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Trouver sa place

Chun-Wing Lam : briser les barrières et choisir son destin

Chun-Wing Lam : briser les barrières et choisir son destin

1h03 |08/08/2024
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1h03 |08/08/2024
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Description

Chun-Wing Lam symbolise à lui seul la force tranquille, le courage et la détermination. 


Dès l’âge de 11 ans, il décide que sa passion pour la danse deviendra sa carrière, malgré les moqueries ouvertes de son professeur d’école, qui doutait de ses capacités. Cette expérience douloureuse devient le catalyseur de sa résilience.


À 14 ans, il quitte sa famille, ses amis et son école à Hong Kong pour intégrer l’école de danse du ballet de l’Opéra national de Paris, sans parler un mot de français. Cette aventure audacieuse marque le début d’un chemin semé de défis et de succès.


Aujourd’hui, Chun-Wing incarne l’équilibre et l’alignement entre deux mondes apparemment opposés : danseur professionnel et conseiller en gestion de patrimoine. 


Dans cet épisode de Trouver sa place, Chun-Wing nous raconte avec beaucoup d’humilité son parcours exceptionnel, marqué par la joie d’accomplir ses rêves, mais aussi par les doutes et les difficultés surmontés avec courage et persévérance.


Rejoins-nous pour une des plus belles conversations que j’ai partagées jusqu’à maintenant, qui révèle comment suivre son cœur et dépasser les croyances limitantes peut mener à une vie profondément alignée et riche de sens.


Bonne écoute 💫


***

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Instagram de Chun-Wing


TedX de Chun-Wing


Grenoble École de Management


***
Je suis Claire Grevedon 🌞coach professionnelle, spécialisée en reconnexion à soi. J’ai moi-même trouvé ma place il y a quelques années, en découvrant ce métier qui me passionne. Depuis, j’ai accompagné des centaines de personnes à trouver plus de sens, d’alignement et de leadership dans leur vie. 



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Trouver sa place, le podcast où chaque aventure humaine est une invitation à cheminer vers soi-même. Je m'appelle Claire Grévedon, je suis coach professionnel spécialisé en reconnexion à soi, et deux fois par mois, je vais à la rencontre d'êtres humains qui m'inspirent pour partager des conversations qui font grandir. Qu'il s'agisse de leur mode de vie, de leur carrière ou encore de leur identité, tous ont fait des choix conscients et courageux pour vivre une vie alignée avec eux-mêmes. Cette vie, elle est aussi à ta portée. Alors je t'invite à prendre place et te souhaite une bonne écoute. Bonjour Chen Wing.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de ton accueil.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    C'est la première fois qu'on se rencontre et je me sens vraiment privilégiée que tu aies pris ce temps-là pour me rencontrer aujourd'hui. D'autant que je te sais très occupée et c'est aussi l'objet de ma venue aujourd'hui, que tu nous racontes tout ton parcours riche, tes multiples casquettes. que tu mènes aujourd'hui, donc très heureuse d'être là. Sans plus attendre, si tu le veux bien, comment tu souhaiterais te présenter ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Chun-Wing Lam, je suis originaire de Hong Kong, je suis venu en France à l'âge de 14 ans pour intégrer l'école de danse de l'Opéra, parce qu'à l'époque, je voulais absolument devenir danseur professionnel, et après beaucoup de recherches et de réflexions, le seul... choix qui s'offrait à moi, c'était de quitter ma famille, quitter Hong Kong et de rejoindre une école de renommée internationale pour avoir la chance de devenir danseur professionnel dans une compagnie que j'adore et que j'ai toujours suivi quand j'étais danseur élève très passionné, donc c'est le Ballet de l'Opéra de Paris. Et donc aujourd'hui, après quatre années à l'école de danse, je suis rentré à l'opéra à l'âge de 18 ans. Et je fais aujourd'hui ma 9e saison à l'Opéra de Paris. En parallèle, j'ai poursuivi mes études supérieures dès le début de ma carrière. Je fais ce choix-là, qui n'était pas forcément facile à l'époque, et il y avait pas mal de personnes qui doutaient de ce choix, parce que ce n'est pas évident. J'avais moi-même des doutes aussi, par rapport à la possibilité, la possibilité de faire ce double projet. Et donc aujourd'hui... Je suis conseiller en gestion de patrimoine. J'ai créé mon propre cabinet pour avoir comme vocation et comme deuxième passion d'accompagner des artistes et des sportifs dans la gestion de leur patrimoine. Et voilà, donc je mène de front mon activité de danseur à l'opéra à temps plein. Et en parallèle, j'ai aussi mon activité de conseiller patrimonial.

  • Speaker #0

    Donc tout de suite, les questions qui me viennent et on y reviendra, c'est... comment fais-tu ? Mais on y reviendra parce que avant que tu nous partages ton parcours, c'est quand toi, la dernière fois que tu t'es senti à ta place ?

  • Speaker #1

    Peut-être aujourd'hui même. J'étais très heureux d'avoir reçu aujourd'hui des collègues à moi. Il y en a qui sont en fait des anciens collègues qui sont partis à la retraite. Des anciens danseurs, danseurs étoiles qui sont partis à la retraite et qui aujourd'hui ont besoin de conseils. Quand je les ai reçus au cabinet et quand je leur ai expliqué les différentes options qui s'offraient à eux en termes de choix patrimoniaux et en termes de placement financier immobilier par rapport aux options fiscales qui s'offraient à eux, je me sentais à ma place. Je me sentais à ma place parce que je comprends tout à fait leurs spécificités en tant qu'artiste, en tant que... danseur, danseuse à l'opéra, je sais que c'est une discipline et un métier très difficiles. Une voix que l'on a choisie quand on est très jeune, donc souvent pour ma part je l'ai choisie quand j'avais 11 ans, quand j'ai décidé de faire de ma passion mon métier. J'ai vraiment très envie de les aider dans ces choix, parce que quand on est artiste notamment, ou sportif, on se consacre entièrement à notre art ou sport. Et je sais combien on peut être perdu dans toute cette complexité. en matière de fiscalité, transmission du patrimoine, placement, on peut se faire arnaquer facilement par manque d'éducation. d'informations, de renseignements et de temps et d'énergie aussi. Et donc, aujourd'hui même, je me sentais à ma place de les conseiller avec les études que j'ai faites en parallèle et avec aussi ma connaissance profonde du métier.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant parce que tu évoques ces personnes, ces anciens danseurs à la retraite qui se font conseiller par un expert en gestion de patrimoine et un danseur. actif et au plus... vraiment très actif encore, vraiment, on dirait, au début ou au milieu de sa carrière. C'est... C'est rare ça, d'avoir des danseurs qui mènent de front deux carrières à plein potentiel en même temps ?

  • Speaker #1

    Je sais qu'il y a des danseurs qui ont d'autres activités à côté, mais à ma connaissance, je ne connais pas d'autres conseillers en gestion de patrimoine en tout cas. Alors, attention !

  • Speaker #0

    Son danseur professionnel !

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a pas mal de... enfin pas mal, j'en connais deux ou trois anciens danseurs qui sont devenus conseillers en gestion de patrimoine. Maintenant, je ne... pense pas connaître de danseurs qui sont encore danseurs à temps plein et qui a cette autre activité à côté ?

  • Speaker #0

    Il y a quand même eu beaucoup d'étapes avant d'en arriver là et c'est l'objet de notre conversation d'aujourd'hui. Tu dis que tu as décidé à 11 ans, déjà pour beaucoup d'entre nous ça paraît dingue de se dire qu'un jeune garçon de 11 ans décide qu'il fera de sa passion son métier mais même Avant même ça, comment la danse est arrivée dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Par la musique. Parce que j'étais et je suis toujours très passionné par la musique. Quand j'avais trois ans, mes parents ont découvert que j'avais l'oreille absolue. Parce que je jouais au piano les mélodies que je chantais et que j'apprenais à la crèche. Donc j'étais déjà très... J'adorais déjà beaucoup la musique. Et à 5 ans, j'ai demandé à mes parents de m'inscrire au cours de piano. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à jouer au piano tout le temps. Et je voulais absolument devenir pianiste. Et mon père avait très vite repéré cette passion en moi pour la musique. Mais ça a suscité un certain... une certaine inquiétude chez mes parents puisque j'étais très timide, très peu sociable. Et comme ils ont trouvé aussi que j'étais très souple physiquement, donc ils ont pensé tout de suite à la danse pour associer une activité plus sociable avec d'autres enfants et aussi qui allient souplesse physique et musicalité. Et donc à l'âge de 7 ans... J'ai essayé pour la première fois un cours de danse. Et en 15 minutes, j'ai tout de suite dit à ma mère que je voulais continuer la danse. Enfin, commencer plutôt.

  • Speaker #0

    Continuer après 15 minutes. Ce que je retiens là, c'est la place quand même des parents, de la direction que donnent les parents dans l'éducation d'un enfant. Ils auraient pu simplement suivre ton désir premier, qui était d'être pianiste. Mais ils ont écouté, ils ont observé au-delà de ça, ils ont pensé à ce dont tu pourrais peut-être avoir besoin. Et bon, ça aurait pu ne pas fonctionner aussi, mais pour le coup, ça a été le coup de foudre pour toi.

  • Speaker #1

    Totalement. Et d'ailleurs, par rapport à la timidité, ça m'a beaucoup aidé aussi à devenir moins timide, tout simplement. Parce qu'en danse, comme en piano d'ailleurs, mais plus en danse à mon avis. On danse devant des centaines, des milliers de personnes, enfin des centaines ou des milliers de personnes. Plutôt centaines quand j'étais à Hong Kong, quand j'ai commencé, et plutôt milliers maintenant à l'opéra. Et là, j'ai senti très vite l'effet que ça a sur moi. Et je suis devenu peu à peu moins timide. Et j'avais... de plus en plus de facilité, de parler aux inconnus à la suite de ce début, le début de mon apprentissage en danse.

  • Speaker #0

    Malgré tout, si je ne me trompe pas, ton enfance, au-delà de tes passions, n'a pas forcément été évidente, de part, entre autres, ta timidité et puis aussi, je crois, un certain désintérêt pour ce que l'école transmettait. Qu'est-ce que tu peux nous raconter de ton enfance à Hong Kong ?

  • Speaker #1

    Globalement, j'estime avoir eu beaucoup de chance d'avoir une enfance plutôt heureuse, globalement. Je dirais que ce qui a été un peu compliqué, c'est justement le fait que je sois élève danseur. Enfin, je ne le cachais pas du tout. Donc très vite, j'ai fait savoir à mon école, à mes camarades que je faisais de la danse classique à côté. Mais à Hong Kong, ce n'est pas forcément courant qu'un... petit garçon face de la danse classique. D'ailleurs, j'étais souvent le seul garçon dans ma classe de danse. Donc mes camarades posaient énormément de questions par rapport à ça. Et d'ailleurs, d'autres membres de ma famille aussi, ils avaient un regard particulier par rapport à ce choix de danse classique comme activité pour moi. Mais ma mère m'avait déjà prévenu très tôt, donc dès le début que ça risque de m'arriver. que mes camarades trouveraient ça peut-être bizarre, etc. Et j'étais un très mauvais élève. J'avais beaucoup d'énergie. Je n'étais pas du tout discipliné.

  • Speaker #0

    Pour un danseur, c'est parti. Un danseur classique, ça peut être antinomique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Mais à l'école, plutôt scolaire, j'étais très discipliné en danse. Oui. Parce que j'adorais ça et vraiment, je faisais très attention à tout ce que me disaient mes professeurs de danse. À chaque correction, chaque conseil, j'étais à fond. Mais à l'école, comme j'aimais tellement la danse, je voyais ça plutôt comme une contrainte. Donc l'école scolaire m'empêchait d'en sais davantage. Ça me mettait en colère, je ne voyais pas trop l'intérêt de l'école, de la scolarité, et j'embêtais beaucoup mes camarades, j'avais du mal à me concentrer, j'avais beaucoup d'énergie et j'avais des très mauvaises notes. Jusque quand j'avais 9 ans, parce qu'à ce moment-là, donc je devais choisir des collèges pour la suite. Et j'avais un entretien individuel avec mon professeur de classe, et ce professeur de classe avait l'habitude de se moquer ouvertement de moi en classe, devant tous mes camarades. Pas justement parce que j'étais mauvais élève, mais je pense qu'aujourd'hui, avec le recul, je trouve qu'il n'avait pas forcément à se moquer de moi ouvertement, même si j'étais mauvais élève. C'est-à-dire que je trouve qu'au lieu d'être dans une démarche constructive, de vouloir m'aider, il se moquait de moi. Et donc j'avais déjà une certaine colère envers ce professeur. Et de plus, comme ma mère était institutrice, elle avait choisi les meilleures écoles pour moi, les meilleurs collèges du quartier. Donc cet entretien individuel avait pour objet de discuter de ses choix. qu'avait fait pour moi ma mère. À ce moment-là, j'étais tout seul face à ce professeur et il m'avait dit, Chen Wing Lam, tu veux rentrer dans ce genre d'école ? Jamais tu ne rentreras dans une bonne école. Ça m'a tellement marqué et ça m'a tellement rendu en colère que je n'avais qu'une chose en tête, c'est de lui prouver qu'il a tort. Et donc, à partir de ce moment-là, que ce soit à l'école ou en danse, je me suis mis à travailler comme un malade. Et en quelques mois, je suis passé du dernier de la classe au... parmi les premiers. Et d'ailleurs, par la suite, je suis rentré dans le collège que ma mère avait choisi pour moi, qui est l'un des meilleurs du quartier. Donc, c'est un peu...

  • Speaker #0

    Oui. Tu dis d'ailleurs dans un TEDx que tu as donné... Tu cites Marshall Rosenberg. Oui. Tu cites cette phrase que j'adore et qui me parle aussi beaucoup en tant que coach, je crois beaucoup à ces mots, qui dit les mots sont des fenêtres ou bien ils sont des murs. Ils nous condamnent ou ils nous libèrent Qu'est-ce que tu veux dire quand tu partages cette phrase ?

  • Speaker #1

    Je veux dire que, premièrement, avec le recul aujourd'hui, soit c'était une phrase dont je parle, de cette phrase que m'avait dite mon professeur, soit ça... me motive, soit ça aurait pu me casser et détruire complètement ma confiance pour la vie. Parce que j'étais très jeune et je pense que c'est quelque chose qui peut marquer la vie dans le bon sens comme dans le mauvais sens. Et à ce moment-là, heureusement... J'avais les ressources nécessaires pour faire de cette colère un allié, dont j'ai pu me servir de cette colère pour avancer dans ma vie et pour surmonter beaucoup de difficultés que je vais rencontrer par la suite. C'est un petit peu à ça que je pensais quand j'ai cité cette citation.

  • Speaker #0

    Oui, et tu dis à juste titre, heureusement tu avais les armes. C'est vrai que le poids des mots, surtout sur un enfant, Ça paraît assez fou d'imaginer qu'un professeur puisse dire ça à un élève. Toi, cette colère a été constructive. Tu en as fait quelque chose de constructif. Et alors, quelle a été la suite du parcours ? Donc, tu es là à 9 ans, tu intègres ce collège. Qu'est-ce qui s'est passé ensuite pour que tu te retrouves à 14 ans en France ?

  • Speaker #1

    Je reviens un petit peu à cette colère-là. que j'ai ressenti quand j'avais 9 ans. Il y a eu un avant et un après. Donc c'est comme si ma vie a commencé, en tout cas ma vie professionnelle a commencé à ce moment-là. Parce que c'est à partir de cette date, je me suis mis à travailler. Tout ce que je fais aujourd'hui et toute la détermination que j'ai aujourd'hui, en fait, je la dois à cette phrase. C'est pour ça que je parle de chance aussi. Parce que ça aurait pu être complètement dans l'autre sens. À partir de ce moment-là, tous les jours, j'ai gardé cette colère en moi pour... pour faire tout un tas de choses par la suite. Pour te répondre sur comment je suis arrivé en France à 14 ans, donc je rentre dans ce collège, je continue à beaucoup travailler et je suis resté bon élève. Vraiment, il y a eu un basculement de passer d'un garçon, d'un petit garçon pas du tout discipliné à quelqu'un d'extrêmement... rigoureux dans le travail et je notais vraiment tout ce que disaient mes professeurs en classe et j'avais je travaillais toujours, enfin tout le temps en danse comme en à l'école scolaire

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que la discipline qu'on peut retrouver dans la danse t'a aidé à tu t'en es inspiré pour l'école ou selon toi tu l'aurais trouvé cette discipline quoi qu'il en soit ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça aurait été différent sans la danse, parce que la danse m'apprend le goût de l'effort physique. J'ai vraiment, en danse, en plus je n'avais pas forcément une très bonne santé, j'avais pas mal de fragilité de santé, donc j'étais asthmatique, j'avais beaucoup d'allergies dans tous les sens, j'étais très faible physiquement. Ça explique d'autant plus la difficulté que j'avais en danse. Je me souviens quand j'avais environ 10-11 ans. J'avais beaucoup de mal à monter des marches, parfois, en période de crise d'asthme. J'avais vraiment des difficultés à respirer correctement et à même monter quelques marches, j'étais au bout.

  • Speaker #0

    Alors que tu dansais en parallèle.

  • Speaker #1

    Alors que je voulais absolument continuer mes cours de danse et ma mère était très inquiète. Donc ça m'a appris à tenir. et avoir une certaine force mentale pour surmonter quelque chose de difficile physiquement. C'était vraiment très très difficile. J'ai failli m'évanouir à plusieurs reprises dans mon parcours d'élève danseur. ce qui fait que à côté pour la scolarité tout me paraissait plus facile parce qu'il n'y avait pas cette souffrance physique et je savais que de toute façon je peux y arriver si je consacre suffisamment de temps et d'énergie. Je ne vais pas m'évanouir en révisant mes cours.

  • Speaker #0

    Alors, comment tu as décidé de tenter l'aventure à Paris ?

  • Speaker #1

    Donc d'abord, dans ce collège d'excellence, j'avais énormément d'activités, de devoirs, mais en fait, il y avait une certaine pression scolaire qui était grandissante. Donc je savais que si je voulais devenir danseur professionnel, ce n'était pas la bonne voie. Parce qu'au bout de quelques années, Je vais devoir me mettre à étudier tout le temps et à ne plus avoir du temps du tout à danser. À Hong Kong, il y avait peu d'opportunités en termes de formation de danse professionnalisante et aussi d'opportunités professionnelles pour devenir danseur professionnel. Et aussi, je visais l'excellence pour justement toujours dans cette envie de prouver à ce professeur qu'il avait tort.

  • Speaker #0

    C'était toujours là.

  • Speaker #1

    Oui. Et pour devenir professionnel... Je savais donc que je devais partir de Hong Kong, parce que les meilleures écoles, les meilleures compagnies de danse sont à l'étranger. Et notamment, j'avais déjà beaucoup entendu parler de l'Opéra de Paris, de l'histoire de la danse, de l'origine de la danse classique, de Versailles, de Louis XIV et de tout cet héritage de la danse classique. Et donc je rêvais d'aller danser un jour à l'Opéra et de faire partie de cette belle institution. Je regardais aussi énormément de vidéos de danse. Et d'ailleurs, c'est mon père qui m'a tellement soutenu dans cette démarche. Et je le remercie vraiment du fond du cœur. Il m'avait acheté énormément de DVD, de vidéos de danse, de compagnies renommées. Donc les grands classiques, le Lac des Cines, La Belle au bas dormant, tous les balais que je pouvais regarder. Je regardais tous les jours, tout le temps. En métro, chez moi, la nuit quand je ne dormais pas, j'avais vraiment... Sous mes yeux, très souvent, des vidéos de danse. Et je me suis rendu compte très vite que j'appréciais tout particulièrement la qualité des spectacles de l'opéra, le style de danse de l'opéra. Donc mon rêve, c'était de rentrer à l'opéra, sans même mesurer la difficulté que ça représentait pour moi. J'en ai parlé à mon professeur de danse, et elle aussi, pour elle, c'est la meilleure école de danse du monde et la meilleure compagnie du monde. Et on a décidé ensemble de tenter l'Opéra de Paris. Mais à l'époque, autour de moi, il y avait aussi beaucoup de... Donc, mon entourage me disait que je ne vais jamais y arriver, je n'ai pas le niveau, je ne parle pas un mot de français, ils ne prennent pas d'étrangers. Que c'était capricieux de ma part parce que je vais devoir vivre tout seul à Paris, quitter ma famille. Mais j'avais tellement envie que je ne me suis pas du tout posé de questions et c'est en arrivant en France par la suite que je me suis rendu compte que c'était vraiment difficile. Je me suis dit que j'allais y arriver.

  • Speaker #0

    Il y avait un peu de vrai dans ce que les gens te disaient.

  • Speaker #1

    Mais quand je suis parti, quand j'ai pris mon vol en septembre 2015, je n'avais aucune peur. J'étais avec mes deux énormes valises à l'aéroport. Il y avait donc cet espace, cette frontière, departure donc je suis rentré comme ça, sans aucune peur.

  • Speaker #0

    Sans même te retourner.

  • Speaker #1

    Très courageux. Si c'était à refaire, je ne sais pas si j'aurais aujourd'hui le courage. de refaire ce que j'avais fait à l'époque.

  • Speaker #0

    On dit souvent, on dit souvent que si on avait connu toutes les difficultés qu'on allait traverser, on le ferait peut-être pas. Mais il y a une part, dans le courage, il y a une part d'inconnu qui nous aide finalement à franchir des pas qui semblent énormes.

  • Speaker #1

    Totalement. Oui, totalement. Et heureusement. Oui. Heureusement. que je l'ai fait et que j'ai eu ce courage-là ce jour-là. Et me voilà.

  • Speaker #0

    Oui, je crois pour l'anecdote que tu es arrivé, parce que tu as intégré avant tout, tu as intégré l'école du Ballet National de Paris, de danse de Paris. Et je crois savoir que tu es arrivé la veille de l'ouverture.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Parce qu'à l'époque... Que ce soit mes parents, moi-même, l'école de danse, mon école de danse à Hong Kong, personne ne lisait le français. Et donc on avait du mal à bien comprendre la lettre d'admission de l'école de danse. Et donc on était persuadés que... ce jour-là, en arrivant à Paris, l'école allait être ouverte et que je pourrais m'installer directement à l'internat, etc. J'avais mes draps, même à noyer.

  • Speaker #0

    Dans toutes les grosses vallées.

  • Speaker #1

    J'étais prêt à m'installer. Et j'arrive en taxi devant l'école. J'étais tout seul avec mes valises. Je suis arrivé en France à l'aéroport Charles de Gaulle. Je prends un taxi pour aller à Nanterre préfecture, donc là où se situe l'école de danse. Et en arrivant devant l'école, Et avec l'aide du chauffeur de taxi, on se rend compte que l'école était fermée et qu'il n'y avait aucune possibilité pour moi de m'installer passer la nuit à l'école et que la rentrée avait lieu le lendemain. J'étais crevé parce que c'était l'un de mes premiers longs courriers aussi. Je commençais à avoir peur dans l'avion parce que c'est 13 heures d'avion. Je me demandais, mais qu'est-ce que tu as fait ?

  • Speaker #0

    Tu as fait... Et d'où tu commençais à...

  • Speaker #1

    Je commençais à pleurer parce que je me rends compte, je ne sais pas du tout quand est-ce que je vais aller revoir ma famille. J'étais quand même très attaché à mes parents et à toute ma famille, à ma grand-mère, à ma tante, à ma soeur, à Hong Kong. Et donc, j'ai commencé à pleurer dans l'avion. Et en arrivant, j'étais vraiment très fatigué. L'école était fermée, que faire ? J'avais deux énormes valises avec moi et le chauffeur de taxi qui avait donc compris la situation m'a très gentiment proposé de passer une nuit chez lui et de me ramener à l'école le lendemain. Donc ça m'a sauvé.

  • Speaker #0

    Il y a des gens comme ça, qu'on ne reverra jamais, peut-être jamais, mais qui comptent dans un parcours beaucoup plus qu'on pourrait même l'imaginer. On se rappelle quand même que tu avais... 15 ans, c'est ça ? 14 ans. 14 ans à ce moment-là. Ça paraît une évidence, en fait, même le minimum qu'on attend d'un enfant de 14 ans d'avoir peur. Et puis donc, tu arrives. Tu arrives dans cette école et tu as passé 4 ans dans l'école, c'est ça ? Oui. Tu as tenté à deux reprises le concours pour intégrer le corps de ballet. Oui. Comment ça fonctionne une fois qu'on intègre l'école du ballet ?

  • Speaker #1

    La première année, on est stagiaire. On n'est pas encore officiellement élève de l'école de danse. Ensuite, chaque année, on a des concours, enfin plutôt des examens, on appelle ça des examens à l'école de danse quand on est élève et on peut ne pas passer à l'année suivante. Chaque année, on a un classement à l'issue de l'examen et on peut très bien être renvoyé de l'école et ne pas poursuivre la formation à l'école jusqu'à 18 ans. Pour ceux qui ont la chance de... enfin ont la chance. Pour ceux qui restent à l'école. À l'issue des examens successifs chaque année, on arrive donc à la dernière année, que l'on appelle la première division, et donc c'est la classe d'engagement. Aussi, on l'appelle la classe d'engagement, puisque la suite, c'est le concours d'entrée pour rentrer à la compagnie du ballet de l'Opéra de Paris. Pour ma part, j'ai pu réussir à passer les examens à l'école chaque année, pour ensuite... passer le concours d'entrée pour la compagnie une première fois en 2014 que j'ai échoué. Je n'ai pas réussi à rentrer à l'Opéra la première fois. Et donc, comme j'avais 17 ans, je peux redoubler une fois ma première division pour repasser le concours l'année suivante, en 2015. C'est en 2015 que j'ai été accepté et engagé dans le ballet de l'Opéra.

  • Speaker #0

    Et tu étais alors le premier chinois à intégrer le corps de ballet de l'Opéra National de Paris. Ça fait quoi d'en arriver là, quand ça fait depuis neuf ans qu'on sait qu'on veut devenir danseur professionnel ?

  • Speaker #1

    C'est un rêve qui se réalise. C'était beaucoup d'émotions pour moi, notamment parce que, lors de ma deuxième année à l'école de danse, j'ai évoqué cela dans mon TEDx aussi, j'ai perdu ma tante, qui était un petit peu comme une deuxième maman pour moi, à Hong Kong. et qui me soutenaient beaucoup beaucoup. Et ce n'est pas évident puisque déjà un petit garçon qui fait de la danse classique à Hong Kong, tout le monde trouvait ça très amusant. Et pas vraiment grand monde me prenait au sérieux. Encore plus quand j'évoque le fait que je souhaite devenir danseur professionnel, c'est aussi un choix par rapport à la culture de Hong Kong qui est peu commun. Enfin, à Hong Kong, on est... On parle, il y a très peu de, malheureusement encore aujourd'hui, c'est une société qui est très orientée vers les métiers intellectuels. Donc comme la finance, la banque, finalement je me retrouve maintenant dans le cliché. Avocat, le droit, etc. Dans mon enfance à Hong Kong, j'ai dû beaucoup me battre pour... soutenir cette idée, cette envie et cette détermination de faire de ma passion pour la danse mon métier et quand je suis rentré à l'Opéra il y avait une certaine couverture médiatique à Hong Kong donc j'étais à la une de certains journaux et c'est une petite victoire par rapport à à tous ces doutes que j'ai pu entendre quand j'étais à Hong Kong et aussi par rapport à ce professeur qui m'avait dit à l'époque que j'allais jamais rentrer dans une bonne école. Et c'est aussi un rêve d'enfant qui se réalise parce que j'étais tellement passionné de la danse que je me suis dit, enfin, je réalise mon rêve. C'est vraiment ça. Et ça a rendu très fier ma famille, ma professeure de danse et peut-être la communauté de... de danse à Hong Kong également. Donc, j'étais aux anges.

  • Speaker #0

    Ça a eu un impact sur la communauté de la danse à Hong Kong, justement ?

  • Speaker #1

    Je pense, j'ose l'espérer, en tout cas. Je pense que ça a servi d'exemple à pas mal de garçons qui, peut-être, avaient envie de faire de la danse. Pas forcément en faire.

  • Speaker #0

    Professionnellement ?

  • Speaker #1

    Professionnellement, mais il y avait beaucoup de jeunes garçons qui voulaient essayer ou voulaient danser simplement et qui n'avaient pas forcément de modèle ou d'exemple autour d'eux. Cette couverture médiatique par rapport à mon entrée à l'opéra, peut-être que ça a servi à certains pour ça. Effectivement, je constate par la suite qu'il y avait à l'époque de plus en plus de garçons qui faisaient de la danse à Hong Kong.

  • Speaker #0

    Une sacrée porte que tu as ouverte, que tu as... enfoncée pour toi. Parce que vraiment, on sent en fait, dans ce que tu nous racontes, on sent l'énergie que tu as mise pour réaliser ce rêve. Et forcément, en ouvrant cette porte pour toi, tu l'as ouverte pour bien d'autres aussi. C'est ça aussi qu'on a peut-être tendance à oublier parfois quand on a un rêve. C'est d'ailleurs quelque chose que je fais en coaching, d'inviter les gens à vraiment visualiser quel impact ça va avoir sur les autres. personnes, de s'autoriser à aller au bout de leurs rêves. Parce qu'on oublie qu'on est tous reliés les uns les autres, on a tous un impact aussi petit soit-il sur d'autres personnes et qu'en assumant d'être qui on est et en assumant de réaliser nos rêves, on permet à d'autres d'assumer les leurs.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs ma maman me disait souvent que c'est merveilleux que d'avoir un impact positif autour de nous. En tout cas j'espère qu'à ce moment là j'ai pu... Avoir un impact positif et avoir pu donner la confiance à certains de suivre leur désir.

  • Speaker #0

    Quels ont été les moments les plus difficiles ?

  • Speaker #1

    Quand je suis arrivé en France, ce n'était pas évident. Pas uniquement parce que j'étais devant une école fermée le premier jour. Mais aussi par la suite. Je pense que mes premiers mois et mes premières années à l'école de danse n'ont pas été faciles. Parce que je pense souvent à mon premier jour à l'école. J'étais complètement perdu, je ne parlais pas un mot de français. Et j'avais beaucoup de mal à suivre ce qu'il se passait autour de moi. Et je me sentais très seul. Il y avait très peu d'étrangers à l'école de danse à ce moment-là. En plus, je devais faire des choses que je n'avais pas l'habitude de faire. Déjà, je suis passé d'un élève danseur d'une école d'amateurs. à une formation de haut niveau dans l'une des meilleures écoles de danse du monde. Donc j'avais le matin l'éducation nationale, en français bien évidemment. J'avais à rattraper beaucoup de retard pour passer le brevet des collèges.

  • Speaker #0

    En apprenant la langue ?

  • Speaker #1

    En apprenant la langue et aussi en poursuivant, en commençant la formation. une formation à temps plein et professionnelle en danse. J'avais aussi découvert pas mal de cours complémentaires comme le théâtre, l'expression musicale et j'étais horrifié mais vraiment horrifié par ces cours parce que à Hong Kong on est dans une culture tout autre. Je n'avais pas pas l'habitude de m'exprimer tout seul devant toute une classe. Quand le professeur pose une question en cours à Hong Kong, la culture veut que personne ne lève la main. C'est plutôt au professeur de demander, de désirer. désigner la personne qui va répondre à la question. Donc, on est tous très timides à l'école par rapport aux Français, je pense. Enfin, plutôt, j'en suis certain. Cela explique comment j'avais peur quand on me demandait de jouer une pièce de théâtre en français devant tous mes camarades et tout seul. Notamment, je devais, dès les premiers jours, jouer les fourberies de scapins, de moulières, tout seul devant tous mes camarades de classe en français. danse et j'avais vraiment très très peur et je ne savais plus quoi faire j'étais complètement perdu j'ai pas mal pleuré à l'internât donc ça ça a été une vraie difficulté et tellement que j'avais Tellement peur parce qu'en fait, ces cours étaient toujours le jeudi. Tous les mercredis soirs, je ne dormais pas. J'avais une nuit blanche parce que j'avais trop peur. Donc ça, ça fait partie des difficultés.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, tu t'exprimes dans un podcast. Tu vas parler devant des centaines de personnes dans un TEDx. Comme quoi, quel est le message pour toi à travers ça ?

  • Speaker #1

    Si j'ai aujourd'hui le courage de faire tout ce que je fais aujourd'hui, et j'ai encore beaucoup à apprendre, et je ne dis pas que je me sens totalement à l'aise en toutes circonstances, mais cette étape à l'école de danse certainement m'a beaucoup aidé. Donc c'était un petit peu un passage obligé pour que je puisse aujourd'hui me sentir à l'aise pour faire tout ça. J'en suis reconnaissant d'être passé par là, d'autant plus reconnaissant que je n'ai pas abandonné en cours de route parce que j'aurais très bien pu ne plus supporter toutes ces difficultés et abandonner. Et je remercie à toutes les personnes qui m'ont soutenu, notamment ma famille d'accueil qui m'a beaucoup consolé et soutenu à l'époque, le week-end, qui m'a permis d'avoir le courage et les ressources nécessaires pour surmonter tout ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as pensé à abandonner parfois ?

  • Speaker #1

    Souvent. Enfin, souvent.

  • Speaker #0

    Malgré la détermination, les difficultés étaient à la hauteur.

  • Speaker #1

    Je dirais que quand j'étais à l'école de danse pendant les quatre années, pas vraiment.

  • Speaker #0

    Donc pas quand tu étais encore enfant, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Pas vraiment. Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Grâce, sans doute, à ma famille, à Hong Kong. Tout l'amour et tout le soutien que j'ai eu avant de venir en France à l'âge de 14 ans, parce que vraiment j'estime qu'à cette époque-là, toute ma famille me soutenait dans la démarche. Elle n'a jamais émis de doute par rapport à mon choix. Mon école de danse était très fière de moi. Il y avait mon école scolaire, mon collège, le fameux, qui m'a beaucoup soutenu aussi et qui m'a même soutenu financièrement en me remettant un prix pour être admis à l'Opéra. Donc j'avais tout cet amour de Hong Kong pour donner les ressources nécessaires pour aller jusqu'au bout des quatre années.

  • Speaker #0

    Comme quoi, la puissance de l'amour, ça dépasse les frontières. Oui,

  • Speaker #1

    vraiment, c'était essentiel pour moi.

  • Speaker #0

    Et alors, les doutes ou les pensées d'abandonner sont arrivées plus tard ?

  • Speaker #1

    Plus tard, quand je suis rentré dans la compagnie de l'opéra, je me rends compte peu à peu que finalement, tout cela ne dépend que de moi-même. Donc, j'ai retrouvé une certaine solitude. dans les décisions que je dois prendre, même si au départ, au final, c'est moi-même qui ai pris la décision de partir en France pour faire de la danse. Mais j'avais l'impression, en tout cas, que je pouvais me baser sur mes parents, sur mon professeur, sur des adultes pour faire mes choix. Je me disais que dès que j'ai la validation de ces personnes, c'est bon, je peux y aller. Plus j'avance dans ma vie... Je me rends compte que finalement, ce qui compte, c'est moi. Et que peu à peu, je me rends compte que la validation de ces personnes n'était pas si nécessaire que ça. Et que je suis... le seul responsable des décisions que je vais prendre. Et donc à partir de ce moment-là, je commence à me sentir un peu perdu. Ce que j'ai vécu à l'opéra est aussi en décalage par rapport à ce que j'avais imaginé avant de rentrer à l'opéra.

  • Speaker #0

    En quoi ?

  • Speaker #1

    Je me rends compte aussi que quand je suis élève danseur, Quand j'ai pris ma décision de faire de la danse mon métier à l'âge de 11 ans, je n'avais aucune idée de ce que c'est que le métier du danseur. Et je pense que c'est le cas pour pas mal d'artistes qui ont fait ce choix très jeune. En fait, à ce moment-là, on n'a aucune idée. J'avais qu'une petite facette du métier de danseur, parce que je voyais dans les spectacles de danse la facette du spectacle, de l'enthousiasme du public, de la beauté de la danse. de la musique, de la chorégraphie, des costumes. Je ne voyais que ça. Et donc, pour moi, le métier de danseur, c'est ça. Alors que quand je suis rentré à l'opéra, je découvrais toutes les autres facettes du métier de danseur. C'est-à-dire... Les répétitions, le fait d'apprendre pendant de longues heures tous les jours en studio des chorégraphies, être remplaçant, donc apprendre par nos propres yeux sans pouvoir faire réellement les pas. J'ai appris la compétition qu'il y a entre les danseurs, j'ai appris les périodes de concours, les concours de promotion que l'on a encore chaque année une fois qu'on est rentré. J'ai appris, j'ai découvert aussi la difficulté physique que demande le métier de danseur. Quand on fait une série de 23-25 spectacles en un mois, notamment au mois de décembre pour les grandes productions comme le Lac des Signes, la Belle au Bas d'Ormond, je n'avais aucune idée du niveau de fatigue que j'allais avoir. Donc c'est en décalage, tout ça pour te dire qu'il y a un décalage. entre ce que j'avais imaginé et ce que c'est réellement.

  • Speaker #0

    À quoi tu t'es raccroché quand tu as pris conscience de ce décalage, puis quand tu as commencé à vivre réellement ce que c'est que d'être danseur professionnel à l'Opéra de Paris ?

  • Speaker #1

    C'est encore une fois beaucoup mon enfance et Hong Kong qui m'ont donné le courage de continuer. Je pense à mes professeurs de danse qui sont très fiers de moi. Je pense à mes parents qui m'ont toujours soutenu. Et aussi je pense à ce que ça représente pour eux. Parce qu'aujourd'hui, même encore aujourd'hui, je vois dans leurs yeux combien ils sont fiers quand ils parlent de moi devant leurs amis, quand ils évoquent le fait que je suis danseur à l'opéra. Donc ça, ça me donne du courage supplémentaire pour continuer. Et malgré tout, ma passion pour la danse, je fais la distinction aujourd'hui entre la passion pour la danse et le métier en lui-même, parce que je pense qu'on peut aimer la danse. Et ne pas aimer le métier.

  • Speaker #0

    Et toi, aujourd'hui, tu en es où par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, je n'ai aucun doute que j'aime toujours beaucoup la danse. Et que j'adore toujours danser en musique. Et vraiment, c'est une sensation que j'aime toujours beaucoup. Le métier en lui-même, j'ai découvert les difficultés que ça représente. Aujourd'hui, avec mon autre métier... de conseiller en gestion de patrimoine, finalement, ça a permis d'équilibrer un petit peu les choses. Et j'y ai trouvé en tout cas mon équilibre. Aujourd'hui, je sais que je suis toujours danseur à l'opéra, par choix et non pas par nécessité. Parce que pour parler très concrètement, quand on est danseur, je pense que... Et c'est valable aussi pour les musiciens, pour... Ces métiers de passion, je pense que quand on a fait ce choix très jeune, on a abandonné les études et toutes les autres voies très tôt. Et quand on arrive à un certain âge, c'est très compliqué d'avoir le courage de reprendre les études. de faire une reconversion professionnelle et de se remettre sur les bancs de l'école avec des jeunes de 20 ans, 18 ans, etc. Je constate chez mes clients mais aussi chez certains de mes collègues, qu'il y en a qui ont peut-être perdu une bonne partie de leur passion et qui sont restés dans le métier par nécessité. Et c'est absolument ça que je souhaite éviter en faisant le choix de poursuivre mes études dès le début de ma carrière, c'est de pouvoir continuer le métier par choix.

  • Speaker #0

    Tu as fait un choix qui, et on va y revenir, qui n'a pas été évident. à nouveau de mener deux choses de front, deux carrières de front, et en même temps tu t'es donné un pouvoir exceptionnel, le pouvoir de choisir. Et ça, ça change effectivement tout dans le rapport à ce que l'on fait, dans l'intention que l'on met dans ce que l'on choisit de faire dans un instant, parce qu'effectivement même, c'est quelque chose que je peux constater, Moi-même, que j'ai pu constater à un moment donné d'avoir entrepris une toute nouvelle carrière, de devoir travailler à tous les jours pour que ça fonctionne. Parfois, j'ai pu perdre un peu l'intention première qui était ma passion pour le coaching. Et il a fallu que je me redonne cette intention-là de pourquoi je faisais les choses. Et là, en te créant ces deux carrières-là, tu t'es donné cette liberté et ce pouvoir du choix.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Parce que je me suis rendu compte que très vite... C'était impossible pour moi d'être danseur à 100%. J'avais une curiosité intellectuelle par ailleurs et j'avais besoin de faire des études. J'avais besoin d'avoir une certaine ouverture par rapport à mon métier de l'opéra. Donc très tôt, je me suis dit, pour pouvoir continuer, je ne peux pas être uniquement un danseur. J'ai cette... J'avais soif de nouvelles connaissances, de nouvelles compétences, de nouvelles expériences professionnelles. Ce deuxième métier que j'ai commencé il y a quelques années de conseiller patrimonial m'a permis en fait de mieux danser, de retrouver le sens pour moi en tout cas. que d'être danseur. C'est vraiment, comme tu dis, avoir le sens de ce que l'on fait, pour moi, est très important. Savoir pourquoi on fait les choses, très important. Aussi, l'importance d'être aligné et d'être authentique. Et pour moi, pour être aligné, j'ai besoin de ces deux métiers-là, pour l'instant.

  • Speaker #0

    Oui, oui, ça me parle énormément. Ça me parle énormément parce que j'ai senti aussi que quand j'ai commencé ce projet de podcast, je me suis comme offert ce cadeau d'aimer encore plus mon métier de coach. Parce que tout à coup, je m'autorisais à être autre chose. Je suis coach et hôte de podcast et plein d'autres choses évidemment, mais c'est vrai que ça réouvre les possibilités et bizarrement, en tout cas ça peut paraître bizarre de l'extérieur, le fait de multiplier les voix nous fait nous recentrer. Et savoir exactement pourquoi on fait l'un et l'autre.

  • Speaker #1

    Oui, je suis... Totalement d'accord avec ce que tu dis. Et d'ailleurs, je crois vraiment que je danse beaucoup mieux depuis.

  • Speaker #0

    C'est génial.

  • Speaker #1

    En tout cas, je prends beaucoup plus de plaisir dans la danse. Après, parce que je suis plus aligné. Ça m'a enlevé aussi certaines frustrations que j'avais avant. Et d'ailleurs, cela ne m'a pas empêché, d'ailleurs peut-être que cela m'a permis d'être promu à l'opéra à deux reprises depuis que j'ai suivi cette voie. Enfin, double voix, du coup. Et aujourd'hui, je me sens beaucoup mieux. Les deux activités, pour moi, sont complémentaires, bizarrement. Même si au départ, comme au début, quand j'ai décidé de venir en France, beaucoup de personnes autour de moi me disaient que c'était impossible, que je ne vais jamais avoir le temps, que ça allait être très mal vu par la direction, que c'est, en gros, pour eux, c'est impossible. Mais aujourd'hui... Je me sens beaucoup mieux et je trouve que les deux sont très complémentaires puisque quand je suis fatigué physiquement, ça me fait beaucoup de bien de faire du travail intellectuel, de rédaction, d'analyse, de gérer un dossier. En fait, ça déplace mon attention sur autre chose et ça me permet de récupérer physiquement plus facilement. Et aussi, ça me permet de prendre un certain recul par rapport à mes peurs à l'opéra, parce que tout de même, on danse devant des milliers de personnes et ça crée un certain stress, donc le trac avant de monter en scène, avant un concours. Donc tout ça, c'est lourd à porter aussi avec le temps. Gérer dans ce cas-là, calculer un dossier, faire de la fiscalité, en fait, ça rend les choses... ça me fait tellement du bien. Et inversement, quand je suis assis dans un bureau, donc ici même, à travailler tous les jours sur la succession, sur vraiment des dossiers très complexes, et ça fait tellement du bien dans ce cas-là de faire un cours de danse, de danser sur scène à l'opéra. Donc pour moi, je ne dis pas que c'est valable pour tout le monde, mais en tout cas, j'ai trouvé mon équilibre, cette fois-ci un équilibre que je trouve très aligné avec qui je suis.

  • Speaker #0

    L'équilibre, c'est un terme, ça fait vraiment beaucoup de sens dans ce que tu rapportes. Et j'ai entendu aussi le terme de plaisir. Et c'est vrai que quand on a du plaisir dans ce qu'on fait, on le fait mieux. Ça, c'est valable. J'en suis convaincue dans 100% des cas. Et en fait, je pense qu'on tend de plus en plus dans notre société à s'autoriser, on le voit, la génération de nos parents et les générations, la nôtre et celles qui vont nous suivre, On a une approche très, très différente du travail. Et de plus en plus, on est dans cette idée de s'autoriser à avoir plusieurs métiers, plusieurs carrières. Et je pense que c'est vraiment cette quête de sens qui vraiment revient très, très fort, que je peux constater vraiment quotidiennement, moi, avec mes clients. Cette quête de sens qui se retrouve dans le fait de savoir pourquoi on fait une chose et pourquoi on fait une autre. Et du coup, retrouver du plaisir à faire les deux, parfois les deux. trois. Je pense que c'est vraiment ce vers quoi on va de plus en plus en tant que société.

  • Speaker #1

    Tant mieux, c'est une richesse pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, et donc tout le monde disait que ce ne serait pas possible et tu l'as fait. Qu'est-ce qui t'a permis de suivre tes études comme ça en parallèle de ta profession de danseur à l'opéra ?

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup travaillé.

  • Speaker #0

    Et oui, il n'y a quand même pas de secret à un moment donné.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ce n'était pas évident. Donc il y a aussi une part de vérité dans ce que me disait mon entourage, c'est que cumuler l'activité de danseur à temps plein et des études supérieures, c'est vrai que c'est un défi, parce que le métier de danseur demande énormément d'énergie, de concentration et de temps, tout simplement. On passe énormément de temps au théâtre, dans les deux opéras. tous les jours. Ça va de... On commence souvent à 10h le matin pour le cours de danse et même plutôt en période de concours de promotion. Le soir, on peut terminer très tard jusqu'à 23h, 23h30 après le spectacle. Et dans ce que j'ai fait, au début en tout cas, je faisais mon stage conventionné en négociant... Enfin, j'en ai fait deux, des stages conventionnés pour valider un... Les diplômes que j'ai eus, de manière créative.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Parce qu'aucune entreprise ne voulait de moi.

  • Speaker #0

    Elle voulait te prendre en fait.

  • Speaker #1

    Parce que je n'avais aucune régularité dans mon planning. Je pouvais très bien être, même si on a toujours deux jours de repos par semaine, ça pouvait très bien tomber sur un mardi, un dimanche. Ça peut tomber sur n'importe quel jour de la semaine. C'était quand même très compliqué pour l'entreprise. De m'accueillir avec ce planning très peu flexible, il fallait trouver des solutions créatives à la fois pour trouver un stage, trouver une mission, faire mes devoirs, suivre mes cours, aller faire les examens et les partiels à Grenoble, parce que mon école est à Grenoble. Donc les solutions créatives étaient me lever plus tôt tous les matins. Ça c'est une habitude que j'ai gardée depuis l'école de danse, comme je ne dormais pas à l'internat. Je me lève plutôt une heure tous les matins pour travailler, pour faire mes devoirs, pour rédiger mes mémoires, pour travailler sur mon stage aussi parfois. J'ai eu, lors de mes expériences professionnelles en stage, à appeler une liste d'une centaine de personnes pour faire une sorte de fichier et je l'ai fait à l'opéra, dans une salle assez sombre. mais que personne ne va. Et il y avait une bonne connexion, Internet et le réseau mobile aussi. Et donc, je m'installais dans cette salle entre deux répétitions ou pendant la pause déjeuner pour faire mes appels, etc. Donc, il fallait trouver comme ça parfois des dérogations en négociant avec l'OPA comme avec l'entreprise qui m'accueillait pour certaines choses. Et puis... Quand on essaye, au bout d'un moment, forcément, on tombe sur pas mal de refus. Donc, il faut avoir une certaine force mentale pour faire face aux refus, avoir le courage et la détermination de continuer à essayer de chercher des solutions. D'ailleurs, c'est comme ça, je dirais, durant tout mon parcours par la suite, c'est l'histoire de ma vie en France, un petit peu.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    C'est toujours face à... une situation pas habituelle, peu commune, trouver toutefois des solutions quand on a cette envie de faire quelque chose qui semble a priori impossible.

  • Speaker #0

    Oui, tu dis, dans ton TEDx d'ailleurs, tu dis que l'un de tes apprentissages c'est de faire fi finalement des discours réducteurs. de personnes qui auraient des croyances limitantes, parfois même les nôtres, nos propres croyances limitantes, et que tout est possible. C'est quelque chose en lequel tu crois toujours aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, tout est possible. Tout, tout, tout, absolument. Je ne sais pas. Mais je crois beaucoup à la force... Le fait d'essayer. Les premiers pas. Une anecdote, c'est ma blessure en 2021. Parce que j'ai eu la blessure la plus grave une semaine avant un concours de promotion. Et ça a nécessité un an d'arrêt et deux interventions chirurgicales. À ce moment-là, j'ai appelé... une école qui s'appelle l'OREP, qui est une école en gestion de patrimoine à Clermont-Ferrand, même si les inscriptions étaient closes, les cours allaient commencer dans deux jours. Mais je voulais absolument y aller, parce que j'avais déjà cette idée d'accompagner des personnes qui ont des problématiques par rapport aux placements, par rapport à leur patrimoine. Et vraiment, c'était... Et ensuite, je connaissais déjà cette école de Clermont-Ferrand et j'y pense depuis longtemps. Mais je me demandais comment je vais pouvoir suivre cette école, aller suivre une formation dans cette école comme je suis à l'Opéra. C'est incompatible, vraiment incompatible avec mon planning.

  • Speaker #0

    Plus qu'avec l'école de Grenoble, l'école de management de Grenoble.

  • Speaker #1

    J'avais ma dernière année. C'était ma dernière année à Grenoble. J'avais des séances de rééducation, j'étais en béquille. J'avais un pied encore... C'était juste après mon opération. Et j'avais des cours à GEM, à Grenoble. J'avais des partiels en même temps que la formation. Donc c'était vraiment a priori impossible. J'avais à la fin de l'année peut-être un concours de promotion à l'Opéra si j'arrivais. à me remettre de cette blessure dans un an. Ensuite, l'examen à Clermont-Véron était quand même très, très, très difficile, surtout pour moi qui n'avais aucune expérience dans le métier. Et à côté, je passais le même examen que des experts comptables, que des conseillers en gestion de patrimoine, des avocats fiscalistes, des notaires. Et donc, c'était vraiment impossible pour moi. Et en plus, les inscriptions étaient closes et les cours allaient commencer dans quelques jours à Clément Ferrand. J'étais à Paris, en béquille.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de connaître la suite.

  • Speaker #1

    Mais j'avais tellement envie. J'avais tellement envie, je me suis dit, c'est maintenant ou jamais. Parce qu'après, une fois que j'aurai repris à l'OPA, c'est vraiment, pour le coup, beaucoup plus compliqué. Encore plus compliqué. Et donc, cette envie m'a poussé à essayer, par tous moyens, d'aller à Clermont-Ferrand.

  • Speaker #0

    Quels ont été ces moyens ?

  • Speaker #1

    J'ai laissé un message sur LinkedIn à quasiment toute l'équipe pédagogique. De l'OREP, je suis passé par plusieurs reconnaissances qui connaissaient quelqu'un à l'OREP. J'ai vraiment tout essayé. J'ai appelé l'école. J'ai fait le virement pour payer les frais de scolarité.

  • Speaker #0

    Avant même qu'ils te disent oui. Tu les as payés. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et ils se sont divisés. Ils n'avaient plus le choix.

  • Speaker #0

    Ils n'avaient plus quoi faire de cet argent.

  • Speaker #1

    Et ils se sont divisés. Et le défi, c'était d'y aller. J'ai réservé mes AirBnB pour toute la période. Ça dure deux mois, la formation. J'ai prévenu l'Opéra par rapport à mes séances de rééducation. J'ai trouvé une équipe de kinés sur place à Clermont-Ferrand pour que je puisse continuer les séances de rééducation. J'ai pris mes billets de train, j'ai tout organisé, j'ai regardé dans le planning. Ok, ce jour-là, j'ai mon examen à Grenoble, donc je dois prévenir l'école. Et après, à l'examen, il faut que je prévienne l'OPA. Si je veux faire le concours, comment ça va se passer ? D'ailleurs, j'ai fait le concours de promotion tout de même avant l'examen. Donc, tout s'est arrangé.

  • Speaker #0

    Tout s'est arrangé à la force du poignet quand même.

  • Speaker #1

    C'est pas dépeu.

  • Speaker #0

    pas des pieds, qui n'étaient pas assez forts.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    La force du mental, en tout cas.

  • Speaker #1

    Tout ça s'est bien passé au final. J'ai dû faire des compromis de tous les côtés, côté Opéra, côté Grenoble, côté Clermont. J'ai manqué pas mal de cours. Mais au final, tout s'est bien passé. Tout est possible, je ne sais pas. Je crois beaucoup en la valeur juste d'essayer, de faire les premiers pas. d'envoyer un message, de demander des renseignements quand on a un projet, quand on a une idée. Faire quelque chose. Et ce sont ces premiers pas, je pense, qui ensuite, au fur et à mesure, nous emmènent quelque part. Je ne dis pas que ça marche à tous les coups et d'ailleurs, souvent ça ne marche pas. Par exemple, j'ai postulé aussi pour devenir notaire et je n'ai pas réussi. J'ai aussi essayé des tas de choses et je n'ai pas réussi. J'ai essayé de... Quand je cherchais un stage, j'ai envoyé... Ma candidature à plein d'entreprises de toutes sortes et je n'ai pas réussi. J'ai même passé des entretiens d'embauche pour faire un stage dans certaines entreprises et je suis même allé faire plusieurs journées d'observation dans plusieurs entreprises en passant des entretiens d'embauche. Donc ça n'a pas fonctionné au final, mais au moins j'aurais essayé.

  • Speaker #0

    T'as essayé.

  • Speaker #1

    Et parfois, ça marche.

  • Speaker #0

    C'est important ce que tu partages parce que c'est vrai que... tu n'aurais pas partagé ça, on aurait pu penser que tout fonctionne, que tout ce que tu as essayé, tout ce sur quoi tu as concentré, tu as mis tes efforts, ton énergie, fonctionne. Et en fait, non. C'est juste que tu as fait suffisamment d'essais, donné suffisamment de directions possibles pour que finalement certaines fonctionnent. Et oui, il y a l'importance d'essayer, des premiers pas qui donnent l'énergie pour les suivants. Quel pourrait être le mot de la fin de cette conversation pour toutes les personnes qui nous écoutent, qui sont probablement comme moi épatées par ton parcours et qui aimeraient s'offrir de tels rêves, mais qui ne seraient peut-être pas par où commencer ?

  • Speaker #1

    J'aimerais parler de ma grand-mère, qui est décédée en mars l'année dernière. J'ai un lien très particulier avec ma grand-mère et c'est vraiment une personne que j'apprécie énormément parce qu'elle a vécu, elle a eu une vie très difficile. Elle est née en Chine continentale dans un petit village dans la plus grande pauvreté que l'on peut imaginer aujourd'hui. Je fais un petit peu le lien avec mon parcours sans le conscientiser quand j'avais 11 ans. Mais elle a fait le choix de quitter sa famille, s'installer à Hong Kong pour trouver du travail, gagner de l'argent, suffisamment d'argent pour pouvoir s'acheter un pull. Parce qu'elle avait froid en hiver. Donc c'était ça sa motivation, pour quitter sa famille. Parce qu'elle avait froid, donc elle voulait gagner de l'argent pour ne plus avoir froid en hiver, mais aussi pour gagner de l'argent pour aider sa famille dans son petit village en Chine. Il se trouve qu'une fois installées à Hong Kong, les frontières... ont fermé et n'avaient plus la possibilité de revenir dans son petit village. Depuis, elle est restée à Hong Kong. Elle a été humiliée par la société de Hong Kong. Elle a travaillé dans les mines comme femme de ménage pour une famille anglaise puisque Hong Kong était une colonie anglaise. Elle a vécu la guerre. Elle a failli mourir durant la guerre. Son mari, c'est-à-dire mon grand-père paternel, était malade pendant dix ans. Parce que lui aussi travaillait dans les mines et avait des problèmes de poumons. Ma grand-mère devait s'occuper de ses trois enfants seules et avec un mari qui était à l'autre bout de la ville. Donc c'était à 3-4 heures à l'aller de chez elle, l'hôpital de mon grand-père. Donc elle devait faire le chemin régulièrement pour voir mon grand-père pendant 10 ans. Elle travaillait très très très dur dans tous les métiers imaginables pour élever les trois enfants seuls. Je trouve que je suis vraiment très, très admiratif de la vie qu'elle a eue et qu'elle a menée seule finalement. Et donc à chaque fois quand je suis face à une difficulté, je pense à ma grand-mère. Je me dis mais ce n'est rien par rapport à tout ce qu'elle a pu vivre. Et c'est grâce à elle que je suis là aujourd'hui. Dans les moments les plus difficiles qui me font vraiment pleurer, je suis sur le point de craquer, je pense à ma grand-mère. Je me dis, Jun-Wing, tu vas y arriver parce que ta grand-mère l'a fait. Et ce qu'elle a fait, c'est peut-être des centaines de fois plus difficile et plus dangereux que ce que j'ai à résoudre comme problème actuellement. Et donc, tu peux y arriver. Donc ça, c'est vraiment, ce sont des ressources importantes pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, merci beaucoup pour ce partage. C'est très touchant et je pense qu'on peut... tous trouver un lien à ce que tu dis à travers chacun ses histoires et se dire que tout ce qu'on traverse c'est important mais c'est pas grave parce que d'autres l'ont fait avant nous et ça donne de la force ça donne de l'envie de se dire allez,

  • Speaker #1

    j'en suis capable c'est ça merci beaucoup Claire merci à toi

  • Speaker #0

    Merci infiniment d'avoir passé ce moment avec nous. Pour ne manquer aucun épisode, abonne-toi sur la plateforme de ton choix. Et si cet épisode t'a inspiré, n'hésite pas à m'en faire part, à le partager autour de toi et à laisser un avis sur ta plateforme de podcast préférée. Grâce à ce simple geste, tu permettras au podcast de rayonner et d'inspirer plus de monde. Si tu veux en savoir plus sur moi et mon parcours, toutes les informations sont dans la description du podcast. On se retrouve dans deux semaines, et d'ici là... Je te souhaite de rester à l'écoute de toi-même.

Description

Chun-Wing Lam symbolise à lui seul la force tranquille, le courage et la détermination. 


Dès l’âge de 11 ans, il décide que sa passion pour la danse deviendra sa carrière, malgré les moqueries ouvertes de son professeur d’école, qui doutait de ses capacités. Cette expérience douloureuse devient le catalyseur de sa résilience.


À 14 ans, il quitte sa famille, ses amis et son école à Hong Kong pour intégrer l’école de danse du ballet de l’Opéra national de Paris, sans parler un mot de français. Cette aventure audacieuse marque le début d’un chemin semé de défis et de succès.


Aujourd’hui, Chun-Wing incarne l’équilibre et l’alignement entre deux mondes apparemment opposés : danseur professionnel et conseiller en gestion de patrimoine. 


Dans cet épisode de Trouver sa place, Chun-Wing nous raconte avec beaucoup d’humilité son parcours exceptionnel, marqué par la joie d’accomplir ses rêves, mais aussi par les doutes et les difficultés surmontés avec courage et persévérance.


Rejoins-nous pour une des plus belles conversations que j’ai partagées jusqu’à maintenant, qui révèle comment suivre son cœur et dépasser les croyances limitantes peut mener à une vie profondément alignée et riche de sens.


Bonne écoute 💫


***

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Grenoble École de Management


***
Je suis Claire Grevedon 🌞coach professionnelle, spécialisée en reconnexion à soi. J’ai moi-même trouvé ma place il y a quelques années, en découvrant ce métier qui me passionne. Depuis, j’ai accompagné des centaines de personnes à trouver plus de sens, d’alignement et de leadership dans leur vie. 



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Trouver sa place, le podcast où chaque aventure humaine est une invitation à cheminer vers soi-même. Je m'appelle Claire Grévedon, je suis coach professionnel spécialisé en reconnexion à soi, et deux fois par mois, je vais à la rencontre d'êtres humains qui m'inspirent pour partager des conversations qui font grandir. Qu'il s'agisse de leur mode de vie, de leur carrière ou encore de leur identité, tous ont fait des choix conscients et courageux pour vivre une vie alignée avec eux-mêmes. Cette vie, elle est aussi à ta portée. Alors je t'invite à prendre place et te souhaite une bonne écoute. Bonjour Chen Wing.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de ton accueil.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    C'est la première fois qu'on se rencontre et je me sens vraiment privilégiée que tu aies pris ce temps-là pour me rencontrer aujourd'hui. D'autant que je te sais très occupée et c'est aussi l'objet de ma venue aujourd'hui, que tu nous racontes tout ton parcours riche, tes multiples casquettes. que tu mènes aujourd'hui, donc très heureuse d'être là. Sans plus attendre, si tu le veux bien, comment tu souhaiterais te présenter ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Chun-Wing Lam, je suis originaire de Hong Kong, je suis venu en France à l'âge de 14 ans pour intégrer l'école de danse de l'Opéra, parce qu'à l'époque, je voulais absolument devenir danseur professionnel, et après beaucoup de recherches et de réflexions, le seul... choix qui s'offrait à moi, c'était de quitter ma famille, quitter Hong Kong et de rejoindre une école de renommée internationale pour avoir la chance de devenir danseur professionnel dans une compagnie que j'adore et que j'ai toujours suivi quand j'étais danseur élève très passionné, donc c'est le Ballet de l'Opéra de Paris. Et donc aujourd'hui, après quatre années à l'école de danse, je suis rentré à l'opéra à l'âge de 18 ans. Et je fais aujourd'hui ma 9e saison à l'Opéra de Paris. En parallèle, j'ai poursuivi mes études supérieures dès le début de ma carrière. Je fais ce choix-là, qui n'était pas forcément facile à l'époque, et il y avait pas mal de personnes qui doutaient de ce choix, parce que ce n'est pas évident. J'avais moi-même des doutes aussi, par rapport à la possibilité, la possibilité de faire ce double projet. Et donc aujourd'hui... Je suis conseiller en gestion de patrimoine. J'ai créé mon propre cabinet pour avoir comme vocation et comme deuxième passion d'accompagner des artistes et des sportifs dans la gestion de leur patrimoine. Et voilà, donc je mène de front mon activité de danseur à l'opéra à temps plein. Et en parallèle, j'ai aussi mon activité de conseiller patrimonial.

  • Speaker #0

    Donc tout de suite, les questions qui me viennent et on y reviendra, c'est... comment fais-tu ? Mais on y reviendra parce que avant que tu nous partages ton parcours, c'est quand toi, la dernière fois que tu t'es senti à ta place ?

  • Speaker #1

    Peut-être aujourd'hui même. J'étais très heureux d'avoir reçu aujourd'hui des collègues à moi. Il y en a qui sont en fait des anciens collègues qui sont partis à la retraite. Des anciens danseurs, danseurs étoiles qui sont partis à la retraite et qui aujourd'hui ont besoin de conseils. Quand je les ai reçus au cabinet et quand je leur ai expliqué les différentes options qui s'offraient à eux en termes de choix patrimoniaux et en termes de placement financier immobilier par rapport aux options fiscales qui s'offraient à eux, je me sentais à ma place. Je me sentais à ma place parce que je comprends tout à fait leurs spécificités en tant qu'artiste, en tant que... danseur, danseuse à l'opéra, je sais que c'est une discipline et un métier très difficiles. Une voix que l'on a choisie quand on est très jeune, donc souvent pour ma part je l'ai choisie quand j'avais 11 ans, quand j'ai décidé de faire de ma passion mon métier. J'ai vraiment très envie de les aider dans ces choix, parce que quand on est artiste notamment, ou sportif, on se consacre entièrement à notre art ou sport. Et je sais combien on peut être perdu dans toute cette complexité. en matière de fiscalité, transmission du patrimoine, placement, on peut se faire arnaquer facilement par manque d'éducation. d'informations, de renseignements et de temps et d'énergie aussi. Et donc, aujourd'hui même, je me sentais à ma place de les conseiller avec les études que j'ai faites en parallèle et avec aussi ma connaissance profonde du métier.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant parce que tu évoques ces personnes, ces anciens danseurs à la retraite qui se font conseiller par un expert en gestion de patrimoine et un danseur. actif et au plus... vraiment très actif encore, vraiment, on dirait, au début ou au milieu de sa carrière. C'est... C'est rare ça, d'avoir des danseurs qui mènent de front deux carrières à plein potentiel en même temps ?

  • Speaker #1

    Je sais qu'il y a des danseurs qui ont d'autres activités à côté, mais à ma connaissance, je ne connais pas d'autres conseillers en gestion de patrimoine en tout cas. Alors, attention !

  • Speaker #0

    Son danseur professionnel !

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a pas mal de... enfin pas mal, j'en connais deux ou trois anciens danseurs qui sont devenus conseillers en gestion de patrimoine. Maintenant, je ne... pense pas connaître de danseurs qui sont encore danseurs à temps plein et qui a cette autre activité à côté ?

  • Speaker #0

    Il y a quand même eu beaucoup d'étapes avant d'en arriver là et c'est l'objet de notre conversation d'aujourd'hui. Tu dis que tu as décidé à 11 ans, déjà pour beaucoup d'entre nous ça paraît dingue de se dire qu'un jeune garçon de 11 ans décide qu'il fera de sa passion son métier mais même Avant même ça, comment la danse est arrivée dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Par la musique. Parce que j'étais et je suis toujours très passionné par la musique. Quand j'avais trois ans, mes parents ont découvert que j'avais l'oreille absolue. Parce que je jouais au piano les mélodies que je chantais et que j'apprenais à la crèche. Donc j'étais déjà très... J'adorais déjà beaucoup la musique. Et à 5 ans, j'ai demandé à mes parents de m'inscrire au cours de piano. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à jouer au piano tout le temps. Et je voulais absolument devenir pianiste. Et mon père avait très vite repéré cette passion en moi pour la musique. Mais ça a suscité un certain... une certaine inquiétude chez mes parents puisque j'étais très timide, très peu sociable. Et comme ils ont trouvé aussi que j'étais très souple physiquement, donc ils ont pensé tout de suite à la danse pour associer une activité plus sociable avec d'autres enfants et aussi qui allient souplesse physique et musicalité. Et donc à l'âge de 7 ans... J'ai essayé pour la première fois un cours de danse. Et en 15 minutes, j'ai tout de suite dit à ma mère que je voulais continuer la danse. Enfin, commencer plutôt.

  • Speaker #0

    Continuer après 15 minutes. Ce que je retiens là, c'est la place quand même des parents, de la direction que donnent les parents dans l'éducation d'un enfant. Ils auraient pu simplement suivre ton désir premier, qui était d'être pianiste. Mais ils ont écouté, ils ont observé au-delà de ça, ils ont pensé à ce dont tu pourrais peut-être avoir besoin. Et bon, ça aurait pu ne pas fonctionner aussi, mais pour le coup, ça a été le coup de foudre pour toi.

  • Speaker #1

    Totalement. Et d'ailleurs, par rapport à la timidité, ça m'a beaucoup aidé aussi à devenir moins timide, tout simplement. Parce qu'en danse, comme en piano d'ailleurs, mais plus en danse à mon avis. On danse devant des centaines, des milliers de personnes, enfin des centaines ou des milliers de personnes. Plutôt centaines quand j'étais à Hong Kong, quand j'ai commencé, et plutôt milliers maintenant à l'opéra. Et là, j'ai senti très vite l'effet que ça a sur moi. Et je suis devenu peu à peu moins timide. Et j'avais... de plus en plus de facilité, de parler aux inconnus à la suite de ce début, le début de mon apprentissage en danse.

  • Speaker #0

    Malgré tout, si je ne me trompe pas, ton enfance, au-delà de tes passions, n'a pas forcément été évidente, de part, entre autres, ta timidité et puis aussi, je crois, un certain désintérêt pour ce que l'école transmettait. Qu'est-ce que tu peux nous raconter de ton enfance à Hong Kong ?

  • Speaker #1

    Globalement, j'estime avoir eu beaucoup de chance d'avoir une enfance plutôt heureuse, globalement. Je dirais que ce qui a été un peu compliqué, c'est justement le fait que je sois élève danseur. Enfin, je ne le cachais pas du tout. Donc très vite, j'ai fait savoir à mon école, à mes camarades que je faisais de la danse classique à côté. Mais à Hong Kong, ce n'est pas forcément courant qu'un... petit garçon face de la danse classique. D'ailleurs, j'étais souvent le seul garçon dans ma classe de danse. Donc mes camarades posaient énormément de questions par rapport à ça. Et d'ailleurs, d'autres membres de ma famille aussi, ils avaient un regard particulier par rapport à ce choix de danse classique comme activité pour moi. Mais ma mère m'avait déjà prévenu très tôt, donc dès le début que ça risque de m'arriver. que mes camarades trouveraient ça peut-être bizarre, etc. Et j'étais un très mauvais élève. J'avais beaucoup d'énergie. Je n'étais pas du tout discipliné.

  • Speaker #0

    Pour un danseur, c'est parti. Un danseur classique, ça peut être antinomique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Mais à l'école, plutôt scolaire, j'étais très discipliné en danse. Oui. Parce que j'adorais ça et vraiment, je faisais très attention à tout ce que me disaient mes professeurs de danse. À chaque correction, chaque conseil, j'étais à fond. Mais à l'école, comme j'aimais tellement la danse, je voyais ça plutôt comme une contrainte. Donc l'école scolaire m'empêchait d'en sais davantage. Ça me mettait en colère, je ne voyais pas trop l'intérêt de l'école, de la scolarité, et j'embêtais beaucoup mes camarades, j'avais du mal à me concentrer, j'avais beaucoup d'énergie et j'avais des très mauvaises notes. Jusque quand j'avais 9 ans, parce qu'à ce moment-là, donc je devais choisir des collèges pour la suite. Et j'avais un entretien individuel avec mon professeur de classe, et ce professeur de classe avait l'habitude de se moquer ouvertement de moi en classe, devant tous mes camarades. Pas justement parce que j'étais mauvais élève, mais je pense qu'aujourd'hui, avec le recul, je trouve qu'il n'avait pas forcément à se moquer de moi ouvertement, même si j'étais mauvais élève. C'est-à-dire que je trouve qu'au lieu d'être dans une démarche constructive, de vouloir m'aider, il se moquait de moi. Et donc j'avais déjà une certaine colère envers ce professeur. Et de plus, comme ma mère était institutrice, elle avait choisi les meilleures écoles pour moi, les meilleurs collèges du quartier. Donc cet entretien individuel avait pour objet de discuter de ses choix. qu'avait fait pour moi ma mère. À ce moment-là, j'étais tout seul face à ce professeur et il m'avait dit, Chen Wing Lam, tu veux rentrer dans ce genre d'école ? Jamais tu ne rentreras dans une bonne école. Ça m'a tellement marqué et ça m'a tellement rendu en colère que je n'avais qu'une chose en tête, c'est de lui prouver qu'il a tort. Et donc, à partir de ce moment-là, que ce soit à l'école ou en danse, je me suis mis à travailler comme un malade. Et en quelques mois, je suis passé du dernier de la classe au... parmi les premiers. Et d'ailleurs, par la suite, je suis rentré dans le collège que ma mère avait choisi pour moi, qui est l'un des meilleurs du quartier. Donc, c'est un peu...

  • Speaker #0

    Oui. Tu dis d'ailleurs dans un TEDx que tu as donné... Tu cites Marshall Rosenberg. Oui. Tu cites cette phrase que j'adore et qui me parle aussi beaucoup en tant que coach, je crois beaucoup à ces mots, qui dit les mots sont des fenêtres ou bien ils sont des murs. Ils nous condamnent ou ils nous libèrent Qu'est-ce que tu veux dire quand tu partages cette phrase ?

  • Speaker #1

    Je veux dire que, premièrement, avec le recul aujourd'hui, soit c'était une phrase dont je parle, de cette phrase que m'avait dite mon professeur, soit ça... me motive, soit ça aurait pu me casser et détruire complètement ma confiance pour la vie. Parce que j'étais très jeune et je pense que c'est quelque chose qui peut marquer la vie dans le bon sens comme dans le mauvais sens. Et à ce moment-là, heureusement... J'avais les ressources nécessaires pour faire de cette colère un allié, dont j'ai pu me servir de cette colère pour avancer dans ma vie et pour surmonter beaucoup de difficultés que je vais rencontrer par la suite. C'est un petit peu à ça que je pensais quand j'ai cité cette citation.

  • Speaker #0

    Oui, et tu dis à juste titre, heureusement tu avais les armes. C'est vrai que le poids des mots, surtout sur un enfant, Ça paraît assez fou d'imaginer qu'un professeur puisse dire ça à un élève. Toi, cette colère a été constructive. Tu en as fait quelque chose de constructif. Et alors, quelle a été la suite du parcours ? Donc, tu es là à 9 ans, tu intègres ce collège. Qu'est-ce qui s'est passé ensuite pour que tu te retrouves à 14 ans en France ?

  • Speaker #1

    Je reviens un petit peu à cette colère-là. que j'ai ressenti quand j'avais 9 ans. Il y a eu un avant et un après. Donc c'est comme si ma vie a commencé, en tout cas ma vie professionnelle a commencé à ce moment-là. Parce que c'est à partir de cette date, je me suis mis à travailler. Tout ce que je fais aujourd'hui et toute la détermination que j'ai aujourd'hui, en fait, je la dois à cette phrase. C'est pour ça que je parle de chance aussi. Parce que ça aurait pu être complètement dans l'autre sens. À partir de ce moment-là, tous les jours, j'ai gardé cette colère en moi pour... pour faire tout un tas de choses par la suite. Pour te répondre sur comment je suis arrivé en France à 14 ans, donc je rentre dans ce collège, je continue à beaucoup travailler et je suis resté bon élève. Vraiment, il y a eu un basculement de passer d'un garçon, d'un petit garçon pas du tout discipliné à quelqu'un d'extrêmement... rigoureux dans le travail et je notais vraiment tout ce que disaient mes professeurs en classe et j'avais je travaillais toujours, enfin tout le temps en danse comme en à l'école scolaire

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que la discipline qu'on peut retrouver dans la danse t'a aidé à tu t'en es inspiré pour l'école ou selon toi tu l'aurais trouvé cette discipline quoi qu'il en soit ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça aurait été différent sans la danse, parce que la danse m'apprend le goût de l'effort physique. J'ai vraiment, en danse, en plus je n'avais pas forcément une très bonne santé, j'avais pas mal de fragilité de santé, donc j'étais asthmatique, j'avais beaucoup d'allergies dans tous les sens, j'étais très faible physiquement. Ça explique d'autant plus la difficulté que j'avais en danse. Je me souviens quand j'avais environ 10-11 ans. J'avais beaucoup de mal à monter des marches, parfois, en période de crise d'asthme. J'avais vraiment des difficultés à respirer correctement et à même monter quelques marches, j'étais au bout.

  • Speaker #0

    Alors que tu dansais en parallèle.

  • Speaker #1

    Alors que je voulais absolument continuer mes cours de danse et ma mère était très inquiète. Donc ça m'a appris à tenir. et avoir une certaine force mentale pour surmonter quelque chose de difficile physiquement. C'était vraiment très très difficile. J'ai failli m'évanouir à plusieurs reprises dans mon parcours d'élève danseur. ce qui fait que à côté pour la scolarité tout me paraissait plus facile parce qu'il n'y avait pas cette souffrance physique et je savais que de toute façon je peux y arriver si je consacre suffisamment de temps et d'énergie. Je ne vais pas m'évanouir en révisant mes cours.

  • Speaker #0

    Alors, comment tu as décidé de tenter l'aventure à Paris ?

  • Speaker #1

    Donc d'abord, dans ce collège d'excellence, j'avais énormément d'activités, de devoirs, mais en fait, il y avait une certaine pression scolaire qui était grandissante. Donc je savais que si je voulais devenir danseur professionnel, ce n'était pas la bonne voie. Parce qu'au bout de quelques années, Je vais devoir me mettre à étudier tout le temps et à ne plus avoir du temps du tout à danser. À Hong Kong, il y avait peu d'opportunités en termes de formation de danse professionnalisante et aussi d'opportunités professionnelles pour devenir danseur professionnel. Et aussi, je visais l'excellence pour justement toujours dans cette envie de prouver à ce professeur qu'il avait tort.

  • Speaker #0

    C'était toujours là.

  • Speaker #1

    Oui. Et pour devenir professionnel... Je savais donc que je devais partir de Hong Kong, parce que les meilleures écoles, les meilleures compagnies de danse sont à l'étranger. Et notamment, j'avais déjà beaucoup entendu parler de l'Opéra de Paris, de l'histoire de la danse, de l'origine de la danse classique, de Versailles, de Louis XIV et de tout cet héritage de la danse classique. Et donc je rêvais d'aller danser un jour à l'Opéra et de faire partie de cette belle institution. Je regardais aussi énormément de vidéos de danse. Et d'ailleurs, c'est mon père qui m'a tellement soutenu dans cette démarche. Et je le remercie vraiment du fond du cœur. Il m'avait acheté énormément de DVD, de vidéos de danse, de compagnies renommées. Donc les grands classiques, le Lac des Cines, La Belle au bas dormant, tous les balais que je pouvais regarder. Je regardais tous les jours, tout le temps. En métro, chez moi, la nuit quand je ne dormais pas, j'avais vraiment... Sous mes yeux, très souvent, des vidéos de danse. Et je me suis rendu compte très vite que j'appréciais tout particulièrement la qualité des spectacles de l'opéra, le style de danse de l'opéra. Donc mon rêve, c'était de rentrer à l'opéra, sans même mesurer la difficulté que ça représentait pour moi. J'en ai parlé à mon professeur de danse, et elle aussi, pour elle, c'est la meilleure école de danse du monde et la meilleure compagnie du monde. Et on a décidé ensemble de tenter l'Opéra de Paris. Mais à l'époque, autour de moi, il y avait aussi beaucoup de... Donc, mon entourage me disait que je ne vais jamais y arriver, je n'ai pas le niveau, je ne parle pas un mot de français, ils ne prennent pas d'étrangers. Que c'était capricieux de ma part parce que je vais devoir vivre tout seul à Paris, quitter ma famille. Mais j'avais tellement envie que je ne me suis pas du tout posé de questions et c'est en arrivant en France par la suite que je me suis rendu compte que c'était vraiment difficile. Je me suis dit que j'allais y arriver.

  • Speaker #0

    Il y avait un peu de vrai dans ce que les gens te disaient.

  • Speaker #1

    Mais quand je suis parti, quand j'ai pris mon vol en septembre 2015, je n'avais aucune peur. J'étais avec mes deux énormes valises à l'aéroport. Il y avait donc cet espace, cette frontière, departure donc je suis rentré comme ça, sans aucune peur.

  • Speaker #0

    Sans même te retourner.

  • Speaker #1

    Très courageux. Si c'était à refaire, je ne sais pas si j'aurais aujourd'hui le courage. de refaire ce que j'avais fait à l'époque.

  • Speaker #0

    On dit souvent, on dit souvent que si on avait connu toutes les difficultés qu'on allait traverser, on le ferait peut-être pas. Mais il y a une part, dans le courage, il y a une part d'inconnu qui nous aide finalement à franchir des pas qui semblent énormes.

  • Speaker #1

    Totalement. Oui, totalement. Et heureusement. Oui. Heureusement. que je l'ai fait et que j'ai eu ce courage-là ce jour-là. Et me voilà.

  • Speaker #0

    Oui, je crois pour l'anecdote que tu es arrivé, parce que tu as intégré avant tout, tu as intégré l'école du Ballet National de Paris, de danse de Paris. Et je crois savoir que tu es arrivé la veille de l'ouverture.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Parce qu'à l'époque... Que ce soit mes parents, moi-même, l'école de danse, mon école de danse à Hong Kong, personne ne lisait le français. Et donc on avait du mal à bien comprendre la lettre d'admission de l'école de danse. Et donc on était persuadés que... ce jour-là, en arrivant à Paris, l'école allait être ouverte et que je pourrais m'installer directement à l'internat, etc. J'avais mes draps, même à noyer.

  • Speaker #0

    Dans toutes les grosses vallées.

  • Speaker #1

    J'étais prêt à m'installer. Et j'arrive en taxi devant l'école. J'étais tout seul avec mes valises. Je suis arrivé en France à l'aéroport Charles de Gaulle. Je prends un taxi pour aller à Nanterre préfecture, donc là où se situe l'école de danse. Et en arrivant devant l'école, Et avec l'aide du chauffeur de taxi, on se rend compte que l'école était fermée et qu'il n'y avait aucune possibilité pour moi de m'installer passer la nuit à l'école et que la rentrée avait lieu le lendemain. J'étais crevé parce que c'était l'un de mes premiers longs courriers aussi. Je commençais à avoir peur dans l'avion parce que c'est 13 heures d'avion. Je me demandais, mais qu'est-ce que tu as fait ?

  • Speaker #0

    Tu as fait... Et d'où tu commençais à...

  • Speaker #1

    Je commençais à pleurer parce que je me rends compte, je ne sais pas du tout quand est-ce que je vais aller revoir ma famille. J'étais quand même très attaché à mes parents et à toute ma famille, à ma grand-mère, à ma tante, à ma soeur, à Hong Kong. Et donc, j'ai commencé à pleurer dans l'avion. Et en arrivant, j'étais vraiment très fatigué. L'école était fermée, que faire ? J'avais deux énormes valises avec moi et le chauffeur de taxi qui avait donc compris la situation m'a très gentiment proposé de passer une nuit chez lui et de me ramener à l'école le lendemain. Donc ça m'a sauvé.

  • Speaker #0

    Il y a des gens comme ça, qu'on ne reverra jamais, peut-être jamais, mais qui comptent dans un parcours beaucoup plus qu'on pourrait même l'imaginer. On se rappelle quand même que tu avais... 15 ans, c'est ça ? 14 ans. 14 ans à ce moment-là. Ça paraît une évidence, en fait, même le minimum qu'on attend d'un enfant de 14 ans d'avoir peur. Et puis donc, tu arrives. Tu arrives dans cette école et tu as passé 4 ans dans l'école, c'est ça ? Oui. Tu as tenté à deux reprises le concours pour intégrer le corps de ballet. Oui. Comment ça fonctionne une fois qu'on intègre l'école du ballet ?

  • Speaker #1

    La première année, on est stagiaire. On n'est pas encore officiellement élève de l'école de danse. Ensuite, chaque année, on a des concours, enfin plutôt des examens, on appelle ça des examens à l'école de danse quand on est élève et on peut ne pas passer à l'année suivante. Chaque année, on a un classement à l'issue de l'examen et on peut très bien être renvoyé de l'école et ne pas poursuivre la formation à l'école jusqu'à 18 ans. Pour ceux qui ont la chance de... enfin ont la chance. Pour ceux qui restent à l'école. À l'issue des examens successifs chaque année, on arrive donc à la dernière année, que l'on appelle la première division, et donc c'est la classe d'engagement. Aussi, on l'appelle la classe d'engagement, puisque la suite, c'est le concours d'entrée pour rentrer à la compagnie du ballet de l'Opéra de Paris. Pour ma part, j'ai pu réussir à passer les examens à l'école chaque année, pour ensuite... passer le concours d'entrée pour la compagnie une première fois en 2014 que j'ai échoué. Je n'ai pas réussi à rentrer à l'Opéra la première fois. Et donc, comme j'avais 17 ans, je peux redoubler une fois ma première division pour repasser le concours l'année suivante, en 2015. C'est en 2015 que j'ai été accepté et engagé dans le ballet de l'Opéra.

  • Speaker #0

    Et tu étais alors le premier chinois à intégrer le corps de ballet de l'Opéra National de Paris. Ça fait quoi d'en arriver là, quand ça fait depuis neuf ans qu'on sait qu'on veut devenir danseur professionnel ?

  • Speaker #1

    C'est un rêve qui se réalise. C'était beaucoup d'émotions pour moi, notamment parce que, lors de ma deuxième année à l'école de danse, j'ai évoqué cela dans mon TEDx aussi, j'ai perdu ma tante, qui était un petit peu comme une deuxième maman pour moi, à Hong Kong. et qui me soutenaient beaucoup beaucoup. Et ce n'est pas évident puisque déjà un petit garçon qui fait de la danse classique à Hong Kong, tout le monde trouvait ça très amusant. Et pas vraiment grand monde me prenait au sérieux. Encore plus quand j'évoque le fait que je souhaite devenir danseur professionnel, c'est aussi un choix par rapport à la culture de Hong Kong qui est peu commun. Enfin, à Hong Kong, on est... On parle, il y a très peu de, malheureusement encore aujourd'hui, c'est une société qui est très orientée vers les métiers intellectuels. Donc comme la finance, la banque, finalement je me retrouve maintenant dans le cliché. Avocat, le droit, etc. Dans mon enfance à Hong Kong, j'ai dû beaucoup me battre pour... soutenir cette idée, cette envie et cette détermination de faire de ma passion pour la danse mon métier et quand je suis rentré à l'Opéra il y avait une certaine couverture médiatique à Hong Kong donc j'étais à la une de certains journaux et c'est une petite victoire par rapport à à tous ces doutes que j'ai pu entendre quand j'étais à Hong Kong et aussi par rapport à ce professeur qui m'avait dit à l'époque que j'allais jamais rentrer dans une bonne école. Et c'est aussi un rêve d'enfant qui se réalise parce que j'étais tellement passionné de la danse que je me suis dit, enfin, je réalise mon rêve. C'est vraiment ça. Et ça a rendu très fier ma famille, ma professeure de danse et peut-être la communauté de... de danse à Hong Kong également. Donc, j'étais aux anges.

  • Speaker #0

    Ça a eu un impact sur la communauté de la danse à Hong Kong, justement ?

  • Speaker #1

    Je pense, j'ose l'espérer, en tout cas. Je pense que ça a servi d'exemple à pas mal de garçons qui, peut-être, avaient envie de faire de la danse. Pas forcément en faire.

  • Speaker #0

    Professionnellement ?

  • Speaker #1

    Professionnellement, mais il y avait beaucoup de jeunes garçons qui voulaient essayer ou voulaient danser simplement et qui n'avaient pas forcément de modèle ou d'exemple autour d'eux. Cette couverture médiatique par rapport à mon entrée à l'opéra, peut-être que ça a servi à certains pour ça. Effectivement, je constate par la suite qu'il y avait à l'époque de plus en plus de garçons qui faisaient de la danse à Hong Kong.

  • Speaker #0

    Une sacrée porte que tu as ouverte, que tu as... enfoncée pour toi. Parce que vraiment, on sent en fait, dans ce que tu nous racontes, on sent l'énergie que tu as mise pour réaliser ce rêve. Et forcément, en ouvrant cette porte pour toi, tu l'as ouverte pour bien d'autres aussi. C'est ça aussi qu'on a peut-être tendance à oublier parfois quand on a un rêve. C'est d'ailleurs quelque chose que je fais en coaching, d'inviter les gens à vraiment visualiser quel impact ça va avoir sur les autres. personnes, de s'autoriser à aller au bout de leurs rêves. Parce qu'on oublie qu'on est tous reliés les uns les autres, on a tous un impact aussi petit soit-il sur d'autres personnes et qu'en assumant d'être qui on est et en assumant de réaliser nos rêves, on permet à d'autres d'assumer les leurs.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs ma maman me disait souvent que c'est merveilleux que d'avoir un impact positif autour de nous. En tout cas j'espère qu'à ce moment là j'ai pu... Avoir un impact positif et avoir pu donner la confiance à certains de suivre leur désir.

  • Speaker #0

    Quels ont été les moments les plus difficiles ?

  • Speaker #1

    Quand je suis arrivé en France, ce n'était pas évident. Pas uniquement parce que j'étais devant une école fermée le premier jour. Mais aussi par la suite. Je pense que mes premiers mois et mes premières années à l'école de danse n'ont pas été faciles. Parce que je pense souvent à mon premier jour à l'école. J'étais complètement perdu, je ne parlais pas un mot de français. Et j'avais beaucoup de mal à suivre ce qu'il se passait autour de moi. Et je me sentais très seul. Il y avait très peu d'étrangers à l'école de danse à ce moment-là. En plus, je devais faire des choses que je n'avais pas l'habitude de faire. Déjà, je suis passé d'un élève danseur d'une école d'amateurs. à une formation de haut niveau dans l'une des meilleures écoles de danse du monde. Donc j'avais le matin l'éducation nationale, en français bien évidemment. J'avais à rattraper beaucoup de retard pour passer le brevet des collèges.

  • Speaker #0

    En apprenant la langue ?

  • Speaker #1

    En apprenant la langue et aussi en poursuivant, en commençant la formation. une formation à temps plein et professionnelle en danse. J'avais aussi découvert pas mal de cours complémentaires comme le théâtre, l'expression musicale et j'étais horrifié mais vraiment horrifié par ces cours parce que à Hong Kong on est dans une culture tout autre. Je n'avais pas pas l'habitude de m'exprimer tout seul devant toute une classe. Quand le professeur pose une question en cours à Hong Kong, la culture veut que personne ne lève la main. C'est plutôt au professeur de demander, de désirer. désigner la personne qui va répondre à la question. Donc, on est tous très timides à l'école par rapport aux Français, je pense. Enfin, plutôt, j'en suis certain. Cela explique comment j'avais peur quand on me demandait de jouer une pièce de théâtre en français devant tous mes camarades et tout seul. Notamment, je devais, dès les premiers jours, jouer les fourberies de scapins, de moulières, tout seul devant tous mes camarades de classe en français. danse et j'avais vraiment très très peur et je ne savais plus quoi faire j'étais complètement perdu j'ai pas mal pleuré à l'internât donc ça ça a été une vraie difficulté et tellement que j'avais Tellement peur parce qu'en fait, ces cours étaient toujours le jeudi. Tous les mercredis soirs, je ne dormais pas. J'avais une nuit blanche parce que j'avais trop peur. Donc ça, ça fait partie des difficultés.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, tu t'exprimes dans un podcast. Tu vas parler devant des centaines de personnes dans un TEDx. Comme quoi, quel est le message pour toi à travers ça ?

  • Speaker #1

    Si j'ai aujourd'hui le courage de faire tout ce que je fais aujourd'hui, et j'ai encore beaucoup à apprendre, et je ne dis pas que je me sens totalement à l'aise en toutes circonstances, mais cette étape à l'école de danse certainement m'a beaucoup aidé. Donc c'était un petit peu un passage obligé pour que je puisse aujourd'hui me sentir à l'aise pour faire tout ça. J'en suis reconnaissant d'être passé par là, d'autant plus reconnaissant que je n'ai pas abandonné en cours de route parce que j'aurais très bien pu ne plus supporter toutes ces difficultés et abandonner. Et je remercie à toutes les personnes qui m'ont soutenu, notamment ma famille d'accueil qui m'a beaucoup consolé et soutenu à l'époque, le week-end, qui m'a permis d'avoir le courage et les ressources nécessaires pour surmonter tout ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as pensé à abandonner parfois ?

  • Speaker #1

    Souvent. Enfin, souvent.

  • Speaker #0

    Malgré la détermination, les difficultés étaient à la hauteur.

  • Speaker #1

    Je dirais que quand j'étais à l'école de danse pendant les quatre années, pas vraiment.

  • Speaker #0

    Donc pas quand tu étais encore enfant, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Pas vraiment. Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Grâce, sans doute, à ma famille, à Hong Kong. Tout l'amour et tout le soutien que j'ai eu avant de venir en France à l'âge de 14 ans, parce que vraiment j'estime qu'à cette époque-là, toute ma famille me soutenait dans la démarche. Elle n'a jamais émis de doute par rapport à mon choix. Mon école de danse était très fière de moi. Il y avait mon école scolaire, mon collège, le fameux, qui m'a beaucoup soutenu aussi et qui m'a même soutenu financièrement en me remettant un prix pour être admis à l'Opéra. Donc j'avais tout cet amour de Hong Kong pour donner les ressources nécessaires pour aller jusqu'au bout des quatre années.

  • Speaker #0

    Comme quoi, la puissance de l'amour, ça dépasse les frontières. Oui,

  • Speaker #1

    vraiment, c'était essentiel pour moi.

  • Speaker #0

    Et alors, les doutes ou les pensées d'abandonner sont arrivées plus tard ?

  • Speaker #1

    Plus tard, quand je suis rentré dans la compagnie de l'opéra, je me rends compte peu à peu que finalement, tout cela ne dépend que de moi-même. Donc, j'ai retrouvé une certaine solitude. dans les décisions que je dois prendre, même si au départ, au final, c'est moi-même qui ai pris la décision de partir en France pour faire de la danse. Mais j'avais l'impression, en tout cas, que je pouvais me baser sur mes parents, sur mon professeur, sur des adultes pour faire mes choix. Je me disais que dès que j'ai la validation de ces personnes, c'est bon, je peux y aller. Plus j'avance dans ma vie... Je me rends compte que finalement, ce qui compte, c'est moi. Et que peu à peu, je me rends compte que la validation de ces personnes n'était pas si nécessaire que ça. Et que je suis... le seul responsable des décisions que je vais prendre. Et donc à partir de ce moment-là, je commence à me sentir un peu perdu. Ce que j'ai vécu à l'opéra est aussi en décalage par rapport à ce que j'avais imaginé avant de rentrer à l'opéra.

  • Speaker #0

    En quoi ?

  • Speaker #1

    Je me rends compte aussi que quand je suis élève danseur, Quand j'ai pris ma décision de faire de la danse mon métier à l'âge de 11 ans, je n'avais aucune idée de ce que c'est que le métier du danseur. Et je pense que c'est le cas pour pas mal d'artistes qui ont fait ce choix très jeune. En fait, à ce moment-là, on n'a aucune idée. J'avais qu'une petite facette du métier de danseur, parce que je voyais dans les spectacles de danse la facette du spectacle, de l'enthousiasme du public, de la beauté de la danse. de la musique, de la chorégraphie, des costumes. Je ne voyais que ça. Et donc, pour moi, le métier de danseur, c'est ça. Alors que quand je suis rentré à l'opéra, je découvrais toutes les autres facettes du métier de danseur. C'est-à-dire... Les répétitions, le fait d'apprendre pendant de longues heures tous les jours en studio des chorégraphies, être remplaçant, donc apprendre par nos propres yeux sans pouvoir faire réellement les pas. J'ai appris la compétition qu'il y a entre les danseurs, j'ai appris les périodes de concours, les concours de promotion que l'on a encore chaque année une fois qu'on est rentré. J'ai appris, j'ai découvert aussi la difficulté physique que demande le métier de danseur. Quand on fait une série de 23-25 spectacles en un mois, notamment au mois de décembre pour les grandes productions comme le Lac des Signes, la Belle au Bas d'Ormond, je n'avais aucune idée du niveau de fatigue que j'allais avoir. Donc c'est en décalage, tout ça pour te dire qu'il y a un décalage. entre ce que j'avais imaginé et ce que c'est réellement.

  • Speaker #0

    À quoi tu t'es raccroché quand tu as pris conscience de ce décalage, puis quand tu as commencé à vivre réellement ce que c'est que d'être danseur professionnel à l'Opéra de Paris ?

  • Speaker #1

    C'est encore une fois beaucoup mon enfance et Hong Kong qui m'ont donné le courage de continuer. Je pense à mes professeurs de danse qui sont très fiers de moi. Je pense à mes parents qui m'ont toujours soutenu. Et aussi je pense à ce que ça représente pour eux. Parce qu'aujourd'hui, même encore aujourd'hui, je vois dans leurs yeux combien ils sont fiers quand ils parlent de moi devant leurs amis, quand ils évoquent le fait que je suis danseur à l'opéra. Donc ça, ça me donne du courage supplémentaire pour continuer. Et malgré tout, ma passion pour la danse, je fais la distinction aujourd'hui entre la passion pour la danse et le métier en lui-même, parce que je pense qu'on peut aimer la danse. Et ne pas aimer le métier.

  • Speaker #0

    Et toi, aujourd'hui, tu en es où par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, je n'ai aucun doute que j'aime toujours beaucoup la danse. Et que j'adore toujours danser en musique. Et vraiment, c'est une sensation que j'aime toujours beaucoup. Le métier en lui-même, j'ai découvert les difficultés que ça représente. Aujourd'hui, avec mon autre métier... de conseiller en gestion de patrimoine, finalement, ça a permis d'équilibrer un petit peu les choses. Et j'y ai trouvé en tout cas mon équilibre. Aujourd'hui, je sais que je suis toujours danseur à l'opéra, par choix et non pas par nécessité. Parce que pour parler très concrètement, quand on est danseur, je pense que... Et c'est valable aussi pour les musiciens, pour... Ces métiers de passion, je pense que quand on a fait ce choix très jeune, on a abandonné les études et toutes les autres voies très tôt. Et quand on arrive à un certain âge, c'est très compliqué d'avoir le courage de reprendre les études. de faire une reconversion professionnelle et de se remettre sur les bancs de l'école avec des jeunes de 20 ans, 18 ans, etc. Je constate chez mes clients mais aussi chez certains de mes collègues, qu'il y en a qui ont peut-être perdu une bonne partie de leur passion et qui sont restés dans le métier par nécessité. Et c'est absolument ça que je souhaite éviter en faisant le choix de poursuivre mes études dès le début de ma carrière, c'est de pouvoir continuer le métier par choix.

  • Speaker #0

    Tu as fait un choix qui, et on va y revenir, qui n'a pas été évident. à nouveau de mener deux choses de front, deux carrières de front, et en même temps tu t'es donné un pouvoir exceptionnel, le pouvoir de choisir. Et ça, ça change effectivement tout dans le rapport à ce que l'on fait, dans l'intention que l'on met dans ce que l'on choisit de faire dans un instant, parce qu'effectivement même, c'est quelque chose que je peux constater, Moi-même, que j'ai pu constater à un moment donné d'avoir entrepris une toute nouvelle carrière, de devoir travailler à tous les jours pour que ça fonctionne. Parfois, j'ai pu perdre un peu l'intention première qui était ma passion pour le coaching. Et il a fallu que je me redonne cette intention-là de pourquoi je faisais les choses. Et là, en te créant ces deux carrières-là, tu t'es donné cette liberté et ce pouvoir du choix.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Parce que je me suis rendu compte que très vite... C'était impossible pour moi d'être danseur à 100%. J'avais une curiosité intellectuelle par ailleurs et j'avais besoin de faire des études. J'avais besoin d'avoir une certaine ouverture par rapport à mon métier de l'opéra. Donc très tôt, je me suis dit, pour pouvoir continuer, je ne peux pas être uniquement un danseur. J'ai cette... J'avais soif de nouvelles connaissances, de nouvelles compétences, de nouvelles expériences professionnelles. Ce deuxième métier que j'ai commencé il y a quelques années de conseiller patrimonial m'a permis en fait de mieux danser, de retrouver le sens pour moi en tout cas. que d'être danseur. C'est vraiment, comme tu dis, avoir le sens de ce que l'on fait, pour moi, est très important. Savoir pourquoi on fait les choses, très important. Aussi, l'importance d'être aligné et d'être authentique. Et pour moi, pour être aligné, j'ai besoin de ces deux métiers-là, pour l'instant.

  • Speaker #0

    Oui, oui, ça me parle énormément. Ça me parle énormément parce que j'ai senti aussi que quand j'ai commencé ce projet de podcast, je me suis comme offert ce cadeau d'aimer encore plus mon métier de coach. Parce que tout à coup, je m'autorisais à être autre chose. Je suis coach et hôte de podcast et plein d'autres choses évidemment, mais c'est vrai que ça réouvre les possibilités et bizarrement, en tout cas ça peut paraître bizarre de l'extérieur, le fait de multiplier les voix nous fait nous recentrer. Et savoir exactement pourquoi on fait l'un et l'autre.

  • Speaker #1

    Oui, je suis... Totalement d'accord avec ce que tu dis. Et d'ailleurs, je crois vraiment que je danse beaucoup mieux depuis.

  • Speaker #0

    C'est génial.

  • Speaker #1

    En tout cas, je prends beaucoup plus de plaisir dans la danse. Après, parce que je suis plus aligné. Ça m'a enlevé aussi certaines frustrations que j'avais avant. Et d'ailleurs, cela ne m'a pas empêché, d'ailleurs peut-être que cela m'a permis d'être promu à l'opéra à deux reprises depuis que j'ai suivi cette voie. Enfin, double voix, du coup. Et aujourd'hui, je me sens beaucoup mieux. Les deux activités, pour moi, sont complémentaires, bizarrement. Même si au départ, comme au début, quand j'ai décidé de venir en France, beaucoup de personnes autour de moi me disaient que c'était impossible, que je ne vais jamais avoir le temps, que ça allait être très mal vu par la direction, que c'est, en gros, pour eux, c'est impossible. Mais aujourd'hui... Je me sens beaucoup mieux et je trouve que les deux sont très complémentaires puisque quand je suis fatigué physiquement, ça me fait beaucoup de bien de faire du travail intellectuel, de rédaction, d'analyse, de gérer un dossier. En fait, ça déplace mon attention sur autre chose et ça me permet de récupérer physiquement plus facilement. Et aussi, ça me permet de prendre un certain recul par rapport à mes peurs à l'opéra, parce que tout de même, on danse devant des milliers de personnes et ça crée un certain stress, donc le trac avant de monter en scène, avant un concours. Donc tout ça, c'est lourd à porter aussi avec le temps. Gérer dans ce cas-là, calculer un dossier, faire de la fiscalité, en fait, ça rend les choses... ça me fait tellement du bien. Et inversement, quand je suis assis dans un bureau, donc ici même, à travailler tous les jours sur la succession, sur vraiment des dossiers très complexes, et ça fait tellement du bien dans ce cas-là de faire un cours de danse, de danser sur scène à l'opéra. Donc pour moi, je ne dis pas que c'est valable pour tout le monde, mais en tout cas, j'ai trouvé mon équilibre, cette fois-ci un équilibre que je trouve très aligné avec qui je suis.

  • Speaker #0

    L'équilibre, c'est un terme, ça fait vraiment beaucoup de sens dans ce que tu rapportes. Et j'ai entendu aussi le terme de plaisir. Et c'est vrai que quand on a du plaisir dans ce qu'on fait, on le fait mieux. Ça, c'est valable. J'en suis convaincue dans 100% des cas. Et en fait, je pense qu'on tend de plus en plus dans notre société à s'autoriser, on le voit, la génération de nos parents et les générations, la nôtre et celles qui vont nous suivre, On a une approche très, très différente du travail. Et de plus en plus, on est dans cette idée de s'autoriser à avoir plusieurs métiers, plusieurs carrières. Et je pense que c'est vraiment cette quête de sens qui vraiment revient très, très fort, que je peux constater vraiment quotidiennement, moi, avec mes clients. Cette quête de sens qui se retrouve dans le fait de savoir pourquoi on fait une chose et pourquoi on fait une autre. Et du coup, retrouver du plaisir à faire les deux, parfois les deux. trois. Je pense que c'est vraiment ce vers quoi on va de plus en plus en tant que société.

  • Speaker #1

    Tant mieux, c'est une richesse pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, et donc tout le monde disait que ce ne serait pas possible et tu l'as fait. Qu'est-ce qui t'a permis de suivre tes études comme ça en parallèle de ta profession de danseur à l'opéra ?

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup travaillé.

  • Speaker #0

    Et oui, il n'y a quand même pas de secret à un moment donné.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ce n'était pas évident. Donc il y a aussi une part de vérité dans ce que me disait mon entourage, c'est que cumuler l'activité de danseur à temps plein et des études supérieures, c'est vrai que c'est un défi, parce que le métier de danseur demande énormément d'énergie, de concentration et de temps, tout simplement. On passe énormément de temps au théâtre, dans les deux opéras. tous les jours. Ça va de... On commence souvent à 10h le matin pour le cours de danse et même plutôt en période de concours de promotion. Le soir, on peut terminer très tard jusqu'à 23h, 23h30 après le spectacle. Et dans ce que j'ai fait, au début en tout cas, je faisais mon stage conventionné en négociant... Enfin, j'en ai fait deux, des stages conventionnés pour valider un... Les diplômes que j'ai eus, de manière créative.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Parce qu'aucune entreprise ne voulait de moi.

  • Speaker #0

    Elle voulait te prendre en fait.

  • Speaker #1

    Parce que je n'avais aucune régularité dans mon planning. Je pouvais très bien être, même si on a toujours deux jours de repos par semaine, ça pouvait très bien tomber sur un mardi, un dimanche. Ça peut tomber sur n'importe quel jour de la semaine. C'était quand même très compliqué pour l'entreprise. De m'accueillir avec ce planning très peu flexible, il fallait trouver des solutions créatives à la fois pour trouver un stage, trouver une mission, faire mes devoirs, suivre mes cours, aller faire les examens et les partiels à Grenoble, parce que mon école est à Grenoble. Donc les solutions créatives étaient me lever plus tôt tous les matins. Ça c'est une habitude que j'ai gardée depuis l'école de danse, comme je ne dormais pas à l'internat. Je me lève plutôt une heure tous les matins pour travailler, pour faire mes devoirs, pour rédiger mes mémoires, pour travailler sur mon stage aussi parfois. J'ai eu, lors de mes expériences professionnelles en stage, à appeler une liste d'une centaine de personnes pour faire une sorte de fichier et je l'ai fait à l'opéra, dans une salle assez sombre. mais que personne ne va. Et il y avait une bonne connexion, Internet et le réseau mobile aussi. Et donc, je m'installais dans cette salle entre deux répétitions ou pendant la pause déjeuner pour faire mes appels, etc. Donc, il fallait trouver comme ça parfois des dérogations en négociant avec l'OPA comme avec l'entreprise qui m'accueillait pour certaines choses. Et puis... Quand on essaye, au bout d'un moment, forcément, on tombe sur pas mal de refus. Donc, il faut avoir une certaine force mentale pour faire face aux refus, avoir le courage et la détermination de continuer à essayer de chercher des solutions. D'ailleurs, c'est comme ça, je dirais, durant tout mon parcours par la suite, c'est l'histoire de ma vie en France, un petit peu.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    C'est toujours face à... une situation pas habituelle, peu commune, trouver toutefois des solutions quand on a cette envie de faire quelque chose qui semble a priori impossible.

  • Speaker #0

    Oui, tu dis, dans ton TEDx d'ailleurs, tu dis que l'un de tes apprentissages c'est de faire fi finalement des discours réducteurs. de personnes qui auraient des croyances limitantes, parfois même les nôtres, nos propres croyances limitantes, et que tout est possible. C'est quelque chose en lequel tu crois toujours aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, tout est possible. Tout, tout, tout, absolument. Je ne sais pas. Mais je crois beaucoup à la force... Le fait d'essayer. Les premiers pas. Une anecdote, c'est ma blessure en 2021. Parce que j'ai eu la blessure la plus grave une semaine avant un concours de promotion. Et ça a nécessité un an d'arrêt et deux interventions chirurgicales. À ce moment-là, j'ai appelé... une école qui s'appelle l'OREP, qui est une école en gestion de patrimoine à Clermont-Ferrand, même si les inscriptions étaient closes, les cours allaient commencer dans deux jours. Mais je voulais absolument y aller, parce que j'avais déjà cette idée d'accompagner des personnes qui ont des problématiques par rapport aux placements, par rapport à leur patrimoine. Et vraiment, c'était... Et ensuite, je connaissais déjà cette école de Clermont-Ferrand et j'y pense depuis longtemps. Mais je me demandais comment je vais pouvoir suivre cette école, aller suivre une formation dans cette école comme je suis à l'Opéra. C'est incompatible, vraiment incompatible avec mon planning.

  • Speaker #0

    Plus qu'avec l'école de Grenoble, l'école de management de Grenoble.

  • Speaker #1

    J'avais ma dernière année. C'était ma dernière année à Grenoble. J'avais des séances de rééducation, j'étais en béquille. J'avais un pied encore... C'était juste après mon opération. Et j'avais des cours à GEM, à Grenoble. J'avais des partiels en même temps que la formation. Donc c'était vraiment a priori impossible. J'avais à la fin de l'année peut-être un concours de promotion à l'Opéra si j'arrivais. à me remettre de cette blessure dans un an. Ensuite, l'examen à Clermont-Véron était quand même très, très, très difficile, surtout pour moi qui n'avais aucune expérience dans le métier. Et à côté, je passais le même examen que des experts comptables, que des conseillers en gestion de patrimoine, des avocats fiscalistes, des notaires. Et donc, c'était vraiment impossible pour moi. Et en plus, les inscriptions étaient closes et les cours allaient commencer dans quelques jours à Clément Ferrand. J'étais à Paris, en béquille.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de connaître la suite.

  • Speaker #1

    Mais j'avais tellement envie. J'avais tellement envie, je me suis dit, c'est maintenant ou jamais. Parce qu'après, une fois que j'aurai repris à l'OPA, c'est vraiment, pour le coup, beaucoup plus compliqué. Encore plus compliqué. Et donc, cette envie m'a poussé à essayer, par tous moyens, d'aller à Clermont-Ferrand.

  • Speaker #0

    Quels ont été ces moyens ?

  • Speaker #1

    J'ai laissé un message sur LinkedIn à quasiment toute l'équipe pédagogique. De l'OREP, je suis passé par plusieurs reconnaissances qui connaissaient quelqu'un à l'OREP. J'ai vraiment tout essayé. J'ai appelé l'école. J'ai fait le virement pour payer les frais de scolarité.

  • Speaker #0

    Avant même qu'ils te disent oui. Tu les as payés. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et ils se sont divisés. Ils n'avaient plus le choix.

  • Speaker #0

    Ils n'avaient plus quoi faire de cet argent.

  • Speaker #1

    Et ils se sont divisés. Et le défi, c'était d'y aller. J'ai réservé mes AirBnB pour toute la période. Ça dure deux mois, la formation. J'ai prévenu l'Opéra par rapport à mes séances de rééducation. J'ai trouvé une équipe de kinés sur place à Clermont-Ferrand pour que je puisse continuer les séances de rééducation. J'ai pris mes billets de train, j'ai tout organisé, j'ai regardé dans le planning. Ok, ce jour-là, j'ai mon examen à Grenoble, donc je dois prévenir l'école. Et après, à l'examen, il faut que je prévienne l'OPA. Si je veux faire le concours, comment ça va se passer ? D'ailleurs, j'ai fait le concours de promotion tout de même avant l'examen. Donc, tout s'est arrangé.

  • Speaker #0

    Tout s'est arrangé à la force du poignet quand même.

  • Speaker #1

    C'est pas dépeu.

  • Speaker #0

    pas des pieds, qui n'étaient pas assez forts.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    La force du mental, en tout cas.

  • Speaker #1

    Tout ça s'est bien passé au final. J'ai dû faire des compromis de tous les côtés, côté Opéra, côté Grenoble, côté Clermont. J'ai manqué pas mal de cours. Mais au final, tout s'est bien passé. Tout est possible, je ne sais pas. Je crois beaucoup en la valeur juste d'essayer, de faire les premiers pas. d'envoyer un message, de demander des renseignements quand on a un projet, quand on a une idée. Faire quelque chose. Et ce sont ces premiers pas, je pense, qui ensuite, au fur et à mesure, nous emmènent quelque part. Je ne dis pas que ça marche à tous les coups et d'ailleurs, souvent ça ne marche pas. Par exemple, j'ai postulé aussi pour devenir notaire et je n'ai pas réussi. J'ai aussi essayé des tas de choses et je n'ai pas réussi. J'ai essayé de... Quand je cherchais un stage, j'ai envoyé... Ma candidature à plein d'entreprises de toutes sortes et je n'ai pas réussi. J'ai même passé des entretiens d'embauche pour faire un stage dans certaines entreprises et je suis même allé faire plusieurs journées d'observation dans plusieurs entreprises en passant des entretiens d'embauche. Donc ça n'a pas fonctionné au final, mais au moins j'aurais essayé.

  • Speaker #0

    T'as essayé.

  • Speaker #1

    Et parfois, ça marche.

  • Speaker #0

    C'est important ce que tu partages parce que c'est vrai que... tu n'aurais pas partagé ça, on aurait pu penser que tout fonctionne, que tout ce que tu as essayé, tout ce sur quoi tu as concentré, tu as mis tes efforts, ton énergie, fonctionne. Et en fait, non. C'est juste que tu as fait suffisamment d'essais, donné suffisamment de directions possibles pour que finalement certaines fonctionnent. Et oui, il y a l'importance d'essayer, des premiers pas qui donnent l'énergie pour les suivants. Quel pourrait être le mot de la fin de cette conversation pour toutes les personnes qui nous écoutent, qui sont probablement comme moi épatées par ton parcours et qui aimeraient s'offrir de tels rêves, mais qui ne seraient peut-être pas par où commencer ?

  • Speaker #1

    J'aimerais parler de ma grand-mère, qui est décédée en mars l'année dernière. J'ai un lien très particulier avec ma grand-mère et c'est vraiment une personne que j'apprécie énormément parce qu'elle a vécu, elle a eu une vie très difficile. Elle est née en Chine continentale dans un petit village dans la plus grande pauvreté que l'on peut imaginer aujourd'hui. Je fais un petit peu le lien avec mon parcours sans le conscientiser quand j'avais 11 ans. Mais elle a fait le choix de quitter sa famille, s'installer à Hong Kong pour trouver du travail, gagner de l'argent, suffisamment d'argent pour pouvoir s'acheter un pull. Parce qu'elle avait froid en hiver. Donc c'était ça sa motivation, pour quitter sa famille. Parce qu'elle avait froid, donc elle voulait gagner de l'argent pour ne plus avoir froid en hiver, mais aussi pour gagner de l'argent pour aider sa famille dans son petit village en Chine. Il se trouve qu'une fois installées à Hong Kong, les frontières... ont fermé et n'avaient plus la possibilité de revenir dans son petit village. Depuis, elle est restée à Hong Kong. Elle a été humiliée par la société de Hong Kong. Elle a travaillé dans les mines comme femme de ménage pour une famille anglaise puisque Hong Kong était une colonie anglaise. Elle a vécu la guerre. Elle a failli mourir durant la guerre. Son mari, c'est-à-dire mon grand-père paternel, était malade pendant dix ans. Parce que lui aussi travaillait dans les mines et avait des problèmes de poumons. Ma grand-mère devait s'occuper de ses trois enfants seules et avec un mari qui était à l'autre bout de la ville. Donc c'était à 3-4 heures à l'aller de chez elle, l'hôpital de mon grand-père. Donc elle devait faire le chemin régulièrement pour voir mon grand-père pendant 10 ans. Elle travaillait très très très dur dans tous les métiers imaginables pour élever les trois enfants seuls. Je trouve que je suis vraiment très, très admiratif de la vie qu'elle a eue et qu'elle a menée seule finalement. Et donc à chaque fois quand je suis face à une difficulté, je pense à ma grand-mère. Je me dis mais ce n'est rien par rapport à tout ce qu'elle a pu vivre. Et c'est grâce à elle que je suis là aujourd'hui. Dans les moments les plus difficiles qui me font vraiment pleurer, je suis sur le point de craquer, je pense à ma grand-mère. Je me dis, Jun-Wing, tu vas y arriver parce que ta grand-mère l'a fait. Et ce qu'elle a fait, c'est peut-être des centaines de fois plus difficile et plus dangereux que ce que j'ai à résoudre comme problème actuellement. Et donc, tu peux y arriver. Donc ça, c'est vraiment, ce sont des ressources importantes pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, merci beaucoup pour ce partage. C'est très touchant et je pense qu'on peut... tous trouver un lien à ce que tu dis à travers chacun ses histoires et se dire que tout ce qu'on traverse c'est important mais c'est pas grave parce que d'autres l'ont fait avant nous et ça donne de la force ça donne de l'envie de se dire allez,

  • Speaker #1

    j'en suis capable c'est ça merci beaucoup Claire merci à toi

  • Speaker #0

    Merci infiniment d'avoir passé ce moment avec nous. Pour ne manquer aucun épisode, abonne-toi sur la plateforme de ton choix. Et si cet épisode t'a inspiré, n'hésite pas à m'en faire part, à le partager autour de toi et à laisser un avis sur ta plateforme de podcast préférée. Grâce à ce simple geste, tu permettras au podcast de rayonner et d'inspirer plus de monde. Si tu veux en savoir plus sur moi et mon parcours, toutes les informations sont dans la description du podcast. On se retrouve dans deux semaines, et d'ici là... Je te souhaite de rester à l'écoute de toi-même.

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Description

Chun-Wing Lam symbolise à lui seul la force tranquille, le courage et la détermination. 


Dès l’âge de 11 ans, il décide que sa passion pour la danse deviendra sa carrière, malgré les moqueries ouvertes de son professeur d’école, qui doutait de ses capacités. Cette expérience douloureuse devient le catalyseur de sa résilience.


À 14 ans, il quitte sa famille, ses amis et son école à Hong Kong pour intégrer l’école de danse du ballet de l’Opéra national de Paris, sans parler un mot de français. Cette aventure audacieuse marque le début d’un chemin semé de défis et de succès.


Aujourd’hui, Chun-Wing incarne l’équilibre et l’alignement entre deux mondes apparemment opposés : danseur professionnel et conseiller en gestion de patrimoine. 


Dans cet épisode de Trouver sa place, Chun-Wing nous raconte avec beaucoup d’humilité son parcours exceptionnel, marqué par la joie d’accomplir ses rêves, mais aussi par les doutes et les difficultés surmontés avec courage et persévérance.


Rejoins-nous pour une des plus belles conversations que j’ai partagées jusqu’à maintenant, qui révèle comment suivre son cœur et dépasser les croyances limitantes peut mener à une vie profondément alignée et riche de sens.


Bonne écoute 💫


***

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Instagram de Chun-Wing


TedX de Chun-Wing


Grenoble École de Management


***
Je suis Claire Grevedon 🌞coach professionnelle, spécialisée en reconnexion à soi. J’ai moi-même trouvé ma place il y a quelques années, en découvrant ce métier qui me passionne. Depuis, j’ai accompagné des centaines de personnes à trouver plus de sens, d’alignement et de leadership dans leur vie. 



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Trouver sa place, le podcast où chaque aventure humaine est une invitation à cheminer vers soi-même. Je m'appelle Claire Grévedon, je suis coach professionnel spécialisé en reconnexion à soi, et deux fois par mois, je vais à la rencontre d'êtres humains qui m'inspirent pour partager des conversations qui font grandir. Qu'il s'agisse de leur mode de vie, de leur carrière ou encore de leur identité, tous ont fait des choix conscients et courageux pour vivre une vie alignée avec eux-mêmes. Cette vie, elle est aussi à ta portée. Alors je t'invite à prendre place et te souhaite une bonne écoute. Bonjour Chen Wing.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de ton accueil.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    C'est la première fois qu'on se rencontre et je me sens vraiment privilégiée que tu aies pris ce temps-là pour me rencontrer aujourd'hui. D'autant que je te sais très occupée et c'est aussi l'objet de ma venue aujourd'hui, que tu nous racontes tout ton parcours riche, tes multiples casquettes. que tu mènes aujourd'hui, donc très heureuse d'être là. Sans plus attendre, si tu le veux bien, comment tu souhaiterais te présenter ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Chun-Wing Lam, je suis originaire de Hong Kong, je suis venu en France à l'âge de 14 ans pour intégrer l'école de danse de l'Opéra, parce qu'à l'époque, je voulais absolument devenir danseur professionnel, et après beaucoup de recherches et de réflexions, le seul... choix qui s'offrait à moi, c'était de quitter ma famille, quitter Hong Kong et de rejoindre une école de renommée internationale pour avoir la chance de devenir danseur professionnel dans une compagnie que j'adore et que j'ai toujours suivi quand j'étais danseur élève très passionné, donc c'est le Ballet de l'Opéra de Paris. Et donc aujourd'hui, après quatre années à l'école de danse, je suis rentré à l'opéra à l'âge de 18 ans. Et je fais aujourd'hui ma 9e saison à l'Opéra de Paris. En parallèle, j'ai poursuivi mes études supérieures dès le début de ma carrière. Je fais ce choix-là, qui n'était pas forcément facile à l'époque, et il y avait pas mal de personnes qui doutaient de ce choix, parce que ce n'est pas évident. J'avais moi-même des doutes aussi, par rapport à la possibilité, la possibilité de faire ce double projet. Et donc aujourd'hui... Je suis conseiller en gestion de patrimoine. J'ai créé mon propre cabinet pour avoir comme vocation et comme deuxième passion d'accompagner des artistes et des sportifs dans la gestion de leur patrimoine. Et voilà, donc je mène de front mon activité de danseur à l'opéra à temps plein. Et en parallèle, j'ai aussi mon activité de conseiller patrimonial.

  • Speaker #0

    Donc tout de suite, les questions qui me viennent et on y reviendra, c'est... comment fais-tu ? Mais on y reviendra parce que avant que tu nous partages ton parcours, c'est quand toi, la dernière fois que tu t'es senti à ta place ?

  • Speaker #1

    Peut-être aujourd'hui même. J'étais très heureux d'avoir reçu aujourd'hui des collègues à moi. Il y en a qui sont en fait des anciens collègues qui sont partis à la retraite. Des anciens danseurs, danseurs étoiles qui sont partis à la retraite et qui aujourd'hui ont besoin de conseils. Quand je les ai reçus au cabinet et quand je leur ai expliqué les différentes options qui s'offraient à eux en termes de choix patrimoniaux et en termes de placement financier immobilier par rapport aux options fiscales qui s'offraient à eux, je me sentais à ma place. Je me sentais à ma place parce que je comprends tout à fait leurs spécificités en tant qu'artiste, en tant que... danseur, danseuse à l'opéra, je sais que c'est une discipline et un métier très difficiles. Une voix que l'on a choisie quand on est très jeune, donc souvent pour ma part je l'ai choisie quand j'avais 11 ans, quand j'ai décidé de faire de ma passion mon métier. J'ai vraiment très envie de les aider dans ces choix, parce que quand on est artiste notamment, ou sportif, on se consacre entièrement à notre art ou sport. Et je sais combien on peut être perdu dans toute cette complexité. en matière de fiscalité, transmission du patrimoine, placement, on peut se faire arnaquer facilement par manque d'éducation. d'informations, de renseignements et de temps et d'énergie aussi. Et donc, aujourd'hui même, je me sentais à ma place de les conseiller avec les études que j'ai faites en parallèle et avec aussi ma connaissance profonde du métier.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant parce que tu évoques ces personnes, ces anciens danseurs à la retraite qui se font conseiller par un expert en gestion de patrimoine et un danseur. actif et au plus... vraiment très actif encore, vraiment, on dirait, au début ou au milieu de sa carrière. C'est... C'est rare ça, d'avoir des danseurs qui mènent de front deux carrières à plein potentiel en même temps ?

  • Speaker #1

    Je sais qu'il y a des danseurs qui ont d'autres activités à côté, mais à ma connaissance, je ne connais pas d'autres conseillers en gestion de patrimoine en tout cas. Alors, attention !

  • Speaker #0

    Son danseur professionnel !

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a pas mal de... enfin pas mal, j'en connais deux ou trois anciens danseurs qui sont devenus conseillers en gestion de patrimoine. Maintenant, je ne... pense pas connaître de danseurs qui sont encore danseurs à temps plein et qui a cette autre activité à côté ?

  • Speaker #0

    Il y a quand même eu beaucoup d'étapes avant d'en arriver là et c'est l'objet de notre conversation d'aujourd'hui. Tu dis que tu as décidé à 11 ans, déjà pour beaucoup d'entre nous ça paraît dingue de se dire qu'un jeune garçon de 11 ans décide qu'il fera de sa passion son métier mais même Avant même ça, comment la danse est arrivée dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Par la musique. Parce que j'étais et je suis toujours très passionné par la musique. Quand j'avais trois ans, mes parents ont découvert que j'avais l'oreille absolue. Parce que je jouais au piano les mélodies que je chantais et que j'apprenais à la crèche. Donc j'étais déjà très... J'adorais déjà beaucoup la musique. Et à 5 ans, j'ai demandé à mes parents de m'inscrire au cours de piano. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à jouer au piano tout le temps. Et je voulais absolument devenir pianiste. Et mon père avait très vite repéré cette passion en moi pour la musique. Mais ça a suscité un certain... une certaine inquiétude chez mes parents puisque j'étais très timide, très peu sociable. Et comme ils ont trouvé aussi que j'étais très souple physiquement, donc ils ont pensé tout de suite à la danse pour associer une activité plus sociable avec d'autres enfants et aussi qui allient souplesse physique et musicalité. Et donc à l'âge de 7 ans... J'ai essayé pour la première fois un cours de danse. Et en 15 minutes, j'ai tout de suite dit à ma mère que je voulais continuer la danse. Enfin, commencer plutôt.

  • Speaker #0

    Continuer après 15 minutes. Ce que je retiens là, c'est la place quand même des parents, de la direction que donnent les parents dans l'éducation d'un enfant. Ils auraient pu simplement suivre ton désir premier, qui était d'être pianiste. Mais ils ont écouté, ils ont observé au-delà de ça, ils ont pensé à ce dont tu pourrais peut-être avoir besoin. Et bon, ça aurait pu ne pas fonctionner aussi, mais pour le coup, ça a été le coup de foudre pour toi.

  • Speaker #1

    Totalement. Et d'ailleurs, par rapport à la timidité, ça m'a beaucoup aidé aussi à devenir moins timide, tout simplement. Parce qu'en danse, comme en piano d'ailleurs, mais plus en danse à mon avis. On danse devant des centaines, des milliers de personnes, enfin des centaines ou des milliers de personnes. Plutôt centaines quand j'étais à Hong Kong, quand j'ai commencé, et plutôt milliers maintenant à l'opéra. Et là, j'ai senti très vite l'effet que ça a sur moi. Et je suis devenu peu à peu moins timide. Et j'avais... de plus en plus de facilité, de parler aux inconnus à la suite de ce début, le début de mon apprentissage en danse.

  • Speaker #0

    Malgré tout, si je ne me trompe pas, ton enfance, au-delà de tes passions, n'a pas forcément été évidente, de part, entre autres, ta timidité et puis aussi, je crois, un certain désintérêt pour ce que l'école transmettait. Qu'est-ce que tu peux nous raconter de ton enfance à Hong Kong ?

  • Speaker #1

    Globalement, j'estime avoir eu beaucoup de chance d'avoir une enfance plutôt heureuse, globalement. Je dirais que ce qui a été un peu compliqué, c'est justement le fait que je sois élève danseur. Enfin, je ne le cachais pas du tout. Donc très vite, j'ai fait savoir à mon école, à mes camarades que je faisais de la danse classique à côté. Mais à Hong Kong, ce n'est pas forcément courant qu'un... petit garçon face de la danse classique. D'ailleurs, j'étais souvent le seul garçon dans ma classe de danse. Donc mes camarades posaient énormément de questions par rapport à ça. Et d'ailleurs, d'autres membres de ma famille aussi, ils avaient un regard particulier par rapport à ce choix de danse classique comme activité pour moi. Mais ma mère m'avait déjà prévenu très tôt, donc dès le début que ça risque de m'arriver. que mes camarades trouveraient ça peut-être bizarre, etc. Et j'étais un très mauvais élève. J'avais beaucoup d'énergie. Je n'étais pas du tout discipliné.

  • Speaker #0

    Pour un danseur, c'est parti. Un danseur classique, ça peut être antinomique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Mais à l'école, plutôt scolaire, j'étais très discipliné en danse. Oui. Parce que j'adorais ça et vraiment, je faisais très attention à tout ce que me disaient mes professeurs de danse. À chaque correction, chaque conseil, j'étais à fond. Mais à l'école, comme j'aimais tellement la danse, je voyais ça plutôt comme une contrainte. Donc l'école scolaire m'empêchait d'en sais davantage. Ça me mettait en colère, je ne voyais pas trop l'intérêt de l'école, de la scolarité, et j'embêtais beaucoup mes camarades, j'avais du mal à me concentrer, j'avais beaucoup d'énergie et j'avais des très mauvaises notes. Jusque quand j'avais 9 ans, parce qu'à ce moment-là, donc je devais choisir des collèges pour la suite. Et j'avais un entretien individuel avec mon professeur de classe, et ce professeur de classe avait l'habitude de se moquer ouvertement de moi en classe, devant tous mes camarades. Pas justement parce que j'étais mauvais élève, mais je pense qu'aujourd'hui, avec le recul, je trouve qu'il n'avait pas forcément à se moquer de moi ouvertement, même si j'étais mauvais élève. C'est-à-dire que je trouve qu'au lieu d'être dans une démarche constructive, de vouloir m'aider, il se moquait de moi. Et donc j'avais déjà une certaine colère envers ce professeur. Et de plus, comme ma mère était institutrice, elle avait choisi les meilleures écoles pour moi, les meilleurs collèges du quartier. Donc cet entretien individuel avait pour objet de discuter de ses choix. qu'avait fait pour moi ma mère. À ce moment-là, j'étais tout seul face à ce professeur et il m'avait dit, Chen Wing Lam, tu veux rentrer dans ce genre d'école ? Jamais tu ne rentreras dans une bonne école. Ça m'a tellement marqué et ça m'a tellement rendu en colère que je n'avais qu'une chose en tête, c'est de lui prouver qu'il a tort. Et donc, à partir de ce moment-là, que ce soit à l'école ou en danse, je me suis mis à travailler comme un malade. Et en quelques mois, je suis passé du dernier de la classe au... parmi les premiers. Et d'ailleurs, par la suite, je suis rentré dans le collège que ma mère avait choisi pour moi, qui est l'un des meilleurs du quartier. Donc, c'est un peu...

  • Speaker #0

    Oui. Tu dis d'ailleurs dans un TEDx que tu as donné... Tu cites Marshall Rosenberg. Oui. Tu cites cette phrase que j'adore et qui me parle aussi beaucoup en tant que coach, je crois beaucoup à ces mots, qui dit les mots sont des fenêtres ou bien ils sont des murs. Ils nous condamnent ou ils nous libèrent Qu'est-ce que tu veux dire quand tu partages cette phrase ?

  • Speaker #1

    Je veux dire que, premièrement, avec le recul aujourd'hui, soit c'était une phrase dont je parle, de cette phrase que m'avait dite mon professeur, soit ça... me motive, soit ça aurait pu me casser et détruire complètement ma confiance pour la vie. Parce que j'étais très jeune et je pense que c'est quelque chose qui peut marquer la vie dans le bon sens comme dans le mauvais sens. Et à ce moment-là, heureusement... J'avais les ressources nécessaires pour faire de cette colère un allié, dont j'ai pu me servir de cette colère pour avancer dans ma vie et pour surmonter beaucoup de difficultés que je vais rencontrer par la suite. C'est un petit peu à ça que je pensais quand j'ai cité cette citation.

  • Speaker #0

    Oui, et tu dis à juste titre, heureusement tu avais les armes. C'est vrai que le poids des mots, surtout sur un enfant, Ça paraît assez fou d'imaginer qu'un professeur puisse dire ça à un élève. Toi, cette colère a été constructive. Tu en as fait quelque chose de constructif. Et alors, quelle a été la suite du parcours ? Donc, tu es là à 9 ans, tu intègres ce collège. Qu'est-ce qui s'est passé ensuite pour que tu te retrouves à 14 ans en France ?

  • Speaker #1

    Je reviens un petit peu à cette colère-là. que j'ai ressenti quand j'avais 9 ans. Il y a eu un avant et un après. Donc c'est comme si ma vie a commencé, en tout cas ma vie professionnelle a commencé à ce moment-là. Parce que c'est à partir de cette date, je me suis mis à travailler. Tout ce que je fais aujourd'hui et toute la détermination que j'ai aujourd'hui, en fait, je la dois à cette phrase. C'est pour ça que je parle de chance aussi. Parce que ça aurait pu être complètement dans l'autre sens. À partir de ce moment-là, tous les jours, j'ai gardé cette colère en moi pour... pour faire tout un tas de choses par la suite. Pour te répondre sur comment je suis arrivé en France à 14 ans, donc je rentre dans ce collège, je continue à beaucoup travailler et je suis resté bon élève. Vraiment, il y a eu un basculement de passer d'un garçon, d'un petit garçon pas du tout discipliné à quelqu'un d'extrêmement... rigoureux dans le travail et je notais vraiment tout ce que disaient mes professeurs en classe et j'avais je travaillais toujours, enfin tout le temps en danse comme en à l'école scolaire

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que la discipline qu'on peut retrouver dans la danse t'a aidé à tu t'en es inspiré pour l'école ou selon toi tu l'aurais trouvé cette discipline quoi qu'il en soit ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça aurait été différent sans la danse, parce que la danse m'apprend le goût de l'effort physique. J'ai vraiment, en danse, en plus je n'avais pas forcément une très bonne santé, j'avais pas mal de fragilité de santé, donc j'étais asthmatique, j'avais beaucoup d'allergies dans tous les sens, j'étais très faible physiquement. Ça explique d'autant plus la difficulté que j'avais en danse. Je me souviens quand j'avais environ 10-11 ans. J'avais beaucoup de mal à monter des marches, parfois, en période de crise d'asthme. J'avais vraiment des difficultés à respirer correctement et à même monter quelques marches, j'étais au bout.

  • Speaker #0

    Alors que tu dansais en parallèle.

  • Speaker #1

    Alors que je voulais absolument continuer mes cours de danse et ma mère était très inquiète. Donc ça m'a appris à tenir. et avoir une certaine force mentale pour surmonter quelque chose de difficile physiquement. C'était vraiment très très difficile. J'ai failli m'évanouir à plusieurs reprises dans mon parcours d'élève danseur. ce qui fait que à côté pour la scolarité tout me paraissait plus facile parce qu'il n'y avait pas cette souffrance physique et je savais que de toute façon je peux y arriver si je consacre suffisamment de temps et d'énergie. Je ne vais pas m'évanouir en révisant mes cours.

  • Speaker #0

    Alors, comment tu as décidé de tenter l'aventure à Paris ?

  • Speaker #1

    Donc d'abord, dans ce collège d'excellence, j'avais énormément d'activités, de devoirs, mais en fait, il y avait une certaine pression scolaire qui était grandissante. Donc je savais que si je voulais devenir danseur professionnel, ce n'était pas la bonne voie. Parce qu'au bout de quelques années, Je vais devoir me mettre à étudier tout le temps et à ne plus avoir du temps du tout à danser. À Hong Kong, il y avait peu d'opportunités en termes de formation de danse professionnalisante et aussi d'opportunités professionnelles pour devenir danseur professionnel. Et aussi, je visais l'excellence pour justement toujours dans cette envie de prouver à ce professeur qu'il avait tort.

  • Speaker #0

    C'était toujours là.

  • Speaker #1

    Oui. Et pour devenir professionnel... Je savais donc que je devais partir de Hong Kong, parce que les meilleures écoles, les meilleures compagnies de danse sont à l'étranger. Et notamment, j'avais déjà beaucoup entendu parler de l'Opéra de Paris, de l'histoire de la danse, de l'origine de la danse classique, de Versailles, de Louis XIV et de tout cet héritage de la danse classique. Et donc je rêvais d'aller danser un jour à l'Opéra et de faire partie de cette belle institution. Je regardais aussi énormément de vidéos de danse. Et d'ailleurs, c'est mon père qui m'a tellement soutenu dans cette démarche. Et je le remercie vraiment du fond du cœur. Il m'avait acheté énormément de DVD, de vidéos de danse, de compagnies renommées. Donc les grands classiques, le Lac des Cines, La Belle au bas dormant, tous les balais que je pouvais regarder. Je regardais tous les jours, tout le temps. En métro, chez moi, la nuit quand je ne dormais pas, j'avais vraiment... Sous mes yeux, très souvent, des vidéos de danse. Et je me suis rendu compte très vite que j'appréciais tout particulièrement la qualité des spectacles de l'opéra, le style de danse de l'opéra. Donc mon rêve, c'était de rentrer à l'opéra, sans même mesurer la difficulté que ça représentait pour moi. J'en ai parlé à mon professeur de danse, et elle aussi, pour elle, c'est la meilleure école de danse du monde et la meilleure compagnie du monde. Et on a décidé ensemble de tenter l'Opéra de Paris. Mais à l'époque, autour de moi, il y avait aussi beaucoup de... Donc, mon entourage me disait que je ne vais jamais y arriver, je n'ai pas le niveau, je ne parle pas un mot de français, ils ne prennent pas d'étrangers. Que c'était capricieux de ma part parce que je vais devoir vivre tout seul à Paris, quitter ma famille. Mais j'avais tellement envie que je ne me suis pas du tout posé de questions et c'est en arrivant en France par la suite que je me suis rendu compte que c'était vraiment difficile. Je me suis dit que j'allais y arriver.

  • Speaker #0

    Il y avait un peu de vrai dans ce que les gens te disaient.

  • Speaker #1

    Mais quand je suis parti, quand j'ai pris mon vol en septembre 2015, je n'avais aucune peur. J'étais avec mes deux énormes valises à l'aéroport. Il y avait donc cet espace, cette frontière, departure donc je suis rentré comme ça, sans aucune peur.

  • Speaker #0

    Sans même te retourner.

  • Speaker #1

    Très courageux. Si c'était à refaire, je ne sais pas si j'aurais aujourd'hui le courage. de refaire ce que j'avais fait à l'époque.

  • Speaker #0

    On dit souvent, on dit souvent que si on avait connu toutes les difficultés qu'on allait traverser, on le ferait peut-être pas. Mais il y a une part, dans le courage, il y a une part d'inconnu qui nous aide finalement à franchir des pas qui semblent énormes.

  • Speaker #1

    Totalement. Oui, totalement. Et heureusement. Oui. Heureusement. que je l'ai fait et que j'ai eu ce courage-là ce jour-là. Et me voilà.

  • Speaker #0

    Oui, je crois pour l'anecdote que tu es arrivé, parce que tu as intégré avant tout, tu as intégré l'école du Ballet National de Paris, de danse de Paris. Et je crois savoir que tu es arrivé la veille de l'ouverture.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Parce qu'à l'époque... Que ce soit mes parents, moi-même, l'école de danse, mon école de danse à Hong Kong, personne ne lisait le français. Et donc on avait du mal à bien comprendre la lettre d'admission de l'école de danse. Et donc on était persuadés que... ce jour-là, en arrivant à Paris, l'école allait être ouverte et que je pourrais m'installer directement à l'internat, etc. J'avais mes draps, même à noyer.

  • Speaker #0

    Dans toutes les grosses vallées.

  • Speaker #1

    J'étais prêt à m'installer. Et j'arrive en taxi devant l'école. J'étais tout seul avec mes valises. Je suis arrivé en France à l'aéroport Charles de Gaulle. Je prends un taxi pour aller à Nanterre préfecture, donc là où se situe l'école de danse. Et en arrivant devant l'école, Et avec l'aide du chauffeur de taxi, on se rend compte que l'école était fermée et qu'il n'y avait aucune possibilité pour moi de m'installer passer la nuit à l'école et que la rentrée avait lieu le lendemain. J'étais crevé parce que c'était l'un de mes premiers longs courriers aussi. Je commençais à avoir peur dans l'avion parce que c'est 13 heures d'avion. Je me demandais, mais qu'est-ce que tu as fait ?

  • Speaker #0

    Tu as fait... Et d'où tu commençais à...

  • Speaker #1

    Je commençais à pleurer parce que je me rends compte, je ne sais pas du tout quand est-ce que je vais aller revoir ma famille. J'étais quand même très attaché à mes parents et à toute ma famille, à ma grand-mère, à ma tante, à ma soeur, à Hong Kong. Et donc, j'ai commencé à pleurer dans l'avion. Et en arrivant, j'étais vraiment très fatigué. L'école était fermée, que faire ? J'avais deux énormes valises avec moi et le chauffeur de taxi qui avait donc compris la situation m'a très gentiment proposé de passer une nuit chez lui et de me ramener à l'école le lendemain. Donc ça m'a sauvé.

  • Speaker #0

    Il y a des gens comme ça, qu'on ne reverra jamais, peut-être jamais, mais qui comptent dans un parcours beaucoup plus qu'on pourrait même l'imaginer. On se rappelle quand même que tu avais... 15 ans, c'est ça ? 14 ans. 14 ans à ce moment-là. Ça paraît une évidence, en fait, même le minimum qu'on attend d'un enfant de 14 ans d'avoir peur. Et puis donc, tu arrives. Tu arrives dans cette école et tu as passé 4 ans dans l'école, c'est ça ? Oui. Tu as tenté à deux reprises le concours pour intégrer le corps de ballet. Oui. Comment ça fonctionne une fois qu'on intègre l'école du ballet ?

  • Speaker #1

    La première année, on est stagiaire. On n'est pas encore officiellement élève de l'école de danse. Ensuite, chaque année, on a des concours, enfin plutôt des examens, on appelle ça des examens à l'école de danse quand on est élève et on peut ne pas passer à l'année suivante. Chaque année, on a un classement à l'issue de l'examen et on peut très bien être renvoyé de l'école et ne pas poursuivre la formation à l'école jusqu'à 18 ans. Pour ceux qui ont la chance de... enfin ont la chance. Pour ceux qui restent à l'école. À l'issue des examens successifs chaque année, on arrive donc à la dernière année, que l'on appelle la première division, et donc c'est la classe d'engagement. Aussi, on l'appelle la classe d'engagement, puisque la suite, c'est le concours d'entrée pour rentrer à la compagnie du ballet de l'Opéra de Paris. Pour ma part, j'ai pu réussir à passer les examens à l'école chaque année, pour ensuite... passer le concours d'entrée pour la compagnie une première fois en 2014 que j'ai échoué. Je n'ai pas réussi à rentrer à l'Opéra la première fois. Et donc, comme j'avais 17 ans, je peux redoubler une fois ma première division pour repasser le concours l'année suivante, en 2015. C'est en 2015 que j'ai été accepté et engagé dans le ballet de l'Opéra.

  • Speaker #0

    Et tu étais alors le premier chinois à intégrer le corps de ballet de l'Opéra National de Paris. Ça fait quoi d'en arriver là, quand ça fait depuis neuf ans qu'on sait qu'on veut devenir danseur professionnel ?

  • Speaker #1

    C'est un rêve qui se réalise. C'était beaucoup d'émotions pour moi, notamment parce que, lors de ma deuxième année à l'école de danse, j'ai évoqué cela dans mon TEDx aussi, j'ai perdu ma tante, qui était un petit peu comme une deuxième maman pour moi, à Hong Kong. et qui me soutenaient beaucoup beaucoup. Et ce n'est pas évident puisque déjà un petit garçon qui fait de la danse classique à Hong Kong, tout le monde trouvait ça très amusant. Et pas vraiment grand monde me prenait au sérieux. Encore plus quand j'évoque le fait que je souhaite devenir danseur professionnel, c'est aussi un choix par rapport à la culture de Hong Kong qui est peu commun. Enfin, à Hong Kong, on est... On parle, il y a très peu de, malheureusement encore aujourd'hui, c'est une société qui est très orientée vers les métiers intellectuels. Donc comme la finance, la banque, finalement je me retrouve maintenant dans le cliché. Avocat, le droit, etc. Dans mon enfance à Hong Kong, j'ai dû beaucoup me battre pour... soutenir cette idée, cette envie et cette détermination de faire de ma passion pour la danse mon métier et quand je suis rentré à l'Opéra il y avait une certaine couverture médiatique à Hong Kong donc j'étais à la une de certains journaux et c'est une petite victoire par rapport à à tous ces doutes que j'ai pu entendre quand j'étais à Hong Kong et aussi par rapport à ce professeur qui m'avait dit à l'époque que j'allais jamais rentrer dans une bonne école. Et c'est aussi un rêve d'enfant qui se réalise parce que j'étais tellement passionné de la danse que je me suis dit, enfin, je réalise mon rêve. C'est vraiment ça. Et ça a rendu très fier ma famille, ma professeure de danse et peut-être la communauté de... de danse à Hong Kong également. Donc, j'étais aux anges.

  • Speaker #0

    Ça a eu un impact sur la communauté de la danse à Hong Kong, justement ?

  • Speaker #1

    Je pense, j'ose l'espérer, en tout cas. Je pense que ça a servi d'exemple à pas mal de garçons qui, peut-être, avaient envie de faire de la danse. Pas forcément en faire.

  • Speaker #0

    Professionnellement ?

  • Speaker #1

    Professionnellement, mais il y avait beaucoup de jeunes garçons qui voulaient essayer ou voulaient danser simplement et qui n'avaient pas forcément de modèle ou d'exemple autour d'eux. Cette couverture médiatique par rapport à mon entrée à l'opéra, peut-être que ça a servi à certains pour ça. Effectivement, je constate par la suite qu'il y avait à l'époque de plus en plus de garçons qui faisaient de la danse à Hong Kong.

  • Speaker #0

    Une sacrée porte que tu as ouverte, que tu as... enfoncée pour toi. Parce que vraiment, on sent en fait, dans ce que tu nous racontes, on sent l'énergie que tu as mise pour réaliser ce rêve. Et forcément, en ouvrant cette porte pour toi, tu l'as ouverte pour bien d'autres aussi. C'est ça aussi qu'on a peut-être tendance à oublier parfois quand on a un rêve. C'est d'ailleurs quelque chose que je fais en coaching, d'inviter les gens à vraiment visualiser quel impact ça va avoir sur les autres. personnes, de s'autoriser à aller au bout de leurs rêves. Parce qu'on oublie qu'on est tous reliés les uns les autres, on a tous un impact aussi petit soit-il sur d'autres personnes et qu'en assumant d'être qui on est et en assumant de réaliser nos rêves, on permet à d'autres d'assumer les leurs.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs ma maman me disait souvent que c'est merveilleux que d'avoir un impact positif autour de nous. En tout cas j'espère qu'à ce moment là j'ai pu... Avoir un impact positif et avoir pu donner la confiance à certains de suivre leur désir.

  • Speaker #0

    Quels ont été les moments les plus difficiles ?

  • Speaker #1

    Quand je suis arrivé en France, ce n'était pas évident. Pas uniquement parce que j'étais devant une école fermée le premier jour. Mais aussi par la suite. Je pense que mes premiers mois et mes premières années à l'école de danse n'ont pas été faciles. Parce que je pense souvent à mon premier jour à l'école. J'étais complètement perdu, je ne parlais pas un mot de français. Et j'avais beaucoup de mal à suivre ce qu'il se passait autour de moi. Et je me sentais très seul. Il y avait très peu d'étrangers à l'école de danse à ce moment-là. En plus, je devais faire des choses que je n'avais pas l'habitude de faire. Déjà, je suis passé d'un élève danseur d'une école d'amateurs. à une formation de haut niveau dans l'une des meilleures écoles de danse du monde. Donc j'avais le matin l'éducation nationale, en français bien évidemment. J'avais à rattraper beaucoup de retard pour passer le brevet des collèges.

  • Speaker #0

    En apprenant la langue ?

  • Speaker #1

    En apprenant la langue et aussi en poursuivant, en commençant la formation. une formation à temps plein et professionnelle en danse. J'avais aussi découvert pas mal de cours complémentaires comme le théâtre, l'expression musicale et j'étais horrifié mais vraiment horrifié par ces cours parce que à Hong Kong on est dans une culture tout autre. Je n'avais pas pas l'habitude de m'exprimer tout seul devant toute une classe. Quand le professeur pose une question en cours à Hong Kong, la culture veut que personne ne lève la main. C'est plutôt au professeur de demander, de désirer. désigner la personne qui va répondre à la question. Donc, on est tous très timides à l'école par rapport aux Français, je pense. Enfin, plutôt, j'en suis certain. Cela explique comment j'avais peur quand on me demandait de jouer une pièce de théâtre en français devant tous mes camarades et tout seul. Notamment, je devais, dès les premiers jours, jouer les fourberies de scapins, de moulières, tout seul devant tous mes camarades de classe en français. danse et j'avais vraiment très très peur et je ne savais plus quoi faire j'étais complètement perdu j'ai pas mal pleuré à l'internât donc ça ça a été une vraie difficulté et tellement que j'avais Tellement peur parce qu'en fait, ces cours étaient toujours le jeudi. Tous les mercredis soirs, je ne dormais pas. J'avais une nuit blanche parce que j'avais trop peur. Donc ça, ça fait partie des difficultés.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, tu t'exprimes dans un podcast. Tu vas parler devant des centaines de personnes dans un TEDx. Comme quoi, quel est le message pour toi à travers ça ?

  • Speaker #1

    Si j'ai aujourd'hui le courage de faire tout ce que je fais aujourd'hui, et j'ai encore beaucoup à apprendre, et je ne dis pas que je me sens totalement à l'aise en toutes circonstances, mais cette étape à l'école de danse certainement m'a beaucoup aidé. Donc c'était un petit peu un passage obligé pour que je puisse aujourd'hui me sentir à l'aise pour faire tout ça. J'en suis reconnaissant d'être passé par là, d'autant plus reconnaissant que je n'ai pas abandonné en cours de route parce que j'aurais très bien pu ne plus supporter toutes ces difficultés et abandonner. Et je remercie à toutes les personnes qui m'ont soutenu, notamment ma famille d'accueil qui m'a beaucoup consolé et soutenu à l'époque, le week-end, qui m'a permis d'avoir le courage et les ressources nécessaires pour surmonter tout ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as pensé à abandonner parfois ?

  • Speaker #1

    Souvent. Enfin, souvent.

  • Speaker #0

    Malgré la détermination, les difficultés étaient à la hauteur.

  • Speaker #1

    Je dirais que quand j'étais à l'école de danse pendant les quatre années, pas vraiment.

  • Speaker #0

    Donc pas quand tu étais encore enfant, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Pas vraiment. Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Grâce, sans doute, à ma famille, à Hong Kong. Tout l'amour et tout le soutien que j'ai eu avant de venir en France à l'âge de 14 ans, parce que vraiment j'estime qu'à cette époque-là, toute ma famille me soutenait dans la démarche. Elle n'a jamais émis de doute par rapport à mon choix. Mon école de danse était très fière de moi. Il y avait mon école scolaire, mon collège, le fameux, qui m'a beaucoup soutenu aussi et qui m'a même soutenu financièrement en me remettant un prix pour être admis à l'Opéra. Donc j'avais tout cet amour de Hong Kong pour donner les ressources nécessaires pour aller jusqu'au bout des quatre années.

  • Speaker #0

    Comme quoi, la puissance de l'amour, ça dépasse les frontières. Oui,

  • Speaker #1

    vraiment, c'était essentiel pour moi.

  • Speaker #0

    Et alors, les doutes ou les pensées d'abandonner sont arrivées plus tard ?

  • Speaker #1

    Plus tard, quand je suis rentré dans la compagnie de l'opéra, je me rends compte peu à peu que finalement, tout cela ne dépend que de moi-même. Donc, j'ai retrouvé une certaine solitude. dans les décisions que je dois prendre, même si au départ, au final, c'est moi-même qui ai pris la décision de partir en France pour faire de la danse. Mais j'avais l'impression, en tout cas, que je pouvais me baser sur mes parents, sur mon professeur, sur des adultes pour faire mes choix. Je me disais que dès que j'ai la validation de ces personnes, c'est bon, je peux y aller. Plus j'avance dans ma vie... Je me rends compte que finalement, ce qui compte, c'est moi. Et que peu à peu, je me rends compte que la validation de ces personnes n'était pas si nécessaire que ça. Et que je suis... le seul responsable des décisions que je vais prendre. Et donc à partir de ce moment-là, je commence à me sentir un peu perdu. Ce que j'ai vécu à l'opéra est aussi en décalage par rapport à ce que j'avais imaginé avant de rentrer à l'opéra.

  • Speaker #0

    En quoi ?

  • Speaker #1

    Je me rends compte aussi que quand je suis élève danseur, Quand j'ai pris ma décision de faire de la danse mon métier à l'âge de 11 ans, je n'avais aucune idée de ce que c'est que le métier du danseur. Et je pense que c'est le cas pour pas mal d'artistes qui ont fait ce choix très jeune. En fait, à ce moment-là, on n'a aucune idée. J'avais qu'une petite facette du métier de danseur, parce que je voyais dans les spectacles de danse la facette du spectacle, de l'enthousiasme du public, de la beauté de la danse. de la musique, de la chorégraphie, des costumes. Je ne voyais que ça. Et donc, pour moi, le métier de danseur, c'est ça. Alors que quand je suis rentré à l'opéra, je découvrais toutes les autres facettes du métier de danseur. C'est-à-dire... Les répétitions, le fait d'apprendre pendant de longues heures tous les jours en studio des chorégraphies, être remplaçant, donc apprendre par nos propres yeux sans pouvoir faire réellement les pas. J'ai appris la compétition qu'il y a entre les danseurs, j'ai appris les périodes de concours, les concours de promotion que l'on a encore chaque année une fois qu'on est rentré. J'ai appris, j'ai découvert aussi la difficulté physique que demande le métier de danseur. Quand on fait une série de 23-25 spectacles en un mois, notamment au mois de décembre pour les grandes productions comme le Lac des Signes, la Belle au Bas d'Ormond, je n'avais aucune idée du niveau de fatigue que j'allais avoir. Donc c'est en décalage, tout ça pour te dire qu'il y a un décalage. entre ce que j'avais imaginé et ce que c'est réellement.

  • Speaker #0

    À quoi tu t'es raccroché quand tu as pris conscience de ce décalage, puis quand tu as commencé à vivre réellement ce que c'est que d'être danseur professionnel à l'Opéra de Paris ?

  • Speaker #1

    C'est encore une fois beaucoup mon enfance et Hong Kong qui m'ont donné le courage de continuer. Je pense à mes professeurs de danse qui sont très fiers de moi. Je pense à mes parents qui m'ont toujours soutenu. Et aussi je pense à ce que ça représente pour eux. Parce qu'aujourd'hui, même encore aujourd'hui, je vois dans leurs yeux combien ils sont fiers quand ils parlent de moi devant leurs amis, quand ils évoquent le fait que je suis danseur à l'opéra. Donc ça, ça me donne du courage supplémentaire pour continuer. Et malgré tout, ma passion pour la danse, je fais la distinction aujourd'hui entre la passion pour la danse et le métier en lui-même, parce que je pense qu'on peut aimer la danse. Et ne pas aimer le métier.

  • Speaker #0

    Et toi, aujourd'hui, tu en es où par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, je n'ai aucun doute que j'aime toujours beaucoup la danse. Et que j'adore toujours danser en musique. Et vraiment, c'est une sensation que j'aime toujours beaucoup. Le métier en lui-même, j'ai découvert les difficultés que ça représente. Aujourd'hui, avec mon autre métier... de conseiller en gestion de patrimoine, finalement, ça a permis d'équilibrer un petit peu les choses. Et j'y ai trouvé en tout cas mon équilibre. Aujourd'hui, je sais que je suis toujours danseur à l'opéra, par choix et non pas par nécessité. Parce que pour parler très concrètement, quand on est danseur, je pense que... Et c'est valable aussi pour les musiciens, pour... Ces métiers de passion, je pense que quand on a fait ce choix très jeune, on a abandonné les études et toutes les autres voies très tôt. Et quand on arrive à un certain âge, c'est très compliqué d'avoir le courage de reprendre les études. de faire une reconversion professionnelle et de se remettre sur les bancs de l'école avec des jeunes de 20 ans, 18 ans, etc. Je constate chez mes clients mais aussi chez certains de mes collègues, qu'il y en a qui ont peut-être perdu une bonne partie de leur passion et qui sont restés dans le métier par nécessité. Et c'est absolument ça que je souhaite éviter en faisant le choix de poursuivre mes études dès le début de ma carrière, c'est de pouvoir continuer le métier par choix.

  • Speaker #0

    Tu as fait un choix qui, et on va y revenir, qui n'a pas été évident. à nouveau de mener deux choses de front, deux carrières de front, et en même temps tu t'es donné un pouvoir exceptionnel, le pouvoir de choisir. Et ça, ça change effectivement tout dans le rapport à ce que l'on fait, dans l'intention que l'on met dans ce que l'on choisit de faire dans un instant, parce qu'effectivement même, c'est quelque chose que je peux constater, Moi-même, que j'ai pu constater à un moment donné d'avoir entrepris une toute nouvelle carrière, de devoir travailler à tous les jours pour que ça fonctionne. Parfois, j'ai pu perdre un peu l'intention première qui était ma passion pour le coaching. Et il a fallu que je me redonne cette intention-là de pourquoi je faisais les choses. Et là, en te créant ces deux carrières-là, tu t'es donné cette liberté et ce pouvoir du choix.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Parce que je me suis rendu compte que très vite... C'était impossible pour moi d'être danseur à 100%. J'avais une curiosité intellectuelle par ailleurs et j'avais besoin de faire des études. J'avais besoin d'avoir une certaine ouverture par rapport à mon métier de l'opéra. Donc très tôt, je me suis dit, pour pouvoir continuer, je ne peux pas être uniquement un danseur. J'ai cette... J'avais soif de nouvelles connaissances, de nouvelles compétences, de nouvelles expériences professionnelles. Ce deuxième métier que j'ai commencé il y a quelques années de conseiller patrimonial m'a permis en fait de mieux danser, de retrouver le sens pour moi en tout cas. que d'être danseur. C'est vraiment, comme tu dis, avoir le sens de ce que l'on fait, pour moi, est très important. Savoir pourquoi on fait les choses, très important. Aussi, l'importance d'être aligné et d'être authentique. Et pour moi, pour être aligné, j'ai besoin de ces deux métiers-là, pour l'instant.

  • Speaker #0

    Oui, oui, ça me parle énormément. Ça me parle énormément parce que j'ai senti aussi que quand j'ai commencé ce projet de podcast, je me suis comme offert ce cadeau d'aimer encore plus mon métier de coach. Parce que tout à coup, je m'autorisais à être autre chose. Je suis coach et hôte de podcast et plein d'autres choses évidemment, mais c'est vrai que ça réouvre les possibilités et bizarrement, en tout cas ça peut paraître bizarre de l'extérieur, le fait de multiplier les voix nous fait nous recentrer. Et savoir exactement pourquoi on fait l'un et l'autre.

  • Speaker #1

    Oui, je suis... Totalement d'accord avec ce que tu dis. Et d'ailleurs, je crois vraiment que je danse beaucoup mieux depuis.

  • Speaker #0

    C'est génial.

  • Speaker #1

    En tout cas, je prends beaucoup plus de plaisir dans la danse. Après, parce que je suis plus aligné. Ça m'a enlevé aussi certaines frustrations que j'avais avant. Et d'ailleurs, cela ne m'a pas empêché, d'ailleurs peut-être que cela m'a permis d'être promu à l'opéra à deux reprises depuis que j'ai suivi cette voie. Enfin, double voix, du coup. Et aujourd'hui, je me sens beaucoup mieux. Les deux activités, pour moi, sont complémentaires, bizarrement. Même si au départ, comme au début, quand j'ai décidé de venir en France, beaucoup de personnes autour de moi me disaient que c'était impossible, que je ne vais jamais avoir le temps, que ça allait être très mal vu par la direction, que c'est, en gros, pour eux, c'est impossible. Mais aujourd'hui... Je me sens beaucoup mieux et je trouve que les deux sont très complémentaires puisque quand je suis fatigué physiquement, ça me fait beaucoup de bien de faire du travail intellectuel, de rédaction, d'analyse, de gérer un dossier. En fait, ça déplace mon attention sur autre chose et ça me permet de récupérer physiquement plus facilement. Et aussi, ça me permet de prendre un certain recul par rapport à mes peurs à l'opéra, parce que tout de même, on danse devant des milliers de personnes et ça crée un certain stress, donc le trac avant de monter en scène, avant un concours. Donc tout ça, c'est lourd à porter aussi avec le temps. Gérer dans ce cas-là, calculer un dossier, faire de la fiscalité, en fait, ça rend les choses... ça me fait tellement du bien. Et inversement, quand je suis assis dans un bureau, donc ici même, à travailler tous les jours sur la succession, sur vraiment des dossiers très complexes, et ça fait tellement du bien dans ce cas-là de faire un cours de danse, de danser sur scène à l'opéra. Donc pour moi, je ne dis pas que c'est valable pour tout le monde, mais en tout cas, j'ai trouvé mon équilibre, cette fois-ci un équilibre que je trouve très aligné avec qui je suis.

  • Speaker #0

    L'équilibre, c'est un terme, ça fait vraiment beaucoup de sens dans ce que tu rapportes. Et j'ai entendu aussi le terme de plaisir. Et c'est vrai que quand on a du plaisir dans ce qu'on fait, on le fait mieux. Ça, c'est valable. J'en suis convaincue dans 100% des cas. Et en fait, je pense qu'on tend de plus en plus dans notre société à s'autoriser, on le voit, la génération de nos parents et les générations, la nôtre et celles qui vont nous suivre, On a une approche très, très différente du travail. Et de plus en plus, on est dans cette idée de s'autoriser à avoir plusieurs métiers, plusieurs carrières. Et je pense que c'est vraiment cette quête de sens qui vraiment revient très, très fort, que je peux constater vraiment quotidiennement, moi, avec mes clients. Cette quête de sens qui se retrouve dans le fait de savoir pourquoi on fait une chose et pourquoi on fait une autre. Et du coup, retrouver du plaisir à faire les deux, parfois les deux. trois. Je pense que c'est vraiment ce vers quoi on va de plus en plus en tant que société.

  • Speaker #1

    Tant mieux, c'est une richesse pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, et donc tout le monde disait que ce ne serait pas possible et tu l'as fait. Qu'est-ce qui t'a permis de suivre tes études comme ça en parallèle de ta profession de danseur à l'opéra ?

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup travaillé.

  • Speaker #0

    Et oui, il n'y a quand même pas de secret à un moment donné.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ce n'était pas évident. Donc il y a aussi une part de vérité dans ce que me disait mon entourage, c'est que cumuler l'activité de danseur à temps plein et des études supérieures, c'est vrai que c'est un défi, parce que le métier de danseur demande énormément d'énergie, de concentration et de temps, tout simplement. On passe énormément de temps au théâtre, dans les deux opéras. tous les jours. Ça va de... On commence souvent à 10h le matin pour le cours de danse et même plutôt en période de concours de promotion. Le soir, on peut terminer très tard jusqu'à 23h, 23h30 après le spectacle. Et dans ce que j'ai fait, au début en tout cas, je faisais mon stage conventionné en négociant... Enfin, j'en ai fait deux, des stages conventionnés pour valider un... Les diplômes que j'ai eus, de manière créative.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Parce qu'aucune entreprise ne voulait de moi.

  • Speaker #0

    Elle voulait te prendre en fait.

  • Speaker #1

    Parce que je n'avais aucune régularité dans mon planning. Je pouvais très bien être, même si on a toujours deux jours de repos par semaine, ça pouvait très bien tomber sur un mardi, un dimanche. Ça peut tomber sur n'importe quel jour de la semaine. C'était quand même très compliqué pour l'entreprise. De m'accueillir avec ce planning très peu flexible, il fallait trouver des solutions créatives à la fois pour trouver un stage, trouver une mission, faire mes devoirs, suivre mes cours, aller faire les examens et les partiels à Grenoble, parce que mon école est à Grenoble. Donc les solutions créatives étaient me lever plus tôt tous les matins. Ça c'est une habitude que j'ai gardée depuis l'école de danse, comme je ne dormais pas à l'internat. Je me lève plutôt une heure tous les matins pour travailler, pour faire mes devoirs, pour rédiger mes mémoires, pour travailler sur mon stage aussi parfois. J'ai eu, lors de mes expériences professionnelles en stage, à appeler une liste d'une centaine de personnes pour faire une sorte de fichier et je l'ai fait à l'opéra, dans une salle assez sombre. mais que personne ne va. Et il y avait une bonne connexion, Internet et le réseau mobile aussi. Et donc, je m'installais dans cette salle entre deux répétitions ou pendant la pause déjeuner pour faire mes appels, etc. Donc, il fallait trouver comme ça parfois des dérogations en négociant avec l'OPA comme avec l'entreprise qui m'accueillait pour certaines choses. Et puis... Quand on essaye, au bout d'un moment, forcément, on tombe sur pas mal de refus. Donc, il faut avoir une certaine force mentale pour faire face aux refus, avoir le courage et la détermination de continuer à essayer de chercher des solutions. D'ailleurs, c'est comme ça, je dirais, durant tout mon parcours par la suite, c'est l'histoire de ma vie en France, un petit peu.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    C'est toujours face à... une situation pas habituelle, peu commune, trouver toutefois des solutions quand on a cette envie de faire quelque chose qui semble a priori impossible.

  • Speaker #0

    Oui, tu dis, dans ton TEDx d'ailleurs, tu dis que l'un de tes apprentissages c'est de faire fi finalement des discours réducteurs. de personnes qui auraient des croyances limitantes, parfois même les nôtres, nos propres croyances limitantes, et que tout est possible. C'est quelque chose en lequel tu crois toujours aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, tout est possible. Tout, tout, tout, absolument. Je ne sais pas. Mais je crois beaucoup à la force... Le fait d'essayer. Les premiers pas. Une anecdote, c'est ma blessure en 2021. Parce que j'ai eu la blessure la plus grave une semaine avant un concours de promotion. Et ça a nécessité un an d'arrêt et deux interventions chirurgicales. À ce moment-là, j'ai appelé... une école qui s'appelle l'OREP, qui est une école en gestion de patrimoine à Clermont-Ferrand, même si les inscriptions étaient closes, les cours allaient commencer dans deux jours. Mais je voulais absolument y aller, parce que j'avais déjà cette idée d'accompagner des personnes qui ont des problématiques par rapport aux placements, par rapport à leur patrimoine. Et vraiment, c'était... Et ensuite, je connaissais déjà cette école de Clermont-Ferrand et j'y pense depuis longtemps. Mais je me demandais comment je vais pouvoir suivre cette école, aller suivre une formation dans cette école comme je suis à l'Opéra. C'est incompatible, vraiment incompatible avec mon planning.

  • Speaker #0

    Plus qu'avec l'école de Grenoble, l'école de management de Grenoble.

  • Speaker #1

    J'avais ma dernière année. C'était ma dernière année à Grenoble. J'avais des séances de rééducation, j'étais en béquille. J'avais un pied encore... C'était juste après mon opération. Et j'avais des cours à GEM, à Grenoble. J'avais des partiels en même temps que la formation. Donc c'était vraiment a priori impossible. J'avais à la fin de l'année peut-être un concours de promotion à l'Opéra si j'arrivais. à me remettre de cette blessure dans un an. Ensuite, l'examen à Clermont-Véron était quand même très, très, très difficile, surtout pour moi qui n'avais aucune expérience dans le métier. Et à côté, je passais le même examen que des experts comptables, que des conseillers en gestion de patrimoine, des avocats fiscalistes, des notaires. Et donc, c'était vraiment impossible pour moi. Et en plus, les inscriptions étaient closes et les cours allaient commencer dans quelques jours à Clément Ferrand. J'étais à Paris, en béquille.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de connaître la suite.

  • Speaker #1

    Mais j'avais tellement envie. J'avais tellement envie, je me suis dit, c'est maintenant ou jamais. Parce qu'après, une fois que j'aurai repris à l'OPA, c'est vraiment, pour le coup, beaucoup plus compliqué. Encore plus compliqué. Et donc, cette envie m'a poussé à essayer, par tous moyens, d'aller à Clermont-Ferrand.

  • Speaker #0

    Quels ont été ces moyens ?

  • Speaker #1

    J'ai laissé un message sur LinkedIn à quasiment toute l'équipe pédagogique. De l'OREP, je suis passé par plusieurs reconnaissances qui connaissaient quelqu'un à l'OREP. J'ai vraiment tout essayé. J'ai appelé l'école. J'ai fait le virement pour payer les frais de scolarité.

  • Speaker #0

    Avant même qu'ils te disent oui. Tu les as payés. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et ils se sont divisés. Ils n'avaient plus le choix.

  • Speaker #0

    Ils n'avaient plus quoi faire de cet argent.

  • Speaker #1

    Et ils se sont divisés. Et le défi, c'était d'y aller. J'ai réservé mes AirBnB pour toute la période. Ça dure deux mois, la formation. J'ai prévenu l'Opéra par rapport à mes séances de rééducation. J'ai trouvé une équipe de kinés sur place à Clermont-Ferrand pour que je puisse continuer les séances de rééducation. J'ai pris mes billets de train, j'ai tout organisé, j'ai regardé dans le planning. Ok, ce jour-là, j'ai mon examen à Grenoble, donc je dois prévenir l'école. Et après, à l'examen, il faut que je prévienne l'OPA. Si je veux faire le concours, comment ça va se passer ? D'ailleurs, j'ai fait le concours de promotion tout de même avant l'examen. Donc, tout s'est arrangé.

  • Speaker #0

    Tout s'est arrangé à la force du poignet quand même.

  • Speaker #1

    C'est pas dépeu.

  • Speaker #0

    pas des pieds, qui n'étaient pas assez forts.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    La force du mental, en tout cas.

  • Speaker #1

    Tout ça s'est bien passé au final. J'ai dû faire des compromis de tous les côtés, côté Opéra, côté Grenoble, côté Clermont. J'ai manqué pas mal de cours. Mais au final, tout s'est bien passé. Tout est possible, je ne sais pas. Je crois beaucoup en la valeur juste d'essayer, de faire les premiers pas. d'envoyer un message, de demander des renseignements quand on a un projet, quand on a une idée. Faire quelque chose. Et ce sont ces premiers pas, je pense, qui ensuite, au fur et à mesure, nous emmènent quelque part. Je ne dis pas que ça marche à tous les coups et d'ailleurs, souvent ça ne marche pas. Par exemple, j'ai postulé aussi pour devenir notaire et je n'ai pas réussi. J'ai aussi essayé des tas de choses et je n'ai pas réussi. J'ai essayé de... Quand je cherchais un stage, j'ai envoyé... Ma candidature à plein d'entreprises de toutes sortes et je n'ai pas réussi. J'ai même passé des entretiens d'embauche pour faire un stage dans certaines entreprises et je suis même allé faire plusieurs journées d'observation dans plusieurs entreprises en passant des entretiens d'embauche. Donc ça n'a pas fonctionné au final, mais au moins j'aurais essayé.

  • Speaker #0

    T'as essayé.

  • Speaker #1

    Et parfois, ça marche.

  • Speaker #0

    C'est important ce que tu partages parce que c'est vrai que... tu n'aurais pas partagé ça, on aurait pu penser que tout fonctionne, que tout ce que tu as essayé, tout ce sur quoi tu as concentré, tu as mis tes efforts, ton énergie, fonctionne. Et en fait, non. C'est juste que tu as fait suffisamment d'essais, donné suffisamment de directions possibles pour que finalement certaines fonctionnent. Et oui, il y a l'importance d'essayer, des premiers pas qui donnent l'énergie pour les suivants. Quel pourrait être le mot de la fin de cette conversation pour toutes les personnes qui nous écoutent, qui sont probablement comme moi épatées par ton parcours et qui aimeraient s'offrir de tels rêves, mais qui ne seraient peut-être pas par où commencer ?

  • Speaker #1

    J'aimerais parler de ma grand-mère, qui est décédée en mars l'année dernière. J'ai un lien très particulier avec ma grand-mère et c'est vraiment une personne que j'apprécie énormément parce qu'elle a vécu, elle a eu une vie très difficile. Elle est née en Chine continentale dans un petit village dans la plus grande pauvreté que l'on peut imaginer aujourd'hui. Je fais un petit peu le lien avec mon parcours sans le conscientiser quand j'avais 11 ans. Mais elle a fait le choix de quitter sa famille, s'installer à Hong Kong pour trouver du travail, gagner de l'argent, suffisamment d'argent pour pouvoir s'acheter un pull. Parce qu'elle avait froid en hiver. Donc c'était ça sa motivation, pour quitter sa famille. Parce qu'elle avait froid, donc elle voulait gagner de l'argent pour ne plus avoir froid en hiver, mais aussi pour gagner de l'argent pour aider sa famille dans son petit village en Chine. Il se trouve qu'une fois installées à Hong Kong, les frontières... ont fermé et n'avaient plus la possibilité de revenir dans son petit village. Depuis, elle est restée à Hong Kong. Elle a été humiliée par la société de Hong Kong. Elle a travaillé dans les mines comme femme de ménage pour une famille anglaise puisque Hong Kong était une colonie anglaise. Elle a vécu la guerre. Elle a failli mourir durant la guerre. Son mari, c'est-à-dire mon grand-père paternel, était malade pendant dix ans. Parce que lui aussi travaillait dans les mines et avait des problèmes de poumons. Ma grand-mère devait s'occuper de ses trois enfants seules et avec un mari qui était à l'autre bout de la ville. Donc c'était à 3-4 heures à l'aller de chez elle, l'hôpital de mon grand-père. Donc elle devait faire le chemin régulièrement pour voir mon grand-père pendant 10 ans. Elle travaillait très très très dur dans tous les métiers imaginables pour élever les trois enfants seuls. Je trouve que je suis vraiment très, très admiratif de la vie qu'elle a eue et qu'elle a menée seule finalement. Et donc à chaque fois quand je suis face à une difficulté, je pense à ma grand-mère. Je me dis mais ce n'est rien par rapport à tout ce qu'elle a pu vivre. Et c'est grâce à elle que je suis là aujourd'hui. Dans les moments les plus difficiles qui me font vraiment pleurer, je suis sur le point de craquer, je pense à ma grand-mère. Je me dis, Jun-Wing, tu vas y arriver parce que ta grand-mère l'a fait. Et ce qu'elle a fait, c'est peut-être des centaines de fois plus difficile et plus dangereux que ce que j'ai à résoudre comme problème actuellement. Et donc, tu peux y arriver. Donc ça, c'est vraiment, ce sont des ressources importantes pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, merci beaucoup pour ce partage. C'est très touchant et je pense qu'on peut... tous trouver un lien à ce que tu dis à travers chacun ses histoires et se dire que tout ce qu'on traverse c'est important mais c'est pas grave parce que d'autres l'ont fait avant nous et ça donne de la force ça donne de l'envie de se dire allez,

  • Speaker #1

    j'en suis capable c'est ça merci beaucoup Claire merci à toi

  • Speaker #0

    Merci infiniment d'avoir passé ce moment avec nous. Pour ne manquer aucun épisode, abonne-toi sur la plateforme de ton choix. Et si cet épisode t'a inspiré, n'hésite pas à m'en faire part, à le partager autour de toi et à laisser un avis sur ta plateforme de podcast préférée. Grâce à ce simple geste, tu permettras au podcast de rayonner et d'inspirer plus de monde. Si tu veux en savoir plus sur moi et mon parcours, toutes les informations sont dans la description du podcast. On se retrouve dans deux semaines, et d'ici là... Je te souhaite de rester à l'écoute de toi-même.

Description

Chun-Wing Lam symbolise à lui seul la force tranquille, le courage et la détermination. 


Dès l’âge de 11 ans, il décide que sa passion pour la danse deviendra sa carrière, malgré les moqueries ouvertes de son professeur d’école, qui doutait de ses capacités. Cette expérience douloureuse devient le catalyseur de sa résilience.


À 14 ans, il quitte sa famille, ses amis et son école à Hong Kong pour intégrer l’école de danse du ballet de l’Opéra national de Paris, sans parler un mot de français. Cette aventure audacieuse marque le début d’un chemin semé de défis et de succès.


Aujourd’hui, Chun-Wing incarne l’équilibre et l’alignement entre deux mondes apparemment opposés : danseur professionnel et conseiller en gestion de patrimoine. 


Dans cet épisode de Trouver sa place, Chun-Wing nous raconte avec beaucoup d’humilité son parcours exceptionnel, marqué par la joie d’accomplir ses rêves, mais aussi par les doutes et les difficultés surmontés avec courage et persévérance.


Rejoins-nous pour une des plus belles conversations que j’ai partagées jusqu’à maintenant, qui révèle comment suivre son cœur et dépasser les croyances limitantes peut mener à une vie profondément alignée et riche de sens.


Bonne écoute 💫


***

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TedX de Chun-Wing


Grenoble École de Management


***
Je suis Claire Grevedon 🌞coach professionnelle, spécialisée en reconnexion à soi. J’ai moi-même trouvé ma place il y a quelques années, en découvrant ce métier qui me passionne. Depuis, j’ai accompagné des centaines de personnes à trouver plus de sens, d’alignement et de leadership dans leur vie. 



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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Trouver sa place, le podcast où chaque aventure humaine est une invitation à cheminer vers soi-même. Je m'appelle Claire Grévedon, je suis coach professionnel spécialisé en reconnexion à soi, et deux fois par mois, je vais à la rencontre d'êtres humains qui m'inspirent pour partager des conversations qui font grandir. Qu'il s'agisse de leur mode de vie, de leur carrière ou encore de leur identité, tous ont fait des choix conscients et courageux pour vivre une vie alignée avec eux-mêmes. Cette vie, elle est aussi à ta portée. Alors je t'invite à prendre place et te souhaite une bonne écoute. Bonjour Chen Wing.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup de ton accueil.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    C'est la première fois qu'on se rencontre et je me sens vraiment privilégiée que tu aies pris ce temps-là pour me rencontrer aujourd'hui. D'autant que je te sais très occupée et c'est aussi l'objet de ma venue aujourd'hui, que tu nous racontes tout ton parcours riche, tes multiples casquettes. que tu mènes aujourd'hui, donc très heureuse d'être là. Sans plus attendre, si tu le veux bien, comment tu souhaiterais te présenter ?

  • Speaker #1

    Je m'appelle Chun-Wing Lam, je suis originaire de Hong Kong, je suis venu en France à l'âge de 14 ans pour intégrer l'école de danse de l'Opéra, parce qu'à l'époque, je voulais absolument devenir danseur professionnel, et après beaucoup de recherches et de réflexions, le seul... choix qui s'offrait à moi, c'était de quitter ma famille, quitter Hong Kong et de rejoindre une école de renommée internationale pour avoir la chance de devenir danseur professionnel dans une compagnie que j'adore et que j'ai toujours suivi quand j'étais danseur élève très passionné, donc c'est le Ballet de l'Opéra de Paris. Et donc aujourd'hui, après quatre années à l'école de danse, je suis rentré à l'opéra à l'âge de 18 ans. Et je fais aujourd'hui ma 9e saison à l'Opéra de Paris. En parallèle, j'ai poursuivi mes études supérieures dès le début de ma carrière. Je fais ce choix-là, qui n'était pas forcément facile à l'époque, et il y avait pas mal de personnes qui doutaient de ce choix, parce que ce n'est pas évident. J'avais moi-même des doutes aussi, par rapport à la possibilité, la possibilité de faire ce double projet. Et donc aujourd'hui... Je suis conseiller en gestion de patrimoine. J'ai créé mon propre cabinet pour avoir comme vocation et comme deuxième passion d'accompagner des artistes et des sportifs dans la gestion de leur patrimoine. Et voilà, donc je mène de front mon activité de danseur à l'opéra à temps plein. Et en parallèle, j'ai aussi mon activité de conseiller patrimonial.

  • Speaker #0

    Donc tout de suite, les questions qui me viennent et on y reviendra, c'est... comment fais-tu ? Mais on y reviendra parce que avant que tu nous partages ton parcours, c'est quand toi, la dernière fois que tu t'es senti à ta place ?

  • Speaker #1

    Peut-être aujourd'hui même. J'étais très heureux d'avoir reçu aujourd'hui des collègues à moi. Il y en a qui sont en fait des anciens collègues qui sont partis à la retraite. Des anciens danseurs, danseurs étoiles qui sont partis à la retraite et qui aujourd'hui ont besoin de conseils. Quand je les ai reçus au cabinet et quand je leur ai expliqué les différentes options qui s'offraient à eux en termes de choix patrimoniaux et en termes de placement financier immobilier par rapport aux options fiscales qui s'offraient à eux, je me sentais à ma place. Je me sentais à ma place parce que je comprends tout à fait leurs spécificités en tant qu'artiste, en tant que... danseur, danseuse à l'opéra, je sais que c'est une discipline et un métier très difficiles. Une voix que l'on a choisie quand on est très jeune, donc souvent pour ma part je l'ai choisie quand j'avais 11 ans, quand j'ai décidé de faire de ma passion mon métier. J'ai vraiment très envie de les aider dans ces choix, parce que quand on est artiste notamment, ou sportif, on se consacre entièrement à notre art ou sport. Et je sais combien on peut être perdu dans toute cette complexité. en matière de fiscalité, transmission du patrimoine, placement, on peut se faire arnaquer facilement par manque d'éducation. d'informations, de renseignements et de temps et d'énergie aussi. Et donc, aujourd'hui même, je me sentais à ma place de les conseiller avec les études que j'ai faites en parallèle et avec aussi ma connaissance profonde du métier.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant parce que tu évoques ces personnes, ces anciens danseurs à la retraite qui se font conseiller par un expert en gestion de patrimoine et un danseur. actif et au plus... vraiment très actif encore, vraiment, on dirait, au début ou au milieu de sa carrière. C'est... C'est rare ça, d'avoir des danseurs qui mènent de front deux carrières à plein potentiel en même temps ?

  • Speaker #1

    Je sais qu'il y a des danseurs qui ont d'autres activités à côté, mais à ma connaissance, je ne connais pas d'autres conseillers en gestion de patrimoine en tout cas. Alors, attention !

  • Speaker #0

    Son danseur professionnel !

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a pas mal de... enfin pas mal, j'en connais deux ou trois anciens danseurs qui sont devenus conseillers en gestion de patrimoine. Maintenant, je ne... pense pas connaître de danseurs qui sont encore danseurs à temps plein et qui a cette autre activité à côté ?

  • Speaker #0

    Il y a quand même eu beaucoup d'étapes avant d'en arriver là et c'est l'objet de notre conversation d'aujourd'hui. Tu dis que tu as décidé à 11 ans, déjà pour beaucoup d'entre nous ça paraît dingue de se dire qu'un jeune garçon de 11 ans décide qu'il fera de sa passion son métier mais même Avant même ça, comment la danse est arrivée dans ta vie ?

  • Speaker #1

    Par la musique. Parce que j'étais et je suis toujours très passionné par la musique. Quand j'avais trois ans, mes parents ont découvert que j'avais l'oreille absolue. Parce que je jouais au piano les mélodies que je chantais et que j'apprenais à la crèche. Donc j'étais déjà très... J'adorais déjà beaucoup la musique. Et à 5 ans, j'ai demandé à mes parents de m'inscrire au cours de piano. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à jouer au piano tout le temps. Et je voulais absolument devenir pianiste. Et mon père avait très vite repéré cette passion en moi pour la musique. Mais ça a suscité un certain... une certaine inquiétude chez mes parents puisque j'étais très timide, très peu sociable. Et comme ils ont trouvé aussi que j'étais très souple physiquement, donc ils ont pensé tout de suite à la danse pour associer une activité plus sociable avec d'autres enfants et aussi qui allient souplesse physique et musicalité. Et donc à l'âge de 7 ans... J'ai essayé pour la première fois un cours de danse. Et en 15 minutes, j'ai tout de suite dit à ma mère que je voulais continuer la danse. Enfin, commencer plutôt.

  • Speaker #0

    Continuer après 15 minutes. Ce que je retiens là, c'est la place quand même des parents, de la direction que donnent les parents dans l'éducation d'un enfant. Ils auraient pu simplement suivre ton désir premier, qui était d'être pianiste. Mais ils ont écouté, ils ont observé au-delà de ça, ils ont pensé à ce dont tu pourrais peut-être avoir besoin. Et bon, ça aurait pu ne pas fonctionner aussi, mais pour le coup, ça a été le coup de foudre pour toi.

  • Speaker #1

    Totalement. Et d'ailleurs, par rapport à la timidité, ça m'a beaucoup aidé aussi à devenir moins timide, tout simplement. Parce qu'en danse, comme en piano d'ailleurs, mais plus en danse à mon avis. On danse devant des centaines, des milliers de personnes, enfin des centaines ou des milliers de personnes. Plutôt centaines quand j'étais à Hong Kong, quand j'ai commencé, et plutôt milliers maintenant à l'opéra. Et là, j'ai senti très vite l'effet que ça a sur moi. Et je suis devenu peu à peu moins timide. Et j'avais... de plus en plus de facilité, de parler aux inconnus à la suite de ce début, le début de mon apprentissage en danse.

  • Speaker #0

    Malgré tout, si je ne me trompe pas, ton enfance, au-delà de tes passions, n'a pas forcément été évidente, de part, entre autres, ta timidité et puis aussi, je crois, un certain désintérêt pour ce que l'école transmettait. Qu'est-ce que tu peux nous raconter de ton enfance à Hong Kong ?

  • Speaker #1

    Globalement, j'estime avoir eu beaucoup de chance d'avoir une enfance plutôt heureuse, globalement. Je dirais que ce qui a été un peu compliqué, c'est justement le fait que je sois élève danseur. Enfin, je ne le cachais pas du tout. Donc très vite, j'ai fait savoir à mon école, à mes camarades que je faisais de la danse classique à côté. Mais à Hong Kong, ce n'est pas forcément courant qu'un... petit garçon face de la danse classique. D'ailleurs, j'étais souvent le seul garçon dans ma classe de danse. Donc mes camarades posaient énormément de questions par rapport à ça. Et d'ailleurs, d'autres membres de ma famille aussi, ils avaient un regard particulier par rapport à ce choix de danse classique comme activité pour moi. Mais ma mère m'avait déjà prévenu très tôt, donc dès le début que ça risque de m'arriver. que mes camarades trouveraient ça peut-être bizarre, etc. Et j'étais un très mauvais élève. J'avais beaucoup d'énergie. Je n'étais pas du tout discipliné.

  • Speaker #0

    Pour un danseur, c'est parti. Un danseur classique, ça peut être antinomique.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai. Mais à l'école, plutôt scolaire, j'étais très discipliné en danse. Oui. Parce que j'adorais ça et vraiment, je faisais très attention à tout ce que me disaient mes professeurs de danse. À chaque correction, chaque conseil, j'étais à fond. Mais à l'école, comme j'aimais tellement la danse, je voyais ça plutôt comme une contrainte. Donc l'école scolaire m'empêchait d'en sais davantage. Ça me mettait en colère, je ne voyais pas trop l'intérêt de l'école, de la scolarité, et j'embêtais beaucoup mes camarades, j'avais du mal à me concentrer, j'avais beaucoup d'énergie et j'avais des très mauvaises notes. Jusque quand j'avais 9 ans, parce qu'à ce moment-là, donc je devais choisir des collèges pour la suite. Et j'avais un entretien individuel avec mon professeur de classe, et ce professeur de classe avait l'habitude de se moquer ouvertement de moi en classe, devant tous mes camarades. Pas justement parce que j'étais mauvais élève, mais je pense qu'aujourd'hui, avec le recul, je trouve qu'il n'avait pas forcément à se moquer de moi ouvertement, même si j'étais mauvais élève. C'est-à-dire que je trouve qu'au lieu d'être dans une démarche constructive, de vouloir m'aider, il se moquait de moi. Et donc j'avais déjà une certaine colère envers ce professeur. Et de plus, comme ma mère était institutrice, elle avait choisi les meilleures écoles pour moi, les meilleurs collèges du quartier. Donc cet entretien individuel avait pour objet de discuter de ses choix. qu'avait fait pour moi ma mère. À ce moment-là, j'étais tout seul face à ce professeur et il m'avait dit, Chen Wing Lam, tu veux rentrer dans ce genre d'école ? Jamais tu ne rentreras dans une bonne école. Ça m'a tellement marqué et ça m'a tellement rendu en colère que je n'avais qu'une chose en tête, c'est de lui prouver qu'il a tort. Et donc, à partir de ce moment-là, que ce soit à l'école ou en danse, je me suis mis à travailler comme un malade. Et en quelques mois, je suis passé du dernier de la classe au... parmi les premiers. Et d'ailleurs, par la suite, je suis rentré dans le collège que ma mère avait choisi pour moi, qui est l'un des meilleurs du quartier. Donc, c'est un peu...

  • Speaker #0

    Oui. Tu dis d'ailleurs dans un TEDx que tu as donné... Tu cites Marshall Rosenberg. Oui. Tu cites cette phrase que j'adore et qui me parle aussi beaucoup en tant que coach, je crois beaucoup à ces mots, qui dit les mots sont des fenêtres ou bien ils sont des murs. Ils nous condamnent ou ils nous libèrent Qu'est-ce que tu veux dire quand tu partages cette phrase ?

  • Speaker #1

    Je veux dire que, premièrement, avec le recul aujourd'hui, soit c'était une phrase dont je parle, de cette phrase que m'avait dite mon professeur, soit ça... me motive, soit ça aurait pu me casser et détruire complètement ma confiance pour la vie. Parce que j'étais très jeune et je pense que c'est quelque chose qui peut marquer la vie dans le bon sens comme dans le mauvais sens. Et à ce moment-là, heureusement... J'avais les ressources nécessaires pour faire de cette colère un allié, dont j'ai pu me servir de cette colère pour avancer dans ma vie et pour surmonter beaucoup de difficultés que je vais rencontrer par la suite. C'est un petit peu à ça que je pensais quand j'ai cité cette citation.

  • Speaker #0

    Oui, et tu dis à juste titre, heureusement tu avais les armes. C'est vrai que le poids des mots, surtout sur un enfant, Ça paraît assez fou d'imaginer qu'un professeur puisse dire ça à un élève. Toi, cette colère a été constructive. Tu en as fait quelque chose de constructif. Et alors, quelle a été la suite du parcours ? Donc, tu es là à 9 ans, tu intègres ce collège. Qu'est-ce qui s'est passé ensuite pour que tu te retrouves à 14 ans en France ?

  • Speaker #1

    Je reviens un petit peu à cette colère-là. que j'ai ressenti quand j'avais 9 ans. Il y a eu un avant et un après. Donc c'est comme si ma vie a commencé, en tout cas ma vie professionnelle a commencé à ce moment-là. Parce que c'est à partir de cette date, je me suis mis à travailler. Tout ce que je fais aujourd'hui et toute la détermination que j'ai aujourd'hui, en fait, je la dois à cette phrase. C'est pour ça que je parle de chance aussi. Parce que ça aurait pu être complètement dans l'autre sens. À partir de ce moment-là, tous les jours, j'ai gardé cette colère en moi pour... pour faire tout un tas de choses par la suite. Pour te répondre sur comment je suis arrivé en France à 14 ans, donc je rentre dans ce collège, je continue à beaucoup travailler et je suis resté bon élève. Vraiment, il y a eu un basculement de passer d'un garçon, d'un petit garçon pas du tout discipliné à quelqu'un d'extrêmement... rigoureux dans le travail et je notais vraiment tout ce que disaient mes professeurs en classe et j'avais je travaillais toujours, enfin tout le temps en danse comme en à l'école scolaire

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que la discipline qu'on peut retrouver dans la danse t'a aidé à tu t'en es inspiré pour l'école ou selon toi tu l'aurais trouvé cette discipline quoi qu'il en soit ?

  • Speaker #1

    Je pense que ça aurait été différent sans la danse, parce que la danse m'apprend le goût de l'effort physique. J'ai vraiment, en danse, en plus je n'avais pas forcément une très bonne santé, j'avais pas mal de fragilité de santé, donc j'étais asthmatique, j'avais beaucoup d'allergies dans tous les sens, j'étais très faible physiquement. Ça explique d'autant plus la difficulté que j'avais en danse. Je me souviens quand j'avais environ 10-11 ans. J'avais beaucoup de mal à monter des marches, parfois, en période de crise d'asthme. J'avais vraiment des difficultés à respirer correctement et à même monter quelques marches, j'étais au bout.

  • Speaker #0

    Alors que tu dansais en parallèle.

  • Speaker #1

    Alors que je voulais absolument continuer mes cours de danse et ma mère était très inquiète. Donc ça m'a appris à tenir. et avoir une certaine force mentale pour surmonter quelque chose de difficile physiquement. C'était vraiment très très difficile. J'ai failli m'évanouir à plusieurs reprises dans mon parcours d'élève danseur. ce qui fait que à côté pour la scolarité tout me paraissait plus facile parce qu'il n'y avait pas cette souffrance physique et je savais que de toute façon je peux y arriver si je consacre suffisamment de temps et d'énergie. Je ne vais pas m'évanouir en révisant mes cours.

  • Speaker #0

    Alors, comment tu as décidé de tenter l'aventure à Paris ?

  • Speaker #1

    Donc d'abord, dans ce collège d'excellence, j'avais énormément d'activités, de devoirs, mais en fait, il y avait une certaine pression scolaire qui était grandissante. Donc je savais que si je voulais devenir danseur professionnel, ce n'était pas la bonne voie. Parce qu'au bout de quelques années, Je vais devoir me mettre à étudier tout le temps et à ne plus avoir du temps du tout à danser. À Hong Kong, il y avait peu d'opportunités en termes de formation de danse professionnalisante et aussi d'opportunités professionnelles pour devenir danseur professionnel. Et aussi, je visais l'excellence pour justement toujours dans cette envie de prouver à ce professeur qu'il avait tort.

  • Speaker #0

    C'était toujours là.

  • Speaker #1

    Oui. Et pour devenir professionnel... Je savais donc que je devais partir de Hong Kong, parce que les meilleures écoles, les meilleures compagnies de danse sont à l'étranger. Et notamment, j'avais déjà beaucoup entendu parler de l'Opéra de Paris, de l'histoire de la danse, de l'origine de la danse classique, de Versailles, de Louis XIV et de tout cet héritage de la danse classique. Et donc je rêvais d'aller danser un jour à l'Opéra et de faire partie de cette belle institution. Je regardais aussi énormément de vidéos de danse. Et d'ailleurs, c'est mon père qui m'a tellement soutenu dans cette démarche. Et je le remercie vraiment du fond du cœur. Il m'avait acheté énormément de DVD, de vidéos de danse, de compagnies renommées. Donc les grands classiques, le Lac des Cines, La Belle au bas dormant, tous les balais que je pouvais regarder. Je regardais tous les jours, tout le temps. En métro, chez moi, la nuit quand je ne dormais pas, j'avais vraiment... Sous mes yeux, très souvent, des vidéos de danse. Et je me suis rendu compte très vite que j'appréciais tout particulièrement la qualité des spectacles de l'opéra, le style de danse de l'opéra. Donc mon rêve, c'était de rentrer à l'opéra, sans même mesurer la difficulté que ça représentait pour moi. J'en ai parlé à mon professeur de danse, et elle aussi, pour elle, c'est la meilleure école de danse du monde et la meilleure compagnie du monde. Et on a décidé ensemble de tenter l'Opéra de Paris. Mais à l'époque, autour de moi, il y avait aussi beaucoup de... Donc, mon entourage me disait que je ne vais jamais y arriver, je n'ai pas le niveau, je ne parle pas un mot de français, ils ne prennent pas d'étrangers. Que c'était capricieux de ma part parce que je vais devoir vivre tout seul à Paris, quitter ma famille. Mais j'avais tellement envie que je ne me suis pas du tout posé de questions et c'est en arrivant en France par la suite que je me suis rendu compte que c'était vraiment difficile. Je me suis dit que j'allais y arriver.

  • Speaker #0

    Il y avait un peu de vrai dans ce que les gens te disaient.

  • Speaker #1

    Mais quand je suis parti, quand j'ai pris mon vol en septembre 2015, je n'avais aucune peur. J'étais avec mes deux énormes valises à l'aéroport. Il y avait donc cet espace, cette frontière, departure donc je suis rentré comme ça, sans aucune peur.

  • Speaker #0

    Sans même te retourner.

  • Speaker #1

    Très courageux. Si c'était à refaire, je ne sais pas si j'aurais aujourd'hui le courage. de refaire ce que j'avais fait à l'époque.

  • Speaker #0

    On dit souvent, on dit souvent que si on avait connu toutes les difficultés qu'on allait traverser, on le ferait peut-être pas. Mais il y a une part, dans le courage, il y a une part d'inconnu qui nous aide finalement à franchir des pas qui semblent énormes.

  • Speaker #1

    Totalement. Oui, totalement. Et heureusement. Oui. Heureusement. que je l'ai fait et que j'ai eu ce courage-là ce jour-là. Et me voilà.

  • Speaker #0

    Oui, je crois pour l'anecdote que tu es arrivé, parce que tu as intégré avant tout, tu as intégré l'école du Ballet National de Paris, de danse de Paris. Et je crois savoir que tu es arrivé la veille de l'ouverture.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. Parce qu'à l'époque... Que ce soit mes parents, moi-même, l'école de danse, mon école de danse à Hong Kong, personne ne lisait le français. Et donc on avait du mal à bien comprendre la lettre d'admission de l'école de danse. Et donc on était persuadés que... ce jour-là, en arrivant à Paris, l'école allait être ouverte et que je pourrais m'installer directement à l'internat, etc. J'avais mes draps, même à noyer.

  • Speaker #0

    Dans toutes les grosses vallées.

  • Speaker #1

    J'étais prêt à m'installer. Et j'arrive en taxi devant l'école. J'étais tout seul avec mes valises. Je suis arrivé en France à l'aéroport Charles de Gaulle. Je prends un taxi pour aller à Nanterre préfecture, donc là où se situe l'école de danse. Et en arrivant devant l'école, Et avec l'aide du chauffeur de taxi, on se rend compte que l'école était fermée et qu'il n'y avait aucune possibilité pour moi de m'installer passer la nuit à l'école et que la rentrée avait lieu le lendemain. J'étais crevé parce que c'était l'un de mes premiers longs courriers aussi. Je commençais à avoir peur dans l'avion parce que c'est 13 heures d'avion. Je me demandais, mais qu'est-ce que tu as fait ?

  • Speaker #0

    Tu as fait... Et d'où tu commençais à...

  • Speaker #1

    Je commençais à pleurer parce que je me rends compte, je ne sais pas du tout quand est-ce que je vais aller revoir ma famille. J'étais quand même très attaché à mes parents et à toute ma famille, à ma grand-mère, à ma tante, à ma soeur, à Hong Kong. Et donc, j'ai commencé à pleurer dans l'avion. Et en arrivant, j'étais vraiment très fatigué. L'école était fermée, que faire ? J'avais deux énormes valises avec moi et le chauffeur de taxi qui avait donc compris la situation m'a très gentiment proposé de passer une nuit chez lui et de me ramener à l'école le lendemain. Donc ça m'a sauvé.

  • Speaker #0

    Il y a des gens comme ça, qu'on ne reverra jamais, peut-être jamais, mais qui comptent dans un parcours beaucoup plus qu'on pourrait même l'imaginer. On se rappelle quand même que tu avais... 15 ans, c'est ça ? 14 ans. 14 ans à ce moment-là. Ça paraît une évidence, en fait, même le minimum qu'on attend d'un enfant de 14 ans d'avoir peur. Et puis donc, tu arrives. Tu arrives dans cette école et tu as passé 4 ans dans l'école, c'est ça ? Oui. Tu as tenté à deux reprises le concours pour intégrer le corps de ballet. Oui. Comment ça fonctionne une fois qu'on intègre l'école du ballet ?

  • Speaker #1

    La première année, on est stagiaire. On n'est pas encore officiellement élève de l'école de danse. Ensuite, chaque année, on a des concours, enfin plutôt des examens, on appelle ça des examens à l'école de danse quand on est élève et on peut ne pas passer à l'année suivante. Chaque année, on a un classement à l'issue de l'examen et on peut très bien être renvoyé de l'école et ne pas poursuivre la formation à l'école jusqu'à 18 ans. Pour ceux qui ont la chance de... enfin ont la chance. Pour ceux qui restent à l'école. À l'issue des examens successifs chaque année, on arrive donc à la dernière année, que l'on appelle la première division, et donc c'est la classe d'engagement. Aussi, on l'appelle la classe d'engagement, puisque la suite, c'est le concours d'entrée pour rentrer à la compagnie du ballet de l'Opéra de Paris. Pour ma part, j'ai pu réussir à passer les examens à l'école chaque année, pour ensuite... passer le concours d'entrée pour la compagnie une première fois en 2014 que j'ai échoué. Je n'ai pas réussi à rentrer à l'Opéra la première fois. Et donc, comme j'avais 17 ans, je peux redoubler une fois ma première division pour repasser le concours l'année suivante, en 2015. C'est en 2015 que j'ai été accepté et engagé dans le ballet de l'Opéra.

  • Speaker #0

    Et tu étais alors le premier chinois à intégrer le corps de ballet de l'Opéra National de Paris. Ça fait quoi d'en arriver là, quand ça fait depuis neuf ans qu'on sait qu'on veut devenir danseur professionnel ?

  • Speaker #1

    C'est un rêve qui se réalise. C'était beaucoup d'émotions pour moi, notamment parce que, lors de ma deuxième année à l'école de danse, j'ai évoqué cela dans mon TEDx aussi, j'ai perdu ma tante, qui était un petit peu comme une deuxième maman pour moi, à Hong Kong. et qui me soutenaient beaucoup beaucoup. Et ce n'est pas évident puisque déjà un petit garçon qui fait de la danse classique à Hong Kong, tout le monde trouvait ça très amusant. Et pas vraiment grand monde me prenait au sérieux. Encore plus quand j'évoque le fait que je souhaite devenir danseur professionnel, c'est aussi un choix par rapport à la culture de Hong Kong qui est peu commun. Enfin, à Hong Kong, on est... On parle, il y a très peu de, malheureusement encore aujourd'hui, c'est une société qui est très orientée vers les métiers intellectuels. Donc comme la finance, la banque, finalement je me retrouve maintenant dans le cliché. Avocat, le droit, etc. Dans mon enfance à Hong Kong, j'ai dû beaucoup me battre pour... soutenir cette idée, cette envie et cette détermination de faire de ma passion pour la danse mon métier et quand je suis rentré à l'Opéra il y avait une certaine couverture médiatique à Hong Kong donc j'étais à la une de certains journaux et c'est une petite victoire par rapport à à tous ces doutes que j'ai pu entendre quand j'étais à Hong Kong et aussi par rapport à ce professeur qui m'avait dit à l'époque que j'allais jamais rentrer dans une bonne école. Et c'est aussi un rêve d'enfant qui se réalise parce que j'étais tellement passionné de la danse que je me suis dit, enfin, je réalise mon rêve. C'est vraiment ça. Et ça a rendu très fier ma famille, ma professeure de danse et peut-être la communauté de... de danse à Hong Kong également. Donc, j'étais aux anges.

  • Speaker #0

    Ça a eu un impact sur la communauté de la danse à Hong Kong, justement ?

  • Speaker #1

    Je pense, j'ose l'espérer, en tout cas. Je pense que ça a servi d'exemple à pas mal de garçons qui, peut-être, avaient envie de faire de la danse. Pas forcément en faire.

  • Speaker #0

    Professionnellement ?

  • Speaker #1

    Professionnellement, mais il y avait beaucoup de jeunes garçons qui voulaient essayer ou voulaient danser simplement et qui n'avaient pas forcément de modèle ou d'exemple autour d'eux. Cette couverture médiatique par rapport à mon entrée à l'opéra, peut-être que ça a servi à certains pour ça. Effectivement, je constate par la suite qu'il y avait à l'époque de plus en plus de garçons qui faisaient de la danse à Hong Kong.

  • Speaker #0

    Une sacrée porte que tu as ouverte, que tu as... enfoncée pour toi. Parce que vraiment, on sent en fait, dans ce que tu nous racontes, on sent l'énergie que tu as mise pour réaliser ce rêve. Et forcément, en ouvrant cette porte pour toi, tu l'as ouverte pour bien d'autres aussi. C'est ça aussi qu'on a peut-être tendance à oublier parfois quand on a un rêve. C'est d'ailleurs quelque chose que je fais en coaching, d'inviter les gens à vraiment visualiser quel impact ça va avoir sur les autres. personnes, de s'autoriser à aller au bout de leurs rêves. Parce qu'on oublie qu'on est tous reliés les uns les autres, on a tous un impact aussi petit soit-il sur d'autres personnes et qu'en assumant d'être qui on est et en assumant de réaliser nos rêves, on permet à d'autres d'assumer les leurs.

  • Speaker #1

    Et d'ailleurs ma maman me disait souvent que c'est merveilleux que d'avoir un impact positif autour de nous. En tout cas j'espère qu'à ce moment là j'ai pu... Avoir un impact positif et avoir pu donner la confiance à certains de suivre leur désir.

  • Speaker #0

    Quels ont été les moments les plus difficiles ?

  • Speaker #1

    Quand je suis arrivé en France, ce n'était pas évident. Pas uniquement parce que j'étais devant une école fermée le premier jour. Mais aussi par la suite. Je pense que mes premiers mois et mes premières années à l'école de danse n'ont pas été faciles. Parce que je pense souvent à mon premier jour à l'école. J'étais complètement perdu, je ne parlais pas un mot de français. Et j'avais beaucoup de mal à suivre ce qu'il se passait autour de moi. Et je me sentais très seul. Il y avait très peu d'étrangers à l'école de danse à ce moment-là. En plus, je devais faire des choses que je n'avais pas l'habitude de faire. Déjà, je suis passé d'un élève danseur d'une école d'amateurs. à une formation de haut niveau dans l'une des meilleures écoles de danse du monde. Donc j'avais le matin l'éducation nationale, en français bien évidemment. J'avais à rattraper beaucoup de retard pour passer le brevet des collèges.

  • Speaker #0

    En apprenant la langue ?

  • Speaker #1

    En apprenant la langue et aussi en poursuivant, en commençant la formation. une formation à temps plein et professionnelle en danse. J'avais aussi découvert pas mal de cours complémentaires comme le théâtre, l'expression musicale et j'étais horrifié mais vraiment horrifié par ces cours parce que à Hong Kong on est dans une culture tout autre. Je n'avais pas pas l'habitude de m'exprimer tout seul devant toute une classe. Quand le professeur pose une question en cours à Hong Kong, la culture veut que personne ne lève la main. C'est plutôt au professeur de demander, de désirer. désigner la personne qui va répondre à la question. Donc, on est tous très timides à l'école par rapport aux Français, je pense. Enfin, plutôt, j'en suis certain. Cela explique comment j'avais peur quand on me demandait de jouer une pièce de théâtre en français devant tous mes camarades et tout seul. Notamment, je devais, dès les premiers jours, jouer les fourberies de scapins, de moulières, tout seul devant tous mes camarades de classe en français. danse et j'avais vraiment très très peur et je ne savais plus quoi faire j'étais complètement perdu j'ai pas mal pleuré à l'internât donc ça ça a été une vraie difficulté et tellement que j'avais Tellement peur parce qu'en fait, ces cours étaient toujours le jeudi. Tous les mercredis soirs, je ne dormais pas. J'avais une nuit blanche parce que j'avais trop peur. Donc ça, ça fait partie des difficultés.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, tu t'exprimes dans un podcast. Tu vas parler devant des centaines de personnes dans un TEDx. Comme quoi, quel est le message pour toi à travers ça ?

  • Speaker #1

    Si j'ai aujourd'hui le courage de faire tout ce que je fais aujourd'hui, et j'ai encore beaucoup à apprendre, et je ne dis pas que je me sens totalement à l'aise en toutes circonstances, mais cette étape à l'école de danse certainement m'a beaucoup aidé. Donc c'était un petit peu un passage obligé pour que je puisse aujourd'hui me sentir à l'aise pour faire tout ça. J'en suis reconnaissant d'être passé par là, d'autant plus reconnaissant que je n'ai pas abandonné en cours de route parce que j'aurais très bien pu ne plus supporter toutes ces difficultés et abandonner. Et je remercie à toutes les personnes qui m'ont soutenu, notamment ma famille d'accueil qui m'a beaucoup consolé et soutenu à l'époque, le week-end, qui m'a permis d'avoir le courage et les ressources nécessaires pour surmonter tout ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as pensé à abandonner parfois ?

  • Speaker #1

    Souvent. Enfin, souvent.

  • Speaker #0

    Malgré la détermination, les difficultés étaient à la hauteur.

  • Speaker #1

    Je dirais que quand j'étais à l'école de danse pendant les quatre années, pas vraiment.

  • Speaker #0

    Donc pas quand tu étais encore enfant, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Pas vraiment. Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Grâce, sans doute, à ma famille, à Hong Kong. Tout l'amour et tout le soutien que j'ai eu avant de venir en France à l'âge de 14 ans, parce que vraiment j'estime qu'à cette époque-là, toute ma famille me soutenait dans la démarche. Elle n'a jamais émis de doute par rapport à mon choix. Mon école de danse était très fière de moi. Il y avait mon école scolaire, mon collège, le fameux, qui m'a beaucoup soutenu aussi et qui m'a même soutenu financièrement en me remettant un prix pour être admis à l'Opéra. Donc j'avais tout cet amour de Hong Kong pour donner les ressources nécessaires pour aller jusqu'au bout des quatre années.

  • Speaker #0

    Comme quoi, la puissance de l'amour, ça dépasse les frontières. Oui,

  • Speaker #1

    vraiment, c'était essentiel pour moi.

  • Speaker #0

    Et alors, les doutes ou les pensées d'abandonner sont arrivées plus tard ?

  • Speaker #1

    Plus tard, quand je suis rentré dans la compagnie de l'opéra, je me rends compte peu à peu que finalement, tout cela ne dépend que de moi-même. Donc, j'ai retrouvé une certaine solitude. dans les décisions que je dois prendre, même si au départ, au final, c'est moi-même qui ai pris la décision de partir en France pour faire de la danse. Mais j'avais l'impression, en tout cas, que je pouvais me baser sur mes parents, sur mon professeur, sur des adultes pour faire mes choix. Je me disais que dès que j'ai la validation de ces personnes, c'est bon, je peux y aller. Plus j'avance dans ma vie... Je me rends compte que finalement, ce qui compte, c'est moi. Et que peu à peu, je me rends compte que la validation de ces personnes n'était pas si nécessaire que ça. Et que je suis... le seul responsable des décisions que je vais prendre. Et donc à partir de ce moment-là, je commence à me sentir un peu perdu. Ce que j'ai vécu à l'opéra est aussi en décalage par rapport à ce que j'avais imaginé avant de rentrer à l'opéra.

  • Speaker #0

    En quoi ?

  • Speaker #1

    Je me rends compte aussi que quand je suis élève danseur, Quand j'ai pris ma décision de faire de la danse mon métier à l'âge de 11 ans, je n'avais aucune idée de ce que c'est que le métier du danseur. Et je pense que c'est le cas pour pas mal d'artistes qui ont fait ce choix très jeune. En fait, à ce moment-là, on n'a aucune idée. J'avais qu'une petite facette du métier de danseur, parce que je voyais dans les spectacles de danse la facette du spectacle, de l'enthousiasme du public, de la beauté de la danse. de la musique, de la chorégraphie, des costumes. Je ne voyais que ça. Et donc, pour moi, le métier de danseur, c'est ça. Alors que quand je suis rentré à l'opéra, je découvrais toutes les autres facettes du métier de danseur. C'est-à-dire... Les répétitions, le fait d'apprendre pendant de longues heures tous les jours en studio des chorégraphies, être remplaçant, donc apprendre par nos propres yeux sans pouvoir faire réellement les pas. J'ai appris la compétition qu'il y a entre les danseurs, j'ai appris les périodes de concours, les concours de promotion que l'on a encore chaque année une fois qu'on est rentré. J'ai appris, j'ai découvert aussi la difficulté physique que demande le métier de danseur. Quand on fait une série de 23-25 spectacles en un mois, notamment au mois de décembre pour les grandes productions comme le Lac des Signes, la Belle au Bas d'Ormond, je n'avais aucune idée du niveau de fatigue que j'allais avoir. Donc c'est en décalage, tout ça pour te dire qu'il y a un décalage. entre ce que j'avais imaginé et ce que c'est réellement.

  • Speaker #0

    À quoi tu t'es raccroché quand tu as pris conscience de ce décalage, puis quand tu as commencé à vivre réellement ce que c'est que d'être danseur professionnel à l'Opéra de Paris ?

  • Speaker #1

    C'est encore une fois beaucoup mon enfance et Hong Kong qui m'ont donné le courage de continuer. Je pense à mes professeurs de danse qui sont très fiers de moi. Je pense à mes parents qui m'ont toujours soutenu. Et aussi je pense à ce que ça représente pour eux. Parce qu'aujourd'hui, même encore aujourd'hui, je vois dans leurs yeux combien ils sont fiers quand ils parlent de moi devant leurs amis, quand ils évoquent le fait que je suis danseur à l'opéra. Donc ça, ça me donne du courage supplémentaire pour continuer. Et malgré tout, ma passion pour la danse, je fais la distinction aujourd'hui entre la passion pour la danse et le métier en lui-même, parce que je pense qu'on peut aimer la danse. Et ne pas aimer le métier.

  • Speaker #0

    Et toi, aujourd'hui, tu en es où par rapport à ça ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, je n'ai aucun doute que j'aime toujours beaucoup la danse. Et que j'adore toujours danser en musique. Et vraiment, c'est une sensation que j'aime toujours beaucoup. Le métier en lui-même, j'ai découvert les difficultés que ça représente. Aujourd'hui, avec mon autre métier... de conseiller en gestion de patrimoine, finalement, ça a permis d'équilibrer un petit peu les choses. Et j'y ai trouvé en tout cas mon équilibre. Aujourd'hui, je sais que je suis toujours danseur à l'opéra, par choix et non pas par nécessité. Parce que pour parler très concrètement, quand on est danseur, je pense que... Et c'est valable aussi pour les musiciens, pour... Ces métiers de passion, je pense que quand on a fait ce choix très jeune, on a abandonné les études et toutes les autres voies très tôt. Et quand on arrive à un certain âge, c'est très compliqué d'avoir le courage de reprendre les études. de faire une reconversion professionnelle et de se remettre sur les bancs de l'école avec des jeunes de 20 ans, 18 ans, etc. Je constate chez mes clients mais aussi chez certains de mes collègues, qu'il y en a qui ont peut-être perdu une bonne partie de leur passion et qui sont restés dans le métier par nécessité. Et c'est absolument ça que je souhaite éviter en faisant le choix de poursuivre mes études dès le début de ma carrière, c'est de pouvoir continuer le métier par choix.

  • Speaker #0

    Tu as fait un choix qui, et on va y revenir, qui n'a pas été évident. à nouveau de mener deux choses de front, deux carrières de front, et en même temps tu t'es donné un pouvoir exceptionnel, le pouvoir de choisir. Et ça, ça change effectivement tout dans le rapport à ce que l'on fait, dans l'intention que l'on met dans ce que l'on choisit de faire dans un instant, parce qu'effectivement même, c'est quelque chose que je peux constater, Moi-même, que j'ai pu constater à un moment donné d'avoir entrepris une toute nouvelle carrière, de devoir travailler à tous les jours pour que ça fonctionne. Parfois, j'ai pu perdre un peu l'intention première qui était ma passion pour le coaching. Et il a fallu que je me redonne cette intention-là de pourquoi je faisais les choses. Et là, en te créant ces deux carrières-là, tu t'es donné cette liberté et ce pouvoir du choix.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Parce que je me suis rendu compte que très vite... C'était impossible pour moi d'être danseur à 100%. J'avais une curiosité intellectuelle par ailleurs et j'avais besoin de faire des études. J'avais besoin d'avoir une certaine ouverture par rapport à mon métier de l'opéra. Donc très tôt, je me suis dit, pour pouvoir continuer, je ne peux pas être uniquement un danseur. J'ai cette... J'avais soif de nouvelles connaissances, de nouvelles compétences, de nouvelles expériences professionnelles. Ce deuxième métier que j'ai commencé il y a quelques années de conseiller patrimonial m'a permis en fait de mieux danser, de retrouver le sens pour moi en tout cas. que d'être danseur. C'est vraiment, comme tu dis, avoir le sens de ce que l'on fait, pour moi, est très important. Savoir pourquoi on fait les choses, très important. Aussi, l'importance d'être aligné et d'être authentique. Et pour moi, pour être aligné, j'ai besoin de ces deux métiers-là, pour l'instant.

  • Speaker #0

    Oui, oui, ça me parle énormément. Ça me parle énormément parce que j'ai senti aussi que quand j'ai commencé ce projet de podcast, je me suis comme offert ce cadeau d'aimer encore plus mon métier de coach. Parce que tout à coup, je m'autorisais à être autre chose. Je suis coach et hôte de podcast et plein d'autres choses évidemment, mais c'est vrai que ça réouvre les possibilités et bizarrement, en tout cas ça peut paraître bizarre de l'extérieur, le fait de multiplier les voix nous fait nous recentrer. Et savoir exactement pourquoi on fait l'un et l'autre.

  • Speaker #1

    Oui, je suis... Totalement d'accord avec ce que tu dis. Et d'ailleurs, je crois vraiment que je danse beaucoup mieux depuis.

  • Speaker #0

    C'est génial.

  • Speaker #1

    En tout cas, je prends beaucoup plus de plaisir dans la danse. Après, parce que je suis plus aligné. Ça m'a enlevé aussi certaines frustrations que j'avais avant. Et d'ailleurs, cela ne m'a pas empêché, d'ailleurs peut-être que cela m'a permis d'être promu à l'opéra à deux reprises depuis que j'ai suivi cette voie. Enfin, double voix, du coup. Et aujourd'hui, je me sens beaucoup mieux. Les deux activités, pour moi, sont complémentaires, bizarrement. Même si au départ, comme au début, quand j'ai décidé de venir en France, beaucoup de personnes autour de moi me disaient que c'était impossible, que je ne vais jamais avoir le temps, que ça allait être très mal vu par la direction, que c'est, en gros, pour eux, c'est impossible. Mais aujourd'hui... Je me sens beaucoup mieux et je trouve que les deux sont très complémentaires puisque quand je suis fatigué physiquement, ça me fait beaucoup de bien de faire du travail intellectuel, de rédaction, d'analyse, de gérer un dossier. En fait, ça déplace mon attention sur autre chose et ça me permet de récupérer physiquement plus facilement. Et aussi, ça me permet de prendre un certain recul par rapport à mes peurs à l'opéra, parce que tout de même, on danse devant des milliers de personnes et ça crée un certain stress, donc le trac avant de monter en scène, avant un concours. Donc tout ça, c'est lourd à porter aussi avec le temps. Gérer dans ce cas-là, calculer un dossier, faire de la fiscalité, en fait, ça rend les choses... ça me fait tellement du bien. Et inversement, quand je suis assis dans un bureau, donc ici même, à travailler tous les jours sur la succession, sur vraiment des dossiers très complexes, et ça fait tellement du bien dans ce cas-là de faire un cours de danse, de danser sur scène à l'opéra. Donc pour moi, je ne dis pas que c'est valable pour tout le monde, mais en tout cas, j'ai trouvé mon équilibre, cette fois-ci un équilibre que je trouve très aligné avec qui je suis.

  • Speaker #0

    L'équilibre, c'est un terme, ça fait vraiment beaucoup de sens dans ce que tu rapportes. Et j'ai entendu aussi le terme de plaisir. Et c'est vrai que quand on a du plaisir dans ce qu'on fait, on le fait mieux. Ça, c'est valable. J'en suis convaincue dans 100% des cas. Et en fait, je pense qu'on tend de plus en plus dans notre société à s'autoriser, on le voit, la génération de nos parents et les générations, la nôtre et celles qui vont nous suivre, On a une approche très, très différente du travail. Et de plus en plus, on est dans cette idée de s'autoriser à avoir plusieurs métiers, plusieurs carrières. Et je pense que c'est vraiment cette quête de sens qui vraiment revient très, très fort, que je peux constater vraiment quotidiennement, moi, avec mes clients. Cette quête de sens qui se retrouve dans le fait de savoir pourquoi on fait une chose et pourquoi on fait une autre. Et du coup, retrouver du plaisir à faire les deux, parfois les deux. trois. Je pense que c'est vraiment ce vers quoi on va de plus en plus en tant que société.

  • Speaker #1

    Tant mieux, c'est une richesse pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, et donc tout le monde disait que ce ne serait pas possible et tu l'as fait. Qu'est-ce qui t'a permis de suivre tes études comme ça en parallèle de ta profession de danseur à l'opéra ?

  • Speaker #1

    J'ai beaucoup travaillé.

  • Speaker #0

    Et oui, il n'y a quand même pas de secret à un moment donné.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ce n'était pas évident. Donc il y a aussi une part de vérité dans ce que me disait mon entourage, c'est que cumuler l'activité de danseur à temps plein et des études supérieures, c'est vrai que c'est un défi, parce que le métier de danseur demande énormément d'énergie, de concentration et de temps, tout simplement. On passe énormément de temps au théâtre, dans les deux opéras. tous les jours. Ça va de... On commence souvent à 10h le matin pour le cours de danse et même plutôt en période de concours de promotion. Le soir, on peut terminer très tard jusqu'à 23h, 23h30 après le spectacle. Et dans ce que j'ai fait, au début en tout cas, je faisais mon stage conventionné en négociant... Enfin, j'en ai fait deux, des stages conventionnés pour valider un... Les diplômes que j'ai eus, de manière créative.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Parce qu'aucune entreprise ne voulait de moi.

  • Speaker #0

    Elle voulait te prendre en fait.

  • Speaker #1

    Parce que je n'avais aucune régularité dans mon planning. Je pouvais très bien être, même si on a toujours deux jours de repos par semaine, ça pouvait très bien tomber sur un mardi, un dimanche. Ça peut tomber sur n'importe quel jour de la semaine. C'était quand même très compliqué pour l'entreprise. De m'accueillir avec ce planning très peu flexible, il fallait trouver des solutions créatives à la fois pour trouver un stage, trouver une mission, faire mes devoirs, suivre mes cours, aller faire les examens et les partiels à Grenoble, parce que mon école est à Grenoble. Donc les solutions créatives étaient me lever plus tôt tous les matins. Ça c'est une habitude que j'ai gardée depuis l'école de danse, comme je ne dormais pas à l'internat. Je me lève plutôt une heure tous les matins pour travailler, pour faire mes devoirs, pour rédiger mes mémoires, pour travailler sur mon stage aussi parfois. J'ai eu, lors de mes expériences professionnelles en stage, à appeler une liste d'une centaine de personnes pour faire une sorte de fichier et je l'ai fait à l'opéra, dans une salle assez sombre. mais que personne ne va. Et il y avait une bonne connexion, Internet et le réseau mobile aussi. Et donc, je m'installais dans cette salle entre deux répétitions ou pendant la pause déjeuner pour faire mes appels, etc. Donc, il fallait trouver comme ça parfois des dérogations en négociant avec l'OPA comme avec l'entreprise qui m'accueillait pour certaines choses. Et puis... Quand on essaye, au bout d'un moment, forcément, on tombe sur pas mal de refus. Donc, il faut avoir une certaine force mentale pour faire face aux refus, avoir le courage et la détermination de continuer à essayer de chercher des solutions. D'ailleurs, c'est comme ça, je dirais, durant tout mon parcours par la suite, c'est l'histoire de ma vie en France, un petit peu.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    C'est toujours face à... une situation pas habituelle, peu commune, trouver toutefois des solutions quand on a cette envie de faire quelque chose qui semble a priori impossible.

  • Speaker #0

    Oui, tu dis, dans ton TEDx d'ailleurs, tu dis que l'un de tes apprentissages c'est de faire fi finalement des discours réducteurs. de personnes qui auraient des croyances limitantes, parfois même les nôtres, nos propres croyances limitantes, et que tout est possible. C'est quelque chose en lequel tu crois toujours aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Alors, tout est possible. Tout, tout, tout, absolument. Je ne sais pas. Mais je crois beaucoup à la force... Le fait d'essayer. Les premiers pas. Une anecdote, c'est ma blessure en 2021. Parce que j'ai eu la blessure la plus grave une semaine avant un concours de promotion. Et ça a nécessité un an d'arrêt et deux interventions chirurgicales. À ce moment-là, j'ai appelé... une école qui s'appelle l'OREP, qui est une école en gestion de patrimoine à Clermont-Ferrand, même si les inscriptions étaient closes, les cours allaient commencer dans deux jours. Mais je voulais absolument y aller, parce que j'avais déjà cette idée d'accompagner des personnes qui ont des problématiques par rapport aux placements, par rapport à leur patrimoine. Et vraiment, c'était... Et ensuite, je connaissais déjà cette école de Clermont-Ferrand et j'y pense depuis longtemps. Mais je me demandais comment je vais pouvoir suivre cette école, aller suivre une formation dans cette école comme je suis à l'Opéra. C'est incompatible, vraiment incompatible avec mon planning.

  • Speaker #0

    Plus qu'avec l'école de Grenoble, l'école de management de Grenoble.

  • Speaker #1

    J'avais ma dernière année. C'était ma dernière année à Grenoble. J'avais des séances de rééducation, j'étais en béquille. J'avais un pied encore... C'était juste après mon opération. Et j'avais des cours à GEM, à Grenoble. J'avais des partiels en même temps que la formation. Donc c'était vraiment a priori impossible. J'avais à la fin de l'année peut-être un concours de promotion à l'Opéra si j'arrivais. à me remettre de cette blessure dans un an. Ensuite, l'examen à Clermont-Véron était quand même très, très, très difficile, surtout pour moi qui n'avais aucune expérience dans le métier. Et à côté, je passais le même examen que des experts comptables, que des conseillers en gestion de patrimoine, des avocats fiscalistes, des notaires. Et donc, c'était vraiment impossible pour moi. Et en plus, les inscriptions étaient closes et les cours allaient commencer dans quelques jours à Clément Ferrand. J'étais à Paris, en béquille.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de connaître la suite.

  • Speaker #1

    Mais j'avais tellement envie. J'avais tellement envie, je me suis dit, c'est maintenant ou jamais. Parce qu'après, une fois que j'aurai repris à l'OPA, c'est vraiment, pour le coup, beaucoup plus compliqué. Encore plus compliqué. Et donc, cette envie m'a poussé à essayer, par tous moyens, d'aller à Clermont-Ferrand.

  • Speaker #0

    Quels ont été ces moyens ?

  • Speaker #1

    J'ai laissé un message sur LinkedIn à quasiment toute l'équipe pédagogique. De l'OREP, je suis passé par plusieurs reconnaissances qui connaissaient quelqu'un à l'OREP. J'ai vraiment tout essayé. J'ai appelé l'école. J'ai fait le virement pour payer les frais de scolarité.

  • Speaker #0

    Avant même qu'ils te disent oui. Tu les as payés. Voilà,

  • Speaker #1

    c'est ça. Et ils se sont divisés. Ils n'avaient plus le choix.

  • Speaker #0

    Ils n'avaient plus quoi faire de cet argent.

  • Speaker #1

    Et ils se sont divisés. Et le défi, c'était d'y aller. J'ai réservé mes AirBnB pour toute la période. Ça dure deux mois, la formation. J'ai prévenu l'Opéra par rapport à mes séances de rééducation. J'ai trouvé une équipe de kinés sur place à Clermont-Ferrand pour que je puisse continuer les séances de rééducation. J'ai pris mes billets de train, j'ai tout organisé, j'ai regardé dans le planning. Ok, ce jour-là, j'ai mon examen à Grenoble, donc je dois prévenir l'école. Et après, à l'examen, il faut que je prévienne l'OPA. Si je veux faire le concours, comment ça va se passer ? D'ailleurs, j'ai fait le concours de promotion tout de même avant l'examen. Donc, tout s'est arrangé.

  • Speaker #0

    Tout s'est arrangé à la force du poignet quand même.

  • Speaker #1

    C'est pas dépeu.

  • Speaker #0

    pas des pieds, qui n'étaient pas assez forts.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    La force du mental, en tout cas.

  • Speaker #1

    Tout ça s'est bien passé au final. J'ai dû faire des compromis de tous les côtés, côté Opéra, côté Grenoble, côté Clermont. J'ai manqué pas mal de cours. Mais au final, tout s'est bien passé. Tout est possible, je ne sais pas. Je crois beaucoup en la valeur juste d'essayer, de faire les premiers pas. d'envoyer un message, de demander des renseignements quand on a un projet, quand on a une idée. Faire quelque chose. Et ce sont ces premiers pas, je pense, qui ensuite, au fur et à mesure, nous emmènent quelque part. Je ne dis pas que ça marche à tous les coups et d'ailleurs, souvent ça ne marche pas. Par exemple, j'ai postulé aussi pour devenir notaire et je n'ai pas réussi. J'ai aussi essayé des tas de choses et je n'ai pas réussi. J'ai essayé de... Quand je cherchais un stage, j'ai envoyé... Ma candidature à plein d'entreprises de toutes sortes et je n'ai pas réussi. J'ai même passé des entretiens d'embauche pour faire un stage dans certaines entreprises et je suis même allé faire plusieurs journées d'observation dans plusieurs entreprises en passant des entretiens d'embauche. Donc ça n'a pas fonctionné au final, mais au moins j'aurais essayé.

  • Speaker #0

    T'as essayé.

  • Speaker #1

    Et parfois, ça marche.

  • Speaker #0

    C'est important ce que tu partages parce que c'est vrai que... tu n'aurais pas partagé ça, on aurait pu penser que tout fonctionne, que tout ce que tu as essayé, tout ce sur quoi tu as concentré, tu as mis tes efforts, ton énergie, fonctionne. Et en fait, non. C'est juste que tu as fait suffisamment d'essais, donné suffisamment de directions possibles pour que finalement certaines fonctionnent. Et oui, il y a l'importance d'essayer, des premiers pas qui donnent l'énergie pour les suivants. Quel pourrait être le mot de la fin de cette conversation pour toutes les personnes qui nous écoutent, qui sont probablement comme moi épatées par ton parcours et qui aimeraient s'offrir de tels rêves, mais qui ne seraient peut-être pas par où commencer ?

  • Speaker #1

    J'aimerais parler de ma grand-mère, qui est décédée en mars l'année dernière. J'ai un lien très particulier avec ma grand-mère et c'est vraiment une personne que j'apprécie énormément parce qu'elle a vécu, elle a eu une vie très difficile. Elle est née en Chine continentale dans un petit village dans la plus grande pauvreté que l'on peut imaginer aujourd'hui. Je fais un petit peu le lien avec mon parcours sans le conscientiser quand j'avais 11 ans. Mais elle a fait le choix de quitter sa famille, s'installer à Hong Kong pour trouver du travail, gagner de l'argent, suffisamment d'argent pour pouvoir s'acheter un pull. Parce qu'elle avait froid en hiver. Donc c'était ça sa motivation, pour quitter sa famille. Parce qu'elle avait froid, donc elle voulait gagner de l'argent pour ne plus avoir froid en hiver, mais aussi pour gagner de l'argent pour aider sa famille dans son petit village en Chine. Il se trouve qu'une fois installées à Hong Kong, les frontières... ont fermé et n'avaient plus la possibilité de revenir dans son petit village. Depuis, elle est restée à Hong Kong. Elle a été humiliée par la société de Hong Kong. Elle a travaillé dans les mines comme femme de ménage pour une famille anglaise puisque Hong Kong était une colonie anglaise. Elle a vécu la guerre. Elle a failli mourir durant la guerre. Son mari, c'est-à-dire mon grand-père paternel, était malade pendant dix ans. Parce que lui aussi travaillait dans les mines et avait des problèmes de poumons. Ma grand-mère devait s'occuper de ses trois enfants seules et avec un mari qui était à l'autre bout de la ville. Donc c'était à 3-4 heures à l'aller de chez elle, l'hôpital de mon grand-père. Donc elle devait faire le chemin régulièrement pour voir mon grand-père pendant 10 ans. Elle travaillait très très très dur dans tous les métiers imaginables pour élever les trois enfants seuls. Je trouve que je suis vraiment très, très admiratif de la vie qu'elle a eue et qu'elle a menée seule finalement. Et donc à chaque fois quand je suis face à une difficulté, je pense à ma grand-mère. Je me dis mais ce n'est rien par rapport à tout ce qu'elle a pu vivre. Et c'est grâce à elle que je suis là aujourd'hui. Dans les moments les plus difficiles qui me font vraiment pleurer, je suis sur le point de craquer, je pense à ma grand-mère. Je me dis, Jun-Wing, tu vas y arriver parce que ta grand-mère l'a fait. Et ce qu'elle a fait, c'est peut-être des centaines de fois plus difficile et plus dangereux que ce que j'ai à résoudre comme problème actuellement. Et donc, tu peux y arriver. Donc ça, c'est vraiment, ce sont des ressources importantes pour moi.

  • Speaker #0

    Oui, merci beaucoup pour ce partage. C'est très touchant et je pense qu'on peut... tous trouver un lien à ce que tu dis à travers chacun ses histoires et se dire que tout ce qu'on traverse c'est important mais c'est pas grave parce que d'autres l'ont fait avant nous et ça donne de la force ça donne de l'envie de se dire allez,

  • Speaker #1

    j'en suis capable c'est ça merci beaucoup Claire merci à toi

  • Speaker #0

    Merci infiniment d'avoir passé ce moment avec nous. Pour ne manquer aucun épisode, abonne-toi sur la plateforme de ton choix. Et si cet épisode t'a inspiré, n'hésite pas à m'en faire part, à le partager autour de toi et à laisser un avis sur ta plateforme de podcast préférée. Grâce à ce simple geste, tu permettras au podcast de rayonner et d'inspirer plus de monde. Si tu veux en savoir plus sur moi et mon parcours, toutes les informations sont dans la description du podcast. On se retrouve dans deux semaines, et d'ici là... Je te souhaite de rester à l'écoute de toi-même.

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