- Speaker #0
Chers utopistes, bonjour et bienvenue dans le podcast du projet Utopia, un podcast qui s'intéresse aux rapports entre sciences et sociétés. Aujourd'hui, nous allons parler du Père Noël. Dans cet épisode un peu spécial, j'ai posé deux questions à nos invités du jour. Première question, le Père Noël existe-t-il ? Et quel serait selon vous l'argument le plus fort pour soutenir votre point de vue ? Pour cette question, l'humour était autorisé. La seconde question, en revanche, était plus sérieuse. Doit-on faire croire aux enfants que le Père Noël existe ? Et tout cela en moins de 10 minutes. Pour répondre à ce défi de taille, j'ai fait appel à trois personnes dont j'admire régulièrement l'intelligence et le recul critique. Florian Cova, professeur de philosophie à l'Université de Genève, Charlotte Barbier, doctorante et bientôt docteur en sciences de l'éducation spécialisée sur la question de l'esprit critique, et Richard Monvoisin, enseignant-chercheur à l'Université de Grenoble-Alpes. Leurs approches sont différentes et parfois leurs points de vue aussi, ce qui rend, ma foi, l'expérience intéressante. J'en profite pour faire un gros bisou à Florian Gouthière, que j'avais également interrogé et qui n'a finalement pas pu participer. Merci Florian, ce n'est que parti remise. Florian Cova.
- Speaker #1
Le Père Noël existe-t-il ? Eh bien, la réponse est non. Et pourquoi penser que le Père Noël n'existe pas ? Eh bien tout simplement grâce au rasoir d'Ockham. Cela peut paraître surprenant parce que on a déjà vu des gens défendre l'idée selon laquelle le rasoir d'Ockham favoriserait l'hypothèse de l'existence du Père Noël. Le rasoir d'Ockham ne nous dit-il pas de choisir les hypothèses les plus simples ? Et n'est-ce pas plus simple de dire Bah, les gens ont des cadeaux parce que le Père Noël leur amène. C'est simple, c'est court, c'est efficace. Tandis que les détracteurs du Père Noël utilisent des hypothèses qui semblent beaucoup plus compliquées, du genre Bah, machin a eu un cadeau parce que... Ses parents lui ont offert un cadeau, et puis tel autre enfant a eu un cadeau parce que ses parents lui ont offert un cadeau. Et c'est très long, il faut postuler plein de parents qui offrent plein de cadeaux à plein d'enfants différents. Pourquoi postuler un narratif aussi complexe où les parents s'entendent entre eux pour offrir des cadeaux, alors que l'histoire du Père Noël est beaucoup plus simple ? Bon, en fait, c'est une mauvaise compréhension du rasoir d'Ockham. Dans ce cas-là, on parle de la simplicité de l'histoire, mais ce n'est pas de la simplicité de l'histoire, à quel point c'est facile de raconter l'histoire dont parle le rasoir d'Ockham. Ce dont nous parle le rasoir de Kamm, c'est de la simplicité ontologique, ce qu'on appelle la parcimonie. C'est l'idée qu'il ne faut pas postuler de nouveaux types d'entités quand on n'en a pas besoin. C'est-à-dire que si on a deux hypothèses qui expliquent également le même phénomène, eh bien il ne faut pas choisir celle qui postule des entités dont on ne connaît pas déjà l'existence. Or là, on a deux hypothèses en compétition. Celle qui explique le fait que les enfants reçoivent des cadeaux à Noël en faisant appel à des adultes qui s'entendent entre eux pour mentir aux enfants. Et cette hypothèse ne fait pas appel à de nouvelles entités. On a déjà tous vu des adultes, on les a déjà tous vu mentir, et on a vu qu'ils étaient capables parfois de s'entendre entre eux. À l'inverse, l'autre hypothèse, celle du Père Noël, elle fait appel à un bonhomme qui a des pouvoirs magiques, il doit voler, pouvoir passer par les cheminées, parcourir le monde à la vitesse de la lumière afin d'offrir tous les cadeaux. On voit donc que l'hypothèse qui postule le moins d'entités nouvelles, c'est celle selon laquelle ce sont les adultes qui offrent les cadeaux aux enfants. on dira, oui, mais pourquoi choisir l'hypothèse qui fait le moins de postulats, celle qui ne postule pas de nouvelles entités ? Eh bien, on peut trouver une justification bayésienne, en fait, à cette chose-là, qui est que la probabilité d'une hypothèse étant donnée aux observations dépend à la fois de la capacité de cette hypothèse à expliquer les observations, mais aussi de la probabilité a priori de cette hypothèse. Par exemple, si je rentre chez moi et que je vois qu'on m'a volé toute... tous mes meubles, mais que la porte était bien fermée à clé, qu'il n'y a pas eu effraction. Il peut y avoir deux hypothèses. C'est soit quelqu'un qui avait les clés qui est entré, soit un extraterrestre doté du pouvoir de passer à travers les murs et de dématérialiser les meubles. Les deux hypothèses expliquent également les données, mais on voit bien qu'il y en a une qui a une probabilité a priori de beaucoup inférieure, c'est celle de l'extraterrestre. Du coup, les données nous pointent d'abord vers la théorie dont la probabilité a priori est la plus grande, celle de quelqu'un qui aurait eu les clés. parce que nous savons que ces choses-là existent, que des gens qui ont des clés de notre appartement peuvent exister. Ainsi, le fait que les enfants reçoivent des cadeaux est expliqué aussi bien par l'hypothèse du Père Noël que par celle des adultes, mais la probabilité a priori de l'hypothèse des adultes est plus grande, et ainsi le principe de parcimonie nous pousse à adopter cette hypothèse. Notez qu'il y a une autre interprétation possible du rasoir d'Ockham, qui est le principe de simplicité, c'est celle selon laquelle si une hypothèse explique à elle seule plusieurs phénomènes qui paraissent indépendants, alors cela donne une raison supplémentaire de la favoriser par rapport à à des hypothèses qui expliqueraient ces éléments de façon séparée. Par exemple, si je vois les mêmes erreurs dans deux copies d'examen, exactement les mêmes erreurs, qui ont une tête bien particulière, je peux postuler qu'un élève a copié sur l'autre, ou qu'ils ont fait indépendamment les mêmes erreurs. Mais si ces erreurs sont assez rares, finalement, on peut choisir l'hypothèse selon laquelle un élève a copié sur l'autre, parce que ça permet d'expliquer deux observations apparemment indépendantes à partir d'un seul principe. De même, On peut dire que l'hypothèse du Père Noël bénéficie de ce pouvoir parce qu'en fait, il existe beaucoup de phénomènes mystérieux dans notre monde. À Pâques, nous recevons du chocolat. Quand nous perdons une dent, il y a de l'argent sous notre oreiller. Et on peut bien sûr accepter des hypothèses séparées. Postuler le Père Noël pour les cadeaux à Noël, postuler les cloches ou le lapin, selon votre secte, pour Pâques, ou postuler l'existence de la petite souris pour les dents. Mais on peut aussi unifier toutes ces théories en postulant juste que les adultes aiment raconter des histoires aux enfants pour leur faire des cadeaux. Faut-il faire croire aux enfants que le Père Noël existe ? Eh bien, je n'ai pas d'avis très fort sur la question. Il se trouve que j'ai cherché et qu'il n'y a rien de bien sérieux, de bien scientifique, qui montrait qu'il y a des effets délétères, faire croire aux enfants au Père Noël, ou des effets très positifs. Donc d'un point de vue conséquentialiste, on est entre les deux. Maintenant, on pourrait se demander si un point de vue conséquentialiste est suffisant. On pourrait prendre un point de vue un peu plus déontologiste et se dire, bon ben, de toute façon, c'est mal de mentir. Faire croire aux enfants que le Père Noël, c'est mentir. Donc faire croire aux enfants que le Père Noël existe, c'est mal. Mais bon, il y a plein de mensonges de la vie de tous les jours qui paraissent corrects. Vous pouvez tromper une personne en lui disant... que vous étiez en train de travailler aujourd'hui, alors qu'en fait vous étiez en train de préparer un anniversaire surprise pour elle, et personne ne vous en tiendra rigueur. On est un peu dans le même cas pour le Père Noël. Donc, condamner le fait de faire croire au Père Noël sur la base du fait que c'est dire un mensonge nous amènerait à réviser beaucoup de nos attitudes. Du coup, voilà, je ne vois pas d'argument très fort en faveur ou contre le fait de faire croire au Père Noël. Et c'est pour ça que je pense qu'il est mieux de faire croire aux enfants au Père Noël. Pour peu que vous viviez dans un pays et dans une communauté où la plupart des enfants croient au Père Noël. Pourquoi ? Parce que si jamais vous viviez dans une communauté où la plupart des enfants croient au Père Noël, et où la plupart des parents leur font croire au Père Noël, et que vous décidiez d'avoir une attitude un petit peu atypique, anormale, en disant la vérité à votre enfant, et que... certains problèmes résultés de ce comportement, eh bien, on vous tiendrait responsable. Pourquoi ? Parce que quand on attribue la responsabilité aux agents, pour certaines conséquences, on se concentre d'abord sur les agents qui agissent de façon anormale, de façon atypique. Donc, pragmatiquement, pour être tranquille, il vaut mieux faire croire à vos enfants au Père Noël si c'est ce que font la plupart des gens chez vous. De la même manière, si votre enfant se retrouve traumatisé de ne pas avoir cru au Père Noël parce que vous lui avez dit la vérité, il pourra facilement vous accuser. Pourquoi avoir fait cette chose aussi étrange qui lui a fait tant de mal, tant dit que s'il se trouvait qu'il se sentait mal parce que vous lui avez fait croire au Père Noël, votre responsabilité serait d'autant modifiée. d'autant diminuer que vous pourriez répondre que la plupart des gens font comme vous. Donc juste pour être tranquille et pour avoir bonne conscience, faites croire à vos enfants que le Père Noël existe.
- Speaker #0
Charlotte Barbier
- Speaker #2
Alors, je suis désolée, mais le Père Noël n'existe pas. Et un très bon argument, à mon sens, pour s'en convaincre, c'est tout simplement d'aller voir la page Wikipédia. En fait, c'est écrit dessus. Le Père Noël est un personnage fictif. lié à la fête de Noël, dont les racines remontent à des croyances antiques. Il est parfois associé à la mère Noël. Par contre, là, c'est pas écrit que la mère Noël est un personnage fictif. Donc il me semble que le plus raisonnable, c'est de considérer que le père Noël n'existe pas. Par contre, la mère Noël, si. Alors sur la deuxième question, ma position c'est pas tant que les adultes, les parents, devraient activement faire croire les enfants au Père Noël, mais plutôt qu'ils peuvent les laisser croire au Père Noël. La distinction étant que dans le premier cas, les adultes vont dire aux enfants ce qu'ils doivent penser en leur disant que le Père Noël existe, etc. Alors que dans le second cas, on laisse les enfants... On peut par eux-mêmes faire leur expérience du monde culturel dans lequel ils grandissent et avoir leur propre réflexion par rapport à cette idée. Et si les adultes de l'entourage ne disent pas aux enfants que le Père Noël existe ou non, il y a de fortes chances qu'ils finissent par y croire quand même, puisqu'on est dans un espace où il y a plein de productions culturelles qui en parlent ou qui le représentent, que ce soit dans les dessins animés, dans les publicités, ou encore dans des magazines ou dans des livres pour enfants. Et donc pourquoi laisser croire les enfants au père Noël ? Alors je ne suis pas psychologue de l'enfance, mais je travaille quand même un peu dans la recherche en éducation, donc j'ai quelques billes là-dessus, et je dirais que c'est intéressant parce que ça permet aux enfants d'exercer leur esprit critique à ces jeunes sur une idée répandue. Avec le Père Noël, les enfants vont être confrontés à des pères, à des amis, donc d'autres enfants, qui, de toute bonne foi, adhèrent à cette idée. Ils vont voir des adultes qui parlent du Père Noël, donc ça leur donne un autre indice que d'autres personnes semblent y croire. Et pour autant, c'est une idée qui est quand même un petit peu incohérente quand on commence à y réfléchir de façon un peu posée. Par exemple sur le nombre de maisons que le Père Noël doit réussir à visiter en une nuit. Il y a plein de raisons de voir pourquoi cette idée-là, telle qu'elle est présentée, ne tient pas. En plus on voit aussi que le Père Noël change un petit peu de visage d'un film à l'autre, d'un supermarché à l'autre, où on voit à chaque fois un... Quelqu'un déguisé en Père Noël, c'est quand même un petit peu étrange tout ça. Donc petit à petit, les enfants vont commencer à se questionner et à douter. Et ce qu'ils peuvent en retenir, c'est que c'est pas parce qu'une idée est répandue et que plein de gens y croient de bonne foi, qu'elle est vraie. Et je pense que c'est une leçon de vie assez intéressante. Alors même si c'est un de leurs copains qui vient leur dire En fait, le Père Noël n'existe pas là aussi, ils vont quand même avoir un certain cheminement de se dire Est-ce que je crois ce copain ou pas ? alors qu'il y a peut-être cette autre camarade de classe qui dit le contraire. Et donc là aussi, il y a une question d'essayer d'évaluer la crédibilité des affirmations des gens. Et donc à mon sens, le rôle des adultes, des parents, serait plutôt d'amener les enfants à se questionner, ou plutôt de les accompagner dans leur questionnement sans leur donner les réponses, pour que ça vienne d'eux. Et en même temps, c'est un petit peu un rite de passage intéressant, puisqu'on en a quand même... un peu de moins en moins dans nos sociétés actuellement, et de dire que c'est aussi quelque chose qui marque l'enfance, qui fait société en fait, d'avoir un moment dans la vie où la grosse majorité des enfants croient à quelque chose et vont avoir ce raisonnement, ce cheminement de sortie de la croyance qui les amène en quelque sorte à... qui les pousse à grandir, ou en tout cas qui est associé au fait de grandir. Bon, ensuite, la question, c'est de savoir si, effectivement, c'est bien cela que les enfants retiennent de l'expérience du Père Noël. J'en suis pas certaine. Faudrait faire une réelle expérience là-dessus. Peut-être que des gens l'ont étudiée, je sais pas. Voilà. En tout cas, c'est mon avis. Et comme je disais, malheureusement, on peut croire quelque chose en toute bonne foi et se tromper quand même.
- Speaker #0
Richard, mon voisin.
- Speaker #3
Eh bien non, cher ami, je vais défendre la thèse que le Père Noël n'existe pas. Et vu que tu me demandes le meilleur argument que j'ai pour défendre mon point de vue, bon, j'ai un peu hésité, je me suis dit, est-ce que je prends un argument historique ? Et c'est vrai que j'avais déjà enquêté sur cette histoire du Père Noël, le gros Père Noël bouffi, mixte entre un évêque et une vieille campagne de pub. Bon, c'est fumé. Mais moi, je préfère plutôt donner un argument d'ordre physico-chimique. J'avais déjà passé du temps sur ce sujet-là, et donc je vais te livrer mes conclusions. Il y avait déjà des unités chercheurs d'ailleurs assez talentueux qui avaient travaillé sur l'évaluation, selon un curseur vraisemblance, qui est cher aux gens qui font de la zététique, la validité des hypothèses tendant à montrer l'existence du Père Noël. Et les résultats, il y en avait de toutes sortes, il y avait pas mal d'erreurs de calcul, et moi j'ai tout refait. Le premier problème de taille qui se pose quand on regarde la question du Père Noël, c'est qu'on ne connaît aucune sous-espèce de reine qui ne s'est volée. Alors ça, ça nous manque. Alors bon, c'est sûr, j'ai demandé à Guillaume Lecointre à combien il estimait le nombre d'espèces qui restent encore à découvrir. Évidemment, il y en a beaucoup, ce seront des insectes et des germes, mais ça peut être 300 000. Mais ce n'est pas pour autant que ça prouve l'existence des reines volantes que seul le Père Noël utiliserait. Et bien que l'une des dernières ait épongé ses dettes de tiercé avec l'argent de l'État, même les reines d'Angleterre ne volent pas, ce qui me fait beaucoup rire. Bon, alors admettons que le Père Noël ait trouvé des reines volant. Alors il y a environ 2 milliards d'enfants dans le monde. Puisque le Père Noël ne semble pas desservir ni les populations musulmanes, ni hindous,
- Speaker #0
ni juives,
- Speaker #3
ni bouddhistes, ni les témoins de Jéhovah, ni les gitans, ni les pauvres, ça réduit... à, mettons, 55% le nombre d'enfants à desservir, ça fait à peu près 1,1 milliard de new lard, comme on dit dans le dauphinois, là où j'habite, de lardons, de marmots, d'enfants. Alors, jugeons à 35%, mettons, d'enfants sages, ce qui est une proportion discutable, et nous tomberons peut-être d'accord sur la bagatelle de 375 millions d'enfants à récompenser. Alors là, c'est là que ça commence à partir en sucette, parce que si tu prends les données des derniers recensements effectués, il y a une moyenne d'à peu près 3,5 enfants par foyer. Donc ça fait à peu près 107 millions de maisons à visiter, en supposant qu'il y ait au minimum un bon enfant dans chacune d'elles, et que les enfants sages ne soient pas tous par paquet dans les mêmes familles. Le Père Noël dispose de, alors j'ai à peu près évalué la moyenne de 31 heures d'obscurité, pour le jour de Noël, et tout ça pour effectuer son travail, tout ce boulot-là en tenant compte des différentes zones horaires, la rotation terrestre, en supposant qu'il voyage d'est en ouest pour avoir plus de nuit, ça signifie 958,8 visites de domicile par seconde. Donc de façon pratique, ça signifie que pour chaque résidence ayant au moins un bon enfant. Le père Noël, il a à peine plus d'un millième de seconde pour stationner, sortir du traîneau, donner du fond aux rennes, se laisser tomber dans la cheminée, retrouver à l'odeur tel ou tel chausson qui l'attend, remplir ceux-ci en conséquence, distribuer le reste des cadeaux sur l'arbre de Noël, manger le casse-croûte qui a été laissé pour lui, donner la carotte à la mule, aux rennes et aux animaux qui tirent son carriau, remonter la cheminée, grimper dans le traîneau, et se mettre en route vers la prochaine résidence. Alors en supposant que chacune de ces 7 millions d'arrêts soient aléatoirement distribués autour de la surface terrestre, ce qui est bien sûr faux, mais admettons, en prenant en compte le fait que deux tiers de la surface de la planète soient immergées et que les populations humaines sont fortement concentrées au même endroit, alors on obtient une moyenne de distance interfoyée à peu près de 3 bornes et donc un périple total d'une distance de 321 millions de kilomètres, sans compter les arrêts fourrages pour les rennes et les postes clopes ou pipis, ça signifie que le traîneau du Père Noël, il va devoir faire du 2876 km par seconde, soit à peu près 10 000 fois la vitesse du son. A titre de comparaison, tu prends un son de solaire par cœur, qui se déplace à 109 km par seconde, c'est le truc le plus rapide que l'humain ait jamais créé. Alors un REN conventionnel, lui, en général, il ne fait pas plus de 24 km heure, tu vois, il faut le doper un petit peu. Donc la charge portée par le traîneau pose aussi problème d'ailleurs, parce qu'elle est un paramètre non négligeable. En supposant que chaque enfant ne reçoive rien de plus qu'un jeu, mettons, Lego, tu vois, placement de produit, de grandeur moyenne, mettons, un kilo, le traîneau, alors, il se retrouve à transporter 375 000 tonnes, puisqu'il y a 375 millions de potes d'un kilo, tu vois, sans compter le Père Noël qui est invariablement décrit comme souffrant dans Bon Point. Pourtant on sait que les reines conventionnelles tirent difficilement plus de 150 kg de marchandises. Alors même si en accordé aux reines volant une capacité de traction dix fois plus grande que la normale, il serait impossible de faire le travail avec 8 ou 9 reines. 350 000 de ces rennes un peu spéciaux, tu vois, vu qu'ils pèsent 200 kg chacun, en gros, ça augmente, bien entendu, le poids total, ça fait 365 000 plus 250 000 fois 0,2, ça fait 425 000 tonnes, soit autant dire près de 10 fois le poids total. le poids du Titanic, et on ne tient même pas compte du poids du traîneau lui-même, ni du Père Noël d'ailleurs. Alors ça fait 425 000 tonnes qui voyagent à près de 3000 km par seconde, ça crée une résistance énorme à l'air, qui chaufferait les rênes de la même manière que la navette rentrant dans l'atmosphère terrestre. Donc si on considère l'effortement dans l'air proportionnel au carré de la vitesse, alors les rênes de tête absorberont quelque chose de l'ordre de quelques milliards de milliards de joules d'énergie par seconde par rêne. Tu vois, en résumé, ils exploseront en flammes presque instantanément, posant les rênes de derrière à des dommages collatéraux sévères, et en créant une série de booms soniques assourdissants. Donc tu vois, le Père Noël laisse derrière lui un siège de bruit d'explosion, et une corde qui l'interrompt, une rêne carbonisée. A vrai dire, l'attelage entier de rênes sera vaporisé en moins de 4,26 millièmes de seconde, si je ne me suis pas trompé dans mes calculs. Et j'ajoute que le Père Noël sera sujet à des accélérations 300 000 fois plus fortes que la force gravitationnelle. Alors si on en croit les chercheurs, un Père Noël de 125 kg, ce qui semble très optimiste, sera évolué. écrasé au fond de son traîneau par une accélération de quelques millions de newtons, ce qui devrait définitivement guérir son cholestérol, broyer ses os, pulvériser sa chair. En d'autres termes, si le Père Noël essaie de distribuer des cadeaux au sort de Noël à tous les petits garçons et petites filles de la Terre qu'il mérite, en gros, il finira en purée carbonisée dans un sillage de renne incandescent, et ça durera vraiment juste le temps d'une petite explosion mignonnette. Bon alors, tu vois, je ne suis quand même pas très convaincu par cette affaire. Faut-il faire croire aux enfants que le Père Noël existe et quel serait le meilleur argument pour défendre mon point de vue ? Alors, c'est la première fois, et non pas la dernière, mais la première fois que j'ai affronté dans ma vie le mensonge des adultes, c'était à ce moment-là, quand on m'a fait croire au Père Noël. Et le jour où je m'en suis rendu compte, je m'en suis rendu compte tout seul et je devais avoir 4 ans, je crois, 4 ans, un peu moins, je me rappelle pas très bien, peut-être un peu plus. Et j'étais extrêmement déçu de mes parents. J'étais extrêmement fâché, j'en ai pleuré et j'ai été froissé qu'ils puissent me faire croire à ça. Je ne vois pas vraiment d'argument à l'appui de faire croire aux enfants. Ils ont toute la vie pour que des gens essaient de leur faire croire à des sornettes. à quoi bon en rajouter une et si c'est le goût du merveilleux ben que ce soit pinocchio bambi tothoro harry potter ce qu'on veut il n'y a pas besoin de prétendre qu'harry potter soit vrai pour ça va se planer moi je vois vraiment pas l'intérêt c'est un luxe que peuvent se payer les gens riches, parce que les gens pauvres, quand on voit qu'il n'y a pas de cadeau, on ne peut quand même pas dire que c'est le père Noël qui fait le tri entre les gens riches et les gens pauvres. Je trouve que c'est un process dépolitisant, pas très intéressant. intéressant. Et le monde, je trouve, nous propose suffisamment de sort net pour qu'on n'ait pas à aller en rajouter une. Alors, il y a souvent l'argument du merveilleux qui est invoqué, du style Oui, mais c'est quand même beau de leur faire croire qu'il y a un Père Noël joufflu qui vient livrer des cadeaux aux enfants. Moi, je ne vois pas trop l'intérêt. Déjà parce que on peut très bien avoir des émotions très très fortes tout en sachant qu'on souscrit à une fiction. Donc, le merveilleux se suscite même quand on ne... Fais pas croire de force. On pourrait me rétorquer qu'au final, c'est une bonne manière pour se rendre compte que même nos parents, il ne faut pas avoir confiance en eux. Mais bon, je me dis que ça c'est une étape qu'on peut aborder à l'adolescence, mais peut-être à 4 ans, c'est peut-être un peu tôt. En plus, c'est un processus qui est éminemment politique, parce qu'on sait très bien que... Donc si on est dans une famille riche, les cadeaux de Noël sont probablement plus élaborés. Je connais quelqu'un par exemple qui, pour son cadeau de Noël, a reçu un bateau. Et j'en connais d'autres pour qui l'enfance n'a été que des Noëls avec une orange dans la savate. Et donc, ça serait en plus revendiquer un personnage comme le Père Noël, qui serait complètement illique et injuste, et gommer le fait que c'est un effort financier pas négligeable. C'est triste d'ailleurs de considérer que finalement, c'est fait. de Noël se résume souvent à des achats, qui puisaient être des achats souvent de produits manufacturés qui sont fabriqués par des enfants quasiment du même âge que ceux à qui on les offre, mais qui ne sont pas protégés par des droits sociaux corrects. Ouais, j'ai... du mal avec ça, éventuellement, je pourrais envisager que c'est vrai que ça peut mettre le gamin dans une perspective de réflexion, on peut challenger son opinion en se disant, tiens, il va construire une démarche critique vis-à-vis d'affirmation de départ. Mais il y a tellement d'autres sujets sur lesquels le faire, je ne vois pas vraiment l'intérêt d'en créer une de plus. Je ne suis pas pour, et mes enfants, le peu de fois où j'introduis le sujet, je leur ai dit très franchement, moi j'ai des doutes, si tu as envie d'y souscrire pour... pourquoi pas, mais bon, tu vois, un peu comme avec Dieu d'ailleurs, c'est fait comme ça. Et ils ont conclu très rapidement que ça avait guère de sens, ils n'ont pas pour autant perdu le goût du merveilleux, on garde quand même des petits rituels de type laïc, et on met des guirlandes moisies et des petites boules en plastique dans des plantes vertes, pour le coup là, tu vois, devant moi j'ai un caoutchouc qui est complètement recouvert de petits machins, et une crèche fabriquée avec des scorpions et des... monstres et des bestioles rigolotes et ça leur suffit amplement et on allume des petites bougies on est content et on fait le petit rituel des petits cadeaux et souvent des petits cadeaux manufacturés c'est ma façon moi de me prendre voilà
- Speaker #0
c'est tout pour aujourd'hui il semble donc faire consensus que le père noël n'existe pas En revanche, il paraît plus compliqué d'avoir un avis arrêté sur la question du mensonge aux enfants. Je vous laisse donc méditer à tout ceci, digérer certains arguments énoncés par nos invités, consulter les quelques sources à disposition afin de vous permettre de développer une vision plus riche et si possible plus personnelle de la question. Merci d'avoir écouté ce podcast et de suivre notre travail. Vous pouvez retrouver le projet Utopia sur notre blog, mais également sur Youtube et sur les réseaux sociaux. Nous avons aussi une page uTip si vous estimez que notre travail le mérite. Votre soutien est important pour nous, qu'il s'agisse d'un don ou tout simplement de partage sur les réseaux sociaux. Chers utopistes, à bientôt !