- Speaker #0
Aujourd'hui, j'accueille un invité d'exception. Il a été la première personne à donner de discours d'ouverture au Product Marketing Alliance à New York en 2019 et pratique le Product Marketing depuis 2006. J'ai le plaisir d'accueillir Axel Kirstetter, aujourd'hui VP Product Marketing chez Guidewire. J'avais à cœur d'avoir Axel au micro du podcast pour qu'il nous aide à prendre un peu de recul sur le rôle du Product Marketing et qu'il nous partage un point de vue différent de ce qu'on a l'habitude d'entendre et de voir en France. Alors dans cet épisode, Axel nous partage les quatre principales différences entre le product marketing en France versus les US. Comment le rôle du PMM a évolué, notamment avec l'émergence du modèle SaaS. Pourquoi le product marketing manque de légitimité et comment y faire face. Et enfin, il nous explique comment les PMM français sont perçus de l'extérieur et quels sont leurs atouts pour travailler pour des boîtes américaines. Et au contraire, ce surprise pour faire attention pour ne pas se retrouver sur le banc de touche.
- Speaker #1
Bref, il partage plein de bons conseils et surtout les erreurs à éviter pour réussir ses entretiens d'embauche. Bonne écoute !
- Speaker #0
Bonjour Axelle, ce que je te propose pour nos auditeurs, c'est que tu te présentes, que tu nous dises un peu ce que tu fais, d'où tu viens, qu'on sache qui tu es.
- Speaker #1
Super ! Axelle Kirstater, le nom c'est un nom alsacien pour les personnes qui sont un peu dans les détails, mais je n'ai jamais vécu en France, j'ai grandi en Belgique. nationalité allemande et donc je suis un peu polylingue, je parle plusieurs langues. J'ai vécu dans différents pays et ça fait entre-temps 15 ans que j'habite aux Etats-Unis et là je suis responsable chez Guidewire qui est une entreprise de logiciels pour le secteur d'assurance, pour le product marketing. J'ai donc plus ou moins 25 personnes dans mon équipe. On est organisé surtout par produit. Dans ces 25, j'ai également une petite équipe qui est responsable. des relations avec les développeurs, donc un angle un peu particulier. Pour l'instant, une chose, moi j'aime toujours dire que ce qui me préoccupe pour l'instant, parce que le marché n'arrête pas de changer, naturellement j'ai une équipe, donc je suis dans la position de donner pas mal d'efforts à eux. Pour l'instant, ce qui me passionne, surtout, c'est tous les changements autour du Geno TVI et comment on peut intégrer ces outils, mais surtout la manière comment on travaille. de reformer un peu le product marketing autour de ça.
- Speaker #0
Et je suis curieuse de savoir comment tu en es arrivé, du coup, à faire du product marketing. Est-ce que tu as fait du product marketing ou l'équivalent depuis tes débuts ? Et aussi, est-ce que tu as des éléments un peu marquants, justement, de ta carrière sur cette discipline ?
- Speaker #1
Je ne sais pas exactement. La première fois que j'avais le titre de product marketing, c'était plus ou moins en 2006. Avant ça, j'ai fait des choses autour de ProLarc Marketing, qui est un peu équivalent, sans avoir le titre, c'était Segment Marketing, Marketing Manager, des choses comme ça. J'ai commencé ma carrière finalement en comms, en communication, et une des choses que j'ai toujours aimé, c'est rentrer dans les détails, dans les données, dans les faits, etc. alors qu'en com c'est tout de même un département qui dépend assez de des idées des émotions qui tellement mon truc. Et donc, quand j'ai découvert un peu les options qui existent avec les données, qui est plus ou moins associée avec le product marketing, je me suis concentré un peu plus là-dessus. Et d'ailleurs, c'est pour ça que j'ai également fait un MBA aux Pays-Bas. Et depuis 2006, je crois que j'ai eu uniquement des titres, plus ou moins des titres autour de product marketing. J'ai toujours fait quelque chose dans ce domaine. Et je trouve ça assez fascinant, assez intéressant. Des choses marquantes, oui, j'ai Je travaillais pas mal avec Serious Decision, qui entre-temps a été racheté, je ne sais pas, il y a 6 ans, 8 ans par Forrester. C'était eux d'ailleurs qui étaient les premiers plus ou moins à se lancer sur ce marché. Donc Serious Decision, leur méthodologie qui est toujours assez applicable et donc je connais assez bien leur outil. Entre-temps, je travaille également avec Gartner qui, depuis 3 ans peut-être, ont commencé à se lancer également sur ce domaine. et qui font pas mal de choses assez intéressantes, par exemple des études de relations product management, product marketing, etc. Et Pragmatic, qui est plus ou moins la troisième méthodologie, ça fait quoi ? Ça fait 20 ans plus ou moins que je suis qualifié là-dedans, donc ça fait pas mal de temps. Et pour les personnes qui veulent vraiment rentrer dans les détails, j'étais la première personne qui a donné le discours d'ouverture au... Product Marketing Alliance à New York en 2019. Donc ça fait pas mal de temps et j'ai bien suivi la trajectoire de cette organisation qui a finalement donné beaucoup d'énergie à ce domaine, au Product Marketer qui a créé pas mal de podcasts comme le fait toi-même par exemple. Et donc voilà, je connais le domaine autour du Product Marketing assez bien.
- Speaker #0
J'aimerais justement parler de ton point de vue sur les différences. entre le product marketing aux US versus en France justement. Et j'aimerais savoir pour toi comment est-ce que le rôle et la fonction PMM justement, elle a évolué selon les entreprises où tu étais. Est-ce que tu as vu des milestones en particulier et un peu des différences que ce soit en France, aux US ?
- Speaker #1
Oui, absolument. Donc, je crois qu'une grande chose qui a changé dans les 10, 15 dernières années, c'est vraiment ce business model du SaaS. J'aurais ajouté mon expérience professionnelle plutôt autour B2B et logiciels, donc tech. Et dans ce domaine-là, ce qui a vraiment changé, c'est tout le modèle subscription. Avant ça, on achetait une licence avec un peu de service et c'était tout. Maintenant, on a une manière de rentrer dans le marché qui est complètement différente. Donc, on achète quelque chose online qui n'existait pas vraiment il y a de ça 15 ans. Les trials before you buy et tout ça, c'est qui a vraiment changé un peu la manière comment on doit travailler. Donc, pour moi, tout commence un peu par ça. Autour de cela, entre-temps, on a beaucoup plus de données. Et donc, de données de comment le site Internet est utilisé. qu'est-ce qui se passe avec les systèmes de marketing email, etc. qui permet d'avoir beaucoup plus d'idées de comment un prospect veut s'engager avec une entreprise, comment un utilisateur utilise le produit. Et autour de ça, se lancent des business models comme Product-led growth, Community-led growth. Donc ça, ça a vraiment changé. Et le Product Marketing doit s'adapter. à savoir beaucoup plus de comment fonctionne le site internet, d'avoir des connaissances de vraiment après-vente, le marketing des clients, donc comment utiliser une histoire de succès d'un client, des témoignages, etc. Ensuite, ce qui n'existe pas vraiment il y a de ça 15 ans, c'était tout l'aspect mobile. Oui, les téléphones mobiles existaient, le SMS existait, mais il y avait... mais pas vraiment ce canot de marketing, comment utiliser le mobile pour partager les communications, partager les stratégies marketing. Et je crois que même en B2B, aujourd'hui, il faut avoir un peu de connaissances, ce qui est possible, que ce soit l'accès Internet par le mobile ou bien vraiment des pushs, donc de s'engager avec les prospects, les clients, les utilisateurs à travers un système mobile. Il y a ça quelques années, il y avait beaucoup plus de titres de... responsable de marketing stratégie. Donc, l'aspect de stratégie qui était moitié product marketing, moitié stratégie, mais entre-temps, la stratégie est vraiment divisée en deux. Stratégie stratégique et stratégie opérationnelle. Et la stratégie opérationnelle est faite par les personnes en product marketing. Alors que tout ce qui est vraiment la stratégie classique, donc la planification financière, etc. C'est vraiment un département stratégique qui, des fois, part du département finance. Mais je me rappelle bien, avant ça, il y avait vraiment des départements de stratégie qui étaient assez grands, qui avaient beaucoup de responsabilités également pour le succès d'un produit, les parts de marché du produit, la segmentation, la politique prix, etc. qui, entre-temps, poussaient beaucoup plus vers les responsables de product marketing. Donc ça, ça a changé. Et je crois que là même, on est dans une situation assez étrange. GenoTV AI, AI en général, et tout le bouleversement que ça cause déjà et que ça va déjà causer. Donc je crois que c'est un changement assez fort. Et il faut envisager l'utilisation des produits, changement de processus, et également comment permettre aux employés de participer à ce changement. Pour moi, en tant que leader, c'est assez difficile de changer moins l'organisation, les gens qui s'intéressent un peu plus, d'autres un peu moins pour toute cette thématique, de maintenir que tout le monde participe un peu à tout ça. C'est un changement assez fort que l'on doit faire en tant qu'individuel, en tant que leader dans les organisations et toutes les organisations en tant que soi-même.
- Speaker #0
Est-ce que tu vois justement aussi des différences entre la façon de faire du product marketing ? aux US que aujourd'hui tu vis et ce que tu vois en France ?
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
effectivement,
- Speaker #1
il y a des différences. Et je crois qu'il faut déjà commencer par un peu la caractéristique du marketing en France qui est assez bien vue, mais qui est vraiment très détaillée, détaillée, technique, à base de beaucoup de recherches. Et ça s'applique également un peu... Au product marketing même. Aux États-Unis, on est un peu plus focussé sur l'exécution, donc pas tellement la planification et la stratégie. Alors qu'en France, quand moi j'ai des conversations avec des candidats en France ou bien des collègues en France, c'est beaucoup la planification, le plan qui a beaucoup plus d'importance. Aux États-Unis, souvent, c'est tout simplement l'exécution, d'être dans le marché le plus tôt possible pour obtenir un peu de feedback. Et le feedback est vu comme une manière de faire de la recherche, alors qu'en France, on a plutôt tendance de faire de la recherche avant de lancer quelque chose. Et donc, quand on voit ça du côté des États-Unis, on a un peu cette frustration d'avoir l'impression que ça n'avance pas, alors que ce n'est pas tellement le fait, mais qu'il y a une autre manière d'engager le marché. Donc ça, c'est une chose. Une extension de ça, c'est également la différence entre la recherche et l'expérimentation. En France, on aime bien faire de la recherche. il y a pas mal d'entreprises de recherche de marché qui sont basées en France alors que aux Etats-Unis c'est plutôt l'expérimentation je ne dirais pas que Google avait commencé avec ça mais Google a une bonne réputation de faire toujours des expérimentations quand on a un million de visiteurs on peut vraiment voir si la couleur bleue fonctionne mieux que la couleur rouge mais bon c'est une manière comment travailler pour savoir quelle couleur fonctionne mieux il faut être dans le marché il faut avoir un logo, des mots, etc. Et donc, c'est une autre manière de travailler. Culture de décision. Et ça, c'est également une de ces différences entre, quand on parle avec les gens, les États-Unis, assez direct, action, responsabilité, etc. Alors qu'en France, on aime bien le débat. Pour vraiment voir un peu les idées, qu'est-ce qui existe en tant qu'autre option. Et des fois, c'est vu comme manque de décision. et je crois que là les... Les candidats français ou les employés français ont un peu le désavantage de l'idée à base est assez bonne, mais l'implémentation d'avoir beaucoup de discussions et au lieu d'avoir une réunion d'une demi-heure, ça devient une réunion d'une heure. C'est perçu comme ou bien obtenu qu'on n'a pas vraiment fait de participer à la décision qu'on a donc prise. Et je crois que là, c'est un peu un désavantage. pour les candidats français. Messagerie, c'est peut-être mon dernier point. Ça change tout de même pas mal. Alors qu'en France, on aime bien les messages assez intellectuels, élégants, conceptuels. Aux États-Unis, c'est plutôt l'émotionnel et d'être assez direct et assez court qui est la rigueur de comment engager les clients. Et donc, aux États-Unis, en France, on dirait quelque chose comme Our AI-driven platform is designed to elevate the human and digital experience. Donc, concret, détaillé, spécifique, donc ça c'est en France. Alors qu'aux États-Unis, on utilise quelque chose d'assez général, qui ne veut pas vraiment rien dire, mais qui rentre assez rapidement dans le concret. Quelque chose comme close more deals faster without AI. Bum, bum, bum. En deux, trois mots, on est assez direct. Et donc, ça, ce sont quelques différences. c'est pas vraiment... Une question d'être correct ou être en tort, c'est tout simplement de se concrétiser avantages-désavantages et de s'adapter un peu autour de ça.
- Speaker #0
Oui, parce qu'en fait, comme tu dis, il n'y a pas forcément de bonne ou de mauvaise réponse, mais en tout cas, par rapport aux entreprises ou aux personnes avec qui on va travailler, c'est important d'avoir ce cadre-là pour aussi pouvoir s'adapter ou comprendre des réactions. Ou si on veut se lancer aux US, on va devoir avoir un messaging. potentiellement beaucoup plus sharp, comme tu dis, alors qu'en France, moins. Mais en tout cas, ça me parle beaucoup de ce que tu dis. En tout cas, ton PMM en France, la partie justement de planification, de stratégie, d'avoir un plan bien prêt avant de se lancer, etc. Je trouve que c'est aussi des vrais enjeux jusqu'où on va, en fait, dans cette planification. Et comme tu dis, à un moment, il faut se jeter dans l'eau, voir comment ça marche. Il y a un peu ce rapport à l'échec aussi. qui est aussi souvent plus compliqué en France. Et d'où cette planification extrême parfois pour justement limiter ce risque-là.
- Speaker #1
Absolument, bon mot, l'échec est complètement accepté dans cette notion d'expérimentation. Que ce soit une expérimentation A, B, disons que A est le succès, B c'est l'échec. Mais les deux vont ensemble, donc pour avoir du succès, il faut avoir des échecs. Et c'est beaucoup plus accepté dans la société américaine en général. et beaucoup moins dans la société européenne en général. D'ailleurs, la faillite aux États-Unis, donc la faillite d'une entreprise personnelle, beaucoup plus acceptée, c'est complètement normal, alors qu'en Europe, c'est vu vraiment comme un désavantage social. Il y a beaucoup de conséquences pour ça.
- Speaker #0
On a tendance à dire en France qu'on est en retard, entre guillemets, par rapport aux US. On a cinq ans de retard dans l'implémentation du product marketing, des choses comme ça. Est-ce que tu es d'accord avec ça ? Qu'est-ce que tu en penses ?
- Speaker #1
Disons, pour moi en général, quand il y a des produits qui sortent, normalement ça sort aux Etats-Unis, ensuite 6 à 12 mois plus tard au Royaume-Uni, ensuite 6 mois après ça en Europe. Et donc c'est la même chose avec les idées, qui prennent un peu plus de temps pour voyager de l'autre côté de l'Atlantique. Je crois que pour vraiment dire en retard le problème pour les Français et les Européens, c'est qu'il y a une tendance de... penser au product marketing après le marketing et après le product management. Et donc, product marketing, c'est un peu entre les deux. Et ça, c'est une conséquence de la manière comment beaucoup d'entreprises sont organisées en Europe. Donc, avec une décentralisation assez forte, il y a plus ou moins tous les départements qui sont reproduits en chaque pays. Et donc, en France, on a une base de product management, marketing, vente, etc. Quand on va en Allemagne, on reproduit tout ça. Et donc, il n'y a pas vraiment l'option d'investir dans le product marketing qui s'occupe de plusieurs pays en même temps. Et donc, c'est une fonction qui est entre plusieurs autres fonctions. Et souvent, on fait le travail de product marketing en tant que part du product management ou bien en tant que part du marketing. Et donc, on a tendance à penser un peu dans cette direction, dans l'autre direction. Pour moi, ce n'est pas tellement une question d'être en retard, mais c'est plutôt une manque de compréhension de la valeur et de la différenciation vis-à-vis Product Management, vis-à-vis marketing, qu'offre la fonction. Et quand on regarde tout simplement les chiffres, donc employés en Product Marketing, par population, même chose aux États-Unis, oui, il y a beaucoup moins de personnes en Product Marketing en France qu'on peut avoir aux États-Unis. Mais je ne crois pas que c'est tellement en retard, c'est plutôt les Product Marketeurs en France doivent se... battre un peu plus fort pour qu'ils ont une voix qui est distincte des autres départements.
- Speaker #0
Et justement, qu'est-ce que tu aimerais dire aux leaders de la tech en France, concrètement aux CPO, CMO, même les fondeurs, qui aujourd'hui ne voient pas forcément la valeur, l'intérêt de la fonction product marketing ou qui hésitent justement à l'implémenter ? Qu'est-ce que tu leur dirais ?
- Speaker #1
J'avais un... Un chef, il y a 10 ans, qui m'a posé la question qui m'a assez marqué. Quand j'avais un peu de doute de ma valeur ajoutée, de la valeur de la fonction que j'avais, sa question était assez simple. Axel, qui s'éveille chaque matin en pensant aux revenus du produit ? Donc les revenus du produit. Et il me donne la réponse. Finance sa responsabilité. et de penser de la profitabilité, vente des ventes à un client, pas les ventes des départements produits, de la qualité d'un produit. Il y a uniquement Product Marketing qui devrait s'éveiller chaque matin en pensant quels sont les revenus du produit que je représente. Et donc, quand on a cette mentalité-là, qu'il n'y a vraiment personne dans une entreprise qui est responsable pour le succès, ou la faillite, l'échec d'un produit à part product marketing. Et ça, c'est quelque chose que j'aimerais bien que les product marketers acceptent pour eux-mêmes, donc que c'est eux finalement qui sont responsables pour le succès de leurs produits. Il faut avoir la mentalité de chief marketing officer pour le produit. Et c'est ça, la valeur ajoutée que rapporte cette fonction. Et comme je disais, product management, plutôt qualité, vente plutôt les comptes, etc. Et que ça, c'est vraiment quelque chose qui manque. Et quand on fait la multiplication de ça, le succès d'une entreprise dépend du succès des produits que l'on a. Donc, du succès du product marketing.
- Speaker #0
Merci Axel, déjà pour nous avoir parlé justement du product marketing aux US versus en France, de ta vision. Maintenant j'aimerais bien rentrer un peu plus dans le détail sur la perception des PMM français vu de l'extérieur. Parce que du coup nous on est en plein dedans, donc on a un peu du mal à s'auto-juger. Donc pour toi, en quoi les français sont bien perçus pour travailler aux US ? Si on a aujourd'hui des PMM qui veulent partir faire le grand rêve américain, quelles sont leurs forces ?
- Speaker #1
Avant que je réponde directement à cette question, il faut dire, naturellement, là, je rentre un peu dans la généralisation de la thématique, des préjugés peut-être, mais il ne faut pas voir ça dans les cas individuels, tout peut se changer, mais ce sont souvent des perceptions que j'ai eues personnellement, et il y a des choses que j'entends quand on parle un peu autour des options d'investissement, de personnel, etc., en France. Il faut toujours voir ça un peu dans les avantages et les désavantages. avantages qu'ont les français, c'est que venant un peu du succès du B2C, que vraiment ils savent comment créer des noms de marques. Et que ce soit par le luxe, il y a beaucoup d'émotionnalité là-dedans, il y a beaucoup d'identité, d'identification du client, etc. Autour de ça, beaucoup de storytelling, donc vraiment raconter de bonnes histoires. comment les produits sont utilisés, comment les noms de marques sont reconnus. Et il faut également rajouter que, comme je l'ai déjà dit, ils sont souvent reconnus en tant qu'être capables de rentrer dans le détail, très analytiques et des penseurs à profondeur. Et personnellement, j'ai toujours aimé travailler avec les candidats français, les employés français, pour les analyses un peu dans les détaillés, parce que tout ce qui est un peu l'analyse de date des données, que ce soit une carrière d'ingénieur, que ce soit une carrière de sociologue. En France, c'est plutôt dans les détails de la base d'études, alors qu'aux États-Unis, pas du tout. Et donc ça, c'est vraiment des atouts qu'ont les Français.
- Speaker #0
Et au contraire, est-ce qu'il y a des enjeux à avoir en tête, toi, quand tu travailles avec des Français, où tu te dis, ah là, il y a soit des perceptions, soit plus de challenges ?
- Speaker #1
Avec des atouts, il y a toujours des challenges. Avec l'avantage de rentrer dans les détails des traits analytiques, il y a également des avantages, des fois d'être trop théorique, ou bien, en conséquence, d'être perçu en tant que lent pour prendre des décisions, pour des actions. Il faut être conscient de cet avantage de l'analyse, mais également, à un certain point, on doit s'arrêter avec l'analyse et rentrer un peu dans les actions. Ensuite... Avec l'analyse, des fois, on peut être trop critique. Donc, il y a vraiment cette option d'être assez négatif en vue d'autres idées. Parce qu'on analyse, on passe beaucoup de temps à trouver les faiblesses, etc. Et surtout aux États-Unis, où tout est toujours positif et toujours bien vu, il faut faire attention avec ça, d'être pas trop négatif. Et un troisième challenge, qui est plutôt un challenge, disons, culturel, c'est que les Américains ont tendance d'être assez agressifs dans la promotion d'eux-mêmes, de soi-même. Et que souvent, c'est mal vu en France d'être trop mi-mi-mi. Et on est plutôt, en travaillant en tant qu'équipe, on a plutôt cette notion de sociable, de société, etc., qui n'existe pas vraiment aux États-Unis. Et donc, des fois, on doit également s'adapter à ça en plutôt pensant en soi-même que pensant... à son équipe et à d'autres personnes autour de soi.
- Speaker #0
Tu as des conseils ou des un peu des retours d'expérience de personnes justement des français qui aujourd'hui travaillent ou ont travaillé avec toi ou même toi tu as toujours travaillé presque pour les US mais justement de comment changer ou en tout cas s'adapter par rapport à ces challenges-là ?
- Speaker #1
L'optimisme est possible pour toute personne et donc au lieu de dire je ne sais pas si ça fonctionne de changer Le vocabulaire est de dire Sous ces conditions, ça va fonctionner. Et donc, pas vraiment de poser le doute, le doute qui est analytique, mais plutôt de donner la réponse positive qui est donc vue en tant que contribution à l'équipe et pas vraiment poser des questions au succès. Et en général, d'être beaucoup plus enthousiaste, beaucoup plus positif, beaucoup plus présent. Et je sais que ce n'est pas une question culturelle, mais tout simplement une question de conscience et de changer un peu sa manière de se présenter. C'est faisable. J'ai vu pas mal de personnes qui l'ont fait. Il faut être dans l'environnement où quelqu'un le dise pour être conscient d'être perçu un peu négatif et ensuite de voir les options de comment on peut dire ça positivement. Et d'ailleurs, on a parlé avec le chat GPT, ou bien des produits GNI, mais une chose qu'on puisse faire également, c'est donc de simplement dire « je » , surtout en écrit. Je veux donner telle et telle chose en tant que réponse. Je ne sais pas si c'est vu positif ou négatif, mais donne-moi l'option de dire ça positivement. Et les outils sont assez capables de donner réponse positive et donc l'enthousiasme qui est partagé directement.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a des malentendus que tu as eus au travail par rapport à des Français, des Américains ? Justement, on ne se comprend pas parce qu'on a beau parler tous les deux en anglais, en fait on... On parle d'une manière différente, on n'utilise pas les mêmes mots, la même approche, comme tu disais tout à l'heure.
- Speaker #1
Je m'en peux sourire parce que c'était un malentendu classique, tout autour du mot « réactif » , « reactive » . Et donc, moi je ne me rappelle rien, il y a pas mal de temps de ça, c'était un Français qui parlait relativement bien l'anglais, mais qui utilisait pas mal de mots français en anglais alors qu'il voulait lire d'autres choses. Et donc, c'était un vendeur qui devait s'expliquer au responsable de vente. Pourquoi ces chiffres étaient un peu limite ? Et il n'y a pas de s'expliquer en disant « Non, je fais tous les forts, mais c'est le marché, ce sont les clients. » Et il n'y a pas de dire « Yes, I'm very reactive, I'm very reactive towards clients, I'm very reactive, and I'm reactive, reactive. » Alors qu'en anglais, « reactive » , ça veut dire « on réagit » . Alors ce qu'il voulait dire en français, d'être réactif, c'est plutôt « proactive » . Et donc ce qu'il voulait dire, c'est pas de ma faute, c'est la faute du marché et toute personne lui croyait à ce point-là. Mais parce qu'il n'arrêtait pas d'utiliser « reactive, reactive, reactive » , le chef de vente s'est fâché à un certain point alors que c'était tout simplement une question culturelle. Petite astuce de langue, mais des fois il faut un peu avoir le réflexe de demander aux personnes « donne-moi un peu ton opinion, donne-moi un peu de feedback » . pour améliorer un peu le discours.
- Speaker #0
Justement, j'aimerais terminer notre conversation avec comment est-ce qu'on peut, qu'on soit PMM, et je pense que même les conseils que tu vas donner s'appliquent aux autres métiers de la tech, comment est-ce qu'on peut optimiser justement notre pitch, entre guillemets, pour des entreprises américaines ou en tout cas anglophones. Et pour commencer, j'aimerais déjà savoir si tu vois des choses qui ont particulièrement changé, évolué sur le marché du travail. dans le secteur de la tech aujourd'hui par rapport à quand toi tu as commencé ?
- Speaker #1
Je crois qu'un changement, bouleversement global, c'était Covid. Et donc avant Covid, il n'y avait pas vraiment tellement d'options de travailler à distance. Et entre-temps, il y a vraiment cette option de travailler à distance. Bon, ça change également, mais il y a beaucoup d'entreprises, de petites entreprises surtout, qui essayent de se distinguer, de dire « bon, mais vous travaillez d'où vous voulez » . Et d'ailleurs, autour de ça, il y a vraiment le nom de Digital Nomad, avec les visas qui sont apparus. Et donc, d'un point de vue d'entreprise, il faut également s'adapter à ça. Est-ce que l'on permet aux personnes de travailler de chez soi ? Est-ce que la culture est uniquement, il faut être au bureau ? Et autour de ça, il y a une manière de communiquer et de se présenter, etc. donc ça c'est vraiment quelque chose qui a changé et je crois que pour moi c'est une chose de dire oui on vous permet de travailler de chez vous, mais ensuite les valeurs culturelles ne s'adaptent pas à ça. C'est un grand problème qu'il faut absolument éviter. Donc de dire, oui, travailler de chez soi est permis, mais ensuite toutes les discussions sont faites dans nos petites réunions, ça n'aide pas vraiment.
- Speaker #0
Et tu disais justement le fait qu'aujourd'hui on puisse beaucoup plus travailler en remote ou en tout cas, beaucoup d'entreprises américaines ont des filiales en France. Et donc on peut travailler pour Google par exemple, plein d'entreprises américaines en France et notamment à Paris. Est-ce que tu as des conseils ou des erreurs à éviter sur justement comment réussir à rentrer dans ces entreprises-là qui sont américaines et où du coup il y a une culture d'entreprise qui est forcément différente que des entreprises françaises ? Est-ce qu'il y a des choses spécifiquement dans les entretiens, dans la façon d'aborder justement cette partie de recherche spécifique ?
- Speaker #1
Absolument. Une des premières choses qu'on doit s'adapter mentalement là-dessus, c'est donc tout simplement dire on est la plus grande entreprise, on a la plus grande part de marché. On ne doit pas toujours être le numéro 1, on peut être le numéro 3, mais d'avoir une certaine fierté, exagération.
- Speaker #0
Et une manière de présenter, c'est d'une manière positive. Et donc, c'est de dire tout simplement, je travaille pour Décathlon, ça n'aide pas vraiment parce que Décathlon n'est pas tellement connu aux Etats-Unis. Et donc de dire, je travaille pour la plus grande entreprise sportive, je ne sais pas exactement quelle est la définition de Décathlon, mais ça, ça aide plutôt de mettre un peu de contexte autour de qui est cette entreprise. Et donc, autour de ça, il faut un peu se préparer mentalement. Même chose pour le contexte du marché, donc de lire un million de ventes, ça ne veut pas dire grand chose, mais de lire un million de ventes qui représentent un 10% par le marché, et que la plus grande entreprise, la compétition, a, je ne sais pas, 2 millions. De cette manière, on peut mettre beaucoup de contexte autour de ces qualifications, ces capacités, etc. Parce que souvent... Les États-Unis, c'est un grand marché et souvent, même pour les Américains, souvent les noms des entreprises ne sont pas connus. Et donc, il faut un peu avoir cette habilité d'expliquer son background autour du contenu, du contexte, part de marché, d'industrie, compétition, etc. qui aide beaucoup à mettre en valeur les capacités du candidat. Ensuite, oui, adaptation un peu aux normes culturelles, donc surtout à la fin. Aux États-Unis, les Kandiens ont souvent l'habitude de demander comment est-ce que j'ai fait, quel est le feedback, quelles sont les autres questions. Alors qu'en France, en Europe en général, ce n'est pas du tout le cas. Ça va être tout simplement, merci, à bientôt, au revoir. Mais ici, c'est vraiment bien d'accepter de dire quelles sont les prochaines étapes, qui est-ce que je vais voir par après, de demander des réponses vraiment pratiques, est-ce que vous avez d'autres questions auxquelles je n'ai pas répondu. Et il faut également rentrer dans ça activement, 30 minutes, de vraiment laisser une minute à la fin, donc minutes 30, de 29 à 30, pour un peu faire la réflexion de l'entretien et d'obtenir vraiment du feedback pratique. Et je crois que ça c'est toujours bien vu, surtout venant d'un non-américain, et donc ça ce sont des petits détails, conseils que j'ai.
- Speaker #1
Donc si je résume, le premier c'est finalement un peu de faire du product marketing à soi-même et d'être fier. on va dire, de ce qu'on est, de ce qu'on fait, et de ne pas hésiter un peu à surenchérir, surtout quand on n'a pas trop l'habitude de le faire en France. Le deuxième, c'est vraiment ce sujet de contextualisation et de ne pas penser que l'autre sait, alors que, forcément, contextualiser un maximum, imager, enfin voilà. Et le dernier, c'est être curieux, finalement, et oser poser des questions, et ne pas juste... Être plus, peut-être avoir une attitude un peu plus passive en entretien, c'est ça ?
- Speaker #0
Absolument, et la philosophie est « sell, sell, sell » . Alors que maintenant, tu es le produit, et donc il faut bien se présenter, toujours accélérer, demander quelle est la prochaine phase et étape. Ton résumé était assez bien.
- Speaker #1
Et est-ce qu'il y a un peu des erreurs courantes que toi tu as vues quand tu as dû faire des entretiens, justement ? à des personnes, à des français ?
- Speaker #0
C'est ce que je disais déjà auparavant, quand on a tendance d'être trop analytique, on a tendance de rentrer trop dans les détails, et des fois, il faut donner des réponses courtes au lieu de vraiment parler pendant 5-10 minutes à une question qui était supposée donner peut-être 30 secondes de valeur. Ça, c'est une chose. L'autre chose, c'est de rentrer dans une réglementation. On donne une question, on a une réponse. Ensuite, on donne une deuxième... question qui est dans les mêmes détails et j'ai vu que des fois les candidats ont la tendance de rentrer dans des arguments pourquoi est ce que vous me posez cette question j'ai déjà répondu à la question non mais ce que je fais c'est de demander une seconde question parce que j'ai pas vraiment compris les détails et donc il faut absolument éviter de rentrer dans les dans cette argumentation et tout simplement de répondre à la question bref court bon ça il faut un peu voir quand ça vaut la peine De dire un peu plus, mais breveter, c'est toujours assez utile. Les Américains, Royaume-Uni, d'ailleurs, aussi, sont plutôt courts, n'ont jamais le temps. Et donc, quand on a une demi-heure à l'entretien, il faut vraiment s'assurer qu'on dit tout ce qu'on a à dire pendant ces 28 minutes, pour ensuite avoir une minute, deux minutes à la fin, de demander deux, trois questions en retour et de voir un peu comment est la trajectoire.
- Speaker #1
Génial. Merci, Axel, pour ton retour d'expérience, tes conseils. Je te souhaite une très bonne journée.
- Speaker #0
Merci à toi, Carlotta. J'apprécie beaucoup l'opportunité d'échanger un peu des idées. Et franchement, je trouve ça super ce que tu fais. Et je t'en félicite.
- Speaker #1
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