undefined cover
undefined cover
#4 - "La vie est un formidable chaos" - Stéphanie Gateau, fondatrice de la startup Handiroad cover
#4 - "La vie est un formidable chaos" - Stéphanie Gateau, fondatrice de la startup Handiroad cover
360 insights

#4 - "La vie est un formidable chaos" - Stéphanie Gateau, fondatrice de la startup Handiroad

#4 - "La vie est un formidable chaos" - Stéphanie Gateau, fondatrice de la startup Handiroad

1h21 |27/11/2024
Play
undefined cover
undefined cover
#4 - "La vie est un formidable chaos" - Stéphanie Gateau, fondatrice de la startup Handiroad cover
#4 - "La vie est un formidable chaos" - Stéphanie Gateau, fondatrice de la startup Handiroad cover
360 insights

#4 - "La vie est un formidable chaos" - Stéphanie Gateau, fondatrice de la startup Handiroad

#4 - "La vie est un formidable chaos" - Stéphanie Gateau, fondatrice de la startup Handiroad

1h21 |27/11/2024
Play

Description

Je suis enfin de retour après une longue pause, ravie de partager avec vous un nouvel épisode du podcast 360 Insights. Cet épisode me tient particulièrement à cœur, et je suis certaine qu’il marquera le vôtre.

Mon invitée du jour est Stéphanie Gateau. Une femme extraordinaire qui incarne 𝐥𝐚 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞, 𝐥’𝐡𝐮𝐦𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐫𝐞́𝐬𝐢𝐥𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞.
Stéphanie a surmonté des épreuves inimaginables pour devenir une entrepreneure accomplie, une conférencière inspirante, et une maman dévouée. Après une carrière en stratégie internationale, elle a fondé en 2018, avec son fils Calixte, la startup Handiroad. Ensemble, ils réinventent la mobilité pour les personnes en situation de handicap avec une approche humaine et technologique.


Durant notre discussion, nous avons exploré :

L’impact des Jeux Paralympiques 2024 : Ce qu’ils changent — ou pas — en matière d’accessibilité et de mobilité en France.
Les chiffres qui interpellent : 80 % des handicaps sont invisibles, et une personne sur trois sera confrontée au handicap au cours de sa vie.
La genèse d’Handiroad : Une application qui révolutionne la mobilité, rendant les déplacements plus accessibles et fluides.
Le pouvoir de la résilience : Comment transformer les regards et jugements en une force motrice.
Les leçons de vie : Des réflexions poignantes sur l'acceptation de soi et l'importance de l’inclusion.


Pourquoi écouter cet épisode ?
Parce qu'il ne s'agit pas seulement d’une discussion, mais d’une véritable immersion dans une histoire de vie bouleversante et inspirante. Vous en sortirez avec une nouvelle perspective sur le handicap, l’inclusion, et la résilience.


Soutenez et découvrez :

  • Handiroad : Une startup qui rend le monde plus accessible. Participez à sa campagne de crowdfunding : Lien ici.

  • Stéphanie Gateau : Retrouvez-la sur LinkedIn.

  • Wounded Women : Une initiative d’Audrey Bouyer pour les femmes victimes de violences. Découvrez son travail ici : Lien Instagram.

  • Womaccelerator : Des formations certifiées Qualiopi, finançables par le CPF, pour booster votre carrière. Plus d’informations ici : Lien ici.

  • Jobtimise : Expert en reconversion professionnelle et formations en IA. Plus d'informations : www.jobtimise.com.


#Podcast #Handicap #Inclusion #Résilience #Handiroad #Entrepreneuriat


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Tout d'un coup, il me dit Mais maman, c'est super simple en fait. On va faire un WES pour les personnes handicapées. La notion d'entraide et de solidarité autour du projet. Ça peut tous nous arriver et ça ne coûte pas cher de donner de l'info. Et je dis le plus beau cadeau, c'est de s'aimer soi-même, et de prendre soin de soi comme quelqu'un dont on a amour.

  • Speaker #1

    Vous écoutez 360 Insights. Je suis Nathalie Royer et je vous propose dans ce podcast des conversations sans filtre. avec des personnalités inspirantes qui façonnent le monde d'aujourd'hui. Du monde de la tech à l'industrie du luxe, nos invités partagent avec vous leur parcours, leur succès. Mais ils vous livrent aussi les coulisses de leur business et les réalités concrètes de leur quotidien. J'ai une surprise pour vous. À chaque épisode, j'invite un invité mystère pour nous livrer une anecdote inédite sur notre personnalité du jour. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue pour une nouvelle saison du podcast 360 Insights. Ça fait un petit moment qu'on ne s'est pas vus. J'avais bien prévu de faire une pause en août, mais on a eu quelques problèmes techniques. C'est un peu l'aléa de tout business. Et on a dû laisser un petit peu plus de temps. Alors j'en ai profité pour modifier un peu le format, comme vous avez été assez nombreux à me le demander. Un format plutôt autour d'une heure. J'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à me faire vos feedbacks. Et pour cette rentrée, j'ai l'honneur de recevoir une femme extraordinaire. Il s'agit de Stéphanie Gâteau. que je ne saurais décrire en quelques mots, donc je lui laisserai le soin de se présenter. J'ai rencontré Stéphanie il y a deux ans bientôt, à une masterclass annuelle organisée par WOM Accelerator. Alors j'en profite pour ouvrir une parenthèse, puisque Liz Backman, qui est la présidente de cet organisme, a fait beaucoup pour moi, c'est une femme incroyable également. Et une fois par an, elle organise cette masterclass à Epitech avec... Vraiment des invités de haut vol.

  • Speaker #0

    Et

  • Speaker #1

    Stéphanie est montée sur scène à ce moment-là. Et elle a fait pleurer un amphithéâtre entier par son histoire, par sa force. Et je pense qu'on s'est tous pris une claque d'humilité ce jour-là. Donc c'est vraiment ce que j'ai envie de vous transmettre aujourd'hui. Stéphanie, comment tu vas ?

  • Speaker #0

    Très bien, toujours très bien, quoi qu'il arrive.

  • Speaker #1

    En tout cas, je suis ravie de te revoir. puisque du coup, c'est la deuxième fois qu'on enregistre ce podcast.

  • Speaker #0

    On va y arriver.

  • Speaker #1

    Et ce n'est pas plus mal parce qu'entre-temps, il y a quand même eu les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques à Paris. Alors, je voulais avoir ton avis sur ces événements.

  • Speaker #0

    C'est le nombre de personnes qui m'ont sollicité pour avoir mon avis. Et je te dis ça parce que je trouve ça super positif. C'est-à-dire que les gens, il y a des choses qui les interpellent, qui ne les interpellaient pas avant. Avant le fait de voir quelqu'un en difficulté avec... Même une poussette, une maman avec ses courses qui essaie de descendre dans la bouche de métro, une personne en situation de handicap, ça a permis une prise de conscience, qui j'espère, parce que c'est toujours là où il y a un écueil, un risque, qui va se transformer en acte concret. Mais déjà, je pense que ça a permis à la fois ce regard positif en se disant... C'est un peu le collectif que j'ai créé, tous uniques, tous du talent, tous différents. Et par définition, de se dire que chacun peut avoir un talent quel qu'il soit. Mais il y a quand même eu, tu vois, il y a eu pas mal de journalistes, surtout étrangers, qui découvraient Paris, le site, etc., à l'occasion des Jeux, qui m'ont contactée, en fait, pour me dire, c'est quoi ce délire à Paris ? Comment ça se fait que c'est aussi inaccessible ? Et il y a même eu des articles comme... New Yorker ou Business Week ont titré La France, la honte de l'accessibilité Ils m'ont évidemment demandé aussi pourquoi ma solution, la start-up, la solution que j'ai créée en Diro n'était pas déployée. En disant, mais c'est super simple, c'est génial, etc. Pourquoi personne ne la déploie ? Donc, on reste quand même sur un problème qui n'est pas résolu. Qui n'est pas résolu depuis des années, mais qui ne l'est toujours pas ici. Qu'on n'a pas anticipé alors qu'on savait fortement qu'il y aurait des gens qui participeraient. dans les spectateurs qui seraient en difficulté, à aucun moment on s'est dit... Je ne parle même pas d'égalité. C'est une fête, on doit tous pouvoir y participer. Et en fait, on s'est dit, eux, ils ne pourront pas, mais ce n'est pas grave. On va certainement en parler, mais sur des sujets où personne n'a compris qu'il n'y aurait pas d'égalité sans inclusivité. Si on ne met pas en place des outils, des solutions pour permettre à chacun... d'assister à un événement, d'aller travailler, de se nourrir, de pratiquer des loisirs, sans inclusivité, on n'atteindra jamais l'égalité.

  • Speaker #1

    Justement, il y a eu beaucoup d'articles qui sont parus. Et d'ailleurs, la mairie de Paris avait tout mis en œuvre pour qu'on puisse rejoindre l'ensemble des sites avec les transports en commun. Mais pour les athlètes paralympiques, finalement, c'était une catastrophe. Est-ce que tu as quelques chiffres à donner sur les stations de métro ?

  • Speaker #0

    En fait, ce que je voudrais déjà expliquer, si on parle du handicap, plus de la mobilité réduite, c'est-à-dire les personnes qui sont en difficulté quand elles se déplacent, les personnes âgées, ce qu'on appelle les PMR. Il y en a 25 millions en France, trois fois l'île de France. Je me dis à quel moment on ne résout pas le problème de ces gens et on continue de les appeler à Mobilité Redoute, mais sans mettre de solution, de déploiement, même si on fait du test and learn et que ce n'est pas parfait. À quel moment on exclut ces personnes en sachant que c'est une problématique universelle, ça n'existe pas qu'en France. Il n'y a aucun rapport avec l'âge, avec le genre. Tout le monde peut être concerné à un moment donné de sa vie, même ponctuellement. On estime qu'une personne sur trois, au cours de sa vie, sera confrontée au handicap. Donc une personne sur trois, ce n'est pas négligeable. Il y a eu je ne sais combien de campagnes de sensibilisation pour alerter. Effectivement, il n'y a que quatre stations de métro accessibles. Comment tu fais pour vivre dans une ville comme Paris ? Et l'ascenseur est toujours en panne. Gare Montparnasse, c'est pareil. Donc, tu dois faire tout le tour, puisque l'ascenseur ne peut pas te monter, avec ton fauteuil, les trottoirs, ta poussette et tes bagages. Tu prends des bus,

  • Speaker #1

    des bus qui sont tout le temps en retard.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Tu mets deux heures pour traverser Paris.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ne serait-ce que de dire, puisqu'on se veut fière d'être français, etc. Je me dis, à quel moment on ne se dit pas, et d'ailleurs, je lance. J'en profite pour lancer un appel. Je peux m'en occuper. Il n'y a pas de souci à grande joie. Pourquoi on ne lance pas à Caton ? sur le problème de la mobilité réduite à Paris. On en a peut-être pour trois jours ou quatre jours, c'est nuit des jours, mais on ressort avec des pistes concrètes. Et je pense que l'une des clés qui n'existe pas, qui est catastrophique, c'est qu'il y a une responsabilité collective. Il y a l'accessibilité des lieux, mais il y a aussi la mobilité, les transports, les ruptures de déplacement, les chantiers. Donc il y a plein de parties prenantes. Et à quel moment on ne se dit pas, OK, qui est concerné par le problème de la mobilité ? On prend tous les acteurs et collectivement, on crée quelque chose sans dire, là, tu vois, j'ai vu une fois de plus, il y a des restos, il y a une appli pour les restos accessibles. C'est super, mais tu vas sur une appli pour les restos accessibles.

  • Speaker #1

    Mais tu ne t'es pas compris.

  • Speaker #0

    Pour les cafés, pour les hôtels accessibles. Donc, je t'en parle parce que c'est tout récent. Mais du coup, avec Andy Road, on a... D'essayer d'aller un peu plus vite que prévu, de sortir un autre outil qui est plus simple de mise en relation, etc. Pour qu'on avance enfin sur ce sujet. Et le deuxième écueil, c'est que dès qu'on parle du handicap ou de la sécurité, parce qu'on est sur de la sécurisation, on est sur des personnes qui peuvent potentiellement tomber ou être en difficulté ou avoir des obstacles. Ce qui m'a un peu déçue au niveau du handicap, c'est qu'il n'y a pas cette volonté de dire on y va ensemble. En fait, tu as des initiatives à droite, à gauche, etc. Et c'est très difficile de fédérer.

  • Speaker #1

    De mettre tous les acteurs autour de la table.

  • Speaker #0

    Alors qu'on a tous gagné, on a des solutions complémentaires. Et je vois en termes de soutien, j'en ai beaucoup plus par des gens qui ne font pas partie de cette communauté que des personnes en situation de handicap qui connaissent par cœur le problème. Et puis à un moment donné, le dénoncer, c'est bien, mais agir, c'est pas mal aussi, même si c'est pas parfait. Et on n'est pas dans cette mentalité en France de se dire, OK, problématique. On se réunit, réunion de pays, on résout le problème. Là, tu vois, alors que, et encore plus pour l'écosystème tech, on est dans le test on-lord et on ne se dit pas, OK, qu'est-ce qu'on peut faire pour faire avancer grâce à l'innovation et la technologie ?

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai qu'il y a quand même pas mal d'initiatives, mairie de Paris, RATP, qui disent, bon, c'est pas top, mais c'est quand même mieux qu'avant. Mais en tout cas, j'ai l'impression quand même que les Jeux paralympiques à Paris ont permis... un grand nombre de personnes de se rendre compte du problème.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant, c'est que la société civile, comme tu dis, ça leur a permis de prendre conscience. Mais les décideurs, les acteurs du changement, c'est eux qu'il faut réussir à convaincre. Et tu vois, par exemple, au début, on me disait mais c'est une petite cible, ce n'est pas intéressant On me dit c'est des personnes en situation de handicap, elles ne consomment pas, elles sont dans la précarité, ça n'intéresse personne C'est compliqué. Après,

  • Speaker #1

    c'est une situation de handicap, mais on y reviendra après. Ça peut être une femme ou un couple avec un enfant et une poussette.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Ou juste une valise. Oui, une valise. C'est ça, c'est les trois portes. Il y a des personnes pour aider à monter les poussettes, les personnes âgées.

  • Speaker #0

    Il y avait une étude, puisque tu parles de chiffres, et je t'éliminerai sur celui-là pour ne pas en donner trop, mais il y a une grande fédération qui s'appelle les APF, les Paralysés de France, qui fait régulièrement des campagnes de sensibilisation et des études. Neuf personnes sur dix estiment avoir des difficultés pour arriver d'un point A à un point B. On n'est même plus dans la mobilité réduite, que ce soit pour des réseaux de mobilité ou de sécurité pendant leur trajet. Les femmes sont quand même super. C'est compliqué de sortir, c'est compliqué de se sentir en sécurité dans les transports en commun. Il y a une vraie problématique sur la sécurisation des périodes en général.

  • Speaker #1

    On parle beaucoup de Paris parce que les transports sont quand même plus développés que dans d'autres villes. Mais partout en France...... Quand on est en situation de handicap et qu'on n'a pas de voiture, c'est quasiment impossible de se déplacer.

  • Speaker #0

    Et on en vient justement à des problématiques d'isolement social, de rupture de liens sociaux. C'est vraiment très compliqué. Et en plus, c'est un cercle douloureux parce que l'éloignement, tu ne peux pas te déplacer aux événements, tu ne peux pas rencontrer des gens. Si tu as un projet, tu n'arrives pas à le faire avancer. Il y a deux ans, il y avait une étude, il n'y a aucun incubateur. qui soit 100% accessible. Donc c'est pour ça que, entre autres, c'est pas l'objet, mais j'ai créé mon incubateur accélérateur à l'export de manière virtuelle, comme quand on était au confinement. C'est-à-dire qu'on n'est pas obligé d'avoir les moyens de se payer un hôtel et un avion ou un bus. On n'est pas obligé, si on ne peut pas se déplacer, d'être sur place. On est en distanciel, comme on l'a été, même en termes d'écologie, plutôt qu'on soit sans... Une centaine de personnes à se déplacer, c'est du bon sens. Et de perdre de temps. Dans les transports, si tu conduis, tu ne peux pas lire en même temps. Tu peux écouter des podcasts, mais tu vois ce que je veux dire. Et à un moment donné, c'est du bon sens. Et économiquement parlant, c'est un vrai enjeu économique et sociétal. Donc, je trouve qu'il serait temps quand même, enfin, de se mettre au travail. Et tout acteur confondu. T'as les aéroports, t'as les...

  • Speaker #1

    Mais même à distance, pour les personnes, il y a la mobilité réduite, mais... malvoyants, sourds, ce n'est pas toujours évident de se servir des outils technologiques.

  • Speaker #0

    C'est un vrai sujet. À quel moment on est dans un secteur innovant, je parle de la tech, il y en a d'autres, mais on va parler de la tech, où on dit, on va casser les codes. Donc tu imagines bien que les gens comme moi, on est prêts, on est dans les starting blocks, yes, on va y aller. Et on crée au quotidien des outils discriminants. Microsoft a développé a expliqué qu'il y avait 240 types d'altérités à l'usage d'un outil numérique. Ça peut être la vue, ça peut être l'ouïe, les troubles moteurs. Moi, quand je suis paralysée, quand j'ai mes bras qui sont paralysés, j'ai mes deux petits pouces qui essayent quand même de faire deux, trois bricoles, mais je ne peux pas travailler normalement. Quand je veux voir une visio ou un événement, s'il n'est pas sous-titré, comme je suis atteinte de surdité, que je ne lis que sur les lèvres, parce que je ne suis pas apparaîtable ni opérable, à quel moment, moi, du coup, je ne peux pas assister à l'événement. Alors qu'en plus, des fois, le thème, c'est l'inclusion ou l'inclusivité. Donc ça, c'est juste énorme. Donc dans la diversité, OK, mais pas les personnes en situation de handicap. Et l'inclusion, mais toujours pas avec les personnes en situation de handicap parce qu'on n'y a pas pensé.

  • Speaker #1

    Parce qu'on n'y a pas pensé,

  • Speaker #0

    exactement. Et c'est pour ça que c'est important et j'invite, parce que parfois, je me sens un peu seule, alors que ce n'est pas vrai. On est nombreux à essayer de faire des initiatives, mais à parler du handicap invisible. Ça peut être une maladie chronique, ça peut être une prothèse, il y a plein de choses qui ne se voient pas. Et c'est 80% des gens en situation de handicap. C'est-à-dire que sur 100 personnes, il y en a 80 qu'on ne voit pas et on ne peut pas imaginer qu'ils sont en difficulté. Et je trouve que maintenant qu'on a avancé sur la visibilité du handicap, la deuxième étape, c'est-à-dire que tout le monde peut être concerné. Ça peut être, moi, tu vois, j'ai des troubles cognitifs, des troubles de concentration et de mémoire. Le fait que je sois autiste, ça ne se voit pas non plus. Il y a plein de gens qui sont hyper étonnés. Ça ne se voit pas. À quel moment on a dit que l'autisme, ça se voyait ? Vous me rassurez. Comment ?

  • Speaker #1

    Et on n'est pas sensibilisés à ça.

  • Speaker #0

    Ça ne se prend pas compte. Mais tu vois, je pense que plus on communiquera, plus on sera nombreux, plus effectivement, il y aura cette prise de conscience. Pour l'instant, les jeunes, en fait, les personnes qui sont le plus concernées, quand elles ne sont pas... concerné elle directement c'est parce que dans leur parcours de vie ou autour de la famille elles ont été confrontés au handicap même si c'est pas eux mais voilà ils ont cette conscience Sinon, c'est très compliqué de faire comprendre aux gens, même quand il y a un événement, je dis je ne peux pas tenir un micro, c'est trop lourd c'est les paniques à bord, alors qu'on a plein de solutions quand même qui existent. Et donc, c'est pour ça que, en fait, il y a beaucoup de gens qui trouvent que mon parcours, il y a beaucoup de choses, mais le fil conducteur, c'est toujours la même chose, c'est rendre accessible le monde à tous, sans exception. Parce que c'est juste une question de bon sens. Pourquoi les personnes en situation de handicap n'auraient pas le droit de partager des moments, des activités ou des événements comme les Jeux paralympiques ? Et à quel moment on crée des outils discriminants et on s'en fiche en fait ? Donc un exemple que je prends beaucoup, un jour je pense qu'il y a quelque chose qui va me tomber sur la tête, mais je cite régulièrement l'exemple de Doctolib, qui est une licorne française qui vaut des milliards. qui a des moyens technos, qui est dans la santé, et dont le but est de pouvoir prendre rendez-vous, mais aussi de faire de la visio. Et on l'a vu pendant le confinement, on était contents. Il n'y a pas de sous-titrage. À quel moment, Dr. Hibbs s'est dit, les personnes sourdes, ce n'est pas grave, elles ne peuvent pas consulter, elles ne peuvent pas utiliser l'outil. Tu vois, à quel moment tu te dis, il y a une personne qui vaut mieux qu'une autre. Les autres, OK, on estime qu'ils ont de la valeur, on va faire quelque chose pour eux. Ceux qui sont sourds,

  • Speaker #1

    on n'y pense pas.

  • Speaker #0

    Tu vois ? Je me dis, à quel moment tu fabriques dans la tech, tu as des jeunes qui arrivent avec une solution et tu oublies de leur dire, n'oubliez pas, ça peut être votre fournisseur, ça peut être votre client. On parle de conception universelle. Il faut que tous les outils puissent être utilisés par tous, quels qu'ils soient.

  • Speaker #1

    Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi ce fait de, puisque l'équipe qui va concevoir le produit n'est pas inclusive, parce que... on a déjà le cas avec les femmes parce qu'il n'y a pas de personnes en situation de handicap donc on ne pense pas à ces cas là et dans la médecine ou même dans l'IA le fait qu'il n'y ait pas de femmes c'est pareil ça va créer des biais et il y a plein de situations auxquelles on ne va pas penser non mais tu

  • Speaker #0

    sais que je suis directe, je n'aime pas tellement ton discours ah ah ah mais tu as le droit je vais t'expliquer pourquoi ton constat est malheureusement absolument juste... Mais tu produis un paquet de biscuits qui a des allergènes. Tu vas mettre, attention, susceptible de contenir des graines. À quel moment, quand tu construis un outil, que tu sais qu'il est discriminant, c'est-à-dire qu'il n'y a pas une représentativité, comme tu l'as dit, de la société. Il y a des minorités qui ne sont pas représentées. Le handicap, ce n'est pas une minorité puisque c'est la première cause de discriminant. Mais tu parlais des femmes, à juste titre. Donc, ton échantillon de population n'est pas représenté. Tu crées quand même l'outil. Tu dis, ce n'est pas grave, ça va le faire. Tu dis, bon, OK. Après, tu sais que ton outil crée tout seul des biais dans les algorithmes. À quel moment tu dis, je le sais, mais on ne corrige pas, ce n'est pas grave, on avance encore. Et à quel moment tu vends à quelqu'un une solution, il y a, par exemple, sans lui dire, par exemple, attention. peut contenir des biais, des discriminations, etc. Et ce n'est pas grave, on continue d'avancer. Et je dis ça pour te taquiner parce qu'en fait, je ne sens aucune révolte et aucune colère de gens qui pourraient s'insurger en disant Stop, on va dans le mur, on est en train de construire un monde de privilèges où certains font partie de la planète du numérique, des données, et les autres non. Je te cite un exemple. Tu demandes à n'importe quel IA, je le refais régulièrement, de créer une image de personne en situation de handicap. Toutes les IA te mettent une personne en fauteuil en l'eau. C'est 3% des personnes handicapées. Donc tu crées ton outil, il fait une bêtise, il est inapte à te donner suffisamment de données pour dire en fait il n'a que ça comme image. Tu ne le corriges pas. Et donc t'imagines à quel point c'est grave. Si on est capable... d'oublier 97% de cas d'autres types d'handicap visibles, invisibles, avec une canne, avec tout ce que tu veux. Ça veut dire qu'en fait, quand tu l'interroges sur d'autres sujets, on va dire stratégiques cette fois-ci, toi t'achètes un outil, t'imagines la problématique. Et pareil, tout le monde, tu dis, bah oui monsieur, donc je me dis, on est sur un outil, on est sur des innovations révolutionnaires. plus grosses révolutions et en plus qui vont créer le monde d'aujourd'hui, mais demain ils l'ont déjà créé, qui sont biaisés, qui sont discriminantes. Il y a une absente d'égalité évidente. Même visuellement, comme tu dis, les femmes dans l'IA, alors qu'on n'est pas forcées d'être ingénieurs, on peut être sur d'autres thématiques. Moi, je suis sur l'IA inclusive. Évidemment, j'ai des experts, mais je veux dire, tu n'es pas obligée de faire un certain parcours, etc. Et en plus, 75% des emplois dans la tech d'ici 2030 doivent être pourvus sur des sujets comme ça. Et à quel moment tu te dis, ce n'est pas grave, on continue au fond. Parce qu'en plus, on sait que c'est une croissance. Et un pouvoir de l'IA, en termes d'impact, qui est incroyable et qui nous dépasse. Donc on sait que ça va aller très vite. Et ça va très vite. L'obsolescence, on te dit, c'est plus telle version de chez LGBT. On a déjà un truc, un monstre encore plus énorme qui est arrivé. Oubliez celui-ci alors qu'on a à peine eu le temps de le prendre en main. Donc dans les solutions, de toute façon, ça va être incroyable. Et à quel moment on se dit, bon, l'outil, il est vraiment... Mais on ne corrige pas. En termes de stratégie, moi qui fais du conseil en stratégie, j'ai un client qui me dit je ne fais rien, mais je vais commercialiser un truc Tu vois, je suis étonnée.

  • Speaker #1

    Stéphanie, avant de poursuivre, parce que tu as donné beaucoup d'informations, mais en fait, on ne t'a pas encore présenté. Est-ce que, Stéphanie, tu peux te présenter de la manière dont tu souhaites ? Peut-être ton parcours aussi, parce qu'il y a tellement de choses.

  • Speaker #0

    C'est tellement représentatif. En fait, je suis tellement... Pour moi, ça n'a pas d'importance. C'est à quoi je vais pouvoir contribuer, sur quoi j'ai envie d'essayer de donner, même si c'est un petit coup de pouce. C'est pour ça que j'ai fait de la stratégie et que je suis sur toutes ces thématiques. C'est toujours la notion d'égalité, pas forcément liée au handicap. Mais par contre, en me retournant, pour faire une liaison avec ce que tu viens de me dire, je... En me retournant, on parle toujours de libre arbitre. Je me rends compte qu'en fait, tu ne choisis pas vraiment parce que je ne suis que sur des sujets où, parce que j'étais en insécurité, j'ai été sur des sujets de sécurisation, de dirigeants, de projets. Parce que j'ai été isolée, je suis sur des problématiques de on lutte contre l'exclusion Parce que je me sentais différente et que je ne comprenais pas bien le monde, j'ai eu envie de relier les gens et même les... puisque j'ai fait de la... de la stratégie internationale, donc des problématiques interculturelles, j'avais tellement envie que les gens s'entendent et se respectent dans tout ce qu'ils sont. Tu vois ? Et c'est hyper intéressant de voir qu'en fait, quelque part, j'y prête pas d'importance parce que c'est comme ça et je trouve qu'il y a des choses vachement plus intéressantes que ma petite vie, mais qu'en fait, tu te rends compte qu'à ta manière, tu t'es mis quand même sur des sujets où tu as essayé un petit peu de faire bouger les lignes. Moi, j'ai 56 ans. Je suis maman solo de trois enfants, dont deux très grands et un qui grandit trop vite, le petit dernier, qui est le co-fondateur d'ailleurs de la start-up Andiroad qu'on a fondée en 2018. Je suis d'origine parisienne, mais maintenant, depuis le confinement, je vis en Corse et je suis très, très bien. Et ma santé, en plus, va beaucoup mieux. Donc, je suis contente. J'ai tout gagné. Et puis, voilà. On va dire que dans ce qui me définit, j'ai des fonctionnalités, on peut dire comme ça, parce que c'est plus joli, qui sont différentes de la plupart des gens dans le sens où je suis atteinte de surdité, je ne suis pas appareillable et pas opérable. Donc effectivement, j'ai été très isolée parce qu'en plus, je n'ai pas compris tout de suite que j'avais des problèmes de surdité et je voyais les gens répondre super rapidement aux questions, rigoler, etc. Comment ils font pour aller aussi vite ? Moi, il me manque des infos, je n'ai pas compris. Et je me sentais forcément nulle puisqu'il y avait ce décalage. Je me suis dit, ils sont super forts, ils comprennent tout tout de suite. Moi, je ne comprenais rien. Et puis en plus, quand tu es petit, tu ne mets pas forcément des mots. Tu ne connais pas le handicap, tu ne connais pas la maladie, tu n'imagines pas tout ça. La seule chose, c'est que je me sentais quand même super différente, super isolée. Et je m'ennuyais à mourir aussi. J'étais un peu dans ma bulle. Et puis, les problèmes moteurs, ils sont venus à partir de l'âge de 10 ans, où j'ai eu une grosse crise, une fois, de douleur, etc. Très jeune. Je n'ai pas tilté non plus. Puis, quelque part, ce n'est pas important. Puis après, j'ai été paralysée. Je suis tombée dans la rue. Je ne sentais plus mes jambes, etc. Mes cerveaux, au bout d'un quart d'heure, tu vois. Et tout ça, j'ai mis un peu de côté en me disant, oui, j'étais peut-être fatiguée. Je ne sais pas comment fonctionne un corps. Je suis nulle là-dedans. Très jeune. Oui, puis il y a plein de choses auxquelles, contrairement à maintenant, où on ose parler de certains sujets. Tu vois, c'est comme l'autisme, je l'ai appris super tard. Pour moi, j'ai des questions que, je ne sais pas, c'est comme le fait d'être multipotentiel ou autre. Même quand j'ai vu, j'ai connu ça grâce à mes filles en fait, qui ont eu un parcours un peu compliqué. Ils m'ont dit mais forcément ça va être dans la famille, quelqu'un concerné. Je dis ben pas moi. Surtout quand on a su laisser tomber, il n'y a rien d'intéressant à croiser. Mais du coup ça m'a permis de me mettre à écart et d'essayer de réfléchir à certaines choses. Mais c'est surtout que du coup mon parcours a été compliqué parce que le fait de fonctionner autrement, de me sentir isolée. En même temps, j'avais des rêves incroyables, comme tous les enfants. Et surtout, quand j'ai compris que ça allait être compliqué, que je ne pourrais pas me déplacer facilement, que je fonctionnais différemment, etc. En même temps, ça m'a donné une super imagination, en me disant, je ne sais pas à quelle allure ça va aller, la maladie, les épreuves. Je suis restée quand même dix ans, d'abord en fauteuil manuel et après en fauteuil électrique, perdre son autonomie, dépendre des autres, même pour manger. Même pour s'habiller, d'être obligé de demander à ses enfants d'être tournés dans quand tu es en crise et que tu es paralysé, qu'ils soient obligés d'être autonomes. Il y a plein de choses qui ont été compliquées, d'oser l'assumer parce que je l'ai caché. J'ai essayé de masquer pendant des années parce que j'avais peur de la réaction des gens, même des investisseurs, même des partenaires, en me disant le jour où je leur dis j'ai cette vulnérabilité, j'ai cette fragilité, quelque part qui n'est pas importante pour mon métier puisque je n'ai pas besoin de me servir. sur le principe de mes jambes et même de mes bras, à la récord, tout ce qui... Quand tu faisais du conseil en stratégie,

  • Speaker #1

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, et je me disais, d'un côté, c'est pas grave, mais je vois bien que ça crée quand même des malaises. Quand j'ai vu qu'après, en plus, quand je suis arrivée à la fin de mes études et qu'on m'a dit ça va pas le faire, vous êtes jeune, vous êtes une femme, vous voulez faire de la stratégie. Et à l'international, style, vous prenez pour qui ?

  • Speaker #1

    Et vous restez chez vous,

  • Speaker #0

    mademoiselle. pour entendre, pour vous déplacer. On m'a pris de haut et on m'a dit c'est mort pour vous. Donc je me suis pris pas mal de claques et puis constamment au fur et à mesure, parce que même encore maintenant j'en ai, on me dit mais madame quand on est une femme et en situation de handicap, on prend pas de poste à responsabilité.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    Pardon ? Je n'ai pas bien compris là, on est en quelle année, qu'est ce qui s'est passé ? Et comme je traduis... et forcément mal, parce que c'est pas un outil parfait, puis il suffit que je sois fatiguée, ou que j'ai du mal à me mettre en état de traduction, parce qu'il y a des personnes où, je sais pas pourquoi, des fois ça bug, maintenant j'ai compris, mais ça fait que quelques semaines, que mon corps, quand il voyait que la personne n'était pas forcément sympathique et me jugeait, et bien en fait j'ai remarqué que j'en arrivais pas à traduire,

  • Speaker #1

    parce que tu le ressens en fait,

  • Speaker #0

    maintenant j'ai compris pourquoi il y a des gens, je dois répéter quatre fois, et même au bout de... coup de la quatrième fois. Je me dis, Stéphanie, tu fais ça depuis des années, et là, tu n'y arrives pas. Donc,

  • Speaker #1

    je me remets en pause.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est génial. C'est que mon corps me dit, même pas en rêve, tu travailles avec lui. Donc, je suis trop contente de ma découverte. Je me dis, au fait, il faut vachement s'écouter.

  • Speaker #1

    Et donc,

  • Speaker #0

    je suis encore face à des personnes. Au lieu de se dire, on fonctionne tous différemment, et d'ailleurs, tant mieux, on s'en réjouit. Moi, j'ai toujours trouvé que c'était fabuleux. Il y a plein de pays dans le monde, il y a plein de cultures, il y a plein de spiritualités. Et en plus, quand tu sais que tu es isolée et que tu n'as peut-être pas beaucoup de temps dans ta vie parce que tu vas avoir la maladie, tu vas avoir des difficultés à te déplacer, etc. Moi, je me suis dit, vite, il faut que je fasse le tour du monde. Comme ça, quelque part, ça va me permettre, quand je serai définitivement paralysée, de me dire, je vais m'ennuyer, mais j'aurai des beaux souvenirs déjà, et puis je l'aurai fait. Donc, j'ai... placer la barre non pas haute mais par rapport à moi mes rêves et mes ambitions je me dis même si ça dure qu'un an je vais absolument faire ce genre de métier et la stratégie parce que un je m'ennuie très vite donc il faut un jour que ce soit des aspirateurs le lendemain des radars électroniques le lendemain autre chose mais j'ai besoin tout le temps tout le temps de réfléchir de me nourrir parce que je sais que l'intelligence est limitée la culture aussi et que ça appuie sans fin Et je savais que je ne pouvais pas être sur un métier où on me dise votre plan de carrière dans 5 ans, c'est ça. Dans 10 ans, c'est ça. On me l'a fait, le premier entretien que j'ai eu là-dessus. J'étais déprimée, je n'avais pas encore commencé de travailler. Je me voyais en dépression. Je dis, je vais voir tout le temps les mêmes collègues. Je vais manger tous les jours à la cantine avec le même plateau repas. Je vais... Enfin, moi, ça m'a... Mais non, mais... Vous savez, ce sont des images vraiment qui me sont venues à l'esprit en me disant à quel... Déjà, le premier repas, je me suis ennuyée. Je me dis, il me reste combien à passer ? Mon bureau, il n'y a rien qui va changer. La plante sera au même endroit.

  • Speaker #1

    Se reconvertir, c'est souvent plus une nécessité qu'un choix. C'est un processus complexe qui peut paraître insurmontable. Et personnellement, je pense que personne ne peut le faire seul. C'est pour ça que j'ai été séduite par Jobtimis. Depuis 14 ans, Jobtimis accompagne les professionnels dans leur reconversion avec un accompagnement bienveillant et personnalisé, alliant expertise humaine et outils d'intelligence artificielle. Ce qui fait leur force, c'est leur capacité à suivre les tendances RH, tout en offrant une flexibilité qui s'adapte aux besoins et au rythme de chacun. Le sentiment d'être perdu, oublié, revient souvent dans les études RH, mais Jobtimise vous aide à transformer ce doute en un projet structuré. Spécialiste des bilans de compétences et des transitions internes, ils permettent aux entreprises et aux salariés de naviguer sereinement vers de nouvelles opportunités, avec un cadre bienveillant et une approche qui vous place toujours au-dessus. au centre. Alors si vous avez l'impression que c'est le moment pour vous de changer, de redonner du sens à votre carrière, sachez que Jobtimis est là pour vous accompagner avec flexibilité et bienveillance tout au long de cette transformation. Et ce n'est pas tout. Pour rester à la pointe et maximiser votre employabilité, Jobtimis propose des formations certifiantes en intelligence artificielle avec une approche pratique et personnalisée. Ces formations vous donnent les clés pour créer votre IA personnalisé, comprendre le traitement des données ou encore explorer les applications concrètes et saisir les limites. Les résultats ? Selon le rapport AI de Stanford 2024, ceux qui maîtrisent l'IA générative surpassent leurs collègues avec plus 12% de productivité, plus 24% de rapidité et plus 41% de qualité. Alors êtes-vous prêt à prendre le virage de l'intelligence artificielle ? Avec Jobtimis, ne vous contentez pas de suivre les tendances. mais devenez vous-même un moteur de l'innovation dans votre secteur.

  • Speaker #0

    Je dis non, je ne peux pas. Donc la stratégie, c'était pour cette raison. L'international, pour compenser le manque de... les difficultés de mobilité. Et puis de se réjouir, effectivement, de se dire tous les jours que c'est une problématique différente. Et ça, je trouvais ça hyper excitant. Donc en fait, c'est là où tu te rends compte que tu choisis sans choisir. Parce qu'après, quand tu te retournes, il y avait quand même des... On pouvait pressentir certaines choses. mais effectivement ce qui est intéressant c'est de savoir aussi qu'on en apprend tous les jours on apprend de moi je dis pas des échecs parce que pour moi ça a jamais été un mot péjoratif tu vois quand j'ai travaillé pour la première fois aux Etats-Unis ils étaient super déçus parce qu'en fait ils embauchent au nombre d'échecs que t'as fait quelqu'un qui a coulé 17 boîtes a plus de chances qu'on lui fasse confiance que jeune ou pas jeune, ou blonde, ou je ne sais pas quoi, par rapport à celui qui n'en a pas fait beaucoup, puisque l'autre, en fait, il a appris 17 problématiques.

  • Speaker #1

    On ne peut pas qu'il écoule non plus toutes ses boîtes.

  • Speaker #0

    Mais tu vois ce que je veux dire sur le principe ? Et donc, en ayant été très tôt dans cette culture-là, puisque j'ai fait mon premier SES, j'avais 21 ans à la Zegas, et là, personne ne te regarde de travers le handicap ou la différence.

  • Speaker #1

    Ils sont plus ouverts, finalement.

  • Speaker #0

    Alors, ils sont plus ouverts. Et c'est surtout que moi, pour avoir travaillé dans la tech depuis maintenant 30 ans, c'était beaucoup moins compliqué il y a 30 ans. Il y a beaucoup de questions qui ne se posaient pas. La présence des femmes, on ne se demandait pas si elles étaient là ou pas là. Et moi, j'avais 21 ans, on ne m'a jamais dit, tu es une femme, tu es trop jeune, tu ne viens pas dans la tech. Alors que maintenant, quand on voit que... Moi, je dis souvent, quel est le pays au monde dans lequel... Seulement 2% des femmes trouvent du financement pour leur projet. Et quand tu dis c'est mon pays, c'est la France, tu vois, je me dis à quel moment on est dans une société à l'heure actuelle où seulement, en tout cas 98% des femmes sont obligées d'abandonner parce qu'elles ne trouvent pas de financement. Et c'est pareil, tu vois, le fait qu'on ne dise pas, ok, on se met tous autour d'une table, il y a un truc qui ne va pas.

  • Speaker #1

    Il y a de plus en plus d'initiatives.

  • Speaker #0

    Il y a des initiatives, mais on reste comme dans le handicap, où c'est des initiatives isolées. Ça ne veut pas dire qu'elles n'ont pas d'impact et qu'elles ne sont pas importantes. Mais il n'y a pas une prise de conscience collective en disant on y va Et sur les femmes, ce qui me dérange dans les discours que j'entends, c'est de dire vous manquez d'audace La porte est fermée. Je peux avoir de l'audace. Si elle reste fermée, qu'on ne l'ouvre pas. Je reviens sur l'inclusivité. S'il n'y a pas des portes qui s'en trouvent, on peut être 2000 derrière. Si derrière, ils ont 1000 verrous, on ne passera pas. Donc,

  • Speaker #1

    il faut se dire...

  • Speaker #0

    Mais n'empêche qu'il y a toujours des blocages. Et à quel moment on ne se dit pas c'est quoi les freins, c'est quoi les obstacles ? Ça peut être des biais, ça peut être plein de choses. Et qu'est-ce qu'on met en place ? Et d'avoir une vraie stratégie, tu vois. Quand on me dit, vous n'êtes pas assez nombreuses, il faut aller témoigner à droite, à gauche, dire aux femmes, venez. Ok ? Si on n'a toujours pas ouvert les portes, on peut être 2000 derrière, c'est une porte blindée, on ne passera pas. Et tu vois, de mettre le problème sur les femmes en leur disant, vous n'êtes pas assez audacieuse, ambitieuse, il faut qu'on soit plus nombreuses, etc. De nouveau, on détourne la vraie problématique qui est qu'on est dans une société discriminante, voire violente, parce que ne pas trouver du financement pour son projet, c'est une violence financière. Tu vois, de ne pas trouver dans le numérique. C'est pareil, c'est perpétuant.

  • Speaker #1

    Après, il y en a quand même qui s'en sortent.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu vois.

  • Speaker #1

    Mais c'est plus rare,

  • Speaker #0

    effectivement.

  • Speaker #1

    Et du coup, en parlant des femmes de levée de fonds et d'entrepreneuriat, je pense que c'est le bon moment de parler de Andy Road, que tu as créé en 2018. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    Alors, en fait, par rapport à mon métier, où je me déplaçais partout dans le monde, mais j'avais la maladie. qui me faisait quand même me déplacer plus comme une tortue ou un escargot qu'autre chose. J'ai eu des vraies problématiques pour trouver des hôtels accessibles, des taxis qui acceptaient de prendre mon fauteuil roulant. Dès qu'ils arrivaient, ils voyaient mon fauteuil roulant, ils disaient Ah non, ça ne va pas rentrer, il faut le plier, ça les embêtait. Des restaurants accessibles ou des toilettes accessibles dans le restaurant où je peux descendre autrement que par les escaliers en colimaçon. Et... Et puis d'être aidée. Tu vois, quand je suis paralysée, il faut que quelqu'un me porte mon ordinateur ou mes dossiers. Donc ça veut dire avoir un aidant professionnel. Donc j'ai cherché des solutions. Je me suis dit, c'est quelque chose qui est universel. Je vais aller voir du côté de la tech. Il y a sûrement des petits malins qui ont pensé à ça. J'ai trouvé des outils, mais qui étaient soit mal faits, qui ne répondaient pas bien à la problématique. Il n'y avait pas l'aspect sécurisation. Alors que nous, notre premier besoin, c'est de récupérer de l'info pour être rassuré et sécurisé du compte d'euros. Je prends le risque de sortir parce que quand je vais arriver à l'événement, il n'y aura pas des graviers qui vont empêcher mon fauteuil roulant de rouler. Enfin, tu vois, ça peut être tout un tas de choses. Et du coup, je passe un temps fou à chercher des infos à droite, à gauche, à trouver des aidants qui allaient m'attendre à l'arrivée. Parce que c'est pareil, tu arrives de l'aéroport, tu attends ta valise. Quand tu es paralysé, à quel moment je récupère ma valise avec les dents ou je ne sais pas c'est quoi l'idée et je vais jusqu'à la station de taxi. donc voilà, j'ai rien trouvé et puis j'ai un petit garçon qui était mon aidant du quotidien à l'époque qui avait l'habitude de me conduire en fauteuil roulant et pour lui c'était un jeu, il trouvait ça super rigolo sauf que à un moment donné il a commencé à buter contre les trottoirs les poubelles qui nous gênaient qui nous empêchaient de passer, les voitures mal garées donc là il a commencé un peu à s'énerver et trouver ça beaucoup moins drôle et en fait Comme quand je suis en difficulté, que je suis fatiguée, etc. J'ai toujours le téléphone à main pour lui dire on va à droite, à gauche, tout droit. Donc j'ai Waze. Et c'est la grande rigolade pour tout le monde parce que je ne suis pas en voiture, mais j'utilise Waze. Et en fait, ça m'a servi. Parce que Calixte, tout d'un coup, il me dit mais maman, c'est super simple en fait. Il me dit on va faire un Waze pour les personnes handicapées. Il me dit on enlève les radars, les gendarmes, etc. Il me dit on met les obstacles, on met les poubelles. J'ai dit, OK. Mais là, tu vois, moi, je suis maman. On va rentrer, tu manges et tu vas au lit, tu te laves les dents parce que j'ai autre chose à faire dans ma vie, contre la maladie. Il avait quel âge ? À 5, 6 ans. Incroyable. Mais ce qui est intéressant chez les gamins, c'est qu'ils n'ont pas de filtre. Donc, ils se passent, ça va être compliqué, ça va prendre du temps. Il y a beaucoup de data et de la donnée sensible parce qu'on est sur la santé, etc. Donc, c'est maman tous les soirs.

  • Speaker #1

    Mais c'est éludant.

  • Speaker #0

    Mais quand, en fait ? Je t'ai trouvé ta solution. C'est comme maintenant, quand il va pitcher, il me dit T'as vu, je t'ai ramené d'aller à telle société, c'était facile. Je dis Ok, super. Tout est simple pour eux. C'est hyper intéressant, en fait. Et du coup, à un moment donné, et moi-même ne trouvant pas d'outil, à un moment donné, j'ai dit J'en ai marre, je vais faire l'outil, ne serait-ce que pour moi. Il ne me servira qu'à moi, mais ce n'est pas grave, mais on va le faire. Et du coup, ce qui est intéressant, c'est aussi que, comme je connais cette problématique depuis des années, Il y a cette capacité d'anticiper, de savoir ce qui va marcher, ce qui ne va pas marcher à coup sûr. Et je pense que le trait un peu particulier d'Andyraude, pour moi, il y a des choses qui sont importantes. C'est le fait d'avoir compris que les dents et le PMR étaient indissociables. Ça peut être mamie qu'on emmène chez le coiffeur, mais tous les deux ont besoin d'infos et d'être sécurisés et de savoir si c'était bien à l'arrivée, etc. Donc c'est déjà d'avoir fait une solution où ce binôme, on dit toujours non, non, il faut avoir... qu'un seul personna, c'est pas possible, ils sont indissociables. La deuxième chose, c'est la notion d'entraide et de solidarité autour du projet. En ce moment, ça peut tous nous arriver, et ça coûte pas cher de donner de l'info, tu vois. Donc il y avait cette volonté aussi d'entraide et de stimuler des vertus humaines de solidarité qui n'existent pas forcément sur ces sujets. Et puis de se dire, c'est un outil tech, agile, réactif, on ne pourra jamais tout mettre aux normes. Donc qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer la situation en attendant que... Donc, du coup, on s'est lancé là-dedans. Et c'est une aventure merveilleuse parce qu'elle est, humainement parlant, hyper intéressante. Elle permet de parler de sujets de société, mais aussi des sujets d'innovation technologique qui peuvent être mis au besoin de chacun. On est quand même dans le bien commun, dans la tech for good, dans l'IA for all. Et du coup, ça me plaît parce que ça rejoint des valeurs qui... qui pour moi sont super importantes. Mais la difficulté, c'est, une fois de plus, on revient sur de la discrimination, c'est qu'on est sur une cible, on me dit oui, ils ne vont pas consommer, etc. Ou alors, effectivement, on me dit prenez un homme comme cofondateur.

  • Speaker #1

    On t'a dit ça ?

  • Speaker #0

    Ou alors, on me dit un homme valide.

  • Speaker #1

    Forcément.

  • Speaker #0

    Alors oui, comme aidant ! Mais pas comme associée. Je me débrouille comme une grande. Ça fait 30 ans que je suis dans la tech et dans l'entreprenariat.

  • Speaker #1

    C'est un peu comme les assurances.

  • Speaker #0

    Mais d'ailleurs, je ne peux pas prendre d'emprunt parce que tous les questionnaires de santé, je suis...

  • Speaker #1

    Tu en es où dans le projet ?

  • Speaker #0

    Donc là, la bonne nouvelle, c'est qu'on en a assez d'attendre. Donc au lieu de passer par les chemins classiques, comme ça ne marche pas. Et en plus, l'idée du complet... C'est qu'on va lancer en octobre une campagne de crowdfunding, parce que l'idée en plus me plaît de me dire, on aura co-construit. Tu vois, c'est un projet, c'est la société civile, c'est les gens en fait qui ont envie, il y a beaucoup de gens qui me soutiennent et c'est juste fabuleux, mais on n'est pas concernés, mais on a juste envie de contribuer, même si c'est pour un euro, cinq euros, ou te donner de la visibilité, parce qu'ils trouvent que c'est un sujet impactant et hyper intéressant. Et donc l'idée du coup du crowdfunding que je n'avais pas envisagé avant, Je me dis en fait c'est top, parce qu'en plus on va se sentir soutenu et pas tout seul, dans notre un peu désespérance, on n'avance pas. Et l'idée c'est aussi de, on va l'annoncer dans quelques temps, mais de trouver aussi une solution pour faire patienter les collectivités, les territoires qui ne veulent pas déployer l'outil parce qu'ils ne sont pas pressés, parce qu'ils trouvent que ce n'est pas super prêt. Dans la smart city pourtant il y a même une problématique. Voilà, alors il parle de villes 100% accessibles, qui ne l'est pas du tout. Je ne connais pas cette ville. Et je me dis, effectivement, ces obstacles, c'est aussi le fait qu'il n'y ait pas d'action, il n'y ait pas de stratégie sur la mobilité. Pour rendre mobiles ceux qui le sont au moins, pour rendre mobiles ceux qui le sont déjà, c'est-à-dire les trottinettes, tu es déjà mobile, tu as les trottinettes, il y a les vélos. Ceux qui ne sont pas mobiles, on ne fait rien pour eux. Donc, du coup, ça me plaît plutôt bien, tu vois, cette idée de se rassembler. Et d'être ensemble autour d'un projet, je trouve ça plutôt top. Donc, écoute, on a eu le salon. On a fait notre premier salon à Vivatech. Oui,

  • Speaker #1

    à Vivatech en plus.

  • Speaker #0

    Oui, et ça a super bien marché. On a eu des super échos, des bons retours presse. Calixte, mon petit garçon qui maintenant a 13 ans, il peut aller pitcher à ma place. Moi, ça m'amuse et ça m'arrange. Je peux m'en reposer. Il fait des interviews à BFM, comme si c'était super normal. Mais parce que c'est sa problématique au quotidien aussi, tu vois. Et puis que ça lui tient à cœur, mais c'est pas du tout ce qu'il veut être, ni entrepreneur, ni être dans la tech, etc. Mais par contre, il veut être juge, juge pour enfants. Voilà, parce que quand on touche au handicap, à la maladie, à la vulnérabilité, on est aussi sur des sujets très graves sur lesquels il n'y a pas de la maltraitance, parce qu'on dit de la maltraitance pour masquer un peu les drames au quotidien de violences. que dans les... On parlait de chiffres tout à l'heure, mais 80% des femmes en situation de handicap sont victimes de violences au quotidien. Je reviens sur les quiz, si on faisait ce genre de choses. Dans quel pays, 80% des femmes en situation de handicap sont victimes de violences ? Jamais on répondrait la France. Et c'est un angle mort des politiques publiques, etc. Et je parle de ce sujet parce que Calix, ça lui tient à cœur. Et c'est pour ça que la violence et la maltraitance et tout ce qu'on peut imaginer de dramatique sur des personnes vulnérables... Ça peut être l'abus de confiance, ça peut être les violences financières, ça peut être les violences professionnelles aussi, tu vois. Et de se dire à quel moment on le sait et on fait rien, tu vois. Donc voilà, ce que je trouve chouette, c'est qu'à une époque où on peut parler de plein de choses, il est très libre par rapport à moi, tu vois, qui avait peur de déranger, qui avait peur de ne pas être à ma place, etc. Il y a une génération, on y va. Oui, il a la fenêtre aussi,

  • Speaker #1

    il ne l'a pas. Oui,

  • Speaker #0

    et puis pour lui, c'est une évidence. Et par moment, quand je suis valide, que je ne suis pas en fauteuil, ou que je n'ai pas parlé de mon handicap, et qu'on a un problème quelconque, en disant, on se retrouve à tête. Et il dit, mais elle est handicapée, vous n'avez pas vu ? Je dis, mais tout le monde ne le sait pas, mon chéri, il n'était pas forcé de le crier. Mais pour lui, c'est... À quel moment on n'est pas précautionneux, et on ne se dit pas, il y a peut-être quelqu'un qui est en difficulté. Est-ce que je peux être utile ? Tu vois, le sens d'être dans la solidarité. Calyx, dès qu'il voit quelqu'un dans la rue, que ce soit une personne âgée ou un enfant, il s'inquiète. Tu vois, il a cette hyper-vigilance sur toutes ces problématiques. Mais ce qui est chouette, c'est de partager cette aventure aussi avec Calyx et peut-être d'inspirer d'autres personnes qui connaissent d'autres problématiques en disant, écoutez, si moi et mon petit loulou, on a réussi un petit peu à avancer et à visibiliser ce sens. de problématiques. Chacun peut le faire. Il n'y a pas de raison.

  • Speaker #1

    Et comment on peut retrouver ta campagne de crowdfunding ?

  • Speaker #0

    Je vais l'afficher début octobre. J'ai déjà mis un lien sur mon compte Insta et LinkedIn. Dès que la page projet sera prête et validée, même si vous ne pouvez pas contribuer, vous pouvez me... Voilà, la republier pour toucher le plus grand nombre. Parce que l'idée, c'est vraiment, tu parlais des Jeux Olympiques, mais moi, j'aimerais bien que derrière, il y ait un hashtag style Rendre le monde accessible à tous où je ne suis pas PMR, mais je suis anglo-sgaardienne parce que dans la solution, on a une grande communauté qui est hyper engagée. Et dire que tout le monde peut contribuer. Ça peut être donner de l'info, ça peut être juste le temps de laisser traverser mamie et de l'aider. Ça coûte 10 secondes de ton temps. d'être vigilante. On aimerait bien que, à la rigueur, on est en train de réfléchir avec Calix à faire un visuel que les gens auront qu'à repartager en disant je soutiens etc. Et puis même tous tes sponsors et ces athlètes qui puissent nous donner un coup de main parce qu'en fait, on est sur quand même une start-up à impact, non seulement positif, mais où on veut essayer au moins de changer de regard. Si l'outil, on n'a pas... tous les fonds pour le créer, mais qu'on a réussi à provoquer quelque chose, on sera déjà super content.

  • Speaker #1

    En plus, tu peux l'exporter. Stéphanie, tu sais que le concept du podcast, c'est aussi de faire intervenir quelqu'un de ton entourage pour une pause amicale. Alors, il y aura moins de surprises cette fois-ci, mais je pense que ça te fera quand même plaisir de retourner dans tes souvenirs. Je te passe... Le téléphone.

  • Speaker #2

    J'ai rencontré Stéphanie lors d'un événement de femmes entrepreneurs. Et je l'avais déjà entendue sur un podcast, je l'avais trouvée incroyable. Et en fait,

  • Speaker #0

    comme je cours avec une femme handicapée, et qu'elle essaie toujours de bouger malgré son handicap,

  • Speaker #2

    je lui avais promis qu'on ferait une course qui serait à la fois sa première course à elle. Et en même temps, on ouvrirait une cagnotte pour Andy Road, qui est sa start-up. Et on l'a fait. Je lui avais fait cette promesse en début d'année. Et quelques mois plus tard, en septembre, on a fait la parisienne, où elle était en joaillette. Elle fait ses premiers 10 kilomètres, qu'elle a même passé debout. C'était une émotion absolument incroyable. pour elle et puis pour les 30 femmes qui nous avaient rejointes, puisqu'on avait ouvert l'inscription pour 30 coureuses, grâce à un sponsor Organon qui nous a permis de faire cette course, et à l'association Dune d'Espoir qui nous avait prêté la joaillette. Ça a été une superbe course, c'était un super moment de grande sororité. Tout le monde faisait un effort, ce n'était pas des coureuses chevronnées qui étaient là, c'était parfois des femmes qui faisaient leurs premiers 10 kilomètres, ou alors qui... courait après des cicatrices physiques ou psychologiques. Donc voilà, c'était, comment dire, symboliquement, un petit peu Stéphanie au quotidien, c'est-à-dire qu'il se bat contre ses douleurs, son handicap, pour vivre sa vie, aller au bout de ses projets, et surtout continuer de donner du temps aux autres, ce que je trouve absolument incroyable quand on vit avec justement la douleur et le handicap, et en ça je la trouve absolument incroyable. Elle a une énergie dingue, elle est extrêmement généreuse. Et même si elle dit que c'est grâce à Calyx que j'embrasse son fils, elle se le doit bien à elle-même. En tout cas, je voulais profiter pour lui faire un gros bisou et lui dire que ce moment avec elle, lors de la Parisienne, avec le groupe des résilientes, elle fut un moment extraordinaire. Voilà.

  • Speaker #0

    Merci Nathalie. Je ne sais plus. Alors, c'est compliqué parce que... Je suis émerveillée de voir que des personnes qui me connaissent à peine, en même temps, prennent soin de moi et suivent mon petit délire aussi. Je trouve que j'ai une chance incroyable parce que j'ai croisé Audrey. En fait, je ne peux pas courir mécaniquement. Et je vais être encore opérée à plusieurs reprises. Pour l'instant, on fait des grèves, des reconstructions partielles. On essaie de faire ce qu'on veut pour que je tienne. Mais mécaniquement, déjà, j'ai réappris à marcher. Ça, ça va, je peux monter un escalier, mais c'est tout. Je ne peux pas courir, je ne peux pas... Et pourtant, je me suis préparée un an pour la course. Mais pour faire quelques mètres. Mais déjà, ces quelques mètres, il m'a fallu un an d'entraînement quand même pour essayer de trottiner, d'avoir l'air d'une vraie coureuse. Et en fait, quand j'ai dit ça à Audrey, quand on s'est croisés à l'occasion d'un... d'un événement, déjà elle se met à pleurer, je dis mais c'est pas grave, tu vois, j'ai pas de maladie mortelle, j'ai pas de... Je dis non, ma vie elle est compliquée, mais voilà. Et j'étais hyper embêtée de l'avoir aimée comme ça, elle me dit écoute, je vais te faire une promesse, quelqu'un que tu connais depuis quelques minutes. Incroyable. Et elle me dit je vais te faire une promesse, je te promets que l'année prochaine, je t'emmène courir, et en plus ça sera à la Parisienne. Je me suis dit, elle est adorable Audrey. Elle ne comprend pas que je ne vais pas pouvoir courir. Donc je ne sais pas ce qu'elle a en tête à ce moment-là. Et j'ai envie de lui dire, ok, mais il y a un moment donné, il faut atterrir. Et au fur et à mesure, elle m'a très délicatement monté cette proposition. Elle a quand même réussi à fédérer des femmes qui allaient courir en mon nom, mais qui ne me connaissaient pas du tout. Donc en plus, elle s'entraîne toute l'année pour moi. qu'elles ne me connaissent pas, on a pas vu ni rien du tout. Et cette générosité, cette puissance, cette volonté de prendre soin, mais de faire un cadeau juste merveilleux et dont je n'ai toujours pas atterri. J'ai trouvé ça tellement beau, tellement émouvant, tellement généreux. Donc tout ce qu'elle dit, moi je ne me suis pas entraînée. Je ne fais même pas un dizaine de ce qu'elles ont pu faire pour moi. et ce qui était génial c'est qu'en fait elles sont entraînées à courir avec ce qu'on appelle une joaillette donc elles me portaient elles couraient alors que c'était des femmes qui avaient traversé des épreuves terribles en termes de santé qui étaient en reconstruction donc déjà elles donnent leur temps à quelqu'un d'autre qu'elles connaissent pas du tout qui peut être une peste ou n'importe quoi tu vois moi je me dis à quel moment et elles courent et en plus elles portent la joaillette on voit pas forcément c'est hyper lourd, il y a mon poids euh... plus, elles, les kilomètres qu'elles font, tu vois. Et c'était magnifique parce qu'en plus, à l'arrivée, elles m'ont... On s'est arrêtées quelques mètres avant et elles m'ont laissé faire une espèce de course à moi. Et tu sais, de franchir une ligne d'arrivée, déjà, c'est-à-dire, je l'ai fait, même si c'était compliqué, même si c'est pas comme tout le monde et même si... Et cette récompense incroyable d'avoir le sentiment d'avoir réalisé un de mes rêves. Et en plus c'était super beau parce que Calixte était à l'arrivée. Donc là, ça a été la catastrophe. Je me suis écroulée dans ses bras parce qu'entre l'émotion, la fatigue, les douleurs, tout ce qu'on venait de vivre ensemble. Et tu vois, c'est un peu l'idée d'Enduro. C'est-à-dire, on va se battre, mais on va y arriver. Mais ensemble, c'est ça qui compte. C'est pas d'être fois deux, fois dix. C'est le dernier de mes soucis avec Enduro. C'est un projet vraiment qui n'a rien à voir. Il a un but plus grand. Ouais. Et d'aller au-delà, c'est ce qui m'inspire et qui me permet tous les jours de me dépasser, c'est d'être sur des sujets à impact, où je vais aller au-delà de ma petite personne. Et je vais me dire, il y a des causes hyper importantes sur lesquelles il faut se concentrer. Et le fait de moi, de me décentrer par rapport à ma problématique, et de ne pas me dire toute la journée, j'ai mal, je ne suis pas de rien, je ne vais pas y arriver. J'essaye, au pire ça ne marche pas, mais j'aurais essayé, c'est ça qui me motive. Et puis d'essayer de contribuer, même si c'est une petite goutte d'eau, mais je me dis... J'aurais essayé, j'aurais été utile une fois dans ma vie. Et ce que je trouve très beau dans cette démarche, c'est que tu vois, Audrey, je l'ai rencontrée, et je continue à rencontrer des femmes, c'est souvent des femmes, mais il y a aussi des hommes qui sont absolument formidables, comme Philippe Trottin de chez Microsoft, qui depuis le début est hyper bienveillant par rapport au projet, qui est un homme juste formidable, et j'en ai croisé quand même quelques-uns. Et tu vois, depuis, ça m'a ouvert une autre porte en me disant, allez, qu'est-ce que je pourrais faire d'autre que je ne peux pas faire ? Donc là, j'ai fait mon premier vol en parapente. Je tente de monter le sol à l'arrivée, parce que je n'ai pas le droit aux impacts, je n'ai pas le droit aux chutes. Il faut que je fasse hyper attention à tout. Donc c'est vraiment le binôme qui a amorti l'impact. Et là... Je rencontre quelqu'un qui me dit, moi je te promets, on ne se connaisse pas, c'était l'anniversaire d'un ami de mon petit garçon, un anniversaire d'enfant, et il me dit, j'ai regardé ce que vous faisiez, j'ai envie de... Il me dit, je suis prof de parapente, ça fait 30 ans que je fais ça, je vous promets, il ne vous arrivera rien. Et à l'atterrissage, il n'y aura pas un orteil qui touchera le sol, vous n'aurez aucun impact.

  • Speaker #1

    Ça me fait des frissons.

  • Speaker #0

    Et donc, d'être dans les airs, pour quelqu'un qui est immobile, qui est souvent... Voilà, isolée, etc. De se dire, il y avait des oiseaux qui étaient à notre hauteur. J'ai... Je voyais la mer en plus en Corse, tu vois. C'était super beau et tout. J'ai l'impression d'être... Tu vois, c'est vraiment des moments juste incroyables. Et la dernière chose que j'ai faite, c'est que j'ai fait de la plongée. J'ai fait mon baptême de plongée. Ça faisait cinq ans que je voulais faire parce que je me suis noyée. À cause de mon handicap et d'une bâine... À l'océan, j'ai été emportée au loin et je me suis noyée, arrêt respiratoire, etc. Et je n'aurais pas dû survivre, mais j'ai beaucoup de chance. Et c'est un surfeur qui m'a récupérée, mais moi j'étais déjà partie dans le coma, etc. Et heureusement, je suis arrivée à temps, il y avait un hélico, enfin bon. Mais depuis, c'était compliqué pour moi de me baigner et tout. Et ce baptême de plongée, c'était important parce que j'avais peur de ne plus pouvoir respirer. Je me rappelais de la sensation quand tu noies d'avaler de l'eau. Et de voir que tu vas mourir, en fait. Personne ne t'entend, personne ne te voit. C'était à l'océan, il y avait des vagues de dingue. Mais je voulais essayer de passer au-delà. Alors, j'ai mis 5 ans, mais je suis super contente de l'avoir fait aussi. Alors, ça ne dure pas longtemps, mais pour moi, c'était super compliqué.

  • Speaker #1

    Essayer de dépasser une peur, c'est un traumatisme.

  • Speaker #0

    Et puis, se dire, il ne faut plus que ce soit... Tu vois, j'essaye de ne pas donner de leçons, parce que j'ai une leçon à donner à personne, mais j'essaye de faire comprendre que quand tu as eu... quelque chose, une épreuve, un drame, peu importe, ou une personne qui a été violente, qui s'est mal comportée, est-ce que tu lui donnes le pouvoir à cet événement de te pourrir le reste de ta vie ? Est-ce que tu lui donnes ce pouvoir-là ? Et le fait de passer outre et de dire, ok, tu fais, tu m'auras pas eu, tu m'auras pas détruit ma vie, etc. Et je trouve que c'est une des clés, c'est pas la seule, mais déjà de se dire, tu vois, même avec mon petit garçon, quand il a des soucis, je lui dis, est-ce que... Tu vois, il va être juge, il y a un instinct qui lui dit Pfff, n'importe quoi, tu n'y arriveras jamais. Il rentre dans la voiture à la sortie d'école, il me dit J'abandonne, je n'y arriverai jamais. Tu te moques de moi ? Ça fait des années que tu me casses les pieds avec ça. Et là, il est passé. Et il me dit Oui, mon instinct m'a dit que je n'y arriverai pas. Je dis Kex, tu te moques de moi, quoi. Est-ce que tu vas laisser à cet imbécile le pouvoir de détruire ton rêve ? Je dis À quel moment ? Il ne te connaît pas, il ne sait pas ta persévérance, il ne connaît pas le contexte et les raisons qui font que tu es hyper motivé pour faire ça. En quoi il est capable de dire aujourd'hui, ce gamin-là a 10 ans, il est inapte à devenir juge ? Donc, tu vois, c'est... Et je dis ça parce que c'est vraiment important, à un moment donné, de se dire, OK, je suis à terre, quelle que soit la raison pour laquelle tu es à terre. Mais il y a un moment donné, tu te dis, voilà, quel pouvoir, quel... Tu sais, j'ai commencé en me disant, c'est presque des coefficients. Je donnais un coefficient de 10 à un imbécile qui s'est mal comporté avec moi, qui m'a mis à terre, effectivement. et sur lesquelles j'ai eu des séquelles, etc. Ou est-ce qu'à un moment donné, non, je décide que c'est ma vie et que je reprends mon chemin. Je suis tombée, mais je me relève et on y va. Même si c'est compliqué, c'est plus lent que prévu parce qu'il y a des étapes, etc. Mais je trouve que cette image de, une fois que j'ai compris ça, je me dis, mais il m'a ruiné la vie pendant X temps, ou la maladie m'a empêchée de faire des choses pendant X temps. Est-ce que je lui laisse ce pouvoir de continuer de me casser les pieds ? Donc, je fais appel à vos idées. Du coup, j'ai réalisé au-delà de ce que je voulais réaliser. Donc, si vous avez une idée, je me dis, qu'est-ce que je pourrais essayer de faire ? Que je n'ai pas encore tenté.

  • Speaker #1

    Le parachute ?

  • Speaker #0

    Oui, mais ce n'est presque pas drôle parce que je me dis, le parapente, ça a marché. Je me dis, bon, mais c'est quand même une sacrée trouille. J'ai le vertige et tout. Mais effectivement, le parachute. Mais je me dis, parfois, tu rêves et tu... Tu reçois tellement plus. Je reviens sur Audrey ou ce que je reçois. Moi, je voulais être ermite au départ. Mon plan de vie, c'était m'empermer dans une grotte, que personne m'embête, que je sois invisible et qu'on me laisse tranquille, qu'on ne me dise pas oui, tu es handicapée, tu as ceci, tu as cela ou de moi me sentir coincée parce que je voyais bien que je ne fonctionnais pas pareil. Donc, le plan ermite, j'étais trop contente de ma trouvaille. En plus, j'adore écrire. Je vais passer ma vie à écrire, à observer. Le temps, les oiseaux, les papillons, ça me va très bien, ils sont super gentils, personne ne va me faire de mal, tu vois. Donc c'était un peu... Et je me retrouve en fait à être quelqu'un qui a envie de témoigner, qui a envie de faire bouger les lignes, qui a envie. Alors que je me disais, je n'aurais aucune utilité dans ma vie parce que je ne suis pas faite pour ce monde-là. Et parce qu'en plus, on nous apprend à avoir honte, tu vois, à force de nous dire, estimez-vous heureuse, on vous a donné un job, etc. Et le rêve qu'a réalisé Audrey, je n'y croyais pas du tout. Je la trouvais très gentille et très généreuse, mais je n'avais pas compris que ça ne va pas être possible. Et de voir que j'ai fait le parc des Princes, j'ai participé, et je ne la remercierai jamais assez, Sophie Iborra de la Tribune m'a appelée un jour et m'a dit qu'on allait faire un événement au parc des Princes. Tu vois, le casser les codes et dire que je suis en situation de handicap et que je vais au parc des Princes, je trouvais ça... Tu vois la symbolique super sympa. L'une des dernières conférences que j'ai faites, c'était à la Tour Eiffel, c'était sur l'IA inclusive et égalitaire, qui est mon dernier dada. À quel moment je me serais dit, je suis arrivée, il y avait mon portrait en gros dans la salle, etc. Je me disais, mais à quel moment ? Il m'est venu un jour. Je ne prends pas beaucoup de photos, mais je dis quand même, il faut que je montre ça à mes parents en plus. votre enfant qui a eu autant de soucis, etc. Regardez, elle est quand même à la Tour Eiffel et a fait une conférence sur une expertise quand même assez pointue de l'IA devant des dirigeants, etc. Donc, tous ces gens-là, je les remercie parce qu'il y a beaucoup de négatifs dans le parcours. Il y a beaucoup de choses difficiles, mais il y a eu plein de beaux cadeaux et de choses vraiment incroyables et de gens incroyables qui me disent Mais... Attends, moi, je vais faire ça pour toi. Qui ont envie d'être à mes côtés. Si ce n'est pas moi, symboliquement, par exemple, toutes ces femmes qui sont en difficulté et tout. Donc, évidemment, tu fais partie parce que le fait de me permettre d'en parler et peut-être que certaines d'entre vous qui m'écoutent se sentent moins bien, moins intelligentes, moins je ne sais pas quoi. Si ça peut les encourager à se dire, cette femme, elle n'avait pas toutes les clés. Toutes les cartes en main qu'il fallait. Elle en avait même des cartes assez pourries. Et elle a réussi à faire ça. Que vous croyez effectivement en vrai, en disant j'ai le droit, je peux m'autoriser. Ça sera différemment. Tu vois, le son par rapport à autre. Je ne l'ai pas fait comme tout le monde, dans les mêmes conditions, avec des harnais, avec un siège, etc. adapté. Mais je l'ai fait quand même. Et de se dire, il y a quand même des belles choses. Et il y a, malgré les discriminations, les problèmes d'inégalité, etc. Il y a quand même des gens. formidable et ça, il ne faut pas l'oublier. Tu vois, j'ai tendance à dire, la vie, c'est un formidable chaos. Pourquoi formidable ? Parce que c'est une série incessante, soit d'opportunités qui te passent devant et c'est à toi de dire Hep, attention, je suis là, regardez, j'ai envie de faire un projet, on va parler deux secondes et je ne vous laisse pas le choix d'ailleurs parce que je vous ai déjà dit tout ce que je voulais vous dire et il n'a pas avalé son petit four qu'il y a Marc Simoncini, il y a un jour, que j'ai croisé comme ça. On était à un événement à la Défense et je savais qu'il était sur un projet d'entraide de communauté pour l'alimentation, pour donner les invendus à des associations, etc. pour que l'alimentation ne soit pas perdue. J'avais déjà mon idée en tête. Il était en train de manger son petit four, il n'a même pas eu le temps de me dire oui, non, peut-être, moi j'avais déjà piqué mon truc. Et donc c'est une série incessante d'opportunités, tu les saisis ou tu ne les saisis pas, et même si tu ne les as pas saisies, tu n'étais pas prêt, ce n'est pas grave, il y en aura d'autres. Il y a celles que tu peux créer, et c'est un chaos parce qu'effectivement, même s'il y a des crises, même si les outils changent en termes d'usage, même s'il y a des choses difficiles, pour moi, et ce n'est pas mon volet forcément stratégique, c'est que forcément, Quand les lignes bougent, ça va créer d'autres choses. Et on le voit bien avec les innovations. Donc, moi, j'ai envie de dire, réjouissez-vous. Ça ne va pas être facile. Ça ne va pas être drôle. Vous allez pleurer. Vous allez avoir mal. Vous allez peut-être avoir des difficultés que vous n'auriez pas imaginées. Tu as un associé qui te fait des coups dans le dos. Il y a plein de choses. C'est un peu Sœur Emmanuelle, quand elle disait Yalla, on y va ! Allez hop, go ! On va voir bien ce qui se passe ! Mais voilà, réjouissez-vous et dites-vous que, oui, je trouve que le fait d'imaginer le chaos au lieu de le voir sous un prisme négatif, et d'ailleurs c'est ce qui permet la résilience, le voir sous un prisme, le chaos, avec de l'optimisme, avec le fait de se dire presque, moi je l'attends au tournant en me disant Qu'est-ce que ça nous réserve ? Il y a presque de l'excitation, de l'espérance. Boris Cyrulnik qui dit qu'il n'y a pas de résilience sans espérance. Si on n'espère rien de la vie,

  • Speaker #1

    on ne sera pas résilient.

  • Speaker #0

    On n'aura pas les clés.

  • Speaker #1

    360 Insights, c'est aussi un petit tour complet. Tu donnes beaucoup de messages hyper optimistes, hyper inspirants. Et peut-être qu'il y a des personnes qui nous écouteront et qui se retrouveront dans ton parcours, dans ce que tu fais, dans ta façon de voir les choses. Tu n'es pas obligé de dire oui. Merci. Mais est-ce que tu pourrais nous dire deux choses ? La première, c'est comment tu as réussi à dompter ton handicap au quotidien pour te permettre de pouvoir faire ces choses ? Parce que si un jour tu te lèves, tu es paralysé, comment tu fais ? Et le deux, c'est à quel moment dans ta vie ça a été tellement dur ? que tu t'es vue abandonner, mais finalement, tu n'as pas lâché.

  • Speaker #0

    En fait, c'est un peu compliqué parce que tu vois, c'est vraiment un process. Quand tu as été dans le déni de toi pendant des années en disant je vais être comme tout le monde, je vais masquer, je vais essayer de trouver des astuces pour compenser, etc. Quand tu t'es vraiment oubliée. C'est très compliqué de se retrouver. Et moi, pendant longtemps, et même encore maintenant, je parle de moi la troisième personne. Parce que c'est moins de douleur, tu vois ? C'est tellement émotionnel, tellement bouleversant sur certains sujets.

  • Speaker #1

    C'est toi ?

  • Speaker #0

    Ouais. Ça veut dire qu'il faut que je tarde plus.

  • Speaker #1

    Cinq minutes.

  • Speaker #0

    Ouais. Et en plus, on va les prendre, parce que je pense que ça peut être peut-être important. Le fait de s'oublier, soit, de travailler pour tout le monde. Moi, je suis dans l'aide et l'accompagnement. J'aide conseillers, j'aide accompagner les dirigeants pour qu'eux réalisent leurs rêves, mais pas les miens. Donc, quand je dis s'oublier, c'est vraiment... Moi, je voulais être invisible. Je ne voulais pas qu'on voit que j'étais différente, que je pouvais être en difficulté. Et comme j'étais convaincue que j'étais la fille la plus stupide du monde, je me disais, je réponds même pas parce qu'ils vont se rendre compte que je suis stupide, donc c'est pas la peine d'en rajouter, etc. C'est violent, c'est douloureux, il y a le rejet, il y a l'exclusion, et qui sont au quotidien, parce que ça revient à un moment donné. Tu tombes toujours sur un imbécile ou sur une situation où les gens vont te regarder de travers, etc. Je l'ai fait à un événement avec des investisseurs étrangers. où je me suis toute la journée, je vais faire le test. Je me présente, je dis, entrepreneuse, engagée, polyhandicapée, j'explique ce que j'ai et pourquoi je suis à ce projet-là. Deuxième version, la personne après que j'en compte, je ne lui dis rien. Je suis fondatrice de cette start-up. Je ne dis pas que je suis polyhandicapée. Évidemment, les jours où c'est invisible, les jours où je suis en fauteuil, ça se voit. Et bien, à chaque fois, malheureusement, dans 100% des cas, celui à qui j'ai dit tout de suite que j'étais en situation de handicap. Il commence à regarder son portable, ses chaussettes. Il dit, en fait, je vais revenir parce que, voilà, systématiquement. Donc, on n'est vraiment que là. Donc, c'est pour ça que la réponse est difficile parce qu'en fait, elle est... Là, au quotidien. Donc, en fait, il faut tous les jours se faire violence et se dire Je suis capable de... Je suis respectable... Je suis ceci... Et d'ailleurs, Calixte, qui est très intuitif, comme tous les gamins, il m'a mis des mots partout dans la maison. Le premier qui m'avait écrit quand il était tout petit, il avait pris une lettre de mon prénom. Et avec toutes les premières lettres, il m'avait mis Tu es formidable, tu es inspirante, tu es belle, tu es ce... Et il me dit comme ça. T'oublies pas et t'arrêtes de t'excuser d'être ce que tu es. Parce que c'est vrai que je suis tout le temps en train de m'excuser. Et c'est à ça qu'on reconnaît aussi les personnes qui ont eu un parcours parfois compliqué. Parce que tu ne te sens pas légitime, mais parce qu'on ne t'ouvre pas la porte. Donc ça, c'est une vraie question. Et il y a encore beaucoup de travail pour moi, mais pour toutes les personnes en général. Mais par contre, ça fait perdre beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, etc. Et moi, ce que j'aurais envie de dire, c'est... que j'ai compris très tard, c'est que c'est Frida Kahlo qui disait ça, tomber amoureuse de vous et ensuite tomber amoureuse des autres. Et effectivement, ça, je ne l'ai pas fait. Je ne m'aimais pas. Maintenant, je me supporte, je me fais rire toute seule parce que je suis maladroite, parce que ma pauvre fille m'était... Je me parle à moi-même et je te dis des fois, je ne sais pas. Mais cette dissociation, je l'ai vraiment créée, en fait. Il y avait celle, je me disais, je n'ai pas le droit de pleurer quand j'ai mal, je n'ai pas le droit de... Je peux être capable d'être en crise et d'avoir des choses très difficiles parce que les douleurs sont des douleurs qu'on ne sait pas encore soigner par la médecine.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de maladies comme ça.

  • Speaker #0

    J'ai appris à ne pas pleurer, à avoir un visage impassible. Vraiment, c'est incroyable ce qu'on peut... Mais je me dis, toute cette énergie que j'ai eue à lutter contre moi-même, j'aurais pu en faire. Plein d'autres choses. Si dès le début, j'avais dit, excusez-moi, là, j'ai mal. Là, c'est compliqué. Je vais devoir m'absenter ou me mettre en maladie quelques jours. Ou je vais travailler à la maison. Le fait de ne pas avoir osé. Et en fait, là où je veux en venir, la première chose, c'est de ne pas oublier qui on est. Et de se respecter.

  • Speaker #1

    De se respecter.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, c'est vraiment de la maltraitance. Le fait de s'oublier. De s'oublier. d'aller au-delà de ses forces de demande à son corps tous les jours. On parle du dépensement de soi, mais on est obligé parce que c'est le seul chemin. Et en même temps, on y laisse vraiment beaucoup de plumes. Donc moi, je suis pas tout à fait... J'ai un peu un discours modéré là-dessus.

  • Speaker #1

    C'est que t'avais pas vraiment le choix, en fait, parce que sinon, t'aurais pas pu faire tout ce que t'avais fait.

  • Speaker #0

    J'aurais pas pu rester chez moi. J'aurais jamais vu personne, j'aurais jamais communiqué, j'aurais jamais travaillé.

  • Speaker #1

    T'étais obligée de cacher ton handicap.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Parce que sinon...

  • Speaker #0

    Et je dis, le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire, la plus belle histoire d'amour... Parce que c'est vraiment une histoire d'amour, c'est de s'aimer soi-même, tu vois, et de prendre soin de soi comme quelqu'un dont on est amoureux. Quand t'es amoureux, t'as envie d'être délicat, tu fais attention, t'as envie de lui offrir plein de cadeaux, etc. Alors qu'on fait même pas ça pour soi-même, en fait, tu vois. C'est vrai. Je trouve ça... On devrait se le prouver. Une fois que t'as compris, tu te dis, mais on est d'une stupidité ahurissante. Je suis la personne avec laquelle je vais vivre toute ma vie. Pourquoi j'investis pas sur moi ? Pourquoi je prends pas soin de moi ? Pourquoi... Alors que si je veux aller jusqu'au bout de ma vie, il faut que je m'en donne les moyens, tu vois. Et pourquoi je réaliserais les rêves d'autrui et pas les miens ? Donc, c'est pour ça que ta question, elle est vraiment importante. Et la deuxième, c'est sur le fait que je sois fière de quoi ? Quelque chose ?

  • Speaker #1

    Un moment de ta vie où ça a été tellement dur que tu as eu envie d'abandonner. Et comment tu as surmonté ça ?

  • Speaker #0

    Alors, ma réponse ne va pas te plaire, c'est tous les jours, en fait. Mais c'est là où on voit que quand tu es dans cette démarche et que tu as réussi à mettre des outils en place, tu es à terre, mais beaucoup moins longtemps au fur et à mesure, parce que tu as des clés. Mais régulièrement, je pleure, je dis j'arrête tout, c'est trop dur, c'est trop compliqué. Quand on me fait une remarque où je me sens blessée, parce que je suis hyper sensible sur certains sujets, je me dis je ne suis pas assez bien pour le projet. Il n'y a pas longtemps encore, ça m'est arrivé de pleurer en me disant je ne suis pas à la hauteur de cette cause. Je ne suis pas la meilleure personne pour la servir parce que j'aime mon pitch. Comme j'ai des problèmes de mémoire, j'avais un peu bafouillé. J'ai eu peur que les gens se disent que ce n'est pas la bonne personne, etc. Mais ce n'est pas Stéphanie dont je parle. C'est de ne pas être à la hauteur de l'ambition du projet. Et c'est régulièrement où je me dis que je n'y arriverai pas. Ça va être trop compliqué. Et quand j'ai mal, comme tu disais tout à l'heure, quand tu es paralysé. Alors je dis je rampe parce que oui, pendant longtemps, j'avais que le bas qui était paralysé. Donc je rampais. Mais après, tu trouves des astuces même pour rire de toi-même. Stéphanie, tu es quand même chez toi, dans ton appart, comme un ranger, alors que toi, tu es tout sauf un militaire pour pouvoir aller boire ou aller aux toilettes, quand même. Je me dis, il y a quelqu'un qui me verrait. C'est quoi cette nette ? Elle fait du grand n'importe quoi. Et c'est pareil, demander de l'aide, avoir une auxiliaire de vie, tout, c'est des marchés hyper humiliants, hyper compliqués. Quand tu demandes de l'aide à tes enfants, alors que ce n'est pas leur job. Donc ça fait partie en fait de mon quotidien. Alors il y a des jours où il n'y a aucun bug, mais c'est quand même régulièrement où en plus la maladie te rappelle à ce que t'es. Donc là tu reprends tous les trucs. Ah oui j'ai oublié, j'étais handicapée. Parfois même, je dis n'importe quoi, il y a des gamins qui jouent à 1, 2, 3 soleil, je dis oh j'ai envie de jouer avec vous. Je me disais, mais à quel moment je vais pouvoir courir le plus rapidement possible ? Stéphanie, tu ne peux pas courir, tu as oublié. Ah oui, j'ai oublié. Tu vois, il y a plein de trucs. Tu restes dans l'esprit, là, on vit. Mais tu oublies, et quelque part, heureusement.

  • Speaker #1

    Heureusement que tu ne penses pas trop.

  • Speaker #0

    Mais voilà, et c'est vrai que l'idée de... Je me dis, s'il y a certaines personnes qui peuvent prendre conscience de ça, en disant, voilà, prenez soin de vous, aimez-vous, et après, vous aimerez effectivement le reste. C'est votre plus bel investissement, en fait, parce que c'est votre corps, c'est votre esprit. Et même, tu vois, si on parlait de charge mentale ou de souffrance aussi psychologique, à quel moment on ne prend pas soin de soi et on ne mise pas tout sur nous avant, en plus, d'aller trouver des fois des excuses aux autres.

  • Speaker #1

    Stéphanie, pour finir,

  • Speaker #0

    le crible.

  • Speaker #1

    Les questions sont courtes. Tu peux y répondre en une phrase. Une Maxime que tu aimes.

  • Speaker #0

    Alors, elle est de moi, mais en toute humilité. Mais c'est qu'on a le droit d'être à terre, mais qu'on a la responsabilité et le devoir de se relever.

  • Speaker #1

    Tu as le droit d'échouer,

  • Speaker #0

    mais tu as le devoir d'essayer aussi.

  • Speaker #1

    Quelle est ta plus grande peur ?

  • Speaker #0

    Il y a des jours où je suis prête, il y a des jours où je ne suis pas prête. C'est le jour où je vais être paralysée définitivement et je vais regarder le plafond tous les jours. Alors oui, on a plein d'outils, mais tu vois, d'être coupée du monde, de ne pas pouvoir aller vers les gens, et de me dire... En même temps, je serais très heureuse parce que je me dis que j'aurais réalisé plein de choses. Mais tu sais, c'est comme un rendez-vous avec la maladie, dire OK, tu as gagné, ça y est, c'est fini. Mais je n'ai pas le droit de me plaindre. J'ai eu une vie formidable, etc.

  • Speaker #1

    Une rencontre qui a changé ta vie ? La rencontre qui a changé ta vie ?

  • Speaker #0

    Mes enfants. Parce que je ne me suis pas battue pour moi, mais je me suis battue pour eux. Ils m'ont donné cette force, cette envie de me dépasser. Un, j'avais peur qu'ils aient honte de leur maman. Deux, je me suis dit si ça leur arrive, si elles passent, surtout mes filles, par ce genre de choses. Qu'est-ce que je n'ai pas envie qu'elles vivent ? Comment je vais les protéger ? Comment je vais leur donner des clés ? Comment je vais leur transmettre quelque chose ? Et surtout, si je reste à terre, quelle leçon de vie je leur donne ? Donc, je n'ai pas le droit. Donc, la plus belle rencontre, oui, c'est mes merveilles.

  • Speaker #1

    Pour toi, qu'est-ce que signifie réussir sa vie ?

  • Speaker #0

    C'est une super question, c'est compliqué. Pour moi, c'est garder cette capacité à s'émerveiller et à espérer. Si tu as ces deux vertus qu'on peut entretenir, qu'on peut nourrir et tout, te réjouir de tout, il ne fait pas beau mais on a une super rencontre, tant pis, j'ai raté mon pitch, mais ça m'a permis de rencontrer d'autres personnes et d'aborder des sujets d'une autre manière. J'ai toujours essayé de transmettre ça aussi à mes enfants en disant Tous les soirs, tu es obligé de faire cet exercice. Tu trouves trois belles choses qui te sont arrivées dans la journée. Un plat que tu as aimé à la cantine, quelqu'un qui t'a souri, mais tu ne t'endors pas sur des choses compliquées. Et le fait d'espérer, d'être toujours en disant, il peut se passer des choses juste incroyables, comme les rencontres que je fais, comme les micro-expo, mais n'empêche que. C'est quand même des petites victoires, mais ce sont des victoires. Et de faire confiance à la vie, même si elle est compliquée. Je sais que c'est compliqué, mais c'est un acte de foi. Si tu veux te faire plaisir, si tu veux être heureux, je pense que ça fait partie des choses importantes. Merci Stéphanie.

  • Speaker #1

    J'ai les larmes aux yeux à la fin. Je me suis retenue tout le long quand même. Il fallait que ça vienne à la fin.

  • Speaker #0

    Je voulais être fière de toi. Mais ça aussi, tu vois, apprendre à pleurer et accueillir les émotions. Avant, j'avais honte. J'avais peur qu'on me dise qu'elle est hypersensible, ce qui est vrai, mais on n'est pas dans une société. Mais moi, je vais pleurer même devant quelque chose qui est beau parce que je trouve ça merveilleux. et que ça me nourrit. C'est des émotions. Donc, non, non, c'est très bien, garde ça, c'est hyper précieux, mais j'aimerais bien ne plus avoir cette réputation, parce que plus personne ne va m'inviter. Mais merci,

  • Speaker #1

    merci encore. Merci à toi aussi. Bravo. Et on a hâte de suivre tes aventures avec Andy Rode.

  • Speaker #0

    On verra.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    C'est gentil.

  • Speaker #1

    Je vous remercie d'avoir écouté le podcast. Si vous vous êtes sentis grandis à la fin de cet épisode, et c'est ce que je souhaite profondément, n'hésitez pas à liker, à mettre un commentaire ou à me contacter directement pour me donner vos feedbacks ou encore pour me proposer des personnalités extraordinaires dont vous auriez envie de tout savoir. Je serai très heureuse de vous lire. Je vous souhaite une très belle journée à toutes et à tous. À très bientôt !

Chapters

  • Qui est Stéphanie

    21:23

  • Handiroad

    35:56

  • Pause amicale

    48:13

  • Le crible

    01:06:49

Description

Je suis enfin de retour après une longue pause, ravie de partager avec vous un nouvel épisode du podcast 360 Insights. Cet épisode me tient particulièrement à cœur, et je suis certaine qu’il marquera le vôtre.

Mon invitée du jour est Stéphanie Gateau. Une femme extraordinaire qui incarne 𝐥𝐚 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞, 𝐥’𝐡𝐮𝐦𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐫𝐞́𝐬𝐢𝐥𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞.
Stéphanie a surmonté des épreuves inimaginables pour devenir une entrepreneure accomplie, une conférencière inspirante, et une maman dévouée. Après une carrière en stratégie internationale, elle a fondé en 2018, avec son fils Calixte, la startup Handiroad. Ensemble, ils réinventent la mobilité pour les personnes en situation de handicap avec une approche humaine et technologique.


Durant notre discussion, nous avons exploré :

L’impact des Jeux Paralympiques 2024 : Ce qu’ils changent — ou pas — en matière d’accessibilité et de mobilité en France.
Les chiffres qui interpellent : 80 % des handicaps sont invisibles, et une personne sur trois sera confrontée au handicap au cours de sa vie.
La genèse d’Handiroad : Une application qui révolutionne la mobilité, rendant les déplacements plus accessibles et fluides.
Le pouvoir de la résilience : Comment transformer les regards et jugements en une force motrice.
Les leçons de vie : Des réflexions poignantes sur l'acceptation de soi et l'importance de l’inclusion.


Pourquoi écouter cet épisode ?
Parce qu'il ne s'agit pas seulement d’une discussion, mais d’une véritable immersion dans une histoire de vie bouleversante et inspirante. Vous en sortirez avec une nouvelle perspective sur le handicap, l’inclusion, et la résilience.


Soutenez et découvrez :

  • Handiroad : Une startup qui rend le monde plus accessible. Participez à sa campagne de crowdfunding : Lien ici.

  • Stéphanie Gateau : Retrouvez-la sur LinkedIn.

  • Wounded Women : Une initiative d’Audrey Bouyer pour les femmes victimes de violences. Découvrez son travail ici : Lien Instagram.

  • Womaccelerator : Des formations certifiées Qualiopi, finançables par le CPF, pour booster votre carrière. Plus d’informations ici : Lien ici.

  • Jobtimise : Expert en reconversion professionnelle et formations en IA. Plus d'informations : www.jobtimise.com.


#Podcast #Handicap #Inclusion #Résilience #Handiroad #Entrepreneuriat


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Tout d'un coup, il me dit Mais maman, c'est super simple en fait. On va faire un WES pour les personnes handicapées. La notion d'entraide et de solidarité autour du projet. Ça peut tous nous arriver et ça ne coûte pas cher de donner de l'info. Et je dis le plus beau cadeau, c'est de s'aimer soi-même, et de prendre soin de soi comme quelqu'un dont on a amour.

  • Speaker #1

    Vous écoutez 360 Insights. Je suis Nathalie Royer et je vous propose dans ce podcast des conversations sans filtre. avec des personnalités inspirantes qui façonnent le monde d'aujourd'hui. Du monde de la tech à l'industrie du luxe, nos invités partagent avec vous leur parcours, leur succès. Mais ils vous livrent aussi les coulisses de leur business et les réalités concrètes de leur quotidien. J'ai une surprise pour vous. À chaque épisode, j'invite un invité mystère pour nous livrer une anecdote inédite sur notre personnalité du jour. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue pour une nouvelle saison du podcast 360 Insights. Ça fait un petit moment qu'on ne s'est pas vus. J'avais bien prévu de faire une pause en août, mais on a eu quelques problèmes techniques. C'est un peu l'aléa de tout business. Et on a dû laisser un petit peu plus de temps. Alors j'en ai profité pour modifier un peu le format, comme vous avez été assez nombreux à me le demander. Un format plutôt autour d'une heure. J'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à me faire vos feedbacks. Et pour cette rentrée, j'ai l'honneur de recevoir une femme extraordinaire. Il s'agit de Stéphanie Gâteau. que je ne saurais décrire en quelques mots, donc je lui laisserai le soin de se présenter. J'ai rencontré Stéphanie il y a deux ans bientôt, à une masterclass annuelle organisée par WOM Accelerator. Alors j'en profite pour ouvrir une parenthèse, puisque Liz Backman, qui est la présidente de cet organisme, a fait beaucoup pour moi, c'est une femme incroyable également. Et une fois par an, elle organise cette masterclass à Epitech avec... Vraiment des invités de haut vol.

  • Speaker #0

    Et

  • Speaker #1

    Stéphanie est montée sur scène à ce moment-là. Et elle a fait pleurer un amphithéâtre entier par son histoire, par sa force. Et je pense qu'on s'est tous pris une claque d'humilité ce jour-là. Donc c'est vraiment ce que j'ai envie de vous transmettre aujourd'hui. Stéphanie, comment tu vas ?

  • Speaker #0

    Très bien, toujours très bien, quoi qu'il arrive.

  • Speaker #1

    En tout cas, je suis ravie de te revoir. puisque du coup, c'est la deuxième fois qu'on enregistre ce podcast.

  • Speaker #0

    On va y arriver.

  • Speaker #1

    Et ce n'est pas plus mal parce qu'entre-temps, il y a quand même eu les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques à Paris. Alors, je voulais avoir ton avis sur ces événements.

  • Speaker #0

    C'est le nombre de personnes qui m'ont sollicité pour avoir mon avis. Et je te dis ça parce que je trouve ça super positif. C'est-à-dire que les gens, il y a des choses qui les interpellent, qui ne les interpellaient pas avant. Avant le fait de voir quelqu'un en difficulté avec... Même une poussette, une maman avec ses courses qui essaie de descendre dans la bouche de métro, une personne en situation de handicap, ça a permis une prise de conscience, qui j'espère, parce que c'est toujours là où il y a un écueil, un risque, qui va se transformer en acte concret. Mais déjà, je pense que ça a permis à la fois ce regard positif en se disant... C'est un peu le collectif que j'ai créé, tous uniques, tous du talent, tous différents. Et par définition, de se dire que chacun peut avoir un talent quel qu'il soit. Mais il y a quand même eu, tu vois, il y a eu pas mal de journalistes, surtout étrangers, qui découvraient Paris, le site, etc., à l'occasion des Jeux, qui m'ont contactée, en fait, pour me dire, c'est quoi ce délire à Paris ? Comment ça se fait que c'est aussi inaccessible ? Et il y a même eu des articles comme... New Yorker ou Business Week ont titré La France, la honte de l'accessibilité Ils m'ont évidemment demandé aussi pourquoi ma solution, la start-up, la solution que j'ai créée en Diro n'était pas déployée. En disant, mais c'est super simple, c'est génial, etc. Pourquoi personne ne la déploie ? Donc, on reste quand même sur un problème qui n'est pas résolu. Qui n'est pas résolu depuis des années, mais qui ne l'est toujours pas ici. Qu'on n'a pas anticipé alors qu'on savait fortement qu'il y aurait des gens qui participeraient. dans les spectateurs qui seraient en difficulté, à aucun moment on s'est dit... Je ne parle même pas d'égalité. C'est une fête, on doit tous pouvoir y participer. Et en fait, on s'est dit, eux, ils ne pourront pas, mais ce n'est pas grave. On va certainement en parler, mais sur des sujets où personne n'a compris qu'il n'y aurait pas d'égalité sans inclusivité. Si on ne met pas en place des outils, des solutions pour permettre à chacun... d'assister à un événement, d'aller travailler, de se nourrir, de pratiquer des loisirs, sans inclusivité, on n'atteindra jamais l'égalité.

  • Speaker #1

    Justement, il y a eu beaucoup d'articles qui sont parus. Et d'ailleurs, la mairie de Paris avait tout mis en œuvre pour qu'on puisse rejoindre l'ensemble des sites avec les transports en commun. Mais pour les athlètes paralympiques, finalement, c'était une catastrophe. Est-ce que tu as quelques chiffres à donner sur les stations de métro ?

  • Speaker #0

    En fait, ce que je voudrais déjà expliquer, si on parle du handicap, plus de la mobilité réduite, c'est-à-dire les personnes qui sont en difficulté quand elles se déplacent, les personnes âgées, ce qu'on appelle les PMR. Il y en a 25 millions en France, trois fois l'île de France. Je me dis à quel moment on ne résout pas le problème de ces gens et on continue de les appeler à Mobilité Redoute, mais sans mettre de solution, de déploiement, même si on fait du test and learn et que ce n'est pas parfait. À quel moment on exclut ces personnes en sachant que c'est une problématique universelle, ça n'existe pas qu'en France. Il n'y a aucun rapport avec l'âge, avec le genre. Tout le monde peut être concerné à un moment donné de sa vie, même ponctuellement. On estime qu'une personne sur trois, au cours de sa vie, sera confrontée au handicap. Donc une personne sur trois, ce n'est pas négligeable. Il y a eu je ne sais combien de campagnes de sensibilisation pour alerter. Effectivement, il n'y a que quatre stations de métro accessibles. Comment tu fais pour vivre dans une ville comme Paris ? Et l'ascenseur est toujours en panne. Gare Montparnasse, c'est pareil. Donc, tu dois faire tout le tour, puisque l'ascenseur ne peut pas te monter, avec ton fauteuil, les trottoirs, ta poussette et tes bagages. Tu prends des bus,

  • Speaker #1

    des bus qui sont tout le temps en retard.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Tu mets deux heures pour traverser Paris.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ne serait-ce que de dire, puisqu'on se veut fière d'être français, etc. Je me dis, à quel moment on ne se dit pas, et d'ailleurs, je lance. J'en profite pour lancer un appel. Je peux m'en occuper. Il n'y a pas de souci à grande joie. Pourquoi on ne lance pas à Caton ? sur le problème de la mobilité réduite à Paris. On en a peut-être pour trois jours ou quatre jours, c'est nuit des jours, mais on ressort avec des pistes concrètes. Et je pense que l'une des clés qui n'existe pas, qui est catastrophique, c'est qu'il y a une responsabilité collective. Il y a l'accessibilité des lieux, mais il y a aussi la mobilité, les transports, les ruptures de déplacement, les chantiers. Donc il y a plein de parties prenantes. Et à quel moment on ne se dit pas, OK, qui est concerné par le problème de la mobilité ? On prend tous les acteurs et collectivement, on crée quelque chose sans dire, là, tu vois, j'ai vu une fois de plus, il y a des restos, il y a une appli pour les restos accessibles. C'est super, mais tu vas sur une appli pour les restos accessibles.

  • Speaker #1

    Mais tu ne t'es pas compris.

  • Speaker #0

    Pour les cafés, pour les hôtels accessibles. Donc, je t'en parle parce que c'est tout récent. Mais du coup, avec Andy Road, on a... D'essayer d'aller un peu plus vite que prévu, de sortir un autre outil qui est plus simple de mise en relation, etc. Pour qu'on avance enfin sur ce sujet. Et le deuxième écueil, c'est que dès qu'on parle du handicap ou de la sécurité, parce qu'on est sur de la sécurisation, on est sur des personnes qui peuvent potentiellement tomber ou être en difficulté ou avoir des obstacles. Ce qui m'a un peu déçue au niveau du handicap, c'est qu'il n'y a pas cette volonté de dire on y va ensemble. En fait, tu as des initiatives à droite, à gauche, etc. Et c'est très difficile de fédérer.

  • Speaker #1

    De mettre tous les acteurs autour de la table.

  • Speaker #0

    Alors qu'on a tous gagné, on a des solutions complémentaires. Et je vois en termes de soutien, j'en ai beaucoup plus par des gens qui ne font pas partie de cette communauté que des personnes en situation de handicap qui connaissent par cœur le problème. Et puis à un moment donné, le dénoncer, c'est bien, mais agir, c'est pas mal aussi, même si c'est pas parfait. Et on n'est pas dans cette mentalité en France de se dire, OK, problématique. On se réunit, réunion de pays, on résout le problème. Là, tu vois, alors que, et encore plus pour l'écosystème tech, on est dans le test on-lord et on ne se dit pas, OK, qu'est-ce qu'on peut faire pour faire avancer grâce à l'innovation et la technologie ?

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai qu'il y a quand même pas mal d'initiatives, mairie de Paris, RATP, qui disent, bon, c'est pas top, mais c'est quand même mieux qu'avant. Mais en tout cas, j'ai l'impression quand même que les Jeux paralympiques à Paris ont permis... un grand nombre de personnes de se rendre compte du problème.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant, c'est que la société civile, comme tu dis, ça leur a permis de prendre conscience. Mais les décideurs, les acteurs du changement, c'est eux qu'il faut réussir à convaincre. Et tu vois, par exemple, au début, on me disait mais c'est une petite cible, ce n'est pas intéressant On me dit c'est des personnes en situation de handicap, elles ne consomment pas, elles sont dans la précarité, ça n'intéresse personne C'est compliqué. Après,

  • Speaker #1

    c'est une situation de handicap, mais on y reviendra après. Ça peut être une femme ou un couple avec un enfant et une poussette.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Ou juste une valise. Oui, une valise. C'est ça, c'est les trois portes. Il y a des personnes pour aider à monter les poussettes, les personnes âgées.

  • Speaker #0

    Il y avait une étude, puisque tu parles de chiffres, et je t'éliminerai sur celui-là pour ne pas en donner trop, mais il y a une grande fédération qui s'appelle les APF, les Paralysés de France, qui fait régulièrement des campagnes de sensibilisation et des études. Neuf personnes sur dix estiment avoir des difficultés pour arriver d'un point A à un point B. On n'est même plus dans la mobilité réduite, que ce soit pour des réseaux de mobilité ou de sécurité pendant leur trajet. Les femmes sont quand même super. C'est compliqué de sortir, c'est compliqué de se sentir en sécurité dans les transports en commun. Il y a une vraie problématique sur la sécurisation des périodes en général.

  • Speaker #1

    On parle beaucoup de Paris parce que les transports sont quand même plus développés que dans d'autres villes. Mais partout en France...... Quand on est en situation de handicap et qu'on n'a pas de voiture, c'est quasiment impossible de se déplacer.

  • Speaker #0

    Et on en vient justement à des problématiques d'isolement social, de rupture de liens sociaux. C'est vraiment très compliqué. Et en plus, c'est un cercle douloureux parce que l'éloignement, tu ne peux pas te déplacer aux événements, tu ne peux pas rencontrer des gens. Si tu as un projet, tu n'arrives pas à le faire avancer. Il y a deux ans, il y avait une étude, il n'y a aucun incubateur. qui soit 100% accessible. Donc c'est pour ça que, entre autres, c'est pas l'objet, mais j'ai créé mon incubateur accélérateur à l'export de manière virtuelle, comme quand on était au confinement. C'est-à-dire qu'on n'est pas obligé d'avoir les moyens de se payer un hôtel et un avion ou un bus. On n'est pas obligé, si on ne peut pas se déplacer, d'être sur place. On est en distanciel, comme on l'a été, même en termes d'écologie, plutôt qu'on soit sans... Une centaine de personnes à se déplacer, c'est du bon sens. Et de perdre de temps. Dans les transports, si tu conduis, tu ne peux pas lire en même temps. Tu peux écouter des podcasts, mais tu vois ce que je veux dire. Et à un moment donné, c'est du bon sens. Et économiquement parlant, c'est un vrai enjeu économique et sociétal. Donc, je trouve qu'il serait temps quand même, enfin, de se mettre au travail. Et tout acteur confondu. T'as les aéroports, t'as les...

  • Speaker #1

    Mais même à distance, pour les personnes, il y a la mobilité réduite, mais... malvoyants, sourds, ce n'est pas toujours évident de se servir des outils technologiques.

  • Speaker #0

    C'est un vrai sujet. À quel moment on est dans un secteur innovant, je parle de la tech, il y en a d'autres, mais on va parler de la tech, où on dit, on va casser les codes. Donc tu imagines bien que les gens comme moi, on est prêts, on est dans les starting blocks, yes, on va y aller. Et on crée au quotidien des outils discriminants. Microsoft a développé a expliqué qu'il y avait 240 types d'altérités à l'usage d'un outil numérique. Ça peut être la vue, ça peut être l'ouïe, les troubles moteurs. Moi, quand je suis paralysée, quand j'ai mes bras qui sont paralysés, j'ai mes deux petits pouces qui essayent quand même de faire deux, trois bricoles, mais je ne peux pas travailler normalement. Quand je veux voir une visio ou un événement, s'il n'est pas sous-titré, comme je suis atteinte de surdité, que je ne lis que sur les lèvres, parce que je ne suis pas apparaîtable ni opérable, à quel moment, moi, du coup, je ne peux pas assister à l'événement. Alors qu'en plus, des fois, le thème, c'est l'inclusion ou l'inclusivité. Donc ça, c'est juste énorme. Donc dans la diversité, OK, mais pas les personnes en situation de handicap. Et l'inclusion, mais toujours pas avec les personnes en situation de handicap parce qu'on n'y a pas pensé.

  • Speaker #1

    Parce qu'on n'y a pas pensé,

  • Speaker #0

    exactement. Et c'est pour ça que c'est important et j'invite, parce que parfois, je me sens un peu seule, alors que ce n'est pas vrai. On est nombreux à essayer de faire des initiatives, mais à parler du handicap invisible. Ça peut être une maladie chronique, ça peut être une prothèse, il y a plein de choses qui ne se voient pas. Et c'est 80% des gens en situation de handicap. C'est-à-dire que sur 100 personnes, il y en a 80 qu'on ne voit pas et on ne peut pas imaginer qu'ils sont en difficulté. Et je trouve que maintenant qu'on a avancé sur la visibilité du handicap, la deuxième étape, c'est-à-dire que tout le monde peut être concerné. Ça peut être, moi, tu vois, j'ai des troubles cognitifs, des troubles de concentration et de mémoire. Le fait que je sois autiste, ça ne se voit pas non plus. Il y a plein de gens qui sont hyper étonnés. Ça ne se voit pas. À quel moment on a dit que l'autisme, ça se voyait ? Vous me rassurez. Comment ?

  • Speaker #1

    Et on n'est pas sensibilisés à ça.

  • Speaker #0

    Ça ne se prend pas compte. Mais tu vois, je pense que plus on communiquera, plus on sera nombreux, plus effectivement, il y aura cette prise de conscience. Pour l'instant, les jeunes, en fait, les personnes qui sont le plus concernées, quand elles ne sont pas... concerné elle directement c'est parce que dans leur parcours de vie ou autour de la famille elles ont été confrontés au handicap même si c'est pas eux mais voilà ils ont cette conscience Sinon, c'est très compliqué de faire comprendre aux gens, même quand il y a un événement, je dis je ne peux pas tenir un micro, c'est trop lourd c'est les paniques à bord, alors qu'on a plein de solutions quand même qui existent. Et donc, c'est pour ça que, en fait, il y a beaucoup de gens qui trouvent que mon parcours, il y a beaucoup de choses, mais le fil conducteur, c'est toujours la même chose, c'est rendre accessible le monde à tous, sans exception. Parce que c'est juste une question de bon sens. Pourquoi les personnes en situation de handicap n'auraient pas le droit de partager des moments, des activités ou des événements comme les Jeux paralympiques ? Et à quel moment on crée des outils discriminants et on s'en fiche en fait ? Donc un exemple que je prends beaucoup, un jour je pense qu'il y a quelque chose qui va me tomber sur la tête, mais je cite régulièrement l'exemple de Doctolib, qui est une licorne française qui vaut des milliards. qui a des moyens technos, qui est dans la santé, et dont le but est de pouvoir prendre rendez-vous, mais aussi de faire de la visio. Et on l'a vu pendant le confinement, on était contents. Il n'y a pas de sous-titrage. À quel moment, Dr. Hibbs s'est dit, les personnes sourdes, ce n'est pas grave, elles ne peuvent pas consulter, elles ne peuvent pas utiliser l'outil. Tu vois, à quel moment tu te dis, il y a une personne qui vaut mieux qu'une autre. Les autres, OK, on estime qu'ils ont de la valeur, on va faire quelque chose pour eux. Ceux qui sont sourds,

  • Speaker #1

    on n'y pense pas.

  • Speaker #0

    Tu vois ? Je me dis, à quel moment tu fabriques dans la tech, tu as des jeunes qui arrivent avec une solution et tu oublies de leur dire, n'oubliez pas, ça peut être votre fournisseur, ça peut être votre client. On parle de conception universelle. Il faut que tous les outils puissent être utilisés par tous, quels qu'ils soient.

  • Speaker #1

    Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi ce fait de, puisque l'équipe qui va concevoir le produit n'est pas inclusive, parce que... on a déjà le cas avec les femmes parce qu'il n'y a pas de personnes en situation de handicap donc on ne pense pas à ces cas là et dans la médecine ou même dans l'IA le fait qu'il n'y ait pas de femmes c'est pareil ça va créer des biais et il y a plein de situations auxquelles on ne va pas penser non mais tu

  • Speaker #0

    sais que je suis directe, je n'aime pas tellement ton discours ah ah ah mais tu as le droit je vais t'expliquer pourquoi ton constat est malheureusement absolument juste... Mais tu produis un paquet de biscuits qui a des allergènes. Tu vas mettre, attention, susceptible de contenir des graines. À quel moment, quand tu construis un outil, que tu sais qu'il est discriminant, c'est-à-dire qu'il n'y a pas une représentativité, comme tu l'as dit, de la société. Il y a des minorités qui ne sont pas représentées. Le handicap, ce n'est pas une minorité puisque c'est la première cause de discriminant. Mais tu parlais des femmes, à juste titre. Donc, ton échantillon de population n'est pas représenté. Tu crées quand même l'outil. Tu dis, ce n'est pas grave, ça va le faire. Tu dis, bon, OK. Après, tu sais que ton outil crée tout seul des biais dans les algorithmes. À quel moment tu dis, je le sais, mais on ne corrige pas, ce n'est pas grave, on avance encore. Et à quel moment tu vends à quelqu'un une solution, il y a, par exemple, sans lui dire, par exemple, attention. peut contenir des biais, des discriminations, etc. Et ce n'est pas grave, on continue d'avancer. Et je dis ça pour te taquiner parce qu'en fait, je ne sens aucune révolte et aucune colère de gens qui pourraient s'insurger en disant Stop, on va dans le mur, on est en train de construire un monde de privilèges où certains font partie de la planète du numérique, des données, et les autres non. Je te cite un exemple. Tu demandes à n'importe quel IA, je le refais régulièrement, de créer une image de personne en situation de handicap. Toutes les IA te mettent une personne en fauteuil en l'eau. C'est 3% des personnes handicapées. Donc tu crées ton outil, il fait une bêtise, il est inapte à te donner suffisamment de données pour dire en fait il n'a que ça comme image. Tu ne le corriges pas. Et donc t'imagines à quel point c'est grave. Si on est capable... d'oublier 97% de cas d'autres types d'handicap visibles, invisibles, avec une canne, avec tout ce que tu veux. Ça veut dire qu'en fait, quand tu l'interroges sur d'autres sujets, on va dire stratégiques cette fois-ci, toi t'achètes un outil, t'imagines la problématique. Et pareil, tout le monde, tu dis, bah oui monsieur, donc je me dis, on est sur un outil, on est sur des innovations révolutionnaires. plus grosses révolutions et en plus qui vont créer le monde d'aujourd'hui, mais demain ils l'ont déjà créé, qui sont biaisés, qui sont discriminantes. Il y a une absente d'égalité évidente. Même visuellement, comme tu dis, les femmes dans l'IA, alors qu'on n'est pas forcées d'être ingénieurs, on peut être sur d'autres thématiques. Moi, je suis sur l'IA inclusive. Évidemment, j'ai des experts, mais je veux dire, tu n'es pas obligée de faire un certain parcours, etc. Et en plus, 75% des emplois dans la tech d'ici 2030 doivent être pourvus sur des sujets comme ça. Et à quel moment tu te dis, ce n'est pas grave, on continue au fond. Parce qu'en plus, on sait que c'est une croissance. Et un pouvoir de l'IA, en termes d'impact, qui est incroyable et qui nous dépasse. Donc on sait que ça va aller très vite. Et ça va très vite. L'obsolescence, on te dit, c'est plus telle version de chez LGBT. On a déjà un truc, un monstre encore plus énorme qui est arrivé. Oubliez celui-ci alors qu'on a à peine eu le temps de le prendre en main. Donc dans les solutions, de toute façon, ça va être incroyable. Et à quel moment on se dit, bon, l'outil, il est vraiment... Mais on ne corrige pas. En termes de stratégie, moi qui fais du conseil en stratégie, j'ai un client qui me dit je ne fais rien, mais je vais commercialiser un truc Tu vois, je suis étonnée.

  • Speaker #1

    Stéphanie, avant de poursuivre, parce que tu as donné beaucoup d'informations, mais en fait, on ne t'a pas encore présenté. Est-ce que, Stéphanie, tu peux te présenter de la manière dont tu souhaites ? Peut-être ton parcours aussi, parce qu'il y a tellement de choses.

  • Speaker #0

    C'est tellement représentatif. En fait, je suis tellement... Pour moi, ça n'a pas d'importance. C'est à quoi je vais pouvoir contribuer, sur quoi j'ai envie d'essayer de donner, même si c'est un petit coup de pouce. C'est pour ça que j'ai fait de la stratégie et que je suis sur toutes ces thématiques. C'est toujours la notion d'égalité, pas forcément liée au handicap. Mais par contre, en me retournant, pour faire une liaison avec ce que tu viens de me dire, je... En me retournant, on parle toujours de libre arbitre. Je me rends compte qu'en fait, tu ne choisis pas vraiment parce que je ne suis que sur des sujets où, parce que j'étais en insécurité, j'ai été sur des sujets de sécurisation, de dirigeants, de projets. Parce que j'ai été isolée, je suis sur des problématiques de on lutte contre l'exclusion Parce que je me sentais différente et que je ne comprenais pas bien le monde, j'ai eu envie de relier les gens et même les... puisque j'ai fait de la... de la stratégie internationale, donc des problématiques interculturelles, j'avais tellement envie que les gens s'entendent et se respectent dans tout ce qu'ils sont. Tu vois ? Et c'est hyper intéressant de voir qu'en fait, quelque part, j'y prête pas d'importance parce que c'est comme ça et je trouve qu'il y a des choses vachement plus intéressantes que ma petite vie, mais qu'en fait, tu te rends compte qu'à ta manière, tu t'es mis quand même sur des sujets où tu as essayé un petit peu de faire bouger les lignes. Moi, j'ai 56 ans. Je suis maman solo de trois enfants, dont deux très grands et un qui grandit trop vite, le petit dernier, qui est le co-fondateur d'ailleurs de la start-up Andiroad qu'on a fondée en 2018. Je suis d'origine parisienne, mais maintenant, depuis le confinement, je vis en Corse et je suis très, très bien. Et ma santé, en plus, va beaucoup mieux. Donc, je suis contente. J'ai tout gagné. Et puis, voilà. On va dire que dans ce qui me définit, j'ai des fonctionnalités, on peut dire comme ça, parce que c'est plus joli, qui sont différentes de la plupart des gens dans le sens où je suis atteinte de surdité, je ne suis pas appareillable et pas opérable. Donc effectivement, j'ai été très isolée parce qu'en plus, je n'ai pas compris tout de suite que j'avais des problèmes de surdité et je voyais les gens répondre super rapidement aux questions, rigoler, etc. Comment ils font pour aller aussi vite ? Moi, il me manque des infos, je n'ai pas compris. Et je me sentais forcément nulle puisqu'il y avait ce décalage. Je me suis dit, ils sont super forts, ils comprennent tout tout de suite. Moi, je ne comprenais rien. Et puis en plus, quand tu es petit, tu ne mets pas forcément des mots. Tu ne connais pas le handicap, tu ne connais pas la maladie, tu n'imagines pas tout ça. La seule chose, c'est que je me sentais quand même super différente, super isolée. Et je m'ennuyais à mourir aussi. J'étais un peu dans ma bulle. Et puis, les problèmes moteurs, ils sont venus à partir de l'âge de 10 ans, où j'ai eu une grosse crise, une fois, de douleur, etc. Très jeune. Je n'ai pas tilté non plus. Puis, quelque part, ce n'est pas important. Puis après, j'ai été paralysée. Je suis tombée dans la rue. Je ne sentais plus mes jambes, etc. Mes cerveaux, au bout d'un quart d'heure, tu vois. Et tout ça, j'ai mis un peu de côté en me disant, oui, j'étais peut-être fatiguée. Je ne sais pas comment fonctionne un corps. Je suis nulle là-dedans. Très jeune. Oui, puis il y a plein de choses auxquelles, contrairement à maintenant, où on ose parler de certains sujets. Tu vois, c'est comme l'autisme, je l'ai appris super tard. Pour moi, j'ai des questions que, je ne sais pas, c'est comme le fait d'être multipotentiel ou autre. Même quand j'ai vu, j'ai connu ça grâce à mes filles en fait, qui ont eu un parcours un peu compliqué. Ils m'ont dit mais forcément ça va être dans la famille, quelqu'un concerné. Je dis ben pas moi. Surtout quand on a su laisser tomber, il n'y a rien d'intéressant à croiser. Mais du coup ça m'a permis de me mettre à écart et d'essayer de réfléchir à certaines choses. Mais c'est surtout que du coup mon parcours a été compliqué parce que le fait de fonctionner autrement, de me sentir isolée. En même temps, j'avais des rêves incroyables, comme tous les enfants. Et surtout, quand j'ai compris que ça allait être compliqué, que je ne pourrais pas me déplacer facilement, que je fonctionnais différemment, etc. En même temps, ça m'a donné une super imagination, en me disant, je ne sais pas à quelle allure ça va aller, la maladie, les épreuves. Je suis restée quand même dix ans, d'abord en fauteuil manuel et après en fauteuil électrique, perdre son autonomie, dépendre des autres, même pour manger. Même pour s'habiller, d'être obligé de demander à ses enfants d'être tournés dans quand tu es en crise et que tu es paralysé, qu'ils soient obligés d'être autonomes. Il y a plein de choses qui ont été compliquées, d'oser l'assumer parce que je l'ai caché. J'ai essayé de masquer pendant des années parce que j'avais peur de la réaction des gens, même des investisseurs, même des partenaires, en me disant le jour où je leur dis j'ai cette vulnérabilité, j'ai cette fragilité, quelque part qui n'est pas importante pour mon métier puisque je n'ai pas besoin de me servir. sur le principe de mes jambes et même de mes bras, à la récord, tout ce qui... Quand tu faisais du conseil en stratégie,

  • Speaker #1

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, et je me disais, d'un côté, c'est pas grave, mais je vois bien que ça crée quand même des malaises. Quand j'ai vu qu'après, en plus, quand je suis arrivée à la fin de mes études et qu'on m'a dit ça va pas le faire, vous êtes jeune, vous êtes une femme, vous voulez faire de la stratégie. Et à l'international, style, vous prenez pour qui ?

  • Speaker #1

    Et vous restez chez vous,

  • Speaker #0

    mademoiselle. pour entendre, pour vous déplacer. On m'a pris de haut et on m'a dit c'est mort pour vous. Donc je me suis pris pas mal de claques et puis constamment au fur et à mesure, parce que même encore maintenant j'en ai, on me dit mais madame quand on est une femme et en situation de handicap, on prend pas de poste à responsabilité.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    Pardon ? Je n'ai pas bien compris là, on est en quelle année, qu'est ce qui s'est passé ? Et comme je traduis... et forcément mal, parce que c'est pas un outil parfait, puis il suffit que je sois fatiguée, ou que j'ai du mal à me mettre en état de traduction, parce qu'il y a des personnes où, je sais pas pourquoi, des fois ça bug, maintenant j'ai compris, mais ça fait que quelques semaines, que mon corps, quand il voyait que la personne n'était pas forcément sympathique et me jugeait, et bien en fait j'ai remarqué que j'en arrivais pas à traduire,

  • Speaker #1

    parce que tu le ressens en fait,

  • Speaker #0

    maintenant j'ai compris pourquoi il y a des gens, je dois répéter quatre fois, et même au bout de... coup de la quatrième fois. Je me dis, Stéphanie, tu fais ça depuis des années, et là, tu n'y arrives pas. Donc,

  • Speaker #1

    je me remets en pause.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est génial. C'est que mon corps me dit, même pas en rêve, tu travailles avec lui. Donc, je suis trop contente de ma découverte. Je me dis, au fait, il faut vachement s'écouter.

  • Speaker #1

    Et donc,

  • Speaker #0

    je suis encore face à des personnes. Au lieu de se dire, on fonctionne tous différemment, et d'ailleurs, tant mieux, on s'en réjouit. Moi, j'ai toujours trouvé que c'était fabuleux. Il y a plein de pays dans le monde, il y a plein de cultures, il y a plein de spiritualités. Et en plus, quand tu sais que tu es isolée et que tu n'as peut-être pas beaucoup de temps dans ta vie parce que tu vas avoir la maladie, tu vas avoir des difficultés à te déplacer, etc. Moi, je me suis dit, vite, il faut que je fasse le tour du monde. Comme ça, quelque part, ça va me permettre, quand je serai définitivement paralysée, de me dire, je vais m'ennuyer, mais j'aurai des beaux souvenirs déjà, et puis je l'aurai fait. Donc, j'ai... placer la barre non pas haute mais par rapport à moi mes rêves et mes ambitions je me dis même si ça dure qu'un an je vais absolument faire ce genre de métier et la stratégie parce que un je m'ennuie très vite donc il faut un jour que ce soit des aspirateurs le lendemain des radars électroniques le lendemain autre chose mais j'ai besoin tout le temps tout le temps de réfléchir de me nourrir parce que je sais que l'intelligence est limitée la culture aussi et que ça appuie sans fin Et je savais que je ne pouvais pas être sur un métier où on me dise votre plan de carrière dans 5 ans, c'est ça. Dans 10 ans, c'est ça. On me l'a fait, le premier entretien que j'ai eu là-dessus. J'étais déprimée, je n'avais pas encore commencé de travailler. Je me voyais en dépression. Je dis, je vais voir tout le temps les mêmes collègues. Je vais manger tous les jours à la cantine avec le même plateau repas. Je vais... Enfin, moi, ça m'a... Mais non, mais... Vous savez, ce sont des images vraiment qui me sont venues à l'esprit en me disant à quel... Déjà, le premier repas, je me suis ennuyée. Je me dis, il me reste combien à passer ? Mon bureau, il n'y a rien qui va changer. La plante sera au même endroit.

  • Speaker #1

    Se reconvertir, c'est souvent plus une nécessité qu'un choix. C'est un processus complexe qui peut paraître insurmontable. Et personnellement, je pense que personne ne peut le faire seul. C'est pour ça que j'ai été séduite par Jobtimis. Depuis 14 ans, Jobtimis accompagne les professionnels dans leur reconversion avec un accompagnement bienveillant et personnalisé, alliant expertise humaine et outils d'intelligence artificielle. Ce qui fait leur force, c'est leur capacité à suivre les tendances RH, tout en offrant une flexibilité qui s'adapte aux besoins et au rythme de chacun. Le sentiment d'être perdu, oublié, revient souvent dans les études RH, mais Jobtimise vous aide à transformer ce doute en un projet structuré. Spécialiste des bilans de compétences et des transitions internes, ils permettent aux entreprises et aux salariés de naviguer sereinement vers de nouvelles opportunités, avec un cadre bienveillant et une approche qui vous place toujours au-dessus. au centre. Alors si vous avez l'impression que c'est le moment pour vous de changer, de redonner du sens à votre carrière, sachez que Jobtimis est là pour vous accompagner avec flexibilité et bienveillance tout au long de cette transformation. Et ce n'est pas tout. Pour rester à la pointe et maximiser votre employabilité, Jobtimis propose des formations certifiantes en intelligence artificielle avec une approche pratique et personnalisée. Ces formations vous donnent les clés pour créer votre IA personnalisé, comprendre le traitement des données ou encore explorer les applications concrètes et saisir les limites. Les résultats ? Selon le rapport AI de Stanford 2024, ceux qui maîtrisent l'IA générative surpassent leurs collègues avec plus 12% de productivité, plus 24% de rapidité et plus 41% de qualité. Alors êtes-vous prêt à prendre le virage de l'intelligence artificielle ? Avec Jobtimis, ne vous contentez pas de suivre les tendances. mais devenez vous-même un moteur de l'innovation dans votre secteur.

  • Speaker #0

    Je dis non, je ne peux pas. Donc la stratégie, c'était pour cette raison. L'international, pour compenser le manque de... les difficultés de mobilité. Et puis de se réjouir, effectivement, de se dire tous les jours que c'est une problématique différente. Et ça, je trouvais ça hyper excitant. Donc en fait, c'est là où tu te rends compte que tu choisis sans choisir. Parce qu'après, quand tu te retournes, il y avait quand même des... On pouvait pressentir certaines choses. mais effectivement ce qui est intéressant c'est de savoir aussi qu'on en apprend tous les jours on apprend de moi je dis pas des échecs parce que pour moi ça a jamais été un mot péjoratif tu vois quand j'ai travaillé pour la première fois aux Etats-Unis ils étaient super déçus parce qu'en fait ils embauchent au nombre d'échecs que t'as fait quelqu'un qui a coulé 17 boîtes a plus de chances qu'on lui fasse confiance que jeune ou pas jeune, ou blonde, ou je ne sais pas quoi, par rapport à celui qui n'en a pas fait beaucoup, puisque l'autre, en fait, il a appris 17 problématiques.

  • Speaker #1

    On ne peut pas qu'il écoule non plus toutes ses boîtes.

  • Speaker #0

    Mais tu vois ce que je veux dire sur le principe ? Et donc, en ayant été très tôt dans cette culture-là, puisque j'ai fait mon premier SES, j'avais 21 ans à la Zegas, et là, personne ne te regarde de travers le handicap ou la différence.

  • Speaker #1

    Ils sont plus ouverts, finalement.

  • Speaker #0

    Alors, ils sont plus ouverts. Et c'est surtout que moi, pour avoir travaillé dans la tech depuis maintenant 30 ans, c'était beaucoup moins compliqué il y a 30 ans. Il y a beaucoup de questions qui ne se posaient pas. La présence des femmes, on ne se demandait pas si elles étaient là ou pas là. Et moi, j'avais 21 ans, on ne m'a jamais dit, tu es une femme, tu es trop jeune, tu ne viens pas dans la tech. Alors que maintenant, quand on voit que... Moi, je dis souvent, quel est le pays au monde dans lequel... Seulement 2% des femmes trouvent du financement pour leur projet. Et quand tu dis c'est mon pays, c'est la France, tu vois, je me dis à quel moment on est dans une société à l'heure actuelle où seulement, en tout cas 98% des femmes sont obligées d'abandonner parce qu'elles ne trouvent pas de financement. Et c'est pareil, tu vois, le fait qu'on ne dise pas, ok, on se met tous autour d'une table, il y a un truc qui ne va pas.

  • Speaker #1

    Il y a de plus en plus d'initiatives.

  • Speaker #0

    Il y a des initiatives, mais on reste comme dans le handicap, où c'est des initiatives isolées. Ça ne veut pas dire qu'elles n'ont pas d'impact et qu'elles ne sont pas importantes. Mais il n'y a pas une prise de conscience collective en disant on y va Et sur les femmes, ce qui me dérange dans les discours que j'entends, c'est de dire vous manquez d'audace La porte est fermée. Je peux avoir de l'audace. Si elle reste fermée, qu'on ne l'ouvre pas. Je reviens sur l'inclusivité. S'il n'y a pas des portes qui s'en trouvent, on peut être 2000 derrière. Si derrière, ils ont 1000 verrous, on ne passera pas. Donc,

  • Speaker #1

    il faut se dire...

  • Speaker #0

    Mais n'empêche qu'il y a toujours des blocages. Et à quel moment on ne se dit pas c'est quoi les freins, c'est quoi les obstacles ? Ça peut être des biais, ça peut être plein de choses. Et qu'est-ce qu'on met en place ? Et d'avoir une vraie stratégie, tu vois. Quand on me dit, vous n'êtes pas assez nombreuses, il faut aller témoigner à droite, à gauche, dire aux femmes, venez. Ok ? Si on n'a toujours pas ouvert les portes, on peut être 2000 derrière, c'est une porte blindée, on ne passera pas. Et tu vois, de mettre le problème sur les femmes en leur disant, vous n'êtes pas assez audacieuse, ambitieuse, il faut qu'on soit plus nombreuses, etc. De nouveau, on détourne la vraie problématique qui est qu'on est dans une société discriminante, voire violente, parce que ne pas trouver du financement pour son projet, c'est une violence financière. Tu vois, de ne pas trouver dans le numérique. C'est pareil, c'est perpétuant.

  • Speaker #1

    Après, il y en a quand même qui s'en sortent.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu vois.

  • Speaker #1

    Mais c'est plus rare,

  • Speaker #0

    effectivement.

  • Speaker #1

    Et du coup, en parlant des femmes de levée de fonds et d'entrepreneuriat, je pense que c'est le bon moment de parler de Andy Road, que tu as créé en 2018. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    Alors, en fait, par rapport à mon métier, où je me déplaçais partout dans le monde, mais j'avais la maladie. qui me faisait quand même me déplacer plus comme une tortue ou un escargot qu'autre chose. J'ai eu des vraies problématiques pour trouver des hôtels accessibles, des taxis qui acceptaient de prendre mon fauteuil roulant. Dès qu'ils arrivaient, ils voyaient mon fauteuil roulant, ils disaient Ah non, ça ne va pas rentrer, il faut le plier, ça les embêtait. Des restaurants accessibles ou des toilettes accessibles dans le restaurant où je peux descendre autrement que par les escaliers en colimaçon. Et... Et puis d'être aidée. Tu vois, quand je suis paralysée, il faut que quelqu'un me porte mon ordinateur ou mes dossiers. Donc ça veut dire avoir un aidant professionnel. Donc j'ai cherché des solutions. Je me suis dit, c'est quelque chose qui est universel. Je vais aller voir du côté de la tech. Il y a sûrement des petits malins qui ont pensé à ça. J'ai trouvé des outils, mais qui étaient soit mal faits, qui ne répondaient pas bien à la problématique. Il n'y avait pas l'aspect sécurisation. Alors que nous, notre premier besoin, c'est de récupérer de l'info pour être rassuré et sécurisé du compte d'euros. Je prends le risque de sortir parce que quand je vais arriver à l'événement, il n'y aura pas des graviers qui vont empêcher mon fauteuil roulant de rouler. Enfin, tu vois, ça peut être tout un tas de choses. Et du coup, je passe un temps fou à chercher des infos à droite, à gauche, à trouver des aidants qui allaient m'attendre à l'arrivée. Parce que c'est pareil, tu arrives de l'aéroport, tu attends ta valise. Quand tu es paralysé, à quel moment je récupère ma valise avec les dents ou je ne sais pas c'est quoi l'idée et je vais jusqu'à la station de taxi. donc voilà, j'ai rien trouvé et puis j'ai un petit garçon qui était mon aidant du quotidien à l'époque qui avait l'habitude de me conduire en fauteuil roulant et pour lui c'était un jeu, il trouvait ça super rigolo sauf que à un moment donné il a commencé à buter contre les trottoirs les poubelles qui nous gênaient qui nous empêchaient de passer, les voitures mal garées donc là il a commencé un peu à s'énerver et trouver ça beaucoup moins drôle et en fait Comme quand je suis en difficulté, que je suis fatiguée, etc. J'ai toujours le téléphone à main pour lui dire on va à droite, à gauche, tout droit. Donc j'ai Waze. Et c'est la grande rigolade pour tout le monde parce que je ne suis pas en voiture, mais j'utilise Waze. Et en fait, ça m'a servi. Parce que Calixte, tout d'un coup, il me dit mais maman, c'est super simple en fait. Il me dit on va faire un Waze pour les personnes handicapées. Il me dit on enlève les radars, les gendarmes, etc. Il me dit on met les obstacles, on met les poubelles. J'ai dit, OK. Mais là, tu vois, moi, je suis maman. On va rentrer, tu manges et tu vas au lit, tu te laves les dents parce que j'ai autre chose à faire dans ma vie, contre la maladie. Il avait quel âge ? À 5, 6 ans. Incroyable. Mais ce qui est intéressant chez les gamins, c'est qu'ils n'ont pas de filtre. Donc, ils se passent, ça va être compliqué, ça va prendre du temps. Il y a beaucoup de data et de la donnée sensible parce qu'on est sur la santé, etc. Donc, c'est maman tous les soirs.

  • Speaker #1

    Mais c'est éludant.

  • Speaker #0

    Mais quand, en fait ? Je t'ai trouvé ta solution. C'est comme maintenant, quand il va pitcher, il me dit T'as vu, je t'ai ramené d'aller à telle société, c'était facile. Je dis Ok, super. Tout est simple pour eux. C'est hyper intéressant, en fait. Et du coup, à un moment donné, et moi-même ne trouvant pas d'outil, à un moment donné, j'ai dit J'en ai marre, je vais faire l'outil, ne serait-ce que pour moi. Il ne me servira qu'à moi, mais ce n'est pas grave, mais on va le faire. Et du coup, ce qui est intéressant, c'est aussi que, comme je connais cette problématique depuis des années, Il y a cette capacité d'anticiper, de savoir ce qui va marcher, ce qui ne va pas marcher à coup sûr. Et je pense que le trait un peu particulier d'Andyraude, pour moi, il y a des choses qui sont importantes. C'est le fait d'avoir compris que les dents et le PMR étaient indissociables. Ça peut être mamie qu'on emmène chez le coiffeur, mais tous les deux ont besoin d'infos et d'être sécurisés et de savoir si c'était bien à l'arrivée, etc. Donc c'est déjà d'avoir fait une solution où ce binôme, on dit toujours non, non, il faut avoir... qu'un seul personna, c'est pas possible, ils sont indissociables. La deuxième chose, c'est la notion d'entraide et de solidarité autour du projet. En ce moment, ça peut tous nous arriver, et ça coûte pas cher de donner de l'info, tu vois. Donc il y avait cette volonté aussi d'entraide et de stimuler des vertus humaines de solidarité qui n'existent pas forcément sur ces sujets. Et puis de se dire, c'est un outil tech, agile, réactif, on ne pourra jamais tout mettre aux normes. Donc qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer la situation en attendant que... Donc, du coup, on s'est lancé là-dedans. Et c'est une aventure merveilleuse parce qu'elle est, humainement parlant, hyper intéressante. Elle permet de parler de sujets de société, mais aussi des sujets d'innovation technologique qui peuvent être mis au besoin de chacun. On est quand même dans le bien commun, dans la tech for good, dans l'IA for all. Et du coup, ça me plaît parce que ça rejoint des valeurs qui... qui pour moi sont super importantes. Mais la difficulté, c'est, une fois de plus, on revient sur de la discrimination, c'est qu'on est sur une cible, on me dit oui, ils ne vont pas consommer, etc. Ou alors, effectivement, on me dit prenez un homme comme cofondateur.

  • Speaker #1

    On t'a dit ça ?

  • Speaker #0

    Ou alors, on me dit un homme valide.

  • Speaker #1

    Forcément.

  • Speaker #0

    Alors oui, comme aidant ! Mais pas comme associée. Je me débrouille comme une grande. Ça fait 30 ans que je suis dans la tech et dans l'entreprenariat.

  • Speaker #1

    C'est un peu comme les assurances.

  • Speaker #0

    Mais d'ailleurs, je ne peux pas prendre d'emprunt parce que tous les questionnaires de santé, je suis...

  • Speaker #1

    Tu en es où dans le projet ?

  • Speaker #0

    Donc là, la bonne nouvelle, c'est qu'on en a assez d'attendre. Donc au lieu de passer par les chemins classiques, comme ça ne marche pas. Et en plus, l'idée du complet... C'est qu'on va lancer en octobre une campagne de crowdfunding, parce que l'idée en plus me plaît de me dire, on aura co-construit. Tu vois, c'est un projet, c'est la société civile, c'est les gens en fait qui ont envie, il y a beaucoup de gens qui me soutiennent et c'est juste fabuleux, mais on n'est pas concernés, mais on a juste envie de contribuer, même si c'est pour un euro, cinq euros, ou te donner de la visibilité, parce qu'ils trouvent que c'est un sujet impactant et hyper intéressant. Et donc l'idée du coup du crowdfunding que je n'avais pas envisagé avant, Je me dis en fait c'est top, parce qu'en plus on va se sentir soutenu et pas tout seul, dans notre un peu désespérance, on n'avance pas. Et l'idée c'est aussi de, on va l'annoncer dans quelques temps, mais de trouver aussi une solution pour faire patienter les collectivités, les territoires qui ne veulent pas déployer l'outil parce qu'ils ne sont pas pressés, parce qu'ils trouvent que ce n'est pas super prêt. Dans la smart city pourtant il y a même une problématique. Voilà, alors il parle de villes 100% accessibles, qui ne l'est pas du tout. Je ne connais pas cette ville. Et je me dis, effectivement, ces obstacles, c'est aussi le fait qu'il n'y ait pas d'action, il n'y ait pas de stratégie sur la mobilité. Pour rendre mobiles ceux qui le sont au moins, pour rendre mobiles ceux qui le sont déjà, c'est-à-dire les trottinettes, tu es déjà mobile, tu as les trottinettes, il y a les vélos. Ceux qui ne sont pas mobiles, on ne fait rien pour eux. Donc, du coup, ça me plaît plutôt bien, tu vois, cette idée de se rassembler. Et d'être ensemble autour d'un projet, je trouve ça plutôt top. Donc, écoute, on a eu le salon. On a fait notre premier salon à Vivatech. Oui,

  • Speaker #1

    à Vivatech en plus.

  • Speaker #0

    Oui, et ça a super bien marché. On a eu des super échos, des bons retours presse. Calixte, mon petit garçon qui maintenant a 13 ans, il peut aller pitcher à ma place. Moi, ça m'amuse et ça m'arrange. Je peux m'en reposer. Il fait des interviews à BFM, comme si c'était super normal. Mais parce que c'est sa problématique au quotidien aussi, tu vois. Et puis que ça lui tient à cœur, mais c'est pas du tout ce qu'il veut être, ni entrepreneur, ni être dans la tech, etc. Mais par contre, il veut être juge, juge pour enfants. Voilà, parce que quand on touche au handicap, à la maladie, à la vulnérabilité, on est aussi sur des sujets très graves sur lesquels il n'y a pas de la maltraitance, parce qu'on dit de la maltraitance pour masquer un peu les drames au quotidien de violences. que dans les... On parlait de chiffres tout à l'heure, mais 80% des femmes en situation de handicap sont victimes de violences au quotidien. Je reviens sur les quiz, si on faisait ce genre de choses. Dans quel pays, 80% des femmes en situation de handicap sont victimes de violences ? Jamais on répondrait la France. Et c'est un angle mort des politiques publiques, etc. Et je parle de ce sujet parce que Calix, ça lui tient à cœur. Et c'est pour ça que la violence et la maltraitance et tout ce qu'on peut imaginer de dramatique sur des personnes vulnérables... Ça peut être l'abus de confiance, ça peut être les violences financières, ça peut être les violences professionnelles aussi, tu vois. Et de se dire à quel moment on le sait et on fait rien, tu vois. Donc voilà, ce que je trouve chouette, c'est qu'à une époque où on peut parler de plein de choses, il est très libre par rapport à moi, tu vois, qui avait peur de déranger, qui avait peur de ne pas être à ma place, etc. Il y a une génération, on y va. Oui, il a la fenêtre aussi,

  • Speaker #1

    il ne l'a pas. Oui,

  • Speaker #0

    et puis pour lui, c'est une évidence. Et par moment, quand je suis valide, que je ne suis pas en fauteuil, ou que je n'ai pas parlé de mon handicap, et qu'on a un problème quelconque, en disant, on se retrouve à tête. Et il dit, mais elle est handicapée, vous n'avez pas vu ? Je dis, mais tout le monde ne le sait pas, mon chéri, il n'était pas forcé de le crier. Mais pour lui, c'est... À quel moment on n'est pas précautionneux, et on ne se dit pas, il y a peut-être quelqu'un qui est en difficulté. Est-ce que je peux être utile ? Tu vois, le sens d'être dans la solidarité. Calyx, dès qu'il voit quelqu'un dans la rue, que ce soit une personne âgée ou un enfant, il s'inquiète. Tu vois, il a cette hyper-vigilance sur toutes ces problématiques. Mais ce qui est chouette, c'est de partager cette aventure aussi avec Calyx et peut-être d'inspirer d'autres personnes qui connaissent d'autres problématiques en disant, écoutez, si moi et mon petit loulou, on a réussi un petit peu à avancer et à visibiliser ce sens. de problématiques. Chacun peut le faire. Il n'y a pas de raison.

  • Speaker #1

    Et comment on peut retrouver ta campagne de crowdfunding ?

  • Speaker #0

    Je vais l'afficher début octobre. J'ai déjà mis un lien sur mon compte Insta et LinkedIn. Dès que la page projet sera prête et validée, même si vous ne pouvez pas contribuer, vous pouvez me... Voilà, la republier pour toucher le plus grand nombre. Parce que l'idée, c'est vraiment, tu parlais des Jeux Olympiques, mais moi, j'aimerais bien que derrière, il y ait un hashtag style Rendre le monde accessible à tous où je ne suis pas PMR, mais je suis anglo-sgaardienne parce que dans la solution, on a une grande communauté qui est hyper engagée. Et dire que tout le monde peut contribuer. Ça peut être donner de l'info, ça peut être juste le temps de laisser traverser mamie et de l'aider. Ça coûte 10 secondes de ton temps. d'être vigilante. On aimerait bien que, à la rigueur, on est en train de réfléchir avec Calix à faire un visuel que les gens auront qu'à repartager en disant je soutiens etc. Et puis même tous tes sponsors et ces athlètes qui puissent nous donner un coup de main parce qu'en fait, on est sur quand même une start-up à impact, non seulement positif, mais où on veut essayer au moins de changer de regard. Si l'outil, on n'a pas... tous les fonds pour le créer, mais qu'on a réussi à provoquer quelque chose, on sera déjà super content.

  • Speaker #1

    En plus, tu peux l'exporter. Stéphanie, tu sais que le concept du podcast, c'est aussi de faire intervenir quelqu'un de ton entourage pour une pause amicale. Alors, il y aura moins de surprises cette fois-ci, mais je pense que ça te fera quand même plaisir de retourner dans tes souvenirs. Je te passe... Le téléphone.

  • Speaker #2

    J'ai rencontré Stéphanie lors d'un événement de femmes entrepreneurs. Et je l'avais déjà entendue sur un podcast, je l'avais trouvée incroyable. Et en fait,

  • Speaker #0

    comme je cours avec une femme handicapée, et qu'elle essaie toujours de bouger malgré son handicap,

  • Speaker #2

    je lui avais promis qu'on ferait une course qui serait à la fois sa première course à elle. Et en même temps, on ouvrirait une cagnotte pour Andy Road, qui est sa start-up. Et on l'a fait. Je lui avais fait cette promesse en début d'année. Et quelques mois plus tard, en septembre, on a fait la parisienne, où elle était en joaillette. Elle fait ses premiers 10 kilomètres, qu'elle a même passé debout. C'était une émotion absolument incroyable. pour elle et puis pour les 30 femmes qui nous avaient rejointes, puisqu'on avait ouvert l'inscription pour 30 coureuses, grâce à un sponsor Organon qui nous a permis de faire cette course, et à l'association Dune d'Espoir qui nous avait prêté la joaillette. Ça a été une superbe course, c'était un super moment de grande sororité. Tout le monde faisait un effort, ce n'était pas des coureuses chevronnées qui étaient là, c'était parfois des femmes qui faisaient leurs premiers 10 kilomètres, ou alors qui... courait après des cicatrices physiques ou psychologiques. Donc voilà, c'était, comment dire, symboliquement, un petit peu Stéphanie au quotidien, c'est-à-dire qu'il se bat contre ses douleurs, son handicap, pour vivre sa vie, aller au bout de ses projets, et surtout continuer de donner du temps aux autres, ce que je trouve absolument incroyable quand on vit avec justement la douleur et le handicap, et en ça je la trouve absolument incroyable. Elle a une énergie dingue, elle est extrêmement généreuse. Et même si elle dit que c'est grâce à Calyx que j'embrasse son fils, elle se le doit bien à elle-même. En tout cas, je voulais profiter pour lui faire un gros bisou et lui dire que ce moment avec elle, lors de la Parisienne, avec le groupe des résilientes, elle fut un moment extraordinaire. Voilà.

  • Speaker #0

    Merci Nathalie. Je ne sais plus. Alors, c'est compliqué parce que... Je suis émerveillée de voir que des personnes qui me connaissent à peine, en même temps, prennent soin de moi et suivent mon petit délire aussi. Je trouve que j'ai une chance incroyable parce que j'ai croisé Audrey. En fait, je ne peux pas courir mécaniquement. Et je vais être encore opérée à plusieurs reprises. Pour l'instant, on fait des grèves, des reconstructions partielles. On essaie de faire ce qu'on veut pour que je tienne. Mais mécaniquement, déjà, j'ai réappris à marcher. Ça, ça va, je peux monter un escalier, mais c'est tout. Je ne peux pas courir, je ne peux pas... Et pourtant, je me suis préparée un an pour la course. Mais pour faire quelques mètres. Mais déjà, ces quelques mètres, il m'a fallu un an d'entraînement quand même pour essayer de trottiner, d'avoir l'air d'une vraie coureuse. Et en fait, quand j'ai dit ça à Audrey, quand on s'est croisés à l'occasion d'un... d'un événement, déjà elle se met à pleurer, je dis mais c'est pas grave, tu vois, j'ai pas de maladie mortelle, j'ai pas de... Je dis non, ma vie elle est compliquée, mais voilà. Et j'étais hyper embêtée de l'avoir aimée comme ça, elle me dit écoute, je vais te faire une promesse, quelqu'un que tu connais depuis quelques minutes. Incroyable. Et elle me dit je vais te faire une promesse, je te promets que l'année prochaine, je t'emmène courir, et en plus ça sera à la Parisienne. Je me suis dit, elle est adorable Audrey. Elle ne comprend pas que je ne vais pas pouvoir courir. Donc je ne sais pas ce qu'elle a en tête à ce moment-là. Et j'ai envie de lui dire, ok, mais il y a un moment donné, il faut atterrir. Et au fur et à mesure, elle m'a très délicatement monté cette proposition. Elle a quand même réussi à fédérer des femmes qui allaient courir en mon nom, mais qui ne me connaissaient pas du tout. Donc en plus, elle s'entraîne toute l'année pour moi. qu'elles ne me connaissent pas, on a pas vu ni rien du tout. Et cette générosité, cette puissance, cette volonté de prendre soin, mais de faire un cadeau juste merveilleux et dont je n'ai toujours pas atterri. J'ai trouvé ça tellement beau, tellement émouvant, tellement généreux. Donc tout ce qu'elle dit, moi je ne me suis pas entraînée. Je ne fais même pas un dizaine de ce qu'elles ont pu faire pour moi. et ce qui était génial c'est qu'en fait elles sont entraînées à courir avec ce qu'on appelle une joaillette donc elles me portaient elles couraient alors que c'était des femmes qui avaient traversé des épreuves terribles en termes de santé qui étaient en reconstruction donc déjà elles donnent leur temps à quelqu'un d'autre qu'elles connaissent pas du tout qui peut être une peste ou n'importe quoi tu vois moi je me dis à quel moment et elles courent et en plus elles portent la joaillette on voit pas forcément c'est hyper lourd, il y a mon poids euh... plus, elles, les kilomètres qu'elles font, tu vois. Et c'était magnifique parce qu'en plus, à l'arrivée, elles m'ont... On s'est arrêtées quelques mètres avant et elles m'ont laissé faire une espèce de course à moi. Et tu sais, de franchir une ligne d'arrivée, déjà, c'est-à-dire, je l'ai fait, même si c'était compliqué, même si c'est pas comme tout le monde et même si... Et cette récompense incroyable d'avoir le sentiment d'avoir réalisé un de mes rêves. Et en plus c'était super beau parce que Calixte était à l'arrivée. Donc là, ça a été la catastrophe. Je me suis écroulée dans ses bras parce qu'entre l'émotion, la fatigue, les douleurs, tout ce qu'on venait de vivre ensemble. Et tu vois, c'est un peu l'idée d'Enduro. C'est-à-dire, on va se battre, mais on va y arriver. Mais ensemble, c'est ça qui compte. C'est pas d'être fois deux, fois dix. C'est le dernier de mes soucis avec Enduro. C'est un projet vraiment qui n'a rien à voir. Il a un but plus grand. Ouais. Et d'aller au-delà, c'est ce qui m'inspire et qui me permet tous les jours de me dépasser, c'est d'être sur des sujets à impact, où je vais aller au-delà de ma petite personne. Et je vais me dire, il y a des causes hyper importantes sur lesquelles il faut se concentrer. Et le fait de moi, de me décentrer par rapport à ma problématique, et de ne pas me dire toute la journée, j'ai mal, je ne suis pas de rien, je ne vais pas y arriver. J'essaye, au pire ça ne marche pas, mais j'aurais essayé, c'est ça qui me motive. Et puis d'essayer de contribuer, même si c'est une petite goutte d'eau, mais je me dis... J'aurais essayé, j'aurais été utile une fois dans ma vie. Et ce que je trouve très beau dans cette démarche, c'est que tu vois, Audrey, je l'ai rencontrée, et je continue à rencontrer des femmes, c'est souvent des femmes, mais il y a aussi des hommes qui sont absolument formidables, comme Philippe Trottin de chez Microsoft, qui depuis le début est hyper bienveillant par rapport au projet, qui est un homme juste formidable, et j'en ai croisé quand même quelques-uns. Et tu vois, depuis, ça m'a ouvert une autre porte en me disant, allez, qu'est-ce que je pourrais faire d'autre que je ne peux pas faire ? Donc là, j'ai fait mon premier vol en parapente. Je tente de monter le sol à l'arrivée, parce que je n'ai pas le droit aux impacts, je n'ai pas le droit aux chutes. Il faut que je fasse hyper attention à tout. Donc c'est vraiment le binôme qui a amorti l'impact. Et là... Je rencontre quelqu'un qui me dit, moi je te promets, on ne se connaisse pas, c'était l'anniversaire d'un ami de mon petit garçon, un anniversaire d'enfant, et il me dit, j'ai regardé ce que vous faisiez, j'ai envie de... Il me dit, je suis prof de parapente, ça fait 30 ans que je fais ça, je vous promets, il ne vous arrivera rien. Et à l'atterrissage, il n'y aura pas un orteil qui touchera le sol, vous n'aurez aucun impact.

  • Speaker #1

    Ça me fait des frissons.

  • Speaker #0

    Et donc, d'être dans les airs, pour quelqu'un qui est immobile, qui est souvent... Voilà, isolée, etc. De se dire, il y avait des oiseaux qui étaient à notre hauteur. J'ai... Je voyais la mer en plus en Corse, tu vois. C'était super beau et tout. J'ai l'impression d'être... Tu vois, c'est vraiment des moments juste incroyables. Et la dernière chose que j'ai faite, c'est que j'ai fait de la plongée. J'ai fait mon baptême de plongée. Ça faisait cinq ans que je voulais faire parce que je me suis noyée. À cause de mon handicap et d'une bâine... À l'océan, j'ai été emportée au loin et je me suis noyée, arrêt respiratoire, etc. Et je n'aurais pas dû survivre, mais j'ai beaucoup de chance. Et c'est un surfeur qui m'a récupérée, mais moi j'étais déjà partie dans le coma, etc. Et heureusement, je suis arrivée à temps, il y avait un hélico, enfin bon. Mais depuis, c'était compliqué pour moi de me baigner et tout. Et ce baptême de plongée, c'était important parce que j'avais peur de ne plus pouvoir respirer. Je me rappelais de la sensation quand tu noies d'avaler de l'eau. Et de voir que tu vas mourir, en fait. Personne ne t'entend, personne ne te voit. C'était à l'océan, il y avait des vagues de dingue. Mais je voulais essayer de passer au-delà. Alors, j'ai mis 5 ans, mais je suis super contente de l'avoir fait aussi. Alors, ça ne dure pas longtemps, mais pour moi, c'était super compliqué.

  • Speaker #1

    Essayer de dépasser une peur, c'est un traumatisme.

  • Speaker #0

    Et puis, se dire, il ne faut plus que ce soit... Tu vois, j'essaye de ne pas donner de leçons, parce que j'ai une leçon à donner à personne, mais j'essaye de faire comprendre que quand tu as eu... quelque chose, une épreuve, un drame, peu importe, ou une personne qui a été violente, qui s'est mal comportée, est-ce que tu lui donnes le pouvoir à cet événement de te pourrir le reste de ta vie ? Est-ce que tu lui donnes ce pouvoir-là ? Et le fait de passer outre et de dire, ok, tu fais, tu m'auras pas eu, tu m'auras pas détruit ma vie, etc. Et je trouve que c'est une des clés, c'est pas la seule, mais déjà de se dire, tu vois, même avec mon petit garçon, quand il a des soucis, je lui dis, est-ce que... Tu vois, il va être juge, il y a un instinct qui lui dit Pfff, n'importe quoi, tu n'y arriveras jamais. Il rentre dans la voiture à la sortie d'école, il me dit J'abandonne, je n'y arriverai jamais. Tu te moques de moi ? Ça fait des années que tu me casses les pieds avec ça. Et là, il est passé. Et il me dit Oui, mon instinct m'a dit que je n'y arriverai pas. Je dis Kex, tu te moques de moi, quoi. Est-ce que tu vas laisser à cet imbécile le pouvoir de détruire ton rêve ? Je dis À quel moment ? Il ne te connaît pas, il ne sait pas ta persévérance, il ne connaît pas le contexte et les raisons qui font que tu es hyper motivé pour faire ça. En quoi il est capable de dire aujourd'hui, ce gamin-là a 10 ans, il est inapte à devenir juge ? Donc, tu vois, c'est... Et je dis ça parce que c'est vraiment important, à un moment donné, de se dire, OK, je suis à terre, quelle que soit la raison pour laquelle tu es à terre. Mais il y a un moment donné, tu te dis, voilà, quel pouvoir, quel... Tu sais, j'ai commencé en me disant, c'est presque des coefficients. Je donnais un coefficient de 10 à un imbécile qui s'est mal comporté avec moi, qui m'a mis à terre, effectivement. et sur lesquelles j'ai eu des séquelles, etc. Ou est-ce qu'à un moment donné, non, je décide que c'est ma vie et que je reprends mon chemin. Je suis tombée, mais je me relève et on y va. Même si c'est compliqué, c'est plus lent que prévu parce qu'il y a des étapes, etc. Mais je trouve que cette image de, une fois que j'ai compris ça, je me dis, mais il m'a ruiné la vie pendant X temps, ou la maladie m'a empêchée de faire des choses pendant X temps. Est-ce que je lui laisse ce pouvoir de continuer de me casser les pieds ? Donc, je fais appel à vos idées. Du coup, j'ai réalisé au-delà de ce que je voulais réaliser. Donc, si vous avez une idée, je me dis, qu'est-ce que je pourrais essayer de faire ? Que je n'ai pas encore tenté.

  • Speaker #1

    Le parachute ?

  • Speaker #0

    Oui, mais ce n'est presque pas drôle parce que je me dis, le parapente, ça a marché. Je me dis, bon, mais c'est quand même une sacrée trouille. J'ai le vertige et tout. Mais effectivement, le parachute. Mais je me dis, parfois, tu rêves et tu... Tu reçois tellement plus. Je reviens sur Audrey ou ce que je reçois. Moi, je voulais être ermite au départ. Mon plan de vie, c'était m'empermer dans une grotte, que personne m'embête, que je sois invisible et qu'on me laisse tranquille, qu'on ne me dise pas oui, tu es handicapée, tu as ceci, tu as cela ou de moi me sentir coincée parce que je voyais bien que je ne fonctionnais pas pareil. Donc, le plan ermite, j'étais trop contente de ma trouvaille. En plus, j'adore écrire. Je vais passer ma vie à écrire, à observer. Le temps, les oiseaux, les papillons, ça me va très bien, ils sont super gentils, personne ne va me faire de mal, tu vois. Donc c'était un peu... Et je me retrouve en fait à être quelqu'un qui a envie de témoigner, qui a envie de faire bouger les lignes, qui a envie. Alors que je me disais, je n'aurais aucune utilité dans ma vie parce que je ne suis pas faite pour ce monde-là. Et parce qu'en plus, on nous apprend à avoir honte, tu vois, à force de nous dire, estimez-vous heureuse, on vous a donné un job, etc. Et le rêve qu'a réalisé Audrey, je n'y croyais pas du tout. Je la trouvais très gentille et très généreuse, mais je n'avais pas compris que ça ne va pas être possible. Et de voir que j'ai fait le parc des Princes, j'ai participé, et je ne la remercierai jamais assez, Sophie Iborra de la Tribune m'a appelée un jour et m'a dit qu'on allait faire un événement au parc des Princes. Tu vois, le casser les codes et dire que je suis en situation de handicap et que je vais au parc des Princes, je trouvais ça... Tu vois la symbolique super sympa. L'une des dernières conférences que j'ai faites, c'était à la Tour Eiffel, c'était sur l'IA inclusive et égalitaire, qui est mon dernier dada. À quel moment je me serais dit, je suis arrivée, il y avait mon portrait en gros dans la salle, etc. Je me disais, mais à quel moment ? Il m'est venu un jour. Je ne prends pas beaucoup de photos, mais je dis quand même, il faut que je montre ça à mes parents en plus. votre enfant qui a eu autant de soucis, etc. Regardez, elle est quand même à la Tour Eiffel et a fait une conférence sur une expertise quand même assez pointue de l'IA devant des dirigeants, etc. Donc, tous ces gens-là, je les remercie parce qu'il y a beaucoup de négatifs dans le parcours. Il y a beaucoup de choses difficiles, mais il y a eu plein de beaux cadeaux et de choses vraiment incroyables et de gens incroyables qui me disent Mais... Attends, moi, je vais faire ça pour toi. Qui ont envie d'être à mes côtés. Si ce n'est pas moi, symboliquement, par exemple, toutes ces femmes qui sont en difficulté et tout. Donc, évidemment, tu fais partie parce que le fait de me permettre d'en parler et peut-être que certaines d'entre vous qui m'écoutent se sentent moins bien, moins intelligentes, moins je ne sais pas quoi. Si ça peut les encourager à se dire, cette femme, elle n'avait pas toutes les clés. Toutes les cartes en main qu'il fallait. Elle en avait même des cartes assez pourries. Et elle a réussi à faire ça. Que vous croyez effectivement en vrai, en disant j'ai le droit, je peux m'autoriser. Ça sera différemment. Tu vois, le son par rapport à autre. Je ne l'ai pas fait comme tout le monde, dans les mêmes conditions, avec des harnais, avec un siège, etc. adapté. Mais je l'ai fait quand même. Et de se dire, il y a quand même des belles choses. Et il y a, malgré les discriminations, les problèmes d'inégalité, etc. Il y a quand même des gens. formidable et ça, il ne faut pas l'oublier. Tu vois, j'ai tendance à dire, la vie, c'est un formidable chaos. Pourquoi formidable ? Parce que c'est une série incessante, soit d'opportunités qui te passent devant et c'est à toi de dire Hep, attention, je suis là, regardez, j'ai envie de faire un projet, on va parler deux secondes et je ne vous laisse pas le choix d'ailleurs parce que je vous ai déjà dit tout ce que je voulais vous dire et il n'a pas avalé son petit four qu'il y a Marc Simoncini, il y a un jour, que j'ai croisé comme ça. On était à un événement à la Défense et je savais qu'il était sur un projet d'entraide de communauté pour l'alimentation, pour donner les invendus à des associations, etc. pour que l'alimentation ne soit pas perdue. J'avais déjà mon idée en tête. Il était en train de manger son petit four, il n'a même pas eu le temps de me dire oui, non, peut-être, moi j'avais déjà piqué mon truc. Et donc c'est une série incessante d'opportunités, tu les saisis ou tu ne les saisis pas, et même si tu ne les as pas saisies, tu n'étais pas prêt, ce n'est pas grave, il y en aura d'autres. Il y a celles que tu peux créer, et c'est un chaos parce qu'effectivement, même s'il y a des crises, même si les outils changent en termes d'usage, même s'il y a des choses difficiles, pour moi, et ce n'est pas mon volet forcément stratégique, c'est que forcément, Quand les lignes bougent, ça va créer d'autres choses. Et on le voit bien avec les innovations. Donc, moi, j'ai envie de dire, réjouissez-vous. Ça ne va pas être facile. Ça ne va pas être drôle. Vous allez pleurer. Vous allez avoir mal. Vous allez peut-être avoir des difficultés que vous n'auriez pas imaginées. Tu as un associé qui te fait des coups dans le dos. Il y a plein de choses. C'est un peu Sœur Emmanuelle, quand elle disait Yalla, on y va ! Allez hop, go ! On va voir bien ce qui se passe ! Mais voilà, réjouissez-vous et dites-vous que, oui, je trouve que le fait d'imaginer le chaos au lieu de le voir sous un prisme négatif, et d'ailleurs c'est ce qui permet la résilience, le voir sous un prisme, le chaos, avec de l'optimisme, avec le fait de se dire presque, moi je l'attends au tournant en me disant Qu'est-ce que ça nous réserve ? Il y a presque de l'excitation, de l'espérance. Boris Cyrulnik qui dit qu'il n'y a pas de résilience sans espérance. Si on n'espère rien de la vie,

  • Speaker #1

    on ne sera pas résilient.

  • Speaker #0

    On n'aura pas les clés.

  • Speaker #1

    360 Insights, c'est aussi un petit tour complet. Tu donnes beaucoup de messages hyper optimistes, hyper inspirants. Et peut-être qu'il y a des personnes qui nous écouteront et qui se retrouveront dans ton parcours, dans ce que tu fais, dans ta façon de voir les choses. Tu n'es pas obligé de dire oui. Merci. Mais est-ce que tu pourrais nous dire deux choses ? La première, c'est comment tu as réussi à dompter ton handicap au quotidien pour te permettre de pouvoir faire ces choses ? Parce que si un jour tu te lèves, tu es paralysé, comment tu fais ? Et le deux, c'est à quel moment dans ta vie ça a été tellement dur ? que tu t'es vue abandonner, mais finalement, tu n'as pas lâché.

  • Speaker #0

    En fait, c'est un peu compliqué parce que tu vois, c'est vraiment un process. Quand tu as été dans le déni de toi pendant des années en disant je vais être comme tout le monde, je vais masquer, je vais essayer de trouver des astuces pour compenser, etc. Quand tu t'es vraiment oubliée. C'est très compliqué de se retrouver. Et moi, pendant longtemps, et même encore maintenant, je parle de moi la troisième personne. Parce que c'est moins de douleur, tu vois ? C'est tellement émotionnel, tellement bouleversant sur certains sujets.

  • Speaker #1

    C'est toi ?

  • Speaker #0

    Ouais. Ça veut dire qu'il faut que je tarde plus.

  • Speaker #1

    Cinq minutes.

  • Speaker #0

    Ouais. Et en plus, on va les prendre, parce que je pense que ça peut être peut-être important. Le fait de s'oublier, soit, de travailler pour tout le monde. Moi, je suis dans l'aide et l'accompagnement. J'aide conseillers, j'aide accompagner les dirigeants pour qu'eux réalisent leurs rêves, mais pas les miens. Donc, quand je dis s'oublier, c'est vraiment... Moi, je voulais être invisible. Je ne voulais pas qu'on voit que j'étais différente, que je pouvais être en difficulté. Et comme j'étais convaincue que j'étais la fille la plus stupide du monde, je me disais, je réponds même pas parce qu'ils vont se rendre compte que je suis stupide, donc c'est pas la peine d'en rajouter, etc. C'est violent, c'est douloureux, il y a le rejet, il y a l'exclusion, et qui sont au quotidien, parce que ça revient à un moment donné. Tu tombes toujours sur un imbécile ou sur une situation où les gens vont te regarder de travers, etc. Je l'ai fait à un événement avec des investisseurs étrangers. où je me suis toute la journée, je vais faire le test. Je me présente, je dis, entrepreneuse, engagée, polyhandicapée, j'explique ce que j'ai et pourquoi je suis à ce projet-là. Deuxième version, la personne après que j'en compte, je ne lui dis rien. Je suis fondatrice de cette start-up. Je ne dis pas que je suis polyhandicapée. Évidemment, les jours où c'est invisible, les jours où je suis en fauteuil, ça se voit. Et bien, à chaque fois, malheureusement, dans 100% des cas, celui à qui j'ai dit tout de suite que j'étais en situation de handicap. Il commence à regarder son portable, ses chaussettes. Il dit, en fait, je vais revenir parce que, voilà, systématiquement. Donc, on n'est vraiment que là. Donc, c'est pour ça que la réponse est difficile parce qu'en fait, elle est... Là, au quotidien. Donc, en fait, il faut tous les jours se faire violence et se dire Je suis capable de... Je suis respectable... Je suis ceci... Et d'ailleurs, Calixte, qui est très intuitif, comme tous les gamins, il m'a mis des mots partout dans la maison. Le premier qui m'avait écrit quand il était tout petit, il avait pris une lettre de mon prénom. Et avec toutes les premières lettres, il m'avait mis Tu es formidable, tu es inspirante, tu es belle, tu es ce... Et il me dit comme ça. T'oublies pas et t'arrêtes de t'excuser d'être ce que tu es. Parce que c'est vrai que je suis tout le temps en train de m'excuser. Et c'est à ça qu'on reconnaît aussi les personnes qui ont eu un parcours parfois compliqué. Parce que tu ne te sens pas légitime, mais parce qu'on ne t'ouvre pas la porte. Donc ça, c'est une vraie question. Et il y a encore beaucoup de travail pour moi, mais pour toutes les personnes en général. Mais par contre, ça fait perdre beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, etc. Et moi, ce que j'aurais envie de dire, c'est... que j'ai compris très tard, c'est que c'est Frida Kahlo qui disait ça, tomber amoureuse de vous et ensuite tomber amoureuse des autres. Et effectivement, ça, je ne l'ai pas fait. Je ne m'aimais pas. Maintenant, je me supporte, je me fais rire toute seule parce que je suis maladroite, parce que ma pauvre fille m'était... Je me parle à moi-même et je te dis des fois, je ne sais pas. Mais cette dissociation, je l'ai vraiment créée, en fait. Il y avait celle, je me disais, je n'ai pas le droit de pleurer quand j'ai mal, je n'ai pas le droit de... Je peux être capable d'être en crise et d'avoir des choses très difficiles parce que les douleurs sont des douleurs qu'on ne sait pas encore soigner par la médecine.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de maladies comme ça.

  • Speaker #0

    J'ai appris à ne pas pleurer, à avoir un visage impassible. Vraiment, c'est incroyable ce qu'on peut... Mais je me dis, toute cette énergie que j'ai eue à lutter contre moi-même, j'aurais pu en faire. Plein d'autres choses. Si dès le début, j'avais dit, excusez-moi, là, j'ai mal. Là, c'est compliqué. Je vais devoir m'absenter ou me mettre en maladie quelques jours. Ou je vais travailler à la maison. Le fait de ne pas avoir osé. Et en fait, là où je veux en venir, la première chose, c'est de ne pas oublier qui on est. Et de se respecter.

  • Speaker #1

    De se respecter.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, c'est vraiment de la maltraitance. Le fait de s'oublier. De s'oublier. d'aller au-delà de ses forces de demande à son corps tous les jours. On parle du dépensement de soi, mais on est obligé parce que c'est le seul chemin. Et en même temps, on y laisse vraiment beaucoup de plumes. Donc moi, je suis pas tout à fait... J'ai un peu un discours modéré là-dessus.

  • Speaker #1

    C'est que t'avais pas vraiment le choix, en fait, parce que sinon, t'aurais pas pu faire tout ce que t'avais fait.

  • Speaker #0

    J'aurais pas pu rester chez moi. J'aurais jamais vu personne, j'aurais jamais communiqué, j'aurais jamais travaillé.

  • Speaker #1

    T'étais obligée de cacher ton handicap.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Parce que sinon...

  • Speaker #0

    Et je dis, le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire, la plus belle histoire d'amour... Parce que c'est vraiment une histoire d'amour, c'est de s'aimer soi-même, tu vois, et de prendre soin de soi comme quelqu'un dont on est amoureux. Quand t'es amoureux, t'as envie d'être délicat, tu fais attention, t'as envie de lui offrir plein de cadeaux, etc. Alors qu'on fait même pas ça pour soi-même, en fait, tu vois. C'est vrai. Je trouve ça... On devrait se le prouver. Une fois que t'as compris, tu te dis, mais on est d'une stupidité ahurissante. Je suis la personne avec laquelle je vais vivre toute ma vie. Pourquoi j'investis pas sur moi ? Pourquoi je prends pas soin de moi ? Pourquoi... Alors que si je veux aller jusqu'au bout de ma vie, il faut que je m'en donne les moyens, tu vois. Et pourquoi je réaliserais les rêves d'autrui et pas les miens ? Donc, c'est pour ça que ta question, elle est vraiment importante. Et la deuxième, c'est sur le fait que je sois fière de quoi ? Quelque chose ?

  • Speaker #1

    Un moment de ta vie où ça a été tellement dur que tu as eu envie d'abandonner. Et comment tu as surmonté ça ?

  • Speaker #0

    Alors, ma réponse ne va pas te plaire, c'est tous les jours, en fait. Mais c'est là où on voit que quand tu es dans cette démarche et que tu as réussi à mettre des outils en place, tu es à terre, mais beaucoup moins longtemps au fur et à mesure, parce que tu as des clés. Mais régulièrement, je pleure, je dis j'arrête tout, c'est trop dur, c'est trop compliqué. Quand on me fait une remarque où je me sens blessée, parce que je suis hyper sensible sur certains sujets, je me dis je ne suis pas assez bien pour le projet. Il n'y a pas longtemps encore, ça m'est arrivé de pleurer en me disant je ne suis pas à la hauteur de cette cause. Je ne suis pas la meilleure personne pour la servir parce que j'aime mon pitch. Comme j'ai des problèmes de mémoire, j'avais un peu bafouillé. J'ai eu peur que les gens se disent que ce n'est pas la bonne personne, etc. Mais ce n'est pas Stéphanie dont je parle. C'est de ne pas être à la hauteur de l'ambition du projet. Et c'est régulièrement où je me dis que je n'y arriverai pas. Ça va être trop compliqué. Et quand j'ai mal, comme tu disais tout à l'heure, quand tu es paralysé. Alors je dis je rampe parce que oui, pendant longtemps, j'avais que le bas qui était paralysé. Donc je rampais. Mais après, tu trouves des astuces même pour rire de toi-même. Stéphanie, tu es quand même chez toi, dans ton appart, comme un ranger, alors que toi, tu es tout sauf un militaire pour pouvoir aller boire ou aller aux toilettes, quand même. Je me dis, il y a quelqu'un qui me verrait. C'est quoi cette nette ? Elle fait du grand n'importe quoi. Et c'est pareil, demander de l'aide, avoir une auxiliaire de vie, tout, c'est des marchés hyper humiliants, hyper compliqués. Quand tu demandes de l'aide à tes enfants, alors que ce n'est pas leur job. Donc ça fait partie en fait de mon quotidien. Alors il y a des jours où il n'y a aucun bug, mais c'est quand même régulièrement où en plus la maladie te rappelle à ce que t'es. Donc là tu reprends tous les trucs. Ah oui j'ai oublié, j'étais handicapée. Parfois même, je dis n'importe quoi, il y a des gamins qui jouent à 1, 2, 3 soleil, je dis oh j'ai envie de jouer avec vous. Je me disais, mais à quel moment je vais pouvoir courir le plus rapidement possible ? Stéphanie, tu ne peux pas courir, tu as oublié. Ah oui, j'ai oublié. Tu vois, il y a plein de trucs. Tu restes dans l'esprit, là, on vit. Mais tu oublies, et quelque part, heureusement.

  • Speaker #1

    Heureusement que tu ne penses pas trop.

  • Speaker #0

    Mais voilà, et c'est vrai que l'idée de... Je me dis, s'il y a certaines personnes qui peuvent prendre conscience de ça, en disant, voilà, prenez soin de vous, aimez-vous, et après, vous aimerez effectivement le reste. C'est votre plus bel investissement, en fait, parce que c'est votre corps, c'est votre esprit. Et même, tu vois, si on parlait de charge mentale ou de souffrance aussi psychologique, à quel moment on ne prend pas soin de soi et on ne mise pas tout sur nous avant, en plus, d'aller trouver des fois des excuses aux autres.

  • Speaker #1

    Stéphanie, pour finir,

  • Speaker #0

    le crible.

  • Speaker #1

    Les questions sont courtes. Tu peux y répondre en une phrase. Une Maxime que tu aimes.

  • Speaker #0

    Alors, elle est de moi, mais en toute humilité. Mais c'est qu'on a le droit d'être à terre, mais qu'on a la responsabilité et le devoir de se relever.

  • Speaker #1

    Tu as le droit d'échouer,

  • Speaker #0

    mais tu as le devoir d'essayer aussi.

  • Speaker #1

    Quelle est ta plus grande peur ?

  • Speaker #0

    Il y a des jours où je suis prête, il y a des jours où je ne suis pas prête. C'est le jour où je vais être paralysée définitivement et je vais regarder le plafond tous les jours. Alors oui, on a plein d'outils, mais tu vois, d'être coupée du monde, de ne pas pouvoir aller vers les gens, et de me dire... En même temps, je serais très heureuse parce que je me dis que j'aurais réalisé plein de choses. Mais tu sais, c'est comme un rendez-vous avec la maladie, dire OK, tu as gagné, ça y est, c'est fini. Mais je n'ai pas le droit de me plaindre. J'ai eu une vie formidable, etc.

  • Speaker #1

    Une rencontre qui a changé ta vie ? La rencontre qui a changé ta vie ?

  • Speaker #0

    Mes enfants. Parce que je ne me suis pas battue pour moi, mais je me suis battue pour eux. Ils m'ont donné cette force, cette envie de me dépasser. Un, j'avais peur qu'ils aient honte de leur maman. Deux, je me suis dit si ça leur arrive, si elles passent, surtout mes filles, par ce genre de choses. Qu'est-ce que je n'ai pas envie qu'elles vivent ? Comment je vais les protéger ? Comment je vais leur donner des clés ? Comment je vais leur transmettre quelque chose ? Et surtout, si je reste à terre, quelle leçon de vie je leur donne ? Donc, je n'ai pas le droit. Donc, la plus belle rencontre, oui, c'est mes merveilles.

  • Speaker #1

    Pour toi, qu'est-ce que signifie réussir sa vie ?

  • Speaker #0

    C'est une super question, c'est compliqué. Pour moi, c'est garder cette capacité à s'émerveiller et à espérer. Si tu as ces deux vertus qu'on peut entretenir, qu'on peut nourrir et tout, te réjouir de tout, il ne fait pas beau mais on a une super rencontre, tant pis, j'ai raté mon pitch, mais ça m'a permis de rencontrer d'autres personnes et d'aborder des sujets d'une autre manière. J'ai toujours essayé de transmettre ça aussi à mes enfants en disant Tous les soirs, tu es obligé de faire cet exercice. Tu trouves trois belles choses qui te sont arrivées dans la journée. Un plat que tu as aimé à la cantine, quelqu'un qui t'a souri, mais tu ne t'endors pas sur des choses compliquées. Et le fait d'espérer, d'être toujours en disant, il peut se passer des choses juste incroyables, comme les rencontres que je fais, comme les micro-expo, mais n'empêche que. C'est quand même des petites victoires, mais ce sont des victoires. Et de faire confiance à la vie, même si elle est compliquée. Je sais que c'est compliqué, mais c'est un acte de foi. Si tu veux te faire plaisir, si tu veux être heureux, je pense que ça fait partie des choses importantes. Merci Stéphanie.

  • Speaker #1

    J'ai les larmes aux yeux à la fin. Je me suis retenue tout le long quand même. Il fallait que ça vienne à la fin.

  • Speaker #0

    Je voulais être fière de toi. Mais ça aussi, tu vois, apprendre à pleurer et accueillir les émotions. Avant, j'avais honte. J'avais peur qu'on me dise qu'elle est hypersensible, ce qui est vrai, mais on n'est pas dans une société. Mais moi, je vais pleurer même devant quelque chose qui est beau parce que je trouve ça merveilleux. et que ça me nourrit. C'est des émotions. Donc, non, non, c'est très bien, garde ça, c'est hyper précieux, mais j'aimerais bien ne plus avoir cette réputation, parce que plus personne ne va m'inviter. Mais merci,

  • Speaker #1

    merci encore. Merci à toi aussi. Bravo. Et on a hâte de suivre tes aventures avec Andy Rode.

  • Speaker #0

    On verra.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    C'est gentil.

  • Speaker #1

    Je vous remercie d'avoir écouté le podcast. Si vous vous êtes sentis grandis à la fin de cet épisode, et c'est ce que je souhaite profondément, n'hésitez pas à liker, à mettre un commentaire ou à me contacter directement pour me donner vos feedbacks ou encore pour me proposer des personnalités extraordinaires dont vous auriez envie de tout savoir. Je serai très heureuse de vous lire. Je vous souhaite une très belle journée à toutes et à tous. À très bientôt !

Chapters

  • Qui est Stéphanie

    21:23

  • Handiroad

    35:56

  • Pause amicale

    48:13

  • Le crible

    01:06:49

Share

Embed

You may also like

Description

Je suis enfin de retour après une longue pause, ravie de partager avec vous un nouvel épisode du podcast 360 Insights. Cet épisode me tient particulièrement à cœur, et je suis certaine qu’il marquera le vôtre.

Mon invitée du jour est Stéphanie Gateau. Une femme extraordinaire qui incarne 𝐥𝐚 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞, 𝐥’𝐡𝐮𝐦𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐫𝐞́𝐬𝐢𝐥𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞.
Stéphanie a surmonté des épreuves inimaginables pour devenir une entrepreneure accomplie, une conférencière inspirante, et une maman dévouée. Après une carrière en stratégie internationale, elle a fondé en 2018, avec son fils Calixte, la startup Handiroad. Ensemble, ils réinventent la mobilité pour les personnes en situation de handicap avec une approche humaine et technologique.


Durant notre discussion, nous avons exploré :

L’impact des Jeux Paralympiques 2024 : Ce qu’ils changent — ou pas — en matière d’accessibilité et de mobilité en France.
Les chiffres qui interpellent : 80 % des handicaps sont invisibles, et une personne sur trois sera confrontée au handicap au cours de sa vie.
La genèse d’Handiroad : Une application qui révolutionne la mobilité, rendant les déplacements plus accessibles et fluides.
Le pouvoir de la résilience : Comment transformer les regards et jugements en une force motrice.
Les leçons de vie : Des réflexions poignantes sur l'acceptation de soi et l'importance de l’inclusion.


Pourquoi écouter cet épisode ?
Parce qu'il ne s'agit pas seulement d’une discussion, mais d’une véritable immersion dans une histoire de vie bouleversante et inspirante. Vous en sortirez avec une nouvelle perspective sur le handicap, l’inclusion, et la résilience.


Soutenez et découvrez :

  • Handiroad : Une startup qui rend le monde plus accessible. Participez à sa campagne de crowdfunding : Lien ici.

  • Stéphanie Gateau : Retrouvez-la sur LinkedIn.

  • Wounded Women : Une initiative d’Audrey Bouyer pour les femmes victimes de violences. Découvrez son travail ici : Lien Instagram.

  • Womaccelerator : Des formations certifiées Qualiopi, finançables par le CPF, pour booster votre carrière. Plus d’informations ici : Lien ici.

  • Jobtimise : Expert en reconversion professionnelle et formations en IA. Plus d'informations : www.jobtimise.com.


#Podcast #Handicap #Inclusion #Résilience #Handiroad #Entrepreneuriat


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Tout d'un coup, il me dit Mais maman, c'est super simple en fait. On va faire un WES pour les personnes handicapées. La notion d'entraide et de solidarité autour du projet. Ça peut tous nous arriver et ça ne coûte pas cher de donner de l'info. Et je dis le plus beau cadeau, c'est de s'aimer soi-même, et de prendre soin de soi comme quelqu'un dont on a amour.

  • Speaker #1

    Vous écoutez 360 Insights. Je suis Nathalie Royer et je vous propose dans ce podcast des conversations sans filtre. avec des personnalités inspirantes qui façonnent le monde d'aujourd'hui. Du monde de la tech à l'industrie du luxe, nos invités partagent avec vous leur parcours, leur succès. Mais ils vous livrent aussi les coulisses de leur business et les réalités concrètes de leur quotidien. J'ai une surprise pour vous. À chaque épisode, j'invite un invité mystère pour nous livrer une anecdote inédite sur notre personnalité du jour. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue pour une nouvelle saison du podcast 360 Insights. Ça fait un petit moment qu'on ne s'est pas vus. J'avais bien prévu de faire une pause en août, mais on a eu quelques problèmes techniques. C'est un peu l'aléa de tout business. Et on a dû laisser un petit peu plus de temps. Alors j'en ai profité pour modifier un peu le format, comme vous avez été assez nombreux à me le demander. Un format plutôt autour d'une heure. J'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à me faire vos feedbacks. Et pour cette rentrée, j'ai l'honneur de recevoir une femme extraordinaire. Il s'agit de Stéphanie Gâteau. que je ne saurais décrire en quelques mots, donc je lui laisserai le soin de se présenter. J'ai rencontré Stéphanie il y a deux ans bientôt, à une masterclass annuelle organisée par WOM Accelerator. Alors j'en profite pour ouvrir une parenthèse, puisque Liz Backman, qui est la présidente de cet organisme, a fait beaucoup pour moi, c'est une femme incroyable également. Et une fois par an, elle organise cette masterclass à Epitech avec... Vraiment des invités de haut vol.

  • Speaker #0

    Et

  • Speaker #1

    Stéphanie est montée sur scène à ce moment-là. Et elle a fait pleurer un amphithéâtre entier par son histoire, par sa force. Et je pense qu'on s'est tous pris une claque d'humilité ce jour-là. Donc c'est vraiment ce que j'ai envie de vous transmettre aujourd'hui. Stéphanie, comment tu vas ?

  • Speaker #0

    Très bien, toujours très bien, quoi qu'il arrive.

  • Speaker #1

    En tout cas, je suis ravie de te revoir. puisque du coup, c'est la deuxième fois qu'on enregistre ce podcast.

  • Speaker #0

    On va y arriver.

  • Speaker #1

    Et ce n'est pas plus mal parce qu'entre-temps, il y a quand même eu les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques à Paris. Alors, je voulais avoir ton avis sur ces événements.

  • Speaker #0

    C'est le nombre de personnes qui m'ont sollicité pour avoir mon avis. Et je te dis ça parce que je trouve ça super positif. C'est-à-dire que les gens, il y a des choses qui les interpellent, qui ne les interpellaient pas avant. Avant le fait de voir quelqu'un en difficulté avec... Même une poussette, une maman avec ses courses qui essaie de descendre dans la bouche de métro, une personne en situation de handicap, ça a permis une prise de conscience, qui j'espère, parce que c'est toujours là où il y a un écueil, un risque, qui va se transformer en acte concret. Mais déjà, je pense que ça a permis à la fois ce regard positif en se disant... C'est un peu le collectif que j'ai créé, tous uniques, tous du talent, tous différents. Et par définition, de se dire que chacun peut avoir un talent quel qu'il soit. Mais il y a quand même eu, tu vois, il y a eu pas mal de journalistes, surtout étrangers, qui découvraient Paris, le site, etc., à l'occasion des Jeux, qui m'ont contactée, en fait, pour me dire, c'est quoi ce délire à Paris ? Comment ça se fait que c'est aussi inaccessible ? Et il y a même eu des articles comme... New Yorker ou Business Week ont titré La France, la honte de l'accessibilité Ils m'ont évidemment demandé aussi pourquoi ma solution, la start-up, la solution que j'ai créée en Diro n'était pas déployée. En disant, mais c'est super simple, c'est génial, etc. Pourquoi personne ne la déploie ? Donc, on reste quand même sur un problème qui n'est pas résolu. Qui n'est pas résolu depuis des années, mais qui ne l'est toujours pas ici. Qu'on n'a pas anticipé alors qu'on savait fortement qu'il y aurait des gens qui participeraient. dans les spectateurs qui seraient en difficulté, à aucun moment on s'est dit... Je ne parle même pas d'égalité. C'est une fête, on doit tous pouvoir y participer. Et en fait, on s'est dit, eux, ils ne pourront pas, mais ce n'est pas grave. On va certainement en parler, mais sur des sujets où personne n'a compris qu'il n'y aurait pas d'égalité sans inclusivité. Si on ne met pas en place des outils, des solutions pour permettre à chacun... d'assister à un événement, d'aller travailler, de se nourrir, de pratiquer des loisirs, sans inclusivité, on n'atteindra jamais l'égalité.

  • Speaker #1

    Justement, il y a eu beaucoup d'articles qui sont parus. Et d'ailleurs, la mairie de Paris avait tout mis en œuvre pour qu'on puisse rejoindre l'ensemble des sites avec les transports en commun. Mais pour les athlètes paralympiques, finalement, c'était une catastrophe. Est-ce que tu as quelques chiffres à donner sur les stations de métro ?

  • Speaker #0

    En fait, ce que je voudrais déjà expliquer, si on parle du handicap, plus de la mobilité réduite, c'est-à-dire les personnes qui sont en difficulté quand elles se déplacent, les personnes âgées, ce qu'on appelle les PMR. Il y en a 25 millions en France, trois fois l'île de France. Je me dis à quel moment on ne résout pas le problème de ces gens et on continue de les appeler à Mobilité Redoute, mais sans mettre de solution, de déploiement, même si on fait du test and learn et que ce n'est pas parfait. À quel moment on exclut ces personnes en sachant que c'est une problématique universelle, ça n'existe pas qu'en France. Il n'y a aucun rapport avec l'âge, avec le genre. Tout le monde peut être concerné à un moment donné de sa vie, même ponctuellement. On estime qu'une personne sur trois, au cours de sa vie, sera confrontée au handicap. Donc une personne sur trois, ce n'est pas négligeable. Il y a eu je ne sais combien de campagnes de sensibilisation pour alerter. Effectivement, il n'y a que quatre stations de métro accessibles. Comment tu fais pour vivre dans une ville comme Paris ? Et l'ascenseur est toujours en panne. Gare Montparnasse, c'est pareil. Donc, tu dois faire tout le tour, puisque l'ascenseur ne peut pas te monter, avec ton fauteuil, les trottoirs, ta poussette et tes bagages. Tu prends des bus,

  • Speaker #1

    des bus qui sont tout le temps en retard.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Tu mets deux heures pour traverser Paris.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ne serait-ce que de dire, puisqu'on se veut fière d'être français, etc. Je me dis, à quel moment on ne se dit pas, et d'ailleurs, je lance. J'en profite pour lancer un appel. Je peux m'en occuper. Il n'y a pas de souci à grande joie. Pourquoi on ne lance pas à Caton ? sur le problème de la mobilité réduite à Paris. On en a peut-être pour trois jours ou quatre jours, c'est nuit des jours, mais on ressort avec des pistes concrètes. Et je pense que l'une des clés qui n'existe pas, qui est catastrophique, c'est qu'il y a une responsabilité collective. Il y a l'accessibilité des lieux, mais il y a aussi la mobilité, les transports, les ruptures de déplacement, les chantiers. Donc il y a plein de parties prenantes. Et à quel moment on ne se dit pas, OK, qui est concerné par le problème de la mobilité ? On prend tous les acteurs et collectivement, on crée quelque chose sans dire, là, tu vois, j'ai vu une fois de plus, il y a des restos, il y a une appli pour les restos accessibles. C'est super, mais tu vas sur une appli pour les restos accessibles.

  • Speaker #1

    Mais tu ne t'es pas compris.

  • Speaker #0

    Pour les cafés, pour les hôtels accessibles. Donc, je t'en parle parce que c'est tout récent. Mais du coup, avec Andy Road, on a... D'essayer d'aller un peu plus vite que prévu, de sortir un autre outil qui est plus simple de mise en relation, etc. Pour qu'on avance enfin sur ce sujet. Et le deuxième écueil, c'est que dès qu'on parle du handicap ou de la sécurité, parce qu'on est sur de la sécurisation, on est sur des personnes qui peuvent potentiellement tomber ou être en difficulté ou avoir des obstacles. Ce qui m'a un peu déçue au niveau du handicap, c'est qu'il n'y a pas cette volonté de dire on y va ensemble. En fait, tu as des initiatives à droite, à gauche, etc. Et c'est très difficile de fédérer.

  • Speaker #1

    De mettre tous les acteurs autour de la table.

  • Speaker #0

    Alors qu'on a tous gagné, on a des solutions complémentaires. Et je vois en termes de soutien, j'en ai beaucoup plus par des gens qui ne font pas partie de cette communauté que des personnes en situation de handicap qui connaissent par cœur le problème. Et puis à un moment donné, le dénoncer, c'est bien, mais agir, c'est pas mal aussi, même si c'est pas parfait. Et on n'est pas dans cette mentalité en France de se dire, OK, problématique. On se réunit, réunion de pays, on résout le problème. Là, tu vois, alors que, et encore plus pour l'écosystème tech, on est dans le test on-lord et on ne se dit pas, OK, qu'est-ce qu'on peut faire pour faire avancer grâce à l'innovation et la technologie ?

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai qu'il y a quand même pas mal d'initiatives, mairie de Paris, RATP, qui disent, bon, c'est pas top, mais c'est quand même mieux qu'avant. Mais en tout cas, j'ai l'impression quand même que les Jeux paralympiques à Paris ont permis... un grand nombre de personnes de se rendre compte du problème.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant, c'est que la société civile, comme tu dis, ça leur a permis de prendre conscience. Mais les décideurs, les acteurs du changement, c'est eux qu'il faut réussir à convaincre. Et tu vois, par exemple, au début, on me disait mais c'est une petite cible, ce n'est pas intéressant On me dit c'est des personnes en situation de handicap, elles ne consomment pas, elles sont dans la précarité, ça n'intéresse personne C'est compliqué. Après,

  • Speaker #1

    c'est une situation de handicap, mais on y reviendra après. Ça peut être une femme ou un couple avec un enfant et une poussette.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Ou juste une valise. Oui, une valise. C'est ça, c'est les trois portes. Il y a des personnes pour aider à monter les poussettes, les personnes âgées.

  • Speaker #0

    Il y avait une étude, puisque tu parles de chiffres, et je t'éliminerai sur celui-là pour ne pas en donner trop, mais il y a une grande fédération qui s'appelle les APF, les Paralysés de France, qui fait régulièrement des campagnes de sensibilisation et des études. Neuf personnes sur dix estiment avoir des difficultés pour arriver d'un point A à un point B. On n'est même plus dans la mobilité réduite, que ce soit pour des réseaux de mobilité ou de sécurité pendant leur trajet. Les femmes sont quand même super. C'est compliqué de sortir, c'est compliqué de se sentir en sécurité dans les transports en commun. Il y a une vraie problématique sur la sécurisation des périodes en général.

  • Speaker #1

    On parle beaucoup de Paris parce que les transports sont quand même plus développés que dans d'autres villes. Mais partout en France...... Quand on est en situation de handicap et qu'on n'a pas de voiture, c'est quasiment impossible de se déplacer.

  • Speaker #0

    Et on en vient justement à des problématiques d'isolement social, de rupture de liens sociaux. C'est vraiment très compliqué. Et en plus, c'est un cercle douloureux parce que l'éloignement, tu ne peux pas te déplacer aux événements, tu ne peux pas rencontrer des gens. Si tu as un projet, tu n'arrives pas à le faire avancer. Il y a deux ans, il y avait une étude, il n'y a aucun incubateur. qui soit 100% accessible. Donc c'est pour ça que, entre autres, c'est pas l'objet, mais j'ai créé mon incubateur accélérateur à l'export de manière virtuelle, comme quand on était au confinement. C'est-à-dire qu'on n'est pas obligé d'avoir les moyens de se payer un hôtel et un avion ou un bus. On n'est pas obligé, si on ne peut pas se déplacer, d'être sur place. On est en distanciel, comme on l'a été, même en termes d'écologie, plutôt qu'on soit sans... Une centaine de personnes à se déplacer, c'est du bon sens. Et de perdre de temps. Dans les transports, si tu conduis, tu ne peux pas lire en même temps. Tu peux écouter des podcasts, mais tu vois ce que je veux dire. Et à un moment donné, c'est du bon sens. Et économiquement parlant, c'est un vrai enjeu économique et sociétal. Donc, je trouve qu'il serait temps quand même, enfin, de se mettre au travail. Et tout acteur confondu. T'as les aéroports, t'as les...

  • Speaker #1

    Mais même à distance, pour les personnes, il y a la mobilité réduite, mais... malvoyants, sourds, ce n'est pas toujours évident de se servir des outils technologiques.

  • Speaker #0

    C'est un vrai sujet. À quel moment on est dans un secteur innovant, je parle de la tech, il y en a d'autres, mais on va parler de la tech, où on dit, on va casser les codes. Donc tu imagines bien que les gens comme moi, on est prêts, on est dans les starting blocks, yes, on va y aller. Et on crée au quotidien des outils discriminants. Microsoft a développé a expliqué qu'il y avait 240 types d'altérités à l'usage d'un outil numérique. Ça peut être la vue, ça peut être l'ouïe, les troubles moteurs. Moi, quand je suis paralysée, quand j'ai mes bras qui sont paralysés, j'ai mes deux petits pouces qui essayent quand même de faire deux, trois bricoles, mais je ne peux pas travailler normalement. Quand je veux voir une visio ou un événement, s'il n'est pas sous-titré, comme je suis atteinte de surdité, que je ne lis que sur les lèvres, parce que je ne suis pas apparaîtable ni opérable, à quel moment, moi, du coup, je ne peux pas assister à l'événement. Alors qu'en plus, des fois, le thème, c'est l'inclusion ou l'inclusivité. Donc ça, c'est juste énorme. Donc dans la diversité, OK, mais pas les personnes en situation de handicap. Et l'inclusion, mais toujours pas avec les personnes en situation de handicap parce qu'on n'y a pas pensé.

  • Speaker #1

    Parce qu'on n'y a pas pensé,

  • Speaker #0

    exactement. Et c'est pour ça que c'est important et j'invite, parce que parfois, je me sens un peu seule, alors que ce n'est pas vrai. On est nombreux à essayer de faire des initiatives, mais à parler du handicap invisible. Ça peut être une maladie chronique, ça peut être une prothèse, il y a plein de choses qui ne se voient pas. Et c'est 80% des gens en situation de handicap. C'est-à-dire que sur 100 personnes, il y en a 80 qu'on ne voit pas et on ne peut pas imaginer qu'ils sont en difficulté. Et je trouve que maintenant qu'on a avancé sur la visibilité du handicap, la deuxième étape, c'est-à-dire que tout le monde peut être concerné. Ça peut être, moi, tu vois, j'ai des troubles cognitifs, des troubles de concentration et de mémoire. Le fait que je sois autiste, ça ne se voit pas non plus. Il y a plein de gens qui sont hyper étonnés. Ça ne se voit pas. À quel moment on a dit que l'autisme, ça se voyait ? Vous me rassurez. Comment ?

  • Speaker #1

    Et on n'est pas sensibilisés à ça.

  • Speaker #0

    Ça ne se prend pas compte. Mais tu vois, je pense que plus on communiquera, plus on sera nombreux, plus effectivement, il y aura cette prise de conscience. Pour l'instant, les jeunes, en fait, les personnes qui sont le plus concernées, quand elles ne sont pas... concerné elle directement c'est parce que dans leur parcours de vie ou autour de la famille elles ont été confrontés au handicap même si c'est pas eux mais voilà ils ont cette conscience Sinon, c'est très compliqué de faire comprendre aux gens, même quand il y a un événement, je dis je ne peux pas tenir un micro, c'est trop lourd c'est les paniques à bord, alors qu'on a plein de solutions quand même qui existent. Et donc, c'est pour ça que, en fait, il y a beaucoup de gens qui trouvent que mon parcours, il y a beaucoup de choses, mais le fil conducteur, c'est toujours la même chose, c'est rendre accessible le monde à tous, sans exception. Parce que c'est juste une question de bon sens. Pourquoi les personnes en situation de handicap n'auraient pas le droit de partager des moments, des activités ou des événements comme les Jeux paralympiques ? Et à quel moment on crée des outils discriminants et on s'en fiche en fait ? Donc un exemple que je prends beaucoup, un jour je pense qu'il y a quelque chose qui va me tomber sur la tête, mais je cite régulièrement l'exemple de Doctolib, qui est une licorne française qui vaut des milliards. qui a des moyens technos, qui est dans la santé, et dont le but est de pouvoir prendre rendez-vous, mais aussi de faire de la visio. Et on l'a vu pendant le confinement, on était contents. Il n'y a pas de sous-titrage. À quel moment, Dr. Hibbs s'est dit, les personnes sourdes, ce n'est pas grave, elles ne peuvent pas consulter, elles ne peuvent pas utiliser l'outil. Tu vois, à quel moment tu te dis, il y a une personne qui vaut mieux qu'une autre. Les autres, OK, on estime qu'ils ont de la valeur, on va faire quelque chose pour eux. Ceux qui sont sourds,

  • Speaker #1

    on n'y pense pas.

  • Speaker #0

    Tu vois ? Je me dis, à quel moment tu fabriques dans la tech, tu as des jeunes qui arrivent avec une solution et tu oublies de leur dire, n'oubliez pas, ça peut être votre fournisseur, ça peut être votre client. On parle de conception universelle. Il faut que tous les outils puissent être utilisés par tous, quels qu'ils soient.

  • Speaker #1

    Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi ce fait de, puisque l'équipe qui va concevoir le produit n'est pas inclusive, parce que... on a déjà le cas avec les femmes parce qu'il n'y a pas de personnes en situation de handicap donc on ne pense pas à ces cas là et dans la médecine ou même dans l'IA le fait qu'il n'y ait pas de femmes c'est pareil ça va créer des biais et il y a plein de situations auxquelles on ne va pas penser non mais tu

  • Speaker #0

    sais que je suis directe, je n'aime pas tellement ton discours ah ah ah mais tu as le droit je vais t'expliquer pourquoi ton constat est malheureusement absolument juste... Mais tu produis un paquet de biscuits qui a des allergènes. Tu vas mettre, attention, susceptible de contenir des graines. À quel moment, quand tu construis un outil, que tu sais qu'il est discriminant, c'est-à-dire qu'il n'y a pas une représentativité, comme tu l'as dit, de la société. Il y a des minorités qui ne sont pas représentées. Le handicap, ce n'est pas une minorité puisque c'est la première cause de discriminant. Mais tu parlais des femmes, à juste titre. Donc, ton échantillon de population n'est pas représenté. Tu crées quand même l'outil. Tu dis, ce n'est pas grave, ça va le faire. Tu dis, bon, OK. Après, tu sais que ton outil crée tout seul des biais dans les algorithmes. À quel moment tu dis, je le sais, mais on ne corrige pas, ce n'est pas grave, on avance encore. Et à quel moment tu vends à quelqu'un une solution, il y a, par exemple, sans lui dire, par exemple, attention. peut contenir des biais, des discriminations, etc. Et ce n'est pas grave, on continue d'avancer. Et je dis ça pour te taquiner parce qu'en fait, je ne sens aucune révolte et aucune colère de gens qui pourraient s'insurger en disant Stop, on va dans le mur, on est en train de construire un monde de privilèges où certains font partie de la planète du numérique, des données, et les autres non. Je te cite un exemple. Tu demandes à n'importe quel IA, je le refais régulièrement, de créer une image de personne en situation de handicap. Toutes les IA te mettent une personne en fauteuil en l'eau. C'est 3% des personnes handicapées. Donc tu crées ton outil, il fait une bêtise, il est inapte à te donner suffisamment de données pour dire en fait il n'a que ça comme image. Tu ne le corriges pas. Et donc t'imagines à quel point c'est grave. Si on est capable... d'oublier 97% de cas d'autres types d'handicap visibles, invisibles, avec une canne, avec tout ce que tu veux. Ça veut dire qu'en fait, quand tu l'interroges sur d'autres sujets, on va dire stratégiques cette fois-ci, toi t'achètes un outil, t'imagines la problématique. Et pareil, tout le monde, tu dis, bah oui monsieur, donc je me dis, on est sur un outil, on est sur des innovations révolutionnaires. plus grosses révolutions et en plus qui vont créer le monde d'aujourd'hui, mais demain ils l'ont déjà créé, qui sont biaisés, qui sont discriminantes. Il y a une absente d'égalité évidente. Même visuellement, comme tu dis, les femmes dans l'IA, alors qu'on n'est pas forcées d'être ingénieurs, on peut être sur d'autres thématiques. Moi, je suis sur l'IA inclusive. Évidemment, j'ai des experts, mais je veux dire, tu n'es pas obligée de faire un certain parcours, etc. Et en plus, 75% des emplois dans la tech d'ici 2030 doivent être pourvus sur des sujets comme ça. Et à quel moment tu te dis, ce n'est pas grave, on continue au fond. Parce qu'en plus, on sait que c'est une croissance. Et un pouvoir de l'IA, en termes d'impact, qui est incroyable et qui nous dépasse. Donc on sait que ça va aller très vite. Et ça va très vite. L'obsolescence, on te dit, c'est plus telle version de chez LGBT. On a déjà un truc, un monstre encore plus énorme qui est arrivé. Oubliez celui-ci alors qu'on a à peine eu le temps de le prendre en main. Donc dans les solutions, de toute façon, ça va être incroyable. Et à quel moment on se dit, bon, l'outil, il est vraiment... Mais on ne corrige pas. En termes de stratégie, moi qui fais du conseil en stratégie, j'ai un client qui me dit je ne fais rien, mais je vais commercialiser un truc Tu vois, je suis étonnée.

  • Speaker #1

    Stéphanie, avant de poursuivre, parce que tu as donné beaucoup d'informations, mais en fait, on ne t'a pas encore présenté. Est-ce que, Stéphanie, tu peux te présenter de la manière dont tu souhaites ? Peut-être ton parcours aussi, parce qu'il y a tellement de choses.

  • Speaker #0

    C'est tellement représentatif. En fait, je suis tellement... Pour moi, ça n'a pas d'importance. C'est à quoi je vais pouvoir contribuer, sur quoi j'ai envie d'essayer de donner, même si c'est un petit coup de pouce. C'est pour ça que j'ai fait de la stratégie et que je suis sur toutes ces thématiques. C'est toujours la notion d'égalité, pas forcément liée au handicap. Mais par contre, en me retournant, pour faire une liaison avec ce que tu viens de me dire, je... En me retournant, on parle toujours de libre arbitre. Je me rends compte qu'en fait, tu ne choisis pas vraiment parce que je ne suis que sur des sujets où, parce que j'étais en insécurité, j'ai été sur des sujets de sécurisation, de dirigeants, de projets. Parce que j'ai été isolée, je suis sur des problématiques de on lutte contre l'exclusion Parce que je me sentais différente et que je ne comprenais pas bien le monde, j'ai eu envie de relier les gens et même les... puisque j'ai fait de la... de la stratégie internationale, donc des problématiques interculturelles, j'avais tellement envie que les gens s'entendent et se respectent dans tout ce qu'ils sont. Tu vois ? Et c'est hyper intéressant de voir qu'en fait, quelque part, j'y prête pas d'importance parce que c'est comme ça et je trouve qu'il y a des choses vachement plus intéressantes que ma petite vie, mais qu'en fait, tu te rends compte qu'à ta manière, tu t'es mis quand même sur des sujets où tu as essayé un petit peu de faire bouger les lignes. Moi, j'ai 56 ans. Je suis maman solo de trois enfants, dont deux très grands et un qui grandit trop vite, le petit dernier, qui est le co-fondateur d'ailleurs de la start-up Andiroad qu'on a fondée en 2018. Je suis d'origine parisienne, mais maintenant, depuis le confinement, je vis en Corse et je suis très, très bien. Et ma santé, en plus, va beaucoup mieux. Donc, je suis contente. J'ai tout gagné. Et puis, voilà. On va dire que dans ce qui me définit, j'ai des fonctionnalités, on peut dire comme ça, parce que c'est plus joli, qui sont différentes de la plupart des gens dans le sens où je suis atteinte de surdité, je ne suis pas appareillable et pas opérable. Donc effectivement, j'ai été très isolée parce qu'en plus, je n'ai pas compris tout de suite que j'avais des problèmes de surdité et je voyais les gens répondre super rapidement aux questions, rigoler, etc. Comment ils font pour aller aussi vite ? Moi, il me manque des infos, je n'ai pas compris. Et je me sentais forcément nulle puisqu'il y avait ce décalage. Je me suis dit, ils sont super forts, ils comprennent tout tout de suite. Moi, je ne comprenais rien. Et puis en plus, quand tu es petit, tu ne mets pas forcément des mots. Tu ne connais pas le handicap, tu ne connais pas la maladie, tu n'imagines pas tout ça. La seule chose, c'est que je me sentais quand même super différente, super isolée. Et je m'ennuyais à mourir aussi. J'étais un peu dans ma bulle. Et puis, les problèmes moteurs, ils sont venus à partir de l'âge de 10 ans, où j'ai eu une grosse crise, une fois, de douleur, etc. Très jeune. Je n'ai pas tilté non plus. Puis, quelque part, ce n'est pas important. Puis après, j'ai été paralysée. Je suis tombée dans la rue. Je ne sentais plus mes jambes, etc. Mes cerveaux, au bout d'un quart d'heure, tu vois. Et tout ça, j'ai mis un peu de côté en me disant, oui, j'étais peut-être fatiguée. Je ne sais pas comment fonctionne un corps. Je suis nulle là-dedans. Très jeune. Oui, puis il y a plein de choses auxquelles, contrairement à maintenant, où on ose parler de certains sujets. Tu vois, c'est comme l'autisme, je l'ai appris super tard. Pour moi, j'ai des questions que, je ne sais pas, c'est comme le fait d'être multipotentiel ou autre. Même quand j'ai vu, j'ai connu ça grâce à mes filles en fait, qui ont eu un parcours un peu compliqué. Ils m'ont dit mais forcément ça va être dans la famille, quelqu'un concerné. Je dis ben pas moi. Surtout quand on a su laisser tomber, il n'y a rien d'intéressant à croiser. Mais du coup ça m'a permis de me mettre à écart et d'essayer de réfléchir à certaines choses. Mais c'est surtout que du coup mon parcours a été compliqué parce que le fait de fonctionner autrement, de me sentir isolée. En même temps, j'avais des rêves incroyables, comme tous les enfants. Et surtout, quand j'ai compris que ça allait être compliqué, que je ne pourrais pas me déplacer facilement, que je fonctionnais différemment, etc. En même temps, ça m'a donné une super imagination, en me disant, je ne sais pas à quelle allure ça va aller, la maladie, les épreuves. Je suis restée quand même dix ans, d'abord en fauteuil manuel et après en fauteuil électrique, perdre son autonomie, dépendre des autres, même pour manger. Même pour s'habiller, d'être obligé de demander à ses enfants d'être tournés dans quand tu es en crise et que tu es paralysé, qu'ils soient obligés d'être autonomes. Il y a plein de choses qui ont été compliquées, d'oser l'assumer parce que je l'ai caché. J'ai essayé de masquer pendant des années parce que j'avais peur de la réaction des gens, même des investisseurs, même des partenaires, en me disant le jour où je leur dis j'ai cette vulnérabilité, j'ai cette fragilité, quelque part qui n'est pas importante pour mon métier puisque je n'ai pas besoin de me servir. sur le principe de mes jambes et même de mes bras, à la récord, tout ce qui... Quand tu faisais du conseil en stratégie,

  • Speaker #1

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, et je me disais, d'un côté, c'est pas grave, mais je vois bien que ça crée quand même des malaises. Quand j'ai vu qu'après, en plus, quand je suis arrivée à la fin de mes études et qu'on m'a dit ça va pas le faire, vous êtes jeune, vous êtes une femme, vous voulez faire de la stratégie. Et à l'international, style, vous prenez pour qui ?

  • Speaker #1

    Et vous restez chez vous,

  • Speaker #0

    mademoiselle. pour entendre, pour vous déplacer. On m'a pris de haut et on m'a dit c'est mort pour vous. Donc je me suis pris pas mal de claques et puis constamment au fur et à mesure, parce que même encore maintenant j'en ai, on me dit mais madame quand on est une femme et en situation de handicap, on prend pas de poste à responsabilité.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    Pardon ? Je n'ai pas bien compris là, on est en quelle année, qu'est ce qui s'est passé ? Et comme je traduis... et forcément mal, parce que c'est pas un outil parfait, puis il suffit que je sois fatiguée, ou que j'ai du mal à me mettre en état de traduction, parce qu'il y a des personnes où, je sais pas pourquoi, des fois ça bug, maintenant j'ai compris, mais ça fait que quelques semaines, que mon corps, quand il voyait que la personne n'était pas forcément sympathique et me jugeait, et bien en fait j'ai remarqué que j'en arrivais pas à traduire,

  • Speaker #1

    parce que tu le ressens en fait,

  • Speaker #0

    maintenant j'ai compris pourquoi il y a des gens, je dois répéter quatre fois, et même au bout de... coup de la quatrième fois. Je me dis, Stéphanie, tu fais ça depuis des années, et là, tu n'y arrives pas. Donc,

  • Speaker #1

    je me remets en pause.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est génial. C'est que mon corps me dit, même pas en rêve, tu travailles avec lui. Donc, je suis trop contente de ma découverte. Je me dis, au fait, il faut vachement s'écouter.

  • Speaker #1

    Et donc,

  • Speaker #0

    je suis encore face à des personnes. Au lieu de se dire, on fonctionne tous différemment, et d'ailleurs, tant mieux, on s'en réjouit. Moi, j'ai toujours trouvé que c'était fabuleux. Il y a plein de pays dans le monde, il y a plein de cultures, il y a plein de spiritualités. Et en plus, quand tu sais que tu es isolée et que tu n'as peut-être pas beaucoup de temps dans ta vie parce que tu vas avoir la maladie, tu vas avoir des difficultés à te déplacer, etc. Moi, je me suis dit, vite, il faut que je fasse le tour du monde. Comme ça, quelque part, ça va me permettre, quand je serai définitivement paralysée, de me dire, je vais m'ennuyer, mais j'aurai des beaux souvenirs déjà, et puis je l'aurai fait. Donc, j'ai... placer la barre non pas haute mais par rapport à moi mes rêves et mes ambitions je me dis même si ça dure qu'un an je vais absolument faire ce genre de métier et la stratégie parce que un je m'ennuie très vite donc il faut un jour que ce soit des aspirateurs le lendemain des radars électroniques le lendemain autre chose mais j'ai besoin tout le temps tout le temps de réfléchir de me nourrir parce que je sais que l'intelligence est limitée la culture aussi et que ça appuie sans fin Et je savais que je ne pouvais pas être sur un métier où on me dise votre plan de carrière dans 5 ans, c'est ça. Dans 10 ans, c'est ça. On me l'a fait, le premier entretien que j'ai eu là-dessus. J'étais déprimée, je n'avais pas encore commencé de travailler. Je me voyais en dépression. Je dis, je vais voir tout le temps les mêmes collègues. Je vais manger tous les jours à la cantine avec le même plateau repas. Je vais... Enfin, moi, ça m'a... Mais non, mais... Vous savez, ce sont des images vraiment qui me sont venues à l'esprit en me disant à quel... Déjà, le premier repas, je me suis ennuyée. Je me dis, il me reste combien à passer ? Mon bureau, il n'y a rien qui va changer. La plante sera au même endroit.

  • Speaker #1

    Se reconvertir, c'est souvent plus une nécessité qu'un choix. C'est un processus complexe qui peut paraître insurmontable. Et personnellement, je pense que personne ne peut le faire seul. C'est pour ça que j'ai été séduite par Jobtimis. Depuis 14 ans, Jobtimis accompagne les professionnels dans leur reconversion avec un accompagnement bienveillant et personnalisé, alliant expertise humaine et outils d'intelligence artificielle. Ce qui fait leur force, c'est leur capacité à suivre les tendances RH, tout en offrant une flexibilité qui s'adapte aux besoins et au rythme de chacun. Le sentiment d'être perdu, oublié, revient souvent dans les études RH, mais Jobtimise vous aide à transformer ce doute en un projet structuré. Spécialiste des bilans de compétences et des transitions internes, ils permettent aux entreprises et aux salariés de naviguer sereinement vers de nouvelles opportunités, avec un cadre bienveillant et une approche qui vous place toujours au-dessus. au centre. Alors si vous avez l'impression que c'est le moment pour vous de changer, de redonner du sens à votre carrière, sachez que Jobtimis est là pour vous accompagner avec flexibilité et bienveillance tout au long de cette transformation. Et ce n'est pas tout. Pour rester à la pointe et maximiser votre employabilité, Jobtimis propose des formations certifiantes en intelligence artificielle avec une approche pratique et personnalisée. Ces formations vous donnent les clés pour créer votre IA personnalisé, comprendre le traitement des données ou encore explorer les applications concrètes et saisir les limites. Les résultats ? Selon le rapport AI de Stanford 2024, ceux qui maîtrisent l'IA générative surpassent leurs collègues avec plus 12% de productivité, plus 24% de rapidité et plus 41% de qualité. Alors êtes-vous prêt à prendre le virage de l'intelligence artificielle ? Avec Jobtimis, ne vous contentez pas de suivre les tendances. mais devenez vous-même un moteur de l'innovation dans votre secteur.

  • Speaker #0

    Je dis non, je ne peux pas. Donc la stratégie, c'était pour cette raison. L'international, pour compenser le manque de... les difficultés de mobilité. Et puis de se réjouir, effectivement, de se dire tous les jours que c'est une problématique différente. Et ça, je trouvais ça hyper excitant. Donc en fait, c'est là où tu te rends compte que tu choisis sans choisir. Parce qu'après, quand tu te retournes, il y avait quand même des... On pouvait pressentir certaines choses. mais effectivement ce qui est intéressant c'est de savoir aussi qu'on en apprend tous les jours on apprend de moi je dis pas des échecs parce que pour moi ça a jamais été un mot péjoratif tu vois quand j'ai travaillé pour la première fois aux Etats-Unis ils étaient super déçus parce qu'en fait ils embauchent au nombre d'échecs que t'as fait quelqu'un qui a coulé 17 boîtes a plus de chances qu'on lui fasse confiance que jeune ou pas jeune, ou blonde, ou je ne sais pas quoi, par rapport à celui qui n'en a pas fait beaucoup, puisque l'autre, en fait, il a appris 17 problématiques.

  • Speaker #1

    On ne peut pas qu'il écoule non plus toutes ses boîtes.

  • Speaker #0

    Mais tu vois ce que je veux dire sur le principe ? Et donc, en ayant été très tôt dans cette culture-là, puisque j'ai fait mon premier SES, j'avais 21 ans à la Zegas, et là, personne ne te regarde de travers le handicap ou la différence.

  • Speaker #1

    Ils sont plus ouverts, finalement.

  • Speaker #0

    Alors, ils sont plus ouverts. Et c'est surtout que moi, pour avoir travaillé dans la tech depuis maintenant 30 ans, c'était beaucoup moins compliqué il y a 30 ans. Il y a beaucoup de questions qui ne se posaient pas. La présence des femmes, on ne se demandait pas si elles étaient là ou pas là. Et moi, j'avais 21 ans, on ne m'a jamais dit, tu es une femme, tu es trop jeune, tu ne viens pas dans la tech. Alors que maintenant, quand on voit que... Moi, je dis souvent, quel est le pays au monde dans lequel... Seulement 2% des femmes trouvent du financement pour leur projet. Et quand tu dis c'est mon pays, c'est la France, tu vois, je me dis à quel moment on est dans une société à l'heure actuelle où seulement, en tout cas 98% des femmes sont obligées d'abandonner parce qu'elles ne trouvent pas de financement. Et c'est pareil, tu vois, le fait qu'on ne dise pas, ok, on se met tous autour d'une table, il y a un truc qui ne va pas.

  • Speaker #1

    Il y a de plus en plus d'initiatives.

  • Speaker #0

    Il y a des initiatives, mais on reste comme dans le handicap, où c'est des initiatives isolées. Ça ne veut pas dire qu'elles n'ont pas d'impact et qu'elles ne sont pas importantes. Mais il n'y a pas une prise de conscience collective en disant on y va Et sur les femmes, ce qui me dérange dans les discours que j'entends, c'est de dire vous manquez d'audace La porte est fermée. Je peux avoir de l'audace. Si elle reste fermée, qu'on ne l'ouvre pas. Je reviens sur l'inclusivité. S'il n'y a pas des portes qui s'en trouvent, on peut être 2000 derrière. Si derrière, ils ont 1000 verrous, on ne passera pas. Donc,

  • Speaker #1

    il faut se dire...

  • Speaker #0

    Mais n'empêche qu'il y a toujours des blocages. Et à quel moment on ne se dit pas c'est quoi les freins, c'est quoi les obstacles ? Ça peut être des biais, ça peut être plein de choses. Et qu'est-ce qu'on met en place ? Et d'avoir une vraie stratégie, tu vois. Quand on me dit, vous n'êtes pas assez nombreuses, il faut aller témoigner à droite, à gauche, dire aux femmes, venez. Ok ? Si on n'a toujours pas ouvert les portes, on peut être 2000 derrière, c'est une porte blindée, on ne passera pas. Et tu vois, de mettre le problème sur les femmes en leur disant, vous n'êtes pas assez audacieuse, ambitieuse, il faut qu'on soit plus nombreuses, etc. De nouveau, on détourne la vraie problématique qui est qu'on est dans une société discriminante, voire violente, parce que ne pas trouver du financement pour son projet, c'est une violence financière. Tu vois, de ne pas trouver dans le numérique. C'est pareil, c'est perpétuant.

  • Speaker #1

    Après, il y en a quand même qui s'en sortent.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu vois.

  • Speaker #1

    Mais c'est plus rare,

  • Speaker #0

    effectivement.

  • Speaker #1

    Et du coup, en parlant des femmes de levée de fonds et d'entrepreneuriat, je pense que c'est le bon moment de parler de Andy Road, que tu as créé en 2018. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    Alors, en fait, par rapport à mon métier, où je me déplaçais partout dans le monde, mais j'avais la maladie. qui me faisait quand même me déplacer plus comme une tortue ou un escargot qu'autre chose. J'ai eu des vraies problématiques pour trouver des hôtels accessibles, des taxis qui acceptaient de prendre mon fauteuil roulant. Dès qu'ils arrivaient, ils voyaient mon fauteuil roulant, ils disaient Ah non, ça ne va pas rentrer, il faut le plier, ça les embêtait. Des restaurants accessibles ou des toilettes accessibles dans le restaurant où je peux descendre autrement que par les escaliers en colimaçon. Et... Et puis d'être aidée. Tu vois, quand je suis paralysée, il faut que quelqu'un me porte mon ordinateur ou mes dossiers. Donc ça veut dire avoir un aidant professionnel. Donc j'ai cherché des solutions. Je me suis dit, c'est quelque chose qui est universel. Je vais aller voir du côté de la tech. Il y a sûrement des petits malins qui ont pensé à ça. J'ai trouvé des outils, mais qui étaient soit mal faits, qui ne répondaient pas bien à la problématique. Il n'y avait pas l'aspect sécurisation. Alors que nous, notre premier besoin, c'est de récupérer de l'info pour être rassuré et sécurisé du compte d'euros. Je prends le risque de sortir parce que quand je vais arriver à l'événement, il n'y aura pas des graviers qui vont empêcher mon fauteuil roulant de rouler. Enfin, tu vois, ça peut être tout un tas de choses. Et du coup, je passe un temps fou à chercher des infos à droite, à gauche, à trouver des aidants qui allaient m'attendre à l'arrivée. Parce que c'est pareil, tu arrives de l'aéroport, tu attends ta valise. Quand tu es paralysé, à quel moment je récupère ma valise avec les dents ou je ne sais pas c'est quoi l'idée et je vais jusqu'à la station de taxi. donc voilà, j'ai rien trouvé et puis j'ai un petit garçon qui était mon aidant du quotidien à l'époque qui avait l'habitude de me conduire en fauteuil roulant et pour lui c'était un jeu, il trouvait ça super rigolo sauf que à un moment donné il a commencé à buter contre les trottoirs les poubelles qui nous gênaient qui nous empêchaient de passer, les voitures mal garées donc là il a commencé un peu à s'énerver et trouver ça beaucoup moins drôle et en fait Comme quand je suis en difficulté, que je suis fatiguée, etc. J'ai toujours le téléphone à main pour lui dire on va à droite, à gauche, tout droit. Donc j'ai Waze. Et c'est la grande rigolade pour tout le monde parce que je ne suis pas en voiture, mais j'utilise Waze. Et en fait, ça m'a servi. Parce que Calixte, tout d'un coup, il me dit mais maman, c'est super simple en fait. Il me dit on va faire un Waze pour les personnes handicapées. Il me dit on enlève les radars, les gendarmes, etc. Il me dit on met les obstacles, on met les poubelles. J'ai dit, OK. Mais là, tu vois, moi, je suis maman. On va rentrer, tu manges et tu vas au lit, tu te laves les dents parce que j'ai autre chose à faire dans ma vie, contre la maladie. Il avait quel âge ? À 5, 6 ans. Incroyable. Mais ce qui est intéressant chez les gamins, c'est qu'ils n'ont pas de filtre. Donc, ils se passent, ça va être compliqué, ça va prendre du temps. Il y a beaucoup de data et de la donnée sensible parce qu'on est sur la santé, etc. Donc, c'est maman tous les soirs.

  • Speaker #1

    Mais c'est éludant.

  • Speaker #0

    Mais quand, en fait ? Je t'ai trouvé ta solution. C'est comme maintenant, quand il va pitcher, il me dit T'as vu, je t'ai ramené d'aller à telle société, c'était facile. Je dis Ok, super. Tout est simple pour eux. C'est hyper intéressant, en fait. Et du coup, à un moment donné, et moi-même ne trouvant pas d'outil, à un moment donné, j'ai dit J'en ai marre, je vais faire l'outil, ne serait-ce que pour moi. Il ne me servira qu'à moi, mais ce n'est pas grave, mais on va le faire. Et du coup, ce qui est intéressant, c'est aussi que, comme je connais cette problématique depuis des années, Il y a cette capacité d'anticiper, de savoir ce qui va marcher, ce qui ne va pas marcher à coup sûr. Et je pense que le trait un peu particulier d'Andyraude, pour moi, il y a des choses qui sont importantes. C'est le fait d'avoir compris que les dents et le PMR étaient indissociables. Ça peut être mamie qu'on emmène chez le coiffeur, mais tous les deux ont besoin d'infos et d'être sécurisés et de savoir si c'était bien à l'arrivée, etc. Donc c'est déjà d'avoir fait une solution où ce binôme, on dit toujours non, non, il faut avoir... qu'un seul personna, c'est pas possible, ils sont indissociables. La deuxième chose, c'est la notion d'entraide et de solidarité autour du projet. En ce moment, ça peut tous nous arriver, et ça coûte pas cher de donner de l'info, tu vois. Donc il y avait cette volonté aussi d'entraide et de stimuler des vertus humaines de solidarité qui n'existent pas forcément sur ces sujets. Et puis de se dire, c'est un outil tech, agile, réactif, on ne pourra jamais tout mettre aux normes. Donc qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer la situation en attendant que... Donc, du coup, on s'est lancé là-dedans. Et c'est une aventure merveilleuse parce qu'elle est, humainement parlant, hyper intéressante. Elle permet de parler de sujets de société, mais aussi des sujets d'innovation technologique qui peuvent être mis au besoin de chacun. On est quand même dans le bien commun, dans la tech for good, dans l'IA for all. Et du coup, ça me plaît parce que ça rejoint des valeurs qui... qui pour moi sont super importantes. Mais la difficulté, c'est, une fois de plus, on revient sur de la discrimination, c'est qu'on est sur une cible, on me dit oui, ils ne vont pas consommer, etc. Ou alors, effectivement, on me dit prenez un homme comme cofondateur.

  • Speaker #1

    On t'a dit ça ?

  • Speaker #0

    Ou alors, on me dit un homme valide.

  • Speaker #1

    Forcément.

  • Speaker #0

    Alors oui, comme aidant ! Mais pas comme associée. Je me débrouille comme une grande. Ça fait 30 ans que je suis dans la tech et dans l'entreprenariat.

  • Speaker #1

    C'est un peu comme les assurances.

  • Speaker #0

    Mais d'ailleurs, je ne peux pas prendre d'emprunt parce que tous les questionnaires de santé, je suis...

  • Speaker #1

    Tu en es où dans le projet ?

  • Speaker #0

    Donc là, la bonne nouvelle, c'est qu'on en a assez d'attendre. Donc au lieu de passer par les chemins classiques, comme ça ne marche pas. Et en plus, l'idée du complet... C'est qu'on va lancer en octobre une campagne de crowdfunding, parce que l'idée en plus me plaît de me dire, on aura co-construit. Tu vois, c'est un projet, c'est la société civile, c'est les gens en fait qui ont envie, il y a beaucoup de gens qui me soutiennent et c'est juste fabuleux, mais on n'est pas concernés, mais on a juste envie de contribuer, même si c'est pour un euro, cinq euros, ou te donner de la visibilité, parce qu'ils trouvent que c'est un sujet impactant et hyper intéressant. Et donc l'idée du coup du crowdfunding que je n'avais pas envisagé avant, Je me dis en fait c'est top, parce qu'en plus on va se sentir soutenu et pas tout seul, dans notre un peu désespérance, on n'avance pas. Et l'idée c'est aussi de, on va l'annoncer dans quelques temps, mais de trouver aussi une solution pour faire patienter les collectivités, les territoires qui ne veulent pas déployer l'outil parce qu'ils ne sont pas pressés, parce qu'ils trouvent que ce n'est pas super prêt. Dans la smart city pourtant il y a même une problématique. Voilà, alors il parle de villes 100% accessibles, qui ne l'est pas du tout. Je ne connais pas cette ville. Et je me dis, effectivement, ces obstacles, c'est aussi le fait qu'il n'y ait pas d'action, il n'y ait pas de stratégie sur la mobilité. Pour rendre mobiles ceux qui le sont au moins, pour rendre mobiles ceux qui le sont déjà, c'est-à-dire les trottinettes, tu es déjà mobile, tu as les trottinettes, il y a les vélos. Ceux qui ne sont pas mobiles, on ne fait rien pour eux. Donc, du coup, ça me plaît plutôt bien, tu vois, cette idée de se rassembler. Et d'être ensemble autour d'un projet, je trouve ça plutôt top. Donc, écoute, on a eu le salon. On a fait notre premier salon à Vivatech. Oui,

  • Speaker #1

    à Vivatech en plus.

  • Speaker #0

    Oui, et ça a super bien marché. On a eu des super échos, des bons retours presse. Calixte, mon petit garçon qui maintenant a 13 ans, il peut aller pitcher à ma place. Moi, ça m'amuse et ça m'arrange. Je peux m'en reposer. Il fait des interviews à BFM, comme si c'était super normal. Mais parce que c'est sa problématique au quotidien aussi, tu vois. Et puis que ça lui tient à cœur, mais c'est pas du tout ce qu'il veut être, ni entrepreneur, ni être dans la tech, etc. Mais par contre, il veut être juge, juge pour enfants. Voilà, parce que quand on touche au handicap, à la maladie, à la vulnérabilité, on est aussi sur des sujets très graves sur lesquels il n'y a pas de la maltraitance, parce qu'on dit de la maltraitance pour masquer un peu les drames au quotidien de violences. que dans les... On parlait de chiffres tout à l'heure, mais 80% des femmes en situation de handicap sont victimes de violences au quotidien. Je reviens sur les quiz, si on faisait ce genre de choses. Dans quel pays, 80% des femmes en situation de handicap sont victimes de violences ? Jamais on répondrait la France. Et c'est un angle mort des politiques publiques, etc. Et je parle de ce sujet parce que Calix, ça lui tient à cœur. Et c'est pour ça que la violence et la maltraitance et tout ce qu'on peut imaginer de dramatique sur des personnes vulnérables... Ça peut être l'abus de confiance, ça peut être les violences financières, ça peut être les violences professionnelles aussi, tu vois. Et de se dire à quel moment on le sait et on fait rien, tu vois. Donc voilà, ce que je trouve chouette, c'est qu'à une époque où on peut parler de plein de choses, il est très libre par rapport à moi, tu vois, qui avait peur de déranger, qui avait peur de ne pas être à ma place, etc. Il y a une génération, on y va. Oui, il a la fenêtre aussi,

  • Speaker #1

    il ne l'a pas. Oui,

  • Speaker #0

    et puis pour lui, c'est une évidence. Et par moment, quand je suis valide, que je ne suis pas en fauteuil, ou que je n'ai pas parlé de mon handicap, et qu'on a un problème quelconque, en disant, on se retrouve à tête. Et il dit, mais elle est handicapée, vous n'avez pas vu ? Je dis, mais tout le monde ne le sait pas, mon chéri, il n'était pas forcé de le crier. Mais pour lui, c'est... À quel moment on n'est pas précautionneux, et on ne se dit pas, il y a peut-être quelqu'un qui est en difficulté. Est-ce que je peux être utile ? Tu vois, le sens d'être dans la solidarité. Calyx, dès qu'il voit quelqu'un dans la rue, que ce soit une personne âgée ou un enfant, il s'inquiète. Tu vois, il a cette hyper-vigilance sur toutes ces problématiques. Mais ce qui est chouette, c'est de partager cette aventure aussi avec Calyx et peut-être d'inspirer d'autres personnes qui connaissent d'autres problématiques en disant, écoutez, si moi et mon petit loulou, on a réussi un petit peu à avancer et à visibiliser ce sens. de problématiques. Chacun peut le faire. Il n'y a pas de raison.

  • Speaker #1

    Et comment on peut retrouver ta campagne de crowdfunding ?

  • Speaker #0

    Je vais l'afficher début octobre. J'ai déjà mis un lien sur mon compte Insta et LinkedIn. Dès que la page projet sera prête et validée, même si vous ne pouvez pas contribuer, vous pouvez me... Voilà, la republier pour toucher le plus grand nombre. Parce que l'idée, c'est vraiment, tu parlais des Jeux Olympiques, mais moi, j'aimerais bien que derrière, il y ait un hashtag style Rendre le monde accessible à tous où je ne suis pas PMR, mais je suis anglo-sgaardienne parce que dans la solution, on a une grande communauté qui est hyper engagée. Et dire que tout le monde peut contribuer. Ça peut être donner de l'info, ça peut être juste le temps de laisser traverser mamie et de l'aider. Ça coûte 10 secondes de ton temps. d'être vigilante. On aimerait bien que, à la rigueur, on est en train de réfléchir avec Calix à faire un visuel que les gens auront qu'à repartager en disant je soutiens etc. Et puis même tous tes sponsors et ces athlètes qui puissent nous donner un coup de main parce qu'en fait, on est sur quand même une start-up à impact, non seulement positif, mais où on veut essayer au moins de changer de regard. Si l'outil, on n'a pas... tous les fonds pour le créer, mais qu'on a réussi à provoquer quelque chose, on sera déjà super content.

  • Speaker #1

    En plus, tu peux l'exporter. Stéphanie, tu sais que le concept du podcast, c'est aussi de faire intervenir quelqu'un de ton entourage pour une pause amicale. Alors, il y aura moins de surprises cette fois-ci, mais je pense que ça te fera quand même plaisir de retourner dans tes souvenirs. Je te passe... Le téléphone.

  • Speaker #2

    J'ai rencontré Stéphanie lors d'un événement de femmes entrepreneurs. Et je l'avais déjà entendue sur un podcast, je l'avais trouvée incroyable. Et en fait,

  • Speaker #0

    comme je cours avec une femme handicapée, et qu'elle essaie toujours de bouger malgré son handicap,

  • Speaker #2

    je lui avais promis qu'on ferait une course qui serait à la fois sa première course à elle. Et en même temps, on ouvrirait une cagnotte pour Andy Road, qui est sa start-up. Et on l'a fait. Je lui avais fait cette promesse en début d'année. Et quelques mois plus tard, en septembre, on a fait la parisienne, où elle était en joaillette. Elle fait ses premiers 10 kilomètres, qu'elle a même passé debout. C'était une émotion absolument incroyable. pour elle et puis pour les 30 femmes qui nous avaient rejointes, puisqu'on avait ouvert l'inscription pour 30 coureuses, grâce à un sponsor Organon qui nous a permis de faire cette course, et à l'association Dune d'Espoir qui nous avait prêté la joaillette. Ça a été une superbe course, c'était un super moment de grande sororité. Tout le monde faisait un effort, ce n'était pas des coureuses chevronnées qui étaient là, c'était parfois des femmes qui faisaient leurs premiers 10 kilomètres, ou alors qui... courait après des cicatrices physiques ou psychologiques. Donc voilà, c'était, comment dire, symboliquement, un petit peu Stéphanie au quotidien, c'est-à-dire qu'il se bat contre ses douleurs, son handicap, pour vivre sa vie, aller au bout de ses projets, et surtout continuer de donner du temps aux autres, ce que je trouve absolument incroyable quand on vit avec justement la douleur et le handicap, et en ça je la trouve absolument incroyable. Elle a une énergie dingue, elle est extrêmement généreuse. Et même si elle dit que c'est grâce à Calyx que j'embrasse son fils, elle se le doit bien à elle-même. En tout cas, je voulais profiter pour lui faire un gros bisou et lui dire que ce moment avec elle, lors de la Parisienne, avec le groupe des résilientes, elle fut un moment extraordinaire. Voilà.

  • Speaker #0

    Merci Nathalie. Je ne sais plus. Alors, c'est compliqué parce que... Je suis émerveillée de voir que des personnes qui me connaissent à peine, en même temps, prennent soin de moi et suivent mon petit délire aussi. Je trouve que j'ai une chance incroyable parce que j'ai croisé Audrey. En fait, je ne peux pas courir mécaniquement. Et je vais être encore opérée à plusieurs reprises. Pour l'instant, on fait des grèves, des reconstructions partielles. On essaie de faire ce qu'on veut pour que je tienne. Mais mécaniquement, déjà, j'ai réappris à marcher. Ça, ça va, je peux monter un escalier, mais c'est tout. Je ne peux pas courir, je ne peux pas... Et pourtant, je me suis préparée un an pour la course. Mais pour faire quelques mètres. Mais déjà, ces quelques mètres, il m'a fallu un an d'entraînement quand même pour essayer de trottiner, d'avoir l'air d'une vraie coureuse. Et en fait, quand j'ai dit ça à Audrey, quand on s'est croisés à l'occasion d'un... d'un événement, déjà elle se met à pleurer, je dis mais c'est pas grave, tu vois, j'ai pas de maladie mortelle, j'ai pas de... Je dis non, ma vie elle est compliquée, mais voilà. Et j'étais hyper embêtée de l'avoir aimée comme ça, elle me dit écoute, je vais te faire une promesse, quelqu'un que tu connais depuis quelques minutes. Incroyable. Et elle me dit je vais te faire une promesse, je te promets que l'année prochaine, je t'emmène courir, et en plus ça sera à la Parisienne. Je me suis dit, elle est adorable Audrey. Elle ne comprend pas que je ne vais pas pouvoir courir. Donc je ne sais pas ce qu'elle a en tête à ce moment-là. Et j'ai envie de lui dire, ok, mais il y a un moment donné, il faut atterrir. Et au fur et à mesure, elle m'a très délicatement monté cette proposition. Elle a quand même réussi à fédérer des femmes qui allaient courir en mon nom, mais qui ne me connaissaient pas du tout. Donc en plus, elle s'entraîne toute l'année pour moi. qu'elles ne me connaissent pas, on a pas vu ni rien du tout. Et cette générosité, cette puissance, cette volonté de prendre soin, mais de faire un cadeau juste merveilleux et dont je n'ai toujours pas atterri. J'ai trouvé ça tellement beau, tellement émouvant, tellement généreux. Donc tout ce qu'elle dit, moi je ne me suis pas entraînée. Je ne fais même pas un dizaine de ce qu'elles ont pu faire pour moi. et ce qui était génial c'est qu'en fait elles sont entraînées à courir avec ce qu'on appelle une joaillette donc elles me portaient elles couraient alors que c'était des femmes qui avaient traversé des épreuves terribles en termes de santé qui étaient en reconstruction donc déjà elles donnent leur temps à quelqu'un d'autre qu'elles connaissent pas du tout qui peut être une peste ou n'importe quoi tu vois moi je me dis à quel moment et elles courent et en plus elles portent la joaillette on voit pas forcément c'est hyper lourd, il y a mon poids euh... plus, elles, les kilomètres qu'elles font, tu vois. Et c'était magnifique parce qu'en plus, à l'arrivée, elles m'ont... On s'est arrêtées quelques mètres avant et elles m'ont laissé faire une espèce de course à moi. Et tu sais, de franchir une ligne d'arrivée, déjà, c'est-à-dire, je l'ai fait, même si c'était compliqué, même si c'est pas comme tout le monde et même si... Et cette récompense incroyable d'avoir le sentiment d'avoir réalisé un de mes rêves. Et en plus c'était super beau parce que Calixte était à l'arrivée. Donc là, ça a été la catastrophe. Je me suis écroulée dans ses bras parce qu'entre l'émotion, la fatigue, les douleurs, tout ce qu'on venait de vivre ensemble. Et tu vois, c'est un peu l'idée d'Enduro. C'est-à-dire, on va se battre, mais on va y arriver. Mais ensemble, c'est ça qui compte. C'est pas d'être fois deux, fois dix. C'est le dernier de mes soucis avec Enduro. C'est un projet vraiment qui n'a rien à voir. Il a un but plus grand. Ouais. Et d'aller au-delà, c'est ce qui m'inspire et qui me permet tous les jours de me dépasser, c'est d'être sur des sujets à impact, où je vais aller au-delà de ma petite personne. Et je vais me dire, il y a des causes hyper importantes sur lesquelles il faut se concentrer. Et le fait de moi, de me décentrer par rapport à ma problématique, et de ne pas me dire toute la journée, j'ai mal, je ne suis pas de rien, je ne vais pas y arriver. J'essaye, au pire ça ne marche pas, mais j'aurais essayé, c'est ça qui me motive. Et puis d'essayer de contribuer, même si c'est une petite goutte d'eau, mais je me dis... J'aurais essayé, j'aurais été utile une fois dans ma vie. Et ce que je trouve très beau dans cette démarche, c'est que tu vois, Audrey, je l'ai rencontrée, et je continue à rencontrer des femmes, c'est souvent des femmes, mais il y a aussi des hommes qui sont absolument formidables, comme Philippe Trottin de chez Microsoft, qui depuis le début est hyper bienveillant par rapport au projet, qui est un homme juste formidable, et j'en ai croisé quand même quelques-uns. Et tu vois, depuis, ça m'a ouvert une autre porte en me disant, allez, qu'est-ce que je pourrais faire d'autre que je ne peux pas faire ? Donc là, j'ai fait mon premier vol en parapente. Je tente de monter le sol à l'arrivée, parce que je n'ai pas le droit aux impacts, je n'ai pas le droit aux chutes. Il faut que je fasse hyper attention à tout. Donc c'est vraiment le binôme qui a amorti l'impact. Et là... Je rencontre quelqu'un qui me dit, moi je te promets, on ne se connaisse pas, c'était l'anniversaire d'un ami de mon petit garçon, un anniversaire d'enfant, et il me dit, j'ai regardé ce que vous faisiez, j'ai envie de... Il me dit, je suis prof de parapente, ça fait 30 ans que je fais ça, je vous promets, il ne vous arrivera rien. Et à l'atterrissage, il n'y aura pas un orteil qui touchera le sol, vous n'aurez aucun impact.

  • Speaker #1

    Ça me fait des frissons.

  • Speaker #0

    Et donc, d'être dans les airs, pour quelqu'un qui est immobile, qui est souvent... Voilà, isolée, etc. De se dire, il y avait des oiseaux qui étaient à notre hauteur. J'ai... Je voyais la mer en plus en Corse, tu vois. C'était super beau et tout. J'ai l'impression d'être... Tu vois, c'est vraiment des moments juste incroyables. Et la dernière chose que j'ai faite, c'est que j'ai fait de la plongée. J'ai fait mon baptême de plongée. Ça faisait cinq ans que je voulais faire parce que je me suis noyée. À cause de mon handicap et d'une bâine... À l'océan, j'ai été emportée au loin et je me suis noyée, arrêt respiratoire, etc. Et je n'aurais pas dû survivre, mais j'ai beaucoup de chance. Et c'est un surfeur qui m'a récupérée, mais moi j'étais déjà partie dans le coma, etc. Et heureusement, je suis arrivée à temps, il y avait un hélico, enfin bon. Mais depuis, c'était compliqué pour moi de me baigner et tout. Et ce baptême de plongée, c'était important parce que j'avais peur de ne plus pouvoir respirer. Je me rappelais de la sensation quand tu noies d'avaler de l'eau. Et de voir que tu vas mourir, en fait. Personne ne t'entend, personne ne te voit. C'était à l'océan, il y avait des vagues de dingue. Mais je voulais essayer de passer au-delà. Alors, j'ai mis 5 ans, mais je suis super contente de l'avoir fait aussi. Alors, ça ne dure pas longtemps, mais pour moi, c'était super compliqué.

  • Speaker #1

    Essayer de dépasser une peur, c'est un traumatisme.

  • Speaker #0

    Et puis, se dire, il ne faut plus que ce soit... Tu vois, j'essaye de ne pas donner de leçons, parce que j'ai une leçon à donner à personne, mais j'essaye de faire comprendre que quand tu as eu... quelque chose, une épreuve, un drame, peu importe, ou une personne qui a été violente, qui s'est mal comportée, est-ce que tu lui donnes le pouvoir à cet événement de te pourrir le reste de ta vie ? Est-ce que tu lui donnes ce pouvoir-là ? Et le fait de passer outre et de dire, ok, tu fais, tu m'auras pas eu, tu m'auras pas détruit ma vie, etc. Et je trouve que c'est une des clés, c'est pas la seule, mais déjà de se dire, tu vois, même avec mon petit garçon, quand il a des soucis, je lui dis, est-ce que... Tu vois, il va être juge, il y a un instinct qui lui dit Pfff, n'importe quoi, tu n'y arriveras jamais. Il rentre dans la voiture à la sortie d'école, il me dit J'abandonne, je n'y arriverai jamais. Tu te moques de moi ? Ça fait des années que tu me casses les pieds avec ça. Et là, il est passé. Et il me dit Oui, mon instinct m'a dit que je n'y arriverai pas. Je dis Kex, tu te moques de moi, quoi. Est-ce que tu vas laisser à cet imbécile le pouvoir de détruire ton rêve ? Je dis À quel moment ? Il ne te connaît pas, il ne sait pas ta persévérance, il ne connaît pas le contexte et les raisons qui font que tu es hyper motivé pour faire ça. En quoi il est capable de dire aujourd'hui, ce gamin-là a 10 ans, il est inapte à devenir juge ? Donc, tu vois, c'est... Et je dis ça parce que c'est vraiment important, à un moment donné, de se dire, OK, je suis à terre, quelle que soit la raison pour laquelle tu es à terre. Mais il y a un moment donné, tu te dis, voilà, quel pouvoir, quel... Tu sais, j'ai commencé en me disant, c'est presque des coefficients. Je donnais un coefficient de 10 à un imbécile qui s'est mal comporté avec moi, qui m'a mis à terre, effectivement. et sur lesquelles j'ai eu des séquelles, etc. Ou est-ce qu'à un moment donné, non, je décide que c'est ma vie et que je reprends mon chemin. Je suis tombée, mais je me relève et on y va. Même si c'est compliqué, c'est plus lent que prévu parce qu'il y a des étapes, etc. Mais je trouve que cette image de, une fois que j'ai compris ça, je me dis, mais il m'a ruiné la vie pendant X temps, ou la maladie m'a empêchée de faire des choses pendant X temps. Est-ce que je lui laisse ce pouvoir de continuer de me casser les pieds ? Donc, je fais appel à vos idées. Du coup, j'ai réalisé au-delà de ce que je voulais réaliser. Donc, si vous avez une idée, je me dis, qu'est-ce que je pourrais essayer de faire ? Que je n'ai pas encore tenté.

  • Speaker #1

    Le parachute ?

  • Speaker #0

    Oui, mais ce n'est presque pas drôle parce que je me dis, le parapente, ça a marché. Je me dis, bon, mais c'est quand même une sacrée trouille. J'ai le vertige et tout. Mais effectivement, le parachute. Mais je me dis, parfois, tu rêves et tu... Tu reçois tellement plus. Je reviens sur Audrey ou ce que je reçois. Moi, je voulais être ermite au départ. Mon plan de vie, c'était m'empermer dans une grotte, que personne m'embête, que je sois invisible et qu'on me laisse tranquille, qu'on ne me dise pas oui, tu es handicapée, tu as ceci, tu as cela ou de moi me sentir coincée parce que je voyais bien que je ne fonctionnais pas pareil. Donc, le plan ermite, j'étais trop contente de ma trouvaille. En plus, j'adore écrire. Je vais passer ma vie à écrire, à observer. Le temps, les oiseaux, les papillons, ça me va très bien, ils sont super gentils, personne ne va me faire de mal, tu vois. Donc c'était un peu... Et je me retrouve en fait à être quelqu'un qui a envie de témoigner, qui a envie de faire bouger les lignes, qui a envie. Alors que je me disais, je n'aurais aucune utilité dans ma vie parce que je ne suis pas faite pour ce monde-là. Et parce qu'en plus, on nous apprend à avoir honte, tu vois, à force de nous dire, estimez-vous heureuse, on vous a donné un job, etc. Et le rêve qu'a réalisé Audrey, je n'y croyais pas du tout. Je la trouvais très gentille et très généreuse, mais je n'avais pas compris que ça ne va pas être possible. Et de voir que j'ai fait le parc des Princes, j'ai participé, et je ne la remercierai jamais assez, Sophie Iborra de la Tribune m'a appelée un jour et m'a dit qu'on allait faire un événement au parc des Princes. Tu vois, le casser les codes et dire que je suis en situation de handicap et que je vais au parc des Princes, je trouvais ça... Tu vois la symbolique super sympa. L'une des dernières conférences que j'ai faites, c'était à la Tour Eiffel, c'était sur l'IA inclusive et égalitaire, qui est mon dernier dada. À quel moment je me serais dit, je suis arrivée, il y avait mon portrait en gros dans la salle, etc. Je me disais, mais à quel moment ? Il m'est venu un jour. Je ne prends pas beaucoup de photos, mais je dis quand même, il faut que je montre ça à mes parents en plus. votre enfant qui a eu autant de soucis, etc. Regardez, elle est quand même à la Tour Eiffel et a fait une conférence sur une expertise quand même assez pointue de l'IA devant des dirigeants, etc. Donc, tous ces gens-là, je les remercie parce qu'il y a beaucoup de négatifs dans le parcours. Il y a beaucoup de choses difficiles, mais il y a eu plein de beaux cadeaux et de choses vraiment incroyables et de gens incroyables qui me disent Mais... Attends, moi, je vais faire ça pour toi. Qui ont envie d'être à mes côtés. Si ce n'est pas moi, symboliquement, par exemple, toutes ces femmes qui sont en difficulté et tout. Donc, évidemment, tu fais partie parce que le fait de me permettre d'en parler et peut-être que certaines d'entre vous qui m'écoutent se sentent moins bien, moins intelligentes, moins je ne sais pas quoi. Si ça peut les encourager à se dire, cette femme, elle n'avait pas toutes les clés. Toutes les cartes en main qu'il fallait. Elle en avait même des cartes assez pourries. Et elle a réussi à faire ça. Que vous croyez effectivement en vrai, en disant j'ai le droit, je peux m'autoriser. Ça sera différemment. Tu vois, le son par rapport à autre. Je ne l'ai pas fait comme tout le monde, dans les mêmes conditions, avec des harnais, avec un siège, etc. adapté. Mais je l'ai fait quand même. Et de se dire, il y a quand même des belles choses. Et il y a, malgré les discriminations, les problèmes d'inégalité, etc. Il y a quand même des gens. formidable et ça, il ne faut pas l'oublier. Tu vois, j'ai tendance à dire, la vie, c'est un formidable chaos. Pourquoi formidable ? Parce que c'est une série incessante, soit d'opportunités qui te passent devant et c'est à toi de dire Hep, attention, je suis là, regardez, j'ai envie de faire un projet, on va parler deux secondes et je ne vous laisse pas le choix d'ailleurs parce que je vous ai déjà dit tout ce que je voulais vous dire et il n'a pas avalé son petit four qu'il y a Marc Simoncini, il y a un jour, que j'ai croisé comme ça. On était à un événement à la Défense et je savais qu'il était sur un projet d'entraide de communauté pour l'alimentation, pour donner les invendus à des associations, etc. pour que l'alimentation ne soit pas perdue. J'avais déjà mon idée en tête. Il était en train de manger son petit four, il n'a même pas eu le temps de me dire oui, non, peut-être, moi j'avais déjà piqué mon truc. Et donc c'est une série incessante d'opportunités, tu les saisis ou tu ne les saisis pas, et même si tu ne les as pas saisies, tu n'étais pas prêt, ce n'est pas grave, il y en aura d'autres. Il y a celles que tu peux créer, et c'est un chaos parce qu'effectivement, même s'il y a des crises, même si les outils changent en termes d'usage, même s'il y a des choses difficiles, pour moi, et ce n'est pas mon volet forcément stratégique, c'est que forcément, Quand les lignes bougent, ça va créer d'autres choses. Et on le voit bien avec les innovations. Donc, moi, j'ai envie de dire, réjouissez-vous. Ça ne va pas être facile. Ça ne va pas être drôle. Vous allez pleurer. Vous allez avoir mal. Vous allez peut-être avoir des difficultés que vous n'auriez pas imaginées. Tu as un associé qui te fait des coups dans le dos. Il y a plein de choses. C'est un peu Sœur Emmanuelle, quand elle disait Yalla, on y va ! Allez hop, go ! On va voir bien ce qui se passe ! Mais voilà, réjouissez-vous et dites-vous que, oui, je trouve que le fait d'imaginer le chaos au lieu de le voir sous un prisme négatif, et d'ailleurs c'est ce qui permet la résilience, le voir sous un prisme, le chaos, avec de l'optimisme, avec le fait de se dire presque, moi je l'attends au tournant en me disant Qu'est-ce que ça nous réserve ? Il y a presque de l'excitation, de l'espérance. Boris Cyrulnik qui dit qu'il n'y a pas de résilience sans espérance. Si on n'espère rien de la vie,

  • Speaker #1

    on ne sera pas résilient.

  • Speaker #0

    On n'aura pas les clés.

  • Speaker #1

    360 Insights, c'est aussi un petit tour complet. Tu donnes beaucoup de messages hyper optimistes, hyper inspirants. Et peut-être qu'il y a des personnes qui nous écouteront et qui se retrouveront dans ton parcours, dans ce que tu fais, dans ta façon de voir les choses. Tu n'es pas obligé de dire oui. Merci. Mais est-ce que tu pourrais nous dire deux choses ? La première, c'est comment tu as réussi à dompter ton handicap au quotidien pour te permettre de pouvoir faire ces choses ? Parce que si un jour tu te lèves, tu es paralysé, comment tu fais ? Et le deux, c'est à quel moment dans ta vie ça a été tellement dur ? que tu t'es vue abandonner, mais finalement, tu n'as pas lâché.

  • Speaker #0

    En fait, c'est un peu compliqué parce que tu vois, c'est vraiment un process. Quand tu as été dans le déni de toi pendant des années en disant je vais être comme tout le monde, je vais masquer, je vais essayer de trouver des astuces pour compenser, etc. Quand tu t'es vraiment oubliée. C'est très compliqué de se retrouver. Et moi, pendant longtemps, et même encore maintenant, je parle de moi la troisième personne. Parce que c'est moins de douleur, tu vois ? C'est tellement émotionnel, tellement bouleversant sur certains sujets.

  • Speaker #1

    C'est toi ?

  • Speaker #0

    Ouais. Ça veut dire qu'il faut que je tarde plus.

  • Speaker #1

    Cinq minutes.

  • Speaker #0

    Ouais. Et en plus, on va les prendre, parce que je pense que ça peut être peut-être important. Le fait de s'oublier, soit, de travailler pour tout le monde. Moi, je suis dans l'aide et l'accompagnement. J'aide conseillers, j'aide accompagner les dirigeants pour qu'eux réalisent leurs rêves, mais pas les miens. Donc, quand je dis s'oublier, c'est vraiment... Moi, je voulais être invisible. Je ne voulais pas qu'on voit que j'étais différente, que je pouvais être en difficulté. Et comme j'étais convaincue que j'étais la fille la plus stupide du monde, je me disais, je réponds même pas parce qu'ils vont se rendre compte que je suis stupide, donc c'est pas la peine d'en rajouter, etc. C'est violent, c'est douloureux, il y a le rejet, il y a l'exclusion, et qui sont au quotidien, parce que ça revient à un moment donné. Tu tombes toujours sur un imbécile ou sur une situation où les gens vont te regarder de travers, etc. Je l'ai fait à un événement avec des investisseurs étrangers. où je me suis toute la journée, je vais faire le test. Je me présente, je dis, entrepreneuse, engagée, polyhandicapée, j'explique ce que j'ai et pourquoi je suis à ce projet-là. Deuxième version, la personne après que j'en compte, je ne lui dis rien. Je suis fondatrice de cette start-up. Je ne dis pas que je suis polyhandicapée. Évidemment, les jours où c'est invisible, les jours où je suis en fauteuil, ça se voit. Et bien, à chaque fois, malheureusement, dans 100% des cas, celui à qui j'ai dit tout de suite que j'étais en situation de handicap. Il commence à regarder son portable, ses chaussettes. Il dit, en fait, je vais revenir parce que, voilà, systématiquement. Donc, on n'est vraiment que là. Donc, c'est pour ça que la réponse est difficile parce qu'en fait, elle est... Là, au quotidien. Donc, en fait, il faut tous les jours se faire violence et se dire Je suis capable de... Je suis respectable... Je suis ceci... Et d'ailleurs, Calixte, qui est très intuitif, comme tous les gamins, il m'a mis des mots partout dans la maison. Le premier qui m'avait écrit quand il était tout petit, il avait pris une lettre de mon prénom. Et avec toutes les premières lettres, il m'avait mis Tu es formidable, tu es inspirante, tu es belle, tu es ce... Et il me dit comme ça. T'oublies pas et t'arrêtes de t'excuser d'être ce que tu es. Parce que c'est vrai que je suis tout le temps en train de m'excuser. Et c'est à ça qu'on reconnaît aussi les personnes qui ont eu un parcours parfois compliqué. Parce que tu ne te sens pas légitime, mais parce qu'on ne t'ouvre pas la porte. Donc ça, c'est une vraie question. Et il y a encore beaucoup de travail pour moi, mais pour toutes les personnes en général. Mais par contre, ça fait perdre beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, etc. Et moi, ce que j'aurais envie de dire, c'est... que j'ai compris très tard, c'est que c'est Frida Kahlo qui disait ça, tomber amoureuse de vous et ensuite tomber amoureuse des autres. Et effectivement, ça, je ne l'ai pas fait. Je ne m'aimais pas. Maintenant, je me supporte, je me fais rire toute seule parce que je suis maladroite, parce que ma pauvre fille m'était... Je me parle à moi-même et je te dis des fois, je ne sais pas. Mais cette dissociation, je l'ai vraiment créée, en fait. Il y avait celle, je me disais, je n'ai pas le droit de pleurer quand j'ai mal, je n'ai pas le droit de... Je peux être capable d'être en crise et d'avoir des choses très difficiles parce que les douleurs sont des douleurs qu'on ne sait pas encore soigner par la médecine.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de maladies comme ça.

  • Speaker #0

    J'ai appris à ne pas pleurer, à avoir un visage impassible. Vraiment, c'est incroyable ce qu'on peut... Mais je me dis, toute cette énergie que j'ai eue à lutter contre moi-même, j'aurais pu en faire. Plein d'autres choses. Si dès le début, j'avais dit, excusez-moi, là, j'ai mal. Là, c'est compliqué. Je vais devoir m'absenter ou me mettre en maladie quelques jours. Ou je vais travailler à la maison. Le fait de ne pas avoir osé. Et en fait, là où je veux en venir, la première chose, c'est de ne pas oublier qui on est. Et de se respecter.

  • Speaker #1

    De se respecter.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, c'est vraiment de la maltraitance. Le fait de s'oublier. De s'oublier. d'aller au-delà de ses forces de demande à son corps tous les jours. On parle du dépensement de soi, mais on est obligé parce que c'est le seul chemin. Et en même temps, on y laisse vraiment beaucoup de plumes. Donc moi, je suis pas tout à fait... J'ai un peu un discours modéré là-dessus.

  • Speaker #1

    C'est que t'avais pas vraiment le choix, en fait, parce que sinon, t'aurais pas pu faire tout ce que t'avais fait.

  • Speaker #0

    J'aurais pas pu rester chez moi. J'aurais jamais vu personne, j'aurais jamais communiqué, j'aurais jamais travaillé.

  • Speaker #1

    T'étais obligée de cacher ton handicap.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Parce que sinon...

  • Speaker #0

    Et je dis, le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire, la plus belle histoire d'amour... Parce que c'est vraiment une histoire d'amour, c'est de s'aimer soi-même, tu vois, et de prendre soin de soi comme quelqu'un dont on est amoureux. Quand t'es amoureux, t'as envie d'être délicat, tu fais attention, t'as envie de lui offrir plein de cadeaux, etc. Alors qu'on fait même pas ça pour soi-même, en fait, tu vois. C'est vrai. Je trouve ça... On devrait se le prouver. Une fois que t'as compris, tu te dis, mais on est d'une stupidité ahurissante. Je suis la personne avec laquelle je vais vivre toute ma vie. Pourquoi j'investis pas sur moi ? Pourquoi je prends pas soin de moi ? Pourquoi... Alors que si je veux aller jusqu'au bout de ma vie, il faut que je m'en donne les moyens, tu vois. Et pourquoi je réaliserais les rêves d'autrui et pas les miens ? Donc, c'est pour ça que ta question, elle est vraiment importante. Et la deuxième, c'est sur le fait que je sois fière de quoi ? Quelque chose ?

  • Speaker #1

    Un moment de ta vie où ça a été tellement dur que tu as eu envie d'abandonner. Et comment tu as surmonté ça ?

  • Speaker #0

    Alors, ma réponse ne va pas te plaire, c'est tous les jours, en fait. Mais c'est là où on voit que quand tu es dans cette démarche et que tu as réussi à mettre des outils en place, tu es à terre, mais beaucoup moins longtemps au fur et à mesure, parce que tu as des clés. Mais régulièrement, je pleure, je dis j'arrête tout, c'est trop dur, c'est trop compliqué. Quand on me fait une remarque où je me sens blessée, parce que je suis hyper sensible sur certains sujets, je me dis je ne suis pas assez bien pour le projet. Il n'y a pas longtemps encore, ça m'est arrivé de pleurer en me disant je ne suis pas à la hauteur de cette cause. Je ne suis pas la meilleure personne pour la servir parce que j'aime mon pitch. Comme j'ai des problèmes de mémoire, j'avais un peu bafouillé. J'ai eu peur que les gens se disent que ce n'est pas la bonne personne, etc. Mais ce n'est pas Stéphanie dont je parle. C'est de ne pas être à la hauteur de l'ambition du projet. Et c'est régulièrement où je me dis que je n'y arriverai pas. Ça va être trop compliqué. Et quand j'ai mal, comme tu disais tout à l'heure, quand tu es paralysé. Alors je dis je rampe parce que oui, pendant longtemps, j'avais que le bas qui était paralysé. Donc je rampais. Mais après, tu trouves des astuces même pour rire de toi-même. Stéphanie, tu es quand même chez toi, dans ton appart, comme un ranger, alors que toi, tu es tout sauf un militaire pour pouvoir aller boire ou aller aux toilettes, quand même. Je me dis, il y a quelqu'un qui me verrait. C'est quoi cette nette ? Elle fait du grand n'importe quoi. Et c'est pareil, demander de l'aide, avoir une auxiliaire de vie, tout, c'est des marchés hyper humiliants, hyper compliqués. Quand tu demandes de l'aide à tes enfants, alors que ce n'est pas leur job. Donc ça fait partie en fait de mon quotidien. Alors il y a des jours où il n'y a aucun bug, mais c'est quand même régulièrement où en plus la maladie te rappelle à ce que t'es. Donc là tu reprends tous les trucs. Ah oui j'ai oublié, j'étais handicapée. Parfois même, je dis n'importe quoi, il y a des gamins qui jouent à 1, 2, 3 soleil, je dis oh j'ai envie de jouer avec vous. Je me disais, mais à quel moment je vais pouvoir courir le plus rapidement possible ? Stéphanie, tu ne peux pas courir, tu as oublié. Ah oui, j'ai oublié. Tu vois, il y a plein de trucs. Tu restes dans l'esprit, là, on vit. Mais tu oublies, et quelque part, heureusement.

  • Speaker #1

    Heureusement que tu ne penses pas trop.

  • Speaker #0

    Mais voilà, et c'est vrai que l'idée de... Je me dis, s'il y a certaines personnes qui peuvent prendre conscience de ça, en disant, voilà, prenez soin de vous, aimez-vous, et après, vous aimerez effectivement le reste. C'est votre plus bel investissement, en fait, parce que c'est votre corps, c'est votre esprit. Et même, tu vois, si on parlait de charge mentale ou de souffrance aussi psychologique, à quel moment on ne prend pas soin de soi et on ne mise pas tout sur nous avant, en plus, d'aller trouver des fois des excuses aux autres.

  • Speaker #1

    Stéphanie, pour finir,

  • Speaker #0

    le crible.

  • Speaker #1

    Les questions sont courtes. Tu peux y répondre en une phrase. Une Maxime que tu aimes.

  • Speaker #0

    Alors, elle est de moi, mais en toute humilité. Mais c'est qu'on a le droit d'être à terre, mais qu'on a la responsabilité et le devoir de se relever.

  • Speaker #1

    Tu as le droit d'échouer,

  • Speaker #0

    mais tu as le devoir d'essayer aussi.

  • Speaker #1

    Quelle est ta plus grande peur ?

  • Speaker #0

    Il y a des jours où je suis prête, il y a des jours où je ne suis pas prête. C'est le jour où je vais être paralysée définitivement et je vais regarder le plafond tous les jours. Alors oui, on a plein d'outils, mais tu vois, d'être coupée du monde, de ne pas pouvoir aller vers les gens, et de me dire... En même temps, je serais très heureuse parce que je me dis que j'aurais réalisé plein de choses. Mais tu sais, c'est comme un rendez-vous avec la maladie, dire OK, tu as gagné, ça y est, c'est fini. Mais je n'ai pas le droit de me plaindre. J'ai eu une vie formidable, etc.

  • Speaker #1

    Une rencontre qui a changé ta vie ? La rencontre qui a changé ta vie ?

  • Speaker #0

    Mes enfants. Parce que je ne me suis pas battue pour moi, mais je me suis battue pour eux. Ils m'ont donné cette force, cette envie de me dépasser. Un, j'avais peur qu'ils aient honte de leur maman. Deux, je me suis dit si ça leur arrive, si elles passent, surtout mes filles, par ce genre de choses. Qu'est-ce que je n'ai pas envie qu'elles vivent ? Comment je vais les protéger ? Comment je vais leur donner des clés ? Comment je vais leur transmettre quelque chose ? Et surtout, si je reste à terre, quelle leçon de vie je leur donne ? Donc, je n'ai pas le droit. Donc, la plus belle rencontre, oui, c'est mes merveilles.

  • Speaker #1

    Pour toi, qu'est-ce que signifie réussir sa vie ?

  • Speaker #0

    C'est une super question, c'est compliqué. Pour moi, c'est garder cette capacité à s'émerveiller et à espérer. Si tu as ces deux vertus qu'on peut entretenir, qu'on peut nourrir et tout, te réjouir de tout, il ne fait pas beau mais on a une super rencontre, tant pis, j'ai raté mon pitch, mais ça m'a permis de rencontrer d'autres personnes et d'aborder des sujets d'une autre manière. J'ai toujours essayé de transmettre ça aussi à mes enfants en disant Tous les soirs, tu es obligé de faire cet exercice. Tu trouves trois belles choses qui te sont arrivées dans la journée. Un plat que tu as aimé à la cantine, quelqu'un qui t'a souri, mais tu ne t'endors pas sur des choses compliquées. Et le fait d'espérer, d'être toujours en disant, il peut se passer des choses juste incroyables, comme les rencontres que je fais, comme les micro-expo, mais n'empêche que. C'est quand même des petites victoires, mais ce sont des victoires. Et de faire confiance à la vie, même si elle est compliquée. Je sais que c'est compliqué, mais c'est un acte de foi. Si tu veux te faire plaisir, si tu veux être heureux, je pense que ça fait partie des choses importantes. Merci Stéphanie.

  • Speaker #1

    J'ai les larmes aux yeux à la fin. Je me suis retenue tout le long quand même. Il fallait que ça vienne à la fin.

  • Speaker #0

    Je voulais être fière de toi. Mais ça aussi, tu vois, apprendre à pleurer et accueillir les émotions. Avant, j'avais honte. J'avais peur qu'on me dise qu'elle est hypersensible, ce qui est vrai, mais on n'est pas dans une société. Mais moi, je vais pleurer même devant quelque chose qui est beau parce que je trouve ça merveilleux. et que ça me nourrit. C'est des émotions. Donc, non, non, c'est très bien, garde ça, c'est hyper précieux, mais j'aimerais bien ne plus avoir cette réputation, parce que plus personne ne va m'inviter. Mais merci,

  • Speaker #1

    merci encore. Merci à toi aussi. Bravo. Et on a hâte de suivre tes aventures avec Andy Rode.

  • Speaker #0

    On verra.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    C'est gentil.

  • Speaker #1

    Je vous remercie d'avoir écouté le podcast. Si vous vous êtes sentis grandis à la fin de cet épisode, et c'est ce que je souhaite profondément, n'hésitez pas à liker, à mettre un commentaire ou à me contacter directement pour me donner vos feedbacks ou encore pour me proposer des personnalités extraordinaires dont vous auriez envie de tout savoir. Je serai très heureuse de vous lire. Je vous souhaite une très belle journée à toutes et à tous. À très bientôt !

Chapters

  • Qui est Stéphanie

    21:23

  • Handiroad

    35:56

  • Pause amicale

    48:13

  • Le crible

    01:06:49

Description

Je suis enfin de retour après une longue pause, ravie de partager avec vous un nouvel épisode du podcast 360 Insights. Cet épisode me tient particulièrement à cœur, et je suis certaine qu’il marquera le vôtre.

Mon invitée du jour est Stéphanie Gateau. Une femme extraordinaire qui incarne 𝐥𝐚 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞, 𝐥’𝐡𝐮𝐦𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐫𝐞́𝐬𝐢𝐥𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞.
Stéphanie a surmonté des épreuves inimaginables pour devenir une entrepreneure accomplie, une conférencière inspirante, et une maman dévouée. Après une carrière en stratégie internationale, elle a fondé en 2018, avec son fils Calixte, la startup Handiroad. Ensemble, ils réinventent la mobilité pour les personnes en situation de handicap avec une approche humaine et technologique.


Durant notre discussion, nous avons exploré :

L’impact des Jeux Paralympiques 2024 : Ce qu’ils changent — ou pas — en matière d’accessibilité et de mobilité en France.
Les chiffres qui interpellent : 80 % des handicaps sont invisibles, et une personne sur trois sera confrontée au handicap au cours de sa vie.
La genèse d’Handiroad : Une application qui révolutionne la mobilité, rendant les déplacements plus accessibles et fluides.
Le pouvoir de la résilience : Comment transformer les regards et jugements en une force motrice.
Les leçons de vie : Des réflexions poignantes sur l'acceptation de soi et l'importance de l’inclusion.


Pourquoi écouter cet épisode ?
Parce qu'il ne s'agit pas seulement d’une discussion, mais d’une véritable immersion dans une histoire de vie bouleversante et inspirante. Vous en sortirez avec une nouvelle perspective sur le handicap, l’inclusion, et la résilience.


Soutenez et découvrez :

  • Handiroad : Une startup qui rend le monde plus accessible. Participez à sa campagne de crowdfunding : Lien ici.

  • Stéphanie Gateau : Retrouvez-la sur LinkedIn.

  • Wounded Women : Une initiative d’Audrey Bouyer pour les femmes victimes de violences. Découvrez son travail ici : Lien Instagram.

  • Womaccelerator : Des formations certifiées Qualiopi, finançables par le CPF, pour booster votre carrière. Plus d’informations ici : Lien ici.

  • Jobtimise : Expert en reconversion professionnelle et formations en IA. Plus d'informations : www.jobtimise.com.


#Podcast #Handicap #Inclusion #Résilience #Handiroad #Entrepreneuriat


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Tout d'un coup, il me dit Mais maman, c'est super simple en fait. On va faire un WES pour les personnes handicapées. La notion d'entraide et de solidarité autour du projet. Ça peut tous nous arriver et ça ne coûte pas cher de donner de l'info. Et je dis le plus beau cadeau, c'est de s'aimer soi-même, et de prendre soin de soi comme quelqu'un dont on a amour.

  • Speaker #1

    Vous écoutez 360 Insights. Je suis Nathalie Royer et je vous propose dans ce podcast des conversations sans filtre. avec des personnalités inspirantes qui façonnent le monde d'aujourd'hui. Du monde de la tech à l'industrie du luxe, nos invités partagent avec vous leur parcours, leur succès. Mais ils vous livrent aussi les coulisses de leur business et les réalités concrètes de leur quotidien. J'ai une surprise pour vous. À chaque épisode, j'invite un invité mystère pour nous livrer une anecdote inédite sur notre personnalité du jour. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue pour une nouvelle saison du podcast 360 Insights. Ça fait un petit moment qu'on ne s'est pas vus. J'avais bien prévu de faire une pause en août, mais on a eu quelques problèmes techniques. C'est un peu l'aléa de tout business. Et on a dû laisser un petit peu plus de temps. Alors j'en ai profité pour modifier un peu le format, comme vous avez été assez nombreux à me le demander. Un format plutôt autour d'une heure. J'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à me faire vos feedbacks. Et pour cette rentrée, j'ai l'honneur de recevoir une femme extraordinaire. Il s'agit de Stéphanie Gâteau. que je ne saurais décrire en quelques mots, donc je lui laisserai le soin de se présenter. J'ai rencontré Stéphanie il y a deux ans bientôt, à une masterclass annuelle organisée par WOM Accelerator. Alors j'en profite pour ouvrir une parenthèse, puisque Liz Backman, qui est la présidente de cet organisme, a fait beaucoup pour moi, c'est une femme incroyable également. Et une fois par an, elle organise cette masterclass à Epitech avec... Vraiment des invités de haut vol.

  • Speaker #0

    Et

  • Speaker #1

    Stéphanie est montée sur scène à ce moment-là. Et elle a fait pleurer un amphithéâtre entier par son histoire, par sa force. Et je pense qu'on s'est tous pris une claque d'humilité ce jour-là. Donc c'est vraiment ce que j'ai envie de vous transmettre aujourd'hui. Stéphanie, comment tu vas ?

  • Speaker #0

    Très bien, toujours très bien, quoi qu'il arrive.

  • Speaker #1

    En tout cas, je suis ravie de te revoir. puisque du coup, c'est la deuxième fois qu'on enregistre ce podcast.

  • Speaker #0

    On va y arriver.

  • Speaker #1

    Et ce n'est pas plus mal parce qu'entre-temps, il y a quand même eu les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques à Paris. Alors, je voulais avoir ton avis sur ces événements.

  • Speaker #0

    C'est le nombre de personnes qui m'ont sollicité pour avoir mon avis. Et je te dis ça parce que je trouve ça super positif. C'est-à-dire que les gens, il y a des choses qui les interpellent, qui ne les interpellaient pas avant. Avant le fait de voir quelqu'un en difficulté avec... Même une poussette, une maman avec ses courses qui essaie de descendre dans la bouche de métro, une personne en situation de handicap, ça a permis une prise de conscience, qui j'espère, parce que c'est toujours là où il y a un écueil, un risque, qui va se transformer en acte concret. Mais déjà, je pense que ça a permis à la fois ce regard positif en se disant... C'est un peu le collectif que j'ai créé, tous uniques, tous du talent, tous différents. Et par définition, de se dire que chacun peut avoir un talent quel qu'il soit. Mais il y a quand même eu, tu vois, il y a eu pas mal de journalistes, surtout étrangers, qui découvraient Paris, le site, etc., à l'occasion des Jeux, qui m'ont contactée, en fait, pour me dire, c'est quoi ce délire à Paris ? Comment ça se fait que c'est aussi inaccessible ? Et il y a même eu des articles comme... New Yorker ou Business Week ont titré La France, la honte de l'accessibilité Ils m'ont évidemment demandé aussi pourquoi ma solution, la start-up, la solution que j'ai créée en Diro n'était pas déployée. En disant, mais c'est super simple, c'est génial, etc. Pourquoi personne ne la déploie ? Donc, on reste quand même sur un problème qui n'est pas résolu. Qui n'est pas résolu depuis des années, mais qui ne l'est toujours pas ici. Qu'on n'a pas anticipé alors qu'on savait fortement qu'il y aurait des gens qui participeraient. dans les spectateurs qui seraient en difficulté, à aucun moment on s'est dit... Je ne parle même pas d'égalité. C'est une fête, on doit tous pouvoir y participer. Et en fait, on s'est dit, eux, ils ne pourront pas, mais ce n'est pas grave. On va certainement en parler, mais sur des sujets où personne n'a compris qu'il n'y aurait pas d'égalité sans inclusivité. Si on ne met pas en place des outils, des solutions pour permettre à chacun... d'assister à un événement, d'aller travailler, de se nourrir, de pratiquer des loisirs, sans inclusivité, on n'atteindra jamais l'égalité.

  • Speaker #1

    Justement, il y a eu beaucoup d'articles qui sont parus. Et d'ailleurs, la mairie de Paris avait tout mis en œuvre pour qu'on puisse rejoindre l'ensemble des sites avec les transports en commun. Mais pour les athlètes paralympiques, finalement, c'était une catastrophe. Est-ce que tu as quelques chiffres à donner sur les stations de métro ?

  • Speaker #0

    En fait, ce que je voudrais déjà expliquer, si on parle du handicap, plus de la mobilité réduite, c'est-à-dire les personnes qui sont en difficulté quand elles se déplacent, les personnes âgées, ce qu'on appelle les PMR. Il y en a 25 millions en France, trois fois l'île de France. Je me dis à quel moment on ne résout pas le problème de ces gens et on continue de les appeler à Mobilité Redoute, mais sans mettre de solution, de déploiement, même si on fait du test and learn et que ce n'est pas parfait. À quel moment on exclut ces personnes en sachant que c'est une problématique universelle, ça n'existe pas qu'en France. Il n'y a aucun rapport avec l'âge, avec le genre. Tout le monde peut être concerné à un moment donné de sa vie, même ponctuellement. On estime qu'une personne sur trois, au cours de sa vie, sera confrontée au handicap. Donc une personne sur trois, ce n'est pas négligeable. Il y a eu je ne sais combien de campagnes de sensibilisation pour alerter. Effectivement, il n'y a que quatre stations de métro accessibles. Comment tu fais pour vivre dans une ville comme Paris ? Et l'ascenseur est toujours en panne. Gare Montparnasse, c'est pareil. Donc, tu dois faire tout le tour, puisque l'ascenseur ne peut pas te monter, avec ton fauteuil, les trottoirs, ta poussette et tes bagages. Tu prends des bus,

  • Speaker #1

    des bus qui sont tout le temps en retard.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Tu mets deux heures pour traverser Paris.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ne serait-ce que de dire, puisqu'on se veut fière d'être français, etc. Je me dis, à quel moment on ne se dit pas, et d'ailleurs, je lance. J'en profite pour lancer un appel. Je peux m'en occuper. Il n'y a pas de souci à grande joie. Pourquoi on ne lance pas à Caton ? sur le problème de la mobilité réduite à Paris. On en a peut-être pour trois jours ou quatre jours, c'est nuit des jours, mais on ressort avec des pistes concrètes. Et je pense que l'une des clés qui n'existe pas, qui est catastrophique, c'est qu'il y a une responsabilité collective. Il y a l'accessibilité des lieux, mais il y a aussi la mobilité, les transports, les ruptures de déplacement, les chantiers. Donc il y a plein de parties prenantes. Et à quel moment on ne se dit pas, OK, qui est concerné par le problème de la mobilité ? On prend tous les acteurs et collectivement, on crée quelque chose sans dire, là, tu vois, j'ai vu une fois de plus, il y a des restos, il y a une appli pour les restos accessibles. C'est super, mais tu vas sur une appli pour les restos accessibles.

  • Speaker #1

    Mais tu ne t'es pas compris.

  • Speaker #0

    Pour les cafés, pour les hôtels accessibles. Donc, je t'en parle parce que c'est tout récent. Mais du coup, avec Andy Road, on a... D'essayer d'aller un peu plus vite que prévu, de sortir un autre outil qui est plus simple de mise en relation, etc. Pour qu'on avance enfin sur ce sujet. Et le deuxième écueil, c'est que dès qu'on parle du handicap ou de la sécurité, parce qu'on est sur de la sécurisation, on est sur des personnes qui peuvent potentiellement tomber ou être en difficulté ou avoir des obstacles. Ce qui m'a un peu déçue au niveau du handicap, c'est qu'il n'y a pas cette volonté de dire on y va ensemble. En fait, tu as des initiatives à droite, à gauche, etc. Et c'est très difficile de fédérer.

  • Speaker #1

    De mettre tous les acteurs autour de la table.

  • Speaker #0

    Alors qu'on a tous gagné, on a des solutions complémentaires. Et je vois en termes de soutien, j'en ai beaucoup plus par des gens qui ne font pas partie de cette communauté que des personnes en situation de handicap qui connaissent par cœur le problème. Et puis à un moment donné, le dénoncer, c'est bien, mais agir, c'est pas mal aussi, même si c'est pas parfait. Et on n'est pas dans cette mentalité en France de se dire, OK, problématique. On se réunit, réunion de pays, on résout le problème. Là, tu vois, alors que, et encore plus pour l'écosystème tech, on est dans le test on-lord et on ne se dit pas, OK, qu'est-ce qu'on peut faire pour faire avancer grâce à l'innovation et la technologie ?

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai qu'il y a quand même pas mal d'initiatives, mairie de Paris, RATP, qui disent, bon, c'est pas top, mais c'est quand même mieux qu'avant. Mais en tout cas, j'ai l'impression quand même que les Jeux paralympiques à Paris ont permis... un grand nombre de personnes de se rendre compte du problème.

  • Speaker #0

    Ce qui est intéressant, c'est que la société civile, comme tu dis, ça leur a permis de prendre conscience. Mais les décideurs, les acteurs du changement, c'est eux qu'il faut réussir à convaincre. Et tu vois, par exemple, au début, on me disait mais c'est une petite cible, ce n'est pas intéressant On me dit c'est des personnes en situation de handicap, elles ne consomment pas, elles sont dans la précarité, ça n'intéresse personne C'est compliqué. Après,

  • Speaker #1

    c'est une situation de handicap, mais on y reviendra après. Ça peut être une femme ou un couple avec un enfant et une poussette.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Ou juste une valise. Oui, une valise. C'est ça, c'est les trois portes. Il y a des personnes pour aider à monter les poussettes, les personnes âgées.

  • Speaker #0

    Il y avait une étude, puisque tu parles de chiffres, et je t'éliminerai sur celui-là pour ne pas en donner trop, mais il y a une grande fédération qui s'appelle les APF, les Paralysés de France, qui fait régulièrement des campagnes de sensibilisation et des études. Neuf personnes sur dix estiment avoir des difficultés pour arriver d'un point A à un point B. On n'est même plus dans la mobilité réduite, que ce soit pour des réseaux de mobilité ou de sécurité pendant leur trajet. Les femmes sont quand même super. C'est compliqué de sortir, c'est compliqué de se sentir en sécurité dans les transports en commun. Il y a une vraie problématique sur la sécurisation des périodes en général.

  • Speaker #1

    On parle beaucoup de Paris parce que les transports sont quand même plus développés que dans d'autres villes. Mais partout en France...... Quand on est en situation de handicap et qu'on n'a pas de voiture, c'est quasiment impossible de se déplacer.

  • Speaker #0

    Et on en vient justement à des problématiques d'isolement social, de rupture de liens sociaux. C'est vraiment très compliqué. Et en plus, c'est un cercle douloureux parce que l'éloignement, tu ne peux pas te déplacer aux événements, tu ne peux pas rencontrer des gens. Si tu as un projet, tu n'arrives pas à le faire avancer. Il y a deux ans, il y avait une étude, il n'y a aucun incubateur. qui soit 100% accessible. Donc c'est pour ça que, entre autres, c'est pas l'objet, mais j'ai créé mon incubateur accélérateur à l'export de manière virtuelle, comme quand on était au confinement. C'est-à-dire qu'on n'est pas obligé d'avoir les moyens de se payer un hôtel et un avion ou un bus. On n'est pas obligé, si on ne peut pas se déplacer, d'être sur place. On est en distanciel, comme on l'a été, même en termes d'écologie, plutôt qu'on soit sans... Une centaine de personnes à se déplacer, c'est du bon sens. Et de perdre de temps. Dans les transports, si tu conduis, tu ne peux pas lire en même temps. Tu peux écouter des podcasts, mais tu vois ce que je veux dire. Et à un moment donné, c'est du bon sens. Et économiquement parlant, c'est un vrai enjeu économique et sociétal. Donc, je trouve qu'il serait temps quand même, enfin, de se mettre au travail. Et tout acteur confondu. T'as les aéroports, t'as les...

  • Speaker #1

    Mais même à distance, pour les personnes, il y a la mobilité réduite, mais... malvoyants, sourds, ce n'est pas toujours évident de se servir des outils technologiques.

  • Speaker #0

    C'est un vrai sujet. À quel moment on est dans un secteur innovant, je parle de la tech, il y en a d'autres, mais on va parler de la tech, où on dit, on va casser les codes. Donc tu imagines bien que les gens comme moi, on est prêts, on est dans les starting blocks, yes, on va y aller. Et on crée au quotidien des outils discriminants. Microsoft a développé a expliqué qu'il y avait 240 types d'altérités à l'usage d'un outil numérique. Ça peut être la vue, ça peut être l'ouïe, les troubles moteurs. Moi, quand je suis paralysée, quand j'ai mes bras qui sont paralysés, j'ai mes deux petits pouces qui essayent quand même de faire deux, trois bricoles, mais je ne peux pas travailler normalement. Quand je veux voir une visio ou un événement, s'il n'est pas sous-titré, comme je suis atteinte de surdité, que je ne lis que sur les lèvres, parce que je ne suis pas apparaîtable ni opérable, à quel moment, moi, du coup, je ne peux pas assister à l'événement. Alors qu'en plus, des fois, le thème, c'est l'inclusion ou l'inclusivité. Donc ça, c'est juste énorme. Donc dans la diversité, OK, mais pas les personnes en situation de handicap. Et l'inclusion, mais toujours pas avec les personnes en situation de handicap parce qu'on n'y a pas pensé.

  • Speaker #1

    Parce qu'on n'y a pas pensé,

  • Speaker #0

    exactement. Et c'est pour ça que c'est important et j'invite, parce que parfois, je me sens un peu seule, alors que ce n'est pas vrai. On est nombreux à essayer de faire des initiatives, mais à parler du handicap invisible. Ça peut être une maladie chronique, ça peut être une prothèse, il y a plein de choses qui ne se voient pas. Et c'est 80% des gens en situation de handicap. C'est-à-dire que sur 100 personnes, il y en a 80 qu'on ne voit pas et on ne peut pas imaginer qu'ils sont en difficulté. Et je trouve que maintenant qu'on a avancé sur la visibilité du handicap, la deuxième étape, c'est-à-dire que tout le monde peut être concerné. Ça peut être, moi, tu vois, j'ai des troubles cognitifs, des troubles de concentration et de mémoire. Le fait que je sois autiste, ça ne se voit pas non plus. Il y a plein de gens qui sont hyper étonnés. Ça ne se voit pas. À quel moment on a dit que l'autisme, ça se voyait ? Vous me rassurez. Comment ?

  • Speaker #1

    Et on n'est pas sensibilisés à ça.

  • Speaker #0

    Ça ne se prend pas compte. Mais tu vois, je pense que plus on communiquera, plus on sera nombreux, plus effectivement, il y aura cette prise de conscience. Pour l'instant, les jeunes, en fait, les personnes qui sont le plus concernées, quand elles ne sont pas... concerné elle directement c'est parce que dans leur parcours de vie ou autour de la famille elles ont été confrontés au handicap même si c'est pas eux mais voilà ils ont cette conscience Sinon, c'est très compliqué de faire comprendre aux gens, même quand il y a un événement, je dis je ne peux pas tenir un micro, c'est trop lourd c'est les paniques à bord, alors qu'on a plein de solutions quand même qui existent. Et donc, c'est pour ça que, en fait, il y a beaucoup de gens qui trouvent que mon parcours, il y a beaucoup de choses, mais le fil conducteur, c'est toujours la même chose, c'est rendre accessible le monde à tous, sans exception. Parce que c'est juste une question de bon sens. Pourquoi les personnes en situation de handicap n'auraient pas le droit de partager des moments, des activités ou des événements comme les Jeux paralympiques ? Et à quel moment on crée des outils discriminants et on s'en fiche en fait ? Donc un exemple que je prends beaucoup, un jour je pense qu'il y a quelque chose qui va me tomber sur la tête, mais je cite régulièrement l'exemple de Doctolib, qui est une licorne française qui vaut des milliards. qui a des moyens technos, qui est dans la santé, et dont le but est de pouvoir prendre rendez-vous, mais aussi de faire de la visio. Et on l'a vu pendant le confinement, on était contents. Il n'y a pas de sous-titrage. À quel moment, Dr. Hibbs s'est dit, les personnes sourdes, ce n'est pas grave, elles ne peuvent pas consulter, elles ne peuvent pas utiliser l'outil. Tu vois, à quel moment tu te dis, il y a une personne qui vaut mieux qu'une autre. Les autres, OK, on estime qu'ils ont de la valeur, on va faire quelque chose pour eux. Ceux qui sont sourds,

  • Speaker #1

    on n'y pense pas.

  • Speaker #0

    Tu vois ? Je me dis, à quel moment tu fabriques dans la tech, tu as des jeunes qui arrivent avec une solution et tu oublies de leur dire, n'oubliez pas, ça peut être votre fournisseur, ça peut être votre client. On parle de conception universelle. Il faut que tous les outils puissent être utilisés par tous, quels qu'ils soient.

  • Speaker #1

    Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi ce fait de, puisque l'équipe qui va concevoir le produit n'est pas inclusive, parce que... on a déjà le cas avec les femmes parce qu'il n'y a pas de personnes en situation de handicap donc on ne pense pas à ces cas là et dans la médecine ou même dans l'IA le fait qu'il n'y ait pas de femmes c'est pareil ça va créer des biais et il y a plein de situations auxquelles on ne va pas penser non mais tu

  • Speaker #0

    sais que je suis directe, je n'aime pas tellement ton discours ah ah ah mais tu as le droit je vais t'expliquer pourquoi ton constat est malheureusement absolument juste... Mais tu produis un paquet de biscuits qui a des allergènes. Tu vas mettre, attention, susceptible de contenir des graines. À quel moment, quand tu construis un outil, que tu sais qu'il est discriminant, c'est-à-dire qu'il n'y a pas une représentativité, comme tu l'as dit, de la société. Il y a des minorités qui ne sont pas représentées. Le handicap, ce n'est pas une minorité puisque c'est la première cause de discriminant. Mais tu parlais des femmes, à juste titre. Donc, ton échantillon de population n'est pas représenté. Tu crées quand même l'outil. Tu dis, ce n'est pas grave, ça va le faire. Tu dis, bon, OK. Après, tu sais que ton outil crée tout seul des biais dans les algorithmes. À quel moment tu dis, je le sais, mais on ne corrige pas, ce n'est pas grave, on avance encore. Et à quel moment tu vends à quelqu'un une solution, il y a, par exemple, sans lui dire, par exemple, attention. peut contenir des biais, des discriminations, etc. Et ce n'est pas grave, on continue d'avancer. Et je dis ça pour te taquiner parce qu'en fait, je ne sens aucune révolte et aucune colère de gens qui pourraient s'insurger en disant Stop, on va dans le mur, on est en train de construire un monde de privilèges où certains font partie de la planète du numérique, des données, et les autres non. Je te cite un exemple. Tu demandes à n'importe quel IA, je le refais régulièrement, de créer une image de personne en situation de handicap. Toutes les IA te mettent une personne en fauteuil en l'eau. C'est 3% des personnes handicapées. Donc tu crées ton outil, il fait une bêtise, il est inapte à te donner suffisamment de données pour dire en fait il n'a que ça comme image. Tu ne le corriges pas. Et donc t'imagines à quel point c'est grave. Si on est capable... d'oublier 97% de cas d'autres types d'handicap visibles, invisibles, avec une canne, avec tout ce que tu veux. Ça veut dire qu'en fait, quand tu l'interroges sur d'autres sujets, on va dire stratégiques cette fois-ci, toi t'achètes un outil, t'imagines la problématique. Et pareil, tout le monde, tu dis, bah oui monsieur, donc je me dis, on est sur un outil, on est sur des innovations révolutionnaires. plus grosses révolutions et en plus qui vont créer le monde d'aujourd'hui, mais demain ils l'ont déjà créé, qui sont biaisés, qui sont discriminantes. Il y a une absente d'égalité évidente. Même visuellement, comme tu dis, les femmes dans l'IA, alors qu'on n'est pas forcées d'être ingénieurs, on peut être sur d'autres thématiques. Moi, je suis sur l'IA inclusive. Évidemment, j'ai des experts, mais je veux dire, tu n'es pas obligée de faire un certain parcours, etc. Et en plus, 75% des emplois dans la tech d'ici 2030 doivent être pourvus sur des sujets comme ça. Et à quel moment tu te dis, ce n'est pas grave, on continue au fond. Parce qu'en plus, on sait que c'est une croissance. Et un pouvoir de l'IA, en termes d'impact, qui est incroyable et qui nous dépasse. Donc on sait que ça va aller très vite. Et ça va très vite. L'obsolescence, on te dit, c'est plus telle version de chez LGBT. On a déjà un truc, un monstre encore plus énorme qui est arrivé. Oubliez celui-ci alors qu'on a à peine eu le temps de le prendre en main. Donc dans les solutions, de toute façon, ça va être incroyable. Et à quel moment on se dit, bon, l'outil, il est vraiment... Mais on ne corrige pas. En termes de stratégie, moi qui fais du conseil en stratégie, j'ai un client qui me dit je ne fais rien, mais je vais commercialiser un truc Tu vois, je suis étonnée.

  • Speaker #1

    Stéphanie, avant de poursuivre, parce que tu as donné beaucoup d'informations, mais en fait, on ne t'a pas encore présenté. Est-ce que, Stéphanie, tu peux te présenter de la manière dont tu souhaites ? Peut-être ton parcours aussi, parce qu'il y a tellement de choses.

  • Speaker #0

    C'est tellement représentatif. En fait, je suis tellement... Pour moi, ça n'a pas d'importance. C'est à quoi je vais pouvoir contribuer, sur quoi j'ai envie d'essayer de donner, même si c'est un petit coup de pouce. C'est pour ça que j'ai fait de la stratégie et que je suis sur toutes ces thématiques. C'est toujours la notion d'égalité, pas forcément liée au handicap. Mais par contre, en me retournant, pour faire une liaison avec ce que tu viens de me dire, je... En me retournant, on parle toujours de libre arbitre. Je me rends compte qu'en fait, tu ne choisis pas vraiment parce que je ne suis que sur des sujets où, parce que j'étais en insécurité, j'ai été sur des sujets de sécurisation, de dirigeants, de projets. Parce que j'ai été isolée, je suis sur des problématiques de on lutte contre l'exclusion Parce que je me sentais différente et que je ne comprenais pas bien le monde, j'ai eu envie de relier les gens et même les... puisque j'ai fait de la... de la stratégie internationale, donc des problématiques interculturelles, j'avais tellement envie que les gens s'entendent et se respectent dans tout ce qu'ils sont. Tu vois ? Et c'est hyper intéressant de voir qu'en fait, quelque part, j'y prête pas d'importance parce que c'est comme ça et je trouve qu'il y a des choses vachement plus intéressantes que ma petite vie, mais qu'en fait, tu te rends compte qu'à ta manière, tu t'es mis quand même sur des sujets où tu as essayé un petit peu de faire bouger les lignes. Moi, j'ai 56 ans. Je suis maman solo de trois enfants, dont deux très grands et un qui grandit trop vite, le petit dernier, qui est le co-fondateur d'ailleurs de la start-up Andiroad qu'on a fondée en 2018. Je suis d'origine parisienne, mais maintenant, depuis le confinement, je vis en Corse et je suis très, très bien. Et ma santé, en plus, va beaucoup mieux. Donc, je suis contente. J'ai tout gagné. Et puis, voilà. On va dire que dans ce qui me définit, j'ai des fonctionnalités, on peut dire comme ça, parce que c'est plus joli, qui sont différentes de la plupart des gens dans le sens où je suis atteinte de surdité, je ne suis pas appareillable et pas opérable. Donc effectivement, j'ai été très isolée parce qu'en plus, je n'ai pas compris tout de suite que j'avais des problèmes de surdité et je voyais les gens répondre super rapidement aux questions, rigoler, etc. Comment ils font pour aller aussi vite ? Moi, il me manque des infos, je n'ai pas compris. Et je me sentais forcément nulle puisqu'il y avait ce décalage. Je me suis dit, ils sont super forts, ils comprennent tout tout de suite. Moi, je ne comprenais rien. Et puis en plus, quand tu es petit, tu ne mets pas forcément des mots. Tu ne connais pas le handicap, tu ne connais pas la maladie, tu n'imagines pas tout ça. La seule chose, c'est que je me sentais quand même super différente, super isolée. Et je m'ennuyais à mourir aussi. J'étais un peu dans ma bulle. Et puis, les problèmes moteurs, ils sont venus à partir de l'âge de 10 ans, où j'ai eu une grosse crise, une fois, de douleur, etc. Très jeune. Je n'ai pas tilté non plus. Puis, quelque part, ce n'est pas important. Puis après, j'ai été paralysée. Je suis tombée dans la rue. Je ne sentais plus mes jambes, etc. Mes cerveaux, au bout d'un quart d'heure, tu vois. Et tout ça, j'ai mis un peu de côté en me disant, oui, j'étais peut-être fatiguée. Je ne sais pas comment fonctionne un corps. Je suis nulle là-dedans. Très jeune. Oui, puis il y a plein de choses auxquelles, contrairement à maintenant, où on ose parler de certains sujets. Tu vois, c'est comme l'autisme, je l'ai appris super tard. Pour moi, j'ai des questions que, je ne sais pas, c'est comme le fait d'être multipotentiel ou autre. Même quand j'ai vu, j'ai connu ça grâce à mes filles en fait, qui ont eu un parcours un peu compliqué. Ils m'ont dit mais forcément ça va être dans la famille, quelqu'un concerné. Je dis ben pas moi. Surtout quand on a su laisser tomber, il n'y a rien d'intéressant à croiser. Mais du coup ça m'a permis de me mettre à écart et d'essayer de réfléchir à certaines choses. Mais c'est surtout que du coup mon parcours a été compliqué parce que le fait de fonctionner autrement, de me sentir isolée. En même temps, j'avais des rêves incroyables, comme tous les enfants. Et surtout, quand j'ai compris que ça allait être compliqué, que je ne pourrais pas me déplacer facilement, que je fonctionnais différemment, etc. En même temps, ça m'a donné une super imagination, en me disant, je ne sais pas à quelle allure ça va aller, la maladie, les épreuves. Je suis restée quand même dix ans, d'abord en fauteuil manuel et après en fauteuil électrique, perdre son autonomie, dépendre des autres, même pour manger. Même pour s'habiller, d'être obligé de demander à ses enfants d'être tournés dans quand tu es en crise et que tu es paralysé, qu'ils soient obligés d'être autonomes. Il y a plein de choses qui ont été compliquées, d'oser l'assumer parce que je l'ai caché. J'ai essayé de masquer pendant des années parce que j'avais peur de la réaction des gens, même des investisseurs, même des partenaires, en me disant le jour où je leur dis j'ai cette vulnérabilité, j'ai cette fragilité, quelque part qui n'est pas importante pour mon métier puisque je n'ai pas besoin de me servir. sur le principe de mes jambes et même de mes bras, à la récord, tout ce qui... Quand tu faisais du conseil en stratégie,

  • Speaker #1

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, et je me disais, d'un côté, c'est pas grave, mais je vois bien que ça crée quand même des malaises. Quand j'ai vu qu'après, en plus, quand je suis arrivée à la fin de mes études et qu'on m'a dit ça va pas le faire, vous êtes jeune, vous êtes une femme, vous voulez faire de la stratégie. Et à l'international, style, vous prenez pour qui ?

  • Speaker #1

    Et vous restez chez vous,

  • Speaker #0

    mademoiselle. pour entendre, pour vous déplacer. On m'a pris de haut et on m'a dit c'est mort pour vous. Donc je me suis pris pas mal de claques et puis constamment au fur et à mesure, parce que même encore maintenant j'en ai, on me dit mais madame quand on est une femme et en situation de handicap, on prend pas de poste à responsabilité.

  • Speaker #1

    Ah bon ?

  • Speaker #0

    Pardon ? Je n'ai pas bien compris là, on est en quelle année, qu'est ce qui s'est passé ? Et comme je traduis... et forcément mal, parce que c'est pas un outil parfait, puis il suffit que je sois fatiguée, ou que j'ai du mal à me mettre en état de traduction, parce qu'il y a des personnes où, je sais pas pourquoi, des fois ça bug, maintenant j'ai compris, mais ça fait que quelques semaines, que mon corps, quand il voyait que la personne n'était pas forcément sympathique et me jugeait, et bien en fait j'ai remarqué que j'en arrivais pas à traduire,

  • Speaker #1

    parce que tu le ressens en fait,

  • Speaker #0

    maintenant j'ai compris pourquoi il y a des gens, je dois répéter quatre fois, et même au bout de... coup de la quatrième fois. Je me dis, Stéphanie, tu fais ça depuis des années, et là, tu n'y arrives pas. Donc,

  • Speaker #1

    je me remets en pause.

  • Speaker #0

    Et en fait, c'est génial. C'est que mon corps me dit, même pas en rêve, tu travailles avec lui. Donc, je suis trop contente de ma découverte. Je me dis, au fait, il faut vachement s'écouter.

  • Speaker #1

    Et donc,

  • Speaker #0

    je suis encore face à des personnes. Au lieu de se dire, on fonctionne tous différemment, et d'ailleurs, tant mieux, on s'en réjouit. Moi, j'ai toujours trouvé que c'était fabuleux. Il y a plein de pays dans le monde, il y a plein de cultures, il y a plein de spiritualités. Et en plus, quand tu sais que tu es isolée et que tu n'as peut-être pas beaucoup de temps dans ta vie parce que tu vas avoir la maladie, tu vas avoir des difficultés à te déplacer, etc. Moi, je me suis dit, vite, il faut que je fasse le tour du monde. Comme ça, quelque part, ça va me permettre, quand je serai définitivement paralysée, de me dire, je vais m'ennuyer, mais j'aurai des beaux souvenirs déjà, et puis je l'aurai fait. Donc, j'ai... placer la barre non pas haute mais par rapport à moi mes rêves et mes ambitions je me dis même si ça dure qu'un an je vais absolument faire ce genre de métier et la stratégie parce que un je m'ennuie très vite donc il faut un jour que ce soit des aspirateurs le lendemain des radars électroniques le lendemain autre chose mais j'ai besoin tout le temps tout le temps de réfléchir de me nourrir parce que je sais que l'intelligence est limitée la culture aussi et que ça appuie sans fin Et je savais que je ne pouvais pas être sur un métier où on me dise votre plan de carrière dans 5 ans, c'est ça. Dans 10 ans, c'est ça. On me l'a fait, le premier entretien que j'ai eu là-dessus. J'étais déprimée, je n'avais pas encore commencé de travailler. Je me voyais en dépression. Je dis, je vais voir tout le temps les mêmes collègues. Je vais manger tous les jours à la cantine avec le même plateau repas. Je vais... Enfin, moi, ça m'a... Mais non, mais... Vous savez, ce sont des images vraiment qui me sont venues à l'esprit en me disant à quel... Déjà, le premier repas, je me suis ennuyée. Je me dis, il me reste combien à passer ? Mon bureau, il n'y a rien qui va changer. La plante sera au même endroit.

  • Speaker #1

    Se reconvertir, c'est souvent plus une nécessité qu'un choix. C'est un processus complexe qui peut paraître insurmontable. Et personnellement, je pense que personne ne peut le faire seul. C'est pour ça que j'ai été séduite par Jobtimis. Depuis 14 ans, Jobtimis accompagne les professionnels dans leur reconversion avec un accompagnement bienveillant et personnalisé, alliant expertise humaine et outils d'intelligence artificielle. Ce qui fait leur force, c'est leur capacité à suivre les tendances RH, tout en offrant une flexibilité qui s'adapte aux besoins et au rythme de chacun. Le sentiment d'être perdu, oublié, revient souvent dans les études RH, mais Jobtimise vous aide à transformer ce doute en un projet structuré. Spécialiste des bilans de compétences et des transitions internes, ils permettent aux entreprises et aux salariés de naviguer sereinement vers de nouvelles opportunités, avec un cadre bienveillant et une approche qui vous place toujours au-dessus. au centre. Alors si vous avez l'impression que c'est le moment pour vous de changer, de redonner du sens à votre carrière, sachez que Jobtimis est là pour vous accompagner avec flexibilité et bienveillance tout au long de cette transformation. Et ce n'est pas tout. Pour rester à la pointe et maximiser votre employabilité, Jobtimis propose des formations certifiantes en intelligence artificielle avec une approche pratique et personnalisée. Ces formations vous donnent les clés pour créer votre IA personnalisé, comprendre le traitement des données ou encore explorer les applications concrètes et saisir les limites. Les résultats ? Selon le rapport AI de Stanford 2024, ceux qui maîtrisent l'IA générative surpassent leurs collègues avec plus 12% de productivité, plus 24% de rapidité et plus 41% de qualité. Alors êtes-vous prêt à prendre le virage de l'intelligence artificielle ? Avec Jobtimis, ne vous contentez pas de suivre les tendances. mais devenez vous-même un moteur de l'innovation dans votre secteur.

  • Speaker #0

    Je dis non, je ne peux pas. Donc la stratégie, c'était pour cette raison. L'international, pour compenser le manque de... les difficultés de mobilité. Et puis de se réjouir, effectivement, de se dire tous les jours que c'est une problématique différente. Et ça, je trouvais ça hyper excitant. Donc en fait, c'est là où tu te rends compte que tu choisis sans choisir. Parce qu'après, quand tu te retournes, il y avait quand même des... On pouvait pressentir certaines choses. mais effectivement ce qui est intéressant c'est de savoir aussi qu'on en apprend tous les jours on apprend de moi je dis pas des échecs parce que pour moi ça a jamais été un mot péjoratif tu vois quand j'ai travaillé pour la première fois aux Etats-Unis ils étaient super déçus parce qu'en fait ils embauchent au nombre d'échecs que t'as fait quelqu'un qui a coulé 17 boîtes a plus de chances qu'on lui fasse confiance que jeune ou pas jeune, ou blonde, ou je ne sais pas quoi, par rapport à celui qui n'en a pas fait beaucoup, puisque l'autre, en fait, il a appris 17 problématiques.

  • Speaker #1

    On ne peut pas qu'il écoule non plus toutes ses boîtes.

  • Speaker #0

    Mais tu vois ce que je veux dire sur le principe ? Et donc, en ayant été très tôt dans cette culture-là, puisque j'ai fait mon premier SES, j'avais 21 ans à la Zegas, et là, personne ne te regarde de travers le handicap ou la différence.

  • Speaker #1

    Ils sont plus ouverts, finalement.

  • Speaker #0

    Alors, ils sont plus ouverts. Et c'est surtout que moi, pour avoir travaillé dans la tech depuis maintenant 30 ans, c'était beaucoup moins compliqué il y a 30 ans. Il y a beaucoup de questions qui ne se posaient pas. La présence des femmes, on ne se demandait pas si elles étaient là ou pas là. Et moi, j'avais 21 ans, on ne m'a jamais dit, tu es une femme, tu es trop jeune, tu ne viens pas dans la tech. Alors que maintenant, quand on voit que... Moi, je dis souvent, quel est le pays au monde dans lequel... Seulement 2% des femmes trouvent du financement pour leur projet. Et quand tu dis c'est mon pays, c'est la France, tu vois, je me dis à quel moment on est dans une société à l'heure actuelle où seulement, en tout cas 98% des femmes sont obligées d'abandonner parce qu'elles ne trouvent pas de financement. Et c'est pareil, tu vois, le fait qu'on ne dise pas, ok, on se met tous autour d'une table, il y a un truc qui ne va pas.

  • Speaker #1

    Il y a de plus en plus d'initiatives.

  • Speaker #0

    Il y a des initiatives, mais on reste comme dans le handicap, où c'est des initiatives isolées. Ça ne veut pas dire qu'elles n'ont pas d'impact et qu'elles ne sont pas importantes. Mais il n'y a pas une prise de conscience collective en disant on y va Et sur les femmes, ce qui me dérange dans les discours que j'entends, c'est de dire vous manquez d'audace La porte est fermée. Je peux avoir de l'audace. Si elle reste fermée, qu'on ne l'ouvre pas. Je reviens sur l'inclusivité. S'il n'y a pas des portes qui s'en trouvent, on peut être 2000 derrière. Si derrière, ils ont 1000 verrous, on ne passera pas. Donc,

  • Speaker #1

    il faut se dire...

  • Speaker #0

    Mais n'empêche qu'il y a toujours des blocages. Et à quel moment on ne se dit pas c'est quoi les freins, c'est quoi les obstacles ? Ça peut être des biais, ça peut être plein de choses. Et qu'est-ce qu'on met en place ? Et d'avoir une vraie stratégie, tu vois. Quand on me dit, vous n'êtes pas assez nombreuses, il faut aller témoigner à droite, à gauche, dire aux femmes, venez. Ok ? Si on n'a toujours pas ouvert les portes, on peut être 2000 derrière, c'est une porte blindée, on ne passera pas. Et tu vois, de mettre le problème sur les femmes en leur disant, vous n'êtes pas assez audacieuse, ambitieuse, il faut qu'on soit plus nombreuses, etc. De nouveau, on détourne la vraie problématique qui est qu'on est dans une société discriminante, voire violente, parce que ne pas trouver du financement pour son projet, c'est une violence financière. Tu vois, de ne pas trouver dans le numérique. C'est pareil, c'est perpétuant.

  • Speaker #1

    Après, il y en a quand même qui s'en sortent.

  • Speaker #0

    Oui, mais tu vois.

  • Speaker #1

    Mais c'est plus rare,

  • Speaker #0

    effectivement.

  • Speaker #1

    Et du coup, en parlant des femmes de levée de fonds et d'entrepreneuriat, je pense que c'est le bon moment de parler de Andy Road, que tu as créé en 2018. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    Alors, en fait, par rapport à mon métier, où je me déplaçais partout dans le monde, mais j'avais la maladie. qui me faisait quand même me déplacer plus comme une tortue ou un escargot qu'autre chose. J'ai eu des vraies problématiques pour trouver des hôtels accessibles, des taxis qui acceptaient de prendre mon fauteuil roulant. Dès qu'ils arrivaient, ils voyaient mon fauteuil roulant, ils disaient Ah non, ça ne va pas rentrer, il faut le plier, ça les embêtait. Des restaurants accessibles ou des toilettes accessibles dans le restaurant où je peux descendre autrement que par les escaliers en colimaçon. Et... Et puis d'être aidée. Tu vois, quand je suis paralysée, il faut que quelqu'un me porte mon ordinateur ou mes dossiers. Donc ça veut dire avoir un aidant professionnel. Donc j'ai cherché des solutions. Je me suis dit, c'est quelque chose qui est universel. Je vais aller voir du côté de la tech. Il y a sûrement des petits malins qui ont pensé à ça. J'ai trouvé des outils, mais qui étaient soit mal faits, qui ne répondaient pas bien à la problématique. Il n'y avait pas l'aspect sécurisation. Alors que nous, notre premier besoin, c'est de récupérer de l'info pour être rassuré et sécurisé du compte d'euros. Je prends le risque de sortir parce que quand je vais arriver à l'événement, il n'y aura pas des graviers qui vont empêcher mon fauteuil roulant de rouler. Enfin, tu vois, ça peut être tout un tas de choses. Et du coup, je passe un temps fou à chercher des infos à droite, à gauche, à trouver des aidants qui allaient m'attendre à l'arrivée. Parce que c'est pareil, tu arrives de l'aéroport, tu attends ta valise. Quand tu es paralysé, à quel moment je récupère ma valise avec les dents ou je ne sais pas c'est quoi l'idée et je vais jusqu'à la station de taxi. donc voilà, j'ai rien trouvé et puis j'ai un petit garçon qui était mon aidant du quotidien à l'époque qui avait l'habitude de me conduire en fauteuil roulant et pour lui c'était un jeu, il trouvait ça super rigolo sauf que à un moment donné il a commencé à buter contre les trottoirs les poubelles qui nous gênaient qui nous empêchaient de passer, les voitures mal garées donc là il a commencé un peu à s'énerver et trouver ça beaucoup moins drôle et en fait Comme quand je suis en difficulté, que je suis fatiguée, etc. J'ai toujours le téléphone à main pour lui dire on va à droite, à gauche, tout droit. Donc j'ai Waze. Et c'est la grande rigolade pour tout le monde parce que je ne suis pas en voiture, mais j'utilise Waze. Et en fait, ça m'a servi. Parce que Calixte, tout d'un coup, il me dit mais maman, c'est super simple en fait. Il me dit on va faire un Waze pour les personnes handicapées. Il me dit on enlève les radars, les gendarmes, etc. Il me dit on met les obstacles, on met les poubelles. J'ai dit, OK. Mais là, tu vois, moi, je suis maman. On va rentrer, tu manges et tu vas au lit, tu te laves les dents parce que j'ai autre chose à faire dans ma vie, contre la maladie. Il avait quel âge ? À 5, 6 ans. Incroyable. Mais ce qui est intéressant chez les gamins, c'est qu'ils n'ont pas de filtre. Donc, ils se passent, ça va être compliqué, ça va prendre du temps. Il y a beaucoup de data et de la donnée sensible parce qu'on est sur la santé, etc. Donc, c'est maman tous les soirs.

  • Speaker #1

    Mais c'est éludant.

  • Speaker #0

    Mais quand, en fait ? Je t'ai trouvé ta solution. C'est comme maintenant, quand il va pitcher, il me dit T'as vu, je t'ai ramené d'aller à telle société, c'était facile. Je dis Ok, super. Tout est simple pour eux. C'est hyper intéressant, en fait. Et du coup, à un moment donné, et moi-même ne trouvant pas d'outil, à un moment donné, j'ai dit J'en ai marre, je vais faire l'outil, ne serait-ce que pour moi. Il ne me servira qu'à moi, mais ce n'est pas grave, mais on va le faire. Et du coup, ce qui est intéressant, c'est aussi que, comme je connais cette problématique depuis des années, Il y a cette capacité d'anticiper, de savoir ce qui va marcher, ce qui ne va pas marcher à coup sûr. Et je pense que le trait un peu particulier d'Andyraude, pour moi, il y a des choses qui sont importantes. C'est le fait d'avoir compris que les dents et le PMR étaient indissociables. Ça peut être mamie qu'on emmène chez le coiffeur, mais tous les deux ont besoin d'infos et d'être sécurisés et de savoir si c'était bien à l'arrivée, etc. Donc c'est déjà d'avoir fait une solution où ce binôme, on dit toujours non, non, il faut avoir... qu'un seul personna, c'est pas possible, ils sont indissociables. La deuxième chose, c'est la notion d'entraide et de solidarité autour du projet. En ce moment, ça peut tous nous arriver, et ça coûte pas cher de donner de l'info, tu vois. Donc il y avait cette volonté aussi d'entraide et de stimuler des vertus humaines de solidarité qui n'existent pas forcément sur ces sujets. Et puis de se dire, c'est un outil tech, agile, réactif, on ne pourra jamais tout mettre aux normes. Donc qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer la situation en attendant que... Donc, du coup, on s'est lancé là-dedans. Et c'est une aventure merveilleuse parce qu'elle est, humainement parlant, hyper intéressante. Elle permet de parler de sujets de société, mais aussi des sujets d'innovation technologique qui peuvent être mis au besoin de chacun. On est quand même dans le bien commun, dans la tech for good, dans l'IA for all. Et du coup, ça me plaît parce que ça rejoint des valeurs qui... qui pour moi sont super importantes. Mais la difficulté, c'est, une fois de plus, on revient sur de la discrimination, c'est qu'on est sur une cible, on me dit oui, ils ne vont pas consommer, etc. Ou alors, effectivement, on me dit prenez un homme comme cofondateur.

  • Speaker #1

    On t'a dit ça ?

  • Speaker #0

    Ou alors, on me dit un homme valide.

  • Speaker #1

    Forcément.

  • Speaker #0

    Alors oui, comme aidant ! Mais pas comme associée. Je me débrouille comme une grande. Ça fait 30 ans que je suis dans la tech et dans l'entreprenariat.

  • Speaker #1

    C'est un peu comme les assurances.

  • Speaker #0

    Mais d'ailleurs, je ne peux pas prendre d'emprunt parce que tous les questionnaires de santé, je suis...

  • Speaker #1

    Tu en es où dans le projet ?

  • Speaker #0

    Donc là, la bonne nouvelle, c'est qu'on en a assez d'attendre. Donc au lieu de passer par les chemins classiques, comme ça ne marche pas. Et en plus, l'idée du complet... C'est qu'on va lancer en octobre une campagne de crowdfunding, parce que l'idée en plus me plaît de me dire, on aura co-construit. Tu vois, c'est un projet, c'est la société civile, c'est les gens en fait qui ont envie, il y a beaucoup de gens qui me soutiennent et c'est juste fabuleux, mais on n'est pas concernés, mais on a juste envie de contribuer, même si c'est pour un euro, cinq euros, ou te donner de la visibilité, parce qu'ils trouvent que c'est un sujet impactant et hyper intéressant. Et donc l'idée du coup du crowdfunding que je n'avais pas envisagé avant, Je me dis en fait c'est top, parce qu'en plus on va se sentir soutenu et pas tout seul, dans notre un peu désespérance, on n'avance pas. Et l'idée c'est aussi de, on va l'annoncer dans quelques temps, mais de trouver aussi une solution pour faire patienter les collectivités, les territoires qui ne veulent pas déployer l'outil parce qu'ils ne sont pas pressés, parce qu'ils trouvent que ce n'est pas super prêt. Dans la smart city pourtant il y a même une problématique. Voilà, alors il parle de villes 100% accessibles, qui ne l'est pas du tout. Je ne connais pas cette ville. Et je me dis, effectivement, ces obstacles, c'est aussi le fait qu'il n'y ait pas d'action, il n'y ait pas de stratégie sur la mobilité. Pour rendre mobiles ceux qui le sont au moins, pour rendre mobiles ceux qui le sont déjà, c'est-à-dire les trottinettes, tu es déjà mobile, tu as les trottinettes, il y a les vélos. Ceux qui ne sont pas mobiles, on ne fait rien pour eux. Donc, du coup, ça me plaît plutôt bien, tu vois, cette idée de se rassembler. Et d'être ensemble autour d'un projet, je trouve ça plutôt top. Donc, écoute, on a eu le salon. On a fait notre premier salon à Vivatech. Oui,

  • Speaker #1

    à Vivatech en plus.

  • Speaker #0

    Oui, et ça a super bien marché. On a eu des super échos, des bons retours presse. Calixte, mon petit garçon qui maintenant a 13 ans, il peut aller pitcher à ma place. Moi, ça m'amuse et ça m'arrange. Je peux m'en reposer. Il fait des interviews à BFM, comme si c'était super normal. Mais parce que c'est sa problématique au quotidien aussi, tu vois. Et puis que ça lui tient à cœur, mais c'est pas du tout ce qu'il veut être, ni entrepreneur, ni être dans la tech, etc. Mais par contre, il veut être juge, juge pour enfants. Voilà, parce que quand on touche au handicap, à la maladie, à la vulnérabilité, on est aussi sur des sujets très graves sur lesquels il n'y a pas de la maltraitance, parce qu'on dit de la maltraitance pour masquer un peu les drames au quotidien de violences. que dans les... On parlait de chiffres tout à l'heure, mais 80% des femmes en situation de handicap sont victimes de violences au quotidien. Je reviens sur les quiz, si on faisait ce genre de choses. Dans quel pays, 80% des femmes en situation de handicap sont victimes de violences ? Jamais on répondrait la France. Et c'est un angle mort des politiques publiques, etc. Et je parle de ce sujet parce que Calix, ça lui tient à cœur. Et c'est pour ça que la violence et la maltraitance et tout ce qu'on peut imaginer de dramatique sur des personnes vulnérables... Ça peut être l'abus de confiance, ça peut être les violences financières, ça peut être les violences professionnelles aussi, tu vois. Et de se dire à quel moment on le sait et on fait rien, tu vois. Donc voilà, ce que je trouve chouette, c'est qu'à une époque où on peut parler de plein de choses, il est très libre par rapport à moi, tu vois, qui avait peur de déranger, qui avait peur de ne pas être à ma place, etc. Il y a une génération, on y va. Oui, il a la fenêtre aussi,

  • Speaker #1

    il ne l'a pas. Oui,

  • Speaker #0

    et puis pour lui, c'est une évidence. Et par moment, quand je suis valide, que je ne suis pas en fauteuil, ou que je n'ai pas parlé de mon handicap, et qu'on a un problème quelconque, en disant, on se retrouve à tête. Et il dit, mais elle est handicapée, vous n'avez pas vu ? Je dis, mais tout le monde ne le sait pas, mon chéri, il n'était pas forcé de le crier. Mais pour lui, c'est... À quel moment on n'est pas précautionneux, et on ne se dit pas, il y a peut-être quelqu'un qui est en difficulté. Est-ce que je peux être utile ? Tu vois, le sens d'être dans la solidarité. Calyx, dès qu'il voit quelqu'un dans la rue, que ce soit une personne âgée ou un enfant, il s'inquiète. Tu vois, il a cette hyper-vigilance sur toutes ces problématiques. Mais ce qui est chouette, c'est de partager cette aventure aussi avec Calyx et peut-être d'inspirer d'autres personnes qui connaissent d'autres problématiques en disant, écoutez, si moi et mon petit loulou, on a réussi un petit peu à avancer et à visibiliser ce sens. de problématiques. Chacun peut le faire. Il n'y a pas de raison.

  • Speaker #1

    Et comment on peut retrouver ta campagne de crowdfunding ?

  • Speaker #0

    Je vais l'afficher début octobre. J'ai déjà mis un lien sur mon compte Insta et LinkedIn. Dès que la page projet sera prête et validée, même si vous ne pouvez pas contribuer, vous pouvez me... Voilà, la republier pour toucher le plus grand nombre. Parce que l'idée, c'est vraiment, tu parlais des Jeux Olympiques, mais moi, j'aimerais bien que derrière, il y ait un hashtag style Rendre le monde accessible à tous où je ne suis pas PMR, mais je suis anglo-sgaardienne parce que dans la solution, on a une grande communauté qui est hyper engagée. Et dire que tout le monde peut contribuer. Ça peut être donner de l'info, ça peut être juste le temps de laisser traverser mamie et de l'aider. Ça coûte 10 secondes de ton temps. d'être vigilante. On aimerait bien que, à la rigueur, on est en train de réfléchir avec Calix à faire un visuel que les gens auront qu'à repartager en disant je soutiens etc. Et puis même tous tes sponsors et ces athlètes qui puissent nous donner un coup de main parce qu'en fait, on est sur quand même une start-up à impact, non seulement positif, mais où on veut essayer au moins de changer de regard. Si l'outil, on n'a pas... tous les fonds pour le créer, mais qu'on a réussi à provoquer quelque chose, on sera déjà super content.

  • Speaker #1

    En plus, tu peux l'exporter. Stéphanie, tu sais que le concept du podcast, c'est aussi de faire intervenir quelqu'un de ton entourage pour une pause amicale. Alors, il y aura moins de surprises cette fois-ci, mais je pense que ça te fera quand même plaisir de retourner dans tes souvenirs. Je te passe... Le téléphone.

  • Speaker #2

    J'ai rencontré Stéphanie lors d'un événement de femmes entrepreneurs. Et je l'avais déjà entendue sur un podcast, je l'avais trouvée incroyable. Et en fait,

  • Speaker #0

    comme je cours avec une femme handicapée, et qu'elle essaie toujours de bouger malgré son handicap,

  • Speaker #2

    je lui avais promis qu'on ferait une course qui serait à la fois sa première course à elle. Et en même temps, on ouvrirait une cagnotte pour Andy Road, qui est sa start-up. Et on l'a fait. Je lui avais fait cette promesse en début d'année. Et quelques mois plus tard, en septembre, on a fait la parisienne, où elle était en joaillette. Elle fait ses premiers 10 kilomètres, qu'elle a même passé debout. C'était une émotion absolument incroyable. pour elle et puis pour les 30 femmes qui nous avaient rejointes, puisqu'on avait ouvert l'inscription pour 30 coureuses, grâce à un sponsor Organon qui nous a permis de faire cette course, et à l'association Dune d'Espoir qui nous avait prêté la joaillette. Ça a été une superbe course, c'était un super moment de grande sororité. Tout le monde faisait un effort, ce n'était pas des coureuses chevronnées qui étaient là, c'était parfois des femmes qui faisaient leurs premiers 10 kilomètres, ou alors qui... courait après des cicatrices physiques ou psychologiques. Donc voilà, c'était, comment dire, symboliquement, un petit peu Stéphanie au quotidien, c'est-à-dire qu'il se bat contre ses douleurs, son handicap, pour vivre sa vie, aller au bout de ses projets, et surtout continuer de donner du temps aux autres, ce que je trouve absolument incroyable quand on vit avec justement la douleur et le handicap, et en ça je la trouve absolument incroyable. Elle a une énergie dingue, elle est extrêmement généreuse. Et même si elle dit que c'est grâce à Calyx que j'embrasse son fils, elle se le doit bien à elle-même. En tout cas, je voulais profiter pour lui faire un gros bisou et lui dire que ce moment avec elle, lors de la Parisienne, avec le groupe des résilientes, elle fut un moment extraordinaire. Voilà.

  • Speaker #0

    Merci Nathalie. Je ne sais plus. Alors, c'est compliqué parce que... Je suis émerveillée de voir que des personnes qui me connaissent à peine, en même temps, prennent soin de moi et suivent mon petit délire aussi. Je trouve que j'ai une chance incroyable parce que j'ai croisé Audrey. En fait, je ne peux pas courir mécaniquement. Et je vais être encore opérée à plusieurs reprises. Pour l'instant, on fait des grèves, des reconstructions partielles. On essaie de faire ce qu'on veut pour que je tienne. Mais mécaniquement, déjà, j'ai réappris à marcher. Ça, ça va, je peux monter un escalier, mais c'est tout. Je ne peux pas courir, je ne peux pas... Et pourtant, je me suis préparée un an pour la course. Mais pour faire quelques mètres. Mais déjà, ces quelques mètres, il m'a fallu un an d'entraînement quand même pour essayer de trottiner, d'avoir l'air d'une vraie coureuse. Et en fait, quand j'ai dit ça à Audrey, quand on s'est croisés à l'occasion d'un... d'un événement, déjà elle se met à pleurer, je dis mais c'est pas grave, tu vois, j'ai pas de maladie mortelle, j'ai pas de... Je dis non, ma vie elle est compliquée, mais voilà. Et j'étais hyper embêtée de l'avoir aimée comme ça, elle me dit écoute, je vais te faire une promesse, quelqu'un que tu connais depuis quelques minutes. Incroyable. Et elle me dit je vais te faire une promesse, je te promets que l'année prochaine, je t'emmène courir, et en plus ça sera à la Parisienne. Je me suis dit, elle est adorable Audrey. Elle ne comprend pas que je ne vais pas pouvoir courir. Donc je ne sais pas ce qu'elle a en tête à ce moment-là. Et j'ai envie de lui dire, ok, mais il y a un moment donné, il faut atterrir. Et au fur et à mesure, elle m'a très délicatement monté cette proposition. Elle a quand même réussi à fédérer des femmes qui allaient courir en mon nom, mais qui ne me connaissaient pas du tout. Donc en plus, elle s'entraîne toute l'année pour moi. qu'elles ne me connaissent pas, on a pas vu ni rien du tout. Et cette générosité, cette puissance, cette volonté de prendre soin, mais de faire un cadeau juste merveilleux et dont je n'ai toujours pas atterri. J'ai trouvé ça tellement beau, tellement émouvant, tellement généreux. Donc tout ce qu'elle dit, moi je ne me suis pas entraînée. Je ne fais même pas un dizaine de ce qu'elles ont pu faire pour moi. et ce qui était génial c'est qu'en fait elles sont entraînées à courir avec ce qu'on appelle une joaillette donc elles me portaient elles couraient alors que c'était des femmes qui avaient traversé des épreuves terribles en termes de santé qui étaient en reconstruction donc déjà elles donnent leur temps à quelqu'un d'autre qu'elles connaissent pas du tout qui peut être une peste ou n'importe quoi tu vois moi je me dis à quel moment et elles courent et en plus elles portent la joaillette on voit pas forcément c'est hyper lourd, il y a mon poids euh... plus, elles, les kilomètres qu'elles font, tu vois. Et c'était magnifique parce qu'en plus, à l'arrivée, elles m'ont... On s'est arrêtées quelques mètres avant et elles m'ont laissé faire une espèce de course à moi. Et tu sais, de franchir une ligne d'arrivée, déjà, c'est-à-dire, je l'ai fait, même si c'était compliqué, même si c'est pas comme tout le monde et même si... Et cette récompense incroyable d'avoir le sentiment d'avoir réalisé un de mes rêves. Et en plus c'était super beau parce que Calixte était à l'arrivée. Donc là, ça a été la catastrophe. Je me suis écroulée dans ses bras parce qu'entre l'émotion, la fatigue, les douleurs, tout ce qu'on venait de vivre ensemble. Et tu vois, c'est un peu l'idée d'Enduro. C'est-à-dire, on va se battre, mais on va y arriver. Mais ensemble, c'est ça qui compte. C'est pas d'être fois deux, fois dix. C'est le dernier de mes soucis avec Enduro. C'est un projet vraiment qui n'a rien à voir. Il a un but plus grand. Ouais. Et d'aller au-delà, c'est ce qui m'inspire et qui me permet tous les jours de me dépasser, c'est d'être sur des sujets à impact, où je vais aller au-delà de ma petite personne. Et je vais me dire, il y a des causes hyper importantes sur lesquelles il faut se concentrer. Et le fait de moi, de me décentrer par rapport à ma problématique, et de ne pas me dire toute la journée, j'ai mal, je ne suis pas de rien, je ne vais pas y arriver. J'essaye, au pire ça ne marche pas, mais j'aurais essayé, c'est ça qui me motive. Et puis d'essayer de contribuer, même si c'est une petite goutte d'eau, mais je me dis... J'aurais essayé, j'aurais été utile une fois dans ma vie. Et ce que je trouve très beau dans cette démarche, c'est que tu vois, Audrey, je l'ai rencontrée, et je continue à rencontrer des femmes, c'est souvent des femmes, mais il y a aussi des hommes qui sont absolument formidables, comme Philippe Trottin de chez Microsoft, qui depuis le début est hyper bienveillant par rapport au projet, qui est un homme juste formidable, et j'en ai croisé quand même quelques-uns. Et tu vois, depuis, ça m'a ouvert une autre porte en me disant, allez, qu'est-ce que je pourrais faire d'autre que je ne peux pas faire ? Donc là, j'ai fait mon premier vol en parapente. Je tente de monter le sol à l'arrivée, parce que je n'ai pas le droit aux impacts, je n'ai pas le droit aux chutes. Il faut que je fasse hyper attention à tout. Donc c'est vraiment le binôme qui a amorti l'impact. Et là... Je rencontre quelqu'un qui me dit, moi je te promets, on ne se connaisse pas, c'était l'anniversaire d'un ami de mon petit garçon, un anniversaire d'enfant, et il me dit, j'ai regardé ce que vous faisiez, j'ai envie de... Il me dit, je suis prof de parapente, ça fait 30 ans que je fais ça, je vous promets, il ne vous arrivera rien. Et à l'atterrissage, il n'y aura pas un orteil qui touchera le sol, vous n'aurez aucun impact.

  • Speaker #1

    Ça me fait des frissons.

  • Speaker #0

    Et donc, d'être dans les airs, pour quelqu'un qui est immobile, qui est souvent... Voilà, isolée, etc. De se dire, il y avait des oiseaux qui étaient à notre hauteur. J'ai... Je voyais la mer en plus en Corse, tu vois. C'était super beau et tout. J'ai l'impression d'être... Tu vois, c'est vraiment des moments juste incroyables. Et la dernière chose que j'ai faite, c'est que j'ai fait de la plongée. J'ai fait mon baptême de plongée. Ça faisait cinq ans que je voulais faire parce que je me suis noyée. À cause de mon handicap et d'une bâine... À l'océan, j'ai été emportée au loin et je me suis noyée, arrêt respiratoire, etc. Et je n'aurais pas dû survivre, mais j'ai beaucoup de chance. Et c'est un surfeur qui m'a récupérée, mais moi j'étais déjà partie dans le coma, etc. Et heureusement, je suis arrivée à temps, il y avait un hélico, enfin bon. Mais depuis, c'était compliqué pour moi de me baigner et tout. Et ce baptême de plongée, c'était important parce que j'avais peur de ne plus pouvoir respirer. Je me rappelais de la sensation quand tu noies d'avaler de l'eau. Et de voir que tu vas mourir, en fait. Personne ne t'entend, personne ne te voit. C'était à l'océan, il y avait des vagues de dingue. Mais je voulais essayer de passer au-delà. Alors, j'ai mis 5 ans, mais je suis super contente de l'avoir fait aussi. Alors, ça ne dure pas longtemps, mais pour moi, c'était super compliqué.

  • Speaker #1

    Essayer de dépasser une peur, c'est un traumatisme.

  • Speaker #0

    Et puis, se dire, il ne faut plus que ce soit... Tu vois, j'essaye de ne pas donner de leçons, parce que j'ai une leçon à donner à personne, mais j'essaye de faire comprendre que quand tu as eu... quelque chose, une épreuve, un drame, peu importe, ou une personne qui a été violente, qui s'est mal comportée, est-ce que tu lui donnes le pouvoir à cet événement de te pourrir le reste de ta vie ? Est-ce que tu lui donnes ce pouvoir-là ? Et le fait de passer outre et de dire, ok, tu fais, tu m'auras pas eu, tu m'auras pas détruit ma vie, etc. Et je trouve que c'est une des clés, c'est pas la seule, mais déjà de se dire, tu vois, même avec mon petit garçon, quand il a des soucis, je lui dis, est-ce que... Tu vois, il va être juge, il y a un instinct qui lui dit Pfff, n'importe quoi, tu n'y arriveras jamais. Il rentre dans la voiture à la sortie d'école, il me dit J'abandonne, je n'y arriverai jamais. Tu te moques de moi ? Ça fait des années que tu me casses les pieds avec ça. Et là, il est passé. Et il me dit Oui, mon instinct m'a dit que je n'y arriverai pas. Je dis Kex, tu te moques de moi, quoi. Est-ce que tu vas laisser à cet imbécile le pouvoir de détruire ton rêve ? Je dis À quel moment ? Il ne te connaît pas, il ne sait pas ta persévérance, il ne connaît pas le contexte et les raisons qui font que tu es hyper motivé pour faire ça. En quoi il est capable de dire aujourd'hui, ce gamin-là a 10 ans, il est inapte à devenir juge ? Donc, tu vois, c'est... Et je dis ça parce que c'est vraiment important, à un moment donné, de se dire, OK, je suis à terre, quelle que soit la raison pour laquelle tu es à terre. Mais il y a un moment donné, tu te dis, voilà, quel pouvoir, quel... Tu sais, j'ai commencé en me disant, c'est presque des coefficients. Je donnais un coefficient de 10 à un imbécile qui s'est mal comporté avec moi, qui m'a mis à terre, effectivement. et sur lesquelles j'ai eu des séquelles, etc. Ou est-ce qu'à un moment donné, non, je décide que c'est ma vie et que je reprends mon chemin. Je suis tombée, mais je me relève et on y va. Même si c'est compliqué, c'est plus lent que prévu parce qu'il y a des étapes, etc. Mais je trouve que cette image de, une fois que j'ai compris ça, je me dis, mais il m'a ruiné la vie pendant X temps, ou la maladie m'a empêchée de faire des choses pendant X temps. Est-ce que je lui laisse ce pouvoir de continuer de me casser les pieds ? Donc, je fais appel à vos idées. Du coup, j'ai réalisé au-delà de ce que je voulais réaliser. Donc, si vous avez une idée, je me dis, qu'est-ce que je pourrais essayer de faire ? Que je n'ai pas encore tenté.

  • Speaker #1

    Le parachute ?

  • Speaker #0

    Oui, mais ce n'est presque pas drôle parce que je me dis, le parapente, ça a marché. Je me dis, bon, mais c'est quand même une sacrée trouille. J'ai le vertige et tout. Mais effectivement, le parachute. Mais je me dis, parfois, tu rêves et tu... Tu reçois tellement plus. Je reviens sur Audrey ou ce que je reçois. Moi, je voulais être ermite au départ. Mon plan de vie, c'était m'empermer dans une grotte, que personne m'embête, que je sois invisible et qu'on me laisse tranquille, qu'on ne me dise pas oui, tu es handicapée, tu as ceci, tu as cela ou de moi me sentir coincée parce que je voyais bien que je ne fonctionnais pas pareil. Donc, le plan ermite, j'étais trop contente de ma trouvaille. En plus, j'adore écrire. Je vais passer ma vie à écrire, à observer. Le temps, les oiseaux, les papillons, ça me va très bien, ils sont super gentils, personne ne va me faire de mal, tu vois. Donc c'était un peu... Et je me retrouve en fait à être quelqu'un qui a envie de témoigner, qui a envie de faire bouger les lignes, qui a envie. Alors que je me disais, je n'aurais aucune utilité dans ma vie parce que je ne suis pas faite pour ce monde-là. Et parce qu'en plus, on nous apprend à avoir honte, tu vois, à force de nous dire, estimez-vous heureuse, on vous a donné un job, etc. Et le rêve qu'a réalisé Audrey, je n'y croyais pas du tout. Je la trouvais très gentille et très généreuse, mais je n'avais pas compris que ça ne va pas être possible. Et de voir que j'ai fait le parc des Princes, j'ai participé, et je ne la remercierai jamais assez, Sophie Iborra de la Tribune m'a appelée un jour et m'a dit qu'on allait faire un événement au parc des Princes. Tu vois, le casser les codes et dire que je suis en situation de handicap et que je vais au parc des Princes, je trouvais ça... Tu vois la symbolique super sympa. L'une des dernières conférences que j'ai faites, c'était à la Tour Eiffel, c'était sur l'IA inclusive et égalitaire, qui est mon dernier dada. À quel moment je me serais dit, je suis arrivée, il y avait mon portrait en gros dans la salle, etc. Je me disais, mais à quel moment ? Il m'est venu un jour. Je ne prends pas beaucoup de photos, mais je dis quand même, il faut que je montre ça à mes parents en plus. votre enfant qui a eu autant de soucis, etc. Regardez, elle est quand même à la Tour Eiffel et a fait une conférence sur une expertise quand même assez pointue de l'IA devant des dirigeants, etc. Donc, tous ces gens-là, je les remercie parce qu'il y a beaucoup de négatifs dans le parcours. Il y a beaucoup de choses difficiles, mais il y a eu plein de beaux cadeaux et de choses vraiment incroyables et de gens incroyables qui me disent Mais... Attends, moi, je vais faire ça pour toi. Qui ont envie d'être à mes côtés. Si ce n'est pas moi, symboliquement, par exemple, toutes ces femmes qui sont en difficulté et tout. Donc, évidemment, tu fais partie parce que le fait de me permettre d'en parler et peut-être que certaines d'entre vous qui m'écoutent se sentent moins bien, moins intelligentes, moins je ne sais pas quoi. Si ça peut les encourager à se dire, cette femme, elle n'avait pas toutes les clés. Toutes les cartes en main qu'il fallait. Elle en avait même des cartes assez pourries. Et elle a réussi à faire ça. Que vous croyez effectivement en vrai, en disant j'ai le droit, je peux m'autoriser. Ça sera différemment. Tu vois, le son par rapport à autre. Je ne l'ai pas fait comme tout le monde, dans les mêmes conditions, avec des harnais, avec un siège, etc. adapté. Mais je l'ai fait quand même. Et de se dire, il y a quand même des belles choses. Et il y a, malgré les discriminations, les problèmes d'inégalité, etc. Il y a quand même des gens. formidable et ça, il ne faut pas l'oublier. Tu vois, j'ai tendance à dire, la vie, c'est un formidable chaos. Pourquoi formidable ? Parce que c'est une série incessante, soit d'opportunités qui te passent devant et c'est à toi de dire Hep, attention, je suis là, regardez, j'ai envie de faire un projet, on va parler deux secondes et je ne vous laisse pas le choix d'ailleurs parce que je vous ai déjà dit tout ce que je voulais vous dire et il n'a pas avalé son petit four qu'il y a Marc Simoncini, il y a un jour, que j'ai croisé comme ça. On était à un événement à la Défense et je savais qu'il était sur un projet d'entraide de communauté pour l'alimentation, pour donner les invendus à des associations, etc. pour que l'alimentation ne soit pas perdue. J'avais déjà mon idée en tête. Il était en train de manger son petit four, il n'a même pas eu le temps de me dire oui, non, peut-être, moi j'avais déjà piqué mon truc. Et donc c'est une série incessante d'opportunités, tu les saisis ou tu ne les saisis pas, et même si tu ne les as pas saisies, tu n'étais pas prêt, ce n'est pas grave, il y en aura d'autres. Il y a celles que tu peux créer, et c'est un chaos parce qu'effectivement, même s'il y a des crises, même si les outils changent en termes d'usage, même s'il y a des choses difficiles, pour moi, et ce n'est pas mon volet forcément stratégique, c'est que forcément, Quand les lignes bougent, ça va créer d'autres choses. Et on le voit bien avec les innovations. Donc, moi, j'ai envie de dire, réjouissez-vous. Ça ne va pas être facile. Ça ne va pas être drôle. Vous allez pleurer. Vous allez avoir mal. Vous allez peut-être avoir des difficultés que vous n'auriez pas imaginées. Tu as un associé qui te fait des coups dans le dos. Il y a plein de choses. C'est un peu Sœur Emmanuelle, quand elle disait Yalla, on y va ! Allez hop, go ! On va voir bien ce qui se passe ! Mais voilà, réjouissez-vous et dites-vous que, oui, je trouve que le fait d'imaginer le chaos au lieu de le voir sous un prisme négatif, et d'ailleurs c'est ce qui permet la résilience, le voir sous un prisme, le chaos, avec de l'optimisme, avec le fait de se dire presque, moi je l'attends au tournant en me disant Qu'est-ce que ça nous réserve ? Il y a presque de l'excitation, de l'espérance. Boris Cyrulnik qui dit qu'il n'y a pas de résilience sans espérance. Si on n'espère rien de la vie,

  • Speaker #1

    on ne sera pas résilient.

  • Speaker #0

    On n'aura pas les clés.

  • Speaker #1

    360 Insights, c'est aussi un petit tour complet. Tu donnes beaucoup de messages hyper optimistes, hyper inspirants. Et peut-être qu'il y a des personnes qui nous écouteront et qui se retrouveront dans ton parcours, dans ce que tu fais, dans ta façon de voir les choses. Tu n'es pas obligé de dire oui. Merci. Mais est-ce que tu pourrais nous dire deux choses ? La première, c'est comment tu as réussi à dompter ton handicap au quotidien pour te permettre de pouvoir faire ces choses ? Parce que si un jour tu te lèves, tu es paralysé, comment tu fais ? Et le deux, c'est à quel moment dans ta vie ça a été tellement dur ? que tu t'es vue abandonner, mais finalement, tu n'as pas lâché.

  • Speaker #0

    En fait, c'est un peu compliqué parce que tu vois, c'est vraiment un process. Quand tu as été dans le déni de toi pendant des années en disant je vais être comme tout le monde, je vais masquer, je vais essayer de trouver des astuces pour compenser, etc. Quand tu t'es vraiment oubliée. C'est très compliqué de se retrouver. Et moi, pendant longtemps, et même encore maintenant, je parle de moi la troisième personne. Parce que c'est moins de douleur, tu vois ? C'est tellement émotionnel, tellement bouleversant sur certains sujets.

  • Speaker #1

    C'est toi ?

  • Speaker #0

    Ouais. Ça veut dire qu'il faut que je tarde plus.

  • Speaker #1

    Cinq minutes.

  • Speaker #0

    Ouais. Et en plus, on va les prendre, parce que je pense que ça peut être peut-être important. Le fait de s'oublier, soit, de travailler pour tout le monde. Moi, je suis dans l'aide et l'accompagnement. J'aide conseillers, j'aide accompagner les dirigeants pour qu'eux réalisent leurs rêves, mais pas les miens. Donc, quand je dis s'oublier, c'est vraiment... Moi, je voulais être invisible. Je ne voulais pas qu'on voit que j'étais différente, que je pouvais être en difficulté. Et comme j'étais convaincue que j'étais la fille la plus stupide du monde, je me disais, je réponds même pas parce qu'ils vont se rendre compte que je suis stupide, donc c'est pas la peine d'en rajouter, etc. C'est violent, c'est douloureux, il y a le rejet, il y a l'exclusion, et qui sont au quotidien, parce que ça revient à un moment donné. Tu tombes toujours sur un imbécile ou sur une situation où les gens vont te regarder de travers, etc. Je l'ai fait à un événement avec des investisseurs étrangers. où je me suis toute la journée, je vais faire le test. Je me présente, je dis, entrepreneuse, engagée, polyhandicapée, j'explique ce que j'ai et pourquoi je suis à ce projet-là. Deuxième version, la personne après que j'en compte, je ne lui dis rien. Je suis fondatrice de cette start-up. Je ne dis pas que je suis polyhandicapée. Évidemment, les jours où c'est invisible, les jours où je suis en fauteuil, ça se voit. Et bien, à chaque fois, malheureusement, dans 100% des cas, celui à qui j'ai dit tout de suite que j'étais en situation de handicap. Il commence à regarder son portable, ses chaussettes. Il dit, en fait, je vais revenir parce que, voilà, systématiquement. Donc, on n'est vraiment que là. Donc, c'est pour ça que la réponse est difficile parce qu'en fait, elle est... Là, au quotidien. Donc, en fait, il faut tous les jours se faire violence et se dire Je suis capable de... Je suis respectable... Je suis ceci... Et d'ailleurs, Calixte, qui est très intuitif, comme tous les gamins, il m'a mis des mots partout dans la maison. Le premier qui m'avait écrit quand il était tout petit, il avait pris une lettre de mon prénom. Et avec toutes les premières lettres, il m'avait mis Tu es formidable, tu es inspirante, tu es belle, tu es ce... Et il me dit comme ça. T'oublies pas et t'arrêtes de t'excuser d'être ce que tu es. Parce que c'est vrai que je suis tout le temps en train de m'excuser. Et c'est à ça qu'on reconnaît aussi les personnes qui ont eu un parcours parfois compliqué. Parce que tu ne te sens pas légitime, mais parce qu'on ne t'ouvre pas la porte. Donc ça, c'est une vraie question. Et il y a encore beaucoup de travail pour moi, mais pour toutes les personnes en général. Mais par contre, ça fait perdre beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, etc. Et moi, ce que j'aurais envie de dire, c'est... que j'ai compris très tard, c'est que c'est Frida Kahlo qui disait ça, tomber amoureuse de vous et ensuite tomber amoureuse des autres. Et effectivement, ça, je ne l'ai pas fait. Je ne m'aimais pas. Maintenant, je me supporte, je me fais rire toute seule parce que je suis maladroite, parce que ma pauvre fille m'était... Je me parle à moi-même et je te dis des fois, je ne sais pas. Mais cette dissociation, je l'ai vraiment créée, en fait. Il y avait celle, je me disais, je n'ai pas le droit de pleurer quand j'ai mal, je n'ai pas le droit de... Je peux être capable d'être en crise et d'avoir des choses très difficiles parce que les douleurs sont des douleurs qu'on ne sait pas encore soigner par la médecine.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de maladies comme ça.

  • Speaker #0

    J'ai appris à ne pas pleurer, à avoir un visage impassible. Vraiment, c'est incroyable ce qu'on peut... Mais je me dis, toute cette énergie que j'ai eue à lutter contre moi-même, j'aurais pu en faire. Plein d'autres choses. Si dès le début, j'avais dit, excusez-moi, là, j'ai mal. Là, c'est compliqué. Je vais devoir m'absenter ou me mettre en maladie quelques jours. Ou je vais travailler à la maison. Le fait de ne pas avoir osé. Et en fait, là où je veux en venir, la première chose, c'est de ne pas oublier qui on est. Et de se respecter.

  • Speaker #1

    De se respecter.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, c'est vraiment de la maltraitance. Le fait de s'oublier. De s'oublier. d'aller au-delà de ses forces de demande à son corps tous les jours. On parle du dépensement de soi, mais on est obligé parce que c'est le seul chemin. Et en même temps, on y laisse vraiment beaucoup de plumes. Donc moi, je suis pas tout à fait... J'ai un peu un discours modéré là-dessus.

  • Speaker #1

    C'est que t'avais pas vraiment le choix, en fait, parce que sinon, t'aurais pas pu faire tout ce que t'avais fait.

  • Speaker #0

    J'aurais pas pu rester chez moi. J'aurais jamais vu personne, j'aurais jamais communiqué, j'aurais jamais travaillé.

  • Speaker #1

    T'étais obligée de cacher ton handicap.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Parce que sinon...

  • Speaker #0

    Et je dis, le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire, la plus belle histoire d'amour... Parce que c'est vraiment une histoire d'amour, c'est de s'aimer soi-même, tu vois, et de prendre soin de soi comme quelqu'un dont on est amoureux. Quand t'es amoureux, t'as envie d'être délicat, tu fais attention, t'as envie de lui offrir plein de cadeaux, etc. Alors qu'on fait même pas ça pour soi-même, en fait, tu vois. C'est vrai. Je trouve ça... On devrait se le prouver. Une fois que t'as compris, tu te dis, mais on est d'une stupidité ahurissante. Je suis la personne avec laquelle je vais vivre toute ma vie. Pourquoi j'investis pas sur moi ? Pourquoi je prends pas soin de moi ? Pourquoi... Alors que si je veux aller jusqu'au bout de ma vie, il faut que je m'en donne les moyens, tu vois. Et pourquoi je réaliserais les rêves d'autrui et pas les miens ? Donc, c'est pour ça que ta question, elle est vraiment importante. Et la deuxième, c'est sur le fait que je sois fière de quoi ? Quelque chose ?

  • Speaker #1

    Un moment de ta vie où ça a été tellement dur que tu as eu envie d'abandonner. Et comment tu as surmonté ça ?

  • Speaker #0

    Alors, ma réponse ne va pas te plaire, c'est tous les jours, en fait. Mais c'est là où on voit que quand tu es dans cette démarche et que tu as réussi à mettre des outils en place, tu es à terre, mais beaucoup moins longtemps au fur et à mesure, parce que tu as des clés. Mais régulièrement, je pleure, je dis j'arrête tout, c'est trop dur, c'est trop compliqué. Quand on me fait une remarque où je me sens blessée, parce que je suis hyper sensible sur certains sujets, je me dis je ne suis pas assez bien pour le projet. Il n'y a pas longtemps encore, ça m'est arrivé de pleurer en me disant je ne suis pas à la hauteur de cette cause. Je ne suis pas la meilleure personne pour la servir parce que j'aime mon pitch. Comme j'ai des problèmes de mémoire, j'avais un peu bafouillé. J'ai eu peur que les gens se disent que ce n'est pas la bonne personne, etc. Mais ce n'est pas Stéphanie dont je parle. C'est de ne pas être à la hauteur de l'ambition du projet. Et c'est régulièrement où je me dis que je n'y arriverai pas. Ça va être trop compliqué. Et quand j'ai mal, comme tu disais tout à l'heure, quand tu es paralysé. Alors je dis je rampe parce que oui, pendant longtemps, j'avais que le bas qui était paralysé. Donc je rampais. Mais après, tu trouves des astuces même pour rire de toi-même. Stéphanie, tu es quand même chez toi, dans ton appart, comme un ranger, alors que toi, tu es tout sauf un militaire pour pouvoir aller boire ou aller aux toilettes, quand même. Je me dis, il y a quelqu'un qui me verrait. C'est quoi cette nette ? Elle fait du grand n'importe quoi. Et c'est pareil, demander de l'aide, avoir une auxiliaire de vie, tout, c'est des marchés hyper humiliants, hyper compliqués. Quand tu demandes de l'aide à tes enfants, alors que ce n'est pas leur job. Donc ça fait partie en fait de mon quotidien. Alors il y a des jours où il n'y a aucun bug, mais c'est quand même régulièrement où en plus la maladie te rappelle à ce que t'es. Donc là tu reprends tous les trucs. Ah oui j'ai oublié, j'étais handicapée. Parfois même, je dis n'importe quoi, il y a des gamins qui jouent à 1, 2, 3 soleil, je dis oh j'ai envie de jouer avec vous. Je me disais, mais à quel moment je vais pouvoir courir le plus rapidement possible ? Stéphanie, tu ne peux pas courir, tu as oublié. Ah oui, j'ai oublié. Tu vois, il y a plein de trucs. Tu restes dans l'esprit, là, on vit. Mais tu oublies, et quelque part, heureusement.

  • Speaker #1

    Heureusement que tu ne penses pas trop.

  • Speaker #0

    Mais voilà, et c'est vrai que l'idée de... Je me dis, s'il y a certaines personnes qui peuvent prendre conscience de ça, en disant, voilà, prenez soin de vous, aimez-vous, et après, vous aimerez effectivement le reste. C'est votre plus bel investissement, en fait, parce que c'est votre corps, c'est votre esprit. Et même, tu vois, si on parlait de charge mentale ou de souffrance aussi psychologique, à quel moment on ne prend pas soin de soi et on ne mise pas tout sur nous avant, en plus, d'aller trouver des fois des excuses aux autres.

  • Speaker #1

    Stéphanie, pour finir,

  • Speaker #0

    le crible.

  • Speaker #1

    Les questions sont courtes. Tu peux y répondre en une phrase. Une Maxime que tu aimes.

  • Speaker #0

    Alors, elle est de moi, mais en toute humilité. Mais c'est qu'on a le droit d'être à terre, mais qu'on a la responsabilité et le devoir de se relever.

  • Speaker #1

    Tu as le droit d'échouer,

  • Speaker #0

    mais tu as le devoir d'essayer aussi.

  • Speaker #1

    Quelle est ta plus grande peur ?

  • Speaker #0

    Il y a des jours où je suis prête, il y a des jours où je ne suis pas prête. C'est le jour où je vais être paralysée définitivement et je vais regarder le plafond tous les jours. Alors oui, on a plein d'outils, mais tu vois, d'être coupée du monde, de ne pas pouvoir aller vers les gens, et de me dire... En même temps, je serais très heureuse parce que je me dis que j'aurais réalisé plein de choses. Mais tu sais, c'est comme un rendez-vous avec la maladie, dire OK, tu as gagné, ça y est, c'est fini. Mais je n'ai pas le droit de me plaindre. J'ai eu une vie formidable, etc.

  • Speaker #1

    Une rencontre qui a changé ta vie ? La rencontre qui a changé ta vie ?

  • Speaker #0

    Mes enfants. Parce que je ne me suis pas battue pour moi, mais je me suis battue pour eux. Ils m'ont donné cette force, cette envie de me dépasser. Un, j'avais peur qu'ils aient honte de leur maman. Deux, je me suis dit si ça leur arrive, si elles passent, surtout mes filles, par ce genre de choses. Qu'est-ce que je n'ai pas envie qu'elles vivent ? Comment je vais les protéger ? Comment je vais leur donner des clés ? Comment je vais leur transmettre quelque chose ? Et surtout, si je reste à terre, quelle leçon de vie je leur donne ? Donc, je n'ai pas le droit. Donc, la plus belle rencontre, oui, c'est mes merveilles.

  • Speaker #1

    Pour toi, qu'est-ce que signifie réussir sa vie ?

  • Speaker #0

    C'est une super question, c'est compliqué. Pour moi, c'est garder cette capacité à s'émerveiller et à espérer. Si tu as ces deux vertus qu'on peut entretenir, qu'on peut nourrir et tout, te réjouir de tout, il ne fait pas beau mais on a une super rencontre, tant pis, j'ai raté mon pitch, mais ça m'a permis de rencontrer d'autres personnes et d'aborder des sujets d'une autre manière. J'ai toujours essayé de transmettre ça aussi à mes enfants en disant Tous les soirs, tu es obligé de faire cet exercice. Tu trouves trois belles choses qui te sont arrivées dans la journée. Un plat que tu as aimé à la cantine, quelqu'un qui t'a souri, mais tu ne t'endors pas sur des choses compliquées. Et le fait d'espérer, d'être toujours en disant, il peut se passer des choses juste incroyables, comme les rencontres que je fais, comme les micro-expo, mais n'empêche que. C'est quand même des petites victoires, mais ce sont des victoires. Et de faire confiance à la vie, même si elle est compliquée. Je sais que c'est compliqué, mais c'est un acte de foi. Si tu veux te faire plaisir, si tu veux être heureux, je pense que ça fait partie des choses importantes. Merci Stéphanie.

  • Speaker #1

    J'ai les larmes aux yeux à la fin. Je me suis retenue tout le long quand même. Il fallait que ça vienne à la fin.

  • Speaker #0

    Je voulais être fière de toi. Mais ça aussi, tu vois, apprendre à pleurer et accueillir les émotions. Avant, j'avais honte. J'avais peur qu'on me dise qu'elle est hypersensible, ce qui est vrai, mais on n'est pas dans une société. Mais moi, je vais pleurer même devant quelque chose qui est beau parce que je trouve ça merveilleux. et que ça me nourrit. C'est des émotions. Donc, non, non, c'est très bien, garde ça, c'est hyper précieux, mais j'aimerais bien ne plus avoir cette réputation, parce que plus personne ne va m'inviter. Mais merci,

  • Speaker #1

    merci encore. Merci à toi aussi. Bravo. Et on a hâte de suivre tes aventures avec Andy Rode.

  • Speaker #0

    On verra.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    C'est gentil.

  • Speaker #1

    Je vous remercie d'avoir écouté le podcast. Si vous vous êtes sentis grandis à la fin de cet épisode, et c'est ce que je souhaite profondément, n'hésitez pas à liker, à mettre un commentaire ou à me contacter directement pour me donner vos feedbacks ou encore pour me proposer des personnalités extraordinaires dont vous auriez envie de tout savoir. Je serai très heureuse de vous lire. Je vous souhaite une très belle journée à toutes et à tous. À très bientôt !

Chapters

  • Qui est Stéphanie

    21:23

  • Handiroad

    35:56

  • Pause amicale

    48:13

  • Le crible

    01:06:49

Share

Embed

You may also like