Speaker #0Ève était-elle vraiment cette séductrice, cette pécheresse qui a insufflé le péché originel à cause du serpent dans le monde ? Mais non ! On regarde ça juste après le générique. Je m'appelle Caroline Acosta, je suis auteure, théologienne, pasteure de l'Église protestante réformée et aujourd'hui je m'intéresse à la figure de Ève. Si tu as envie d'approfondir cette voie chrétienne de l'amour, si tu es curieux, tu te dis mais là il y a vraiment quelque chose pour moi, eh bien je t'ai préparé tout un tas de liens juste en dessous de la vidéo. Tu vas trouver de quoi rejoindre un cercle privé, des ressources vidéo encore, des PDF. Vraiment, n'hésite pas à aller regarder, tu vas trouver tout ce qu'il te faut pour t'ouvrir et cheminer à mes côtés. Ève, évidemment, quand on a dans l'inconscient des images, on voit tout de suite une femme pulpeuse, elle est souvent comme ça dans les publicités, elle va croquer sa pomme, elle est souvent un peu dénudée. Elle a cet aspect un peu séductrice, comme si justement elle allait tenter les hommes et ensuite leur faire faire n'importe quoi. Eh bien, je pense que les écrits bibliques méritent d'être revus, revisités, re-regardés dans le texte hébreu et peut-être redécouverts. C'est ce que je nous souhaite dans cette vidéo. Tout d'abord, regardons ensemble. Le prénom de Ève, c'est Ava en hébreu, qui signifie tout simplement la vivante, la personne qui peut donner la vie. Ce terme apparaît dans la Genèse au chapitre 3, le verset 20, et je vais vous le lire ici. « L'Adam » c'est-à-dire le « glébeux » aussi dans d'autres traductions. « L'Adam crie ou donne le nom de sa femme, Ava, la vivante. Oui, car elle est la mère de tout le vivant. » Ça, c'est la citation biblique. Donc c'est intéressant de voir que cette figure de Ève, tout d'abord, elle est proclamée en fait. La vie, la vivante, celle qui donne la vie. Évidemment, quelque chose de sublime et de beau, sans quoi aucun de nous ne serait là. Je me souviens d'une petite anecdote de ma petite fille de 5 ans qui me demandait « Mais c'est qui la première personne qui était sur la Terre ? » Et puis souvent, je lui raconte cette histoire de Ève, puisque c'est un récit aussi mythologique, c'est-à-dire qu'il raconte quelque chose de ce mystère profond. Simplement, c'est le peuple hébreu, le peuple hébraïque. qui a raconté cette histoire pour essayer précisément de parler de ce grand mystère. Mais il n'y a pas eu un Ève et un Adam tel quel. Évidemment, ce sont des images symboliques pour essayer de nous parler de ce mystère profond. Mais cela n'a pas d'importance de savoir si Ève et Adam ont vraiment vécu, puisque de toute façon, il y a bien eu forcément des premiers êtres vivants. Et c'est intéressant de voir sur le plan spirituel, sur le plan de l'interprétation, ce que ces textes ont aussi à nous dire de notre relation à Dieu et de la relation... que Dieu a avec nous. D'abord, évidemment, s'il y a une Ève, une porteuse de vie, qu'elle est la maman du vivant, on sait aussi que pour planter un arbre, bien sûr, il faut une terre fertile qui accueille une semence. Et la semence, c'est précisément la première chose aussi qui est donnée avant que le fruit, évidemment, puisse arriver, mais c'est grâce au fruit qu'il y a une semence. Et évidemment, vous voyez que c'est là aussi un tournus continu que de le frotter. la mère du vivant, il y a déjà quelque chose là qui est signifié. D'ailleurs, quand Ève aura son premier enfant, elle va l'appeler Caïn, dont elle dit dans le chapitre 4 de la Genèse au verset 1 « J'ai procréé un homme avec l'éternel Dieu » . C'est aussi là, je trouve, une très belle manière de dire pour qu'une personne vienne au monde, il faut une création, il faut une semence, il faut une maman et puis il faut Dieu et Rien que pour ça, on peut, je trouve, là aussi revisiter cette figure de Ève, dans ce sens vraiment de la maternité, de la co-création avec Dieu. Maintenant, voyons aussi l'origine d'Ève avant qu'elle reçoive son nom comme enfant de Dieu. Vous le savez, dans les récits de la création du texte de la Genèse, il y a en fait deux récits de la création qui ont été entremêlés dans l'histoire. Nous avons le récit de Genèse 1, que tout le monde connaît, qui est la création du ciel et de la terre, avec la création... des os, la création des animaux, les astres, etc. Et puis on a un deuxième récit de la Genèse qui est beaucoup plus bref et qui ensuite va amener vers toute cette histoire que nous connaissons du fruit, de la sortie du jardin d'Éden, qui bien sûr est très connue. Il faut savoir sur le plan historique que le premier récit, celui de l'hymne de la Création, on va dire, est plus récent que le deuxième, qui est donc plus ancien. Au IVe siècle, il y a eu un rassemblement de ces deux récits complémentaires et donc nous pensons que c'est aussi parce qu'il y a eu une réflexion dans cette époque de l'Antiquité, de réflexion autour justement des difficultés peut-être entre masculins et féminins, entre les hommes et les femmes. Voyons un petit peu ce qui se passe dans le premier chapitre de la Genèse, donc c'est le chapitre... Titre 1 jusqu'à Genèse 2, 4, qui est donc un hymne, ou on peut l'appeler aussi un poème cosmique, mythologique, biblique, sur le commencement du monde et de la place de l'humain dans la création. Ce texte a été écrit par des prêtres qui étaient en exil durant l'Antiquité, qui étaient à Babylone. Et ce récit ordonné, harmonieux, est interrompu. Vous savez, Dieu ordonne, etc. Puis il est dit que... Le sixième jour, Dieu se retire pour se reposer, ce qui va créer ce jour du Shabbat, le jour du repos. Et ce sixième jour, je vous invite à écouter ce que dit le texte exactement. Il dit, au verset 27, « Elohim, Dieu, créa l'humain à son image, ou à sa réplique, à l'image d'Elohim, il le créa, mâle et femelle, il les créa. Elohim les bénit, Elohim leur dit, fructifiez, multipliez, remplissez la terre et dominez-la. » Je ne vais pas rester sur le dominé là, qui serait un autre sujet, notamment sur l'écologie, mais je vais rester vraiment sur cette figure du mâle et femelle, notamment. Elohim, vous l'avez entendu, c'est un pluriel, c'est une des manières de dire Dieu dans la Bible hébraïque, pour nommer Dieu, mais c'est un pluriel. Et c'est intéressant aussi parce que dans cette époque-là, on a aussi une image de ce Dieu pluriel, qui en même temps est une unité, puisque... En Dieu, il y a finalement du féminin et du masculin. Si l'être humain est créé à l'image de Dieu, mâle et femelle, c'est qu'il y a en Dieu ces deux aspects de féminin et de masculin. Et qu'évidemment, en Dieu, tout est un. Ce qui est intéressant sur le plan historique, c'est qu'originellement, avant l'exil du peuple hébreu, les chercheurs ont identifié que certainement, les premiers hébreux croyaient aussi dans un couple divin. Il faut comprendre que dans l'histoire, la vision d'un dieu unique, c'est fait au cours des générations. Au début, même les Hébreux-mêmes vivaient leur croyance en Dieu mais au milieu d'autres dieux, quelque part qu'ils reconnaissaient aussi d'une certaine manière en disant mais simplement le nôtre est le plus important. Mais cette vision de Dieu a évolué et ce qu'il faut dire aussi c'est que dans cette vision plus polythéiste de l'Antiquité, souvent les dieux étaient en couple et donc les chercheurs ont aussi identifié que, et c'est attesté d'ailleurs dans le livre de Jérémie, donc même dans la Bible. qu'il y avait un couple divin, il y avait Dieu et puis une déesse qui s'appelait Achéra, qui est attestée dans ce livre de Jérémie, qui se traduit par « Reine du ciel » . Donc on voit que probablement à la racine de ce texte, il devait y avoir quelque chose de ce souvenir, si vous voulez, d'un Dieu qui était cette unité entre le masculin et le féminin. Et puis ce qui est intéressant aussi, ça veut dire que si l'identité de Dieu est plurielle, ça veut dire aussi que l'humain sur la terre est pluriel, et que par conséquent, en chacun de nous, il y a aussi en nous le reflet de quelque chose de masculin et de féminin. Et puis bien sûr, ça veut dire aussi que le projet de Dieu, s'il y a du masculin et du féminin en lui de manière égale, ça veut dire aussi certainement que Dieu désire l'égalité aussi sur la terre. Ça c'est dans le premier texte. Puis... Dans le second texte de création, c'est Genèse 2, les versets 5 à 24, là, on va être plus centré sur la création justement de l'humain. Et celui-là est plus ancien que le premier, excusez-moi. Donc, on a dans ce texte-là, ce deuxième récit de création, Dieu est à l'image du potier. C'est un potier qui modèle l'être humain, et l'être humain ici a un nom, c'est l'Adam. Là aussi on se trompe souvent en disant que Adam c'est un prénom et en plus c'est un prénom masculin, mais en fait l'Adam dans le texte hébreu signifie simplement l'être humain, avant même d'avoir été scindé en deux si vous voulez. Donc l'humain, l'Adam, en hébreu d'ailleurs c'est très proche de Adama, qui signifie la terre et le sol. Peut-être qu'en entendant ça vous allez vous souvenir justement de la suite de ce récit. C'est-à-dire que c'est la même chose qu'il va donner en français, ... du latin au français, de l'humus, la terre, à l'humain. C'est exactement le même travail de racine. Donc que dit le texte ? Dans le chapitre 2, verset 7, il est écrit que l'éternel Dieu, et là c'est le tétragramme sacré, c'est-à-dire c'est un nouveau mot pour dire Dieu, forme l'Adam, poussière de la terre. Il insuffle dans ses narines l'haleine de vie et l'Adam, l'être humain, devient un être vivant. Donc vous voyez que l'Adam est utilisé vraiment dans ce nom générique, mais pas encore comme un prénom ou un nom propre. Et ce qui est intéressant, c'est que là aussi les rabbins discutent aussi de cette question dans les commentaires, parce que finalement l'Adam devait être un humain qui devait être soit asexué, soit androgyne finalement, et en tout cas il n'y avait pas de différenciation sexuelle. à ce moment-là de la création. Ce qui est très intéressant, et t'imaginer que des rabbins ont discuté de ça, bien dans l'Antiquité déjà. Poursuivons, que dit Dieu à cet Adam ? Il le dit que à lui à ce moment-là, au chapitre 2 des versets 16 à 17, il dit « De tout arbre du jardin, tu mangeras, mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas. Oui, tu en mangeras, le jour où tu en mangeras, tu vas mourir, tu en mourras. » Et le texte se poursuit après ça avec la création de Isha. Isha, vous entendez dans Isha, ça vient de Ish. Ish, c'est l'homme, l'homme masculin. Et puis Isha, c'est la femme. Vous avez vu qu'il y a juste une voyelle de différence. Donc la femme, justement, on va dire que c'est cette coupure que l'Adam devient un homme. « ish » et une femme « isha » . Simplement, l'homme va garder le prénom, et là ça devient un prénom « Adam » , et puis ensuite Ève va recevoir d'Adam son prénom. Ève, mais ça va venir par la suite. Donc cette traduction de dire en fait, l'humain a été créé à partir de la côte d'Adam, là aussi, beaucoup de commentateurs aujourd'hui disent « mais non, pas du tout, ça n'a rien à voir avec la côte ! » C'est précisément qu'en fait, de l'Adam, Un côté est créé, c'est-à-dire une altérité. Quelqu'un avec qui marcher à côté. C'est ainsi qu'il faut traduire, et non pas que Ève aurait été tirée de la côte d'Adam. En vérité, Ève a été créée comme un côté, vis-à-vis une altérité différente, et donc étrange aussi à l'autre. Ce qui va bien sûr permettre la relation. Sans cette étrangeté, sans cette différence, il n'y a pas de relation. Donc... Là aussi, encore une fois, c'est un cadeau de Dieu que de créer cette différenciation. Pour le dire autrement, avant la séparation, l'homme et la femme étaient collés, étaient en fusion, ce qui les empêchait de se voir, d'avoir une relation. Et précisément, la séparation leur permet de se regarder et d'avoir maintenant un échange et un dialogue. Ce qui veut dire aussi que dans le projet de Dieu, l'objectif c'est de vivre une communion, précisément pas une fusion. Mais devenir une seule chair, comme le texte le dira par la suite, c'est de vivre cette union, cette communion, et bien sûr de s'aider mutuellement, c'est le texte va le dire aussi, elle est là pour aider, puisque vous allez pouvoir maintenant vous entraider. Puis vient évidemment le célèbre récit, sur lequel on va beaucoup discuter, qui est le chapitre 3, les versets 1 à 24. C'est le récit de la chute. Mais ce récit de la chute... Déjà, ça, c'est un mot qui a été rajouté par la tradition. Ce n'est pas du tout biblique. Même le mot péché n'apparaît à aucun moment donné dans ce texte. Vous savez que le péché originel, la leçon de péché originel vient de Saint-Augustin. C'est beaucoup plus tardif. Ça n'apparaît pas du tout. Le mot péché ne va apparaître que plus tard, à partir du moment où il y aura le meurtre d'Abel. En tout cas, au niveau d'Adam et Ève, ça n'existe pas ce mot. Et donc, dans le récit, qu'est-ce qui va se passer ? C'est le serpent qui va mettre en doute. ce que Adam, l'Adam, a entendu de la part de Dieu. Il va mettre un doute sur les instructions que Dieu a données sur les limites et sur l'interdit et que forcément du coup on suppose que c'est l'Adam qui a dû le transmettre à Ève. Ou alors, justement, Ève a entendu dans la forme d'Adam la parole de Dieu, mais comme il y a eu une torpeur, un sommeil pendant que Isha, la femme, a été créée à partir d'Adam, peut-être qu'il y a eu aussi une sorte d'oubli. C'est possible, c'est aussi une manière de l'interpréter. Une autre façon aussi de voir les choses, c'est que quand Ève fait ce geste de finalement quand même ne pas forcément faire confiance au serpent, c'est peut-être aussi parce que si précisément cet arbre donne la connaissance du bien et du mal, ça veut donc bien dire qu'Adam et Ève n'ont pas de capacité de faire la distinction entre ce qui est bien et ce qui est mal. Donc comment est-ce que Ève pourrait être ? coupable d'un mauvais geste puisqu'elle n'a pas la conscience du bien et du mal ? Ça, c'est une vraie question philosophique alambiquée, rabbinique. Comment est-ce qu'elle pourrait faire un geste dont elle n'a pas la connaissance de la portée de ce geste ? C'est une vraie question. C'est comme les enfants. Comment est-ce que les enfants apprennent certaines notions ? C'est parce qu'on le leur a appris, mais s'ils ne le savent pas. Ce n'est qu'en faisant des erreurs qu'ils peuvent apprendre. Par ailleurs, Ève n'a aucune expérience ni Adam de ce qu'est le bien, le mal, la souffrance, la douleur, la mort. elle ne sait même pas ce que c'est donc il va goûter parce qu'elle est curieuse parce que de tout temps les êtres humains sont curieux donc elle va goûter et puis en faisant cette expérience qui parce que le fruit à bon goût et bien le partage parce que c'est un être de partage eve eve et adam sont dans la communion donc ils partagent donc le geste d'eve n'est pas un geste de séduction mal intentionnée c'est tout le contraire Ève fait un geste de partage et d'amour auprès d'Adam. Puis Adam reçoit ce cadeau, donc il mord et il croque aussi dedans. C'est pourquoi je pense que cette histoire, elle mérite vraiment d'être réinterprétée à la lumière, évidemment de notre monde contemporain, de ce qu'on sait aussi aujourd'hui. Nous savons que la curiosité, c'est un cadeau. Si nous n'avions pas été curieux, nous n'aurions jamais franchi les continents et les océans, nous n'aurions jamais découvert la vertu des plantes médicinales. des médicaments, la cuisine, les relations, tout en fait. La curiosité est le moteur de toutes les inventions humaines. Je ne discute pas ici de si c'est bien ou si ce n'est pas bien. Évidemment, à chaque fois qu'on va découvrir quelque chose, précisément comme Ève qui fait l'expérience du fruit, à chaque fois, nous serons effectivement mis devant est-ce que ça va contribuer à la vie ou est-ce que ça va contribuer à la mort ? Ça, c'est une question profondément éthique qui appartient à la responsabilité, à la liberté précisément de l'être humain. Mais au départ, l'intention est bonne comme celle de Ève. Et j'avais à cœur de faire cette vidéo parce que finalement, Ève nous montre que pour devenir vivant, et c'est peut-être ça aussi dont parle le récit, la curiosité, le fait d'essayer des choses, c'est précisément le fait de devenir vivant. Et c'est à ce moment-là qu'Ève reçoit son prénom, la vivante. En fait, si Ève n'avait pas fait ce geste, on n'aurait même pas pu faire cette expérience. Nous aussi, de devenir des vivantes et des vivants. ... Et cela passe par l'expérience du bien et du mal, par la souffrance, le bonheur. Mais c'est ça qui fait qu'on est vivant. Et la vie, le vivant, n'est-ce pas ? Un des plus beaux cadeaux que nous recevons de la part de Dieu. Alors voilà, c'était cette vidéo pour réhabiliter à ma manière un petit peu Ève, et puis Adam aussi. Et j'espère que ça aura contribué pour vous. 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