- Speaker #0
On a lancé notre premier contrat, mais sur un rond-point, ça a pris un peu trop vite avec la voiture. Donc voilà, à un moment donné, tu sors et ton nom sort parce que tu rencontres les bonnes personnes au bon moment. Quand tu es passé d'entrepreneur en entrepreneur, il y a un pas encore supérieur à faire, c'est d'entrepreneur à chef d'entreprise. Le truc le plus difficile, c'est de ne pas oublier pourquoi tu t'es lancé dans une telle aventure. Pour innover, pour penser un peu différemment. Tu vois, c'est assez paradoxal, ça te demande beaucoup d'énergie de lutter contre le handicap et contre les conséquences du handicap. Mais ça te donne aussi une force terrible, être heureux et rendre les gens autour de toi heureux.
- Speaker #1
Vous écoutez 360 Insights. Je suis Nathalie Royer et je vous propose dans ce podcast les conversations sans filtre, avec des personnalités inspirantes qui façonnent le monde d'aujourd'hui. Du monde de la tech à l'industrie du luxe, nos invités partagent avec nous leur parcours,
- Speaker #2
leur succès.
- Speaker #1
Mais ils vous livrent aussi les coulisses de leur business et les réalités concrètes de leur quotidien. J'ai une surprise pour vous, à chaque épisode, j'invite un invité mystère pour nous livrer une anecdote inédite sur notre personnalité du jour. Bonjour à toutes et à tous, ici Nathalie et je suis ravie de vous retrouver pour un épisode un petit peu spécial, puisque réalisé en dernière minute, en dehors du studio habituel. Mais j'ai sauté sur l'occasion parce que j'avais vraiment envie d'enregistrer cet épisode avec mon ami et personne extraordinaire, qui est Jérôme Magimel, le fondateur du Giel. Alors si je vous dis que l'or n'est pas doré... mais qu'il est bleu, rouge ou encore vert, vous ne croirez sûrement pas. Et pourtant, c'est bien la technologie qu'a développé Jérôme à partir de nanoparticules d'or et qu'on peut retrouver dans la joaillerie, mais aussi dans la sécurité et même dans vos produits cosmétiques. Alors cet épisode sera un bon rappel de vos cours de physique chimie du lycée, mais pas que. On a parlé d'entrepreneuriat et d'innovation, bien sûr, mais aussi de la difficulté de trouver son marché, de devenir chef d'entreprise. des réglementations écologiques, de la traçabilité des matières premières et de protection de marques. Mais Jérôme est aussi une personne très généreuse, à l'écoute, remplie d'humour. Il a de nombreux talents, mais il est aussi une personne très engagée, notamment pour la cause du handicap. Alors c'était une discussion particulièrement riche et je vous conseille d'écouter l'épisode jusqu'au bout. J'en profite aussi pour vous demander un peu d'aide si vous aimez mes contenus et que vous avez envie de m'encourager. Un like, un partage, un... commentaire, j'ai besoin de vous. Alors merci pour votre soutien et bonne écoute.
- Speaker #2
Déjà, Jérôme, vraiment merci d'être là pour cette interview complètement improvisée dans un lieu, alors très bien choisi, mais de dernière minute.
- Speaker #0
Mais très chouette.
- Speaker #2
Sans vidéo pour une fois. Et d'ailleurs, c'est très dommage parce que ça aurait été très sympa de pouvoir filmer le lieu où on se sent particulièrement bien. Et alors, c'est assez drôle de se retrouver là, suite à notre rencontre, il y a quoi, deux ans maintenant ?
- Speaker #0
Il y a deux ans de ça.
- Speaker #2
Parce que j'ai le droit de la raconter, parce que vraiment, c'était Paul Flory. Donc, dans mon projet entrepreneurial que je développe seulement maintenant, je me suis retrouvée à aller au Ceramic Network de Limoges. Mais vraiment, c'était tellement pas prévu. J'appelle la CCI de Limoges et ils me disent Ah, c'est super ! Vous aimez la céramique ? Venez à Limoges dans deux semaines, c'est notre convention internationale. Elle a lieu tous les trois ans. Ça fait 600 qu'elle n'a pas eu lieu. Et en plus, je me trompe d'hôtel, je m'en rencontre la veille pour le lendemain, j'arrive la première à l'événement où je connaissais personne et où tout le monde se connaissait, avec mon petit style de parisienne. Je suis même passée sur Radio Limousin, enfin non, pense-toi à Limousin. Et moi qui étais toute perdue, ben en fait, t'as été un peu mon ange gardien ce jour-là. Avec beaucoup de gentillesse, tu m'as expliqué beaucoup de choses, et c'est grâce à toi que j'ai pu développer le projet.
- Speaker #0
Je suis très heureux. C'était marrant en effet, ouais.
- Speaker #2
Oui, c'était assez original. Et n'empêche que j'ai gardé tous les contacts que j'ai fait à l'image. C'est les meilleurs. Et c'est les meilleurs. Alors du coup, pour commencer, est-ce que tu voudrais bien te présenter, en quelques mots, nous raconter ton parcours et ce que tu fais aujourd'hui ?
- Speaker #0
12 juillet, etc. Exactement. Moi, c'est Jérôme. Je suis né le 15 juin 1976.
- Speaker #2
J'en retiendrai.
- Speaker #0
À Agen. Et puis, mon petit parcours, ça a été un parcours gentillet, on va dire. Un parcours scolaire sans un micro-hoche qui m'a amené à Toulouse faire ma thèse. Et puis ensuite à divers endroits, Paris, à Dijon, etc. pour faire les stages après thèse. Et puis par le biais des postes CNRS, j'ai atterri à Bordeaux. Donc moi je suis physicien de formation.
- Speaker #2
D'accord, et donc tu es docteur ?
- Speaker #0
Je suis docteur en physique des matériaux. Et je me suis intéressé à tout ce qui était infiniment petit. D'accord. Donc avec des gros microscopes pour aller à toutes petites choses. Et puis ça, ça m'a guidé tout au long de mon parcours après, et par le gré des postes CNRS, j'ai atterri à Bordeaux en 2005. Et donc, physicien par formation, chimiste par nécessité, parce que c'était un labo de chimie dans lequel j'ai atterri, pour regarder les tout petits objets, donc ça c'était le fil conducteur. Et puis, de fil en aiguille, j'ai développé des thématiques autour des nanotechnologies. Et puis, depuis 2015 maintenant, je bosse sur le projet UGL, qui est devenu l'entreprise UGL. Et on en parlera un petit peu plus, je pense, dans les minutes carrées. Tout à fait. Mais voilà, grosso modo, le parcours que j'ai eu.
- Speaker #2
D'accord, donc, parcours de chercheur, une tronche, comme on dit.
- Speaker #0
Et donc...
- Speaker #2
Et donc... Alors, tu sais, d'habitude dans le podcast, je fais appel à des invités mystères pour raconter des anecdotes. Alors, cette fois-ci, ça va être un peu particulier parce que j'en ai plein.
- Speaker #0
Très bien.
- Speaker #2
Que je te balancerai au fur et à mesure de l'interview. Et il y en a une qui raconte un petit peu le début du gel et donc ton passage de physicien à chimiste avec les moyens du bord. Donc, c'est très drôle.
- Speaker #0
Je m'attends au pire.
- Speaker #2
Je te laisse écouter.
- Speaker #3
Jérôme à la base est un physicien, il connaissait la chimie que dans les livres. Notre duo de choc a fait qu'on a essayé de faire de la chimie avec ses idées farfelues. C'est comme ça qu'on s'est retrouvé à essayer de coller des nanoparticules d'or sur des plaquettes de talc avec des produits issus du commerce, du supermarché, du sucre, de la betterave, des choses complètement hullu-berlu mais qui au final ont fonctionné.
- Speaker #0
Alors, j'ai reconnu, ok, pas tout à fait tort.
- Speaker #2
Tu vas pouvoir nous raconter.
- Speaker #0
Oui, la technologie, elle est née dans mon garage en fait. Ça fait hyper cliché, mais c'est la réalité. C'est vraiment née dans mon garage, voilà. Parce que moi, je n'étais pas chimiste, donc aller dans les labos au milieu des chimistes qui faisaient des jolies expériences hyper carré, hyper propre, ce n'était pas forcément mon truc. Donc, j'ai fait ça dans mon garage, et puis par hasard, par chance... ou par je ne sais quoi, en fait, je suis tombé sur un truc intéressant. Et puis ça, on l'a développé petit à petit. Et puis là, je suis allé à la paillasse. J'ai fait appel à Lydia, donc, qui parlait tout à l'heure. Et puis, on a développé des choses un peu plus cadrées, un peu plus carrées autour de ces procédés-là. Et puis, ça a donné lieu à la technologie à l'aujourd'hui.
- Speaker #2
Parce que de base, tu travaillais sur quoi, en fait ? Tu as dit que tu t'intéressais à tout ce qui était infiniment petit, le nano, le nanomètre. C'est ça. Les cours de physique de l'époque sont bons. Mais sur quelle application tu travaillais exactement pour te servir de ces nanoparticules ?
- Speaker #0
Nous, on travaillait sur tout ce qui touche aux nanoparticules et métaux précieux. Donc de l'or et de l'argent pour faire une application, que ce soit du biomédical, que ce soit de l'optique. Il y a plein de choses qu'on fait avec des nanoparticules d'or et d'argent, des traitements contre les cancers, etc.
- Speaker #2
D'accord. Comment ça marche ? Je fais une parenthèse, mais est-ce que tu saurais expliquer ?
- Speaker #0
Avec des mots simples, comment marche les choses ?
- Speaker #2
Même si j'étais une fente, non.
- Speaker #0
Ça marche... Les propriétés particulières de l'or et de l'argent, dès lors que tu les réduis à une certaine taille, viennent de cette fameuse taille, le côté nanomètre. Quand tu réduis une pépite d'or à quelques dizaines de nanomètres ou à quelques nanomètres, elle n'est plus dorée et jaune comme tu as l'habitude de l'avoir, elle est de toutes les couleurs. Elle est rouge, elle peut être bleue si elle se présente sous forme de petit bâtonnet, si la pépite est sous forme de bâtonnet, ou elle est verte si c'est une pyramide, etc. Donc en fait, on peut moduler quasiment à volonté les propriétés optiques et donc de couleurs. de ces objets-là si on contrôle leur taille et leur forme.
- Speaker #2
D'accord.
- Speaker #0
Et ça, c'est ce qu'on s'appliquait à faire.
- Speaker #2
Mais tu parlais du biomédical. Ouais. En quoi...
- Speaker #0
Eh bien, une petite bille d'or de quelques dizaines de nanomètres, si tu la mets sous un rayonnement infrarouge, elle va le chauffer. Elle va monter de quelques degrés. D'accord. Et si t'arrives, et ça, les biologistes arrêtent bien de le faire, à coller ces billes d'or sur des cellules tumorales, si t'élèves la température d'une cellule tumorale de quelques degrés, c'est la nécrose de la cellule, c'est la mort de la cellule. D'accord. En fait, tu crées des petits radiateurs que tu peux déclencher à façon et qui ne vont cibler que les cellules malades et qui vont détruire que les cellules malades et préserver les cellules saines qui retournent.
- Speaker #2
D'accord.
- Speaker #0
Ça marque avec les mains, ça marque comme ça.
- Speaker #2
D'accord. Donc, en fait, le but, c'est que tu t'injectes une solution avec des nanoparticules qui vont venir se coller aux cellules malades. Oui, exactement. Donc, tu vas pouvoir les repérer, je ne sais pas, dans un scanner.
- Speaker #0
Oui, ça fait... Exactement. Tu peux jouer sur la détection.
- Speaker #2
Et venir les détecter et les guérir. Pour les soigner. Ça me fait penser à une boîte qui s'appelle Matim. Je ne sais pas si tu connais. C'est vrai ? Le monde est petit. Julien Lvirici, qui est un ami maintenant. J'avais fait mon mémoire de fin d'étude sur sa boîte, qui est aussi dans les nanoparticules. Et j'ai un doute si à l'époque, c'était biomédical ou revêtement de poils. Mais ça a dû changer entre-temps.
- Speaker #0
Il y a des applications de nanos entre-temps.
- Speaker #2
C'est dingue, il faudra qu'on en reparle après. Il n'y a que des gens bien dans les nanoparticules. Et alors, du coup, tu es passé de ces applications biomédicales à UGL, donc colorimétrie, on va dire. Est-ce que tu peux nous raconter la genèse du UGL ?
- Speaker #0
On m'a posé plein de fois la question, tu vois, et j'ai l'habitude de dire que c'est parce que tu as une opportunité qui se présente et que du coup, machin, etc. Non, en fait, je pense que c'est pas tout à fait ça. C'est que le physicien que j'étais avait envie de montrer aux chimistes qui étaient mes collègues qu'en gros j'arrivais à faire des trucs sympas moi aussi. Et donc je me suis mis à fond là-dedans dès que j'ai un peu senti du bout des doigts que ça pouvait marcher, si tu veux. Et en fait, on savait les fabriquer, ces nanoparticules, on savait les caractériser, on savait s'en servir, mais une fois qu'on avait fait tout ça dans les labos, en fait, on les jette. On les met dans des grosses poubelles, remplies d'or et d'argent littéralement, qu'on a dans les labos, et à la fin de l'année, tu ne sais pas quoi en faire, et tu payes une entreprise pour venir les incinérer. Donc c'est double peine en gros, tu payes la matière première précieuse, et puis ensuite tu payes pour l'incinérer. Donc ça, ça me gênait un petit peu, et en plus de ça, il y a un côté hyper visuel en fait à tous ces objets-là, c'est le côté couleur finalement. C'est quelque chose dont les anciens, les celtes et mayas, se servaient déjà, puisqu'ils coloraient leurs vases, leurs poteries, leurs céramiques avec ces noeuds particuliers. Alors, ils ne savaient pas qu'ils faisaient des anneaux, mais ils les faisaient super bien. Et l'art du verrier de l'époque était très très poussé. Et donc, cette idée de mélanger finalement un petit côté artistique à un côté couleur et à un côté métal précieux, et recycler ces matériaux-là, c'est ce qui a un peu drivé le début de l'aventure du VL et donné l'idée d'en faire plein de trucs.
- Speaker #2
Alors, ça m'amène sur un deuxième message. de Lydia, qui raconte justement après ça.
- Speaker #3
UGL a été créé sur une idée folle de Jérôme, qui a vu tous les bidons de nanoparticules d'or que nous créions au labo. Ces nanoparticules d'or étaient vouées à la déchetterie, parce qu'on ne pouvait pas s'en servir pour des applications biomédicales. Et il s'est dit que ce serait peut-être une bonne idée de les mettre dans des bijoux, parce que de l'or, pour lui, ça allait forcément avec des bijoux. Et c'est comme ça qu'est partie l'idée folle de créer des bijoux à base de nanoparticules d'or.
- Speaker #0
Je t'ai pas raconté de bêtises, ça va.
- Speaker #2
Non, t'as pas raconté de bêtises. Par contre, on a parlé de bijoux. Donc en fait, avant de faire cette colorimétrie des matières type céramique, t'as voulu te lancer dans la création de bijoux.
- Speaker #0
C'est lancé dans la création de bijoux, ouais. Qu'on a fait dans mon garage aussi, tu vois. Le garage servait à plein de choses, elle quoi.
- Speaker #2
Et du coup, j'ai ramené le petit bijou UGL que tu m'as envoyé. qui est très drôle. Alors justement, je t'avais demandé que tu m'expliques un petit peu comment c'était fait. Donc ça va être l'occasion. Alors même si on n'a pas la vidéo.
- Speaker #0
Celui-là, c'est un bâton de cannelle que je viens vider et dans lequel je vais plonger une résine qui est colorée par les pigments que fabrique UGL maintenant.
- Speaker #2
D'accord.
- Speaker #0
Et puis ensuite, tu retravailles ça, tu ponces, tu polies à la main tout ça et puis ça fait un bijou un peu original.
- Speaker #2
Et à la fin, tu as une couche quand même de résine. Ouais.
- Speaker #0
Ouais, à l'intérieur du bâton de cannelle, tu gardes l'odeur de la cannelle, parce que t'as le bâton de cannelle qui a fleur, et puis t'as des couleurs qui sont à l'intérieur et qui sont apportées par les pigments que développe le gel.
- Speaker #2
D'accord, et donc il y a plusieurs couleurs dessus, et ça nous permet de nous expliquer comment tu obtiens ça.
- Speaker #0
Ouais, il y a plein de couleurs différentes. On peut faire plein de couleurs différentes, je disais tout à l'heure que si tu contrôles la taille, la forme de tes petites particules, tu contrôles leurs couleurs. C'est un peu la techno qu'on a développée, en tout cas qu'on avait initiée à l'époque. C'était déposer des petites nanoparticules sur des plus grosses particules, des paillettes en fait, telles que tu peux les avoir là-dedans, et ça modifie leur couleur. D'accord. Presque à volonté.
- Speaker #2
Et ça, ça marche juste avec l'or ?
- Speaker #0
Ça marche avec l'or, ça marche avec l'argent. D'accord. Et puis après, on a développé d'autres technos qui permettent de cumuler différents effets optiques, de les combiner pour avoir des effets visuels beaucoup plus sympathiques avec des choses. qui sont brillantes, qui sont perlescentes, qui sont mattes. Tu peux avoir tous les effets de couleurs et toutes les couleurs quasiment que tu veux en modifiant ces matières premières.
- Speaker #2
D'accord, ok. C'est super intéressant. Alors, du coup, si on revient un peu sur UGL et sur ce que fait la boîte aujourd'hui, ces applications, donc au niveau de la couleur et de colorer chaque particule de matière première, c'est destiné à quels usages ?
- Speaker #0
Écoute, on est parti initialement vers la cosmeto. vers la joaillerie, forcément, avec plein d'anecdotes super sympas à raconter sur ce côté joaillerie. Tu peux en lâcher quelques-unes. Tu vois ces objets qui sont faits en résine que tu montrais ? Oui, oui. Donc voilà, c'est des résines qui sont colorées par des particules. Ces résines, il faut qu'elles sèchent, il faut qu'elles durcissent, ça prend un certain temps. Et à l'époque, j'avais un de mes amis, José, s'il écoute le podcast, il se reconnaîtra, qui hébergeait le lancement de l'activité tant qu'on n'avait pas la pignon sur rue. Et José, son atelier, enfin son entreprise, était à quelques kilomètres de chez moi, et un soir j'avais coulé des résines pour fabriquer des bijoux, et puis c'était l'heure d'aller chercher mes gamins à l'école, donc j'étais un peu pressé, j'ai pris la voiture, j'ai mis le carton avec les résines sur le siège à côté de moi, sur le siège passager, j'ai pris un rond-point peut-être un petit peu trop vite, ça a mélangé ces résines qui étaient encore un peu liquides, et ça a donné des effets de couleurs magnifiques, que je n'ai jamais arrivé à reproduire. Et quand on les a montrés à un autre... Un de nos premiers clients de l'époque, il a été émerveillé par ces effets de couleur, il nous a demandé de reproduire ça, et donc on a lancé notre premier contrat un peu là-dessus, sur un rond-point pris un peu trop vite avec la voiture.
- Speaker #2
Donc la plupart des 3S, on a des accidents en fait.
- Speaker #0
Pas mal, beaucoup d'accidents, ouais.
- Speaker #2
Du coup, ce client-là, c'était pour...
- Speaker #0
C'était une grande marque de luxe française.
- Speaker #2
Donc en fait, on peut trouver des bijoux... qui sont quoi en résine ?
- Speaker #0
Ouais à l'époque c'est ce qu'on développait effectivement des bijoux en résine associés à la résine à des matières un peu plus nobles comme du bois, comme du cuir, comme du liège, comme du bois flotté, la cannelle comme tu vois là etc. Et on associait finalement ces matières là avec ces résines colorées par des métaux précieux et voilà ça donnait des agencements assez sympas.
- Speaker #2
Et c'est pourquoi en fait une marque de bijoux ferait appel aux...
- Speaker #0
Au gré des collections tu vois.
- Speaker #2
Des techniques classiques de paillettes...
- Speaker #0
Parce qu'on était en... On était innovants, on l'est encore, par rapport à cette techno de travailler sur des nanos pour donner de la couleur à des choses plus grosses. Et on arrive à produire des effets de couleur assez originaux.
- Speaker #2
D'accord.
- Speaker #0
C'est ce qui était le côté un peu innovant. Et puis, comme c'est nouveau, forcément, tu en as envie. Et donc, le luxe, la mode, c'est quand même des effets cycliques. Donc, à un moment donné, tu sors et ton nom sort parce que tu rencontres les bonnes personnes au bon moment et qu'on fait appel à toi. D'accord. Donc, on est parti sur eux. joaillerie, horlogerie, et puis on a dérivé ensuite vers cosmétiques au tout début. Et puis on fait de la céramique maintenant, on fait des émous, et puis on fait plein plein d'autres applications parce qu'on a élargi le champ des possibles. Et puis on a changé aussi de façon de faire, on a changé les messages qu'on porte aussi. Donc voilà, on a élargi un petit peu le scope des applications et des marchés potentiels.
- Speaker #2
D'accord. Parce qu'au départ, j'imagine que tu n'as pas trouvé le marché, le bon marché tout de suite. On n'a toujours pas trouvé. On n'a peut-être pas trouvé.
- Speaker #0
On n'a jamais eu une techno, tu parlais... Je parlais tout à l'heure des traitements contre les cancers. Si on avait développé des matériaux pour ça, pour cette application-là, ton marché, il te trouvait direct, ton application, elle est finie. Nous, ce n'était pas du tout ça. On arrivait à produire des effets de couleur, on joue avec la couleur et on associe tout ce qui est esthétique et tout ce qui est pratique. Donc, un effet fonctionnel avec un effet esthétique. Si tu arrives à avoir la combinaison des nœuds, tu as tout gagné. Mais on n'y est pas arrivé dès le début. Et on cherche encore le marché, la verticale dont on te parle toujours pour aller sur les marchés. Ce n'est pas vrai. on ne l'a pas, on est très opportuniste aujourd'hui. On a élargi, comme je disais tout à l'heure, le scope de ce qu'on sait faire et de ce qu'on propose. Vraiment, on a tourné, on est parti de cette expertise sur la couleur et on la tourne maintenant et on l'élargit autour de tout ce qui est couleur, tout ce qui est nanostructure. Donc on peut faire appel à nous pour des applications vraiment diverses et variées, dans l'anticontrefaçon, dans la sécurité, dans l'aéronautique, dans l'automobile. La couleur, tu la trouves partout. Et les applications de la couleur sont parfois invisibles du coup. et tu arrives à avoir proposé des matériaux qui absorbent dans certaines gammes spectrales et qui vont convenir à telle ou telle application. Donc ça, ça te permet d'aller chercher d'autres marques, d'autres applications.
- Speaker #2
Tu as utilisé des termes,
- Speaker #0
je pense qu'il ne parle pas de tout.
- Speaker #2
Et Jérôme, on est par exemple en podcast, écouté par le commun des mortels.
- Speaker #0
Le même exemple, le détecteur de phobie à l'heure actuelle, ça marche avec des infrarouges en fait. une certaine gamme de rayons infrarouges qui vont être absorbés par ton billet, par la pièce que tu mets à l'intérieur. Et si elle absorbe dans la bonne gamme, elle est détectée comme étant vraie et pas falsifiée.
- Speaker #2
Donc, si tes billets ont du UGL à l'intérieur, ils seront détectés plus facilement ?
- Speaker #0
Un, tu ne le sauras pas. Et deux, peut-être.
- Speaker #2
D'accord. Et dans les autres applications, pour avoir d'autres exemples, il me semble que tu parlais aussi des pièces en céramique.
- Speaker #0
Oui. exactement, c'était d'ailleurs l'objet de notre rencontre et c'était l'objet de notre rencontre on travaillait ensemble c'est un vif effectivement l'idée c'est plutôt côté RSE plutôt côté réglementaire où tu as un certain nombre de colorants, de pigments qui sont très réglementés à l'heure actuelle ou qui sont en passe de le devenir comme le plomb, comme le cadmium comme le cobalt, donc en gros ton plomb va donner du rouge, ton cadmium va donner jaune, orange, rouge, ton cobalt va donner tous les bleus, les verts, etc et tout ça c'est très réglementé parce que c'est pas forcément... hyper hyper clean comme matière première à utiliser comme éléments chimiques. Donc nous on vient nous voir pour contrefaire ces couleurs là, donc pour produire les mêmes effets de couleurs en éliminant ces éléments chimiques de la composition des céramiques et des aimants pour des applications qui vont des arts de la table à la bijouterie à l'horlogerie et remplacer tous ces éléments chimiques controversés et réglementés par de l'or, de l'argent, un petit peu de ceci ou un petit peu de cela. En tout cas des choses qui sont safe.
- Speaker #2
J'ai une question sur la provenance de l'or, puisque tu parles du côté RSE. Au départ, c'était les déchets de particules d'or que tu utilisais pour des applications biomédicales. Maintenant que tu en as fait ton activité, est-ce que tu te sers toujours des déchets du biomédical ou est-ce que tu vas sourcer l'or ailleurs ?
- Speaker #0
Les deux, mon capitaine. On fait un peu ça encore et on prête une très grande attention à la provenance des matières premières, à leur traçabilité surtout, parce que tous nos clients apportent... vraiment beaucoup de soins à ces traces à liquider. Parfois, c'est même notre client qui nous fournit les matières premières. parce qu'elle est traçable, parce qu'elle sait d'où elle vient, et puis du coup, nous, on va la transformer chez nous, et puis lui renvoyer cette matière première, juste transformer en rajoutant nos éléments dessus, donc il y a une traçabilité totale de ces matières premières-là, et donc oui, on travaille avec de l'or recyclé, il y a des entreprises qui te vendent ces matières premières-là, et on fait hyper attention à cette traçabilité et ces provenances-là. D'accord,
- Speaker #2
c'est incroyable. Et tu parlais, on avait parlé une fois des cosmétiques, et moi j'ai trouvé ça super intéressant, parce que tu disais que... Ça a toute son importance, la couleur d'une crème. Par exemple, tu achètes un après-shampooing, le packaging est violet, il faut que l'intérieur du conditioner soit violet. Et que du coup, tu travailles aussi pour les cosmétiques avec certains oxydes. Pareil, parce qu'il y a des nouvelles réglementations sur la peau, etc.
- Speaker #0
C'est encore une fois ce côté réglementaire qui drive beaucoup ça. Donc tu peux travailler sur l'élément cosmétique, sur le point du maquillage finalement. Et la couleur, tu parlais de crème, tu parlais de poudre, etc. On peut travailler sur de multiples supports comme ça. Et puis, tu peux dériver ça jusqu'au packaging. Le packaging primaire qui va contenir finalement ton parfum, par exemple. Tu peux travailler sur des couleurs du packaging, sur le décor de la bouteille en verre. Tu parles même sur le pack secondaire, sur le carton qui va contenir tout ça. Donc, tu as plein de...
- Speaker #2
Ah, et tu peux colorer le carton.
- Speaker #0
Tu peux colorer plein de choses. Naturellement. Ouais, ouais.
- Speaker #2
Ça, c'est incroyable.
- Speaker #0
Ouais, et du coup, tu peux avoir plein de possibilités d'application.
- Speaker #2
Et sur ces crèmes, c'est les produits cosmétiques, les nanoparticules. Je me souviens, à l'époque, ma team, qu'il y avait pas mal de questionnements, si ce n'est de scandales, par rapport à la dangerosité pour la santé. Et là, tu parles de crèmes cosmétiques, et on se met des nanoparticules d'or sur la peau ?
- Speaker #0
Non, parce qu'on n'est jamais nano. On fait du nano, qu'on vient déposer sur quelque chose de beaucoup plus gros. et comme c'est fortement attaché et qu'on protège tout ça, c'est un peu un M&M's si tu veux. Nous, on prend la cacahuète, sur laquelle on est capable de déposer un peu de chocolat dessus, pour accrocher la couleur du M&M's dessus, et par-dessus, on va mettre une couche de sucre, qui va protéger tout ça. Et donc, le nano, finalement, il est totalement furtif, il n'est jamais à l'état séparé, isolé, et donc tu n'es jamais en contact avec le nano. Et encore une fois, pour le côté cosmétique, on est très très loin de cet état nano. On a développé des tops techno depuis, ça, on en parle depuis tout à l'heure. Ok. qui nous permettent d'aller sur ce champ cosmétique dans lequel effectivement il y a une réglementation qui est hyper drastique par rapport à ça. Donc on élimine tout ce qui est composant nano de tout ce qui est produit cosmétique ou tout ce qui est couleur pour la cosmétique.
- Speaker #2
D'accord, parce que là j'étais en train de penser à ton image de M&M's et je me disais, oui mais le M&M's quand tu le mets dans la bouche, c'est un moment donné où tu attends la limite de la couleur bleue.
- Speaker #0
Tout à fait, ça ne se produit pas dans les produits dans lesquels on utilise les nano parce que c'est vraiment des choses qui sont très... tu parles de céramique par exemple. Oui. C'est un truc qui est...
- Speaker #2
La céramique, c'est inerte. Je commence à m'y mener un petit peu.
- Speaker #0
Voilà. Donc, tu n'es jamais en contact avec du nano. Et même chez nous, dans les process de fabrication, on n'est jamais en contact avec du nano tout seul. On travaille toujours dans de l'eau. Les technos qu'on a développés sont sur la base de chimie verte. Je crois qu'on répond à 9 des 12 critères de la chimie verte. D'accord. Donc, on travaille dans l'eau avec des matériaux naturels, à basse température, machin, etc. Donc, on essaie vraiment de...
- Speaker #2
C'est vraiment ce côté RST. Ouais,
- Speaker #0
ouais. C'est ce qui a lancé l'idée du Giel d'aller sur ce côté recyclage et un peu plus... plus responsable par rapport à cette utilisation de matière première, ça on essaye de le garder jusqu'au bout. Et donc on s'applique ça à nos propres principes de fabrication aussi, à nos produits et à nos principes de fabrication aussi. Donc t'es jamais en contact avec une entreprise.
- Speaker #2
Et je me demande aussi, pour développer des couleurs, j'imagine que t'as peut-être pas encore tout le pantone des couleurs et en plus ça doit être... Le fait de pulvériser certaines nanoparticules sur des plus grosses molécules, c'est différent si tu vas sur de la céramique, sur du plastique, etc. Donc les ajustements sont un petit peu longs. Combien de temps ça prend à développer une couleur ?
- Speaker #0
C'est hyper compliqué à te répondre. Ça va dépendre déjà de l'expérience qu'on a sur la matière première qu'on est amené à traiter. Ça peut aller de quelques semaines à quelques années.
- Speaker #2
Ah oui, quelques années carrément ? Mais ça c'est si vraiment le client veut une couleur précise ?
- Speaker #0
Tu pars from scratch, tu pars de la feuille blanche, et puis tu développes un produit composé, une couleur très spécifique pour une application donnée, et là ça peut effectivement prendre plusieurs années.
- Speaker #2
Et donc tu as des marques ou des industries qui te missionnent pour trouver certaines couleurs, ou travailler sur certaines matières ?
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #2
tout à fait, complètement.
- Speaker #0
Et tu as deux typologies de contrats, tu as les contrats longs sur plusieurs années où tu sais que tu vas galérer pour arriver à le faire, mais tu espères bien y arriver. Et donc on te fait confiance sur plusieurs années avec des gonogos pour développer ces couleurs-là. ce composé chimique-là. Et puis, tu as des contrats beaucoup plus courts où on est sur de la faisabilité, et puis qu'on va renouveler, et on accompagne nos clients de la définition du cahier des charges jusqu'à la production, petite, moyenne production. D'accord. Qu'on est capable d'internaliser ou qu'on va être capable d'internaliser dans les prochains mois. Et on fait toutes les étapes de R&D qu'il faut pour aller jusque-là.
- Speaker #2
D'accord. C'est super intéressant. Ouais. Là, du coup, je me demande si moi, j'ai envie d'avoir une couleur particulière très engagé RSE sur mes céramiques. Est-ce que tu as une gamme de couleurs déjà applicables sur certaines céramiques ?
- Speaker #0
Oui, on a des couleurs.
- Speaker #2
Pourquoi on en parle ? Ça va me coûter sur ça.
- Speaker #0
Ça va te coûter hyper cher. Ouais, hyper cher. C'est le ticket minimum pour développer.
- Speaker #2
Non, c'est vrai.
- Speaker #0
Je ne pourrais pas t'en parler. On entre nous. Mais on va couper le micro. Non, ça va dépendre du temps que tu vas mettre à développer ta couleur. Si c'est une couleur très spécifique ou qui sort vraiment des clous, tu as des couleurs qui sont faites à l'heure actuelle, avec les éléments chimiques qu'on évoquait tout à l'heure, qui vont être hyper longues à contrefaire pour certaines, et d'autres gammes beaucoup plus faciles à atteindre. Et puis ça va dépendre des exclusivités qu'on a avec certains de nos clients, et on ne pourra peut-être pas travailler avec toi si tu veux la même couleur qu'une marque avec laquelle on travaille.
- Speaker #2
Ça serait dommage. Il va falloir en créer une nouvelle. Oui. Ok. Oui, parce que tu es souvent lié à des contrats d'exclusivité pour des couleurs. En même temps, c'est vrai que si tu choisis la verticale luxe, c'est hyper important l'aspect couleur, l'aspect esthétique. Et si on veut être une marque qui se différencie des autres, ça fait partie de l'identité d'une marque.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #2
Mais après, il ne faudrait pas que tu aies des contrats d'exclusivité sur chacune des couleurs. Ou alors, j'espère que tu les factures bien sur de nombreuses années.
- Speaker #0
Ça fait partie des négociations des contrats. Exactement. Et tout ce côté juridique est hyper important. par rapport à ça.
- Speaker #2
Oui. OK. En tout cas, top. Je pense qu'on a un peu fait le tour. Enfin, non, on n'a pas fait le tour, mais on a déjà bien parlé de UGL. Petite question maintenant, plutôt du côté entrepreneuriat. Déjà, UGL, comment tu as trouvé le nom ?
- Speaker #0
On a eu plein de noms. Je crois qu'on a eu six ou sept noms différents depuis les débuts de l'aventure. UGL, c'est... Tu vois Lydia tout à l'heure qui parlait, c'est le L de UGL. En fait, c'est des initiales des personnes qui étaient présentes au début du projet. On était quatre présents au début du projet. Donc, tu avais le U, J, J, L et en phonétique, ça fait U, J, L. C'était libre de droit. On est en train de déposer la marque. C'était libre sur Internet. Notre domaine était dispo. Donc, on est parti là-dessus. D'accord. On a failli s'appeler Coquelicot. Ah, Coquelicot. On avait fait un très joli logo, un très joli design, vraiment super joli. Et puis, au moment de déposer la marque, on est passé par un cabinet.
- Speaker #2
Le recherche d'antériorité, j'imagine.
- Speaker #0
On nous a pris un petit chèque et on était au tout début. Donc, ça nous a fait mal de signer le chèque. Et puis, au moment de déposer la marque, ils nous ont dit... Kenzo, Coquelicot, ça ne va pas le faire. Donc, vous interdit de déposer. D'accord. On a perdu le chèque, on a perdu la marque et on est parti sur autre chose.
- Speaker #2
Mais c'est pour ça qu'on apprend de ses erreurs.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #2
Et du coup, de passer de chercheur, où tu es un petit peu dans ton truc, tu gères ta petite physique chimie dans ton garage, à chef d'entreprise.
- Speaker #0
Ce n'est pas tout seul.
- Speaker #2
Ce n'est pas tout seul.
- Speaker #0
Tu as plusieurs... C'est vraiment un parcours initiatique pour le coup. Tu passes de... d'innovant à entreprenant dans un premier temps, où tu mets le doigt sur une techno, tu te dis tiens, il y a peut-être un truc à faire avec ça, c'est sympa. Tu vas commencer à en parler autour de toi, et puis les gens autour de toi commencent à ouvrir l'oreille un petit peu, ouvrir l'œil aussi, et puis te guident un peu, te font passer par... Nous on a fait toutes les strates de l'université du CNRS, d'incubation, maturation, prématuration, on a tout fait.
- Speaker #2
Parce que tu es quand même accompagné. Oui,
- Speaker #0
on est très accompagné. On est bien accompagné, parfois un peu poussé pour le faire ça, mais souvent bien accompagné. Et puis quand tu as mis le doigt sur ça, il faut avoir l'envie de sortir du labo, de passer d'entrepreneur en entrepreneur, si tu veux. Et là, tu n'as pas de vérité générale, je crois. Moi, c'est des rencontres successives que j'ai faites. Un jour, j'ai rencontré un monsieur qui était très haut en couleur, pour le coup, qui s'appelait M. Tranchant, qui était l'ex-directeur R&D de la recherche, donc la R&D chez LVMH, tout ce qui était cosmétique. Et ce monsieur, la première fois où on s'est vu, ne m'a pas cru que j'étais capable de faire ça avec la technique. Parce que par connaissance interposée, j'ai rencontré ce monsieur-là. Et donc, on s'est enfermés tous les deux dans mon labo pendant un après-midi. Et je lui ai tout montré, ce que je n'aurais jamais dû faire en fait, parce qu'en termes de confidentialité...
- Speaker #2
Oui, mais surtout LVMH, vous auriez pu prendre l'idée.
- Speaker #0
Oui, ce monsieur était vraiment quelqu'un de confiance. Et quand, à la sortie de cet après-midi passé avec moi, il m'a dit Bon, ok, j'ai vu ce que tu savais faire, ça me plaît, je vais t'aider. Il m'a dit par contre, je te demande un truc, c'est que tu ne montes jamais une boîte parce que c'est un enfer. Donc tu restes bien sagement au CNRS, tu fais un brevet, tu licences ton brevet, et tu ne montes jamais de boîte. Donc je ne l'ai pas écouté. Mais il m'a... Ce monsieur m'a ouvert plein plein de portes, il m'a donné plein plein de conseils hyper précieux dont je bénéficie encore. Et voilà, malheureusement il nous a quittés depuis. Mais ça a été une succession de rencontres comme ça qui ont fait que finalement tu te dis... Quand tu es passé de entrepreneur en entrepreneur... Il y a un pas encore supérieur à faire, c'est d'entrepreneur à chef d'entreprise. Et là, je suis en plein dedans et ça fait mal parfois.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Il faut arriver à...
- Speaker #1
Parce que du coup, tu as des associés, tu as des salariés.
- Speaker #0
Oui, on a monté la boîte avec quatre... Enfin, on était quatre associés cofondateurs. On est toujours quatre associés cofondateurs au sein de l'entreprise. Et maintenant, on est douze salariés avec une croissance rectiligne. On n'a jamais fait appel à des fonds privés jusqu'à présent. Donc ça, c'est plutôt chouette.
- Speaker #1
Mais tu as eu des fonds parce que le CNRS...
- Speaker #0
Non, on a eu des subventions régionales par exemple. On a fait deux levées de fonds Love Money qui nous ont permis de nous mettre le pied à l'étrier, de lancer vraiment l'activité. Puis ensuite, on a préféré un euro qui venait d'un client plutôt qu'un euro qui venait d'un fonds d'investissement. On a eu la chance, parce que c'est une chance et un privilège de pouvoir se débrouiller comme ça jusqu'à présent parce qu'on a généré du chiffre et parce qu'on a eu tous ces contacts-là. Aujourd'hui, on est en très bonne santé financière. Et on s'est auto-développé, on va dire. Donc, ouais, c'est chouette. C'est très chouette le parcours qu'on a eu. Alors, c'est pas dogmatique. Je veux dire, on fera pas jamais appel à des fonds privés et des levées de fonds, c'est pas vrai, mais on attend le bon moment. Le moment vraiment où on a quelque chose à faire avec cet apport d'argent qui va être, sur un moment donné, qui va te permettre de franchir un cap rapidement. On n'y est pas encore là, mais on a encore d'autres étapes à franchir avant d'aller...
- Speaker #1
Vous avez pas tout à fait trouvé votre verticale ?
- Speaker #0
Peut-être que une fois que tu l'as trouvé,
- Speaker #1
tu te diras,
- Speaker #0
bon,
- Speaker #1
là, on a un truc à faire, il faut y aller fort, donc on s'appelle à des fonds.
- Speaker #0
Oui, ça fait trois ans qu'on existe, bientôt. On a été créé en mars 2022, donc ça va bientôt faire trois ans. On n'est pas encore structuré de façon optimale, on a encore plein de choses à faire, et 2025, c'est l'année où on doit structurer la boîte, où on doit pérenniser l'activité, on doit mener un ou deux produits de la R&D jusqu'à la production. Et puis peut-être après, on sera en ordre de bataille pour aller voir plus loin, plus haut. Et là, peut-être, on aura besoin de fonds un peu plus massivement sur un temps donné pour nous permettre d'aller chercher plus loin.
- Speaker #1
Après, vous êtes aussi un peu en phase d'apprentissage, puisqu'il y a du temps de développement pour développer chaque matière, que ce n'est pas forcément industrialisé dans le process.
- Speaker #0
On a plein de choses à mettre en place en termes de normes, de rigueur, de procès.
- Speaker #1
Déjà, c'est impressionnant parce que trois ans d'existence. Bon, business angel, I love money. comme on veut et déjà quand même 12 salariés ça va vite c'est pas mal et t'as fait une formation pour pouvoir apprendre à diriger ?
- Speaker #0
j'en ai fait plein de formations en fait ça fait partie du parcours initiatique justement j'ai été HEC Challenge Fuse pendant une année ça a été hyper formateur parcours d'entrepreneuriat ? ça a été hyper formateur Et puis j'ai fait plein de formations avec l'Assad, avec le CNRS, j'ai béni en les formations en fait, parce que c'est pas ton métier au bout d'un moment. Donc déjà il faut que tu acceptes de plus aller à la paillasse et plus faire ton métier de scientifique et de chercheur finalement. Quand tu as fait le deuil de ça et que tu vis bien avec ça, tu peux faire autre chose effectivement. Et puis là tu bouffes des cours, tu bouffes des formations, tu as l'impression de toujours être en formation. Et puis ouais, d'abord t'apprends. Tu te rends compte que tu n'es pas réfractaire à cette idée-là, de lâcher le côté technique et scientifique et de rester sur ton côté administratif, juridique, RH. Une fois que tu as admis ça et que tu es prêt à faire ça, tu peux avancer.
- Speaker #1
Tu peux avancer.
- Speaker #0
Donc,
- Speaker #1
tu fais bonne chose. Aujourd'hui, ou même de manière générale, dans le développement de l'entreprise, c'est quoi ton plus gros défi ?
- Speaker #0
Mon plus gros défi ? C'est une bonne question. Sans tabou. Oui, sans tabou. c'est pouvoir répondre à tous les défis tu vois le plus gros défi le truc le plus difficile c'est de ne pas oublier pourquoi tu t'es lancé dans une telle aventure qu'est-ce qui t'a motivé pour y aller quelle valeur finalement tu portes comment est-ce que tu as envie d'avancer pour être en accord avec toi-même déjà et je crois que la chose la plus difficile c'est savoir lever la tête du guidon au bon moment pour prendre un peu de recul Et ça c'est compliqué parce que tu es toujours à fond, tu bosses beaucoup, tu bosses tout le temps, et à un moment donné il faut savoir freiner un peu, regarder un peu autour de toi et te dire Oups, là je ne vais pas forcément dans la bonne direction, donc attention. Et souviens-toi d'où tu viens, pourquoi tu l'as fait. Regarde derrière aussi parfois parce que tu t'aperçois que tu peux être fier de ce qu'on a fait jusqu'à présent. Et ça, je pense que c'est le plus gros défi, ça, effectivement.
- Speaker #1
D'arriver à s'extraire de l'entreprise, de la regarder de l'extérieur et de pouvoir prendre des décisions avec le bon niveau d'information. Mais comme vous êtes quatre associés, c'est ce que tu disais, comment elle se passe, votre gouvernance ? Vous avez chacun votre domaine d'activité. Pourquoi il ne reste, on va dire, le chef ? Le commandant de bord pour les décisions finales.
- Speaker #0
J'étais peut-être pas assez jusqu'à présent. Justement, c'est peut-être ça le gros défaut que j'ai eu et ce que j'ai le plus appris. C'est sur quoi j'ai le plus appris dans ces années. On est parti à quatre, donc on avait une gouvernance très collégiale, très collective. Et c'est facile de se reposer sur le collectif et sur le vote collectif. Tu prends moins de décisions, t'es moins mis en avant et donc c'est beaucoup plus facile comme ça. Je crois que j'ai un peu usé, abusé de ce côté-là. Et pour arriver à un moment donné où je me suis aperçu que j'ai pris deux trois claques et puis à un moment donné il faut que tu prennes des décisions toi même et tu dois être ce chef d'orchestre en fait. Et c'est là où tu passes d'entrepreneur à chef d'entreprise en fait. Et quand tu as deux trois piqûres de rappel qui te font réagir, tu arrives à relever la tête un peu, à lever la tête du guidon et te dire oui effectivement là si on continue comme ça on va dans le mur donc il faut changer de façon de travailler ou apprendre une nouvelle façon et du coup ça fait partie de ce...
- Speaker #1
De cette phase d'apprentissage.
- Speaker #0
Exactement, et je suis en pleine voie.
- Speaker #1
C'est vrai, mais ça ne doit pas être... Tu ne peux pas toujours être dans la collégialité. À un moment donné, il faut prendre des décisions dures. Ça me fait penser à un podcast que j'avais écouté de cette créatrice que j'aime beaucoup, Rima Rodaki, qui fait des sublimes robes de mariée. Et elle expliquait qu'à un moment donné, elle, c'était justement la designer, donc la créatrice, et qu'elle avait pris quelqu'un qui n'était pas forcément quelqu'un de confiance pour être directeur général. gérer la boîte au quotidien. Et qu'à un moment donné, elle avait eu le sentiment de ne plus être chez elle, de venir dans sa propre boîte, la boule au ventre. Comme si elle n'avait plus les rênes, il n'arrivait plus à créer. Et c'est son mari, qui lui était aussi chef d'entreprise par ailleurs, qui lui a dit non, non, non, on va revenir, tu vas reprendre les rênes et c'est toi la patronne. Mais c'est vrai qu'au départ, c'est pas forcément hyper inné. comme on ne sait pas tout faire, comme on n'a pas envie de froisser.
- Speaker #0
C'est ça, tu n'as pas envie de prendre des décisions difficiles, donc tu te reposes sur ce côté collectif un peu trop parfois. Et à un moment donné, il faut quand même... Tu es là pour impulser des choses, en fait. Et quand tu t'en rends compte de ça, ça va mieux. Ça va mieux. Ça prend beaucoup sur toi-même, en fait. Ça prend énormément sur toi-même.
- Speaker #1
Finalement, tu prends du plaisir à être chef.
- Speaker #0
Ouais, j'adore.
- Speaker #1
Le chef tirade. N'allez pas travailler chez eux, ils vont vous aller te fouetter. Avant de passer à une autre partie, je reviens sur un petit maintien en parlant de chef tyrannique.
- Speaker #0
Vas-y, tu as des preuves.
- Speaker #2
Une petite anecdote sur Jérôme et la création du GL. Au départ, c'était pour faire des bijoux. On a passé toute la journée de mon 41e anniversaire à polir, poncer, tourner des jolis bijoux pour une société qui nous avait demandé un cahier des charges bien précis. On a vraiment passé toute la journée à faire ça, on a rigolé comme des bossus, on était trois dans un atelier à faire que ça, on s'est usé les doigts.
- Speaker #1
J'en mets un petit dernier. Attends, attends. Pardon, je me suis encore trompée. C'était celui-là.
- Speaker #2
Je devais définir Jérôme, c'est un homme extraordinaire, un homme en or, un homme précieux, un ami précieux. Ça c'est les jeux de mots à la Jérôme. Parce que tout ce qu'il touche devient de l'or, il a mille idées à la seconde, mais le problème avec lui, c'est que toutes ses idées sont vraiment, vraiment super bonnes.
- Speaker #0
Elle est très gentille. Elle sait bien mentir, t'as vu ?
- Speaker #1
N'importe quoi ! Tu vois, elle t'en veut même pas de la voir enfermée dans ton garage.
- Speaker #0
Ouais, ouais, ouais, même pas.
- Speaker #1
Bon, ça va, c'était les 41 ans, pas les 40, sinon ça aurait été... J'aurais jamais fait les copains dans le garage.
- Speaker #0
Faut que ça arcane tout le monde, au final, ce qu'on a.
- Speaker #1
Mince, c'est vrai. Là, le client ne veut pas être content.
- Speaker #0
Si, mais il a fait autre chose. C'est la mode, comme on disait. C'était plus à la mode quand je prends les affinis. Donc voilà, c'était terminé.
- Speaker #1
Au moins, vous avez bien rigolé. Mais tu vois, ce que je trouve qu'il y a d'intéressant, c'est ton côté créatif, ton côté humour. Et donc, ce qui nous amène à la troisième partie de cette interview, qui est ta vie personnelle et tout ce que tu fais en dehors. Oui. Je sais que tu as quelques petites activités à côté. Oui, un petit, toi.
- Speaker #0
ouais toute petite je veux bien que tu en dises un mot ouais mais tu vis pas pour ton travail en fait même si tu travailles beaucoup et souvent au final c'est peut-être pas ta priorité donc ça fait partie aussi des choses que t'apprends dans tout ton parcours t'as des priorités à définir et il y a plein de choses à faire en dehors effectivement le côté humour Je ne sais pas si c'est un compliment ou pas, mais ça peut servir à se protéger souvent, ça l'humour. Ça te protège et puis parfois tu passes un peu inaperçu. Tu passes pour le gros lourd avec ses bonnes grosses blagues et puis tu passes en sous-marin comme ça, on ne te voit pas et on ne te détecte pas et tu arrives à avoir pas mal d'infos comme ça, c'est pas mal.
- Speaker #1
Ah, c'est la petite technique en fait, le tyran.
- Speaker #0
Non, mais beaucoup d'activités en dehors, je pense qu'il faut un équilibre à un moment donné, effectivement, entre tout le temps que tu passes pour bosser et puis... Ton équilibre personnel, ta vie personnelle en fait, ouais, effectivement. Donc, plein d'activités, je dessine un peu, même si j'étais un vrai nul en dessin à l'école, mais ça ne me pliait pas du tout.
- Speaker #1
J'ai vu quelques slides de présentation. Ah oui, parce que Jérôme, quand il fait des slides, où nous on cherche des images sur PowerPoint ou sur Canva, non. Jérôme dessine. Et c'est ce qui sert d'illustration pour ces slides de présentation. C'est quand même assez magique.
- Speaker #0
C'est pas mal. C'est assez original. J'aime bien. Donc ouais, ça permet de se détendre aussi. Et puis, ça sert pour les bijoux aussi. En fait, je me suis mis à dessiner pour les bijoux. Il y a dix ans de ça, on a voulu faire des premiers modèles de bijoux. À un moment donné, il faut que tu arrives à convaincre les gens des idées que tu as. Si tu n'es pas capable de les mettre sur le papier, et pour des bijoux, faire des designs et dessins de bijoux, tu as moins de temps. poids, on va dire. Donc j'ai commencé à dessiner comme ça. Et ça permet de se poser, ça permet de souffler un petit peu. Et puis comme tu dis, ça peut servir pour le milieu professionnel aussi. Et souvent ça te permet d'envisager les choses autrement, voir un peu différemment les choses. Ça c'est pas mal. C'est un truc que j'essaye de pousser. On prétend être innovant. Pour innover, il faut penser un peu différemment. Il faut agir un peu différemment. c'est le principe de l'expression parce que sinon tu fais que reproduire donc à un moment donné il faut se forcer à penser différemment effectivement et là tu peux arriver à faire des choses sympas et du coup en autre activité à côté il me semble que tu es en train de travailler sur un projet endiablé ouais c'est ça un projet top secret encore un tout petit peu on y travaille parce qu'on est en train de le faire beaucoup évoluer c'est vrai ? c'est un projet qui est attiré au handicap parce que le handicap me touche personnellement, sur plein de niveaux. Et moi-même, je suis travailleur handicapé, et puis j'ai un fiston qui est handicapé aussi, donc on a pas mal d'intérêts communs là-dessus. Et donc on développe un projet pour parler, faire parler du handicap. Pour le rendre un peu plus, entre guillemets, normal. Même si ça ne sera jamais la normalité, ou la norme, dans tous les deux sens que tu peux lui redonner. Mais faire parler du handicap, pour permettre, alors que ce soit dans la vie civile ou que ce soit au sein des entreprises, et ça c'est une dimension qu'on essaye de développer justement, parler du handicap avant que tu n'en aies à en parler, tu vois, dans l'entreprise. D'accord. Acculturer un peu les personnes au handicap et faire en sorte que ce soit beaucoup plus facile d'intégrer des personnes handicapées au sein des entreprises ou dans la vie quotidienne.
- Speaker #1
Et avec humour.
- Speaker #0
Ben ouais, parce qu'on ne se le fait pas, et puis parce que ça m'a...
- Speaker #1
De parler avec légèreté de sujets sérieux.
- Speaker #0
Oui, et puis parce que ces personnes-là, les personnes handicapées, ont beaucoup d'humour. Et tu peux faire passer beaucoup plus de messages, je trouve, avec cette Ausha, cet angle d'attaque-là, plutôt qu'un truc très austère et très factuel, certes, c'est vrai. Il y en a qui le font très bien, ça. Et puis ça mêle un peu le design, ça mêle un peu le dessin, ça mêle les bruits de l'humour.
- Speaker #1
Ou les talons. Voilà,
- Speaker #0
plein de trucs. Et donc ça, c'est quelque chose qu'on essaie de développer, et qui, j'espère... verra le jour dans les mois qui arrivent.
- Speaker #1
J'espère aussi, parce que c'est un sujet qui m'intéresse aussi beaucoup. Tu sais que j'avais enregistré l'épisode avec Stéphanie Gâteau, particulièrement inspirante. Et c'est vrai que le handicap, souvent, c'est invisible. Quand on te voit, on n'imagine pas que tu as un handicap. Enfin, peut-être pas celui-là.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Est-ce que, tu n'es pas obligé d'en parler si c'est un peu gênant, mais tu es obligé de... Quel est ton handicap et comment tu le vis au quotidien en tant que chef d'entreprise ? Puisque là, tu essaies de te battre justement pour en parler au sein des entreprises. Mais toi-même, comment tu le vis ? Comment tu as été confronté à cette situation ? Et pour ton fils aussi, un enfant en situation de handicap, ce n'est pas forcément facile quand on est parent.
- Speaker #0
Non, ce n'est pas facile quand tu es parent, quand tu bosses. J'ai la chance d'être chef d'entreprise et du coup... ou de gérer mes propres horaires, on va dire. Et du coup, tu adaptes tes horaires de travail aux horaires de prise en charge médicale. Oui. Donc ça, ça fait du bien, ça soulage. Oui. Et ça permet de faire des choses difficiles, difficilement faisables autrement. Et ça, c'est un truc qui ne doit pas être tabou, effectivement, ou en tout cas... Oui, c'est super difficile, effectivement, de l'aborder, de le faire passer. Moi, j'ai la chance de travailler avec des gens, avec des belles personnes, avec qui on peut échanger sur ça, et je ne m'en cache pas, donc tu peux en parler avec eux, et ils réagissent toujours bien par rapport à ça. Donc ça fait beaucoup de bien d'en parler avec... de pouvoir en parler. Et... C'est pas toujours évident, je dirais, effectivement, mais... Tu vois, c'est assez paradoxal, ça te demande beaucoup d'énergie de lutter contre l'handicap, contre les conséquences du handicap, ou des traitements, et des effets secondaires des traitements, la fatigue et tout ce que ça entraîne, tous les effets secondaires que ça peut entraîner, mais ça te donne aussi une force terrible en fait, une envie d'avancer, une envie de te rappeler d'où tu viens, et tu es toujours là aujourd'hui, donc c'est très bien, tu peux t'estimer heureux parfois, donc ça te donne une force d'aller de l'avant, tu vois, vraiment une grosse force, donc c'est très paradoxal. Mais ça te donne envie de bouffer la vie, tu vois. Ça te donne envie de chercher de dingue. Et je crois que l'un et l'autre s'entraînent, en fait, tu vois, ils s'entretiennent.
- Speaker #1
Est-ce que tu penses que c'est pareil pour toutes les personnes en situation de handicap ? Ou au contraire, il y en a qui ont tendance à baisser les bras, à penser que ce n'est pas possible et du coup à se renfermer ?
- Speaker #0
Tu as de tout, effectivement, tu as de tout. Et il faut passer un certain seuil d'acceptation de ce handicap-là. Et c'est très difficile parfois. Ouais, complètement, complètement. Donc tu as peut-être... toutes les situations effectivement. Et donc, les projets qu'on essaye de mener à bien, c'est aussi pour en faire parler. Si tout le monde en parle ou si tu en parles un peu plus, peut-être que ça sera une toute petite carré d'édifice, mais ça sera déjà ça de plus, donc ça te gagne.
- Speaker #1
Bien sûr. Et toi, du coup, pour ta propre pathologie, disons, en quoi ça impacte ton travail ?
- Speaker #0
Beaucoup de fatigue, en fait. beaucoup de fatigue, et quand t'es fatigué, tu fais moins bien les choses, parce que t'es moins concentré, parce que t'es moins clairvoyant. Et donc, faut savoir se juger soi-même et anticiper ces périodes-là où t'es peut-être un peu dans le dur.
- Speaker #1
Donc, en fait, tu profites des périodes où justement t'es moins fatigué pour bûcher.
- Speaker #0
Je sais même pas, en fait.
- Speaker #1
Je me dis, tout ce que tu fais, c'est quand même fou, avec un handicap invisible qui est pas toujours facile à vivre. c'est assez fou alors oui t'es pas tout seul mais t'es quand même le commandant de bord et tout ce que t'as réussi à développer même dans ton garage on sent une véritable passion pour mon garage c'est comme
- Speaker #0
je te disais ça te donne un boost aussi un allant et tu te dis je suis encore là,
- Speaker #1
je peux encore le faire donc je le fais tant que je veux le faire et j'y vais croquer la vie c'est beau d'ailleurs Je le vois surtout dans l'entrepreneuriat, mais les personnes qui ont la folie de se lancer là-dedans, c'est parce qu'ils ont un truc, une flamme, une envie de vivre au fond d'eux, une motivation sans limite. Parce qu'il y a tellement d'obstacles, c'est tellement dur que si tu n'as pas ce truc à l'intérieur, tu abandonnes.
- Speaker #0
Tu peux vite te casser la figure.
- Speaker #1
Tu peux vite te casser la figure, alors que si tu sais au fond de toi que ce truc est là et qu'il va t'amener jusqu'au bout.
- Speaker #0
Si tu l'entretiens bien. savoir s'extraire si tu n'oublies pas ça tu peux aller
- Speaker #1
Jérôme on finit avec le crible les quelques questions alors as-tu une maxime ou une citation qui te guide en fait j'en ai plein je t'en donnerai une alors j'hésite
- Speaker #0
entre deux mais une de Nelson Mandela ok Il a dit qu'un gagnant est un rêveur qui n'abandonne jamais. Ça, j'aime bien ça.
- Speaker #1
C'est vrai, j'aime bien aussi. C'est assez parlant. Une compétence que tu as dû apprendre sur le tas. Mais il y en a beaucoup.
- Speaker #0
Il y en a pas mal.
- Speaker #1
C'est l'autre, tu t'es vraiment cassé les dents.
- Speaker #0
La confiance en soi.
- Speaker #1
Oh.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Tu n'avais pas forcément confiance en toi au début.
- Speaker #0
Je n'avais pas confiance en moi. Mais ça progresse. D'accord.
- Speaker #1
C'est intéressant. Ça progresse. Une erreur marquante. Un échec que tu as commis ? Et est-ce que tu en as appris ?
- Speaker #0
Celle qu'on évoquait tout à l'heure. Le fait de se reposer trop sur le côté collectif et de ne pas oser prendre des décisions parce que parfois, tu ne sais pas toi-même où tu veux aller, donc tu as du mal à faire passer les messages. Donc oui, je pense que j'ai pas mal appris de ces erreurs-là. Et ça va avec la confiance en soi.
- Speaker #1
La conséquence de cette erreur ?
- Speaker #0
C'est que tu ne prends pas forcément de décisions, tu ne prends pas les bonnes décisions et il n'y a rien de pire que de ne pas avancer. prendre des décisions, même si elles sont mauvaises, au moins, moins tu avances.
- Speaker #1
D'accord. Pour toi, qu'est-ce que signifie réussir sa vie ?
- Speaker #0
Je dirais être heureux. Voilà, être heureux et rendre les gens autour de toi heureux.
- Speaker #1
C'est assez drôle parce qu'Olivier Lerigaldi, avec qui j'enregistrais juste avant, c'était sa réponse aussi. C'est vrai ? C'était être heureux et transmettre. Donc toi, c'est être heureux et rendre les gens heureux autour de toi. Donc donner. Si c'était à refaire, y a-t-il quelque chose que tu changerais ?
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Non. On ferait tout pareil.
- Speaker #0
Ouais. Ouais, parce que j'ai fait beaucoup d'erreurs. J'espère ne pas les répéter ces erreurs-là, ne pas aller vers l'échec en fait, parce que si tu répètes une erreur, ça devient un échec. Ce n'est pas un apprentissage. Donc j'ai fait pas mal d'erreurs, mais j'essaie d'apprendre de mes erreurs. Donc non,
- Speaker #1
je ne change rien. Tu gardes les erreurs. Et pour terminer, si tu devais résumer en une phrase que tu souhaites transmettre à travers tes projets, quelle serait-elle ? Un message, en fait. Un message de fin.
- Speaker #0
Ouais, donner envie et donner envie d'ouvrir son esprit.
- Speaker #1
Voilà. Ouvrir votre esprit. Ouais.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Magnifique. Bah écoute, merci beaucoup Jérôme pour cet échange. Franchement, je suis ravie. Et à bientôt pour les aventures entières.
- Speaker #0
C'est ça. Exactement.
- Speaker #1
Et peut-être à une prochaine fois pour une collab sur la céramicolorie. Je vous remercie d'avoir écouté le podcast. Si vous vous êtes senti grandi à la fin de cet épisode, et c'est ce que je souhaite profondément, n'hésitez pas à liker, à mettre un commentaire ou à me contacter directement pour me donner vos feedbacks ou encore pour me proposer des personnalités extraordinaires dont vous auriez envie de tout savoir. Je serai très heureuse de vous lire. Je vous souhaite une très belle journée à toutes et à tous. À très bientôt !