- Speaker #0
Vous vous entendez souvent parler de RSE, même si on ne sait pas toujours ce que c'est. Vous vous entendez dire aussi que la RSE c'est compliqué à mettre en place, et que c'est coûteux, voire anxiogène pour une entreprise. Dans ce podcast, on va démystifier cette fameuse responsabilité sociétale des entreprises. On va aller à la rencontre des acteurs du changement inspirant. On va explorer des réussites concrètes, comme les échecs d'ailleurs. Parce que c'est souvent dans l'échec qu'on apprend le plus. Le but ? Vous démontrer que la RSE est une vraie source d'opportunités passionnantes. On va donc vous parler de ces boîtes qui s'engagent, font bouger les choses, participent au changement en ayant un impact positif et qui le disent, ou qui ont besoin qu'on le dise et qu'on le fasse savoir. Pourquoi c'est cool la RSE ? Laissez-nous vous présenter Open Climat pour tout savoir sur le réel impact d'une entreprise.
- Speaker #1
Bonjour à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Pourquoi c'est cool la RSE. Aujourd'hui, je reçois Cyril Masson, responsable des partenariats de Open Climat. Bonjour Cyril. Bonjour. Merci de nous recevoir ici à la station F. Est-ce que tu peux me raconter ton parcours pour commencer ?
- Speaker #2
J'ai un parcours marqué beaucoup par l'entrepreneuriat. J'ai notamment passé à peu près 15 ans dans les nouvelles mobilités. Mobilité partagée, mototaxi, VTC. C'est d'ailleurs à cette occasion que mon premier, on va dire, rapport à la notion d'impact de mon activité sur l'environnement, c'est... C'est produit en fait, puisque en 2008, je me suis intéressé à la question de comparer l'impact d'un mototaxi avec l'usage d'un taxi classique sur l'environnement. Et donc j'étais en contact avec l'ADEME notamment. J'ai fait mon premier bilan carbone en 2008, envisager des premiers plans d'action de réduction. et de comparaison. C'est comme ça que j'ai mis un peu le doigt dans l'engrenage, on va dire.
- Speaker #1
Ça devient d'où cet intérêt pour l'impact ?
- Speaker #2
Je dirais peut-être la parentalité. Moi, je suis père de trois enfants, de trois filles. Puis, petit à petit, quand on s'intéresse un peu à ces sujets, on s'informe et puis on commence à comprendre qu'on ne va peut-être pas laisser le monde dans l'état où on l'a trouvé quand on est né, surtout dans mes générations. Donc, ce n'est pas un truc natif puisque moi, j'ai plutôt un profil de repenti même, je dirais, puisque j'ai vraiment été éduqué dans une logique de performance égale bien gagner. Sa vie égale consommer, égale... Voilà. Donc ça a été un chemin progressif, une prise de conscience.
- Speaker #1
Alors c'est quoi Open Climat ? Est-ce que tu peux me raconter l'histoire derrière cette entreprise ?
- Speaker #2
Alors Open Climat est né d'un constat des deux fondateurs, qui sont Vincent Papola et Elsa Chai, qui étaient consultants Sustainability dans des cabinets de conseil, et qui se sont rendus compte que c'était assez difficile, en fait, d'avoir une information fiable, centralisée, assez simple d'accès à l'ensemble de l'action climatique des entreprises. Donc Open Climat, ça se veut être une réponse Comment je fais quand je suis un candidat qui va postuler dans une entreprise, un actionnaire qui veut investir quelque part et qui veut s'interroger sur les risques auxquels l'entreprise dans laquelle il investit est confrontée ? Ça peut être un collaborateur qui veut savoir qu'est-ce que fait son entreprise concrètement, ou même un client ou un fournisseur. Et donc l'idée c'est de servir de point de centralisation, de fiabilisation de l'information, de l'action climat. de l'ensemble des entreprises et de rendre ça public.
- Speaker #1
Et alors, quelles sont les données qu'on peut retrouver sur Open Climat, sur une entreprise par exemple ?
- Speaker #2
Open Climat s'est d'abord intéressé à l'empreinte carbone, mais mieux que ça, en fait, et plus intéressant que ça, parce qu'une empreinte toute seule, bon, c'est pas forcément hyper intéressant, mais c'est un point de départ. Deux entreprises qui ont deux empreintes carbone, on ne peut pas vraiment les comparer. Ce qu'on peut comparer, en revanche, c'est le travail qu'ils font pour réduire cette empreinte carbone dans le temps. Et donc nous, on s'est penché sur la trajectoire carbone des plus grandes entreprises. On l'a analysé sur plusieurs années et en suivant les recommandations de la méthodologie SBTI, on a pu dire que telle entreprise s'en va vers une trajectoire 1,5°C, 2°C ou plus. Et ça, c'est une première information. La deuxième information qu'on met à disposition, c'est qu'une fois qu'on a cette trajectoire, c'est ce que vous faites. Quelle est votre stratégie climat ? Et ça, on le structure secteur par secteur de manière à ce qu'on puisse rendre cette information intelligible, pour qu'elle soit comparable. Parce que... On n'a pas envie qu'une entreprise, je ne sais pas, de l'agroalimentaire, son impact maximal, ses matières premières, ses emballages, sa logistique, nous raconte indéfiniment ce qu'elle fait pour la mobilité de ses collaborateurs qui pèsent 0,01% de son empreinte carbone. Donc on a structuré les questions de manière à rendre ça intelligible et en face des principaux postes d'émission d'empreintes.
- Speaker #1
Vous rendez l'information climatique accessible à tous. C'est quoi votre système économique ?
- Speaker #2
Aujourd'hui, les entreprises, pour communiquer leur stratégie climat, elles ont plusieurs moyens. Elles ont des moyens internes, qui sont finalement le site internet de l'entreprise. Ça peut être les rapports RSE, qui sont des PDF, qui leur coûtent à produire, pour les plus grandes entreprises, plusieurs dizaines de milliers d'euros. Donc nous, on leur fournit une sorte de rapport RSE digitalisé. Donc nous, on est financé par les entreprises qui prennent en main leur page, un peu comme à, on va dire... On profite de LinkedIn Climat, qui paye pour avoir cet outil disponible, déjà structuré, facile à transmettre. Et à l'autre bout de la chaîne, on est aussi parfois payé par des grands donneurs d'ordre qui veulent agglomérer dans une forme de dashboard facile à lire l'intégralité de la trajectoire carbone de leurs fournisseurs. Et donc ça leur permet de comparer la trajectoire carbone de leurs fournisseurs à leur propre trajectoire ou cible. Donc leur scope 3, leur fameux scope 3, c'est-à-dire qu'est-ce que font mes fournisseurs, et notamment c'est le cas dans la grande distribution. On a signé des partenariats avec des grandes entreprises. On vérifie la source des données. Pour les plus grandes entreprises, il faut savoir que les données sont elles-mêmes soumises à audite. Donc on vérifie qui a audité. On donne cette information. Pour les plus petites entreprises, on s'entoure de partenaires qui font le travail d'accompagnement de ces plus petites entreprises, qui sont le plus souvent soit membres de la PCC, qui est l'association des professionnels du conseil en climat, soit qui ont des outils, comme les sas carbone notamment, qui sont validés par l'association. transition bas carbone.
- Speaker #1
Quels sont les principaux freins et défis que vous rencontrez dans la collecte et l'analyse de ces données climatiques ?
- Speaker #2
Le principal aujourd'hui, c'est justement cette volonté de transparence. Ce n'est pas toujours facile à faire pour une entreprise. Et ensuite, ce qui est assez marrant, je ne sais pas si c'est marrant, mais on s'aperçoit que plus les entreprises sont engagées dans la démarche et plus elles ont du mal à communiquer. Pourquoi ? Parce qu'elles savent que c'est imparfait, en fait. Et du coup, en sachant qu'il reste encore beaucoup de chemin, elles se disent Ouais, non, mais moi, je ne suis pas assez bon Alors qu'en soi, publier et discourir sur ses propres limites, c'est en soi une information intéressante pour l'ensemble du secteur.
- Speaker #1
Et les mauvais élèves de l'impact carbone, ils ont... Ils ont du mal à communiquer sur leurs données ou pas ?
- Speaker #2
Alors, je ne sais pas ce qu'on appelle un mauvais élève. Un mauvais élève, ce n'est pas quelqu'un qui a une empreinte carbone lourde. Un mauvais élève, ce serait quelqu'un qui en aurait conscience et qui ne ferait pas grand-chose. Et en réalité, on s'aperçoit déjà sous la contrainte des clients, je veux dire aujourd'hui, ne pas prendre conscience de l'importance dans l'acte d'achat. ou même d'un candidat dans l'acte de décision de candidater pour recruter des talents. On le voit et d'ailleurs on a fait un partenariat pour un réveil écologique qui regroupe quand même presque 200 000 étudiants de grandes écoles. Aujourd'hui, c'est un acte d'achat, d'engagement qui est fort. Donc c'est plus difficile d'expliquer d'où on part quand on part de loin, mais à la fois ces élèves aussi peuvent faire le maximum d'efforts. C'est plus facile en valeur absolue de partir de loin et de faire des gros efforts. que d'être déjà bon et encore d'améliorer.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux me parler de ce partenariat pour un réveil écologique ?
- Speaker #2
Le partenariat, il est né en fait d'un partage de valeurs pour un réveil écologique. Ils ont comme spécialité d'aller chercher de l'info, de la diffuser auprès de leur communauté, qui sont des étudiants d'écoles de commerce, d'ingénieurs, de grandes écoles, peu importe. Toute une génération pour laquelle l'action, le climat et l'attention portée par l'entreprise à son impact, à ses externalités, est majeure dans le critère de décision. On a... On a mis à disposition notre plateforme. On peut d'ailleurs retrouver tous les questionnaires qui ont été envoyés par Pour un Réveil écologique sur pourunreveilécologique.openclimat.com. Et donc on a cette logique de transparence dans laquelle ils ont à disposition notre base de données et eux, ils ont rajouté leurs propres questions sur d'autres sujets sur lesquels nous, on est moins présents, comme la gouvernance de l'entreprise, par exemple, sur différents secteurs. pour aller diffuser cette information dans la même logique de transparence.
- Speaker #1
Comment vois-tu l'évolution du secteur de la responsabilité climatique des entreprises dans les prochaines années ?
- Speaker #2
On croit sincèrement que la logique de transparence doit s'appliquer de plus en plus. Il y a aussi des contraintes qui vont s'appliquer vers des entreprises de plus en plus petites, avec notamment la CSRD qui va, à l'échelle européenne, engager les entreprises dans une logique d'analyse de leurs externalités sur l'environnement et des risques que peut peser l'évolution. de l'environnement sur leur propre activité. Nous, on est assez persuadés, par exemple, que assez rapidement, tous les donneurs d'ordre vont être contraints de choisir des entreprises qui ont fait à minima le calcul de leur empreinte carbone pour choisir leur acte d'achat. Aujourd'hui, il faut savoir que selon les données de BPI France, il n'y a que 35% des entreprises en France qui ont fait un bilan carbone. Sur ces 35%, il n'y en a que 15% qui en ont fait plus. Ça veut dire qu'on a non seulement fait un bilan carbone, qui ont mis en place des actions et qui ont été capables de mesurer l'impact de ces actions sur leurs données chiffrées. Donc il y a encore beaucoup de travail.
- Speaker #1
Quelles sont les avancées notables que tu as pu observer dans les engagements des entreprises ?
- Speaker #2
Il y a notamment une nouvelle notion qui est finalement la notion de démission évitée, c'est-à-dire de comparer des business models qui sont... peut-être pas contributif, mais qui remplace des business models existants, qui pèsent beaucoup plus. Ce qu'on voit aussi dans les grands groupes, c'est l'intégration des notions de circularité dans les modèles économiques, c'est-à-dire comment je fais tout en gardant mon business natif ça peut être parfois la construction, ça peut être parfois l'habillement, pour intégrer le plus possible de la circularité dans des changements de business model, on le voit avec des grandes entreprises comme Decathlon par exemple, mais aussi des entreprises. Plus petites, je pense à des marketplaces comme Céline C, Vestiaire Collective, qui calculent réellement l'impact contributif de leur modèle économique. Tout à l'heure, j'étais en ligne avec une jeune entreprise qui s'appelle Foodles, dans le domaine de la restauration collective, qui mesure en fait même l'impact des assiettes. qui mettent à disposition des collaborateurs dans les cantines, avec plus de végétalisation. Il y a quand même une prise de conscience qui est réelle maintenant. La vraie question, c'est est-ce qu'on ira aussi vite que l'urgence nous le dicte ?
- Speaker #1
C'est quoi ta vision pour l'avenir d'Open Climat ? Est-ce qu'il y a des nouveaux développements ou initiatives que vous prévoyez lancer prochainement ?
- Speaker #2
Alors, la vision, c'est déjà devenir cet acteur de référence, c'est-à-dire à la fois en France, mais aussi à l'international. Notre modèle est tout à fait scalable. différentes régions, et d'ailleurs on parle déjà des distributeurs à des donneurs d'ordres dans d'autres régions que la France. Donc ça c'est une première vision, de devenir vraiment l'outil de référence. Après il y a un autre projet qui consiste à aller plus loin sur d'autres KPIs que sont potentiellement la biodiversité et l'eau. Quand il y aura des méthodologies qui sont quand même en train de s'affiner en ce moment sur les mesures d'impact en biodiversité et eau, ça serait de les intégrer dans nos systèmes. Et puis, je vais parler un peu, parce que c'est un petit peu mon rôle, c'est aussi de nouer et de valoriser tout l'écosystème des accompagnateurs de ces entreprises qui ont du mal à sauter le pas toutes seules, qui ne savent pas trop où se diriger, avec l'aide aussi notamment de BPI France, qui fait beaucoup, via le diag des carbone actions pour mettre le pied à l'étrier des plus petites entreprises dans je calcule mon impact je sais que je peux mettre en place un plan d'action et qui contribue à mettre le pied à l'étrier de ces plus petites entreprises. Donc nous, on développe un écosystème de partenaires, de ces nouvelles entités, des SAS Carbon, ça peut être des gens comme Axio, des gens comme R3 par exemple, qui en fait aident ces plus petites entreprises à finalement ne pas avoir peur de ce que ça veut dire, mesurer son empreinte, mettre un plan d'action en place, etc. Parce que tout simplement, c'est se préparer à l'avenir.
- Speaker #1
Toi justement, à titre personnel, tu te sens plus heureux dans ce travail que tu me disais tout à l'heure ? Tu avais changé de mindset au cours des années, tu avais évolué avec une prise de conscience. Est-ce que tu es plus heureux aujourd'hui en agissant pour la planète ?
- Speaker #2
C'est clair. Et c'est marrant parce que peu de temps avant que tu arrives, je lisais un article sur la différence entre le bonheur et le plaisir. Le plaisir, c'est quelque chose de relativement facile à obtenir, mais relativement éphémère. Quand on contribue et quand on a un travail contributif, je dirais. On est plus dans une notion de bonheur, quelque chose qui va durer parce qu'on sait que potentiellement on laisse une trace et parce qu'on est en accord avec ses valeurs. Et ça, c'est extrêmement important. Encore une fois, je t'ai expliqué, j'étais aussi RH. Il y a beaucoup de gens qui quittent leur travail parce qu'ils sont en désaccord croissant avec leurs valeurs. Et on ne peut pas travailler très longtemps. C'est là où le salaire devient du plaisir parce qu'on le touche. Peut-être on dépense, peut-être qu'on se fait plaisir, on va au resto, on s'achète des trucs. Mais sur le long terme, ça ne tient pas. Là, on parle de long terme. de s'engager et d'avoir du bonheur grâce au travail.
- Speaker #1
Pour conclure, Cyril, pourquoi c'est cool l'RSE ?
- Speaker #2
C'est cool parce que ça donne du sens, parce que, encore une fois, quand on se parle dans l'équipe, c'est que des sujets enthousiasmants, c'est que, regarde ce qu'ils ont fait chez eux, c'est incroyable, ah bah tiens, je vais plutôt me mettre à consommer leurs produits, c'est vraiment penser pour avoir le moins d'impact possible. On parle beaucoup de... je ne sais pas, de végétalisation dans l'agroalimentaire. On parle beaucoup de seconde main, de réemploi. On parle beaucoup de circularité, même dans la construction, etc. Donc, c'est génial d'aller s'intéresser à tous ces sujets et de voir que ça peut justement toucher toute activité, que ce n'est pas, encore une fois, restreint à un secteur particulier.
- Speaker #1
Merci beaucoup Cyril pour cet échange.
- Speaker #2
Merci Johan.
- Speaker #0
Voilà, c'est la fin de cet épisode. Vous savez maintenant qui consulter si vous cherchez à connaître l'impact réel d'une entreprise. On se retrouve très vite. pour de nouveaux exemples inspirants et impactants.