- Speaker #0
Aujourd'hui, on va parler d'un sujet qui touche énormément de personnes. Un sujet qui est très difficile et qui a créé une peur qui est au même niveau, voire pire que la peur de la mort. Ce sujet, c'est la peur du jugement. Et mon invité du jour a un sacré parcours. Sarah est passée de ce qu'on appelle Bac-5 à Bac-5. Après un parcours scolaire qui a été un peu chaotique, Pas mal de pertes de confiance en elle, des difficultés à s'exprimer, à parler, une grande timidité. Elle a pu rebondir, retrouver confiance. Et aujourd'hui, elle assume de prendre la parole en public, mais surtout, elle accompagne les dirigeants, les équipes, les particuliers à prendre la parole, à assumer leur place. Et elle a une spécificité qui est d'utiliser aussi le silence comme outil d'impact. Je vais vous en dire plus. En tout cas, dans cet épisode du podcast avec Sarah, on va parler notamment de comment sortir des étiquettes qu'on nous colle, comment retrouver confiance pendant très longtemps on a été mis de côté, quand peut-être des personnes de l'entourage, de l'école vous ont mis des étiquettes et vous ont parfois, oui, rabaissé ou dit que vous ne pourrez pas. Elle a cassé ses codes, elle a su rebondir. On va parler aussi de la glossophobie. Vous savez pas c'est quoi ? En fait, c'est la peur. du regard des autres, la peur de parler en public, la peur du jugement, dans un contexte notamment de prise de parole, et surtout, vous allez voir la petite règle aussi très importante des 90-100, qui permet de surmonter cette peur du jugement et ce besoin de plaire à tout le monde, et surtout, le grand point de cet épisode, c'est l'art de transformer l'échec en expérience initiative qui renforce la confiance. Et si aujourd'hui vous avez peur de parler en public, ou vous vous dites ok j'arrive pas à avoir assez confiance en moi pour me montrer, pour oser prendre la parole, pas forcément, forcément sur scène mais aussi dans des groupes etc. Et que vous vous dites ok aujourd'hui j'ai beaucoup beaucoup été on va dire critiqué ou rabaissé ou j'ai parfois eu du mal à avoir confiance parce que l'environnement m'a renvoyé quelque chose, ça va vraiment vous rebooster et vous donner des clés pour rebondir. donc profitez au maximum de l'épisode d'ailleurs je vous dis, ça va être Ma dernière invitée de la saison 2025 de podcast dans le flot donc donner un maximum de force n'hésitez pas à partager le podcast à laisser des retours à me laisser des petites étoiles sur les plateformes où vous écoutez c'est très précieux pourquoi parce que justement ça m'encourage pour notamment 2026 aller continuer à avoir des invités exceptionnels des parcours exceptionnels et vous proposer ces échanges très qualitatifs et je peux vous dire que celui-ci on va finir en beauté parce que je crois que ça va vraiment vraiment vous aider à prendre confiance, à avoir des clés pour vous rebooster. Et puis si j'appelle ces personnes-là aussi, c'est pour vous montrer que c'est possible et que vous pouvez justement, grâce à des beaux parcours de vie, trouver ces éléments pour vous aligner sur votre mission, prendre la parole, prendre votre place et surtout regagner confiance. Allez, je vous laisse profiter de cette discussion et on se retrouve à la fin. Bonne écoute à vous. Bonjour Sarah, je suis très heureux de t'accueillir dans le podcast. Comment tu vas aujourd'hui ?
- Speaker #1
Bonjour Johan, merci beaucoup pour ton invitation. Écoute, j'ai hâte de répondre à tes questions.
- Speaker #0
Oui, la première question que j'ai envie de te poser, j'aime bien découvrir avec mes invités justement qu'est-ce qui les a amenés là où ils sont aujourd'hui. Est-ce que toi, il y a eu un élément ou plusieurs qui ont déclenché quelque chose en toi qui a fait que ce que tu pensais être destiné a complètement changé ? Genre un changement de trajectoire de vie ? par rapport à où tu en es aujourd'hui et où tu pensais que tu serais quand tu étais petite ?
- Speaker #1
Oui, le premier grand changement, je dirais que c'est quand j'avais 15 ans, je suis sortie du système scolaire dans des conditions assez inhumaines. Donc ça a été un changement de trajectoire important, puisque ça faisait déjà quelques années que je m'ennuyais sur les bancs de l'école, disons de 12 à 15 ans. Mauvaise note, mauvais résultat scolaire, mauvais... Commentaires des enseignants, donc pour se construire à 12, 13, 14 ans c'est quand même pas évident. Et puis à 15 ans je rencontre une conseillère d'orientation qui m'explique pendant 1h30 que j'ai des mauvaises notes. Je m'en souviendrai toute ma vie quoi, un bureau noir sans fenêtre, tous les bulletins posés sur le bureau et pendant 1h30 en fait elle rabâche un peu mes notes et les commentaires des enseignants et elle termine son monologue. En me disant, je suis désolée Sarah, mais là, il n'y a vraiment pas de solution pour vous. Vous n'allez pas pouvoir aller au lycée comme les autres élèves. Donc, je suis sortie de là vraiment désorientée.
- Speaker #0
Oui, et tu parles souvent de... Tu es passé de bac moins 5 à bac plus 5. Et j'aime beaucoup cette punchline, puisqu'en plus, ton sujet est la prise de parole, donc c'est vraiment marquant quand tu le dis. Et c'est vrai qu'on avait au plus... J'avais participé à l'un de tes ateliers de prise de parole, et on avait fait un petit peu le tour des fameux conseillers d'orientation qui nous mettaient dans des cases et qui nous amenaient à des endroits. Comment ça s'est passé, justement, ce passage de bac moins 5 à bac plus 5 ? comment tu as rebondi après cette Cette période où tu t'es dit, on t'a dit, on t'a mis dans une case que pour vous, ça va être compliqué l'école.
- Speaker #1
À ce moment-là, donc à 15 ans, je subis, je pense, une orientation dans un BEP. BEP, carrière sanitaire et sociale, qui est le plus petit niveau social existant. Donc, je me retrouve dans une cité HLM à 1h30 de chez moi. Donc, 45 minutes de train plus 30 minutes de marche, juste pour arriver dans l'école. pour faire ce BEP, qui est en plus dans une cité HLM. Je me retrouve avec une population très en difficulté, des personnes qui savent à peine lire et écrire. Là, j'ai 16 ans, de 16 à 18 ans. Je fais ce BEP et je l'obtiens. Vraiment, râlez pas crête, on va dire, mais j'ai 10,2, je crois. J'obtiens mon BEP et puis après, je vais me former petit à petit en travaillant. Dans l'accompagnement des autres, j'ai été travailleur sociale pendant 15 ans à différentes fonctions. J'ai fait le diplôme d'aide médico-psychologique, monitrice éducatrice, éducatrice spécialisée en VAE. La VAE, tu sais, c'est tu travailles tout seul et tu présentes un mémoire à l'oral et tu obtiens un bac plus 3. C'est ce que j'ai fait du coup, là j'ai réussi. Et puis j'ai continué sur deux masters. Quand je suis arrivée à Bordeaux, j'avais cette ambition à l'intérieur de moi de vouloir quand même continuer. Parce que je pense que j'avais une revanche à prendre sur la vie, sur moi-même. Je voulais me prouver que j'étais capable. Capable de réussir, capable d'avoir une vie épanouie. Après, le diplôme ne fait pas la qualité de la personne. Ça, je l'ai appris en obtenant mes deux masters que j'ai reçus par la poste en plein Covid. Je me suis dit, ça fait 15 ans que tu bosses comme une malade pour avoir ça. Et puis je me suis dit, est-ce que c'est ça qui te définit ? Est-ce que c'est ça qui définit qui tu es, ta valeur, ton bonheur ? Non. Donc c'est intéressant la prise de conscience aussi là.
- Speaker #0
Oui, c'est impressionnant parce que tu as quelque part presque finalement des portes qui s'ouvrent et ces diplômes que tu as eus, pour finalement te rendre compte que même si c'est bien, ça n'a pas défini la valeur et à aucun moment, même son parcours. les notes, les diplômes définissent ta valeur. Comment tu le vois par rapport à toi, en plus, qui aide aujourd'hui des personnes à améliorer aussi, parce que ça joue beaucoup, l'estime de soi pour oser prendre la parole en public. Comment ça t'a forgé en termes d'estime de toi-même et qu'est-ce que tu penses qui aujourd'hui aide à justement trouver sa valeur et son bonheur selon toi, en tout cas dans ta perspective par rapport à ce parcours ?
- Speaker #1
Je pense que mes échecs m'ont... ont forgé, parce que j'ai échoué particulièrement à l'oral dans mon parcours, oral de monitrice éducatrice, et puis j'ai raté mon oral pour obtenir mes deux masters. Donc les échecs ont été des vrais claques quand même sur le moment. Je me souviens pleurer, être vraiment affaiblie un peu par l'échec sur le moment. Et puis après, je remonte sur le cheval, je me remets en question, etc. Donc ça, je pense que finalement, les échecs m'ont certainement... Donner confiance dans l'idée de recommencer et de réussir après. La réussite après est encore beaucoup plus savoureuse. Et là, j'ai vraiment un boom de confiance aussi dans le fait d'échouer et de réussir après. Je pense que mes échecs ont forgé un peu ma confiance. Et puis, j'ai appris à me désidentifier vraiment de l'appréciation d'autrui,
- Speaker #0
je pense.
- Speaker #1
Parce que tu vois, dans mon parcours, moi, ça représente à peu près 40 enseignants qui m'ont dit, Sarah, tu n'es pas assez, c'est insuffisant. Manque de ci, manque de ça, concentration fluctuante, résultat en paix, 120 watts. T'as l'impression que t'es au fond de ta vie, quoi. Et donc, j'ai appris à me reconstruire, en fait, à me reparler à moi-même, à reconstruire cette estime qui avait été quand même un peu abîmée par le système scolaire. Et je pense aussi qu'il y a les rencontres de la vie. J'ai eu la chance d'avoir des rencontres extraordinaires sur ma route et notamment des orateurs. et des oratrices de haut niveau.
- Speaker #0
Oui, et c'est ça qui est inspirant, c'est que tu as quand même réussi, justement, malgré que tout ton environnement t'a quand même, il faut le dire, tiré vers le bas, ou fait croire que ta valeur, elle était absente, quelque part. Et j'allais dire pas là, mais pour eux, c'était juste dans leur carcan, dans leur case, tu ne rentrais pas. Et aujourd'hui, grâce à des rencontres et tout, en plus, nous avons, grâce à toi, j'ai rencontré Arnaud Colliri qui était passé justement dans le podcast dans un des épisodes précédents et qui parlait aussi de ce rapport à l'échec et c'est impressionnant de voir que toutes les personnes qui sont dans ce podcast ont justement des parcours avec des échecs mais cette capacité à les transformer finalement en robots, construction, apprentissage pour construire leur estime. Donc je pense que c'est un message d'optimisme pour tous ceux qui vivent ou qui pensent s'identifier à des échecs ou ce que disent les autres qui peuvent retrouver cette ressource en eux. et justement toi Même si on va creuser un peu notamment par rapport à ton sujet principal qui est la prise de parole, comment, qu'est-ce qui peut déjà aider quelqu'un, en tout cas quelle voie il doit prendre, si là aujourd'hui il se dit, j'ai l'impression de ne pas encore avoir trouvé ma place, que je n'ai pas une bonne estime ni confiance en moi, comment je peux réussir à déjà remonter cette estime et peut-être réussir à rebondir face à un ou plusieurs échecs ? Parce que je crois que c'est vraiment ce que vivent beaucoup, et quand on a le recul on peut dire, oui les échecs. ça a été positif, mais quand on est dedans, comment tu gères ? Comment tu fais ? Qu'est-ce que tu peux conseiller ?
- Speaker #1
Oui, je peux conseiller d'accueillir l'émotion. Je pense de se laisser traverser par la tristesse, la colère et d'essayer de trouver des personnes autour de soi capables d'écouter. Je pense que l'écoute est très vertueuse. Je dirais même que c'est la compétence numéro un d'un bon orateur. D'essayer de bien s'entourer avec des personnes bienveillante, à l'écoute, pour pouvoir chercher un peu de la ressource à l'extérieur. On a besoin des autres quand même dans la vie, donc tout seul, on ne fait pas grand-chose. Donc je dirais ça, bien s'entourer, et puis accueillir l'émotion, écrire peut-être, trouver un moyen d'extérioriser cette émotion, par l'art peut-être aussi.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui t'a amené justement à rentrer dans ton sujet avec ce beau parcours ? Vraiment spécifiquement et précisément de la prise de parole. Comment tu t'es dit, là je vais aider les personnes à s'exprimer, que ce soit sur scène, dans la vie. Qu'est-ce qui t'a amené là ?
- Speaker #1
C'est une rencontre, je pense avec Arnaud Collery notamment, qui a été mon premier client, entre guillemets. Donc c'est grâce à notre rencontre que je suis devenue entrepreneur. Bon, Arnaud, c'est un conférencier international, il a écrit plusieurs bouquins, il a fait trois TEDx. Et c'est comme si je savais intuitivement que cette rencontre était un peu prédestinée. J'ai senti que c'est une rencontre qui allait changer beaucoup de choses dans ma vie. Et j'ai choisi de saisir l'opportunité, parce que j'aurais pu dire, ça va me demander quand même beaucoup de challenge, de travail, etc. Donc c'est un peu flippant. Quand tu as des rencontres aussi comme ça, merveilleuses, ça peut être flippant, en fait, le côté succès, réussite, tu vois, quelque chose de très beau, peut être aussi très flippant. Donc bref, là, j'y vais et Arnaud, je vais l'accompagner au départ sur du conseil et puis il va me coacher. Et rapidement, il va me demander de le remplacer en conférence, etc. Et puis là, pour la première fois de ma vie, j'ai des bons retours. Donc j'ai des gens qui me disent, ça, mais ça fait dix ans que tu fais ça. Je me suis dit, écoute, c'est la première fois que je parle en public. Et je me souviens d'une fois, dans une salle où il y avait 300 personnes, Arnaud m'avait demandé de parler en public. Et une partie de moi a essayé de fuir ce moment. J'avais mon inconscient qui me disait, qu'est-ce que tu fais ? Reste chez toi, reste sur ton canapé, tu ne vas pas aller te mettre en scène devant 300 personnes. Donc j'avais comme un combat intérieur entre l'envie d'y aller et le flip. Et j'y suis allée et là, j'ai senti physiquement, c'était quand même intéressant, que toutes mes cellules étaient en éveil. Tu sais, j'étais comme un sapin de Noël sur scène. Je sentais au niveau cellulaire et vibratoire que j'étais à ma place. Donc à ce moment-là, je me suis dit « Waouh ! » Finalement, tout ce chemin pour prendre conscience que là, sur scène, devant 300 personnes, c'est là que je dois être. C'est assez impressionnant.
- Speaker #0
En fait, t'es rentrée dans ce qu'on appelle la zone, dans le flot. T'étais dans ton flot. justement le podcast est dans le flot t'es tellement dans ton flot et t'as eu cette opportunité où t'as découvert que waouh c'était à ce moment là que t'étais à ta place ouais ouais vraiment je pense que là j'ai ouvert une porte mais
- Speaker #1
c'est vrai qu'avec le recul j'ai eu plusieurs situations Dans le passé, on m'a dit « Sarah, tu t'exprimes bien » . En fait, je parlais très peu. Moi, j'ai été mutique au collège, c'est-à-dire que je ne parlais pas du tout. J'étais juste dans l'observation et l'écoute. Et puis ensuite, j'ai raté, comme je te disais, des oraux assez importants. J'étais vraiment bloquée. Mais à un point où je me souviens d'un oral où je n'ai pas pu placer trois mots. Je pleurais. Je me suis mise à pleurer. Donc le jury a dit « Bon, écoutez, on va arrêter, on ne peut pas continuer » . Donc j'étais à ce point-là. j'arrivais pas à parler quoi Et puis petit à petit, ça s'est réouvert progressivement. Et puis jusqu'à vraiment dépasser tous ces blocages-là, qui étaient, je pense, peut-être hérités ou liés à ce qu'on m'avait dit. En fait, l'école m'a atrophié le cerveau. Enfin, c'est un peu violent, mais c'est comme si tout mon potentiel s'était figé. Tu vois, tout mon cerveau s'était bloqué, en fait. À force qu'on me dise « non, ça va pas, ça va pas, ça va pas » . En fait, ce que tu dis à quelqu'un accentue la situation. Là où tu mets ton attention, le problème grossit.
- Speaker #0
Oui, ça crée un... En plus, même, il y a eu beaucoup d'études dessus, ça crée une identité. C'est que les gens vont s'identifier à tout ce qu'on leur dit, surtout dans l'enfance. Et ça va créer des croyances, des carcans et des pertes de confiance énormes.
- Speaker #1
Moi, ça m'a complètement bloqué le cerveau. J'ai commencé à écrire à 20 ans. J'écrivais des pattes de mouche avant, avec des fautes partout. C'était assez hallucinant.
- Speaker #0
Et justement aujourd'hui que tu as pu avoir ce déclic et en fait c'est voilà tu as toutes ces opportunités, ces passages, ces expériences qui ont pu aider à faire ces déblocages. Toi qui accompagne aujourd'hui des dirigeants, des professionnels et tout, c'est quoi les principaux blocages que tu vois ? Qu'est-ce que tu observes qui bloque le plus les personnes aujourd'hui parce que chacun a un parcours différent ? Mais est-ce qu'il y a des points communs qui bloquent dans la prise de parole, surtout en public ?
- Speaker #1
Déjà, pour donner un chiffre, c'est 75% de la population mondiale qui a peur de parler en public. C'est un gros sujet de société, ce qu'on appelle la glossophobie. C'est un mot assez horrible, mais il a le mérite d'exister. En tout cas, les peurs liées à la prise de parole en public. Il y a la peur du jugement d'autrui en premier, qui est apparemment supérieure à la peur de mourir.
- Speaker #0
Oui, j'avais vu une punchline un jour qui m'avait fait rire, où il disait qu'à un enterrement, il y a plus de personnes qui préféraient être dans le cercueil que de faire le discours.
- Speaker #1
Ouais. Moi, ça m'est arrivé d'avoir à fourrir à l'enterrement de mon grand-père, par exemple. C'est nerveux, mais...
- Speaker #0
Encore une fois, c'est vraiment une peur qui est forte.
- Speaker #1
Ouais. Donc, il y a cette peur-là. Il y a la peur aussi de paraître ridicule. Tu vois, de... Par être vraiment ridicule, d'être ridiculisé, de dire une connerie, entre guillemets. Donc ça, ça bloque beaucoup de gens, l'envie d'être un peu parfait. Beaucoup de gens ont peur de rater, d'échouer, de faire des erreurs à l'oral. Je pense que c'est certainement lié aussi un peu au conditionnement scolaire. Parce qu'à l'école, je trouve qu'on ne nous apprend pas trop à vraiment être qui on est et parler de qui on est ou de ce qu'on pense, vraiment. On nous apprend plutôt à réciter une leçon. Donc la leçon, elle doit être parfaitement apprise, avec le point, la virgule, le bon mot, etc. Donc après, pour sortir de ça, c'est des années de coaching parfois. En tout cas, beaucoup de travail sur soi pour réussir à faire exploser un peu tous les carcans qu'on nous a inculqués, que ce soit dans la famille, à l'école. Moi, je vois des gens quand même très formatés par le système.
- Speaker #0
Est-ce que tu vois des différences selon peut-être les profils ? Je ne sais pas, ça peut être les hommes, les femmes, les situations professionnelles, les domaines. Est-ce que tu vois des différences par rapport aux problèmes ou est-ce que c'est plutôt général ?
- Speaker #1
Oui, il y a une vraie différence entre les hommes et les femmes. Donc moi, je pense que j'accompagne une majorité de femmes de façon naturelle. Je ne cherche pas spécialement à accompagner les femmes, mais je pense qu'il y a un besoin visiblement. plus prégnant chez la population féminine, qui est liée à l'histoire. Le droit de vote des femmes, qui date des années 50, on me semble. Et puis, ça met en lumière le sujet autour de la place de la parole de la femme dans la société française. Comment les femmes sont écoutées dans l'espace public, notamment. il y a une vraie différence à ce niveau-là. J'observe des comportements chez les femmes qui n'existent pas chez les hommes. Par exemple, des femmes qui vont s'excuser d'être là. Ça, je le vois vraiment beaucoup plus chez les femmes. Excusez-moi à chaque fois qu'elles font une petite erreur. Pardon. Donc ça, c'est à éviter de s'excuser en public. Et il y a aussi les mains dans le dos, par exemple, que je vois chez les femmes. Donc, les positions de retrait physique, ça, c'est assez typique chez les femmes. C'est ce que je vois. Ou alors, elles parlent aussi de leur projet en utilisant des mots comme « petit » , « j'ai un petit projet » , « petite question » . Donc, parfois, elles minimisent un petit peu leurs actions.
- Speaker #0
Oui. Et ce que tu dis, en plus, je peux le confirmer parce que je l'ai vu en direct lors des ateliers que tu avais fait au théâtre, en plus, magnifique théâtre à Bordeaux, à Victoire. Le monde symbolique. J'étais le seul homme, je crois, en plus, de cet atelier. Et du coup, c'est vrai que tu avais beaucoup fait cette remarque et c'était beaucoup revenu. Et moi, je n'avais pas eu ce recul-là, mais ayant aussi, même moi, dans mon audience, j'ai plus une clientèle finalement féminine. 70% sont des femmes. Et c'est vrai que ce syndrome de l'imposteur, cette difficulté même dans l'entrepreneuriat à oser prendre sa place sans s'excuser, prendre la parole, assumer aussi ses idées et tout, il y a ce vrai conditionnement social et ce que tu dis, c'est vrai que je le vois beaucoup. Et toi, qu'est-ce qui pourrait aider justement ces personnes, que ce soit les femmes qui ont déjà ça, mais en plus de façon globale, ceux qui n'osent pas prendre leur place, qu'est-ce qui peut aider déjà, dans un premier temps, dans un travail de fond, à déjà oser s'exprimer, oser ? prendre la parole ?
- Speaker #1
Je pense que ça peut venir des rencontres, encore une fois. C'est difficile d'oser quand on est tout seul chez soi, dans un environnement qui est peu porteur. C'est quand même sortir de chez soi et essayer d'aller rencontrer, dans des lieux stratégiques ou dans des événements, pour sortir déjà de sa condition, de son cocon. Et puis après, ça dépend toujours aussi des ambitions dans la vie.
- Speaker #0
Mais sinon, pour oser, c'est vraiment prendre un risque.
- Speaker #1
Prendre le risque d'échouer, prendre le risque de déplaire, prendre le risque de paraître ridicule, prendre le risque d'être jugée. Moi, je vois que je suis jugée parfois dans des conférences ou dans des lieux où il y a un public. Je peux observer sur le visage de certaines personnes des froncements de sourcils ou des... Un jugement quoi, mais du coup maintenant je souris et je me dis tiens c'est... Voilà, je laisse passer quoi, ça fait partie vraiment de l'exercice. Il y a une règle que j'aime bien partager, c'est la règle des 90-10, c'est-à-dire quand on donne une conférence, 90% des personnes vont apprécier, aimer, etc. 10% vont juger, détester, critiquer, etc. Donc ça c'est un peu une règle à connaître. Dans la vie en général, quoi qu'on fasse, il y aura toujours ces 10% qui vont râler, faire la grimace.
- Speaker #0
Et c'est souvent les plus bruyants. C'est souvent ceux qui vont s'exprimer le plus, parce qu'on s'exprime souvent plus quand on n'est pas content. Alors en conférence, c'est différent parce qu'on n'a pas l'interaction, mais je vais m'attendre sur les réseaux sociaux, il y a cette règle où il peut y avoir 90% de l'audience qui apprécient le contenu et puis 10% qui vont ne pas aimer, mais qui vont le dire, alors qu'à ma joute est silencieuse, qui ne dit pas. Et ce que tu dis, c'est précieux et de garder aussi ce... Parfois aussi le high contact ou le contact avec peut-être les personnes qui apprécient ou on le sent dans l'audience.
- Speaker #1
D'accueillir ceux qui n'apprécient pas.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Parce qu'en fait, à partir du moment où la personne est écoutée dans sa critique, moi des fois, juste j'écoute, je dis merci d'avoir partagé et puis elle en parle avec le sourire.
- Speaker #0
Oui, c'est ça, c'est accueillir et puis prendre ce qu'il y a à prendre, filtrer et ne jamais le prendre personnellement. Ça peut être aussi quelque chose que tu lui renvoies. quelque chose d'incompatibilité et d'ailleurs aussi un truc dessus c'est que parfois on a tendance aussi nous-mêmes à juger c'est-à-dire qu'il y a des vrais jugements de la part de l'audience mais ça peut arriver aussi que parfois on interprète que quelqu'un fasse une grimace ou quelque chose mais en fait c'est pas parce qu'il est pas content, c'est parce que ça le fait réfléchir je sais qu'une fois dans mes conférences il y avait quelqu'un qui vraiment il tirait la tranche même ça m'a un peu déstabilisé je me suis dit mais il a l'air de me détester j'ai senti ça Et en fait, à la fin, il m'a dit « Johan, j'adore ce que tu fais, je te suis depuis 10 ans, j'étais ultra concentré, tu m'as fait réfléchir. » Et en fait, il y a des fois aussi, nous-mêmes, on est vieux, certes, mais en plus, on chuche. Et d'ailleurs, tu as dit un mot qui est important, c'est la peur de faire des erreurs. Qu'est-ce que tu dirais aux gens qui ont peur de se tromper, de buguer, parce qu'on va être jugé quoi qu'il arrive, mais comment surmonter cette peur de se tromper, de faire des erreurs, d'échouer, surtout sur scène, en public ?
- Speaker #1
Je dirais que l'échec n'existe pas d'une certaine façon, parce que pour moi l'échec est une expérience initiatique de progrès. Donc c'est une expérience qui permet d'apprendre. Tout à l'heure, tu utilisais le mot apprentissage. J'aime bien le découper, ce mot apprentissage, tu sais.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Donc en fait, l'échec nous permet d'apprendre, peut-être à devenir un peu plus sage.
- Speaker #0
De très, très beaux jeux de mots, j'adore. Et c'est vrai en plus que finalement, c'est aussi ce qui nous rend humains. C'est que sur scène, un petit bug, une erreur, se tromper, avoir un blanc. C'est jamais dramatique si on le prend bien parce que la majorité des gens qui nous regardent, encore une fois tu parlais du jugement, on surestime aussi le jugement que les gens ils ont. Et parfois nous on va se dire j'ai fait cette erreur, elle est énorme de notre perspective, mais pour le public ça se trouve ils ont oublié et puis il faut que tu te dis il y a peut-être les 10% qui vont rester dessus. Et ça a peut-être arrivé, t'as des anecdotes où ça t'es arrivé de te planter sur scène, de faire une bourre, d'une erreur, avoir un blanc, je sais pas si ça t'es déjà arrivé.
- Speaker #1
Non, je ne crois pas avoir eu de blanc, etc. Par contre, j'ai vécu ou une expérience avec un groupe de jeunes que j'ai accompagnés où ça ne s'est pas forcément très bien passé. Justement, je sentais que parfois, ils se moquaient un peu de moi. Donc, j'avais un peu ce côté où ils se foutaient un peu de ma gueule.
- Speaker #0
Mais le public des jeunes, c'est le plus dur, je trouve.
- Speaker #1
Ouais, du coup, je me suis dit, bon, je ne vais pas accompagner les jeunes forcément aujourd'hui. Je préfère accompagner des adultes déjà un peu plus confirmés. matures, qui ont vraiment envie de travailler sur cette compétence. Et là, ça m'avait fait quand même travailler. Quand tu as un groupe qui rigole, etc., c'est d'accepter de paraître ridicule, entre guillemets. Là, j'ai bien bossé là-dessus, à ce moment-là. C'est un peu comme les humoristes. Des fois, tu veux vivre une expérience d'humoriste, tu lances une vanne, c'est pas drôle. Finalement, on s'en fout. Tout passe. Je crois qu'il faut accepter que la situation n'est pas très confortable dans l'instant. Et puis, voilà, ça permet de progresser.
- Speaker #0
Oui. Et puis, c'est des fois aussi, comme tu disais, il y a les petits bugs où ça se passe bien parce qu'on a le public avec nous. Et il y a les bugs où, en fait, ça peut arriver qu'on ne soit pas devant le bon public.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Il y a des humoristes. Il y a assez bon Naïmine, opération Lame d'ailleurs, qui avait raconté qu'il avait fait l'intro d'un concert en tant qu'humoriste et qu'en fait, le public était là pour le concert, pas pour voir un humoriste. Et du coup, il a flop. excellent, ses pires souvenirs de scène. Et donc du coup, bah oui, c'est vrai que parfois c'est juste aussi qu'on n'est pas au bon endroit avec le bon public. Ouais,
- Speaker #1
exactement. Je pense que là, c'était vraiment ça. En temps, on peut vivre dans la même journée une situation comme ça avec un groupe de jeunes où ça se passe pas très bien. Et puis l'après-midi, être avec un groupe de gros dirigeants et puis là, les gens sont passionnés en fonction du lieu et du public. Effectivement, ça peut être le jour et la nuit.
- Speaker #0
Oui, et c'est d'ailleurs... pour le partager par rapport à ce que tu dis, à quel point c'est fort c'est que c'est déjà arrivé que je me sente mal dans un événement parce que c'était pas le mien on m'a invité, c'était pas mon public et du coup même si ça passait, c'était pas la même énergie je sentais que après il y a un goût amer mais finalement on s'en remet et puis c'est pas grave et puis on apprend aussi à filtrer avec qui on s'adresse et pour finir j'aimerais que tu si aujourd'hui tu te trouvais face à cette Sarah la petite Sarah qui avait entendu dix mille fois que L'aller pas réussir dans la vie, que ces notes étaient mauvaises et tout. Si tu te voyais enfant, qu'est-ce que tu te dirais aujourd'hui ?
- Speaker #1
Je me dirais que j'ai un beau trésor à l'intérieur de moi et que je m'encouragerais à m'exprimer le plus possible, je pense. Justement à libérer cette parole, à prendre ma place aussi avec les mots. C'est ce qui nous permet d'exister. La parole est, je pense, peut-être l'un des plus grands pouvoirs qu'on a en tant qu'être humain, je dirais, parce que la parole peut blesser, presque tuer. Quand tu te rends compte qu'un mot, par exemple, en politique peut déclencher une guerre, le pouvoir, quoi. Et puis, la parole peut aussi guérir, soigner, faire tellement de bien. Donc je lui dirais qu'elle est un trésor et qu'elle a plein de choses très intéressantes à partager au monde.
- Speaker #0
Et en termes d'actu, est-ce que tu as une grosse pépite que tu as apprise récemment ? Vraiment une leçon, ça peut venir d'une rencontre ou toi, un truc très récent, en plus de ton expérience qui est vraiment cette année, tu as appris quelque chose de fort que tu as envie de partager ?
- Speaker #1
Oui, là j'ai envie de parler du silence, qui est un vrai chapitre de la prise de parole en public. Donc je pense que vous connaissez l'expression qui dit vieux. Le silence est d'or, la parole est d'argent. Donc ça illustre un peu ce que je dis. L'importance d'utiliser le silence à bon escient.
- Speaker #0
Le silence est très éloquent. Et donc d'intégrer des silences dans les moments d'expression. Le silence permet de créer. Je pense aussi aux écrivains qui disent souvent que le silence est plein. C'est-à-dire que le livre est créé dans le silence. L'œuvre d'un peintre est créée dans le silence. Il y en a d'autres qui diront que le silence, c'est la parole de Dieu pour les croyants. Le silence permet aussi de mieux s'écouter soi. C'est un sujet qui me passionne assez. D'ailleurs, j'ai interviewé Pascal Bataille récemment sur RCF dans l'émission Chemin des possibles que j'anime. Et il vient d'écrire un livre qui s'appelle Petit traité de silence. Donc, c'est un homme de parole qui vient nous parler du silence. J'ai trouvé le paradoxe assez intéressant.
- Speaker #1
Oui, c'est génial. Il a quand même parlé dans l'épisode.
- Speaker #0
Écoute, on n'a fait que du non-verbal, c'est-à-dire langue des signes.
- Speaker #1
Et voilà, un petit mot de la fin sur ton actualité. Est-ce qu'il y a des... Voilà, où te suivre ? Qu'est-ce que tu fais si on veut te retrouver ? Pour ceux qui ont apprécié ton approche, ton parcours et qui voudraient peut-être travailler avec toi.
- Speaker #0
Oui, vous pouvez me retrouver sur les réseaux sociaux. Donc, Sarah Lequette sur Facebook, Instagram, LinkedIn. Sinon, je propose des ateliers collectifs une fois par mois à Bordeaux. Donc, j'étais contente de proposer les ateliers à l'Utopia. Donc il y a un cinéma, dans une salle de cinéma, donc je vais proposer ça en septembre et octobre. Là, les prochains novembre et décembre vont être certainement dans un théâtre, donc je suis en train de programmer ça. Je vais partager les infos sur mes réseaux, et puis sinon après je propose du coaching individuel sur maîtriser l'art de parler en public.
- Speaker #1
Bah écoute Sarah, merci beaucoup. pour ton parcours très inspirant qui j'espère aidera beaucoup à prendre confiance, prendre la parole. Et puis, je te souhaite une magnifique continuation. Je mettrai tous les liens dont tu as parlé dans les notes du podcast. Et c'était un dernier mot à partager.
- Speaker #0
Oui, confiance.
- Speaker #1
Ayez confiance en vous. Merci Sarah, à très bientôt.
- Speaker #0
Merci Johan.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté l'épisode. Si vous voulez retrouver Sarah, je vous mets les liens dans les notes descriptives du podcast. Et j'espère que cette conversation vous a donné envie de voir l'échec autrement et surtout de prendre votre place. Dosez ce fameux premier pas vers la prise de parole. Et n'oubliez pas, nous sommes humains, même si vous avez ces peurs, vous avez ce trac. L'objectif, c'est de pouvoir justement prendre votre place, incarner votre plein potentiel de communication. communication Et ça ne demande pas de changer qui vous êtes, juste de le faire avec votre énergie. Donc, vous pouvez retrouver Sarah sur ses différents réseaux, LinkedIn, Instagram, etc. Je vous mets les liens. Elle fait aussi des ateliers de prise de parole. Donc, si ça vous intéresse d'en savoir plus sur elle, de la contacter, je vous mets tout dans les notes du podcast. De mon côté, si vous avez aimé l'épisode, n'oubliez pas de vous abonner si ce n'est pas encore fait. Mais surtout, de me laisser une petite note, un avis sur les plateformes d'écoute, de partager à des personnes que ça pourrait aider si vous en connaissez. C'est très précieux. Et puis n'oubliez pas que là, c'était justement mon dernier invité de 2025. En décembre, on fera une petite pause pour reprendre après en 2026. Donc vous aurez d'autres podcasts, ce sera juste moi seul. Mais en tout cas, moi, je suis content de cette saison. On a eu des super invités. On fera des petits points en décembre. Et puis forcément, plus vous vous encouragez, plus vous partagez, plus ça me pousse à aller chercher ces beaux parcours qui peuvent vous inspirer. Donc moi je vous dis et je vous souhaite un magnifique mois de fin novembre et décembre, selon le moment où vous écoutez. En tout cas, ça a été publié fin novembre. Et puis, on se retrouve très vite pour des nouveaux épisodes du podcast. À très bientôt.