être en communion totale avec ton corps, en fait, ton corps et ton esprit. Eux, ils ont vraiment une manière, ne serait-ce que de combattre, qui est unique. Et comme je te le disais, tu vois, ils vont avant tout... Déjà, dans l'art Shaolin, ils vont avant tout chercher, comme je te disais, la puissance. Encore une fois, là où de notre côté, on va plus t'apprendre à, je ne sais pas, à taper fort, à... Je minimalise bien sûr, mais eux ils vont vraiment, ils vont toujours te dire avant ton coup tu tapes du pied, tu captes l'énergie de la terre que tu retransmets dans ton poing. Ils ont vraiment une communion en fait avec leur corps et avec le monde qui les entoure. Ils ont cette spiritualité, c'est vraiment la spiritualité moi que j'ai retenue, c'est vraiment ce truc qu'on n'a pas. Ils écoutent leur corps, ils sont en lien avec leur corps, mais dans leur manière de vivre, dans leur manière de respirer, dans leur manière de se battre, c'est vraiment ça en fait. qui est vraiment décontenancé en fait pour nous. Moi, c'est vraiment ce que j'en retrouve.
- Speaker #1
C'est vrai que c'est un petit peu difficile pour nous de se rendre compte et de visualiser. Comment tu l'expliquerais par exemple, de ça se ressent dans leur manière de vivre ? C'est-à-dire ?
- Speaker #0
Tu vois, nous, je nous trouve par exemple, européens, français, on va dire français, parce que je ne connais pas toute l'Europe. Je me trouve très, comment dire, très expressif, très impulsif peut-être. on a Je pense qu'on montre beaucoup nos émotions et on est peut-être en proie même à nos émotions. Eux, là-bas, je parle vraiment des moines shaolin, pas de la population. Eux, ils ont vraiment ce... Encore une fois, le feu et la glace, en fait. Ils sont vraiment, ils sont toujours très calmes, très fermés. Mais tu vois, tu sens vraiment... Ils sont très calmes, très fermés, mais tu sens vraiment qu'il y a un feu en eux qui... qui s'agite et qui à tout moment peut s'embraser en fait et tu le vois et je l'ai vu deux trois fois c'est assez impressionnant à voir parce que tu les vois tu les vois toujours très calme très voilà le visage vraiment barré il laisse rien transparaître mais en fait tu sens c'est palpable tu sens par contre qu'il y a une espèce de force intérieure que tu n'as pas du tout envie de provoquer je sais pas comment t'expliquer c'est dans l'air en fait c'est autour d'eux c'est c'est ce qui est même d'eux c'est une espèce d'aura en fait c'est je sais pas comment te le dire
- Speaker #1
Je peux à peu près concevoir. Et tu penses que c'est de la canalisation de leur énergie, de leurs émotions, etc. C'est plus peut-être du refoulement. Je me positionne vraiment en tant que Français. D'un point de vue français, ça pourrait être vu un petit peu peut-être comme du refoulement d'émotions, de « je laisse rien paraître » . Mais de ce que tu me dis, ça a plus l'air d'être. C'est canalisé, tout est… peut-être un peu de détachement de soi, de ses émotions, etc. Comment toi tu le décrirais ?
- Speaker #0
C'est exactement ça en fait, c'est canaliser, c'est une vie de méditation, c'est une vie, tu sais, ils sont toujours concentrés autour de leur chi, donc autour de leur énergie vitale. Donc c'est vraiment ça en fait, je pense qu'ils apprennent vraiment à, je pense qu'ils apprennent à canaliser et à contrôler leurs émotions là où nous on a beaucoup plus de mal à le faire je pense. Parce qu'en fait ils sont aussi, je pense, Je pense que c'est un peuple qui est très... Alors, peut-être un peu moins de nos jours, mais qui a toujours été très pudique. Tu sais, les Chinois, c'est vrai qu'on les voit vraiment comme un peuple qui a toujours... Voilà, qui... Tu vois, qui ne sont pas expressifs, qui ne vont pas... Tu vois, ils ne vont jamais... Enfin,
- Speaker #1
tu vois,
- Speaker #0
c'est très rare de voir un Chinois... Oui, voilà. C'est très rare de voir un Chinois qui va gueuler dans la rue, qui va... C'est vraiment un peuple, je pense, qui est vraiment... Alors, peut-être qu'il y a une partie de la population qui a de la frustration, qui ne grandissent pas là-dedans dans ces enseignements, je pense que pour eux, c'est vraiment plus un apprentissage. Mais en fait, au même titre un peu que les personnes qui méditent chez nous, tu vois, c'est souvent des personnes, je ne sais pas si tu vas chez un couveur de feu, un maître de briquise, c'est souvent des personnes qui d'apparence vont être très calmes. Parce que c'est des personnes qui sont, je pense, en communion avec le monde qui les entoure. Et je pense qu'à partir du moment où tu t'écoutes et tu écoutes ce qu'il y a au cours de toi, tu es forcément plus calme et tu es un peu moins à cran, un peu moins stressé, un peu moins en colère.
- Speaker #1
Tu as une autre approche au monde de manière générale. Oui, je vois tout à fait. C'est quoi, toi, qui te marque le plus pendant tes six mois passés là-bas ?
- Speaker #0
Un peu tout. Honnêtement, tout le système, tout ce que je vis là-bas me marque vraiment de A à Z. Il n'y a pas un élément particulier, ne serait-ce que de la Chine en elle-même, ne serait-ce que de ce que j'ai visité, parce que du coup, le week-end, j'allais un peu visiter autour, ne serait-ce que de la manière de vivre des Chinois, ce qu'ils mangent. Et dans l'académie, les entraînements, la manière d'être des Chifous, les études. Il y a vraiment tout. En fait, c'est vraiment tout un autre monde. Il n'y a pas un point en particulier qui me surprend plus qu'un autre, je pense. C'est vraiment un tout. L'expérience de A à Z est complètement déstabilisante pour moi et complètement unique.
- Speaker #1
Oui, j'imagine. Tu parlais du coup de la nourriture chinoise. Ça a donné quoi ? Tu as bien aimé ?
- Speaker #0
Non, j'ai détesté. Alors honnêtement, j'ai vraiment… Tu t'en fous,
- Speaker #1
tu vas dans la cuisine.
- Speaker #0
Oui. Alors, celle de l'académie. Alors déjà… Quand on y était allé la première fois avec l'école, tous, mais vraiment tous, on n'avait pas du tout aimé ce qu'on mangeait là-bas. On avait tous perdu du poids. Et alors vraiment, là-bas, c'était une espèce de cantine, en fait, où on mangeait là-bas. Donc, c'était de la nourriture chinoise, mais un peu basse qualité, en fait, un peu de masse. Tu vois, ce n'était pas un restaurant. Alors, cette espèce de cantine à l'académie, alors vraiment, je trouvais ça... horrible, alors j'ai pas d'autres mots, j'arrivais pas à manger ce qu'il y avait là-bas.
- Speaker #1
Pourquoi par exemple les plats ?
- Speaker #0
Alors je me souviens qu'il y avait du poisson frit mais très très sec où tu le mangeais, c'était de la farine sous ta dent, il nous faisait toujours des oeufs durs le matin mais les oeufs durs étaient tout le temps trop cuits, ils étaient tout le temps bleus, tout le temps très sec, pareil il y avait des brochettes de poulet rouge, donc je sais pas comment c'était fait mais pareil sec, archi sec, donc heureusement on vivait tout le temps nuté, on avait tout le temps du thé à tous les repas. Les chinois boivent du thé pour habituer leurs intestins à la chaleur des aliments. Ça facilite la digestion. Donc on s'était habitué à boire du thé tout le temps là-bas. Ça c'était très bon par contre, parce que c'était des vraies fleurs. Ils ont une grosse culture du thé là-bas. Tu avais un truc particulièrement, je me souviens, après moi je pense que justement je suis cuisinier donc je pense que j'étais beaucoup plus difficile qu'un autre là-dessus parce que les autres mangeaient. Ils ne prenaient pas particulièrement de plaisir, mais ils avaient faim, ils mangeaient. Alors, si tu me demandes ce qui m'a marqué là-bas, tiens, il y avait un plat. C'est là-bas, c'était une... Ils faisaient une espèce d'omelette avec du concombre et de la tomate, mais chaud. Et ça, c'était vraiment le... Ça, je ne pouvais pas, je ne pouvais rien que le sentir. Après, par contre, les restaurants étaient très bons. Alors, il y avait deux, trois restaurants dans le village. Donc, c'était des locaux, en fait, qui avaient transformé leur maison en... Je ne sais pas si tu connais, mais en Chine tu manges autour d'une table ronde. Tu as un plateau en verre, tu fais tourner ce plateau. En général, ce sont des plats à partager. Donc ils te mettent les plats sur ce plateau en verre et tu fais tourner le plateau. Tu te sers ce qui arrive devant toi. Si quelqu'un veut par exemple les nouilles qu'il y a devant toi, il va faire tourner le plateau jusqu'à lui et se servir. Donc ça c'était très cool. Même si tu vois qu'on allait manger à plusieurs. Des fois le vendredi soir, on allait manger à plusieurs avec certains de l'académie. Ça, c'était assez bon. Tu avais des nouilles. Ils faisaient beaucoup de trucs frits, donc du porc pané frit, des aubergines. Assez gras, par contre, vraiment avec beaucoup d'huile. C'était un peu écœurant des fois. Et alors, il y avait un... Ils faisaient un truc pas mal. C'était une assiette de viande un peu revenue au piment, un peu émincée. Et alors, par contre, il y a un truc, c'est que dans toutes ces viandes, en fait, c'était un... un mix de viande un peu, donc il y avait du poulet, du porc, du bœuf. Et il y avait une viande qu'on ne reconnaissait pas et que je n'ai jamais reconnue. Très dure. Et je me suis toujours demandé si ce n'était pas du chien.
- Speaker #1
Encore aujourd'hui, tu ne sais toujours pas ce que c'est ?
- Speaker #0
Oui, oui, oui. Je sais que là-bas, ils en mangent un peu. Et je sais que j'ai déjà entendu dans certains endroits à Yantai, des bâtiments un peu désaffectés où il y avait beaucoup de chiens, de Ausha dans les caves. Je pense qu'il y a eu un peu un espèce de trafic là-bas. Donc voilà.
- Speaker #1
Bon, il est possible que tu aies mangé du chien, alors.
- Speaker #0
Je pense fortement que j'ai mangé du chien.
- Speaker #1
Ah, Pierre. Bon, écoute, ça fait partie du jeu, comme on dit.
- Speaker #0
Oui, oui, oui, c'est ça.
- Speaker #1
En dehors de la cuisine, c'est quoi qui te challenge le plus pendant cette expérience ?
- Speaker #0
Il y a une chose qui est assez dure hors académie, c'est qu'il y a une ville qui s'appelle Moupling, qui est à une demi-heure de l'académie et où je vais tous les samedis, parce que là-bas, il y a ce qu'on appelait la Market Street. C'est une grande avenue avec plein de petits stands. Et en fait, j'y allais parce que je ne mangeais pas grand-chose à l'académie. Et en fait, là-bas, j'y allais tous les samedis et je mangeais presque à… Tu t'étais le bide. J'allais me prendre un coup. j'allais prendre un petit café franchement je mangeais pas ce qu'on veut il y avait des restaurants de nouilles qui étaient excellents je me souviens mon plat de nouilles je le payais 1€ c'est vraiment pas cher là-bas donc t'avais des espèces de petites pizzas de rue t'avais des espèces de biscuits de nouilles il y avait un café là-bas que j'avais trouvé très très bon où j'allais tous les matins et du coup j'allais poser dans mon café j'allais écrire, c'était super cool par contre ce qui me choque c'est que c'est très sale Muping c'est une ville qui est croisée par des canaux donc je pense où il y avait de l'eau avant Merci. rempli d'ordures, jonchés d'ordures, mais vraiment sur plusieurs mètres de hauteur. À Yantai aussi, je vois ça. À Yantai, j'y vais deux, trois fois et je vais dans une espèce de petite auberge de jeunesse. Et fait marquant, justement, je te parlais de la pollution. Je me souviens d'une fois arrivé à Yantai, il y avait un dôme de pollution autour de la ville, gris, mais vraiment un dôme comme dans les Simpsons, le film. Tu as vraiment un dôme parfait gris autour de la ville. C'est fou. Et tu te réveilles, tu as mal au poumon, tu as mal à la gorge. Et en fait, cette auberge est dans un endroit très pauvre, dans cet endroit très pauvre où des fois je marche, j'entends dans les caves, tu as des bâtiments tout noirs, pas de lumière, mais tu entends dans les caves des chiens qui aboient, des Ausha qui miaulent. Donc, je pense qu'il est… Et il y a des immeubles, je me souviens, il y a des immeubles vides, donc abandonnés, mais peut-être de 10, 15, 20 étages, en fait remplis d'ordures. En fait, tu vois tous les étages jusqu'en haut, ça dépasse de poubelles. Tu as un tas de poubelles en bas, donc de tout. Tous les déchets qui sont tombés, j'imagine, ont été entassés là après. Et ça, c'est assez compliqué parce que tu te dis, tu vois, c'est des choses qu'on ne voit pas chez nous. Et c'est vrai qu'il y a une surpopulation qui engendre une pollution et des déchets monstres dont on n'a pas conscience. Et chose très dure, mais je pense pour notre petit cœur de français, tu as beaucoup d'animaux abandonnés là-bas, de chiens et de Ausha notamment, donc je pense qu'ils malheureusement finissent en... dans ces caves, et beaucoup de bébés. Et tu as beaucoup de... Justement, tu as beaucoup de bébés Ausha et chiens dans les rues. Et ça, c'est un peu dur de voir ces petites bêtes. Mais voilà, ça, c'est des choses qu'on n'est pas habitués à voir. On est peut-être trop fragiles là-dessus, je ne sais pas, ou moi. Et je sais que ça m'avait... Ça, ça m'avait beaucoup, beaucoup perturbé.
- Speaker #1
Tu m'étonnes, parce que c'est vraiment...
- Speaker #0
C'est toute cette misère un peu...
- Speaker #1
Exactement, c'est des choses qu'on ne voit pas ou peu chez nous, bien que ça doit exister à certains endroits, c'est sûr mais... Là, de le voir de tes propres yeux, ça te voit un petit peu l'envers du décor, on va dire. À contrario, c'est quoi qui te fait le plus kiffer dans cette aventure ?
- Speaker #0
Déjà, il y a l'euphorie du premier voyage. Forcément, de ma naissance à cet instant précis, j'ai connu que la même chose et là, il y a tout qui bascule. Donc il y a vraiment cette aventure, il y a vraiment ce sentiment un peu d'euphorie qui de A à Z me suit. Et ce qui me fait plus kiffer, c'est l'entraînement en bâton. Comme tu l'as dit, je voulais apprendre à manier le bâton depuis longtemps, depuis très longtemps. Et enfin j'apprends, je passe ma forme à la main, je prends beaucoup de retard sur ma forme au point à cause de mon genou. Donc je galère, je mets plus de temps que les autres parce qu'il y a beaucoup de flexion, comme tu l'as dit, très compliquée. enfin, je me souviens, enfin je valide ma forme au point. Et les chifous, comme je t'ai dit, sont très fermés, sont très peu expressifs. Tu vois, c'est pas par exemple comme chez nous, on va dire c'est bien, on va un peu plus dire les choses, vraiment, il te regarde, tu lui montres ta forme et vraiment, il est comme ça. Et si c'est bon, il te fait... Petit signe de tête. Voilà, petit signe de tête. Ou si c'est pas bon, il va venir vers toi, il va te prendre le bras, il va te montrer un peu plus, enfin, il va te montrer la bonne position, tout ça. Mais voilà, sinon très peu expressif. Et je me souviens, il dit, c'est bon. Enfin, en chinois, et du coup, la traductrice, oui, oui, c'est bon, vous pouvez passer à la forme suivante. Et là, il m'apporte le bâton et je me dis, oh, en plus, c'est le mien, c'est le mien, on le scie à ma taille, il faut qu'il t'arrive à hauteur des yeux, pardon, il faut qu'il t'arrive entre les deux yeux. Donc, on le scie à ta taille. Et là, vraiment, je commence mon entraînement au bâton. Et là, vraiment, c'est le petit total et je m'entraîne tous les jours en entraînement. Ça, c'est vraiment mon... J'adore.
- Speaker #1
C'est vraiment le saut.
- Speaker #0
On revient à m'expliquer ce que tu venais chercher. C'est mon meilleur instant. Et en plus, j'ai pu valider ma forme. J'ai pu la valider avant de partir. Je l'avais finie. En fait, je l'ai validée une fois par mois, une fois tous les trois mois. Je ne sais plus, tu avais d'autres Shifu, d'autres endroits de la Chine qui venaient à l'académie. Et il déroule un tapis rouge dans la salle d'entraînement. Et en fait, tu peux choisir ou non de leur présenter tes formes. Donc, je leur ai présenté ma forme au point et ma forme au bâton. Et en fait, ils te mettent une note. Et si tu as au-dessus de 8 sur 10, je crois, tu valides ta forme et tu obtiens un diplôme, tu obtiens un certificat. Et j'ai pu valider ma forme devant eux. Donc, j'avais mon petit diplôme. Ils disaient que je validais cette forme. C'était cool.
- Speaker #1
bien. Ça permet de concrétiser un petit peu tout ce que tu as appris, les enseignements et tout. Qu'est-ce que tu as gardé de cette expérience-là dans ta vie d'aujourd'hui ?
- Speaker #0
Déjà, j'en ai gardé un souvenir merveilleux. Je pense que, comme je t'ai dit, ça m'a appris à relativiser sur certaines choses. J'ai un caractère assez impulsif, donc ça m'a vraiment appris à me canaliser parfois. J'ai tout cet enseignement, tout cet enseignement Shaolin et Sandax. j'ai un ami avec qui je pratique la boxe quand je suis en France. Donc, j'ai gardé cet entraînement qui m'a instruit. Voilà, tout un tas de... Je pense que j'en garde un état d'esprit, en fait, avant tout, qui a été presque salvateur pour moi. Donc, voilà, une expérience géniale, des très bons moments, des moments un peu plus compliqués, mais une expérience que je regrette absolument.
- Speaker #1
De la difficulté, mais beaucoup d'enseignement. Trop bien. Ça fait envie à t'écouter. Ça donne envie de faire l'expérience aussi. J'imagine que ça doit être un sacré challenge. En tout cas, merci de nous avoir partagé ton parcours, ton expérience.
- Speaker #0
Avec grand plaisir.
- Speaker #1
Voilà, c'était l'aventure de Guillaume au cœur des Shaolin. Si l'épisode vous a plu, pensez à liker, à vous abonner et à en parler autour de vous. Merci encore pour votre soutien. Je vous dis à bientôt pour une nouvelle histoire.