- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, on est dans le nouvel épisode du podcast Football Club. On est aujourd'hui sur un épisode particulier, c'est la première interview. On est avec Mathieu. Salut Mathieu.
- Speaker #1
Salut John, salut à tous.
- Speaker #0
Alors, aujourd'hui épisode un peu particulier comme je l'ai dit. D'habitude on débat un peu de l'actualité du foot. Là aujourd'hui, on rentre dans notre première interview. On va parler de Mathieu qui va décrire un peu qui il est. On va lui laisser majoritairement la parole et on va lui donner un peu de biscuits pour qu'il nous raconte un peu tout ce qu'il a fait et qu'est-ce qu'il fait encore aujourd'hui. Donc Mathieu, est-ce que tu peux nous dire qui tu es et qu'est-ce que tu fais dans la vie et pourquoi tu es ici du coup ?
- Speaker #1
Moi, Mathieu Salamand, j'ai 33 ans, marié, papa d'un petit garçon. et actuellement dans la vie je travaille à l'Olympique Lyonnais en tant que référent socio-éducatif. Pour que ça se parle un petit peu plus, je suis rattaché à l'Académie et je m'occupe de sensibiliser, enfin c'est en partenariat avec la Fédération Française de Foot, en gros c'est un poste qui est obligatoire dans tous les centres de formation de France. Mon travail c'est de sensibiliser. entre guillemets éduquer et former un peu tous les jeunes du centre, que ce soit de 8 jusqu'à la réserve professionnelle, sur tous des sujets étroitement liés entre la vie citoyenne et leur vie de footballeur. Comme il y a des thèmes, il y a la santé, le fair play, l'éthique, l'environnement, la culture foot, l'engagement citoyen, des choses comme ça. Ça peut être des réseaux sociaux. la prévention des réseaux sociaux, des paris sportifs, faire revenir des anciens de l'académie pour leur parler un peu de leur parcours, donner un peu du sens, faire des projets associatifs, tout ce genre de choses pour qu'ils soient éveillés et qu'on les sorte aussi de leur bulle autre que footballistique. Ils prennent conscience de la valeur des choses, qu'ils grandissent en tant qu'hommes, parce que leurs parents pour la plupart sont loin. Donc on fait partie intégrante de leur éducation. Donc c'est aussi notre devoir de devoir les avertir, de les sensibiliser avant qu'ils en soient confrontés. Ok,
- Speaker #0
donc en gros, tu es un peu le premier éducateur hors foot. Oui,
- Speaker #1
c'est ça.
- Speaker #0
Cool. Et du coup, pourquoi l'Olympique lyonnais ?
- Speaker #1
Parce que c'est le club avec lequel je suis affilié depuis petit. Aujourd'hui, j'ai 33 ans et si tu cumules toutes les années sportives que j'ai eues avec l'OL, j'ai passé la moitié de ma vie sous licence, de temps en temps sous contrat, mais en tout cas sous licence avec l'OL parce que j'y suis arrivé à 12 ans en préformation jusqu'à mes 18 ans. Je suis parti à l'étranger, mais on en parlera après. J'y suis revenu en 2019 avec le projet OL Futsal, dans lequel je suis toujours accroché. Et puis c'est à côté de la maison, donc j'ai toujours gardé des liens avec ceux qui y sont toujours. Et c'est tout naturellement que j'ai pu faire la passerelle.
- Speaker #0
Ok, je ne te demande pas ton club de cœur du coup ?
- Speaker #1
Non, il est le même qui je fais là.
- Speaker #0
Raconte-nous un peu comment tu en es venu au foot déjà avant l'Olympique lyonnais. Qui c'est qui t'a amené au foot ? Est-ce que ça vient de tes parents, du cercle d'amis ?
- Speaker #1
C'est un peu du cercle d'amis. Mes parents, enfin de base, je ne suis pas trop une famille foot. Père, frère, c'était plus basket. Alors j'ai fait du basket étant petit pour faire comme le grand frère forcément, mais j'ai aussi fait du foot parce que j'ai mon ami d'enfance. qui en faisait, son père a toujours été éducateur. Alors je suis désolé, il y a le petit qui braille à côté. Va les chercher dans ta chambre, ils sont dans ta chambre. Son père était éducateur depuis que j'étais petit, et en gros il m'a directement initié à ça, et c'est un peu grâce à lui que je suis tombé dedans. Et à un moment donné j'ai dû faire le choix entre le foot et le basket, et je pense que j'ai bien fait de choisir le foot. Voilà un peu comment je suis tombé dedans.
- Speaker #0
Ok. Et comment ça s'est passé du coup le passage du foot à l'Olympique lyonnais ?
- Speaker #1
J'ai commencé tôt, déjà j'ai commencé à 5 ans le foot. Au début c'est pour le plaisir, pour être avec les copains, et puis petit à petit on se rencontre, surtout d'un point de vue, d'un regard extérieur qu'on est un peu au-dessus des autres. Et j'ai commencé dans un petit club à côté de chez moi, ensuite la première étape ça a été dans le gros club de mon département, qui était Bourgoin-Jallieu, et c'est un club qui était partenaire de l'OL. et il y a eu une journée de détection qui s'est organisée. J'y suis allé et ça s'est très bien passé. Puis après, il y avait d'autres étapes. Après cette journée de détection, j'ai dû prendre part à une journée d'entraînement avec les joueurs de l'académie. Après ça, j'ai encore dû être sélectionné pour aller faire un tournoi. Et après ce tournoi-là, on m'a officiellement validé pour intégrer les effectifs l'année d'après. Donc j'avais 13 ans. C'était ma deuxième année sur le grand terrain.
- Speaker #0
Ok. Et du coup, quand tu rentres à l'Académie, du coup, à 13 ans, tu es de quelle génération ? Du coup, 33 ans, tu es...
- Speaker #1
91. Donc, la figure actuelle qui est toujours dans l'équipe, c'est Lacazette, mais c'est non formé avec... Bon, pour le grand public, tout le monde connaîtra, je pense Clément Grenier aussi. 91, bon après, il y a eu des grands joueurs, mais... pour moi des grands joueurs, mais qui n'ont pas forcément exposé aux yeux du grand public. Mais en 91, on s'entraîne toujours avec la génération au-dessus et en dessous, c'est-à-dire 90 et 92. Donc un peu la génération Bruno Genesio, quand il y avait Anthony Lopez, Jordan Ferry, Rachid Ghezal, toute cette génération-là, ils étaient avec moi en fait.
- Speaker #0
Ok. Et tu as des noms, tu parlais de grands joueurs à tes yeux, tu as des noms pour peut-être des gens qui sont un peu plus piqués ?
- Speaker #1
Dans ma génération, il y avait Yanis Taffer, qui était à un moment donné le nouveau Benzema, comme on aime bien dire à Lyon quand il y a un attaquant qui marque des buts, qui a signé pro à Lyon à 17 ans, en même temps que Clément Grenier, qui derrière n'a pas eu forcément la même réussite, parce qu'il a été prêté après à Toulouse, blessé. On rentre dans d'autres facteurs que simplement le talent pour réussir une carrière, mais Toulouse, après, il s'est retrouvé en Suisse. où il a fait quelques belles années, après il est retourné dans un club en Tunisie, un gros club de Tunisie, Luxembourg, donc tu vois ça commence un peu à descendre, à faire la lente descente aux enfers comme les journaux aiment bien dire, et puis là il joue dans sa région grenobloise natale. Il est très heureux pour autant, il faut être bien dans ses choix. et ça nous permet ce qu'on a eu l'occasion de faire et pas avoir de regrets,
- Speaker #0
on en a toujours comme tu dis il y a beaucoup de facteurs qui rentrent en jeu au delà du talent et du fait que tu peux signer très tôt si je te dis pas de bêtises j'avais lu sur un documentaire ou sur un article il disait qu'il y avait 2% des jeunes qui signaient pro et une fois que tu signes pro dans les 3 ans il y en a encore que 2% qui continuent ouais donc voilà
- Speaker #1
Ce qu'on entend souvent, c'est que tu en as 1 sur 10 qui signent professionnel. Et encore, c'est une moyenne. Sur une génération, tu en as 2 ou 3 qui vont signer, mais tu as des générations où tu en auras 0. Et on a aussi le coutume de dire que le premier contrat professionnel, ce n'est pas le plus dur, le plus dur, c'est le deuxième. Tu signes ton premier contrat pro, tu restes un jeune pro, mais ce n'est pas parce que tu signes pro que tu vas jouer en pro. Après, tu dois encore élever ton niveau pour réussir à t'intégrer dans l'effectif professionnel. Une fois que c'est fait, à la fin de ton contrat, il faut avoir fait le taf sur le terrain pour en déclencher un deuxième, un suivant.
- Speaker #0
Et éviter les petites embûches qu'il y a sur le parcours.
- Speaker #1
Exactement, qui peuvent être multiples.
- Speaker #0
On va en parler un petit peu après. Tu étais quel style de joueur à 11 ? Tu jouais quel poste ?
- Speaker #1
Quel type de joueur ? Vraiment, milieu de terrain axial, meneur de jeu. À Lyon, j'ai été formé en milieu défensif classique dans un 4-4-2. Mais j'ai toujours eu cette facilité technique. C'était ma plus grosse force, une belle vision du jeu, une belle qualité de passe et pas mal d'endurance. En soi, le panel parfait pour être un bon milieu de terrain, un box-to-box. Et ensuite, quand je suis arrivé en Suisse... On m'a fait grimper un peu plus. Je suis passé relayeur, voire même numéro 10 dans un 4-2-3-1, autour de l'attaquant. C'est vraiment là que j'ai pris le plus de plaisir, dans un profil un peu électron libre.
- Speaker #0
Justement, on commence à parler de l'Olympique lyonnais, de la Suisse. Tu rentres au centre à 13 ans. Qu'est-ce qui se passe après ? Tu peux nous faire un peu le parcours technologique jusqu'au futsal ?
- Speaker #1
J'arrive à 13 ans, en quatrième. Tu vois, déjà, tu changes de collège. tu rentres à l'internat. La chance que j'avais, c'est que Lyon, c'est pas très loin de chez mes parents, c'était à 50 petits kilomètres, donc il y avait quand même un suivi. Les premiers mois, ils venaient me chercher tous les mercredis pour faire une petite coupure. Mais dès que je me suis senti prêt, on a arrêté cette coupure-là et puis je ne rentrais que les week-ends et encore. Donc tu changes de collège, tu dois te faire des nouveaux amis, t'es à l'internat, t'es tout seul dans ta chambre. plus personne pour t'aider, pour tes devoirs, etc. Voilà, t'es un peu livré à toi-même, t'as 13 ans, mais on te demande déjà de te comporter, et d'avoir cette autonomie qu'on n'est pas forcément censé avoir à cet âge-là. Donc quatrième, troisième, où je passe mon brevet. Mais là déjà, à cet âge-là, c'est directement entraînement tous les jours en fait. T'as l'école le matin, des fois un petit peu l'après-midi, et puis à 15h t'as le bus qui vient te chercher, qui t'emmène au centre d'entraînement. Tu t'entraînes, tu prends ta douche, tu reviens, tu manges, tu fais tes devoirs, tu dors. Et voilà, c'est un cercle comme ça jusqu'au match du week-end. Donc c'est des programmes très chargés. C'est pour ça qu'en sport-études, tu as un emploi du temps qui est adapté aussi, forcément. Et après, tu arrives au lycée. Et au lycée, tu vas toujours dans un lycée partenaire où il y a du sport-études. Donc là, tu as les footballeurs, les danseurs, danseuses, les basketteurs. Tu as plein de sports comme ça un peu réunis, dans des classes aménagées. Donc l'avantage, c'est qu'on a une petite quinzaine par classe, ce qui change un peu d'un cursus d'un ado lambda où il va être 30 dans sa classe. Nous, on a des horaires aménagés. J'ai passé le bac en 4 ans. On nous a aménagé de passer la première en 2 ans. Et là, tu commences à avoir 14 ans, 15 ans. Tu commences à grandir. C'est une nouvelle étape de la vie aussi. Donc tu dois te bonifier en tant que personne et en tant que joueur aussi. Tu passes de pré-formation à formation. Ça reste une étape aussi footballistique. Et là, je n'étais pas à l'internat dans mon lycée. J'étais hébergé directement au centre d'entraînement. C'était dans un centre de formation classique, avec des chambres, une salle de jeu. Tu as les vestiaires en dessous, la cafétéria et voilà. Et là, de mes 15 ans à mes 18 ans, j'étais logé sur place au centre d'entraînement. Le rythme, c'est le même. C'est tu vas à l'école le matin et tu vas t'entraîner l'après-midi, tous les jours jusqu'au week-end, jour de match. Et avec ce double projet, football et études. Alors c'est compliqué, je le vois encore plus aujourd'hui en tant que... Avec cette casquette d'éducateur, c'est que forcément, quand on s'engage dans ce projet-là... C'est pour réaliser notre rêve d'être footballeur professionnel. Et c'est là que les études, pour nous en tant que jeunes, c'est un grain de sable dans la chaussure. On n'a pas envie de s'y mettre. On est forcément focus sur le foot parce qu'on pense tous qu'on va y arriver. Et les statistiques sont là pour nous rappeler que ce n'est pas le cas. Mais forcément, quand il y est, c'est que tu y crois. Et encore heureux que tu y crois. Mais il faut avoir aussi très tôt cette maturité, ce petit pourcentage de recul en soi de se dire... si le foot ça marche pas, il faut au moins que j'ai un bagage, un diplôme. Et le bac à l'Oréa c'est le minimum et ce que je leur rabâche c'est que c'est ton passeport pour la vie active.
- Speaker #0
Il faut qu'il y ait une porte de sortie au cas où...
- Speaker #1
Et encore, même si tu réussis dans le foot, tu vas peut-être signer ce contrat de 3 ans, mais au bout de 3 ans tu vas te retrouver peut-être à devoir jouer en National 2 ou quoi que ce soit. Là, tu devras trouver un travail à côté et tu as des emplois qui vont te demander un diplôme. Ce serait dommage de se relancer dans des études à 23 ans, alors que tu as galéré toute ta vie pour avoir ce diplôme et que tu n'as pas fait l'effort sur la dernière ligne droite parce que tu as été trop focus sur le foot. C'est tout ce petit chemin qu'il faut réussir à aborder. Avoir cette maturité très tôt, c'est pour ça qu'on grandit très vite en fait. On devient rapidement autonome.
- Speaker #0
La coupure, tu vas me dire comment tu l'as vécu. Pour moi, de tout ce que je connais ou tous ceux que je connais qui ont eu ce cursus-là, tu passes très vite de l'enfant à l'adulte. Tu n'as quasiment pas de passerelle et c'est assez brutal.
- Speaker #1
Oui, c'est sûr parce que tu n'es pas préparé. C'est le jour et la nuit entre jouer dans le club de ta ville ou jouer dans le plus gros club de France, même à l'époque.
- Speaker #0
Pour toi, oui, à cette époque-là, c'était le plus gros club de France.
- Speaker #1
Donc voilà, tu as l'exigence qui va avec. Puis il n'y a pas le temps. Après, c'est une sélection naturelle qui se fait. C'est une sélection qui est parfois et souvent cruelle pour ceux qui ne sont pas conservés en fin de saison. Parce que c'est tout beau, tout rose, tu es logé, nourri, blanchi pour ceux qui ont la chance. Et puis en fin d'année, on peut te dire merci pour tout, mais pour toi, ça ne va pas le faire pour l'année prochaine. donc là toi t'étais habitué à être dans ce confort là malgré tout parce que ça reste du confort parce qu'on s'occupe très bien de toi mais voilà du jour au lendemain ça peut s'arrêter tu retombes dans une vie classique et dans une vie classique quand t'es blessé t'as pas le docteur en bas de ta chambre pour te soigner quoi c'est comme tout le monde tu prends un rendez-vous t'attends 3 semaines pour ta radio etc sauf que ça tu l'as
- Speaker #0
Sauf que ça, tu ne l'as quasiment pas connu dans ta vie d'avant. Et dans ta vie, tu passes de très vite à être quasiment un adulte, à peut-être des fois redevenir limite un enfant, entre guillemets, parce que tu as été accompagné limite un peu d'orloté dans ce concombre pour que tu deviennes professionnel. Et le jour où tu es relâché dans la nature,
- Speaker #1
tu retombes dans la fausse. C'est ça, tu retombes dans la fausse. Voilà, personne ne te tend la main, tu n'as pas de perche à laquelle te raccrocher, hormis ta famille. Et puis, c'est à toi de te reconstruire, en fait. C'est ça, en fait. C'est se reconstruire derrière.
- Speaker #0
Tu repars, en fait, limite, comme si tu avais 13 ans, à devoir demander un peu à tout le monde comment tu dois faire, etc. Alors que tu as eu cette passerelle de quelques années où tu es complètement accompagné en
- Speaker #1
24 sur 24. Exactement.
- Speaker #0
Donc, toi, tu rentres à 13 ans au centre. Après, qu'est-ce que c'est ton parcours dans le centre ?
- Speaker #1
Je fais une première année classique. De toute façon, à cet âge-là, il n'y a pas de contrat qui rentre en jeu. À partir de 14 ans, on commence à avoir les sélections, sélections districtes, sélections régionales. L'année d'après, c'est les premières sélections équipes de France qui arrivent. Donc là, on commence à sentir quand même la compétition, la concurrence. C'est important d'être bon au bon moment parce qu'il y a déjà une sélection qui se fait. et rapidement on te colle une étiquette en fait. Est-ce que tu es dans le wagon du jeune prometteur ou est-ce que tu es dans le wagon du joueur de complément de ta génération en fait ? Ça ne veut pas dire que ça va être une étiquette qui sera figée et j'en ai bien fait les frais, mais voilà, tu sens vraiment que la réelle compétition commence et c'est un premier tournant dans ta vie au centre de formation. Et après ces sélections-là, c'est en 14 ans que tu les fais. Moi, j'ai eu la chance de faire la sélection district, je suis allé jusqu'au bout. Sélection régionale, je suis allé jusqu'au bout. J'ai fait la Coupe nationale à Clairefontaine. J'ai fait une première pré-sélection équipe de France U16. C'est le maximum que j'ai fait. Derrière, je n'ai pas eu la chance d'être sélectionné. Après, c'est le cursus, 16 ans nationaux. Là, c'est les premiers contrats qui rentrent en jeu. On appelle ça les contrats aspirants, des contrats de 3 ans. Moi, j'ai eu la chance d'en avoir un. Parce qu'à ce moment-là, j'étais encore dans les tops de ma génération. J'ai eu ce contrat aspirant de 3 ans, donc c'est là où c'est un autre tournant. Tu sais que tu peux voir l'avenir sereinement pendant 3 ans. Le piège aussi, c'est que tu penses que tu as le temps, mais en fait ça passe très vite. Ça passe très très vite. Donc l'année d'après, je suis en 15 ans, mais je suis surclassé avec les moins de 16 ans. qui vient confirmer le fait que j'étais en avance dans les temps.
- Speaker #0
Donc avec la génération 90.
- Speaker #1
Voilà, exactement. Où je fais la moitié des matchs avec eux, puis de temps en temps je redescends, je fais tous les tournois. Et l'année d'après, du coup je reste avec les 16 ans, mais avec ma génération. Et c'est là qu'il y a eu un autre tournant, c'est que... En fait, il faut savoir que les joueurs qui ont du talent, qui sont un peu entre guillemets faciles par rapport aux autres, on leur en demande toujours plus. Et moi, j'ai un éducateur qui m'a piqué dans mes retranchements parce que probablement que j'étais amené à me contenter de mes facilités. et ils me piquaient, ils me piquaient, ils m'en demandaient plus, quitte à me mettre sur le banc pour me faire comprendre que non pas que je suis moins bon que les autres, mais si je veux continuer à me développer, il faut que j'en fasse plus. Et moi, j'ai malheureusement pas eu cette force mentale de le comprendre sur le moment et de passer cette étape mentale de me dire qu'il faut que j'en fasse plus. J'ai pas eu, comme je t'ai dit en introduction, j'ai pas non plus un entourage très footballistique, j'avais pas d'agent non plus, donc j'étais un peu livré à moi-même, en tout cas sur mes choix sportifs. Et je me suis entêté à me dire qu'il avait tort et que c'est moi qui avais raison, sauf que t'as jamais raison face à un éducateur. Donc voilà, première... petite guéguerre d'ego mal placée que j'ai eue. Et malheureusement, ça m'a enlevé cette étiquette de joueur prometteur. Et j'ai passé mon temps sur le banc et j'ai eu cette étiquette qui a changé. Donc tout ça pour dire que c'est très compliqué d'avoir cette image et cette étiquette de joueur prometteur. Et que du jour au lendemain ou sur une saison, une demi-saison, ça peut basculer. Et je me suis fait passer devant. hiérarchiquement par d'autres joueurs, notamment Jordan Ferry par exemple, qu'on a fait venir du Sud et qu'on a un petit peu imposé à ma place. Et voilà, je n'ai pas su relever la tête de ça et j'ai fini mon contrat aspirant de cette manière. Et à la fin de ce contrat aspirant, on ne m'a pas proposé le contrat d'après, qui s'appelle le contrat stagiaire. Par contre, on m'a proposé de rester malgré tout. C'est assez rare pour le souligner. Normalement, c'est soit on signe stagiaire, soit merci, envoie. Et moi, on ne m'a pas proposé ce contrat, mais on m'a proposé de rester en convention amateur. Sur le coup, ça fait mal. Je ne le cache pas. Tu écoutes les raisons, mais tu ne les comprends pas. Encore une fois. Et je décide de ne pas accepter. Parce que, comme tout joueur à cet âge-là, tu penses que tu mérites mieux. que tu as la capacité de rebondir ailleurs.
- Speaker #0
Surtout que toi, à l'époque, tu aspires à... Tu es dans ce schéma d'avoir raison par rapport à ton éducateur, que tu as le niveau, que tu dois jouer. Donc forcément, tu ne signes pas le contrat stagiaire. Tu te dis, voilà, là, c'est un affront encore. Je ne peux pas accepter de rester en formation. C'est un peu...
- Speaker #1
Et puis même, tu te dis, je vais être entre guillemets un des seuls à être... à ne pas avoir de contrat dans mon effectif et j'avais pas envie d'assumer ce rôle de complément, tu vois. J'ai du mal à assumer ce rôle de complément, j'aime être pris en considération et sur le moment, voilà, j'ai pas voulu accepter. Et il m'avait clairement dit, si tu pars faire des essais ailleurs, c'est qu'on considère que tu ne reviendras pas. Il m'a dit ça. T'imagines ? Pour te dire, c'est qu'ils te donnent même pas... Ils te donnent quelque chose, enfin, ils t'offrent la plus petite passerelle en soi qu'on peut te donner. Et ils ne t'autorisent même pas à aller voir ailleurs si tu peux avoir mieux.
- Speaker #0
En gros, tu sors, la porte, elle est fermée.
- Speaker #1
Voilà, la porte, elle est fermée. Donc, c'est soit t'acceptes les miettes que je te donne, soit merci, au revoir.
- Speaker #0
Et donc là, t'as quel âge quand il te passe ça ?
- Speaker #1
Et pour te dire, ben voilà, j'ai 16 ans, 17 ans, 17 ans.
- Speaker #0
Ça fait mal,
- Speaker #1
ça te rappelle toute ta vie. Oui, c'est le genre d'entretien que tu te rappelles toute ta vie. Et moi, je décide de partir faire des essais. Malheureusement, encore une fois, je n'étais pas entouré. Je n'avais pas d'agent ou quoi que ce soit qui avait un peu préparé l'avenir. Des parents, encore une fois, comme je t'ai dit, ils ne sont pas trop dans le milieu. Donc, hormis le suivi éducatif et le soutien moral, ce ne sont pas mes parents qui vont me trouver un club professionnel. C'est là que j'ai été raccroché au père de mon ami d'enfance, qui m'a initié au football au départ, qui avait des connaissances au RCLance.
- Speaker #0
C'est l'éducateur dont tu parlais au début.
- Speaker #1
Au début, oui, exactement. Je suis allé faire deux ou trois jours au RCLance. Encore une fois, ce n'est pas un choc des cultures parce que ça reste en France, mais c'était le Nord, il faisait froid, il pleuvait, ce n'était pas évident. Et puis tu ne connais personne, tu te dis, tiens, prends cette chambre pendant trois jours, tu vas dormir là, mais tu ne connais personne. Donc en soi, footballistiquement, ça s'est très bien passé. L'anecdote pour te dire que l'Olympique lyonnais restait vraiment le top des centres de formation et le rêve de tout jeune, même ceux qui étaient dans d'autres centres de formation, c'est que les mecs dans les vestiaires me disaient, mais qu'est-ce que tu fais là ? T'es à l'Olympique lyonnais et tu te retrouves au RC Lens. Tu vois ? Pour me dire, les mecs en RC Lens, mais ils voyaient l'Olympique lyonnais comme le Graal. Et du coup, ça s'est très bien passé footballistiquement, mais on m'a fait comprendre après qu'on m'a fait venir par affinité avec cet éducateur, mais qui n'avait pas de réels besoins. Qu'est-ce que j'ai fait derrière ? Je suis allé à Grenoble, qui n'était pas très structuré. C'était un peu très amateur aussi dans les infrastructures. C'est là que tu vois aussi le gap entre certains clubs, qui ont beau être professionnels tous les deux. Donc, je ne suis pas resté.
- Speaker #0
On sait que Lyon, en plus, depuis ta génération quasiment, c'est le club français qui doit mettre quasiment le plus d'argent tous les ans dans son centre de formation.
- Speaker #1
Oui, c'est régulièrement dans le top 3 des meilleurs centres de formation d'Europe. Donc, c'est ce qui prouve aussi que c'est très sélectif. Mais une fois que tu es sélectionné, on fait en sorte que tu sois dans les meilleures conditions possibles. Avec toutes les exigences que ça impose. et qu'on est en train de discuter, mais en tout cas en termes d'infrastructure et de suivi scolaire nutritif, bien-être c'est quand même costaud rien à dire là-dessus
- Speaker #0
Et du coup quand tu fais tes premiers tests ailleurs, est-ce que déjà il y a un petit déclic qui s'opère ou tu te dis ouf,
- Speaker #1
je suis plus à Lyon est-ce que finalement tu te dis c'est là que tu réalises un peu la chance... que tu as d'être dans ce genre de structure parce qu'ailleurs c'est pas le cas c'est pas le cas donc j'ai même eu le directeur sportif je crois de châteauroux au téléphone et qui me dit mais c'est là qui c'est celui qui m'a fait ce déclic là mais il m'a dit en fait en tant que en tant que professionnel je vais te dire ce qui en est c'est que même un contrat enfin même pas un contrat mais une licence amateur à l'olympique lyonnais ça vaut tous les contrats dans les autres clubs de france Sans parler de contrat professionnel, mais de contrat stagiaire. Donc moi, je te conseille de rester là-bas. Et du coup, j'ai réfléchi avec mes parents et je me suis toujours bien entretenu avec le responsable du recrutement à l'époque, qui est très connu, qui s'appelle Gérard Bonneau. Je ne sais pas si tu connais, qui a recruté tous les Benzema, Ben Arfa et autres. Et il m'a dit, écoute, tu as reçu un papier à la maison. T'es à la convention, la demande de convention. À aucun moment, c'est écrit. que si tu vas faire un essai dans un autre club, tu ne peux pas revenir au club. Donc tu signes cette convention, tu la renvoies au club et tu te pointes à la reprise. Donc c'est ce que j'ai fait, j'ai envoyé le papier, comme quoi j'acceptais de revenir, je me suis pointé à la reprise. J'ai mon coach qui m'a serré la main, genre, qu'est-ce que tu fais là ? Bon, il savait que j'allais revenir, je pense qu'il a eu l'écho, mais il a voulu me faire passer le message. Et au final, j'ai pu faire une année, une dernière année en 18 ans nationaux, tout en sachant, il ne faut pas se leurrer, que je n'allais pas faire de miracle, que je n'allais pas signer pro derrière. Mais en tout cas, j'ai pu faire une année sereine en préparant mon avenir, tu vois, un peu plus tôt, sans avoir ce truc de me dire, je vais attendre le mois d'avril pour savoir si je vais conserver ou pas. Donc, je me suis donné les moyens. Et au final, en fin d'année, j'ai mon coach qui m'a remercié d'être resté, qui m'a dit... Je ne regrette vraiment pas que tu sois resté. J'ai vraiment rendu de beaux services. J'ai fait mes premiers matchs aussi en National 2, qui s'appelait CFA à l'époque. Donc, ça m'a fait voir aussi de belles choses. La Coupe Gambardella aussi. Et c'est en fin d'année, j'ai été mis en relation avec un agent suisse. Je vais à Young Boys de Berne faire des essais, qui se passent très bien. et qui sont même écourtés parce que j'ai le baccalauréat à passer. Mais il m'a suffi d'un jour pour montrer de quoi j'étais capable et pour qu'on me propose quelque chose. Donc moi après, je pars en vacances avec l'idée de revenir aux Young Boys. Et une semaine avant la reprise, j'ai mon agent qui m'appelle et qui me dit j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c'est que tu ne vas pas signer aux Young Boys de Berne parce qu'il y a un nouveau coach qui est arrivé chez les pros. que tous les jeunes pros, tu as toujours des jeunes pros, ils sont professionnels, mais comme je te disais tout à l'heure, ils jouent forcément avec les pros, mais ils s'entraînent avec eux. Tous les jeunes pros, ils n'en veulent pas. Donc tous ces mecs-là qui sont sous contrat, ils vont redescendre jouer avec la réserve, les moins de 21. Et vu qu'ils ont un statut pro, ils vont jouer. Il m'a dit, dans ces jours-là, il y en a deux qui sont à ton poste, parce que moi je devais commencer avec les U21 en fait. Donc ça ne sert à rien d'y aller, tu vas être bouché.
- Speaker #0
La bonne nouvelle, c'est que le recruteur du club veut te garder sous la main. Donc, il t'a placé au club voisin du FC Thun, qui reste en Ligue 1 suisse aussi, mais qui est un club plus familial, moins renommé en Europe. Je pense que c'était un mal pour un bien, parce que la passerelle qui préserve, qui est professionnelle, elle était plus abordable. Ce sont des clubs qui ont moins d'argent, donc ils s'appuient un peu plus sur leurs réserves. Et c'est ce qui a été bénéfique pour moi à ce niveau-là, je pense.
- Speaker #1
Et puis, comme tu dis, ça va super vite aussi. C'est un détail qu'on n'a pas évoqué. On a brièvement évoqué les agents dans le parcours ou l'éducation, etc. Mais après, les entraîneurs qui changent aussi, qui te font venir, et au final, ça change deux, trois semaines après, c'est aussi des détails qui s'ajoutent à la vie d'un jeune pro ou d'un pro... dans son parcours.
- Speaker #0
Oui, c'est mon décourant. On a coutume de dire que les cartes sont redistribuées. C'est surtout chez les jeunes aussi. Mais quand tu es jeune, quand tu es pro, que tu as l'expérience et que tu as un statut, ton statut restera là. Parce que malgré tout, le coach, pour se faire apprécier, est obligé de respecter les cadres du vestiaire. Donc dans un premier temps, quand tu es un cadre, tu resteras un cadre. Par contre, les autres, les cartes sont redistribuées. Et c'est autant bénéfique pour celui qui est tout le temps remplaçant de se refaire à une nouvelle image. Et ça peut être compliqué pour celui qui a l'habitude de jouer, mais qui justement s'est installé dans ce confort-là, sans dépasser sa zone de confort à l'entraînement, et qui lui va se faire rattraper par ce nouveau coach, parce qu'il n'en fait pas assez. Et du coup, lui, il peut passer de titulaire à remplaçant du jour au lendemain.
- Speaker #1
Donc toi tu signes à la reprise, tu pars au FC Thun, c'est ça ?
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Un D1 suisse.
- Speaker #0
Ouais, j'arrive pour jouer avec les jeunes. J'ai pas de contrat professionnel au début. Alors je suis rémunéré, mais j'ai pas de statut professionnel. Donc même chose, nouveau rebondissement dans ta carrière, c'est que t'as 18 ans, tu vas à l'étranger. Ça peut être la Suisse, pays frontalier, c'est pas très loin, mais ça reste l'étranger. surtout que c'était la Suisse alémanique, donc ça parle allemand, donc philosophie allemande, un petit peu choc des cultures, et puis j'y vais tout seul quoi. Donc au début, j'ai eu la chance d'être avec un autre français, on était en colocation, alors on vivait comme des ados de notre âge, donc je te fais pas de dessin sur l'alimentation et sur la gestion du sommeil. Et voilà, les premiers six mois, pas évident. Parce que comme je t'ai dit, culture allemande, vraiment dans le combat, dans la rigueur, le travail, l'intensité. Et toi, tu arrives avec ton panel de compétences de jeunes Français de centres de formation qui ne veulent s'appuyer que sur sa technique, à vouloir mettre des petits ponts à tout le monde et à lever les bras dès qu'on te fait une faute. Sauf que ça ne siffle pas, en fait. Ça ne siffle pas. Et à côté de toi, ça te critique dans une langue étrangère que tu ne comprends pas. Mais bon, le langage corporel, tu le comprends. Donc, tu es un petit peu en marge, tu vois. Et puis, tu arrives d'un pays étranger. Tu es là pour prendre la place de ceux qui habitent dans ce pays, dans la ville. Donc, tu arrives un peu comme un cheveu sur la soupe,
- Speaker #1
tu vois. Tu es un peu l'étiquette aussi de joueur du centre de formation de l'OL.
- Speaker #0
Ouais c'est ça, donc tu viens pour prendre la place de... C'est une bande de potes, tu vois, tu viens dans cette bande de potes, tu parles pas la langue, donc pour s'intégrer c'est différent, tu viens pour jouer à la place de ceux qui y sont déjà, donc ça crée un peu des clans, c'est pas évident, mais voilà, c'est à toi de te faire ta place. Mais les six premiers mois n'ont pas été évidents, j'ai même l'anecdote, en fait, je m'entendais bien avec le capitaine, parce qu'il parlait aussi français, donc il faisait un peu la traduction. Et un jour, à un entraînement, pareil, je rouspétais, tu vois. Ouais, ça me fait des fautes, machin, machin. Tête de con, en fait. Je vais te le dire, un peu tête de con. Et t'as le coach qui s'adresse à moi, mais... Enfin, qui parle de moi, mais qui s'adresse pas à moi. Il s'adresse au capitaine et qui dit au capitaine, tu peux lui dire, tu vois, il dit même pas ton prénom. Tu peux lui dire que s'il continue comme ça... en décembre il peut trouver un autre club alors que t'es juste à côté ah ouais alors qu'on est à 5 mètres l'un de l'autre et donc voilà donc c'est soit tu as deux façons de voir les choses c'est soit tu plonges tu t'en tête soit tu fais l'effort et tu vois ce que ça donne donc on a fait moi je vivais comme je te disais je vivais avec l'autre français en colocation il a eu le malheur de se faire les ligaments croisés du coup il est rentré en France ça veut dire que j'étais plus que tout seul en fait mais ça a été bénéfique parce que j'avais moins de distraction j'étais livré à moi-même encore plus que ce que je l'étais Et j'ai eu cet entretien de mi-saison où on m'a rappelé justement toutes ces choses-là, tout ce qu'on me reprochait. Et j'ai pris les choses du bon côté. Donc c'est là que j'ai fait aussi un bond en termes de maturité. C'est que j'ai pris en considération les reproches qu'on m'avait faits et que je suis arrivé à la reprise avec les dents qui rayaient la pelouse. Donc je me suis mis à faire pas mal de musculation, de gainage. et de me booster aussi à l'entraînement, d'y aller un peu plus physiquement, de résister dans les duels, quitte à être assez violent, tu vois, pour montrer que j'avais reçu le message. Et ça a été bénéfique, parce qu'en fait, je me suis développé, je me suis étoffé un peu physiquement, et je me suis forgé un mental de réel compétiteur et de guerrier sur le terrain. Donc mon panel technique, je l'avais toujours, ça ne se perd pas, c'est comme le vélo. Mais j'ai développé cette force mentale d'aller au duel, d'arrêter de me plaindre. Et c'est ce qui m'a fait passer cette étape-là. Après, je n'ai fait que de jouer, j'avais des bonnes statistiques. Je m'entraînais de plus en plus avec l'effectif professionnel, je faisais tous les matchs amicaux avec eux. Et en fin de saison, j'ai été récompensé par une première convocation. Première convocation, on joue à Neuchâtel. je rentre je rentre à la 79e et je marque à la 83e pas mal voilà bon joker donc bon joker c'était forcément un de mes plus beaux souvenirs et derrière ça je refais ni la saison avec les moins de 21 c'était juste un cadeau de récompense mais je signe pro dans la foulée et après bon la suite on en parlera après mais c'est Je commence à jouer le plus en plus, etc. Il y a des changements de coach aussi qui interviennent entre-temps. Un peu comment je suis arrivé au niveau professionnel.
- Speaker #1
Ok. Et du coup, tu sais, souvent, on a beaucoup d'anecdotes des centres de formation où tu as des joueurs qui sont titulaires dans les centres, qui ne signent pas, et d'autres qui sont deuxième, troisième dans la hiérarchie. Et au final, qui passent devant tout le monde par des blessures, des problèmes de comportement, et qui font une grande carrière. Est-ce que toi, dans les cursus que tu as connus, tu l'as vérifié ça aussi.
- Speaker #0
Oui, mais en fait, tout se joue dans la tête. Dans la persévérance, c'est que je le redis aussi aux jeunes, c'est que tu as beau être un talent de ta génération à 16-17 ans, ça ne veut pas dire que c'est toi qui feras la meilleure carrière. Et à contrario, celui qui est un peu considéré comme le joueur de complément, qui n'a pas forcément de contrat, mais chaque année est conservé, qui ne fait jamais de match exceptionnel. mais qui est toujours correct et régulier, ce mec-là, il aura plus tendance à faire une carrière longue que celui qui a du talent, mais qui ne travaille pas. Et j'en ai connu. J'ai un ancien pote qui s'appelait Xavier Chavalerin. Si tu tapes sur Google, tu verras beaucoup de choses sur lui. C'est un peu un joueur de complément. C'est un peu péjoratif. C'était un bon joueur. En fait, il était bon de partout. Mais comme on dit, excellent nulle part. Tu vois ce que je veux dire ? Il n'avait pas ce coup de génie qu'un joueur talentueux peut avoir. Par contre, il était tout le temps régulier. Que tu le mettais à gauche, à droite, milieu, devant, derrière, il ne se plaignait jamais. À l'école, c'était un bon gars. Et c'est comme ça qu'il a franchi les étapes. Alors, il n'a pas signé pro à Lyon, mais derrière, il s'est retrouvé, je crois, à Tours en Ligue 2. Et puis il a réussi à faire son trou, et puis là il a été à Reims en Ligue 1 pendant un moment, il a eu le brassard, il a joué à Troyes, il avait le brassard. Et quand tu demandes à tous les jeunes, vous connaissez ce mec ? Non, on ne le connaît pas, parce que ce n'est pas lui qui va te mettre des bicyclettes et 30 buts par saison. Par contre, le mec a fait 10 ans de carrière en Ligue 1.
- Speaker #1
C'est le joueur d'équipe par excellence.
- Speaker #0
Exactement, voilà, exactement. Et à contrario, on a des mecs qui ont été très talentueux et qui ont fini... En National 2, quoi. Alors qu'ils ont fait toutes les sélections d'équipes de France, par exemple. Ouais.
- Speaker #1
Mais souvent, comme toi tu l'as vérifié aussi dans ton parcours, tu as ce truc de, dès que tu rencontres la première difficulté, est-ce que tu rentres en confrontation ou est-ce que tu es dans l'écoute ? Et souvent, tu as aussi un choix.
- Speaker #0
Il faut savoir se faire violence à un moment donné, et si tu n'as pas ce déclic de maturité, tu t'entêtes, mais comme je t'ai dit au début, tu n'auras jamais raison face à un éducateur. Il y a quelqu'un qui décide en plus. Donc si tu n'as pas cette maturité, cette faculté d'accepter la critique positive et que tu ne fais pas la démarche derrière pour corriger, tu seras toujours perdant. Donc c'est le recul que j'ai en tout cas sur la carrière que j'ai pu avoir professionnelle, c'est que je n'étais pas le meilleur, je n'étais pas le moins bon. Il y en a qui étaient meilleurs que moi, qui ont fait des moins bonnes carrières que moi. Il y en a qui étaient moins bons que moi, qui ont fait des meilleures carrières que moi. Mais il ne faut pas avoir de regrets. Je suis déjà bien content d'avoir réalisé ce que j'ai réalisé. Et il y en a, comme je t'ai dit, qui auraient dû, qui auraient pu faire mieux et qui ne l'ont pas fait. Il faut avoir ce recul-là de ne pas avoir trop de regrets. et de savourer ce qu'on a pu vivre.
- Speaker #1
Ok. Voilà, si les jeunes, vous avez un message à entendre, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Du coup, tu signes pro FC Toon, qu'est-ce qui se passe après ?
- Speaker #0
Après, du coup, tu fais partie intégrante de l'effectif, donc dès la reprise, tu participes au stage, puis il faut faire sa place. Il faut faire sa place. Il y a aussi par la... Il faut se mettre aussi à parler la langue. Il faut faire aussi cet effort extrasportif de s'intégrer à la culture. Ça montre aussi ton envie, ta force mentale de vouloir aller de l'avant. Puis je suis un petit jeune, peut-être quand tu as déjà 19-20 ans à ce moment-là. Et tu penses que... En fait, tu as l'air plus petit et plus frêle que tout le monde. Parce que tu as ce mental un peu juvénile de cette découverte du monde pro. Mais il ne faut pas se laisser avoir par ça. Si tu es là, c'est que tu mérites ta place et tu peux te battre comme un autre. Donc, il faut travailler, il faut être bon quand on te donne la chance. Encore un autre critère, c'est qu'il faut vraiment être bon quand on te donne la chance. Parce que sinon, ça veut dire que tu n'es pas prêt mentalement. C'est pour ça que la force mentale est très importante. Donc, on te donne ta chance, il faut être bon. Si tu es bon, je te ferai rentrer encore les matchs d'après. etc, etc, etc. Donc moi, apparemment, j'étais bon parce que j'ai continué derrière. Et puis après, l'objectif, c'est de surclasser les autres à l'entraînement pour qu'on te donne ta première chance en championnat. Tu vois, il ne suffit pas d'être aussi bon que celui qui joue à ta place. Tu vois, ça ne suffit pas pour lui prendre sa place.
- Speaker #1
Tu trouves que tu es meilleur que lui.
- Speaker #0
Voilà, parce que ceux qui étaient à ma place, ils avaient 26, 27 ans. Comme je te dis, ils avaient déjà cette expérience et ce statut un peu de cadre. Moi, pour jouer à leur place, il fallait que je sois réellement meilleur à l'instant. Donc j'ai beaucoup travaillé à l'entraînement, en dehors des entraînements aussi. J'en faisais plus, j'en demandais plus. Et puis on m'a donné ma chance petit à petit, je l'ai saisi. Des fois j'ai fait des bons matchs, des fois non. Mais en tout cas, j'ai toujours été travailleur. Et chaque saison, j'emmagasinais de plus de matchs petit à petit. Et le Graal, ça a été la saison 2013-2014, où on a cette qualification en Europa League qui a été un peu l'aboutissement de ma petite carrière, en tout cas le sommet de la montagne en termes de compétitivité.
- Speaker #1
Pour un club familial, on le rappelle.
- Speaker #0
Pour un club familial, voilà, en fait, on avait fini 5e. C'est un championnat de 10 équipes, donc c'est le milieu de tableau. Mais vu que le FCB a raflé tout à cette époque-là, ils ont raflé le championnat, ils ont raflé la Coupe. Et en fait, quand le premier du championnat finit aussi champion de la Coupe, ça décale des places qualificatives. Donc nous, le fait d'avoir été cinquième, on a gagné notre place, non pas en phase de groupe directement, enfin en phase finale, mais en phase de barrage. Mais on a dû passer trois tours de barrage pour pouvoir être qualifiés. Donc pour dire qu'on partait vraiment d'en bas, d'en bas, d'en bas.
- Speaker #1
De tout en bas, oui.
- Speaker #0
Et puis là, tu découvres des beaux déplacements en équipe, parce que tu voyages à l'extérieur du pays. Tu te confrontes à d'autres types de football aussi. Et puis c'est de la compétition européenne, donc c'est une autre saveur. Tu vois un peu à l'extérieur, tu es, comment on dit, quand ton but c'est que tu as les CRS autour, tu es escorté. Escorté, voilà merci, t'es escorté par la police par les CRS, t'as les fumigènes dans la rue etc et voilà t'as une autre saveur dans les stades ils sont décorés avec toutes les banderoles
- Speaker #1
C'est la fin de la première partie de l'interview de Mathieu Salamand du coup dans cet épisode il nous a expliqué comment il en est venu au football jusqu'à intégrer l'Olympique Lyonnais et poursuivre sa carrière jusqu'au sommet l'Europa League on découvrira la suite de l'aventure européenne dans le prochain épisode dites nous si vous avez apprécié ce format interview si vous voulez d'autres personnalités du football, agents, prépas joueurs joueurs professionnels, dites nous tout on attend dans vos commentaires l'avis pour savoir si on continue ce format là aussi merci à tous d'avoir écouté la vidéo et de l'avoir regardé sur Youtube ciao à tous et à très vite