- Speaker #0
Dans l'épisode du jour, nous interviewons Audrey. Audrey a un partenaire qui souffre de dépression et elle a bien voulu nous raconter son histoire, son parcours face à la problématique de son conjoint. Tu verras, cette interview est très encourageante et très inspirante car elle te montrera la réalité que peut-être toi aussi tu vis face à un conjoint qui souffre de dépression. Je te laisse découvrir l'interview.
- Speaker #1
Hey ! Bonjour à tous et bienvenue. Vous écoutez Raconte-moi ta dépression, c'est le podcast dont vous avez besoin pour gérer au mieux la vôtre et celle de votre proche. Moi, c'est Manuela et je suis coach pour dépressifs et pour proches de dépressifs. Après dépression, rechute et tout ce qui va avec, j'ai décidé de faire en sorte de pouvoir apporter aux personnes qui en souffrent directement ou indirectement tous, je dis bien tous les conseils que j'aurais aimé avoir pour mieux gérer la mienne. D'ailleurs, n'écoute surtout pas la voix de la dépression et ne pense même pas un seul instant que tu ne puisses pas t'en sortir. Voie cet épisode comme une conversation chaleureuse avec une amie qui n'a qu'une seule envie, t'aider face à ta dépression. Tu es perdu, tu ne sais plus comment faire, la dépression de ton proche commence à te dépasser, et bien toi aussi tu es au bon endroit. Je te proposerai, chers proches, des conseils concrets pour l'entourage des dépressifs afin d'être une aide réelle et non une aide destructrice. Chaque mercredi. pour les proches des dépressifs et chaque vendredi pour les dépressifs. Ici, je te partage tous les conseils dont tu as besoin pour retrouver joie, motivation et savoir-faire. Alors, tu t'installes confortablement, tu prends une petite boisson chaude et un plaid ou alors tu augmentes le son dans ta voiture et c'est parti !
- Speaker #0
Bonjour à tous et bienvenue sur ce tout nouvel épisode du podcast. J'espère que vous allez bien. Aujourd'hui, je suis vraiment contente de vous retrouver pour une interview. On va prendre quelques instants pour partager un petit peu l'histoire de Audrey. Audrey, elle a bien voulu se prêter au jeu de l'interview. Elle va répondre à toutes mes questions. Audrey a un conjoint qui souffre de dépression. Elle a bien voulu nous partager une partie de son histoire, de son parcours en tant qu'aidante et en tant que conjoint. Donc, je suis vraiment contente, Audrey, que tu sois là avec nous aujourd'hui.
- Speaker #2
Merci, Emmanuelle.
- Speaker #0
C'est cool. On va commencer dès le départ cette interview avec la toute première question. Peux-tu me dire sur quelques mots sur toi et ta relation avec ton partenaire ?
- Speaker #2
Oui, alors en gros, ça fait un peu plus de cinq ans que je suis en couple avec mon conjoint. Début de relation un peu atypique parce qu'on s'est mis en couple 15 jours avant le début du confinement. Donc, on a tout de suite, comment dire, vécu ensemble, on va dire, pendant deux, trois mois complètement isolés. Donc, c'était assez atypique. On a, pendant ces cinq ans, d'abord décidé de vivre ensemble. Et puis, famille recomposée, on a quatre enfants, un peu compliqué. On a décidé, au bout de deux ans, de se reséparer en deux maisons. On vit séparément, donc. On se voit tous les jours, tous les jours, tous les week-ends. Mais voilà, on vit bien ensemble. Mais on se voit au quotidien.
- Speaker #0
D'accord, ok. Donc ça, c'est votre petite histoire à vous. Alors, sache qu'au niveau de la parentalité, vous n'êtes pas les seuls à devoir avoir fait ce choix. En tout cas, quand on doit vivre dans une famille recomposée, il y a des situations qui ne sont pas forcément toujours simples. Un grand classique sur ce sujet. Alors, nous, on va poser la question sur le thème qui nous intéresse aujourd'hui. Voilà, tu as ton petit couple, ça fait un moment que vous êtes ensemble, etc. Vous avez créé votre relation. À quel moment as-tu pris conscience que ton partenaire, ton conjoint, traversait une dépression, Audrey ?
- Speaker #2
Alors, je dirais qu'au bout de deux ans de relation, en fait, ce n'était pas de mon fait de décider de se séparer en termes de maison. C'était lui et il a un peu, comment dire, vraiment, il a voulu me quitter en fait au départ. C'était comme si c'était trop pour lui, mais moi, je n'arrivais pas à comprendre ce qui était trop pour lui en fait. Et c'est comme ça que j'ai commencé à comprendre qu'il y avait de réels problèmes de communication et que les problèmes de communication, en fait, ils ne venaient pas d'un simple échange, qu'il y avait vraiment un problème plus profond, plus ancré. Je connaissais un peu son parcours, son histoire. Il me disait qu'il était dépressif depuis toujours. Mais pour moi, dépressif depuis toujours, ça ne voulait pas dire grand-chose. connaissait son parcours, les problèmes qu'il a eu depuis la petite enfance, et même adulte, mais voilà, pour moi, ce n'était pas concret. Et j'en ai vraiment, vraiment pris conscience de sa dépression, où là, c'était il y a un an à peu près, où il a décidé de me requitter. En fait, c'est assez cyclique. En un peu plus de cinq ans, il m'a quasiment quitté quatre fois. Enfin, il m'a quitté quatre fois. Il revenait régulièrement au bout d'un mois ou deux. comme s'il avait vraiment besoin d'espace, de souffler. Et puis après, arrivaient les regrets, en fait, si tu veux. Et lui a vraiment mis, il y a un an, le mot dépression sur son état. Avant, il ne l'acceptait pas trop. Il savait qu'il avait un problème, mais il n'acceptait pas de dire qu'il était en dépression. Et il y a un peu plus de huit mois, là, il a fait un burn-out professionnel où il n'a pas travaillé pendant trois mois. et là actuellement il est vraiment dans une phase de dépression assez... C'est assez intense. Oui, c'est ça. Il est suivi par psy depuis de nombreuses années. Il a arrêté pendant quelques années. Il a repris. Il a plutôt l'impression que ça ne sert pas à grand-chose. Il est conscient qu'il a un problème, qu'il a un mal-être, mais il ne sait pas comment s'en sortir. Et comme il ne sait pas comment s'en sortir, en tout cas, une de ses premières solutions, c'est un peu le « tu mérites mieux que moi » , « c'est tout à fait pour moi » . Enfin, voilà. C'est un peu ce que tu parles souvent dans tes podcasts. Je suis désolée, j'ai la voix qui tremble.
- Speaker #0
Mais t'inquiète pas.
- Speaker #2
C'est assez émotif de base.
- Speaker #0
Écoute, on te prend telle que tu es, Audrey. Et on comprend, en tout cas, personnellement, moi, je te comprends. Parce que comme tu l'exprimes, tu voyais bien que ce n'était pas qu'un problème de communication. Il y a des moments où il a voulu arrêter la relation. Donc, tu es la voix qui tremble. C'est normal, en fait, parce que... repenser à des situations difficiles, ça montre que tu es humaine et que ce n'était vraiment pas simple parce que finalement, ce que tu as dû ressentir souvent, c'est quoi comme émotion les plus dures que tu as dû ressentir le plus souvent, Audrey ?
- Speaker #2
Moi, je suis souvent vraiment dans la tristesse. C'est vraiment, je me sens rejetée. Je ne comprends pas trop pourquoi. Je ne dis pas que je suis parfaite. Bien sûr que j'ai mes torts, comme dans n'importe quel cas. couple. Mais voilà, c'est surtout la tristesse, l'injustice pour lui par rapport à ce qu'il vit. J'ai même des fois un peu de culpabilité en me disant si j'étais un peu moins comme ça, un peu plus comme ça. Je pense souvent à tes podcasts sur les évitants, les anxieux parce qu'on se retrouve assez là-dedans. C'est très évitant.
- Speaker #0
C'est un peu moins classique.
- Speaker #2
Classique.
- Speaker #0
D'accord. Mais c'est un petit peu normal en fait. vraiment tout ce que tu ressens et en plus comme il y a le côté anxieux évident lui il prend de la distance toi ça déclenche de l'anxiété donc lui plus il est distant plus l'anxiété monte et toi tu lui demandes de te rassurer et lui il a l'impression que tu l'étouffes donc il te demande la distance c'est exactement ça qu'est-ce que tu fais ?
- Speaker #2
c'est exactement ça et je dois dire que d'écouter des en tout cas tes podcasts moi ça m'aide beaucoup parce qu'à comprendre un petit peu ... Parce que sinon, tu as vraiment juste l'impression que tu te dis, bon, en fait, juste, il ne m'aime pas, quoi. Arrête de t'acharner, quoi.
- Speaker #0
Tellement,
- Speaker #2
tellement. Et puis voilà, quoi.
- Speaker #0
Oh, mais un classique, mon enfant. Ça, c'est un grand classique. Moi, je sais qu'en tant qu'évitante, parce que c'est moi qui suis évitante face à mon conjoint, en tout cas, on ne comprend pas le comportement. Mais comme tu dis, tu vois, c'est ça, super intéressant, ce que tu as partagé, c'est que ton partenaire, il revient de manière cyclique. Il va péter un plomb en disant « là, je ne peux pas, je ne peux plus, c'est fini » . Mais tu vois quand même cette envie de continuer la relation parce qu'il revient à chaque fois. Mais on sent que c'est parce qu'il ne sait pas gérer cette situation émotionnelle et il prend la fuite. Et finalement, une fois qu'il a pris la fuite et qu'il est tout seul, il se rend bien compte que vous deux, c'est important pour lui.
- Speaker #2
Par contre, j'ai l'impression qu'à chaque phase, Merci. c'est de plus en plus marqué chez lui. J'ai l'impression que c'est de plus en plus dur, pas à revenir, mais qu'il se rend de plus en plus compte vraiment qu'il n'est pas bien lui-même. Et comme il n'est pas bien lui-même et qu'il ne sait pas le gérer, il ne veut pas être dans une relation à deux. Là, actuellement, il ne dit pas les mots « je t'aime » parce qu'il n'y arrive même plus, mais on sent qu'il est là, on sent qu'il est présent parce que quitte mais il t'envoie tous les jours des messages, on fait quand même du sport ensemble, voilà il est présent mais il peut pas trop donner. D'ailleurs il le dit lui-même, tu peux pas donner ce que tu veux ou ce que tu as besoin ou voilà.
- Speaker #0
C'est un grand classique, celui-là, Audrey. Et c'est intéressant parce que, en fait, si tu veux, plus tu quittes le partenaire, tu n'es pas non plus méchant et à son cœur, plus tu te rends compte que tu fais du mal à l'autre. Et du coup, forcément, on essaye de préserver l'autre, mais on a envie d'être avec l'autre. C'est un peu un cercle vicieux dans cette situation.
- Speaker #2
Moi, j'essaye quand même vraiment de rester, en gros, de rester fidèle à moi-même et de lui expliquer que... Non, en fait, moi, je n'ai pas envie d'être avec quelqu'un d'autre. Je n'ai pas envie de chercher quelqu'un d'autre, que je l'aime lui. Et que même si ça ne va pas actuellement, pour moi, on est deux et il faut trouver une solution ou travailler à deux. Mais oui, des fois, il me rejette catégoriquement. Parce qu'il se dit, mais non, il n'y a pas de solution. Donc, laisse-moi tranquille, je vais être seule. Et trouve-toi mieux, en gros, pour résumer un grossier.
- Speaker #0
Dans le grossier, c'est… Par rapport à tout ça, est-ce que toi, tu as des choses qui t'aident à tenir quand c'est lourd pour toi ?
- Speaker #2
Un peu l'espoir, déjà, de base. J'ai toujours l'espoir de me dire… En fait, j'ai le cas de ma meilleure amie qui est une ancienne dépressive. Ça fait plus de 15 ans qu'elle va mieux maintenant. Et je me dis, même si lui, il ne voit aucun espoir pour lui parce qu'il dit que ça fait 50 ans qu'il va mal, qu'il a un mal-être, je me dis, tu as 50 ans, ce n'est pas la fin de ta vie. Si tu arrives à, entre guillemets, ce n'est pas un bon terme, le déclic, mais si tu arrives à cracher tout ce qui est en train de tronger à l'intérieur, je pense qu'il y a tout qui s'imbriquerait facilement. Mais il y a ce... Je ne sais pas. ce truc coincé au fond de la gorge, au fond du cœur, au fond de son être qui fait que ça ne va pas. Donc, oui, moi, c'est un peu l'espoir. Et puis son contact, parce que j'ai toujours quand même quotidiennement contact avec lui.
- Speaker #0
D'accord. Vous échangez tous les jours par message ?
- Speaker #2
Oui, tous les jours, oui.
- Speaker #0
C'est bien, c'est une bonne chose. C'est une bonne chose. D'accord. Vraiment, bravo Audrey. pour nous partager tout ça, parce que je vois bien que c'est une situation qui n'est pas simple pour toi, et que c'est quelque chose qui, forcément, te touche au plus profond, et c'est loin d'être simple. Je présume qu'il y a plein de gens qui pourraient donner des avis pas très sympas sur votre situation, du style « qu'est-ce que tu fais encore là ? » « Pourquoi tu pars pas ? » etc. Ça ne regarde que toi, que les gens ferment leur bouche. Et que le plus important, c'est que vous trouviez un équilibre et Par rapport à votre relation à tous les deux, est-ce que tu as vu des changements dans cette relation depuis que finalement, alors pour lui, la dépression a toujours été là, mais je pense que les dernières années ont été peut-être plus difficiles que les premières ?
- Speaker #2
Pas forcément plus difficiles les dernières. Moi, je dirais que c'est vraiment, comme je te disais, cyclique. C'est-à-dire qu'à un moment donné, je ne sais pas pourquoi, un matin, il pète un plomb et… Et il va partir. Mais le reste du temps, c'est vraiment quelqu'un qui est vraiment très attentionné, vraiment adorable. Il va tout faire pour toi. Voilà. Donc, les changements, c'est que maintenant, il préfère s'isoler. Il préfère s'isoler. Il préfère rester seul. Alors là où moi, j'ai un peu de mal, c'est que… Il dit qu'il préfère rester seul. Je vois que de temps en temps, il a quelques relations sociales, tout de même. Il va sortir pour aller, je ne sais pas, peut-être parler avec quelqu'un ou marcher ou boire un verre. Et ça, j'ai un peu de mal à me dire « Moi, il ne veut pas me voir, mais il va le faire avec d'autres. » Alors que je me dis, en fait, ce n'est pas que c'est moi le problème, mais qu'avec moi, comme il Merci. Je suis la seule personne qui dit vraiment qu'il ne porte pas un masque. Il dit qu'en société, il porte un masque. Et son masque, il le fatigue. Aussi bien au travail que dans les relations humaines. Et donc, du coup, je pense que s'il sort avec quelqu'un, il va mettre son masque. Ça va durer 30 minutes, une heure, deux heures. Puis quand il veut, il coupe. Et puis s'il en veut parler de la pluie et du beau temps, il parle de la pluie et du beau temps. Il ne peut pas faire ça parce qu'il a tendance à rentrer dans le vif du sujet. Alors, j'essaye de me contrôler. Quand je le vois, moi aussi, parler de la pluie du beau temps, mais c'est un peu difficile parce que du coup, tu te retrouves en face de ton conjoint, mais à devoir lui parler comme si c'était un pote. Et moi, ça, je ne veux pas. Et c'est quelque chose que j'ai déjà essayé de lui expliquer aussi. Je lui ai dit, moi, ça, c'est un peu mes limites. Je veux dire, tu ne viens pas et tu fais comme si on était amis. On n'est pas amis, on ne sera jamais amis. Donc, soit tu veux bien partager un moment avec moi et je comprends que tu gardes tes distances parce que ça ne va pas en ce moment, mais Tu comprends qu'on est quand même dans un cercle amoureux, même si tu ne me le montres pas. Mais voilà, moi, je ne suis pas ta pote.
- Speaker #0
J'aime bien. J'aime beaucoup.
- Speaker #2
C'était dur. C'était dur à dire parce que j'avais peur d'être rejetée catégoriquement.
- Speaker #0
Finalement, il ne t'a pas rejetée. C'est ça qui est bien. C'est vraiment la problématique de l'évitant. L'évitant, c'est quelqu'un qui... a appris que montrer ses émotions, c'est quelque chose de néfaste pour lui dans sa construction. Qu'il soit conscient ou inconscient, c'est sa construction. Et donc du coup, il va toujours plus ou moins utiliser un masque avec les autres, sauf son partenaire. Et en plus, la dépression, elle exacerbe encore plus cette situation. Donc ce qui fait que quand il est avec des gens, il a le lien social, il n'a pas à parler de lui-même, il n'a pas à raconter ses émotions, il n'a pas à dire ce qui ne va pas. Puisqu'avec les autres, c'est la pluie, le beau temps. Mais avec son partenaire, il sait qu'il ne peut pas se permettre de faire ça. Et donc, du coup, il va demander à s'isoler quand il sent que les émotions, il n'y arrive pas. Par exemple, je le fais régulièrement avec mon conjoint. Je suis toujours évitante. Je lui dis que la conversation frère, c'est mort. Je ne peux pas. Donc, je l'arrête. Alors, ça le gonfle, mais je l'arrête. Et je reviens après quand je me ressens maîtresse de mes émotions. Et en fait, c'est ce côté-là. et j'ai besoin de... tenir le coup face à l'autre, même si c'est ma moitié, parce que je suis construit avec les pieds. Voilà, tout simple. Mais c'est beau parce que tu vois, c'est ça qui est intéressant. Souvent, on va montrer que l'évitant, tu vois, c'est une espèce de brute épaisse qui est incapable de faire quoi que ce soit pour son partenaire, alors que si tu mets un cadre, si tu mets tes limites, ton partenaire, il est capable de les accepter, même s'il est évitant. Et c'est ça qui est super intéressant. Et tu as raison, tu vois, un autre truc que je trouve super et bravo, Audrey. C'est qu'on n'est pas des potes, on est un couple. Alors ça, bravo Audrey, franchement bravo. Parce qu'on peut tomber dans l'écueil, et je le sais que je suis tombée dans l'écueil avec mon mari, où un jour il m'a dit, mais Manu, j'en ai marre d'être des potes, des colocs. Je l'ai regardé, je lui ai dit, mais je ne comprends pas ce que tu dis frère, on est en couple. Et en fait, toute la notion de couple avait disparu, par contre toute la légèreté du côté pote était restée. Sauf que ça, ce n'est pas bon. Bravo Audrey. Même si je sais que ce n'est pas facile, tu avais la voix chancelante tout à l'heure, mais tu fais bien les choses. Tu fais bien les choses.
- Speaker #2
J'essaye. Mais je te dis, franchement, c'est vraiment à force d'écouter un peu les podcasts que vraiment ça m'aide parce que de base, franchement, je me serais juste mise au fond de mon canapé à pleurer et à en rester là et à me dire, bon, il ne m'aime pas, non, mais ça ne sert à rien, non, mais préfère rester avec les autres, non, mais de toute façon, je ne suis pas faite pour lui. Voilà. Après, c'est vraiment... Alors moi, pour ma part, c'est vraiment pas facile tous les jours. Tous les jours, c'est un combat pour moi. C'est très dur.
- Speaker #0
C'est normal, c'est normal, puisque c'est ta relation intime, c'est ta relation de couple, elle devrait être fluide, elle devrait être là tous les jours, elle devrait... Enfin voilà, il y a beaucoup de choses. Et c'est vrai que face à quelqu'un qui a un souci de dépression, forcément, c'est difficile. Et c'est normal, en tout cas.
- Speaker #2
Surtout que si tu le prends factuellement, en fait, on... Les gens en face, ils vont te dire, en fait, il t'a quitté. Donc, qu'est-ce que tu nous fais là ? Qu'est-ce que tu t'accroches ? Mais le problème, c'est quand tu vois quelqu'un qui te quitte en pleurant, en te disant, je te quitte parce que je t'aime. Ce n'est pas la même chose que quelqu'un qui te dit, bon, écoute, on n'aurait plus rien à se dire.
- Speaker #0
Allez, ciao, bye, bye. Merci,
- Speaker #2
au revoir. C'est ça. Ce n'est pas du tout la même chose. Puis quelqu'un qui te quitte et qui veut couper les ponts et qui, deux minutes après, t'envoie un message. voilà puis moi je le sens, je le connais je sais qu'il fuit parce qu'il a besoin et d'ailleurs je lui ai dit je te crois pas que tu m'as quitté parce que tu m'aimes pas tu m'as quitté parce que c'est comme si t'arrivais tellement plus à respirer qu'il fallait arracher un truc pour tu vois, ventiler et le truc c'était j'enlève Audrey quoi, parce que ça va être le plus simple et je pense que quelque part Merci. Il sait en fait que je suis toujours là et donc c'est plus facile pour lui. Alors je ne sais pas si c'est une bonne chose ou pas. Il y a des jours où je me dis, est-ce qu'en fait je ne devrais pas couper les ponts ? Et puis je ne sais pas, peut-être que ça lui ferait son déclic à se dire, il faut que je fasse quelque chose pour m'en sortir. Des fois, j'ai l'impression de le conforter en fait. Comme il me dit non, mais moi ça ne va pas, je ne vais pas bien. Et moi, je suis là, mon pauvre chéri, mon pauvre chéri. Des fois, je me demande si c'est la bonne méthode en fait.
- Speaker #0
En fait, c'est un équilibre à trouver. C'est-à-dire que la méthode parfaite n'existe pas. Mais comme je l'ai beaucoup dit dans les derniers épisodes de podcast, ton conjoint, ce n'est pas du sucre. Ou alors, tu sais, tu as déjà eu des enfants, André, donc tu vas comprendre. Quand on t'amène ton petit bébé qui vient à peine de naître entre tes mains et qu'on te dit qu'il va falloir l'habiller, ce bébé, on a peur de faire du mal à ce petit bout de chou. Donc, on met un peu le pyjama et puis il y a la soignante qui arrive et qui dit « Non, mais attendez, votre bébé, il n'en peut plus bouger. » Elle te le bouge dans tous les sens.
- Speaker #2
Tu es là « Mais qu'est-ce que vous faites ? »
- Speaker #0
Du coup, tu es stressée. Mais qu'en fait, c'est normal, tu peux le bouger. pour moi indépressif, j'aime bien expliquer des choses mais ça ne veut pas dire parce qu'on les explique que ce sont des choses qui sont bonnes si tu as l'impression de conforter ton coin dans quelque chose qui ne te convient pas toi pour moi la communication ça permet aussi de dire de temps en temps j'ai l'impression de te conforter dans ta petite vie toute simple où toi finalement tu as l'air d'avoir tous les lauriers et moi je n'ai que des miettes de la relation ... C'est vrai que ça fait peur d'avoir cette conversation parce qu'on se dit mais punaise, il va me quitter, il va partir. Mais dans la communication, dans une relation, il faut dire c'est limite ce que nous on trouve qui devient difficile et mes besoins. J'ai besoin de me sentir rassurée, j'ai besoin de me sentir aimée, j'ai besoin de me sentir ta priorité. Et ce n'est pas parce que tu as une dépression que tu ne peux pas répondre à ces besoins-là. Et c'est important de pouvoir le faire. Ça demande de la confiance en soi, ça c'est sûr. Mais il ne faut pas avoir peur qu'on peut communiquer d'absolument tout avec quelqu'un en dépression, si ce n'est pas quelqu'un qui est en sucre. Et peut-être que, je sais qu'on m'a déjà dit, oui, mais j'ai déjà eu la conversation, il a tiré la tronche. J'ai dit, après, je pense qu'il faut encaisser. Quand on est en dépression et que l'autre nous dit, je ne suis pas heureux à cause de sa situation, ça fait mal. Mais par contre, il faut laisser l'autre encaisser. On peut avoir plusieurs fois la conversation, mais c'est important quand même de l'avoir. La communication, c'est la clé. C'est la clé.
- Speaker #2
C'est marrant, tu parles de priorité. Ça, c'est une chose qui me répond souvent. C'est-à-dire que quand j'essaie d'avoir une conversation un peu plus profonde avec lui, en fait, il me répond toujours la même chose. Il me répond, tu dois être ta propre priorité. Et en fait, là, j'ai l'impression d'entendre... Alors, moi, je ne suis pas en séance avec lui, mais j'ai l'impression d'entendre sa psy. J'ai l'impression que depuis des années, où lui, il a toujours tout fait pour les autres, toujours tout essayer pour qu'on l'aime, pour se faire bien voir. Et j'ai l'impression que sa psy à lui, lui a appris à lui dire, écoute, il faut que tu deviennes ta priorité. Arrête de penser aux autres d'abord, pense à toi. Et donc à chaque fois que moi, j'essaye de lui parler couple ou ce que j'aimerais, il me répond toujours, non mais tu dois être ta propre priorité. Et voilà, ça s'arrête là et ça coupe. Et ça...
- Speaker #0
L'action a un amour. Là, moi, si tu veux piquer le truc, tu lui dis, mais en fait, c'est ce que je suis en train de faire. Parce que tu vois, il y a un problème avec tu dois être ta propre priorité. Il n'a pas tort. Mais en fait, on est dans une vie de couple et dans une vie de couple, il y a quelqu'un d'autre. Et j'ai le droit d'être prioritaire dans ma vie de couple. Et là, ce que je te demande, c'est ma propre priorité. C'est mes besoins. Et en fait, il ne faut pas faire de joute verbale. Il ne faut pas avoir peur de dire, mais en fait, j'ai besoin de ça, point final. et je fais de moi une priorité parce que j'ai besoin de ça. Maintenant, tu me le dis, est-ce que tu peux me le donner ou pas ? Et là, est-ce que tu as besoin de temps pour me le donner ou pas ? Est-ce que tu devrais en parler avec ton psy ou pas ?
- Speaker #2
Mais ça, on a déjà eu cette conversation et à ça, il va me répondre, non, alors, voilà, vis ta vie et tu mérites d'être heureuse. Et voilà, il bloque en fait.
- Speaker #0
Il bloque sur ça ?
- Speaker #2
Oui, il bloque. Si je pars là-dessus, il bloque, il fuit. Il fuit.
- Speaker #0
Moi, c'est intéressant parce que quand tu vas aller sur ce genre de sujet et qu'il va fuir, c'est bien qu'il fuit. Ça veut dire qu'il a compris ce qui se passe. C'est bizarre ce que je vais te dire. C'est un évitant. C'est un évitant. On va reprendre le truc. C'est un évitant. Donc, toi, tu lui as dit ces quatre vérités. Il ne sait pas à quoi te répondre pour te rassurer. Ça ne veut pas dire qu'il n'a pas réfléchi à ce que tu as dit. Et qu'en fait, quelquefois, c'est bien d'aller jusqu'au bout de la conversation, de dire toi ce que tu veux. et que lui dit oui, il faut que tu penses à toi, il faut que tu penses à toi. il va bloquer parce qu'il ne sait pas quoi te répondre en termes d'émotion pour lui. Et c'est bien de le laisser voir comment il va réagir après.
- Speaker #2
Des fois,
- Speaker #0
il faut dire ce que tu as à dire. Lui, il va bloquer parce que c'est un évitant. Mais ensuite, tu vas voir s'il va faire des efforts dans ce que tu lui as demandé. Et c'est là, dans l'observation, que tu vas voir si tu as été écouté ou pas.
- Speaker #2
Mais tu vois, cette conversation, elle date de pas plus tard. C'est marrant, elle date de pas plus tard que ce matin, en fait. Il me le dit souvent, tu dois être ta priorité, donc ça revient régulièrement. Et moi, je lui ai dit, tu sais, moi, j'arrive à voir nous deux en priorité. Moi, je suis un peu ma priorité. Et puis, t'es ma priorité aussi. Et je lui disais un peu, moi, j'aimerais pas que mon cœur devienne une forteresse, en fait, pour m'éviter des souffrances. En fait, lui, il se barricade, il se protège. Comme ça, s'il se protège, s'il s'isole, s'il voit plus personne, s'il ressent pas, eh ben, il a pas de problème.
- Speaker #0
Parce que c'est sa plus grande... En fait, c'est sa plus grande... C'est la peur de l'évitant, en fait, Audrey. La peur de l'évidence, c'est être dépassé par les émotions.
- Speaker #2
Mais tu vois, quand je lui ai écrit ça, il ne répond plus. Après, il... Ah, il a cette spécificité-là. C'est ce que tu vois. Il répond, puis il bloque.
- Speaker #0
Encore une fois, ce n'est pas parce qu'il ne répond pas que ça n'a pas matché. Ce n'est pas parce qu'il ne te répond pas qu'il n'a pas entendu. Ce n'est pas parce qu'il ne te répond pas qu'il n'y réfléchit pas. c'est pas parce qu'il bloque que ça veut dire que son cerveau a fait non non c'est bon j'arrête au contraire Quand tu vas voir un évitant qui va bloquer, qui va s'arrêter, qui va changer, qui va dire « fais-toi ta priorité » , ça veut dire que tu as matché quelque chose. Et que là, il faut lui laisser à lui le temps de faire le tri dans ses émotions pour savoir comment te répondre. Mais un truc très simple, il n'aura pas la phrase dans deux semaines « j'ai bien entendu la conversation de la semaine dernière » . Sur le fait que tu étais une priorité ? Du coup, j'avais peur de toi de priorité. Il ne va rien dire parce que les gens parlent de mauvais communicants.
- Speaker #2
C'est très drôle ce que tu dis parce que moi, je suis tout l'inverse. Effectivement, moi, j'aurais fait ça. Exactement, je le sais.
- Speaker #0
Et en fait, du coup, lui, il ne sait pas faire ça. Et du coup, par contre, il va te le montrer dans d'autres choses, dans des comportements, etc. Mais non, l'évitant n'est pas rassurant. Oui,
- Speaker #2
mais c'est vrai ce que tu dis, parce qu'à côté de ça, par exemple, là, il sait, par exemple, que je déteste être seule. Voilà, moi, je n'aime pas vivre seule. J'aime bien parler avec des gens. Et là, je me retrouve pour la première fois quasiment un mois seule. J'ai mon fils qui part en vacances. Du coup, mon conjoint, il n'est plus là près de moi puisqu'on communique par message. Et tu vois, tout de suite, il m'a dit oui, je sais que tu n'aimes pas être toute seule. Je vais essayer de faire des efforts. Je ne te promets rien. il m'a tout de suite dit je te promets rien je vais essayer de faire des efforts pour qu'on se fasse une balade ou qu'on se fasse un ciné ou je ferai un peu plus de sport avec toi pour pas que tu ailles courir toute seule donc en fait tu vois moi je le sens là-dedans l'amour c'est pas direct mais moi je sens l'amour là-dedans alors que t'as des gens qui autour ils vont te dire oui non mais en fait il t'a quitté mais juste il te garde sous le coude tu vois un peu ouais Aïe ! Alors que moi, je ne le ressens pas du tout comme ça. Moi, je vois l'amour dans ce genre de messages.
- Speaker #0
Oui. En fait, c'est ce qu'on appelle les services rendus dans le langage de l'amour. Il y a cinq langages de l'amour. Tu as les paroles valorisantes, les services rendus, les cadeaux, le toucher physique. Et j'ai oublié le cinquième, mais ce n'est pas grave.
- Speaker #2
Mais si, pourtant, j'ai écouté ton coup de câble.
- Speaker #0
Je l'ai connu, mais je ne sais plus. Ça ne sort pas. Bon, ce n'est pas grave, on s'en fout. En tout cas, tu as les services rendus et souvent, c'est une manière de montrer les choses. Tu es toute seule, bon allez, je vais être là. C'est ça qui n'est pas forcément évident quand on est dans un couple avec quelqu'un qui est en dépression. Comme tu le dis depuis tout à l'heure, j'aime bien la tournure de notre interview parce que tu exprimes la réalité. C'est-à-dire que j'ai face à quelqu'un qui, d'une certaine manière, a envie d'être dans un couple, mais sans faire toute la priorité pour le couple. Donc ça, c'est clairement la notion d'évitant. Et d'une certaine manière, ce qui est aussi intéressant, c'est qu'il va quand même te montrer des choses. pour te montrer qu'il est là. Un évitant, tu sais, c'est dans les services rendus qu'il va faire des choses. C'est la manière de te regarder. C'est la manière de répondre à tes messages. C'est quelqu'un qui n'a pas du tout les codes. L'évitant, il n'a pas les codes du langage de l'amour classique de la télé ou qu'on a connu avec d'autres personnes. C'est quelqu'un qui est mal câblé et qui, du coup, n'a pas les bons codes. Et alors que la dépression, ça met encore plus d'espace. Et c'est sûr que ce n'est pas forcément toujours simple le... dans ce genre de relation, parce que ce n'est pas les relations que l'on connaît dans la vie de tous les jours.
- Speaker #1
Oui, par exemple, là, les dernières semaines, on avait des week-ends de prévus. Là, tu vois, il n'y a rien pu faire. J'ai essayé de le convaincre. Écoute, tu veux venir quand même avec moi ? On avait prévu un concert, c'était pour son anniversaire. C'était non. Et c'était vraiment un non, je ne peux pas. Je ne peux pas. Je ne peux pas. Ce n'est pas, non, tu me fais chier avec ton concert. Je ne peux pas. Donc après, oui, c'est compliqué. Parce qu'encore une fois, tu te sens vraiment rejetée. Ou des fois, tu ne te sens pas. Pourquoi ? Parce qu'il va te dire oui pour un truc. Et puis, le lendemain, il te dit non. Oui,
- Speaker #0
ce n'est vraiment pas simple. C'est normal. Par rapport à ça, finalement, par rapport à la dépression et cette partie un peu aidante, est-ce que tu te considères un peu aidante au quotidien, Audrey ?
- Speaker #1
Oui et non. En fait, il veut de l'air. Il veut que j'arrête d'être sur lui. Donc, j'essaye de respecter... ses limites, ses besoins de solitude ou quoi. Maintenant, je me sens quand même m'aidant dans le sens où il sait que je suis là. Je communique tous les jours avec lui. Il sait que je l'aime. Voilà, je ne lui cache rien. Donc, je pense l'aider quand même. Après, c'est quelqu'un qui ne s'ouvre pas tellement aux autres. Donc, il ne va pas aller parler de ce qu'il ne va pas, enfin, avec personne, je veux dire, même les enfants, ils ne sont pas au courant, la famille, très, très peu. Donc, oui, je sais que s'il a besoin de quelqu'un sur qui compter, ça va être moi.
- Speaker #0
D'accord. Alors, il y a un truc qui est très intéressant. Tu vois, cette question, si je te l'ai posée, c'est parce que souvent... Dans le rôle d'aidant, on a une vision particulière de soutien sur la dépression, de l'écoute, de l'encouragement, etc. Mais avec un conjoint dépressif et évitant, ça ne se passe pas vraiment comme ça. Du coup, qu'est-ce qui est plus difficile pour toi dans ce rôle finalement, dans ce rôle d'aidant ?
- Speaker #1
Moi, c'est un peu le sentiment d'impuissance, en fait. Oui, c'est vraiment ça, c'est l'impuissance. On s'est repris à part-mère.
- Speaker #0
Et en fait, c'est là où c'est intéressant avec la dépression. Et c'est pour ça que je t'ai posé ces questions. Les réponses que tu as sont les réponses de 99% des gens qui viennent me voir en consultation. C'est qu'en fait, quand on est face à un dépressif qui est évitant ou un dépressif classique, on est quand même face à un adulte. qui d'une certaine manière...
- Speaker #1
Je te coupe un instant. J'avais fait une séance de couple chez sa psy à lui. En fait, elle avait demandé à me voir une fois et au début, il ne voulait pas et puis il avait fini par accepter. Et elle avait vraiment dit, vous êtes sa conjointe, vous n'êtes ni sa psy ni sa sauveuse. Et ça m'avait un peu marquée parce que je me suis dit, ouais, OK, bon, alors je fais quoi ? Je me suis dit, je fais quoi ? Je n'avais pas quoi faire.
- Speaker #0
Elle a exactement raison. En fait, le rôle d'aidant que l'on pense avoir n'est pas le rôle que va demander le partenaire. Moi, par exemple, avec mon conjoint, je ne lui donnais aucune info sur ma thérapie, je ne lui partageais pas ce que je vivais, je ne lui disais pas forcément du bien du tout. J'étais vraiment dans cette position. Le rôle d'aidant, l'aidant vraiment même, c'est plutôt qu'il me montre qu'il m'aime toujours. de manière inconditionnelle. Moi, c'est ça que je lui ai surtout demandé, que malgré tout mon bazar, il soit présent. Après, il a été aidant dans le quotidien, parce que nous, on a vécu ensemble, donc les courses à manger, etc. Mais ça s'arrête là, en fait. C'est-à-dire, comme a dit sa thérapeute, et c'est ce que je dis presque à tout le monde, le but, c'est de soutenir. pas de faire sortir la personne de la dépression. Ce n'est pas votre rôle, en fait.
- Speaker #1
Après, moi, il ne me demande rien. Moi, il préfère, enfin, il préfère, je n'en sais rien, mais il dit qu'il préfère que je prenne soin de moi et que je ne m'occupe pas de lui.
- Speaker #0
Le truc, c'est que après, c'est comment on s'occupe de lui, c'est-à-dire entre faire quelques petites courses, manger un repas ensemble de temps en temps. C'est des choses intéressantes. En tant qu'aidant, on est quand même assez limité dans ce rôle. surtout pour quelqu'un qui est en dépression. Quand on va parler d'aidant, désolé de ce que je vais dire, mais d'une personne qui a Alzheimer, un parent proche, etc., là, c'est vraiment l'aidant parce que la personne a perdu capacité. La personne en dépression n'a pas perdu à 100 % sa capacité.
- Speaker #1
Et puis, en plus, le mien, c'est tout le contraire. Je veux dire, quand tu le vois comme ça, il a l'air… Il n'a pas l'air… Non, mais il a l'air top, quoi. Il a l'air trop top. C'est un grand sportif, il fait ses courses, il fait attention à ses lignes. Il a toujours un mot sympa pour un collègue qui passe dans un couloir. C'est le jour et la nuit en fait, en deux minutes. Dehors et dedans.
- Speaker #0
Et c'est là où tu vois le rôle d'aidant quand on parle de dépression. C'est le mot aidant qui est posé, mais c'est plutôt cette notion de soutien. C'est ça qui est différent. Et ça, tu l'as dit tout à l'heure, tu vois, tu l'as dit par rapport à ce que disait sa thérapeute, et c'est vrai, c'est un soutien. Le mot aidant est le mot qu'on utilise parce que c'est le mot générique pour que tout le monde comprenne. Mais face à quelqu'un qui est en dépression, et évitant, pas évitant, c'est un rôle de soutien plus qu'un rôle d'aidant, en fait. Et c'est ça qui est le plus important. Par rapport à ta position face à la dépression de ton conjoint, est-ce que toi, tu te sens soutenue par ton entourage ?
- Speaker #1
Non, pas vraiment.
- Speaker #0
Non, pas vraiment.
- Speaker #1
Non, alors déjà, j'ai assez peu d'entourage. Comme je te disais, j'ai ma meilleure amie qui est elle-même anciennement dépressive. Donc, elle, elle m'aide beaucoup parce qu'elle m'aide un peu à comprendre les comportements de mon conjoint. Et donc, quand je me sens trop rejetée ou j'ai l'impression vraiment de servir à rien, elle, elle est toujours là pour m'épauler. Ça, c'est vrai. La famille, c'est autre chose. Moi, je viens d'une famille où tu as plutôt un côté, comment dire, matriarcal. Tu vois, les femmes dirigent, les hommes sont soumis presque, ou ils font ce que les femmes disent. Et donc, c'est un petit peu, oh là là, enfin ouais, dépression, dépression, si tu voulais, tu t'en sors, quoi. Enfin, tu vois, c'est un peu ce côté. Et donc, c'est des gens un peu avec qui tu n'arrives pas à communiquer là-dessus, parce qu'ils sont un peu, pour dire vulgairement, marche ou crève, quoi. Et tu vois, genre, oui, bon, tu es dépressif depuis 30 ans, c'est bon, quoi. En fait, t'es connerie, quoi.
- Speaker #0
D'accord. Du coup, le fait qu'il n'y ait pas forcément le soutien familial, est-ce que tu... Alors, je pense que tu en as déjà parlé, mais je vais poser la question pour que tu nous en dises le détail. Est-ce que tu as de l'aide extérieure, plus que ta meilleure amie qui est présente ? Est-ce que tu as d'autres types d'aide ?
- Speaker #1
Alors, j'ai une thérapeute que moi, je vois... Alors, qui fait plus à la base de l'hypnose que... Ce n'est pas une psy, quoi. C'est plus une thérapeute en hypnose. mais qui m'aide un peu à trouver moi là-dedans, en fait. Qu'est-ce que je fais là et à quoi ça sert et comment continuer à survivre, à garder la tête hors de l'eau et à ne pas sombrer avec. Ça, c'est un truc qui m'avait dit une fois, c'est je ne veux pas que tu sombres avec moi. Et c'est vrai qu'il y a des jours où j'ai l'impression que je vais sombrer avec. Donc, voilà. donc je la vois quand même régulièrement ou en tout cas elle est assez dispo quand ça va pas j'écoute souvent tes podcasts souvent ça me ça me redonne un peu la niaque voilà d'accord ok c'est
- Speaker #0
cool, vraiment c'est intéressant mais avec les gens avec qui je vais échanger la plupart du temps on n'a pas forcément le soutien de l'entourage parce qu'on est dans des couples atypiques pour eux On n'en comprend pas forcément, les gens ne comprennent pas et du coup, forcément, ce n'est pas forcément toujours simple. Alors, c'est vrai que c'est pour ça qu'il ne faut pas avoir peur d'avoir de l'aide extérieure. Thérapeute, c'est très bien. Ta meilleure amie qui connaît, c'est vraiment une bonne chose, donc c'est cool. Ok. Qu'est-ce que tu souhaiterais que les autres comprennent mieux sur ta vie avec ton conjoint ? Est-ce que tu as des choses que tu voudrais que les autres comprennent ? en particulier.
- Speaker #1
Revenir un peu sur ce qu'on vient de dire il y a deux minutes, en fait, qu'être dépressif, c'est être malade. Et ce n'est pas de la mauvaise volonté, ce n'est pas qu'il ne veut pas s'en sortir, ce n'est pas qu'il ne m'aime pas, ce n'est pas que je mérite mieux. Voilà que c'est un peu, je dis toujours, c'est un peu comme quelqu'un qui est malade. On t'apprend que ton conjoint, il est malade, je ne sais pas, il a un cancer. Tu ne vas pas te dire... « Oh là là, ça va être un poulet celui-là, je le quitte. » Je prends un peu la dépression de la même façon. Je veux dire, quelque part, il est malade. Je n'aime pas ce mot, mais voilà. Donc, je veux être là pour le soutenir. Je ne vais pas dire « Allez, ce sera plus simple sans toi. »
- Speaker #0
Oui, c'est intéressant. C'est très intéressant. C'est sûr qu'on aimerait bien que pas mal de choses changent sur cette vision-là. La société, on lui demande d'évoluer un petit peu par rapport à ça. Écoute, merci beaucoup pour tout ce que tu nous partages depuis le début, Audrey. Merci à toi. Je suis contente de t'avoir eue, parce que tu nous as montré la réalité du quotidien. C'est ça qui est important, c'est ce quotidien qui n'est pas simple. Alors, on va arriver sur nos dernières questions. Qu'est-ce que tu aimerais dire à quelqu'un qui vit la même situation que toi Audrey ?
- Speaker #1
De ne pas baisser les bras. Il faut quand même beaucoup d'amour pour arriver à tenir le coup. Un peu d'empathie quand même, parce que ce n'est pas facile tous les jours. Mais je pense qu'il y a toujours espoir. Il y a toujours de l'espoir. De s'en sortir et d'avoir une vie heureuse. Donc, voilà, de ne pas lâcher, en fait.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
D'essayer de ne pas lâcher, en tout cas.
- Speaker #0
Ok. Quel conseil tu donnerais à un conjoint qui découvre la dépression de son partenaire ?
- Speaker #1
Je pense que ça va être long. Ça peut être long. qu'il faut essayer d'être soutenu soi-même pour gérer les phases de rejet, ce genre de choses. Même si la communication est des fois coupée ou elle est des fois difficile, essayez de l'entretenir, parce que je pense que le silence, c'est la pire des choses dans ces moments-là, parce que tout le monde se braque, plus personne ne sait quoi dire ou comment revenir. Oui, essayez. essayer vraiment de communiquer et puis dans la bienveillance parce que si et de pas avoir trop de phrases négatives si tu pars toujours en commençant avec du négatif l'autre il le prend négativement enfin c'est pas facile quoi d'essayer d'en parler avec des gens des gens pareil des gens bienveillants et des gens qui comprennent pas des gens qui vont dire ouais bon allez laisse tomber voilà quoi en gros
- Speaker #0
Alors j'ai une question qui n'était pas prévue, mais je te la posais quand même. Quel conseil donnerais-tu à une personne en dépression qui est en couple et qui écoute cet épisode ?
- Speaker #1
D'essayer de ne pas rester dans son coin et de dire tout ce qui lui passe par la tête à son conjoint. Moi, j'ai souvent l'impression qu'il rumine des trucs tout seul dans son coin. Et comme il le fait seul dans sa tête, ça tourne en boucle. Et il ne va pas forcément s'apporter de réponse à lui-même. Alors que des fois, si tu amorces un peu de conversation, même si c'est difficile, même si tu n'as peut-être pas envie d'entendre ce qu'on va te répondre ou quoi, je trouve que rien que le fait… Enfin, j'ai toujours ce truc de coincé dans la gorge. Rien que le fait de sortir ce qui est coincé dans la gorge, c'est dehors. C'est ça que tu as au moins à l'intérieur et ça peut t'aider, ça peut soulager. Même si tu te sens incompris, de cracher ce qu'il y a dedans. Surtout ça.
- Speaker #0
C'est très bien, c'est un très bon conseil, j'apprécie beaucoup. Écoute, merci beaucoup Audrey d'avoir été là avec nous aujourd'hui et de nous avoir partagé tout ça sur ton histoire. En tout cas, elle était très belle à écouter, des vraies émotions, une situation dans laquelle tu peux être fière de tout ce que tu fais comme boulot. En tout cas, vraiment, nous, ça nous a encouragé d'entendre ton parcours, en tout cas moi, parce que je dis nous, c'est moi. Moi, ça m'a encouragée d'entendre tout ça. et... C'est quelque chose que je connais au quotidien puisque c'est mon métier, mais de voir comment chacun va interagir, c'est souvent encourageant et ça nous donne des conseils peut-être qu'on n'aurait pas imaginés nous-mêmes. C'est pour ça que d'avoir des témoignages, ça aide énormément. Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci à toi et merci pour tous tes podcasts parce que moi, ça m'aide vraiment aussi beaucoup au quotidien où dès que j'ai une phase un peu dure, ça m'aide à monter.
- Speaker #0
C'est le principal. Merci beaucoup Audrey d'être venue sur le podcast, ça nous a vraiment fait plaisir. Si toi aussi qui écoutes le podcast, tu souhaiterais partager une partie de ton histoire, que tu souhaiterais aussi être interviewée, il te suffit de m'envoyer un email à l'adresse contacte. Il n'y a pas de sélection, sache que vraiment l'ouverture est pour tout le monde. Donc vraiment, n'hésite pas à m'envoyer un email pour qu'on puisse échanger ensemble pour pouvoir aussi être interviewée. Merci à tous d'avoir écouté le podcast jusqu'au bout et je te dis à la semaine prochaine, chers proches, pour un nouvel épisode. Ciao !