Speaker #0Cet épisode fait un peu suite à celui de hier sur le fait de demander de l'aide. Je m'excuse pour les petits bruits peut-être que vous entendez dans cet enregistrement mais je suis actuellement en train de peler une clémentine et je m'offre cette possibilité-là en même temps que j'enregistre l'épisode. Donc aujourd'hui j'aimerais vous parler, continuer de vous parler de demander de l'aide. Il y a une chose que je pense la majorité des gens ne savent. pas, c'est une observation personnelle en tant que personne handicapée, disons les termes, en utilisant une chaise roulante, et bien vous êtes évidemment plus amené à devoir demander de l'aide étant donné que la société n'est pas pensée pour vous. De mon expérience personnelle, depuis l'enfance, je dirais, peut-être que j'ai été sensible à ça, et encore plus durant l'âge adulte, c'est que j'ai remarqué Alors comme je vous dis, c'est personnel, ce n'est pas des faits établis, je ne suis pas allée m'intéresser, je ne suis pas allée regarder, voir s'il y avait des études ou quoi que ce soit, ou des articles plutôt en psychologie qui traitaient de ce fait-là. Mais j'ai toujours eu cette tendance à avoir le sentiment de devoir m'entendre avec absolument tout le monde, y compris les personnes avec qui forcément on ne peut pas avoir des attentes quand je suis avec tout le monde. Il y a des gens avec qui on ne partage pas les mêmes valeurs, pas les mêmes idées. Et puis forcément, naturellement, on n'est pas attiré par eux. On n'a pas forcément envie de partager notre journée avec eux. Et j'imagine que quand on est valide, quand on peut pouvoir se servir de nos deux jambes et aller où on veut aisément, partout, tout le temps, quitter les lieux. Vous êtes dans ce cas-là et s'il y a quelqu'un que vous n'aimez pas... Bye. simplement, soit vous partez, soit vous n'échangez pas avec lui ou avec elle, et basta. Parce que la porte pour partir du lieu va pouvoir être ouverte sans problème, alors que pour une personne handicapée, pas, c'est peut-être trop lourd, c'est pas adapté, c'est dangereux, c'est pas possible. Et donc, la personne valide, elle va pouvoir sortir de la pièce sans devoir forcément parler à la personne qu'elle n'apprécie pas, tandis que la personne handicapée, elle va être... obligé de demander de l'aide à cette personne-là. De mon vécu, j'ai vraiment eu cette désagréable sensation de devoir m'entendre avec tout le monde. C'est presque un peu une forme d'hypocrisie. Alors, je ne crois pas que c'est ça l'hypocrisie. L'hypocrisie, c'est de dire à quelqu'un, par exemple, il a un horrible pull bleu et lui dire en face, oh, il est magnifique ton pull, j'adore, où est-ce que tu l'as acheté ? Et dès qu'il a le dos tourné, il va dire qu'il est vraiment dégueulasse, il est habillé comme un sac. Pour moi, c'est ça l'hypocrisie. Ce qui n'est pas mon cas, je ne suis pas ce genre de nana. Si ton pull est dégueulasse, je vais lui dire ton pull est dégueulasse, basta. Mais, ouais, c'est vraiment ce mal-être, ce sentiment de devoir entretenir des relations, des bonnes relations avec tout le monde. Parce que peut-être, un jour, à un moment... J'aurais besoin de l'aide de cette personne parce que je ne pourrais pas faire autrement. Alors, j'ai la chance, vraiment, dans ma situation, de pouvoir sortir de ma chaise roulante. Et de pouvoir faire quelques pas. La chose qui m'indicape vraiment, c'est la taille. Pour rattraper quelque chose. Là, je suis vraiment obligée de soit trouver des alternatives, soit monter sur une chaise. Ce qui est absolument, complètement dangereux quand on a la maladie des auteurs. Mais parfois, ma fierté me ferait plus... plutôt utiliser ce genre de solution que de demander de l'aide à quelqu'un que je n'apprécie pas. Alors après, les gens que je n'apprécie pas, ils ne sont vraiment pas nombreux. Vraiment, vraiment pas. Je dirais que quand je n'étais peut-être pas consciente de comment je fonctionnais, comment mon monde intérieur fonctionnait, mes sentiments, mes émotions, mes pensées, j'étais beaucoup plus sensible à ça. et beaucoup plus mal vis-à-vis de ça. Maintenant que je sais comment je fonctionne, que c'est clair à l'intérieur, et donc c'est aussi clair à l'extérieur, j'ai plus été confrontée à ce mal, je dirais. Enfin, ce mal, c'est un grand mot, mais... Mais quoi que, je me dis que pour les personnes qui sont vraiment, je dirais, plus handicapées que ça, ça doit être quelque chose d'assez compliqué à vivre. Et ouais, c'était la réflexion que je voulais vous partager aujourd'hui. Je viens de terminer de peler ma mandarine. Je vais peut-être remanger quelques morceaux. Je ne vais pas vous enregistrer ce moment-là. Et je reprends le micro juste après. Voilà, c'est terminé. Donc c'est une clémentine, non pas une mandarine. Clémentine qui n'a pas de pépins. Et je pense que la conclusion à faire avec cette réflexion-là, c'est comment on se positionne vis-à-vis des conflits. Longtemps, j'ai fui les conflits en me disant que je préfère être en paix. Mais quand... On fuit les conflits pour penser être en paix, en fait. C'est une illusion. Le conflit, à ce moment-là, il se passe à l'intérieur de soi. Parce qu'on n'est pas clair avec ce qu'on pense, on n'est pas clair avec ce qu'on fait. Et c'est ma mentor Daoula Salmi qui m'a fait voir le conflit d'une autre manière, en disant que finalement les conflits, c'est un outil pour changer et pour s'améliorer. Aussi aller dans un conflit, c'est mettre à jour des non-dits, c'est mettre sur la table des choses qui sont douloureuses pour que chacun y trouve son compte. Et depuis que j'ai changé ma croyance à ce niveau-là, je suis beaucoup plus à l'aise avec les conflits, même s'il y a toujours une part de moi un petit peu... Voilà, un petit peu frileuse de se lancer dans l'ouverture d'une discussion qui n'est peut-être pas forcément agréable pour chacun ou chacune. Mais j'y vais avec beaucoup plus de compréhension vis-à-vis du conflit. Donc je crois que c'est là, finalement, où il faut aller creuser. C'est comment on se positionne face au conflit. Et c'est la question que je vous poserai aujourd'hui à la fin de cet épisode. Vous, comment est-ce que vous... Gérer les conflits, est-ce que vous les fuyez ? Ou au contraire, est-ce que vous n'avez aucun problème à vous rendre face à un conflit et à le mettre sur la table, à aller parler à la personne qui fait l'objet d'une incompréhension ou l'objet d'un éventuel conflit ? Comment est-ce que vous vous positionnez ? Est-ce que c'est quelque chose qui est gérable, agréable ? Pourquoi pas ? Je ne sais pas si agréable, c'est vraiment le terme. Mais tout simplement, comment est-ce que vous vous positionnez face à un conflit ? Et peut-être que quand je vous parle de conflit, il y a déjà une idée qui émerge au coin de votre esprit. Peut-être qu'il y a un conflit qui vient pointer le bout de son nez, c'est probable. Et ce que je vous inviterais à faire aujourd'hui, à la fin de cet épisode, c'est de vous y intéresser à ce conflit. D'oser aller le regarder dans les yeux, comme quelqu'un de 100% solide. D'oser le regarder dans les yeux... Peut-être de dialoguer un peu avec lui pour voir finalement qu'est-ce qu'il a à vous dire. Et si le cœur vous en dit, d'oser aller la résoudre. Non pas en ayant peur de perdre quelque chose, mais justement tout l'inverse. En abordant ce conflit, voyez-le comme une opportunité de gagner en clarté. Allez, let's go ! Demain, je vous parlerai non pas du fait de demander de l'aide, mais des aidants. Je suis sûre que vous allez adorer cet épisode. A demain !