Speaker #0La crucifixion, la mort par crucifixion, c'est la pire de toute l'Antiquité. Jésus n'est pas mort, parce qu'il fallait sauver la nature divine de Jésus. Jésus, s'il est divin, il ne peut pas mourir. Donc, quelqu'un d'autre a dû mourir à sa place. Et si Jésus n'était pas mort sur la croix ? On en parle juste après le générique. Bonjour à toi, je m'appelle Carolina Costa, je suis auteure théologienne, pasteur de l'église protestante de Genève. Et aujourd'hui j'ai envie de te parler de la crucifixion parce qu'elle est nécessaire, elle est dans la foi chrétienne, elle est au père de la foi chrétienne. Et pourtant, dès le début, cette croix, elle a posé problème. à tout le monde. Si tu as envie d'approfondir cette voie chrétienne de l'amour, si tu es curieux, tu te dis, mais là, il y a vraiment quelque chose pour moi, eh bien, je t'ai préparé tout un tas de liens juste en dessous de la vidéo. Tu vas trouver de quoi rejoindre un cercle privé, des ressources vidéo en tord, des PDF. Vraiment, n'hésite pas à aller regarder. Tu vas trouver tout ce qu'il te faut pour t'ouvrir et cheminer à mes côtés. D'abord, ça a posé un problème aux disciples. On le voit dans les évangiles, lorsque Jésus est condamné à mort, lorsqu'il meurt sur cette croix, il y a un profond désarroi de la part des disciples. On perçoit aussi leur peur à travers, par exemple, le reniement de pierre, qui tout d'un coup se déleste de ça en disant non, non, moi je n'ai rien à voir avec ça On le voit après la mort de Jésus, par exemple dans l'épisode des disciples sur le chemin d'Emmaüs, où il est dit qu'ils ont un air sombre, ils sont dans un découragement. un profond désarroi, enfin ils s'en vont, c'est fini, il n'y a plus rien à voir, plus rien à faire, ils sont complètement perdus après cette histoire. On peut le voir aussi, le percevoir dans l'évangile de Jean, avec les larmes de Myriam qui pleure de tout son sou, de cette mort atroce, vraiment. La crucifixion de Jésus pour les disciples au départ, c'est quelque chose dont on voit dans les évangiles, que ça a été quelque chose d'absolument horrible. Et pour cause, la crucifixion, la mort par crucifixion, c'est la pire de toute l'Antiquité. C'est une humiliation suprême. L'agonie est absolument terrifiante, le supplice dure sur plusieurs jours, et généralement ceux qui sont voués à cette mort sont des grands criminels, ou ce sont des esclaves, ou ce sont des rebelles politiques pour bien marquer le truc, et faire peur à tout le monde que surtout personne n'ose et n'imagine se rebeller contre l'Empire romain. Parce qu'évidemment c'est une punition d'abord romaine. On voit bien que pour les disciples, ça a été un traumatisme qui n'a pas été masqué ou caché, c'est tout le contraire, c'est au cœur de la foi chrétienne. Et en même temps, en mettant ça au cœur de la foi chrétienne, on met au cœur de la foi chrétienne une question fondamentale que tout être humain finit toujours par se poser un jour, c'est mais où était Dieu ? Où est Dieu dans les violences ? Où est Dieu dans l'inceste ? Où est Dieu dans la torture ? Où est Dieu dans la guerre ? Où est Dieu dans la famine ? Où est Dieu ? Bref, où est Dieu dans la souffrance et le mal absolu qu'on peut voir sur la terre ? Et ce n'est pas pour rien que dans l'évangile de Marc et dans l'évangile de Matthieu, lorsque Jésus est sur la croix, il dit lui-même cette phrase Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi Matthieu abandonné ? Et lui-même, Jésus reprend ce mot. Alors on ne sait pas si Jésus l'a prononcé, peut-être que Jésus l'a prononcé lui-même sur la croix. Et en même temps, ce mot renvoie donc au psaume 22. Il faut absolument que tu ailles lire, d'ailleurs tu peux retrouver la vidéo juste ici du psaume 22 sur une méditation. Parce que ce psaume, précisément, est le psaume de la profonde détresse humaine face à l'absurdité du mal, de la mort et des méchants. Ce qui est intéressant, c'est de se demander aussi qui a assisté à cette crucifixion. Il y avait bien sûr des soldats, puisque ce sont les soldats romains qui ont emmené Jésus au Golgotha, le lieu de l'île de Crane, comme dit l'évangile, et ils ont crucifié Jésus au milieu de deux brigands. Donc il y a des soldats, des centurions romains. Il y a les deux bandits crucifiés de part et d'autre, qui eux sont des vrais criminels, des vrais bandits. Pour le dire comme ça, eux ils ont mérité la peine, au sens où c'est ce qu'on inflige à ces gens-là qui ont été reconnus comme coupables. Il y a aussi des passants, dit l'évangile, ce sont ceux qui passent devant, qui se moquent, qui insultent. C'est ceux qui vont mettre dans la bouche une autre phrase, on s'interroge où est Dieu là-dedans, et c'est une autre manière de le dire quand ils disent alors il en a sauvé d'autres, il ne peut pas se sauver lui-même et puis donc toute cette tirade en fait de se dire mais en fait si vraiment Dieu est derrière cette histoire, si vraiment Jésus est fils de Dieu, Dieu va bien venir le sauver, il ne va quand même pas laisser vivre cette torture. Donc les passants sont là. Et puis, il y a ensuite, et ça c'est dans tous les récits, les femmes. Et parmi ces femmes, on dit qu'il y a Myriam de Magdala, toujours cette disciple, l'apôtre des apôtres. Il y a Marie, la mère de Jacques. Alors, est-ce que c'est la même Marie qui est la maman de Jésus qui, elle, apparaît dans l'évangile de Jean ? Puisque Jacques, on croit aussi qu'évidemment, c'est le frère de Jésus. Peu importe, il y a en tout cas une femme qui est nommée, c'est aussi Salomé. Et puis, les évangiles disent qu'il y a d'autres femmes qu'on ne nomme pas. Et puis on nomme aussi la famille, donc je parlais de la maman de Jésus, quand on dit la famille, ça a pu être aussi peut-être les frères, et puis il y a dans l'évangile de Jean, Jean lui-même, donc le disciple bien-aimé dont on dit que c'était celui qui était le disciple bien-aimé de Jésus. Donc c'est intéressant de voir que les témoins de cette crucifixion, c'est en gros tout le monde, si je puis dire, sauf... les mecs, pardon de le dire comme ça, mais tous les hommes disciples sont absents de cette histoire. À part peut-être effectivement Jean, le disciple bien-aimé. Mais on voit que là, il y a vraiment des gens de tous bords, sauf les disciples, ce qui est quand même très intriguant. Ça veut dire, et je trouve que c'est très important, que ce récit de la crucifixion a aussi été rapporté par les femmes. Tout comme celui du relèvement et donc de la résurrection. Ça passe par des femmes. Cette crucifixion... Dans la foi chrétienne, dans le monde normal dans lequel on vit, on pourrait tous se dire, on aurait dû tous se dire, en fait, l'histoire aurait dû s'arrêter là. Voilà, il y a d'autres prophètes qui sont morts. L'Ancien Testament, le Premier Testament raconte aussi la mort de certains prophètes qui ont été morts et condamnés à mort de manière injuste. Mais voilà, il s'est passé quelque chose. Ce n'est pas une crucifixion comme les autres. Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est qu'après, il y a eu la résurrection. Mais la résurrection vient éclairer d'une autre manière la crucifixion qui reste, elle, au cœur quand même de la foi chrétienne. Pourquoi ? Parce que cette crucifixion, je disais, elle a posé problème aux premiers disciples, mais elle a aussi posé problème à tous ceux qui vont venir par la suite. Parce que ceux qui vont s'intéresser à l'histoire de Jésus, qui vont entendre l'histoire racontée par les disciples par la suite, par les femmes, puis par les hommes, et bien cette croix, comme disait Paul, le résume très bien, c'était à la fois un scandale pour les Juifs, c'est-à-dire... Ce n'est pas possible pour un juif de se dire que derrière l'histoire de ce Jésus qui a été crucifié sur une croix, Dieu puisse se cacher. Parce que la crucifixion sur une croix, pour un juif, c'est une abomination totale. C'est-à-dire que c'est la chose la plus impure qui soit, c'est la chose la plus atroce qui soit. C'est le moins que rien qui est banni sur cette crucifixion. Donc, ce n'est pas possible que Dieu puisse se manifester là, et encore moins le Messie de Dieu, c'est-à-dire le Libérateur. Et puis c'est une absurdité pour la pensée grecque. Personne dans le monde grec, on a vraiment la vision que les dieux sont forts, ils sont pleins de puissance, donc ils sont dans cette toute puissance, donc c'est impossible là aussi pour eux qu'un dieu ait pu se manifester dans une telle impuissance qu'une mort sur une croix. En résumé, comment est-ce que Dieu pourrait sauver le monde sur une croix ? Et tu vois que quand je te la pose comme ça la question, elle rejoint en fait beaucoup d'entre nous aussi aujourd'hui. Beaucoup de gens ne sont pas croyants à cause de ce récit, en disant de toute façon, que veux-tu qu'il y ait sorti de quelque chose de cet ordre-là ? Et c'est bien évidemment là que tout est intéressant et que la foi commence, et que pour moi la foi chrétienne est tellement justement crédible, c'est aussi grâce à la crucifixion. Ce qui est intéressant, c'est qu'au fil des siècles, cette question a vraiment été débattue, parce qu'au cours de l'histoire, certains ont commencé à prétendre que Jésus peut-être n'était pas mort. Oui, au fond, peut-être que dans les récits, on peut voir que les trois évangélistes noctiques, c'est-à-dire Matthieu, Marc et Luc, on voit qu'on parle d'un personnage qui s'appelle Simon de Cyrene et c'est à lui qu'on demande d'aider de porter la croix de Jésus. Alors que chez Jean, c'est le seul qui raconte que Jésus porte sa croix tout seul. Et donc certains... qu'on appelle les docétistes, qui est un courant qui a été ensuite déclaré comme hérétique dans l'histoire de l'Église, mais enfin, toutefois, il était quand même très important. Eh bien, ils ont dit, au fond, Jésus n'est pas mort. Il n'est pas vraiment mort. En fait, c'est Simon de Cyrene qu'on a crucifié à sa place. Parce qu'il fallait sauver la nature divine de Jésus. Jésus, s'il est divin, il ne peut pas mourir. Donc, quelqu'un d'autre a dû mourir à sa place. Et ce qui est fascinant, c'est que dans l'islam, Et bien on a aussi eu en fait ce courant-là de dire, vous savez Jésus dans l'islam est un prophète extrêmement important, voire presque le plus important même que Mohamed puisqu'on pense que c'est Jésus qui reviendra à la fin des temps, précisément comme messie, c'est-à-dire les musulmans reconnaissent Jésus comme messie au sens chrétien du terme et ils disent que Jésus reviendra à la fin des temps pour juger les vivants et les morts. Et précisément il y a toute une... Tradition qui veut que Jésus n'ait pas mort sur la croix. Et là, il y a tout un tas d'interprétations. Je vous recommande d'aller voir un documentaire sur Arte sur ce sujet. Il y a tout un tas d'interprétations possibles où on pense qu'au fond, on a donné l'illusion que Jésus était mort, ou peut-être que c'est quelqu'un d'autre qui serait mort à sa place. En tout cas, il y a quelque chose de très intéressant, parce que là aussi, il y a une résistance à imaginer. que Jésus ait pu mourir. Or, la foi chrétienne, précisément, ne nie absolument pas la mort. Elle dit que Jésus est bel et bien mort et c'est très important dans la foi chrétienne que Jésus soit passé par la mort. Donc c'est intéressant de voir que, même dans l'histoire, certains ont essayé de dire Non, parce que pour que justement Jésus soit Dieu, il ne peut pas mourir. Or, c'est tout le contraire. C'est très important qu'il soit mort. Maintenant, je t'explique pourquoi. Parce que toute la trajectoire de Jésus, tout l'évangile, montre justement Que Jésus renverse l'image qu'on se fait de Dieu. Jésus n'arrête pas de dire que Dieu n'est pas si éloigné, que Dieu n'est pas celui qui est inaccessible et qui ne s'intéresse pas au monde. En fait, c'est tout le contraire Jésus. Dieu s'intéresse tellement au monde, il aime tellement le monde qu'il est prêt à renoncer. Écoutez bien ça, Dieu est prêt à renoncer à sa toute puissance, cette puissance qui a permis la création du monde et de l'univers. Dieu a été prêt à renoncer à ça. pour pouvoir venir nous voir. Et ce qu'on dit dans le prénom de Jésus, vous vous souvenez au début de l'évangile, on dit Il est l'Emmanuel c'est-à-dire Il est Dieu avec nous Vous savez, pour comprendre ça, Jésus parle souvent du fait que Dieu est comme un papa ou une maman. Et nous les parents, quand on est parent, moi je suis maman, eh bien on aime tellement nos enfants que parfois, vous savez, quand on joue avec eux, on va nous abaisser, c'est-à-dire on va réduire notre puissance par rapport à notre enfant, par exemple pour le laisser gagner. Ou par exemple peut-être pour l'accompagner. Ou on va baisser notre vocabulaire pour se mettre à sa hauteur. Vous voyez un petit peu où je veux en venir ? Eh bien, c'est la même chose pour Dieu. Un chrétien croit, à un moment donné, il va faire le saut. On n'est pas obligé, mais c'est très fort de faire ce saut, d'imaginer que Dieu, en fait, le perd. s'est abaissé, a renoncé à tout, à sa toute puissance, au contrôle, à pouvoir gérer et tout régler dans le monde. Pourquoi ? Parce que l'amour va avec la liberté. Et Dieu a un tel amour pour nous. Et cet amour passe par la liberté. Je veux que mon enfant m'aime. Donc je ne peux pas lui imposer mon amour. Je ne peux pas lui imposer ma présence. Je viens. Et je m'en remets dans ses mains, littéralement. Puisque la venue de Dieu sur la terre, lorsqu'on croit que Jésus est la venue de Dieu sur la terre, et bien Jésus se donne dans nos mains, puisque c'est un bébé dont nous avons pris soin lorsque Jésus est né. Et puis cet enfant a grandi, il est devenu un homme, et il a marché avec nous. Et l'amour de Dieu est si grand. qu'il a voulu nous montrer par le chemin de Jésus que rien, rien sur la terre ne pourrait jamais anéantir cet amour pour nous. C'est-à-dire que quand bien même l'humain peut être le plus horrible, le plus infâme, peut être aussi violent, terrifiant au point de trahir, d'abandonner, de rejeter, de calomnier, de torturer, de violenter et de mettre à mort. Quand bien même l'humain ferait ça à son propre fils, Dieu ne désespère jamais de l'humain et il vient toujours le rechercher au-delà de tout ça. Ce qui veut dire que la crucifixion, c'est l'endroit suprême où on peut voir l'immense amour de Dieu. Et le croyant, la croyante... Lorsqu'il peut méditer face à une croix, face au Christ en croix, c'est cela qu'il est invité à regarder. Il est invité à voir là le don suprême de l'amour de Dieu. C'est-à-dire, comme le dit si bien Paul dans l'Épitre aux Romains, au chapitre 8, verset 38, J'ai la certitude que rien ne peut nous séparer de l'amour de Dieu. Ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni d'autres autorités ou puissances célestes, ni le présent, ni l'avenir, ni les forces d'en bas, ni d'en haut, ni aucune autre chose créée, rien, ne pourra jamais nous séparer de l'amour que Dieu nous a manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen. Alors, comme le disait Jésus lui-même lorsqu'il accompagnait ses disciples, il faut que je meure, parce qu'il faut. que je passe par ces épreuves pour que vous sachiez à quel point Dieu vous aime. Chères auditrices, chers auditeurs, chères sœurs et frères, si vous voulez retrouver tous mes épisodes passés et ceux à venir, pensez à vous abonner sur votre plateforme d'écoute, par exemple Spotify, Apple Podcasts ou Deezer. Merci à toute l'équipe bénie des Ataprods qui a fabriqué cet épisode. Si tu as aimé, n'hésite pas à me mettre 5 étoiles. Et pour plus d'informations, on se retrouve sur carolina-posta.com. Soyez bénis les amis !
