Speaker #0Hier, je vous ai parlé de mon premier acte militant face à 7 politiciens, un acte qui a porté ses fruits. Mais voilà la vérité. Quand on milite, quand on veut faire bouger les lignes, ça se passe rarement comme on l'avait imaginé. Et parfois, on perd ses alliés en route. Cette réalité m'a ramenée à une anecdote, un truc qui à l'époque m'avait vraiment secouée. J'avais un groupe d'amis d'enfance, et dans le lot, l'une d'entre elles était devenue végane depuis plusieurs années. C'était tout à fait naturel, presque logique pour nous, enfin. pour moi, je ne vais pas parler à la place de mes amis, qu'elle adopte ce régime alimentaire, voire même ce lifestyle. D'ailleurs, grâce à elle, j'avais appris plusieurs choses, tant au niveau alimentaire que sur ma façon de consommer, plus responsable. J'étais devenue plus attentive et sensibilisée à cette cause grâce à nos échanges. Comme quoi, l'influence, la vraie, elle se fait dans le calme. Mais un jour, tout a basculé. Et en toute franchise, je crois que c'est... un petit peu à cause de moi. Ceux qui me connaissent savent que je suis de nature moqueuse. En peu, je m'en foutiste aussi. Beaucoup. Mais je me soigne. Enfin, j'essaye. Quoique. Mon défunt père aurait dit que j'aime foutre la merde. Et c'est vrai. J'aime bousculer les avis, j'aime aller là où c'est sensible et réactif. Pourquoi ? Quelle est l'origine de ça ? Je ne me suis jamais amusée à creuser pour savoir. Ça pourrait être intéressant, mais c'est pas le sujet de cet épisode. Et donc, j'ai partagé sur Facebook ce jour-là un article de Tim Schiff, athlète britannique et youtuber vegan, champion de freerunning, qui avait abandonné son régime alimentaire vegan pour revenir en régime omnivore standard. Aussitôt, l'enfer s'est ouvert dans les commentaires. Je m'attendais, honnêtement, je m'attendais vraiment pas à une telle déferlante. Les plus extrémistes sont mes... enflammé à un point que vous ne pouvez même pas imaginer. Et le pire, c'est que la semaine suivante, on devait toutes se retrouver pour un souper qui allait être, et on ne le savait pas encore, notre dernier souper. Arrivé avec 45 minutes de retard, notre amie, que l'on ne reconnaissait plus, a défendu sa cause dès les premières minutes, avec rage et colère. Elle nous accusait indirectement, et même parfois directement, d'être des assassines. d'être responsable de la souffrance animale dans le monde car on n'avait pas adopté ce mode de vie là. Seule l'une de nous a eu le courage durant toute la soirée de tenter de la raisonner, d'argumenter, de contre-argumenter. Mais les échanges étaient stériles, aucune ouverture d'esprit, aucune même minime possibilité pour elle d'envisager que d'autres personnes puissent penser autrement ou ne puissent pas adopter ce mode de vie là. Je me rappelle encore de cette phrase lancée au milieu du restaurant où nous étions. C'est à cause des personnes comme vous que les vaches vivent la même injustice que les noirs dans les champs de coton à l'époque de l'esclavage. Ou quelque chose de la sorte. Là j'ai vraiment eu un choc. Parce que ce raisonnement, c'est ce qu'on appelle en psychologie une fausse équivalence. C'est mélanger deux réalités qui n'ont rien à voir, confondre des symboles, des causes et des conséquences, utiliser l'invention brute pour renforcer sa croyance. Et dans ces moments-là, il y a trois ingrédients. La fausse équivalence, la pensée militante fusionnée, où tout devient un symbole, et le biais de confirmation, où on ne voit que ce qui valide la colère. Elle était tellement en fusion émotionnelle qu'on n'a même pas essayé de discuter avec mon ami. C'était, comme je vous l'ai dit, c'était à l'île fermée, c'était complètement fragile et dangereux, j'ai même envie de dire. Et voilà pourquoi je vous raconte cette histoire. Elle n'était pas solide. Elle défendait une cause importante, chère à son cœur, oui, mais elle la défendait depuis un espace de rage, de blessure, d'injustice, de colère, d'incompréhension, de peur. Le résultat ? Elle a perdu des alliés. Elle nous a perdus. Parce que ça, écoute-le bien, ce n'est pas la radicalité qui rallie, c'est la paix intérieure. Et ce n'est pas le bruit qui influence, c'est la solidité. Une militante fragile va isoler. Une militante solide, elle va fédérer, elle va rassembler des alliés à sa cause. On pense que militer c'est être le plus brillant possible, faire le plus de bordel possible. C'est absolument faux, le bruit ça divise, la solidité ça rassemble. On peut militer sans rien casser ou détruire, en étant solide dans ses appuis et en présence. Et paradoxalement, ce sont les personnes les plus spirituellement alignées, donc les plus calmes, qui changent vraiment le monde. Pas celles qui claquent la table en restaurant. Parce qu'elle veut à tout prix convaincre autrui. Tu noteras d'ailleurs la subtilité du mot convaincre. Personne n'a envie d'être un con. vaincu. Quand tu parles d'une cause, si tu le fais depuis un espace de paix, les retombées seront réelles parce que ta paix parle plus fort que ta colère. La colère c'est du feu, ça brûle, ça impressionne, ça détruit, ça ne construit rien. La solidité c'est de la pierre, ça tient, ça porte et ce, dans le temps. Et c'est exactement pour ça que j'ai créé la méthode solide. Parce que tu ne peux pas changer quoi que ce soit autour de toi tant que tu ne t'es pas tenue droite à l'intérieur. Toujours l'être avant le faire. Imagine-toi défendre ce qui compte pour toi avec une paix tellement ancrée, tellement profonde, que les gens t'écoutent sans que tu aies besoin d'osser la voix. Et c'est cette version-là de toi qui doit émerger. Une version solide, alignée, résistante, la version qui transforme sans jamais se perdre. Avant de te laisser, J'aimerais t'inviter à faire une chose, prendre 30 secondes et écrire une seule phrase. Où est-ce que j'ai réagi au lieu d'agir ? Pense-y, laisse le souvenir remonter, en général il vient assez rapidement. Puis, une fois que tu l'as identifié, prends 30 autres secondes et visualise-toi dans ta version la plus solide, telle que tu te la représentes. Calme, alignée, ancrée, sereine. Et demande-toi, qu'est-ce que cette version de moi aurait fait à la place ?