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Partir, le podcast voyage et expatriation

Mariée à un bédouin : immersion dans une famille jordanienne - avec Axelle

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54min |08/09/2025
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Mariée à un bédouin : immersion dans une famille jordanienne - avec Axelle

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54min |08/09/2025
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Description

Elle a quitté la France, pris un avion, et a débarqué dans un monde complètement différent.

Aujourd’hui, elle vit au cœur du désert de Wadi Rum, dans un petit village jordanien, aux côtés d’un bédouin qui est devenu son mari.


Chaque jour, elle découvre un rythme de vie dicté par le sable, le soleil et le silence.

Elle apprend à naviguer entre traditions, coutumes et un quotidien si loin de ce qu’elle connaissait.


Dans cet épisode, on vit une véritable immersion dans la culture bédouine et dans la vie en Jordanie.

On explore aussi ce que ça veut dire de se sentir étrangère tout en apprenant à appartenir. On parle de voyage culturel, d’expatriation choisie par amour, de ce que ça représente de tout quitter pour s’expatrier dans un univers où les codes, la langue et le rapport au temps ne sont plus les mêmes.


C’est aussi une réflexion sur le fait de se déconstruire pour mieux se reconstruire, et sur les petites choses du quotidien qui finissent par tout changer.

On évoque aussi les doutes, les surprises et les anecdotes de voyage qui transforment un simple séjour en parcours de vie. Ce récit est une invitation à croire que dans la vie, tout est possible : que ce soit partir en voyage en solo, tomber amoureuse au bout du monde, ou encore réinventer sa façon de vivre.


C’est un beau voyage, pas seulement à travers les paysages du désert jordanien, mais aussi au cœur de l’humain, de la rencontre et de l’adaptation.


Prépare-toi à une histoire qui fait réfléchir, sourire, voyager… et qui prouve qu’il n’y a pas de vie “toute tracée”, seulement des chemins à inventer.


Bonne écoute !

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Infos utiles :


Pour découvrir les coulisses du podcast : partir_podcast

Disponible à l'écoute sur toutes les plateformes : https://smartlink.ausha.co/partir

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ils ont du sang nomade, quoi. Ils ne peuvent pas se séparer de leur désert. C'est des personnes qui sont profondément attachées à leur mode de vie, à leur tradition. Il y a donc le nomadisme, le fait d'être berger aussi, d'avoir des animaux et de vivre d'un rien, plus, du coup, d'avoir une hospitalité hors pair.

  • Speaker #1

    Bienvenue sur Partir, le podcast qui vous emmène vivre à l'étranger.

  • Speaker #0

    La quiétude du désert faisait que je n'ai pas de pression, pas de charge mentale. Et ça, je ne le vis que quand je suis dans le désert.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on retrouve Axelle. À la base, elle vivait en France. Et aujourd'hui, rien à voir. Elle se réveille tous les matins au cœur du désert, en Jordanie, aux côtés d'un bédouin qui est devenu son mari. Sa vie a totalement basculé. Elle est passée d'un quotidien occidental à un rythme qui est dicté par le sable, le silence et le nomadisme. Dans cet épisode, on va parler de la notion du temps, de cultures qui bousculent. et de ce que ça veut dire de se déconstruire pour se reconstruire ailleurs. Et on va découvrir la Jordanie sous un autre angle. Mais avant de plonger dans son histoire, je voudrais vraiment remercier ceux qui likent, s'abonnent, soutiennent le podcast. C'est vous qui faites vivre cette aventure, ce podcast. Donc vraiment, merci à vous et je vous souhaite une bonne écoute. Donc Axelle, bienvenue sur le podcast. Toi, tu vis aujourd'hui dans le désert jordanien. Jordanien, pardon. mais du coup Raconte-nous un petit peu comment tout ça a commencé.

  • Speaker #0

    Eh bien, ça a commencé, je pense, comme toute expatriation à un moment donné par le voyage. Et j'ai découvert la Jordanie en voyage, comme toute personne qui a envie de venir découvrir cette petite vépite du Moyen-Orient. C'était sur ma top list. Vraiment, c'était le voyage que je souhaitais faire. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'ai toujours été très intéressée par... le Moyen-Orient, la géopolitique, tout ce qui est en lien avec cette culture-là. Et donc, quand je suis venue en Jordanie la première fois, c'était il y a 4-5 ans, je ne sais pas comment l'expliquer, mais je me suis sentie à ma place tout de suite. Ce qui est quand même vraiment très perturbant, quand j'ai grandi en France, je n'ai jamais vécu à l'étranger avec ma famille. Donc je me suis dit, c'est juste que j'ai un attrait particulier pour ce type de paysage, ce type de monument, ce type de culture, etc. Et finalement, je suis revenue en Jordanie, et encore, et encore, et encore, et jusqu'à me projeter sur le fait de pouvoir venir vivre en Jordanie. Et le désert a toujours eu sa place dans ma tête, juste parce que, déjà c'est très apaisant. un désert, mais aussi parce que je me suis juste sentie toute petite dans un monde énorme et ça m'a remis à ma place clairement, dans ce monde où on a plein de consommations, plein de paradoxes, plein de questions on est trop stimulé un peu partout là, le fait de retrouver du calme et d'être mis à ma place et bien je me suis dit ah ok, c'est ça, c'est ce genre d'endroit dont j'ai besoin pour être épanouie dans ma vie de tous les jours Et donc, de fil en aiguille, j'ai rencontré Ahmed, mon conjoint, et entre lui et moi, clairement, qui pouvait bouger ? Ben moi ! Parce que lui, enfant du désert, né et ayant grandi dans le désert, à aucun moment il aurait pu déménager en France, avec tout ce qu'on connaît nous en France, mais tout ce que lui ne connaît pas. Et donc, du coup, je suis arrivée comme ça, dans le désert, après avoir fait évidemment plein d'allers-retours. Et je compte bien y rester. Trop bien,

  • Speaker #1

    ouais. C'est fou d'avoir eu ce sentiment de là, je suis à ma place, etc. C'est ce qui t'a fait le déclic, vraiment, c'est le désert.

  • Speaker #0

    Ouais, vraiment, je ne sais pas. Je pense qu'il y a des choses qui ne s'expliquent pas. Il y a des choses qu'on peut vivre à un instant T de notre vie qui résonnent à ce moment-là. Et en fait, à ce moment-là, la quiétude du désert faisait que je me sentais hyper alignée. avec moi-même et je me suis dit c'est la première fois de ma vie où je n'ai pas de pression pas de charge mentale où je me sens apaisée et ça je ne le vis que quand je suis dans le désert c'est

  • Speaker #1

    fou, ça doit changer de la vie en France où tout va peut-être vite où c'est surconsommation c'est très rempli là d'être dans un retour au calme j'imagine que ça doit faire un sacré... un apaisement intérieur finalement ?

  • Speaker #0

    Complètement. Complètement. Et c'est vraiment aussi être à l'écoute de soi en tant que personne parce que quand on travaille en France, quand on est salarié, on a un réveil le matin, on sait à quelle heure si on prend... Moi, c'était ça sur ma vie d'avant. Je devais prendre le bus à telle heure, arriver à telle heure au travail, la pause déjeuner, elle est de telle heure à telle heure, tu finis à telle heure, etc. Et en fait, tout est super. méga rythmé mais quand est-ce qu'on vit vraiment quand est-ce qu'on vit vraiment alors je suis vraiment un être de liberté j'ai besoin de cette liberté pour être heureuse mais la liberté ça veut pas dire ne rien faire c'est juste pouvoir avoir le choix de pour moi c'est ça et donc et donc en fait en étant ici et en ayant aussi mon activité professionnelle etc c'est moi qui organise mon temps qui choisit de mettre un réveil ou pas Bon, spoiler, ça fait deux ans que je n'en ai pas mis. Et pour autant, est-ce que je me réveille à 11h ? Non, pas du tout. C'est juste que du coup, ça me permet de pouvoir avoir la liberté que je n'avais pas en France et qui fait partie amplement de la culture bédouine ici. Et je pense que c'est pour ça que je m'y retrouve.

  • Speaker #1

    Ouais, trop bien. Mathieu aura l'occasion de nous reparler un petit peu après de la culture bédouine, le rythme d'enquête à vie, etc. Juste comment tu te prends pour déménager et pouvoir immigrer en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en fait, j'étais venue en Jordanie pendant quelques mois parce que j'avais besoin quand même de tester pour être sûre de mon choix. Et donc, du coup, je me suis dit, OK, là, c'est bon. J'ai pris la décision. Il faut que je le teste parce que si je ne le teste pas... Je vais le regretter. Et je pense que ma famille attendait aussi que je passe ce cap-là parce qu'ils voyaient bien que j'étais toujours barrée à droite à gauche. Et donc, à un moment donné, j'allais passer ce pas-là, mais il fallait juste que je le vérifie pour être sûre de moi. Et donc, j'ai dit à un maître, écoute, je vais rentrer en France pour vendre mes affaires parce que j'étais en location, mais du coup, j'avais quand même toutes mes affaires, etc. Donc, du coup, je lui ai dit de m'attendre le temps que je fasse tout ça. Il fallait que je fasse mes démarches administratives, etc. Et donc j'ai fait vide grenier sur vide grenier, j'ai passé, je suis restée un mois et demi en France, un mois et demi avant tout ce que j'avais, vraiment tout ce que j'avais. Et là se pose la question de, ok, je pars, mais qu'est-ce que j'emmène avec moi, qu'est-ce qui est important pour moi ? Très difficile parce que finalement on a plein de choses chez nous quand on s'installe, etc. Moi ça faisait, j'étais en appart depuis que j'avais 18 ans, donc du coup j'avais beaucoup de choses. et donc c'est Encore une fois, un retour à l'essentiel nécessaire pour pouvoir s'autoriser à partir. Et donc, j'ai fait le choix de vendre absolument tout ce qui n'était pas nécessaire et de garder avec moi tout ce qu'il y avait en attachement. Donc, par exemple, des cadeaux de ma sœur, des souvenirs de voyage qui sont importants pour moi. J'ai gardé, j'ai tout mis dans des valises. Enfin, une valise, du coup, j'avais une valise et deux sacs à dos. En tout, ça faisait 60 kilos. Et après, j'ai juste gardé tous les papiers administratifs dont on a besoin en France, etc. Ça, je les ai consignés dans ma famille. Mais sinon, je suis venue avec mes vêtements, 2-3 souvenirs, mon ordinateur et voilà.

  • Speaker #1

    Et basta. Retour à l'essentiel.

  • Speaker #0

    C'est tout. En fait, je m'étais dit, de toute manière, l'argent que je me fais en vendant mes affaires, je le réutiliserai pour pouvoir me réinstaller. Donc, du coup... Du coup, ce n'est pas grave. Finalement, je ne perds rien. Après, on perd toujours si on achète neuf et qu'on revend en vie de grenier, évidemment. Mais ce n'était pas grave. Le sujet n'était pas là à ce moment-là. Moi, mon but, c'était de ne plus rien avoir pour ne pas avoir à louer un box, etc. Puisque de toute manière, je n'avais pas le projet de revenir. Donc, il fallait que ça parte.

  • Speaker #1

    Et du coup, d'un point de vue administratif ? Est-ce que tu as un visa particulier ? Comment ça se passe ? Comment tu avais fait aussi pour venir plusieurs fois, plusieurs mois et là être de manière permanente ?

  • Speaker #0

    Alors en tant que voyageuse et puis au tout début je venais sous le visa touristique parce que le visa touristique ici il est valable 6 mois et puis après du coup on s'est marié avec Armelle et aujourd'hui du coup j'ai la carte résidence.

  • Speaker #1

    Bon bah nickel. Et donc aujourd'hui tu vis dans une culture qui n'a rien à voir avec ce que tu as connu en France, donc la culture bédouine. Comment on fait quand tout, les codes, les rôles, la langue, quand tout est vraiment différent ?

  • Speaker #0

    Eh bien, on repart de zéro. Il faut qu'on déprogramme tout ce qu'on a appris pour comprendre, et je dirais presque sans jugement. Ce n'est pas forcément négatif de juger, mais c'est juste que c'est tellement aux antipodes de notre culture. Je dis « notre » parce qu'on est tous, malgré tout, on a une culture commune. Quand on vient en France, qu'il y a des choses qui peuvent nous paraître pas top. Par exemple, moi, je me souviens, mes beaux-frères ou même mon beau-père... Il ne me disait jamais bonjour, il ne me disait jamais au revoir. Et je ne comprenais pas. La moindre des choses, c'est de dire bonjour et de dire au revoir. Et là, j'étais presque dans le jugement, mais ils ne sont pas polis. Alors qu'en fait, ce n'est pas une question de politesse, c'est juste qu'ici, on se voit tellement tout le temps, il n'y a jamais de fin et de début qu'il n'y a pas de bonjour et au revoir. Tout simplement parce que si je vois mon beau-frère le matin, il ne va pas me dire au revoir parce qu'il sait qu'il va me revoir dans la journée. Et au pire des cas, Et donc, c'est plein de petites choses comme ça où il faut détricoter tout ce qu'on a appris sur la politesse, sur la façon de voir les choses, etc. Et si on n'est pas en capacité, je pense, de faire ce petit reset mental, c'est compliqué parce qu'on se heurte tout le temps. On est toujours en confrontation, confrontation. Et je dirais que quand on choisit de partir dans un pays comme ça, parce que... Alors techniquement, je suis expatriée, mais je n'ai pas la vie d'expat comme les expats se peuvent avoir en Jordanie. Certains, en tout cas, qui viennent travailler dans une firme française ou une firme internationale, qui vivent dans des beaux quartiers, dans la capitale, etc. Je suis vraiment aux antipodes de tout ça. Et donc, de fait, je n'ai pas le choix d'être baignée dans la culture. Alors, je l'ai voulu, attention. Mais le fait d'être baignée dans cette culture-là, c'est à moi de m'adapter et ce n'est pas à eux de s'adapter à moi. Donc, ce n'est pas forcément facile tous les jours. et il y a... des moments d'incompréhension, mais on arrive toujours à discuter, en tout cas, Ahmed prend toujours le temps de m'expliquer les choses, parce que parfois, malgré tout, je peux avoir des réactions ou des comportements qui, pour moi, ne posent pas de soucis, mais qui, dans le cadre de la culture, je ne vais pas dire qu'ils sont mal vus, parce que ce n'est pas ça, mais culturellement, ce n'est pas comme ça. Et donc, en fait, il va m'expliquer, maintenant, tu sais, on ne fait pas comme ça, etc. Tu le sauras pour la prochaine fois. Une fois qu'on me le dit, je l'intègre et je le fais. Mais il faut que j'apprenne. Parce que si on ne me le dit pas et que je n'apprends pas, je ne peux pas le faire. Après, dans ma famille, en tout cas, ils sont super souples parce qu'ils savent très bien que je fais plein d'efforts, etc. Mais du coup, ils me tiennent rigueur de pas grand-chose. Vraiment, ils sont plutôt adorables là-dessus. Et je les en remercie, du coup. Donc, voilà comment on fait.

  • Speaker #1

    Ils voient que... que tu as envie d'apprendre aussi et de t'adapter. Tu as des exemples de choses que peut-être tu aurais fait et qui étaient culturellement pas correctes, entre guillemets ?

  • Speaker #0

    Chiner. Du coup, moi, j'ai instauré, en tout cas, à la maison, on a instauré le moment de l'apéro parce que du coup, ils ne connaissaient pas trop. Enfin, ils ne connaissaient pas, en fait. Moi, je l'ai instauré parce que finalement, en fait, ils le connaissent sans le connaître parce qu'ici, on picore beaucoup de médias. C'est plein de petits trucs à dipper, etc. C'est un peu le principe de l'apéro. C'est juste qu'eux, ils ne vont pas le nommer comme ça. Donc, en fait, je l'ai juste nommé comme ça. Donc, on a ça. Et en fait, je me souviens une fois, je leur ai dit « Allez, on fait un chin ! » Et ils m'ont regardé. Ils m'ont dit « Mais pas du tout, Axelle, on ne fait pas ça ! » Je me suis dit « Mais pourquoi ? » C'est hyper festif, en fait, de faire un chin. Et ils me disaient « Mais non, non, ça ne se fait pas. » Parce qu'eux, ils me disent que c'est une question de poison de ne pas mélanger ce que tu peux avoir dans ton verre avec quelqu'un d'autre Donc ils me disent que c'est haram. Du coup, moi, je leur dis, OK, j'entends ce que vous dites, mais en fait, nous, en France, en tout cas, moi, c'est ce que j'avais appris, c'est qu'on faisait chin à l'origine pour justement faire en sorte que si jamais il y a un poison, l'autre, il meurt aussi. Comme ça, au moins, si le mec, il chin avec toi, tu sais que du coup, c'est OK, c'est safe. Et donc, ils étaient là, ah ouais, tout. Du coup, on chin pas avec les boissons, mais on peut chiner avec une chips. Voilà, on a trouvé un petit juste milieu.

  • Speaker #1

    Une rencontre entre les deux manières de faire.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Et vous parlez en quelle langue entre vous tous ?

  • Speaker #0

    En anglais.

  • Speaker #1

    Vous parlez en anglais en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Oui, oui. En fait, la première langue du pays, c'est l'arabe, mais la majeure partie des personnes, en tout cas qui travaillent dans le tourisme, parlent anglais. Ça ne veut pas dire que c'est un anglais super méga élaboré, c'est un anglais qui parle au présent. Donc, il n'y a pas de futur, il n'y a pas de passé. Donc, c'est finalement très simple à comprendre. Pour ceux qui ne parlent pas hyper bien l'anglais, dans ma famille, en fait, on fait un mélange. Entre le français, l'anglais et l'arabe. On a une base qui est oui et non, par défaut. En fait, non. J'ai appris l'arabe avant de venir en Jordanie, parce que c'était une langue qui m'intéressait. Donc, je sais le lire et je sais l'écrire. Mais il manque beaucoup de vocabulaire. Et la difficulté, c'est qu'ici, évidemment, ils parlent l'arabe littéraire, mais ils ont aussi un dialecte local. Ce qui fait que je vais apprendre un mot en arabe. Et puis ils vont me dire le mot en dialecte bédouin et je dis « bah oui, mais je fais comment pour m'y retrouver ? » Donc c'est comme si je devais apprendre deux choses différentes, donc c'est compliqué. Par contre, du coup, je comprends bien, je commence à vraiment bien comprendre. Mais je suis trop timide, c'est dur quand on est adulte d'oser parler une autre langue qui est vraiment complexe en termes de prononciation parce que c'est vraiment pas du tout la même prononciation que nous on peut avoir en français ou même en anglais, il y a des muscles que je connaissais même pas. Et donc du coup je suis un peu timide et aussi parce qu'ils me charrient un peu dessus etc. Donc si moi je vais faire, je vais au souk, pour acheter des choses, il n'y a pas de souci, je peux me débrouiller. Après, bon, ils sont, je ne vais pas dire si, mais je peux me débrouiller. Mais sinon, entre nous, en fait, on a une base qui est anglais et en fonction des mots, on va utiliser certains mots en français, certains mots en arabe. Donc, en fait, on a un mix des trois langues.

  • Speaker #1

    Trop bien. Et du coup, tu nous parlais de la culture bédouine dans laquelle tu vis aujourd'hui, dans laquelle tu es immergée. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu ce que c'est la culture bédouine ?

  • Speaker #0

    C'est une culture qui vit au rythme du désert. Parce qu'en fait, bédouin, en vrai, ça veut dire nomade. Donc techniquement, c'est un peuple nomade. Je dis techniquement parce qu'aujourd'hui, pour travailler, etc., ils ont tous besoin de la connexion. Le confort aussi a fait son apparition, comme partout depuis des années. Pour autant, ils ont du sang nomade. C'est vraiment... Ils ne peuvent pas se séparer de leur désert. Moi, j'ai posé la question à mon beau-père, qui a 55 ans. Je lui ai demandé s'il trouvait son désert toujours beau après avoir grandi là. Et avec des étoiles dans les yeux, il m'a répondu évidemment, tous les jours, je le trouve beau, mon désert. Et donc, c'est des personnes qui sont profondément attachées à leur mode de vie, à leur tradition. qui est le nomadisme, le fait d'être berger aussi, d'avoir des animaux et de vivre d'un rien, plus d'avoir une hospitalité hors pair. Parce qu'ils accueillent tout le monde, tout le temps, même s'ils ne peuvent pas, même s'ils sont occupés, ils vont accueillir. Il n'y a pas de débat en fait. Ce n'est pas « ah non désolé, je suis en repas de famille » . Non, bien sûr, viens partager le repas avec moi. Et ça, ça fait partie pleinement de la culture bédouine. Et ils essayent, malgré tout, les jeunes générations, même si certaines n'ont pas grandi dans le désert, les nouvelles générations n'ont pas grandi dans le désert, mais l'attachement au désert se perpétue vraiment d'une génération en génération parce que les personnes ici, elles ne peuvent pas passer une journée sans aller dans le désert. C'est impossible. C'est vraiment ancré, lié. C'est ancré, oui. C'est vraiment, c'est dans le sang, c'est dans les gènes, c'est intérieur, quoi. Et je pense qu'il faut être né ici pour comprendre ce que c'est réellement l'intérieur. Mais quand on parle de sortir, d'aller voir autre chose, pour certains, c'est... Waouh ! C'est énorme. Il n'y a pas de possibilité. Ils ont leur désert et ça suffit. Il y a des gens qui ne sortent jamais du désert. qui ne vont pas dans les villes alentours, qui restent dans le désert et qui vivent là et qui probablement ne ressortiront jamais.

  • Speaker #1

    C'est fou pour nous qui ne vivons pas ça, tu vois, d'essayer de concevoir ce mode de vie là. Toi du coup aujourd'hui tu as une part de nomadisme et une part de sédentaire, c'est ça dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Oui c'est ça en fait pour... La communication, ça veut dire parce que moi j'ai besoin de contacter mes amis, ma famille, j'ai besoin de pouvoir travailler, d'avoir la connexion internet, etc. Au même titre qu'eux ont besoin de la connexion internet, alors pas forcément pour les mêmes besoins, mais ils ont besoin de rester connectés, ils sont ultra connectés. Et donc pour ça, on a notre petit endroit dans le village où on a tout ce qu'il faut, on a l'eau, l'électricité, c'est bas. hyper fort au niveau de l'électricité, mais on a l'électricité. L'eau, on doit la faire acheminer par des camions parce qu'il n'y a pas l'eau courante. On a des petits shops pour pouvoir acheter ce dont on a besoin. Produits de première nécessité, mais en réalité, on peut très bien manger, il n'y a pas de souci, c'est juste moi. Il y a des moments où j'ai envie d'avoir des... des produits un peu exotiques, on va dire ça comme ça. Donc il faut que je puisse aller dans une grande ville, mais sinon on n'a pas besoin de sortir du village, en réalité il faut trouver à manger. Et une fois qu'on a rempli cette part d'obligation à la connexion, on part dans le désert parce qu'on a nos troupeaux de chèvres et de dromadaires, donc en fait on alterne avec mon beau-père, avec mes beaux-frères, on alterne. Sur les personnes qui prennent soin d'eux, il faut aller leur donner à manger, les faire pâturer, vérifier que... Tout le monde va bien, qu'il n'y ait pas de soucis, surtout en ce moment avec la chaleur. Donc là, la semaine dernière, en fait, on a une tente Bedouin. Donc c'est une tente traditionnelle qu'on peut démonter. C'est mieux que les tentes que je crois. Parce que vraiment, c'est vraiment deux secondes. Parce qu'en fait, c'est une toile qu'on pose sur des... Enfin, une toile. C'est plus épais, ça fait comme une toile de jute. En fait, c'est tissé en toile de dromadaire ou de chèvre. Et en fait, on... on la hisse avec des bâtons de bois. Donc finalement, on peut l'enlever et la démonter, la remonter très facilement. Et en fait, on la bouge en fonction des animaux, parce que du coup, comme les animaux pâturent, il faut qu'ils puissent avoir de quoi se nourrir. Et là, du coup, on la bouge aussi en fonction du soleil, parce qu'on a des bébés dromadaires et qu'il fait très chaud. Et que malgré tout, un dromadaire, ça peut souffrir de la chaleur. Donc du coup, on a essayé de trouver, il n'y en a pas beaucoup. Mais on a essayé de trouver des arbres pour avoir un tout petit peu d'ombre et être dans un courant d'air. Comme ça, il y a du vent. Donc là, on l'a bougé la semaine dernière, par exemple. Et probablement qu'on la bougera dans deux, trois semaines.

  • Speaker #1

    C'est tout un nouveau mode de vie que tu as intégré à ton quotidien. Tu étais assistante sociale, je crois, tu m'as dit, avant de partir vivre en Jordanie. Et là, tu parlais d'une activité où tu avais besoin d'Internet, etc. Tu disais que tu as construit... ton activité pro autour de ce que tu aimes, le voyage et les rencontres. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu plus de ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. De toute manière, c'est intimement lié à la Jordanie. Sans Jordanie, je n'ai pas cette activité professionnelle et sans activité professionnelle, je n'ai pas cette Jordanie non plus. Les deux sont liés. En fait, moi, j'ai un petit couteau suisse et c'est vraiment ce que j'aimais dans mon métier d'assistante sociale, c'était de pouvoir être un peu partout et d'être touche à tout, surtout. Et donc c'est ce que j'ai essayé de reproduire dans ma vie prochaine parce que concrètement je n'avais plus envie d'être assistante sociale. Non pas que je n'aimais pas mon métier, je l'aime toujours vraiment de cœur, profondément je l'aime toujours ce métier. Mais aujourd'hui les conditions ne sont pas réunies pour pouvoir travailler sereinement, avec passion, sans être épuisée par toutes les décisions qui peuvent être prises. Donc à un moment donné j'ai choisi de me sauver moi. Et donc, du coup, j'ai décidé de mettre en valeur ce que j'aime, mais par-dessus tout en Jordanie, c'est les locaux qui rendent la Jordanie magique. Les paysages sont extraordinaires, ça, on est d'accord, mais un paysage sans vie reste un paysage. Et donc, les deux vont de pair. Donc, j'ai décidé de monter mon entreprise pour accompagner les voyageurs dans l'organisation d'un voyage. En tout cas, de leur voyage en Jordanie pour aller à la rencontre des locaux, leur permettre de vivre des expériences qu'ils ne vivraient pas forcément s'ils étaient partis tout seuls et surtout des expériences qu'on ne trouve pas partout. Donc, par exemple, j'ai des connaissances au nord du pays. C'est une petite dame qui s'appelle Oum Samir. C'est un petit cœur qui, en fait, elle vous accueille chez elle. Et il n'y a pas de chichi. tu arrives chez elle comme tu vas l'aider parce que généralement elle cuisine ou elle fait du canage traditionnel en deux ou trois mois t'as ta boule de pain dans les mains ou ton canage traditionnel et puis hop tu y vas donc c'est tout ce côté un peu rural de la Jordanie qu'on ne voit pas partout parce que malgré tout ça reste un pays qui vit du tourisme donc il y a beaucoup de circuits touristiques qui vont toujours au même endroit toujours dans les mêmes hébergements et qui laisse... parfois peu de place aux locaux. Donc moi, c'est ce que j'ai décidé de faire d'un côté. Et de l'autre, du coup, avec ma famille, on me propose de découvrir la culture bédouine à travers le désert. Et donc, on emmène les voyageurs qui le souhaitent vivre le temps d'un instant. Généralement, c'est un jour, une nuit, deux jours, deux nuits. Ça peut être plus, vivre le désert de l'intérieur. Donc ça veut dire faire la traite des dromadaires, apprendre à faire du savon avec les plantes du désert, aller chercher le petit thym sauvage pour le thé cuit sur le feu de bois, aller avoir des épines dans les doigts pour aller chercher le bois qui nous servira à manger ce soir. Et donc du coup j'alterne entre les deux.

  • Speaker #1

    Trop bien, franchement t'as fait envie de venir découvrir tout ça, comment ça se passe et tout. Ça donne quoi le tourisme aujourd'hui là en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Eh bien il n'y en a pas, il n'y en a pas peu. Parce que malgré tout, la Jordanie, son seul crime, c'est d'être au milieu de pays qui ne sont pas très stables, et ce, depuis des années. Le pays a quand même toujours réussi à maintenir sa sécurité et sa stabilité, et ça, c'est quelque chose qu'il faut vraiment souligner, parce qu'on n'est pas du tout en danger en Jordanie. Moi, j'ai eu des gens qui m'ont envoyé des messages pour me dire « est-ce que c'est la guerre en Jordanie ? » Pas du tout, mais vraiment pas du tout du tout. C'est un havre de paix. Pour nous, ça n'a rien changé, si ce n'est effectivement la baisse de fréquentation du pays. Donc, quand il n'y a pas de tourisme, il faut rebondir. Il faut trouver d'autres points qui nous permettent de vivre finalement. Et ça, à l'échelle du pays. Alors, je n'ai pas le pourcentage en tête, mais la majeure partie de richesses du pays sont liées au tourisme. Donc, sans tourisme, l'économie, elle tombe totalement. Et donc, alors là, je n'ai pas les nouveaux chiffres, mais l'année dernière, sur Amman, il y a beaucoup d'agences de voyage. Amman, c'est la capitale. Il y avait une centaine d'agences de voyage. Et il y en avait plus de 40 qui avaient fermé l'année dernière, par exemple. Donc, c'est quand même énorme. Il y a beaucoup de gens qui avaient entrepris des choses parce qu'en réalité, Quand il n'y a pas de conflit aux alentours, la Jordanie, c'est un pays qui attire pas mal de tourisme. Et donc, il y a des personnes qui avaient entrepris des grands projets immobiliers, etc. Mais en fait, qui ne peuvent plus le faire. Ou alors des hôtels qui vont louer une, deux, trois chambres à la semaine. Ils ne peuvent plus se permettre d'avoir une équipe au complet pour entretenir l'hôtel. Donc, finalement, c'est un peu le serpent qui se met en la queue parce qu'il y a moins de monde. Mais du coup, il y a une baisse. Il y a une baisse des ressources, mais il y a aussi une baisse, quelque part, quand même, moi je l'observe, de la qualité des prestations. Tout simplement parce que, ben oui, quand l'hébergement, je prends vraiment l'exemple des hébergements, parce que c'est flagrant, il est plein. Le petit déjeuner, il va être au top, il va y avoir du choix, etc. Mais quand tu as deux personnes sur une semaine, tu ne vas pas avoir la même quantité. que ce que tu aurais alors que ton hébergement il est plein toute la semaine donc c'est un pays qui souffre quand même pas mal de ça en tout cas qui est dépendant du tourisme et c'est peut-être le souci de la Jordanie un peu compliqué de par la localisation on

  • Speaker #1

    espère que ça remontera ensuite et que ça ira un petit peu mieux et du coup Merci à vous. Ta vie en général, ta vie quotidienne, ça ressemble à quoi ? Ou peut-être une journée type, ou bon, j'imagine qu'une journée type c'est un peu compliqué, peut-être une semaine, comment ça se passe concrètement ?

  • Speaker #0

    Eh bien ça dépend des semaines. Alors déjà, il faut avoir en tête qu'en Jordanie, le week-end c'est le vendredi et le samedi. Du coup, généralement c'est des jours non travaillés, mais c'est surtout des jours passés en famille, ou alors à faire tout ce que tu veux faire sauf travailler. Donc, comme nous, le week-end, finalement, c'est décalé. Donc, le dimanche, c'est le lundi. Donc ça, moi, je le garde en tête et je me suis adaptée à ce rythme-là tout en restant adaptée au rythme français parce que du coup, nos clients, quand même, que ce soit pour le désert ou pour l'organisation de séjour, ça reste des clients français ou francophones. Donc, il a fallu que je m'adapte à ça. Mais on va dire que sur une semaine, on va passer entre deux et quatre jours dans le désert. pour les animaux. Et le reste, du coup, on condense tout ce qu'on doit faire quand on a besoin de connexion, on condense tout. Donc les rendez-vous, etc. sur les deux à quatre jours restants. En fait, ça dépend des semaines, ça dépend des besoins, ça dépend si on a beaucoup de choses à faire. Si, par exemple, on a besoin de bouger la tente, forcément, on va passer plus de temps à le faire. S'il faut qu'on aille chercher de la nourriture pour les animaux, parce que malgré tout, le pâturage... Il y a de la verdure dans le désert. Attention, c'est pas que un désert de dunes de sable, c'est un désert qui est très varié. Mais du coup, parfois, il faut qu'on puisse quand même aller chercher de la nourriture. Donc en fait, ça dépend. Il y a plein de variables qui s'ajoutent. Mais grosso modo, si on est sur une journée type où on est au village, le matin, généralement, on profite de la fraîche. C'est vrai qu'on se lève très tôt. Et après, l'après-midi, il fait très chaud là actuellement. Donc on est plutôt sur un mode sieste. parce qu'en fait mais c'est malgré nous la chaleur elle nous tombe dans les pattes donc on essaye d'avoir des endroits ombragés où du coup on reste enfermé pour pouvoir survivre à la chaleur et après dès que le soleil se couche et bien généralement soit on est dehors on profite de l'extérieur soit on va voir nos animaux ok vous vivez peut-être un peu plus au rythme du soleil de la météo etc globalement complètement plus en fait Du soleil, oui et non. Au rythme du soleil, quand il se lève, il se couche. Mais du coup, ce n'est pas parce que les journées sont très grandes qu'on passe plus de temps dehors l'été parce qu'en fait, il fait trop chaud. Mais après, on vit au rythme du désert, je dirais, plus que du soleil.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire le rythme du désert ?

  • Speaker #0

    Eh bien, il n'y a pas de rythme, c'est le tien.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de règle,

  • Speaker #0

    en fait. et donc chacun fait ce qu'il veut je vois moi dans mes beaux frères on a tous des rythmes super méga différents j'ai un beau frère qui va se coucher à 4-5h du matin parce qu'il va jouer aux cartes avec ses amis il va se lever à 12h midi 13h alors que nous pas du tout on vit pas du tout comme ça on va se coucher tard et on va se lever très tôt mais du coup on fait une sieste l'après-midi Donc ça dépend des gens mais le rythme du désert c'est justement la liberté de pouvoir faire ce que tu veux.

  • Speaker #1

    Tu trouves qu'il y a un rapport au temps différent de ce qu'on a par exemple en France ou en Europe peut-être ?

  • Speaker #0

    Ah oui totalement. Totalement le rapport au temps est vraiment différent pour plusieurs raisons. La première c'est qu'il n'y a pas d'horaire. Donc tu ne peux pas dire à quelqu'un « viens à telle heure chez moi » . C'est pas possible. La personne ne viendra pas, mais c'est pas qu'elle ne veut pas, c'est que forcément elle ne peut pas le faire. Parce qu'elle va être happée par plein d'autres choses et donc du coup, il y a un manque de sens de priorité, clairement. Pour moi, attention, pas pour eux, mais pour eux, la priorité c'est l'urgence. Pour moi, la priorité c'est l'engagement que j'ai pris avec un tel ou un tel. Mais donc du coup, on peut très bien, par exemple... être en train de réparer une voiture, c'est ça, il peut réparer une voiture si quelqu'un l'appelle. Donc, il répare sa voiture. Si quelqu'un l'appelle pour lui dire « Ma voiture est cassée, j'ai un souci, tu peux venir ? » Il abandonne ce qu'il fait pour pouvoir y aller. Moi, personnellement, j'aurais fini ce que j'avais à faire et je lui aurais dit « Ok, dans deux heures, je suis là. » Voilà. Donc, ce rapport au temps est vraiment différent et après, ils vivent un peu en décalé. en termes de temps, mais en décalé par rapport à notre prisme français.

  • Speaker #1

    Oui, là,

  • Speaker #0

    de toute façon,

  • Speaker #1

    on parle avec notre vision et notre comparaison avec notre point de vue.

  • Speaker #0

    Exactement. Par exemple, nous, on va manger matin, midi et soir, voire même on prend un goûter, voire même la lapéro. Ici, pas du tout. La plupart des gens, ils vont manger un repas. Et parfois, le repas, ça va être du pain cuit dans le feu ou dans la cendre. C'est très loin de « je mange parce qu'il faut que je mange » . Ils mangent parce qu'ils ont besoin de manger, pas parce qu'ils ont envie de manger. Et donc ça, c'est aussi un rapport au temps parce que mine de rien, nous, là où nos journées sont rythmées par la nourriture, et bien eux, pas du tout. Donc en fait, ils n'ont pas de rythme comme nous, on peut avoir. Ils peuvent manger à 15h-16h parce qu'ils ont faim à 15h-16h. Donc finalement... Moi, à la maison, par exemple, parfois, ça peut être un peu compliqué, gentiment, mais je vais manger le midi parce que j'ai faim, tout simplement. J'ai besoin de manger le midi pour avoir ma dose d'énergie pour travailler l'après-midi. Donc, je vais faire quelque chose. Et un moment, il va arriver vers 15-16 heures, il va me dire « Ah, j'ai faim. » Je dis « Ok, j'ai préparé ça. » Et il me dit « Ah non, je veux un truc nouveau quand même. Je vais cuisiner. » Et donc du coup, à Rebette, il faut recuisiner quelque chose, soit lui, soit moi, mais du coup, il faut recuisiner quelque chose, alors qu'en fait, c'est juste parce qu'on est en décalé et que je comprends qu'ils veuillent un truc pas réchauffé. Moi aussi, j'aimerais avoir ma nourriture, d'avoir le plaisir de cuisiner et de ne pas toujours faire du réchauffé à chaque fois. Donc, on est un peu en décalé là-dessus et donc ça indique quand même que le temps qu'on s'octroie pour telle ou telle tâche. Il est différent de là où on vient finalement. Moi, je vais me dire, bon allez, aujourd'hui, je vais travailler 6 heures. Moi, je vais me conditionner comme ça, je travaille 6 heures. Ici, ils ne vont pas se dire, je travaille 6 heures. Je travaille tant que je dois travailler. Et encore une fois, ça fait partie de la temporalité où on est vraiment très différent là-dessus.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Là où nous, on va fonctionner peut-être plus en créneau horaire, on va dire, eux, ça va être en... Tâches qui viennent quoi ?

  • Speaker #0

    En tâches et en jours. Par exemple, tu dois réceptionner quelque chose, et bien la personne te dit oui, oui, ce sera à peu près ce jour-là. Mais ça peut être deux jours avant, deux jours après, pas grave. Nous, on est avertis de ça parce qu'on a les mails, etc. Si on commande des choses. Ici, non, on n'a pas ça. Parce qu'en fait, si on n'a pas une livraison, on n'a pas d'adresse. Donc en fait, c'est quelqu'un qui a récupéré ça dans une ville qui le ramène. Mais si la personne, elle est happée par autre chose. Ça attendra, ton con il attend.

  • Speaker #1

    C'est un autre rythme, un autre rapport aux choses. Tu penses que c'est l'influence du désert, encore une fois, qui fait qu'on a ce rapport au temps ? Peut-être le nomadisme qui fait que c'est comme ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est un héritage du nomadisme, oui, parce que malgré tout, la population bédouine ici a un traitement particulier parce que c'est un héritage culturel. Donc le gouvernement, la famille royale font absolument... tout pour pouvoir maintenir cette culture-là. Et donc, ils font ce qu'ils veulent, quand ils veulent, avec qui ils veulent et comment ils le veulent. Donc si ça, c'est pas de la liberté, je ne sais pas ce que c'est. Mais du coup, ils peuvent s'affranchir presque de toutes les règles, si ce n'est respecter les règles culturelles ou religieuses. Évidemment, parce que malgré tout, il y a quand même des règles. Mais par rapport, encore une fois, à nous, notre vision des choses, la manière dont on s'y vit, c'est la liberté totale. Après, quand on est à l'intérieur de la culture, il y a plein de règles qui leur sont imposées. D'être toujours dispo pour ton aîné, par exemple, que ce soit un oncle, une tante, ton père, ta mère, toujours dispo, peu importe ce que tu fais, ça reste une règle qui peut être très contraignante finalement. Parce que nous, on n'a pas d'obligation de présence pour un membre de la famille qui en aurait besoin. Donc il y a plein d'autres règles. mais pas celle du rythme et du contrôle je dirais.

  • Speaker #1

    Ok je vois. Toi ça t'a mis du temps avant de réussir à t'adapter à ce nouveau mode de vie, cette nouvelle manière de penser, de voir les choses. Est-ce que tu t'y es habituée assez vite ou ça a été un peu compliqué ?

  • Speaker #0

    Je m'y suis habituée assez vite, par contre ça ne veut pas dire que je n'ai pas des petites... Je suis rattrapée par la culture, comme tout le monde, c'est normal. Maintenant je m'y suis habituée très vite parce que ça me parle déjà, parce que je m'y retrouve et puis parce que je suis quelqu'un qui s'adapte très vite aussi. Donc je n'ai pas eu de souci d'adaptation. Par contre, sur certaines choses, il y a des moments où ça demande de prendre le temps de parler et d'observer cette différence culturelle. pour que ce ne soit pas un obstacle. Parce que si jamais on reste tous, je dis tous parce que c'est dans mon couple que ça se passe, mais si on reste campés sur nos positions et nos cultures, à un moment donné, ça va générer de la frustration, de l'énervement et de la non-compréhension. Et ce n'est pas hyper positif de pouvoir vivre dans ce petit nuage un peu grisonnant. Donc il faut pouvoir parler et ce n'est pas toujours évident. de devoir parler dans une langue, même si on est bien anglais, c'est pas toujours évident de devoir parler, sous le coup parfois de l'émotion dans une langue qui n'est pas ta langue maternelle et que l'autre le réceptionne comme toi tu veux qu'il me réceptionne donc ça demande une sacrée gymnastique qui est pour moi ça c'est le plus dur, c'est l'adaptation là-dessus c'est le plus compliqué, plus que la culture en soi, c'est le fait de pouvoir réussir à trouver le juste milieu entre nos deux cultures nos deux façons de penser nos deux façons de vivre nos deux façons de réagir, nos deux systèmes différents parce que nos vies sont diamétralement opposées de base. On n'est pas parti avec les mêmes bases dans la vie. Et donc, on essaye de faire en sorte de se compléter là-dessus. Mais ça demande beaucoup de communication.

  • Speaker #1

    Je pense beaucoup de communication, d'ouverture d'esprit, de lâcher prise aussi, de dire bon bah là sa culture c'est comme ça et il faut que je fasse avec quoi. Mais c'est peut-être parfois difficile aussi de trouver le juste milieu entre je m'adapte à la culture mais je n'oublie pas aussi la mienne parce que c'est moi et je ne me mets pas de côté non plus pour une culture parce que ça doit être un peu challengeant. J'imagine d'aller dans un nouveau pays, forcément tu vas pour y habiter donc il faut... se faire aux us et coutumes locales, mais tu as aussi ton propre bagage et tes besoins et mine de rien, quand tu es pendant 25 ans, 30 ans dans un même pays, ça te conditionne, ça ne fait ta personne. Donc ouais, ça doit être franchement challengeant, respect.

  • Speaker #0

    Complètement, c'est hyper challengeant, c'est vrai. Après, j'ai de la chance d'avoir un gros caractère. Je pense que c'est ce qui me sauve dans ma vie aujourd'hui, c'est que j'ai tellement de caractère. que je me protège justement de cette acculturation. Je ne suis pas en train de me fondre dans la culture. Et j'ai un franc-parler qui permet aussi de pouvoir dire à ce moment-là, ben non en fait, non, ça c'est clairement pas possible, c'est pas envisageable. Par contre, ça ne veut pas dire que je fais du forcing, surtout absolument pas. Pour le coup, ce n'est pas du tout la réalité, je m'attaque beaucoup. Par exemple, quand je vais chez mon beau-père, je vais couvrir mes bras. par respect pour la culture et il y a un moment donné quand on allait dans des villages je prenais un foulard pour pouvoir couvrir mes cheveux parce que comme ça ça me permettait de passer un peu plus inaperçu surtout dans les villages vraiment très ruraux et en fait un maître a fini par me dire mais tu sais que tu le portes ou que tu le portes pas à ta tête on sait que t'es pas là donc en fait ne t'embête pas à le porter c'est pas ta culture, c'est pas ta religion abandonne quoi du coup j'ai adoré ce moment là parce qu'en fait je me suis rendu compte vraiment à cet instant précis ... que moi j'étais en capacité de respecter un certain nombre de règles pour pouvoir m'adapter, passer presque inaperçu, et lui était en capacité de me dire, non en fait, assume ta culture, assume qui tu es, et moi je te dis, si jamais il y a un souci, c'est moi qui suis ton parfait, c'est moi qui dirai quelque chose. Et donc du coup c'est ce qu'il fait qu'on y arrive, c'est que malgré tout je m'adapte beaucoup, mais lui il est aussi là pour me dire, attention, ça c'est pas ta culture.

  • Speaker #1

    Il t'aide à trouver et à avancer aussi dans cette intégration. Franchement, c'est cool aussi qu'il t'accompagne là-dedans. Ça doit te rassurer en tout cas pour ton intégration. Il y a un point sur lequel je voulais qu'on revienne parce qu'on a pas mal parlé du désert, des animaux, du village. Mais à quoi ça ressemble ? Si tu pouvais nous décrire un petit peu l'environnement dans lequel tu vis, tout ça.

  • Speaker #0

    Eh bien, il faut... Déconstruire tout ce qu'on a en tête pour le désert, parce qu'on pense qu'un désert, c'est uniquement des dunes de sable. Eh bien non, le désert du Bad Dhirom, en tout cas en Jordanie, ce n'est pas un désert de dunes, c'est un désert de montagnes. Et donc, on a des montagnes gigantesques, qui sont des montagnes de gris rouge. Donc, c'est très rouge, presque un peu terracotta. Et ça, c'est une partie du désert. Le désert, il se divise en deux. Il y a une autre partie où les montagnes, elles sont blanches, avec du coup le sable, parce qu'il y a quand même du sable qui est blanc. Donc les formes des montagnes sont différentes. Dans le désert rouge, les montagnes, elles sont très grandes avec beaucoup de strates. Alors que dans le désert blanc, ça fait comme des nuages, elles sont très rondes. Et donc au milieu de ça, il y a le village. Donc en fait, c'est comme si on était dans une cuvette. grosso modo le village il est au milieu des montagnes et après dans le désert il y a plein de points de vue il y a beaucoup de verdure à certains endroits on a des figuiers des datiers on a évidemment quelques dunes de sable mais on vient pas dans le désert du badirom pour voir des dunes ok ouais c'est fou c'est pas du tout l'image qu'on en a quand on a désert on pense pas du tout à ça au final et dans le village les

  • Speaker #1

    maisons ça ressemble à quoi est ce que c'est plutôt coloré est-ce que c'est plus...

  • Speaker #0

    blanc c'est par temps il ya pas beaucoup il ya plein de maisons qui sont pas terminer en fait c'est ce qui termine à l'intérieur mais pas forcément les finitions à l'extérieur donc il ya pas mal de maisons comme ça mais il ya aussi beaucoup de maisons qui sont dans les teintes beige ocre marron un peu danser dans ces couleurs là C'est des maisons qui ont toutes la même forme. En fait, elles sont quasiment toutes carrées. On a l'impression que c'est tout petit, mais en fait, à l'intérieur, il y a quand même des grosses pièces. Et donc, ensuite, toutes les maisons sont entourées de murs. qui permettent de clôturer le terrain, mais c'est ce qui permet aussi aux femmes de pouvoir être tranquilles chez elles sans qu'elles puissent être vues de l'extérieur, surtout quand elles portent le voile, simplement.

  • Speaker #1

    Ça marche. Et toi, du coup, là, ça fait à peu près deux ans, un peu plus de deux ans, je crois, que tu habites ici. Comment tu as été accueillie par les locaux et les gens du village, globalement ?

  • Speaker #0

    De manière générale, j'ai été bien accueillie. En tout cas, dans ma famille, j'ai été bien accueillie. Les gens font un petit peu... Leur vie, c'est plus sur des comportements un peu particuliers. J'ai un exemple, on était parti chez le primeur pour acheter nos frais légumes. Rien de plus banal dans la vie. Et je pense que cette personne n'avait jamais vu d'étrangère dans sa vie. Il était en face de moi, j'ai cru qu'il allait se décrocher la mâchoire. Il était bloqué. Mais bloqué, il faisait quoi ? Et en fait, Armin était à côté de moi et j'ai décidé d'en rigoler, mais ça peut m'être mal à l'aise en réalité, parce que finalement, au même titre que lui, j'ai un visage, un nez, une bouche, deux yeux, je n'ai rien de différent, si ce n'est le fait que je ne parle pas la même langue et que je suis un peu plus blanche. Et donc du coup, c'est dur parfois de se confronter à ça avec des gens qui peuvent te regarder. Alors il y a aussi parce que je suis une femme, que je ne suis pas voilée, que du coup... peut être maquillée avec des bijoux, etc. Donc, on va me regarder par rapport à ça. Même si avec le temps, ça tend à s'estomper parce qu'aujourd'hui, ils savent aussi qu'étant avec Armand, c'est une question de respect aussi envers lui. Donc, ils ne peuvent pas avoir des comportements déplacés envers moi. Mais ça n'empêche que, oui, les gens me regardent comme si... Je ne sais même pas comme quoi, en fait, mais parce que j'évoque la différence. en fait c'est que j'évoque la différence c'est même pas moi en tant que personne c'est juste que je reste profondément différente des femmes ici on va dire comme toute personne mais finalement quand on fait le comparatif en France quand on voit quelqu'un qui est habillé en habit multicolore ça représente la différence bah oui on peut, certains en tout cas peuvent phaser sur le look de la personne c'est exactement le même principe finalement C'est pas méchant, mais c'est juste que partout, il faut accepter cette partie-là. Et il faut accepter parfois d'avoir des comportements pas très adaptés. Moi, j'ai des personnes qui peuvent, par exemple, avoir des comportements très tactiles, alors qu'en réalité, on n'est pas du tout tactiles. Moi, je suis très tactile, parce que j'ai grandi dans une famille tactile et que dans notre culture, on est quand même très tactile. Mais ici, c'est très difficile. C'est pas que c'est difficile, c'est juste que culturellement, t'es pas tactile avec autre truc. Mais comme je suis étrangère, ils se disent que je suis tactile. Mais non, en fait, je pourrais, c'est pas parce que je suis étrangère que je suis tactile, je pourrais ne pas l'être. Donc c'est des petites choses comme ça où, là, encore une fois, le fait de pouvoir dire les choses, ça me permet de cadrer aussi. Et même si j'ai pas vocation à faire de l'éducation envers les personnes, parce que sinon, je perdrais vraiment mon temps à le faire. Des fois oui je fais des petites piqûres de rappel parce que parce que en fait c'est une question de respect pour moi aussi et bien évidemment avant de faire ça j'avais sondé un man en demandant est ce que je peux le faire parce que moi en france je voulais le faire mais est ce que je peux le faire ici parce que je veux pas que ça soit mal vu il m'a dit non non fais le parce que si toi tu le fais pas probablement personne le fera donc en fait fais le tu le fais pour toi tu fais pas pour les autres donc je me prie ouais bon c'est bien au final c'est vraiment genre

  • Speaker #1

    les humains qui apprennent à se connaître, s'appréhender et se familiariser avec d'autres humains différents. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    Ça doit être une belle expérience quand même, de venir dans une vie opposée à la tienne. Franchement, je trouve ça fou.

  • Speaker #0

    Je trouve ça fou. Aussi fou soit-il, pour rien au monde, j'ai besoin de rendre arrière.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, tu parlais du coup avec... tu sentais que c'était ta place, que tu étais alignée. Tu as toujours ce sentiment aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Complètement, je ne pourrais pas. Je ne pourrais pas revenir en arrière. En fait, je peux me le dire aujourd'hui parce que je suis pleinement heureuse dans ma vie, mais aussi parce que quand je suis en France, je me sens en vacances.

  • Speaker #1

    Et donc, du coup,

  • Speaker #0

    je me dis, bon, du coup, c'est inversé pour moi. Par contre, quand je suis ici, même quand je suis dans l'avion, que je rentre de vacances de France et que je suis dans l'avion, dès que j'arrive ici, il y a un sentiment à l'intérieur de moi de ça y est, je suis chez moi. C'est vraiment très particulier. Ouais, retour à la maison, c'est vraiment très particulier. Et donc c'est ça qui me fait dire que ma place reste ici. Et le jour où, parce que je n'exclus pas que ça puisse m'arriver à un moment donné, parce que même si je suis très content d'être ici, c'est dur d'avoir le manque de ses proches, etc. Donc peut-être qu'un jour je prendrai la décision de repartir. Pour l'instant, je ne pense pas. Mes proches non plus, d'ailleurs, ne pensent pas. Mais si jamais, je n'exclus pas cette hypothèse-là, mais si jamais je reviens en France, ce serait très, très compliqué.

  • Speaker #1

    Oui, j'imagine. Pour se re-réadapter au final à ce que tu avais l'habitude avant.

  • Speaker #0

    Ce que j'ai quitté, et que j'ai quitté parce que j'en avais besoin. Et je le vois. En juin, je suis rentrée en France pour voir ma famille. Je suis arrivée à Paris, donc j'ai pris un train. à Paris-Montparnasse, le matin, en fait, la veille, j'étais dans le désert, j'avais dormi dans le désert. Le matin, j'ai pris un agent. Déjà, l'écart est grand et j'arrive à Paris et là, je me dis, oh, wow, oh là, c'est beaucoup trop bon. Et vraiment, je me suis sentie mais vidée de mon énergie en deux deux. Et donc, j'ai juste été prendre mon train et là, je me dis, oh, wow, ça, je pourrais plus.

  • Speaker #1

    Tu penses ? Non, mais c'est clair. Dès que tu sors de ça, Et revenir ensuite, ça te fait prendre du recul et te dire, ah ouais, non mais c'est chaud, quoi.

  • Speaker #0

    Complètement. Ah oui, oui, vraiment. Et je pense qu'une fois qu'on l'a quitté, on ne peut plus... En tout cas, si on revient, c'est avec des... Autrement,

  • Speaker #1

    peut-être.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça, différemment, je pense.

  • Speaker #1

    Carrément. Ouais, et puis comme tu me disais avant qu'on commence l'interview, le mode de vie, au final, que tu as aujourd'hui, c'est peut-être un peu un retour à l'essentiel. Où tu vas sortir de cette surconsommation et plus passer du temps avec les proches, peut-être du temps de qualité, du temps à s'écouter soi, plus conscience de soi, de son environnement. J'imagine retourner dans Paris ensuite.

  • Speaker #0

    Complètement, oui. Au même titre que j'ai fait un grand écart à l'aller, mais là en rentrant, je fais un grand écart dans l'autre sens en fait.

  • Speaker #1

    Carrément, carrément. Tu me disais du coup que la Jordanie, c'est un pays qui est encore méconnu, parfois boudé ou mal compris. Pour terminer, du coup, qu'est-ce que t'aimerais dire à celles et ceux qui hésitent à venir ou qui s'en font peut-être une idée fausse ?

  • Speaker #0

    Effectivement, la situation géographique fait que les personnes se représentent la Jordanie comme un territoire qui peut être dangereux. Et ce n'est pas le cas. J'ai le goût de dire tout ce que je veux dire, il faut venir pour le voir, il faut venir pour le croire. C'est vrai que... Les personnes qui ont pu venir, en tout cas les bailleurs que j'ai pu accompagner ou que j'ai rencontrés dans le désert, qui sont venus en Jordanie, sont unanimes sur le fait de dire que s'ils ne regardaient pas les informations, s'ils ne savaient pas ce qui se passait dans la région, à aucun moment ils ne pourraient s'imaginer tout ce qui se passe aux alentours, tellement le pays est en train de sérénité, tellement les gens sont accueillants, souriants, bienveillants, etc. Et donc, je dirais qu'il faut ne pas écouter un tel ou un tel, parce que généralement, les personnes qui vous disent « Oh, mais t'es fou, t'es folle d'aller là-bas, c'est dangereux » , ce sont des personnes qui n'ont jamais été, qui ne connaissent pas le pays, et qui, du coup, se laissent surprendre aussi par tout ce qu'on peut voir dans les médias. Et donc, ça crée beaucoup d'inquiétudes. Et c'est dommage, parce que c'est un pays qui vaut vraiment le coup, et qui vaut la peine d'être découvert. Là, on a beaucoup parlé du désert, mais Petra, c'est une merveille du monde quand même. C'est juste exceptionnel. La mer Nord, d'ici 50 ans, elle aura disparu avec le réchauffement climatique. C'est maintenant qu'il faut venir la voir. Les paysages en Jordanie sont épousouflants, réellement. Peu importe où on est, on a des paysages différents. Le nord de la Jordanie, c'est très vert, avec beaucoup de collines, des eaux de livier. des lacs, etc. Et dès qu'on descend plus au sud, là, on est dans les trucs plutôt orangés parce qu'on a le désert, la montagne. On peut tout faire en Jordanie. C'est vraiment une destination très diversifiée qui peut correspondre à tout le monde. Si on veut être tranquille sur un transit au bord de la mer Rouge et du coup voir les fonds marins, c'est possible. Si par contre, on est amateur de rando, il y a de quoi faire en Jordanie. L'histoire, c'est vraiment un pays qui condense Absolument tout, en plus d'avoir une cuisine délicieuse.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on n'a pas parlé de la cuisine, mais ça va, au niveau des plats, il y a de quoi faire, il y a de quoi se régaler.

  • Speaker #0

    Il y a de quoi faire, il y a de quoi se régaler, c'est frais, c'est sans conservateur, il n'y a rien de transformé, c'est une cuisine qui est délicieuse réellement. Après c'est une cuisine levantine, donc il y a beaucoup d'épices, ce n'est pas piquant, mais c'est très savoureux. Et ça a mis faire quand même sur la cuisine. Quand on vient en Jordanie, on ne vient pas pour perdre des kilos, c'est clair.

  • Speaker #1

    Il y a quoi, par exemple, comme plat typique ?

  • Speaker #0

    Le plat traditionnel c'est le Mansaf et donc c'est un plat à base de riz. La plupart des plats en Jordanie c'est à base de riz. Il y a beaucoup de personnes qui pensent qu'on va manger des tagines, des couscous comme au Maghreb. Pas du tout en Jordanie, on n'est pas du tout là-dessus. C'est beaucoup de plats à base de riz. Et donc là du coup c'est du poulet ou alors de l'agneau ou du mouton. Traditionnellement c'est de l'agneau ou du mouton. qui sont cuits avec des oignons et un espèce de yaourt qu'on appelle jamide. La traduction en français, ce serait du lait caillé. Mais en fait, pour faire la recette, il faudrait plutôt utiliser du yaourt grec, grosso modo. Et donc ça, c'est mélangé avec du curcuma. Et donc après, on verse ça avec la sauce. Ils mettent des épices dedans, mais c'est des épices spécifiques. Et ensuite, ils versent ça sur le riz et ils font griller des petits. cacahuètes ou des pignons de pain qu'ils mettent dessus avec du persil et après on mange ça avec les mains ça a l'air bon,

  • Speaker #1

    ça fait envie c'est délicieux en tout cas tu nous vends bien le pays ça a l'air d'être riche aussi bien sur les paysages que sur la culture à découvrir donc merci en tout cas de nous avoir partagé ton parcours et ton histoire merci à toi voilà c'est la fin de cet épisode j'espère que ce voyage au coeur du désert jordanien vous aura autant donné envie que moi d'aller visiter ce pays qui a l'air juste ouf. En tout cas, si vous voulez soutenir le podcast, vous connaissez la chanson, abonnez-vous, mettez-vous un like, parlez-en autour de vous, un commentaire. Ça a l'air de rien, mais ça change tout pour moi, ça me permet de continuer à partager ces parcours de vie qui sont juste incroyables. Et encore en tout cas, merci d'être là et de faire partie de cette aventure. À bientôt !

Description

Elle a quitté la France, pris un avion, et a débarqué dans un monde complètement différent.

Aujourd’hui, elle vit au cœur du désert de Wadi Rum, dans un petit village jordanien, aux côtés d’un bédouin qui est devenu son mari.


Chaque jour, elle découvre un rythme de vie dicté par le sable, le soleil et le silence.

Elle apprend à naviguer entre traditions, coutumes et un quotidien si loin de ce qu’elle connaissait.


Dans cet épisode, on vit une véritable immersion dans la culture bédouine et dans la vie en Jordanie.

On explore aussi ce que ça veut dire de se sentir étrangère tout en apprenant à appartenir. On parle de voyage culturel, d’expatriation choisie par amour, de ce que ça représente de tout quitter pour s’expatrier dans un univers où les codes, la langue et le rapport au temps ne sont plus les mêmes.


C’est aussi une réflexion sur le fait de se déconstruire pour mieux se reconstruire, et sur les petites choses du quotidien qui finissent par tout changer.

On évoque aussi les doutes, les surprises et les anecdotes de voyage qui transforment un simple séjour en parcours de vie. Ce récit est une invitation à croire que dans la vie, tout est possible : que ce soit partir en voyage en solo, tomber amoureuse au bout du monde, ou encore réinventer sa façon de vivre.


C’est un beau voyage, pas seulement à travers les paysages du désert jordanien, mais aussi au cœur de l’humain, de la rencontre et de l’adaptation.


Prépare-toi à une histoire qui fait réfléchir, sourire, voyager… et qui prouve qu’il n’y a pas de vie “toute tracée”, seulement des chemins à inventer.


Bonne écoute !

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Transcription

  • Speaker #0

    Ils ont du sang nomade, quoi. Ils ne peuvent pas se séparer de leur désert. C'est des personnes qui sont profondément attachées à leur mode de vie, à leur tradition. Il y a donc le nomadisme, le fait d'être berger aussi, d'avoir des animaux et de vivre d'un rien, plus, du coup, d'avoir une hospitalité hors pair.

  • Speaker #1

    Bienvenue sur Partir, le podcast qui vous emmène vivre à l'étranger.

  • Speaker #0

    La quiétude du désert faisait que je n'ai pas de pression, pas de charge mentale. Et ça, je ne le vis que quand je suis dans le désert.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on retrouve Axelle. À la base, elle vivait en France. Et aujourd'hui, rien à voir. Elle se réveille tous les matins au cœur du désert, en Jordanie, aux côtés d'un bédouin qui est devenu son mari. Sa vie a totalement basculé. Elle est passée d'un quotidien occidental à un rythme qui est dicté par le sable, le silence et le nomadisme. Dans cet épisode, on va parler de la notion du temps, de cultures qui bousculent. et de ce que ça veut dire de se déconstruire pour se reconstruire ailleurs. Et on va découvrir la Jordanie sous un autre angle. Mais avant de plonger dans son histoire, je voudrais vraiment remercier ceux qui likent, s'abonnent, soutiennent le podcast. C'est vous qui faites vivre cette aventure, ce podcast. Donc vraiment, merci à vous et je vous souhaite une bonne écoute. Donc Axelle, bienvenue sur le podcast. Toi, tu vis aujourd'hui dans le désert jordanien. Jordanien, pardon. mais du coup Raconte-nous un petit peu comment tout ça a commencé.

  • Speaker #0

    Eh bien, ça a commencé, je pense, comme toute expatriation à un moment donné par le voyage. Et j'ai découvert la Jordanie en voyage, comme toute personne qui a envie de venir découvrir cette petite vépite du Moyen-Orient. C'était sur ma top list. Vraiment, c'était le voyage que je souhaitais faire. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'ai toujours été très intéressée par... le Moyen-Orient, la géopolitique, tout ce qui est en lien avec cette culture-là. Et donc, quand je suis venue en Jordanie la première fois, c'était il y a 4-5 ans, je ne sais pas comment l'expliquer, mais je me suis sentie à ma place tout de suite. Ce qui est quand même vraiment très perturbant, quand j'ai grandi en France, je n'ai jamais vécu à l'étranger avec ma famille. Donc je me suis dit, c'est juste que j'ai un attrait particulier pour ce type de paysage, ce type de monument, ce type de culture, etc. Et finalement, je suis revenue en Jordanie, et encore, et encore, et encore, et jusqu'à me projeter sur le fait de pouvoir venir vivre en Jordanie. Et le désert a toujours eu sa place dans ma tête, juste parce que, déjà c'est très apaisant. un désert, mais aussi parce que je me suis juste sentie toute petite dans un monde énorme et ça m'a remis à ma place clairement, dans ce monde où on a plein de consommations, plein de paradoxes, plein de questions on est trop stimulé un peu partout là, le fait de retrouver du calme et d'être mis à ma place et bien je me suis dit ah ok, c'est ça, c'est ce genre d'endroit dont j'ai besoin pour être épanouie dans ma vie de tous les jours Et donc, de fil en aiguille, j'ai rencontré Ahmed, mon conjoint, et entre lui et moi, clairement, qui pouvait bouger ? Ben moi ! Parce que lui, enfant du désert, né et ayant grandi dans le désert, à aucun moment il aurait pu déménager en France, avec tout ce qu'on connaît nous en France, mais tout ce que lui ne connaît pas. Et donc, du coup, je suis arrivée comme ça, dans le désert, après avoir fait évidemment plein d'allers-retours. Et je compte bien y rester. Trop bien,

  • Speaker #1

    ouais. C'est fou d'avoir eu ce sentiment de là, je suis à ma place, etc. C'est ce qui t'a fait le déclic, vraiment, c'est le désert.

  • Speaker #0

    Ouais, vraiment, je ne sais pas. Je pense qu'il y a des choses qui ne s'expliquent pas. Il y a des choses qu'on peut vivre à un instant T de notre vie qui résonnent à ce moment-là. Et en fait, à ce moment-là, la quiétude du désert faisait que je me sentais hyper alignée. avec moi-même et je me suis dit c'est la première fois de ma vie où je n'ai pas de pression pas de charge mentale où je me sens apaisée et ça je ne le vis que quand je suis dans le désert c'est

  • Speaker #1

    fou, ça doit changer de la vie en France où tout va peut-être vite où c'est surconsommation c'est très rempli là d'être dans un retour au calme j'imagine que ça doit faire un sacré... un apaisement intérieur finalement ?

  • Speaker #0

    Complètement. Complètement. Et c'est vraiment aussi être à l'écoute de soi en tant que personne parce que quand on travaille en France, quand on est salarié, on a un réveil le matin, on sait à quelle heure si on prend... Moi, c'était ça sur ma vie d'avant. Je devais prendre le bus à telle heure, arriver à telle heure au travail, la pause déjeuner, elle est de telle heure à telle heure, tu finis à telle heure, etc. Et en fait, tout est super. méga rythmé mais quand est-ce qu'on vit vraiment quand est-ce qu'on vit vraiment alors je suis vraiment un être de liberté j'ai besoin de cette liberté pour être heureuse mais la liberté ça veut pas dire ne rien faire c'est juste pouvoir avoir le choix de pour moi c'est ça et donc et donc en fait en étant ici et en ayant aussi mon activité professionnelle etc c'est moi qui organise mon temps qui choisit de mettre un réveil ou pas Bon, spoiler, ça fait deux ans que je n'en ai pas mis. Et pour autant, est-ce que je me réveille à 11h ? Non, pas du tout. C'est juste que du coup, ça me permet de pouvoir avoir la liberté que je n'avais pas en France et qui fait partie amplement de la culture bédouine ici. Et je pense que c'est pour ça que je m'y retrouve.

  • Speaker #1

    Ouais, trop bien. Mathieu aura l'occasion de nous reparler un petit peu après de la culture bédouine, le rythme d'enquête à vie, etc. Juste comment tu te prends pour déménager et pouvoir immigrer en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en fait, j'étais venue en Jordanie pendant quelques mois parce que j'avais besoin quand même de tester pour être sûre de mon choix. Et donc, du coup, je me suis dit, OK, là, c'est bon. J'ai pris la décision. Il faut que je le teste parce que si je ne le teste pas... Je vais le regretter. Et je pense que ma famille attendait aussi que je passe ce cap-là parce qu'ils voyaient bien que j'étais toujours barrée à droite à gauche. Et donc, à un moment donné, j'allais passer ce pas-là, mais il fallait juste que je le vérifie pour être sûre de moi. Et donc, j'ai dit à un maître, écoute, je vais rentrer en France pour vendre mes affaires parce que j'étais en location, mais du coup, j'avais quand même toutes mes affaires, etc. Donc, du coup, je lui ai dit de m'attendre le temps que je fasse tout ça. Il fallait que je fasse mes démarches administratives, etc. Et donc j'ai fait vide grenier sur vide grenier, j'ai passé, je suis restée un mois et demi en France, un mois et demi avant tout ce que j'avais, vraiment tout ce que j'avais. Et là se pose la question de, ok, je pars, mais qu'est-ce que j'emmène avec moi, qu'est-ce qui est important pour moi ? Très difficile parce que finalement on a plein de choses chez nous quand on s'installe, etc. Moi ça faisait, j'étais en appart depuis que j'avais 18 ans, donc du coup j'avais beaucoup de choses. et donc c'est Encore une fois, un retour à l'essentiel nécessaire pour pouvoir s'autoriser à partir. Et donc, j'ai fait le choix de vendre absolument tout ce qui n'était pas nécessaire et de garder avec moi tout ce qu'il y avait en attachement. Donc, par exemple, des cadeaux de ma sœur, des souvenirs de voyage qui sont importants pour moi. J'ai gardé, j'ai tout mis dans des valises. Enfin, une valise, du coup, j'avais une valise et deux sacs à dos. En tout, ça faisait 60 kilos. Et après, j'ai juste gardé tous les papiers administratifs dont on a besoin en France, etc. Ça, je les ai consignés dans ma famille. Mais sinon, je suis venue avec mes vêtements, 2-3 souvenirs, mon ordinateur et voilà.

  • Speaker #1

    Et basta. Retour à l'essentiel.

  • Speaker #0

    C'est tout. En fait, je m'étais dit, de toute manière, l'argent que je me fais en vendant mes affaires, je le réutiliserai pour pouvoir me réinstaller. Donc, du coup... Du coup, ce n'est pas grave. Finalement, je ne perds rien. Après, on perd toujours si on achète neuf et qu'on revend en vie de grenier, évidemment. Mais ce n'était pas grave. Le sujet n'était pas là à ce moment-là. Moi, mon but, c'était de ne plus rien avoir pour ne pas avoir à louer un box, etc. Puisque de toute manière, je n'avais pas le projet de revenir. Donc, il fallait que ça parte.

  • Speaker #1

    Et du coup, d'un point de vue administratif ? Est-ce que tu as un visa particulier ? Comment ça se passe ? Comment tu avais fait aussi pour venir plusieurs fois, plusieurs mois et là être de manière permanente ?

  • Speaker #0

    Alors en tant que voyageuse et puis au tout début je venais sous le visa touristique parce que le visa touristique ici il est valable 6 mois et puis après du coup on s'est marié avec Armelle et aujourd'hui du coup j'ai la carte résidence.

  • Speaker #1

    Bon bah nickel. Et donc aujourd'hui tu vis dans une culture qui n'a rien à voir avec ce que tu as connu en France, donc la culture bédouine. Comment on fait quand tout, les codes, les rôles, la langue, quand tout est vraiment différent ?

  • Speaker #0

    Eh bien, on repart de zéro. Il faut qu'on déprogramme tout ce qu'on a appris pour comprendre, et je dirais presque sans jugement. Ce n'est pas forcément négatif de juger, mais c'est juste que c'est tellement aux antipodes de notre culture. Je dis « notre » parce qu'on est tous, malgré tout, on a une culture commune. Quand on vient en France, qu'il y a des choses qui peuvent nous paraître pas top. Par exemple, moi, je me souviens, mes beaux-frères ou même mon beau-père... Il ne me disait jamais bonjour, il ne me disait jamais au revoir. Et je ne comprenais pas. La moindre des choses, c'est de dire bonjour et de dire au revoir. Et là, j'étais presque dans le jugement, mais ils ne sont pas polis. Alors qu'en fait, ce n'est pas une question de politesse, c'est juste qu'ici, on se voit tellement tout le temps, il n'y a jamais de fin et de début qu'il n'y a pas de bonjour et au revoir. Tout simplement parce que si je vois mon beau-frère le matin, il ne va pas me dire au revoir parce qu'il sait qu'il va me revoir dans la journée. Et au pire des cas, Et donc, c'est plein de petites choses comme ça où il faut détricoter tout ce qu'on a appris sur la politesse, sur la façon de voir les choses, etc. Et si on n'est pas en capacité, je pense, de faire ce petit reset mental, c'est compliqué parce qu'on se heurte tout le temps. On est toujours en confrontation, confrontation. Et je dirais que quand on choisit de partir dans un pays comme ça, parce que... Alors techniquement, je suis expatriée, mais je n'ai pas la vie d'expat comme les expats se peuvent avoir en Jordanie. Certains, en tout cas, qui viennent travailler dans une firme française ou une firme internationale, qui vivent dans des beaux quartiers, dans la capitale, etc. Je suis vraiment aux antipodes de tout ça. Et donc, de fait, je n'ai pas le choix d'être baignée dans la culture. Alors, je l'ai voulu, attention. Mais le fait d'être baignée dans cette culture-là, c'est à moi de m'adapter et ce n'est pas à eux de s'adapter à moi. Donc, ce n'est pas forcément facile tous les jours. et il y a... des moments d'incompréhension, mais on arrive toujours à discuter, en tout cas, Ahmed prend toujours le temps de m'expliquer les choses, parce que parfois, malgré tout, je peux avoir des réactions ou des comportements qui, pour moi, ne posent pas de soucis, mais qui, dans le cadre de la culture, je ne vais pas dire qu'ils sont mal vus, parce que ce n'est pas ça, mais culturellement, ce n'est pas comme ça. Et donc, en fait, il va m'expliquer, maintenant, tu sais, on ne fait pas comme ça, etc. Tu le sauras pour la prochaine fois. Une fois qu'on me le dit, je l'intègre et je le fais. Mais il faut que j'apprenne. Parce que si on ne me le dit pas et que je n'apprends pas, je ne peux pas le faire. Après, dans ma famille, en tout cas, ils sont super souples parce qu'ils savent très bien que je fais plein d'efforts, etc. Mais du coup, ils me tiennent rigueur de pas grand-chose. Vraiment, ils sont plutôt adorables là-dessus. Et je les en remercie, du coup. Donc, voilà comment on fait.

  • Speaker #1

    Ils voient que... que tu as envie d'apprendre aussi et de t'adapter. Tu as des exemples de choses que peut-être tu aurais fait et qui étaient culturellement pas correctes, entre guillemets ?

  • Speaker #0

    Chiner. Du coup, moi, j'ai instauré, en tout cas, à la maison, on a instauré le moment de l'apéro parce que du coup, ils ne connaissaient pas trop. Enfin, ils ne connaissaient pas, en fait. Moi, je l'ai instauré parce que finalement, en fait, ils le connaissent sans le connaître parce qu'ici, on picore beaucoup de médias. C'est plein de petits trucs à dipper, etc. C'est un peu le principe de l'apéro. C'est juste qu'eux, ils ne vont pas le nommer comme ça. Donc, en fait, je l'ai juste nommé comme ça. Donc, on a ça. Et en fait, je me souviens une fois, je leur ai dit « Allez, on fait un chin ! » Et ils m'ont regardé. Ils m'ont dit « Mais pas du tout, Axelle, on ne fait pas ça ! » Je me suis dit « Mais pourquoi ? » C'est hyper festif, en fait, de faire un chin. Et ils me disaient « Mais non, non, ça ne se fait pas. » Parce qu'eux, ils me disent que c'est une question de poison de ne pas mélanger ce que tu peux avoir dans ton verre avec quelqu'un d'autre Donc ils me disent que c'est haram. Du coup, moi, je leur dis, OK, j'entends ce que vous dites, mais en fait, nous, en France, en tout cas, moi, c'est ce que j'avais appris, c'est qu'on faisait chin à l'origine pour justement faire en sorte que si jamais il y a un poison, l'autre, il meurt aussi. Comme ça, au moins, si le mec, il chin avec toi, tu sais que du coup, c'est OK, c'est safe. Et donc, ils étaient là, ah ouais, tout. Du coup, on chin pas avec les boissons, mais on peut chiner avec une chips. Voilà, on a trouvé un petit juste milieu.

  • Speaker #1

    Une rencontre entre les deux manières de faire.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Et vous parlez en quelle langue entre vous tous ?

  • Speaker #0

    En anglais.

  • Speaker #1

    Vous parlez en anglais en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Oui, oui. En fait, la première langue du pays, c'est l'arabe, mais la majeure partie des personnes, en tout cas qui travaillent dans le tourisme, parlent anglais. Ça ne veut pas dire que c'est un anglais super méga élaboré, c'est un anglais qui parle au présent. Donc, il n'y a pas de futur, il n'y a pas de passé. Donc, c'est finalement très simple à comprendre. Pour ceux qui ne parlent pas hyper bien l'anglais, dans ma famille, en fait, on fait un mélange. Entre le français, l'anglais et l'arabe. On a une base qui est oui et non, par défaut. En fait, non. J'ai appris l'arabe avant de venir en Jordanie, parce que c'était une langue qui m'intéressait. Donc, je sais le lire et je sais l'écrire. Mais il manque beaucoup de vocabulaire. Et la difficulté, c'est qu'ici, évidemment, ils parlent l'arabe littéraire, mais ils ont aussi un dialecte local. Ce qui fait que je vais apprendre un mot en arabe. Et puis ils vont me dire le mot en dialecte bédouin et je dis « bah oui, mais je fais comment pour m'y retrouver ? » Donc c'est comme si je devais apprendre deux choses différentes, donc c'est compliqué. Par contre, du coup, je comprends bien, je commence à vraiment bien comprendre. Mais je suis trop timide, c'est dur quand on est adulte d'oser parler une autre langue qui est vraiment complexe en termes de prononciation parce que c'est vraiment pas du tout la même prononciation que nous on peut avoir en français ou même en anglais, il y a des muscles que je connaissais même pas. Et donc du coup je suis un peu timide et aussi parce qu'ils me charrient un peu dessus etc. Donc si moi je vais faire, je vais au souk, pour acheter des choses, il n'y a pas de souci, je peux me débrouiller. Après, bon, ils sont, je ne vais pas dire si, mais je peux me débrouiller. Mais sinon, entre nous, en fait, on a une base qui est anglais et en fonction des mots, on va utiliser certains mots en français, certains mots en arabe. Donc, en fait, on a un mix des trois langues.

  • Speaker #1

    Trop bien. Et du coup, tu nous parlais de la culture bédouine dans laquelle tu vis aujourd'hui, dans laquelle tu es immergée. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu ce que c'est la culture bédouine ?

  • Speaker #0

    C'est une culture qui vit au rythme du désert. Parce qu'en fait, bédouin, en vrai, ça veut dire nomade. Donc techniquement, c'est un peuple nomade. Je dis techniquement parce qu'aujourd'hui, pour travailler, etc., ils ont tous besoin de la connexion. Le confort aussi a fait son apparition, comme partout depuis des années. Pour autant, ils ont du sang nomade. C'est vraiment... Ils ne peuvent pas se séparer de leur désert. Moi, j'ai posé la question à mon beau-père, qui a 55 ans. Je lui ai demandé s'il trouvait son désert toujours beau après avoir grandi là. Et avec des étoiles dans les yeux, il m'a répondu évidemment, tous les jours, je le trouve beau, mon désert. Et donc, c'est des personnes qui sont profondément attachées à leur mode de vie, à leur tradition. qui est le nomadisme, le fait d'être berger aussi, d'avoir des animaux et de vivre d'un rien, plus d'avoir une hospitalité hors pair. Parce qu'ils accueillent tout le monde, tout le temps, même s'ils ne peuvent pas, même s'ils sont occupés, ils vont accueillir. Il n'y a pas de débat en fait. Ce n'est pas « ah non désolé, je suis en repas de famille » . Non, bien sûr, viens partager le repas avec moi. Et ça, ça fait partie pleinement de la culture bédouine. Et ils essayent, malgré tout, les jeunes générations, même si certaines n'ont pas grandi dans le désert, les nouvelles générations n'ont pas grandi dans le désert, mais l'attachement au désert se perpétue vraiment d'une génération en génération parce que les personnes ici, elles ne peuvent pas passer une journée sans aller dans le désert. C'est impossible. C'est vraiment ancré, lié. C'est ancré, oui. C'est vraiment, c'est dans le sang, c'est dans les gènes, c'est intérieur, quoi. Et je pense qu'il faut être né ici pour comprendre ce que c'est réellement l'intérieur. Mais quand on parle de sortir, d'aller voir autre chose, pour certains, c'est... Waouh ! C'est énorme. Il n'y a pas de possibilité. Ils ont leur désert et ça suffit. Il y a des gens qui ne sortent jamais du désert. qui ne vont pas dans les villes alentours, qui restent dans le désert et qui vivent là et qui probablement ne ressortiront jamais.

  • Speaker #1

    C'est fou pour nous qui ne vivons pas ça, tu vois, d'essayer de concevoir ce mode de vie là. Toi du coup aujourd'hui tu as une part de nomadisme et une part de sédentaire, c'est ça dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Oui c'est ça en fait pour... La communication, ça veut dire parce que moi j'ai besoin de contacter mes amis, ma famille, j'ai besoin de pouvoir travailler, d'avoir la connexion internet, etc. Au même titre qu'eux ont besoin de la connexion internet, alors pas forcément pour les mêmes besoins, mais ils ont besoin de rester connectés, ils sont ultra connectés. Et donc pour ça, on a notre petit endroit dans le village où on a tout ce qu'il faut, on a l'eau, l'électricité, c'est bas. hyper fort au niveau de l'électricité, mais on a l'électricité. L'eau, on doit la faire acheminer par des camions parce qu'il n'y a pas l'eau courante. On a des petits shops pour pouvoir acheter ce dont on a besoin. Produits de première nécessité, mais en réalité, on peut très bien manger, il n'y a pas de souci, c'est juste moi. Il y a des moments où j'ai envie d'avoir des... des produits un peu exotiques, on va dire ça comme ça. Donc il faut que je puisse aller dans une grande ville, mais sinon on n'a pas besoin de sortir du village, en réalité il faut trouver à manger. Et une fois qu'on a rempli cette part d'obligation à la connexion, on part dans le désert parce qu'on a nos troupeaux de chèvres et de dromadaires, donc en fait on alterne avec mon beau-père, avec mes beaux-frères, on alterne. Sur les personnes qui prennent soin d'eux, il faut aller leur donner à manger, les faire pâturer, vérifier que... Tout le monde va bien, qu'il n'y ait pas de soucis, surtout en ce moment avec la chaleur. Donc là, la semaine dernière, en fait, on a une tente Bedouin. Donc c'est une tente traditionnelle qu'on peut démonter. C'est mieux que les tentes que je crois. Parce que vraiment, c'est vraiment deux secondes. Parce qu'en fait, c'est une toile qu'on pose sur des... Enfin, une toile. C'est plus épais, ça fait comme une toile de jute. En fait, c'est tissé en toile de dromadaire ou de chèvre. Et en fait, on... on la hisse avec des bâtons de bois. Donc finalement, on peut l'enlever et la démonter, la remonter très facilement. Et en fait, on la bouge en fonction des animaux, parce que du coup, comme les animaux pâturent, il faut qu'ils puissent avoir de quoi se nourrir. Et là, du coup, on la bouge aussi en fonction du soleil, parce qu'on a des bébés dromadaires et qu'il fait très chaud. Et que malgré tout, un dromadaire, ça peut souffrir de la chaleur. Donc du coup, on a essayé de trouver, il n'y en a pas beaucoup. Mais on a essayé de trouver des arbres pour avoir un tout petit peu d'ombre et être dans un courant d'air. Comme ça, il y a du vent. Donc là, on l'a bougé la semaine dernière, par exemple. Et probablement qu'on la bougera dans deux, trois semaines.

  • Speaker #1

    C'est tout un nouveau mode de vie que tu as intégré à ton quotidien. Tu étais assistante sociale, je crois, tu m'as dit, avant de partir vivre en Jordanie. Et là, tu parlais d'une activité où tu avais besoin d'Internet, etc. Tu disais que tu as construit... ton activité pro autour de ce que tu aimes, le voyage et les rencontres. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu plus de ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. De toute manière, c'est intimement lié à la Jordanie. Sans Jordanie, je n'ai pas cette activité professionnelle et sans activité professionnelle, je n'ai pas cette Jordanie non plus. Les deux sont liés. En fait, moi, j'ai un petit couteau suisse et c'est vraiment ce que j'aimais dans mon métier d'assistante sociale, c'était de pouvoir être un peu partout et d'être touche à tout, surtout. Et donc c'est ce que j'ai essayé de reproduire dans ma vie prochaine parce que concrètement je n'avais plus envie d'être assistante sociale. Non pas que je n'aimais pas mon métier, je l'aime toujours vraiment de cœur, profondément je l'aime toujours ce métier. Mais aujourd'hui les conditions ne sont pas réunies pour pouvoir travailler sereinement, avec passion, sans être épuisée par toutes les décisions qui peuvent être prises. Donc à un moment donné j'ai choisi de me sauver moi. Et donc, du coup, j'ai décidé de mettre en valeur ce que j'aime, mais par-dessus tout en Jordanie, c'est les locaux qui rendent la Jordanie magique. Les paysages sont extraordinaires, ça, on est d'accord, mais un paysage sans vie reste un paysage. Et donc, les deux vont de pair. Donc, j'ai décidé de monter mon entreprise pour accompagner les voyageurs dans l'organisation d'un voyage. En tout cas, de leur voyage en Jordanie pour aller à la rencontre des locaux, leur permettre de vivre des expériences qu'ils ne vivraient pas forcément s'ils étaient partis tout seuls et surtout des expériences qu'on ne trouve pas partout. Donc, par exemple, j'ai des connaissances au nord du pays. C'est une petite dame qui s'appelle Oum Samir. C'est un petit cœur qui, en fait, elle vous accueille chez elle. Et il n'y a pas de chichi. tu arrives chez elle comme tu vas l'aider parce que généralement elle cuisine ou elle fait du canage traditionnel en deux ou trois mois t'as ta boule de pain dans les mains ou ton canage traditionnel et puis hop tu y vas donc c'est tout ce côté un peu rural de la Jordanie qu'on ne voit pas partout parce que malgré tout ça reste un pays qui vit du tourisme donc il y a beaucoup de circuits touristiques qui vont toujours au même endroit toujours dans les mêmes hébergements et qui laisse... parfois peu de place aux locaux. Donc moi, c'est ce que j'ai décidé de faire d'un côté. Et de l'autre, du coup, avec ma famille, on me propose de découvrir la culture bédouine à travers le désert. Et donc, on emmène les voyageurs qui le souhaitent vivre le temps d'un instant. Généralement, c'est un jour, une nuit, deux jours, deux nuits. Ça peut être plus, vivre le désert de l'intérieur. Donc ça veut dire faire la traite des dromadaires, apprendre à faire du savon avec les plantes du désert, aller chercher le petit thym sauvage pour le thé cuit sur le feu de bois, aller avoir des épines dans les doigts pour aller chercher le bois qui nous servira à manger ce soir. Et donc du coup j'alterne entre les deux.

  • Speaker #1

    Trop bien, franchement t'as fait envie de venir découvrir tout ça, comment ça se passe et tout. Ça donne quoi le tourisme aujourd'hui là en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Eh bien il n'y en a pas, il n'y en a pas peu. Parce que malgré tout, la Jordanie, son seul crime, c'est d'être au milieu de pays qui ne sont pas très stables, et ce, depuis des années. Le pays a quand même toujours réussi à maintenir sa sécurité et sa stabilité, et ça, c'est quelque chose qu'il faut vraiment souligner, parce qu'on n'est pas du tout en danger en Jordanie. Moi, j'ai eu des gens qui m'ont envoyé des messages pour me dire « est-ce que c'est la guerre en Jordanie ? » Pas du tout, mais vraiment pas du tout du tout. C'est un havre de paix. Pour nous, ça n'a rien changé, si ce n'est effectivement la baisse de fréquentation du pays. Donc, quand il n'y a pas de tourisme, il faut rebondir. Il faut trouver d'autres points qui nous permettent de vivre finalement. Et ça, à l'échelle du pays. Alors, je n'ai pas le pourcentage en tête, mais la majeure partie de richesses du pays sont liées au tourisme. Donc, sans tourisme, l'économie, elle tombe totalement. Et donc, alors là, je n'ai pas les nouveaux chiffres, mais l'année dernière, sur Amman, il y a beaucoup d'agences de voyage. Amman, c'est la capitale. Il y avait une centaine d'agences de voyage. Et il y en avait plus de 40 qui avaient fermé l'année dernière, par exemple. Donc, c'est quand même énorme. Il y a beaucoup de gens qui avaient entrepris des choses parce qu'en réalité, Quand il n'y a pas de conflit aux alentours, la Jordanie, c'est un pays qui attire pas mal de tourisme. Et donc, il y a des personnes qui avaient entrepris des grands projets immobiliers, etc. Mais en fait, qui ne peuvent plus le faire. Ou alors des hôtels qui vont louer une, deux, trois chambres à la semaine. Ils ne peuvent plus se permettre d'avoir une équipe au complet pour entretenir l'hôtel. Donc, finalement, c'est un peu le serpent qui se met en la queue parce qu'il y a moins de monde. Mais du coup, il y a une baisse. Il y a une baisse des ressources, mais il y a aussi une baisse, quelque part, quand même, moi je l'observe, de la qualité des prestations. Tout simplement parce que, ben oui, quand l'hébergement, je prends vraiment l'exemple des hébergements, parce que c'est flagrant, il est plein. Le petit déjeuner, il va être au top, il va y avoir du choix, etc. Mais quand tu as deux personnes sur une semaine, tu ne vas pas avoir la même quantité. que ce que tu aurais alors que ton hébergement il est plein toute la semaine donc c'est un pays qui souffre quand même pas mal de ça en tout cas qui est dépendant du tourisme et c'est peut-être le souci de la Jordanie un peu compliqué de par la localisation on

  • Speaker #1

    espère que ça remontera ensuite et que ça ira un petit peu mieux et du coup Merci à vous. Ta vie en général, ta vie quotidienne, ça ressemble à quoi ? Ou peut-être une journée type, ou bon, j'imagine qu'une journée type c'est un peu compliqué, peut-être une semaine, comment ça se passe concrètement ?

  • Speaker #0

    Eh bien ça dépend des semaines. Alors déjà, il faut avoir en tête qu'en Jordanie, le week-end c'est le vendredi et le samedi. Du coup, généralement c'est des jours non travaillés, mais c'est surtout des jours passés en famille, ou alors à faire tout ce que tu veux faire sauf travailler. Donc, comme nous, le week-end, finalement, c'est décalé. Donc, le dimanche, c'est le lundi. Donc ça, moi, je le garde en tête et je me suis adaptée à ce rythme-là tout en restant adaptée au rythme français parce que du coup, nos clients, quand même, que ce soit pour le désert ou pour l'organisation de séjour, ça reste des clients français ou francophones. Donc, il a fallu que je m'adapte à ça. Mais on va dire que sur une semaine, on va passer entre deux et quatre jours dans le désert. pour les animaux. Et le reste, du coup, on condense tout ce qu'on doit faire quand on a besoin de connexion, on condense tout. Donc les rendez-vous, etc. sur les deux à quatre jours restants. En fait, ça dépend des semaines, ça dépend des besoins, ça dépend si on a beaucoup de choses à faire. Si, par exemple, on a besoin de bouger la tente, forcément, on va passer plus de temps à le faire. S'il faut qu'on aille chercher de la nourriture pour les animaux, parce que malgré tout, le pâturage... Il y a de la verdure dans le désert. Attention, c'est pas que un désert de dunes de sable, c'est un désert qui est très varié. Mais du coup, parfois, il faut qu'on puisse quand même aller chercher de la nourriture. Donc en fait, ça dépend. Il y a plein de variables qui s'ajoutent. Mais grosso modo, si on est sur une journée type où on est au village, le matin, généralement, on profite de la fraîche. C'est vrai qu'on se lève très tôt. Et après, l'après-midi, il fait très chaud là actuellement. Donc on est plutôt sur un mode sieste. parce qu'en fait mais c'est malgré nous la chaleur elle nous tombe dans les pattes donc on essaye d'avoir des endroits ombragés où du coup on reste enfermé pour pouvoir survivre à la chaleur et après dès que le soleil se couche et bien généralement soit on est dehors on profite de l'extérieur soit on va voir nos animaux ok vous vivez peut-être un peu plus au rythme du soleil de la météo etc globalement complètement plus en fait Du soleil, oui et non. Au rythme du soleil, quand il se lève, il se couche. Mais du coup, ce n'est pas parce que les journées sont très grandes qu'on passe plus de temps dehors l'été parce qu'en fait, il fait trop chaud. Mais après, on vit au rythme du désert, je dirais, plus que du soleil.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire le rythme du désert ?

  • Speaker #0

    Eh bien, il n'y a pas de rythme, c'est le tien.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de règle,

  • Speaker #0

    en fait. et donc chacun fait ce qu'il veut je vois moi dans mes beaux frères on a tous des rythmes super méga différents j'ai un beau frère qui va se coucher à 4-5h du matin parce qu'il va jouer aux cartes avec ses amis il va se lever à 12h midi 13h alors que nous pas du tout on vit pas du tout comme ça on va se coucher tard et on va se lever très tôt mais du coup on fait une sieste l'après-midi Donc ça dépend des gens mais le rythme du désert c'est justement la liberté de pouvoir faire ce que tu veux.

  • Speaker #1

    Tu trouves qu'il y a un rapport au temps différent de ce qu'on a par exemple en France ou en Europe peut-être ?

  • Speaker #0

    Ah oui totalement. Totalement le rapport au temps est vraiment différent pour plusieurs raisons. La première c'est qu'il n'y a pas d'horaire. Donc tu ne peux pas dire à quelqu'un « viens à telle heure chez moi » . C'est pas possible. La personne ne viendra pas, mais c'est pas qu'elle ne veut pas, c'est que forcément elle ne peut pas le faire. Parce qu'elle va être happée par plein d'autres choses et donc du coup, il y a un manque de sens de priorité, clairement. Pour moi, attention, pas pour eux, mais pour eux, la priorité c'est l'urgence. Pour moi, la priorité c'est l'engagement que j'ai pris avec un tel ou un tel. Mais donc du coup, on peut très bien, par exemple... être en train de réparer une voiture, c'est ça, il peut réparer une voiture si quelqu'un l'appelle. Donc, il répare sa voiture. Si quelqu'un l'appelle pour lui dire « Ma voiture est cassée, j'ai un souci, tu peux venir ? » Il abandonne ce qu'il fait pour pouvoir y aller. Moi, personnellement, j'aurais fini ce que j'avais à faire et je lui aurais dit « Ok, dans deux heures, je suis là. » Voilà. Donc, ce rapport au temps est vraiment différent et après, ils vivent un peu en décalé. en termes de temps, mais en décalé par rapport à notre prisme français.

  • Speaker #1

    Oui, là,

  • Speaker #0

    de toute façon,

  • Speaker #1

    on parle avec notre vision et notre comparaison avec notre point de vue.

  • Speaker #0

    Exactement. Par exemple, nous, on va manger matin, midi et soir, voire même on prend un goûter, voire même la lapéro. Ici, pas du tout. La plupart des gens, ils vont manger un repas. Et parfois, le repas, ça va être du pain cuit dans le feu ou dans la cendre. C'est très loin de « je mange parce qu'il faut que je mange » . Ils mangent parce qu'ils ont besoin de manger, pas parce qu'ils ont envie de manger. Et donc ça, c'est aussi un rapport au temps parce que mine de rien, nous, là où nos journées sont rythmées par la nourriture, et bien eux, pas du tout. Donc en fait, ils n'ont pas de rythme comme nous, on peut avoir. Ils peuvent manger à 15h-16h parce qu'ils ont faim à 15h-16h. Donc finalement... Moi, à la maison, par exemple, parfois, ça peut être un peu compliqué, gentiment, mais je vais manger le midi parce que j'ai faim, tout simplement. J'ai besoin de manger le midi pour avoir ma dose d'énergie pour travailler l'après-midi. Donc, je vais faire quelque chose. Et un moment, il va arriver vers 15-16 heures, il va me dire « Ah, j'ai faim. » Je dis « Ok, j'ai préparé ça. » Et il me dit « Ah non, je veux un truc nouveau quand même. Je vais cuisiner. » Et donc du coup, à Rebette, il faut recuisiner quelque chose, soit lui, soit moi, mais du coup, il faut recuisiner quelque chose, alors qu'en fait, c'est juste parce qu'on est en décalé et que je comprends qu'ils veuillent un truc pas réchauffé. Moi aussi, j'aimerais avoir ma nourriture, d'avoir le plaisir de cuisiner et de ne pas toujours faire du réchauffé à chaque fois. Donc, on est un peu en décalé là-dessus et donc ça indique quand même que le temps qu'on s'octroie pour telle ou telle tâche. Il est différent de là où on vient finalement. Moi, je vais me dire, bon allez, aujourd'hui, je vais travailler 6 heures. Moi, je vais me conditionner comme ça, je travaille 6 heures. Ici, ils ne vont pas se dire, je travaille 6 heures. Je travaille tant que je dois travailler. Et encore une fois, ça fait partie de la temporalité où on est vraiment très différent là-dessus.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Là où nous, on va fonctionner peut-être plus en créneau horaire, on va dire, eux, ça va être en... Tâches qui viennent quoi ?

  • Speaker #0

    En tâches et en jours. Par exemple, tu dois réceptionner quelque chose, et bien la personne te dit oui, oui, ce sera à peu près ce jour-là. Mais ça peut être deux jours avant, deux jours après, pas grave. Nous, on est avertis de ça parce qu'on a les mails, etc. Si on commande des choses. Ici, non, on n'a pas ça. Parce qu'en fait, si on n'a pas une livraison, on n'a pas d'adresse. Donc en fait, c'est quelqu'un qui a récupéré ça dans une ville qui le ramène. Mais si la personne, elle est happée par autre chose. Ça attendra, ton con il attend.

  • Speaker #1

    C'est un autre rythme, un autre rapport aux choses. Tu penses que c'est l'influence du désert, encore une fois, qui fait qu'on a ce rapport au temps ? Peut-être le nomadisme qui fait que c'est comme ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est un héritage du nomadisme, oui, parce que malgré tout, la population bédouine ici a un traitement particulier parce que c'est un héritage culturel. Donc le gouvernement, la famille royale font absolument... tout pour pouvoir maintenir cette culture-là. Et donc, ils font ce qu'ils veulent, quand ils veulent, avec qui ils veulent et comment ils le veulent. Donc si ça, c'est pas de la liberté, je ne sais pas ce que c'est. Mais du coup, ils peuvent s'affranchir presque de toutes les règles, si ce n'est respecter les règles culturelles ou religieuses. Évidemment, parce que malgré tout, il y a quand même des règles. Mais par rapport, encore une fois, à nous, notre vision des choses, la manière dont on s'y vit, c'est la liberté totale. Après, quand on est à l'intérieur de la culture, il y a plein de règles qui leur sont imposées. D'être toujours dispo pour ton aîné, par exemple, que ce soit un oncle, une tante, ton père, ta mère, toujours dispo, peu importe ce que tu fais, ça reste une règle qui peut être très contraignante finalement. Parce que nous, on n'a pas d'obligation de présence pour un membre de la famille qui en aurait besoin. Donc il y a plein d'autres règles. mais pas celle du rythme et du contrôle je dirais.

  • Speaker #1

    Ok je vois. Toi ça t'a mis du temps avant de réussir à t'adapter à ce nouveau mode de vie, cette nouvelle manière de penser, de voir les choses. Est-ce que tu t'y es habituée assez vite ou ça a été un peu compliqué ?

  • Speaker #0

    Je m'y suis habituée assez vite, par contre ça ne veut pas dire que je n'ai pas des petites... Je suis rattrapée par la culture, comme tout le monde, c'est normal. Maintenant je m'y suis habituée très vite parce que ça me parle déjà, parce que je m'y retrouve et puis parce que je suis quelqu'un qui s'adapte très vite aussi. Donc je n'ai pas eu de souci d'adaptation. Par contre, sur certaines choses, il y a des moments où ça demande de prendre le temps de parler et d'observer cette différence culturelle. pour que ce ne soit pas un obstacle. Parce que si jamais on reste tous, je dis tous parce que c'est dans mon couple que ça se passe, mais si on reste campés sur nos positions et nos cultures, à un moment donné, ça va générer de la frustration, de l'énervement et de la non-compréhension. Et ce n'est pas hyper positif de pouvoir vivre dans ce petit nuage un peu grisonnant. Donc il faut pouvoir parler et ce n'est pas toujours évident. de devoir parler dans une langue, même si on est bien anglais, c'est pas toujours évident de devoir parler, sous le coup parfois de l'émotion dans une langue qui n'est pas ta langue maternelle et que l'autre le réceptionne comme toi tu veux qu'il me réceptionne donc ça demande une sacrée gymnastique qui est pour moi ça c'est le plus dur, c'est l'adaptation là-dessus c'est le plus compliqué, plus que la culture en soi, c'est le fait de pouvoir réussir à trouver le juste milieu entre nos deux cultures nos deux façons de penser nos deux façons de vivre nos deux façons de réagir, nos deux systèmes différents parce que nos vies sont diamétralement opposées de base. On n'est pas parti avec les mêmes bases dans la vie. Et donc, on essaye de faire en sorte de se compléter là-dessus. Mais ça demande beaucoup de communication.

  • Speaker #1

    Je pense beaucoup de communication, d'ouverture d'esprit, de lâcher prise aussi, de dire bon bah là sa culture c'est comme ça et il faut que je fasse avec quoi. Mais c'est peut-être parfois difficile aussi de trouver le juste milieu entre je m'adapte à la culture mais je n'oublie pas aussi la mienne parce que c'est moi et je ne me mets pas de côté non plus pour une culture parce que ça doit être un peu challengeant. J'imagine d'aller dans un nouveau pays, forcément tu vas pour y habiter donc il faut... se faire aux us et coutumes locales, mais tu as aussi ton propre bagage et tes besoins et mine de rien, quand tu es pendant 25 ans, 30 ans dans un même pays, ça te conditionne, ça ne fait ta personne. Donc ouais, ça doit être franchement challengeant, respect.

  • Speaker #0

    Complètement, c'est hyper challengeant, c'est vrai. Après, j'ai de la chance d'avoir un gros caractère. Je pense que c'est ce qui me sauve dans ma vie aujourd'hui, c'est que j'ai tellement de caractère. que je me protège justement de cette acculturation. Je ne suis pas en train de me fondre dans la culture. Et j'ai un franc-parler qui permet aussi de pouvoir dire à ce moment-là, ben non en fait, non, ça c'est clairement pas possible, c'est pas envisageable. Par contre, ça ne veut pas dire que je fais du forcing, surtout absolument pas. Pour le coup, ce n'est pas du tout la réalité, je m'attaque beaucoup. Par exemple, quand je vais chez mon beau-père, je vais couvrir mes bras. par respect pour la culture et il y a un moment donné quand on allait dans des villages je prenais un foulard pour pouvoir couvrir mes cheveux parce que comme ça ça me permettait de passer un peu plus inaperçu surtout dans les villages vraiment très ruraux et en fait un maître a fini par me dire mais tu sais que tu le portes ou que tu le portes pas à ta tête on sait que t'es pas là donc en fait ne t'embête pas à le porter c'est pas ta culture, c'est pas ta religion abandonne quoi du coup j'ai adoré ce moment là parce qu'en fait je me suis rendu compte vraiment à cet instant précis ... que moi j'étais en capacité de respecter un certain nombre de règles pour pouvoir m'adapter, passer presque inaperçu, et lui était en capacité de me dire, non en fait, assume ta culture, assume qui tu es, et moi je te dis, si jamais il y a un souci, c'est moi qui suis ton parfait, c'est moi qui dirai quelque chose. Et donc du coup c'est ce qu'il fait qu'on y arrive, c'est que malgré tout je m'adapte beaucoup, mais lui il est aussi là pour me dire, attention, ça c'est pas ta culture.

  • Speaker #1

    Il t'aide à trouver et à avancer aussi dans cette intégration. Franchement, c'est cool aussi qu'il t'accompagne là-dedans. Ça doit te rassurer en tout cas pour ton intégration. Il y a un point sur lequel je voulais qu'on revienne parce qu'on a pas mal parlé du désert, des animaux, du village. Mais à quoi ça ressemble ? Si tu pouvais nous décrire un petit peu l'environnement dans lequel tu vis, tout ça.

  • Speaker #0

    Eh bien, il faut... Déconstruire tout ce qu'on a en tête pour le désert, parce qu'on pense qu'un désert, c'est uniquement des dunes de sable. Eh bien non, le désert du Bad Dhirom, en tout cas en Jordanie, ce n'est pas un désert de dunes, c'est un désert de montagnes. Et donc, on a des montagnes gigantesques, qui sont des montagnes de gris rouge. Donc, c'est très rouge, presque un peu terracotta. Et ça, c'est une partie du désert. Le désert, il se divise en deux. Il y a une autre partie où les montagnes, elles sont blanches, avec du coup le sable, parce qu'il y a quand même du sable qui est blanc. Donc les formes des montagnes sont différentes. Dans le désert rouge, les montagnes, elles sont très grandes avec beaucoup de strates. Alors que dans le désert blanc, ça fait comme des nuages, elles sont très rondes. Et donc au milieu de ça, il y a le village. Donc en fait, c'est comme si on était dans une cuvette. grosso modo le village il est au milieu des montagnes et après dans le désert il y a plein de points de vue il y a beaucoup de verdure à certains endroits on a des figuiers des datiers on a évidemment quelques dunes de sable mais on vient pas dans le désert du badirom pour voir des dunes ok ouais c'est fou c'est pas du tout l'image qu'on en a quand on a désert on pense pas du tout à ça au final et dans le village les

  • Speaker #1

    maisons ça ressemble à quoi est ce que c'est plutôt coloré est-ce que c'est plus...

  • Speaker #0

    blanc c'est par temps il ya pas beaucoup il ya plein de maisons qui sont pas terminer en fait c'est ce qui termine à l'intérieur mais pas forcément les finitions à l'extérieur donc il ya pas mal de maisons comme ça mais il ya aussi beaucoup de maisons qui sont dans les teintes beige ocre marron un peu danser dans ces couleurs là C'est des maisons qui ont toutes la même forme. En fait, elles sont quasiment toutes carrées. On a l'impression que c'est tout petit, mais en fait, à l'intérieur, il y a quand même des grosses pièces. Et donc, ensuite, toutes les maisons sont entourées de murs. qui permettent de clôturer le terrain, mais c'est ce qui permet aussi aux femmes de pouvoir être tranquilles chez elles sans qu'elles puissent être vues de l'extérieur, surtout quand elles portent le voile, simplement.

  • Speaker #1

    Ça marche. Et toi, du coup, là, ça fait à peu près deux ans, un peu plus de deux ans, je crois, que tu habites ici. Comment tu as été accueillie par les locaux et les gens du village, globalement ?

  • Speaker #0

    De manière générale, j'ai été bien accueillie. En tout cas, dans ma famille, j'ai été bien accueillie. Les gens font un petit peu... Leur vie, c'est plus sur des comportements un peu particuliers. J'ai un exemple, on était parti chez le primeur pour acheter nos frais légumes. Rien de plus banal dans la vie. Et je pense que cette personne n'avait jamais vu d'étrangère dans sa vie. Il était en face de moi, j'ai cru qu'il allait se décrocher la mâchoire. Il était bloqué. Mais bloqué, il faisait quoi ? Et en fait, Armin était à côté de moi et j'ai décidé d'en rigoler, mais ça peut m'être mal à l'aise en réalité, parce que finalement, au même titre que lui, j'ai un visage, un nez, une bouche, deux yeux, je n'ai rien de différent, si ce n'est le fait que je ne parle pas la même langue et que je suis un peu plus blanche. Et donc du coup, c'est dur parfois de se confronter à ça avec des gens qui peuvent te regarder. Alors il y a aussi parce que je suis une femme, que je ne suis pas voilée, que du coup... peut être maquillée avec des bijoux, etc. Donc, on va me regarder par rapport à ça. Même si avec le temps, ça tend à s'estomper parce qu'aujourd'hui, ils savent aussi qu'étant avec Armand, c'est une question de respect aussi envers lui. Donc, ils ne peuvent pas avoir des comportements déplacés envers moi. Mais ça n'empêche que, oui, les gens me regardent comme si... Je ne sais même pas comme quoi, en fait, mais parce que j'évoque la différence. en fait c'est que j'évoque la différence c'est même pas moi en tant que personne c'est juste que je reste profondément différente des femmes ici on va dire comme toute personne mais finalement quand on fait le comparatif en France quand on voit quelqu'un qui est habillé en habit multicolore ça représente la différence bah oui on peut, certains en tout cas peuvent phaser sur le look de la personne c'est exactement le même principe finalement C'est pas méchant, mais c'est juste que partout, il faut accepter cette partie-là. Et il faut accepter parfois d'avoir des comportements pas très adaptés. Moi, j'ai des personnes qui peuvent, par exemple, avoir des comportements très tactiles, alors qu'en réalité, on n'est pas du tout tactiles. Moi, je suis très tactile, parce que j'ai grandi dans une famille tactile et que dans notre culture, on est quand même très tactile. Mais ici, c'est très difficile. C'est pas que c'est difficile, c'est juste que culturellement, t'es pas tactile avec autre truc. Mais comme je suis étrangère, ils se disent que je suis tactile. Mais non, en fait, je pourrais, c'est pas parce que je suis étrangère que je suis tactile, je pourrais ne pas l'être. Donc c'est des petites choses comme ça où, là, encore une fois, le fait de pouvoir dire les choses, ça me permet de cadrer aussi. Et même si j'ai pas vocation à faire de l'éducation envers les personnes, parce que sinon, je perdrais vraiment mon temps à le faire. Des fois oui je fais des petites piqûres de rappel parce que parce que en fait c'est une question de respect pour moi aussi et bien évidemment avant de faire ça j'avais sondé un man en demandant est ce que je peux le faire parce que moi en france je voulais le faire mais est ce que je peux le faire ici parce que je veux pas que ça soit mal vu il m'a dit non non fais le parce que si toi tu le fais pas probablement personne le fera donc en fait fais le tu le fais pour toi tu fais pas pour les autres donc je me prie ouais bon c'est bien au final c'est vraiment genre

  • Speaker #1

    les humains qui apprennent à se connaître, s'appréhender et se familiariser avec d'autres humains différents. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    Ça doit être une belle expérience quand même, de venir dans une vie opposée à la tienne. Franchement, je trouve ça fou.

  • Speaker #0

    Je trouve ça fou. Aussi fou soit-il, pour rien au monde, j'ai besoin de rendre arrière.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, tu parlais du coup avec... tu sentais que c'était ta place, que tu étais alignée. Tu as toujours ce sentiment aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Complètement, je ne pourrais pas. Je ne pourrais pas revenir en arrière. En fait, je peux me le dire aujourd'hui parce que je suis pleinement heureuse dans ma vie, mais aussi parce que quand je suis en France, je me sens en vacances.

  • Speaker #1

    Et donc, du coup,

  • Speaker #0

    je me dis, bon, du coup, c'est inversé pour moi. Par contre, quand je suis ici, même quand je suis dans l'avion, que je rentre de vacances de France et que je suis dans l'avion, dès que j'arrive ici, il y a un sentiment à l'intérieur de moi de ça y est, je suis chez moi. C'est vraiment très particulier. Ouais, retour à la maison, c'est vraiment très particulier. Et donc c'est ça qui me fait dire que ma place reste ici. Et le jour où, parce que je n'exclus pas que ça puisse m'arriver à un moment donné, parce que même si je suis très content d'être ici, c'est dur d'avoir le manque de ses proches, etc. Donc peut-être qu'un jour je prendrai la décision de repartir. Pour l'instant, je ne pense pas. Mes proches non plus, d'ailleurs, ne pensent pas. Mais si jamais, je n'exclus pas cette hypothèse-là, mais si jamais je reviens en France, ce serait très, très compliqué.

  • Speaker #1

    Oui, j'imagine. Pour se re-réadapter au final à ce que tu avais l'habitude avant.

  • Speaker #0

    Ce que j'ai quitté, et que j'ai quitté parce que j'en avais besoin. Et je le vois. En juin, je suis rentrée en France pour voir ma famille. Je suis arrivée à Paris, donc j'ai pris un train. à Paris-Montparnasse, le matin, en fait, la veille, j'étais dans le désert, j'avais dormi dans le désert. Le matin, j'ai pris un agent. Déjà, l'écart est grand et j'arrive à Paris et là, je me dis, oh, wow, oh là, c'est beaucoup trop bon. Et vraiment, je me suis sentie mais vidée de mon énergie en deux deux. Et donc, j'ai juste été prendre mon train et là, je me dis, oh, wow, ça, je pourrais plus.

  • Speaker #1

    Tu penses ? Non, mais c'est clair. Dès que tu sors de ça, Et revenir ensuite, ça te fait prendre du recul et te dire, ah ouais, non mais c'est chaud, quoi.

  • Speaker #0

    Complètement. Ah oui, oui, vraiment. Et je pense qu'une fois qu'on l'a quitté, on ne peut plus... En tout cas, si on revient, c'est avec des... Autrement,

  • Speaker #1

    peut-être.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça, différemment, je pense.

  • Speaker #1

    Carrément. Ouais, et puis comme tu me disais avant qu'on commence l'interview, le mode de vie, au final, que tu as aujourd'hui, c'est peut-être un peu un retour à l'essentiel. Où tu vas sortir de cette surconsommation et plus passer du temps avec les proches, peut-être du temps de qualité, du temps à s'écouter soi, plus conscience de soi, de son environnement. J'imagine retourner dans Paris ensuite.

  • Speaker #0

    Complètement, oui. Au même titre que j'ai fait un grand écart à l'aller, mais là en rentrant, je fais un grand écart dans l'autre sens en fait.

  • Speaker #1

    Carrément, carrément. Tu me disais du coup que la Jordanie, c'est un pays qui est encore méconnu, parfois boudé ou mal compris. Pour terminer, du coup, qu'est-ce que t'aimerais dire à celles et ceux qui hésitent à venir ou qui s'en font peut-être une idée fausse ?

  • Speaker #0

    Effectivement, la situation géographique fait que les personnes se représentent la Jordanie comme un territoire qui peut être dangereux. Et ce n'est pas le cas. J'ai le goût de dire tout ce que je veux dire, il faut venir pour le voir, il faut venir pour le croire. C'est vrai que... Les personnes qui ont pu venir, en tout cas les bailleurs que j'ai pu accompagner ou que j'ai rencontrés dans le désert, qui sont venus en Jordanie, sont unanimes sur le fait de dire que s'ils ne regardaient pas les informations, s'ils ne savaient pas ce qui se passait dans la région, à aucun moment ils ne pourraient s'imaginer tout ce qui se passe aux alentours, tellement le pays est en train de sérénité, tellement les gens sont accueillants, souriants, bienveillants, etc. Et donc, je dirais qu'il faut ne pas écouter un tel ou un tel, parce que généralement, les personnes qui vous disent « Oh, mais t'es fou, t'es folle d'aller là-bas, c'est dangereux » , ce sont des personnes qui n'ont jamais été, qui ne connaissent pas le pays, et qui, du coup, se laissent surprendre aussi par tout ce qu'on peut voir dans les médias. Et donc, ça crée beaucoup d'inquiétudes. Et c'est dommage, parce que c'est un pays qui vaut vraiment le coup, et qui vaut la peine d'être découvert. Là, on a beaucoup parlé du désert, mais Petra, c'est une merveille du monde quand même. C'est juste exceptionnel. La mer Nord, d'ici 50 ans, elle aura disparu avec le réchauffement climatique. C'est maintenant qu'il faut venir la voir. Les paysages en Jordanie sont épousouflants, réellement. Peu importe où on est, on a des paysages différents. Le nord de la Jordanie, c'est très vert, avec beaucoup de collines, des eaux de livier. des lacs, etc. Et dès qu'on descend plus au sud, là, on est dans les trucs plutôt orangés parce qu'on a le désert, la montagne. On peut tout faire en Jordanie. C'est vraiment une destination très diversifiée qui peut correspondre à tout le monde. Si on veut être tranquille sur un transit au bord de la mer Rouge et du coup voir les fonds marins, c'est possible. Si par contre, on est amateur de rando, il y a de quoi faire en Jordanie. L'histoire, c'est vraiment un pays qui condense Absolument tout, en plus d'avoir une cuisine délicieuse.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on n'a pas parlé de la cuisine, mais ça va, au niveau des plats, il y a de quoi faire, il y a de quoi se régaler.

  • Speaker #0

    Il y a de quoi faire, il y a de quoi se régaler, c'est frais, c'est sans conservateur, il n'y a rien de transformé, c'est une cuisine qui est délicieuse réellement. Après c'est une cuisine levantine, donc il y a beaucoup d'épices, ce n'est pas piquant, mais c'est très savoureux. Et ça a mis faire quand même sur la cuisine. Quand on vient en Jordanie, on ne vient pas pour perdre des kilos, c'est clair.

  • Speaker #1

    Il y a quoi, par exemple, comme plat typique ?

  • Speaker #0

    Le plat traditionnel c'est le Mansaf et donc c'est un plat à base de riz. La plupart des plats en Jordanie c'est à base de riz. Il y a beaucoup de personnes qui pensent qu'on va manger des tagines, des couscous comme au Maghreb. Pas du tout en Jordanie, on n'est pas du tout là-dessus. C'est beaucoup de plats à base de riz. Et donc là du coup c'est du poulet ou alors de l'agneau ou du mouton. Traditionnellement c'est de l'agneau ou du mouton. qui sont cuits avec des oignons et un espèce de yaourt qu'on appelle jamide. La traduction en français, ce serait du lait caillé. Mais en fait, pour faire la recette, il faudrait plutôt utiliser du yaourt grec, grosso modo. Et donc ça, c'est mélangé avec du curcuma. Et donc après, on verse ça avec la sauce. Ils mettent des épices dedans, mais c'est des épices spécifiques. Et ensuite, ils versent ça sur le riz et ils font griller des petits. cacahuètes ou des pignons de pain qu'ils mettent dessus avec du persil et après on mange ça avec les mains ça a l'air bon,

  • Speaker #1

    ça fait envie c'est délicieux en tout cas tu nous vends bien le pays ça a l'air d'être riche aussi bien sur les paysages que sur la culture à découvrir donc merci en tout cas de nous avoir partagé ton parcours et ton histoire merci à toi voilà c'est la fin de cet épisode j'espère que ce voyage au coeur du désert jordanien vous aura autant donné envie que moi d'aller visiter ce pays qui a l'air juste ouf. En tout cas, si vous voulez soutenir le podcast, vous connaissez la chanson, abonnez-vous, mettez-vous un like, parlez-en autour de vous, un commentaire. Ça a l'air de rien, mais ça change tout pour moi, ça me permet de continuer à partager ces parcours de vie qui sont juste incroyables. Et encore en tout cas, merci d'être là et de faire partie de cette aventure. À bientôt !

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Description

Elle a quitté la France, pris un avion, et a débarqué dans un monde complètement différent.

Aujourd’hui, elle vit au cœur du désert de Wadi Rum, dans un petit village jordanien, aux côtés d’un bédouin qui est devenu son mari.


Chaque jour, elle découvre un rythme de vie dicté par le sable, le soleil et le silence.

Elle apprend à naviguer entre traditions, coutumes et un quotidien si loin de ce qu’elle connaissait.


Dans cet épisode, on vit une véritable immersion dans la culture bédouine et dans la vie en Jordanie.

On explore aussi ce que ça veut dire de se sentir étrangère tout en apprenant à appartenir. On parle de voyage culturel, d’expatriation choisie par amour, de ce que ça représente de tout quitter pour s’expatrier dans un univers où les codes, la langue et le rapport au temps ne sont plus les mêmes.


C’est aussi une réflexion sur le fait de se déconstruire pour mieux se reconstruire, et sur les petites choses du quotidien qui finissent par tout changer.

On évoque aussi les doutes, les surprises et les anecdotes de voyage qui transforment un simple séjour en parcours de vie. Ce récit est une invitation à croire que dans la vie, tout est possible : que ce soit partir en voyage en solo, tomber amoureuse au bout du monde, ou encore réinventer sa façon de vivre.


C’est un beau voyage, pas seulement à travers les paysages du désert jordanien, mais aussi au cœur de l’humain, de la rencontre et de l’adaptation.


Prépare-toi à une histoire qui fait réfléchir, sourire, voyager… et qui prouve qu’il n’y a pas de vie “toute tracée”, seulement des chemins à inventer.


Bonne écoute !

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ils ont du sang nomade, quoi. Ils ne peuvent pas se séparer de leur désert. C'est des personnes qui sont profondément attachées à leur mode de vie, à leur tradition. Il y a donc le nomadisme, le fait d'être berger aussi, d'avoir des animaux et de vivre d'un rien, plus, du coup, d'avoir une hospitalité hors pair.

  • Speaker #1

    Bienvenue sur Partir, le podcast qui vous emmène vivre à l'étranger.

  • Speaker #0

    La quiétude du désert faisait que je n'ai pas de pression, pas de charge mentale. Et ça, je ne le vis que quand je suis dans le désert.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on retrouve Axelle. À la base, elle vivait en France. Et aujourd'hui, rien à voir. Elle se réveille tous les matins au cœur du désert, en Jordanie, aux côtés d'un bédouin qui est devenu son mari. Sa vie a totalement basculé. Elle est passée d'un quotidien occidental à un rythme qui est dicté par le sable, le silence et le nomadisme. Dans cet épisode, on va parler de la notion du temps, de cultures qui bousculent. et de ce que ça veut dire de se déconstruire pour se reconstruire ailleurs. Et on va découvrir la Jordanie sous un autre angle. Mais avant de plonger dans son histoire, je voudrais vraiment remercier ceux qui likent, s'abonnent, soutiennent le podcast. C'est vous qui faites vivre cette aventure, ce podcast. Donc vraiment, merci à vous et je vous souhaite une bonne écoute. Donc Axelle, bienvenue sur le podcast. Toi, tu vis aujourd'hui dans le désert jordanien. Jordanien, pardon. mais du coup Raconte-nous un petit peu comment tout ça a commencé.

  • Speaker #0

    Eh bien, ça a commencé, je pense, comme toute expatriation à un moment donné par le voyage. Et j'ai découvert la Jordanie en voyage, comme toute personne qui a envie de venir découvrir cette petite vépite du Moyen-Orient. C'était sur ma top list. Vraiment, c'était le voyage que je souhaitais faire. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'ai toujours été très intéressée par... le Moyen-Orient, la géopolitique, tout ce qui est en lien avec cette culture-là. Et donc, quand je suis venue en Jordanie la première fois, c'était il y a 4-5 ans, je ne sais pas comment l'expliquer, mais je me suis sentie à ma place tout de suite. Ce qui est quand même vraiment très perturbant, quand j'ai grandi en France, je n'ai jamais vécu à l'étranger avec ma famille. Donc je me suis dit, c'est juste que j'ai un attrait particulier pour ce type de paysage, ce type de monument, ce type de culture, etc. Et finalement, je suis revenue en Jordanie, et encore, et encore, et encore, et jusqu'à me projeter sur le fait de pouvoir venir vivre en Jordanie. Et le désert a toujours eu sa place dans ma tête, juste parce que, déjà c'est très apaisant. un désert, mais aussi parce que je me suis juste sentie toute petite dans un monde énorme et ça m'a remis à ma place clairement, dans ce monde où on a plein de consommations, plein de paradoxes, plein de questions on est trop stimulé un peu partout là, le fait de retrouver du calme et d'être mis à ma place et bien je me suis dit ah ok, c'est ça, c'est ce genre d'endroit dont j'ai besoin pour être épanouie dans ma vie de tous les jours Et donc, de fil en aiguille, j'ai rencontré Ahmed, mon conjoint, et entre lui et moi, clairement, qui pouvait bouger ? Ben moi ! Parce que lui, enfant du désert, né et ayant grandi dans le désert, à aucun moment il aurait pu déménager en France, avec tout ce qu'on connaît nous en France, mais tout ce que lui ne connaît pas. Et donc, du coup, je suis arrivée comme ça, dans le désert, après avoir fait évidemment plein d'allers-retours. Et je compte bien y rester. Trop bien,

  • Speaker #1

    ouais. C'est fou d'avoir eu ce sentiment de là, je suis à ma place, etc. C'est ce qui t'a fait le déclic, vraiment, c'est le désert.

  • Speaker #0

    Ouais, vraiment, je ne sais pas. Je pense qu'il y a des choses qui ne s'expliquent pas. Il y a des choses qu'on peut vivre à un instant T de notre vie qui résonnent à ce moment-là. Et en fait, à ce moment-là, la quiétude du désert faisait que je me sentais hyper alignée. avec moi-même et je me suis dit c'est la première fois de ma vie où je n'ai pas de pression pas de charge mentale où je me sens apaisée et ça je ne le vis que quand je suis dans le désert c'est

  • Speaker #1

    fou, ça doit changer de la vie en France où tout va peut-être vite où c'est surconsommation c'est très rempli là d'être dans un retour au calme j'imagine que ça doit faire un sacré... un apaisement intérieur finalement ?

  • Speaker #0

    Complètement. Complètement. Et c'est vraiment aussi être à l'écoute de soi en tant que personne parce que quand on travaille en France, quand on est salarié, on a un réveil le matin, on sait à quelle heure si on prend... Moi, c'était ça sur ma vie d'avant. Je devais prendre le bus à telle heure, arriver à telle heure au travail, la pause déjeuner, elle est de telle heure à telle heure, tu finis à telle heure, etc. Et en fait, tout est super. méga rythmé mais quand est-ce qu'on vit vraiment quand est-ce qu'on vit vraiment alors je suis vraiment un être de liberté j'ai besoin de cette liberté pour être heureuse mais la liberté ça veut pas dire ne rien faire c'est juste pouvoir avoir le choix de pour moi c'est ça et donc et donc en fait en étant ici et en ayant aussi mon activité professionnelle etc c'est moi qui organise mon temps qui choisit de mettre un réveil ou pas Bon, spoiler, ça fait deux ans que je n'en ai pas mis. Et pour autant, est-ce que je me réveille à 11h ? Non, pas du tout. C'est juste que du coup, ça me permet de pouvoir avoir la liberté que je n'avais pas en France et qui fait partie amplement de la culture bédouine ici. Et je pense que c'est pour ça que je m'y retrouve.

  • Speaker #1

    Ouais, trop bien. Mathieu aura l'occasion de nous reparler un petit peu après de la culture bédouine, le rythme d'enquête à vie, etc. Juste comment tu te prends pour déménager et pouvoir immigrer en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en fait, j'étais venue en Jordanie pendant quelques mois parce que j'avais besoin quand même de tester pour être sûre de mon choix. Et donc, du coup, je me suis dit, OK, là, c'est bon. J'ai pris la décision. Il faut que je le teste parce que si je ne le teste pas... Je vais le regretter. Et je pense que ma famille attendait aussi que je passe ce cap-là parce qu'ils voyaient bien que j'étais toujours barrée à droite à gauche. Et donc, à un moment donné, j'allais passer ce pas-là, mais il fallait juste que je le vérifie pour être sûre de moi. Et donc, j'ai dit à un maître, écoute, je vais rentrer en France pour vendre mes affaires parce que j'étais en location, mais du coup, j'avais quand même toutes mes affaires, etc. Donc, du coup, je lui ai dit de m'attendre le temps que je fasse tout ça. Il fallait que je fasse mes démarches administratives, etc. Et donc j'ai fait vide grenier sur vide grenier, j'ai passé, je suis restée un mois et demi en France, un mois et demi avant tout ce que j'avais, vraiment tout ce que j'avais. Et là se pose la question de, ok, je pars, mais qu'est-ce que j'emmène avec moi, qu'est-ce qui est important pour moi ? Très difficile parce que finalement on a plein de choses chez nous quand on s'installe, etc. Moi ça faisait, j'étais en appart depuis que j'avais 18 ans, donc du coup j'avais beaucoup de choses. et donc c'est Encore une fois, un retour à l'essentiel nécessaire pour pouvoir s'autoriser à partir. Et donc, j'ai fait le choix de vendre absolument tout ce qui n'était pas nécessaire et de garder avec moi tout ce qu'il y avait en attachement. Donc, par exemple, des cadeaux de ma sœur, des souvenirs de voyage qui sont importants pour moi. J'ai gardé, j'ai tout mis dans des valises. Enfin, une valise, du coup, j'avais une valise et deux sacs à dos. En tout, ça faisait 60 kilos. Et après, j'ai juste gardé tous les papiers administratifs dont on a besoin en France, etc. Ça, je les ai consignés dans ma famille. Mais sinon, je suis venue avec mes vêtements, 2-3 souvenirs, mon ordinateur et voilà.

  • Speaker #1

    Et basta. Retour à l'essentiel.

  • Speaker #0

    C'est tout. En fait, je m'étais dit, de toute manière, l'argent que je me fais en vendant mes affaires, je le réutiliserai pour pouvoir me réinstaller. Donc, du coup... Du coup, ce n'est pas grave. Finalement, je ne perds rien. Après, on perd toujours si on achète neuf et qu'on revend en vie de grenier, évidemment. Mais ce n'était pas grave. Le sujet n'était pas là à ce moment-là. Moi, mon but, c'était de ne plus rien avoir pour ne pas avoir à louer un box, etc. Puisque de toute manière, je n'avais pas le projet de revenir. Donc, il fallait que ça parte.

  • Speaker #1

    Et du coup, d'un point de vue administratif ? Est-ce que tu as un visa particulier ? Comment ça se passe ? Comment tu avais fait aussi pour venir plusieurs fois, plusieurs mois et là être de manière permanente ?

  • Speaker #0

    Alors en tant que voyageuse et puis au tout début je venais sous le visa touristique parce que le visa touristique ici il est valable 6 mois et puis après du coup on s'est marié avec Armelle et aujourd'hui du coup j'ai la carte résidence.

  • Speaker #1

    Bon bah nickel. Et donc aujourd'hui tu vis dans une culture qui n'a rien à voir avec ce que tu as connu en France, donc la culture bédouine. Comment on fait quand tout, les codes, les rôles, la langue, quand tout est vraiment différent ?

  • Speaker #0

    Eh bien, on repart de zéro. Il faut qu'on déprogramme tout ce qu'on a appris pour comprendre, et je dirais presque sans jugement. Ce n'est pas forcément négatif de juger, mais c'est juste que c'est tellement aux antipodes de notre culture. Je dis « notre » parce qu'on est tous, malgré tout, on a une culture commune. Quand on vient en France, qu'il y a des choses qui peuvent nous paraître pas top. Par exemple, moi, je me souviens, mes beaux-frères ou même mon beau-père... Il ne me disait jamais bonjour, il ne me disait jamais au revoir. Et je ne comprenais pas. La moindre des choses, c'est de dire bonjour et de dire au revoir. Et là, j'étais presque dans le jugement, mais ils ne sont pas polis. Alors qu'en fait, ce n'est pas une question de politesse, c'est juste qu'ici, on se voit tellement tout le temps, il n'y a jamais de fin et de début qu'il n'y a pas de bonjour et au revoir. Tout simplement parce que si je vois mon beau-frère le matin, il ne va pas me dire au revoir parce qu'il sait qu'il va me revoir dans la journée. Et au pire des cas, Et donc, c'est plein de petites choses comme ça où il faut détricoter tout ce qu'on a appris sur la politesse, sur la façon de voir les choses, etc. Et si on n'est pas en capacité, je pense, de faire ce petit reset mental, c'est compliqué parce qu'on se heurte tout le temps. On est toujours en confrontation, confrontation. Et je dirais que quand on choisit de partir dans un pays comme ça, parce que... Alors techniquement, je suis expatriée, mais je n'ai pas la vie d'expat comme les expats se peuvent avoir en Jordanie. Certains, en tout cas, qui viennent travailler dans une firme française ou une firme internationale, qui vivent dans des beaux quartiers, dans la capitale, etc. Je suis vraiment aux antipodes de tout ça. Et donc, de fait, je n'ai pas le choix d'être baignée dans la culture. Alors, je l'ai voulu, attention. Mais le fait d'être baignée dans cette culture-là, c'est à moi de m'adapter et ce n'est pas à eux de s'adapter à moi. Donc, ce n'est pas forcément facile tous les jours. et il y a... des moments d'incompréhension, mais on arrive toujours à discuter, en tout cas, Ahmed prend toujours le temps de m'expliquer les choses, parce que parfois, malgré tout, je peux avoir des réactions ou des comportements qui, pour moi, ne posent pas de soucis, mais qui, dans le cadre de la culture, je ne vais pas dire qu'ils sont mal vus, parce que ce n'est pas ça, mais culturellement, ce n'est pas comme ça. Et donc, en fait, il va m'expliquer, maintenant, tu sais, on ne fait pas comme ça, etc. Tu le sauras pour la prochaine fois. Une fois qu'on me le dit, je l'intègre et je le fais. Mais il faut que j'apprenne. Parce que si on ne me le dit pas et que je n'apprends pas, je ne peux pas le faire. Après, dans ma famille, en tout cas, ils sont super souples parce qu'ils savent très bien que je fais plein d'efforts, etc. Mais du coup, ils me tiennent rigueur de pas grand-chose. Vraiment, ils sont plutôt adorables là-dessus. Et je les en remercie, du coup. Donc, voilà comment on fait.

  • Speaker #1

    Ils voient que... que tu as envie d'apprendre aussi et de t'adapter. Tu as des exemples de choses que peut-être tu aurais fait et qui étaient culturellement pas correctes, entre guillemets ?

  • Speaker #0

    Chiner. Du coup, moi, j'ai instauré, en tout cas, à la maison, on a instauré le moment de l'apéro parce que du coup, ils ne connaissaient pas trop. Enfin, ils ne connaissaient pas, en fait. Moi, je l'ai instauré parce que finalement, en fait, ils le connaissent sans le connaître parce qu'ici, on picore beaucoup de médias. C'est plein de petits trucs à dipper, etc. C'est un peu le principe de l'apéro. C'est juste qu'eux, ils ne vont pas le nommer comme ça. Donc, en fait, je l'ai juste nommé comme ça. Donc, on a ça. Et en fait, je me souviens une fois, je leur ai dit « Allez, on fait un chin ! » Et ils m'ont regardé. Ils m'ont dit « Mais pas du tout, Axelle, on ne fait pas ça ! » Je me suis dit « Mais pourquoi ? » C'est hyper festif, en fait, de faire un chin. Et ils me disaient « Mais non, non, ça ne se fait pas. » Parce qu'eux, ils me disent que c'est une question de poison de ne pas mélanger ce que tu peux avoir dans ton verre avec quelqu'un d'autre Donc ils me disent que c'est haram. Du coup, moi, je leur dis, OK, j'entends ce que vous dites, mais en fait, nous, en France, en tout cas, moi, c'est ce que j'avais appris, c'est qu'on faisait chin à l'origine pour justement faire en sorte que si jamais il y a un poison, l'autre, il meurt aussi. Comme ça, au moins, si le mec, il chin avec toi, tu sais que du coup, c'est OK, c'est safe. Et donc, ils étaient là, ah ouais, tout. Du coup, on chin pas avec les boissons, mais on peut chiner avec une chips. Voilà, on a trouvé un petit juste milieu.

  • Speaker #1

    Une rencontre entre les deux manières de faire.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Et vous parlez en quelle langue entre vous tous ?

  • Speaker #0

    En anglais.

  • Speaker #1

    Vous parlez en anglais en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Oui, oui. En fait, la première langue du pays, c'est l'arabe, mais la majeure partie des personnes, en tout cas qui travaillent dans le tourisme, parlent anglais. Ça ne veut pas dire que c'est un anglais super méga élaboré, c'est un anglais qui parle au présent. Donc, il n'y a pas de futur, il n'y a pas de passé. Donc, c'est finalement très simple à comprendre. Pour ceux qui ne parlent pas hyper bien l'anglais, dans ma famille, en fait, on fait un mélange. Entre le français, l'anglais et l'arabe. On a une base qui est oui et non, par défaut. En fait, non. J'ai appris l'arabe avant de venir en Jordanie, parce que c'était une langue qui m'intéressait. Donc, je sais le lire et je sais l'écrire. Mais il manque beaucoup de vocabulaire. Et la difficulté, c'est qu'ici, évidemment, ils parlent l'arabe littéraire, mais ils ont aussi un dialecte local. Ce qui fait que je vais apprendre un mot en arabe. Et puis ils vont me dire le mot en dialecte bédouin et je dis « bah oui, mais je fais comment pour m'y retrouver ? » Donc c'est comme si je devais apprendre deux choses différentes, donc c'est compliqué. Par contre, du coup, je comprends bien, je commence à vraiment bien comprendre. Mais je suis trop timide, c'est dur quand on est adulte d'oser parler une autre langue qui est vraiment complexe en termes de prononciation parce que c'est vraiment pas du tout la même prononciation que nous on peut avoir en français ou même en anglais, il y a des muscles que je connaissais même pas. Et donc du coup je suis un peu timide et aussi parce qu'ils me charrient un peu dessus etc. Donc si moi je vais faire, je vais au souk, pour acheter des choses, il n'y a pas de souci, je peux me débrouiller. Après, bon, ils sont, je ne vais pas dire si, mais je peux me débrouiller. Mais sinon, entre nous, en fait, on a une base qui est anglais et en fonction des mots, on va utiliser certains mots en français, certains mots en arabe. Donc, en fait, on a un mix des trois langues.

  • Speaker #1

    Trop bien. Et du coup, tu nous parlais de la culture bédouine dans laquelle tu vis aujourd'hui, dans laquelle tu es immergée. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu ce que c'est la culture bédouine ?

  • Speaker #0

    C'est une culture qui vit au rythme du désert. Parce qu'en fait, bédouin, en vrai, ça veut dire nomade. Donc techniquement, c'est un peuple nomade. Je dis techniquement parce qu'aujourd'hui, pour travailler, etc., ils ont tous besoin de la connexion. Le confort aussi a fait son apparition, comme partout depuis des années. Pour autant, ils ont du sang nomade. C'est vraiment... Ils ne peuvent pas se séparer de leur désert. Moi, j'ai posé la question à mon beau-père, qui a 55 ans. Je lui ai demandé s'il trouvait son désert toujours beau après avoir grandi là. Et avec des étoiles dans les yeux, il m'a répondu évidemment, tous les jours, je le trouve beau, mon désert. Et donc, c'est des personnes qui sont profondément attachées à leur mode de vie, à leur tradition. qui est le nomadisme, le fait d'être berger aussi, d'avoir des animaux et de vivre d'un rien, plus d'avoir une hospitalité hors pair. Parce qu'ils accueillent tout le monde, tout le temps, même s'ils ne peuvent pas, même s'ils sont occupés, ils vont accueillir. Il n'y a pas de débat en fait. Ce n'est pas « ah non désolé, je suis en repas de famille » . Non, bien sûr, viens partager le repas avec moi. Et ça, ça fait partie pleinement de la culture bédouine. Et ils essayent, malgré tout, les jeunes générations, même si certaines n'ont pas grandi dans le désert, les nouvelles générations n'ont pas grandi dans le désert, mais l'attachement au désert se perpétue vraiment d'une génération en génération parce que les personnes ici, elles ne peuvent pas passer une journée sans aller dans le désert. C'est impossible. C'est vraiment ancré, lié. C'est ancré, oui. C'est vraiment, c'est dans le sang, c'est dans les gènes, c'est intérieur, quoi. Et je pense qu'il faut être né ici pour comprendre ce que c'est réellement l'intérieur. Mais quand on parle de sortir, d'aller voir autre chose, pour certains, c'est... Waouh ! C'est énorme. Il n'y a pas de possibilité. Ils ont leur désert et ça suffit. Il y a des gens qui ne sortent jamais du désert. qui ne vont pas dans les villes alentours, qui restent dans le désert et qui vivent là et qui probablement ne ressortiront jamais.

  • Speaker #1

    C'est fou pour nous qui ne vivons pas ça, tu vois, d'essayer de concevoir ce mode de vie là. Toi du coup aujourd'hui tu as une part de nomadisme et une part de sédentaire, c'est ça dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Oui c'est ça en fait pour... La communication, ça veut dire parce que moi j'ai besoin de contacter mes amis, ma famille, j'ai besoin de pouvoir travailler, d'avoir la connexion internet, etc. Au même titre qu'eux ont besoin de la connexion internet, alors pas forcément pour les mêmes besoins, mais ils ont besoin de rester connectés, ils sont ultra connectés. Et donc pour ça, on a notre petit endroit dans le village où on a tout ce qu'il faut, on a l'eau, l'électricité, c'est bas. hyper fort au niveau de l'électricité, mais on a l'électricité. L'eau, on doit la faire acheminer par des camions parce qu'il n'y a pas l'eau courante. On a des petits shops pour pouvoir acheter ce dont on a besoin. Produits de première nécessité, mais en réalité, on peut très bien manger, il n'y a pas de souci, c'est juste moi. Il y a des moments où j'ai envie d'avoir des... des produits un peu exotiques, on va dire ça comme ça. Donc il faut que je puisse aller dans une grande ville, mais sinon on n'a pas besoin de sortir du village, en réalité il faut trouver à manger. Et une fois qu'on a rempli cette part d'obligation à la connexion, on part dans le désert parce qu'on a nos troupeaux de chèvres et de dromadaires, donc en fait on alterne avec mon beau-père, avec mes beaux-frères, on alterne. Sur les personnes qui prennent soin d'eux, il faut aller leur donner à manger, les faire pâturer, vérifier que... Tout le monde va bien, qu'il n'y ait pas de soucis, surtout en ce moment avec la chaleur. Donc là, la semaine dernière, en fait, on a une tente Bedouin. Donc c'est une tente traditionnelle qu'on peut démonter. C'est mieux que les tentes que je crois. Parce que vraiment, c'est vraiment deux secondes. Parce qu'en fait, c'est une toile qu'on pose sur des... Enfin, une toile. C'est plus épais, ça fait comme une toile de jute. En fait, c'est tissé en toile de dromadaire ou de chèvre. Et en fait, on... on la hisse avec des bâtons de bois. Donc finalement, on peut l'enlever et la démonter, la remonter très facilement. Et en fait, on la bouge en fonction des animaux, parce que du coup, comme les animaux pâturent, il faut qu'ils puissent avoir de quoi se nourrir. Et là, du coup, on la bouge aussi en fonction du soleil, parce qu'on a des bébés dromadaires et qu'il fait très chaud. Et que malgré tout, un dromadaire, ça peut souffrir de la chaleur. Donc du coup, on a essayé de trouver, il n'y en a pas beaucoup. Mais on a essayé de trouver des arbres pour avoir un tout petit peu d'ombre et être dans un courant d'air. Comme ça, il y a du vent. Donc là, on l'a bougé la semaine dernière, par exemple. Et probablement qu'on la bougera dans deux, trois semaines.

  • Speaker #1

    C'est tout un nouveau mode de vie que tu as intégré à ton quotidien. Tu étais assistante sociale, je crois, tu m'as dit, avant de partir vivre en Jordanie. Et là, tu parlais d'une activité où tu avais besoin d'Internet, etc. Tu disais que tu as construit... ton activité pro autour de ce que tu aimes, le voyage et les rencontres. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu plus de ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. De toute manière, c'est intimement lié à la Jordanie. Sans Jordanie, je n'ai pas cette activité professionnelle et sans activité professionnelle, je n'ai pas cette Jordanie non plus. Les deux sont liés. En fait, moi, j'ai un petit couteau suisse et c'est vraiment ce que j'aimais dans mon métier d'assistante sociale, c'était de pouvoir être un peu partout et d'être touche à tout, surtout. Et donc c'est ce que j'ai essayé de reproduire dans ma vie prochaine parce que concrètement je n'avais plus envie d'être assistante sociale. Non pas que je n'aimais pas mon métier, je l'aime toujours vraiment de cœur, profondément je l'aime toujours ce métier. Mais aujourd'hui les conditions ne sont pas réunies pour pouvoir travailler sereinement, avec passion, sans être épuisée par toutes les décisions qui peuvent être prises. Donc à un moment donné j'ai choisi de me sauver moi. Et donc, du coup, j'ai décidé de mettre en valeur ce que j'aime, mais par-dessus tout en Jordanie, c'est les locaux qui rendent la Jordanie magique. Les paysages sont extraordinaires, ça, on est d'accord, mais un paysage sans vie reste un paysage. Et donc, les deux vont de pair. Donc, j'ai décidé de monter mon entreprise pour accompagner les voyageurs dans l'organisation d'un voyage. En tout cas, de leur voyage en Jordanie pour aller à la rencontre des locaux, leur permettre de vivre des expériences qu'ils ne vivraient pas forcément s'ils étaient partis tout seuls et surtout des expériences qu'on ne trouve pas partout. Donc, par exemple, j'ai des connaissances au nord du pays. C'est une petite dame qui s'appelle Oum Samir. C'est un petit cœur qui, en fait, elle vous accueille chez elle. Et il n'y a pas de chichi. tu arrives chez elle comme tu vas l'aider parce que généralement elle cuisine ou elle fait du canage traditionnel en deux ou trois mois t'as ta boule de pain dans les mains ou ton canage traditionnel et puis hop tu y vas donc c'est tout ce côté un peu rural de la Jordanie qu'on ne voit pas partout parce que malgré tout ça reste un pays qui vit du tourisme donc il y a beaucoup de circuits touristiques qui vont toujours au même endroit toujours dans les mêmes hébergements et qui laisse... parfois peu de place aux locaux. Donc moi, c'est ce que j'ai décidé de faire d'un côté. Et de l'autre, du coup, avec ma famille, on me propose de découvrir la culture bédouine à travers le désert. Et donc, on emmène les voyageurs qui le souhaitent vivre le temps d'un instant. Généralement, c'est un jour, une nuit, deux jours, deux nuits. Ça peut être plus, vivre le désert de l'intérieur. Donc ça veut dire faire la traite des dromadaires, apprendre à faire du savon avec les plantes du désert, aller chercher le petit thym sauvage pour le thé cuit sur le feu de bois, aller avoir des épines dans les doigts pour aller chercher le bois qui nous servira à manger ce soir. Et donc du coup j'alterne entre les deux.

  • Speaker #1

    Trop bien, franchement t'as fait envie de venir découvrir tout ça, comment ça se passe et tout. Ça donne quoi le tourisme aujourd'hui là en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Eh bien il n'y en a pas, il n'y en a pas peu. Parce que malgré tout, la Jordanie, son seul crime, c'est d'être au milieu de pays qui ne sont pas très stables, et ce, depuis des années. Le pays a quand même toujours réussi à maintenir sa sécurité et sa stabilité, et ça, c'est quelque chose qu'il faut vraiment souligner, parce qu'on n'est pas du tout en danger en Jordanie. Moi, j'ai eu des gens qui m'ont envoyé des messages pour me dire « est-ce que c'est la guerre en Jordanie ? » Pas du tout, mais vraiment pas du tout du tout. C'est un havre de paix. Pour nous, ça n'a rien changé, si ce n'est effectivement la baisse de fréquentation du pays. Donc, quand il n'y a pas de tourisme, il faut rebondir. Il faut trouver d'autres points qui nous permettent de vivre finalement. Et ça, à l'échelle du pays. Alors, je n'ai pas le pourcentage en tête, mais la majeure partie de richesses du pays sont liées au tourisme. Donc, sans tourisme, l'économie, elle tombe totalement. Et donc, alors là, je n'ai pas les nouveaux chiffres, mais l'année dernière, sur Amman, il y a beaucoup d'agences de voyage. Amman, c'est la capitale. Il y avait une centaine d'agences de voyage. Et il y en avait plus de 40 qui avaient fermé l'année dernière, par exemple. Donc, c'est quand même énorme. Il y a beaucoup de gens qui avaient entrepris des choses parce qu'en réalité, Quand il n'y a pas de conflit aux alentours, la Jordanie, c'est un pays qui attire pas mal de tourisme. Et donc, il y a des personnes qui avaient entrepris des grands projets immobiliers, etc. Mais en fait, qui ne peuvent plus le faire. Ou alors des hôtels qui vont louer une, deux, trois chambres à la semaine. Ils ne peuvent plus se permettre d'avoir une équipe au complet pour entretenir l'hôtel. Donc, finalement, c'est un peu le serpent qui se met en la queue parce qu'il y a moins de monde. Mais du coup, il y a une baisse. Il y a une baisse des ressources, mais il y a aussi une baisse, quelque part, quand même, moi je l'observe, de la qualité des prestations. Tout simplement parce que, ben oui, quand l'hébergement, je prends vraiment l'exemple des hébergements, parce que c'est flagrant, il est plein. Le petit déjeuner, il va être au top, il va y avoir du choix, etc. Mais quand tu as deux personnes sur une semaine, tu ne vas pas avoir la même quantité. que ce que tu aurais alors que ton hébergement il est plein toute la semaine donc c'est un pays qui souffre quand même pas mal de ça en tout cas qui est dépendant du tourisme et c'est peut-être le souci de la Jordanie un peu compliqué de par la localisation on

  • Speaker #1

    espère que ça remontera ensuite et que ça ira un petit peu mieux et du coup Merci à vous. Ta vie en général, ta vie quotidienne, ça ressemble à quoi ? Ou peut-être une journée type, ou bon, j'imagine qu'une journée type c'est un peu compliqué, peut-être une semaine, comment ça se passe concrètement ?

  • Speaker #0

    Eh bien ça dépend des semaines. Alors déjà, il faut avoir en tête qu'en Jordanie, le week-end c'est le vendredi et le samedi. Du coup, généralement c'est des jours non travaillés, mais c'est surtout des jours passés en famille, ou alors à faire tout ce que tu veux faire sauf travailler. Donc, comme nous, le week-end, finalement, c'est décalé. Donc, le dimanche, c'est le lundi. Donc ça, moi, je le garde en tête et je me suis adaptée à ce rythme-là tout en restant adaptée au rythme français parce que du coup, nos clients, quand même, que ce soit pour le désert ou pour l'organisation de séjour, ça reste des clients français ou francophones. Donc, il a fallu que je m'adapte à ça. Mais on va dire que sur une semaine, on va passer entre deux et quatre jours dans le désert. pour les animaux. Et le reste, du coup, on condense tout ce qu'on doit faire quand on a besoin de connexion, on condense tout. Donc les rendez-vous, etc. sur les deux à quatre jours restants. En fait, ça dépend des semaines, ça dépend des besoins, ça dépend si on a beaucoup de choses à faire. Si, par exemple, on a besoin de bouger la tente, forcément, on va passer plus de temps à le faire. S'il faut qu'on aille chercher de la nourriture pour les animaux, parce que malgré tout, le pâturage... Il y a de la verdure dans le désert. Attention, c'est pas que un désert de dunes de sable, c'est un désert qui est très varié. Mais du coup, parfois, il faut qu'on puisse quand même aller chercher de la nourriture. Donc en fait, ça dépend. Il y a plein de variables qui s'ajoutent. Mais grosso modo, si on est sur une journée type où on est au village, le matin, généralement, on profite de la fraîche. C'est vrai qu'on se lève très tôt. Et après, l'après-midi, il fait très chaud là actuellement. Donc on est plutôt sur un mode sieste. parce qu'en fait mais c'est malgré nous la chaleur elle nous tombe dans les pattes donc on essaye d'avoir des endroits ombragés où du coup on reste enfermé pour pouvoir survivre à la chaleur et après dès que le soleil se couche et bien généralement soit on est dehors on profite de l'extérieur soit on va voir nos animaux ok vous vivez peut-être un peu plus au rythme du soleil de la météo etc globalement complètement plus en fait Du soleil, oui et non. Au rythme du soleil, quand il se lève, il se couche. Mais du coup, ce n'est pas parce que les journées sont très grandes qu'on passe plus de temps dehors l'été parce qu'en fait, il fait trop chaud. Mais après, on vit au rythme du désert, je dirais, plus que du soleil.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire le rythme du désert ?

  • Speaker #0

    Eh bien, il n'y a pas de rythme, c'est le tien.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de règle,

  • Speaker #0

    en fait. et donc chacun fait ce qu'il veut je vois moi dans mes beaux frères on a tous des rythmes super méga différents j'ai un beau frère qui va se coucher à 4-5h du matin parce qu'il va jouer aux cartes avec ses amis il va se lever à 12h midi 13h alors que nous pas du tout on vit pas du tout comme ça on va se coucher tard et on va se lever très tôt mais du coup on fait une sieste l'après-midi Donc ça dépend des gens mais le rythme du désert c'est justement la liberté de pouvoir faire ce que tu veux.

  • Speaker #1

    Tu trouves qu'il y a un rapport au temps différent de ce qu'on a par exemple en France ou en Europe peut-être ?

  • Speaker #0

    Ah oui totalement. Totalement le rapport au temps est vraiment différent pour plusieurs raisons. La première c'est qu'il n'y a pas d'horaire. Donc tu ne peux pas dire à quelqu'un « viens à telle heure chez moi » . C'est pas possible. La personne ne viendra pas, mais c'est pas qu'elle ne veut pas, c'est que forcément elle ne peut pas le faire. Parce qu'elle va être happée par plein d'autres choses et donc du coup, il y a un manque de sens de priorité, clairement. Pour moi, attention, pas pour eux, mais pour eux, la priorité c'est l'urgence. Pour moi, la priorité c'est l'engagement que j'ai pris avec un tel ou un tel. Mais donc du coup, on peut très bien, par exemple... être en train de réparer une voiture, c'est ça, il peut réparer une voiture si quelqu'un l'appelle. Donc, il répare sa voiture. Si quelqu'un l'appelle pour lui dire « Ma voiture est cassée, j'ai un souci, tu peux venir ? » Il abandonne ce qu'il fait pour pouvoir y aller. Moi, personnellement, j'aurais fini ce que j'avais à faire et je lui aurais dit « Ok, dans deux heures, je suis là. » Voilà. Donc, ce rapport au temps est vraiment différent et après, ils vivent un peu en décalé. en termes de temps, mais en décalé par rapport à notre prisme français.

  • Speaker #1

    Oui, là,

  • Speaker #0

    de toute façon,

  • Speaker #1

    on parle avec notre vision et notre comparaison avec notre point de vue.

  • Speaker #0

    Exactement. Par exemple, nous, on va manger matin, midi et soir, voire même on prend un goûter, voire même la lapéro. Ici, pas du tout. La plupart des gens, ils vont manger un repas. Et parfois, le repas, ça va être du pain cuit dans le feu ou dans la cendre. C'est très loin de « je mange parce qu'il faut que je mange » . Ils mangent parce qu'ils ont besoin de manger, pas parce qu'ils ont envie de manger. Et donc ça, c'est aussi un rapport au temps parce que mine de rien, nous, là où nos journées sont rythmées par la nourriture, et bien eux, pas du tout. Donc en fait, ils n'ont pas de rythme comme nous, on peut avoir. Ils peuvent manger à 15h-16h parce qu'ils ont faim à 15h-16h. Donc finalement... Moi, à la maison, par exemple, parfois, ça peut être un peu compliqué, gentiment, mais je vais manger le midi parce que j'ai faim, tout simplement. J'ai besoin de manger le midi pour avoir ma dose d'énergie pour travailler l'après-midi. Donc, je vais faire quelque chose. Et un moment, il va arriver vers 15-16 heures, il va me dire « Ah, j'ai faim. » Je dis « Ok, j'ai préparé ça. » Et il me dit « Ah non, je veux un truc nouveau quand même. Je vais cuisiner. » Et donc du coup, à Rebette, il faut recuisiner quelque chose, soit lui, soit moi, mais du coup, il faut recuisiner quelque chose, alors qu'en fait, c'est juste parce qu'on est en décalé et que je comprends qu'ils veuillent un truc pas réchauffé. Moi aussi, j'aimerais avoir ma nourriture, d'avoir le plaisir de cuisiner et de ne pas toujours faire du réchauffé à chaque fois. Donc, on est un peu en décalé là-dessus et donc ça indique quand même que le temps qu'on s'octroie pour telle ou telle tâche. Il est différent de là où on vient finalement. Moi, je vais me dire, bon allez, aujourd'hui, je vais travailler 6 heures. Moi, je vais me conditionner comme ça, je travaille 6 heures. Ici, ils ne vont pas se dire, je travaille 6 heures. Je travaille tant que je dois travailler. Et encore une fois, ça fait partie de la temporalité où on est vraiment très différent là-dessus.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Là où nous, on va fonctionner peut-être plus en créneau horaire, on va dire, eux, ça va être en... Tâches qui viennent quoi ?

  • Speaker #0

    En tâches et en jours. Par exemple, tu dois réceptionner quelque chose, et bien la personne te dit oui, oui, ce sera à peu près ce jour-là. Mais ça peut être deux jours avant, deux jours après, pas grave. Nous, on est avertis de ça parce qu'on a les mails, etc. Si on commande des choses. Ici, non, on n'a pas ça. Parce qu'en fait, si on n'a pas une livraison, on n'a pas d'adresse. Donc en fait, c'est quelqu'un qui a récupéré ça dans une ville qui le ramène. Mais si la personne, elle est happée par autre chose. Ça attendra, ton con il attend.

  • Speaker #1

    C'est un autre rythme, un autre rapport aux choses. Tu penses que c'est l'influence du désert, encore une fois, qui fait qu'on a ce rapport au temps ? Peut-être le nomadisme qui fait que c'est comme ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est un héritage du nomadisme, oui, parce que malgré tout, la population bédouine ici a un traitement particulier parce que c'est un héritage culturel. Donc le gouvernement, la famille royale font absolument... tout pour pouvoir maintenir cette culture-là. Et donc, ils font ce qu'ils veulent, quand ils veulent, avec qui ils veulent et comment ils le veulent. Donc si ça, c'est pas de la liberté, je ne sais pas ce que c'est. Mais du coup, ils peuvent s'affranchir presque de toutes les règles, si ce n'est respecter les règles culturelles ou religieuses. Évidemment, parce que malgré tout, il y a quand même des règles. Mais par rapport, encore une fois, à nous, notre vision des choses, la manière dont on s'y vit, c'est la liberté totale. Après, quand on est à l'intérieur de la culture, il y a plein de règles qui leur sont imposées. D'être toujours dispo pour ton aîné, par exemple, que ce soit un oncle, une tante, ton père, ta mère, toujours dispo, peu importe ce que tu fais, ça reste une règle qui peut être très contraignante finalement. Parce que nous, on n'a pas d'obligation de présence pour un membre de la famille qui en aurait besoin. Donc il y a plein d'autres règles. mais pas celle du rythme et du contrôle je dirais.

  • Speaker #1

    Ok je vois. Toi ça t'a mis du temps avant de réussir à t'adapter à ce nouveau mode de vie, cette nouvelle manière de penser, de voir les choses. Est-ce que tu t'y es habituée assez vite ou ça a été un peu compliqué ?

  • Speaker #0

    Je m'y suis habituée assez vite, par contre ça ne veut pas dire que je n'ai pas des petites... Je suis rattrapée par la culture, comme tout le monde, c'est normal. Maintenant je m'y suis habituée très vite parce que ça me parle déjà, parce que je m'y retrouve et puis parce que je suis quelqu'un qui s'adapte très vite aussi. Donc je n'ai pas eu de souci d'adaptation. Par contre, sur certaines choses, il y a des moments où ça demande de prendre le temps de parler et d'observer cette différence culturelle. pour que ce ne soit pas un obstacle. Parce que si jamais on reste tous, je dis tous parce que c'est dans mon couple que ça se passe, mais si on reste campés sur nos positions et nos cultures, à un moment donné, ça va générer de la frustration, de l'énervement et de la non-compréhension. Et ce n'est pas hyper positif de pouvoir vivre dans ce petit nuage un peu grisonnant. Donc il faut pouvoir parler et ce n'est pas toujours évident. de devoir parler dans une langue, même si on est bien anglais, c'est pas toujours évident de devoir parler, sous le coup parfois de l'émotion dans une langue qui n'est pas ta langue maternelle et que l'autre le réceptionne comme toi tu veux qu'il me réceptionne donc ça demande une sacrée gymnastique qui est pour moi ça c'est le plus dur, c'est l'adaptation là-dessus c'est le plus compliqué, plus que la culture en soi, c'est le fait de pouvoir réussir à trouver le juste milieu entre nos deux cultures nos deux façons de penser nos deux façons de vivre nos deux façons de réagir, nos deux systèmes différents parce que nos vies sont diamétralement opposées de base. On n'est pas parti avec les mêmes bases dans la vie. Et donc, on essaye de faire en sorte de se compléter là-dessus. Mais ça demande beaucoup de communication.

  • Speaker #1

    Je pense beaucoup de communication, d'ouverture d'esprit, de lâcher prise aussi, de dire bon bah là sa culture c'est comme ça et il faut que je fasse avec quoi. Mais c'est peut-être parfois difficile aussi de trouver le juste milieu entre je m'adapte à la culture mais je n'oublie pas aussi la mienne parce que c'est moi et je ne me mets pas de côté non plus pour une culture parce que ça doit être un peu challengeant. J'imagine d'aller dans un nouveau pays, forcément tu vas pour y habiter donc il faut... se faire aux us et coutumes locales, mais tu as aussi ton propre bagage et tes besoins et mine de rien, quand tu es pendant 25 ans, 30 ans dans un même pays, ça te conditionne, ça ne fait ta personne. Donc ouais, ça doit être franchement challengeant, respect.

  • Speaker #0

    Complètement, c'est hyper challengeant, c'est vrai. Après, j'ai de la chance d'avoir un gros caractère. Je pense que c'est ce qui me sauve dans ma vie aujourd'hui, c'est que j'ai tellement de caractère. que je me protège justement de cette acculturation. Je ne suis pas en train de me fondre dans la culture. Et j'ai un franc-parler qui permet aussi de pouvoir dire à ce moment-là, ben non en fait, non, ça c'est clairement pas possible, c'est pas envisageable. Par contre, ça ne veut pas dire que je fais du forcing, surtout absolument pas. Pour le coup, ce n'est pas du tout la réalité, je m'attaque beaucoup. Par exemple, quand je vais chez mon beau-père, je vais couvrir mes bras. par respect pour la culture et il y a un moment donné quand on allait dans des villages je prenais un foulard pour pouvoir couvrir mes cheveux parce que comme ça ça me permettait de passer un peu plus inaperçu surtout dans les villages vraiment très ruraux et en fait un maître a fini par me dire mais tu sais que tu le portes ou que tu le portes pas à ta tête on sait que t'es pas là donc en fait ne t'embête pas à le porter c'est pas ta culture, c'est pas ta religion abandonne quoi du coup j'ai adoré ce moment là parce qu'en fait je me suis rendu compte vraiment à cet instant précis ... que moi j'étais en capacité de respecter un certain nombre de règles pour pouvoir m'adapter, passer presque inaperçu, et lui était en capacité de me dire, non en fait, assume ta culture, assume qui tu es, et moi je te dis, si jamais il y a un souci, c'est moi qui suis ton parfait, c'est moi qui dirai quelque chose. Et donc du coup c'est ce qu'il fait qu'on y arrive, c'est que malgré tout je m'adapte beaucoup, mais lui il est aussi là pour me dire, attention, ça c'est pas ta culture.

  • Speaker #1

    Il t'aide à trouver et à avancer aussi dans cette intégration. Franchement, c'est cool aussi qu'il t'accompagne là-dedans. Ça doit te rassurer en tout cas pour ton intégration. Il y a un point sur lequel je voulais qu'on revienne parce qu'on a pas mal parlé du désert, des animaux, du village. Mais à quoi ça ressemble ? Si tu pouvais nous décrire un petit peu l'environnement dans lequel tu vis, tout ça.

  • Speaker #0

    Eh bien, il faut... Déconstruire tout ce qu'on a en tête pour le désert, parce qu'on pense qu'un désert, c'est uniquement des dunes de sable. Eh bien non, le désert du Bad Dhirom, en tout cas en Jordanie, ce n'est pas un désert de dunes, c'est un désert de montagnes. Et donc, on a des montagnes gigantesques, qui sont des montagnes de gris rouge. Donc, c'est très rouge, presque un peu terracotta. Et ça, c'est une partie du désert. Le désert, il se divise en deux. Il y a une autre partie où les montagnes, elles sont blanches, avec du coup le sable, parce qu'il y a quand même du sable qui est blanc. Donc les formes des montagnes sont différentes. Dans le désert rouge, les montagnes, elles sont très grandes avec beaucoup de strates. Alors que dans le désert blanc, ça fait comme des nuages, elles sont très rondes. Et donc au milieu de ça, il y a le village. Donc en fait, c'est comme si on était dans une cuvette. grosso modo le village il est au milieu des montagnes et après dans le désert il y a plein de points de vue il y a beaucoup de verdure à certains endroits on a des figuiers des datiers on a évidemment quelques dunes de sable mais on vient pas dans le désert du badirom pour voir des dunes ok ouais c'est fou c'est pas du tout l'image qu'on en a quand on a désert on pense pas du tout à ça au final et dans le village les

  • Speaker #1

    maisons ça ressemble à quoi est ce que c'est plutôt coloré est-ce que c'est plus...

  • Speaker #0

    blanc c'est par temps il ya pas beaucoup il ya plein de maisons qui sont pas terminer en fait c'est ce qui termine à l'intérieur mais pas forcément les finitions à l'extérieur donc il ya pas mal de maisons comme ça mais il ya aussi beaucoup de maisons qui sont dans les teintes beige ocre marron un peu danser dans ces couleurs là C'est des maisons qui ont toutes la même forme. En fait, elles sont quasiment toutes carrées. On a l'impression que c'est tout petit, mais en fait, à l'intérieur, il y a quand même des grosses pièces. Et donc, ensuite, toutes les maisons sont entourées de murs. qui permettent de clôturer le terrain, mais c'est ce qui permet aussi aux femmes de pouvoir être tranquilles chez elles sans qu'elles puissent être vues de l'extérieur, surtout quand elles portent le voile, simplement.

  • Speaker #1

    Ça marche. Et toi, du coup, là, ça fait à peu près deux ans, un peu plus de deux ans, je crois, que tu habites ici. Comment tu as été accueillie par les locaux et les gens du village, globalement ?

  • Speaker #0

    De manière générale, j'ai été bien accueillie. En tout cas, dans ma famille, j'ai été bien accueillie. Les gens font un petit peu... Leur vie, c'est plus sur des comportements un peu particuliers. J'ai un exemple, on était parti chez le primeur pour acheter nos frais légumes. Rien de plus banal dans la vie. Et je pense que cette personne n'avait jamais vu d'étrangère dans sa vie. Il était en face de moi, j'ai cru qu'il allait se décrocher la mâchoire. Il était bloqué. Mais bloqué, il faisait quoi ? Et en fait, Armin était à côté de moi et j'ai décidé d'en rigoler, mais ça peut m'être mal à l'aise en réalité, parce que finalement, au même titre que lui, j'ai un visage, un nez, une bouche, deux yeux, je n'ai rien de différent, si ce n'est le fait que je ne parle pas la même langue et que je suis un peu plus blanche. Et donc du coup, c'est dur parfois de se confronter à ça avec des gens qui peuvent te regarder. Alors il y a aussi parce que je suis une femme, que je ne suis pas voilée, que du coup... peut être maquillée avec des bijoux, etc. Donc, on va me regarder par rapport à ça. Même si avec le temps, ça tend à s'estomper parce qu'aujourd'hui, ils savent aussi qu'étant avec Armand, c'est une question de respect aussi envers lui. Donc, ils ne peuvent pas avoir des comportements déplacés envers moi. Mais ça n'empêche que, oui, les gens me regardent comme si... Je ne sais même pas comme quoi, en fait, mais parce que j'évoque la différence. en fait c'est que j'évoque la différence c'est même pas moi en tant que personne c'est juste que je reste profondément différente des femmes ici on va dire comme toute personne mais finalement quand on fait le comparatif en France quand on voit quelqu'un qui est habillé en habit multicolore ça représente la différence bah oui on peut, certains en tout cas peuvent phaser sur le look de la personne c'est exactement le même principe finalement C'est pas méchant, mais c'est juste que partout, il faut accepter cette partie-là. Et il faut accepter parfois d'avoir des comportements pas très adaptés. Moi, j'ai des personnes qui peuvent, par exemple, avoir des comportements très tactiles, alors qu'en réalité, on n'est pas du tout tactiles. Moi, je suis très tactile, parce que j'ai grandi dans une famille tactile et que dans notre culture, on est quand même très tactile. Mais ici, c'est très difficile. C'est pas que c'est difficile, c'est juste que culturellement, t'es pas tactile avec autre truc. Mais comme je suis étrangère, ils se disent que je suis tactile. Mais non, en fait, je pourrais, c'est pas parce que je suis étrangère que je suis tactile, je pourrais ne pas l'être. Donc c'est des petites choses comme ça où, là, encore une fois, le fait de pouvoir dire les choses, ça me permet de cadrer aussi. Et même si j'ai pas vocation à faire de l'éducation envers les personnes, parce que sinon, je perdrais vraiment mon temps à le faire. Des fois oui je fais des petites piqûres de rappel parce que parce que en fait c'est une question de respect pour moi aussi et bien évidemment avant de faire ça j'avais sondé un man en demandant est ce que je peux le faire parce que moi en france je voulais le faire mais est ce que je peux le faire ici parce que je veux pas que ça soit mal vu il m'a dit non non fais le parce que si toi tu le fais pas probablement personne le fera donc en fait fais le tu le fais pour toi tu fais pas pour les autres donc je me prie ouais bon c'est bien au final c'est vraiment genre

  • Speaker #1

    les humains qui apprennent à se connaître, s'appréhender et se familiariser avec d'autres humains différents. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    Ça doit être une belle expérience quand même, de venir dans une vie opposée à la tienne. Franchement, je trouve ça fou.

  • Speaker #0

    Je trouve ça fou. Aussi fou soit-il, pour rien au monde, j'ai besoin de rendre arrière.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, tu parlais du coup avec... tu sentais que c'était ta place, que tu étais alignée. Tu as toujours ce sentiment aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Complètement, je ne pourrais pas. Je ne pourrais pas revenir en arrière. En fait, je peux me le dire aujourd'hui parce que je suis pleinement heureuse dans ma vie, mais aussi parce que quand je suis en France, je me sens en vacances.

  • Speaker #1

    Et donc, du coup,

  • Speaker #0

    je me dis, bon, du coup, c'est inversé pour moi. Par contre, quand je suis ici, même quand je suis dans l'avion, que je rentre de vacances de France et que je suis dans l'avion, dès que j'arrive ici, il y a un sentiment à l'intérieur de moi de ça y est, je suis chez moi. C'est vraiment très particulier. Ouais, retour à la maison, c'est vraiment très particulier. Et donc c'est ça qui me fait dire que ma place reste ici. Et le jour où, parce que je n'exclus pas que ça puisse m'arriver à un moment donné, parce que même si je suis très content d'être ici, c'est dur d'avoir le manque de ses proches, etc. Donc peut-être qu'un jour je prendrai la décision de repartir. Pour l'instant, je ne pense pas. Mes proches non plus, d'ailleurs, ne pensent pas. Mais si jamais, je n'exclus pas cette hypothèse-là, mais si jamais je reviens en France, ce serait très, très compliqué.

  • Speaker #1

    Oui, j'imagine. Pour se re-réadapter au final à ce que tu avais l'habitude avant.

  • Speaker #0

    Ce que j'ai quitté, et que j'ai quitté parce que j'en avais besoin. Et je le vois. En juin, je suis rentrée en France pour voir ma famille. Je suis arrivée à Paris, donc j'ai pris un train. à Paris-Montparnasse, le matin, en fait, la veille, j'étais dans le désert, j'avais dormi dans le désert. Le matin, j'ai pris un agent. Déjà, l'écart est grand et j'arrive à Paris et là, je me dis, oh, wow, oh là, c'est beaucoup trop bon. Et vraiment, je me suis sentie mais vidée de mon énergie en deux deux. Et donc, j'ai juste été prendre mon train et là, je me dis, oh, wow, ça, je pourrais plus.

  • Speaker #1

    Tu penses ? Non, mais c'est clair. Dès que tu sors de ça, Et revenir ensuite, ça te fait prendre du recul et te dire, ah ouais, non mais c'est chaud, quoi.

  • Speaker #0

    Complètement. Ah oui, oui, vraiment. Et je pense qu'une fois qu'on l'a quitté, on ne peut plus... En tout cas, si on revient, c'est avec des... Autrement,

  • Speaker #1

    peut-être.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça, différemment, je pense.

  • Speaker #1

    Carrément. Ouais, et puis comme tu me disais avant qu'on commence l'interview, le mode de vie, au final, que tu as aujourd'hui, c'est peut-être un peu un retour à l'essentiel. Où tu vas sortir de cette surconsommation et plus passer du temps avec les proches, peut-être du temps de qualité, du temps à s'écouter soi, plus conscience de soi, de son environnement. J'imagine retourner dans Paris ensuite.

  • Speaker #0

    Complètement, oui. Au même titre que j'ai fait un grand écart à l'aller, mais là en rentrant, je fais un grand écart dans l'autre sens en fait.

  • Speaker #1

    Carrément, carrément. Tu me disais du coup que la Jordanie, c'est un pays qui est encore méconnu, parfois boudé ou mal compris. Pour terminer, du coup, qu'est-ce que t'aimerais dire à celles et ceux qui hésitent à venir ou qui s'en font peut-être une idée fausse ?

  • Speaker #0

    Effectivement, la situation géographique fait que les personnes se représentent la Jordanie comme un territoire qui peut être dangereux. Et ce n'est pas le cas. J'ai le goût de dire tout ce que je veux dire, il faut venir pour le voir, il faut venir pour le croire. C'est vrai que... Les personnes qui ont pu venir, en tout cas les bailleurs que j'ai pu accompagner ou que j'ai rencontrés dans le désert, qui sont venus en Jordanie, sont unanimes sur le fait de dire que s'ils ne regardaient pas les informations, s'ils ne savaient pas ce qui se passait dans la région, à aucun moment ils ne pourraient s'imaginer tout ce qui se passe aux alentours, tellement le pays est en train de sérénité, tellement les gens sont accueillants, souriants, bienveillants, etc. Et donc, je dirais qu'il faut ne pas écouter un tel ou un tel, parce que généralement, les personnes qui vous disent « Oh, mais t'es fou, t'es folle d'aller là-bas, c'est dangereux » , ce sont des personnes qui n'ont jamais été, qui ne connaissent pas le pays, et qui, du coup, se laissent surprendre aussi par tout ce qu'on peut voir dans les médias. Et donc, ça crée beaucoup d'inquiétudes. Et c'est dommage, parce que c'est un pays qui vaut vraiment le coup, et qui vaut la peine d'être découvert. Là, on a beaucoup parlé du désert, mais Petra, c'est une merveille du monde quand même. C'est juste exceptionnel. La mer Nord, d'ici 50 ans, elle aura disparu avec le réchauffement climatique. C'est maintenant qu'il faut venir la voir. Les paysages en Jordanie sont épousouflants, réellement. Peu importe où on est, on a des paysages différents. Le nord de la Jordanie, c'est très vert, avec beaucoup de collines, des eaux de livier. des lacs, etc. Et dès qu'on descend plus au sud, là, on est dans les trucs plutôt orangés parce qu'on a le désert, la montagne. On peut tout faire en Jordanie. C'est vraiment une destination très diversifiée qui peut correspondre à tout le monde. Si on veut être tranquille sur un transit au bord de la mer Rouge et du coup voir les fonds marins, c'est possible. Si par contre, on est amateur de rando, il y a de quoi faire en Jordanie. L'histoire, c'est vraiment un pays qui condense Absolument tout, en plus d'avoir une cuisine délicieuse.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on n'a pas parlé de la cuisine, mais ça va, au niveau des plats, il y a de quoi faire, il y a de quoi se régaler.

  • Speaker #0

    Il y a de quoi faire, il y a de quoi se régaler, c'est frais, c'est sans conservateur, il n'y a rien de transformé, c'est une cuisine qui est délicieuse réellement. Après c'est une cuisine levantine, donc il y a beaucoup d'épices, ce n'est pas piquant, mais c'est très savoureux. Et ça a mis faire quand même sur la cuisine. Quand on vient en Jordanie, on ne vient pas pour perdre des kilos, c'est clair.

  • Speaker #1

    Il y a quoi, par exemple, comme plat typique ?

  • Speaker #0

    Le plat traditionnel c'est le Mansaf et donc c'est un plat à base de riz. La plupart des plats en Jordanie c'est à base de riz. Il y a beaucoup de personnes qui pensent qu'on va manger des tagines, des couscous comme au Maghreb. Pas du tout en Jordanie, on n'est pas du tout là-dessus. C'est beaucoup de plats à base de riz. Et donc là du coup c'est du poulet ou alors de l'agneau ou du mouton. Traditionnellement c'est de l'agneau ou du mouton. qui sont cuits avec des oignons et un espèce de yaourt qu'on appelle jamide. La traduction en français, ce serait du lait caillé. Mais en fait, pour faire la recette, il faudrait plutôt utiliser du yaourt grec, grosso modo. Et donc ça, c'est mélangé avec du curcuma. Et donc après, on verse ça avec la sauce. Ils mettent des épices dedans, mais c'est des épices spécifiques. Et ensuite, ils versent ça sur le riz et ils font griller des petits. cacahuètes ou des pignons de pain qu'ils mettent dessus avec du persil et après on mange ça avec les mains ça a l'air bon,

  • Speaker #1

    ça fait envie c'est délicieux en tout cas tu nous vends bien le pays ça a l'air d'être riche aussi bien sur les paysages que sur la culture à découvrir donc merci en tout cas de nous avoir partagé ton parcours et ton histoire merci à toi voilà c'est la fin de cet épisode j'espère que ce voyage au coeur du désert jordanien vous aura autant donné envie que moi d'aller visiter ce pays qui a l'air juste ouf. En tout cas, si vous voulez soutenir le podcast, vous connaissez la chanson, abonnez-vous, mettez-vous un like, parlez-en autour de vous, un commentaire. Ça a l'air de rien, mais ça change tout pour moi, ça me permet de continuer à partager ces parcours de vie qui sont juste incroyables. Et encore en tout cas, merci d'être là et de faire partie de cette aventure. À bientôt !

Description

Elle a quitté la France, pris un avion, et a débarqué dans un monde complètement différent.

Aujourd’hui, elle vit au cœur du désert de Wadi Rum, dans un petit village jordanien, aux côtés d’un bédouin qui est devenu son mari.


Chaque jour, elle découvre un rythme de vie dicté par le sable, le soleil et le silence.

Elle apprend à naviguer entre traditions, coutumes et un quotidien si loin de ce qu’elle connaissait.


Dans cet épisode, on vit une véritable immersion dans la culture bédouine et dans la vie en Jordanie.

On explore aussi ce que ça veut dire de se sentir étrangère tout en apprenant à appartenir. On parle de voyage culturel, d’expatriation choisie par amour, de ce que ça représente de tout quitter pour s’expatrier dans un univers où les codes, la langue et le rapport au temps ne sont plus les mêmes.


C’est aussi une réflexion sur le fait de se déconstruire pour mieux se reconstruire, et sur les petites choses du quotidien qui finissent par tout changer.

On évoque aussi les doutes, les surprises et les anecdotes de voyage qui transforment un simple séjour en parcours de vie. Ce récit est une invitation à croire que dans la vie, tout est possible : que ce soit partir en voyage en solo, tomber amoureuse au bout du monde, ou encore réinventer sa façon de vivre.


C’est un beau voyage, pas seulement à travers les paysages du désert jordanien, mais aussi au cœur de l’humain, de la rencontre et de l’adaptation.


Prépare-toi à une histoire qui fait réfléchir, sourire, voyager… et qui prouve qu’il n’y a pas de vie “toute tracée”, seulement des chemins à inventer.


Bonne écoute !

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Transcription

  • Speaker #0

    Ils ont du sang nomade, quoi. Ils ne peuvent pas se séparer de leur désert. C'est des personnes qui sont profondément attachées à leur mode de vie, à leur tradition. Il y a donc le nomadisme, le fait d'être berger aussi, d'avoir des animaux et de vivre d'un rien, plus, du coup, d'avoir une hospitalité hors pair.

  • Speaker #1

    Bienvenue sur Partir, le podcast qui vous emmène vivre à l'étranger.

  • Speaker #0

    La quiétude du désert faisait que je n'ai pas de pression, pas de charge mentale. Et ça, je ne le vis que quand je suis dans le désert.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, on retrouve Axelle. À la base, elle vivait en France. Et aujourd'hui, rien à voir. Elle se réveille tous les matins au cœur du désert, en Jordanie, aux côtés d'un bédouin qui est devenu son mari. Sa vie a totalement basculé. Elle est passée d'un quotidien occidental à un rythme qui est dicté par le sable, le silence et le nomadisme. Dans cet épisode, on va parler de la notion du temps, de cultures qui bousculent. et de ce que ça veut dire de se déconstruire pour se reconstruire ailleurs. Et on va découvrir la Jordanie sous un autre angle. Mais avant de plonger dans son histoire, je voudrais vraiment remercier ceux qui likent, s'abonnent, soutiennent le podcast. C'est vous qui faites vivre cette aventure, ce podcast. Donc vraiment, merci à vous et je vous souhaite une bonne écoute. Donc Axelle, bienvenue sur le podcast. Toi, tu vis aujourd'hui dans le désert jordanien. Jordanien, pardon. mais du coup Raconte-nous un petit peu comment tout ça a commencé.

  • Speaker #0

    Eh bien, ça a commencé, je pense, comme toute expatriation à un moment donné par le voyage. Et j'ai découvert la Jordanie en voyage, comme toute personne qui a envie de venir découvrir cette petite vépite du Moyen-Orient. C'était sur ma top list. Vraiment, c'était le voyage que je souhaitais faire. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'ai toujours été très intéressée par... le Moyen-Orient, la géopolitique, tout ce qui est en lien avec cette culture-là. Et donc, quand je suis venue en Jordanie la première fois, c'était il y a 4-5 ans, je ne sais pas comment l'expliquer, mais je me suis sentie à ma place tout de suite. Ce qui est quand même vraiment très perturbant, quand j'ai grandi en France, je n'ai jamais vécu à l'étranger avec ma famille. Donc je me suis dit, c'est juste que j'ai un attrait particulier pour ce type de paysage, ce type de monument, ce type de culture, etc. Et finalement, je suis revenue en Jordanie, et encore, et encore, et encore, et jusqu'à me projeter sur le fait de pouvoir venir vivre en Jordanie. Et le désert a toujours eu sa place dans ma tête, juste parce que, déjà c'est très apaisant. un désert, mais aussi parce que je me suis juste sentie toute petite dans un monde énorme et ça m'a remis à ma place clairement, dans ce monde où on a plein de consommations, plein de paradoxes, plein de questions on est trop stimulé un peu partout là, le fait de retrouver du calme et d'être mis à ma place et bien je me suis dit ah ok, c'est ça, c'est ce genre d'endroit dont j'ai besoin pour être épanouie dans ma vie de tous les jours Et donc, de fil en aiguille, j'ai rencontré Ahmed, mon conjoint, et entre lui et moi, clairement, qui pouvait bouger ? Ben moi ! Parce que lui, enfant du désert, né et ayant grandi dans le désert, à aucun moment il aurait pu déménager en France, avec tout ce qu'on connaît nous en France, mais tout ce que lui ne connaît pas. Et donc, du coup, je suis arrivée comme ça, dans le désert, après avoir fait évidemment plein d'allers-retours. Et je compte bien y rester. Trop bien,

  • Speaker #1

    ouais. C'est fou d'avoir eu ce sentiment de là, je suis à ma place, etc. C'est ce qui t'a fait le déclic, vraiment, c'est le désert.

  • Speaker #0

    Ouais, vraiment, je ne sais pas. Je pense qu'il y a des choses qui ne s'expliquent pas. Il y a des choses qu'on peut vivre à un instant T de notre vie qui résonnent à ce moment-là. Et en fait, à ce moment-là, la quiétude du désert faisait que je me sentais hyper alignée. avec moi-même et je me suis dit c'est la première fois de ma vie où je n'ai pas de pression pas de charge mentale où je me sens apaisée et ça je ne le vis que quand je suis dans le désert c'est

  • Speaker #1

    fou, ça doit changer de la vie en France où tout va peut-être vite où c'est surconsommation c'est très rempli là d'être dans un retour au calme j'imagine que ça doit faire un sacré... un apaisement intérieur finalement ?

  • Speaker #0

    Complètement. Complètement. Et c'est vraiment aussi être à l'écoute de soi en tant que personne parce que quand on travaille en France, quand on est salarié, on a un réveil le matin, on sait à quelle heure si on prend... Moi, c'était ça sur ma vie d'avant. Je devais prendre le bus à telle heure, arriver à telle heure au travail, la pause déjeuner, elle est de telle heure à telle heure, tu finis à telle heure, etc. Et en fait, tout est super. méga rythmé mais quand est-ce qu'on vit vraiment quand est-ce qu'on vit vraiment alors je suis vraiment un être de liberté j'ai besoin de cette liberté pour être heureuse mais la liberté ça veut pas dire ne rien faire c'est juste pouvoir avoir le choix de pour moi c'est ça et donc et donc en fait en étant ici et en ayant aussi mon activité professionnelle etc c'est moi qui organise mon temps qui choisit de mettre un réveil ou pas Bon, spoiler, ça fait deux ans que je n'en ai pas mis. Et pour autant, est-ce que je me réveille à 11h ? Non, pas du tout. C'est juste que du coup, ça me permet de pouvoir avoir la liberté que je n'avais pas en France et qui fait partie amplement de la culture bédouine ici. Et je pense que c'est pour ça que je m'y retrouve.

  • Speaker #1

    Ouais, trop bien. Mathieu aura l'occasion de nous reparler un petit peu après de la culture bédouine, le rythme d'enquête à vie, etc. Juste comment tu te prends pour déménager et pouvoir immigrer en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Eh bien, en fait, j'étais venue en Jordanie pendant quelques mois parce que j'avais besoin quand même de tester pour être sûre de mon choix. Et donc, du coup, je me suis dit, OK, là, c'est bon. J'ai pris la décision. Il faut que je le teste parce que si je ne le teste pas... Je vais le regretter. Et je pense que ma famille attendait aussi que je passe ce cap-là parce qu'ils voyaient bien que j'étais toujours barrée à droite à gauche. Et donc, à un moment donné, j'allais passer ce pas-là, mais il fallait juste que je le vérifie pour être sûre de moi. Et donc, j'ai dit à un maître, écoute, je vais rentrer en France pour vendre mes affaires parce que j'étais en location, mais du coup, j'avais quand même toutes mes affaires, etc. Donc, du coup, je lui ai dit de m'attendre le temps que je fasse tout ça. Il fallait que je fasse mes démarches administratives, etc. Et donc j'ai fait vide grenier sur vide grenier, j'ai passé, je suis restée un mois et demi en France, un mois et demi avant tout ce que j'avais, vraiment tout ce que j'avais. Et là se pose la question de, ok, je pars, mais qu'est-ce que j'emmène avec moi, qu'est-ce qui est important pour moi ? Très difficile parce que finalement on a plein de choses chez nous quand on s'installe, etc. Moi ça faisait, j'étais en appart depuis que j'avais 18 ans, donc du coup j'avais beaucoup de choses. et donc c'est Encore une fois, un retour à l'essentiel nécessaire pour pouvoir s'autoriser à partir. Et donc, j'ai fait le choix de vendre absolument tout ce qui n'était pas nécessaire et de garder avec moi tout ce qu'il y avait en attachement. Donc, par exemple, des cadeaux de ma sœur, des souvenirs de voyage qui sont importants pour moi. J'ai gardé, j'ai tout mis dans des valises. Enfin, une valise, du coup, j'avais une valise et deux sacs à dos. En tout, ça faisait 60 kilos. Et après, j'ai juste gardé tous les papiers administratifs dont on a besoin en France, etc. Ça, je les ai consignés dans ma famille. Mais sinon, je suis venue avec mes vêtements, 2-3 souvenirs, mon ordinateur et voilà.

  • Speaker #1

    Et basta. Retour à l'essentiel.

  • Speaker #0

    C'est tout. En fait, je m'étais dit, de toute manière, l'argent que je me fais en vendant mes affaires, je le réutiliserai pour pouvoir me réinstaller. Donc, du coup... Du coup, ce n'est pas grave. Finalement, je ne perds rien. Après, on perd toujours si on achète neuf et qu'on revend en vie de grenier, évidemment. Mais ce n'était pas grave. Le sujet n'était pas là à ce moment-là. Moi, mon but, c'était de ne plus rien avoir pour ne pas avoir à louer un box, etc. Puisque de toute manière, je n'avais pas le projet de revenir. Donc, il fallait que ça parte.

  • Speaker #1

    Et du coup, d'un point de vue administratif ? Est-ce que tu as un visa particulier ? Comment ça se passe ? Comment tu avais fait aussi pour venir plusieurs fois, plusieurs mois et là être de manière permanente ?

  • Speaker #0

    Alors en tant que voyageuse et puis au tout début je venais sous le visa touristique parce que le visa touristique ici il est valable 6 mois et puis après du coup on s'est marié avec Armelle et aujourd'hui du coup j'ai la carte résidence.

  • Speaker #1

    Bon bah nickel. Et donc aujourd'hui tu vis dans une culture qui n'a rien à voir avec ce que tu as connu en France, donc la culture bédouine. Comment on fait quand tout, les codes, les rôles, la langue, quand tout est vraiment différent ?

  • Speaker #0

    Eh bien, on repart de zéro. Il faut qu'on déprogramme tout ce qu'on a appris pour comprendre, et je dirais presque sans jugement. Ce n'est pas forcément négatif de juger, mais c'est juste que c'est tellement aux antipodes de notre culture. Je dis « notre » parce qu'on est tous, malgré tout, on a une culture commune. Quand on vient en France, qu'il y a des choses qui peuvent nous paraître pas top. Par exemple, moi, je me souviens, mes beaux-frères ou même mon beau-père... Il ne me disait jamais bonjour, il ne me disait jamais au revoir. Et je ne comprenais pas. La moindre des choses, c'est de dire bonjour et de dire au revoir. Et là, j'étais presque dans le jugement, mais ils ne sont pas polis. Alors qu'en fait, ce n'est pas une question de politesse, c'est juste qu'ici, on se voit tellement tout le temps, il n'y a jamais de fin et de début qu'il n'y a pas de bonjour et au revoir. Tout simplement parce que si je vois mon beau-frère le matin, il ne va pas me dire au revoir parce qu'il sait qu'il va me revoir dans la journée. Et au pire des cas, Et donc, c'est plein de petites choses comme ça où il faut détricoter tout ce qu'on a appris sur la politesse, sur la façon de voir les choses, etc. Et si on n'est pas en capacité, je pense, de faire ce petit reset mental, c'est compliqué parce qu'on se heurte tout le temps. On est toujours en confrontation, confrontation. Et je dirais que quand on choisit de partir dans un pays comme ça, parce que... Alors techniquement, je suis expatriée, mais je n'ai pas la vie d'expat comme les expats se peuvent avoir en Jordanie. Certains, en tout cas, qui viennent travailler dans une firme française ou une firme internationale, qui vivent dans des beaux quartiers, dans la capitale, etc. Je suis vraiment aux antipodes de tout ça. Et donc, de fait, je n'ai pas le choix d'être baignée dans la culture. Alors, je l'ai voulu, attention. Mais le fait d'être baignée dans cette culture-là, c'est à moi de m'adapter et ce n'est pas à eux de s'adapter à moi. Donc, ce n'est pas forcément facile tous les jours. et il y a... des moments d'incompréhension, mais on arrive toujours à discuter, en tout cas, Ahmed prend toujours le temps de m'expliquer les choses, parce que parfois, malgré tout, je peux avoir des réactions ou des comportements qui, pour moi, ne posent pas de soucis, mais qui, dans le cadre de la culture, je ne vais pas dire qu'ils sont mal vus, parce que ce n'est pas ça, mais culturellement, ce n'est pas comme ça. Et donc, en fait, il va m'expliquer, maintenant, tu sais, on ne fait pas comme ça, etc. Tu le sauras pour la prochaine fois. Une fois qu'on me le dit, je l'intègre et je le fais. Mais il faut que j'apprenne. Parce que si on ne me le dit pas et que je n'apprends pas, je ne peux pas le faire. Après, dans ma famille, en tout cas, ils sont super souples parce qu'ils savent très bien que je fais plein d'efforts, etc. Mais du coup, ils me tiennent rigueur de pas grand-chose. Vraiment, ils sont plutôt adorables là-dessus. Et je les en remercie, du coup. Donc, voilà comment on fait.

  • Speaker #1

    Ils voient que... que tu as envie d'apprendre aussi et de t'adapter. Tu as des exemples de choses que peut-être tu aurais fait et qui étaient culturellement pas correctes, entre guillemets ?

  • Speaker #0

    Chiner. Du coup, moi, j'ai instauré, en tout cas, à la maison, on a instauré le moment de l'apéro parce que du coup, ils ne connaissaient pas trop. Enfin, ils ne connaissaient pas, en fait. Moi, je l'ai instauré parce que finalement, en fait, ils le connaissent sans le connaître parce qu'ici, on picore beaucoup de médias. C'est plein de petits trucs à dipper, etc. C'est un peu le principe de l'apéro. C'est juste qu'eux, ils ne vont pas le nommer comme ça. Donc, en fait, je l'ai juste nommé comme ça. Donc, on a ça. Et en fait, je me souviens une fois, je leur ai dit « Allez, on fait un chin ! » Et ils m'ont regardé. Ils m'ont dit « Mais pas du tout, Axelle, on ne fait pas ça ! » Je me suis dit « Mais pourquoi ? » C'est hyper festif, en fait, de faire un chin. Et ils me disaient « Mais non, non, ça ne se fait pas. » Parce qu'eux, ils me disent que c'est une question de poison de ne pas mélanger ce que tu peux avoir dans ton verre avec quelqu'un d'autre Donc ils me disent que c'est haram. Du coup, moi, je leur dis, OK, j'entends ce que vous dites, mais en fait, nous, en France, en tout cas, moi, c'est ce que j'avais appris, c'est qu'on faisait chin à l'origine pour justement faire en sorte que si jamais il y a un poison, l'autre, il meurt aussi. Comme ça, au moins, si le mec, il chin avec toi, tu sais que du coup, c'est OK, c'est safe. Et donc, ils étaient là, ah ouais, tout. Du coup, on chin pas avec les boissons, mais on peut chiner avec une chips. Voilà, on a trouvé un petit juste milieu.

  • Speaker #1

    Une rencontre entre les deux manières de faire.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #1

    Et vous parlez en quelle langue entre vous tous ?

  • Speaker #0

    En anglais.

  • Speaker #1

    Vous parlez en anglais en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Oui, oui. En fait, la première langue du pays, c'est l'arabe, mais la majeure partie des personnes, en tout cas qui travaillent dans le tourisme, parlent anglais. Ça ne veut pas dire que c'est un anglais super méga élaboré, c'est un anglais qui parle au présent. Donc, il n'y a pas de futur, il n'y a pas de passé. Donc, c'est finalement très simple à comprendre. Pour ceux qui ne parlent pas hyper bien l'anglais, dans ma famille, en fait, on fait un mélange. Entre le français, l'anglais et l'arabe. On a une base qui est oui et non, par défaut. En fait, non. J'ai appris l'arabe avant de venir en Jordanie, parce que c'était une langue qui m'intéressait. Donc, je sais le lire et je sais l'écrire. Mais il manque beaucoup de vocabulaire. Et la difficulté, c'est qu'ici, évidemment, ils parlent l'arabe littéraire, mais ils ont aussi un dialecte local. Ce qui fait que je vais apprendre un mot en arabe. Et puis ils vont me dire le mot en dialecte bédouin et je dis « bah oui, mais je fais comment pour m'y retrouver ? » Donc c'est comme si je devais apprendre deux choses différentes, donc c'est compliqué. Par contre, du coup, je comprends bien, je commence à vraiment bien comprendre. Mais je suis trop timide, c'est dur quand on est adulte d'oser parler une autre langue qui est vraiment complexe en termes de prononciation parce que c'est vraiment pas du tout la même prononciation que nous on peut avoir en français ou même en anglais, il y a des muscles que je connaissais même pas. Et donc du coup je suis un peu timide et aussi parce qu'ils me charrient un peu dessus etc. Donc si moi je vais faire, je vais au souk, pour acheter des choses, il n'y a pas de souci, je peux me débrouiller. Après, bon, ils sont, je ne vais pas dire si, mais je peux me débrouiller. Mais sinon, entre nous, en fait, on a une base qui est anglais et en fonction des mots, on va utiliser certains mots en français, certains mots en arabe. Donc, en fait, on a un mix des trois langues.

  • Speaker #1

    Trop bien. Et du coup, tu nous parlais de la culture bédouine dans laquelle tu vis aujourd'hui, dans laquelle tu es immergée. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu ce que c'est la culture bédouine ?

  • Speaker #0

    C'est une culture qui vit au rythme du désert. Parce qu'en fait, bédouin, en vrai, ça veut dire nomade. Donc techniquement, c'est un peuple nomade. Je dis techniquement parce qu'aujourd'hui, pour travailler, etc., ils ont tous besoin de la connexion. Le confort aussi a fait son apparition, comme partout depuis des années. Pour autant, ils ont du sang nomade. C'est vraiment... Ils ne peuvent pas se séparer de leur désert. Moi, j'ai posé la question à mon beau-père, qui a 55 ans. Je lui ai demandé s'il trouvait son désert toujours beau après avoir grandi là. Et avec des étoiles dans les yeux, il m'a répondu évidemment, tous les jours, je le trouve beau, mon désert. Et donc, c'est des personnes qui sont profondément attachées à leur mode de vie, à leur tradition. qui est le nomadisme, le fait d'être berger aussi, d'avoir des animaux et de vivre d'un rien, plus d'avoir une hospitalité hors pair. Parce qu'ils accueillent tout le monde, tout le temps, même s'ils ne peuvent pas, même s'ils sont occupés, ils vont accueillir. Il n'y a pas de débat en fait. Ce n'est pas « ah non désolé, je suis en repas de famille » . Non, bien sûr, viens partager le repas avec moi. Et ça, ça fait partie pleinement de la culture bédouine. Et ils essayent, malgré tout, les jeunes générations, même si certaines n'ont pas grandi dans le désert, les nouvelles générations n'ont pas grandi dans le désert, mais l'attachement au désert se perpétue vraiment d'une génération en génération parce que les personnes ici, elles ne peuvent pas passer une journée sans aller dans le désert. C'est impossible. C'est vraiment ancré, lié. C'est ancré, oui. C'est vraiment, c'est dans le sang, c'est dans les gènes, c'est intérieur, quoi. Et je pense qu'il faut être né ici pour comprendre ce que c'est réellement l'intérieur. Mais quand on parle de sortir, d'aller voir autre chose, pour certains, c'est... Waouh ! C'est énorme. Il n'y a pas de possibilité. Ils ont leur désert et ça suffit. Il y a des gens qui ne sortent jamais du désert. qui ne vont pas dans les villes alentours, qui restent dans le désert et qui vivent là et qui probablement ne ressortiront jamais.

  • Speaker #1

    C'est fou pour nous qui ne vivons pas ça, tu vois, d'essayer de concevoir ce mode de vie là. Toi du coup aujourd'hui tu as une part de nomadisme et une part de sédentaire, c'est ça dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Oui c'est ça en fait pour... La communication, ça veut dire parce que moi j'ai besoin de contacter mes amis, ma famille, j'ai besoin de pouvoir travailler, d'avoir la connexion internet, etc. Au même titre qu'eux ont besoin de la connexion internet, alors pas forcément pour les mêmes besoins, mais ils ont besoin de rester connectés, ils sont ultra connectés. Et donc pour ça, on a notre petit endroit dans le village où on a tout ce qu'il faut, on a l'eau, l'électricité, c'est bas. hyper fort au niveau de l'électricité, mais on a l'électricité. L'eau, on doit la faire acheminer par des camions parce qu'il n'y a pas l'eau courante. On a des petits shops pour pouvoir acheter ce dont on a besoin. Produits de première nécessité, mais en réalité, on peut très bien manger, il n'y a pas de souci, c'est juste moi. Il y a des moments où j'ai envie d'avoir des... des produits un peu exotiques, on va dire ça comme ça. Donc il faut que je puisse aller dans une grande ville, mais sinon on n'a pas besoin de sortir du village, en réalité il faut trouver à manger. Et une fois qu'on a rempli cette part d'obligation à la connexion, on part dans le désert parce qu'on a nos troupeaux de chèvres et de dromadaires, donc en fait on alterne avec mon beau-père, avec mes beaux-frères, on alterne. Sur les personnes qui prennent soin d'eux, il faut aller leur donner à manger, les faire pâturer, vérifier que... Tout le monde va bien, qu'il n'y ait pas de soucis, surtout en ce moment avec la chaleur. Donc là, la semaine dernière, en fait, on a une tente Bedouin. Donc c'est une tente traditionnelle qu'on peut démonter. C'est mieux que les tentes que je crois. Parce que vraiment, c'est vraiment deux secondes. Parce qu'en fait, c'est une toile qu'on pose sur des... Enfin, une toile. C'est plus épais, ça fait comme une toile de jute. En fait, c'est tissé en toile de dromadaire ou de chèvre. Et en fait, on... on la hisse avec des bâtons de bois. Donc finalement, on peut l'enlever et la démonter, la remonter très facilement. Et en fait, on la bouge en fonction des animaux, parce que du coup, comme les animaux pâturent, il faut qu'ils puissent avoir de quoi se nourrir. Et là, du coup, on la bouge aussi en fonction du soleil, parce qu'on a des bébés dromadaires et qu'il fait très chaud. Et que malgré tout, un dromadaire, ça peut souffrir de la chaleur. Donc du coup, on a essayé de trouver, il n'y en a pas beaucoup. Mais on a essayé de trouver des arbres pour avoir un tout petit peu d'ombre et être dans un courant d'air. Comme ça, il y a du vent. Donc là, on l'a bougé la semaine dernière, par exemple. Et probablement qu'on la bougera dans deux, trois semaines.

  • Speaker #1

    C'est tout un nouveau mode de vie que tu as intégré à ton quotidien. Tu étais assistante sociale, je crois, tu m'as dit, avant de partir vivre en Jordanie. Et là, tu parlais d'une activité où tu avais besoin d'Internet, etc. Tu disais que tu as construit... ton activité pro autour de ce que tu aimes, le voyage et les rencontres. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu plus de ce que tu fais ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr. De toute manière, c'est intimement lié à la Jordanie. Sans Jordanie, je n'ai pas cette activité professionnelle et sans activité professionnelle, je n'ai pas cette Jordanie non plus. Les deux sont liés. En fait, moi, j'ai un petit couteau suisse et c'est vraiment ce que j'aimais dans mon métier d'assistante sociale, c'était de pouvoir être un peu partout et d'être touche à tout, surtout. Et donc c'est ce que j'ai essayé de reproduire dans ma vie prochaine parce que concrètement je n'avais plus envie d'être assistante sociale. Non pas que je n'aimais pas mon métier, je l'aime toujours vraiment de cœur, profondément je l'aime toujours ce métier. Mais aujourd'hui les conditions ne sont pas réunies pour pouvoir travailler sereinement, avec passion, sans être épuisée par toutes les décisions qui peuvent être prises. Donc à un moment donné j'ai choisi de me sauver moi. Et donc, du coup, j'ai décidé de mettre en valeur ce que j'aime, mais par-dessus tout en Jordanie, c'est les locaux qui rendent la Jordanie magique. Les paysages sont extraordinaires, ça, on est d'accord, mais un paysage sans vie reste un paysage. Et donc, les deux vont de pair. Donc, j'ai décidé de monter mon entreprise pour accompagner les voyageurs dans l'organisation d'un voyage. En tout cas, de leur voyage en Jordanie pour aller à la rencontre des locaux, leur permettre de vivre des expériences qu'ils ne vivraient pas forcément s'ils étaient partis tout seuls et surtout des expériences qu'on ne trouve pas partout. Donc, par exemple, j'ai des connaissances au nord du pays. C'est une petite dame qui s'appelle Oum Samir. C'est un petit cœur qui, en fait, elle vous accueille chez elle. Et il n'y a pas de chichi. tu arrives chez elle comme tu vas l'aider parce que généralement elle cuisine ou elle fait du canage traditionnel en deux ou trois mois t'as ta boule de pain dans les mains ou ton canage traditionnel et puis hop tu y vas donc c'est tout ce côté un peu rural de la Jordanie qu'on ne voit pas partout parce que malgré tout ça reste un pays qui vit du tourisme donc il y a beaucoup de circuits touristiques qui vont toujours au même endroit toujours dans les mêmes hébergements et qui laisse... parfois peu de place aux locaux. Donc moi, c'est ce que j'ai décidé de faire d'un côté. Et de l'autre, du coup, avec ma famille, on me propose de découvrir la culture bédouine à travers le désert. Et donc, on emmène les voyageurs qui le souhaitent vivre le temps d'un instant. Généralement, c'est un jour, une nuit, deux jours, deux nuits. Ça peut être plus, vivre le désert de l'intérieur. Donc ça veut dire faire la traite des dromadaires, apprendre à faire du savon avec les plantes du désert, aller chercher le petit thym sauvage pour le thé cuit sur le feu de bois, aller avoir des épines dans les doigts pour aller chercher le bois qui nous servira à manger ce soir. Et donc du coup j'alterne entre les deux.

  • Speaker #1

    Trop bien, franchement t'as fait envie de venir découvrir tout ça, comment ça se passe et tout. Ça donne quoi le tourisme aujourd'hui là en Jordanie ?

  • Speaker #0

    Eh bien il n'y en a pas, il n'y en a pas peu. Parce que malgré tout, la Jordanie, son seul crime, c'est d'être au milieu de pays qui ne sont pas très stables, et ce, depuis des années. Le pays a quand même toujours réussi à maintenir sa sécurité et sa stabilité, et ça, c'est quelque chose qu'il faut vraiment souligner, parce qu'on n'est pas du tout en danger en Jordanie. Moi, j'ai eu des gens qui m'ont envoyé des messages pour me dire « est-ce que c'est la guerre en Jordanie ? » Pas du tout, mais vraiment pas du tout du tout. C'est un havre de paix. Pour nous, ça n'a rien changé, si ce n'est effectivement la baisse de fréquentation du pays. Donc, quand il n'y a pas de tourisme, il faut rebondir. Il faut trouver d'autres points qui nous permettent de vivre finalement. Et ça, à l'échelle du pays. Alors, je n'ai pas le pourcentage en tête, mais la majeure partie de richesses du pays sont liées au tourisme. Donc, sans tourisme, l'économie, elle tombe totalement. Et donc, alors là, je n'ai pas les nouveaux chiffres, mais l'année dernière, sur Amman, il y a beaucoup d'agences de voyage. Amman, c'est la capitale. Il y avait une centaine d'agences de voyage. Et il y en avait plus de 40 qui avaient fermé l'année dernière, par exemple. Donc, c'est quand même énorme. Il y a beaucoup de gens qui avaient entrepris des choses parce qu'en réalité, Quand il n'y a pas de conflit aux alentours, la Jordanie, c'est un pays qui attire pas mal de tourisme. Et donc, il y a des personnes qui avaient entrepris des grands projets immobiliers, etc. Mais en fait, qui ne peuvent plus le faire. Ou alors des hôtels qui vont louer une, deux, trois chambres à la semaine. Ils ne peuvent plus se permettre d'avoir une équipe au complet pour entretenir l'hôtel. Donc, finalement, c'est un peu le serpent qui se met en la queue parce qu'il y a moins de monde. Mais du coup, il y a une baisse. Il y a une baisse des ressources, mais il y a aussi une baisse, quelque part, quand même, moi je l'observe, de la qualité des prestations. Tout simplement parce que, ben oui, quand l'hébergement, je prends vraiment l'exemple des hébergements, parce que c'est flagrant, il est plein. Le petit déjeuner, il va être au top, il va y avoir du choix, etc. Mais quand tu as deux personnes sur une semaine, tu ne vas pas avoir la même quantité. que ce que tu aurais alors que ton hébergement il est plein toute la semaine donc c'est un pays qui souffre quand même pas mal de ça en tout cas qui est dépendant du tourisme et c'est peut-être le souci de la Jordanie un peu compliqué de par la localisation on

  • Speaker #1

    espère que ça remontera ensuite et que ça ira un petit peu mieux et du coup Merci à vous. Ta vie en général, ta vie quotidienne, ça ressemble à quoi ? Ou peut-être une journée type, ou bon, j'imagine qu'une journée type c'est un peu compliqué, peut-être une semaine, comment ça se passe concrètement ?

  • Speaker #0

    Eh bien ça dépend des semaines. Alors déjà, il faut avoir en tête qu'en Jordanie, le week-end c'est le vendredi et le samedi. Du coup, généralement c'est des jours non travaillés, mais c'est surtout des jours passés en famille, ou alors à faire tout ce que tu veux faire sauf travailler. Donc, comme nous, le week-end, finalement, c'est décalé. Donc, le dimanche, c'est le lundi. Donc ça, moi, je le garde en tête et je me suis adaptée à ce rythme-là tout en restant adaptée au rythme français parce que du coup, nos clients, quand même, que ce soit pour le désert ou pour l'organisation de séjour, ça reste des clients français ou francophones. Donc, il a fallu que je m'adapte à ça. Mais on va dire que sur une semaine, on va passer entre deux et quatre jours dans le désert. pour les animaux. Et le reste, du coup, on condense tout ce qu'on doit faire quand on a besoin de connexion, on condense tout. Donc les rendez-vous, etc. sur les deux à quatre jours restants. En fait, ça dépend des semaines, ça dépend des besoins, ça dépend si on a beaucoup de choses à faire. Si, par exemple, on a besoin de bouger la tente, forcément, on va passer plus de temps à le faire. S'il faut qu'on aille chercher de la nourriture pour les animaux, parce que malgré tout, le pâturage... Il y a de la verdure dans le désert. Attention, c'est pas que un désert de dunes de sable, c'est un désert qui est très varié. Mais du coup, parfois, il faut qu'on puisse quand même aller chercher de la nourriture. Donc en fait, ça dépend. Il y a plein de variables qui s'ajoutent. Mais grosso modo, si on est sur une journée type où on est au village, le matin, généralement, on profite de la fraîche. C'est vrai qu'on se lève très tôt. Et après, l'après-midi, il fait très chaud là actuellement. Donc on est plutôt sur un mode sieste. parce qu'en fait mais c'est malgré nous la chaleur elle nous tombe dans les pattes donc on essaye d'avoir des endroits ombragés où du coup on reste enfermé pour pouvoir survivre à la chaleur et après dès que le soleil se couche et bien généralement soit on est dehors on profite de l'extérieur soit on va voir nos animaux ok vous vivez peut-être un peu plus au rythme du soleil de la météo etc globalement complètement plus en fait Du soleil, oui et non. Au rythme du soleil, quand il se lève, il se couche. Mais du coup, ce n'est pas parce que les journées sont très grandes qu'on passe plus de temps dehors l'été parce qu'en fait, il fait trop chaud. Mais après, on vit au rythme du désert, je dirais, plus que du soleil.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire le rythme du désert ?

  • Speaker #0

    Eh bien, il n'y a pas de rythme, c'est le tien.

  • Speaker #1

    Il n'y a pas de règle,

  • Speaker #0

    en fait. et donc chacun fait ce qu'il veut je vois moi dans mes beaux frères on a tous des rythmes super méga différents j'ai un beau frère qui va se coucher à 4-5h du matin parce qu'il va jouer aux cartes avec ses amis il va se lever à 12h midi 13h alors que nous pas du tout on vit pas du tout comme ça on va se coucher tard et on va se lever très tôt mais du coup on fait une sieste l'après-midi Donc ça dépend des gens mais le rythme du désert c'est justement la liberté de pouvoir faire ce que tu veux.

  • Speaker #1

    Tu trouves qu'il y a un rapport au temps différent de ce qu'on a par exemple en France ou en Europe peut-être ?

  • Speaker #0

    Ah oui totalement. Totalement le rapport au temps est vraiment différent pour plusieurs raisons. La première c'est qu'il n'y a pas d'horaire. Donc tu ne peux pas dire à quelqu'un « viens à telle heure chez moi » . C'est pas possible. La personne ne viendra pas, mais c'est pas qu'elle ne veut pas, c'est que forcément elle ne peut pas le faire. Parce qu'elle va être happée par plein d'autres choses et donc du coup, il y a un manque de sens de priorité, clairement. Pour moi, attention, pas pour eux, mais pour eux, la priorité c'est l'urgence. Pour moi, la priorité c'est l'engagement que j'ai pris avec un tel ou un tel. Mais donc du coup, on peut très bien, par exemple... être en train de réparer une voiture, c'est ça, il peut réparer une voiture si quelqu'un l'appelle. Donc, il répare sa voiture. Si quelqu'un l'appelle pour lui dire « Ma voiture est cassée, j'ai un souci, tu peux venir ? » Il abandonne ce qu'il fait pour pouvoir y aller. Moi, personnellement, j'aurais fini ce que j'avais à faire et je lui aurais dit « Ok, dans deux heures, je suis là. » Voilà. Donc, ce rapport au temps est vraiment différent et après, ils vivent un peu en décalé. en termes de temps, mais en décalé par rapport à notre prisme français.

  • Speaker #1

    Oui, là,

  • Speaker #0

    de toute façon,

  • Speaker #1

    on parle avec notre vision et notre comparaison avec notre point de vue.

  • Speaker #0

    Exactement. Par exemple, nous, on va manger matin, midi et soir, voire même on prend un goûter, voire même la lapéro. Ici, pas du tout. La plupart des gens, ils vont manger un repas. Et parfois, le repas, ça va être du pain cuit dans le feu ou dans la cendre. C'est très loin de « je mange parce qu'il faut que je mange » . Ils mangent parce qu'ils ont besoin de manger, pas parce qu'ils ont envie de manger. Et donc ça, c'est aussi un rapport au temps parce que mine de rien, nous, là où nos journées sont rythmées par la nourriture, et bien eux, pas du tout. Donc en fait, ils n'ont pas de rythme comme nous, on peut avoir. Ils peuvent manger à 15h-16h parce qu'ils ont faim à 15h-16h. Donc finalement... Moi, à la maison, par exemple, parfois, ça peut être un peu compliqué, gentiment, mais je vais manger le midi parce que j'ai faim, tout simplement. J'ai besoin de manger le midi pour avoir ma dose d'énergie pour travailler l'après-midi. Donc, je vais faire quelque chose. Et un moment, il va arriver vers 15-16 heures, il va me dire « Ah, j'ai faim. » Je dis « Ok, j'ai préparé ça. » Et il me dit « Ah non, je veux un truc nouveau quand même. Je vais cuisiner. » Et donc du coup, à Rebette, il faut recuisiner quelque chose, soit lui, soit moi, mais du coup, il faut recuisiner quelque chose, alors qu'en fait, c'est juste parce qu'on est en décalé et que je comprends qu'ils veuillent un truc pas réchauffé. Moi aussi, j'aimerais avoir ma nourriture, d'avoir le plaisir de cuisiner et de ne pas toujours faire du réchauffé à chaque fois. Donc, on est un peu en décalé là-dessus et donc ça indique quand même que le temps qu'on s'octroie pour telle ou telle tâche. Il est différent de là où on vient finalement. Moi, je vais me dire, bon allez, aujourd'hui, je vais travailler 6 heures. Moi, je vais me conditionner comme ça, je travaille 6 heures. Ici, ils ne vont pas se dire, je travaille 6 heures. Je travaille tant que je dois travailler. Et encore une fois, ça fait partie de la temporalité où on est vraiment très différent là-dessus.

  • Speaker #1

    Oui, carrément. Là où nous, on va fonctionner peut-être plus en créneau horaire, on va dire, eux, ça va être en... Tâches qui viennent quoi ?

  • Speaker #0

    En tâches et en jours. Par exemple, tu dois réceptionner quelque chose, et bien la personne te dit oui, oui, ce sera à peu près ce jour-là. Mais ça peut être deux jours avant, deux jours après, pas grave. Nous, on est avertis de ça parce qu'on a les mails, etc. Si on commande des choses. Ici, non, on n'a pas ça. Parce qu'en fait, si on n'a pas une livraison, on n'a pas d'adresse. Donc en fait, c'est quelqu'un qui a récupéré ça dans une ville qui le ramène. Mais si la personne, elle est happée par autre chose. Ça attendra, ton con il attend.

  • Speaker #1

    C'est un autre rythme, un autre rapport aux choses. Tu penses que c'est l'influence du désert, encore une fois, qui fait qu'on a ce rapport au temps ? Peut-être le nomadisme qui fait que c'est comme ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est un héritage du nomadisme, oui, parce que malgré tout, la population bédouine ici a un traitement particulier parce que c'est un héritage culturel. Donc le gouvernement, la famille royale font absolument... tout pour pouvoir maintenir cette culture-là. Et donc, ils font ce qu'ils veulent, quand ils veulent, avec qui ils veulent et comment ils le veulent. Donc si ça, c'est pas de la liberté, je ne sais pas ce que c'est. Mais du coup, ils peuvent s'affranchir presque de toutes les règles, si ce n'est respecter les règles culturelles ou religieuses. Évidemment, parce que malgré tout, il y a quand même des règles. Mais par rapport, encore une fois, à nous, notre vision des choses, la manière dont on s'y vit, c'est la liberté totale. Après, quand on est à l'intérieur de la culture, il y a plein de règles qui leur sont imposées. D'être toujours dispo pour ton aîné, par exemple, que ce soit un oncle, une tante, ton père, ta mère, toujours dispo, peu importe ce que tu fais, ça reste une règle qui peut être très contraignante finalement. Parce que nous, on n'a pas d'obligation de présence pour un membre de la famille qui en aurait besoin. Donc il y a plein d'autres règles. mais pas celle du rythme et du contrôle je dirais.

  • Speaker #1

    Ok je vois. Toi ça t'a mis du temps avant de réussir à t'adapter à ce nouveau mode de vie, cette nouvelle manière de penser, de voir les choses. Est-ce que tu t'y es habituée assez vite ou ça a été un peu compliqué ?

  • Speaker #0

    Je m'y suis habituée assez vite, par contre ça ne veut pas dire que je n'ai pas des petites... Je suis rattrapée par la culture, comme tout le monde, c'est normal. Maintenant je m'y suis habituée très vite parce que ça me parle déjà, parce que je m'y retrouve et puis parce que je suis quelqu'un qui s'adapte très vite aussi. Donc je n'ai pas eu de souci d'adaptation. Par contre, sur certaines choses, il y a des moments où ça demande de prendre le temps de parler et d'observer cette différence culturelle. pour que ce ne soit pas un obstacle. Parce que si jamais on reste tous, je dis tous parce que c'est dans mon couple que ça se passe, mais si on reste campés sur nos positions et nos cultures, à un moment donné, ça va générer de la frustration, de l'énervement et de la non-compréhension. Et ce n'est pas hyper positif de pouvoir vivre dans ce petit nuage un peu grisonnant. Donc il faut pouvoir parler et ce n'est pas toujours évident. de devoir parler dans une langue, même si on est bien anglais, c'est pas toujours évident de devoir parler, sous le coup parfois de l'émotion dans une langue qui n'est pas ta langue maternelle et que l'autre le réceptionne comme toi tu veux qu'il me réceptionne donc ça demande une sacrée gymnastique qui est pour moi ça c'est le plus dur, c'est l'adaptation là-dessus c'est le plus compliqué, plus que la culture en soi, c'est le fait de pouvoir réussir à trouver le juste milieu entre nos deux cultures nos deux façons de penser nos deux façons de vivre nos deux façons de réagir, nos deux systèmes différents parce que nos vies sont diamétralement opposées de base. On n'est pas parti avec les mêmes bases dans la vie. Et donc, on essaye de faire en sorte de se compléter là-dessus. Mais ça demande beaucoup de communication.

  • Speaker #1

    Je pense beaucoup de communication, d'ouverture d'esprit, de lâcher prise aussi, de dire bon bah là sa culture c'est comme ça et il faut que je fasse avec quoi. Mais c'est peut-être parfois difficile aussi de trouver le juste milieu entre je m'adapte à la culture mais je n'oublie pas aussi la mienne parce que c'est moi et je ne me mets pas de côté non plus pour une culture parce que ça doit être un peu challengeant. J'imagine d'aller dans un nouveau pays, forcément tu vas pour y habiter donc il faut... se faire aux us et coutumes locales, mais tu as aussi ton propre bagage et tes besoins et mine de rien, quand tu es pendant 25 ans, 30 ans dans un même pays, ça te conditionne, ça ne fait ta personne. Donc ouais, ça doit être franchement challengeant, respect.

  • Speaker #0

    Complètement, c'est hyper challengeant, c'est vrai. Après, j'ai de la chance d'avoir un gros caractère. Je pense que c'est ce qui me sauve dans ma vie aujourd'hui, c'est que j'ai tellement de caractère. que je me protège justement de cette acculturation. Je ne suis pas en train de me fondre dans la culture. Et j'ai un franc-parler qui permet aussi de pouvoir dire à ce moment-là, ben non en fait, non, ça c'est clairement pas possible, c'est pas envisageable. Par contre, ça ne veut pas dire que je fais du forcing, surtout absolument pas. Pour le coup, ce n'est pas du tout la réalité, je m'attaque beaucoup. Par exemple, quand je vais chez mon beau-père, je vais couvrir mes bras. par respect pour la culture et il y a un moment donné quand on allait dans des villages je prenais un foulard pour pouvoir couvrir mes cheveux parce que comme ça ça me permettait de passer un peu plus inaperçu surtout dans les villages vraiment très ruraux et en fait un maître a fini par me dire mais tu sais que tu le portes ou que tu le portes pas à ta tête on sait que t'es pas là donc en fait ne t'embête pas à le porter c'est pas ta culture, c'est pas ta religion abandonne quoi du coup j'ai adoré ce moment là parce qu'en fait je me suis rendu compte vraiment à cet instant précis ... que moi j'étais en capacité de respecter un certain nombre de règles pour pouvoir m'adapter, passer presque inaperçu, et lui était en capacité de me dire, non en fait, assume ta culture, assume qui tu es, et moi je te dis, si jamais il y a un souci, c'est moi qui suis ton parfait, c'est moi qui dirai quelque chose. Et donc du coup c'est ce qu'il fait qu'on y arrive, c'est que malgré tout je m'adapte beaucoup, mais lui il est aussi là pour me dire, attention, ça c'est pas ta culture.

  • Speaker #1

    Il t'aide à trouver et à avancer aussi dans cette intégration. Franchement, c'est cool aussi qu'il t'accompagne là-dedans. Ça doit te rassurer en tout cas pour ton intégration. Il y a un point sur lequel je voulais qu'on revienne parce qu'on a pas mal parlé du désert, des animaux, du village. Mais à quoi ça ressemble ? Si tu pouvais nous décrire un petit peu l'environnement dans lequel tu vis, tout ça.

  • Speaker #0

    Eh bien, il faut... Déconstruire tout ce qu'on a en tête pour le désert, parce qu'on pense qu'un désert, c'est uniquement des dunes de sable. Eh bien non, le désert du Bad Dhirom, en tout cas en Jordanie, ce n'est pas un désert de dunes, c'est un désert de montagnes. Et donc, on a des montagnes gigantesques, qui sont des montagnes de gris rouge. Donc, c'est très rouge, presque un peu terracotta. Et ça, c'est une partie du désert. Le désert, il se divise en deux. Il y a une autre partie où les montagnes, elles sont blanches, avec du coup le sable, parce qu'il y a quand même du sable qui est blanc. Donc les formes des montagnes sont différentes. Dans le désert rouge, les montagnes, elles sont très grandes avec beaucoup de strates. Alors que dans le désert blanc, ça fait comme des nuages, elles sont très rondes. Et donc au milieu de ça, il y a le village. Donc en fait, c'est comme si on était dans une cuvette. grosso modo le village il est au milieu des montagnes et après dans le désert il y a plein de points de vue il y a beaucoup de verdure à certains endroits on a des figuiers des datiers on a évidemment quelques dunes de sable mais on vient pas dans le désert du badirom pour voir des dunes ok ouais c'est fou c'est pas du tout l'image qu'on en a quand on a désert on pense pas du tout à ça au final et dans le village les

  • Speaker #1

    maisons ça ressemble à quoi est ce que c'est plutôt coloré est-ce que c'est plus...

  • Speaker #0

    blanc c'est par temps il ya pas beaucoup il ya plein de maisons qui sont pas terminer en fait c'est ce qui termine à l'intérieur mais pas forcément les finitions à l'extérieur donc il ya pas mal de maisons comme ça mais il ya aussi beaucoup de maisons qui sont dans les teintes beige ocre marron un peu danser dans ces couleurs là C'est des maisons qui ont toutes la même forme. En fait, elles sont quasiment toutes carrées. On a l'impression que c'est tout petit, mais en fait, à l'intérieur, il y a quand même des grosses pièces. Et donc, ensuite, toutes les maisons sont entourées de murs. qui permettent de clôturer le terrain, mais c'est ce qui permet aussi aux femmes de pouvoir être tranquilles chez elles sans qu'elles puissent être vues de l'extérieur, surtout quand elles portent le voile, simplement.

  • Speaker #1

    Ça marche. Et toi, du coup, là, ça fait à peu près deux ans, un peu plus de deux ans, je crois, que tu habites ici. Comment tu as été accueillie par les locaux et les gens du village, globalement ?

  • Speaker #0

    De manière générale, j'ai été bien accueillie. En tout cas, dans ma famille, j'ai été bien accueillie. Les gens font un petit peu... Leur vie, c'est plus sur des comportements un peu particuliers. J'ai un exemple, on était parti chez le primeur pour acheter nos frais légumes. Rien de plus banal dans la vie. Et je pense que cette personne n'avait jamais vu d'étrangère dans sa vie. Il était en face de moi, j'ai cru qu'il allait se décrocher la mâchoire. Il était bloqué. Mais bloqué, il faisait quoi ? Et en fait, Armin était à côté de moi et j'ai décidé d'en rigoler, mais ça peut m'être mal à l'aise en réalité, parce que finalement, au même titre que lui, j'ai un visage, un nez, une bouche, deux yeux, je n'ai rien de différent, si ce n'est le fait que je ne parle pas la même langue et que je suis un peu plus blanche. Et donc du coup, c'est dur parfois de se confronter à ça avec des gens qui peuvent te regarder. Alors il y a aussi parce que je suis une femme, que je ne suis pas voilée, que du coup... peut être maquillée avec des bijoux, etc. Donc, on va me regarder par rapport à ça. Même si avec le temps, ça tend à s'estomper parce qu'aujourd'hui, ils savent aussi qu'étant avec Armand, c'est une question de respect aussi envers lui. Donc, ils ne peuvent pas avoir des comportements déplacés envers moi. Mais ça n'empêche que, oui, les gens me regardent comme si... Je ne sais même pas comme quoi, en fait, mais parce que j'évoque la différence. en fait c'est que j'évoque la différence c'est même pas moi en tant que personne c'est juste que je reste profondément différente des femmes ici on va dire comme toute personne mais finalement quand on fait le comparatif en France quand on voit quelqu'un qui est habillé en habit multicolore ça représente la différence bah oui on peut, certains en tout cas peuvent phaser sur le look de la personne c'est exactement le même principe finalement C'est pas méchant, mais c'est juste que partout, il faut accepter cette partie-là. Et il faut accepter parfois d'avoir des comportements pas très adaptés. Moi, j'ai des personnes qui peuvent, par exemple, avoir des comportements très tactiles, alors qu'en réalité, on n'est pas du tout tactiles. Moi, je suis très tactile, parce que j'ai grandi dans une famille tactile et que dans notre culture, on est quand même très tactile. Mais ici, c'est très difficile. C'est pas que c'est difficile, c'est juste que culturellement, t'es pas tactile avec autre truc. Mais comme je suis étrangère, ils se disent que je suis tactile. Mais non, en fait, je pourrais, c'est pas parce que je suis étrangère que je suis tactile, je pourrais ne pas l'être. Donc c'est des petites choses comme ça où, là, encore une fois, le fait de pouvoir dire les choses, ça me permet de cadrer aussi. Et même si j'ai pas vocation à faire de l'éducation envers les personnes, parce que sinon, je perdrais vraiment mon temps à le faire. Des fois oui je fais des petites piqûres de rappel parce que parce que en fait c'est une question de respect pour moi aussi et bien évidemment avant de faire ça j'avais sondé un man en demandant est ce que je peux le faire parce que moi en france je voulais le faire mais est ce que je peux le faire ici parce que je veux pas que ça soit mal vu il m'a dit non non fais le parce que si toi tu le fais pas probablement personne le fera donc en fait fais le tu le fais pour toi tu fais pas pour les autres donc je me prie ouais bon c'est bien au final c'est vraiment genre

  • Speaker #1

    les humains qui apprennent à se connaître, s'appréhender et se familiariser avec d'autres humains différents. Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça.

  • Speaker #1

    Ça doit être une belle expérience quand même, de venir dans une vie opposée à la tienne. Franchement, je trouve ça fou.

  • Speaker #0

    Je trouve ça fou. Aussi fou soit-il, pour rien au monde, j'ai besoin de rendre arrière.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, tu parlais du coup avec... tu sentais que c'était ta place, que tu étais alignée. Tu as toujours ce sentiment aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Complètement, je ne pourrais pas. Je ne pourrais pas revenir en arrière. En fait, je peux me le dire aujourd'hui parce que je suis pleinement heureuse dans ma vie, mais aussi parce que quand je suis en France, je me sens en vacances.

  • Speaker #1

    Et donc, du coup,

  • Speaker #0

    je me dis, bon, du coup, c'est inversé pour moi. Par contre, quand je suis ici, même quand je suis dans l'avion, que je rentre de vacances de France et que je suis dans l'avion, dès que j'arrive ici, il y a un sentiment à l'intérieur de moi de ça y est, je suis chez moi. C'est vraiment très particulier. Ouais, retour à la maison, c'est vraiment très particulier. Et donc c'est ça qui me fait dire que ma place reste ici. Et le jour où, parce que je n'exclus pas que ça puisse m'arriver à un moment donné, parce que même si je suis très content d'être ici, c'est dur d'avoir le manque de ses proches, etc. Donc peut-être qu'un jour je prendrai la décision de repartir. Pour l'instant, je ne pense pas. Mes proches non plus, d'ailleurs, ne pensent pas. Mais si jamais, je n'exclus pas cette hypothèse-là, mais si jamais je reviens en France, ce serait très, très compliqué.

  • Speaker #1

    Oui, j'imagine. Pour se re-réadapter au final à ce que tu avais l'habitude avant.

  • Speaker #0

    Ce que j'ai quitté, et que j'ai quitté parce que j'en avais besoin. Et je le vois. En juin, je suis rentrée en France pour voir ma famille. Je suis arrivée à Paris, donc j'ai pris un train. à Paris-Montparnasse, le matin, en fait, la veille, j'étais dans le désert, j'avais dormi dans le désert. Le matin, j'ai pris un agent. Déjà, l'écart est grand et j'arrive à Paris et là, je me dis, oh, wow, oh là, c'est beaucoup trop bon. Et vraiment, je me suis sentie mais vidée de mon énergie en deux deux. Et donc, j'ai juste été prendre mon train et là, je me dis, oh, wow, ça, je pourrais plus.

  • Speaker #1

    Tu penses ? Non, mais c'est clair. Dès que tu sors de ça, Et revenir ensuite, ça te fait prendre du recul et te dire, ah ouais, non mais c'est chaud, quoi.

  • Speaker #0

    Complètement. Ah oui, oui, vraiment. Et je pense qu'une fois qu'on l'a quitté, on ne peut plus... En tout cas, si on revient, c'est avec des... Autrement,

  • Speaker #1

    peut-être.

  • Speaker #0

    Ouais, c'est ça, différemment, je pense.

  • Speaker #1

    Carrément. Ouais, et puis comme tu me disais avant qu'on commence l'interview, le mode de vie, au final, que tu as aujourd'hui, c'est peut-être un peu un retour à l'essentiel. Où tu vas sortir de cette surconsommation et plus passer du temps avec les proches, peut-être du temps de qualité, du temps à s'écouter soi, plus conscience de soi, de son environnement. J'imagine retourner dans Paris ensuite.

  • Speaker #0

    Complètement, oui. Au même titre que j'ai fait un grand écart à l'aller, mais là en rentrant, je fais un grand écart dans l'autre sens en fait.

  • Speaker #1

    Carrément, carrément. Tu me disais du coup que la Jordanie, c'est un pays qui est encore méconnu, parfois boudé ou mal compris. Pour terminer, du coup, qu'est-ce que t'aimerais dire à celles et ceux qui hésitent à venir ou qui s'en font peut-être une idée fausse ?

  • Speaker #0

    Effectivement, la situation géographique fait que les personnes se représentent la Jordanie comme un territoire qui peut être dangereux. Et ce n'est pas le cas. J'ai le goût de dire tout ce que je veux dire, il faut venir pour le voir, il faut venir pour le croire. C'est vrai que... Les personnes qui ont pu venir, en tout cas les bailleurs que j'ai pu accompagner ou que j'ai rencontrés dans le désert, qui sont venus en Jordanie, sont unanimes sur le fait de dire que s'ils ne regardaient pas les informations, s'ils ne savaient pas ce qui se passait dans la région, à aucun moment ils ne pourraient s'imaginer tout ce qui se passe aux alentours, tellement le pays est en train de sérénité, tellement les gens sont accueillants, souriants, bienveillants, etc. Et donc, je dirais qu'il faut ne pas écouter un tel ou un tel, parce que généralement, les personnes qui vous disent « Oh, mais t'es fou, t'es folle d'aller là-bas, c'est dangereux » , ce sont des personnes qui n'ont jamais été, qui ne connaissent pas le pays, et qui, du coup, se laissent surprendre aussi par tout ce qu'on peut voir dans les médias. Et donc, ça crée beaucoup d'inquiétudes. Et c'est dommage, parce que c'est un pays qui vaut vraiment le coup, et qui vaut la peine d'être découvert. Là, on a beaucoup parlé du désert, mais Petra, c'est une merveille du monde quand même. C'est juste exceptionnel. La mer Nord, d'ici 50 ans, elle aura disparu avec le réchauffement climatique. C'est maintenant qu'il faut venir la voir. Les paysages en Jordanie sont épousouflants, réellement. Peu importe où on est, on a des paysages différents. Le nord de la Jordanie, c'est très vert, avec beaucoup de collines, des eaux de livier. des lacs, etc. Et dès qu'on descend plus au sud, là, on est dans les trucs plutôt orangés parce qu'on a le désert, la montagne. On peut tout faire en Jordanie. C'est vraiment une destination très diversifiée qui peut correspondre à tout le monde. Si on veut être tranquille sur un transit au bord de la mer Rouge et du coup voir les fonds marins, c'est possible. Si par contre, on est amateur de rando, il y a de quoi faire en Jordanie. L'histoire, c'est vraiment un pays qui condense Absolument tout, en plus d'avoir une cuisine délicieuse.

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on n'a pas parlé de la cuisine, mais ça va, au niveau des plats, il y a de quoi faire, il y a de quoi se régaler.

  • Speaker #0

    Il y a de quoi faire, il y a de quoi se régaler, c'est frais, c'est sans conservateur, il n'y a rien de transformé, c'est une cuisine qui est délicieuse réellement. Après c'est une cuisine levantine, donc il y a beaucoup d'épices, ce n'est pas piquant, mais c'est très savoureux. Et ça a mis faire quand même sur la cuisine. Quand on vient en Jordanie, on ne vient pas pour perdre des kilos, c'est clair.

  • Speaker #1

    Il y a quoi, par exemple, comme plat typique ?

  • Speaker #0

    Le plat traditionnel c'est le Mansaf et donc c'est un plat à base de riz. La plupart des plats en Jordanie c'est à base de riz. Il y a beaucoup de personnes qui pensent qu'on va manger des tagines, des couscous comme au Maghreb. Pas du tout en Jordanie, on n'est pas du tout là-dessus. C'est beaucoup de plats à base de riz. Et donc là du coup c'est du poulet ou alors de l'agneau ou du mouton. Traditionnellement c'est de l'agneau ou du mouton. qui sont cuits avec des oignons et un espèce de yaourt qu'on appelle jamide. La traduction en français, ce serait du lait caillé. Mais en fait, pour faire la recette, il faudrait plutôt utiliser du yaourt grec, grosso modo. Et donc ça, c'est mélangé avec du curcuma. Et donc après, on verse ça avec la sauce. Ils mettent des épices dedans, mais c'est des épices spécifiques. Et ensuite, ils versent ça sur le riz et ils font griller des petits. cacahuètes ou des pignons de pain qu'ils mettent dessus avec du persil et après on mange ça avec les mains ça a l'air bon,

  • Speaker #1

    ça fait envie c'est délicieux en tout cas tu nous vends bien le pays ça a l'air d'être riche aussi bien sur les paysages que sur la culture à découvrir donc merci en tout cas de nous avoir partagé ton parcours et ton histoire merci à toi voilà c'est la fin de cet épisode j'espère que ce voyage au coeur du désert jordanien vous aura autant donné envie que moi d'aller visiter ce pays qui a l'air juste ouf. En tout cas, si vous voulez soutenir le podcast, vous connaissez la chanson, abonnez-vous, mettez-vous un like, parlez-en autour de vous, un commentaire. Ça a l'air de rien, mais ça change tout pour moi, ça me permet de continuer à partager ces parcours de vie qui sont juste incroyables. Et encore en tout cas, merci d'être là et de faire partie de cette aventure. À bientôt !

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