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Prospective Urbaine

Prospective Urbaine #2 - Jean-Christophe Combe x Olivier Issaly

Prospective Urbaine #2 - Jean-Christophe Combe x Olivier Issaly

47min |19/05/2025|

42

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Description

Prospective Urbaine – Le podcast où entrepreneurs et politiques pensent la ville de demain.


Et si nos villes devenaient plus fluides, intelligentes et humaines ?

Chaque épisode de Prospective Urbaine, conçu par OUIPARK, met face à face un décideur politique et un entrepreneur visionnaire.


Ensemble, ils partagent leurs perspectives, explorent les défis urbains et envisagent (repensent) des solutions concrètes pour transformer nos espaces.


Pour ce deuxième épisode, nous accueillons Olivier Issaly, CEO de Zenride, et Jean-Christophe Combe, ancien ministre et aujourd’hui Directeur Marketing, Innovation & RSE du groupe Keolis.


Deux expériences complémentaires, un même enjeu : modeler des villes plus inclusives, durable et innovante.


Rejoignez la conversation et explorez avec nous comment les innovations d’aujourd’hui dessinent la Ville de Demain.


Abonnez-vous dès maintenant et prenez part à cette transformation !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • NATHAN

    Bonjour à toutes, bonjour à tous, bienvenue dans le deuxième épisode de Prospective Urbaine. Imaginez un instant, nous sommes au 15e siècle. Léonard de Vinci esquisse ses premières machines volantes, des visions futuristes qui défient l'imagination de son époque. Aujourd'hui, ses rêves prennent forme avec les voitures volantes, symbole d'une mobilité réinventée. Alors une question se pose. Quelles seront les mobilités de demain ? Pour y répondre, nous accueillons aujourd'hui deux invités d'exception, Jean-Christophe Combe et Olivier Issaly.

  • Olivier Issaly

    Bonjour.

  • NATHAN

    Messieurs, merci d'avoir répondu à mon invitation. Et nous allons sans plus tarder commencer par une présentation de chacun d'entre vous. Alors Olivier, Olivier Issaly, vous êtes le CEO et cofondateur de Zenride, une entreprise spécialisée dans les solutions de mobilité durable pour les entreprises. Vous proposez des services de vélo pour les entreprises, contribuant ainsi à la transition vers des modes de transport plus écologiques. Vous êtes également partenaire chez SAS Partner. Vous combinez ainsi une expertise en technologie. et en entrepreneuriat pour repenser la mobilité urbaine.

  • Olivier Issaly

    Merci.

  • NATHAN

    Vous voulez ajouter quelque chose ?

  • Olivier Issaly

    C'est ça, exactement. Parcours mobilité, entrepreneuriat et essayer d'aider d'autres startups également au passage.

  • NATHAN

    Super. Et Jean-Christophe Combe, vous êtes actuellement le directeur marketing, innovation, développement durable et engagement chez Keolis. Vous avez également occupé le poste de ministre des Solidarités de l'Autonomie des personnes handicapées de juillet 2022 à juillet 2023. Avant cela, vous avez été directeur général de la Croix-Rouge française, où vous avez supervisé des initiatives majeures en termes d'engagement social et de gestion opérationnelle. Depuis février 2024, vous êtes donc directeur marketing, innovation, développement durable et engagement chez Keolis, un acteur majeur du transport public. Votre parcours entre politique humanitaire et innovation vous positionne comme un interlocuteur clé pour discuter des enjeux de la mobilité urbaine et de la gouvernance collaborative.

  • JC Combe

    Merci. C'est bien ça.

  • NATHAN

    C'est bien ça.

  • JC Combe

    Exactement.

  • NATHAN

    Vous voulez ajouter quelque chose ?

  • JC Combe

    Écoutez, non, j'ai eu la chance à la fois de pouvoir exercer des responsabilités publiques, au Parlement, en collectivité, au début de ma carrière, comme directeur général de la Croix-Rouge française, qui est la plus grande association française, comme ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes Handicapées, puis aujourd'hui chez Keolis, qui est l'un des plus grands acteurs mondiaux de la mobilité partagée. Donc, ravi d'être avec vous aujourd'hui.

  • NATHAN

    Très bien, merci. Alors, on va commencer par la première question. Pour vous, Olivier, comment votre parcours entrepreneurial vous a-t-il conduit à vous engager dans la mobilité durable ?

  • Olivier Issaly

    C'est une... Pour moi, ça va être une longue histoire, parce que ça va bientôt faire 20 ans que j'entreprends. J'ai fait un parcours d'ingénieur, que j'ai arrêté un petit peu avant le diplôme pour une première entreprise dans le jeu vidéo, donc rien à voir avec la mobilité, une dizaine d'années dans le jeu vidéo, puis cinq années dans le voyage, j'ai commencé à se rapprocher un tout petit peu de la mobilité, avant de... par sens, on va dire, avant de tomber dans l'univers de la mobilité en 2019, où j'ai rencontré mes associés de Zenride, qui ont présenté, ils avaient déjà commencé à travailler depuis plusieurs mois dessus, une solution de ce qu'on appelle aujourd'hui de vélo de fonction, donc de vélo mis à disposition par l'employeur. Et voilà, ça faisait beaucoup de sens pour moi, à la fois parce qu'à travers le... Cinq années dans le voyage, j'avais commencé à m'intéresser au voyage à vélo. Le vélo, j'ai grandi à la campagne, donc c'est un moyen de déplacement qui me semblait déjà assez évident. Et à l'occasion des déconfinements, on s'était mis à faire des voyages à vélo. Et donc voilà, le sujet vélo revenait bien dans ma tête. Et cette opportunité, avec mes associés de Zenride, m'a mis sur le sujet mobilité. J'en suis ravi parce que c'est vraiment un domaine passionnant.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. Alors justement, c'est intéressant sur la partie expérience, expérience personnelle également. Jean-Christophe, en quoi vous, votre expérience ministérielle et à la Croix-Rouge, influence-t-elle votre approche actuelle chez Keolis ?

  • JC Combe

    D'abord, peut-être c'est le fil rouge de mon engagement et de ma carrière, c'est l'humain. Et donc, j'ai évidemment aujourd'hui une vision très sociétale, très humaine de la question des mobilités dans un secteur qui peut paraître très technique, très infrastructure, matériel roulant, maintenance, technologie. En réalité, c'est une société, une entreprise de service, qui produit du service public au service des concitoyens du monde. Et donc ça, c'est le premier point. Et puis le deuxième, c'est mon engagement de toujours contre l'injustice, l'assignation aussi à résidence. Et je crois qu'offrir de la mobilité à toutes et à tous, c'est une façon aussi de lutter contre l'exclusion, parce que j'y ai été confronté lorsque j'étais DG de la Croix-Rouge ou en tant que ministre des Solidarités. Ne pas avoir à sa disposition de solutions de mobilité, c'est être exclu, c'est ne pas avoir de lien social, c'est de ne pas pouvoir accéder à l'emploi, à l'école, à la culture, aux loisirs, à la santé. Donc voilà ce que j'aime à dire depuis que je suis chez Keolis, et c'est une vraie conviction d'ailleurs du groupe, c'est que la mobilité en quelque sorte c'est le droit des droits parce que c'est celui qui permet d'accéder à tous les autres. Donc pour moi c'est ça aussi le... Voilà la raison pour laquelle aujourd'hui je suis engagé dans le secteur des mobilités, pour cultiver cette vision qui fait aussi, je pense, la différence et l'identité très spécifique du groupe Keolis par rapport à d'autres groupes de transport.

  • NATHAN

    Justement, c'est intéressant. Quelles seraient selon vous les priorités pour une mobilité urbaine durable et inclusive ?

  • JC Combe

    Pour moi, il y a plusieurs enjeux et c'est des enjeux qui sont au cœur de la stratégie aujourd'hui. du groupe Keolis. Le premier, c'est que cette mobilité soit accessible, attractive et accessible à tous. On disait que c'est pas une mobilité durable, on y reviendra, c'est juste une question environnementale, c'est d'abord une question sociale et donc l'enjeu pour rendre la mobilité durable c'est de permettre à tout un chacun de pouvoir l'utiliser et donc y accéder. Qu'on soit en situation de handicap, qu'on soit une personne âgée en perte d'autonomie, qu'on soit... Une maman avec une poussette, qu'on soit une femme, et on sait toutes les difficultés aujourd'hui que peuvent avoir les femmes à prendre les transports dans certains quartiers, dans certaines zones, à certaines heures. C'est contre ça qu'on se bat, quand on sait aussi aujourd'hui à quel point le poids du digital est extrêmement important dans la mobilité. Le rendre accessible nativement, c'est un impératif. Donc ça pour moi c'est le premier enjeu. Le deuxième... Je l'ai un peu mentionné, c'est celui de l'attention à notre impact environnemental et donc de la décarbonation. En mobilité décarbonée, elle se fait de deux façons. D'abord, en répondant à ce premier enjeu d'attractivité, parce que c'est de faire en sorte que les gens abandonnent leurs véhicules individuels, leurs voitures. À la campagne, c'est 82%. des émissions de gaz à effet de serre qui sont issues des véhicules thermiques individuels. Et donc, c'est vraiment de faire en sorte qu'on abandonne pour prendre les transports en commun. Et puis le deuxième, c'est la façon dont on fait la mobilité, pour nous, de façon frugale et complètement décarbonée, en s'engageant dans une transition écologique qui est d'abord, évidemment, énergétique, puisque chez nous... L'énergie qu'on utilise pour la traction des véhicules en matière de mobilité, c'est quasiment deux tiers de nos émissions de gaz à effet de serre. Et donc l'énergie qu'on va employer, elle est extrêmement importante. Et puis le troisième enjeu pour faire de la mobilité une mobilité durable, c'est celle de la cohérence territoriale. On n'est pas historiquement spécialiste, on était historiquement spécialiste de la mobilité urbaine. On ne pense plus, et en particulier depuis les dernières grandes lois d'aménagement du territoire, la loi NOTRe en particulier, et de décentralisation, on ne pense plus en fait cette mobilité urbaine seulement sur le cœur de ville, mais dans un environnement beaucoup plus large, qui prend en compte les relations entre ce cœur urbain et toute la périphérie. Et donc c'est important aujourd'hui de dire que la mobilité, pas seulement de transporter des gens d'un point A à un point B, Mais c'est aussi tout ce qui est au cœur de l'aménagement des territoires, de la façon dont on peut se déplacer sur un territoire très large, comment on irrigue les zones denses et les zones moins denses, comment on assure l'intermodalité sans couture pour nos passagers, comment on y intègre aussi des mobilités douces, actives. Donc ça c'est extrêmement important et la mobilité elle est vraiment au cœur encore une fois des modes de vie, au cœur du quotidien en fait des citoyens et du développement économique des territoires.

  • NATHAN

    Super intéressant, effectivement on parlait de mobilité décarbonée, de mobilité douce. Chez Zenride, vous connaissez le sujet, Olivier. Selon vous, les priorités pour une mobilité durable et inclusive, quelles seraient-elles ?

  • Olivier Issaly

    Je vais rebondir sur deux, en particulier des trois éléments, trois enjeux qui viennent d'être cités, qui me parlent beaucoup, notamment celui de l'accessibilité, effectivement. C'est vraiment ce qu'on essaie de faire au quotidien, de rendre le vélo accessible à tout le monde. Ça peut paraître une évidence, parce qu'on a beaucoup de vélos, on va dire... en circulation. La réalité, c'est que ce qui remet en selle aujourd'hui une majorité de Français, c'est quand même plutôt le vélo à assistance électrique. Ça platit les trajets, ça rassure sur les distances, c'est plus compatible avec aussi une activité professionnelle. Et ce moyen de transport, ce véhicule, ce vélo à assistance électrique, aujourd'hui, coûte environ le salaire médian français. Déjà, là, on a une vraie question d'accessibilité financière. Et c'est déjà à ce sujet qu'on s'attèle chez Zenride, en le rendant accessible financièrement à travers la location longue durée, à travers l'aide de l'employeur, pour faire en sorte qu'Infine, ce soit vraiment très accessible pour le salarié. Et l'enjeu territorial me parle beaucoup aussi. j'avoue qu'au début de... de cette aventure chez Zenride, dans la mobilité, on avait nous-mêmes cette image du vélo comme étant surtout très urbain. Et pour vraiment aller dans le cliché pour le cadre supérieur sur Rivoli, vraiment si on veut faire le cliché du vélo à Paris. Et en fait, on a appris au fil des années avec nos clients, notamment en accompagnant des clients comme Saint-Gobain, comme Veolia, partout en France. La vraie demande, le vrai besoin, il est surtout dans les territoires. C'est d'ailleurs de mémoire l'objectif numéro un de la loi d'orientation des mobilités, de réconcilier les territoires en termes de mobilité, dans la première phrase du texte de loi. Et ça, c'est important, on s'est vraiment construit sur cette idée de mobilité inclusive, dans le sens où il faut que ça puisse s'adresser à tout le monde. quel que soit le statut dans l'entreprise notamment. Et ça, tous les employeurs avec qui on travaille le font, c'est-à-dire qu'ils proposent ces services-là, que ce soit au cadre supérieur ou à l'ouvrier. Et ça, c'est très important dans tous les territoires. Aujourd'hui, pour donner un chiffre, c'est comme 80% des mises en service de vélo chez Zenride qui sont en dehors des 10 plus grandes villes de France. Donc on est plutôt dans les territoires, dans des petites villes de taille moyenne, de quelques dizaines de milliers d'habitants souvent. Et souvent là où, de manière très complémentaire, il n'y a pas toujours l'offre de transport en commun et il y a une dépendance à la voiture qui est forte. Et les salariés ont des enjeux de pouvoir d'achat qu'ils peuvent améliorer en utilisant le vélo. Donc cet enjeu à la fois d'accessibilité financière et de territoire, il me parle beaucoup et ça nous tient à cœur.

  • NATHAN

    Et justement, c'est intéressant parce que vous, chez Zenride, vous adressez directement les trajets domicile-travail, donc avec le vélo de fonction. Quels seraient, selon vous, les freins à lever pour optimiser et puis généraliser l'usage du vélo ?

  • Olivier Issaly

    Il y en a plein. On est encore loin d'un usage généralisé, ne serait-ce qu'au regard des autres pays européens, puisqu'aujourd'hui, on a environ 4% de part modène du vélo sur les trajets du quotidien, même spécifiquement sur le trajet domicile-travail. Dans ces ordres de grandeur-là, quand certains pays en Europe sont plutôt à 10, 12, voire 15%. Donc ce ne sont pas les pays les plus ensoleillés qui sont à ces niveaux-là, c'est parfois même les plus froids et plus vieux que nous. Donc on pourrait citer la météo en frein, mais je ne pense pas que ce soit le plus gros frein. Un des freins numéro un, évidemment, ce sont les infrastructures, qui vont rassurer les... Les Français à passer au vélo, une piste cyclable bien conçue, des itinéraires sécurisés. Et on manque pas, on a quand même un maillage de routes secondaires, de chemins vicinaux, un maillage territorial de petits chemins assez dense en France, qui pourrait être autant d'itinéraires cyclables adaptés pour sécuriser les trajets. Je pense que c'est quand même le premier frein à lever. mais dès qu'on fait des infrastructures, ça attire les cyclistes. On a un deuxième frein, malheureusement lié au vol, qui est assez courant alors qu'il y a un phénomène très urbain. Nous, on le voit entre les chiffres dans les grandes villes et les chiffres plutôt dans les territoires. Il n'y a pas photo en termes de vol. C'est surtout un sujet urbain, mais qui freine quand même la volonté de s'équiper d'un vélo. Et ça aussi, ça passera par des infrastructures de stationnement, notamment dans les gares, liées aux connexions avec les transports en commun. Et puis dans le résidentiel, c'est un peu moins évident à régler dans l'ancien. Mais voilà, c'est un sujet. Et évidemment, c'est le premier auquel nous, on s'attaque, c'est quand même le frein financier, qu'il ne faut pas négliger parce que quand on habite en région, qu'on a de toute façon besoin d'une voiture. quand bien même on a envie de décarboner une partie de ses trajets. en prenant un vélo, on ne va pas vendre tout de suite sa voiture pour acheter un vélo à 2000 euros. En fait, il y a quand même besoin de financer un équipement à 2000 euros dans une phase de transition. Parfois, le vélo peut remplacer une deuxième voiture, mais c'est quand même plutôt ça du périurbain, on va dire. Donc, il y a quand même un vrai sujet de financement pour décarboner une partie des trajets. Dans une phase de transition, on ne peut pas encore se passer tout de suite de la voiture.

  • NATHAN

    Très intéressant. Et justement, on évoquait d'autres pays européens. vous chez Keolis, vous êtes présent dans... nombreuses métropoles françaises et internationales. Quelles évolutions majeures en termes de mobilité vous avez constatées ces dernières années, notamment en France et en Europe ?

  • JC Combe

    Je pense que la question de l'usage du vélo comme toute ou partie d'un trajet quotidien ou de loisirs. C'est une vraie évolution. Par modal, quand même, ne cesse d'augmenter partout. C'est un vrai sujet pour nous. On travaille beaucoup, je vous l'ai dit, on est spécialiste de la multimodalité, donc on travaille vraiment sur l'articulation entre les différents modes. Et ce qui est difficile aujourd'hui, c'est de concilier tous les usages. Et je pense que ce que tu as dit, notamment sur les aménagements urbains et pas urbains, est extrêmement important. Et c'est comment, demain, faire mieux prendre en compte par les autorités organisatrices, par les collectivités, par les pouvoirs publics en France et ailleurs. Après, on pourrait parler des spécificités dans le monde. Il y a des zones dans le monde où les mobilités actives, douces, sont très peu développées. Voilà, en Amérique du Nord. par exemple, on a un peu de mobilité douce et on a un bilan carbone assez mauvais. Mais globalement, en Europe, on a quand même une tendance forte à la transformation de nos modes de déplacement. Et je pense que le vrai sujet demain sur l'aménagement du territoire, c'est celui-là, c'est vraiment comment on concilie tous les modes. On a des bizarreries dans nos modes de fonctionnement. Les autorités organisatrices ne sont pas forcément celles qui ont le pouvoir d'aménager les espaces urbains ou routiers, ce qui pose de vrais problèmes. Nous, quand on crée un service express routier, par exemple dans le cadre des services express régionaux métropolitains, métropolitain. les fameux RER métropolitains, pour pouvoir faire accéder à la mobilité rapide des personnes qui vivent en périphérie des villes. Nous, on demande souvent de pouvoir créer des espaces et des voies dédiées pour pouvoir être rapides et concurrentiels par rapport à la voiture, parce que la question de la vitesse, elle est extrêmement importante, la vitesse de déplacement. et on voit bien que les régions qui sont... aujourd'hui responsables du financement de ce type de mobilité ne sont pas celles qui vont avoir les manettes pour aménager les routes. Et donc, on a un vrai sujet, je pense, sur l'aménagement du territoire dans les mois et les années à venir.

  • NATHAN

    Justement, pour rebondir sur la question de la sécurité, dans l'épisode précédent, Benoît Hamon évoquait la question de la sécurité dans les villes, notamment à travers son rôle de père. Et selon vous, quelles seraient les solutions qui pourraient être mises en place, qui pourraient renforcer la sécurité dans les villes de demain ?

  • Olivier Issaly

    En se déplaçant ?

  • NATHAN

    La sécurité, notamment, vous avez évoqué sur le vélo, en se déplaçant.

  • Olivier Issaly

    Je vais remonter sur quelque chose qui a été dit tout à l'heure. La perception de la sécurité peut être très variée. J'entends aussi beaucoup de femmes qui aiment bien prendre le vélo, justement, parce qu'elles se sentent plus en sécurité des fois que dans les transports en commun. C'est ce que tu disais tout à l'heure. on entend des gens qui nous disent des fois qu'ils se sentent pas bien pas forcément en sécurité à vélo parce que les infrastructures ne sont pas bien. En fait, déjà, la perception de la sécurité est relativement très diverse. La sécurité, je pense que ça passe. Si je reprends vraiment depuis le début, ça passe déjà par une bonne maîtrise du vélo. Tout le monde ne sait pas forcément faire du vélo. On en a fait quand il était petit ou pendant les vacances. C'est autre chose d'en faire au quotidien dans un environnement urbain ou périurbain. Donc déjà, la formation, rééduquer, c'est hyper important. Il y a des associations qui font ça très bien. C'est tous les équipements qui vont faire aussi qu'on va se sentir en sécurité. Casque évidemment, tous les équipements l'hiver qui font qu'on se sent mieux et pas mal à l'aise à vélo. C'est de la formation aussi, ça on en dispense beaucoup à Zenride sur la sécurité routière. Et surtout les infrastructures, je pense que c'est ça qui en fin de compte fait... sentiment de sécurité. On a la chance là à Paris d'avoir eu des transformations quand même de la ville assez impressionnantes en quelques années et qu'on nous en vit. Je n'ai pas l'impression qu'on le dit assez souvent, mais quand je pars le vélo avec des confrères d'autres pays, ils regardent Paris concrètement. Et même des pays qui ont des parmodas plus développés que nous regardent la transformation à Paris comme un exemple. même si pour rouler au quotidien, je vois bien les zones, les points noirs qu'il peut y avoir encore. Les infrastructures, je dirais, jouent pour beaucoup dans la sécurité.

  • NATHAN

    Et justement, vous, votre vision, Jean-Christophe, sur la partie sécurité, notamment dans les villes ?

  • JC Combe

    Je vais revenir sur l'humain, évidemment. Même si ça dépend de quoi on parle, mais si on parle de ce qu'on constate aujourd'hui, nous, dans... dans nos services de transport, la recrudescence des incivilités, des agressions vis-à-vis notamment professionnelles, des cas d'agressions à caractère sexiste et sexuel, donc avec un vrai sujet sur la sécurité des femmes, dans les transports en commun, donc évidemment il y a une dimension technique, on multiplie la vidéo surveillance. On y introduit notamment un peu d'intelligence artificielle, notamment pour repérer des situations justement anormales. Et c'est très utile. On a des partenariats avec les forces de police, de justice, pour pouvoir travailler sur la prévention et la lutte contre la délinquance dans les transports en commun. Après, il y a beaucoup de choses qui tiennent à tout un chacun. Quand je parle d'humain, c'est d'abord de s'assurer qu'il y ait toujours de la présence humaine. Dans nos transports, on est spécialiste du métro automatique. Pour autant, on a toujours besoin d'humains pour faire de la médiation, pour justement apaiser des situations qui seraient tendues ou difficiles, pour favoriser l'accessibilité aussi des transports aux personnes fragiles. Donc la présence humaine, la formation de nos professionnels, elle est essentielle. Ça, c'est la première chose. Et puis la deuxième, moi, je crois beaucoup dans la régulation sociale et dans le rôle que chaque citoyen peut jouer aussi là-dedans. Je ne dis pas que chacun doit être policier. En revanche, je pense qu'on a tous un rôle à jouer dans le fonctionnement de la société. Et nos habitacles de bus, de cars, de tramways, de métros, c'est des moments de vie en commun qui doivent être régulés. Et donc, moi, je crois beaucoup dans la formation de nos citoyens. On mène des actions avec des associations. pour attirer l'attention, sensibiliser les jeunes, les moins jeunes, justement à la vie en commun, y compris dans ces espaces de vie commune, collective, que sont les transports en commun. Il n'y a pas plus tard que 15 jours, j'étais à Dijon, on avait un événement qu'on organisait avec la Fondation des Femmes, justement pour attirer l'attention du grand public sur la question de la sécurité. des femmes dans les transports en commun. Il y a des formations aujourd'hui qui existent, je pense notamment à la formation 5D, qui permet d'attirer l'attention, de sensibiliser au fait qu'on peut et on doit, lorsqu'on est citoyen, intervenir lorsqu'on est témoin de situations difficiles, mais il ne faut pas intervenir n'importe comment. Ça peut être impressionnant, il faut faire attention à soi, etc. On ne peut pas faire n'importe quoi, mais on peut être formé pour le faire. Donc ça, j'y crois beaucoup. Puis à cette occasion... Je vous invite à voir ce que c'est. Je n'en ai pas pris avec moi, mais on a distribué un petit objet qui s'appelle un sifflet repousse-relou qu'on a distribué aux femmes et aux hommes aussi, qui, en cas d'agression, peut être utile. Ça fait un petit cri strident pour attirer l'attention soit du personnel qui est à bord des bus, soit des autres passagers. pour pouvoir justement indiquer qu'on est dans une situation de difficulté, et à ce moment-là être aidé. Donc c'est des petits gestes comme ça. C'est utile, directement cet objet, mais ça sert aussi à sensibiliser et à former à ces questions.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. C'est Keolis qui vous avez développé ce...

  • JC Combe

    Exactement, on a inventé le sifflet repousse-relou.

  • NATHAN

    Ok, c'est super intéressant.

  • JC Combe

    C'est pratique, oui.

  • NATHAN

    Et alors justement, ça résume avec ma question. Quel modèle ou initiative vous inspire personnellement en matière de mobilité durable et inclusive, Olivier ?

  • Olivier Issaly

    Il y a un modèle... Désolé, je vais rester dans le velours parce que c'est le sujet qui me parle le plus. Il y a un modèle que j'aime beaucoup, une politique publique que j'aime beaucoup, c'est Véligo et tout ce qui a été initié dans cette optique-là par les collectivités locales et par les autorités organisatrices des mobilités. Je trouve que c'est une très bonne manière, ces formules d'abonnement courte durée, subventionnées, je trouve que c'est une très bonne manière de faire découvrir le vélo. C'est une étape dans le chemin qui fait que le vélo devient un réflexe au quotidien pour les Français. Ça le rend accessible, sans engagement, et ça c'est vraiment très utile. L'Ile-de-France a fait un super truc avec Véligo. Il y a beaucoup de collectivités territoriales qui en ont développé maintenant, j'imagine des fois par des acteurs comme Géolis ou d'autres, pour ces autorités organisatrices des mobilités. Ça, je trouve que ce sont des très bonnes politiques publiques qui font bien avancer les choses, je trouve. Si des fois, on me dit, mais est-ce que ce n'est pas concurrent ? Non, en vrai, ce n'est pas concurrent et ça fait découvrir le vélo et c'est très bien.

  • NATHAN

    Super intéressant. Vous, Jean-Christophe, hormis le sifflet repousse-relou, ça, c'est très sympa, c'est une très bonne initiative. Donc, selon vous, quel modèle vous inspire personnellement en matière de mobilité durable et inclusive ?

  • JC Combe

    J'aime bien tout ce qui tourne autour de l'innovation. Je pourrais vous parler de plein de choses, mais j'aime bien l'innovation qui n'est pas forcément... qui est aussi une innovation simple, frugale. Tout ce qui tourne autour de la formation voyageur, autour de ce qu'on appelle les nudge. Voilà, pour... pouvoir notamment favoriser l'accessibilité pour les personnes en situation de handicap ou les personnes âgées en perte d'autonomie. Indiquer de façon très visible sur les quais, sur les véhicules, où sont les places réservées aux personnes à mobilité réduite, attirer l'attention du public aussi sur ces questions-là pour respecter. Et j'aime bien dire que c'est de l'innovation parce que... Par l'innovation, on pense toujours à l'intelligence artificielle, aujourd'hui, véhicules autonomes, même si je crois beaucoup d'ailleurs demain dans le développement des véhicules autonomes pour créer une mobilité décarbonée dans des territoires et dans les zones moins denses. Et pour moi, c'est des initiatives qui sont importantes. C'est aujourd'hui, vous savez, on... On travaille quand même de plus en plus avec des collectivités qui sont sous pression financière, qui nous demandent aussi d'imaginer des réseaux de transport un peu plus frugaux, de faire mieux, de rendre toujours plus attractif avec moins d'argent. Et donc ça nous demande de nous réinventer, de mieux penser l'articulation des différents modes de transport. C'est pour ça qu'on aime bien aussi les délégations de services publics qui nous permettent justement d'avoir et de maîtriser. l'ensemble de la chaîne de transport. Celle qui est la plus aboutie d'ailleurs, c'est celle qu'on a à Dijon, où ça va du stationnement, y compris le stationnement de surface, jusqu'à l'ensemble des modes de transport, y compris le vélo, le tram, le bus, le car, la navette de centre-ville. Bref, toute la mobilité sur le territoire dijonais, et ça, c'est un vrai levier. justement pour faire de la mobilité, une mobilité...

  • NATHAN

    une mobilité durable. Et puis le dernier exemple que je pourrais citer aussi, c'est le transport à la demande. On est le leader français aujourd'hui du transport à la demande chez Kiolis. 80 réseaux en France, c'est une solution aujourd'hui, alors que certes, si vous la ramenez kilomètres par passager, c'est un peu plus coûteuse qu'une ligne, mais néanmoins, correspond à un besoin, dans les zones moins denses notamment. plus frugal, ça nous permet de mettre des plus petits véhicules, souvent des véhicules électriques, et de répondre vraiment aux besoins de mobilité des personnes qui habitent dans ces zones. Et ça, c'est de la mobilité durable. On l'a fait notamment à Orléans, de façon extrêmement puissante.

  • Olivier Issaly

    J'abonde là-dessus, je trouve, j'aurais pu citer effectivement le transport à la demande aussi. Je suis aussi conseiller municipal dans une petite commune dans les Yvelines qui est desservie par un TAD, un transport à la demande. C'est génial et je trouve une très belle innovation.

  • NATHAN

    Très belle initiative. Alors justement, on va aborder le sujet de l'innovation d'IA un petit peu. Jean-Christophe, quelle est la propension que vous avez, notamment dans votre expérience personnelle, mais aussi professionnelle, à l'utilisation d'outils d'intelligence artificielle ? Vous avez évoqué le besoin de présence humaine, mais selon vous, comment on peut utiliser l'IA ? à une fin qui soit une fin vertueuse.

  • JC Combe

    Je pense que c'est un vrai vecteur d'inclusion et ça nous offre aussi des possibilités importantes de développement ou de renforcement de l'efficience de nos services quand vous faites, grâce à l'intelligence artificielle, de la maintenance prédictive. sur vos infrastructures ou votre matériel roulant, ça permet vraiment d'intervenir au juste moment vis-à-vis des questions de sécurité, mais aussi vis-à-vis de la durabilité de ce qu'on est en capacité de faire dans les services. C'est un vrai levier d'inclusion quand vous allez permettre, grâce à de la vidéo intelligente, de guider des personnes malvoyantes, par exemple, pour pouvoir accéder à des services de transport en commun. C'est un vrai service que vous apportez à des personnes. De façon générale, en marketing, puisque je suis avec Asket Marketing, chez Keolis, ça permet de vraiment mieux connaître les besoins spécifiques de chaque passager. Et ça, c'est extrêmement important si on veut pouvoir y répondre de façon au plus près et de façon très précise. Et puis dans votre question, dans votre introduction, vous parliez de vie personnelle et vie professionnelle. Je pense que ce qui nous a tous bousculé là depuis maintenant plusieurs années, c'est l'intrusion ou l'arrivée de l'intelligence artificielle générative dans nos vies. Et effectivement, ce qu'on utilise dans le quotidien à la maison, on le retrouve forcément au travail. Et dans des grands groupes et des grandes entreprises comme Keolis, on doit accompagner là aussi. L'usage de ces nouvelles technologies auprès de nos collaborateurs, qui sont des vrais leviers d'efficience, qui transforment de fait le travail dans la communication, mais pas seulement. On l'utilise beaucoup aujourd'hui, notamment pour organiser notre travail dans les réponses à appels d'offres. Je vous donne quelques exemples. Pour gérer aussi tout ce qui est knowledge management, tout ce qui est accès à l'information. dans l'entreprise, mais il y a aussi des risques qui sont associés en termes de sécurité, des informations que vous allez parfois, sans le vouloir, répandre dans la nature et qui sont pourtant des informations stratégiques pour l'entreprise, des questions éthiques liées à la protection des données personnelles notamment, et puis des questions écologiques. bon c'est pas L'ancée dans l'intelligence artificielle, tête baissée. On y va de façon raisonnée, mesurée, là où on est sûr qu'il y a un retour sur investissement. Pas seulement parce qu'on veille à la rentabilité de l'entreprise, mais aussi parce qu'on sait que chaque requête d'intelligence artificielle, ça a un coût écologique. Et que donc, il faut aussi que là, on soit très attentif à l'utilité de l'utilisation de l'intelligence artificielle.

  • NATHAN

    Super intéressant. Olivier, quelle est votre vision justement sur l'IA ?

  • Olivier Issaly

    En fait, c'est déjà là et en soi, même en tant que dirigeant d'entreprise, c'est une modeste PME, mais on a beaucoup de salariés qui l'utilisent. C'est intéressant parce qu'on a eu par moments ce débat sur le coût écologique quand même de l'IA, mais la réalité, c'est que ça s'impose au quotidien comme un outil de productivité et d'efficience, comme tu dis, dans tous les métiers. Et que ça, ça doit être accompagné. C'est ce qu'on fait. Et après, on la housse. Je rejoins sur le côté accompagnement et service. Nous, ce qui nous intéresse in fine, c'est, comme je disais tout à l'heure, c'est de faire du vélo un réflexe au quotidien, par exemple. Ça, ça veut dire vraiment avoir un vélo que la personne adopte parce que ça correspond à ses usages, à ses itinéraires, à sa morphologie. Trouver le bon vélo, en fait, ce n'est pas forcément évident en soi. Il n'y a pas deux vélos qui se ressemblent. Aujourd'hui, on touche plus de 100 000 salariés en France qui ont accès à l'offre Zenride. Plus de 1200 magasins partenaires qui représentent plusieurs centaines de marques et plusieurs milliers de modèles. Trouver le bon match entre ces centaines de milliers de salariés et tous les modèles de vélos au bon endroit, au bon moment, c'est ce genre de use case qui nous intéresse avec l'IA parce que l'enjeu, c'est de trouver le bon vélo et d'en faire un réflexe au quotidien.

  • NATHAN

    C'est vrai, justement, mon papa a pas mal galéré à trouver le bon vélo. Je vais lui conseiller d'utiliser l'IA, ça pourrait être super intéressant. Alors justement, vous avez évoqué votre travail avec les collectivités locales. Quels sont potentiellement les blocages que vous avez rencontrés pour intégrer justement votre logique avec les collectivités locales ?

  • Olivier Issaly

    Alors, on a eu plus de travail au final à l'échelle nationale que... que local, en tout cas dans notre activité à Zenride. Et c'est quelque chose que j'ai découvert vraiment avec Zenride parce que je n'avais pas forcément l'habitude de travailler avec les pouvoirs publics dans le cadre des marches entrepreneuriales. Et en fait, ce qu'on a fait notamment, c'est qu'on s'est structuré au sein d'une fédération avec tous les autres acteurs avec qui on travaille. sur les mêmes sujets, qui font de la location concrètement de vélos aux entreprises. On a inventé une fédération qui s'appelle la Fédération des acteurs du vélo en entreprise, que j'ai la chance de présider. Et voilà, j'ai appris comme ça aussi à travailler avec les pouvoirs publics pour faire progresser justement l'adoption du vélo en entreprise, faire levier quelque part sur les employeurs pour démultiplier l'effort de promotion du vélo qui est fait par l'État. Et donc ça je trouvais que c'est une bonne manière de travailler quelque part main dans la main pour pouvoir développer un objectif commun, l'état à ses objectifs de développement de la part modale du vélo. On a tous envie que ça progresse et donc on a travaillé intelligemment comme ça.

  • NATHAN

    Et c'est vrai justement Jean-Christophe, vous chez Keolis vous pilotez l'innovation et l'engagement. Comment vous arrivez à faire émerger des partenariats avec des startups ou des PME comme Zenride typiquement ?

  • JC Combe

    Nous, en fait, on se positionne vraiment comme un apporteur de solutions pour les autorités organisatrices, pour les collectivités. Je pense que nous, le rôle qu'on joue aujourd'hui souvent, c'est celui du tiers de confiance entre la startup et la collectivité. Nous, on a l'expérience historique de la gestion de grands réseaux de transport urbain et sur les territoires et on est capable de qualifier des innovations et de les intégrer dans nos systèmes de transport. Ça ne veut pas dire qu'on les gère nous-mêmes. Au contraire, on n'a pas vocation à tout faire. On gère 13 modes aujourd'hui de transport chez Keolis. C'est déjà énorme. On a une filiale de vélos qui s'appelle Cycleo, mais on ne fait pas la même chose. On est très complémentaires. L'idée c'est vraiment d'être agrégateur de solutions et d'être en capacité de les apporter aux collectivités. C'est ce qu'elles nous demandent. Je vous donne un exemple. Aujourd'hui, on est en train de travailler avec une société que vous connaissez peut-être, qui s'appelle Urban Loop, qui est un nouveau mode de transport, ce qu'on appelle un people mover. C'est des capsules sur rail qui peuvent transporter deux à trois personnes. Et donc ça marche un peu comme un ascenseur, vous appuyez sur un bouton, vous dites je vais aller à cette station-là, et puis par dérivation vous êtes amené directement à la station. Donc on a aujourd'hui un démonstrateur à 50 ans Nivelline, qui a un vrai territoire d'innovation et qu'on espère développer demain ailleurs. Vous avez une société qui amène une solution innovante, un rail léger avec des capsules légères qui sont respectueuses de l'environnement, donc c'est une solution nouvelle. Et puis, elle a eu besoin de trouver un opérateur pour l'accompagner, justement, dans la relation avec les collectivités. Donc, quelque part, un industriel, un gestionnaire de transport et une collectivité pour apporter une solution.

  • NATHAN

    Et justement, c'est intéressant. Quelles évolutions vous espériez voir dans les peut-être 10, 20 prochaines années en matière de mobilité urbaine ?

  • JC Combe

    J'aimerais bien qu'on ait réussi à relever les défis dont on a parlé au tout début de ce podcast qu'on ait une mobilité urbaine qui demain soit nativement accessible c'est vraiment le plus grand défi qui est devant nous quand on parle de transition écologique c'est de faire en sorte d'embarquer tout le monde qu'elle laisse personne sur le bord de la route à remonter tout le monde en selle n'est-ce pas ? Voilà, et ça, c'est mon rêve. C'est que demain, on ait une mobilité qui soit inclusive, mais vraiment nativement, et puis qui soit plus respectueuse de l'environnement. Et je pense qu'il faut qu'on aille vite. Finalement, même 10 ans, c'est demain. Mais je crois que vu la situation, et notamment l'accélération des changements climatiques, on a vraiment besoin d'aller beaucoup plus vite, d'investir plus fortement, de trouver des solutions. Encore une fois, des solutions qui concernent. tout le monde. Certes, la masse aujourd'hui, elle est dans les zones urbaines. On a besoin d'offrir ces possibilités-là vraiment à tout le monde. C'est ça, moi, mon rêve.

  • NATHAN

    Et vous, Olivier ?

  • Olivier Issaly

    Le rêve, il est surtout de pragmatisme et de bon sens. Il y a plein de mobilités qui me semblent évidentes. J'aimerais avoir tout simplement en 2030 ou 2035, si on parle de 10 ans. Oui. plus de transports en commun, plus de trains pour se déplacer dans les régions et évidemment aussi plus d'infrastructures pour les vélos des solutions qui sont en soi de bon sens, de pragmatisme qui couvrent un large scope quand même des mobilités dont on a besoin au quotidien et voilà je suis plus demandeur de ça que nécessairement d'innovation

  • JC Combe

    J'espère vraiment qu'on arrivera à faire bouger les imaginaires parce que tu as parlé des freins tout à l'heure notamment d'accès au vélo, mais d'accès aussi à la mobilité partagée. Comme on a un système qui est construit depuis très longtemps sur le modèle de la voiture individuelle, comme le nec plus ultra, de la liberté, de la réussite sociale, etc. Moi, c'est vraiment réussir à bouger les imaginaires et se dire que demain, on arrivera à créer un monde qui sera de transports en commun, de mobilité active, de vélo qui sera vraiment désirable. Ça sera ça, demain, notre... Je rêve un peu, mais je pense qu'il faut qu'on en passe par là. Et il y a des modèles aujourd'hui qui existent, qui sont pragmatiques, qui sont transposables dans la réalité et qui sont alternatifs à ceux qu'on connaît aujourd'hui.

  • NATHAN

    Et ça, justement, c'est intéressant. On arrive bientôt au bout de notre échange. Quel conseil, Olivier, vous donneriez aux jeunes entrepreneurs qui voudraient... justement, s'engager dans la transformation de la mobilité urbaine ? Pas facile.

  • Olivier Issaly

    Pas facile. D'autant que le secteur des start-up mobilité n'est pas facile depuis quelques années. Peut-être un conseil serait de bien réfléchir dès lors qu'il y a un actif, je l'appellerais un actif derrière, c'est-à-dire un équipement à financer. C'est quand même là où il y a beaucoup de difficultés, je pense. il y a eu beaucoup de modèles qui ont été envisagés pensés, testés en fait on revient souvent au sujet du financement de l'actif de l'équipement de mobilité donc avant de foncer tête baissée sur une startup de mobilité je creuserais bien ça avant.

  • NATHAN

    Très intéressant, Jean-Christophe quel conseil vous donneriez peut-être à un décideur ?

  • JC Combe

    Je vais être le rêveur de la bande Merci. Mais non, moi je dis qu'il faut foncer au cœur. Il faut oser, il ne faut pas avoir peur d'échouer, de recommencer. Je pense qu'il faut vraiment oser. C'est vrai que c'est un parcours qui est très difficile, qui est très exigeant, mais je pense qu'il faut avoir ça ancré au fond. Comme tu l'as, tu vois, il faut foncer. Et puis, la deuxième chose, je reviens encore à l'humain. Encore une fois, on parle beaucoup technologie, infra et matériel roulant, mais on est des entreprises de service. On est là pour répondre à des besoins qui sont profondément humains. Petit conseil méthodologique, avant de foncer tête baissée cette fois-ci sur la techno, vraiment connaître son client, connaître les gens. Et c'est ce qu'on fait nous chez Colis au quotidien. On observe de façon très fine l'évolution des modes de vie, des besoins sociaux sur les territoires pour apporter les meilleures réponses. Parce qu'encore une fois, notre sujet c'est... Certes, c'est de faire rouler le mieux possible les matériels qu'on nous confie, mais c'est d'abord de répondre à des besoins sociaux sur les territoires. Et donc cette connaissance fine et profondément humaine, il faut vraiment l'avoir en tête.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. Alors justement, pour conclure notre échange, dans le dernier épisode, Paul Lé a eu cette citation. « T'inquiète pas, demain c'est trop bien » . Alors si vous, Jean-Christophe, vous aviez une citation qui vous inspire peut-être au quotidien, ou une phrase que vous souhaiteriez partager au grand public, quelle serait-elle ? C'est difficile.

  • JC Combe

    Ouais, c'est difficile comme ça, brûle pour point, mais... Un peu dans la même thématique, je ne sais plus qui dit ça, mais il faut toujours viser la lune. Moi, je suis profondément optimiste et j'essaie toujours de communiquer cet optimisme. Il faut toujours voir le plus loin possible et avoir les plus grands rêves pour être sûr de réaliser quelque chose qui se trouve entre aujourd'hui et le rêve qu'on a.

  • NATHAN

    Super intéressant. Olivier ? Peut-être une petite citation ? Pas facile encore une fois ?

  • Olivier Issaly

    Plus une réflexion. Pourquoi j'ai cet attrait aussi pour le vélo ? On sait qu'aujourd'hui, on a un gros enjeu environnemental devant nous. Et parmi tout ce qu'on a à faire pour arriver notamment aux accords de Paris, idéalement arriver à 2 tonnes de CO2 par personne par an, ce qui est un objectif assez ambitieux. Faire du vélo, c'est parmi les trucs les plus cools, les plus sympas qu'on a à faire, qu'on peut faire. Je le vois vraiment comme une transition positive. On peut en tirer du positif dans ce changement. Et voilà, c'est plutôt le côté sympa.

  • NATHAN

    Donc on restera sur le thème du positivisme. On reste positif, c'est très bien.

  • Olivier Issaly

    Je crois que tu as plus dans le bus aussi. C'est pas mal.

  • NATHAN

    C'est pas mal aussi. Messieurs, merci d'avoir répondu à mon invitation et je vous dis à très bientôt pour le prochain épisode de Prospective Urbaine.

  • Olivier Issaly

    Merci. Merci beaucoup.

  • NATHAN

    Merci à vous. Merci de nous avoir suivis et à très bientôt pour le prochain épisode de Prospective Urbaine.

Description

Prospective Urbaine – Le podcast où entrepreneurs et politiques pensent la ville de demain.


Et si nos villes devenaient plus fluides, intelligentes et humaines ?

Chaque épisode de Prospective Urbaine, conçu par OUIPARK, met face à face un décideur politique et un entrepreneur visionnaire.


Ensemble, ils partagent leurs perspectives, explorent les défis urbains et envisagent (repensent) des solutions concrètes pour transformer nos espaces.


Pour ce deuxième épisode, nous accueillons Olivier Issaly, CEO de Zenride, et Jean-Christophe Combe, ancien ministre et aujourd’hui Directeur Marketing, Innovation & RSE du groupe Keolis.


Deux expériences complémentaires, un même enjeu : modeler des villes plus inclusives, durable et innovante.


Rejoignez la conversation et explorez avec nous comment les innovations d’aujourd’hui dessinent la Ville de Demain.


Abonnez-vous dès maintenant et prenez part à cette transformation !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • NATHAN

    Bonjour à toutes, bonjour à tous, bienvenue dans le deuxième épisode de Prospective Urbaine. Imaginez un instant, nous sommes au 15e siècle. Léonard de Vinci esquisse ses premières machines volantes, des visions futuristes qui défient l'imagination de son époque. Aujourd'hui, ses rêves prennent forme avec les voitures volantes, symbole d'une mobilité réinventée. Alors une question se pose. Quelles seront les mobilités de demain ? Pour y répondre, nous accueillons aujourd'hui deux invités d'exception, Jean-Christophe Combe et Olivier Issaly.

  • Olivier Issaly

    Bonjour.

  • NATHAN

    Messieurs, merci d'avoir répondu à mon invitation. Et nous allons sans plus tarder commencer par une présentation de chacun d'entre vous. Alors Olivier, Olivier Issaly, vous êtes le CEO et cofondateur de Zenride, une entreprise spécialisée dans les solutions de mobilité durable pour les entreprises. Vous proposez des services de vélo pour les entreprises, contribuant ainsi à la transition vers des modes de transport plus écologiques. Vous êtes également partenaire chez SAS Partner. Vous combinez ainsi une expertise en technologie. et en entrepreneuriat pour repenser la mobilité urbaine.

  • Olivier Issaly

    Merci.

  • NATHAN

    Vous voulez ajouter quelque chose ?

  • Olivier Issaly

    C'est ça, exactement. Parcours mobilité, entrepreneuriat et essayer d'aider d'autres startups également au passage.

  • NATHAN

    Super. Et Jean-Christophe Combe, vous êtes actuellement le directeur marketing, innovation, développement durable et engagement chez Keolis. Vous avez également occupé le poste de ministre des Solidarités de l'Autonomie des personnes handicapées de juillet 2022 à juillet 2023. Avant cela, vous avez été directeur général de la Croix-Rouge française, où vous avez supervisé des initiatives majeures en termes d'engagement social et de gestion opérationnelle. Depuis février 2024, vous êtes donc directeur marketing, innovation, développement durable et engagement chez Keolis, un acteur majeur du transport public. Votre parcours entre politique humanitaire et innovation vous positionne comme un interlocuteur clé pour discuter des enjeux de la mobilité urbaine et de la gouvernance collaborative.

  • JC Combe

    Merci. C'est bien ça.

  • NATHAN

    C'est bien ça.

  • JC Combe

    Exactement.

  • NATHAN

    Vous voulez ajouter quelque chose ?

  • JC Combe

    Écoutez, non, j'ai eu la chance à la fois de pouvoir exercer des responsabilités publiques, au Parlement, en collectivité, au début de ma carrière, comme directeur général de la Croix-Rouge française, qui est la plus grande association française, comme ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes Handicapées, puis aujourd'hui chez Keolis, qui est l'un des plus grands acteurs mondiaux de la mobilité partagée. Donc, ravi d'être avec vous aujourd'hui.

  • NATHAN

    Très bien, merci. Alors, on va commencer par la première question. Pour vous, Olivier, comment votre parcours entrepreneurial vous a-t-il conduit à vous engager dans la mobilité durable ?

  • Olivier Issaly

    C'est une... Pour moi, ça va être une longue histoire, parce que ça va bientôt faire 20 ans que j'entreprends. J'ai fait un parcours d'ingénieur, que j'ai arrêté un petit peu avant le diplôme pour une première entreprise dans le jeu vidéo, donc rien à voir avec la mobilité, une dizaine d'années dans le jeu vidéo, puis cinq années dans le voyage, j'ai commencé à se rapprocher un tout petit peu de la mobilité, avant de... par sens, on va dire, avant de tomber dans l'univers de la mobilité en 2019, où j'ai rencontré mes associés de Zenride, qui ont présenté, ils avaient déjà commencé à travailler depuis plusieurs mois dessus, une solution de ce qu'on appelle aujourd'hui de vélo de fonction, donc de vélo mis à disposition par l'employeur. Et voilà, ça faisait beaucoup de sens pour moi, à la fois parce qu'à travers le... Cinq années dans le voyage, j'avais commencé à m'intéresser au voyage à vélo. Le vélo, j'ai grandi à la campagne, donc c'est un moyen de déplacement qui me semblait déjà assez évident. Et à l'occasion des déconfinements, on s'était mis à faire des voyages à vélo. Et donc voilà, le sujet vélo revenait bien dans ma tête. Et cette opportunité, avec mes associés de Zenride, m'a mis sur le sujet mobilité. J'en suis ravi parce que c'est vraiment un domaine passionnant.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. Alors justement, c'est intéressant sur la partie expérience, expérience personnelle également. Jean-Christophe, en quoi vous, votre expérience ministérielle et à la Croix-Rouge, influence-t-elle votre approche actuelle chez Keolis ?

  • JC Combe

    D'abord, peut-être c'est le fil rouge de mon engagement et de ma carrière, c'est l'humain. Et donc, j'ai évidemment aujourd'hui une vision très sociétale, très humaine de la question des mobilités dans un secteur qui peut paraître très technique, très infrastructure, matériel roulant, maintenance, technologie. En réalité, c'est une société, une entreprise de service, qui produit du service public au service des concitoyens du monde. Et donc ça, c'est le premier point. Et puis le deuxième, c'est mon engagement de toujours contre l'injustice, l'assignation aussi à résidence. Et je crois qu'offrir de la mobilité à toutes et à tous, c'est une façon aussi de lutter contre l'exclusion, parce que j'y ai été confronté lorsque j'étais DG de la Croix-Rouge ou en tant que ministre des Solidarités. Ne pas avoir à sa disposition de solutions de mobilité, c'est être exclu, c'est ne pas avoir de lien social, c'est de ne pas pouvoir accéder à l'emploi, à l'école, à la culture, aux loisirs, à la santé. Donc voilà ce que j'aime à dire depuis que je suis chez Keolis, et c'est une vraie conviction d'ailleurs du groupe, c'est que la mobilité en quelque sorte c'est le droit des droits parce que c'est celui qui permet d'accéder à tous les autres. Donc pour moi c'est ça aussi le... Voilà la raison pour laquelle aujourd'hui je suis engagé dans le secteur des mobilités, pour cultiver cette vision qui fait aussi, je pense, la différence et l'identité très spécifique du groupe Keolis par rapport à d'autres groupes de transport.

  • NATHAN

    Justement, c'est intéressant. Quelles seraient selon vous les priorités pour une mobilité urbaine durable et inclusive ?

  • JC Combe

    Pour moi, il y a plusieurs enjeux et c'est des enjeux qui sont au cœur de la stratégie aujourd'hui. du groupe Keolis. Le premier, c'est que cette mobilité soit accessible, attractive et accessible à tous. On disait que c'est pas une mobilité durable, on y reviendra, c'est juste une question environnementale, c'est d'abord une question sociale et donc l'enjeu pour rendre la mobilité durable c'est de permettre à tout un chacun de pouvoir l'utiliser et donc y accéder. Qu'on soit en situation de handicap, qu'on soit une personne âgée en perte d'autonomie, qu'on soit... Une maman avec une poussette, qu'on soit une femme, et on sait toutes les difficultés aujourd'hui que peuvent avoir les femmes à prendre les transports dans certains quartiers, dans certaines zones, à certaines heures. C'est contre ça qu'on se bat, quand on sait aussi aujourd'hui à quel point le poids du digital est extrêmement important dans la mobilité. Le rendre accessible nativement, c'est un impératif. Donc ça pour moi c'est le premier enjeu. Le deuxième... Je l'ai un peu mentionné, c'est celui de l'attention à notre impact environnemental et donc de la décarbonation. En mobilité décarbonée, elle se fait de deux façons. D'abord, en répondant à ce premier enjeu d'attractivité, parce que c'est de faire en sorte que les gens abandonnent leurs véhicules individuels, leurs voitures. À la campagne, c'est 82%. des émissions de gaz à effet de serre qui sont issues des véhicules thermiques individuels. Et donc, c'est vraiment de faire en sorte qu'on abandonne pour prendre les transports en commun. Et puis le deuxième, c'est la façon dont on fait la mobilité, pour nous, de façon frugale et complètement décarbonée, en s'engageant dans une transition écologique qui est d'abord, évidemment, énergétique, puisque chez nous... L'énergie qu'on utilise pour la traction des véhicules en matière de mobilité, c'est quasiment deux tiers de nos émissions de gaz à effet de serre. Et donc l'énergie qu'on va employer, elle est extrêmement importante. Et puis le troisième enjeu pour faire de la mobilité une mobilité durable, c'est celle de la cohérence territoriale. On n'est pas historiquement spécialiste, on était historiquement spécialiste de la mobilité urbaine. On ne pense plus, et en particulier depuis les dernières grandes lois d'aménagement du territoire, la loi NOTRe en particulier, et de décentralisation, on ne pense plus en fait cette mobilité urbaine seulement sur le cœur de ville, mais dans un environnement beaucoup plus large, qui prend en compte les relations entre ce cœur urbain et toute la périphérie. Et donc c'est important aujourd'hui de dire que la mobilité, pas seulement de transporter des gens d'un point A à un point B, Mais c'est aussi tout ce qui est au cœur de l'aménagement des territoires, de la façon dont on peut se déplacer sur un territoire très large, comment on irrigue les zones denses et les zones moins denses, comment on assure l'intermodalité sans couture pour nos passagers, comment on y intègre aussi des mobilités douces, actives. Donc ça c'est extrêmement important et la mobilité elle est vraiment au cœur encore une fois des modes de vie, au cœur du quotidien en fait des citoyens et du développement économique des territoires.

  • NATHAN

    Super intéressant, effectivement on parlait de mobilité décarbonée, de mobilité douce. Chez Zenride, vous connaissez le sujet, Olivier. Selon vous, les priorités pour une mobilité durable et inclusive, quelles seraient-elles ?

  • Olivier Issaly

    Je vais rebondir sur deux, en particulier des trois éléments, trois enjeux qui viennent d'être cités, qui me parlent beaucoup, notamment celui de l'accessibilité, effectivement. C'est vraiment ce qu'on essaie de faire au quotidien, de rendre le vélo accessible à tout le monde. Ça peut paraître une évidence, parce qu'on a beaucoup de vélos, on va dire... en circulation. La réalité, c'est que ce qui remet en selle aujourd'hui une majorité de Français, c'est quand même plutôt le vélo à assistance électrique. Ça platit les trajets, ça rassure sur les distances, c'est plus compatible avec aussi une activité professionnelle. Et ce moyen de transport, ce véhicule, ce vélo à assistance électrique, aujourd'hui, coûte environ le salaire médian français. Déjà, là, on a une vraie question d'accessibilité financière. Et c'est déjà à ce sujet qu'on s'attèle chez Zenride, en le rendant accessible financièrement à travers la location longue durée, à travers l'aide de l'employeur, pour faire en sorte qu'Infine, ce soit vraiment très accessible pour le salarié. Et l'enjeu territorial me parle beaucoup aussi. j'avoue qu'au début de... de cette aventure chez Zenride, dans la mobilité, on avait nous-mêmes cette image du vélo comme étant surtout très urbain. Et pour vraiment aller dans le cliché pour le cadre supérieur sur Rivoli, vraiment si on veut faire le cliché du vélo à Paris. Et en fait, on a appris au fil des années avec nos clients, notamment en accompagnant des clients comme Saint-Gobain, comme Veolia, partout en France. La vraie demande, le vrai besoin, il est surtout dans les territoires. C'est d'ailleurs de mémoire l'objectif numéro un de la loi d'orientation des mobilités, de réconcilier les territoires en termes de mobilité, dans la première phrase du texte de loi. Et ça, c'est important, on s'est vraiment construit sur cette idée de mobilité inclusive, dans le sens où il faut que ça puisse s'adresser à tout le monde. quel que soit le statut dans l'entreprise notamment. Et ça, tous les employeurs avec qui on travaille le font, c'est-à-dire qu'ils proposent ces services-là, que ce soit au cadre supérieur ou à l'ouvrier. Et ça, c'est très important dans tous les territoires. Aujourd'hui, pour donner un chiffre, c'est comme 80% des mises en service de vélo chez Zenride qui sont en dehors des 10 plus grandes villes de France. Donc on est plutôt dans les territoires, dans des petites villes de taille moyenne, de quelques dizaines de milliers d'habitants souvent. Et souvent là où, de manière très complémentaire, il n'y a pas toujours l'offre de transport en commun et il y a une dépendance à la voiture qui est forte. Et les salariés ont des enjeux de pouvoir d'achat qu'ils peuvent améliorer en utilisant le vélo. Donc cet enjeu à la fois d'accessibilité financière et de territoire, il me parle beaucoup et ça nous tient à cœur.

  • NATHAN

    Et justement, c'est intéressant parce que vous, chez Zenride, vous adressez directement les trajets domicile-travail, donc avec le vélo de fonction. Quels seraient, selon vous, les freins à lever pour optimiser et puis généraliser l'usage du vélo ?

  • Olivier Issaly

    Il y en a plein. On est encore loin d'un usage généralisé, ne serait-ce qu'au regard des autres pays européens, puisqu'aujourd'hui, on a environ 4% de part modène du vélo sur les trajets du quotidien, même spécifiquement sur le trajet domicile-travail. Dans ces ordres de grandeur-là, quand certains pays en Europe sont plutôt à 10, 12, voire 15%. Donc ce ne sont pas les pays les plus ensoleillés qui sont à ces niveaux-là, c'est parfois même les plus froids et plus vieux que nous. Donc on pourrait citer la météo en frein, mais je ne pense pas que ce soit le plus gros frein. Un des freins numéro un, évidemment, ce sont les infrastructures, qui vont rassurer les... Les Français à passer au vélo, une piste cyclable bien conçue, des itinéraires sécurisés. Et on manque pas, on a quand même un maillage de routes secondaires, de chemins vicinaux, un maillage territorial de petits chemins assez dense en France, qui pourrait être autant d'itinéraires cyclables adaptés pour sécuriser les trajets. Je pense que c'est quand même le premier frein à lever. mais dès qu'on fait des infrastructures, ça attire les cyclistes. On a un deuxième frein, malheureusement lié au vol, qui est assez courant alors qu'il y a un phénomène très urbain. Nous, on le voit entre les chiffres dans les grandes villes et les chiffres plutôt dans les territoires. Il n'y a pas photo en termes de vol. C'est surtout un sujet urbain, mais qui freine quand même la volonté de s'équiper d'un vélo. Et ça aussi, ça passera par des infrastructures de stationnement, notamment dans les gares, liées aux connexions avec les transports en commun. Et puis dans le résidentiel, c'est un peu moins évident à régler dans l'ancien. Mais voilà, c'est un sujet. Et évidemment, c'est le premier auquel nous, on s'attaque, c'est quand même le frein financier, qu'il ne faut pas négliger parce que quand on habite en région, qu'on a de toute façon besoin d'une voiture. quand bien même on a envie de décarboner une partie de ses trajets. en prenant un vélo, on ne va pas vendre tout de suite sa voiture pour acheter un vélo à 2000 euros. En fait, il y a quand même besoin de financer un équipement à 2000 euros dans une phase de transition. Parfois, le vélo peut remplacer une deuxième voiture, mais c'est quand même plutôt ça du périurbain, on va dire. Donc, il y a quand même un vrai sujet de financement pour décarboner une partie des trajets. Dans une phase de transition, on ne peut pas encore se passer tout de suite de la voiture.

  • NATHAN

    Très intéressant. Et justement, on évoquait d'autres pays européens. vous chez Keolis, vous êtes présent dans... nombreuses métropoles françaises et internationales. Quelles évolutions majeures en termes de mobilité vous avez constatées ces dernières années, notamment en France et en Europe ?

  • JC Combe

    Je pense que la question de l'usage du vélo comme toute ou partie d'un trajet quotidien ou de loisirs. C'est une vraie évolution. Par modal, quand même, ne cesse d'augmenter partout. C'est un vrai sujet pour nous. On travaille beaucoup, je vous l'ai dit, on est spécialiste de la multimodalité, donc on travaille vraiment sur l'articulation entre les différents modes. Et ce qui est difficile aujourd'hui, c'est de concilier tous les usages. Et je pense que ce que tu as dit, notamment sur les aménagements urbains et pas urbains, est extrêmement important. Et c'est comment, demain, faire mieux prendre en compte par les autorités organisatrices, par les collectivités, par les pouvoirs publics en France et ailleurs. Après, on pourrait parler des spécificités dans le monde. Il y a des zones dans le monde où les mobilités actives, douces, sont très peu développées. Voilà, en Amérique du Nord. par exemple, on a un peu de mobilité douce et on a un bilan carbone assez mauvais. Mais globalement, en Europe, on a quand même une tendance forte à la transformation de nos modes de déplacement. Et je pense que le vrai sujet demain sur l'aménagement du territoire, c'est celui-là, c'est vraiment comment on concilie tous les modes. On a des bizarreries dans nos modes de fonctionnement. Les autorités organisatrices ne sont pas forcément celles qui ont le pouvoir d'aménager les espaces urbains ou routiers, ce qui pose de vrais problèmes. Nous, quand on crée un service express routier, par exemple dans le cadre des services express régionaux métropolitains, métropolitain. les fameux RER métropolitains, pour pouvoir faire accéder à la mobilité rapide des personnes qui vivent en périphérie des villes. Nous, on demande souvent de pouvoir créer des espaces et des voies dédiées pour pouvoir être rapides et concurrentiels par rapport à la voiture, parce que la question de la vitesse, elle est extrêmement importante, la vitesse de déplacement. et on voit bien que les régions qui sont... aujourd'hui responsables du financement de ce type de mobilité ne sont pas celles qui vont avoir les manettes pour aménager les routes. Et donc, on a un vrai sujet, je pense, sur l'aménagement du territoire dans les mois et les années à venir.

  • NATHAN

    Justement, pour rebondir sur la question de la sécurité, dans l'épisode précédent, Benoît Hamon évoquait la question de la sécurité dans les villes, notamment à travers son rôle de père. Et selon vous, quelles seraient les solutions qui pourraient être mises en place, qui pourraient renforcer la sécurité dans les villes de demain ?

  • Olivier Issaly

    En se déplaçant ?

  • NATHAN

    La sécurité, notamment, vous avez évoqué sur le vélo, en se déplaçant.

  • Olivier Issaly

    Je vais remonter sur quelque chose qui a été dit tout à l'heure. La perception de la sécurité peut être très variée. J'entends aussi beaucoup de femmes qui aiment bien prendre le vélo, justement, parce qu'elles se sentent plus en sécurité des fois que dans les transports en commun. C'est ce que tu disais tout à l'heure. on entend des gens qui nous disent des fois qu'ils se sentent pas bien pas forcément en sécurité à vélo parce que les infrastructures ne sont pas bien. En fait, déjà, la perception de la sécurité est relativement très diverse. La sécurité, je pense que ça passe. Si je reprends vraiment depuis le début, ça passe déjà par une bonne maîtrise du vélo. Tout le monde ne sait pas forcément faire du vélo. On en a fait quand il était petit ou pendant les vacances. C'est autre chose d'en faire au quotidien dans un environnement urbain ou périurbain. Donc déjà, la formation, rééduquer, c'est hyper important. Il y a des associations qui font ça très bien. C'est tous les équipements qui vont faire aussi qu'on va se sentir en sécurité. Casque évidemment, tous les équipements l'hiver qui font qu'on se sent mieux et pas mal à l'aise à vélo. C'est de la formation aussi, ça on en dispense beaucoup à Zenride sur la sécurité routière. Et surtout les infrastructures, je pense que c'est ça qui en fin de compte fait... sentiment de sécurité. On a la chance là à Paris d'avoir eu des transformations quand même de la ville assez impressionnantes en quelques années et qu'on nous en vit. Je n'ai pas l'impression qu'on le dit assez souvent, mais quand je pars le vélo avec des confrères d'autres pays, ils regardent Paris concrètement. Et même des pays qui ont des parmodas plus développés que nous regardent la transformation à Paris comme un exemple. même si pour rouler au quotidien, je vois bien les zones, les points noirs qu'il peut y avoir encore. Les infrastructures, je dirais, jouent pour beaucoup dans la sécurité.

  • NATHAN

    Et justement, vous, votre vision, Jean-Christophe, sur la partie sécurité, notamment dans les villes ?

  • JC Combe

    Je vais revenir sur l'humain, évidemment. Même si ça dépend de quoi on parle, mais si on parle de ce qu'on constate aujourd'hui, nous, dans... dans nos services de transport, la recrudescence des incivilités, des agressions vis-à-vis notamment professionnelles, des cas d'agressions à caractère sexiste et sexuel, donc avec un vrai sujet sur la sécurité des femmes, dans les transports en commun, donc évidemment il y a une dimension technique, on multiplie la vidéo surveillance. On y introduit notamment un peu d'intelligence artificielle, notamment pour repérer des situations justement anormales. Et c'est très utile. On a des partenariats avec les forces de police, de justice, pour pouvoir travailler sur la prévention et la lutte contre la délinquance dans les transports en commun. Après, il y a beaucoup de choses qui tiennent à tout un chacun. Quand je parle d'humain, c'est d'abord de s'assurer qu'il y ait toujours de la présence humaine. Dans nos transports, on est spécialiste du métro automatique. Pour autant, on a toujours besoin d'humains pour faire de la médiation, pour justement apaiser des situations qui seraient tendues ou difficiles, pour favoriser l'accessibilité aussi des transports aux personnes fragiles. Donc la présence humaine, la formation de nos professionnels, elle est essentielle. Ça, c'est la première chose. Et puis la deuxième, moi, je crois beaucoup dans la régulation sociale et dans le rôle que chaque citoyen peut jouer aussi là-dedans. Je ne dis pas que chacun doit être policier. En revanche, je pense qu'on a tous un rôle à jouer dans le fonctionnement de la société. Et nos habitacles de bus, de cars, de tramways, de métros, c'est des moments de vie en commun qui doivent être régulés. Et donc, moi, je crois beaucoup dans la formation de nos citoyens. On mène des actions avec des associations. pour attirer l'attention, sensibiliser les jeunes, les moins jeunes, justement à la vie en commun, y compris dans ces espaces de vie commune, collective, que sont les transports en commun. Il n'y a pas plus tard que 15 jours, j'étais à Dijon, on avait un événement qu'on organisait avec la Fondation des Femmes, justement pour attirer l'attention du grand public sur la question de la sécurité. des femmes dans les transports en commun. Il y a des formations aujourd'hui qui existent, je pense notamment à la formation 5D, qui permet d'attirer l'attention, de sensibiliser au fait qu'on peut et on doit, lorsqu'on est citoyen, intervenir lorsqu'on est témoin de situations difficiles, mais il ne faut pas intervenir n'importe comment. Ça peut être impressionnant, il faut faire attention à soi, etc. On ne peut pas faire n'importe quoi, mais on peut être formé pour le faire. Donc ça, j'y crois beaucoup. Puis à cette occasion... Je vous invite à voir ce que c'est. Je n'en ai pas pris avec moi, mais on a distribué un petit objet qui s'appelle un sifflet repousse-relou qu'on a distribué aux femmes et aux hommes aussi, qui, en cas d'agression, peut être utile. Ça fait un petit cri strident pour attirer l'attention soit du personnel qui est à bord des bus, soit des autres passagers. pour pouvoir justement indiquer qu'on est dans une situation de difficulté, et à ce moment-là être aidé. Donc c'est des petits gestes comme ça. C'est utile, directement cet objet, mais ça sert aussi à sensibiliser et à former à ces questions.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. C'est Keolis qui vous avez développé ce...

  • JC Combe

    Exactement, on a inventé le sifflet repousse-relou.

  • NATHAN

    Ok, c'est super intéressant.

  • JC Combe

    C'est pratique, oui.

  • NATHAN

    Et alors justement, ça résume avec ma question. Quel modèle ou initiative vous inspire personnellement en matière de mobilité durable et inclusive, Olivier ?

  • Olivier Issaly

    Il y a un modèle... Désolé, je vais rester dans le velours parce que c'est le sujet qui me parle le plus. Il y a un modèle que j'aime beaucoup, une politique publique que j'aime beaucoup, c'est Véligo et tout ce qui a été initié dans cette optique-là par les collectivités locales et par les autorités organisatrices des mobilités. Je trouve que c'est une très bonne manière, ces formules d'abonnement courte durée, subventionnées, je trouve que c'est une très bonne manière de faire découvrir le vélo. C'est une étape dans le chemin qui fait que le vélo devient un réflexe au quotidien pour les Français. Ça le rend accessible, sans engagement, et ça c'est vraiment très utile. L'Ile-de-France a fait un super truc avec Véligo. Il y a beaucoup de collectivités territoriales qui en ont développé maintenant, j'imagine des fois par des acteurs comme Géolis ou d'autres, pour ces autorités organisatrices des mobilités. Ça, je trouve que ce sont des très bonnes politiques publiques qui font bien avancer les choses, je trouve. Si des fois, on me dit, mais est-ce que ce n'est pas concurrent ? Non, en vrai, ce n'est pas concurrent et ça fait découvrir le vélo et c'est très bien.

  • NATHAN

    Super intéressant. Vous, Jean-Christophe, hormis le sifflet repousse-relou, ça, c'est très sympa, c'est une très bonne initiative. Donc, selon vous, quel modèle vous inspire personnellement en matière de mobilité durable et inclusive ?

  • JC Combe

    J'aime bien tout ce qui tourne autour de l'innovation. Je pourrais vous parler de plein de choses, mais j'aime bien l'innovation qui n'est pas forcément... qui est aussi une innovation simple, frugale. Tout ce qui tourne autour de la formation voyageur, autour de ce qu'on appelle les nudge. Voilà, pour... pouvoir notamment favoriser l'accessibilité pour les personnes en situation de handicap ou les personnes âgées en perte d'autonomie. Indiquer de façon très visible sur les quais, sur les véhicules, où sont les places réservées aux personnes à mobilité réduite, attirer l'attention du public aussi sur ces questions-là pour respecter. Et j'aime bien dire que c'est de l'innovation parce que... Par l'innovation, on pense toujours à l'intelligence artificielle, aujourd'hui, véhicules autonomes, même si je crois beaucoup d'ailleurs demain dans le développement des véhicules autonomes pour créer une mobilité décarbonée dans des territoires et dans les zones moins denses. Et pour moi, c'est des initiatives qui sont importantes. C'est aujourd'hui, vous savez, on... On travaille quand même de plus en plus avec des collectivités qui sont sous pression financière, qui nous demandent aussi d'imaginer des réseaux de transport un peu plus frugaux, de faire mieux, de rendre toujours plus attractif avec moins d'argent. Et donc ça nous demande de nous réinventer, de mieux penser l'articulation des différents modes de transport. C'est pour ça qu'on aime bien aussi les délégations de services publics qui nous permettent justement d'avoir et de maîtriser. l'ensemble de la chaîne de transport. Celle qui est la plus aboutie d'ailleurs, c'est celle qu'on a à Dijon, où ça va du stationnement, y compris le stationnement de surface, jusqu'à l'ensemble des modes de transport, y compris le vélo, le tram, le bus, le car, la navette de centre-ville. Bref, toute la mobilité sur le territoire dijonais, et ça, c'est un vrai levier. justement pour faire de la mobilité, une mobilité...

  • NATHAN

    une mobilité durable. Et puis le dernier exemple que je pourrais citer aussi, c'est le transport à la demande. On est le leader français aujourd'hui du transport à la demande chez Kiolis. 80 réseaux en France, c'est une solution aujourd'hui, alors que certes, si vous la ramenez kilomètres par passager, c'est un peu plus coûteuse qu'une ligne, mais néanmoins, correspond à un besoin, dans les zones moins denses notamment. plus frugal, ça nous permet de mettre des plus petits véhicules, souvent des véhicules électriques, et de répondre vraiment aux besoins de mobilité des personnes qui habitent dans ces zones. Et ça, c'est de la mobilité durable. On l'a fait notamment à Orléans, de façon extrêmement puissante.

  • Olivier Issaly

    J'abonde là-dessus, je trouve, j'aurais pu citer effectivement le transport à la demande aussi. Je suis aussi conseiller municipal dans une petite commune dans les Yvelines qui est desservie par un TAD, un transport à la demande. C'est génial et je trouve une très belle innovation.

  • NATHAN

    Très belle initiative. Alors justement, on va aborder le sujet de l'innovation d'IA un petit peu. Jean-Christophe, quelle est la propension que vous avez, notamment dans votre expérience personnelle, mais aussi professionnelle, à l'utilisation d'outils d'intelligence artificielle ? Vous avez évoqué le besoin de présence humaine, mais selon vous, comment on peut utiliser l'IA ? à une fin qui soit une fin vertueuse.

  • JC Combe

    Je pense que c'est un vrai vecteur d'inclusion et ça nous offre aussi des possibilités importantes de développement ou de renforcement de l'efficience de nos services quand vous faites, grâce à l'intelligence artificielle, de la maintenance prédictive. sur vos infrastructures ou votre matériel roulant, ça permet vraiment d'intervenir au juste moment vis-à-vis des questions de sécurité, mais aussi vis-à-vis de la durabilité de ce qu'on est en capacité de faire dans les services. C'est un vrai levier d'inclusion quand vous allez permettre, grâce à de la vidéo intelligente, de guider des personnes malvoyantes, par exemple, pour pouvoir accéder à des services de transport en commun. C'est un vrai service que vous apportez à des personnes. De façon générale, en marketing, puisque je suis avec Asket Marketing, chez Keolis, ça permet de vraiment mieux connaître les besoins spécifiques de chaque passager. Et ça, c'est extrêmement important si on veut pouvoir y répondre de façon au plus près et de façon très précise. Et puis dans votre question, dans votre introduction, vous parliez de vie personnelle et vie professionnelle. Je pense que ce qui nous a tous bousculé là depuis maintenant plusieurs années, c'est l'intrusion ou l'arrivée de l'intelligence artificielle générative dans nos vies. Et effectivement, ce qu'on utilise dans le quotidien à la maison, on le retrouve forcément au travail. Et dans des grands groupes et des grandes entreprises comme Keolis, on doit accompagner là aussi. L'usage de ces nouvelles technologies auprès de nos collaborateurs, qui sont des vrais leviers d'efficience, qui transforment de fait le travail dans la communication, mais pas seulement. On l'utilise beaucoup aujourd'hui, notamment pour organiser notre travail dans les réponses à appels d'offres. Je vous donne quelques exemples. Pour gérer aussi tout ce qui est knowledge management, tout ce qui est accès à l'information. dans l'entreprise, mais il y a aussi des risques qui sont associés en termes de sécurité, des informations que vous allez parfois, sans le vouloir, répandre dans la nature et qui sont pourtant des informations stratégiques pour l'entreprise, des questions éthiques liées à la protection des données personnelles notamment, et puis des questions écologiques. bon c'est pas L'ancée dans l'intelligence artificielle, tête baissée. On y va de façon raisonnée, mesurée, là où on est sûr qu'il y a un retour sur investissement. Pas seulement parce qu'on veille à la rentabilité de l'entreprise, mais aussi parce qu'on sait que chaque requête d'intelligence artificielle, ça a un coût écologique. Et que donc, il faut aussi que là, on soit très attentif à l'utilité de l'utilisation de l'intelligence artificielle.

  • NATHAN

    Super intéressant. Olivier, quelle est votre vision justement sur l'IA ?

  • Olivier Issaly

    En fait, c'est déjà là et en soi, même en tant que dirigeant d'entreprise, c'est une modeste PME, mais on a beaucoup de salariés qui l'utilisent. C'est intéressant parce qu'on a eu par moments ce débat sur le coût écologique quand même de l'IA, mais la réalité, c'est que ça s'impose au quotidien comme un outil de productivité et d'efficience, comme tu dis, dans tous les métiers. Et que ça, ça doit être accompagné. C'est ce qu'on fait. Et après, on la housse. Je rejoins sur le côté accompagnement et service. Nous, ce qui nous intéresse in fine, c'est, comme je disais tout à l'heure, c'est de faire du vélo un réflexe au quotidien, par exemple. Ça, ça veut dire vraiment avoir un vélo que la personne adopte parce que ça correspond à ses usages, à ses itinéraires, à sa morphologie. Trouver le bon vélo, en fait, ce n'est pas forcément évident en soi. Il n'y a pas deux vélos qui se ressemblent. Aujourd'hui, on touche plus de 100 000 salariés en France qui ont accès à l'offre Zenride. Plus de 1200 magasins partenaires qui représentent plusieurs centaines de marques et plusieurs milliers de modèles. Trouver le bon match entre ces centaines de milliers de salariés et tous les modèles de vélos au bon endroit, au bon moment, c'est ce genre de use case qui nous intéresse avec l'IA parce que l'enjeu, c'est de trouver le bon vélo et d'en faire un réflexe au quotidien.

  • NATHAN

    C'est vrai, justement, mon papa a pas mal galéré à trouver le bon vélo. Je vais lui conseiller d'utiliser l'IA, ça pourrait être super intéressant. Alors justement, vous avez évoqué votre travail avec les collectivités locales. Quels sont potentiellement les blocages que vous avez rencontrés pour intégrer justement votre logique avec les collectivités locales ?

  • Olivier Issaly

    Alors, on a eu plus de travail au final à l'échelle nationale que... que local, en tout cas dans notre activité à Zenride. Et c'est quelque chose que j'ai découvert vraiment avec Zenride parce que je n'avais pas forcément l'habitude de travailler avec les pouvoirs publics dans le cadre des marches entrepreneuriales. Et en fait, ce qu'on a fait notamment, c'est qu'on s'est structuré au sein d'une fédération avec tous les autres acteurs avec qui on travaille. sur les mêmes sujets, qui font de la location concrètement de vélos aux entreprises. On a inventé une fédération qui s'appelle la Fédération des acteurs du vélo en entreprise, que j'ai la chance de présider. Et voilà, j'ai appris comme ça aussi à travailler avec les pouvoirs publics pour faire progresser justement l'adoption du vélo en entreprise, faire levier quelque part sur les employeurs pour démultiplier l'effort de promotion du vélo qui est fait par l'État. Et donc ça je trouvais que c'est une bonne manière de travailler quelque part main dans la main pour pouvoir développer un objectif commun, l'état à ses objectifs de développement de la part modale du vélo. On a tous envie que ça progresse et donc on a travaillé intelligemment comme ça.

  • NATHAN

    Et c'est vrai justement Jean-Christophe, vous chez Keolis vous pilotez l'innovation et l'engagement. Comment vous arrivez à faire émerger des partenariats avec des startups ou des PME comme Zenride typiquement ?

  • JC Combe

    Nous, en fait, on se positionne vraiment comme un apporteur de solutions pour les autorités organisatrices, pour les collectivités. Je pense que nous, le rôle qu'on joue aujourd'hui souvent, c'est celui du tiers de confiance entre la startup et la collectivité. Nous, on a l'expérience historique de la gestion de grands réseaux de transport urbain et sur les territoires et on est capable de qualifier des innovations et de les intégrer dans nos systèmes de transport. Ça ne veut pas dire qu'on les gère nous-mêmes. Au contraire, on n'a pas vocation à tout faire. On gère 13 modes aujourd'hui de transport chez Keolis. C'est déjà énorme. On a une filiale de vélos qui s'appelle Cycleo, mais on ne fait pas la même chose. On est très complémentaires. L'idée c'est vraiment d'être agrégateur de solutions et d'être en capacité de les apporter aux collectivités. C'est ce qu'elles nous demandent. Je vous donne un exemple. Aujourd'hui, on est en train de travailler avec une société que vous connaissez peut-être, qui s'appelle Urban Loop, qui est un nouveau mode de transport, ce qu'on appelle un people mover. C'est des capsules sur rail qui peuvent transporter deux à trois personnes. Et donc ça marche un peu comme un ascenseur, vous appuyez sur un bouton, vous dites je vais aller à cette station-là, et puis par dérivation vous êtes amené directement à la station. Donc on a aujourd'hui un démonstrateur à 50 ans Nivelline, qui a un vrai territoire d'innovation et qu'on espère développer demain ailleurs. Vous avez une société qui amène une solution innovante, un rail léger avec des capsules légères qui sont respectueuses de l'environnement, donc c'est une solution nouvelle. Et puis, elle a eu besoin de trouver un opérateur pour l'accompagner, justement, dans la relation avec les collectivités. Donc, quelque part, un industriel, un gestionnaire de transport et une collectivité pour apporter une solution.

  • NATHAN

    Et justement, c'est intéressant. Quelles évolutions vous espériez voir dans les peut-être 10, 20 prochaines années en matière de mobilité urbaine ?

  • JC Combe

    J'aimerais bien qu'on ait réussi à relever les défis dont on a parlé au tout début de ce podcast qu'on ait une mobilité urbaine qui demain soit nativement accessible c'est vraiment le plus grand défi qui est devant nous quand on parle de transition écologique c'est de faire en sorte d'embarquer tout le monde qu'elle laisse personne sur le bord de la route à remonter tout le monde en selle n'est-ce pas ? Voilà, et ça, c'est mon rêve. C'est que demain, on ait une mobilité qui soit inclusive, mais vraiment nativement, et puis qui soit plus respectueuse de l'environnement. Et je pense qu'il faut qu'on aille vite. Finalement, même 10 ans, c'est demain. Mais je crois que vu la situation, et notamment l'accélération des changements climatiques, on a vraiment besoin d'aller beaucoup plus vite, d'investir plus fortement, de trouver des solutions. Encore une fois, des solutions qui concernent. tout le monde. Certes, la masse aujourd'hui, elle est dans les zones urbaines. On a besoin d'offrir ces possibilités-là vraiment à tout le monde. C'est ça, moi, mon rêve.

  • NATHAN

    Et vous, Olivier ?

  • Olivier Issaly

    Le rêve, il est surtout de pragmatisme et de bon sens. Il y a plein de mobilités qui me semblent évidentes. J'aimerais avoir tout simplement en 2030 ou 2035, si on parle de 10 ans. Oui. plus de transports en commun, plus de trains pour se déplacer dans les régions et évidemment aussi plus d'infrastructures pour les vélos des solutions qui sont en soi de bon sens, de pragmatisme qui couvrent un large scope quand même des mobilités dont on a besoin au quotidien et voilà je suis plus demandeur de ça que nécessairement d'innovation

  • JC Combe

    J'espère vraiment qu'on arrivera à faire bouger les imaginaires parce que tu as parlé des freins tout à l'heure notamment d'accès au vélo, mais d'accès aussi à la mobilité partagée. Comme on a un système qui est construit depuis très longtemps sur le modèle de la voiture individuelle, comme le nec plus ultra, de la liberté, de la réussite sociale, etc. Moi, c'est vraiment réussir à bouger les imaginaires et se dire que demain, on arrivera à créer un monde qui sera de transports en commun, de mobilité active, de vélo qui sera vraiment désirable. Ça sera ça, demain, notre... Je rêve un peu, mais je pense qu'il faut qu'on en passe par là. Et il y a des modèles aujourd'hui qui existent, qui sont pragmatiques, qui sont transposables dans la réalité et qui sont alternatifs à ceux qu'on connaît aujourd'hui.

  • NATHAN

    Et ça, justement, c'est intéressant. On arrive bientôt au bout de notre échange. Quel conseil, Olivier, vous donneriez aux jeunes entrepreneurs qui voudraient... justement, s'engager dans la transformation de la mobilité urbaine ? Pas facile.

  • Olivier Issaly

    Pas facile. D'autant que le secteur des start-up mobilité n'est pas facile depuis quelques années. Peut-être un conseil serait de bien réfléchir dès lors qu'il y a un actif, je l'appellerais un actif derrière, c'est-à-dire un équipement à financer. C'est quand même là où il y a beaucoup de difficultés, je pense. il y a eu beaucoup de modèles qui ont été envisagés pensés, testés en fait on revient souvent au sujet du financement de l'actif de l'équipement de mobilité donc avant de foncer tête baissée sur une startup de mobilité je creuserais bien ça avant.

  • NATHAN

    Très intéressant, Jean-Christophe quel conseil vous donneriez peut-être à un décideur ?

  • JC Combe

    Je vais être le rêveur de la bande Merci. Mais non, moi je dis qu'il faut foncer au cœur. Il faut oser, il ne faut pas avoir peur d'échouer, de recommencer. Je pense qu'il faut vraiment oser. C'est vrai que c'est un parcours qui est très difficile, qui est très exigeant, mais je pense qu'il faut avoir ça ancré au fond. Comme tu l'as, tu vois, il faut foncer. Et puis, la deuxième chose, je reviens encore à l'humain. Encore une fois, on parle beaucoup technologie, infra et matériel roulant, mais on est des entreprises de service. On est là pour répondre à des besoins qui sont profondément humains. Petit conseil méthodologique, avant de foncer tête baissée cette fois-ci sur la techno, vraiment connaître son client, connaître les gens. Et c'est ce qu'on fait nous chez Colis au quotidien. On observe de façon très fine l'évolution des modes de vie, des besoins sociaux sur les territoires pour apporter les meilleures réponses. Parce qu'encore une fois, notre sujet c'est... Certes, c'est de faire rouler le mieux possible les matériels qu'on nous confie, mais c'est d'abord de répondre à des besoins sociaux sur les territoires. Et donc cette connaissance fine et profondément humaine, il faut vraiment l'avoir en tête.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. Alors justement, pour conclure notre échange, dans le dernier épisode, Paul Lé a eu cette citation. « T'inquiète pas, demain c'est trop bien » . Alors si vous, Jean-Christophe, vous aviez une citation qui vous inspire peut-être au quotidien, ou une phrase que vous souhaiteriez partager au grand public, quelle serait-elle ? C'est difficile.

  • JC Combe

    Ouais, c'est difficile comme ça, brûle pour point, mais... Un peu dans la même thématique, je ne sais plus qui dit ça, mais il faut toujours viser la lune. Moi, je suis profondément optimiste et j'essaie toujours de communiquer cet optimisme. Il faut toujours voir le plus loin possible et avoir les plus grands rêves pour être sûr de réaliser quelque chose qui se trouve entre aujourd'hui et le rêve qu'on a.

  • NATHAN

    Super intéressant. Olivier ? Peut-être une petite citation ? Pas facile encore une fois ?

  • Olivier Issaly

    Plus une réflexion. Pourquoi j'ai cet attrait aussi pour le vélo ? On sait qu'aujourd'hui, on a un gros enjeu environnemental devant nous. Et parmi tout ce qu'on a à faire pour arriver notamment aux accords de Paris, idéalement arriver à 2 tonnes de CO2 par personne par an, ce qui est un objectif assez ambitieux. Faire du vélo, c'est parmi les trucs les plus cools, les plus sympas qu'on a à faire, qu'on peut faire. Je le vois vraiment comme une transition positive. On peut en tirer du positif dans ce changement. Et voilà, c'est plutôt le côté sympa.

  • NATHAN

    Donc on restera sur le thème du positivisme. On reste positif, c'est très bien.

  • Olivier Issaly

    Je crois que tu as plus dans le bus aussi. C'est pas mal.

  • NATHAN

    C'est pas mal aussi. Messieurs, merci d'avoir répondu à mon invitation et je vous dis à très bientôt pour le prochain épisode de Prospective Urbaine.

  • Olivier Issaly

    Merci. Merci beaucoup.

  • NATHAN

    Merci à vous. Merci de nous avoir suivis et à très bientôt pour le prochain épisode de Prospective Urbaine.

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Description

Prospective Urbaine – Le podcast où entrepreneurs et politiques pensent la ville de demain.


Et si nos villes devenaient plus fluides, intelligentes et humaines ?

Chaque épisode de Prospective Urbaine, conçu par OUIPARK, met face à face un décideur politique et un entrepreneur visionnaire.


Ensemble, ils partagent leurs perspectives, explorent les défis urbains et envisagent (repensent) des solutions concrètes pour transformer nos espaces.


Pour ce deuxième épisode, nous accueillons Olivier Issaly, CEO de Zenride, et Jean-Christophe Combe, ancien ministre et aujourd’hui Directeur Marketing, Innovation & RSE du groupe Keolis.


Deux expériences complémentaires, un même enjeu : modeler des villes plus inclusives, durable et innovante.


Rejoignez la conversation et explorez avec nous comment les innovations d’aujourd’hui dessinent la Ville de Demain.


Abonnez-vous dès maintenant et prenez part à cette transformation !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • NATHAN

    Bonjour à toutes, bonjour à tous, bienvenue dans le deuxième épisode de Prospective Urbaine. Imaginez un instant, nous sommes au 15e siècle. Léonard de Vinci esquisse ses premières machines volantes, des visions futuristes qui défient l'imagination de son époque. Aujourd'hui, ses rêves prennent forme avec les voitures volantes, symbole d'une mobilité réinventée. Alors une question se pose. Quelles seront les mobilités de demain ? Pour y répondre, nous accueillons aujourd'hui deux invités d'exception, Jean-Christophe Combe et Olivier Issaly.

  • Olivier Issaly

    Bonjour.

  • NATHAN

    Messieurs, merci d'avoir répondu à mon invitation. Et nous allons sans plus tarder commencer par une présentation de chacun d'entre vous. Alors Olivier, Olivier Issaly, vous êtes le CEO et cofondateur de Zenride, une entreprise spécialisée dans les solutions de mobilité durable pour les entreprises. Vous proposez des services de vélo pour les entreprises, contribuant ainsi à la transition vers des modes de transport plus écologiques. Vous êtes également partenaire chez SAS Partner. Vous combinez ainsi une expertise en technologie. et en entrepreneuriat pour repenser la mobilité urbaine.

  • Olivier Issaly

    Merci.

  • NATHAN

    Vous voulez ajouter quelque chose ?

  • Olivier Issaly

    C'est ça, exactement. Parcours mobilité, entrepreneuriat et essayer d'aider d'autres startups également au passage.

  • NATHAN

    Super. Et Jean-Christophe Combe, vous êtes actuellement le directeur marketing, innovation, développement durable et engagement chez Keolis. Vous avez également occupé le poste de ministre des Solidarités de l'Autonomie des personnes handicapées de juillet 2022 à juillet 2023. Avant cela, vous avez été directeur général de la Croix-Rouge française, où vous avez supervisé des initiatives majeures en termes d'engagement social et de gestion opérationnelle. Depuis février 2024, vous êtes donc directeur marketing, innovation, développement durable et engagement chez Keolis, un acteur majeur du transport public. Votre parcours entre politique humanitaire et innovation vous positionne comme un interlocuteur clé pour discuter des enjeux de la mobilité urbaine et de la gouvernance collaborative.

  • JC Combe

    Merci. C'est bien ça.

  • NATHAN

    C'est bien ça.

  • JC Combe

    Exactement.

  • NATHAN

    Vous voulez ajouter quelque chose ?

  • JC Combe

    Écoutez, non, j'ai eu la chance à la fois de pouvoir exercer des responsabilités publiques, au Parlement, en collectivité, au début de ma carrière, comme directeur général de la Croix-Rouge française, qui est la plus grande association française, comme ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes Handicapées, puis aujourd'hui chez Keolis, qui est l'un des plus grands acteurs mondiaux de la mobilité partagée. Donc, ravi d'être avec vous aujourd'hui.

  • NATHAN

    Très bien, merci. Alors, on va commencer par la première question. Pour vous, Olivier, comment votre parcours entrepreneurial vous a-t-il conduit à vous engager dans la mobilité durable ?

  • Olivier Issaly

    C'est une... Pour moi, ça va être une longue histoire, parce que ça va bientôt faire 20 ans que j'entreprends. J'ai fait un parcours d'ingénieur, que j'ai arrêté un petit peu avant le diplôme pour une première entreprise dans le jeu vidéo, donc rien à voir avec la mobilité, une dizaine d'années dans le jeu vidéo, puis cinq années dans le voyage, j'ai commencé à se rapprocher un tout petit peu de la mobilité, avant de... par sens, on va dire, avant de tomber dans l'univers de la mobilité en 2019, où j'ai rencontré mes associés de Zenride, qui ont présenté, ils avaient déjà commencé à travailler depuis plusieurs mois dessus, une solution de ce qu'on appelle aujourd'hui de vélo de fonction, donc de vélo mis à disposition par l'employeur. Et voilà, ça faisait beaucoup de sens pour moi, à la fois parce qu'à travers le... Cinq années dans le voyage, j'avais commencé à m'intéresser au voyage à vélo. Le vélo, j'ai grandi à la campagne, donc c'est un moyen de déplacement qui me semblait déjà assez évident. Et à l'occasion des déconfinements, on s'était mis à faire des voyages à vélo. Et donc voilà, le sujet vélo revenait bien dans ma tête. Et cette opportunité, avec mes associés de Zenride, m'a mis sur le sujet mobilité. J'en suis ravi parce que c'est vraiment un domaine passionnant.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. Alors justement, c'est intéressant sur la partie expérience, expérience personnelle également. Jean-Christophe, en quoi vous, votre expérience ministérielle et à la Croix-Rouge, influence-t-elle votre approche actuelle chez Keolis ?

  • JC Combe

    D'abord, peut-être c'est le fil rouge de mon engagement et de ma carrière, c'est l'humain. Et donc, j'ai évidemment aujourd'hui une vision très sociétale, très humaine de la question des mobilités dans un secteur qui peut paraître très technique, très infrastructure, matériel roulant, maintenance, technologie. En réalité, c'est une société, une entreprise de service, qui produit du service public au service des concitoyens du monde. Et donc ça, c'est le premier point. Et puis le deuxième, c'est mon engagement de toujours contre l'injustice, l'assignation aussi à résidence. Et je crois qu'offrir de la mobilité à toutes et à tous, c'est une façon aussi de lutter contre l'exclusion, parce que j'y ai été confronté lorsque j'étais DG de la Croix-Rouge ou en tant que ministre des Solidarités. Ne pas avoir à sa disposition de solutions de mobilité, c'est être exclu, c'est ne pas avoir de lien social, c'est de ne pas pouvoir accéder à l'emploi, à l'école, à la culture, aux loisirs, à la santé. Donc voilà ce que j'aime à dire depuis que je suis chez Keolis, et c'est une vraie conviction d'ailleurs du groupe, c'est que la mobilité en quelque sorte c'est le droit des droits parce que c'est celui qui permet d'accéder à tous les autres. Donc pour moi c'est ça aussi le... Voilà la raison pour laquelle aujourd'hui je suis engagé dans le secteur des mobilités, pour cultiver cette vision qui fait aussi, je pense, la différence et l'identité très spécifique du groupe Keolis par rapport à d'autres groupes de transport.

  • NATHAN

    Justement, c'est intéressant. Quelles seraient selon vous les priorités pour une mobilité urbaine durable et inclusive ?

  • JC Combe

    Pour moi, il y a plusieurs enjeux et c'est des enjeux qui sont au cœur de la stratégie aujourd'hui. du groupe Keolis. Le premier, c'est que cette mobilité soit accessible, attractive et accessible à tous. On disait que c'est pas une mobilité durable, on y reviendra, c'est juste une question environnementale, c'est d'abord une question sociale et donc l'enjeu pour rendre la mobilité durable c'est de permettre à tout un chacun de pouvoir l'utiliser et donc y accéder. Qu'on soit en situation de handicap, qu'on soit une personne âgée en perte d'autonomie, qu'on soit... Une maman avec une poussette, qu'on soit une femme, et on sait toutes les difficultés aujourd'hui que peuvent avoir les femmes à prendre les transports dans certains quartiers, dans certaines zones, à certaines heures. C'est contre ça qu'on se bat, quand on sait aussi aujourd'hui à quel point le poids du digital est extrêmement important dans la mobilité. Le rendre accessible nativement, c'est un impératif. Donc ça pour moi c'est le premier enjeu. Le deuxième... Je l'ai un peu mentionné, c'est celui de l'attention à notre impact environnemental et donc de la décarbonation. En mobilité décarbonée, elle se fait de deux façons. D'abord, en répondant à ce premier enjeu d'attractivité, parce que c'est de faire en sorte que les gens abandonnent leurs véhicules individuels, leurs voitures. À la campagne, c'est 82%. des émissions de gaz à effet de serre qui sont issues des véhicules thermiques individuels. Et donc, c'est vraiment de faire en sorte qu'on abandonne pour prendre les transports en commun. Et puis le deuxième, c'est la façon dont on fait la mobilité, pour nous, de façon frugale et complètement décarbonée, en s'engageant dans une transition écologique qui est d'abord, évidemment, énergétique, puisque chez nous... L'énergie qu'on utilise pour la traction des véhicules en matière de mobilité, c'est quasiment deux tiers de nos émissions de gaz à effet de serre. Et donc l'énergie qu'on va employer, elle est extrêmement importante. Et puis le troisième enjeu pour faire de la mobilité une mobilité durable, c'est celle de la cohérence territoriale. On n'est pas historiquement spécialiste, on était historiquement spécialiste de la mobilité urbaine. On ne pense plus, et en particulier depuis les dernières grandes lois d'aménagement du territoire, la loi NOTRe en particulier, et de décentralisation, on ne pense plus en fait cette mobilité urbaine seulement sur le cœur de ville, mais dans un environnement beaucoup plus large, qui prend en compte les relations entre ce cœur urbain et toute la périphérie. Et donc c'est important aujourd'hui de dire que la mobilité, pas seulement de transporter des gens d'un point A à un point B, Mais c'est aussi tout ce qui est au cœur de l'aménagement des territoires, de la façon dont on peut se déplacer sur un territoire très large, comment on irrigue les zones denses et les zones moins denses, comment on assure l'intermodalité sans couture pour nos passagers, comment on y intègre aussi des mobilités douces, actives. Donc ça c'est extrêmement important et la mobilité elle est vraiment au cœur encore une fois des modes de vie, au cœur du quotidien en fait des citoyens et du développement économique des territoires.

  • NATHAN

    Super intéressant, effectivement on parlait de mobilité décarbonée, de mobilité douce. Chez Zenride, vous connaissez le sujet, Olivier. Selon vous, les priorités pour une mobilité durable et inclusive, quelles seraient-elles ?

  • Olivier Issaly

    Je vais rebondir sur deux, en particulier des trois éléments, trois enjeux qui viennent d'être cités, qui me parlent beaucoup, notamment celui de l'accessibilité, effectivement. C'est vraiment ce qu'on essaie de faire au quotidien, de rendre le vélo accessible à tout le monde. Ça peut paraître une évidence, parce qu'on a beaucoup de vélos, on va dire... en circulation. La réalité, c'est que ce qui remet en selle aujourd'hui une majorité de Français, c'est quand même plutôt le vélo à assistance électrique. Ça platit les trajets, ça rassure sur les distances, c'est plus compatible avec aussi une activité professionnelle. Et ce moyen de transport, ce véhicule, ce vélo à assistance électrique, aujourd'hui, coûte environ le salaire médian français. Déjà, là, on a une vraie question d'accessibilité financière. Et c'est déjà à ce sujet qu'on s'attèle chez Zenride, en le rendant accessible financièrement à travers la location longue durée, à travers l'aide de l'employeur, pour faire en sorte qu'Infine, ce soit vraiment très accessible pour le salarié. Et l'enjeu territorial me parle beaucoup aussi. j'avoue qu'au début de... de cette aventure chez Zenride, dans la mobilité, on avait nous-mêmes cette image du vélo comme étant surtout très urbain. Et pour vraiment aller dans le cliché pour le cadre supérieur sur Rivoli, vraiment si on veut faire le cliché du vélo à Paris. Et en fait, on a appris au fil des années avec nos clients, notamment en accompagnant des clients comme Saint-Gobain, comme Veolia, partout en France. La vraie demande, le vrai besoin, il est surtout dans les territoires. C'est d'ailleurs de mémoire l'objectif numéro un de la loi d'orientation des mobilités, de réconcilier les territoires en termes de mobilité, dans la première phrase du texte de loi. Et ça, c'est important, on s'est vraiment construit sur cette idée de mobilité inclusive, dans le sens où il faut que ça puisse s'adresser à tout le monde. quel que soit le statut dans l'entreprise notamment. Et ça, tous les employeurs avec qui on travaille le font, c'est-à-dire qu'ils proposent ces services-là, que ce soit au cadre supérieur ou à l'ouvrier. Et ça, c'est très important dans tous les territoires. Aujourd'hui, pour donner un chiffre, c'est comme 80% des mises en service de vélo chez Zenride qui sont en dehors des 10 plus grandes villes de France. Donc on est plutôt dans les territoires, dans des petites villes de taille moyenne, de quelques dizaines de milliers d'habitants souvent. Et souvent là où, de manière très complémentaire, il n'y a pas toujours l'offre de transport en commun et il y a une dépendance à la voiture qui est forte. Et les salariés ont des enjeux de pouvoir d'achat qu'ils peuvent améliorer en utilisant le vélo. Donc cet enjeu à la fois d'accessibilité financière et de territoire, il me parle beaucoup et ça nous tient à cœur.

  • NATHAN

    Et justement, c'est intéressant parce que vous, chez Zenride, vous adressez directement les trajets domicile-travail, donc avec le vélo de fonction. Quels seraient, selon vous, les freins à lever pour optimiser et puis généraliser l'usage du vélo ?

  • Olivier Issaly

    Il y en a plein. On est encore loin d'un usage généralisé, ne serait-ce qu'au regard des autres pays européens, puisqu'aujourd'hui, on a environ 4% de part modène du vélo sur les trajets du quotidien, même spécifiquement sur le trajet domicile-travail. Dans ces ordres de grandeur-là, quand certains pays en Europe sont plutôt à 10, 12, voire 15%. Donc ce ne sont pas les pays les plus ensoleillés qui sont à ces niveaux-là, c'est parfois même les plus froids et plus vieux que nous. Donc on pourrait citer la météo en frein, mais je ne pense pas que ce soit le plus gros frein. Un des freins numéro un, évidemment, ce sont les infrastructures, qui vont rassurer les... Les Français à passer au vélo, une piste cyclable bien conçue, des itinéraires sécurisés. Et on manque pas, on a quand même un maillage de routes secondaires, de chemins vicinaux, un maillage territorial de petits chemins assez dense en France, qui pourrait être autant d'itinéraires cyclables adaptés pour sécuriser les trajets. Je pense que c'est quand même le premier frein à lever. mais dès qu'on fait des infrastructures, ça attire les cyclistes. On a un deuxième frein, malheureusement lié au vol, qui est assez courant alors qu'il y a un phénomène très urbain. Nous, on le voit entre les chiffres dans les grandes villes et les chiffres plutôt dans les territoires. Il n'y a pas photo en termes de vol. C'est surtout un sujet urbain, mais qui freine quand même la volonté de s'équiper d'un vélo. Et ça aussi, ça passera par des infrastructures de stationnement, notamment dans les gares, liées aux connexions avec les transports en commun. Et puis dans le résidentiel, c'est un peu moins évident à régler dans l'ancien. Mais voilà, c'est un sujet. Et évidemment, c'est le premier auquel nous, on s'attaque, c'est quand même le frein financier, qu'il ne faut pas négliger parce que quand on habite en région, qu'on a de toute façon besoin d'une voiture. quand bien même on a envie de décarboner une partie de ses trajets. en prenant un vélo, on ne va pas vendre tout de suite sa voiture pour acheter un vélo à 2000 euros. En fait, il y a quand même besoin de financer un équipement à 2000 euros dans une phase de transition. Parfois, le vélo peut remplacer une deuxième voiture, mais c'est quand même plutôt ça du périurbain, on va dire. Donc, il y a quand même un vrai sujet de financement pour décarboner une partie des trajets. Dans une phase de transition, on ne peut pas encore se passer tout de suite de la voiture.

  • NATHAN

    Très intéressant. Et justement, on évoquait d'autres pays européens. vous chez Keolis, vous êtes présent dans... nombreuses métropoles françaises et internationales. Quelles évolutions majeures en termes de mobilité vous avez constatées ces dernières années, notamment en France et en Europe ?

  • JC Combe

    Je pense que la question de l'usage du vélo comme toute ou partie d'un trajet quotidien ou de loisirs. C'est une vraie évolution. Par modal, quand même, ne cesse d'augmenter partout. C'est un vrai sujet pour nous. On travaille beaucoup, je vous l'ai dit, on est spécialiste de la multimodalité, donc on travaille vraiment sur l'articulation entre les différents modes. Et ce qui est difficile aujourd'hui, c'est de concilier tous les usages. Et je pense que ce que tu as dit, notamment sur les aménagements urbains et pas urbains, est extrêmement important. Et c'est comment, demain, faire mieux prendre en compte par les autorités organisatrices, par les collectivités, par les pouvoirs publics en France et ailleurs. Après, on pourrait parler des spécificités dans le monde. Il y a des zones dans le monde où les mobilités actives, douces, sont très peu développées. Voilà, en Amérique du Nord. par exemple, on a un peu de mobilité douce et on a un bilan carbone assez mauvais. Mais globalement, en Europe, on a quand même une tendance forte à la transformation de nos modes de déplacement. Et je pense que le vrai sujet demain sur l'aménagement du territoire, c'est celui-là, c'est vraiment comment on concilie tous les modes. On a des bizarreries dans nos modes de fonctionnement. Les autorités organisatrices ne sont pas forcément celles qui ont le pouvoir d'aménager les espaces urbains ou routiers, ce qui pose de vrais problèmes. Nous, quand on crée un service express routier, par exemple dans le cadre des services express régionaux métropolitains, métropolitain. les fameux RER métropolitains, pour pouvoir faire accéder à la mobilité rapide des personnes qui vivent en périphérie des villes. Nous, on demande souvent de pouvoir créer des espaces et des voies dédiées pour pouvoir être rapides et concurrentiels par rapport à la voiture, parce que la question de la vitesse, elle est extrêmement importante, la vitesse de déplacement. et on voit bien que les régions qui sont... aujourd'hui responsables du financement de ce type de mobilité ne sont pas celles qui vont avoir les manettes pour aménager les routes. Et donc, on a un vrai sujet, je pense, sur l'aménagement du territoire dans les mois et les années à venir.

  • NATHAN

    Justement, pour rebondir sur la question de la sécurité, dans l'épisode précédent, Benoît Hamon évoquait la question de la sécurité dans les villes, notamment à travers son rôle de père. Et selon vous, quelles seraient les solutions qui pourraient être mises en place, qui pourraient renforcer la sécurité dans les villes de demain ?

  • Olivier Issaly

    En se déplaçant ?

  • NATHAN

    La sécurité, notamment, vous avez évoqué sur le vélo, en se déplaçant.

  • Olivier Issaly

    Je vais remonter sur quelque chose qui a été dit tout à l'heure. La perception de la sécurité peut être très variée. J'entends aussi beaucoup de femmes qui aiment bien prendre le vélo, justement, parce qu'elles se sentent plus en sécurité des fois que dans les transports en commun. C'est ce que tu disais tout à l'heure. on entend des gens qui nous disent des fois qu'ils se sentent pas bien pas forcément en sécurité à vélo parce que les infrastructures ne sont pas bien. En fait, déjà, la perception de la sécurité est relativement très diverse. La sécurité, je pense que ça passe. Si je reprends vraiment depuis le début, ça passe déjà par une bonne maîtrise du vélo. Tout le monde ne sait pas forcément faire du vélo. On en a fait quand il était petit ou pendant les vacances. C'est autre chose d'en faire au quotidien dans un environnement urbain ou périurbain. Donc déjà, la formation, rééduquer, c'est hyper important. Il y a des associations qui font ça très bien. C'est tous les équipements qui vont faire aussi qu'on va se sentir en sécurité. Casque évidemment, tous les équipements l'hiver qui font qu'on se sent mieux et pas mal à l'aise à vélo. C'est de la formation aussi, ça on en dispense beaucoup à Zenride sur la sécurité routière. Et surtout les infrastructures, je pense que c'est ça qui en fin de compte fait... sentiment de sécurité. On a la chance là à Paris d'avoir eu des transformations quand même de la ville assez impressionnantes en quelques années et qu'on nous en vit. Je n'ai pas l'impression qu'on le dit assez souvent, mais quand je pars le vélo avec des confrères d'autres pays, ils regardent Paris concrètement. Et même des pays qui ont des parmodas plus développés que nous regardent la transformation à Paris comme un exemple. même si pour rouler au quotidien, je vois bien les zones, les points noirs qu'il peut y avoir encore. Les infrastructures, je dirais, jouent pour beaucoup dans la sécurité.

  • NATHAN

    Et justement, vous, votre vision, Jean-Christophe, sur la partie sécurité, notamment dans les villes ?

  • JC Combe

    Je vais revenir sur l'humain, évidemment. Même si ça dépend de quoi on parle, mais si on parle de ce qu'on constate aujourd'hui, nous, dans... dans nos services de transport, la recrudescence des incivilités, des agressions vis-à-vis notamment professionnelles, des cas d'agressions à caractère sexiste et sexuel, donc avec un vrai sujet sur la sécurité des femmes, dans les transports en commun, donc évidemment il y a une dimension technique, on multiplie la vidéo surveillance. On y introduit notamment un peu d'intelligence artificielle, notamment pour repérer des situations justement anormales. Et c'est très utile. On a des partenariats avec les forces de police, de justice, pour pouvoir travailler sur la prévention et la lutte contre la délinquance dans les transports en commun. Après, il y a beaucoup de choses qui tiennent à tout un chacun. Quand je parle d'humain, c'est d'abord de s'assurer qu'il y ait toujours de la présence humaine. Dans nos transports, on est spécialiste du métro automatique. Pour autant, on a toujours besoin d'humains pour faire de la médiation, pour justement apaiser des situations qui seraient tendues ou difficiles, pour favoriser l'accessibilité aussi des transports aux personnes fragiles. Donc la présence humaine, la formation de nos professionnels, elle est essentielle. Ça, c'est la première chose. Et puis la deuxième, moi, je crois beaucoup dans la régulation sociale et dans le rôle que chaque citoyen peut jouer aussi là-dedans. Je ne dis pas que chacun doit être policier. En revanche, je pense qu'on a tous un rôle à jouer dans le fonctionnement de la société. Et nos habitacles de bus, de cars, de tramways, de métros, c'est des moments de vie en commun qui doivent être régulés. Et donc, moi, je crois beaucoup dans la formation de nos citoyens. On mène des actions avec des associations. pour attirer l'attention, sensibiliser les jeunes, les moins jeunes, justement à la vie en commun, y compris dans ces espaces de vie commune, collective, que sont les transports en commun. Il n'y a pas plus tard que 15 jours, j'étais à Dijon, on avait un événement qu'on organisait avec la Fondation des Femmes, justement pour attirer l'attention du grand public sur la question de la sécurité. des femmes dans les transports en commun. Il y a des formations aujourd'hui qui existent, je pense notamment à la formation 5D, qui permet d'attirer l'attention, de sensibiliser au fait qu'on peut et on doit, lorsqu'on est citoyen, intervenir lorsqu'on est témoin de situations difficiles, mais il ne faut pas intervenir n'importe comment. Ça peut être impressionnant, il faut faire attention à soi, etc. On ne peut pas faire n'importe quoi, mais on peut être formé pour le faire. Donc ça, j'y crois beaucoup. Puis à cette occasion... Je vous invite à voir ce que c'est. Je n'en ai pas pris avec moi, mais on a distribué un petit objet qui s'appelle un sifflet repousse-relou qu'on a distribué aux femmes et aux hommes aussi, qui, en cas d'agression, peut être utile. Ça fait un petit cri strident pour attirer l'attention soit du personnel qui est à bord des bus, soit des autres passagers. pour pouvoir justement indiquer qu'on est dans une situation de difficulté, et à ce moment-là être aidé. Donc c'est des petits gestes comme ça. C'est utile, directement cet objet, mais ça sert aussi à sensibiliser et à former à ces questions.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. C'est Keolis qui vous avez développé ce...

  • JC Combe

    Exactement, on a inventé le sifflet repousse-relou.

  • NATHAN

    Ok, c'est super intéressant.

  • JC Combe

    C'est pratique, oui.

  • NATHAN

    Et alors justement, ça résume avec ma question. Quel modèle ou initiative vous inspire personnellement en matière de mobilité durable et inclusive, Olivier ?

  • Olivier Issaly

    Il y a un modèle... Désolé, je vais rester dans le velours parce que c'est le sujet qui me parle le plus. Il y a un modèle que j'aime beaucoup, une politique publique que j'aime beaucoup, c'est Véligo et tout ce qui a été initié dans cette optique-là par les collectivités locales et par les autorités organisatrices des mobilités. Je trouve que c'est une très bonne manière, ces formules d'abonnement courte durée, subventionnées, je trouve que c'est une très bonne manière de faire découvrir le vélo. C'est une étape dans le chemin qui fait que le vélo devient un réflexe au quotidien pour les Français. Ça le rend accessible, sans engagement, et ça c'est vraiment très utile. L'Ile-de-France a fait un super truc avec Véligo. Il y a beaucoup de collectivités territoriales qui en ont développé maintenant, j'imagine des fois par des acteurs comme Géolis ou d'autres, pour ces autorités organisatrices des mobilités. Ça, je trouve que ce sont des très bonnes politiques publiques qui font bien avancer les choses, je trouve. Si des fois, on me dit, mais est-ce que ce n'est pas concurrent ? Non, en vrai, ce n'est pas concurrent et ça fait découvrir le vélo et c'est très bien.

  • NATHAN

    Super intéressant. Vous, Jean-Christophe, hormis le sifflet repousse-relou, ça, c'est très sympa, c'est une très bonne initiative. Donc, selon vous, quel modèle vous inspire personnellement en matière de mobilité durable et inclusive ?

  • JC Combe

    J'aime bien tout ce qui tourne autour de l'innovation. Je pourrais vous parler de plein de choses, mais j'aime bien l'innovation qui n'est pas forcément... qui est aussi une innovation simple, frugale. Tout ce qui tourne autour de la formation voyageur, autour de ce qu'on appelle les nudge. Voilà, pour... pouvoir notamment favoriser l'accessibilité pour les personnes en situation de handicap ou les personnes âgées en perte d'autonomie. Indiquer de façon très visible sur les quais, sur les véhicules, où sont les places réservées aux personnes à mobilité réduite, attirer l'attention du public aussi sur ces questions-là pour respecter. Et j'aime bien dire que c'est de l'innovation parce que... Par l'innovation, on pense toujours à l'intelligence artificielle, aujourd'hui, véhicules autonomes, même si je crois beaucoup d'ailleurs demain dans le développement des véhicules autonomes pour créer une mobilité décarbonée dans des territoires et dans les zones moins denses. Et pour moi, c'est des initiatives qui sont importantes. C'est aujourd'hui, vous savez, on... On travaille quand même de plus en plus avec des collectivités qui sont sous pression financière, qui nous demandent aussi d'imaginer des réseaux de transport un peu plus frugaux, de faire mieux, de rendre toujours plus attractif avec moins d'argent. Et donc ça nous demande de nous réinventer, de mieux penser l'articulation des différents modes de transport. C'est pour ça qu'on aime bien aussi les délégations de services publics qui nous permettent justement d'avoir et de maîtriser. l'ensemble de la chaîne de transport. Celle qui est la plus aboutie d'ailleurs, c'est celle qu'on a à Dijon, où ça va du stationnement, y compris le stationnement de surface, jusqu'à l'ensemble des modes de transport, y compris le vélo, le tram, le bus, le car, la navette de centre-ville. Bref, toute la mobilité sur le territoire dijonais, et ça, c'est un vrai levier. justement pour faire de la mobilité, une mobilité...

  • NATHAN

    une mobilité durable. Et puis le dernier exemple que je pourrais citer aussi, c'est le transport à la demande. On est le leader français aujourd'hui du transport à la demande chez Kiolis. 80 réseaux en France, c'est une solution aujourd'hui, alors que certes, si vous la ramenez kilomètres par passager, c'est un peu plus coûteuse qu'une ligne, mais néanmoins, correspond à un besoin, dans les zones moins denses notamment. plus frugal, ça nous permet de mettre des plus petits véhicules, souvent des véhicules électriques, et de répondre vraiment aux besoins de mobilité des personnes qui habitent dans ces zones. Et ça, c'est de la mobilité durable. On l'a fait notamment à Orléans, de façon extrêmement puissante.

  • Olivier Issaly

    J'abonde là-dessus, je trouve, j'aurais pu citer effectivement le transport à la demande aussi. Je suis aussi conseiller municipal dans une petite commune dans les Yvelines qui est desservie par un TAD, un transport à la demande. C'est génial et je trouve une très belle innovation.

  • NATHAN

    Très belle initiative. Alors justement, on va aborder le sujet de l'innovation d'IA un petit peu. Jean-Christophe, quelle est la propension que vous avez, notamment dans votre expérience personnelle, mais aussi professionnelle, à l'utilisation d'outils d'intelligence artificielle ? Vous avez évoqué le besoin de présence humaine, mais selon vous, comment on peut utiliser l'IA ? à une fin qui soit une fin vertueuse.

  • JC Combe

    Je pense que c'est un vrai vecteur d'inclusion et ça nous offre aussi des possibilités importantes de développement ou de renforcement de l'efficience de nos services quand vous faites, grâce à l'intelligence artificielle, de la maintenance prédictive. sur vos infrastructures ou votre matériel roulant, ça permet vraiment d'intervenir au juste moment vis-à-vis des questions de sécurité, mais aussi vis-à-vis de la durabilité de ce qu'on est en capacité de faire dans les services. C'est un vrai levier d'inclusion quand vous allez permettre, grâce à de la vidéo intelligente, de guider des personnes malvoyantes, par exemple, pour pouvoir accéder à des services de transport en commun. C'est un vrai service que vous apportez à des personnes. De façon générale, en marketing, puisque je suis avec Asket Marketing, chez Keolis, ça permet de vraiment mieux connaître les besoins spécifiques de chaque passager. Et ça, c'est extrêmement important si on veut pouvoir y répondre de façon au plus près et de façon très précise. Et puis dans votre question, dans votre introduction, vous parliez de vie personnelle et vie professionnelle. Je pense que ce qui nous a tous bousculé là depuis maintenant plusieurs années, c'est l'intrusion ou l'arrivée de l'intelligence artificielle générative dans nos vies. Et effectivement, ce qu'on utilise dans le quotidien à la maison, on le retrouve forcément au travail. Et dans des grands groupes et des grandes entreprises comme Keolis, on doit accompagner là aussi. L'usage de ces nouvelles technologies auprès de nos collaborateurs, qui sont des vrais leviers d'efficience, qui transforment de fait le travail dans la communication, mais pas seulement. On l'utilise beaucoup aujourd'hui, notamment pour organiser notre travail dans les réponses à appels d'offres. Je vous donne quelques exemples. Pour gérer aussi tout ce qui est knowledge management, tout ce qui est accès à l'information. dans l'entreprise, mais il y a aussi des risques qui sont associés en termes de sécurité, des informations que vous allez parfois, sans le vouloir, répandre dans la nature et qui sont pourtant des informations stratégiques pour l'entreprise, des questions éthiques liées à la protection des données personnelles notamment, et puis des questions écologiques. bon c'est pas L'ancée dans l'intelligence artificielle, tête baissée. On y va de façon raisonnée, mesurée, là où on est sûr qu'il y a un retour sur investissement. Pas seulement parce qu'on veille à la rentabilité de l'entreprise, mais aussi parce qu'on sait que chaque requête d'intelligence artificielle, ça a un coût écologique. Et que donc, il faut aussi que là, on soit très attentif à l'utilité de l'utilisation de l'intelligence artificielle.

  • NATHAN

    Super intéressant. Olivier, quelle est votre vision justement sur l'IA ?

  • Olivier Issaly

    En fait, c'est déjà là et en soi, même en tant que dirigeant d'entreprise, c'est une modeste PME, mais on a beaucoup de salariés qui l'utilisent. C'est intéressant parce qu'on a eu par moments ce débat sur le coût écologique quand même de l'IA, mais la réalité, c'est que ça s'impose au quotidien comme un outil de productivité et d'efficience, comme tu dis, dans tous les métiers. Et que ça, ça doit être accompagné. C'est ce qu'on fait. Et après, on la housse. Je rejoins sur le côté accompagnement et service. Nous, ce qui nous intéresse in fine, c'est, comme je disais tout à l'heure, c'est de faire du vélo un réflexe au quotidien, par exemple. Ça, ça veut dire vraiment avoir un vélo que la personne adopte parce que ça correspond à ses usages, à ses itinéraires, à sa morphologie. Trouver le bon vélo, en fait, ce n'est pas forcément évident en soi. Il n'y a pas deux vélos qui se ressemblent. Aujourd'hui, on touche plus de 100 000 salariés en France qui ont accès à l'offre Zenride. Plus de 1200 magasins partenaires qui représentent plusieurs centaines de marques et plusieurs milliers de modèles. Trouver le bon match entre ces centaines de milliers de salariés et tous les modèles de vélos au bon endroit, au bon moment, c'est ce genre de use case qui nous intéresse avec l'IA parce que l'enjeu, c'est de trouver le bon vélo et d'en faire un réflexe au quotidien.

  • NATHAN

    C'est vrai, justement, mon papa a pas mal galéré à trouver le bon vélo. Je vais lui conseiller d'utiliser l'IA, ça pourrait être super intéressant. Alors justement, vous avez évoqué votre travail avec les collectivités locales. Quels sont potentiellement les blocages que vous avez rencontrés pour intégrer justement votre logique avec les collectivités locales ?

  • Olivier Issaly

    Alors, on a eu plus de travail au final à l'échelle nationale que... que local, en tout cas dans notre activité à Zenride. Et c'est quelque chose que j'ai découvert vraiment avec Zenride parce que je n'avais pas forcément l'habitude de travailler avec les pouvoirs publics dans le cadre des marches entrepreneuriales. Et en fait, ce qu'on a fait notamment, c'est qu'on s'est structuré au sein d'une fédération avec tous les autres acteurs avec qui on travaille. sur les mêmes sujets, qui font de la location concrètement de vélos aux entreprises. On a inventé une fédération qui s'appelle la Fédération des acteurs du vélo en entreprise, que j'ai la chance de présider. Et voilà, j'ai appris comme ça aussi à travailler avec les pouvoirs publics pour faire progresser justement l'adoption du vélo en entreprise, faire levier quelque part sur les employeurs pour démultiplier l'effort de promotion du vélo qui est fait par l'État. Et donc ça je trouvais que c'est une bonne manière de travailler quelque part main dans la main pour pouvoir développer un objectif commun, l'état à ses objectifs de développement de la part modale du vélo. On a tous envie que ça progresse et donc on a travaillé intelligemment comme ça.

  • NATHAN

    Et c'est vrai justement Jean-Christophe, vous chez Keolis vous pilotez l'innovation et l'engagement. Comment vous arrivez à faire émerger des partenariats avec des startups ou des PME comme Zenride typiquement ?

  • JC Combe

    Nous, en fait, on se positionne vraiment comme un apporteur de solutions pour les autorités organisatrices, pour les collectivités. Je pense que nous, le rôle qu'on joue aujourd'hui souvent, c'est celui du tiers de confiance entre la startup et la collectivité. Nous, on a l'expérience historique de la gestion de grands réseaux de transport urbain et sur les territoires et on est capable de qualifier des innovations et de les intégrer dans nos systèmes de transport. Ça ne veut pas dire qu'on les gère nous-mêmes. Au contraire, on n'a pas vocation à tout faire. On gère 13 modes aujourd'hui de transport chez Keolis. C'est déjà énorme. On a une filiale de vélos qui s'appelle Cycleo, mais on ne fait pas la même chose. On est très complémentaires. L'idée c'est vraiment d'être agrégateur de solutions et d'être en capacité de les apporter aux collectivités. C'est ce qu'elles nous demandent. Je vous donne un exemple. Aujourd'hui, on est en train de travailler avec une société que vous connaissez peut-être, qui s'appelle Urban Loop, qui est un nouveau mode de transport, ce qu'on appelle un people mover. C'est des capsules sur rail qui peuvent transporter deux à trois personnes. Et donc ça marche un peu comme un ascenseur, vous appuyez sur un bouton, vous dites je vais aller à cette station-là, et puis par dérivation vous êtes amené directement à la station. Donc on a aujourd'hui un démonstrateur à 50 ans Nivelline, qui a un vrai territoire d'innovation et qu'on espère développer demain ailleurs. Vous avez une société qui amène une solution innovante, un rail léger avec des capsules légères qui sont respectueuses de l'environnement, donc c'est une solution nouvelle. Et puis, elle a eu besoin de trouver un opérateur pour l'accompagner, justement, dans la relation avec les collectivités. Donc, quelque part, un industriel, un gestionnaire de transport et une collectivité pour apporter une solution.

  • NATHAN

    Et justement, c'est intéressant. Quelles évolutions vous espériez voir dans les peut-être 10, 20 prochaines années en matière de mobilité urbaine ?

  • JC Combe

    J'aimerais bien qu'on ait réussi à relever les défis dont on a parlé au tout début de ce podcast qu'on ait une mobilité urbaine qui demain soit nativement accessible c'est vraiment le plus grand défi qui est devant nous quand on parle de transition écologique c'est de faire en sorte d'embarquer tout le monde qu'elle laisse personne sur le bord de la route à remonter tout le monde en selle n'est-ce pas ? Voilà, et ça, c'est mon rêve. C'est que demain, on ait une mobilité qui soit inclusive, mais vraiment nativement, et puis qui soit plus respectueuse de l'environnement. Et je pense qu'il faut qu'on aille vite. Finalement, même 10 ans, c'est demain. Mais je crois que vu la situation, et notamment l'accélération des changements climatiques, on a vraiment besoin d'aller beaucoup plus vite, d'investir plus fortement, de trouver des solutions. Encore une fois, des solutions qui concernent. tout le monde. Certes, la masse aujourd'hui, elle est dans les zones urbaines. On a besoin d'offrir ces possibilités-là vraiment à tout le monde. C'est ça, moi, mon rêve.

  • NATHAN

    Et vous, Olivier ?

  • Olivier Issaly

    Le rêve, il est surtout de pragmatisme et de bon sens. Il y a plein de mobilités qui me semblent évidentes. J'aimerais avoir tout simplement en 2030 ou 2035, si on parle de 10 ans. Oui. plus de transports en commun, plus de trains pour se déplacer dans les régions et évidemment aussi plus d'infrastructures pour les vélos des solutions qui sont en soi de bon sens, de pragmatisme qui couvrent un large scope quand même des mobilités dont on a besoin au quotidien et voilà je suis plus demandeur de ça que nécessairement d'innovation

  • JC Combe

    J'espère vraiment qu'on arrivera à faire bouger les imaginaires parce que tu as parlé des freins tout à l'heure notamment d'accès au vélo, mais d'accès aussi à la mobilité partagée. Comme on a un système qui est construit depuis très longtemps sur le modèle de la voiture individuelle, comme le nec plus ultra, de la liberté, de la réussite sociale, etc. Moi, c'est vraiment réussir à bouger les imaginaires et se dire que demain, on arrivera à créer un monde qui sera de transports en commun, de mobilité active, de vélo qui sera vraiment désirable. Ça sera ça, demain, notre... Je rêve un peu, mais je pense qu'il faut qu'on en passe par là. Et il y a des modèles aujourd'hui qui existent, qui sont pragmatiques, qui sont transposables dans la réalité et qui sont alternatifs à ceux qu'on connaît aujourd'hui.

  • NATHAN

    Et ça, justement, c'est intéressant. On arrive bientôt au bout de notre échange. Quel conseil, Olivier, vous donneriez aux jeunes entrepreneurs qui voudraient... justement, s'engager dans la transformation de la mobilité urbaine ? Pas facile.

  • Olivier Issaly

    Pas facile. D'autant que le secteur des start-up mobilité n'est pas facile depuis quelques années. Peut-être un conseil serait de bien réfléchir dès lors qu'il y a un actif, je l'appellerais un actif derrière, c'est-à-dire un équipement à financer. C'est quand même là où il y a beaucoup de difficultés, je pense. il y a eu beaucoup de modèles qui ont été envisagés pensés, testés en fait on revient souvent au sujet du financement de l'actif de l'équipement de mobilité donc avant de foncer tête baissée sur une startup de mobilité je creuserais bien ça avant.

  • NATHAN

    Très intéressant, Jean-Christophe quel conseil vous donneriez peut-être à un décideur ?

  • JC Combe

    Je vais être le rêveur de la bande Merci. Mais non, moi je dis qu'il faut foncer au cœur. Il faut oser, il ne faut pas avoir peur d'échouer, de recommencer. Je pense qu'il faut vraiment oser. C'est vrai que c'est un parcours qui est très difficile, qui est très exigeant, mais je pense qu'il faut avoir ça ancré au fond. Comme tu l'as, tu vois, il faut foncer. Et puis, la deuxième chose, je reviens encore à l'humain. Encore une fois, on parle beaucoup technologie, infra et matériel roulant, mais on est des entreprises de service. On est là pour répondre à des besoins qui sont profondément humains. Petit conseil méthodologique, avant de foncer tête baissée cette fois-ci sur la techno, vraiment connaître son client, connaître les gens. Et c'est ce qu'on fait nous chez Colis au quotidien. On observe de façon très fine l'évolution des modes de vie, des besoins sociaux sur les territoires pour apporter les meilleures réponses. Parce qu'encore une fois, notre sujet c'est... Certes, c'est de faire rouler le mieux possible les matériels qu'on nous confie, mais c'est d'abord de répondre à des besoins sociaux sur les territoires. Et donc cette connaissance fine et profondément humaine, il faut vraiment l'avoir en tête.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. Alors justement, pour conclure notre échange, dans le dernier épisode, Paul Lé a eu cette citation. « T'inquiète pas, demain c'est trop bien » . Alors si vous, Jean-Christophe, vous aviez une citation qui vous inspire peut-être au quotidien, ou une phrase que vous souhaiteriez partager au grand public, quelle serait-elle ? C'est difficile.

  • JC Combe

    Ouais, c'est difficile comme ça, brûle pour point, mais... Un peu dans la même thématique, je ne sais plus qui dit ça, mais il faut toujours viser la lune. Moi, je suis profondément optimiste et j'essaie toujours de communiquer cet optimisme. Il faut toujours voir le plus loin possible et avoir les plus grands rêves pour être sûr de réaliser quelque chose qui se trouve entre aujourd'hui et le rêve qu'on a.

  • NATHAN

    Super intéressant. Olivier ? Peut-être une petite citation ? Pas facile encore une fois ?

  • Olivier Issaly

    Plus une réflexion. Pourquoi j'ai cet attrait aussi pour le vélo ? On sait qu'aujourd'hui, on a un gros enjeu environnemental devant nous. Et parmi tout ce qu'on a à faire pour arriver notamment aux accords de Paris, idéalement arriver à 2 tonnes de CO2 par personne par an, ce qui est un objectif assez ambitieux. Faire du vélo, c'est parmi les trucs les plus cools, les plus sympas qu'on a à faire, qu'on peut faire. Je le vois vraiment comme une transition positive. On peut en tirer du positif dans ce changement. Et voilà, c'est plutôt le côté sympa.

  • NATHAN

    Donc on restera sur le thème du positivisme. On reste positif, c'est très bien.

  • Olivier Issaly

    Je crois que tu as plus dans le bus aussi. C'est pas mal.

  • NATHAN

    C'est pas mal aussi. Messieurs, merci d'avoir répondu à mon invitation et je vous dis à très bientôt pour le prochain épisode de Prospective Urbaine.

  • Olivier Issaly

    Merci. Merci beaucoup.

  • NATHAN

    Merci à vous. Merci de nous avoir suivis et à très bientôt pour le prochain épisode de Prospective Urbaine.

Description

Prospective Urbaine – Le podcast où entrepreneurs et politiques pensent la ville de demain.


Et si nos villes devenaient plus fluides, intelligentes et humaines ?

Chaque épisode de Prospective Urbaine, conçu par OUIPARK, met face à face un décideur politique et un entrepreneur visionnaire.


Ensemble, ils partagent leurs perspectives, explorent les défis urbains et envisagent (repensent) des solutions concrètes pour transformer nos espaces.


Pour ce deuxième épisode, nous accueillons Olivier Issaly, CEO de Zenride, et Jean-Christophe Combe, ancien ministre et aujourd’hui Directeur Marketing, Innovation & RSE du groupe Keolis.


Deux expériences complémentaires, un même enjeu : modeler des villes plus inclusives, durable et innovante.


Rejoignez la conversation et explorez avec nous comment les innovations d’aujourd’hui dessinent la Ville de Demain.


Abonnez-vous dès maintenant et prenez part à cette transformation !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • NATHAN

    Bonjour à toutes, bonjour à tous, bienvenue dans le deuxième épisode de Prospective Urbaine. Imaginez un instant, nous sommes au 15e siècle. Léonard de Vinci esquisse ses premières machines volantes, des visions futuristes qui défient l'imagination de son époque. Aujourd'hui, ses rêves prennent forme avec les voitures volantes, symbole d'une mobilité réinventée. Alors une question se pose. Quelles seront les mobilités de demain ? Pour y répondre, nous accueillons aujourd'hui deux invités d'exception, Jean-Christophe Combe et Olivier Issaly.

  • Olivier Issaly

    Bonjour.

  • NATHAN

    Messieurs, merci d'avoir répondu à mon invitation. Et nous allons sans plus tarder commencer par une présentation de chacun d'entre vous. Alors Olivier, Olivier Issaly, vous êtes le CEO et cofondateur de Zenride, une entreprise spécialisée dans les solutions de mobilité durable pour les entreprises. Vous proposez des services de vélo pour les entreprises, contribuant ainsi à la transition vers des modes de transport plus écologiques. Vous êtes également partenaire chez SAS Partner. Vous combinez ainsi une expertise en technologie. et en entrepreneuriat pour repenser la mobilité urbaine.

  • Olivier Issaly

    Merci.

  • NATHAN

    Vous voulez ajouter quelque chose ?

  • Olivier Issaly

    C'est ça, exactement. Parcours mobilité, entrepreneuriat et essayer d'aider d'autres startups également au passage.

  • NATHAN

    Super. Et Jean-Christophe Combe, vous êtes actuellement le directeur marketing, innovation, développement durable et engagement chez Keolis. Vous avez également occupé le poste de ministre des Solidarités de l'Autonomie des personnes handicapées de juillet 2022 à juillet 2023. Avant cela, vous avez été directeur général de la Croix-Rouge française, où vous avez supervisé des initiatives majeures en termes d'engagement social et de gestion opérationnelle. Depuis février 2024, vous êtes donc directeur marketing, innovation, développement durable et engagement chez Keolis, un acteur majeur du transport public. Votre parcours entre politique humanitaire et innovation vous positionne comme un interlocuteur clé pour discuter des enjeux de la mobilité urbaine et de la gouvernance collaborative.

  • JC Combe

    Merci. C'est bien ça.

  • NATHAN

    C'est bien ça.

  • JC Combe

    Exactement.

  • NATHAN

    Vous voulez ajouter quelque chose ?

  • JC Combe

    Écoutez, non, j'ai eu la chance à la fois de pouvoir exercer des responsabilités publiques, au Parlement, en collectivité, au début de ma carrière, comme directeur général de la Croix-Rouge française, qui est la plus grande association française, comme ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes Handicapées, puis aujourd'hui chez Keolis, qui est l'un des plus grands acteurs mondiaux de la mobilité partagée. Donc, ravi d'être avec vous aujourd'hui.

  • NATHAN

    Très bien, merci. Alors, on va commencer par la première question. Pour vous, Olivier, comment votre parcours entrepreneurial vous a-t-il conduit à vous engager dans la mobilité durable ?

  • Olivier Issaly

    C'est une... Pour moi, ça va être une longue histoire, parce que ça va bientôt faire 20 ans que j'entreprends. J'ai fait un parcours d'ingénieur, que j'ai arrêté un petit peu avant le diplôme pour une première entreprise dans le jeu vidéo, donc rien à voir avec la mobilité, une dizaine d'années dans le jeu vidéo, puis cinq années dans le voyage, j'ai commencé à se rapprocher un tout petit peu de la mobilité, avant de... par sens, on va dire, avant de tomber dans l'univers de la mobilité en 2019, où j'ai rencontré mes associés de Zenride, qui ont présenté, ils avaient déjà commencé à travailler depuis plusieurs mois dessus, une solution de ce qu'on appelle aujourd'hui de vélo de fonction, donc de vélo mis à disposition par l'employeur. Et voilà, ça faisait beaucoup de sens pour moi, à la fois parce qu'à travers le... Cinq années dans le voyage, j'avais commencé à m'intéresser au voyage à vélo. Le vélo, j'ai grandi à la campagne, donc c'est un moyen de déplacement qui me semblait déjà assez évident. Et à l'occasion des déconfinements, on s'était mis à faire des voyages à vélo. Et donc voilà, le sujet vélo revenait bien dans ma tête. Et cette opportunité, avec mes associés de Zenride, m'a mis sur le sujet mobilité. J'en suis ravi parce que c'est vraiment un domaine passionnant.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. Alors justement, c'est intéressant sur la partie expérience, expérience personnelle également. Jean-Christophe, en quoi vous, votre expérience ministérielle et à la Croix-Rouge, influence-t-elle votre approche actuelle chez Keolis ?

  • JC Combe

    D'abord, peut-être c'est le fil rouge de mon engagement et de ma carrière, c'est l'humain. Et donc, j'ai évidemment aujourd'hui une vision très sociétale, très humaine de la question des mobilités dans un secteur qui peut paraître très technique, très infrastructure, matériel roulant, maintenance, technologie. En réalité, c'est une société, une entreprise de service, qui produit du service public au service des concitoyens du monde. Et donc ça, c'est le premier point. Et puis le deuxième, c'est mon engagement de toujours contre l'injustice, l'assignation aussi à résidence. Et je crois qu'offrir de la mobilité à toutes et à tous, c'est une façon aussi de lutter contre l'exclusion, parce que j'y ai été confronté lorsque j'étais DG de la Croix-Rouge ou en tant que ministre des Solidarités. Ne pas avoir à sa disposition de solutions de mobilité, c'est être exclu, c'est ne pas avoir de lien social, c'est de ne pas pouvoir accéder à l'emploi, à l'école, à la culture, aux loisirs, à la santé. Donc voilà ce que j'aime à dire depuis que je suis chez Keolis, et c'est une vraie conviction d'ailleurs du groupe, c'est que la mobilité en quelque sorte c'est le droit des droits parce que c'est celui qui permet d'accéder à tous les autres. Donc pour moi c'est ça aussi le... Voilà la raison pour laquelle aujourd'hui je suis engagé dans le secteur des mobilités, pour cultiver cette vision qui fait aussi, je pense, la différence et l'identité très spécifique du groupe Keolis par rapport à d'autres groupes de transport.

  • NATHAN

    Justement, c'est intéressant. Quelles seraient selon vous les priorités pour une mobilité urbaine durable et inclusive ?

  • JC Combe

    Pour moi, il y a plusieurs enjeux et c'est des enjeux qui sont au cœur de la stratégie aujourd'hui. du groupe Keolis. Le premier, c'est que cette mobilité soit accessible, attractive et accessible à tous. On disait que c'est pas une mobilité durable, on y reviendra, c'est juste une question environnementale, c'est d'abord une question sociale et donc l'enjeu pour rendre la mobilité durable c'est de permettre à tout un chacun de pouvoir l'utiliser et donc y accéder. Qu'on soit en situation de handicap, qu'on soit une personne âgée en perte d'autonomie, qu'on soit... Une maman avec une poussette, qu'on soit une femme, et on sait toutes les difficultés aujourd'hui que peuvent avoir les femmes à prendre les transports dans certains quartiers, dans certaines zones, à certaines heures. C'est contre ça qu'on se bat, quand on sait aussi aujourd'hui à quel point le poids du digital est extrêmement important dans la mobilité. Le rendre accessible nativement, c'est un impératif. Donc ça pour moi c'est le premier enjeu. Le deuxième... Je l'ai un peu mentionné, c'est celui de l'attention à notre impact environnemental et donc de la décarbonation. En mobilité décarbonée, elle se fait de deux façons. D'abord, en répondant à ce premier enjeu d'attractivité, parce que c'est de faire en sorte que les gens abandonnent leurs véhicules individuels, leurs voitures. À la campagne, c'est 82%. des émissions de gaz à effet de serre qui sont issues des véhicules thermiques individuels. Et donc, c'est vraiment de faire en sorte qu'on abandonne pour prendre les transports en commun. Et puis le deuxième, c'est la façon dont on fait la mobilité, pour nous, de façon frugale et complètement décarbonée, en s'engageant dans une transition écologique qui est d'abord, évidemment, énergétique, puisque chez nous... L'énergie qu'on utilise pour la traction des véhicules en matière de mobilité, c'est quasiment deux tiers de nos émissions de gaz à effet de serre. Et donc l'énergie qu'on va employer, elle est extrêmement importante. Et puis le troisième enjeu pour faire de la mobilité une mobilité durable, c'est celle de la cohérence territoriale. On n'est pas historiquement spécialiste, on était historiquement spécialiste de la mobilité urbaine. On ne pense plus, et en particulier depuis les dernières grandes lois d'aménagement du territoire, la loi NOTRe en particulier, et de décentralisation, on ne pense plus en fait cette mobilité urbaine seulement sur le cœur de ville, mais dans un environnement beaucoup plus large, qui prend en compte les relations entre ce cœur urbain et toute la périphérie. Et donc c'est important aujourd'hui de dire que la mobilité, pas seulement de transporter des gens d'un point A à un point B, Mais c'est aussi tout ce qui est au cœur de l'aménagement des territoires, de la façon dont on peut se déplacer sur un territoire très large, comment on irrigue les zones denses et les zones moins denses, comment on assure l'intermodalité sans couture pour nos passagers, comment on y intègre aussi des mobilités douces, actives. Donc ça c'est extrêmement important et la mobilité elle est vraiment au cœur encore une fois des modes de vie, au cœur du quotidien en fait des citoyens et du développement économique des territoires.

  • NATHAN

    Super intéressant, effectivement on parlait de mobilité décarbonée, de mobilité douce. Chez Zenride, vous connaissez le sujet, Olivier. Selon vous, les priorités pour une mobilité durable et inclusive, quelles seraient-elles ?

  • Olivier Issaly

    Je vais rebondir sur deux, en particulier des trois éléments, trois enjeux qui viennent d'être cités, qui me parlent beaucoup, notamment celui de l'accessibilité, effectivement. C'est vraiment ce qu'on essaie de faire au quotidien, de rendre le vélo accessible à tout le monde. Ça peut paraître une évidence, parce qu'on a beaucoup de vélos, on va dire... en circulation. La réalité, c'est que ce qui remet en selle aujourd'hui une majorité de Français, c'est quand même plutôt le vélo à assistance électrique. Ça platit les trajets, ça rassure sur les distances, c'est plus compatible avec aussi une activité professionnelle. Et ce moyen de transport, ce véhicule, ce vélo à assistance électrique, aujourd'hui, coûte environ le salaire médian français. Déjà, là, on a une vraie question d'accessibilité financière. Et c'est déjà à ce sujet qu'on s'attèle chez Zenride, en le rendant accessible financièrement à travers la location longue durée, à travers l'aide de l'employeur, pour faire en sorte qu'Infine, ce soit vraiment très accessible pour le salarié. Et l'enjeu territorial me parle beaucoup aussi. j'avoue qu'au début de... de cette aventure chez Zenride, dans la mobilité, on avait nous-mêmes cette image du vélo comme étant surtout très urbain. Et pour vraiment aller dans le cliché pour le cadre supérieur sur Rivoli, vraiment si on veut faire le cliché du vélo à Paris. Et en fait, on a appris au fil des années avec nos clients, notamment en accompagnant des clients comme Saint-Gobain, comme Veolia, partout en France. La vraie demande, le vrai besoin, il est surtout dans les territoires. C'est d'ailleurs de mémoire l'objectif numéro un de la loi d'orientation des mobilités, de réconcilier les territoires en termes de mobilité, dans la première phrase du texte de loi. Et ça, c'est important, on s'est vraiment construit sur cette idée de mobilité inclusive, dans le sens où il faut que ça puisse s'adresser à tout le monde. quel que soit le statut dans l'entreprise notamment. Et ça, tous les employeurs avec qui on travaille le font, c'est-à-dire qu'ils proposent ces services-là, que ce soit au cadre supérieur ou à l'ouvrier. Et ça, c'est très important dans tous les territoires. Aujourd'hui, pour donner un chiffre, c'est comme 80% des mises en service de vélo chez Zenride qui sont en dehors des 10 plus grandes villes de France. Donc on est plutôt dans les territoires, dans des petites villes de taille moyenne, de quelques dizaines de milliers d'habitants souvent. Et souvent là où, de manière très complémentaire, il n'y a pas toujours l'offre de transport en commun et il y a une dépendance à la voiture qui est forte. Et les salariés ont des enjeux de pouvoir d'achat qu'ils peuvent améliorer en utilisant le vélo. Donc cet enjeu à la fois d'accessibilité financière et de territoire, il me parle beaucoup et ça nous tient à cœur.

  • NATHAN

    Et justement, c'est intéressant parce que vous, chez Zenride, vous adressez directement les trajets domicile-travail, donc avec le vélo de fonction. Quels seraient, selon vous, les freins à lever pour optimiser et puis généraliser l'usage du vélo ?

  • Olivier Issaly

    Il y en a plein. On est encore loin d'un usage généralisé, ne serait-ce qu'au regard des autres pays européens, puisqu'aujourd'hui, on a environ 4% de part modène du vélo sur les trajets du quotidien, même spécifiquement sur le trajet domicile-travail. Dans ces ordres de grandeur-là, quand certains pays en Europe sont plutôt à 10, 12, voire 15%. Donc ce ne sont pas les pays les plus ensoleillés qui sont à ces niveaux-là, c'est parfois même les plus froids et plus vieux que nous. Donc on pourrait citer la météo en frein, mais je ne pense pas que ce soit le plus gros frein. Un des freins numéro un, évidemment, ce sont les infrastructures, qui vont rassurer les... Les Français à passer au vélo, une piste cyclable bien conçue, des itinéraires sécurisés. Et on manque pas, on a quand même un maillage de routes secondaires, de chemins vicinaux, un maillage territorial de petits chemins assez dense en France, qui pourrait être autant d'itinéraires cyclables adaptés pour sécuriser les trajets. Je pense que c'est quand même le premier frein à lever. mais dès qu'on fait des infrastructures, ça attire les cyclistes. On a un deuxième frein, malheureusement lié au vol, qui est assez courant alors qu'il y a un phénomène très urbain. Nous, on le voit entre les chiffres dans les grandes villes et les chiffres plutôt dans les territoires. Il n'y a pas photo en termes de vol. C'est surtout un sujet urbain, mais qui freine quand même la volonté de s'équiper d'un vélo. Et ça aussi, ça passera par des infrastructures de stationnement, notamment dans les gares, liées aux connexions avec les transports en commun. Et puis dans le résidentiel, c'est un peu moins évident à régler dans l'ancien. Mais voilà, c'est un sujet. Et évidemment, c'est le premier auquel nous, on s'attaque, c'est quand même le frein financier, qu'il ne faut pas négliger parce que quand on habite en région, qu'on a de toute façon besoin d'une voiture. quand bien même on a envie de décarboner une partie de ses trajets. en prenant un vélo, on ne va pas vendre tout de suite sa voiture pour acheter un vélo à 2000 euros. En fait, il y a quand même besoin de financer un équipement à 2000 euros dans une phase de transition. Parfois, le vélo peut remplacer une deuxième voiture, mais c'est quand même plutôt ça du périurbain, on va dire. Donc, il y a quand même un vrai sujet de financement pour décarboner une partie des trajets. Dans une phase de transition, on ne peut pas encore se passer tout de suite de la voiture.

  • NATHAN

    Très intéressant. Et justement, on évoquait d'autres pays européens. vous chez Keolis, vous êtes présent dans... nombreuses métropoles françaises et internationales. Quelles évolutions majeures en termes de mobilité vous avez constatées ces dernières années, notamment en France et en Europe ?

  • JC Combe

    Je pense que la question de l'usage du vélo comme toute ou partie d'un trajet quotidien ou de loisirs. C'est une vraie évolution. Par modal, quand même, ne cesse d'augmenter partout. C'est un vrai sujet pour nous. On travaille beaucoup, je vous l'ai dit, on est spécialiste de la multimodalité, donc on travaille vraiment sur l'articulation entre les différents modes. Et ce qui est difficile aujourd'hui, c'est de concilier tous les usages. Et je pense que ce que tu as dit, notamment sur les aménagements urbains et pas urbains, est extrêmement important. Et c'est comment, demain, faire mieux prendre en compte par les autorités organisatrices, par les collectivités, par les pouvoirs publics en France et ailleurs. Après, on pourrait parler des spécificités dans le monde. Il y a des zones dans le monde où les mobilités actives, douces, sont très peu développées. Voilà, en Amérique du Nord. par exemple, on a un peu de mobilité douce et on a un bilan carbone assez mauvais. Mais globalement, en Europe, on a quand même une tendance forte à la transformation de nos modes de déplacement. Et je pense que le vrai sujet demain sur l'aménagement du territoire, c'est celui-là, c'est vraiment comment on concilie tous les modes. On a des bizarreries dans nos modes de fonctionnement. Les autorités organisatrices ne sont pas forcément celles qui ont le pouvoir d'aménager les espaces urbains ou routiers, ce qui pose de vrais problèmes. Nous, quand on crée un service express routier, par exemple dans le cadre des services express régionaux métropolitains, métropolitain. les fameux RER métropolitains, pour pouvoir faire accéder à la mobilité rapide des personnes qui vivent en périphérie des villes. Nous, on demande souvent de pouvoir créer des espaces et des voies dédiées pour pouvoir être rapides et concurrentiels par rapport à la voiture, parce que la question de la vitesse, elle est extrêmement importante, la vitesse de déplacement. et on voit bien que les régions qui sont... aujourd'hui responsables du financement de ce type de mobilité ne sont pas celles qui vont avoir les manettes pour aménager les routes. Et donc, on a un vrai sujet, je pense, sur l'aménagement du territoire dans les mois et les années à venir.

  • NATHAN

    Justement, pour rebondir sur la question de la sécurité, dans l'épisode précédent, Benoît Hamon évoquait la question de la sécurité dans les villes, notamment à travers son rôle de père. Et selon vous, quelles seraient les solutions qui pourraient être mises en place, qui pourraient renforcer la sécurité dans les villes de demain ?

  • Olivier Issaly

    En se déplaçant ?

  • NATHAN

    La sécurité, notamment, vous avez évoqué sur le vélo, en se déplaçant.

  • Olivier Issaly

    Je vais remonter sur quelque chose qui a été dit tout à l'heure. La perception de la sécurité peut être très variée. J'entends aussi beaucoup de femmes qui aiment bien prendre le vélo, justement, parce qu'elles se sentent plus en sécurité des fois que dans les transports en commun. C'est ce que tu disais tout à l'heure. on entend des gens qui nous disent des fois qu'ils se sentent pas bien pas forcément en sécurité à vélo parce que les infrastructures ne sont pas bien. En fait, déjà, la perception de la sécurité est relativement très diverse. La sécurité, je pense que ça passe. Si je reprends vraiment depuis le début, ça passe déjà par une bonne maîtrise du vélo. Tout le monde ne sait pas forcément faire du vélo. On en a fait quand il était petit ou pendant les vacances. C'est autre chose d'en faire au quotidien dans un environnement urbain ou périurbain. Donc déjà, la formation, rééduquer, c'est hyper important. Il y a des associations qui font ça très bien. C'est tous les équipements qui vont faire aussi qu'on va se sentir en sécurité. Casque évidemment, tous les équipements l'hiver qui font qu'on se sent mieux et pas mal à l'aise à vélo. C'est de la formation aussi, ça on en dispense beaucoup à Zenride sur la sécurité routière. Et surtout les infrastructures, je pense que c'est ça qui en fin de compte fait... sentiment de sécurité. On a la chance là à Paris d'avoir eu des transformations quand même de la ville assez impressionnantes en quelques années et qu'on nous en vit. Je n'ai pas l'impression qu'on le dit assez souvent, mais quand je pars le vélo avec des confrères d'autres pays, ils regardent Paris concrètement. Et même des pays qui ont des parmodas plus développés que nous regardent la transformation à Paris comme un exemple. même si pour rouler au quotidien, je vois bien les zones, les points noirs qu'il peut y avoir encore. Les infrastructures, je dirais, jouent pour beaucoup dans la sécurité.

  • NATHAN

    Et justement, vous, votre vision, Jean-Christophe, sur la partie sécurité, notamment dans les villes ?

  • JC Combe

    Je vais revenir sur l'humain, évidemment. Même si ça dépend de quoi on parle, mais si on parle de ce qu'on constate aujourd'hui, nous, dans... dans nos services de transport, la recrudescence des incivilités, des agressions vis-à-vis notamment professionnelles, des cas d'agressions à caractère sexiste et sexuel, donc avec un vrai sujet sur la sécurité des femmes, dans les transports en commun, donc évidemment il y a une dimension technique, on multiplie la vidéo surveillance. On y introduit notamment un peu d'intelligence artificielle, notamment pour repérer des situations justement anormales. Et c'est très utile. On a des partenariats avec les forces de police, de justice, pour pouvoir travailler sur la prévention et la lutte contre la délinquance dans les transports en commun. Après, il y a beaucoup de choses qui tiennent à tout un chacun. Quand je parle d'humain, c'est d'abord de s'assurer qu'il y ait toujours de la présence humaine. Dans nos transports, on est spécialiste du métro automatique. Pour autant, on a toujours besoin d'humains pour faire de la médiation, pour justement apaiser des situations qui seraient tendues ou difficiles, pour favoriser l'accessibilité aussi des transports aux personnes fragiles. Donc la présence humaine, la formation de nos professionnels, elle est essentielle. Ça, c'est la première chose. Et puis la deuxième, moi, je crois beaucoup dans la régulation sociale et dans le rôle que chaque citoyen peut jouer aussi là-dedans. Je ne dis pas que chacun doit être policier. En revanche, je pense qu'on a tous un rôle à jouer dans le fonctionnement de la société. Et nos habitacles de bus, de cars, de tramways, de métros, c'est des moments de vie en commun qui doivent être régulés. Et donc, moi, je crois beaucoup dans la formation de nos citoyens. On mène des actions avec des associations. pour attirer l'attention, sensibiliser les jeunes, les moins jeunes, justement à la vie en commun, y compris dans ces espaces de vie commune, collective, que sont les transports en commun. Il n'y a pas plus tard que 15 jours, j'étais à Dijon, on avait un événement qu'on organisait avec la Fondation des Femmes, justement pour attirer l'attention du grand public sur la question de la sécurité. des femmes dans les transports en commun. Il y a des formations aujourd'hui qui existent, je pense notamment à la formation 5D, qui permet d'attirer l'attention, de sensibiliser au fait qu'on peut et on doit, lorsqu'on est citoyen, intervenir lorsqu'on est témoin de situations difficiles, mais il ne faut pas intervenir n'importe comment. Ça peut être impressionnant, il faut faire attention à soi, etc. On ne peut pas faire n'importe quoi, mais on peut être formé pour le faire. Donc ça, j'y crois beaucoup. Puis à cette occasion... Je vous invite à voir ce que c'est. Je n'en ai pas pris avec moi, mais on a distribué un petit objet qui s'appelle un sifflet repousse-relou qu'on a distribué aux femmes et aux hommes aussi, qui, en cas d'agression, peut être utile. Ça fait un petit cri strident pour attirer l'attention soit du personnel qui est à bord des bus, soit des autres passagers. pour pouvoir justement indiquer qu'on est dans une situation de difficulté, et à ce moment-là être aidé. Donc c'est des petits gestes comme ça. C'est utile, directement cet objet, mais ça sert aussi à sensibiliser et à former à ces questions.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. C'est Keolis qui vous avez développé ce...

  • JC Combe

    Exactement, on a inventé le sifflet repousse-relou.

  • NATHAN

    Ok, c'est super intéressant.

  • JC Combe

    C'est pratique, oui.

  • NATHAN

    Et alors justement, ça résume avec ma question. Quel modèle ou initiative vous inspire personnellement en matière de mobilité durable et inclusive, Olivier ?

  • Olivier Issaly

    Il y a un modèle... Désolé, je vais rester dans le velours parce que c'est le sujet qui me parle le plus. Il y a un modèle que j'aime beaucoup, une politique publique que j'aime beaucoup, c'est Véligo et tout ce qui a été initié dans cette optique-là par les collectivités locales et par les autorités organisatrices des mobilités. Je trouve que c'est une très bonne manière, ces formules d'abonnement courte durée, subventionnées, je trouve que c'est une très bonne manière de faire découvrir le vélo. C'est une étape dans le chemin qui fait que le vélo devient un réflexe au quotidien pour les Français. Ça le rend accessible, sans engagement, et ça c'est vraiment très utile. L'Ile-de-France a fait un super truc avec Véligo. Il y a beaucoup de collectivités territoriales qui en ont développé maintenant, j'imagine des fois par des acteurs comme Géolis ou d'autres, pour ces autorités organisatrices des mobilités. Ça, je trouve que ce sont des très bonnes politiques publiques qui font bien avancer les choses, je trouve. Si des fois, on me dit, mais est-ce que ce n'est pas concurrent ? Non, en vrai, ce n'est pas concurrent et ça fait découvrir le vélo et c'est très bien.

  • NATHAN

    Super intéressant. Vous, Jean-Christophe, hormis le sifflet repousse-relou, ça, c'est très sympa, c'est une très bonne initiative. Donc, selon vous, quel modèle vous inspire personnellement en matière de mobilité durable et inclusive ?

  • JC Combe

    J'aime bien tout ce qui tourne autour de l'innovation. Je pourrais vous parler de plein de choses, mais j'aime bien l'innovation qui n'est pas forcément... qui est aussi une innovation simple, frugale. Tout ce qui tourne autour de la formation voyageur, autour de ce qu'on appelle les nudge. Voilà, pour... pouvoir notamment favoriser l'accessibilité pour les personnes en situation de handicap ou les personnes âgées en perte d'autonomie. Indiquer de façon très visible sur les quais, sur les véhicules, où sont les places réservées aux personnes à mobilité réduite, attirer l'attention du public aussi sur ces questions-là pour respecter. Et j'aime bien dire que c'est de l'innovation parce que... Par l'innovation, on pense toujours à l'intelligence artificielle, aujourd'hui, véhicules autonomes, même si je crois beaucoup d'ailleurs demain dans le développement des véhicules autonomes pour créer une mobilité décarbonée dans des territoires et dans les zones moins denses. Et pour moi, c'est des initiatives qui sont importantes. C'est aujourd'hui, vous savez, on... On travaille quand même de plus en plus avec des collectivités qui sont sous pression financière, qui nous demandent aussi d'imaginer des réseaux de transport un peu plus frugaux, de faire mieux, de rendre toujours plus attractif avec moins d'argent. Et donc ça nous demande de nous réinventer, de mieux penser l'articulation des différents modes de transport. C'est pour ça qu'on aime bien aussi les délégations de services publics qui nous permettent justement d'avoir et de maîtriser. l'ensemble de la chaîne de transport. Celle qui est la plus aboutie d'ailleurs, c'est celle qu'on a à Dijon, où ça va du stationnement, y compris le stationnement de surface, jusqu'à l'ensemble des modes de transport, y compris le vélo, le tram, le bus, le car, la navette de centre-ville. Bref, toute la mobilité sur le territoire dijonais, et ça, c'est un vrai levier. justement pour faire de la mobilité, une mobilité...

  • NATHAN

    une mobilité durable. Et puis le dernier exemple que je pourrais citer aussi, c'est le transport à la demande. On est le leader français aujourd'hui du transport à la demande chez Kiolis. 80 réseaux en France, c'est une solution aujourd'hui, alors que certes, si vous la ramenez kilomètres par passager, c'est un peu plus coûteuse qu'une ligne, mais néanmoins, correspond à un besoin, dans les zones moins denses notamment. plus frugal, ça nous permet de mettre des plus petits véhicules, souvent des véhicules électriques, et de répondre vraiment aux besoins de mobilité des personnes qui habitent dans ces zones. Et ça, c'est de la mobilité durable. On l'a fait notamment à Orléans, de façon extrêmement puissante.

  • Olivier Issaly

    J'abonde là-dessus, je trouve, j'aurais pu citer effectivement le transport à la demande aussi. Je suis aussi conseiller municipal dans une petite commune dans les Yvelines qui est desservie par un TAD, un transport à la demande. C'est génial et je trouve une très belle innovation.

  • NATHAN

    Très belle initiative. Alors justement, on va aborder le sujet de l'innovation d'IA un petit peu. Jean-Christophe, quelle est la propension que vous avez, notamment dans votre expérience personnelle, mais aussi professionnelle, à l'utilisation d'outils d'intelligence artificielle ? Vous avez évoqué le besoin de présence humaine, mais selon vous, comment on peut utiliser l'IA ? à une fin qui soit une fin vertueuse.

  • JC Combe

    Je pense que c'est un vrai vecteur d'inclusion et ça nous offre aussi des possibilités importantes de développement ou de renforcement de l'efficience de nos services quand vous faites, grâce à l'intelligence artificielle, de la maintenance prédictive. sur vos infrastructures ou votre matériel roulant, ça permet vraiment d'intervenir au juste moment vis-à-vis des questions de sécurité, mais aussi vis-à-vis de la durabilité de ce qu'on est en capacité de faire dans les services. C'est un vrai levier d'inclusion quand vous allez permettre, grâce à de la vidéo intelligente, de guider des personnes malvoyantes, par exemple, pour pouvoir accéder à des services de transport en commun. C'est un vrai service que vous apportez à des personnes. De façon générale, en marketing, puisque je suis avec Asket Marketing, chez Keolis, ça permet de vraiment mieux connaître les besoins spécifiques de chaque passager. Et ça, c'est extrêmement important si on veut pouvoir y répondre de façon au plus près et de façon très précise. Et puis dans votre question, dans votre introduction, vous parliez de vie personnelle et vie professionnelle. Je pense que ce qui nous a tous bousculé là depuis maintenant plusieurs années, c'est l'intrusion ou l'arrivée de l'intelligence artificielle générative dans nos vies. Et effectivement, ce qu'on utilise dans le quotidien à la maison, on le retrouve forcément au travail. Et dans des grands groupes et des grandes entreprises comme Keolis, on doit accompagner là aussi. L'usage de ces nouvelles technologies auprès de nos collaborateurs, qui sont des vrais leviers d'efficience, qui transforment de fait le travail dans la communication, mais pas seulement. On l'utilise beaucoup aujourd'hui, notamment pour organiser notre travail dans les réponses à appels d'offres. Je vous donne quelques exemples. Pour gérer aussi tout ce qui est knowledge management, tout ce qui est accès à l'information. dans l'entreprise, mais il y a aussi des risques qui sont associés en termes de sécurité, des informations que vous allez parfois, sans le vouloir, répandre dans la nature et qui sont pourtant des informations stratégiques pour l'entreprise, des questions éthiques liées à la protection des données personnelles notamment, et puis des questions écologiques. bon c'est pas L'ancée dans l'intelligence artificielle, tête baissée. On y va de façon raisonnée, mesurée, là où on est sûr qu'il y a un retour sur investissement. Pas seulement parce qu'on veille à la rentabilité de l'entreprise, mais aussi parce qu'on sait que chaque requête d'intelligence artificielle, ça a un coût écologique. Et que donc, il faut aussi que là, on soit très attentif à l'utilité de l'utilisation de l'intelligence artificielle.

  • NATHAN

    Super intéressant. Olivier, quelle est votre vision justement sur l'IA ?

  • Olivier Issaly

    En fait, c'est déjà là et en soi, même en tant que dirigeant d'entreprise, c'est une modeste PME, mais on a beaucoup de salariés qui l'utilisent. C'est intéressant parce qu'on a eu par moments ce débat sur le coût écologique quand même de l'IA, mais la réalité, c'est que ça s'impose au quotidien comme un outil de productivité et d'efficience, comme tu dis, dans tous les métiers. Et que ça, ça doit être accompagné. C'est ce qu'on fait. Et après, on la housse. Je rejoins sur le côté accompagnement et service. Nous, ce qui nous intéresse in fine, c'est, comme je disais tout à l'heure, c'est de faire du vélo un réflexe au quotidien, par exemple. Ça, ça veut dire vraiment avoir un vélo que la personne adopte parce que ça correspond à ses usages, à ses itinéraires, à sa morphologie. Trouver le bon vélo, en fait, ce n'est pas forcément évident en soi. Il n'y a pas deux vélos qui se ressemblent. Aujourd'hui, on touche plus de 100 000 salariés en France qui ont accès à l'offre Zenride. Plus de 1200 magasins partenaires qui représentent plusieurs centaines de marques et plusieurs milliers de modèles. Trouver le bon match entre ces centaines de milliers de salariés et tous les modèles de vélos au bon endroit, au bon moment, c'est ce genre de use case qui nous intéresse avec l'IA parce que l'enjeu, c'est de trouver le bon vélo et d'en faire un réflexe au quotidien.

  • NATHAN

    C'est vrai, justement, mon papa a pas mal galéré à trouver le bon vélo. Je vais lui conseiller d'utiliser l'IA, ça pourrait être super intéressant. Alors justement, vous avez évoqué votre travail avec les collectivités locales. Quels sont potentiellement les blocages que vous avez rencontrés pour intégrer justement votre logique avec les collectivités locales ?

  • Olivier Issaly

    Alors, on a eu plus de travail au final à l'échelle nationale que... que local, en tout cas dans notre activité à Zenride. Et c'est quelque chose que j'ai découvert vraiment avec Zenride parce que je n'avais pas forcément l'habitude de travailler avec les pouvoirs publics dans le cadre des marches entrepreneuriales. Et en fait, ce qu'on a fait notamment, c'est qu'on s'est structuré au sein d'une fédération avec tous les autres acteurs avec qui on travaille. sur les mêmes sujets, qui font de la location concrètement de vélos aux entreprises. On a inventé une fédération qui s'appelle la Fédération des acteurs du vélo en entreprise, que j'ai la chance de présider. Et voilà, j'ai appris comme ça aussi à travailler avec les pouvoirs publics pour faire progresser justement l'adoption du vélo en entreprise, faire levier quelque part sur les employeurs pour démultiplier l'effort de promotion du vélo qui est fait par l'État. Et donc ça je trouvais que c'est une bonne manière de travailler quelque part main dans la main pour pouvoir développer un objectif commun, l'état à ses objectifs de développement de la part modale du vélo. On a tous envie que ça progresse et donc on a travaillé intelligemment comme ça.

  • NATHAN

    Et c'est vrai justement Jean-Christophe, vous chez Keolis vous pilotez l'innovation et l'engagement. Comment vous arrivez à faire émerger des partenariats avec des startups ou des PME comme Zenride typiquement ?

  • JC Combe

    Nous, en fait, on se positionne vraiment comme un apporteur de solutions pour les autorités organisatrices, pour les collectivités. Je pense que nous, le rôle qu'on joue aujourd'hui souvent, c'est celui du tiers de confiance entre la startup et la collectivité. Nous, on a l'expérience historique de la gestion de grands réseaux de transport urbain et sur les territoires et on est capable de qualifier des innovations et de les intégrer dans nos systèmes de transport. Ça ne veut pas dire qu'on les gère nous-mêmes. Au contraire, on n'a pas vocation à tout faire. On gère 13 modes aujourd'hui de transport chez Keolis. C'est déjà énorme. On a une filiale de vélos qui s'appelle Cycleo, mais on ne fait pas la même chose. On est très complémentaires. L'idée c'est vraiment d'être agrégateur de solutions et d'être en capacité de les apporter aux collectivités. C'est ce qu'elles nous demandent. Je vous donne un exemple. Aujourd'hui, on est en train de travailler avec une société que vous connaissez peut-être, qui s'appelle Urban Loop, qui est un nouveau mode de transport, ce qu'on appelle un people mover. C'est des capsules sur rail qui peuvent transporter deux à trois personnes. Et donc ça marche un peu comme un ascenseur, vous appuyez sur un bouton, vous dites je vais aller à cette station-là, et puis par dérivation vous êtes amené directement à la station. Donc on a aujourd'hui un démonstrateur à 50 ans Nivelline, qui a un vrai territoire d'innovation et qu'on espère développer demain ailleurs. Vous avez une société qui amène une solution innovante, un rail léger avec des capsules légères qui sont respectueuses de l'environnement, donc c'est une solution nouvelle. Et puis, elle a eu besoin de trouver un opérateur pour l'accompagner, justement, dans la relation avec les collectivités. Donc, quelque part, un industriel, un gestionnaire de transport et une collectivité pour apporter une solution.

  • NATHAN

    Et justement, c'est intéressant. Quelles évolutions vous espériez voir dans les peut-être 10, 20 prochaines années en matière de mobilité urbaine ?

  • JC Combe

    J'aimerais bien qu'on ait réussi à relever les défis dont on a parlé au tout début de ce podcast qu'on ait une mobilité urbaine qui demain soit nativement accessible c'est vraiment le plus grand défi qui est devant nous quand on parle de transition écologique c'est de faire en sorte d'embarquer tout le monde qu'elle laisse personne sur le bord de la route à remonter tout le monde en selle n'est-ce pas ? Voilà, et ça, c'est mon rêve. C'est que demain, on ait une mobilité qui soit inclusive, mais vraiment nativement, et puis qui soit plus respectueuse de l'environnement. Et je pense qu'il faut qu'on aille vite. Finalement, même 10 ans, c'est demain. Mais je crois que vu la situation, et notamment l'accélération des changements climatiques, on a vraiment besoin d'aller beaucoup plus vite, d'investir plus fortement, de trouver des solutions. Encore une fois, des solutions qui concernent. tout le monde. Certes, la masse aujourd'hui, elle est dans les zones urbaines. On a besoin d'offrir ces possibilités-là vraiment à tout le monde. C'est ça, moi, mon rêve.

  • NATHAN

    Et vous, Olivier ?

  • Olivier Issaly

    Le rêve, il est surtout de pragmatisme et de bon sens. Il y a plein de mobilités qui me semblent évidentes. J'aimerais avoir tout simplement en 2030 ou 2035, si on parle de 10 ans. Oui. plus de transports en commun, plus de trains pour se déplacer dans les régions et évidemment aussi plus d'infrastructures pour les vélos des solutions qui sont en soi de bon sens, de pragmatisme qui couvrent un large scope quand même des mobilités dont on a besoin au quotidien et voilà je suis plus demandeur de ça que nécessairement d'innovation

  • JC Combe

    J'espère vraiment qu'on arrivera à faire bouger les imaginaires parce que tu as parlé des freins tout à l'heure notamment d'accès au vélo, mais d'accès aussi à la mobilité partagée. Comme on a un système qui est construit depuis très longtemps sur le modèle de la voiture individuelle, comme le nec plus ultra, de la liberté, de la réussite sociale, etc. Moi, c'est vraiment réussir à bouger les imaginaires et se dire que demain, on arrivera à créer un monde qui sera de transports en commun, de mobilité active, de vélo qui sera vraiment désirable. Ça sera ça, demain, notre... Je rêve un peu, mais je pense qu'il faut qu'on en passe par là. Et il y a des modèles aujourd'hui qui existent, qui sont pragmatiques, qui sont transposables dans la réalité et qui sont alternatifs à ceux qu'on connaît aujourd'hui.

  • NATHAN

    Et ça, justement, c'est intéressant. On arrive bientôt au bout de notre échange. Quel conseil, Olivier, vous donneriez aux jeunes entrepreneurs qui voudraient... justement, s'engager dans la transformation de la mobilité urbaine ? Pas facile.

  • Olivier Issaly

    Pas facile. D'autant que le secteur des start-up mobilité n'est pas facile depuis quelques années. Peut-être un conseil serait de bien réfléchir dès lors qu'il y a un actif, je l'appellerais un actif derrière, c'est-à-dire un équipement à financer. C'est quand même là où il y a beaucoup de difficultés, je pense. il y a eu beaucoup de modèles qui ont été envisagés pensés, testés en fait on revient souvent au sujet du financement de l'actif de l'équipement de mobilité donc avant de foncer tête baissée sur une startup de mobilité je creuserais bien ça avant.

  • NATHAN

    Très intéressant, Jean-Christophe quel conseil vous donneriez peut-être à un décideur ?

  • JC Combe

    Je vais être le rêveur de la bande Merci. Mais non, moi je dis qu'il faut foncer au cœur. Il faut oser, il ne faut pas avoir peur d'échouer, de recommencer. Je pense qu'il faut vraiment oser. C'est vrai que c'est un parcours qui est très difficile, qui est très exigeant, mais je pense qu'il faut avoir ça ancré au fond. Comme tu l'as, tu vois, il faut foncer. Et puis, la deuxième chose, je reviens encore à l'humain. Encore une fois, on parle beaucoup technologie, infra et matériel roulant, mais on est des entreprises de service. On est là pour répondre à des besoins qui sont profondément humains. Petit conseil méthodologique, avant de foncer tête baissée cette fois-ci sur la techno, vraiment connaître son client, connaître les gens. Et c'est ce qu'on fait nous chez Colis au quotidien. On observe de façon très fine l'évolution des modes de vie, des besoins sociaux sur les territoires pour apporter les meilleures réponses. Parce qu'encore une fois, notre sujet c'est... Certes, c'est de faire rouler le mieux possible les matériels qu'on nous confie, mais c'est d'abord de répondre à des besoins sociaux sur les territoires. Et donc cette connaissance fine et profondément humaine, il faut vraiment l'avoir en tête.

  • NATHAN

    C'est super intéressant. Alors justement, pour conclure notre échange, dans le dernier épisode, Paul Lé a eu cette citation. « T'inquiète pas, demain c'est trop bien » . Alors si vous, Jean-Christophe, vous aviez une citation qui vous inspire peut-être au quotidien, ou une phrase que vous souhaiteriez partager au grand public, quelle serait-elle ? C'est difficile.

  • JC Combe

    Ouais, c'est difficile comme ça, brûle pour point, mais... Un peu dans la même thématique, je ne sais plus qui dit ça, mais il faut toujours viser la lune. Moi, je suis profondément optimiste et j'essaie toujours de communiquer cet optimisme. Il faut toujours voir le plus loin possible et avoir les plus grands rêves pour être sûr de réaliser quelque chose qui se trouve entre aujourd'hui et le rêve qu'on a.

  • NATHAN

    Super intéressant. Olivier ? Peut-être une petite citation ? Pas facile encore une fois ?

  • Olivier Issaly

    Plus une réflexion. Pourquoi j'ai cet attrait aussi pour le vélo ? On sait qu'aujourd'hui, on a un gros enjeu environnemental devant nous. Et parmi tout ce qu'on a à faire pour arriver notamment aux accords de Paris, idéalement arriver à 2 tonnes de CO2 par personne par an, ce qui est un objectif assez ambitieux. Faire du vélo, c'est parmi les trucs les plus cools, les plus sympas qu'on a à faire, qu'on peut faire. Je le vois vraiment comme une transition positive. On peut en tirer du positif dans ce changement. Et voilà, c'est plutôt le côté sympa.

  • NATHAN

    Donc on restera sur le thème du positivisme. On reste positif, c'est très bien.

  • Olivier Issaly

    Je crois que tu as plus dans le bus aussi. C'est pas mal.

  • NATHAN

    C'est pas mal aussi. Messieurs, merci d'avoir répondu à mon invitation et je vous dis à très bientôt pour le prochain épisode de Prospective Urbaine.

  • Olivier Issaly

    Merci. Merci beaucoup.

  • NATHAN

    Merci à vous. Merci de nous avoir suivis et à très bientôt pour le prochain épisode de Prospective Urbaine.

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