Speaker #0Bonjour à toi, et bienvenue dans ce nouvel épisode de Coeur du deuil animalier. Aujourd'hui, je t'invite à un voyage un peu particulier. Un voyage à travers ta mémoire. Pas celle qu'on récite dans une salle d'examen. Pas celle des dates ou des noms qu'on oublie trop vite, mais celle du cœur. Celle qui reste, celle qui nous accompagne longtemps, après qu'un être cher, ici ton compagnon à quatre pattes, ait quitté ce monde. Peut-être qu'en m'écoutant là, tu penses à lui, à elle, à un regard, une habitude. À ce moment où il posait sa tête sur tes genoux, sans que tu aies besoin de dire un mot. Aujourd'hui, On va parler de mémoire, oui, mais surtout de lien, d'amour et de ce qui reste quand l'absence s'installe. Car quand un animal meurt, ce n'est pas tout ce qu'il était qui disparaît. Il reste quelque chose, une trace, une empreinte. Alors installe-toi confortablement, respire, on a le temps. Je suis là avec toi. pour plonger dans ce que la mémoire fait au deuil et ce que le deuil fait à la mémoire. D'abord, remettons les choses à leur place. La mémoire, c'est un fil, un fil invisible mais solide, celui qui relie notre passé à notre présent et parfois même à notre futur. Lorsqu'on adopte un animal, on tisse des souvenirs. Certains sont minuscules, d'autres immenses. Il y a ces premiers instants, la première rencontre, la première balade, la première bêtise. Et puis il y a le quotidien, la gamelle posée toujours au même endroit, le petit bruit des griffes sur le sol, les réveils un peu trop tôt. Tous ces gestes banals deviennent avec le temps... de véritables capsules de mémoire affective le philosophe montaigne disait les souvenirs ne s'impriment pas par le temps mais par l'intensité de l'émotion et c'est bien ça nos animaux sont souvent nos compagnons de vie les plus constants ils partagent nos routines nos joies nos peines ils sont là quand les autres ne le sont plus Et ce qu'il laisse en nous, ce sont des traces profondes. Si tu veux, on peut faire un petit exercice mental ensemble. Ferme les yeux un instant et pense à un souvenir avec ton animal. Le premier qui te vient sans réfléchir. Voilà, peut-être que tu l'as vu courir dans un champ. Peut-être que tu l'as entendu aboyer de joie. Peut-être même que tu l'as senti, son odeur, son pelage. Ce que tu viens de vivre là, c'est ce qu'on appelle la mémoire émotionnelle sensorielle. Elle est directement reliée au système limbique de ton cerveau. Ce n'est pas une simple image mentale, c'est un ressenti presque physique. Tu sais, dans notre cerveau, il existe une petite structure en forme d'amande qu'on appelle l'acmygdale. Elle joue un rôle central dans le traitement des émotions et dans l'encodage des souvenirs émotionnels. Et devine quoi ? Les souvenirs liés à des moments forts, surtout affectifs, sont traités différemment. Ils sont plus profondément ancrés. D'ailleurs, une étude de 2021 menée par l'Université de Montréal a montré que les souvenirs liés à des émotions positives comme ceux vécus avec un animal, activent plus fortement les zones du cerveau associées au réconfort et à l'attachement. Ce qui explique pourquoi, parfois des années après leur départ, une simple photo ou une simple odeur peut raviver une vague d'immenses émotions. Écoute cette histoire, elle t'évoquera peut-être quelque chose. J'ai perdu Maya, ma sienne, il y a deux ans. Elle adorait s'installer au pied de mon lit le soir. Et encore aujourd'hui, il m'arrive de me retourner la nuit en croyant la sentir. Je sais qu'elle n'est plus là. Mais dans mon corps, dans ma mémoire tactile, quelque chose reste. Et parfois, c'est doux. Parfois, c'est douloureux. Mais c'est toujours aussi vivant. C'est ça, la mémoire affective. Ce n'est pas du passé, c'est du présent prolongé. Dans un instant, on va plonger plus profondément dans cette mémoire émotionnelle et comprendre comment elle influence le processus de deuil. Pourquoi certains souvenirs nous font rire et pourquoi d'autres nous submergent ? On parle aussi de cette fameuse « triggers » , ces déclencheurs de larmes. Et comment les apprivoiser plutôt que de les fuir ? Tu es toujours avec moi ? Alors on continue ensemble. Le deuil, on le croit souvent linéaire, comme s'il suivait une sorte d'agenda. Choc, tristesse, acceptation. Mais en réalité, il ressemble plus à une mer intérieure, parfois calme et parfois houleuse. Et cette mer, elle est souvent agitée par des souvenirs. Parce que chaque souvenir est un rappel du lien. Et quand ce lien est coupé physiquement, c'est la mémoire qui devient notre point d'ancrage. Mais cette mémoire, elle peut autant consoler Merci. que raviver la douleur. Lors des premières heures, des premiers jours, beaucoup de personnes me disent « j'ai l'impression qu'il est encore là » . Et c'est vrai, parce que ton cerveau n'a pas encore intégré l'absence. C'est ce qu'on appelle la présence fantôme, un phénomène neurologique bien documenté. Comme si le cerveau refusait d'effacer la mémoire d'un être qui était là tous les jours. Et en fait, ils ne l'effacent pas. Ils luttent, ils résistent. Ce n'est pas un bug, hein ? C'est une épreuve d'attachement fort. C'est une preuve d'attachement fort. C'est aussi pour ça que beaucoup de maîtres endeuillés entendent encore la clochette de leur chat ou le bruit des griffes sur le parquet. Ces sons sont encodés dans notre mémoire auditive. Ensuite vient souvent une phase très difficile, celle où les souvenirs reviennent en boucle. Tu revis les derniers instants, les choix, l'euthanasie peut-être, le « et si » , le « j'aurais dû » , le « j'aurais pu » . À ce moment-là, la mémoire devient obsédante. C'est ce que les psychologues appellent une rumination ménisque. Selon une étude de 2019 menée par l'université de Liège, Plus de 78% des personnes endeuillées par un animal revivent régulièrement les derniers jours ou heures après la perte, avec une intensité émotionnelle comparable à un traumatisme. Ce n'est pas une faiblesse, c'est une réaction humaine. Ton cerveau tente de donner du sens à la perte. Il rembobine, il cherche une logique. Julie a 38 ans. Elle a perdu son chat au slo, après 16 ans de vie commune, et lors d'un accompagnement, elle m'a confié. Je pensais à lui du matin au soir. Chaque fois que j'ouvrais le frigo, je revoyais sa tête penchée, attendant sa pâtée. C'était comme si tous les objets de la maison me le hurlaient. Et c'est là que la mémoire émotionnelle devient parfois envahissante. Tout dans ton environnement... peut devenir un déclencheur. Une date, une odeur, une chanson. Et le cerveau, dans sa fidélité, te ramène encore et encore à ses souvenirs. Mais ensuite, quelque chose d'autre peut émerger. Petit à petit, ces souvenirs cessent d'être uniques, douloureux. Ils deviennent précieux. On ne pleure plus uniquement sur l'absence, mais on sourit. en se souvenant du lien. Et c'est là que le travail de mémoire devient guérisseur. La neuropsychologue Catherine Thomas explique que le cerveau a cette capacité étonnante à recolorer certains souvenirs douloureux pour les transformer en ressources affectives positives. Cela prend du temps, mais ça arrive. Et cela se produit surtout quand on prend le temps. de revisiter la relation, de l'honorer, de l'écrire parfois. D'ailleurs, Tu peux essayer quelque chose, si tu en ressens le besoin, prends un moment ce soir et écris un souvenir heureux avec ton animal. Pas besoin qu'il soit grandiose, même un moment banal. Écris ce que tu as ressenti, ce que tu entends et ce que tu sens. Tu verras, ton cerveau va raviver des détails enfouis et ton cœur aussi. Ce sont ces petites choses qui, peu à peu, t'aide à reconstruire un lien intérieur qui ne dépend plus du visible, mais qui n'est jamais effacé. On dit parfois « ce souvenir m'a traversé comme une lame » , d'autres fois on dit plutôt « ce souvenir m'a fait du bien » . Mais pourquoi cette différence ? Pourquoi, pour le même animal, pour la même histoire, un souvenir peut provoquer un torrent de larmes et un autre ? un sourire doux et mélancolique. Tout d'abord, il faut comprendre que chaque souvenir est encodé avec une intensité émotionnelle spécifique. Quand tu as vécu un moment fort, très intense, que ce soit en positif ou en douleur, ton cerveau l'enregistre avec plus de détails, plus de vivacité. Les derniers jours avec ton animal, les instants d'euthanasie ou les scènes d'agonie, sont souvent associés à une charge émotionnelle très forte, voire traumatique. En revanche, les souvenirs les plus anciens, les plus doux, les promenades, les câlins, les routines du quotidien, sont parfois encodés d'une manière plus diffuse, moins brutale. Et c'est aussi ce qui les rend réconfortants à revisiter. Ce que les chercheurs appellent mémoire affective, Fait intervenir l'amygdale et l'hippocampe, deux régions clés de ton cerveau. L'amygdale, elle est chargée d'évaluer l'intensité émotionnelle d'un événement. Et l'hippocampe, lui, garde la trace contextuelle. Où tu es, ce que tu voyais, ce que tu entendais. Quand un souvenir très douloureux revient, c'est l'amygdale qui s'active en priorité. Elle envoie une alerte émotionnelle. Elle te met dans un état d'alerte, parfois même de panique. A l'inverse, quand tu reviens à un souvenir tendre et stable, c'est davantage l'hippocampe qui te guide. Et l'émotion est contenue, posée. C'est la même mémoire, mais elle ne parle pas avec la même voix. Prenons un exemple très simple. Deux maîtres se souviennent du dernier bain donné à leur chien. Pour l'un, c'est une scène douloureuse, car ce bain précédait l'euthanasie. L'eau, le shampoing, l'odeur, tout lui rappelle ce moment de faim. Pour l'autre, c'est un moment de tendresse. Il se souvient des éclaboussures, de la complicité, et de la façon dont son chien fermait les yeux au contact de l'eau chaude. Même scène de vécu. Parce que le cerveau... n'enregistrent pas l'effet brut, ils les associent à un ressenti. Et c'est cette association émotionnelle qui rend un souvenir soit dévastateur, soit consolant. Il y a un autre facteur, ton état intérieur. Au moment où le souvenir remonte, si tu es fatigué, à fleurs de peau, vulnérable, même un souvenir léger peut te faire pleurer. A l'inverse, si tu te sens apaisé, soutenu, en sécurité, même un souvenir difficile peut devenir l'occasion de dire merci. C'est pour ça que je rappelle souvent aux personnes que j'accompagne, le souvenir ne fait pas tout, ce qui compte, c'est aussi l'espace dans lequel il revient. Si tu accueilles un souvenir avec douceur, avec lenteur, il peut devenir une porte vers le lien, plutôt qu'un rappel de la paix. Je te propose un petit exercice, si tu le veux bien. Ferme les yeux et rappelle-toi un moment très simple avec ton animal. Pas un grand événement, un moment banal. Un matin, une sieste, un regard. Essaye de revoir les couleurs, les sons, le décor. Maintenant, au lieu de pleurer ce moment, respire. et dis-lui merci juste ça merci tu viens de transformer un souvenir en ressource vivante et ça ça c'est une force il y a une phrase que que j'aime beaucoup et que j'ai entendue un jour dans un accompagnement il est parti physiquement mais il vit quelque part en moi c'est exactement ça ce que je veux explorer avec toi maintenant. Parce que, même quand ton animal n'est plus là, quelque chose de lui continue à exister à l'intérieur de toi. Et ce quelque chose, c'est ta mémoire. C'est ce qu'on appelle le lien intérieur. C'est une relation symbolique, psychique, émotionnelle, qui continue après la mort. Elle ne se voit pas, elle ne s'entend pas. mais elle est là ce lien tu le sens quand tu rôles regardes une photo et que tu souris tu le sens quand tu parles encore à ton animal dans ta tête quand tu fais une action en pensant à ce qu'il aurait fait ce n'est pas juste un souvenir figé dans le passé c'est un dialogue silencieux une présence douce une mémoire active des études en psychologie du deuil montrent que 73% des personnes endeuillées ou des années deuillées continuent à entretenir un lien imaginaire ou symbolique avec leurs proches disparus, quels qu'ils soient, humains ou animaux. Ce lien peut être verbal, je le dis dans ma tête, ça peut être comportemental, je garde ses affaires, je reproduis ses rituels, ou émotionnel, je ressens sa présence. dans des moments clés de la journée. Et ces personnes ne sont pas dans le déni. Au contraire, elles font preuve d'une résilience plus forte, parce qu'elles transforment l'absence en relation intérieure. Elles ne cherchent pas à oublier, elles cherchent à intégrer. Je vais te partager quelques exemples très concrets, issus d'histoires réelles. Et peut-être que tu vas t'y reconnaître. Il y a Manon qui allume une petite bougie tous les soirs à côté de la photo de son chat Mistral. C'est son rituel du soir. Elle lui dit bonne nuit et elle me dit c'est un moment rien qu'à nous, même s'il n'est plus là. Il y a aussi Hugo qui continue à aller marcher tous les dimanches dans la forêt où il promenait son chien. Il garde la même trajectoire, le même banc pour s'arrêter. Il me dit... C'est comme s'il marchait encore à mes côtés. Et puis il y a cette jeune femme, je me souviens très bien. Elle avait brodé une couverture avec les poils de son lapin décédé. Elle la pose sur ses genoux en méditation. Et elle m'a confié, c'est ma façon de le garder contre moi. Toutes ces personnes ont créé un espace de mémoire, un lien affectif, vivant. Ce n'est pas morbide. C'est profondément humain. Tu sais, ce qui est fascinant, c'est que ton cerveau, lorsqu'il revit un souvenir, ou qu'il imagine une scène avec ton animal, active les mêmes zones que s'il vivait la scène réellement. Les neurosciences ont prouvé que la mémoire et l'imagination produisent une activation similaire dans le cerveau. C'est pour ça qu'un souvenir... peut faire pleurer, rire, ou alors te consoler, exactement comme si ton animal était là. Et c'est aussi pour ça que le lien intérieur peut être profondément apaisant, parce qu'il devient presque réel, pour toi. J'entends souvent cette phrase, j'ai peur d'oublier, oublier sa voix, sa démarche, l'odeur de son poil, Les sons des petits rituels. Et je comprends cette peur, parce que c'est une façon de dire « j'ai peur que le lien disparaisse » . Mais ce que je veux te dire ici, c'est que ce lien ne dépend pas de ta mémoire brute. Il dépend de ton intention de le faire vivre. Tant que tu as le désir de garder une place à ton animal dans ton cœur, dans ta maison, dans ta parole, Il ne s'éteindra pas, même si les détails s'estompent. avec le temps même si tu ne te souviens plus de tout ce qui reste c'est la trace affective et elle elle est indélébile il y a une très belle phrase de christian bobin que j'ai envie de te laisser ici ceux que nous avons aimés ne sont jamais très loin ils marchent à côté de nous silencieux mais toujours proches encore aimés encore manqué et à jamais cher c'est ça c'est ça le lien intérieur un fil invisible mais incassable on va parler maintenant d'un outil aussi puissant qu'intime les souvenirs ils peuvent piquer ils peuvent consoler ils peuvent faire pleurer mais aussi faire sourire et surtout Ils peuvent devenir des alliés dans ton deuil, à condition de savoir comment les utiliser. Imagine que chaque souvenir soit une balise lumineuse dans l'obscurité du chagrin, une façon de retrouver ton chemin. Tu n'es pas obligé de plonger dans tous tes souvenirs d'un coup, mais tu peux choisir ceux qui t'apaisent, ceux qui t'élèvent, ceux qui te font sentir la présence de ton animal sans te briser. Et petit à petit, tu réécris ton histoire intérieure. Non plus sur la douleur de la perte, mais sur la richesse du lien. Je vais te partager ici trois types de souvenirs que tu peux convoquer en conscience. Premier souvenir, c'est le souvenir joyeux. Ceux qui t'ont fait rire, qui te font dire « qu'est-ce qu'il était drôle ! » « qu'est-ce qu'il était unique ! » Ces souvenirs activent la dopamine. et permettent de contrebalancer la tristesse. Il y a les souvenirs de lien, ceux où vous étiez complice, un regard, une caresse, une habitude de quotidien. Ils réveillent l'oxytocine, l'hormone de l'attachement. Ce sont des souvenirs racines et des souvenirs rituels, des moments de routine, les balades, les repas, les couchers, les revives mentalement ou les recrets. à ta façon, permet de stabiliser l'émotion. Ce sont des repères. Voici quelques idées concrètes que tu peux aussi adapter à toi. Écrire une lettre souvenir à ton animal ou lui raconter vos plus beaux moments. Crée une boîte à mémoire avec des objets symboliques, un collier, un jouet, une photo, un carnet. Enregistre une note vocale où tu racontes une anecdote drôle ou touchante. faire un album photo ou un diaporama mais à ton rythme pas pour te faire mal mais pour te rappeler recrée un rituel symbolique en son honneur une promenade une offrande une musique tout cela donne un espace aux souvenirs un espace sécurisé par contre ne te force pas un souvenir même doux peut être violent si tu n'es pas prêt c'est comme Ouvrir une boîte à musique, il faut choisir le bon moment. Tu peux te dire « Aujourd'hui, j'ai envie de me souvenir » ou au contraire « Pas maintenant, j'attendrai demain » . Il n'y a aucune règle, tu as le droit de reculer, d'avancer et d'explorer doucement. Le souvenir est un compagnon, pas un juge. En psychologie du deuil, on parle de Travail de mémoire intégrative. Il a été démontré que les personnes qui revisitaient leurs souvenirs positifs, en lien avec un défunt, avaient moins d'angoisse à long terme, moins de symptômes de dépression, et une meilleure capacité d'adaptation émotionnelle. C'est un fait. Les souvenirs sont thérapeutiques. Pas tous, pas tout le temps. Mais ceux que tu choisis, que tu revisites avec amour peuvent devenir une ressource de guérison. J'aime beaucoup cette image. Les souvenirs, c'est un jardin. Tu peux y aller chaque jour pour écueillir une fleur. Parfois elle pique, parfois elle est fanée, mais parfois elle sent bon et elle te réchauffe le cœur. Alors prends soin de ce jardin, nourris-le doucement, et surtout, n'oublie pas... que ce que tu y plantes aujourd'hui peut t'apaiser demain. Quand un animal qu'on aime part, il laisse un vide. mais aussi une empreinte, une trace invisible dans nos gestes, nos habitudes, nos pensées. Préserver sa mémoire, c'est une manière de dire « tu fais toujours partie de ma vie » . Mais parfois, cette mémoire peut nous enfermer, nous empêcher d'avancer. Alors, comment faire la différence entre honorer sans figer, se souvenir sans se perdre ? La mémoire, ce n'est pas qu'un souvenir dans un coin de tête. C'est une fonction vitale de deuil. Ce souvenir permet d'intégrer la perte. Le cerveau a besoin de créer un récit cohérent pour digérer ce qui vient d'arriver. Sans mémoire, on est dans le choc. Avec la mémoire, on construit un sens. C'est ce que les psychologues appellent le « coming bone » , un lien continu. On n'efface pas l'amour. on le transforme. D'ailleurs, une étude de 2015 a montré que les personnes qui entrenaient un lien symbolique, sain, avec leur défunt compagnon animal ressentaient moins de culpabilité et moins de symptômes de stress post-traumatique. Autrement dit, préserver la mémoire de façon équilibrée est bon pour la santé émotionnelle. Mais parfois, la mémoire devient un piège. On reste figé dans cet instant de la perte. On revit en boucle le dernier regard, la dernière visite chez le vétérinaire, les derniers instants. Et on croit que se souvenir, c'est souffrir pour ne pas oublier. C'est faux. On peut se souvenir sans se faire mal. Le risque, c'est de transformer la mémoire en prison, au lieu de la laisser devenir une lumière. Alors, tu vas me dire comment faire ? Voici des façons simples mais puissantes de garder son animal près de soi, sans rester bloqué dans le passé. Crée un rituel du souvenir, mais fais-le évoluer avec toi. Par exemple, chaque premier du mois, allume une bougie et lui parlez. Lui écrive une lettre à chaque saison. L'idée, c'est de faire vivre la mémoire, pas de la figer. Tu peux transformer la mémoire en projet. Comme je te le disais un peu plus tôt, créer un album photo, écrire un poème. faire imprimer un portrait. Ce sont des gestes créatifs et actifs qui transforment la douleur en hommage. Et si tu parlais de lui ? À tes proches, à tes enfants, à d'autres maîtres endeuillés. Chaque fois que tu parles de ton animal, tu prolonges son empreinte dans le monde. Tu peux même l'intégrer dans des moments clés de ta vie. Un tatouage discret, une mention dans un discours, ou une présence symbolique dans un nouveau chapitre. Tu n'oublieras jamais. Mais ce que tu ressens aujourd'hui changera. Peut-être qu'un jour tu souriras en repensant à lui, sans que ton cœur se serre. Et ce n'est pas une trahison, ce sera le signe que la mémoire a trouvé sa juste place. Une place douce, une place solide, une place en toi, mais pas contre toi. Mais sache que tu as le droit de garder ton animal avec toi, dans ton cœur, dans ton quotidien, dans ta vie. mais tu as aussi le droit de laisser la douleur s'atténuer sans culpabilité parce que ce n'est pas l'intensité de ta peine qui mesure ton amour c'est la profondeur du lien et ce lien lui il ne meurt jamais voilà c'est la fin de cet épisode j'espère qu'il t'a apporté un éclairage nouveau sur l'importance de la mémoire dans le deuil animalier ce souvenir c'est faire exister, c'est prolonger le lien d'amour au-delà de l'absence c'est aussi parfois se mettre à déposer ce qui pèse pour ne garder que ce qui nous réchauffe si cet épisode t'a touché n'hésite pas à le partager à quelqu'un qui en aurait besoin à le noter sur ta plateforme d'écoute ou simplement à m'envoyer un petit message, vos retours sont précieux, ils donnent du sens à chaque mot posé ici et la semaine prochaine Je vous prépare un très beau moment, un épisode avec Delphine, photographe canin, passionnée, douce et profondément connectée aux liens qui nous unit à nos animaux. Elle viendra nous parler de Tartine, sa chienne, au nom aussi gourmand que sa relation qu'elles entretiennent toutes les deux. Ensemble, on plongera dans son histoire, son métier et la manière dont ses photos deviennent des empreintes de mémoire. des capsules d'émotions. Je vous dis donc à la semaine prochaine et d'ici là, prenez soin de vous. et de vos souvenirs.