- Speaker #0
Et voilà. Et c'est un quitte ou double, quoi. Ça passe ou ça casse, c'est l'envol ou c'est la chute. Mais il n'y aura pas de juste milieu, quoi.
- Speaker #1
Imaginez un monde où chaque histoire trouve sa voix, où chaque talent éclaire notre époque. Raconte est un média digital natif à l'écoute de notre temps. Les interviews grand format sont le premier chapitre de l'univers raconte. Écoutez-les en podcast, visionnez-les en vidéo, et préservez-les grâce à nos publications imprimées collector. Notre passion pour l'image est infinie. Raconte, c'est le fond avec la forme. Préparez-vous à voyager au-delà des horizons connus, aux côtés de celles et ceux qui les redéfinissent. Bienvenue dans l'Odyssée raconte. Raconte, la rencontre.
- Speaker #2
Bonjour Olivier Ransanet.
- Speaker #0
Bonjour.
- Speaker #2
Comment vas-tu ?
- Speaker #0
Chaudement, mais ça va, ça va.
- Speaker #2
Olivier, est-ce que je pourrais te demander de te présenter en quelques mots ? Qui es-tu ? Que fais-tu ?
- Speaker #0
Alors, je m'appelle Olivier Ransanet. Je suis actuellement artiste. Je dis actuellement parce que j'ai été plein d'autres choses avant.
- Speaker #2
On va y revenir.
- Speaker #0
Oui, je pense. Et je suis ici dans la Fondation Blanc, qui m'accueille pendant un an en résidence, en atelier en résidence. Et on est dans les caves, ce qu'ils appellent l'underground, où ils font des concerts de jazz, etc. D'où les coussins et tout le plein toit.
- Speaker #2
Qui nous accueillent en résidence.
- Speaker #0
Oui. Bien.
- Speaker #2
Olivier, on va peut-être en revenir aux sources. D'où viens-tu à la base ?
- Speaker #0
Alors, je suis né en Belgique, dans le sud de la Belgique. J'ai grandi dans une région qu'on appelle la Gaume, dans des plaies aux Ardennais et aux Lorrains. Magnifique région. à une époque qui pourrait ressembler à celle des Gounises. Donc j'ai grandi dans un petit village qui s'appelle Mexletige, dans une commune qui s'appelle Saint-Léger. Et mes parents avaient acheté une fermette qu'ils ont retapée au fur et à mesure des années. Et avant, on a habité à Arlon, une ville toute proche, très froide. Et... En arrivant dans ce village, moi qui étais un enfant très taiseux, très solitaire, dès que je suis rentré dans cette petite école de village, je me suis totalement ouvert. La simplicité, les gens qui vivent là-bas, beaucoup de fermiers, beaucoup de vieilles personnes encore avec l'image de la dame avec son tablier. Il y avait plusieurs cafés dans un village de 140 personnes. Il y avait au moins 4 cafés. Donc c'était sympa. Une enfance proche de la nature, avec des petits problèmes de santé qui m'ont paralysé pendant 3 mois. Je pense que mon rapport à la contemplation vient de là.
- Speaker #2
Tu as été immobilisé ou hospitalisé pendant ces trois mois ?
- Speaker #0
Non, pas hospitalisé. Ma mère a eu très peur, parce que le pédiatre lui a annoncé que j'avais une leucémie, que j'avais plus qu'un mois à vivre.
- Speaker #2
Et tu avais quel âge à ce moment-là ?
- Speaker #0
Trois ans.
- Speaker #2
Oui, donc, il faut encore t'exprimer.
- Speaker #0
Oui, ça allait, mais je pouvais m'exprimer. Mais je m'en souviens, en tout cas, c'est ancré en moi. C'est une grosse période de ma vie où j'ai... J'ai appris, quand on est enfant, on a un rapport au temps qui est totalement différent de celui d'adulte. Et à 51 ans, je me rends compte que plus on vieillit, plus le temps passe vite. Quand on est enfant, le temps passe pas si vite. Il n'y a pas de mémoire. Il n'y a pas de rumination. Il n'y a pas tout ça. Donc l'enfant, il est ancré dans le présent. Et moi étant paralysé des jambes, donc je ne pouvais plus marcher, on m'a emmené à Oulart, chez mes grands-parents, qui avaient une maison à Oulart. Et je me souviens d'heures passées assis à jouer tout seul. à créer un monde imaginaire, à regarder la nature autour de moi. Ils avaient un énorme jardin. Et voilà, dans un pays où on ne parlait pas français, moi, tout petit, dépendant. Avec beaucoup d'amour. Donc ça, je n'en ai pas manqué.
- Speaker #1
Raconte, où chaque format donne vie à une histoire.
- Speaker #2
C'est à cette période d'enfance, très tôt finalement, très très jeune, où tu as commencé à observer le monde, à avoir un regard un peu différent, on peut dire, des autres enfants du même âge.
- Speaker #0
Oui. En tout cas, je me sentais différent, ça c'est clair.
- Speaker #2
Déjà à trois ans.
- Speaker #0
Oui, depuis que j'ai de la mémoire, il y a... J'aimais pas trop jouer avec les autres. Le pédiatre disait que j'étais un enfant vieux. Alors là, je ne sais pas ce que ça veut dire. Je n'ai jamais fait le test qu'il faudrait faire pour être sûr. En tout cas, hypersensibilité, hyperempathie, je pense que ça fait partie de ma nature. C'est une force. C'est d'abord une faiblesse quand on est petit. Les enfants sont cruels. Et un enfant fragile, sensible, c'est une proie super facile. Donc ça, j'ai dû meurtre sur ma chic pour aller aux cours. Il y avait toujours cette barrière avec les autres qui m'empêchait de réellement être moi-même, de me sentir accepté. Et ça, c'est inhérent à ma vie. quelle est ma place ? Alors, est-ce que ça vient du fait que je suis un accident ? Je suis un enfant qui n'était pas voulu ? Euh... Je pense que oui. On le ressent profondément et ça fait partie de nous. Après, il faut... Ma force, c'est d'essayer de faire de toutes ces réflexions un chemin. une quête, une quête d'identité. J'en ai fait mon métier pendant 27 ans. Pour arriver à 51 ans aujourd'hui, à me sentir à peu près moi-même.
- Speaker #2
On va peut-être revenir aux différentes étapes de ce cheminement.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #2
Parce qu'on vient de partir de la toute petite enfance à maintenant. Et il y a beaucoup de choses qui se sont passées entre temps.
- Speaker #0
Oui. Vivre dans un village, c'est...
- Speaker #2
Du sud de la Belgique des années 80.
- Speaker #0
Du sud de la Belgique des années 70. 70 pour les amis francs. C'est merveilleux. C'est avant toute la période du trou, etc. Donc nous, on pouvait partir à 8-10 ans en vélo à 12 kilomètres du village. Il n'y avait pas de GSM. Mes parents étaient rarement là. J'étais élevé par des nounous, on va dire ça comme ça. qui m'ont donné énormément d'amour, mais des personnes qui étaient ancrées dans le village. C'est-à-dire, j'ai trait des chèvres, j'ai bu le lait de chèvre que je... que je trait moi-même. J'ai toujours été au contact des animaux, j'ai toujours été dans une sorte de quartier rural où on voyait les tracteurs passer, les... tous les gens se connaissaient et on allait dans les bois. Mon village était entouré de dix kilomètres de bois donc les bois c'est une école fabuleuse quoi, construire des camps, s'imaginer des histoires. Donc voilà, ça a été un peu la guerre des boutons aussi entre les différents villages. On s'attaquait, on allait détruire les camps, on attaquait les scouts. Il y a énormément d'histoires. On pourrait en faire une petite série même. Mais toujours avec cette différence. Et ce qui est intéressant à voir, c'est que j'avais des tortionnaires, entre guillemets, des mecs, qui justement manquaient de sensibilité et qui avaient peut-être été élevés plus à la dure. qui me harcelaient. Dès qu'ils arrivaient, j'étais à tête de Turc. On était plusieurs, mais souvent j'étais seul et c'était moi qui prenais. Et bien ces mecs-là maintenant, ils sont beaucoup plus intentionnés quand je les vois. Tu vois, avec la maturité. La maturité, puis mon parcours. En fait, le grand changement qui s'est opéré, c'est quand, depuis tout petit, j'avais envie d'être prêtre. En tout cas, j'ai terminé l'an.
- Speaker #2
C'est une singularité, ça pour un enfant, ce n'est pas tout courant.
- Speaker #0
Je ne sais pas d'où ça vient, je pense que, voilà, je ne sais pas d'où ça vient, c'est un appel, on n'y peut rien. Ma mère a un enregistrement de moi dans mon bain, parce qu'à l'époque, ils n'avaient pas de smartphone, mais elle aimait bien enregistrer, prendre des photos, filmer. Elle a toujours fait ça. Et elle me demande tout petit ce que je veux être, et je lui dis curé. Donc là, on entend presque ma mère s'effondrer. Parce qu'elle ne s'attend pas à ça, bien sûr.
- Speaker #2
Ils étaient croyants, tes parents, ou pas du tout ?
- Speaker #0
Non, ils sont catholiques, mais pas du tout pratiquants. Je pense fondamentalement qu'ils croient, mais... Ça ne fait pas partie de leur vie du tout. Donc c'est sorti de nulle part. Ils ont dû faire avec un enfant qui est un peu spécial, mais qui est gentil. J'étais un enfant doux, j'étais un enfant gentil, obéissant, contrairement à mon frère qui a tout cassé après. Qui a un autre tempérament, mais qui est aussi un homme extraordinairement gentil. Non, ils ont dit que ça passerait.
- Speaker #2
C'était vers quel âge, ça, environ ?
- Speaker #0
Moi, je dirais l'enregistrement, le premier enregistrement. Elle me donnait mon bain, donc je devais avoir 3-4 ans.
- Speaker #2
OK.
- Speaker #0
Puis après, je me souviens, je me souviens... Alors, c'était intéressant. Dans le village, il y avait un curé, une église. Et tous les gamins, après leur confession de foi, allaient comme... Comme enfant de cœur. Oui, voilà, c'est ça. Donc l'enfant de cœur, pour ceux qui ne savent pas, c'est le petit larbin à côté qui donne les bazars et qui seconde le curé dans son office. Et en fait, je prenais toutes les places de tous mes potes qui ne voulaient pas y aller. J'y allais tout le temps.
- Speaker #2
Toi, tu adorais.
- Speaker #0
Moi, j'étais là où je devais être. C'est un peu une safe place, en fait, l'Église. Pour un enfant qui a vécu parfois la brutalité du monde, alors brutalité, entendons-nous bien, franchement, j'étais un poussin. Mais brutalité des autres, brutalité, ce n'est pas mon langage, la brutalité. Je ne conçois pas ça, je ne conçois pas la brutalité. Et l'église était un peu une sorte de sanctuaire, en fait. Et Dieu, en tout cas Jésus, à l'époque c'était Jésus, c'était mon super-héros. Aimez-vous les uns les autres ? Moi ça me parlait. Marcher sur l'eau c'est un super pouvoir. Et donc petit, je chantais dans mon lit des louanges à Jésus-Christ jusqu'à 11h30, minuit. Ma mère venait dans ma chambre et me dit mais non, Boubou, c'est mon surnom, Boubou, il est temps de dormir quoi, tu dois dormir Moi j'étais là Jésus ! Donc voilà, moi je m'en souviens. Et donc oui, à un moment donné, je crois que j'avais 15 ans, j'ai été parler à mon curé pour lui annoncer que je voulais être moine.
- Speaker #2
Toujours très atypique pour l'époque. Là, on est dans les années quoi ?
- Speaker #0
Toujours 80 ? Une vocation, je pense qu'il y en avait plus à l'époque qu'aujourd'hui. Oui, c'est atypique, un gamin à 14 ans, à 14 ans, normalement, tu es attiré par les filles, tu commences à faire le joli cœur. Je ne dis pas que je n'avais pas ça, mais à un moment, ça a été évident. Une vraie relation mystique, je dirais. Spirituelle et mystique. J'aurais été au Népal, j'aurais été moine tibétain, j'aurais été n'importe où ailleurs, j'ai été moine catholique parce que ma culture et mon positionnement géographique ne me permettaient que ça. J'aurais pu être raïlien, en fait, aussi. Mais bon.
- Speaker #2
Il est venu un peu après, je crois.
- Speaker #0
Non, non, c'était en plein dedans. Ma mère avait acheté les bouquins. Donc, entre mes 15 ans jusqu'à mes 17 ans et demi, il y a eu la quête de l'endroit où je voulais être moine. Donc, j'ai été voir Orval, bien sûr, Orval, magnifique abbaye. cistercienne, tout bon gommet connaît Orval, et tout bon dégustateur de bière connaît Orval aussi. Mais ça ne m'a pas plu. L'endroit était magnifique, mais je n'ai pas été capté par l'énergie des moines. Donc j'ai après rencontré des spiritains, puis des franciscains, pour tomber en finale chez des bénédictins. à Wavremont. Alors eux ne font pas de bière, ils faisaient de la couleur, des pots de couleur. Alors moi qui dessinais depuis que j'avais 14 ans et même plus tôt, j'avais eu l'envie de reprendre l'ermitage d'un moine qui avait été ermite là-bas, dans une forêt qui appartenait au domaine, et refaire son ermitage. y intégrer un atelier et vivre en ermite directement. Ça, c'était mon projet.
- Speaker #2
À 17 ans, plus ou moins ?
- Speaker #0
Oui, 16, 17 ans, 16 ans et demi, 17 ans, oui. Alors, mes parents étaient un peu... Mon père m'a dit, si tu rentres dans les ordres, je n'ai plus de fils. Ben, tu as perdu un fils, papa. Il n'a su rien dire à ça. J'ai fait ce que je devais faire. Et ma mère ne m'a pas vraiment mis de barrière. Ils m'ont accompagné dans ce cheminement. Elle était plutôt sécurisée. Elle s'est dit, si mon fils et moi, il ne manquera jamais de rien. Pour une maman, c'est génial. Son fils, il est en sécurité.
- Speaker #2
C'est très pragmatique des choses, finalement.
- Speaker #0
Ma mère est quelqu'un de très pragmatique, très concret. Et donc, j'ai été plusieurs fois au Havre-Mont, jusqu'au moment où, dans cette petite chapelle que l'ermite avait construite, il y avait deux petites places, j'ai cette... On va appeler ça une illumination. Donc j'étais comme un poisson dans l'eau. Franchement, j'étais là où je devais être. J'étais... Voilà. Et arrive ce moment, où je suis en prière ou en méditation, rappelons ça plutôt méditation, puisque je n'étais pas très dogmatique dans mon approche. Elle est beaucoup plus intuitive que dogmatique. Et le message était, tu ne peux pas rester ici. Tu dois... Ta vie est en dehors du monastère. Donc, clairement, le message allait à l'encontre de ce que je voulais faire. Donc, j'ai été trouver le prieur. Le prieur, c'est le père qui gère et qui est élu prieur de l'abbaye pour lui dévoiler ce que je venais de vivre. Et voilà, ça s'est arrêté là. Je pourrais m'étendre des dizaines de minutes sur ce que j'ai vécu au monastère, mais ça fait partie de moi, ça ne m'a jamais quitté. Le rapport à Dieu m'a quitté. Au moment où j'ai quitté le monastère, c'est comme si mon mode de fonctionnement avait changé de paradigme, on va dire ça comme ça. Et donc, dans la voiture, on revient au côté pragmatique de ma mère, elle me dit mais qu'est-ce que tu vas faire ? On était en août, j'avais terminé mes rénovés, on était en août, et je dis je veux être artiste, peintre Et là, elle me dit ah non, moine déjà c'était limite, mais alors artiste, je n'ai pas envie que mon fils meure dans les caniveaux Donc là... Moi, enfant gentil, doux, j'ai jamais fait réellement de crise d'adolescence. Et je me dis, mince, non, je ne veux pas pouvoir le faire. Ce que j'ai envie de faire, je ne peux pas le faire. Je pourrais les envoyer à la merde. Je pourrais leur dire, écoutez, je fais ce que je veux, c'est ma vie. Elle me dit, trouve autre chose. Moi je revenais du monastère avec un message qui, j'avais l'impression, qui ne m'était pas destiné, puisque j'étais comme un poisson dans l'eau, et je dois essayer de trouver autre chose. J'aurais pu partir en Angleterre un an, prendre le recul, mais je n'ai pas eu la présence d'esprit à ce moment-là de me dire que je pouvais prendre un an pour moi. Et mes parents ne m'en ont pas parlé du tout non plus, donc grosso modo j'ai entamé des études de graphisme. et de publicité à Saint-Lucliège. Parce que la fille d'une amie à moi du village, dont les parents étaient très amis avec mes parents... avait s'être inscrit en graphisme et publicité, ma mère m'a dit mais ça c'est bien. Tu pourrais, voilà, après tu fais trois ans, puis après tu vas à Luxembourg, puisque la Gaume est tout près de Luxembourg, et tu vas travailler à Luxembourg. Donc un schéma très...
- Speaker #2
Passionnel.
- Speaker #0
Très rationnel, très orienté sécurité financière. Moi c'était pas un discours qui... J'ai même hésité à m'inscrire en peinture. car ils ne se souciaient pas vraiment de ce que je faisais. J'aurais pu très bien décider de leur dire que j'allais en graphisme tout en faisant peinture. Mais... Ce n'était pas dans ma nature de faire ça. Donc je me suis inscrit là et... Au final, j'étais dans une école d'art. mais ça ne m'a pas empêché de faire de la peinture. Donc depuis ce début-là, j'ai toujours fait créer sur le côté. J'ai fait ma première exposition six mois après avoir entamé Saint-Luc. Donc en plus de mes cours, je faisais de la peinture chez moi et je préparais une exposition.
- Speaker #2
Tu es tout de suite tombé dedans ou tu produisais déjà des œuvres avant ? Ou c'est une rencontre avec... Non,
- Speaker #0
Comme je dessinais, j'aimais bien. Ma mère m'avait inscrit à l'Académie des Beaux-Arts du soir de Darlon, avec un chouette prof, Daniel Daniel, qui était très académique. J'étais le seul jeune avec plein de petits vieux qui dessinaient des plâtres. Souvent, c'était ça. Mais moi, ça a exercé mon trait. J'ai toujours dessiné. C'était une chouette manière de draguer aussi. Dessiner, savoir dessiner la réalité, la mettre en scène dans des lettres. À l'époque, on n'avait pas de portable ni quoi que ce soit, donc on s'écrivait des lettres. Donc dans les lettres, ça devenait plus des BD que des lettres. Et ça, ça avait son petit succès. Donc j'ai toujours dessiné. J'ai toujours... l'art a toujours été dans ma vie. Parce que c'est un exutoire aussi. C'est un langage, c'est une manière de parler aux autres aussi. Quand on est jeune et qu'on a du mal à s'exprimer ou qu'on n'ose pas s'exprimer, c'était le courage ou en tout cas un mode de fonctionnement, on trouve d'autres moyens. Pourquoi je voulais revenir ? J'avais une idée de... Oui, non, c'est lié à la sensibilité, je pense aussi. C'est en nous, quoi. Et c'est en chacun de nous en fait. Mais on développe plus un mode de communication qu'un autre. Certains c'est la musique, d'autres c'est l'oral, c'est la présence. Certains n'ont pas besoin parce qu'ils ont tout. Ils sont beaux, ils sont... J'ai remarqué que les très jolies personnes manquaient d'incarnation. Bon, c'est pas une généralité mais... Mais les belles personnes, c'est des gens qui, justement, dégagent des failles et qui en ont fait une force. Donc voilà. Et donc, ben oui, une partie de mon travail aujourd'hui, c'est la contemplation. Et cette contemplation, elle vient à la fois de mon enfance. avec ce moment clé qui était cette paralysie où j'ai dû apprendre à rester sur place en fait à un âge où tu marches, tu cours, tu fais des conneries ben moi je ne pouvais pas donc je jouais avec des dinky toys qui sont des petites voitures métalliques anciennes et puis voilà et après bien sûr la relation mystique et spirituelle j'avais un rapport à la vie à tout ce qui est vivant, qui était totalement différent, et un respect de la création, entre guillemets. Et donc, les préceptes d'amour fondamentaux, je les ai intégrés très jeunes. Maintenant j'en fais une force, mais à l'époque c'était plutôt quelque chose qui me tombait sur la tronche. Parce que, de nouveau, entre enfants et adolescents, c'est pas le langage qui prédomine. C'est plutôt le plus fort, le plus beau, le plus intelligent. Ça a changé, je pense. ça essaye de changer, je pense. On oriente plus les enfants à comprendre que le lien empathique est quelque chose d'essentiel et que la sensibilité, pas l'ultra sensibilité, mais la sensibilité est beaucoup plus mise en avant aujourd'hui. Et donc Saint-Luc quoi. Après Wavremont, Saint-Luc. Mes humanités ont été faites à Arlon, dans une école où j'ai fait du sport. Donc ça aussi, très oui, bien sûr. Un aspect fondamental de qui je suis aujourd'hui. Et mon rapport humain, ça a été le sport, le handball. J'étais dans une équipe de handball de mes 12 ans à mes 24 ans, en ayant grandi avec tous les autres joueurs. Donc on a tous commencé à 12 ans. C'était mon oncle à l'époque qui avait monté cette sélection. Et donc voilà, c'était une très belle école de vie ça. Moi qui étais un enfant hyper sensible, très recroquevillé, j'ai dû me battre. J'ai appris à me battre, entre guillemets. J'ai accepté les autres comme des frères d'armes, parce que le handball c'est quand même assez violent, c'est du contact. Au début je m'excusais toutes les cinq secondes, ça énervait toute l'équipe. Et je n'allais pas à la confrontation. Jusqu'au moment où, en pratiquant ce sport, on se confronte à l'autre. On ose y aller, on ose aller essayer de mettre un goal. Et on prend des coups, oui, on prend des coups. Et en force d'en prendre, tu dis Ok, c'est bon, je sais comment… C'est un très bel apprentissage de combat. Toujours dans le respect de l'autre, mais de combat avec soi-même, pour moi surtout. D'oser. D'oser s'exprimer, d'oser entreprendre quelque chose pour aller essayer de marquer au risque de ne pas le faire. Et dans un match, quelqu'un qui loupe un goal, c'est une grosse opportunité de perdu. Donc, mais il faut... Et ça, ça m'a appris énormément de choses, la fraternité, la camaraderie. Encore aujourd'hui, je vois tous mes potes du NBAM, certains de mes potes, demain il arrive quelque chose à l'un d'eux, on est là. Donc il y a vraiment quelque chose de fondamental dans le sport collectif. Je parle du sport, mais ce sport collectif-là, c'est important.
- Speaker #1
Raconte la forme avec le fond.
- Speaker #2
Et après tout ça... On arrive à l'époque où tu es étudiant, ici à Bruxelles.
- Speaker #0
Non, à Liège.
- Speaker #2
Ah pardon, à Liège. Et après à Bruxelles, si je ne me trompe pas.
- Speaker #0
J'ai fait Arlon, Liège, Bruxelles. Il fallait y aller une étape par exemple.
- Speaker #2
Bon cheminement. Tu pourrais nous en parler un petit peu, ces études ?
- Speaker #0
Alors, déjà, Saint-Luc-Liège, c'est quitter le foyer. Donc, quitter un confort, quitter un nid. quitter des repères et se lancer dans un truc qui me dépasse, dans lequel je n'ai aucun contrôle. Je me retrouve dans une école d'art où moi je n'ai pas trouvé mon style. Je sors d'une ville qui est au fin fond du trou du cul du monde. Je me retrouve dans Liège, qui est quand même beaucoup plus active, avec des gens qui sont punks depuis qu'ils ont 12 ans. Et moi je suis là, waouh ! Et je ne parle à personne. Je me retrouve comme quand j'avais 3 ans, c'est-à-dire... pas par nature, mais par... Alors là, je suis vraiment en retrait. Ça a très vite, très vite enclenché, parce qu'on ne m'a pas nommé. Donc ils faisaient les classes, et mon nom n'est pas apparu comme une quinzaine d'autres élèves. Donc on se retrouve comme des clampins à ne pas savoir ce qu'on fait. Et on nous demande de nous mettre en file et ils disent toi tu es en A, toi tu es en B, toi tu es en C. Et tout le monde est dans la file et je vois un mec qui calcule, qui calcule pour être dans la même classe qu'une super jolie blonde qui s'appelait Esther. Et donc il y avait dans cette file Christophe, Esther, Jerry et moi. Et en fait on est x4 classe, donc on était 16 et on se retrouve les 4 dans la même classe. Donc on se retrouve à quatre. On ne s'est plus quittés pendant les trois ans qui ont suivi. C'était une amitié. Jerry est le cousin de Thomas, qui est le fondateur de cette fondation. Donc tout se lit. Donc ça, c'est les amitiés qui perdurent. Et ça a été trois ans où... Je me suis émancipé, on va dire ça comme ça. De moins en moins, je revenais à la maison. Je n'avais pas envie de retrouver... J'avais quitté le foyer. J'allais plutôt en forêt quand je revenais, parce que l'atmosphère familiale n'était pas forcément super exaltante. Et la forêt était une belle ressource de... De paix, on va dire ça comme ça. Et Liège, ben Liège, quoi. L'esprit liégeois, c'est...
- Speaker #1
Peut-être en toucher quelques mots pour les gens qui ne connaîtraient pas Liège.
- Speaker #0
Alors, les Liégeois, c'est ceux qui ont un accent un peu starby. Pour les Français, il n'y a pas qu'un accent belge, il y en a des centaines. Les Liégeois, c'est vraiment, on l'appelle la cité ardente, et elle porte bien son nom, je pense. Ils sont ardents, quoi. Ils sont... Il y a un feu.
- Speaker #1
Ils sont festifs aussi, hein ?
- Speaker #0
Festifs,
- Speaker #1
chaleureux,
- Speaker #0
décontractés, très jolies filles. Bon, donc, quand on est blaxant, tu vois, parce que moi, la première fois que j'arrive à Liège, je suis dans le bus, je vais vers mon cote et je vois toutes ces filles magnifiques. Ben oui, Arlon, il y en a dix, quoi. Là, il y en avait des centaines. Mais j'ai dû en entendre parler une, et là, ça a complètement cassé mon... L'accent est mignon, une fois que tu... Mignon, on ne peut pas dire ça. L'accent est spécifique. L'accent est spécifique, on l'attrape vite, étonnamment, en y restant trois ans. Quand on est un peu une éponge, on l'attrape vite, cet accent. Parce qu'en Gaume, comme on est frontalier avec la France, on n'a pas énormément d'accent. Et donc oui, Liège, ça veut dire guindaille, c'est-à-dire fête continue. Il y a une zone à Liège qui s'appelle le Carré, où tout est concentré, donc tu as plein de café, tous les étudiants se retrouvent là le soir. Il y a une ambiance de dingue. Voilà, bon, après, il faut tenir le rythme, quoi. Il faut réussir ses années. Le deal avec ma mère, c'était tant que tu réussis, tu peux continuer. Dès que tu rates,
- Speaker #1
t'arrêtes. Tu aurais pu faire doctorant, en fait, à l'heure qu'un dit pareil.
- Speaker #0
J'ai fait doctorant, puisque j'ai, après les trois ans de Saint-Luc, où j'ai talonné un peu les différentes techniques. C'est très académique, la manière dont on approche. À l'époque, en tout cas, le dessin, j'avais des croquis, donc j'avais des cours de croquis, j'avais des cours d'affiches, typographie, etc. Voilà, c'est... J'ai pas passé mes trois ans à m'extasier, je pense que j'ai réussi dans la moyenne sans faire trop d'efforts, mais j'ai surtout réalisé que je pouvais me faire des amis, que j'étais quelqu'un qui pouvait... oser faire des choses. Et donc voilà. Après la cambre, quand j'ai terminé Saint-Luc, je suis passé par une phase où je suis rentré de nouveau chez mes parents et là ça a été un peu la chute quoi. Me dire oh pfff... J'avais goûté la liberté d'être moi, j'avais fait des expériences humaines, des expériences personnelles. et je n'avais pas l'impression d'avoir réellement acquis un savoir comme j'aurais voulu le faire. Et j'ai un ami de Liège qui m'a un jour invité à venir avec lui à Bruxelles et il m'a fait visiter l'abbaye de la Cambre. Alors moi, ça a été le coup de foudre, bien sûr. Le côté abbaye cistercienne et le côté art dans une école assez élitiste. Tout l'ingrédient était là. L'envie de savoir, quand on a 17 ans et demi, 18 ans, on n'a pas forcément la niaque pour apprendre. Mais quand on a 3 ans de plus, 20, 21 ans, là, on se rend compte que si on peut rentrer dans une école comme la Cambre, il faut apprendre tout ce qu'on peut prendre. Et bibliothèque extraordinaire, tout début de l'informatique, tout début des Mac, puisque le métier de graphisme est fortement lié aux Mac. Donc très grande révolution en préparation. Moi j'avais fait du design graphique et de la publicité un peu... l'ancienne à saint luc et à la cambre chacun avait un ordinateur voilà même à saint luc on en avait aussi un on commençait aussi mais voilà donc c'était vraiment ces périodes là ça a été vraiment la nouvelle génération de designers qui allaient sortir et qui allaient un peu chambouler le marché dans les studios.
- Speaker #1
Je croyais que ça a dû être un peu une rencontre des mondes pour le métier à ce moment-là. Comme tu dis, le côté très manuel, très manuscrit, presque du métier de graphiste, et l'arrivée du numérique qui était inconnu jusqu'à présent.
- Speaker #0
Alors oui, et surtout des gens qui avaient une maîtrise du geste, qui étaient vraiment des designers. Alors au tout début, avec les ordinateurs, on continuait à faire du design. Il n'y avait pas internet comme on l'a aujourd'hui, Pinterest, toutes les plateformes et l'intelligence artificielle qui émergent comme aujourd'hui. Donc l'ordinateur restait un outil technologique au service du designer. Il fallait aller faire des recherches, continuer à faire des croquis, des réflexions manuscrites, etc. pour, plutôt que de faire de la mise honnête sur ce qu'on appelait de l'omnicrome ou à l'encre, de chine certainement là ça se faisait à l'ancre des chines ou qu'on pas au lat des logos ça se faisait comme ça quoi et l'omni chrome c'était une sorte de film rouge hyper inflammable ne mettais jamais une allumette à côté de l'omni chrome C'est un petit coucou à Jerry qui l'a fait, bien sûr. Plein de classe, tout le monde. C'est des films transparents sur lesquels il y a un léger film rouge autocollant. Et avec le cutter, les compas, etc., on coupait, on redessinait le logo. et on enlevait les parties rouges qu'on n'avait pas besoin pour faire apparaître le logo. Et ce logo, qui était dessiné en omni-chrome, servait de base pour faire du photomontage, de la photogravure, etc. Donc faire la mise au nette définitive du truc. Et il y avait un énorme tas, puisque tous les élèves de la classe mettaient l'OmniChrome sur le même tas, comme ça après on mettait ça à poubelle. Et Thierry, pour essayer un truc, il prend son briquet, il allume, et ça prend directement, et il veut s'en débarrasser, et bien sûr, le morceau tombe sur le gros tas, et ça... Voilà. C'était ce genre d'expérience qu'on a aussi dans une école d'art. Donc voilà, packaging, etc. Et donc la cambre, coup de foudre. Sauf que moi, je savais très bien que ma mère n'allait pas... Elle m'avait dit non, mais non, tu vas chercher un boulot à Luxembourg. Et c'est ce pote, Mickaël, qui m'a dit laisse-moi un peu avec ta maman, je vais parler avec elle. Et quand ils sont sortis, ils étaient d'accord.
- Speaker #1
Comment il a fait ce miracle ?
- Speaker #0
J'en sais rien. Tu ne l'as jamais su ? Jamais su. Il n'a pas vu ton livre ? Je ne sais pas ce qu'il lui a dit. Il était fort, Mickaël, pour ça. Mais c'était quelqu'un de très persuasif et très intelligent. En fait, j'avais rien à perdre à essayer de rentrer à la cambre. On était 72 à vouloir rentrer, on était 14 à être pris. Et par chance, j'ai été sélectionné. Et là, à ce moment-là, tu te dis, ok, là j'ai la chance de pouvoir faire 5 ans dans une école extraordinaire, avec des profs qui étaient avant tout des gens reconnus dans le milieu. des noms quoi. Je me suis donné à fond quoi. C'est aussi parmi les cinq plus belles années de ma vie. Vraiment. Parce que aller chercher... C'était pas de la communication graphique, c'était de la communication graphique, mais c'était pas du graphisme et de la publicité comme j'avais fait à Liège quoi. C'était pas orienté publicité, c'était orienté communication graphique, donc de nouveau design. sens, approche narrative avec des cours généraux extraordinaires, histoire de l'art, histoire de la musique, histoire de l'art contemporain, histoire de la photo, croquis, perspectives, plein plein de trucs. Et quand on a la maturité en plus et qu'on a cette... Cette conscience que dans cette école, on peut apprendre énormément de choses, c'est parfait. Je sais que de mon point de vue, pour avoir été membre du jury dans plein d'écoles, ce n'est pas l'école qui fait les étudiants, c'est les étudiants qui font l'école. J'ai vu des étudiants brillants dans toutes les écoles, et j'ai les meilleurs graphistes que j'ai rencontrés. pour un peu casser les écoles, sont des autodidactes. Donc la plupart des très bons designers que j'ai rencontrés sont des autodidactes. Donc en soi, voilà. Mais pour moi, dans mon parcours, la Cambre a été vraiment une étape. Et Bruxelles, bien sûr, Bruxelles.
- Speaker #1
Autre ville, autre mentalité, autre style.
- Speaker #0
XL, les étangs d'XL, magnifique endroit, la place Flagey. J'ai déménagé quasiment tous les deux ans, mais c'était... C'était autre endroit, autre ville, autre dimension. Dimension plus française aussi, car beaucoup d'étudiants de la Cambre étaient français. On sortait de la ville pure belge Liège pour aller vers une ville plus cosmopolite. qui est Bruxelles, ça parlait anglais, espagnol, français, c'est fabuleux. Et donc, on s'y accroche. Je suis resté 12 ans à Excel. 12 ans. Après la cambre, pendant la cambre, j'ai trouvé un boulot, parce que comme j'avais déjà un diplôme et j'avais trouvé un job d'étudiant, à la rétine de plateau. et au petit déjeuner du cinéma, qui était la même entité. Les vieux reconnaîtront ceux qui ont connu ça. Les petits déjeuners du cinéma, c'était... Vous venez tous les dimanches matin manger un croissant et boire un petit café devant un film. Mais un film qui était passé il y a dix ans. Donc, les gens pouvaient revoir Beetlejuice. Il y avait des programmations bien précises, etc. C'était très sympa. La rétine de plateau, c'était une SBA. qui qui protégeait le patrimoine cinématographique bruxellois mais qui est aussi une qui faisait de l'événementiel il y avait énormément de choses qu'on faisait à la rétine de plateau et en plus de la cambre j'ai vraiment appris mon métier là avec un fou furieux comme patron qui était eric gauthier et qui Avoir un fou au-dessus de soi, c'est... Tu passes ou tu casses, mais si tu es capable de suivre un fou, il n'y a plus rien qui t'arrête. Et lui, rien ne l'arrêtait dans sa folie.
- Speaker #1
C'est des cageurs de folie pour mieux cerner.
- Speaker #0
Si je dois...
- Speaker #1
Un exemple, une anecdote.
- Speaker #0
C'est Don Quichotte, en fait.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
C'est Don Quichotte. Ce mec a un talent extraordinaire, il a une présence déjà. Il a créé le cyberthéâtre, il a imaginé le cyberthéâtre à une époque où ce mec a fait des... Quelqu'un qui est un peu fou, qui est fou, est toujours connecté à quelque chose que les autres n'ont pas. une sorte de liberté dangereuse, dangereuse au niveau business en tout cas, mais une liberté de création et d'anticipation fabuleuse. Ce mec était un visionnaire, était parce que on ne peut pas rester constamment visionnaire, on est visionnaire à une époque clé de sa vie. Non, lui a quelque chose de fond d'homme. Il a une énergie, je ne sais pas d'où il la puise. Je ne sais pas d'où il la puise, cette énergie. Et l'équipe d'Alretine était fabuleuse. Marc, Virginie, Assou, tous des gens, Eliana aussi, tous des gens ultra compétents, parce qu'entourons un fou. Mais un fou gentil, un fou enthousiaste. qui voulaient, qui pouvaient rebondir sur une idée, redévelopper un nouveau projet. On faisait des projets tous les deux jours.
- Speaker #1
Un porteur de projet ?
- Speaker #0
Non, parce que non, c'est un créatif...
- Speaker #1
Sans limite ?
- Speaker #0
Sans limite, voilà. Après, il a créé la Champagne Tech, après, il a racheté un cinéma qu'il a voulu... Non, ce mec n'est pas suivable, quoi. N'est pas suivable. Et c'est sa force et sa faiblesse, puisque qui voudrait suivre, qui voudrait investir dans quelqu'un qui a une telle puissance de rebond ? Et pourtant, son discours maintenant, il a 60 ans, il refait l'IAD ou l'INSAS, je ne sais plus, donc une école de cinéma où il apprend la réalisation. C'est fabuleux. Là, maintenant, il réfléchit sur le cinéma de demain. Il a toujours réfléchi autour du cinéma. C'est un passionné de cinéma, c'est un photographe de plateau. Mais à 14 ans, ce mec avait réussi à se planquer, à se faire passer pour un enfant de cœur, à l'enterrement de je ne sais plus quel roi, pour aller photographier l'enterrement de l'intérieur. Voilà le type de folie de ce gars. J'ai passé des nuits blanches à travailler pour lui et pour nous tous, parce que les projets étaient exaltants. Et c'est une très bonne école. Je crois que ça a construit le designer que je suis devenu après, c'est-à-dire le challenge, pas de souci. J'ai déjà vécu pas mal de choses.
- Speaker #1
Justement, pour y venir, après ton parcours scolaire et ses premières étapes, on arrive, j'ai envie de dire, enfin dans le monde du travail. Encore une toute nouvelle page, une toute nouvelle phase.
- Speaker #0
Alors, le monde du travail, ça a été la rétine de mon gage. Après, j'ai terminé la cambre en faisant de la vidéo. Je me suis éclaté. Belle rencontre aussi avec Patrick Lerche, un auteur et comédien et metteur en scène. qui avait écrit Le dire troublé des choses, magnifique projet. Je travaillais avec des acteurs... des jeunes acteurs étudiants du Conservatoire de Bruxelles, de l'art dramatique de Bruxelles, fabuleux. Je sors de là et je me fais engager à la rétine de plateau où je continue ce que je faisais déjà. Mais très vite, on s'épuise. Et puis, les choses évoluent, pas forcément bien. Et donc, très vite, je me mets freelance. Avec des gens qui me disent, mets-toi freelance, Olivier, fais-le.
- Speaker #1
On est à quelle époque à ce moment-là, pour toujours contextualiser, dans quelle année plus ou moins ?
- Speaker #0
Je termine Saint-Luc en 1994. Je termine la cambre en 1999. Et la rétine, je pense que je termine en 2003-2004. Donc on est dans le début 2000, début de mes années 2000. J'achète... un écran ciné Apple qui est maintenant vintage à mort. J'achète des bureaux et je me lance comme freelance au sein d'un collectif qui s'appelait Ideogram, où il y avait copie, publicitaire, graphiste, metteur honnête...
- Speaker #1
Une agence, en résumé.
- Speaker #0
Oui, en fait, un regroupement de freelance. Donc chacun avait son petit bureau qu'il louait et puis on avait un super, des super bureaux.
- Speaker #1
Un coworking avant-d'heure un peu.
- Speaker #0
Voilà, un coworking avant-d'heure. Le but c'était de générer des échanges et ça se passait déjà bien entre eux. Moi j'ai juste rejoint la troupe. Bon, il n'y a pas beaucoup eu d'échanges mais c'est pas grave. J'ai eu pas mal de gens beaucoup plus âgés que moi qui m'ont... beaucoup plus long, dix ans, qui m'ont un peu pris sous le réel. Moi, je venais avec l'énergie du renouveau. Et voilà, c'était chouette. Et puis après, j'ai rencontré mes premiers associés, Eric et Tristan, qui avaient monté une société Screenshot. Donc comme moi, j'étais du milieu événementiel, la rétine de plateau était vraiment dans le milieu événementiel, il y avait deux ou trois grandes sociétés à l'époque, Any Performance, VO Communication, et je pense une troisième. En final, tout gravitait autour de ces énormes boîtes événementielles à une époque où l'événementiel était à son apogée. Maintenant, c'est plutôt difficile.
- Speaker #1
Tu veux dire que vous aviez des budgets conséquents, des annonceurs, etc. ?
- Speaker #0
Des budgets conséquents, oui, des trucs. Il y avait un gros marché et pas forcément beaucoup de créativité au niveau du design graphique. J'étais un peu un ovni dans le bazar. Les gens qui sortent de la cambre vont souvent dans des grands studios ou font des studios quand même qui ont une certaine... présence, méthode, et puis un certain niveau. L'événementiel, ce n'est pas vers ça qu'on va normalement après la cambre. Mais moi, j'y trouvais de l'adrénaline, j'y trouvais des défis, des challenges. Je pouvais à la fois illustrer, peindre. Il n'y avait pas de limite avec Eric. Il n'y avait pas de limite à la réponse créative que je pouvais fournir à ce mec. Donc, j'ai développé pas mal d'outils. Et au delà de. de l'émergence de l'ordinateur aussi donc et donc donc après deux grammes je j'ai un coup dessus je faisais des ports pointe figurez vous je faisais beaucoup de powerpoint parce que dans l'événementiel les gens projetent des powerpoint les si au fond leur powerpoint ou des secrétaires des silos font leur powerpoint n'est pas toujours au succès graphique on s'est fait ainsi d'ailleurs moi les liens et tu es quoi tu vois et donc et je bossais spécifiquement ça ça faisait partie de de mes services et je bossais pour plusieurs boîtes. Un jour, je pars en vacances et Eric et Tristan sont contactés par une de mes clientes et qui leur dit qu'ils avaient les mêmes services que moi. deux architectes qui étaient tombés dans l'événementiel chez Uniperformance, qui avaient décidé de monter une boîte ensemble, puisque c'était des amis de la cambre Archie, et qui faisaient exactement ce que je faisais, sauf qu'il y avait un pendant plus web, plus technologique avec Tristan. Et donc cette cliente leur dit, Je vous envoie des PowerPoints de mon graphiste, je veux ce niveau-là. Donc elle leur envoie mes powerpunks que j'avais faits pour elle. Et les mecs, en fait, il leur manquait ça. Il leur manquait un designer capable d'une puissance créative et visuelle qu'eux n'avaient pas. Donc ils lui demandent quand même qui c'est. Et à un moment, ils me contactent. Et le premier contact, ça a été autour de Franco Dragon. Ils avaient reçu une demande pour travailler pour Franco pour le aquatique au César Palace et ils ne pouvaient pas y répondre, ils avaient d'autres projets. Et donc ils avaient vu mon site et ils avaient... m'avait recommandé à Franco Dragon. Et donc, ça a été le premier projet qu'ils m'ont fourni. Et après ça, on s'est vus. Et ça a été une évidence, quoi. Une évidence... Ben oui. Deux personnages... Voilà. Moi qui suis plutôt un solitaire, qui voulais développer mon propre business, je me suis toujours ressenti solitaire, mais à un moment donné, il y a ce côté fraternel, tu vois. J'aurais pu être prêtre, j'ai été moine. J'aurais pu... faire un sport X, la belote, la pétanque. J'ai fait du handball, sport collectif. J'aurais pu être freelance, je me suis associé. Il y a toujours à un moment donné de mon parcours, cet appel vers les autres et la collaboration. Et je pense que la collaboration est vraiment quelque chose de fondamental dans mon approche. Pour en revenir ici, par exemple, l'exposition que je veux faire après un an de résidence, j'ai envie d'inviter quatre autres artistes. Je n'ai pas envie d'exposer tout seul, j'ai envie de promouvoir aussi un esprit collectif, ce qui n'est pas évident dans le milieu de l'art.
- Speaker #1
Oui, généralement, c'est un peu chacun pour soi, les places sont chères, comme on dit.
- Speaker #0
Alors, c'est chacun pour soi ou on n'a pas le choix. Maintenant, ça change, il y a des ateliers collectifs, il y a énormément de collectifs d'artistes, mais l'artiste est toujours... confronté à lui-même quand il est face à son travail et il n'y a personne d'autre qui peut avancer à sa place. Donc il est face à ses questionnements, face à ses choix esthétiques, face à ses concepts, face aux défis qu'il a envie de relever ou pas, ou face à ses obsessions, il est face à lui-même. Mais quand on peut s'exposer, de nouveau, c'est une question de quand j'arrive dans ce village, et que je vais dans une école gardienne, puisque je suis arrivé à trois ans là, je m'expose aux autres en tant que personne. Quand je décide de dévoiler ma vocation, je m'expose différemment. Quand j'attaque ou quand je fais une contre-attaque au handball, c'est aussi une forme d'exposition. On se met. On se met dans un élan, on se met dans une lumière, on se met dans un mouvement. S'exposer seul, oui, pourquoi pas, mais si dans cette lumière on peut y mettre d'autres personnes, c'est quand même vachement plus cool. qu'on aime surtout. Je ne vais pas aller chercher des noms, non, je vais chercher des gens qui m'entourent, dont le projet m'a touché, ou la personne m'a touché, et j'ai juste envie que les gens puissent voir une de leurs œuvres. C'est pas non plus... Mais donc ça c'est intéressant, le côté social collectif. Autant je ne suis pas du tout dans le milieu de l'art friand de... de ce milieu marchand, on va dire ça comme ça, si on peut parler comme ça, autant les artistes me touchent. Pas tous, mais j'ai ressenti beaucoup parfois de solitude. Et donc moi, je suis souvent content de pouvoir utiliser mes 27 ans de... de directeurs de création en communication pour aider certains à réfléchir, à se positionner, à réfléchir à leur propre identité en final.
- Speaker #1
Oui, parce que ça a été une grande partie de ta carrière justement, la création d'identité. Quand tu as été pendant 27 ans directeur de création, c'était un de tes travaux principaux finalement de créer des identités visuelles pour...
- Speaker #0
Alors ça a été naturel en fait. Ça a été une... J'ai d'abord... Pour reprendre le fil de l'histoire, puisqu'on est dans une logique de ligne du temps.
- Speaker #1
On se permet des écarts, c'est très bien aussi. On adore ça.
- Speaker #0
En fait, tout est interconnecté.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Et il y a des schémas récurrents et des structures récurrentes, comportementales.
- Speaker #1
On entend bien.
- Speaker #0
Donc screenshot, je rejoins screenshot, je deviens le troisième mousquetaire de screenshot. On peut voir ça comme ça, des frères d'armes de nouveau, parce qu'on a relevé des défis de dingue. On avait le monopole, c'est-à-dire qu'on avait réussi à rassembler sous une même boîte un architecte du code extraordinaire qui codait depuis qu'il avait 8 ans, Eric, qui était un chef de projet, un commercial. phénoménal et un fou furieux créatif. Les trois ensemble dominaient le marché. On avait en plus issu d'un côté, Nîmes Performance, une des plus grosses boîtes d'événements, Éric et Tristan venaient de là, et moi je venais du pendant VO Communications. L'entièreté de l'événementiel bruxellois, si pas belge à l'époque, on l'avait. Donc on a bien développé ça. Le screenshot est passé à cette personne très vite. On a engagé, on a avancé, on a passé des nuits blanches à bosser sur des défis de dingue. J'ai brûlé pas mal de neurones. Je faisais des 72 heures d'affilée. Maintenant, j'en paye les conséquences, mais à l'époque, c'était presque...
- Speaker #1
La norme.
- Speaker #0
La norme. On n'a rien sans rien. Je veux dire, voilà. Éric était un peu le moteur, le liant. C'était celui qui tenait, le mec solide qui était au milieu de Tristan, qui était quelqu'un... d'un peu atypique émotionnellement, on va dire ça comme ça, un binaire quoi, 0, 1, oui, non, voilà.
- Speaker #1
Un codeur,
- Speaker #0
c'est pas mal. Et moi qui étais la drama queen, on peut appeler ça ça oui, j'avais déjà ce côté un peu drama queen. très émotionnel, sans filtre. Ils avaient parfois peur de m'emmener devant un client, parce qu'à l'époque, je pouvais dire non à un projet. Comme ça, on dit non. J'étais sorti avec la plus grande distinction de la cambre. J'étais un sale gamin à cette époque-là, un peu prétentieux. L'ego sert, l'ego peut servir. On a tous besoin d'un ego. Et cet Ausha m'a servi à... à dire je vais le faire votre truc en trois jours. Je vais le faire. Ça prendrait normalement 15 jours, mais moi je vais le faire en trois jours, je suis capable de faire ça. Et je le faisais. Et maintenant, la direction artistique et créative m'a amené un peu plus d'humilité. Devoir gérer des gens, comprendre qu'on ne peut pas demander aux gens... La même chose qu'on se demande à soi-même. Au début, j'étais un très mauvais directeur de créa parce que j'étais hyper intransigeant. J'essayais d'être humain et gentil, mais ça ne me servait pas, en fait. Et je pense que j'ai vraiment fait douter pas mal de gens dans le design graphique. En essayant d'être le plus gentil, le plus coulant possible. Ce qu'eux ne savaient pas, c'est que j'étais encore dix fois plus intransigeant avec moi-même. Et tu vois que cette intransigeance, en final, construit une capacité de réponse. Et j'étais assez déçu de voir à quel point certaines personnes, à 6 heures de l'après-midi, avaient terminé de bosser et pouvaient passer à autre chose, alors que moi, c'était le projet avant tout. J'ai appris de ça, j'ai changé, j'ai évolué. Et ça amène un côté serein en plus parce que ça m'a beaucoup mangé d'être aussi ténu sur les projets. Toujours, je pense, lié à une volonté de reconnaissance. Le fait que je n'ai pas fait de grand studio graphique. Le monde événementiel est un peu pris comme un cirque, mais par les designers graphiques, c'est un monde éphémère. Donc, rien n'est jamais posé, reconnu. Non, c'est un truc qui se passe, tu vois. Même si les défis sont conséquents et que le design peut être vraiment bien foutu, il y avait le monde événementiel à côté du monde communicationnel ou identitaire ou design. quoi donc peut-être un toujours ce cette volonté de reconnaissance qui est liée très certainement à justement à ce sentiment de ne pas avoir ma place existence de ne pas avoir eu mon ticket d'exister puisque je suis une erreur Une erreur, un accident. Ça m'a longtemps tenu ça. Et je pense que cette volonté de se relever les défis, de pouvoir faire des choses que personne n'ose faire ou se lancer. Je pense que c'est lié à ça.
- Speaker #1
Tu voulais être accepté, tout simplement ? En très résumé.
- Speaker #0
Ou m'accepter, moi, je ne sais pas, ou trouver ma place. Je pense que ça a toujours... Toujours ça, c'est... Qui suis-je, quoi ? Je n'ai jamais été contenté de ce que je faisais, ou totalement... Tu sais, quand tu quittes le monastère et que tu te prédestines à une vie de contemplation, de mysticisme, de quelque chose qui est méta, les choses de la vie te paraissent tellement lointaines et pas banales, mais tellement vides de sens. J'ai vraiment eu l'impression que l'enfant ou l'adolescent que j'étais était beaucoup plus sage et beaucoup plus puissant que l'adulte que je suis devenu. Et là, je suis en train de me reconnecter à cet enfant intérieur et ça nourrit l'art que je fais. Donc après, screenshot pour revenir à l'histoire, sinon ça va partir en gris. On a fusionné avec une autre société et on a créé Manything. On est passé de 7 à 14 et puis de 14 à 21. Ça a été un un front succès sauf que moi j'étais pas vraiment pour cette fusion parce que ça n'allait pas dans le sens de la qualité ni du design comme je l'entendais. Et donc après, je pense, trois ans, j'ai décidé de quitter Manything. Parce que j'étais appelé par le design. Et qu'après 15 ans de bons et loyaux services dans l'événementier, j'avais envie de développer plus cette faculté que j'avais. Je prenais mon pied dans l'identitaire, comme tu dis. L'identitaire est devenue ma carte de visite. Les gens me reconnaissaient pour ça, ma capacité à donner du sens dans un milieu qui s'en fout. Du moment que c'est beau, qu'il y a des feux d'artifice et que c'est jaune, quand le client dit jaune, je dis non, pourquoi jaune ? Ça doit être vert. Alors là, ça part en vrille. Donc j'étais à la fois aimé et détesté pour les mêmes raisons. Donc j'ai eu envie de lancer ma propre société, Kian, que j'ai toujours aujourd'hui, et qui est devenue Art Studio, mais qui a été Kian Studio pendant plus de dix ans. Et là, comme cadeau de départ, on va dire ça comme ça, Eric, mon associé le plus proche, m'a transmis l'identité d'Orval. l'abbaye d'Orval.
- Speaker #1
L'abbaye, c'était bouclé ?
- Speaker #0
La boucle, alors oui, finalement, j'avais jamais fait, franchement, j'ai jamais fait le lien. C'est parce que c'est la première fois qu'on me demande de raconter ma vie, presque, donc... Mais la boucle est bouclée, oui, franchement. Ce qu'il y a, c'est que Frère Xavier, tu le connais, on a travaillé pour Orval ensemble, Frère Xavier voulait un graphiste gommet. Et le client qui travaillait pour lui, l'agence qui travaillait pour lui, Guylain Belmas, de l'agence Signe, qui est extraordinaire, à Gert, dit, j'ai tout. J'ai un designer graphique qui a voulu être moine et qui est gommé. Il avait le portail. Et donc j'ai eu le projet, ça a été très chouette parce que ça m'a permis de lancer ma boîte. Sans ça, je ne pense pas que je rêve. J'ai vendu mes parts comme une clette. Je ne suis pas très business, mais j'ai vendu mes parts comme une clette. Une clette en belge ça veut dire... Je pense aux amis français. Ça veut dire...
- Speaker #1
Quelqu'un de pas très doué. Pas très doué.
- Speaker #0
Donc utilisez ça. Dites clettes en France, ça va faire son petit effet. Et donc, oui, j'ai entamé ma carrière solo, on va dire ça comme ça, avec l'abbaye d'Orval. Et l'abbaye ? Oui, mais l'abbaye. Donc, ça a été magnifique. Ça a été le Da Vinci Code. Pour moi, je suis resté vivre à Orval pendant plusieurs jours. J'ai pris des photos de tout l'héraldique qu'il y avait dans l'abbaye. J'en ai fait... Quel privilège de pouvoir faire l'identité visuelle. d'une abbaye de plus de 900 ans. C'est un privilège pour moi. Avec ce style très épuré, on peut parler de style danois, entre guillemets, les designers comprendront. Très épuré dans le sens et des choses très pures dans la forme, la symbolique. etc donc ça a été vraiment un super boulot très belle rencontre bien sûr avec frère xavier et toute l'équipe des moines et donc voilà la boucle était bouclée et c'était le début d'une nouvelle aventure en solo qui a été qui a relativement bien marché qui m'a permis de vivre de qui m'a permis de prendre soin de ma famille, d'élever mes enfants. Donc voilà, c'était bien. Et puis voilà.
- Speaker #1
Après ce passage, on va dire, de succès solitaire en affaires et du studio Kian, il y a quoi, il y a plus ou moins deux ans, tu as décidé de... de tout chambouler en fait, de refaire une nouvelle page.
- Speaker #0
Alors on doit aller plus dans l'émotionnel. Mais on peut. On doit redonner une couche, parce que là on a parlé uniquement de ma carrière, ou en tout cas du boulot, ce que font beaucoup de gens, mais ils oublient qu'il y a la famille à côté. Donc qu'est-ce qui s'est passé ? Je vais essayer de ne pas pleurer. A Saint-Luc, j'ai croisé la femme de ma vie, qui ne l'est plus, pour plein de raisons de la vie, et on s'est perdu de vue. Et un jour, elle me rappelle, j'étais chez Screenshot, donc ça date de l'époque Screenshot, donc on est début 2000. On était sortis ensemble sept ans auparavant. Ça s'était super bien passé, j'avais rien compris. Elle m'avait largué parce qu'elle avait peur, très certainement, de mon enthousiasme. Et elle me rappelle. Elle a un petit gamin de trois ans, Mayuri. Et moi je suis un dandy bruxellois. C'est cette époque de merdeux dont je parlais, je me la pétais, j'avais des... Je gagnais bien ma vie, j'avais des costumes Hugo Boss, j'étais BG, j'avais été modèle chez Levis. Bon, j'étais bien foutu à l'époque, pas comme maintenant. Et donc cette femme revient dans ma vie avec un gamin de deux ans et demi et rien n'a changé, c'est le coup de foudre toujours. Et donc on entame une relation et en fait je prends peur parce que j'ai pas appris à être peur, j'aime fondamentalement cette femme. Et ce petit gamin, mais je ne suis pas prêt à accueillir un enfant de deux ans et demi dans ma vie. Ma vie n'est pas prête pour ça. Et je suis en plan carrière, justement. Je suis en train de développer une société, ça marche, il y a tout ça à mettre en place. Et donc, très vite, je prends peur et je me rends compte aussi qu'on n'a pas les mêmes horizons. Et donc je décide de quitter et de dire écoute, on peut rester amis, je peux être le tonton d'un maillot, mais on ne peut pas continuer, on va aller droit dans le mur. Donc restons amis. J'avais réussi à faire ça avec toutes mes ex, je vais toujours rester ami avec mes ex. Et là, dix jours après, elle m'annonce qu'elle est enceinte. Dix jours après cette rupture, bien sûr, une fraction de seconde et demie après, j'avais lu deux ans auparavant la prophétie des Andes, qui parle de cygne. Elle me dit, voilà, je suis enceinte, je veux garder l'enfant. Et je dis, ok, go. Et de nouveau, c'est la boucle qui se reboucle. Je suis un accident et ma fille Lou est un accident. Issue de l'amour, mais un accident quand même. Et donc là, gros chamboulement de ma vie. J'étais à Bruxelles, dans un duplex bruxellois, et je décide de tout quitter. parce que je veux avoir un enfant, parce qu'il y a un gamin de deux ans et demi qui m'appelle Paulivier, donc c'est un mix entre Olivier et papa, et que je n'ai pas envie que mes enfants grandissent à Bruxelles. J'ai envie justement qu'ils aient la richesse de grandir à la campagne comme j'ai pu le faire. Parce qu'il y a des valeurs à la campagne que si on n'a pas enfant, on n'acquérira jamais. Donc faire la démarche de la ruralité vers le côté citadin, c'est facile, plus ou moins. L'inverse... est plus difficile. Même si beaucoup de citadins ont une maison de campagne, ils ne seront jamais réellement connectés comme un gars qui a grandi à la campagne. Donc il y a des codes, il y a des sensations. Et donc j'essaye de quitter tout, de louer un bazar à la campagne pour élever, attendre le bébé et entamer le bazar. Ça a changé toute ma vie. Je faisais les trajets tous les jours, j'étais crevé, j'étais passé du dandy au mec responsable de 2,5 personnes à charge. Et j'y étais à fond, quoi, à fond. Ça a été un chamboulement global, quoi. Et puis est né Lou, ma fille. qui a 19 ans aujourd'hui, qui est belle comme un ange. Et voilà. Et parfois, il faut faire des choix. J'aurais pu très bien leur dire, venez à Bruxelles, on va adapter mon appartement. Non, il y a des fondamentaux qui font que je ne me suis pas aidé. Ça n'a pas été facile, ni pour elle, ni pour moi, mais on a tenu. Et Lou est née, on a vécu des chouettes années, et j'ai toujours continué à développer mon business, donc je n'étais pas un papa super présent, puisque je bossais beaucoup sur Bruxelles, mais quand j'étais là, j'étais là. Mais quand je n'étais pas là, je n'étais pas là. Donc c'est un peu con ce que je dis, mais Lou me le reproche encore aujourd'hui en disant tu n'étais pas toujours là Et donc la présence est super importante pour les parents, être présent. Même si on a la qualité de présence que je pense que j'ai eue. Mais j'ai ressenti un moment et donc du coup, quand j'étais Manything, j'ai décidé avec l'accord de mes associés de faire plus de télétravail, de rester chez moi pour pouvoir bosser à côté de ma famille, que je ne voyais pas beaucoup. Et c'était chouette et en même temps pas chouette. Parce que pour l'autre... La liberté d'être seul n'était plus là. Et donc voilà, le couple n'allait plus. Et gros, gros, gros, gros traumatisme, le divorce. De nouveau, percute, comme un coup de poing dans ma tronche, rien vu venir. Un monde qui s'écroule. mais tenir, tenir la tête hors de l'eau pour les enfants, pour l'eau aussi. Quand tout s'écroule, il y a, comme dirait un sage, il faut voir ça comme un alpiniste qui monte une falaise. C'est quand une avalanche te tombe dessus parce que j'avais été trouvé ce mec il lui avait dit j'ai l'impression de stagner après le divorce j'ai l'impression de stagner il dit mais c'est fabuleux olivier de stagner il dit imagine tu es un alpiniste tu es en train de monter une falaise tu as une avalanche qui tombe sur la tronche Et tu tiens, tu tiens, tu tiens, tu ne te laisses pas aller. Tu tiens. La valange passe, t'es toujours là. Il dit, tu trouves ça pas bien toi ? Donc voilà, il m'a un peu sauvé de moi-même. C'était le plus gros trauma que j'ai eu à vivre, le divorce. Donc je suis après ce divorce, c'était en 2000, ça fait presque 8 ans je pense, un peu plus. Ça a été difficile, tout changer, vendre la maison. Tout ça pour arriver à la question que tu poses, donc on soit bien clair. Mais sans contexte, on ne peut pas définir le fait de la résilience, parce qu'on parle de ça. Dépasser le trauma du divorce, se refaire confiance. Moi je me suis oublié dans le couple, ou j'ai oublié que j'avais un couple, très certainement, mais les fautes ne sont jamais à l'un ou à l'autre, c'est le couple. Le nous n'existait plus et dans ce nous, je me suis perdu. Voilà, c'est pour faire simple. Donc se retrouver soi. Je restais père, mais je n'étais plus compagnon mari. Et refaire confiance à quelqu'un d'autre était très difficile. Donc, heureusement, j'avais une vocation de moine. Donc ça ne m'a pas vraiment... Ça ne m'a pas vraiment affligé de rester seul plusieurs années d'affilée. J'achète une maison à Namur, puisque les enfants et la famille étaient restés autour de Namur. Je n'allais pas me retaper Bruxelles directement et rajouter de la difficulté dans quelque chose qui était déjà difficile. Donc j'achète un truc à Namur. pas très grand amour de cette ville pour être franc mais j'étais bien mis j'étais à 200 mètres du centre culturel donc exposition super ambiance chouette quartier en développement quartier populaire voilà mixité sociale c'était chouette arrivent les inondations de 2021 de 2021 bon comme c'était un loft de plein pied bête j'ai tout perdu quasi deuxième trauma c'est à dire je parle pas de trauma je parle d'apprentissage à ce niveau là savoir se dire je n'y peux rien Je vois l'eau qui rentre chez moi, qui emporte tout ce qui fait mon identité, tout ce qui fait mon vécu. J'ai sauvé ce que je devais sauver, on est en bonne santé, les Ausha sont en sécurité. Apprendre que ce qui nous entoure, le matériel, n'est pas quelque chose qui nous définit. Mais quand même, pour l'eau, ça a été un gros trauma. et donc même pour moi cette inondation ça a été une expérience une expérience riche de solidarité voir mon petit frère à débouler le lendemain matin alors que j'étais moi au plus profond. Je constatais des dégâts parce que ça n'aurait été que de l'eau, ça allait, mais c'était de l'eau, de la boue, du pétrole et de tout là-dedans. Donc tout était saccagé. Et donc il est arrivé, puis une dizaine de personnes sont arrivées. Et j'ai rien su faire, moi. J'étais au bout de ma vie. Et j'ai vu ces gens se démener pour m'aider. Alors que moi, je suis pas vraiment le mec qui demande de l'aide. Je suis plutôt... C'est ma croix. C'est mon truc. Là, j'ai laissé faire. Et j'ai un pote, Luc, qui est resté plusieurs jours d'affilée, qui m'a aidé à tout mettre dans les containers. J'ai les gens de l'armée qui sont venus aussi. J'avais un casier d'Orval. On a fermé le portail, on a mis le casier, et tous les soldats se sont fait un petit Orval gratos. Ces gens étaient exceptionnels. Des soldats de Gans, des Flamands. Pour vous dire, les Namurois étaient en... manoeuvre, donc ils ne pouvaient pas venir aider les Namurois, donc c'est des soldats flamands qui sont venus aider des gens au Wallon, je trouve ça tellement beau. Des jeunes, dynamiques. Alors là, quand on parle de collectif, quand on voit des soldats fonctionner en brigade, c'est respect quoi. Ils ont vidé ma cave en dix minutes chrono alors que ça faisait depuis quatre heures du matin que j'étais tout seul avec mes brouettes. Donc ils m'ont aidé magnifiquement leur énergie leur leur dévotion c'est moi ça m'a réconforté de voir des gens comme ça et la solidarité des gens qui venaient vous apporter à manger. J'ai eu deux femmes et une fille, et leurs filles qui sont venues aussi nettoyer, qui demandaient ce qu'ils voulaient, et j'ai osé dire moi je veux bien qu'on vienne m'aider. C'était fabuleux. Donc j'ai vécu des moments humains, je pense les plus touchants, les plus puissants que j'ai eus. Et en final, ça m'a permis de nouveau de prendre du recul par rapport à certaines choses, et à me reconnecter à des choses essentielles en moi. Et puis, bon ben, six mois après, Lou faisait une tentative de suicide. pour plein de raisons liées au divorce, liées à plein de choses. Jamais je n'aurais imaginé ça, je ne m'y attendais pas, je n'avais rien vu, elle cachait bien son jeu. Et donc, de nouveau, électrochoc total. Heureusement, son corps s'est battu, elle a survécu. Et là, c'est... C'est aussi puissant que le divorce en final. De voir son enfant renaître devant soi, ça remet les pendules à zéro. Ça revient à l'évidence des choses. ça te reconnecte à l'essentiel, aux fondamentaux. Et c'était la vie qui me ramenait encore une étape supplémentaire d'expérience. Et on s'effeuillette petit à petit de l'intérieur, les choses se dissipent. Et puis, trois mois après, c'est-à-dire il y a un an et demi, j'apprends que j'ai un adénome à l'hypophyse, donc une tumeur à l'hypophyse. Et donc là, je l'appelle ma cerise sur le gâteau, c'est la petite goutte. qui remplit le vase, finalement. Pas le fait déborder, le remplit. Je suis plein. Donc l'hypophyse qui génère la testostérone. J'ai pris énormément de poids sans me dire comment ça se fait. C'est là que j'ai contacté une endocrino qui m'a révélé la présence de cette tumeur. Heureusement bénigne. Mais alors là, c'était le petit coup de pouce. pour justement arriver à ce que tu me posais comme question. Et c'est là que tu te dis, mais enfin, quand est-ce que je vais être moi-même ? J'ai plus envie de faire du graphisme depuis trois ans. Tout ce pour quoi je m'étais battu, cru, etc. En final, j'ai l'essentiel, ma fille est en vie. je suis un artiste en fait. Donc de nouveau une boucle qui se fait, sortie du monastère. La première réponse qui me vient c'était je voulais être peintre, artiste. J'ai vu elle faire ça, c'est ce que je devais faire. Je ne vais pas dire les couilles, je l'ai dit, mais... Je n'ai pas eu le courage d'affronter ma mère à cette époque-là et lui dire mais c'est essentiel pour moi, maman, tu ne te rends pas compte Mais elle, dans son passé, avait eu cette essentialité bafouée aussi, et donc... elle ayant fait la démarche de se rationaliser alors que c'était une personne très émotionnelle, je pense qu'elle ne voulait pas ou elle ne considérait pas cette démarche dans sa réalité personnelle, je pense. J'espère que j'ai été clair sur ce coup-là, mais c'est difficile de parler des autres, surtout de ma mère. Donc, et là, j'en avais plus rien à foutre. Franchement, j'avais perdu la femme de ma vie. Bon, je vous rassure, j'ai retrouvé une femme de ma vie il y a un mois et demi. Et c'est vraiment comme quoi on n'en a pas qu'une. Et comme quoi on peut y croire, franchement, même si moi, j'y croyais pas du tout. Retrouver quelqu'un, oui, mais croire qu'on peut être aimé, non. J'ai fait fi de tout ce que les autres auraient pu penser. Et étonnamment, comme si tout était aligné, de nouveau, c'est une question de temporalité. Je n'aurais pas pu faire ce choix avant d'avoir tout perdu. Jusqu'à avoir eu peur de perdre la vie, la santé. Ça m'a prouvé à quel point la vie était... Chaque jour qui passe, chaque instant, chaque respiration est importante à vivre pleinement. Et ça m'a permis de sortir de moi-même, puisque j'étais fort dans l'introspection, et d'oser, et là on va tourner, on va boucler l'énorme boucle qu'on vient de faire, c'est exister. Exister. Je me définis maintenant comme artiste, chose que je n'ai jamais osé dire de ma vie. Pourtant, dans tout mon parcours, depuis mes 14 ans jusqu'à maintenant, j'ai fait quatre résidences, quatre ateliers en résidence, j'ai fait trois expos, voilà, en plus de tous les projets que je faisais sur le côté. Ça a toujours été accepté par les gens qui m'aimaient, que ce soit mon ex-femme. ou mes associés qui comprenaient que c'était une soupape pour moi, une soupape de libération. C'était quelque chose d'essentiel à la continuité de qui j'étais. Et là, les choses se sont alignées parce que tant avant je me disais mais je ne vais pas pouvoir le faire si je ne travaille pas sur le côté puisque être artiste il faut pouvoir vivre la société nous impose de même si on est amoureux vivre d'amour et d'offense ça n'existe pas il faut pouvoir financer son art il faut pouvoir financer le temps qu'on prend pour soi mais là je me suis dit je vends le luft je venais entièrement de le refaire Je l'avais même améliorée. Et ma fille était prête aussi à changer d'air, on va dire ça comme ça, même si elle perdait ses amis à Namur, elle avait envie de bouger. Et donc, la boucle de nouveau, une autre boucle, j'ai survenu à Ixelles, là où j'avais vécu mes plus belles années, qui est une commune magnifique. cher, on peut le dire, mais près de la cambre, en me lançant comme artiste. C'est-à-dire que fini le design graphique, j'ai fait les derniers projets l'année dernière, Orval. J'ai commencé par Orval comme freelance, j'ai terminé par Orval comme freelance, et ça fait maintenant... Oui, moi que je vis sur mes économies en essayant à 51 ans de faire une carrière d'artiste. Et donc je me vois là comme artiste émergent avec des gamins de 26, 24 ans. Et de nouveau, les rencontres. Thomas, c'est une rencontre... Jerry me parle de son cousin qui a une fondation. On se rencontre, on parle ensemble, il y a une connexion qui se fait, on a la même énergie, les mêmes envies. Il voit mon travail, il est touché. Et six mois après, il me propose de faire un an résidence ici, dans sa fondation. Et voilà. Et c'est un qui-tout-double, quoi. Ça passe ou ça casse, c'est l'envol ou celle de la chute. Mais il n'y aura pas de juste milieu, quoi. Donc voilà.
- Speaker #1
Merci Olivier pour cet émouvant parcours. Tu n'as pas à être désolé, c'est très impressionnant la justesse de ton propos et ton retour, ton regard sur ces événements récents et plus lointains.
- Speaker #0
On ne peut pas ne pas être ému quand on repense. C'est vrai que c'est un travail difficile, parler de soi. Parler de sa vie, on a l'impression de nouveau de... Qu'est-ce que ma vie par rapport à quelqu'un d'autre ? Je veux dire, qu'est-ce qui me fait différent d'un autre ? Pourquoi faire cette vidéo alors que je... je ne me considère pas différent des autres, si même un peu, un peu pas moindre, mais... donc c'est étonnant, mais bon, c'est un jeu qu'il fallait jouer, et c'est vrai que dans ce jeu-là, je n'avais jamais fait cet exercice, en tout cas comme ça, à nu. J'espère que... Mon lâcher prise et mon abandon à cette vidéo aura touché peut-être des gens, je ne sais pas.
- Speaker #1
Je pense que oui, ça va toucher beaucoup de gens.
- Speaker #0
Ah, cool, super.
- Speaker #1
Eh bien, il me reste à te poser la toute dernière question qui est la même pour tout le monde. Qui tu voudrais entendre et voir à ta place dans Raconte ?
- Speaker #0
Clément Petitjean.
- Speaker #1
Bien, un autre gourmet bien connu.
- Speaker #0
L'ours, c'est mon ours, mais ce mec, ouais, Clément.
- Speaker #1
pour le contexte c'est un chef cuisinier étoilé gomé qui a un parcours aussi très intéressant par exemple surtout un mec extraordinaire mais il va pas du tout aimé le connaissant il va pas du tout aimé va lui envoyer l'invitation de tapas autant moi j'étais quelqu'un de discret et re
- Speaker #0
autant lui, c'est un rock. S'il t'arrive à le faire parler, s'il rentre dans cette vidéo, franchement, je te paye un resto chez lui.
- Speaker #1
C'est enregistré, n'oublie pas. Oui,
- Speaker #0
c'est enregistré, je le valide.
- Speaker #1
Eh bien, merci beaucoup Olivier.
- Speaker #0
Merci à toi. Merci à vous.
- Speaker #2
et se regardent. Merci pour votre écoute. Retrouvez nos photographies et écrits sur raconte.media ainsi que sur nos réseaux sociaux. Raconte est une création originale d'Anthony Dehé et Michel Bourgeois du studio DB Création spécialisé en design de marques et photographie. Vous avez apprécié cette rencontre ? Partagez-la sur vos réseaux sociaux et laissez-nous une note sur votre plateforme préférée. Cela contribue réellement à la visibilité de Raconte. Une suggestion d'invité ? Écrivez-nous.