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#70 BRUNO HUG DE LARAUZE : entre résilience, foi et audace entrepreneuriale cover
#70 BRUNO HUG DE LARAUZE : entre résilience, foi et audace entrepreneuriale cover
RayonNantes - le premier podcast nantais

#70 BRUNO HUG DE LARAUZE : entre résilience, foi et audace entrepreneuriale

#70 BRUNO HUG DE LARAUZE : entre résilience, foi et audace entrepreneuriale

59min |21/09/2025
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#70 BRUNO HUG DE LARAUZE : entre résilience, foi et audace entrepreneuriale

#70 BRUNO HUG DE LARAUZE : entre résilience, foi et audace entrepreneuriale

59min |21/09/2025
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Description

Mon invité a dirigé pendant 27 ans l’un des plus grands groupes français de logistique, IDEA, qu’il a transformé avec audace, vision et humanité.


Mais au-delà de son parcours de dirigeant engagé, Bruno Hug de Larauze, c’est aussi une histoire de résilience, de transmission, de famille et d’optimisme contagieux.


Dans cet échange sincère et profond, il nous partage ce qui l’a guidé tout au long de sa vie : la force du collectif, l’importance de rester fidèle à ses valeurs, la capacité à traverser les épreuves et à en faire une source d’énergie.

Sa joie de vivre et son regard plein d’espérance donnent envie de croire en un avenir plus lumineux.


Un témoignage inspirant qui résonne bien au-delà du monde de l’entreprise, et qui, je l’espère, vous touchera autant qu’il m’a touchée.


🎙️ RayonNantes, le podcast qui explore les initiatives, les idées et les voix qui font vibrer Nantes.
📍 Un nouvel épisode un dimanche sur 2.
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, je suis Eleonore Vigneron et je suis ravie de vous accueillir sur Rayon Nantes. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de personnalités inspirantes qui rythment l'actualité ou l'innovation à Nantes et dans la région. Ensemble, nous discutons de leur parcours de vie, de l'origine de leurs projets et de leur vision de l'entrepreneuriat à Nantes. Réunante, un podcast original à écouter quand vous le voulez sur toutes vos plateformes de podcast. Mon invité aujourd'hui a dirigé pendant 27 ans l'un des plus grands groupes français de logistique, IDEA, qui l'a transformé avec audace, vision et humanité. Mais au-delà de son parcours de dirigeant engagé, Bruno Hugues de Larose, c'est aussi une histoire de résilience, de transmission, de famille et d'optimisme contagieux. Dans cet échange sincère et profond, il nous partage ce qui l'a guidé tout au long de sa vie. La force du collectif, l'importance de rester fidèle à ses valeurs, la capacité à traverser les épreuves et en faire une source d'énergie. Sa joie de vivre, son regard plein d'espérance donne envie de croire en un avenir plus lumineux. Bref, je vous laisse écouter ce témoignage inspirant qui résonne bien au-delà du monde de l'entreprise et qui, je l'espère, vous touchera autant qu'il m'a touchée. Bonjour Bruno.

  • Speaker #1

    Bonjour Eleanor.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rayonnante.

  • Speaker #1

    Merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    C'est moi qui suis ravie de t'accueillir, je suis très heureuse de te recevoir ce matin Bruno. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    On ne peut mieux. On est dans une ville sympa, avec des gens sympas. Et je trouve dans une actualité qui est un petit peu, on va dire, chamboulée, il faut être des facteurs d'espérance.

  • Speaker #0

    Beau message, c'est bien, ça lance l'épisode. Bruno, tu as marqué le monde de la logistique pendant des années en dirigeant le groupe IDEA, et puis tu as quitté ce groupe il y a un peu plus d'un an et demi maintenant. Comment est-ce que tu vis cette nouvelle vie ?

  • Speaker #1

    C'est un groupe particulier, c'est un groupe qui était une coopérative au départ qui faisait du portuaire et aujourd'hui la grande majorité de l'activité d'IDEA c'est de la logistique industrielle. J'ai dirigé ce groupe pendant 27 ans mais très vite j'ai été rejoint par un garçon super Nicolas Delraud qui a pris ma suite et on a donc fait un binôme je crois assez sympa avec des bonnes valeurs ensemble. IDEA juste en un mot aujourd'hui c'est 2500 personnes, 85 sites en France et l'objectif d'IDEA avant tout c'est de consoler l'idée. Des sites industriels en France, que ce soit pour des acteurs français ou étrangers, en s'occupant de la logistique de tout ce qui est en amont, tout ce qui est en aval. En amont, on préassemble, en aval, on peut emballer et on transporte tout ça. Et puis on a toujours une activité portuaire.

  • Speaker #2

    27 ans, c'est beaucoup.

  • Speaker #1

    Et donc, il y a un moment où je pense qu'on n'a pas simplement que l'âge de César Terre, puisque j'ai eu la chance de diriger ce groupe à Gécom. commencé à 36 ans, mais on a l'âge de ses mandats. C'est quelque chose qui m'a beaucoup animé dans toute ma carrière professionnelle. C'est que, je ne sais pas s'il vaut mieux frustrer que lasser, mais en tout cas, il y a un moment où on se considère un petit peu dépassé. Du coup, ça demande un vrai chemin d'humilité. C'est un mot-clé maintenant sur lequel j'ai pas mal travaillé. Et de dire, d'autres sont meilleurs. C'est aussi simple que ça. Il faut se dire que d'autres sont meilleurs. Il y a des nouvelles équipes.

  • Speaker #0

    C'est facile d'accepter ça ?

  • Speaker #1

    Non, je ne sais pas si c'est pas facile. Mais C'est comme ce n'est pas facile de grandir avec l'ombre d'un père. Ce n'est pas facile. C'est un sujet qu'on a partout. Mais moi, je suis convaincu que justement, c'est au seigneur de prendre un moment, sans aucune ambiguïté, la décision de dire, arrêtons de penser qu'on a besoin de conseiller des gens de 50 ans ou 40 ans. Soit ils sont bons et à la limite, on va les gêner. Soit ils ne sont pas bons et à ce moment-là, il faut plutôt changer autre chose. Mais ce n'est pas soi qui, en restant jusqu'à 70 ans, 75 ans, 80 ans, va pouvoir sceller l'avenir de l'entreprise.

  • Speaker #2

    Et c'est très basique.

  • Speaker #1

    Le contact des gens que tu as, ton réseau, il change. Ce qui m'a vraiment décidé, c'est ce qui s'est passé au moment du Covid et puis la suite. Covid, inflation, guerre. J'avais des copains qui étaient un peu plus vieux que moi. Et quand on parlait de direction d'entreprise avec eux, qui étaient dirigeants aussi, je voyais vraiment qu'ils ne connaissaient pas tout ce qui était télétravail. Ils n'étaient plus dans le coup. Ils n'avaient plus les référents. C'était des gens extraordinaires, mais qui n'étaient plus dans le coup. Alors qu'en plus ça s'est terminé chez nous par une cyberattaque chez l'IA, une cyberattaque majeure,

  • Speaker #2

    et bien là ça a été le coup de grâce. Heureusement que la décision était déjà prise avant.

  • Speaker #1

    Mais vraiment, et aujourd'hui c'est l'IA et demain ce sera autre chose. Donc il faut vraiment avoir la lucidité de dire qu'on n'est plus dans le coup, et par contre il faut préparer la suite.

  • Speaker #0

    Ça a pris combien de temps de la préparer ?

  • Speaker #1

    Et bien avec Nicolas, nous travaillons ensemble depuis 20 ans, mais il est rentré en 31 ans pour démarrer de la logistique industrielle dans le groupe, qui était une des divisions, c'est toujours une division du groupe, mais la plus grosse maintenant. On a fait une co-direction générale, je dirais... entre le pressenti et l'officiel, c'est-à-dire le moment où je me suis dit « C'est à toi, si tu en es au corps » , et l'officiel, on a fait une bonne dizaine d'années ensemble.

  • Speaker #0

    Donc ça vous a laissé le temps tous les deux d'avancer ensemble.

  • Speaker #1

    Mais on est passé par une étape de patron, que j'étais en tant que PDG du groupe, je l'ai nommé d'abord directeur général délégué, et ensuite directeur général, et on a fait une co-DG. C'était extraordinaire, parce que c'est une chance, parce que du coup... On ne prenait jamais une décision importante sans en parler. Mais par contre, toutes les décisions du quotidien, chacun les prenait dans son périmètre. Et on n'a jamais eu une feuille de papier à cigarette vis-à-vis de l'extérieur sur ce qu'on faisait l'un ou l'autre. Jamais. C'était trop grave de pouvoir dire qu'à un moment, surtout que les gens regardent ça à la loupe, « Mais tu penses quoi ? Il a dit ça ? » Si il te l'a dit, c'est que c'est ça. Il ne faut pas qu'il y ait d'ambiguïté, c'est vraiment essentiel. C'est un petit peu comme des parents qui éduquent un enfant. L'enfant va essayer de regarder le parent qui lui permettra de sortir un peu plus, etc. Et s'il n'y a pas une solidarité des parents, ça fait un petit sujet quand même. Alors, ça peut être beaucoup plus grave pour les entreprises. Enfin, plus grave, je ne sais pas, mais en tout cas, ça peut être plus... Ça peut être plus important parce qu'on ne sait pas jusqu'où ça va, la démultiplication des divisions. Par ailleurs, il y a une cohérence avec les valeurs que nous avons dans le groupe.

  • Speaker #0

    Oui, et même pour les collaborateurs de l'entreprise, ça a été plus, j'imagine, facile d'accepter aussi votre départ.

  • Speaker #1

    Oui, alors...

  • Speaker #0

    Vu qu'il y avait une suite logique qui était préparée depuis des années.

  • Speaker #1

    Alors bon, ce n'était pas une surprise.

  • Speaker #2

    Ça tombait comme un fruit mûr, si je puis dire.

  • Speaker #1

    Non, la question qu'ils ont aujourd'hui, c'est « et après ? » Parce que Nicolas a 10 ans de moins que moi, donc on est quand même assez proches. Bon, il a encore du temps. Mais effectivement, comme c'est un groupe autonome, nous n'avons pas d'actionnaire extérieur. Les seuls actionnaires, c'est les managers, la direction générale de l'entreprise. Lui et moi, on est à parité. Un fonds commun de placement offert à tous les salariés. Et puis la SCOP, qui est la holding majoritaire. Et la SCOP qui elle-même appartient à ses salariés. Donc on est vraiment autonome, totalement indépendant. C'est assez rare comme modèle,

  • Speaker #2

    c'est très précieux.

  • Speaker #1

    Mais ça veut dire que quand on nomme un dirigeant, il a relativement peu de contrefeu si l'entreprise ne s'ouvre pas spontanément, si le fonctionnement ne s'ouvre pas spontanément, ça ne marche pas très bien. Et c'est pour ça qu'on a eu à cœur de créer un comité stratégique il y a quelque temps et à cœur de faire des partenariats parce que vraiment, les activités de gouvernance où on est auto-centré, auto-suffisant et sûr d'être les meilleurs du monde, ça se finit généralement très très très très mal. Bon, et donc il faut faire attention à ça.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu es encore consulté aujourd'hui dans les décisions opérationnelles et stratégiques ?

  • Speaker #1

    Ah, surtout pas.

  • Speaker #0

    Surtout pas ?

  • Speaker #1

    Alors stratégique peut-être, mais opérationnelle surtout pas. Quand j'ai pris ma retraite, j'ai veillé à Nicolas, je démissionne de tous mes mandats, parce que je préside un certain nombre de filiales et de structures, et je quitte le conseil d'administration. Je pense vraiment qu'il y a des cas particuliers, mais... La plupart des structures duales où le président de conseil de surveillance est un vieux seigneur, et je dis ça, c'est pas du tout péjoratif, et c'est le fiston ou la fille ou je sais pas quoi, ou un extérieur qui est directeur salarié, c'est ambigu. Et du coup, comme les gens bien élevés veulent pas tuer leur père, il y a une ambiguïté qui crée de la frustration, voire parfois des sujets très compliqués à gérer ensuite. Donc moi j'avais dit à Nico, je pars de tout, je te fais confiance, on fait un point tous les six mois,

  • Speaker #2

    tous les deux, en tête à tête.

  • Speaker #1

    Pourquoi avoir de la tête ? Simplement pour que je puisse lui dire la vérité de ce que je pense et qu'il puisse me dire la vérité de ce qu'il pense. Parce que si on le fait devant d'autres personnes et qu'ils me parlent de ses doutes, alors que ça met en cause une équipe, une activité, etc., il n'aura pas la même liberté.

  • Speaker #2

    Mais ça va s'estomper aussi.

  • Speaker #1

    Et on s'est engagé d'ailleurs à faciliter la transmission au suivant. On a même fait des pactes ensemble, de manière à ce qu'effectivement l'entreprise puisse s'autonomiser, plutôt que d'avoir uniquement un enrichissement personnel sans fin. comme tout patron d'entreprise qui a plutôt bien marché dans son développement. Donc tout ça, ça demande de s'ajuster.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que toi, du coup, tu occupes tes journées depuis un an et demi ? Est-ce que ça a été complexe de passer d'une vie active riche à une vie peut-être plus oisive ?

  • Speaker #1

    Je vais te répondre un peu longuement, mais si je devais dire un mot, est-ce que ça a été facile ? Plutôt oui, mais avec des moments où c'est un peu dur. Voilà, je vais le dire comme ça. Mais si je détaille, en fait, la caractéristique de ma vie professionnelle, de ma vie tout court, c'est d'avoir été très gâté par la vie. Je le dis très sincèrement, j'ai eu beaucoup de chance. Très gâté par la vie, pas forcément épargné. On a perdu notre fille, notamment, qui nous a mis. Ça a été vraiment très dur, l'oreille. Je me souviens, mon père était entrepreneur, qui a eu aussi un cancer et une dépression. Et l'entreprise a été cédée. Il s'est retrouvé dans une situation beaucoup plus difficile après. Mais en même temps, ça m'a libéré. Comme ça, au moins, j'étais libre de faire ce que je voulais après. mais ce que je dis après je vais remercier Et je le pense sincèrement. Et c'est pour ça que, d'ailleurs, j'ai toujours eu à cœur, mais on en parlera après, peut-être de jamais dire aux enfants qu'ils rentreraient dans l'entreprise. D'abord, c'était une coopérative, je l'ai dit. Ils la connaissent, ils ont fait des stages. Mais j'ai dit, oui, chacun. Au moins deux d'entre eux m'ont dit, mais c'est une chance pour nous de dire que tu nous soutiens pour l'entrepreneuriat de ce qu'on veut faire, mais que du coup, on est libre. C'est vraiment très intéressant. Alors j'en viens à ta question quand même, c'est-à-dire que mon engagement pour l'entreprise était l'un de mes engagements. L'engagement principal, c'est quand même celui de mari et de père de famille. Le second est de fils et de frère, etc. Mais je dis ça, c'est sérieux, parce qu'au moment de la retraite, c'est celui qui va prendre le pas sur la vie professionnelle. Donc si on ne cultive pas ça, il y a un moment, au moment de la retraite, c'est un peu dourd. Nous, on avait la chance d'avoir pu réfléchir à ça, malheureusement, pour les raisons qu'on connaissait sur la maladie de Lorraine. Le deuxième sujet, c'est que j'avais un tas de mandats à l'extérieur. Des mandats sociétaux sur le territoire, on en reviendra peut-être un peu. Et donc j'avais déjà été initié... Au fait d'arrêter quelque chose et de ne jamais avoir un mot sur les successeurs. C'est une règle de base que j'ai eue quand j'ai quitté la présidence de la chambre ou d'autres choses, enfin peu importe. Tu viens, tu pars, tu fermes ta bouche pour ne pas dire tu fermes ta gueule. Et c'est vraiment très important et quand je dis ça, c'est y compris dans les regards, y compris dans les retards. Et souvent on me dit mais on ne voit plus, tu désintéresses du sujet. Non, ce n'est pas que je me désintéresse du sujet, c'est que je ne veux pas gêner la gouvernance qui elle a les éléments que moi je n'ai pas. Je suis toujours très étonné par tous ces retraités qui donnent des avis aux jeunes. Je dis vraiment, qu'ils puissent donner des conseils, réagir avec eux, oui, mais des avis définitifs, je me dis, ils n'ont pas tous les éléments quand même pour juger. Et donc ça m'avait préparé tout ça. Et puis par ailleurs, je suis un chrétien catholique, à vocation équiménique, donc ouvert à un certain nombre de sujets. Et donc nous sommes partis avec Valérie, ma femme, il y a deux ans, à Saragosse, trois mois, dans une abbaye. avec à 140 personnes, 14 nationalités de tout âge, pour nous former, nous préparer, réfléchir à ce qu'on voulait faire ensemble dans notre seconde vie. Puis j'ai continué avec une retraite en silence. Et c'est très important parce que, indépendamment du fait que, effectivement, ma foi se consolide, en tout cas je l'espère, mais ça me permet vraiment de réfléchir, ça veut dire quoi aimer les autres, ça veut dire quoi l'essentiel de la vie. Et puis, effectivement, on a eu aussi une chance, c'est qu'on a aujourd'hui sept... Petit enfant ennemi, il y en a un huitième en cours qui va arriver. Et donc, effectivement, on a une joie de les accueillir. Alors, c'est un sujet qui est compliqué, ça. Parce qu'il faudrait disponibiliser quasiment tout le temps des grands-parents, avec les périodes scolaires, les vaches, etc. Enfin, tout le temps, j'exagère, mais comme il y a plusieurs familles, ça revient assez souvent. Et puis, en même temps, il faut qu'on ait notre vie. Moi, j'ai aussi une vie de loisir. Tu m'as posé la question de loisir. Alors, ça revient aussi, parce que j'aime bien naviguer. On a racheté un bateau avec un ami et on navigue en famille ou avec des autres amis. Et puis enfin, j'ai pas mal d'amis qui sont touchés par la maladie, la séparation. Enfin bref, des situations un peu compliquées. Je me dis que c'est aussi mon rôle de les aider.

  • Speaker #0

    Une vie quand même bien remplie.

  • Speaker #1

    C'est une vie remplie. C'est une vie plus engagée que d'engagement. Je ne sais pas comment le dire. C'est-à-dire que j'accepte aujourd'hui de ne plus être le pilote stratège, mais plutôt de dire... Écoute, voilà, tu t'es engagé auprès de ta famille, etc. Tu ne choisis pas le jour et l'heure. Tu t'es engagé auprès de tes amis, tu ne choisis pas le jour et l'heure. Et puis, alors, j'ai gardé une activité économique, on va dire, relative. J'ai encore une dizaine de mandats,

  • Speaker #2

    donc c'est encore relatif.

  • Speaker #1

    Mais je suis d'ailleurs vice-président de la Banque Populaire Grand Ouest et président du comité d'audit. Donc, c'est un sujet important. On a fait la fusion de l'aide de banque. Et puis, en ce moment, les banques sont quand même importantes pour le territoire. Et elles sont elles-mêmes touchées par un certain nombre d'évolutions réglementaires et conjoncturelles qui vont toucher les entreprises. Moi, c'est toujours l'entreprise qui a été mon... mandat. Puis je suis membre de comité stratégique d'entreprise, de TI et de start-up. Enfin, j'ai une quinzaine de participations que je suis on va dire plus ou moins selon les gens qui le font. Certaines, je suis très impliqué. D'autres, c'est un peu plus léger.

  • Speaker #0

    Si tu devais te présenter là aujourd'hui auprès des auditeurs, au-delà des titres, au-delà des activités, comment est-ce que tu le ferais ? Qu'est-ce que tu dirais sur toi ?

  • Speaker #1

    Je suis vraiment un homme en sens être humain comme beaucoup. Fils d'eux, avec toute une histoire familiale.

  • Speaker #0

    Bon, père mais ouais,

  • Speaker #1

    justement. Père 2, avec toute l'insertion familiale. Frère 2, avec une fraternité de gens très proches de sang, mais également de choix, notamment spirituels.

  • Speaker #0

    Tu as combien de frères et sœurs ?

  • Speaker #1

    Nous sommes 6. 6 ?

  • Speaker #0

    Ah ouais ? 6. Toi t'es le nouveau coulant ? Je suis né.

  • Speaker #1

    T'es né. J'ai un petit frère qui est le dernier et 4 sœurs autour, donc je peux dire qu'on est bien briefés. Mais voilà. Et puis acteur. Je considère que, et d'ailleurs c'est ça qui est le plus difficile par rapport à ta question précédente, c'est ça qui est le plus difficile, c'est vraiment de dire... Alors que j'ai toujours été acteur, plutôt décideur, on va le dire comme ça, accepté d'être un pion. Consulté ? Non, parce qu'il faut quand même un peu agir, mais ce n'est pas moi le leader. Et ça, c'est un chemin d'humilité qu'il faut décider. Parce qu'on vient sur un jarret te dire, tu pourrais faire ça, tu ferais ça, on a besoin de toi là, etc. Je me dis, mais non, je vais décider d'être au service de ce temps spirituel, ma serviette, je vais décider d'être au service. Je n'ai pas envie d'être le pilote, le patron.

  • Speaker #0

    Donc du coup, si je reprends un peu justement ton enfance, Tu n'es pas né à Nantes. tu es né à Neuilly. Et donc ton parcours familial a été marqué par cette histoire d'entreprise quand même, de résilience aussi, puisque ton père dirigeait ce groupe textile qu'il a revendu. Raconte-nous un peu cette enfance dans les grandes lignes et ce qui, toi, t'a marqué et peut-être façonné aussi ton parcours derrière.

  • Speaker #1

    Je te disais tout à l'heure, je suis né à Neuilly parce que ma maman était parisienne et bretonne et mon père était du sud-ouest. Quand ils se sont mariés, je suis le premier enfant qui est né là-bas, il se trouve que mon père a très vite... Papa c'est vraiment un homme qui était vraiment un bébé du sud-ouest quoi. Il était à Paris parce qu'il avait fait ses études là-bas, il avait fait HEC, bon c'est tout. Et il avait rencontré maman qui avait fait Sciences Po, ce qui à l'époque était plutôt des parcours on va dire entre guillemets d'élite, on va le dire comme ça. Et il y a un Au moment où il ne savait pas très bien ce qu'il allait faire, il a été appelé par son grand-oncle pour rejoindre le groupe familial où il a développé des activités commerciales. C'était un groupe qui s'appelle Absorba Poron, qui a été avant le plus gros groupe textile enfant leader européen. Qui fabriquait les... Oui, Absorba Poron, c'est des marques que... Absorba, il en reste un peu. Coup de cœur, Johnson, guitare, ça ne vous dit plus rien, moniteur non plus. Mais il y a eu un certain nombre de marques et c'était vraiment... c'était trois fois petit bateau. C'était un peu plus gros. Il y avait Lacoste à Troyes, il y avait Petit Bateau, il y avait le groupe Absorbapon. Et papa était un patron très social. C'est le premier à avoir mis le 13e mois dans l'entreprise Textiles, ce qui à l'époque avait été un peu... fatigué par ses pères, mais en même temps très international. Il avait ouvert en Tunisie, parce que sinon il n'y avait pas à produire, et qui avait industrialisé le groupe. Et il y a un moment, leur actionnariat familial très réparti a eu l'opportunité de faire pas mal d'argent, parce qu'il y avait des gens qui s'intéressaient au groupe au moment où il était rentré au second marché. Une partie de la famille a préféré prendre de l'argent là. Et donc, du jour au lendemain, papa s'est retrouvé, il a perdu la majorité, et il s'est retrouvé avec un racheteur qui n'était pas tout à fait celui qu'il avait choisi. Donc il a préféré partir. Ça a été un peu douloureux. D'autant plus qu'il venait d'avoir... Il avait un cancer à l'époque. Il a fait une dépression. Et moi, j'ai vu mon père qui était un espèce de... C'était un homme exceptionnel. Enfin, vraiment un très grand bonhomme. De souffrir beaucoup. Et il avait vraiment humilité sur humilité à faire. Sur tous les sujets. Et maman... Maman est exceptionnelle, je dois dire. Elle l'a bien accompagnée à ce moment-là. Mais elle-même avait un accident de voiture très grave avec papa quand j'avais 6 mois. On a fait une amputée et elle a été du coup tout le temps très handicapée. Et donc, je veux dire que moi, ça m'a marqué parce que je sais très bien que les choses ne durent pas éternellement.

  • Speaker #0

    Tu en as eu conscience très jeune.

  • Speaker #1

    Très jeune. Et puis, je me suis aperçu que l'actionnaire familial, c'est bien, mais il y a quelques limites quand même. La dégénération, ça se passe. Puis après, il y a d'autres priorités, ce qui est normal. Je ne critique pas du tout ça. Alors, les fonds financiers, eux, ils ont un temps de vision très court. On le sait. Généralement, c'est quelques années. 7-8 pour les meilleurs et souvent c'est plus court que ça les familles ça peut durer une génération 2 voire 3 mais la plupart du temps ça pose un problème ne serait-ce que parce qu'il faut payer les droits de succession ne serait-ce que parce que les priorités des uns des autres bougent et donc je m'étais dit quelque part dans la petite tête plus tard tu as envie d'être entrepreneur parce que moi je me souviens quand j'étais enfant j'allais parfois au lycée avec le chauffeur et la DS noire et du jour au lendemain il n'y avait plus rien et c'était la chance de ma vie Je suis parti aux Etats-Unis à peu près en même temps et là j'ai vécu un peu dans la pauvreté. C'était une grande chance parce que l'inflation avait fait que mon pouvoir d'achat était divisé par deux et comme papa ça n'allait pas très bien, je ne voulais rien demander. Et donc j'ai habitué avec des colocataires dans les endroits où il y avait de la drogue, de la violence, etc. Tu étais où aux Etats-Unis ? À Pittsburgh, qui est une ville vraiment très difficile. J'avais 18-19 ans, j'aurais pu très bien complètement vriller. Et je me suis dit tout ça, ça s'est passé en 2-3 ans. Et ça a été une chance, bon, ça s'est bien passé, j'ai trouvé difficile là-bas, ma petite amie d'époque est morte d'overdose, donc ça a été vraiment un des moments compliqués. Mais je me suis dit, écoute, avant tout c'est l'humain qui compte, c'était venu de l'éducation que j'avais reçue et de ce que j'avais pu découvrir. Et tu peux prendre ta vie en main, il y a un moment tu peux la prendre. Alors après j'ai retravaillé un parcours classique, j'avais fait une licence en droit et le M Lyon. Et puis je suis parti rentrer dans un grand groupe qui s'appelle Ford, qui est une entreprise géniale. Alors je vais travailler un peu dans d'autres boîtes avant, mais très peu. Et qui est une entreprise géniale parce que...

  • Speaker #0

    En France du coup, tu étais en France.

  • Speaker #1

    Alors j'étais en France et en Angleterre. En France, il se trouve que je faisais du conseil de gestion financière, tu vois, il y en a encore un.

  • Speaker #2

    Ça te rappelle ton mari. Et puis à m'avoir...

  • Speaker #0

    J'adore parce que c'est des gros virages. Tu as fait des études de droit, un million, un pré-finance. Ce n'est pas fini.

  • Speaker #1

    Ce qui s'est passé à ce moment-là, c'est que j'avais un patron exceptionnel. Enfin, pas un patron direct, mais il y avait le patron, le secrétaire général du groupe de Ford en France, qui est un petit exceptionnel, qui était un pied noir, qui a donc vécu, qui m'avait beaucoup parlé de l'Algérie, de la difficulté. On parle de la Slimanie aujourd'hui, les difficultés que ça pouvait avoir. Et il était merveilleux, d'une finesse. Et il était maire adjoint du 12e en même temps. Il avait un engagement politique. Il dit, ben voilà, j'ai été viré d'Algérie, mais comment j'ai un engagement politique ? Et je trouvais ça vachement... Je trouvais ça... Il me parlait des heures de ça. Et ce garçon, un jour, il y avait le responsable du recrutement chez Ford, mais un an et demi après ma rentrée dans le groupe, j'avais donc 23 ans, 24 ans, 25 ans, 25 ans, il me dit, ben, s'en va. Et il me dit, ben, écoute, prends le poste. Et moi, je me suis occupé du forum des recrutements. Donc, j'avais des grandes écoles avec ma grosse bagnole, mes machins, etc. J'étais le gamin. Les autres, ils avaient 20 ans de plus que moi, mes concurrents. Donc, je faisais un carton. Ça marchait super bien.

  • Speaker #2

    J'étais vachement fier. Et plus à ce moment-là,

  • Speaker #1

    c'est intéressant parce que j'ai eu la chance à ce moment-là de pouvoir être dans mon temps sur un métier. Les bagnoles, c'était encore un peu quelque chose, mais ça commençait déjà à partir. C'est un métier sur lequel, effectivement, on sentait que c'était un peu plus compliqué. Et puis après. Ce qui s'est passé, c'est que le directeur du personnel, lui, est parti comme patron du personnel de l'Encom. Et Vincent me dit, écoute, maintenant t'es obligé, il faut que tu passes à Fort d'Europe pour être validé par le board, mais il faut que tu prennes la direction du personnel. Je lui dis, attends Vincent, j'ai 28 ans, 27 ans. Ouais, t'étais jeune. Et il me dit, écoute... Vu ce qu'on a à faire, et ce qu'on avait à faire, c'était fermer l'usine de Charles-Evile-Mézières qui faisait des tracteurs. Puis on savait que Bordeaux était compliqué aussi. Et Bordeaux, le délégué syndical, c'est Poutou. Je ne sais pas si vous connaissez Poutou, mais c'est quand même quelqu'un qui... Donc il y avait vraiment une tension assez forte. Et il me dit, il faut un Français, parce que s'il me bombarde encore un gars qui vient de l'extérieur, Et en français, il n'y a que toi qui peux le faire. Donc débrouille-toi pour être alloué. A l'époque, nous venions d'avoir notre deuxième enfant. On part avec Valérie en Angleterre et ça ne s'est pas très bien passé pour Valérie en Angleterre. Elle a fait une dépression.

  • Speaker #0

    Le changement de vie a été compliqué.

  • Speaker #1

    Ça a été vraiment compliqué et elle est repartie plus tôt en France. Et là, j'ai eu un temps, c'était compliqué parce qu'il y avait vraiment un arbitrage à faire.

  • Speaker #0

    Entre la vie professionnelle et la vie familiale.

  • Speaker #1

    Voilà, et je dis à Vincent, écoute, je ne vais pas aller au bout, je vais rentrer. Et lui qui était vraiment génial, j'étais son fils adoptif,

  • Speaker #2

    il m'a dit,

  • Speaker #1

    écoute, là ça m'échappe, c'est au-dessus de moi. Mais j'ai une idée. Il faut... On doit recruter des INSEAD, des IMEDE, etc. C'est Ron Platt, le patron de Ford Europe, qui veut faire ça. On a jeté, entre guillemets, l'internationalité du groupe européen, quoi. Et il faut que tu fasses ça avec lui. Je dis, mais attends, raconte. D'abord c'est que les écoles en anglais ça pouvait aller mais le reste moi j'étais pas très fort, enfin même nul, enfin je savais rien. Et Ron est arrivé avec son avion privé, tu vois c'était déjà un autre moment, j'étais très impressionné. On a eu fait un désentendu recrutement, donc on recrutait 8 personnes à l'INSEAD. C'est des gens de bon niveau à l'INSEAD en général qui ont eu un parcours assez intéressant. Moi j'étais vraiment, moi j'étais très très très complexé je dois le dire. Mais je pense avoir cette qualité humaine d'appréciation des hommes. Et il y a un moment, au quatrième candidat, Ron me dit « Ah, ce gars-là, il est extraordinaire. » Enfin bon, je ne te défasse pas son accent américain, mais il est extraordinaire, il est gyné, etc. Et tu ne le trouves pas, Bruno ? Et moi, je lui dis « Je n'ai pas du tout le même sentiment, Ron. » Moi, j'ai un sentiment que ce n'est pas une quiche, c'est sûr, il est brillant, il parle une langue couramment, etc. Mais je trouve qu'il est prétentieux, je trouve que ça ne va pas le faire, ça n'a pas avec les valeurs du groupe, etc. Et il argumente un peu, à un moment donné, c'est ça. puis à un moment il est clé de réélire, t'as parfaitement raison Je voulais savoir si tu allais me dire la vérité, parce que moi je veux un directeur du personnel qui me dise la vérité.

  • Speaker #0

    Il t'a testé en fait ?

  • Speaker #1

    Il me testait et il m'a dit, et on veut repartir avec son avion, il me dit toi tu restes ici, le chauffeur te ramène chez Ford, tu prends la direction du personnel demain. Ça s'est passé comme ça. Alors là, je dis ça parce que d'abord il faut prendre les chances, et deuxièmement c'était génial. Mais je savais en même temps, donc j'ai fermé l'usine de Charleville, j'ai eu des prises d'otages, j'ai eu à gérer des suicides, c'est des choses difficiles. Je ne voudrais pas me plaisanter là-dessus, mais c'est ce qui à un moment forme. Les sujets sur l'alcool, les sujets... Ce qui forme à un moment... La direction du personnel, c'est un job difficile. Parce qu'il faut recruter des gens quand on est en développement. Et puis en même temps, ça va être dur quand on ferme une usine ou quand on brise des vies. Donc c'est vraiment compliqué. Il faut dire la vérité. Moi, j'ai eu le suicide d'un collaborateur. Et j'ai été accompagné après parce qu'il s'est suicidé un quart d'heure après avoir quitté mon bureau. Donc il savait qu'il allait être licencié. Et on s'est aperçu de sa mort parce qu'il avait été abandonné par sa femme, sa famille, que plusieurs jours après. Et c'est moi qui m'en suis aperçu parce que je ne comprenais pas pourquoi. Pourquoi il ne revenait pas, etc. Après, je me suis fait accompagner par un psy pour comprendre. Je me disais, mais qu'est-ce que je n'ai pas fait ?

  • Speaker #0

    Surtout que tu étais jeune à l'époque.

  • Speaker #1

    J'étais hyper jeune, j'avais 28 ans, 29 ans.

  • Speaker #0

    On n'est pas préparé à ça, en fait.

  • Speaker #1

    On n'est pas préparé. Et le gars me dit, comment tu as fait le dernier entretien avec lui ? Je dis, j'ai essayé le plus sympa possible, etc. Il me dit, carton rouge.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ça, c'est intéressant et ça m'a réavoué toute ma vie. Quand tu as quelqu'un à qui tu annonces une mauvaise nouvelle, si toi, tu te mets dans la compréhension absolue...

  • Speaker #0

    Et dans l'empathie ?

  • Speaker #1

    Dans l'empathie, qui est de dire... que vraiment, oui, c'est vraiment le pauvre type, c'est vraiment un pauvre type, et il a tout raté. Il venait de se séparer de sa femme, je te disais. Il était en bisbille avec ses filles. Et donc, on le virait. Il était dans l'alcoolisme. Il était absent six mois par an depuis trois ans. Donc, ce n'était pas possible. Eh bien, tu casses le dernier ressort, qui est l'estime de lui. Il faut que tu le mettes en colère. Quand tu licencies quelqu'un qui est dans une situation... Et la colère est juste. Et il faut accepter. Ce n'est pas agréable, en tant que manager, de mettre les gens en colère, mais une colère juste. donc sur la vérité et ça m'a beaucoup éclairé dans tout le reste de ma vie professionnelle être dans la colère juste ou d'être dans la justice c'est-à-dire un moment on ne fait pas semblant un moment on dit les choses parfois on me dit j'ai pu être assez cash assez exigeant etc par estime des gens t'es pas fait pour telle ou telle mission t'es pas fait pour le groupe mais t'es quelqu'un de vachement bien donc tu vas rebondir ailleurs c'est pas que de la démago il faut un moment ce qu'on est en train de vivre au niveau politique en France c'est une parenthèse Mais c'est parce qu'on n'a pas dit la vérité que tout... On est dans un tel bordel, excusez-moi de le dire comme ça, mais... et je parle aux auditeurs mais c'est parce que on ne dit pas la vérité alors Bayrou a peut-être échoué peu importe mais simplement quand il disait je veux dire la vérité il n'est même plus audible et ce qui est terrible c'est pour nos enfants nos petits-enfants pas pour nous nous c'est facile les retraités etc les baby-boogers je ne dis pas qu'on a tout bon sur tous les sujets, mais quand même... Mais les autres, ceux qui viennent. C'est ma petite minute de dévoilage, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant ce que tu dis sur la colère et accepter aussi, oui, que les gens puissent être en colère contre toi. Parce que c'est vrai qu'en tant que dirigeant, on n'est pas là pour être aimé par tous, mais en effet pour être le plus juste, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, à condition de ne pas humilier les gens. Et en fait, la vraie humiliation, ce n'est pas simplement la critique, c'est le mépris caché sous des bons sentiments très empoulés.

  • Speaker #2

    Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est vache. Parce que l'autre n'est pas idiot.

  • Speaker #0

    Donc toi, tu démarres ton parcours professionnel avec tous ces périmétries qui t'est arrivée. Tu restes combien de temps ?

  • Speaker #1

    Je savais par ailleurs, c'était clair, qu'il y a un moment j'allais... Alors Forte est une boîte où on change tout le temps, dans les potentiels. Je savais que j'allais bouger, donc j'ai repris la direction commerciale par Île-de-France. Et puis, je savais que je devais chercher quelque chose. Parce qu'on se dit, je ne voulais plus être à Troyes pour les raisons que tu connais. On peut bien comprendre. Et on se dit, le côté breton, on va ressortir. Moi, j'aime bien naviguer, je vous le disais tout à l'heure. Et donc, il y a un moment où je me suis dit, bon, est-ce qu'on va à Rennes, Nantes ? Bordeaux, on l'a esquissé, mais pas trop. À l'époque, le groupe Bordeaux était un peu le bel endormi aussi. Et j'en parle au concessionnaire Ford, qui est Alain Mustière,

  • Speaker #2

    qui est un très bon ami.

  • Speaker #1

    Et un amitié a été président de la chambre de commerce à l'époque Et il me dit écoute je vais te faire rencontrer des potes Puis tu lui diras un peu ce que tu veux faire, etc.

  • Speaker #0

    Toi, tu avais une idée précise de ce que tu voulais faire ? Non,

  • Speaker #1

    j'étais prêt. J'avais fait du commercial, du marketing, de la

  • Speaker #2

    RH, de la vente.

  • Speaker #1

    J'étais ouvert à tout. Ce que je voulais, c'était entreprendre à terme.

  • Speaker #2

    Et là, je me souviens très bien. J'arrive, mais en t-shirt et achat chez Alain,

  • Speaker #1

    parce que c'était un pote. Et puis, il y avait son bureau de la chambre. Il y avait Guichard, patron de la BN, Jean-François Moulin, patron de la Banque populaire. Il y avait un tas de patrons. tous très cool. Et puis Alain me dit, bon ben, allez Bruno, présent ce que tu fais. Bon, j'étais un peu, je ne savais pas très ce que ça voulait dire ce truc-là. Donc, je dis, voilà ce que je fais. Et puis, si vous avez des idées de job ou des idées, des concepts de l'année, n'hésitez pas. Pérou, le déjeuner se passe très bien. Et le lendemain, Alain me dit, bon, tu es validé à 100%. Je dis, je suis validé à 100%, pourquoi ? Parce que je veux un dire-câble, j'en ai marre d'avoir des polytechniciens avec moi en permanence. À l'époque, Alain voulait un peu varier. Lui, c'est un garagiste. Il disait tout le temps, moi, je suis un garagiste. mais avec une vision et courage, un vrai meneur d'homme, un type exceptionnel. Et puis à l'époque, Alain me disait, écoute, moi je veux un dire cap parce qu'il faut qu'on construise Nantes. C'est une décision qu'on a prise au niveau du bureau de la chambre. On ne peut pas laisser comme ça. A l'époque, l'usine Niveau L titrait Labelle Endormie, c'était les années 89. Il n'y avait pas de périph', pas de tramway, pas de côte autoroute pour Paris, pas de 4 voies pour Rennes. L'aéroport était deux fois plus petit, on imagine le chantier de 4 voies. Déjà qu'il n'est pas grand,

  • Speaker #2

    tu vas acheter des trucs.

  • Speaker #1

    Pas de TGV, pas de télécongrès, il n'y avait rien. C'était une petite ville de province. Alors quand on dit ça, on se demandait « Oh non, quand même ! » . Une guerre avec Saint-Nazaire. Et on sait bien que si on voulait compter dans la métropole d'équilibre que voulait Guichard à l'époque... Alors Guichard, ça ne vous dit rien, mais c'est le père de l'aménagement du territoire. Et donc à l'époque, il était président de la région Pays de la Loire aussi. Et il disait « Mais il faut qu'il y ait une métropole forte. » Et la métropole, ça ne peut être que Nantes. Ça ne peut pas être Angers. Donc ça avait été un peu compliqué avec les Angevins. Mais ça peut être que Nantes, à condition qu'elle fasse alliance avec Saint-Nazaire. D'où le port de Nantes-Saint-Nazaire, d'où la volonté de faire cette métropole. Paul Nantes Saint-Nazaire. Et tout ce projet-là était là. Mais en même temps, ça a été un temps... Alors, ça a été incroyable comme projet. Le problème qu'on avait, c'est que les gens étaient bien, quoi. Ils ne se rendaient pas compte de ce qui était en train de se passer.

  • Speaker #2

    Alors, j'exagère. Il y avait des tas de gens qui...

  • Speaker #1

    Et donc, on a dit, mais il faut objectiver ça. Donc, on a fait un constat, assez difficile, sur l'état de la région par rapport aux autres états régionales... l'état de la métropole par rapport aux autres métropoles françaises. Et on était dans une situation dramatique. La valeur ajoutée produite par personne était plus faible qu'ailleurs. Le niveau de formation était moins élevé. Le rayonnement international, c'est comme ça qu'on a créé le World Trade Center. Et donc, on a fait un programme d'action. Nous avons choisi de réussir. On a mobilisé 1000 entreprises qui, à l'époque, se sont retroussées les manches. Parce que tout ça, ça venait en 89, je le rappelle quand même. C'est la chute du mur de Berlin. Mitterrand avait été élu en 81. Donc les entreprises, c'était un peu chaud bouillant,

  • Speaker #2

    les entreprises à l'époque.

  • Speaker #1

    Et à Nantes, on venait de fermer Creuseloir. Et Dubigeon fermait en 86. Donc le centre-ville devenait une friche commerciale.

  • Speaker #2

    Enfin, une friche, pardon, pas commerciale, une friche industrielle.

  • Speaker #1

    Les grandes surfaces étaient partout en train de se développer autour de Nantes, avec la perspective du périph', et on se dit, mais qu'est-ce que va devenir cette ville ? Là, on a fait feu de tout bois, on a même redressé le FCNA, qui était relégué, enfin le football club de Nantes, c'est pour ça qu'il est devenu FCNA d'ailleurs. Il devait être relégué en seconde division en 91, c'est Guy Scherer qui l'a ramené, on a gagné la Coupe de France en 95, en faisant de la pelle à l'épargne. Et moi, en tant que dire-câble, je m'occupais de tout ça. Puis un peu de temps, j'ai dirigé les services de l'entreprise. Mais c'était passionnant. Passionnant. Et puis public-privé, et puis on avait le dîner des croates, alors ils sont tous un peu... C'est-à-dire tous les directeurs de la région, de la ville de Nantes, etc. Il y avait nos présidents qui existaient, puis le dîner des croates, c'était nous, on réglait les problèmes de... Pas de fonds, mais les problèmes de quotidien à gérer par rapport à ça. C'était vraiment le bureau d'arbitrer les trucs absolument incroyable. avec des discussions passionnées, ça a donné d'ailleurs lieu à créer un truc qui s'appelle la SEL, enfin c'est mort depuis mais malheureusement, mais qui était quelque chose où les gens étaient obligés de discuter. Après la spécialisation, mais ça c'est bien qu'au plus tard, la volonté d'éviter les doubles mandats, la spécialisation qu'on a fait de chacune des collectivités a cassé cette obligation de discuter. Le conseiller général n'avait plus que des responsabilités qui sont beaucoup plus fléchies aujourd'hui, le conseiller régional on sait sur l'économie, L'État et le Conseil régional n'avaient plus de responsabilité partagée. Et puis, il y avait les métropoles et les villes-coeurs. Est-ce qu'on faisait en doublé le service ? Parce qu'il s'est passé malheureusement partout en France. D'où la ruine, d'où le coût des collectivités qui est astronomique. Mais avant, il y avait de l'argent dans les caisses pour faire des projets communs. Après, chacun a voulu faire sa petite chacunière. Et du coup, les gens ont moins discuté. Mais cette période-là était extraordinaire.

  • Speaker #2

    Je me souviens de discussions à l'époque droite-gauche, aussi bien avec Olivier Guichard, qui était quand même l'un des piliers de Gaulle. Enfin,

  • Speaker #1

    c'était l'un des compagnons de Libération. avec Jean-Marc Ayrault qui était un jeune maire à l'époque. avec Joël Batteux qui était plutôt bien marqué à gauche. Mais on était sur la vérité, on ne se racontait pas de conneries.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que Nantes avait de plus ? Tu parlais d'Angers tout à l'heure. Qu'est-ce que Nantes avait de plus à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Nantes, sur un plan démographique, était plus gros. Le Nord-Atlantique était plus gros aussi. Nantes avait un port. Nantes-Saint-Nazaire avait un port, un aéroport. Et Nantes-Saint-Nazaire, c'est le dernier sujet de la Bretagne, Nantes-Saint-Nazaire, c'est quand même une ville bretonne. Donc il y a un Interland, un pays qui est fort. Et les Vendéens sont quand même plus proches du Nantais. que des enjeux. Cela étant, Cholet marche très bien. Donc, il y a un choix qui est dit. En tout cas, il en faut un. Je pense aussi qu'Angers était trop près de Paris.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas, je n'ai jamais parlé avec Olivier Guichard avant qu'il demeure.

  • Speaker #1

    À l'époque, si on réfléchissait bien, une heure et demie de TGV, parce qu'on savait que le TGV était en cours, il arrivait en 89, on se disait, mais on va être absorbé. Ce qui s'est passé pour Le Mans, par exemple. On n'a pas la taille pour faire un équilibre. Et puis, les villes de métro... Alors, Guichard était clair. Une ville, ça doit faire un million d'habitants, une ville d'équilibre. Le seul qui pouvait faire un million d'habitants, c'était Nantes-Saint-Nazaire.

  • Speaker #0

    Quand et comment est-ce que tu en arrives à prendre la tête d'IDEA ?

  • Speaker #1

    Alors simplement, moi, en venant voir Alain, je lui dis, écoute, moi, je veux bien t'aider pendant ton mandat. Il restait cinq ans. Mais après, je m'en vais, je veux rechercher une entreprise. Entre temps, boum, boum, boum, comme arrive. Numéro 3. Thomas Larraine. Voilà, numéro 3, numéro 4, 5, en 15 mois. Donc, on change de maison.

  • Speaker #0

    Bravo.

  • Speaker #1

    Chapeau, je ne sais pas, chapeau, mais chapeau pour ma femme, oui, pour Valérie. Chapeau pour Valérie. Mais c'est vrai que c'était compliqué parce que j'étais en même temps très engagé sur beaucoup de choses. Mais en tout cas, ils arrivent. Et là, il fallait vraiment que je change de dimension. Je me dis, si je ne veux pas faire mon projet d'entrepreneuriat maintenant, je ne le ferai jamais. Et donc, j'avais commencé à...

  • Speaker #0

    Mais c'était risqué, du coup, vu ta situation familiale. Ah, mais ça, j'aime bien les risques. Ah bon, d'accord. Ça ne se fait pas peur.

  • Speaker #1

    Ah non, c'est... J'ai un côté canadien. Je prends ma chance, comme on dit. Non, mais c'est vrai. À chaque fois, c'est vraiment drôle. Je ne dis ça en riant, mais les Canadiens, ils prennent des chances. Les Français, ils prennent des risques. C'est drôle, c'est vrai.

  • Speaker #0

    C'est une manière de voir les choses, en fait. Même en psychothérapie, c'est comme ça, tu sais.

  • Speaker #1

    Faut m'expliquer pourquoi ça va pas, Freudien. Alors que t'es comme t'es, disent les Canadiens, maintenant comment tu vas aller mieux ? C'est quand même mieux, je trouve. Donc, j'avais dit que je voulais reprendre une entreprise et j'étais en veille. Et il y a un garçon qui était vice-président de la chambre de commerce de Saint-Nazaire, Jean-Pierre Desmarais, qui m'a dit, écoute Bruno, voilà, je voudrais... Bref, il m'a dit, écoute, c'est une scope, il n'y a que 60 personnes, c'est à Saint-Nazaire, c'est du portuaire. Mais on a trois clients uniquement. C'est petit, c'est risqué. On a de l'argent en caisse, mais on dépend trop du port, de la CGT portuaire, qui n'est quand même pas un cadeau. Et puis, comment fait-on pour assurer un développement ? Il faut qu'on se prenne un peu en main. Et il dit, moi, j'arrive au bout du parcours. Et donc, il m'a proposé de faire ça. Et donc, moi, après, j'ai créé sept entreprises différentes en même temps, en trois ans, dont une holding de contrôle. Et on a développé le groupe. Et c'est comme ça qu'on a démarré la logistique industrielle, la biofiltration, enfin, on a démarré plein de choses. Et la logistique industrielle est devenue aujourd'hui l'âme du groupe. Mais ça a commencé comme ça. Mais je me souviens très bien. Il a fallu convaincre tout le monde que l'argent que nous procurait le portuaire puisse servir à nous développer ailleurs. Ce n'était pas si simple que ça. Puis moi, je venais. Déjà, je n'étais pas un gars du port. Je n'étais pas un gars de Saint-Lazare. Pire, j'étais un Nantais.

  • Speaker #2

    Non, mais il a fallu que...

  • Speaker #1

    Et puis, petit à petit, ça a marché assez vite, assez fort.

  • Speaker #2

    Pas tout de suite, pas tout.

  • Speaker #1

    Il y a des choses... J'ai arrêté des entreprises qui ne marchaient pas. Ça, c'est vraiment compliqué. J'en ai repris, bon bref. Mais c'était intéressant et en même temps, j'ai repris la présidence de l'entreprise, j'ai pris la direction générale en 98 et la présidence, non en 96 et la présidence en 98. Et nos petits-enfants étaient là, ils se développaient et Valérie m'a dit bon je veux rester à Nantes parce que j'ai mon équilibre de vie, les cinq enfants etc. Donc je faisais la route tous les jours.

  • Speaker #0

    Et justement, sous ta direction, le groupe est passé de 60 collaborateurs à plus de 2000 salariés qui étaient répartis sur plus de 60 sites. Vous avez réalisé plus de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires. Quel souvenir, toi, tu gardes de ces années-là ?

  • Speaker #1

    C'était génial. C'était génial, épuisant. Moi, d'abord, le premier souvenir que j'ai, je voudrais remercier Valérie de m'avoir accompagnée. Valérie c'est une C'est une fille de patron, mais de patron qui a vécu des difficultés, de petit patron. Et quand je dis ça, c'est pas du tout péjoratif. Donc elle savait ce que c'était. Elle savait que quand je disais, écoute, je disais c'est dimanche mais il faut... Alors en même temps, on a vécu des sources d'équilibre à deux en même temps. Ses parents sont décédés assez vite, mais les miens étaient dans des situations un peu difficiles aussi. Donc finalement, on a été peu aidés par nos familles originelles à la petite enfance. Par contre, très aidé par des amis. On va dire que globalement, on a été très épaulé. Il fallait que... Je me souviens, il fallait que je construise la maison parce que moi, je n'avais pas beaucoup d'argent puisque je m'étais endetté. À chaque fois que j'ai changé de boulot, j'ai perdu entre 25 et 30 % de mon salaire. C'est une bonne idée. J'aime bien les risques. Mais oui, parce qu'il y a un moment, il faut faire ses preuves. Par contre, évidemment, il y a un reward après si ça marche bien. Mais c'était important. C'était important. Et donc, du coup, il fallait que je bricole pas mal. Je ne dis pas que c'est toujours... très bien fait. Et puis, on a eu une maison en Inde qui était plutôt un clapier,

  • Speaker #2

    avec chacun sa petite cellule, avec les enfants.

  • Speaker #1

    Et puis bon, après, ça allait mieux, mais il a fallu ça. Puis on a repris notre maison en Bretagne, qui était dans une situation de ruine aussi, parce que c'était ma grand-mère qui, malheureusement, mourait à cette période-là. Ça a été des années assez extraordinaires, et du coup, très vite, on a eu la chance de pouvoir moi, plutôt être sur le discours de l'audace, de l'optimisme, de l'inconscience peut-être, je sais pas, et Valérie, sur le... J'allais dire l'alcove qui accueille, mais sans qu'il y ait d'opposition entre nous, c'était simplement, on était chacun. Et puis, quand on passait un temps avec nos enfants, c'était vraiment un vrai temps. Je pense que certains de mes enfants nous souffèrent.

  • Speaker #2

    Voilà, je n'irai pas plus aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je pense que d'autres ont été stimulés par ça. Notamment, Valérie a beaucoup poussé les enfants dans le sport, ce qui était bien. Le fait qu'ils aient toujours brassé avec un tas de gens, ça au niveau social,

  • Speaker #2

    ils ne sont pas tristes, ils savent faire.

  • Speaker #1

    Et puis... Un jour, il y a deux de mes enfants qui m'ont dit « Écoute, on te voyait tellement content à Brette, et puis tu nous as donné envie d'entreprendre. Tu nous as dit que c'est tous les gens qui se plaignent de trop travailler, machin, ça. Jamais c'était ton cas. » Après, ils m'ont dit « Écoute, tes engagements sociétaux, parce qu'on en parlera tout à l'heure, ça c'est autre chose, parce que dis donc, c'est venu en plus... »

  • Speaker #0

    Donc, présidé le CJD, la CCI de Saint-Nazaire, des Pays de la Loire. Tu as également été présidente de l'association du Club des 30. Qu'est-ce que, toi, ces expériences t'ont apprises déjà sur l'importance des réseaux ? sur l'importance des institutions dans une vie professionnelle ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais d'abord te répondre.

  • Speaker #2

    J'ai été à côté, une fois de plus, mais tu vas comprendre pourquoi après. Enfin, j'espère que ce serait clair pour les auditeurs aussi.

  • Speaker #1

    J'avais compris que, quelle que soit la qualité d'un chef d'entreprise et de son équipe de direction et de ses collaborateurs, donc, quelle que soit la qualité d'entreprise, quand on est dans un territoire isolé ou fragilisé, on est en danger. Surtout quand on est dans une entreprise portuaire, si le port ne va pas bien, t'es en danger. C'est pour ça que je me battais pour le port. C'est pour ça que de temps en temps je... Je râle sur les conflits sociaux. Leur droit, j'y respecte tout à fait. Mais qui ne bloque pas un système qui génère ensuite la valeur de l'économie. Un chantage là-dessus, c'est vraiment... C'est dégueulasse, oui. C'est dégueulasse. Parce qu'il y a des tas de gens qui n'ont pas leur résistance et qui n'ont pas, quand je dis leur résistance, c'est leur sécurité. Moi, donc, je termine sur le sujet en disant que vraiment l'enjeu pour moi, c'était de se dire qu'il faut que je regarde ce qui se passe sur l'environnement. J'y avais été sensibilisé par un pouvoir court à la Chambre. Ford, c'était un groupe international. Donc je connaissais pas mal de chiffres internationaux qui me marquaient aussi. Et vraiment, je voyais que la France décrochait. Vraiment. Après, on a vu Pisa, etc. Mais je le savais, je le sentais. Les arbitrages, on aurait dû faire une usine à Bordeaux de la fête à Valence. Et je me souviens des discussions que j'avais eues parce que je faisais partie des gens qui étaient dans la boucle des discussions. Et donc il y a un moment, je me dis... Puis on n'arrivait pas à Nantes à attirer des grands centres de décision non plus. Et puis nos centres de décision, ils étaient vendus. PepsiCo avait racheté la BN. L'U avait racheté la FOAC. Enfin, l'U. Sopiquet était passé. Enfin, on voyait bien que les Waterman passaient sous gilettes. Je ne parle pas des fermetures que je t'évoquais tout à l'heure. Donc, on savait bien que si les centres de décision sont loin du cœur, évidemment, ça va très mal. Donc, je me suis dit, c'est important de préparer les dirigeants à s'ouvrir sur l'extérieur et ensuite de travailler sur des choses qui vont être des facteurs d'attractivité. Première chose. Deuxième sujet. J'ai un garçon que j'aime beaucoup. qui s'appelle Gilles Le Cardinal, qui a fondé l'UTC de Compiègne. À la fois un docteur en physique et en lettres. C'est assez rare.

  • Speaker #2

    Et Gilles me disait la chose suivante.

  • Speaker #1

    La plupart des organisations fonctionnent de façon pyramidale, quels que soient les sujets. Parce qu'un chef, c'est forcément, ça c'est mieux que quelqu'un qui en a un. C'est, me dit-il, la source de tous les problèmes dans la société.

  • Speaker #2

    Il exagère un petit peu, mais pas trop que ça.

  • Speaker #1

    Il me dit, en fait, c'est pas comme ça qu'il faut faire. Il faut regarder si le problème que tu as à traiter, il est simple, complexe ou compliqué. S'il est simple, délégation. laissons faire celui qui est le plus proche du problème le faire il va le traiter, il va bien le traiter il ne saura juste pas besoin de demander à un chef si il est compliqué expert, c'est un expert, si il est compliqué ça n'a rien à demander à une commission de se réunir expert, et s'il est complexe, là il faut être plusieurs quand tu ne poses pas bien le problème si tu mets par exemple une commission pour gérer un problème compliqué si tu prends une Si tu prends un chef tout seul pour gérer un problème simple, et si tu prends un chef tout seul pour gérer un problème complexe, c'est le bordel. C'était marqué au fer rouge par ça. Et du coup, je me suis vraiment dit, la gestion d'une ville, d'un territoire, c'est forcément très complexe. Donc comment tu fais avec les autres, parmi les autres et avec les autres ? Donc il fallait que j'ai des mandats pour le faire. Voilà, je te résume ça comme ça. Les problèmes techniques complexes, les problèmes techniques d'expertise, j'avais des gens qui le faisaient, et alors la délégation, je peux dire que je l'ai mis en place assez fort parce que... Parce que c'est clair, j'étais pour moi décisif. Si je voulais être sur des sujets complexes, voire compliqués quand c'était mes expertises, il fallait tant que je fasse ça sur la délégation, sur les problèmes simples. Je ne me montre pas pour les éditeurs, mais je me cache les yeux. Il y a eu des problèmes que je voyais, mais je ne disais pas. Je parlais avec la personne concernée, elle disait, tu sais, tu as peut-être une petite idée à regarder là-dessus. Je ne sais pas, il faut peut-être que tu regardes. Mais c'est tout.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce que ça donne une vraie vision de... Quel est le rôle d'un dirigeant au-delà de son entreprise ? Dans la ville ?

  • Speaker #1

    Je crois. Après, il faut aussi avoir une vision, la partager, et surtout emmener les gens.

  • Speaker #0

    Si je reviens sur l'ADN d'IDEA, durant toutes ces années de croissance, comment est-ce que tu as fait pour garder l'ADN du départ ? Peut-être que tu ne l'as pas gardé, d'ailleurs. Peut-être que c'était une volonté de ne pas la garder. Tu vois, quand un groupe est en pleine croissance comme ça, de 60 à 2 000 collaborateurs, comment est-ce qu'on...

  • Speaker #1

    Oui, alors, attends. D'abord, il faut être très modeste. Je disais qu'il y avait 80 sites. c'est pas la même chose sur chacun des sites il y a des gros sites, des petits sites Je crois qu'on a beaucoup travaillé sur nos valeurs. On a une démarche RSE, d'ailleurs, au niveau exemplaire maintenant. Et donc, c'est incarné par... On se forme en permanence. On a vraiment eu une volonté d'associer des gens au capital, de se former en permanence, pour que, justement, au service de nos valeurs, on fasse des choix. Donc, on a dit, on a assumé, qu'il y avait des domaines qui étaient nos métiers d'origine, je reviens sur le portuaire, sur lesquels nous n'avions plus la dimension, la taille, l'intérêt, peu importe le truc. à piloter ça seul, et on accepte de partager avec d'autres. Il y a des domaines, mais en plus il y a une loi qui nous a beaucoup poussé à faire ça au niveau portuaire, il y a des domaines sur lesquels on travaille en partenariat avec des sachants. Mais on dit, on ne touche pas nos valeurs à nous. C'est finalement nos valeurs qui, à chaque fois, et la première des valeurs, c'est qu'on entreprendre. Donc c'est prendre des risques. Et ça, c'est assez important, parce que souvent on me dit, mais pourquoi on est là-dedans ? J'ai fait du solaire, de la biofiltration, des trucs... Pourquoi on est là-dedans ? Parce qu'on veut être acteur du territoire sur des sujets qui vont avoir du sens et aussi parce qu'on pense que demain, dans les facteurs de compétitivité, il y aura aussi une capacité à maîtriser l'énergie propre, il y aura aussi une capacité à... Alors, est-ce qu'on va trop loin ? Sans doute. Est-ce qu'on peut s'en désintéresser totalement ? Surtout pas. Quel est l'équilibre ? Là, j'ai eu beaucoup de modestie là-dessus, je ne sais pas trop. En plus, c'est des sujets qui changent très vite avec le temps, notamment nos amis chinois, pour ne pas les... Quand je dis amis, ils sont quand même très très actifs, et c'est épouvantable ce qui s'est passé sur le solaire ou sur les batteries, par exemple, pour en parler que de l'actualité.

  • Speaker #0

    Et toi, tu te définis comme un dirigeant progressiste et optimiste. Comment est-ce que ça se traduit dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas dit que j'étais progressiste. J'ai dit ça. Non, je suis optimiste. Si, il y a une chose... Je ne sais pas ce que ça veut dire. Progressiste, en tout cas, je suis très conscient que si j'étais tout seul, je ne ferais que des conneries.

  • Speaker #2

    Donc progressiste, c'est...

  • Speaker #1

    Non, mais en fait, ça veut dire se former tout le temps, s'ouvrir à être curieux sur tout un tas de choses, et puis accepter de ne pas voir la vérité. Alors, j'ai des convictions. Je ne change pas forcément d'avis sur tous les sujets, mais il y a des moments... J'ai eu une expérience amusante à plusieurs reprises, de sujets où on me disait mais c'est à toi de décider parce que t'es le patron. Mais j'y connais rien. Et je me souviens un jour un type me dit mais comme t'es le patron tu dois savoir qu'il connaît quelque chose. Sinon c'est que t'es pas un bon patron. Ça m'a marqué aussi ça je me dis. Donc je me suis fait des référentiels, des experts, des Ausha etc. en disant tiens si j'ai une décision à prendre dans le talent je passe un coup de fil à celui-là.

  • Speaker #2

    Je dis pas que je sais tout après mais...

  • Speaker #0

    Et justement si t'avais un conseil à donner à un dirigeant ou à un entrepreneur aujourd'hui ? Ce serait lequel ?

  • Speaker #1

    De vraiment savoir faire cette différence entre les problèmes simples, complexes et compliqués et de piloter son entreprise en conséquence. Je prends un exemple très concret avec ce qui s'est passé sur le Covid. Sur le Covid, nous le groupe a des activités dans l'aéronautique, l'agroalimentaire, la navale, etc. Quand il y a eu le Covid, tous aux abris, disait l'État. Alors toutes les grandes entreprises d'État, on ferme, enfin on ferme, tout le monde a l'abri, on fait des tests partout pour voir si on n'est pas malade, si on va condamner, etc. Enfin bref, les petites fermes. Alors on demande de nourrir la France, parce qu'il faut quand même manger le matin. Et là, il faut bosser plein pot. Dans un groupe comme le nôtre, il y avait une activité qui était à 140%, une activité qui était à zéro. Quelles sont les procédures internes ? Ça a été un burn-out pour ma DRH, donc j'ai beaucoup souffert parce que je l'aimais beaucoup. Et ça a été vraiment très difficile pour elle. Comment on fait quand on a un groupe ? La loi française oblige à avoir les mêmes raisons sur un groupe. Ça n'a aucun sens. Aucun. Mais aucun. On m'interdisait de faire rouler mes camions, je disais, au préfet de l'époque. C'est sympa, mais demain, les vaches, elles meurent dans les chambres. Si t'as pas de soja qui arrive... Donc il va falloir vraiment... On demandait aux chauffeurs routiers... Tout était fermé. Bon, ça n'a pas duré longtemps. On voit bien un sujet complexe. Alors Covid, c'est un sujet complexe, c'est pas un sujet compliqué. On a laissé les médecins faire pour le compliquer. Mais pour les politiques, c'est un sujet complexe, on va dire ça comme ça. Pour les chefs d'entreprises de l'électronique, il a fallu qu'on mette des choses... On a cassé tout. Donc on a créé une petite cellule de pilotage qui n'a duré que le temps du Covid, mais enfin un peu. Tous les vendredis soir, on était en Zoom, etc. En Teams, on prenait des décisions, mais il n'y avait absolument aucun dogme. Aucun. Mais c'est la vie, ça. L'inflation est un autre sujet. Une guerre, moi, je n'ai pas d'affaires en Ukraine, donc tant mieux pour nous. Le télétravail, ça veut dire quoi quand on a 5 personnes sans job posté au milieu de l'heure éloire ? Ça ne veut rien dire. Quand on a la siège sociale, oui, ça se discute. Tu vois, c'est un peu tout ça qui est à... Donc, on a passé... Moi, j'ai vraiment ça, le savoir dissocier. Et puis après, de la cohérence. Parce que ce que je viens de dire n'est pas facteur de cohérence, sauf si on explique bien pourquoi on fait ça. Parfois, ça peut être considéré comme inéquitable. Pas juste. C'est vrai. Moi, j'y peux rien. Mais dans l'aéronautique, on était fermés. Dans l'agroalimentaire, il fallait bosser. Donc il fallait que ma DRH prenne, enfin pas que ma DRH, mais que les équipes prennent soin de tous les ouvriers qui venaient assurer le minimum d'aéronautique s'ils étaient malins. Et pendant ce temps, je ne demandais pas à ceux qui étaient dans la grotte de l'hôpital s'ils avaient le Covid ou pas. Les gars, il faut sortir. Enfin, ce n'est même pas moi qui leur ai demandé. C'est eux qui, spontanément, nous ont dit mais on ne va pas laisser la France crever de faim. Tu vois, c'est ça que je veux dire. Puis confiance dans les hommes. Voilà, le dernier sujet, c'est la confiance dans les hommes. Mais c'est le pendant de problèmes simples, compliqués, experts. C'est-à-dire une fois que tu connais tes équipes, etc., il faut leur faire confiance.

  • Speaker #0

    Et je voudrais parler un peu de ta famille. On en a parlé un peu, tu as évoqué tes enfants, tes cinq enfants, qui sont quasiment tous entrepreneurs aujourd'hui, dont certains sont devenus quand même reconnus. On pense notamment à ton fils Thibault qui a cofondé Bag Market. Et puis plus récemment, on a entendu ton dernier fils Thomas, avec son bouleverse en film Promesses, qui retrace justement tout le parcours de ta fille Lorraine qui est décédée d'une leucémie. Je voudrais parler plutôt de les valeurs entrepreneuriales. pense que tu leur as inculqué ? Est-ce que tu penses que déjà, toi, tu as transmis cette fibre entrepreneuriale à tes enfants ? Et si oui, comment ?

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #2

    est-ce qu'ils sont tous entrepreneurs ? Je ne sais pas. En tout cas, je souhaite tous qu'ils soient libres de l'être ou de ne pas l'être.

  • Speaker #1

    On va dire comme ça. Mais la réussite la plus... Alors, tu me parles de Thibault, évidemment. Mais celui qui a fait une réussite extrêmement rapide, c'est Com avec Mojo. Et bon, après, il a pris sa distance, il a quitté l'entreprise, mais il s'est été extrêmement rapide et ça m'a impressionné parce que... J'étais très impressionné. Le père Secours de Combes m'impressionne, Thibault aussi, mais pour d'autres raisons. Il m'impressionne parce qu'il s'est mis en zone d'inconfort.

  • Speaker #0

    À quel niveau ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire qu'il a une pression, un travail considéré, etc. Donc, je suis vraiment très admiratif de ça. Alors, Thibault, il est dans une situation assez... C'est incroyable parce que le back market aujourd'hui c'est une des licornes françaises et ça marche très bien et c'est international. Thibaut il sait très bien s'entourer, il va très vite et il prend des risques, des chances. Marine a été aussi à un moment dans le comex de Kipling, mais elle nous dit très clairement j'ai envie d'avoir un équilibre familial, c'est vraiment choisi de sa part. Elle dit, j'ai pas envie de prendre une direction générale. Elle a eu plusieurs occasions de le faire, elle a pas voulu. Et je trouve ça très respectable. C'est pour ça que je suis très admiratif, parce que je trouve que c'est très difficile de dire à un moment, on essaie de te séduire, etc., sur le fait de prendre un truc. Et elle était vraiment, sans doute, une personne très adaptée à faire ce poste. J'en ai aucun doute là-dessus. Mais elle dit, c'est pas mon choix et il faut le respecter. Je crois que c'est très important. Alors Thomas, lui, il est un petit peu à la croisée des chemins, puisqu'il a mis 7 ans à faire ce film pour Lorraine. Il a donc appris un nouveau métier, il est sorti de son école. Lorraine qui est sa soeur jumelle, qui avait commencé un film, donc c'est pour ça qu'ils sont co-réalisateurs, même si elle est partie. Et Promesses est un film absolument... Enfin, il a fait vraiment un travail de fond, mais qui nous a surpris parce que c'est un film en même temps familial. C'est un film sur Lorraine, bien sûr, et son courage, et en même temps familial.

  • Speaker #0

    Parce qu'on vous retrouve tous témoignants devant la caméra, dans la manière dont vous avez vécu cette maladie. Très très émouvant. Oui,

  • Speaker #1

    moi je trouve que c'est un très beau film, très réussi et très abouti, avec le principe de départ. Et je suis très amusé de ce qu'il a fait. Et puis en même parallèle, ce petit coquin, il avait rejoint son cousin, qui est mon fille en même temps, Nicolas, qui avait créé la vie. La vie, c'est... Du bacon végétal, du jambon végétal, tout ce qui est protéines, qui a été démarré à Paris, qui est aussi maintenant dans les grandes surfaces, dans la restauration, et Thomas n'y est pas pour rien. Il s'occupe du commercial de la vie et je crois qu'il était assez percutant. Et puis, surtout, il s'est marié avec Léonie et ils ont eu un premier bébé. Et puis là, ils attendent, donc c'est eux qui attendent le second. Donc on est dans une situation où Léonie aussi a envie d'entreprendre. Astride a aussi créé ses activités, la femme de Thibault. Donc le cocon familial est assez entreprenant. Pas forcément entrepreneur, mais entreprenant. Et je crois que, pour répondre à ta question, je crois qu'il y a de la joie dans l'entreprendre. Moi, je suis toujours terriblement triste quand je vois des entrepreneurs qui passent leur temps à faire la litanie des problèmes. Mais si ça ne leur va pas, il faut qu'ils s'en aillent. On ne peut pas faire la litanie des problèmes auprès de ses clients en permanence. Sinon, il y a un moment, les clients s'en vont, les collaborateurs s'en vont, les banquiers s'en vont. Il y a un moment, ça se finit mal. Alors parfois il n'y a pas de pot, parfois c'est difficile. Mais on peut rebondir, etc. Moi, je crois que c'est ça que je pense qu'ils ont vu. Je n'aurais pas dit, mais c'est ça qu'ils ont vu chez nous. Ils ont vu qu'on pouvait se casser la gueule. Ils savaient que, alors Thibault l'a dit assez clairement, que si jamais ils se cassaient la figure, on les aiderait à rebondir si on pouvait le faire. C'est vrai.

  • Speaker #2

    On ne peut pas dire le contraire.

  • Speaker #1

    Mais en même temps, ils n'y comptent pas du tout. Ils font leur parcours de leur côté. parfois je suis actionnaire chez eux, parfois non et ça se respecte, on a fait une ligne familiale des participations dans la famille ou pas,

  • Speaker #0

    ça dépend ils viennent vous voir quand ils ont des projets ?

  • Speaker #1

    Certains.

  • Speaker #0

    Oui, pas tous.

  • Speaker #2

    Pas tous.

  • Speaker #1

    Non, et puis on va dire que maintenant,

  • Speaker #2

    il s'affaire. Il s'affaire. Non, il s'en croit, il s'affaire.

  • Speaker #1

    Non, il y a des moments, on a voulu, lorsqu'on a pris l'entreprise familiale, parce qu'elle avait aussi l'objectif d'aider Revenu à Lorraine, dont on savait qu'elle serait quand même assez handicapée dans la vie, même si elle avait survécu. On a beaucoup parlé de la philosophie, de ce qu'on devait faire. Et on a dit, ce qu'on cherche, ce n'est pas de la rentabilité à tout prix, c'est d'aider des beaux projets. Alors, le hasard fait que, je constate, et je dis ça, c'est pas un bain parce que je suis Je suis en même temps, j'ai participation dans des fonds, etc. Pas beaucoup. Et j'en aurais de moins en moins. Parce que je trouve que mes enfants et ma famille au sens large, je réussis mieux que mes fonds. Non, mais j'y sors de l'aigle. Parce que je suis très... Voilà, ça a plus de sens. Je taquine parce que toi, il y en a qui marchent très bien. Mais vraiment, une équipe dirigeante, voire un dirigeant. Alors maintenant, ils sont beaucoup co-entrepreneurs, tous. Ils sont co-fondateurs. Et alors moi, au début, mon modèle, ça n'allait pas, ça. Parce qu'il faut un responsable, quand même, si jamais. et Et en fait, c'est la vie. Et c'est bien, en fait, parce que si jamais il y en a un qui béquille, les autres... Le problème, c'est qu'il faut prévoir quand même le cas où ils ne s'entendent plus très bien. Bon, c'est tout. C'est le seul sujet. Il faut prévoir ce cas-là, parce que quand il arrive... Et ce n'est pas forcément parce que deux associés ne s'entendent plus bien. C'est parce qu'entre-temps, il y en a un qui s'est marié, que le projet de vie n'est plus le même. Il y en a un qui veut partir, parce que je ne sais pas quoi. En tout cas, il y a des raisons qui ne sont pas des raisons forcément négatives, mais qui font qu'il faut pouvoir se séparer simplement.

  • Speaker #0

    Et si on revient justement sur les preuves de la maladie de ta fille Lorraine ? Comment est-ce que toi, tu as vécu cette épreuve et l'issue de cette épreuve en tant que dirigeant ?

  • Speaker #1

    Ah, en tant que dirigeant, en tant que papa. En tant que dirigeant, en tant que papa, c'est la plus grande épreuve que tu puisses avoir. Oui, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de douleurs. Mais je dis toujours qu'on a eu la chance que Lorraine, par son rayonnement solaire, son espérance a été... Pas toujours, mais souvent, source d'énergie positive, de paix. Malgré qu'elle soit mal, etc. Malgré tout ça.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, on le voit bien dans le film, donc je n'ai pas besoin d'épiloguer là-dessus.

  • Speaker #1

    En tant que dirigeant, là, il faut vraiment avoir un cerveau qui se coupe en deux. Moi, je me souviens, d'ailleurs, je le dis dans le film. le film j'avais heureusement un peu de route jusqu'à montoir bon quand on venait sur nos bureaux de nantes c'était un peu moins vrai j'arrivais j'ai fait j'ai la banane quoi parce que les gens si on s'inquiète il voit très bien sûr les boîtes va pas bien parce qu'ils pensent plus à ta famille pense la plupart des gens sont quand même assez égocentré quand même pense à lui mais si si en tant que patron il fait la tête c'est qu'il ya un truc crabe qui se passe donc moi je rentrais j'avais une assistante génial martine mon ange gardien dans l'entreprise, qui de temps en temps me disait, parce que je venais un peu moins de temps en temps, le soir, je refusais tous les trucs extérieurs pour aller voir Lorraine à l'hôpital. Donc j'ai quand même beaucoup moins... J'ai travaillé beaucoup, mais beaucoup moins efficacement, on va dire ça comme ça. Et elle me disait, bon, là, il faut que tu voies quelqu'un. Et je suis là parce que je pense qu'il y a un petit truc qui ne va pas. Elle était très fine.

  • Speaker #2

    Elle m'a beaucoup aidé.

  • Speaker #0

    T'as jamais eu envie de couper ?

  • Speaker #1

    Non, c'était un facteur d'équilibre. Ça fait que dans l'équilibre, quand l'entreprise... Quand tu viens dans une entreprise où les gens sont fantastiques, tu as plutôt envie de continuer à travailler. Et puis, de toute façon, tu ne peux pas. Point. Et à un moment, c'est aussi... Tu as une responsabilité, quoi. C'est une source de... Alors, par contre, moi, je sais simplement une chose, c'est que si j'avais été très malade... J'avais été frappé par papa quand il a eu son cancer. S'il avait été très malade, je pense que je n'aurais pas accéléré la nicola plus tôt. Parce qu'il faut être responsable.

  • Speaker #0

    Tu ne te serais pas jamais. Il y a un moment,

  • Speaker #1

    tu peux prendre certaines décisions.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Alors, bon, ça se discute. Ce n'est pas si blanc noir que ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'appliquais aussi ce mantra, entre guillemets, quand tu rentrais en famille et quand tu retrouvais tes enfants ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Il est toujours positif.

  • Speaker #1

    Alors, positif, c'est difficile. Parce qu'on ne va pas se dire, on va se marrer parce qu'on vient d'avoir une très mauvaise nouvelle sur les globules blancs de Lorraine. c'est pas drôle mais quand j'allais voir Lorraine je savais qu'elle avait une journée difficile avec les médecins, etc. Heureusement, très accompagnée par Valérie, que j'étais le dernier qu'elle voyait avant la nuit. C'était comme ça, parce que moi, c'était au retour. Donc, j'avais eu un droit pour les médecins de venir un peu tard. Les angoisses de la nuit pour un malade dans un service, surtout quand on en se tire, etc., c'est quelque chose de très difficile. Donc, il fallait que j'aille à peu près bien, alors que je l'ai épuisé. Mais, en même temps, Lauren était tellement fine qu'elle voyait. bien quand je n'avais pas bien. Et je me suis aperçu qu'en fait, elle ne me sentait pas en vérité quand je faisais trop. Donc, de temps en temps, on parlait de l'entreprise, on parlait de... ça, je ne l'ai jamais trop dit, mais on parlait de sujets. Je me suis mis à son avis parce qu'elle était psychologue de formation, enfin elle était en cours. Et puis, elle a cette aptitude, elle avait vraiment... c'est drôle, je n'arrive jamais à faire un imparfait. Et donc, elle avait des conseils marrants, c'était assez fin. Et du coup, ça faisait appartenir au monde des vivants ? Elle avait encore une connexion avec le réel.

  • Speaker #0

    Le quotidien, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc j'ai changé d'avis là-dessus. J'ai changé de comportement. Bon, pas tout le temps, mais parfois, elle a besoin simplement d'accompagner. Puis de temps en temps, juste de regarder un petit film, un DVD.

  • Speaker #0

    Et l'après ? Comment est-ce que tu as fait pour mondial après ? Après sa mort ?

  • Speaker #1

    Ah ! Pour reprendre la vie telle qu'elle est ? Je pense que c'est toujours un sujet. Bon, ma foi m'aide, parce que je sais qu'aussi elle est partie avec cette foi. Donc on se retrouvera, voilà. J'en suis... convaincu et espérant.

  • Speaker #0

    On le voit beaucoup, c'est dans le film aussi, son cheminement.

  • Speaker #1

    On le voit un peu dans le film, mais en fait, toute la famille a fait un cheminement, plus ou moins. Thomas dit dans le film qu'à l'époque, il ne croyait pas. Il dit aujourd'hui qu'il est bien sûr beaucoup plus croyant.

  • Speaker #2

    S'il le dit à la fin de ses quotidiens, on se retrouvera.

  • Speaker #1

    En fait, si tu veux, je pense que, là, on parle d'un sujet qui est très compliqué. On était très en face, toute la famille, au moment de l'accompagnement de la maladie de Lorraine. Et on a toujours été en face. Chacun avec des sensibilités différentes. Parfois, certains étaient loin. Thibaut est à Lille ou Thomas en Australie. Mais on a toujours été en phase et on partageait les choses. On le voit bien dans le film, d'ailleurs. Les rendez-vous médicaux,

  • Speaker #2

    on enregistrait pour l'expert. Du médecin nous prit pour des fous,

  • Speaker #1

    mais c'était capital puisque c'était le cocooning de Lorraine derrière. Par contre, le deuil, on vit différemment les choses. Moi, j'ai eu la chance très vite d'être dans l'espérance et j'ai dit, elle veille sur nous. Pour Valérie, ça a sans doute été un peu plus compliqué. D'ailleurs, elle le dit dans son livre, c'est pour ça que je le permets. Parce que c'est sa fille qui lui manque et on n'est pas dans l'espérance. Ça, Saragosse nous a permis de nous réunifier là-dessus. Ça a mis du temps quand même. Saragosse, c'était 2 euros et le Parle-Lorraine, c'était en 2016. Donc 19 juin 2016. Voilà, puis on en reparle tous ensemble, tous les ans. On échange beaucoup parce que ça nous permet d'être en vérité, de la faire vivre. Et puis on sait qu'elle va être sur nous. Puis les petits-enfants arrivent. Ils sont la vie. et il y a un moment où on n'est plus enfermé par le souvenir de Lorraine, on est porté par l'espérance qu'elle incarne. En tout cas, c'est mon sentiment. De plus en plus. Ça n'empêche pas qu'à un moment, elle nous manque.

  • Speaker #0

    Vous continuez ce combat à travers ces associations ?

  • Speaker #1

    En fait, chacun a choisi des terrains de jeu, si je puis dire. Je ne sais pas si c'est des jeux, mais des terrains de jeu. Thibault a beaucoup, tout ce qui est médical, la même sensibilité au médical pour Marine. Non, je ne vais pas faire une litanie comme ça, mais Thomas est beaucoup plus dans le soutien des associations. Parce que le film l'a demandé, en fait le film est payé aujourd'hui, il dit bon bah il faut qu'il vous serve à pouvoir parler des problèmes pour accélérer le don d'eau de moelle, l'aide à la recherche, etc. Donc il est plus éclectique si je puis dire, mais il ne pilote pas une association, il aurait pu faire un choix comme ça mais pas du tout. Il dit il y a suffisamment de choses sur le... Sur le marché, je ne devrais pas dire ça comme ça, mais acteur. Mais tu vois, par exemple, là, il va participer aux Assises du Deuil dans peu de temps. Ce n'est pas quelque chose de facile, mais en même temps, c'est bien qu'il soit un jeune qui soit là. Et Combes s'occupe beaucoup, beaucoup des petits-enfants, de façon merveilleuse. Je crois qu'on a chacun notre truc. Et puis nous, on a notre démarche spirituelle. On s'engage avec Valérie à aider des gens qui accompagnent. Valérie s'occupe beaucoup de l'accueil de gens qui sont dans la souffrance. Mais de façon simple, pas de façon compliquée. passer un peu de temps. Surtout, on commence à avoir des copains de nos âges qui sont confrontés au deuil.

  • Speaker #0

    Merci Bruno, pour aujourd'hui. Merci pour cet échange, c'était hyper riche. Quelle vie incroyable. Quel parcours de vie. Quelle chance. Merci pour tout ce que tu nous as partagé aujourd'hui. A très bientôt. A bientôt. et que vous avez 20 secondes devant vous, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire en dessous du podcast. C'est grâce à ça que vous m'aidez à le faire connaître et grandir. Si vous venez juste de découvrir cette émission, sachez qu'il y a plus d'une soixantaine d'épisodes enregistrés avec de nombreux invités nantais passionnants et plein d'autres formats sur l'actualité d'ici, disponibles sur votre plateforme d'écoute préférée. Pour suivre toute l'actualité du podcast, Retrouvez-nous sur Instagram et Facebook ou suivez-moi sur LinkedIn. Bref, en deux mots, abonnez-vous au podcast, écrivez-moi, partagez, c'est ce qui fait vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Merci !

Description

Mon invité a dirigé pendant 27 ans l’un des plus grands groupes français de logistique, IDEA, qu’il a transformé avec audace, vision et humanité.


Mais au-delà de son parcours de dirigeant engagé, Bruno Hug de Larauze, c’est aussi une histoire de résilience, de transmission, de famille et d’optimisme contagieux.


Dans cet échange sincère et profond, il nous partage ce qui l’a guidé tout au long de sa vie : la force du collectif, l’importance de rester fidèle à ses valeurs, la capacité à traverser les épreuves et à en faire une source d’énergie.

Sa joie de vivre et son regard plein d’espérance donnent envie de croire en un avenir plus lumineux.


Un témoignage inspirant qui résonne bien au-delà du monde de l’entreprise, et qui, je l’espère, vous touchera autant qu’il m’a touchée.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, je suis Eleonore Vigneron et je suis ravie de vous accueillir sur Rayon Nantes. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de personnalités inspirantes qui rythment l'actualité ou l'innovation à Nantes et dans la région. Ensemble, nous discutons de leur parcours de vie, de l'origine de leurs projets et de leur vision de l'entrepreneuriat à Nantes. Réunante, un podcast original à écouter quand vous le voulez sur toutes vos plateformes de podcast. Mon invité aujourd'hui a dirigé pendant 27 ans l'un des plus grands groupes français de logistique, IDEA, qui l'a transformé avec audace, vision et humanité. Mais au-delà de son parcours de dirigeant engagé, Bruno Hugues de Larose, c'est aussi une histoire de résilience, de transmission, de famille et d'optimisme contagieux. Dans cet échange sincère et profond, il nous partage ce qui l'a guidé tout au long de sa vie. La force du collectif, l'importance de rester fidèle à ses valeurs, la capacité à traverser les épreuves et en faire une source d'énergie. Sa joie de vivre, son regard plein d'espérance donne envie de croire en un avenir plus lumineux. Bref, je vous laisse écouter ce témoignage inspirant qui résonne bien au-delà du monde de l'entreprise et qui, je l'espère, vous touchera autant qu'il m'a touchée. Bonjour Bruno.

  • Speaker #1

    Bonjour Eleanor.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rayonnante.

  • Speaker #1

    Merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    C'est moi qui suis ravie de t'accueillir, je suis très heureuse de te recevoir ce matin Bruno. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    On ne peut mieux. On est dans une ville sympa, avec des gens sympas. Et je trouve dans une actualité qui est un petit peu, on va dire, chamboulée, il faut être des facteurs d'espérance.

  • Speaker #0

    Beau message, c'est bien, ça lance l'épisode. Bruno, tu as marqué le monde de la logistique pendant des années en dirigeant le groupe IDEA, et puis tu as quitté ce groupe il y a un peu plus d'un an et demi maintenant. Comment est-ce que tu vis cette nouvelle vie ?

  • Speaker #1

    C'est un groupe particulier, c'est un groupe qui était une coopérative au départ qui faisait du portuaire et aujourd'hui la grande majorité de l'activité d'IDEA c'est de la logistique industrielle. J'ai dirigé ce groupe pendant 27 ans mais très vite j'ai été rejoint par un garçon super Nicolas Delraud qui a pris ma suite et on a donc fait un binôme je crois assez sympa avec des bonnes valeurs ensemble. IDEA juste en un mot aujourd'hui c'est 2500 personnes, 85 sites en France et l'objectif d'IDEA avant tout c'est de consoler l'idée. Des sites industriels en France, que ce soit pour des acteurs français ou étrangers, en s'occupant de la logistique de tout ce qui est en amont, tout ce qui est en aval. En amont, on préassemble, en aval, on peut emballer et on transporte tout ça. Et puis on a toujours une activité portuaire.

  • Speaker #2

    27 ans, c'est beaucoup.

  • Speaker #1

    Et donc, il y a un moment où je pense qu'on n'a pas simplement que l'âge de César Terre, puisque j'ai eu la chance de diriger ce groupe à Gécom. commencé à 36 ans, mais on a l'âge de ses mandats. C'est quelque chose qui m'a beaucoup animé dans toute ma carrière professionnelle. C'est que, je ne sais pas s'il vaut mieux frustrer que lasser, mais en tout cas, il y a un moment où on se considère un petit peu dépassé. Du coup, ça demande un vrai chemin d'humilité. C'est un mot-clé maintenant sur lequel j'ai pas mal travaillé. Et de dire, d'autres sont meilleurs. C'est aussi simple que ça. Il faut se dire que d'autres sont meilleurs. Il y a des nouvelles équipes.

  • Speaker #0

    C'est facile d'accepter ça ?

  • Speaker #1

    Non, je ne sais pas si c'est pas facile. Mais C'est comme ce n'est pas facile de grandir avec l'ombre d'un père. Ce n'est pas facile. C'est un sujet qu'on a partout. Mais moi, je suis convaincu que justement, c'est au seigneur de prendre un moment, sans aucune ambiguïté, la décision de dire, arrêtons de penser qu'on a besoin de conseiller des gens de 50 ans ou 40 ans. Soit ils sont bons et à la limite, on va les gêner. Soit ils ne sont pas bons et à ce moment-là, il faut plutôt changer autre chose. Mais ce n'est pas soi qui, en restant jusqu'à 70 ans, 75 ans, 80 ans, va pouvoir sceller l'avenir de l'entreprise.

  • Speaker #2

    Et c'est très basique.

  • Speaker #1

    Le contact des gens que tu as, ton réseau, il change. Ce qui m'a vraiment décidé, c'est ce qui s'est passé au moment du Covid et puis la suite. Covid, inflation, guerre. J'avais des copains qui étaient un peu plus vieux que moi. Et quand on parlait de direction d'entreprise avec eux, qui étaient dirigeants aussi, je voyais vraiment qu'ils ne connaissaient pas tout ce qui était télétravail. Ils n'étaient plus dans le coup. Ils n'avaient plus les référents. C'était des gens extraordinaires, mais qui n'étaient plus dans le coup. Alors qu'en plus ça s'est terminé chez nous par une cyberattaque chez l'IA, une cyberattaque majeure,

  • Speaker #2

    et bien là ça a été le coup de grâce. Heureusement que la décision était déjà prise avant.

  • Speaker #1

    Mais vraiment, et aujourd'hui c'est l'IA et demain ce sera autre chose. Donc il faut vraiment avoir la lucidité de dire qu'on n'est plus dans le coup, et par contre il faut préparer la suite.

  • Speaker #0

    Ça a pris combien de temps de la préparer ?

  • Speaker #1

    Et bien avec Nicolas, nous travaillons ensemble depuis 20 ans, mais il est rentré en 31 ans pour démarrer de la logistique industrielle dans le groupe, qui était une des divisions, c'est toujours une division du groupe, mais la plus grosse maintenant. On a fait une co-direction générale, je dirais... entre le pressenti et l'officiel, c'est-à-dire le moment où je me suis dit « C'est à toi, si tu en es au corps » , et l'officiel, on a fait une bonne dizaine d'années ensemble.

  • Speaker #0

    Donc ça vous a laissé le temps tous les deux d'avancer ensemble.

  • Speaker #1

    Mais on est passé par une étape de patron, que j'étais en tant que PDG du groupe, je l'ai nommé d'abord directeur général délégué, et ensuite directeur général, et on a fait une co-DG. C'était extraordinaire, parce que c'est une chance, parce que du coup... On ne prenait jamais une décision importante sans en parler. Mais par contre, toutes les décisions du quotidien, chacun les prenait dans son périmètre. Et on n'a jamais eu une feuille de papier à cigarette vis-à-vis de l'extérieur sur ce qu'on faisait l'un ou l'autre. Jamais. C'était trop grave de pouvoir dire qu'à un moment, surtout que les gens regardent ça à la loupe, « Mais tu penses quoi ? Il a dit ça ? » Si il te l'a dit, c'est que c'est ça. Il ne faut pas qu'il y ait d'ambiguïté, c'est vraiment essentiel. C'est un petit peu comme des parents qui éduquent un enfant. L'enfant va essayer de regarder le parent qui lui permettra de sortir un peu plus, etc. Et s'il n'y a pas une solidarité des parents, ça fait un petit sujet quand même. Alors, ça peut être beaucoup plus grave pour les entreprises. Enfin, plus grave, je ne sais pas, mais en tout cas, ça peut être plus... Ça peut être plus important parce qu'on ne sait pas jusqu'où ça va, la démultiplication des divisions. Par ailleurs, il y a une cohérence avec les valeurs que nous avons dans le groupe.

  • Speaker #0

    Oui, et même pour les collaborateurs de l'entreprise, ça a été plus, j'imagine, facile d'accepter aussi votre départ.

  • Speaker #1

    Oui, alors...

  • Speaker #0

    Vu qu'il y avait une suite logique qui était préparée depuis des années.

  • Speaker #1

    Alors bon, ce n'était pas une surprise.

  • Speaker #2

    Ça tombait comme un fruit mûr, si je puis dire.

  • Speaker #1

    Non, la question qu'ils ont aujourd'hui, c'est « et après ? » Parce que Nicolas a 10 ans de moins que moi, donc on est quand même assez proches. Bon, il a encore du temps. Mais effectivement, comme c'est un groupe autonome, nous n'avons pas d'actionnaire extérieur. Les seuls actionnaires, c'est les managers, la direction générale de l'entreprise. Lui et moi, on est à parité. Un fonds commun de placement offert à tous les salariés. Et puis la SCOP, qui est la holding majoritaire. Et la SCOP qui elle-même appartient à ses salariés. Donc on est vraiment autonome, totalement indépendant. C'est assez rare comme modèle,

  • Speaker #2

    c'est très précieux.

  • Speaker #1

    Mais ça veut dire que quand on nomme un dirigeant, il a relativement peu de contrefeu si l'entreprise ne s'ouvre pas spontanément, si le fonctionnement ne s'ouvre pas spontanément, ça ne marche pas très bien. Et c'est pour ça qu'on a eu à cœur de créer un comité stratégique il y a quelque temps et à cœur de faire des partenariats parce que vraiment, les activités de gouvernance où on est auto-centré, auto-suffisant et sûr d'être les meilleurs du monde, ça se finit généralement très très très très mal. Bon, et donc il faut faire attention à ça.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu es encore consulté aujourd'hui dans les décisions opérationnelles et stratégiques ?

  • Speaker #1

    Ah, surtout pas.

  • Speaker #0

    Surtout pas ?

  • Speaker #1

    Alors stratégique peut-être, mais opérationnelle surtout pas. Quand j'ai pris ma retraite, j'ai veillé à Nicolas, je démissionne de tous mes mandats, parce que je préside un certain nombre de filiales et de structures, et je quitte le conseil d'administration. Je pense vraiment qu'il y a des cas particuliers, mais... La plupart des structures duales où le président de conseil de surveillance est un vieux seigneur, et je dis ça, c'est pas du tout péjoratif, et c'est le fiston ou la fille ou je sais pas quoi, ou un extérieur qui est directeur salarié, c'est ambigu. Et du coup, comme les gens bien élevés veulent pas tuer leur père, il y a une ambiguïté qui crée de la frustration, voire parfois des sujets très compliqués à gérer ensuite. Donc moi j'avais dit à Nico, je pars de tout, je te fais confiance, on fait un point tous les six mois,

  • Speaker #2

    tous les deux, en tête à tête.

  • Speaker #1

    Pourquoi avoir de la tête ? Simplement pour que je puisse lui dire la vérité de ce que je pense et qu'il puisse me dire la vérité de ce qu'il pense. Parce que si on le fait devant d'autres personnes et qu'ils me parlent de ses doutes, alors que ça met en cause une équipe, une activité, etc., il n'aura pas la même liberté.

  • Speaker #2

    Mais ça va s'estomper aussi.

  • Speaker #1

    Et on s'est engagé d'ailleurs à faciliter la transmission au suivant. On a même fait des pactes ensemble, de manière à ce qu'effectivement l'entreprise puisse s'autonomiser, plutôt que d'avoir uniquement un enrichissement personnel sans fin. comme tout patron d'entreprise qui a plutôt bien marché dans son développement. Donc tout ça, ça demande de s'ajuster.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que toi, du coup, tu occupes tes journées depuis un an et demi ? Est-ce que ça a été complexe de passer d'une vie active riche à une vie peut-être plus oisive ?

  • Speaker #1

    Je vais te répondre un peu longuement, mais si je devais dire un mot, est-ce que ça a été facile ? Plutôt oui, mais avec des moments où c'est un peu dur. Voilà, je vais le dire comme ça. Mais si je détaille, en fait, la caractéristique de ma vie professionnelle, de ma vie tout court, c'est d'avoir été très gâté par la vie. Je le dis très sincèrement, j'ai eu beaucoup de chance. Très gâté par la vie, pas forcément épargné. On a perdu notre fille, notamment, qui nous a mis. Ça a été vraiment très dur, l'oreille. Je me souviens, mon père était entrepreneur, qui a eu aussi un cancer et une dépression. Et l'entreprise a été cédée. Il s'est retrouvé dans une situation beaucoup plus difficile après. Mais en même temps, ça m'a libéré. Comme ça, au moins, j'étais libre de faire ce que je voulais après. mais ce que je dis après je vais remercier Et je le pense sincèrement. Et c'est pour ça que, d'ailleurs, j'ai toujours eu à cœur, mais on en parlera après, peut-être de jamais dire aux enfants qu'ils rentreraient dans l'entreprise. D'abord, c'était une coopérative, je l'ai dit. Ils la connaissent, ils ont fait des stages. Mais j'ai dit, oui, chacun. Au moins deux d'entre eux m'ont dit, mais c'est une chance pour nous de dire que tu nous soutiens pour l'entrepreneuriat de ce qu'on veut faire, mais que du coup, on est libre. C'est vraiment très intéressant. Alors j'en viens à ta question quand même, c'est-à-dire que mon engagement pour l'entreprise était l'un de mes engagements. L'engagement principal, c'est quand même celui de mari et de père de famille. Le second est de fils et de frère, etc. Mais je dis ça, c'est sérieux, parce qu'au moment de la retraite, c'est celui qui va prendre le pas sur la vie professionnelle. Donc si on ne cultive pas ça, il y a un moment, au moment de la retraite, c'est un peu dourd. Nous, on avait la chance d'avoir pu réfléchir à ça, malheureusement, pour les raisons qu'on connaissait sur la maladie de Lorraine. Le deuxième sujet, c'est que j'avais un tas de mandats à l'extérieur. Des mandats sociétaux sur le territoire, on en reviendra peut-être un peu. Et donc j'avais déjà été initié... Au fait d'arrêter quelque chose et de ne jamais avoir un mot sur les successeurs. C'est une règle de base que j'ai eue quand j'ai quitté la présidence de la chambre ou d'autres choses, enfin peu importe. Tu viens, tu pars, tu fermes ta bouche pour ne pas dire tu fermes ta gueule. Et c'est vraiment très important et quand je dis ça, c'est y compris dans les regards, y compris dans les retards. Et souvent on me dit mais on ne voit plus, tu désintéresses du sujet. Non, ce n'est pas que je me désintéresse du sujet, c'est que je ne veux pas gêner la gouvernance qui elle a les éléments que moi je n'ai pas. Je suis toujours très étonné par tous ces retraités qui donnent des avis aux jeunes. Je dis vraiment, qu'ils puissent donner des conseils, réagir avec eux, oui, mais des avis définitifs, je me dis, ils n'ont pas tous les éléments quand même pour juger. Et donc ça m'avait préparé tout ça. Et puis par ailleurs, je suis un chrétien catholique, à vocation équiménique, donc ouvert à un certain nombre de sujets. Et donc nous sommes partis avec Valérie, ma femme, il y a deux ans, à Saragosse, trois mois, dans une abbaye. avec à 140 personnes, 14 nationalités de tout âge, pour nous former, nous préparer, réfléchir à ce qu'on voulait faire ensemble dans notre seconde vie. Puis j'ai continué avec une retraite en silence. Et c'est très important parce que, indépendamment du fait que, effectivement, ma foi se consolide, en tout cas je l'espère, mais ça me permet vraiment de réfléchir, ça veut dire quoi aimer les autres, ça veut dire quoi l'essentiel de la vie. Et puis, effectivement, on a eu aussi une chance, c'est qu'on a aujourd'hui sept... Petit enfant ennemi, il y en a un huitième en cours qui va arriver. Et donc, effectivement, on a une joie de les accueillir. Alors, c'est un sujet qui est compliqué, ça. Parce qu'il faudrait disponibiliser quasiment tout le temps des grands-parents, avec les périodes scolaires, les vaches, etc. Enfin, tout le temps, j'exagère, mais comme il y a plusieurs familles, ça revient assez souvent. Et puis, en même temps, il faut qu'on ait notre vie. Moi, j'ai aussi une vie de loisir. Tu m'as posé la question de loisir. Alors, ça revient aussi, parce que j'aime bien naviguer. On a racheté un bateau avec un ami et on navigue en famille ou avec des autres amis. Et puis enfin, j'ai pas mal d'amis qui sont touchés par la maladie, la séparation. Enfin bref, des situations un peu compliquées. Je me dis que c'est aussi mon rôle de les aider.

  • Speaker #0

    Une vie quand même bien remplie.

  • Speaker #1

    C'est une vie remplie. C'est une vie plus engagée que d'engagement. Je ne sais pas comment le dire. C'est-à-dire que j'accepte aujourd'hui de ne plus être le pilote stratège, mais plutôt de dire... Écoute, voilà, tu t'es engagé auprès de ta famille, etc. Tu ne choisis pas le jour et l'heure. Tu t'es engagé auprès de tes amis, tu ne choisis pas le jour et l'heure. Et puis, alors, j'ai gardé une activité économique, on va dire, relative. J'ai encore une dizaine de mandats,

  • Speaker #2

    donc c'est encore relatif.

  • Speaker #1

    Mais je suis d'ailleurs vice-président de la Banque Populaire Grand Ouest et président du comité d'audit. Donc, c'est un sujet important. On a fait la fusion de l'aide de banque. Et puis, en ce moment, les banques sont quand même importantes pour le territoire. Et elles sont elles-mêmes touchées par un certain nombre d'évolutions réglementaires et conjoncturelles qui vont toucher les entreprises. Moi, c'est toujours l'entreprise qui a été mon... mandat. Puis je suis membre de comité stratégique d'entreprise, de TI et de start-up. Enfin, j'ai une quinzaine de participations que je suis on va dire plus ou moins selon les gens qui le font. Certaines, je suis très impliqué. D'autres, c'est un peu plus léger.

  • Speaker #0

    Si tu devais te présenter là aujourd'hui auprès des auditeurs, au-delà des titres, au-delà des activités, comment est-ce que tu le ferais ? Qu'est-ce que tu dirais sur toi ?

  • Speaker #1

    Je suis vraiment un homme en sens être humain comme beaucoup. Fils d'eux, avec toute une histoire familiale.

  • Speaker #0

    Bon, père mais ouais,

  • Speaker #1

    justement. Père 2, avec toute l'insertion familiale. Frère 2, avec une fraternité de gens très proches de sang, mais également de choix, notamment spirituels.

  • Speaker #0

    Tu as combien de frères et sœurs ?

  • Speaker #1

    Nous sommes 6. 6 ?

  • Speaker #0

    Ah ouais ? 6. Toi t'es le nouveau coulant ? Je suis né.

  • Speaker #1

    T'es né. J'ai un petit frère qui est le dernier et 4 sœurs autour, donc je peux dire qu'on est bien briefés. Mais voilà. Et puis acteur. Je considère que, et d'ailleurs c'est ça qui est le plus difficile par rapport à ta question précédente, c'est ça qui est le plus difficile, c'est vraiment de dire... Alors que j'ai toujours été acteur, plutôt décideur, on va le dire comme ça, accepté d'être un pion. Consulté ? Non, parce qu'il faut quand même un peu agir, mais ce n'est pas moi le leader. Et ça, c'est un chemin d'humilité qu'il faut décider. Parce qu'on vient sur un jarret te dire, tu pourrais faire ça, tu ferais ça, on a besoin de toi là, etc. Je me dis, mais non, je vais décider d'être au service de ce temps spirituel, ma serviette, je vais décider d'être au service. Je n'ai pas envie d'être le pilote, le patron.

  • Speaker #0

    Donc du coup, si je reprends un peu justement ton enfance, Tu n'es pas né à Nantes. tu es né à Neuilly. Et donc ton parcours familial a été marqué par cette histoire d'entreprise quand même, de résilience aussi, puisque ton père dirigeait ce groupe textile qu'il a revendu. Raconte-nous un peu cette enfance dans les grandes lignes et ce qui, toi, t'a marqué et peut-être façonné aussi ton parcours derrière.

  • Speaker #1

    Je te disais tout à l'heure, je suis né à Neuilly parce que ma maman était parisienne et bretonne et mon père était du sud-ouest. Quand ils se sont mariés, je suis le premier enfant qui est né là-bas, il se trouve que mon père a très vite... Papa c'est vraiment un homme qui était vraiment un bébé du sud-ouest quoi. Il était à Paris parce qu'il avait fait ses études là-bas, il avait fait HEC, bon c'est tout. Et il avait rencontré maman qui avait fait Sciences Po, ce qui à l'époque était plutôt des parcours on va dire entre guillemets d'élite, on va le dire comme ça. Et il y a un Au moment où il ne savait pas très bien ce qu'il allait faire, il a été appelé par son grand-oncle pour rejoindre le groupe familial où il a développé des activités commerciales. C'était un groupe qui s'appelle Absorba Poron, qui a été avant le plus gros groupe textile enfant leader européen. Qui fabriquait les... Oui, Absorba Poron, c'est des marques que... Absorba, il en reste un peu. Coup de cœur, Johnson, guitare, ça ne vous dit plus rien, moniteur non plus. Mais il y a eu un certain nombre de marques et c'était vraiment... c'était trois fois petit bateau. C'était un peu plus gros. Il y avait Lacoste à Troyes, il y avait Petit Bateau, il y avait le groupe Absorbapon. Et papa était un patron très social. C'est le premier à avoir mis le 13e mois dans l'entreprise Textiles, ce qui à l'époque avait été un peu... fatigué par ses pères, mais en même temps très international. Il avait ouvert en Tunisie, parce que sinon il n'y avait pas à produire, et qui avait industrialisé le groupe. Et il y a un moment, leur actionnariat familial très réparti a eu l'opportunité de faire pas mal d'argent, parce qu'il y avait des gens qui s'intéressaient au groupe au moment où il était rentré au second marché. Une partie de la famille a préféré prendre de l'argent là. Et donc, du jour au lendemain, papa s'est retrouvé, il a perdu la majorité, et il s'est retrouvé avec un racheteur qui n'était pas tout à fait celui qu'il avait choisi. Donc il a préféré partir. Ça a été un peu douloureux. D'autant plus qu'il venait d'avoir... Il avait un cancer à l'époque. Il a fait une dépression. Et moi, j'ai vu mon père qui était un espèce de... C'était un homme exceptionnel. Enfin, vraiment un très grand bonhomme. De souffrir beaucoup. Et il avait vraiment humilité sur humilité à faire. Sur tous les sujets. Et maman... Maman est exceptionnelle, je dois dire. Elle l'a bien accompagnée à ce moment-là. Mais elle-même avait un accident de voiture très grave avec papa quand j'avais 6 mois. On a fait une amputée et elle a été du coup tout le temps très handicapée. Et donc, je veux dire que moi, ça m'a marqué parce que je sais très bien que les choses ne durent pas éternellement.

  • Speaker #0

    Tu en as eu conscience très jeune.

  • Speaker #1

    Très jeune. Et puis, je me suis aperçu que l'actionnaire familial, c'est bien, mais il y a quelques limites quand même. La dégénération, ça se passe. Puis après, il y a d'autres priorités, ce qui est normal. Je ne critique pas du tout ça. Alors, les fonds financiers, eux, ils ont un temps de vision très court. On le sait. Généralement, c'est quelques années. 7-8 pour les meilleurs et souvent c'est plus court que ça les familles ça peut durer une génération 2 voire 3 mais la plupart du temps ça pose un problème ne serait-ce que parce qu'il faut payer les droits de succession ne serait-ce que parce que les priorités des uns des autres bougent et donc je m'étais dit quelque part dans la petite tête plus tard tu as envie d'être entrepreneur parce que moi je me souviens quand j'étais enfant j'allais parfois au lycée avec le chauffeur et la DS noire et du jour au lendemain il n'y avait plus rien et c'était la chance de ma vie Je suis parti aux Etats-Unis à peu près en même temps et là j'ai vécu un peu dans la pauvreté. C'était une grande chance parce que l'inflation avait fait que mon pouvoir d'achat était divisé par deux et comme papa ça n'allait pas très bien, je ne voulais rien demander. Et donc j'ai habitué avec des colocataires dans les endroits où il y avait de la drogue, de la violence, etc. Tu étais où aux Etats-Unis ? À Pittsburgh, qui est une ville vraiment très difficile. J'avais 18-19 ans, j'aurais pu très bien complètement vriller. Et je me suis dit tout ça, ça s'est passé en 2-3 ans. Et ça a été une chance, bon, ça s'est bien passé, j'ai trouvé difficile là-bas, ma petite amie d'époque est morte d'overdose, donc ça a été vraiment un des moments compliqués. Mais je me suis dit, écoute, avant tout c'est l'humain qui compte, c'était venu de l'éducation que j'avais reçue et de ce que j'avais pu découvrir. Et tu peux prendre ta vie en main, il y a un moment tu peux la prendre. Alors après j'ai retravaillé un parcours classique, j'avais fait une licence en droit et le M Lyon. Et puis je suis parti rentrer dans un grand groupe qui s'appelle Ford, qui est une entreprise géniale. Alors je vais travailler un peu dans d'autres boîtes avant, mais très peu. Et qui est une entreprise géniale parce que...

  • Speaker #0

    En France du coup, tu étais en France.

  • Speaker #1

    Alors j'étais en France et en Angleterre. En France, il se trouve que je faisais du conseil de gestion financière, tu vois, il y en a encore un.

  • Speaker #2

    Ça te rappelle ton mari. Et puis à m'avoir...

  • Speaker #0

    J'adore parce que c'est des gros virages. Tu as fait des études de droit, un million, un pré-finance. Ce n'est pas fini.

  • Speaker #1

    Ce qui s'est passé à ce moment-là, c'est que j'avais un patron exceptionnel. Enfin, pas un patron direct, mais il y avait le patron, le secrétaire général du groupe de Ford en France, qui est un petit exceptionnel, qui était un pied noir, qui a donc vécu, qui m'avait beaucoup parlé de l'Algérie, de la difficulté. On parle de la Slimanie aujourd'hui, les difficultés que ça pouvait avoir. Et il était merveilleux, d'une finesse. Et il était maire adjoint du 12e en même temps. Il avait un engagement politique. Il dit, ben voilà, j'ai été viré d'Algérie, mais comment j'ai un engagement politique ? Et je trouvais ça vachement... Je trouvais ça... Il me parlait des heures de ça. Et ce garçon, un jour, il y avait le responsable du recrutement chez Ford, mais un an et demi après ma rentrée dans le groupe, j'avais donc 23 ans, 24 ans, 25 ans, 25 ans, il me dit, ben, s'en va. Et il me dit, ben, écoute, prends le poste. Et moi, je me suis occupé du forum des recrutements. Donc, j'avais des grandes écoles avec ma grosse bagnole, mes machins, etc. J'étais le gamin. Les autres, ils avaient 20 ans de plus que moi, mes concurrents. Donc, je faisais un carton. Ça marchait super bien.

  • Speaker #2

    J'étais vachement fier. Et plus à ce moment-là,

  • Speaker #1

    c'est intéressant parce que j'ai eu la chance à ce moment-là de pouvoir être dans mon temps sur un métier. Les bagnoles, c'était encore un peu quelque chose, mais ça commençait déjà à partir. C'est un métier sur lequel, effectivement, on sentait que c'était un peu plus compliqué. Et puis après. Ce qui s'est passé, c'est que le directeur du personnel, lui, est parti comme patron du personnel de l'Encom. Et Vincent me dit, écoute, maintenant t'es obligé, il faut que tu passes à Fort d'Europe pour être validé par le board, mais il faut que tu prennes la direction du personnel. Je lui dis, attends Vincent, j'ai 28 ans, 27 ans. Ouais, t'étais jeune. Et il me dit, écoute... Vu ce qu'on a à faire, et ce qu'on avait à faire, c'était fermer l'usine de Charles-Evile-Mézières qui faisait des tracteurs. Puis on savait que Bordeaux était compliqué aussi. Et Bordeaux, le délégué syndical, c'est Poutou. Je ne sais pas si vous connaissez Poutou, mais c'est quand même quelqu'un qui... Donc il y avait vraiment une tension assez forte. Et il me dit, il faut un Français, parce que s'il me bombarde encore un gars qui vient de l'extérieur, Et en français, il n'y a que toi qui peux le faire. Donc débrouille-toi pour être alloué. A l'époque, nous venions d'avoir notre deuxième enfant. On part avec Valérie en Angleterre et ça ne s'est pas très bien passé pour Valérie en Angleterre. Elle a fait une dépression.

  • Speaker #0

    Le changement de vie a été compliqué.

  • Speaker #1

    Ça a été vraiment compliqué et elle est repartie plus tôt en France. Et là, j'ai eu un temps, c'était compliqué parce qu'il y avait vraiment un arbitrage à faire.

  • Speaker #0

    Entre la vie professionnelle et la vie familiale.

  • Speaker #1

    Voilà, et je dis à Vincent, écoute, je ne vais pas aller au bout, je vais rentrer. Et lui qui était vraiment génial, j'étais son fils adoptif,

  • Speaker #2

    il m'a dit,

  • Speaker #1

    écoute, là ça m'échappe, c'est au-dessus de moi. Mais j'ai une idée. Il faut... On doit recruter des INSEAD, des IMEDE, etc. C'est Ron Platt, le patron de Ford Europe, qui veut faire ça. On a jeté, entre guillemets, l'internationalité du groupe européen, quoi. Et il faut que tu fasses ça avec lui. Je dis, mais attends, raconte. D'abord c'est que les écoles en anglais ça pouvait aller mais le reste moi j'étais pas très fort, enfin même nul, enfin je savais rien. Et Ron est arrivé avec son avion privé, tu vois c'était déjà un autre moment, j'étais très impressionné. On a eu fait un désentendu recrutement, donc on recrutait 8 personnes à l'INSEAD. C'est des gens de bon niveau à l'INSEAD en général qui ont eu un parcours assez intéressant. Moi j'étais vraiment, moi j'étais très très très complexé je dois le dire. Mais je pense avoir cette qualité humaine d'appréciation des hommes. Et il y a un moment, au quatrième candidat, Ron me dit « Ah, ce gars-là, il est extraordinaire. » Enfin bon, je ne te défasse pas son accent américain, mais il est extraordinaire, il est gyné, etc. Et tu ne le trouves pas, Bruno ? Et moi, je lui dis « Je n'ai pas du tout le même sentiment, Ron. » Moi, j'ai un sentiment que ce n'est pas une quiche, c'est sûr, il est brillant, il parle une langue couramment, etc. Mais je trouve qu'il est prétentieux, je trouve que ça ne va pas le faire, ça n'a pas avec les valeurs du groupe, etc. Et il argumente un peu, à un moment donné, c'est ça. puis à un moment il est clé de réélire, t'as parfaitement raison Je voulais savoir si tu allais me dire la vérité, parce que moi je veux un directeur du personnel qui me dise la vérité.

  • Speaker #0

    Il t'a testé en fait ?

  • Speaker #1

    Il me testait et il m'a dit, et on veut repartir avec son avion, il me dit toi tu restes ici, le chauffeur te ramène chez Ford, tu prends la direction du personnel demain. Ça s'est passé comme ça. Alors là, je dis ça parce que d'abord il faut prendre les chances, et deuxièmement c'était génial. Mais je savais en même temps, donc j'ai fermé l'usine de Charleville, j'ai eu des prises d'otages, j'ai eu à gérer des suicides, c'est des choses difficiles. Je ne voudrais pas me plaisanter là-dessus, mais c'est ce qui à un moment forme. Les sujets sur l'alcool, les sujets... Ce qui forme à un moment... La direction du personnel, c'est un job difficile. Parce qu'il faut recruter des gens quand on est en développement. Et puis en même temps, ça va être dur quand on ferme une usine ou quand on brise des vies. Donc c'est vraiment compliqué. Il faut dire la vérité. Moi, j'ai eu le suicide d'un collaborateur. Et j'ai été accompagné après parce qu'il s'est suicidé un quart d'heure après avoir quitté mon bureau. Donc il savait qu'il allait être licencié. Et on s'est aperçu de sa mort parce qu'il avait été abandonné par sa femme, sa famille, que plusieurs jours après. Et c'est moi qui m'en suis aperçu parce que je ne comprenais pas pourquoi. Pourquoi il ne revenait pas, etc. Après, je me suis fait accompagner par un psy pour comprendre. Je me disais, mais qu'est-ce que je n'ai pas fait ?

  • Speaker #0

    Surtout que tu étais jeune à l'époque.

  • Speaker #1

    J'étais hyper jeune, j'avais 28 ans, 29 ans.

  • Speaker #0

    On n'est pas préparé à ça, en fait.

  • Speaker #1

    On n'est pas préparé. Et le gars me dit, comment tu as fait le dernier entretien avec lui ? Je dis, j'ai essayé le plus sympa possible, etc. Il me dit, carton rouge.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ça, c'est intéressant et ça m'a réavoué toute ma vie. Quand tu as quelqu'un à qui tu annonces une mauvaise nouvelle, si toi, tu te mets dans la compréhension absolue...

  • Speaker #0

    Et dans l'empathie ?

  • Speaker #1

    Dans l'empathie, qui est de dire... que vraiment, oui, c'est vraiment le pauvre type, c'est vraiment un pauvre type, et il a tout raté. Il venait de se séparer de sa femme, je te disais. Il était en bisbille avec ses filles. Et donc, on le virait. Il était dans l'alcoolisme. Il était absent six mois par an depuis trois ans. Donc, ce n'était pas possible. Eh bien, tu casses le dernier ressort, qui est l'estime de lui. Il faut que tu le mettes en colère. Quand tu licencies quelqu'un qui est dans une situation... Et la colère est juste. Et il faut accepter. Ce n'est pas agréable, en tant que manager, de mettre les gens en colère, mais une colère juste. donc sur la vérité et ça m'a beaucoup éclairé dans tout le reste de ma vie professionnelle être dans la colère juste ou d'être dans la justice c'est-à-dire un moment on ne fait pas semblant un moment on dit les choses parfois on me dit j'ai pu être assez cash assez exigeant etc par estime des gens t'es pas fait pour telle ou telle mission t'es pas fait pour le groupe mais t'es quelqu'un de vachement bien donc tu vas rebondir ailleurs c'est pas que de la démago il faut un moment ce qu'on est en train de vivre au niveau politique en France c'est une parenthèse Mais c'est parce qu'on n'a pas dit la vérité que tout... On est dans un tel bordel, excusez-moi de le dire comme ça, mais... et je parle aux auditeurs mais c'est parce que on ne dit pas la vérité alors Bayrou a peut-être échoué peu importe mais simplement quand il disait je veux dire la vérité il n'est même plus audible et ce qui est terrible c'est pour nos enfants nos petits-enfants pas pour nous nous c'est facile les retraités etc les baby-boogers je ne dis pas qu'on a tout bon sur tous les sujets, mais quand même... Mais les autres, ceux qui viennent. C'est ma petite minute de dévoilage, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant ce que tu dis sur la colère et accepter aussi, oui, que les gens puissent être en colère contre toi. Parce que c'est vrai qu'en tant que dirigeant, on n'est pas là pour être aimé par tous, mais en effet pour être le plus juste, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, à condition de ne pas humilier les gens. Et en fait, la vraie humiliation, ce n'est pas simplement la critique, c'est le mépris caché sous des bons sentiments très empoulés.

  • Speaker #2

    Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est vache. Parce que l'autre n'est pas idiot.

  • Speaker #0

    Donc toi, tu démarres ton parcours professionnel avec tous ces périmétries qui t'est arrivée. Tu restes combien de temps ?

  • Speaker #1

    Je savais par ailleurs, c'était clair, qu'il y a un moment j'allais... Alors Forte est une boîte où on change tout le temps, dans les potentiels. Je savais que j'allais bouger, donc j'ai repris la direction commerciale par Île-de-France. Et puis, je savais que je devais chercher quelque chose. Parce qu'on se dit, je ne voulais plus être à Troyes pour les raisons que tu connais. On peut bien comprendre. Et on se dit, le côté breton, on va ressortir. Moi, j'aime bien naviguer, je vous le disais tout à l'heure. Et donc, il y a un moment où je me suis dit, bon, est-ce qu'on va à Rennes, Nantes ? Bordeaux, on l'a esquissé, mais pas trop. À l'époque, le groupe Bordeaux était un peu le bel endormi aussi. Et j'en parle au concessionnaire Ford, qui est Alain Mustière,

  • Speaker #2

    qui est un très bon ami.

  • Speaker #1

    Et un amitié a été président de la chambre de commerce à l'époque Et il me dit écoute je vais te faire rencontrer des potes Puis tu lui diras un peu ce que tu veux faire, etc.

  • Speaker #0

    Toi, tu avais une idée précise de ce que tu voulais faire ? Non,

  • Speaker #1

    j'étais prêt. J'avais fait du commercial, du marketing, de la

  • Speaker #2

    RH, de la vente.

  • Speaker #1

    J'étais ouvert à tout. Ce que je voulais, c'était entreprendre à terme.

  • Speaker #2

    Et là, je me souviens très bien. J'arrive, mais en t-shirt et achat chez Alain,

  • Speaker #1

    parce que c'était un pote. Et puis, il y avait son bureau de la chambre. Il y avait Guichard, patron de la BN, Jean-François Moulin, patron de la Banque populaire. Il y avait un tas de patrons. tous très cool. Et puis Alain me dit, bon ben, allez Bruno, présent ce que tu fais. Bon, j'étais un peu, je ne savais pas très ce que ça voulait dire ce truc-là. Donc, je dis, voilà ce que je fais. Et puis, si vous avez des idées de job ou des idées, des concepts de l'année, n'hésitez pas. Pérou, le déjeuner se passe très bien. Et le lendemain, Alain me dit, bon, tu es validé à 100%. Je dis, je suis validé à 100%, pourquoi ? Parce que je veux un dire-câble, j'en ai marre d'avoir des polytechniciens avec moi en permanence. À l'époque, Alain voulait un peu varier. Lui, c'est un garagiste. Il disait tout le temps, moi, je suis un garagiste. mais avec une vision et courage, un vrai meneur d'homme, un type exceptionnel. Et puis à l'époque, Alain me disait, écoute, moi je veux un dire cap parce qu'il faut qu'on construise Nantes. C'est une décision qu'on a prise au niveau du bureau de la chambre. On ne peut pas laisser comme ça. A l'époque, l'usine Niveau L titrait Labelle Endormie, c'était les années 89. Il n'y avait pas de périph', pas de tramway, pas de côte autoroute pour Paris, pas de 4 voies pour Rennes. L'aéroport était deux fois plus petit, on imagine le chantier de 4 voies. Déjà qu'il n'est pas grand,

  • Speaker #2

    tu vas acheter des trucs.

  • Speaker #1

    Pas de TGV, pas de télécongrès, il n'y avait rien. C'était une petite ville de province. Alors quand on dit ça, on se demandait « Oh non, quand même ! » . Une guerre avec Saint-Nazaire. Et on sait bien que si on voulait compter dans la métropole d'équilibre que voulait Guichard à l'époque... Alors Guichard, ça ne vous dit rien, mais c'est le père de l'aménagement du territoire. Et donc à l'époque, il était président de la région Pays de la Loire aussi. Et il disait « Mais il faut qu'il y ait une métropole forte. » Et la métropole, ça ne peut être que Nantes. Ça ne peut pas être Angers. Donc ça avait été un peu compliqué avec les Angevins. Mais ça peut être que Nantes, à condition qu'elle fasse alliance avec Saint-Nazaire. D'où le port de Nantes-Saint-Nazaire, d'où la volonté de faire cette métropole. Paul Nantes Saint-Nazaire. Et tout ce projet-là était là. Mais en même temps, ça a été un temps... Alors, ça a été incroyable comme projet. Le problème qu'on avait, c'est que les gens étaient bien, quoi. Ils ne se rendaient pas compte de ce qui était en train de se passer.

  • Speaker #2

    Alors, j'exagère. Il y avait des tas de gens qui...

  • Speaker #1

    Et donc, on a dit, mais il faut objectiver ça. Donc, on a fait un constat, assez difficile, sur l'état de la région par rapport aux autres états régionales... l'état de la métropole par rapport aux autres métropoles françaises. Et on était dans une situation dramatique. La valeur ajoutée produite par personne était plus faible qu'ailleurs. Le niveau de formation était moins élevé. Le rayonnement international, c'est comme ça qu'on a créé le World Trade Center. Et donc, on a fait un programme d'action. Nous avons choisi de réussir. On a mobilisé 1000 entreprises qui, à l'époque, se sont retroussées les manches. Parce que tout ça, ça venait en 89, je le rappelle quand même. C'est la chute du mur de Berlin. Mitterrand avait été élu en 81. Donc les entreprises, c'était un peu chaud bouillant,

  • Speaker #2

    les entreprises à l'époque.

  • Speaker #1

    Et à Nantes, on venait de fermer Creuseloir. Et Dubigeon fermait en 86. Donc le centre-ville devenait une friche commerciale.

  • Speaker #2

    Enfin, une friche, pardon, pas commerciale, une friche industrielle.

  • Speaker #1

    Les grandes surfaces étaient partout en train de se développer autour de Nantes, avec la perspective du périph', et on se dit, mais qu'est-ce que va devenir cette ville ? Là, on a fait feu de tout bois, on a même redressé le FCNA, qui était relégué, enfin le football club de Nantes, c'est pour ça qu'il est devenu FCNA d'ailleurs. Il devait être relégué en seconde division en 91, c'est Guy Scherer qui l'a ramené, on a gagné la Coupe de France en 95, en faisant de la pelle à l'épargne. Et moi, en tant que dire-câble, je m'occupais de tout ça. Puis un peu de temps, j'ai dirigé les services de l'entreprise. Mais c'était passionnant. Passionnant. Et puis public-privé, et puis on avait le dîner des croates, alors ils sont tous un peu... C'est-à-dire tous les directeurs de la région, de la ville de Nantes, etc. Il y avait nos présidents qui existaient, puis le dîner des croates, c'était nous, on réglait les problèmes de... Pas de fonds, mais les problèmes de quotidien à gérer par rapport à ça. C'était vraiment le bureau d'arbitrer les trucs absolument incroyable. avec des discussions passionnées, ça a donné d'ailleurs lieu à créer un truc qui s'appelle la SEL, enfin c'est mort depuis mais malheureusement, mais qui était quelque chose où les gens étaient obligés de discuter. Après la spécialisation, mais ça c'est bien qu'au plus tard, la volonté d'éviter les doubles mandats, la spécialisation qu'on a fait de chacune des collectivités a cassé cette obligation de discuter. Le conseiller général n'avait plus que des responsabilités qui sont beaucoup plus fléchies aujourd'hui, le conseiller régional on sait sur l'économie, L'État et le Conseil régional n'avaient plus de responsabilité partagée. Et puis, il y avait les métropoles et les villes-coeurs. Est-ce qu'on faisait en doublé le service ? Parce qu'il s'est passé malheureusement partout en France. D'où la ruine, d'où le coût des collectivités qui est astronomique. Mais avant, il y avait de l'argent dans les caisses pour faire des projets communs. Après, chacun a voulu faire sa petite chacunière. Et du coup, les gens ont moins discuté. Mais cette période-là était extraordinaire.

  • Speaker #2

    Je me souviens de discussions à l'époque droite-gauche, aussi bien avec Olivier Guichard, qui était quand même l'un des piliers de Gaulle. Enfin,

  • Speaker #1

    c'était l'un des compagnons de Libération. avec Jean-Marc Ayrault qui était un jeune maire à l'époque. avec Joël Batteux qui était plutôt bien marqué à gauche. Mais on était sur la vérité, on ne se racontait pas de conneries.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que Nantes avait de plus ? Tu parlais d'Angers tout à l'heure. Qu'est-ce que Nantes avait de plus à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Nantes, sur un plan démographique, était plus gros. Le Nord-Atlantique était plus gros aussi. Nantes avait un port. Nantes-Saint-Nazaire avait un port, un aéroport. Et Nantes-Saint-Nazaire, c'est le dernier sujet de la Bretagne, Nantes-Saint-Nazaire, c'est quand même une ville bretonne. Donc il y a un Interland, un pays qui est fort. Et les Vendéens sont quand même plus proches du Nantais. que des enjeux. Cela étant, Cholet marche très bien. Donc, il y a un choix qui est dit. En tout cas, il en faut un. Je pense aussi qu'Angers était trop près de Paris.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas, je n'ai jamais parlé avec Olivier Guichard avant qu'il demeure.

  • Speaker #1

    À l'époque, si on réfléchissait bien, une heure et demie de TGV, parce qu'on savait que le TGV était en cours, il arrivait en 89, on se disait, mais on va être absorbé. Ce qui s'est passé pour Le Mans, par exemple. On n'a pas la taille pour faire un équilibre. Et puis, les villes de métro... Alors, Guichard était clair. Une ville, ça doit faire un million d'habitants, une ville d'équilibre. Le seul qui pouvait faire un million d'habitants, c'était Nantes-Saint-Nazaire.

  • Speaker #0

    Quand et comment est-ce que tu en arrives à prendre la tête d'IDEA ?

  • Speaker #1

    Alors simplement, moi, en venant voir Alain, je lui dis, écoute, moi, je veux bien t'aider pendant ton mandat. Il restait cinq ans. Mais après, je m'en vais, je veux rechercher une entreprise. Entre temps, boum, boum, boum, comme arrive. Numéro 3. Thomas Larraine. Voilà, numéro 3, numéro 4, 5, en 15 mois. Donc, on change de maison.

  • Speaker #0

    Bravo.

  • Speaker #1

    Chapeau, je ne sais pas, chapeau, mais chapeau pour ma femme, oui, pour Valérie. Chapeau pour Valérie. Mais c'est vrai que c'était compliqué parce que j'étais en même temps très engagé sur beaucoup de choses. Mais en tout cas, ils arrivent. Et là, il fallait vraiment que je change de dimension. Je me dis, si je ne veux pas faire mon projet d'entrepreneuriat maintenant, je ne le ferai jamais. Et donc, j'avais commencé à...

  • Speaker #0

    Mais c'était risqué, du coup, vu ta situation familiale. Ah, mais ça, j'aime bien les risques. Ah bon, d'accord. Ça ne se fait pas peur.

  • Speaker #1

    Ah non, c'est... J'ai un côté canadien. Je prends ma chance, comme on dit. Non, mais c'est vrai. À chaque fois, c'est vraiment drôle. Je ne dis ça en riant, mais les Canadiens, ils prennent des chances. Les Français, ils prennent des risques. C'est drôle, c'est vrai.

  • Speaker #0

    C'est une manière de voir les choses, en fait. Même en psychothérapie, c'est comme ça, tu sais.

  • Speaker #1

    Faut m'expliquer pourquoi ça va pas, Freudien. Alors que t'es comme t'es, disent les Canadiens, maintenant comment tu vas aller mieux ? C'est quand même mieux, je trouve. Donc, j'avais dit que je voulais reprendre une entreprise et j'étais en veille. Et il y a un garçon qui était vice-président de la chambre de commerce de Saint-Nazaire, Jean-Pierre Desmarais, qui m'a dit, écoute Bruno, voilà, je voudrais... Bref, il m'a dit, écoute, c'est une scope, il n'y a que 60 personnes, c'est à Saint-Nazaire, c'est du portuaire. Mais on a trois clients uniquement. C'est petit, c'est risqué. On a de l'argent en caisse, mais on dépend trop du port, de la CGT portuaire, qui n'est quand même pas un cadeau. Et puis, comment fait-on pour assurer un développement ? Il faut qu'on se prenne un peu en main. Et il dit, moi, j'arrive au bout du parcours. Et donc, il m'a proposé de faire ça. Et donc, moi, après, j'ai créé sept entreprises différentes en même temps, en trois ans, dont une holding de contrôle. Et on a développé le groupe. Et c'est comme ça qu'on a démarré la logistique industrielle, la biofiltration, enfin, on a démarré plein de choses. Et la logistique industrielle est devenue aujourd'hui l'âme du groupe. Mais ça a commencé comme ça. Mais je me souviens très bien. Il a fallu convaincre tout le monde que l'argent que nous procurait le portuaire puisse servir à nous développer ailleurs. Ce n'était pas si simple que ça. Puis moi, je venais. Déjà, je n'étais pas un gars du port. Je n'étais pas un gars de Saint-Lazare. Pire, j'étais un Nantais.

  • Speaker #2

    Non, mais il a fallu que...

  • Speaker #1

    Et puis, petit à petit, ça a marché assez vite, assez fort.

  • Speaker #2

    Pas tout de suite, pas tout.

  • Speaker #1

    Il y a des choses... J'ai arrêté des entreprises qui ne marchaient pas. Ça, c'est vraiment compliqué. J'en ai repris, bon bref. Mais c'était intéressant et en même temps, j'ai repris la présidence de l'entreprise, j'ai pris la direction générale en 98 et la présidence, non en 96 et la présidence en 98. Et nos petits-enfants étaient là, ils se développaient et Valérie m'a dit bon je veux rester à Nantes parce que j'ai mon équilibre de vie, les cinq enfants etc. Donc je faisais la route tous les jours.

  • Speaker #0

    Et justement, sous ta direction, le groupe est passé de 60 collaborateurs à plus de 2000 salariés qui étaient répartis sur plus de 60 sites. Vous avez réalisé plus de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires. Quel souvenir, toi, tu gardes de ces années-là ?

  • Speaker #1

    C'était génial. C'était génial, épuisant. Moi, d'abord, le premier souvenir que j'ai, je voudrais remercier Valérie de m'avoir accompagnée. Valérie c'est une C'est une fille de patron, mais de patron qui a vécu des difficultés, de petit patron. Et quand je dis ça, c'est pas du tout péjoratif. Donc elle savait ce que c'était. Elle savait que quand je disais, écoute, je disais c'est dimanche mais il faut... Alors en même temps, on a vécu des sources d'équilibre à deux en même temps. Ses parents sont décédés assez vite, mais les miens étaient dans des situations un peu difficiles aussi. Donc finalement, on a été peu aidés par nos familles originelles à la petite enfance. Par contre, très aidé par des amis. On va dire que globalement, on a été très épaulé. Il fallait que... Je me souviens, il fallait que je construise la maison parce que moi, je n'avais pas beaucoup d'argent puisque je m'étais endetté. À chaque fois que j'ai changé de boulot, j'ai perdu entre 25 et 30 % de mon salaire. C'est une bonne idée. J'aime bien les risques. Mais oui, parce qu'il y a un moment, il faut faire ses preuves. Par contre, évidemment, il y a un reward après si ça marche bien. Mais c'était important. C'était important. Et donc, du coup, il fallait que je bricole pas mal. Je ne dis pas que c'est toujours... très bien fait. Et puis, on a eu une maison en Inde qui était plutôt un clapier,

  • Speaker #2

    avec chacun sa petite cellule, avec les enfants.

  • Speaker #1

    Et puis bon, après, ça allait mieux, mais il a fallu ça. Puis on a repris notre maison en Bretagne, qui était dans une situation de ruine aussi, parce que c'était ma grand-mère qui, malheureusement, mourait à cette période-là. Ça a été des années assez extraordinaires, et du coup, très vite, on a eu la chance de pouvoir moi, plutôt être sur le discours de l'audace, de l'optimisme, de l'inconscience peut-être, je sais pas, et Valérie, sur le... J'allais dire l'alcove qui accueille, mais sans qu'il y ait d'opposition entre nous, c'était simplement, on était chacun. Et puis, quand on passait un temps avec nos enfants, c'était vraiment un vrai temps. Je pense que certains de mes enfants nous souffèrent.

  • Speaker #2

    Voilà, je n'irai pas plus aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je pense que d'autres ont été stimulés par ça. Notamment, Valérie a beaucoup poussé les enfants dans le sport, ce qui était bien. Le fait qu'ils aient toujours brassé avec un tas de gens, ça au niveau social,

  • Speaker #2

    ils ne sont pas tristes, ils savent faire.

  • Speaker #1

    Et puis... Un jour, il y a deux de mes enfants qui m'ont dit « Écoute, on te voyait tellement content à Brette, et puis tu nous as donné envie d'entreprendre. Tu nous as dit que c'est tous les gens qui se plaignent de trop travailler, machin, ça. Jamais c'était ton cas. » Après, ils m'ont dit « Écoute, tes engagements sociétaux, parce qu'on en parlera tout à l'heure, ça c'est autre chose, parce que dis donc, c'est venu en plus... »

  • Speaker #0

    Donc, présidé le CJD, la CCI de Saint-Nazaire, des Pays de la Loire. Tu as également été présidente de l'association du Club des 30. Qu'est-ce que, toi, ces expériences t'ont apprises déjà sur l'importance des réseaux ? sur l'importance des institutions dans une vie professionnelle ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais d'abord te répondre.

  • Speaker #2

    J'ai été à côté, une fois de plus, mais tu vas comprendre pourquoi après. Enfin, j'espère que ce serait clair pour les auditeurs aussi.

  • Speaker #1

    J'avais compris que, quelle que soit la qualité d'un chef d'entreprise et de son équipe de direction et de ses collaborateurs, donc, quelle que soit la qualité d'entreprise, quand on est dans un territoire isolé ou fragilisé, on est en danger. Surtout quand on est dans une entreprise portuaire, si le port ne va pas bien, t'es en danger. C'est pour ça que je me battais pour le port. C'est pour ça que de temps en temps je... Je râle sur les conflits sociaux. Leur droit, j'y respecte tout à fait. Mais qui ne bloque pas un système qui génère ensuite la valeur de l'économie. Un chantage là-dessus, c'est vraiment... C'est dégueulasse, oui. C'est dégueulasse. Parce qu'il y a des tas de gens qui n'ont pas leur résistance et qui n'ont pas, quand je dis leur résistance, c'est leur sécurité. Moi, donc, je termine sur le sujet en disant que vraiment l'enjeu pour moi, c'était de se dire qu'il faut que je regarde ce qui se passe sur l'environnement. J'y avais été sensibilisé par un pouvoir court à la Chambre. Ford, c'était un groupe international. Donc je connaissais pas mal de chiffres internationaux qui me marquaient aussi. Et vraiment, je voyais que la France décrochait. Vraiment. Après, on a vu Pisa, etc. Mais je le savais, je le sentais. Les arbitrages, on aurait dû faire une usine à Bordeaux de la fête à Valence. Et je me souviens des discussions que j'avais eues parce que je faisais partie des gens qui étaient dans la boucle des discussions. Et donc il y a un moment, je me dis... Puis on n'arrivait pas à Nantes à attirer des grands centres de décision non plus. Et puis nos centres de décision, ils étaient vendus. PepsiCo avait racheté la BN. L'U avait racheté la FOAC. Enfin, l'U. Sopiquet était passé. Enfin, on voyait bien que les Waterman passaient sous gilettes. Je ne parle pas des fermetures que je t'évoquais tout à l'heure. Donc, on savait bien que si les centres de décision sont loin du cœur, évidemment, ça va très mal. Donc, je me suis dit, c'est important de préparer les dirigeants à s'ouvrir sur l'extérieur et ensuite de travailler sur des choses qui vont être des facteurs d'attractivité. Première chose. Deuxième sujet. J'ai un garçon que j'aime beaucoup. qui s'appelle Gilles Le Cardinal, qui a fondé l'UTC de Compiègne. À la fois un docteur en physique et en lettres. C'est assez rare.

  • Speaker #2

    Et Gilles me disait la chose suivante.

  • Speaker #1

    La plupart des organisations fonctionnent de façon pyramidale, quels que soient les sujets. Parce qu'un chef, c'est forcément, ça c'est mieux que quelqu'un qui en a un. C'est, me dit-il, la source de tous les problèmes dans la société.

  • Speaker #2

    Il exagère un petit peu, mais pas trop que ça.

  • Speaker #1

    Il me dit, en fait, c'est pas comme ça qu'il faut faire. Il faut regarder si le problème que tu as à traiter, il est simple, complexe ou compliqué. S'il est simple, délégation. laissons faire celui qui est le plus proche du problème le faire il va le traiter, il va bien le traiter il ne saura juste pas besoin de demander à un chef si il est compliqué expert, c'est un expert, si il est compliqué ça n'a rien à demander à une commission de se réunir expert, et s'il est complexe, là il faut être plusieurs quand tu ne poses pas bien le problème si tu mets par exemple une commission pour gérer un problème compliqué si tu prends une Si tu prends un chef tout seul pour gérer un problème simple, et si tu prends un chef tout seul pour gérer un problème complexe, c'est le bordel. C'était marqué au fer rouge par ça. Et du coup, je me suis vraiment dit, la gestion d'une ville, d'un territoire, c'est forcément très complexe. Donc comment tu fais avec les autres, parmi les autres et avec les autres ? Donc il fallait que j'ai des mandats pour le faire. Voilà, je te résume ça comme ça. Les problèmes techniques complexes, les problèmes techniques d'expertise, j'avais des gens qui le faisaient, et alors la délégation, je peux dire que je l'ai mis en place assez fort parce que... Parce que c'est clair, j'étais pour moi décisif. Si je voulais être sur des sujets complexes, voire compliqués quand c'était mes expertises, il fallait tant que je fasse ça sur la délégation, sur les problèmes simples. Je ne me montre pas pour les éditeurs, mais je me cache les yeux. Il y a eu des problèmes que je voyais, mais je ne disais pas. Je parlais avec la personne concernée, elle disait, tu sais, tu as peut-être une petite idée à regarder là-dessus. Je ne sais pas, il faut peut-être que tu regardes. Mais c'est tout.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce que ça donne une vraie vision de... Quel est le rôle d'un dirigeant au-delà de son entreprise ? Dans la ville ?

  • Speaker #1

    Je crois. Après, il faut aussi avoir une vision, la partager, et surtout emmener les gens.

  • Speaker #0

    Si je reviens sur l'ADN d'IDEA, durant toutes ces années de croissance, comment est-ce que tu as fait pour garder l'ADN du départ ? Peut-être que tu ne l'as pas gardé, d'ailleurs. Peut-être que c'était une volonté de ne pas la garder. Tu vois, quand un groupe est en pleine croissance comme ça, de 60 à 2 000 collaborateurs, comment est-ce qu'on...

  • Speaker #1

    Oui, alors, attends. D'abord, il faut être très modeste. Je disais qu'il y avait 80 sites. c'est pas la même chose sur chacun des sites il y a des gros sites, des petits sites Je crois qu'on a beaucoup travaillé sur nos valeurs. On a une démarche RSE, d'ailleurs, au niveau exemplaire maintenant. Et donc, c'est incarné par... On se forme en permanence. On a vraiment eu une volonté d'associer des gens au capital, de se former en permanence, pour que, justement, au service de nos valeurs, on fasse des choix. Donc, on a dit, on a assumé, qu'il y avait des domaines qui étaient nos métiers d'origine, je reviens sur le portuaire, sur lesquels nous n'avions plus la dimension, la taille, l'intérêt, peu importe le truc. à piloter ça seul, et on accepte de partager avec d'autres. Il y a des domaines, mais en plus il y a une loi qui nous a beaucoup poussé à faire ça au niveau portuaire, il y a des domaines sur lesquels on travaille en partenariat avec des sachants. Mais on dit, on ne touche pas nos valeurs à nous. C'est finalement nos valeurs qui, à chaque fois, et la première des valeurs, c'est qu'on entreprendre. Donc c'est prendre des risques. Et ça, c'est assez important, parce que souvent on me dit, mais pourquoi on est là-dedans ? J'ai fait du solaire, de la biofiltration, des trucs... Pourquoi on est là-dedans ? Parce qu'on veut être acteur du territoire sur des sujets qui vont avoir du sens et aussi parce qu'on pense que demain, dans les facteurs de compétitivité, il y aura aussi une capacité à maîtriser l'énergie propre, il y aura aussi une capacité à... Alors, est-ce qu'on va trop loin ? Sans doute. Est-ce qu'on peut s'en désintéresser totalement ? Surtout pas. Quel est l'équilibre ? Là, j'ai eu beaucoup de modestie là-dessus, je ne sais pas trop. En plus, c'est des sujets qui changent très vite avec le temps, notamment nos amis chinois, pour ne pas les... Quand je dis amis, ils sont quand même très très actifs, et c'est épouvantable ce qui s'est passé sur le solaire ou sur les batteries, par exemple, pour en parler que de l'actualité.

  • Speaker #0

    Et toi, tu te définis comme un dirigeant progressiste et optimiste. Comment est-ce que ça se traduit dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas dit que j'étais progressiste. J'ai dit ça. Non, je suis optimiste. Si, il y a une chose... Je ne sais pas ce que ça veut dire. Progressiste, en tout cas, je suis très conscient que si j'étais tout seul, je ne ferais que des conneries.

  • Speaker #2

    Donc progressiste, c'est...

  • Speaker #1

    Non, mais en fait, ça veut dire se former tout le temps, s'ouvrir à être curieux sur tout un tas de choses, et puis accepter de ne pas voir la vérité. Alors, j'ai des convictions. Je ne change pas forcément d'avis sur tous les sujets, mais il y a des moments... J'ai eu une expérience amusante à plusieurs reprises, de sujets où on me disait mais c'est à toi de décider parce que t'es le patron. Mais j'y connais rien. Et je me souviens un jour un type me dit mais comme t'es le patron tu dois savoir qu'il connaît quelque chose. Sinon c'est que t'es pas un bon patron. Ça m'a marqué aussi ça je me dis. Donc je me suis fait des référentiels, des experts, des Ausha etc. en disant tiens si j'ai une décision à prendre dans le talent je passe un coup de fil à celui-là.

  • Speaker #2

    Je dis pas que je sais tout après mais...

  • Speaker #0

    Et justement si t'avais un conseil à donner à un dirigeant ou à un entrepreneur aujourd'hui ? Ce serait lequel ?

  • Speaker #1

    De vraiment savoir faire cette différence entre les problèmes simples, complexes et compliqués et de piloter son entreprise en conséquence. Je prends un exemple très concret avec ce qui s'est passé sur le Covid. Sur le Covid, nous le groupe a des activités dans l'aéronautique, l'agroalimentaire, la navale, etc. Quand il y a eu le Covid, tous aux abris, disait l'État. Alors toutes les grandes entreprises d'État, on ferme, enfin on ferme, tout le monde a l'abri, on fait des tests partout pour voir si on n'est pas malade, si on va condamner, etc. Enfin bref, les petites fermes. Alors on demande de nourrir la France, parce qu'il faut quand même manger le matin. Et là, il faut bosser plein pot. Dans un groupe comme le nôtre, il y avait une activité qui était à 140%, une activité qui était à zéro. Quelles sont les procédures internes ? Ça a été un burn-out pour ma DRH, donc j'ai beaucoup souffert parce que je l'aimais beaucoup. Et ça a été vraiment très difficile pour elle. Comment on fait quand on a un groupe ? La loi française oblige à avoir les mêmes raisons sur un groupe. Ça n'a aucun sens. Aucun. Mais aucun. On m'interdisait de faire rouler mes camions, je disais, au préfet de l'époque. C'est sympa, mais demain, les vaches, elles meurent dans les chambres. Si t'as pas de soja qui arrive... Donc il va falloir vraiment... On demandait aux chauffeurs routiers... Tout était fermé. Bon, ça n'a pas duré longtemps. On voit bien un sujet complexe. Alors Covid, c'est un sujet complexe, c'est pas un sujet compliqué. On a laissé les médecins faire pour le compliquer. Mais pour les politiques, c'est un sujet complexe, on va dire ça comme ça. Pour les chefs d'entreprises de l'électronique, il a fallu qu'on mette des choses... On a cassé tout. Donc on a créé une petite cellule de pilotage qui n'a duré que le temps du Covid, mais enfin un peu. Tous les vendredis soir, on était en Zoom, etc. En Teams, on prenait des décisions, mais il n'y avait absolument aucun dogme. Aucun. Mais c'est la vie, ça. L'inflation est un autre sujet. Une guerre, moi, je n'ai pas d'affaires en Ukraine, donc tant mieux pour nous. Le télétravail, ça veut dire quoi quand on a 5 personnes sans job posté au milieu de l'heure éloire ? Ça ne veut rien dire. Quand on a la siège sociale, oui, ça se discute. Tu vois, c'est un peu tout ça qui est à... Donc, on a passé... Moi, j'ai vraiment ça, le savoir dissocier. Et puis après, de la cohérence. Parce que ce que je viens de dire n'est pas facteur de cohérence, sauf si on explique bien pourquoi on fait ça. Parfois, ça peut être considéré comme inéquitable. Pas juste. C'est vrai. Moi, j'y peux rien. Mais dans l'aéronautique, on était fermés. Dans l'agroalimentaire, il fallait bosser. Donc il fallait que ma DRH prenne, enfin pas que ma DRH, mais que les équipes prennent soin de tous les ouvriers qui venaient assurer le minimum d'aéronautique s'ils étaient malins. Et pendant ce temps, je ne demandais pas à ceux qui étaient dans la grotte de l'hôpital s'ils avaient le Covid ou pas. Les gars, il faut sortir. Enfin, ce n'est même pas moi qui leur ai demandé. C'est eux qui, spontanément, nous ont dit mais on ne va pas laisser la France crever de faim. Tu vois, c'est ça que je veux dire. Puis confiance dans les hommes. Voilà, le dernier sujet, c'est la confiance dans les hommes. Mais c'est le pendant de problèmes simples, compliqués, experts. C'est-à-dire une fois que tu connais tes équipes, etc., il faut leur faire confiance.

  • Speaker #0

    Et je voudrais parler un peu de ta famille. On en a parlé un peu, tu as évoqué tes enfants, tes cinq enfants, qui sont quasiment tous entrepreneurs aujourd'hui, dont certains sont devenus quand même reconnus. On pense notamment à ton fils Thibault qui a cofondé Bag Market. Et puis plus récemment, on a entendu ton dernier fils Thomas, avec son bouleverse en film Promesses, qui retrace justement tout le parcours de ta fille Lorraine qui est décédée d'une leucémie. Je voudrais parler plutôt de les valeurs entrepreneuriales. pense que tu leur as inculqué ? Est-ce que tu penses que déjà, toi, tu as transmis cette fibre entrepreneuriale à tes enfants ? Et si oui, comment ?

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #2

    est-ce qu'ils sont tous entrepreneurs ? Je ne sais pas. En tout cas, je souhaite tous qu'ils soient libres de l'être ou de ne pas l'être.

  • Speaker #1

    On va dire comme ça. Mais la réussite la plus... Alors, tu me parles de Thibault, évidemment. Mais celui qui a fait une réussite extrêmement rapide, c'est Com avec Mojo. Et bon, après, il a pris sa distance, il a quitté l'entreprise, mais il s'est été extrêmement rapide et ça m'a impressionné parce que... J'étais très impressionné. Le père Secours de Combes m'impressionne, Thibault aussi, mais pour d'autres raisons. Il m'impressionne parce qu'il s'est mis en zone d'inconfort.

  • Speaker #0

    À quel niveau ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire qu'il a une pression, un travail considéré, etc. Donc, je suis vraiment très admiratif de ça. Alors, Thibault, il est dans une situation assez... C'est incroyable parce que le back market aujourd'hui c'est une des licornes françaises et ça marche très bien et c'est international. Thibaut il sait très bien s'entourer, il va très vite et il prend des risques, des chances. Marine a été aussi à un moment dans le comex de Kipling, mais elle nous dit très clairement j'ai envie d'avoir un équilibre familial, c'est vraiment choisi de sa part. Elle dit, j'ai pas envie de prendre une direction générale. Elle a eu plusieurs occasions de le faire, elle a pas voulu. Et je trouve ça très respectable. C'est pour ça que je suis très admiratif, parce que je trouve que c'est très difficile de dire à un moment, on essaie de te séduire, etc., sur le fait de prendre un truc. Et elle était vraiment, sans doute, une personne très adaptée à faire ce poste. J'en ai aucun doute là-dessus. Mais elle dit, c'est pas mon choix et il faut le respecter. Je crois que c'est très important. Alors Thomas, lui, il est un petit peu à la croisée des chemins, puisqu'il a mis 7 ans à faire ce film pour Lorraine. Il a donc appris un nouveau métier, il est sorti de son école. Lorraine qui est sa soeur jumelle, qui avait commencé un film, donc c'est pour ça qu'ils sont co-réalisateurs, même si elle est partie. Et Promesses est un film absolument... Enfin, il a fait vraiment un travail de fond, mais qui nous a surpris parce que c'est un film en même temps familial. C'est un film sur Lorraine, bien sûr, et son courage, et en même temps familial.

  • Speaker #0

    Parce qu'on vous retrouve tous témoignants devant la caméra, dans la manière dont vous avez vécu cette maladie. Très très émouvant. Oui,

  • Speaker #1

    moi je trouve que c'est un très beau film, très réussi et très abouti, avec le principe de départ. Et je suis très amusé de ce qu'il a fait. Et puis en même parallèle, ce petit coquin, il avait rejoint son cousin, qui est mon fille en même temps, Nicolas, qui avait créé la vie. La vie, c'est... Du bacon végétal, du jambon végétal, tout ce qui est protéines, qui a été démarré à Paris, qui est aussi maintenant dans les grandes surfaces, dans la restauration, et Thomas n'y est pas pour rien. Il s'occupe du commercial de la vie et je crois qu'il était assez percutant. Et puis, surtout, il s'est marié avec Léonie et ils ont eu un premier bébé. Et puis là, ils attendent, donc c'est eux qui attendent le second. Donc on est dans une situation où Léonie aussi a envie d'entreprendre. Astride a aussi créé ses activités, la femme de Thibault. Donc le cocon familial est assez entreprenant. Pas forcément entrepreneur, mais entreprenant. Et je crois que, pour répondre à ta question, je crois qu'il y a de la joie dans l'entreprendre. Moi, je suis toujours terriblement triste quand je vois des entrepreneurs qui passent leur temps à faire la litanie des problèmes. Mais si ça ne leur va pas, il faut qu'ils s'en aillent. On ne peut pas faire la litanie des problèmes auprès de ses clients en permanence. Sinon, il y a un moment, les clients s'en vont, les collaborateurs s'en vont, les banquiers s'en vont. Il y a un moment, ça se finit mal. Alors parfois il n'y a pas de pot, parfois c'est difficile. Mais on peut rebondir, etc. Moi, je crois que c'est ça que je pense qu'ils ont vu. Je n'aurais pas dit, mais c'est ça qu'ils ont vu chez nous. Ils ont vu qu'on pouvait se casser la gueule. Ils savaient que, alors Thibault l'a dit assez clairement, que si jamais ils se cassaient la figure, on les aiderait à rebondir si on pouvait le faire. C'est vrai.

  • Speaker #2

    On ne peut pas dire le contraire.

  • Speaker #1

    Mais en même temps, ils n'y comptent pas du tout. Ils font leur parcours de leur côté. parfois je suis actionnaire chez eux, parfois non et ça se respecte, on a fait une ligne familiale des participations dans la famille ou pas,

  • Speaker #0

    ça dépend ils viennent vous voir quand ils ont des projets ?

  • Speaker #1

    Certains.

  • Speaker #0

    Oui, pas tous.

  • Speaker #2

    Pas tous.

  • Speaker #1

    Non, et puis on va dire que maintenant,

  • Speaker #2

    il s'affaire. Il s'affaire. Non, il s'en croit, il s'affaire.

  • Speaker #1

    Non, il y a des moments, on a voulu, lorsqu'on a pris l'entreprise familiale, parce qu'elle avait aussi l'objectif d'aider Revenu à Lorraine, dont on savait qu'elle serait quand même assez handicapée dans la vie, même si elle avait survécu. On a beaucoup parlé de la philosophie, de ce qu'on devait faire. Et on a dit, ce qu'on cherche, ce n'est pas de la rentabilité à tout prix, c'est d'aider des beaux projets. Alors, le hasard fait que, je constate, et je dis ça, c'est pas un bain parce que je suis Je suis en même temps, j'ai participation dans des fonds, etc. Pas beaucoup. Et j'en aurais de moins en moins. Parce que je trouve que mes enfants et ma famille au sens large, je réussis mieux que mes fonds. Non, mais j'y sors de l'aigle. Parce que je suis très... Voilà, ça a plus de sens. Je taquine parce que toi, il y en a qui marchent très bien. Mais vraiment, une équipe dirigeante, voire un dirigeant. Alors maintenant, ils sont beaucoup co-entrepreneurs, tous. Ils sont co-fondateurs. Et alors moi, au début, mon modèle, ça n'allait pas, ça. Parce qu'il faut un responsable, quand même, si jamais. et Et en fait, c'est la vie. Et c'est bien, en fait, parce que si jamais il y en a un qui béquille, les autres... Le problème, c'est qu'il faut prévoir quand même le cas où ils ne s'entendent plus très bien. Bon, c'est tout. C'est le seul sujet. Il faut prévoir ce cas-là, parce que quand il arrive... Et ce n'est pas forcément parce que deux associés ne s'entendent plus bien. C'est parce qu'entre-temps, il y en a un qui s'est marié, que le projet de vie n'est plus le même. Il y en a un qui veut partir, parce que je ne sais pas quoi. En tout cas, il y a des raisons qui ne sont pas des raisons forcément négatives, mais qui font qu'il faut pouvoir se séparer simplement.

  • Speaker #0

    Et si on revient justement sur les preuves de la maladie de ta fille Lorraine ? Comment est-ce que toi, tu as vécu cette épreuve et l'issue de cette épreuve en tant que dirigeant ?

  • Speaker #1

    Ah, en tant que dirigeant, en tant que papa. En tant que dirigeant, en tant que papa, c'est la plus grande épreuve que tu puisses avoir. Oui, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de douleurs. Mais je dis toujours qu'on a eu la chance que Lorraine, par son rayonnement solaire, son espérance a été... Pas toujours, mais souvent, source d'énergie positive, de paix. Malgré qu'elle soit mal, etc. Malgré tout ça.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, on le voit bien dans le film, donc je n'ai pas besoin d'épiloguer là-dessus.

  • Speaker #1

    En tant que dirigeant, là, il faut vraiment avoir un cerveau qui se coupe en deux. Moi, je me souviens, d'ailleurs, je le dis dans le film. le film j'avais heureusement un peu de route jusqu'à montoir bon quand on venait sur nos bureaux de nantes c'était un peu moins vrai j'arrivais j'ai fait j'ai la banane quoi parce que les gens si on s'inquiète il voit très bien sûr les boîtes va pas bien parce qu'ils pensent plus à ta famille pense la plupart des gens sont quand même assez égocentré quand même pense à lui mais si si en tant que patron il fait la tête c'est qu'il ya un truc crabe qui se passe donc moi je rentrais j'avais une assistante génial martine mon ange gardien dans l'entreprise, qui de temps en temps me disait, parce que je venais un peu moins de temps en temps, le soir, je refusais tous les trucs extérieurs pour aller voir Lorraine à l'hôpital. Donc j'ai quand même beaucoup moins... J'ai travaillé beaucoup, mais beaucoup moins efficacement, on va dire ça comme ça. Et elle me disait, bon, là, il faut que tu voies quelqu'un. Et je suis là parce que je pense qu'il y a un petit truc qui ne va pas. Elle était très fine.

  • Speaker #2

    Elle m'a beaucoup aidé.

  • Speaker #0

    T'as jamais eu envie de couper ?

  • Speaker #1

    Non, c'était un facteur d'équilibre. Ça fait que dans l'équilibre, quand l'entreprise... Quand tu viens dans une entreprise où les gens sont fantastiques, tu as plutôt envie de continuer à travailler. Et puis, de toute façon, tu ne peux pas. Point. Et à un moment, c'est aussi... Tu as une responsabilité, quoi. C'est une source de... Alors, par contre, moi, je sais simplement une chose, c'est que si j'avais été très malade... J'avais été frappé par papa quand il a eu son cancer. S'il avait été très malade, je pense que je n'aurais pas accéléré la nicola plus tôt. Parce qu'il faut être responsable.

  • Speaker #0

    Tu ne te serais pas jamais. Il y a un moment,

  • Speaker #1

    tu peux prendre certaines décisions.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Alors, bon, ça se discute. Ce n'est pas si blanc noir que ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'appliquais aussi ce mantra, entre guillemets, quand tu rentrais en famille et quand tu retrouvais tes enfants ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Il est toujours positif.

  • Speaker #1

    Alors, positif, c'est difficile. Parce qu'on ne va pas se dire, on va se marrer parce qu'on vient d'avoir une très mauvaise nouvelle sur les globules blancs de Lorraine. c'est pas drôle mais quand j'allais voir Lorraine je savais qu'elle avait une journée difficile avec les médecins, etc. Heureusement, très accompagnée par Valérie, que j'étais le dernier qu'elle voyait avant la nuit. C'était comme ça, parce que moi, c'était au retour. Donc, j'avais eu un droit pour les médecins de venir un peu tard. Les angoisses de la nuit pour un malade dans un service, surtout quand on en se tire, etc., c'est quelque chose de très difficile. Donc, il fallait que j'aille à peu près bien, alors que je l'ai épuisé. Mais, en même temps, Lauren était tellement fine qu'elle voyait. bien quand je n'avais pas bien. Et je me suis aperçu qu'en fait, elle ne me sentait pas en vérité quand je faisais trop. Donc, de temps en temps, on parlait de l'entreprise, on parlait de... ça, je ne l'ai jamais trop dit, mais on parlait de sujets. Je me suis mis à son avis parce qu'elle était psychologue de formation, enfin elle était en cours. Et puis, elle a cette aptitude, elle avait vraiment... c'est drôle, je n'arrive jamais à faire un imparfait. Et donc, elle avait des conseils marrants, c'était assez fin. Et du coup, ça faisait appartenir au monde des vivants ? Elle avait encore une connexion avec le réel.

  • Speaker #0

    Le quotidien, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc j'ai changé d'avis là-dessus. J'ai changé de comportement. Bon, pas tout le temps, mais parfois, elle a besoin simplement d'accompagner. Puis de temps en temps, juste de regarder un petit film, un DVD.

  • Speaker #0

    Et l'après ? Comment est-ce que tu as fait pour mondial après ? Après sa mort ?

  • Speaker #1

    Ah ! Pour reprendre la vie telle qu'elle est ? Je pense que c'est toujours un sujet. Bon, ma foi m'aide, parce que je sais qu'aussi elle est partie avec cette foi. Donc on se retrouvera, voilà. J'en suis... convaincu et espérant.

  • Speaker #0

    On le voit beaucoup, c'est dans le film aussi, son cheminement.

  • Speaker #1

    On le voit un peu dans le film, mais en fait, toute la famille a fait un cheminement, plus ou moins. Thomas dit dans le film qu'à l'époque, il ne croyait pas. Il dit aujourd'hui qu'il est bien sûr beaucoup plus croyant.

  • Speaker #2

    S'il le dit à la fin de ses quotidiens, on se retrouvera.

  • Speaker #1

    En fait, si tu veux, je pense que, là, on parle d'un sujet qui est très compliqué. On était très en face, toute la famille, au moment de l'accompagnement de la maladie de Lorraine. Et on a toujours été en face. Chacun avec des sensibilités différentes. Parfois, certains étaient loin. Thibaut est à Lille ou Thomas en Australie. Mais on a toujours été en phase et on partageait les choses. On le voit bien dans le film, d'ailleurs. Les rendez-vous médicaux,

  • Speaker #2

    on enregistrait pour l'expert. Du médecin nous prit pour des fous,

  • Speaker #1

    mais c'était capital puisque c'était le cocooning de Lorraine derrière. Par contre, le deuil, on vit différemment les choses. Moi, j'ai eu la chance très vite d'être dans l'espérance et j'ai dit, elle veille sur nous. Pour Valérie, ça a sans doute été un peu plus compliqué. D'ailleurs, elle le dit dans son livre, c'est pour ça que je le permets. Parce que c'est sa fille qui lui manque et on n'est pas dans l'espérance. Ça, Saragosse nous a permis de nous réunifier là-dessus. Ça a mis du temps quand même. Saragosse, c'était 2 euros et le Parle-Lorraine, c'était en 2016. Donc 19 juin 2016. Voilà, puis on en reparle tous ensemble, tous les ans. On échange beaucoup parce que ça nous permet d'être en vérité, de la faire vivre. Et puis on sait qu'elle va être sur nous. Puis les petits-enfants arrivent. Ils sont la vie. et il y a un moment où on n'est plus enfermé par le souvenir de Lorraine, on est porté par l'espérance qu'elle incarne. En tout cas, c'est mon sentiment. De plus en plus. Ça n'empêche pas qu'à un moment, elle nous manque.

  • Speaker #0

    Vous continuez ce combat à travers ces associations ?

  • Speaker #1

    En fait, chacun a choisi des terrains de jeu, si je puis dire. Je ne sais pas si c'est des jeux, mais des terrains de jeu. Thibault a beaucoup, tout ce qui est médical, la même sensibilité au médical pour Marine. Non, je ne vais pas faire une litanie comme ça, mais Thomas est beaucoup plus dans le soutien des associations. Parce que le film l'a demandé, en fait le film est payé aujourd'hui, il dit bon bah il faut qu'il vous serve à pouvoir parler des problèmes pour accélérer le don d'eau de moelle, l'aide à la recherche, etc. Donc il est plus éclectique si je puis dire, mais il ne pilote pas une association, il aurait pu faire un choix comme ça mais pas du tout. Il dit il y a suffisamment de choses sur le... Sur le marché, je ne devrais pas dire ça comme ça, mais acteur. Mais tu vois, par exemple, là, il va participer aux Assises du Deuil dans peu de temps. Ce n'est pas quelque chose de facile, mais en même temps, c'est bien qu'il soit un jeune qui soit là. Et Combes s'occupe beaucoup, beaucoup des petits-enfants, de façon merveilleuse. Je crois qu'on a chacun notre truc. Et puis nous, on a notre démarche spirituelle. On s'engage avec Valérie à aider des gens qui accompagnent. Valérie s'occupe beaucoup de l'accueil de gens qui sont dans la souffrance. Mais de façon simple, pas de façon compliquée. passer un peu de temps. Surtout, on commence à avoir des copains de nos âges qui sont confrontés au deuil.

  • Speaker #0

    Merci Bruno, pour aujourd'hui. Merci pour cet échange, c'était hyper riche. Quelle vie incroyable. Quel parcours de vie. Quelle chance. Merci pour tout ce que tu nous as partagé aujourd'hui. A très bientôt. A bientôt. et que vous avez 20 secondes devant vous, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire en dessous du podcast. C'est grâce à ça que vous m'aidez à le faire connaître et grandir. Si vous venez juste de découvrir cette émission, sachez qu'il y a plus d'une soixantaine d'épisodes enregistrés avec de nombreux invités nantais passionnants et plein d'autres formats sur l'actualité d'ici, disponibles sur votre plateforme d'écoute préférée. Pour suivre toute l'actualité du podcast, Retrouvez-nous sur Instagram et Facebook ou suivez-moi sur LinkedIn. Bref, en deux mots, abonnez-vous au podcast, écrivez-moi, partagez, c'est ce qui fait vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Merci !

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Mon invité a dirigé pendant 27 ans l’un des plus grands groupes français de logistique, IDEA, qu’il a transformé avec audace, vision et humanité.


Mais au-delà de son parcours de dirigeant engagé, Bruno Hug de Larauze, c’est aussi une histoire de résilience, de transmission, de famille et d’optimisme contagieux.


Dans cet échange sincère et profond, il nous partage ce qui l’a guidé tout au long de sa vie : la force du collectif, l’importance de rester fidèle à ses valeurs, la capacité à traverser les épreuves et à en faire une source d’énergie.

Sa joie de vivre et son regard plein d’espérance donnent envie de croire en un avenir plus lumineux.


Un témoignage inspirant qui résonne bien au-delà du monde de l’entreprise, et qui, je l’espère, vous touchera autant qu’il m’a touchée.


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Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, je suis Eleonore Vigneron et je suis ravie de vous accueillir sur Rayon Nantes. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de personnalités inspirantes qui rythment l'actualité ou l'innovation à Nantes et dans la région. Ensemble, nous discutons de leur parcours de vie, de l'origine de leurs projets et de leur vision de l'entrepreneuriat à Nantes. Réunante, un podcast original à écouter quand vous le voulez sur toutes vos plateformes de podcast. Mon invité aujourd'hui a dirigé pendant 27 ans l'un des plus grands groupes français de logistique, IDEA, qui l'a transformé avec audace, vision et humanité. Mais au-delà de son parcours de dirigeant engagé, Bruno Hugues de Larose, c'est aussi une histoire de résilience, de transmission, de famille et d'optimisme contagieux. Dans cet échange sincère et profond, il nous partage ce qui l'a guidé tout au long de sa vie. La force du collectif, l'importance de rester fidèle à ses valeurs, la capacité à traverser les épreuves et en faire une source d'énergie. Sa joie de vivre, son regard plein d'espérance donne envie de croire en un avenir plus lumineux. Bref, je vous laisse écouter ce témoignage inspirant qui résonne bien au-delà du monde de l'entreprise et qui, je l'espère, vous touchera autant qu'il m'a touchée. Bonjour Bruno.

  • Speaker #1

    Bonjour Eleanor.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rayonnante.

  • Speaker #1

    Merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    C'est moi qui suis ravie de t'accueillir, je suis très heureuse de te recevoir ce matin Bruno. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    On ne peut mieux. On est dans une ville sympa, avec des gens sympas. Et je trouve dans une actualité qui est un petit peu, on va dire, chamboulée, il faut être des facteurs d'espérance.

  • Speaker #0

    Beau message, c'est bien, ça lance l'épisode. Bruno, tu as marqué le monde de la logistique pendant des années en dirigeant le groupe IDEA, et puis tu as quitté ce groupe il y a un peu plus d'un an et demi maintenant. Comment est-ce que tu vis cette nouvelle vie ?

  • Speaker #1

    C'est un groupe particulier, c'est un groupe qui était une coopérative au départ qui faisait du portuaire et aujourd'hui la grande majorité de l'activité d'IDEA c'est de la logistique industrielle. J'ai dirigé ce groupe pendant 27 ans mais très vite j'ai été rejoint par un garçon super Nicolas Delraud qui a pris ma suite et on a donc fait un binôme je crois assez sympa avec des bonnes valeurs ensemble. IDEA juste en un mot aujourd'hui c'est 2500 personnes, 85 sites en France et l'objectif d'IDEA avant tout c'est de consoler l'idée. Des sites industriels en France, que ce soit pour des acteurs français ou étrangers, en s'occupant de la logistique de tout ce qui est en amont, tout ce qui est en aval. En amont, on préassemble, en aval, on peut emballer et on transporte tout ça. Et puis on a toujours une activité portuaire.

  • Speaker #2

    27 ans, c'est beaucoup.

  • Speaker #1

    Et donc, il y a un moment où je pense qu'on n'a pas simplement que l'âge de César Terre, puisque j'ai eu la chance de diriger ce groupe à Gécom. commencé à 36 ans, mais on a l'âge de ses mandats. C'est quelque chose qui m'a beaucoup animé dans toute ma carrière professionnelle. C'est que, je ne sais pas s'il vaut mieux frustrer que lasser, mais en tout cas, il y a un moment où on se considère un petit peu dépassé. Du coup, ça demande un vrai chemin d'humilité. C'est un mot-clé maintenant sur lequel j'ai pas mal travaillé. Et de dire, d'autres sont meilleurs. C'est aussi simple que ça. Il faut se dire que d'autres sont meilleurs. Il y a des nouvelles équipes.

  • Speaker #0

    C'est facile d'accepter ça ?

  • Speaker #1

    Non, je ne sais pas si c'est pas facile. Mais C'est comme ce n'est pas facile de grandir avec l'ombre d'un père. Ce n'est pas facile. C'est un sujet qu'on a partout. Mais moi, je suis convaincu que justement, c'est au seigneur de prendre un moment, sans aucune ambiguïté, la décision de dire, arrêtons de penser qu'on a besoin de conseiller des gens de 50 ans ou 40 ans. Soit ils sont bons et à la limite, on va les gêner. Soit ils ne sont pas bons et à ce moment-là, il faut plutôt changer autre chose. Mais ce n'est pas soi qui, en restant jusqu'à 70 ans, 75 ans, 80 ans, va pouvoir sceller l'avenir de l'entreprise.

  • Speaker #2

    Et c'est très basique.

  • Speaker #1

    Le contact des gens que tu as, ton réseau, il change. Ce qui m'a vraiment décidé, c'est ce qui s'est passé au moment du Covid et puis la suite. Covid, inflation, guerre. J'avais des copains qui étaient un peu plus vieux que moi. Et quand on parlait de direction d'entreprise avec eux, qui étaient dirigeants aussi, je voyais vraiment qu'ils ne connaissaient pas tout ce qui était télétravail. Ils n'étaient plus dans le coup. Ils n'avaient plus les référents. C'était des gens extraordinaires, mais qui n'étaient plus dans le coup. Alors qu'en plus ça s'est terminé chez nous par une cyberattaque chez l'IA, une cyberattaque majeure,

  • Speaker #2

    et bien là ça a été le coup de grâce. Heureusement que la décision était déjà prise avant.

  • Speaker #1

    Mais vraiment, et aujourd'hui c'est l'IA et demain ce sera autre chose. Donc il faut vraiment avoir la lucidité de dire qu'on n'est plus dans le coup, et par contre il faut préparer la suite.

  • Speaker #0

    Ça a pris combien de temps de la préparer ?

  • Speaker #1

    Et bien avec Nicolas, nous travaillons ensemble depuis 20 ans, mais il est rentré en 31 ans pour démarrer de la logistique industrielle dans le groupe, qui était une des divisions, c'est toujours une division du groupe, mais la plus grosse maintenant. On a fait une co-direction générale, je dirais... entre le pressenti et l'officiel, c'est-à-dire le moment où je me suis dit « C'est à toi, si tu en es au corps » , et l'officiel, on a fait une bonne dizaine d'années ensemble.

  • Speaker #0

    Donc ça vous a laissé le temps tous les deux d'avancer ensemble.

  • Speaker #1

    Mais on est passé par une étape de patron, que j'étais en tant que PDG du groupe, je l'ai nommé d'abord directeur général délégué, et ensuite directeur général, et on a fait une co-DG. C'était extraordinaire, parce que c'est une chance, parce que du coup... On ne prenait jamais une décision importante sans en parler. Mais par contre, toutes les décisions du quotidien, chacun les prenait dans son périmètre. Et on n'a jamais eu une feuille de papier à cigarette vis-à-vis de l'extérieur sur ce qu'on faisait l'un ou l'autre. Jamais. C'était trop grave de pouvoir dire qu'à un moment, surtout que les gens regardent ça à la loupe, « Mais tu penses quoi ? Il a dit ça ? » Si il te l'a dit, c'est que c'est ça. Il ne faut pas qu'il y ait d'ambiguïté, c'est vraiment essentiel. C'est un petit peu comme des parents qui éduquent un enfant. L'enfant va essayer de regarder le parent qui lui permettra de sortir un peu plus, etc. Et s'il n'y a pas une solidarité des parents, ça fait un petit sujet quand même. Alors, ça peut être beaucoup plus grave pour les entreprises. Enfin, plus grave, je ne sais pas, mais en tout cas, ça peut être plus... Ça peut être plus important parce qu'on ne sait pas jusqu'où ça va, la démultiplication des divisions. Par ailleurs, il y a une cohérence avec les valeurs que nous avons dans le groupe.

  • Speaker #0

    Oui, et même pour les collaborateurs de l'entreprise, ça a été plus, j'imagine, facile d'accepter aussi votre départ.

  • Speaker #1

    Oui, alors...

  • Speaker #0

    Vu qu'il y avait une suite logique qui était préparée depuis des années.

  • Speaker #1

    Alors bon, ce n'était pas une surprise.

  • Speaker #2

    Ça tombait comme un fruit mûr, si je puis dire.

  • Speaker #1

    Non, la question qu'ils ont aujourd'hui, c'est « et après ? » Parce que Nicolas a 10 ans de moins que moi, donc on est quand même assez proches. Bon, il a encore du temps. Mais effectivement, comme c'est un groupe autonome, nous n'avons pas d'actionnaire extérieur. Les seuls actionnaires, c'est les managers, la direction générale de l'entreprise. Lui et moi, on est à parité. Un fonds commun de placement offert à tous les salariés. Et puis la SCOP, qui est la holding majoritaire. Et la SCOP qui elle-même appartient à ses salariés. Donc on est vraiment autonome, totalement indépendant. C'est assez rare comme modèle,

  • Speaker #2

    c'est très précieux.

  • Speaker #1

    Mais ça veut dire que quand on nomme un dirigeant, il a relativement peu de contrefeu si l'entreprise ne s'ouvre pas spontanément, si le fonctionnement ne s'ouvre pas spontanément, ça ne marche pas très bien. Et c'est pour ça qu'on a eu à cœur de créer un comité stratégique il y a quelque temps et à cœur de faire des partenariats parce que vraiment, les activités de gouvernance où on est auto-centré, auto-suffisant et sûr d'être les meilleurs du monde, ça se finit généralement très très très très mal. Bon, et donc il faut faire attention à ça.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu es encore consulté aujourd'hui dans les décisions opérationnelles et stratégiques ?

  • Speaker #1

    Ah, surtout pas.

  • Speaker #0

    Surtout pas ?

  • Speaker #1

    Alors stratégique peut-être, mais opérationnelle surtout pas. Quand j'ai pris ma retraite, j'ai veillé à Nicolas, je démissionne de tous mes mandats, parce que je préside un certain nombre de filiales et de structures, et je quitte le conseil d'administration. Je pense vraiment qu'il y a des cas particuliers, mais... La plupart des structures duales où le président de conseil de surveillance est un vieux seigneur, et je dis ça, c'est pas du tout péjoratif, et c'est le fiston ou la fille ou je sais pas quoi, ou un extérieur qui est directeur salarié, c'est ambigu. Et du coup, comme les gens bien élevés veulent pas tuer leur père, il y a une ambiguïté qui crée de la frustration, voire parfois des sujets très compliqués à gérer ensuite. Donc moi j'avais dit à Nico, je pars de tout, je te fais confiance, on fait un point tous les six mois,

  • Speaker #2

    tous les deux, en tête à tête.

  • Speaker #1

    Pourquoi avoir de la tête ? Simplement pour que je puisse lui dire la vérité de ce que je pense et qu'il puisse me dire la vérité de ce qu'il pense. Parce que si on le fait devant d'autres personnes et qu'ils me parlent de ses doutes, alors que ça met en cause une équipe, une activité, etc., il n'aura pas la même liberté.

  • Speaker #2

    Mais ça va s'estomper aussi.

  • Speaker #1

    Et on s'est engagé d'ailleurs à faciliter la transmission au suivant. On a même fait des pactes ensemble, de manière à ce qu'effectivement l'entreprise puisse s'autonomiser, plutôt que d'avoir uniquement un enrichissement personnel sans fin. comme tout patron d'entreprise qui a plutôt bien marché dans son développement. Donc tout ça, ça demande de s'ajuster.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que toi, du coup, tu occupes tes journées depuis un an et demi ? Est-ce que ça a été complexe de passer d'une vie active riche à une vie peut-être plus oisive ?

  • Speaker #1

    Je vais te répondre un peu longuement, mais si je devais dire un mot, est-ce que ça a été facile ? Plutôt oui, mais avec des moments où c'est un peu dur. Voilà, je vais le dire comme ça. Mais si je détaille, en fait, la caractéristique de ma vie professionnelle, de ma vie tout court, c'est d'avoir été très gâté par la vie. Je le dis très sincèrement, j'ai eu beaucoup de chance. Très gâté par la vie, pas forcément épargné. On a perdu notre fille, notamment, qui nous a mis. Ça a été vraiment très dur, l'oreille. Je me souviens, mon père était entrepreneur, qui a eu aussi un cancer et une dépression. Et l'entreprise a été cédée. Il s'est retrouvé dans une situation beaucoup plus difficile après. Mais en même temps, ça m'a libéré. Comme ça, au moins, j'étais libre de faire ce que je voulais après. mais ce que je dis après je vais remercier Et je le pense sincèrement. Et c'est pour ça que, d'ailleurs, j'ai toujours eu à cœur, mais on en parlera après, peut-être de jamais dire aux enfants qu'ils rentreraient dans l'entreprise. D'abord, c'était une coopérative, je l'ai dit. Ils la connaissent, ils ont fait des stages. Mais j'ai dit, oui, chacun. Au moins deux d'entre eux m'ont dit, mais c'est une chance pour nous de dire que tu nous soutiens pour l'entrepreneuriat de ce qu'on veut faire, mais que du coup, on est libre. C'est vraiment très intéressant. Alors j'en viens à ta question quand même, c'est-à-dire que mon engagement pour l'entreprise était l'un de mes engagements. L'engagement principal, c'est quand même celui de mari et de père de famille. Le second est de fils et de frère, etc. Mais je dis ça, c'est sérieux, parce qu'au moment de la retraite, c'est celui qui va prendre le pas sur la vie professionnelle. Donc si on ne cultive pas ça, il y a un moment, au moment de la retraite, c'est un peu dourd. Nous, on avait la chance d'avoir pu réfléchir à ça, malheureusement, pour les raisons qu'on connaissait sur la maladie de Lorraine. Le deuxième sujet, c'est que j'avais un tas de mandats à l'extérieur. Des mandats sociétaux sur le territoire, on en reviendra peut-être un peu. Et donc j'avais déjà été initié... Au fait d'arrêter quelque chose et de ne jamais avoir un mot sur les successeurs. C'est une règle de base que j'ai eue quand j'ai quitté la présidence de la chambre ou d'autres choses, enfin peu importe. Tu viens, tu pars, tu fermes ta bouche pour ne pas dire tu fermes ta gueule. Et c'est vraiment très important et quand je dis ça, c'est y compris dans les regards, y compris dans les retards. Et souvent on me dit mais on ne voit plus, tu désintéresses du sujet. Non, ce n'est pas que je me désintéresse du sujet, c'est que je ne veux pas gêner la gouvernance qui elle a les éléments que moi je n'ai pas. Je suis toujours très étonné par tous ces retraités qui donnent des avis aux jeunes. Je dis vraiment, qu'ils puissent donner des conseils, réagir avec eux, oui, mais des avis définitifs, je me dis, ils n'ont pas tous les éléments quand même pour juger. Et donc ça m'avait préparé tout ça. Et puis par ailleurs, je suis un chrétien catholique, à vocation équiménique, donc ouvert à un certain nombre de sujets. Et donc nous sommes partis avec Valérie, ma femme, il y a deux ans, à Saragosse, trois mois, dans une abbaye. avec à 140 personnes, 14 nationalités de tout âge, pour nous former, nous préparer, réfléchir à ce qu'on voulait faire ensemble dans notre seconde vie. Puis j'ai continué avec une retraite en silence. Et c'est très important parce que, indépendamment du fait que, effectivement, ma foi se consolide, en tout cas je l'espère, mais ça me permet vraiment de réfléchir, ça veut dire quoi aimer les autres, ça veut dire quoi l'essentiel de la vie. Et puis, effectivement, on a eu aussi une chance, c'est qu'on a aujourd'hui sept... Petit enfant ennemi, il y en a un huitième en cours qui va arriver. Et donc, effectivement, on a une joie de les accueillir. Alors, c'est un sujet qui est compliqué, ça. Parce qu'il faudrait disponibiliser quasiment tout le temps des grands-parents, avec les périodes scolaires, les vaches, etc. Enfin, tout le temps, j'exagère, mais comme il y a plusieurs familles, ça revient assez souvent. Et puis, en même temps, il faut qu'on ait notre vie. Moi, j'ai aussi une vie de loisir. Tu m'as posé la question de loisir. Alors, ça revient aussi, parce que j'aime bien naviguer. On a racheté un bateau avec un ami et on navigue en famille ou avec des autres amis. Et puis enfin, j'ai pas mal d'amis qui sont touchés par la maladie, la séparation. Enfin bref, des situations un peu compliquées. Je me dis que c'est aussi mon rôle de les aider.

  • Speaker #0

    Une vie quand même bien remplie.

  • Speaker #1

    C'est une vie remplie. C'est une vie plus engagée que d'engagement. Je ne sais pas comment le dire. C'est-à-dire que j'accepte aujourd'hui de ne plus être le pilote stratège, mais plutôt de dire... Écoute, voilà, tu t'es engagé auprès de ta famille, etc. Tu ne choisis pas le jour et l'heure. Tu t'es engagé auprès de tes amis, tu ne choisis pas le jour et l'heure. Et puis, alors, j'ai gardé une activité économique, on va dire, relative. J'ai encore une dizaine de mandats,

  • Speaker #2

    donc c'est encore relatif.

  • Speaker #1

    Mais je suis d'ailleurs vice-président de la Banque Populaire Grand Ouest et président du comité d'audit. Donc, c'est un sujet important. On a fait la fusion de l'aide de banque. Et puis, en ce moment, les banques sont quand même importantes pour le territoire. Et elles sont elles-mêmes touchées par un certain nombre d'évolutions réglementaires et conjoncturelles qui vont toucher les entreprises. Moi, c'est toujours l'entreprise qui a été mon... mandat. Puis je suis membre de comité stratégique d'entreprise, de TI et de start-up. Enfin, j'ai une quinzaine de participations que je suis on va dire plus ou moins selon les gens qui le font. Certaines, je suis très impliqué. D'autres, c'est un peu plus léger.

  • Speaker #0

    Si tu devais te présenter là aujourd'hui auprès des auditeurs, au-delà des titres, au-delà des activités, comment est-ce que tu le ferais ? Qu'est-ce que tu dirais sur toi ?

  • Speaker #1

    Je suis vraiment un homme en sens être humain comme beaucoup. Fils d'eux, avec toute une histoire familiale.

  • Speaker #0

    Bon, père mais ouais,

  • Speaker #1

    justement. Père 2, avec toute l'insertion familiale. Frère 2, avec une fraternité de gens très proches de sang, mais également de choix, notamment spirituels.

  • Speaker #0

    Tu as combien de frères et sœurs ?

  • Speaker #1

    Nous sommes 6. 6 ?

  • Speaker #0

    Ah ouais ? 6. Toi t'es le nouveau coulant ? Je suis né.

  • Speaker #1

    T'es né. J'ai un petit frère qui est le dernier et 4 sœurs autour, donc je peux dire qu'on est bien briefés. Mais voilà. Et puis acteur. Je considère que, et d'ailleurs c'est ça qui est le plus difficile par rapport à ta question précédente, c'est ça qui est le plus difficile, c'est vraiment de dire... Alors que j'ai toujours été acteur, plutôt décideur, on va le dire comme ça, accepté d'être un pion. Consulté ? Non, parce qu'il faut quand même un peu agir, mais ce n'est pas moi le leader. Et ça, c'est un chemin d'humilité qu'il faut décider. Parce qu'on vient sur un jarret te dire, tu pourrais faire ça, tu ferais ça, on a besoin de toi là, etc. Je me dis, mais non, je vais décider d'être au service de ce temps spirituel, ma serviette, je vais décider d'être au service. Je n'ai pas envie d'être le pilote, le patron.

  • Speaker #0

    Donc du coup, si je reprends un peu justement ton enfance, Tu n'es pas né à Nantes. tu es né à Neuilly. Et donc ton parcours familial a été marqué par cette histoire d'entreprise quand même, de résilience aussi, puisque ton père dirigeait ce groupe textile qu'il a revendu. Raconte-nous un peu cette enfance dans les grandes lignes et ce qui, toi, t'a marqué et peut-être façonné aussi ton parcours derrière.

  • Speaker #1

    Je te disais tout à l'heure, je suis né à Neuilly parce que ma maman était parisienne et bretonne et mon père était du sud-ouest. Quand ils se sont mariés, je suis le premier enfant qui est né là-bas, il se trouve que mon père a très vite... Papa c'est vraiment un homme qui était vraiment un bébé du sud-ouest quoi. Il était à Paris parce qu'il avait fait ses études là-bas, il avait fait HEC, bon c'est tout. Et il avait rencontré maman qui avait fait Sciences Po, ce qui à l'époque était plutôt des parcours on va dire entre guillemets d'élite, on va le dire comme ça. Et il y a un Au moment où il ne savait pas très bien ce qu'il allait faire, il a été appelé par son grand-oncle pour rejoindre le groupe familial où il a développé des activités commerciales. C'était un groupe qui s'appelle Absorba Poron, qui a été avant le plus gros groupe textile enfant leader européen. Qui fabriquait les... Oui, Absorba Poron, c'est des marques que... Absorba, il en reste un peu. Coup de cœur, Johnson, guitare, ça ne vous dit plus rien, moniteur non plus. Mais il y a eu un certain nombre de marques et c'était vraiment... c'était trois fois petit bateau. C'était un peu plus gros. Il y avait Lacoste à Troyes, il y avait Petit Bateau, il y avait le groupe Absorbapon. Et papa était un patron très social. C'est le premier à avoir mis le 13e mois dans l'entreprise Textiles, ce qui à l'époque avait été un peu... fatigué par ses pères, mais en même temps très international. Il avait ouvert en Tunisie, parce que sinon il n'y avait pas à produire, et qui avait industrialisé le groupe. Et il y a un moment, leur actionnariat familial très réparti a eu l'opportunité de faire pas mal d'argent, parce qu'il y avait des gens qui s'intéressaient au groupe au moment où il était rentré au second marché. Une partie de la famille a préféré prendre de l'argent là. Et donc, du jour au lendemain, papa s'est retrouvé, il a perdu la majorité, et il s'est retrouvé avec un racheteur qui n'était pas tout à fait celui qu'il avait choisi. Donc il a préféré partir. Ça a été un peu douloureux. D'autant plus qu'il venait d'avoir... Il avait un cancer à l'époque. Il a fait une dépression. Et moi, j'ai vu mon père qui était un espèce de... C'était un homme exceptionnel. Enfin, vraiment un très grand bonhomme. De souffrir beaucoup. Et il avait vraiment humilité sur humilité à faire. Sur tous les sujets. Et maman... Maman est exceptionnelle, je dois dire. Elle l'a bien accompagnée à ce moment-là. Mais elle-même avait un accident de voiture très grave avec papa quand j'avais 6 mois. On a fait une amputée et elle a été du coup tout le temps très handicapée. Et donc, je veux dire que moi, ça m'a marqué parce que je sais très bien que les choses ne durent pas éternellement.

  • Speaker #0

    Tu en as eu conscience très jeune.

  • Speaker #1

    Très jeune. Et puis, je me suis aperçu que l'actionnaire familial, c'est bien, mais il y a quelques limites quand même. La dégénération, ça se passe. Puis après, il y a d'autres priorités, ce qui est normal. Je ne critique pas du tout ça. Alors, les fonds financiers, eux, ils ont un temps de vision très court. On le sait. Généralement, c'est quelques années. 7-8 pour les meilleurs et souvent c'est plus court que ça les familles ça peut durer une génération 2 voire 3 mais la plupart du temps ça pose un problème ne serait-ce que parce qu'il faut payer les droits de succession ne serait-ce que parce que les priorités des uns des autres bougent et donc je m'étais dit quelque part dans la petite tête plus tard tu as envie d'être entrepreneur parce que moi je me souviens quand j'étais enfant j'allais parfois au lycée avec le chauffeur et la DS noire et du jour au lendemain il n'y avait plus rien et c'était la chance de ma vie Je suis parti aux Etats-Unis à peu près en même temps et là j'ai vécu un peu dans la pauvreté. C'était une grande chance parce que l'inflation avait fait que mon pouvoir d'achat était divisé par deux et comme papa ça n'allait pas très bien, je ne voulais rien demander. Et donc j'ai habitué avec des colocataires dans les endroits où il y avait de la drogue, de la violence, etc. Tu étais où aux Etats-Unis ? À Pittsburgh, qui est une ville vraiment très difficile. J'avais 18-19 ans, j'aurais pu très bien complètement vriller. Et je me suis dit tout ça, ça s'est passé en 2-3 ans. Et ça a été une chance, bon, ça s'est bien passé, j'ai trouvé difficile là-bas, ma petite amie d'époque est morte d'overdose, donc ça a été vraiment un des moments compliqués. Mais je me suis dit, écoute, avant tout c'est l'humain qui compte, c'était venu de l'éducation que j'avais reçue et de ce que j'avais pu découvrir. Et tu peux prendre ta vie en main, il y a un moment tu peux la prendre. Alors après j'ai retravaillé un parcours classique, j'avais fait une licence en droit et le M Lyon. Et puis je suis parti rentrer dans un grand groupe qui s'appelle Ford, qui est une entreprise géniale. Alors je vais travailler un peu dans d'autres boîtes avant, mais très peu. Et qui est une entreprise géniale parce que...

  • Speaker #0

    En France du coup, tu étais en France.

  • Speaker #1

    Alors j'étais en France et en Angleterre. En France, il se trouve que je faisais du conseil de gestion financière, tu vois, il y en a encore un.

  • Speaker #2

    Ça te rappelle ton mari. Et puis à m'avoir...

  • Speaker #0

    J'adore parce que c'est des gros virages. Tu as fait des études de droit, un million, un pré-finance. Ce n'est pas fini.

  • Speaker #1

    Ce qui s'est passé à ce moment-là, c'est que j'avais un patron exceptionnel. Enfin, pas un patron direct, mais il y avait le patron, le secrétaire général du groupe de Ford en France, qui est un petit exceptionnel, qui était un pied noir, qui a donc vécu, qui m'avait beaucoup parlé de l'Algérie, de la difficulté. On parle de la Slimanie aujourd'hui, les difficultés que ça pouvait avoir. Et il était merveilleux, d'une finesse. Et il était maire adjoint du 12e en même temps. Il avait un engagement politique. Il dit, ben voilà, j'ai été viré d'Algérie, mais comment j'ai un engagement politique ? Et je trouvais ça vachement... Je trouvais ça... Il me parlait des heures de ça. Et ce garçon, un jour, il y avait le responsable du recrutement chez Ford, mais un an et demi après ma rentrée dans le groupe, j'avais donc 23 ans, 24 ans, 25 ans, 25 ans, il me dit, ben, s'en va. Et il me dit, ben, écoute, prends le poste. Et moi, je me suis occupé du forum des recrutements. Donc, j'avais des grandes écoles avec ma grosse bagnole, mes machins, etc. J'étais le gamin. Les autres, ils avaient 20 ans de plus que moi, mes concurrents. Donc, je faisais un carton. Ça marchait super bien.

  • Speaker #2

    J'étais vachement fier. Et plus à ce moment-là,

  • Speaker #1

    c'est intéressant parce que j'ai eu la chance à ce moment-là de pouvoir être dans mon temps sur un métier. Les bagnoles, c'était encore un peu quelque chose, mais ça commençait déjà à partir. C'est un métier sur lequel, effectivement, on sentait que c'était un peu plus compliqué. Et puis après. Ce qui s'est passé, c'est que le directeur du personnel, lui, est parti comme patron du personnel de l'Encom. Et Vincent me dit, écoute, maintenant t'es obligé, il faut que tu passes à Fort d'Europe pour être validé par le board, mais il faut que tu prennes la direction du personnel. Je lui dis, attends Vincent, j'ai 28 ans, 27 ans. Ouais, t'étais jeune. Et il me dit, écoute... Vu ce qu'on a à faire, et ce qu'on avait à faire, c'était fermer l'usine de Charles-Evile-Mézières qui faisait des tracteurs. Puis on savait que Bordeaux était compliqué aussi. Et Bordeaux, le délégué syndical, c'est Poutou. Je ne sais pas si vous connaissez Poutou, mais c'est quand même quelqu'un qui... Donc il y avait vraiment une tension assez forte. Et il me dit, il faut un Français, parce que s'il me bombarde encore un gars qui vient de l'extérieur, Et en français, il n'y a que toi qui peux le faire. Donc débrouille-toi pour être alloué. A l'époque, nous venions d'avoir notre deuxième enfant. On part avec Valérie en Angleterre et ça ne s'est pas très bien passé pour Valérie en Angleterre. Elle a fait une dépression.

  • Speaker #0

    Le changement de vie a été compliqué.

  • Speaker #1

    Ça a été vraiment compliqué et elle est repartie plus tôt en France. Et là, j'ai eu un temps, c'était compliqué parce qu'il y avait vraiment un arbitrage à faire.

  • Speaker #0

    Entre la vie professionnelle et la vie familiale.

  • Speaker #1

    Voilà, et je dis à Vincent, écoute, je ne vais pas aller au bout, je vais rentrer. Et lui qui était vraiment génial, j'étais son fils adoptif,

  • Speaker #2

    il m'a dit,

  • Speaker #1

    écoute, là ça m'échappe, c'est au-dessus de moi. Mais j'ai une idée. Il faut... On doit recruter des INSEAD, des IMEDE, etc. C'est Ron Platt, le patron de Ford Europe, qui veut faire ça. On a jeté, entre guillemets, l'internationalité du groupe européen, quoi. Et il faut que tu fasses ça avec lui. Je dis, mais attends, raconte. D'abord c'est que les écoles en anglais ça pouvait aller mais le reste moi j'étais pas très fort, enfin même nul, enfin je savais rien. Et Ron est arrivé avec son avion privé, tu vois c'était déjà un autre moment, j'étais très impressionné. On a eu fait un désentendu recrutement, donc on recrutait 8 personnes à l'INSEAD. C'est des gens de bon niveau à l'INSEAD en général qui ont eu un parcours assez intéressant. Moi j'étais vraiment, moi j'étais très très très complexé je dois le dire. Mais je pense avoir cette qualité humaine d'appréciation des hommes. Et il y a un moment, au quatrième candidat, Ron me dit « Ah, ce gars-là, il est extraordinaire. » Enfin bon, je ne te défasse pas son accent américain, mais il est extraordinaire, il est gyné, etc. Et tu ne le trouves pas, Bruno ? Et moi, je lui dis « Je n'ai pas du tout le même sentiment, Ron. » Moi, j'ai un sentiment que ce n'est pas une quiche, c'est sûr, il est brillant, il parle une langue couramment, etc. Mais je trouve qu'il est prétentieux, je trouve que ça ne va pas le faire, ça n'a pas avec les valeurs du groupe, etc. Et il argumente un peu, à un moment donné, c'est ça. puis à un moment il est clé de réélire, t'as parfaitement raison Je voulais savoir si tu allais me dire la vérité, parce que moi je veux un directeur du personnel qui me dise la vérité.

  • Speaker #0

    Il t'a testé en fait ?

  • Speaker #1

    Il me testait et il m'a dit, et on veut repartir avec son avion, il me dit toi tu restes ici, le chauffeur te ramène chez Ford, tu prends la direction du personnel demain. Ça s'est passé comme ça. Alors là, je dis ça parce que d'abord il faut prendre les chances, et deuxièmement c'était génial. Mais je savais en même temps, donc j'ai fermé l'usine de Charleville, j'ai eu des prises d'otages, j'ai eu à gérer des suicides, c'est des choses difficiles. Je ne voudrais pas me plaisanter là-dessus, mais c'est ce qui à un moment forme. Les sujets sur l'alcool, les sujets... Ce qui forme à un moment... La direction du personnel, c'est un job difficile. Parce qu'il faut recruter des gens quand on est en développement. Et puis en même temps, ça va être dur quand on ferme une usine ou quand on brise des vies. Donc c'est vraiment compliqué. Il faut dire la vérité. Moi, j'ai eu le suicide d'un collaborateur. Et j'ai été accompagné après parce qu'il s'est suicidé un quart d'heure après avoir quitté mon bureau. Donc il savait qu'il allait être licencié. Et on s'est aperçu de sa mort parce qu'il avait été abandonné par sa femme, sa famille, que plusieurs jours après. Et c'est moi qui m'en suis aperçu parce que je ne comprenais pas pourquoi. Pourquoi il ne revenait pas, etc. Après, je me suis fait accompagner par un psy pour comprendre. Je me disais, mais qu'est-ce que je n'ai pas fait ?

  • Speaker #0

    Surtout que tu étais jeune à l'époque.

  • Speaker #1

    J'étais hyper jeune, j'avais 28 ans, 29 ans.

  • Speaker #0

    On n'est pas préparé à ça, en fait.

  • Speaker #1

    On n'est pas préparé. Et le gars me dit, comment tu as fait le dernier entretien avec lui ? Je dis, j'ai essayé le plus sympa possible, etc. Il me dit, carton rouge.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ça, c'est intéressant et ça m'a réavoué toute ma vie. Quand tu as quelqu'un à qui tu annonces une mauvaise nouvelle, si toi, tu te mets dans la compréhension absolue...

  • Speaker #0

    Et dans l'empathie ?

  • Speaker #1

    Dans l'empathie, qui est de dire... que vraiment, oui, c'est vraiment le pauvre type, c'est vraiment un pauvre type, et il a tout raté. Il venait de se séparer de sa femme, je te disais. Il était en bisbille avec ses filles. Et donc, on le virait. Il était dans l'alcoolisme. Il était absent six mois par an depuis trois ans. Donc, ce n'était pas possible. Eh bien, tu casses le dernier ressort, qui est l'estime de lui. Il faut que tu le mettes en colère. Quand tu licencies quelqu'un qui est dans une situation... Et la colère est juste. Et il faut accepter. Ce n'est pas agréable, en tant que manager, de mettre les gens en colère, mais une colère juste. donc sur la vérité et ça m'a beaucoup éclairé dans tout le reste de ma vie professionnelle être dans la colère juste ou d'être dans la justice c'est-à-dire un moment on ne fait pas semblant un moment on dit les choses parfois on me dit j'ai pu être assez cash assez exigeant etc par estime des gens t'es pas fait pour telle ou telle mission t'es pas fait pour le groupe mais t'es quelqu'un de vachement bien donc tu vas rebondir ailleurs c'est pas que de la démago il faut un moment ce qu'on est en train de vivre au niveau politique en France c'est une parenthèse Mais c'est parce qu'on n'a pas dit la vérité que tout... On est dans un tel bordel, excusez-moi de le dire comme ça, mais... et je parle aux auditeurs mais c'est parce que on ne dit pas la vérité alors Bayrou a peut-être échoué peu importe mais simplement quand il disait je veux dire la vérité il n'est même plus audible et ce qui est terrible c'est pour nos enfants nos petits-enfants pas pour nous nous c'est facile les retraités etc les baby-boogers je ne dis pas qu'on a tout bon sur tous les sujets, mais quand même... Mais les autres, ceux qui viennent. C'est ma petite minute de dévoilage, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant ce que tu dis sur la colère et accepter aussi, oui, que les gens puissent être en colère contre toi. Parce que c'est vrai qu'en tant que dirigeant, on n'est pas là pour être aimé par tous, mais en effet pour être le plus juste, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, à condition de ne pas humilier les gens. Et en fait, la vraie humiliation, ce n'est pas simplement la critique, c'est le mépris caché sous des bons sentiments très empoulés.

  • Speaker #2

    Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est vache. Parce que l'autre n'est pas idiot.

  • Speaker #0

    Donc toi, tu démarres ton parcours professionnel avec tous ces périmétries qui t'est arrivée. Tu restes combien de temps ?

  • Speaker #1

    Je savais par ailleurs, c'était clair, qu'il y a un moment j'allais... Alors Forte est une boîte où on change tout le temps, dans les potentiels. Je savais que j'allais bouger, donc j'ai repris la direction commerciale par Île-de-France. Et puis, je savais que je devais chercher quelque chose. Parce qu'on se dit, je ne voulais plus être à Troyes pour les raisons que tu connais. On peut bien comprendre. Et on se dit, le côté breton, on va ressortir. Moi, j'aime bien naviguer, je vous le disais tout à l'heure. Et donc, il y a un moment où je me suis dit, bon, est-ce qu'on va à Rennes, Nantes ? Bordeaux, on l'a esquissé, mais pas trop. À l'époque, le groupe Bordeaux était un peu le bel endormi aussi. Et j'en parle au concessionnaire Ford, qui est Alain Mustière,

  • Speaker #2

    qui est un très bon ami.

  • Speaker #1

    Et un amitié a été président de la chambre de commerce à l'époque Et il me dit écoute je vais te faire rencontrer des potes Puis tu lui diras un peu ce que tu veux faire, etc.

  • Speaker #0

    Toi, tu avais une idée précise de ce que tu voulais faire ? Non,

  • Speaker #1

    j'étais prêt. J'avais fait du commercial, du marketing, de la

  • Speaker #2

    RH, de la vente.

  • Speaker #1

    J'étais ouvert à tout. Ce que je voulais, c'était entreprendre à terme.

  • Speaker #2

    Et là, je me souviens très bien. J'arrive, mais en t-shirt et achat chez Alain,

  • Speaker #1

    parce que c'était un pote. Et puis, il y avait son bureau de la chambre. Il y avait Guichard, patron de la BN, Jean-François Moulin, patron de la Banque populaire. Il y avait un tas de patrons. tous très cool. Et puis Alain me dit, bon ben, allez Bruno, présent ce que tu fais. Bon, j'étais un peu, je ne savais pas très ce que ça voulait dire ce truc-là. Donc, je dis, voilà ce que je fais. Et puis, si vous avez des idées de job ou des idées, des concepts de l'année, n'hésitez pas. Pérou, le déjeuner se passe très bien. Et le lendemain, Alain me dit, bon, tu es validé à 100%. Je dis, je suis validé à 100%, pourquoi ? Parce que je veux un dire-câble, j'en ai marre d'avoir des polytechniciens avec moi en permanence. À l'époque, Alain voulait un peu varier. Lui, c'est un garagiste. Il disait tout le temps, moi, je suis un garagiste. mais avec une vision et courage, un vrai meneur d'homme, un type exceptionnel. Et puis à l'époque, Alain me disait, écoute, moi je veux un dire cap parce qu'il faut qu'on construise Nantes. C'est une décision qu'on a prise au niveau du bureau de la chambre. On ne peut pas laisser comme ça. A l'époque, l'usine Niveau L titrait Labelle Endormie, c'était les années 89. Il n'y avait pas de périph', pas de tramway, pas de côte autoroute pour Paris, pas de 4 voies pour Rennes. L'aéroport était deux fois plus petit, on imagine le chantier de 4 voies. Déjà qu'il n'est pas grand,

  • Speaker #2

    tu vas acheter des trucs.

  • Speaker #1

    Pas de TGV, pas de télécongrès, il n'y avait rien. C'était une petite ville de province. Alors quand on dit ça, on se demandait « Oh non, quand même ! » . Une guerre avec Saint-Nazaire. Et on sait bien que si on voulait compter dans la métropole d'équilibre que voulait Guichard à l'époque... Alors Guichard, ça ne vous dit rien, mais c'est le père de l'aménagement du territoire. Et donc à l'époque, il était président de la région Pays de la Loire aussi. Et il disait « Mais il faut qu'il y ait une métropole forte. » Et la métropole, ça ne peut être que Nantes. Ça ne peut pas être Angers. Donc ça avait été un peu compliqué avec les Angevins. Mais ça peut être que Nantes, à condition qu'elle fasse alliance avec Saint-Nazaire. D'où le port de Nantes-Saint-Nazaire, d'où la volonté de faire cette métropole. Paul Nantes Saint-Nazaire. Et tout ce projet-là était là. Mais en même temps, ça a été un temps... Alors, ça a été incroyable comme projet. Le problème qu'on avait, c'est que les gens étaient bien, quoi. Ils ne se rendaient pas compte de ce qui était en train de se passer.

  • Speaker #2

    Alors, j'exagère. Il y avait des tas de gens qui...

  • Speaker #1

    Et donc, on a dit, mais il faut objectiver ça. Donc, on a fait un constat, assez difficile, sur l'état de la région par rapport aux autres états régionales... l'état de la métropole par rapport aux autres métropoles françaises. Et on était dans une situation dramatique. La valeur ajoutée produite par personne était plus faible qu'ailleurs. Le niveau de formation était moins élevé. Le rayonnement international, c'est comme ça qu'on a créé le World Trade Center. Et donc, on a fait un programme d'action. Nous avons choisi de réussir. On a mobilisé 1000 entreprises qui, à l'époque, se sont retroussées les manches. Parce que tout ça, ça venait en 89, je le rappelle quand même. C'est la chute du mur de Berlin. Mitterrand avait été élu en 81. Donc les entreprises, c'était un peu chaud bouillant,

  • Speaker #2

    les entreprises à l'époque.

  • Speaker #1

    Et à Nantes, on venait de fermer Creuseloir. Et Dubigeon fermait en 86. Donc le centre-ville devenait une friche commerciale.

  • Speaker #2

    Enfin, une friche, pardon, pas commerciale, une friche industrielle.

  • Speaker #1

    Les grandes surfaces étaient partout en train de se développer autour de Nantes, avec la perspective du périph', et on se dit, mais qu'est-ce que va devenir cette ville ? Là, on a fait feu de tout bois, on a même redressé le FCNA, qui était relégué, enfin le football club de Nantes, c'est pour ça qu'il est devenu FCNA d'ailleurs. Il devait être relégué en seconde division en 91, c'est Guy Scherer qui l'a ramené, on a gagné la Coupe de France en 95, en faisant de la pelle à l'épargne. Et moi, en tant que dire-câble, je m'occupais de tout ça. Puis un peu de temps, j'ai dirigé les services de l'entreprise. Mais c'était passionnant. Passionnant. Et puis public-privé, et puis on avait le dîner des croates, alors ils sont tous un peu... C'est-à-dire tous les directeurs de la région, de la ville de Nantes, etc. Il y avait nos présidents qui existaient, puis le dîner des croates, c'était nous, on réglait les problèmes de... Pas de fonds, mais les problèmes de quotidien à gérer par rapport à ça. C'était vraiment le bureau d'arbitrer les trucs absolument incroyable. avec des discussions passionnées, ça a donné d'ailleurs lieu à créer un truc qui s'appelle la SEL, enfin c'est mort depuis mais malheureusement, mais qui était quelque chose où les gens étaient obligés de discuter. Après la spécialisation, mais ça c'est bien qu'au plus tard, la volonté d'éviter les doubles mandats, la spécialisation qu'on a fait de chacune des collectivités a cassé cette obligation de discuter. Le conseiller général n'avait plus que des responsabilités qui sont beaucoup plus fléchies aujourd'hui, le conseiller régional on sait sur l'économie, L'État et le Conseil régional n'avaient plus de responsabilité partagée. Et puis, il y avait les métropoles et les villes-coeurs. Est-ce qu'on faisait en doublé le service ? Parce qu'il s'est passé malheureusement partout en France. D'où la ruine, d'où le coût des collectivités qui est astronomique. Mais avant, il y avait de l'argent dans les caisses pour faire des projets communs. Après, chacun a voulu faire sa petite chacunière. Et du coup, les gens ont moins discuté. Mais cette période-là était extraordinaire.

  • Speaker #2

    Je me souviens de discussions à l'époque droite-gauche, aussi bien avec Olivier Guichard, qui était quand même l'un des piliers de Gaulle. Enfin,

  • Speaker #1

    c'était l'un des compagnons de Libération. avec Jean-Marc Ayrault qui était un jeune maire à l'époque. avec Joël Batteux qui était plutôt bien marqué à gauche. Mais on était sur la vérité, on ne se racontait pas de conneries.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que Nantes avait de plus ? Tu parlais d'Angers tout à l'heure. Qu'est-ce que Nantes avait de plus à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Nantes, sur un plan démographique, était plus gros. Le Nord-Atlantique était plus gros aussi. Nantes avait un port. Nantes-Saint-Nazaire avait un port, un aéroport. Et Nantes-Saint-Nazaire, c'est le dernier sujet de la Bretagne, Nantes-Saint-Nazaire, c'est quand même une ville bretonne. Donc il y a un Interland, un pays qui est fort. Et les Vendéens sont quand même plus proches du Nantais. que des enjeux. Cela étant, Cholet marche très bien. Donc, il y a un choix qui est dit. En tout cas, il en faut un. Je pense aussi qu'Angers était trop près de Paris.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas, je n'ai jamais parlé avec Olivier Guichard avant qu'il demeure.

  • Speaker #1

    À l'époque, si on réfléchissait bien, une heure et demie de TGV, parce qu'on savait que le TGV était en cours, il arrivait en 89, on se disait, mais on va être absorbé. Ce qui s'est passé pour Le Mans, par exemple. On n'a pas la taille pour faire un équilibre. Et puis, les villes de métro... Alors, Guichard était clair. Une ville, ça doit faire un million d'habitants, une ville d'équilibre. Le seul qui pouvait faire un million d'habitants, c'était Nantes-Saint-Nazaire.

  • Speaker #0

    Quand et comment est-ce que tu en arrives à prendre la tête d'IDEA ?

  • Speaker #1

    Alors simplement, moi, en venant voir Alain, je lui dis, écoute, moi, je veux bien t'aider pendant ton mandat. Il restait cinq ans. Mais après, je m'en vais, je veux rechercher une entreprise. Entre temps, boum, boum, boum, comme arrive. Numéro 3. Thomas Larraine. Voilà, numéro 3, numéro 4, 5, en 15 mois. Donc, on change de maison.

  • Speaker #0

    Bravo.

  • Speaker #1

    Chapeau, je ne sais pas, chapeau, mais chapeau pour ma femme, oui, pour Valérie. Chapeau pour Valérie. Mais c'est vrai que c'était compliqué parce que j'étais en même temps très engagé sur beaucoup de choses. Mais en tout cas, ils arrivent. Et là, il fallait vraiment que je change de dimension. Je me dis, si je ne veux pas faire mon projet d'entrepreneuriat maintenant, je ne le ferai jamais. Et donc, j'avais commencé à...

  • Speaker #0

    Mais c'était risqué, du coup, vu ta situation familiale. Ah, mais ça, j'aime bien les risques. Ah bon, d'accord. Ça ne se fait pas peur.

  • Speaker #1

    Ah non, c'est... J'ai un côté canadien. Je prends ma chance, comme on dit. Non, mais c'est vrai. À chaque fois, c'est vraiment drôle. Je ne dis ça en riant, mais les Canadiens, ils prennent des chances. Les Français, ils prennent des risques. C'est drôle, c'est vrai.

  • Speaker #0

    C'est une manière de voir les choses, en fait. Même en psychothérapie, c'est comme ça, tu sais.

  • Speaker #1

    Faut m'expliquer pourquoi ça va pas, Freudien. Alors que t'es comme t'es, disent les Canadiens, maintenant comment tu vas aller mieux ? C'est quand même mieux, je trouve. Donc, j'avais dit que je voulais reprendre une entreprise et j'étais en veille. Et il y a un garçon qui était vice-président de la chambre de commerce de Saint-Nazaire, Jean-Pierre Desmarais, qui m'a dit, écoute Bruno, voilà, je voudrais... Bref, il m'a dit, écoute, c'est une scope, il n'y a que 60 personnes, c'est à Saint-Nazaire, c'est du portuaire. Mais on a trois clients uniquement. C'est petit, c'est risqué. On a de l'argent en caisse, mais on dépend trop du port, de la CGT portuaire, qui n'est quand même pas un cadeau. Et puis, comment fait-on pour assurer un développement ? Il faut qu'on se prenne un peu en main. Et il dit, moi, j'arrive au bout du parcours. Et donc, il m'a proposé de faire ça. Et donc, moi, après, j'ai créé sept entreprises différentes en même temps, en trois ans, dont une holding de contrôle. Et on a développé le groupe. Et c'est comme ça qu'on a démarré la logistique industrielle, la biofiltration, enfin, on a démarré plein de choses. Et la logistique industrielle est devenue aujourd'hui l'âme du groupe. Mais ça a commencé comme ça. Mais je me souviens très bien. Il a fallu convaincre tout le monde que l'argent que nous procurait le portuaire puisse servir à nous développer ailleurs. Ce n'était pas si simple que ça. Puis moi, je venais. Déjà, je n'étais pas un gars du port. Je n'étais pas un gars de Saint-Lazare. Pire, j'étais un Nantais.

  • Speaker #2

    Non, mais il a fallu que...

  • Speaker #1

    Et puis, petit à petit, ça a marché assez vite, assez fort.

  • Speaker #2

    Pas tout de suite, pas tout.

  • Speaker #1

    Il y a des choses... J'ai arrêté des entreprises qui ne marchaient pas. Ça, c'est vraiment compliqué. J'en ai repris, bon bref. Mais c'était intéressant et en même temps, j'ai repris la présidence de l'entreprise, j'ai pris la direction générale en 98 et la présidence, non en 96 et la présidence en 98. Et nos petits-enfants étaient là, ils se développaient et Valérie m'a dit bon je veux rester à Nantes parce que j'ai mon équilibre de vie, les cinq enfants etc. Donc je faisais la route tous les jours.

  • Speaker #0

    Et justement, sous ta direction, le groupe est passé de 60 collaborateurs à plus de 2000 salariés qui étaient répartis sur plus de 60 sites. Vous avez réalisé plus de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires. Quel souvenir, toi, tu gardes de ces années-là ?

  • Speaker #1

    C'était génial. C'était génial, épuisant. Moi, d'abord, le premier souvenir que j'ai, je voudrais remercier Valérie de m'avoir accompagnée. Valérie c'est une C'est une fille de patron, mais de patron qui a vécu des difficultés, de petit patron. Et quand je dis ça, c'est pas du tout péjoratif. Donc elle savait ce que c'était. Elle savait que quand je disais, écoute, je disais c'est dimanche mais il faut... Alors en même temps, on a vécu des sources d'équilibre à deux en même temps. Ses parents sont décédés assez vite, mais les miens étaient dans des situations un peu difficiles aussi. Donc finalement, on a été peu aidés par nos familles originelles à la petite enfance. Par contre, très aidé par des amis. On va dire que globalement, on a été très épaulé. Il fallait que... Je me souviens, il fallait que je construise la maison parce que moi, je n'avais pas beaucoup d'argent puisque je m'étais endetté. À chaque fois que j'ai changé de boulot, j'ai perdu entre 25 et 30 % de mon salaire. C'est une bonne idée. J'aime bien les risques. Mais oui, parce qu'il y a un moment, il faut faire ses preuves. Par contre, évidemment, il y a un reward après si ça marche bien. Mais c'était important. C'était important. Et donc, du coup, il fallait que je bricole pas mal. Je ne dis pas que c'est toujours... très bien fait. Et puis, on a eu une maison en Inde qui était plutôt un clapier,

  • Speaker #2

    avec chacun sa petite cellule, avec les enfants.

  • Speaker #1

    Et puis bon, après, ça allait mieux, mais il a fallu ça. Puis on a repris notre maison en Bretagne, qui était dans une situation de ruine aussi, parce que c'était ma grand-mère qui, malheureusement, mourait à cette période-là. Ça a été des années assez extraordinaires, et du coup, très vite, on a eu la chance de pouvoir moi, plutôt être sur le discours de l'audace, de l'optimisme, de l'inconscience peut-être, je sais pas, et Valérie, sur le... J'allais dire l'alcove qui accueille, mais sans qu'il y ait d'opposition entre nous, c'était simplement, on était chacun. Et puis, quand on passait un temps avec nos enfants, c'était vraiment un vrai temps. Je pense que certains de mes enfants nous souffèrent.

  • Speaker #2

    Voilà, je n'irai pas plus aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je pense que d'autres ont été stimulés par ça. Notamment, Valérie a beaucoup poussé les enfants dans le sport, ce qui était bien. Le fait qu'ils aient toujours brassé avec un tas de gens, ça au niveau social,

  • Speaker #2

    ils ne sont pas tristes, ils savent faire.

  • Speaker #1

    Et puis... Un jour, il y a deux de mes enfants qui m'ont dit « Écoute, on te voyait tellement content à Brette, et puis tu nous as donné envie d'entreprendre. Tu nous as dit que c'est tous les gens qui se plaignent de trop travailler, machin, ça. Jamais c'était ton cas. » Après, ils m'ont dit « Écoute, tes engagements sociétaux, parce qu'on en parlera tout à l'heure, ça c'est autre chose, parce que dis donc, c'est venu en plus... »

  • Speaker #0

    Donc, présidé le CJD, la CCI de Saint-Nazaire, des Pays de la Loire. Tu as également été présidente de l'association du Club des 30. Qu'est-ce que, toi, ces expériences t'ont apprises déjà sur l'importance des réseaux ? sur l'importance des institutions dans une vie professionnelle ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais d'abord te répondre.

  • Speaker #2

    J'ai été à côté, une fois de plus, mais tu vas comprendre pourquoi après. Enfin, j'espère que ce serait clair pour les auditeurs aussi.

  • Speaker #1

    J'avais compris que, quelle que soit la qualité d'un chef d'entreprise et de son équipe de direction et de ses collaborateurs, donc, quelle que soit la qualité d'entreprise, quand on est dans un territoire isolé ou fragilisé, on est en danger. Surtout quand on est dans une entreprise portuaire, si le port ne va pas bien, t'es en danger. C'est pour ça que je me battais pour le port. C'est pour ça que de temps en temps je... Je râle sur les conflits sociaux. Leur droit, j'y respecte tout à fait. Mais qui ne bloque pas un système qui génère ensuite la valeur de l'économie. Un chantage là-dessus, c'est vraiment... C'est dégueulasse, oui. C'est dégueulasse. Parce qu'il y a des tas de gens qui n'ont pas leur résistance et qui n'ont pas, quand je dis leur résistance, c'est leur sécurité. Moi, donc, je termine sur le sujet en disant que vraiment l'enjeu pour moi, c'était de se dire qu'il faut que je regarde ce qui se passe sur l'environnement. J'y avais été sensibilisé par un pouvoir court à la Chambre. Ford, c'était un groupe international. Donc je connaissais pas mal de chiffres internationaux qui me marquaient aussi. Et vraiment, je voyais que la France décrochait. Vraiment. Après, on a vu Pisa, etc. Mais je le savais, je le sentais. Les arbitrages, on aurait dû faire une usine à Bordeaux de la fête à Valence. Et je me souviens des discussions que j'avais eues parce que je faisais partie des gens qui étaient dans la boucle des discussions. Et donc il y a un moment, je me dis... Puis on n'arrivait pas à Nantes à attirer des grands centres de décision non plus. Et puis nos centres de décision, ils étaient vendus. PepsiCo avait racheté la BN. L'U avait racheté la FOAC. Enfin, l'U. Sopiquet était passé. Enfin, on voyait bien que les Waterman passaient sous gilettes. Je ne parle pas des fermetures que je t'évoquais tout à l'heure. Donc, on savait bien que si les centres de décision sont loin du cœur, évidemment, ça va très mal. Donc, je me suis dit, c'est important de préparer les dirigeants à s'ouvrir sur l'extérieur et ensuite de travailler sur des choses qui vont être des facteurs d'attractivité. Première chose. Deuxième sujet. J'ai un garçon que j'aime beaucoup. qui s'appelle Gilles Le Cardinal, qui a fondé l'UTC de Compiègne. À la fois un docteur en physique et en lettres. C'est assez rare.

  • Speaker #2

    Et Gilles me disait la chose suivante.

  • Speaker #1

    La plupart des organisations fonctionnent de façon pyramidale, quels que soient les sujets. Parce qu'un chef, c'est forcément, ça c'est mieux que quelqu'un qui en a un. C'est, me dit-il, la source de tous les problèmes dans la société.

  • Speaker #2

    Il exagère un petit peu, mais pas trop que ça.

  • Speaker #1

    Il me dit, en fait, c'est pas comme ça qu'il faut faire. Il faut regarder si le problème que tu as à traiter, il est simple, complexe ou compliqué. S'il est simple, délégation. laissons faire celui qui est le plus proche du problème le faire il va le traiter, il va bien le traiter il ne saura juste pas besoin de demander à un chef si il est compliqué expert, c'est un expert, si il est compliqué ça n'a rien à demander à une commission de se réunir expert, et s'il est complexe, là il faut être plusieurs quand tu ne poses pas bien le problème si tu mets par exemple une commission pour gérer un problème compliqué si tu prends une Si tu prends un chef tout seul pour gérer un problème simple, et si tu prends un chef tout seul pour gérer un problème complexe, c'est le bordel. C'était marqué au fer rouge par ça. Et du coup, je me suis vraiment dit, la gestion d'une ville, d'un territoire, c'est forcément très complexe. Donc comment tu fais avec les autres, parmi les autres et avec les autres ? Donc il fallait que j'ai des mandats pour le faire. Voilà, je te résume ça comme ça. Les problèmes techniques complexes, les problèmes techniques d'expertise, j'avais des gens qui le faisaient, et alors la délégation, je peux dire que je l'ai mis en place assez fort parce que... Parce que c'est clair, j'étais pour moi décisif. Si je voulais être sur des sujets complexes, voire compliqués quand c'était mes expertises, il fallait tant que je fasse ça sur la délégation, sur les problèmes simples. Je ne me montre pas pour les éditeurs, mais je me cache les yeux. Il y a eu des problèmes que je voyais, mais je ne disais pas. Je parlais avec la personne concernée, elle disait, tu sais, tu as peut-être une petite idée à regarder là-dessus. Je ne sais pas, il faut peut-être que tu regardes. Mais c'est tout.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce que ça donne une vraie vision de... Quel est le rôle d'un dirigeant au-delà de son entreprise ? Dans la ville ?

  • Speaker #1

    Je crois. Après, il faut aussi avoir une vision, la partager, et surtout emmener les gens.

  • Speaker #0

    Si je reviens sur l'ADN d'IDEA, durant toutes ces années de croissance, comment est-ce que tu as fait pour garder l'ADN du départ ? Peut-être que tu ne l'as pas gardé, d'ailleurs. Peut-être que c'était une volonté de ne pas la garder. Tu vois, quand un groupe est en pleine croissance comme ça, de 60 à 2 000 collaborateurs, comment est-ce qu'on...

  • Speaker #1

    Oui, alors, attends. D'abord, il faut être très modeste. Je disais qu'il y avait 80 sites. c'est pas la même chose sur chacun des sites il y a des gros sites, des petits sites Je crois qu'on a beaucoup travaillé sur nos valeurs. On a une démarche RSE, d'ailleurs, au niveau exemplaire maintenant. Et donc, c'est incarné par... On se forme en permanence. On a vraiment eu une volonté d'associer des gens au capital, de se former en permanence, pour que, justement, au service de nos valeurs, on fasse des choix. Donc, on a dit, on a assumé, qu'il y avait des domaines qui étaient nos métiers d'origine, je reviens sur le portuaire, sur lesquels nous n'avions plus la dimension, la taille, l'intérêt, peu importe le truc. à piloter ça seul, et on accepte de partager avec d'autres. Il y a des domaines, mais en plus il y a une loi qui nous a beaucoup poussé à faire ça au niveau portuaire, il y a des domaines sur lesquels on travaille en partenariat avec des sachants. Mais on dit, on ne touche pas nos valeurs à nous. C'est finalement nos valeurs qui, à chaque fois, et la première des valeurs, c'est qu'on entreprendre. Donc c'est prendre des risques. Et ça, c'est assez important, parce que souvent on me dit, mais pourquoi on est là-dedans ? J'ai fait du solaire, de la biofiltration, des trucs... Pourquoi on est là-dedans ? Parce qu'on veut être acteur du territoire sur des sujets qui vont avoir du sens et aussi parce qu'on pense que demain, dans les facteurs de compétitivité, il y aura aussi une capacité à maîtriser l'énergie propre, il y aura aussi une capacité à... Alors, est-ce qu'on va trop loin ? Sans doute. Est-ce qu'on peut s'en désintéresser totalement ? Surtout pas. Quel est l'équilibre ? Là, j'ai eu beaucoup de modestie là-dessus, je ne sais pas trop. En plus, c'est des sujets qui changent très vite avec le temps, notamment nos amis chinois, pour ne pas les... Quand je dis amis, ils sont quand même très très actifs, et c'est épouvantable ce qui s'est passé sur le solaire ou sur les batteries, par exemple, pour en parler que de l'actualité.

  • Speaker #0

    Et toi, tu te définis comme un dirigeant progressiste et optimiste. Comment est-ce que ça se traduit dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas dit que j'étais progressiste. J'ai dit ça. Non, je suis optimiste. Si, il y a une chose... Je ne sais pas ce que ça veut dire. Progressiste, en tout cas, je suis très conscient que si j'étais tout seul, je ne ferais que des conneries.

  • Speaker #2

    Donc progressiste, c'est...

  • Speaker #1

    Non, mais en fait, ça veut dire se former tout le temps, s'ouvrir à être curieux sur tout un tas de choses, et puis accepter de ne pas voir la vérité. Alors, j'ai des convictions. Je ne change pas forcément d'avis sur tous les sujets, mais il y a des moments... J'ai eu une expérience amusante à plusieurs reprises, de sujets où on me disait mais c'est à toi de décider parce que t'es le patron. Mais j'y connais rien. Et je me souviens un jour un type me dit mais comme t'es le patron tu dois savoir qu'il connaît quelque chose. Sinon c'est que t'es pas un bon patron. Ça m'a marqué aussi ça je me dis. Donc je me suis fait des référentiels, des experts, des Ausha etc. en disant tiens si j'ai une décision à prendre dans le talent je passe un coup de fil à celui-là.

  • Speaker #2

    Je dis pas que je sais tout après mais...

  • Speaker #0

    Et justement si t'avais un conseil à donner à un dirigeant ou à un entrepreneur aujourd'hui ? Ce serait lequel ?

  • Speaker #1

    De vraiment savoir faire cette différence entre les problèmes simples, complexes et compliqués et de piloter son entreprise en conséquence. Je prends un exemple très concret avec ce qui s'est passé sur le Covid. Sur le Covid, nous le groupe a des activités dans l'aéronautique, l'agroalimentaire, la navale, etc. Quand il y a eu le Covid, tous aux abris, disait l'État. Alors toutes les grandes entreprises d'État, on ferme, enfin on ferme, tout le monde a l'abri, on fait des tests partout pour voir si on n'est pas malade, si on va condamner, etc. Enfin bref, les petites fermes. Alors on demande de nourrir la France, parce qu'il faut quand même manger le matin. Et là, il faut bosser plein pot. Dans un groupe comme le nôtre, il y avait une activité qui était à 140%, une activité qui était à zéro. Quelles sont les procédures internes ? Ça a été un burn-out pour ma DRH, donc j'ai beaucoup souffert parce que je l'aimais beaucoup. Et ça a été vraiment très difficile pour elle. Comment on fait quand on a un groupe ? La loi française oblige à avoir les mêmes raisons sur un groupe. Ça n'a aucun sens. Aucun. Mais aucun. On m'interdisait de faire rouler mes camions, je disais, au préfet de l'époque. C'est sympa, mais demain, les vaches, elles meurent dans les chambres. Si t'as pas de soja qui arrive... Donc il va falloir vraiment... On demandait aux chauffeurs routiers... Tout était fermé. Bon, ça n'a pas duré longtemps. On voit bien un sujet complexe. Alors Covid, c'est un sujet complexe, c'est pas un sujet compliqué. On a laissé les médecins faire pour le compliquer. Mais pour les politiques, c'est un sujet complexe, on va dire ça comme ça. Pour les chefs d'entreprises de l'électronique, il a fallu qu'on mette des choses... On a cassé tout. Donc on a créé une petite cellule de pilotage qui n'a duré que le temps du Covid, mais enfin un peu. Tous les vendredis soir, on était en Zoom, etc. En Teams, on prenait des décisions, mais il n'y avait absolument aucun dogme. Aucun. Mais c'est la vie, ça. L'inflation est un autre sujet. Une guerre, moi, je n'ai pas d'affaires en Ukraine, donc tant mieux pour nous. Le télétravail, ça veut dire quoi quand on a 5 personnes sans job posté au milieu de l'heure éloire ? Ça ne veut rien dire. Quand on a la siège sociale, oui, ça se discute. Tu vois, c'est un peu tout ça qui est à... Donc, on a passé... Moi, j'ai vraiment ça, le savoir dissocier. Et puis après, de la cohérence. Parce que ce que je viens de dire n'est pas facteur de cohérence, sauf si on explique bien pourquoi on fait ça. Parfois, ça peut être considéré comme inéquitable. Pas juste. C'est vrai. Moi, j'y peux rien. Mais dans l'aéronautique, on était fermés. Dans l'agroalimentaire, il fallait bosser. Donc il fallait que ma DRH prenne, enfin pas que ma DRH, mais que les équipes prennent soin de tous les ouvriers qui venaient assurer le minimum d'aéronautique s'ils étaient malins. Et pendant ce temps, je ne demandais pas à ceux qui étaient dans la grotte de l'hôpital s'ils avaient le Covid ou pas. Les gars, il faut sortir. Enfin, ce n'est même pas moi qui leur ai demandé. C'est eux qui, spontanément, nous ont dit mais on ne va pas laisser la France crever de faim. Tu vois, c'est ça que je veux dire. Puis confiance dans les hommes. Voilà, le dernier sujet, c'est la confiance dans les hommes. Mais c'est le pendant de problèmes simples, compliqués, experts. C'est-à-dire une fois que tu connais tes équipes, etc., il faut leur faire confiance.

  • Speaker #0

    Et je voudrais parler un peu de ta famille. On en a parlé un peu, tu as évoqué tes enfants, tes cinq enfants, qui sont quasiment tous entrepreneurs aujourd'hui, dont certains sont devenus quand même reconnus. On pense notamment à ton fils Thibault qui a cofondé Bag Market. Et puis plus récemment, on a entendu ton dernier fils Thomas, avec son bouleverse en film Promesses, qui retrace justement tout le parcours de ta fille Lorraine qui est décédée d'une leucémie. Je voudrais parler plutôt de les valeurs entrepreneuriales. pense que tu leur as inculqué ? Est-ce que tu penses que déjà, toi, tu as transmis cette fibre entrepreneuriale à tes enfants ? Et si oui, comment ?

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #2

    est-ce qu'ils sont tous entrepreneurs ? Je ne sais pas. En tout cas, je souhaite tous qu'ils soient libres de l'être ou de ne pas l'être.

  • Speaker #1

    On va dire comme ça. Mais la réussite la plus... Alors, tu me parles de Thibault, évidemment. Mais celui qui a fait une réussite extrêmement rapide, c'est Com avec Mojo. Et bon, après, il a pris sa distance, il a quitté l'entreprise, mais il s'est été extrêmement rapide et ça m'a impressionné parce que... J'étais très impressionné. Le père Secours de Combes m'impressionne, Thibault aussi, mais pour d'autres raisons. Il m'impressionne parce qu'il s'est mis en zone d'inconfort.

  • Speaker #0

    À quel niveau ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire qu'il a une pression, un travail considéré, etc. Donc, je suis vraiment très admiratif de ça. Alors, Thibault, il est dans une situation assez... C'est incroyable parce que le back market aujourd'hui c'est une des licornes françaises et ça marche très bien et c'est international. Thibaut il sait très bien s'entourer, il va très vite et il prend des risques, des chances. Marine a été aussi à un moment dans le comex de Kipling, mais elle nous dit très clairement j'ai envie d'avoir un équilibre familial, c'est vraiment choisi de sa part. Elle dit, j'ai pas envie de prendre une direction générale. Elle a eu plusieurs occasions de le faire, elle a pas voulu. Et je trouve ça très respectable. C'est pour ça que je suis très admiratif, parce que je trouve que c'est très difficile de dire à un moment, on essaie de te séduire, etc., sur le fait de prendre un truc. Et elle était vraiment, sans doute, une personne très adaptée à faire ce poste. J'en ai aucun doute là-dessus. Mais elle dit, c'est pas mon choix et il faut le respecter. Je crois que c'est très important. Alors Thomas, lui, il est un petit peu à la croisée des chemins, puisqu'il a mis 7 ans à faire ce film pour Lorraine. Il a donc appris un nouveau métier, il est sorti de son école. Lorraine qui est sa soeur jumelle, qui avait commencé un film, donc c'est pour ça qu'ils sont co-réalisateurs, même si elle est partie. Et Promesses est un film absolument... Enfin, il a fait vraiment un travail de fond, mais qui nous a surpris parce que c'est un film en même temps familial. C'est un film sur Lorraine, bien sûr, et son courage, et en même temps familial.

  • Speaker #0

    Parce qu'on vous retrouve tous témoignants devant la caméra, dans la manière dont vous avez vécu cette maladie. Très très émouvant. Oui,

  • Speaker #1

    moi je trouve que c'est un très beau film, très réussi et très abouti, avec le principe de départ. Et je suis très amusé de ce qu'il a fait. Et puis en même parallèle, ce petit coquin, il avait rejoint son cousin, qui est mon fille en même temps, Nicolas, qui avait créé la vie. La vie, c'est... Du bacon végétal, du jambon végétal, tout ce qui est protéines, qui a été démarré à Paris, qui est aussi maintenant dans les grandes surfaces, dans la restauration, et Thomas n'y est pas pour rien. Il s'occupe du commercial de la vie et je crois qu'il était assez percutant. Et puis, surtout, il s'est marié avec Léonie et ils ont eu un premier bébé. Et puis là, ils attendent, donc c'est eux qui attendent le second. Donc on est dans une situation où Léonie aussi a envie d'entreprendre. Astride a aussi créé ses activités, la femme de Thibault. Donc le cocon familial est assez entreprenant. Pas forcément entrepreneur, mais entreprenant. Et je crois que, pour répondre à ta question, je crois qu'il y a de la joie dans l'entreprendre. Moi, je suis toujours terriblement triste quand je vois des entrepreneurs qui passent leur temps à faire la litanie des problèmes. Mais si ça ne leur va pas, il faut qu'ils s'en aillent. On ne peut pas faire la litanie des problèmes auprès de ses clients en permanence. Sinon, il y a un moment, les clients s'en vont, les collaborateurs s'en vont, les banquiers s'en vont. Il y a un moment, ça se finit mal. Alors parfois il n'y a pas de pot, parfois c'est difficile. Mais on peut rebondir, etc. Moi, je crois que c'est ça que je pense qu'ils ont vu. Je n'aurais pas dit, mais c'est ça qu'ils ont vu chez nous. Ils ont vu qu'on pouvait se casser la gueule. Ils savaient que, alors Thibault l'a dit assez clairement, que si jamais ils se cassaient la figure, on les aiderait à rebondir si on pouvait le faire. C'est vrai.

  • Speaker #2

    On ne peut pas dire le contraire.

  • Speaker #1

    Mais en même temps, ils n'y comptent pas du tout. Ils font leur parcours de leur côté. parfois je suis actionnaire chez eux, parfois non et ça se respecte, on a fait une ligne familiale des participations dans la famille ou pas,

  • Speaker #0

    ça dépend ils viennent vous voir quand ils ont des projets ?

  • Speaker #1

    Certains.

  • Speaker #0

    Oui, pas tous.

  • Speaker #2

    Pas tous.

  • Speaker #1

    Non, et puis on va dire que maintenant,

  • Speaker #2

    il s'affaire. Il s'affaire. Non, il s'en croit, il s'affaire.

  • Speaker #1

    Non, il y a des moments, on a voulu, lorsqu'on a pris l'entreprise familiale, parce qu'elle avait aussi l'objectif d'aider Revenu à Lorraine, dont on savait qu'elle serait quand même assez handicapée dans la vie, même si elle avait survécu. On a beaucoup parlé de la philosophie, de ce qu'on devait faire. Et on a dit, ce qu'on cherche, ce n'est pas de la rentabilité à tout prix, c'est d'aider des beaux projets. Alors, le hasard fait que, je constate, et je dis ça, c'est pas un bain parce que je suis Je suis en même temps, j'ai participation dans des fonds, etc. Pas beaucoup. Et j'en aurais de moins en moins. Parce que je trouve que mes enfants et ma famille au sens large, je réussis mieux que mes fonds. Non, mais j'y sors de l'aigle. Parce que je suis très... Voilà, ça a plus de sens. Je taquine parce que toi, il y en a qui marchent très bien. Mais vraiment, une équipe dirigeante, voire un dirigeant. Alors maintenant, ils sont beaucoup co-entrepreneurs, tous. Ils sont co-fondateurs. Et alors moi, au début, mon modèle, ça n'allait pas, ça. Parce qu'il faut un responsable, quand même, si jamais. et Et en fait, c'est la vie. Et c'est bien, en fait, parce que si jamais il y en a un qui béquille, les autres... Le problème, c'est qu'il faut prévoir quand même le cas où ils ne s'entendent plus très bien. Bon, c'est tout. C'est le seul sujet. Il faut prévoir ce cas-là, parce que quand il arrive... Et ce n'est pas forcément parce que deux associés ne s'entendent plus bien. C'est parce qu'entre-temps, il y en a un qui s'est marié, que le projet de vie n'est plus le même. Il y en a un qui veut partir, parce que je ne sais pas quoi. En tout cas, il y a des raisons qui ne sont pas des raisons forcément négatives, mais qui font qu'il faut pouvoir se séparer simplement.

  • Speaker #0

    Et si on revient justement sur les preuves de la maladie de ta fille Lorraine ? Comment est-ce que toi, tu as vécu cette épreuve et l'issue de cette épreuve en tant que dirigeant ?

  • Speaker #1

    Ah, en tant que dirigeant, en tant que papa. En tant que dirigeant, en tant que papa, c'est la plus grande épreuve que tu puisses avoir. Oui, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de douleurs. Mais je dis toujours qu'on a eu la chance que Lorraine, par son rayonnement solaire, son espérance a été... Pas toujours, mais souvent, source d'énergie positive, de paix. Malgré qu'elle soit mal, etc. Malgré tout ça.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, on le voit bien dans le film, donc je n'ai pas besoin d'épiloguer là-dessus.

  • Speaker #1

    En tant que dirigeant, là, il faut vraiment avoir un cerveau qui se coupe en deux. Moi, je me souviens, d'ailleurs, je le dis dans le film. le film j'avais heureusement un peu de route jusqu'à montoir bon quand on venait sur nos bureaux de nantes c'était un peu moins vrai j'arrivais j'ai fait j'ai la banane quoi parce que les gens si on s'inquiète il voit très bien sûr les boîtes va pas bien parce qu'ils pensent plus à ta famille pense la plupart des gens sont quand même assez égocentré quand même pense à lui mais si si en tant que patron il fait la tête c'est qu'il ya un truc crabe qui se passe donc moi je rentrais j'avais une assistante génial martine mon ange gardien dans l'entreprise, qui de temps en temps me disait, parce que je venais un peu moins de temps en temps, le soir, je refusais tous les trucs extérieurs pour aller voir Lorraine à l'hôpital. Donc j'ai quand même beaucoup moins... J'ai travaillé beaucoup, mais beaucoup moins efficacement, on va dire ça comme ça. Et elle me disait, bon, là, il faut que tu voies quelqu'un. Et je suis là parce que je pense qu'il y a un petit truc qui ne va pas. Elle était très fine.

  • Speaker #2

    Elle m'a beaucoup aidé.

  • Speaker #0

    T'as jamais eu envie de couper ?

  • Speaker #1

    Non, c'était un facteur d'équilibre. Ça fait que dans l'équilibre, quand l'entreprise... Quand tu viens dans une entreprise où les gens sont fantastiques, tu as plutôt envie de continuer à travailler. Et puis, de toute façon, tu ne peux pas. Point. Et à un moment, c'est aussi... Tu as une responsabilité, quoi. C'est une source de... Alors, par contre, moi, je sais simplement une chose, c'est que si j'avais été très malade... J'avais été frappé par papa quand il a eu son cancer. S'il avait été très malade, je pense que je n'aurais pas accéléré la nicola plus tôt. Parce qu'il faut être responsable.

  • Speaker #0

    Tu ne te serais pas jamais. Il y a un moment,

  • Speaker #1

    tu peux prendre certaines décisions.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Alors, bon, ça se discute. Ce n'est pas si blanc noir que ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'appliquais aussi ce mantra, entre guillemets, quand tu rentrais en famille et quand tu retrouvais tes enfants ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Il est toujours positif.

  • Speaker #1

    Alors, positif, c'est difficile. Parce qu'on ne va pas se dire, on va se marrer parce qu'on vient d'avoir une très mauvaise nouvelle sur les globules blancs de Lorraine. c'est pas drôle mais quand j'allais voir Lorraine je savais qu'elle avait une journée difficile avec les médecins, etc. Heureusement, très accompagnée par Valérie, que j'étais le dernier qu'elle voyait avant la nuit. C'était comme ça, parce que moi, c'était au retour. Donc, j'avais eu un droit pour les médecins de venir un peu tard. Les angoisses de la nuit pour un malade dans un service, surtout quand on en se tire, etc., c'est quelque chose de très difficile. Donc, il fallait que j'aille à peu près bien, alors que je l'ai épuisé. Mais, en même temps, Lauren était tellement fine qu'elle voyait. bien quand je n'avais pas bien. Et je me suis aperçu qu'en fait, elle ne me sentait pas en vérité quand je faisais trop. Donc, de temps en temps, on parlait de l'entreprise, on parlait de... ça, je ne l'ai jamais trop dit, mais on parlait de sujets. Je me suis mis à son avis parce qu'elle était psychologue de formation, enfin elle était en cours. Et puis, elle a cette aptitude, elle avait vraiment... c'est drôle, je n'arrive jamais à faire un imparfait. Et donc, elle avait des conseils marrants, c'était assez fin. Et du coup, ça faisait appartenir au monde des vivants ? Elle avait encore une connexion avec le réel.

  • Speaker #0

    Le quotidien, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc j'ai changé d'avis là-dessus. J'ai changé de comportement. Bon, pas tout le temps, mais parfois, elle a besoin simplement d'accompagner. Puis de temps en temps, juste de regarder un petit film, un DVD.

  • Speaker #0

    Et l'après ? Comment est-ce que tu as fait pour mondial après ? Après sa mort ?

  • Speaker #1

    Ah ! Pour reprendre la vie telle qu'elle est ? Je pense que c'est toujours un sujet. Bon, ma foi m'aide, parce que je sais qu'aussi elle est partie avec cette foi. Donc on se retrouvera, voilà. J'en suis... convaincu et espérant.

  • Speaker #0

    On le voit beaucoup, c'est dans le film aussi, son cheminement.

  • Speaker #1

    On le voit un peu dans le film, mais en fait, toute la famille a fait un cheminement, plus ou moins. Thomas dit dans le film qu'à l'époque, il ne croyait pas. Il dit aujourd'hui qu'il est bien sûr beaucoup plus croyant.

  • Speaker #2

    S'il le dit à la fin de ses quotidiens, on se retrouvera.

  • Speaker #1

    En fait, si tu veux, je pense que, là, on parle d'un sujet qui est très compliqué. On était très en face, toute la famille, au moment de l'accompagnement de la maladie de Lorraine. Et on a toujours été en face. Chacun avec des sensibilités différentes. Parfois, certains étaient loin. Thibaut est à Lille ou Thomas en Australie. Mais on a toujours été en phase et on partageait les choses. On le voit bien dans le film, d'ailleurs. Les rendez-vous médicaux,

  • Speaker #2

    on enregistrait pour l'expert. Du médecin nous prit pour des fous,

  • Speaker #1

    mais c'était capital puisque c'était le cocooning de Lorraine derrière. Par contre, le deuil, on vit différemment les choses. Moi, j'ai eu la chance très vite d'être dans l'espérance et j'ai dit, elle veille sur nous. Pour Valérie, ça a sans doute été un peu plus compliqué. D'ailleurs, elle le dit dans son livre, c'est pour ça que je le permets. Parce que c'est sa fille qui lui manque et on n'est pas dans l'espérance. Ça, Saragosse nous a permis de nous réunifier là-dessus. Ça a mis du temps quand même. Saragosse, c'était 2 euros et le Parle-Lorraine, c'était en 2016. Donc 19 juin 2016. Voilà, puis on en reparle tous ensemble, tous les ans. On échange beaucoup parce que ça nous permet d'être en vérité, de la faire vivre. Et puis on sait qu'elle va être sur nous. Puis les petits-enfants arrivent. Ils sont la vie. et il y a un moment où on n'est plus enfermé par le souvenir de Lorraine, on est porté par l'espérance qu'elle incarne. En tout cas, c'est mon sentiment. De plus en plus. Ça n'empêche pas qu'à un moment, elle nous manque.

  • Speaker #0

    Vous continuez ce combat à travers ces associations ?

  • Speaker #1

    En fait, chacun a choisi des terrains de jeu, si je puis dire. Je ne sais pas si c'est des jeux, mais des terrains de jeu. Thibault a beaucoup, tout ce qui est médical, la même sensibilité au médical pour Marine. Non, je ne vais pas faire une litanie comme ça, mais Thomas est beaucoup plus dans le soutien des associations. Parce que le film l'a demandé, en fait le film est payé aujourd'hui, il dit bon bah il faut qu'il vous serve à pouvoir parler des problèmes pour accélérer le don d'eau de moelle, l'aide à la recherche, etc. Donc il est plus éclectique si je puis dire, mais il ne pilote pas une association, il aurait pu faire un choix comme ça mais pas du tout. Il dit il y a suffisamment de choses sur le... Sur le marché, je ne devrais pas dire ça comme ça, mais acteur. Mais tu vois, par exemple, là, il va participer aux Assises du Deuil dans peu de temps. Ce n'est pas quelque chose de facile, mais en même temps, c'est bien qu'il soit un jeune qui soit là. Et Combes s'occupe beaucoup, beaucoup des petits-enfants, de façon merveilleuse. Je crois qu'on a chacun notre truc. Et puis nous, on a notre démarche spirituelle. On s'engage avec Valérie à aider des gens qui accompagnent. Valérie s'occupe beaucoup de l'accueil de gens qui sont dans la souffrance. Mais de façon simple, pas de façon compliquée. passer un peu de temps. Surtout, on commence à avoir des copains de nos âges qui sont confrontés au deuil.

  • Speaker #0

    Merci Bruno, pour aujourd'hui. Merci pour cet échange, c'était hyper riche. Quelle vie incroyable. Quel parcours de vie. Quelle chance. Merci pour tout ce que tu nous as partagé aujourd'hui. A très bientôt. A bientôt. et que vous avez 20 secondes devant vous, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire en dessous du podcast. C'est grâce à ça que vous m'aidez à le faire connaître et grandir. Si vous venez juste de découvrir cette émission, sachez qu'il y a plus d'une soixantaine d'épisodes enregistrés avec de nombreux invités nantais passionnants et plein d'autres formats sur l'actualité d'ici, disponibles sur votre plateforme d'écoute préférée. Pour suivre toute l'actualité du podcast, Retrouvez-nous sur Instagram et Facebook ou suivez-moi sur LinkedIn. Bref, en deux mots, abonnez-vous au podcast, écrivez-moi, partagez, c'est ce qui fait vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Merci !

Description

Mon invité a dirigé pendant 27 ans l’un des plus grands groupes français de logistique, IDEA, qu’il a transformé avec audace, vision et humanité.


Mais au-delà de son parcours de dirigeant engagé, Bruno Hug de Larauze, c’est aussi une histoire de résilience, de transmission, de famille et d’optimisme contagieux.


Dans cet échange sincère et profond, il nous partage ce qui l’a guidé tout au long de sa vie : la force du collectif, l’importance de rester fidèle à ses valeurs, la capacité à traverser les épreuves et à en faire une source d’énergie.

Sa joie de vivre et son regard plein d’espérance donnent envie de croire en un avenir plus lumineux.


Un témoignage inspirant qui résonne bien au-delà du monde de l’entreprise, et qui, je l’espère, vous touchera autant qu’il m’a touchée.


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Transcription

  • Speaker #0

    Hello à tous, je suis Eleonore Vigneron et je suis ravie de vous accueillir sur Rayon Nantes. Dans ce podcast, je pars à la rencontre de personnalités inspirantes qui rythment l'actualité ou l'innovation à Nantes et dans la région. Ensemble, nous discutons de leur parcours de vie, de l'origine de leurs projets et de leur vision de l'entrepreneuriat à Nantes. Réunante, un podcast original à écouter quand vous le voulez sur toutes vos plateformes de podcast. Mon invité aujourd'hui a dirigé pendant 27 ans l'un des plus grands groupes français de logistique, IDEA, qui l'a transformé avec audace, vision et humanité. Mais au-delà de son parcours de dirigeant engagé, Bruno Hugues de Larose, c'est aussi une histoire de résilience, de transmission, de famille et d'optimisme contagieux. Dans cet échange sincère et profond, il nous partage ce qui l'a guidé tout au long de sa vie. La force du collectif, l'importance de rester fidèle à ses valeurs, la capacité à traverser les épreuves et en faire une source d'énergie. Sa joie de vivre, son regard plein d'espérance donne envie de croire en un avenir plus lumineux. Bref, je vous laisse écouter ce témoignage inspirant qui résonne bien au-delà du monde de l'entreprise et qui, je l'espère, vous touchera autant qu'il m'a touchée. Bonjour Bruno.

  • Speaker #1

    Bonjour Eleanor.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Rayonnante.

  • Speaker #1

    Merci de m'accueillir.

  • Speaker #0

    C'est moi qui suis ravie de t'accueillir, je suis très heureuse de te recevoir ce matin Bruno. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    On ne peut mieux. On est dans une ville sympa, avec des gens sympas. Et je trouve dans une actualité qui est un petit peu, on va dire, chamboulée, il faut être des facteurs d'espérance.

  • Speaker #0

    Beau message, c'est bien, ça lance l'épisode. Bruno, tu as marqué le monde de la logistique pendant des années en dirigeant le groupe IDEA, et puis tu as quitté ce groupe il y a un peu plus d'un an et demi maintenant. Comment est-ce que tu vis cette nouvelle vie ?

  • Speaker #1

    C'est un groupe particulier, c'est un groupe qui était une coopérative au départ qui faisait du portuaire et aujourd'hui la grande majorité de l'activité d'IDEA c'est de la logistique industrielle. J'ai dirigé ce groupe pendant 27 ans mais très vite j'ai été rejoint par un garçon super Nicolas Delraud qui a pris ma suite et on a donc fait un binôme je crois assez sympa avec des bonnes valeurs ensemble. IDEA juste en un mot aujourd'hui c'est 2500 personnes, 85 sites en France et l'objectif d'IDEA avant tout c'est de consoler l'idée. Des sites industriels en France, que ce soit pour des acteurs français ou étrangers, en s'occupant de la logistique de tout ce qui est en amont, tout ce qui est en aval. En amont, on préassemble, en aval, on peut emballer et on transporte tout ça. Et puis on a toujours une activité portuaire.

  • Speaker #2

    27 ans, c'est beaucoup.

  • Speaker #1

    Et donc, il y a un moment où je pense qu'on n'a pas simplement que l'âge de César Terre, puisque j'ai eu la chance de diriger ce groupe à Gécom. commencé à 36 ans, mais on a l'âge de ses mandats. C'est quelque chose qui m'a beaucoup animé dans toute ma carrière professionnelle. C'est que, je ne sais pas s'il vaut mieux frustrer que lasser, mais en tout cas, il y a un moment où on se considère un petit peu dépassé. Du coup, ça demande un vrai chemin d'humilité. C'est un mot-clé maintenant sur lequel j'ai pas mal travaillé. Et de dire, d'autres sont meilleurs. C'est aussi simple que ça. Il faut se dire que d'autres sont meilleurs. Il y a des nouvelles équipes.

  • Speaker #0

    C'est facile d'accepter ça ?

  • Speaker #1

    Non, je ne sais pas si c'est pas facile. Mais C'est comme ce n'est pas facile de grandir avec l'ombre d'un père. Ce n'est pas facile. C'est un sujet qu'on a partout. Mais moi, je suis convaincu que justement, c'est au seigneur de prendre un moment, sans aucune ambiguïté, la décision de dire, arrêtons de penser qu'on a besoin de conseiller des gens de 50 ans ou 40 ans. Soit ils sont bons et à la limite, on va les gêner. Soit ils ne sont pas bons et à ce moment-là, il faut plutôt changer autre chose. Mais ce n'est pas soi qui, en restant jusqu'à 70 ans, 75 ans, 80 ans, va pouvoir sceller l'avenir de l'entreprise.

  • Speaker #2

    Et c'est très basique.

  • Speaker #1

    Le contact des gens que tu as, ton réseau, il change. Ce qui m'a vraiment décidé, c'est ce qui s'est passé au moment du Covid et puis la suite. Covid, inflation, guerre. J'avais des copains qui étaient un peu plus vieux que moi. Et quand on parlait de direction d'entreprise avec eux, qui étaient dirigeants aussi, je voyais vraiment qu'ils ne connaissaient pas tout ce qui était télétravail. Ils n'étaient plus dans le coup. Ils n'avaient plus les référents. C'était des gens extraordinaires, mais qui n'étaient plus dans le coup. Alors qu'en plus ça s'est terminé chez nous par une cyberattaque chez l'IA, une cyberattaque majeure,

  • Speaker #2

    et bien là ça a été le coup de grâce. Heureusement que la décision était déjà prise avant.

  • Speaker #1

    Mais vraiment, et aujourd'hui c'est l'IA et demain ce sera autre chose. Donc il faut vraiment avoir la lucidité de dire qu'on n'est plus dans le coup, et par contre il faut préparer la suite.

  • Speaker #0

    Ça a pris combien de temps de la préparer ?

  • Speaker #1

    Et bien avec Nicolas, nous travaillons ensemble depuis 20 ans, mais il est rentré en 31 ans pour démarrer de la logistique industrielle dans le groupe, qui était une des divisions, c'est toujours une division du groupe, mais la plus grosse maintenant. On a fait une co-direction générale, je dirais... entre le pressenti et l'officiel, c'est-à-dire le moment où je me suis dit « C'est à toi, si tu en es au corps » , et l'officiel, on a fait une bonne dizaine d'années ensemble.

  • Speaker #0

    Donc ça vous a laissé le temps tous les deux d'avancer ensemble.

  • Speaker #1

    Mais on est passé par une étape de patron, que j'étais en tant que PDG du groupe, je l'ai nommé d'abord directeur général délégué, et ensuite directeur général, et on a fait une co-DG. C'était extraordinaire, parce que c'est une chance, parce que du coup... On ne prenait jamais une décision importante sans en parler. Mais par contre, toutes les décisions du quotidien, chacun les prenait dans son périmètre. Et on n'a jamais eu une feuille de papier à cigarette vis-à-vis de l'extérieur sur ce qu'on faisait l'un ou l'autre. Jamais. C'était trop grave de pouvoir dire qu'à un moment, surtout que les gens regardent ça à la loupe, « Mais tu penses quoi ? Il a dit ça ? » Si il te l'a dit, c'est que c'est ça. Il ne faut pas qu'il y ait d'ambiguïté, c'est vraiment essentiel. C'est un petit peu comme des parents qui éduquent un enfant. L'enfant va essayer de regarder le parent qui lui permettra de sortir un peu plus, etc. Et s'il n'y a pas une solidarité des parents, ça fait un petit sujet quand même. Alors, ça peut être beaucoup plus grave pour les entreprises. Enfin, plus grave, je ne sais pas, mais en tout cas, ça peut être plus... Ça peut être plus important parce qu'on ne sait pas jusqu'où ça va, la démultiplication des divisions. Par ailleurs, il y a une cohérence avec les valeurs que nous avons dans le groupe.

  • Speaker #0

    Oui, et même pour les collaborateurs de l'entreprise, ça a été plus, j'imagine, facile d'accepter aussi votre départ.

  • Speaker #1

    Oui, alors...

  • Speaker #0

    Vu qu'il y avait une suite logique qui était préparée depuis des années.

  • Speaker #1

    Alors bon, ce n'était pas une surprise.

  • Speaker #2

    Ça tombait comme un fruit mûr, si je puis dire.

  • Speaker #1

    Non, la question qu'ils ont aujourd'hui, c'est « et après ? » Parce que Nicolas a 10 ans de moins que moi, donc on est quand même assez proches. Bon, il a encore du temps. Mais effectivement, comme c'est un groupe autonome, nous n'avons pas d'actionnaire extérieur. Les seuls actionnaires, c'est les managers, la direction générale de l'entreprise. Lui et moi, on est à parité. Un fonds commun de placement offert à tous les salariés. Et puis la SCOP, qui est la holding majoritaire. Et la SCOP qui elle-même appartient à ses salariés. Donc on est vraiment autonome, totalement indépendant. C'est assez rare comme modèle,

  • Speaker #2

    c'est très précieux.

  • Speaker #1

    Mais ça veut dire que quand on nomme un dirigeant, il a relativement peu de contrefeu si l'entreprise ne s'ouvre pas spontanément, si le fonctionnement ne s'ouvre pas spontanément, ça ne marche pas très bien. Et c'est pour ça qu'on a eu à cœur de créer un comité stratégique il y a quelque temps et à cœur de faire des partenariats parce que vraiment, les activités de gouvernance où on est auto-centré, auto-suffisant et sûr d'être les meilleurs du monde, ça se finit généralement très très très très mal. Bon, et donc il faut faire attention à ça.

  • Speaker #0

    Et donc toi, tu es encore consulté aujourd'hui dans les décisions opérationnelles et stratégiques ?

  • Speaker #1

    Ah, surtout pas.

  • Speaker #0

    Surtout pas ?

  • Speaker #1

    Alors stratégique peut-être, mais opérationnelle surtout pas. Quand j'ai pris ma retraite, j'ai veillé à Nicolas, je démissionne de tous mes mandats, parce que je préside un certain nombre de filiales et de structures, et je quitte le conseil d'administration. Je pense vraiment qu'il y a des cas particuliers, mais... La plupart des structures duales où le président de conseil de surveillance est un vieux seigneur, et je dis ça, c'est pas du tout péjoratif, et c'est le fiston ou la fille ou je sais pas quoi, ou un extérieur qui est directeur salarié, c'est ambigu. Et du coup, comme les gens bien élevés veulent pas tuer leur père, il y a une ambiguïté qui crée de la frustration, voire parfois des sujets très compliqués à gérer ensuite. Donc moi j'avais dit à Nico, je pars de tout, je te fais confiance, on fait un point tous les six mois,

  • Speaker #2

    tous les deux, en tête à tête.

  • Speaker #1

    Pourquoi avoir de la tête ? Simplement pour que je puisse lui dire la vérité de ce que je pense et qu'il puisse me dire la vérité de ce qu'il pense. Parce que si on le fait devant d'autres personnes et qu'ils me parlent de ses doutes, alors que ça met en cause une équipe, une activité, etc., il n'aura pas la même liberté.

  • Speaker #2

    Mais ça va s'estomper aussi.

  • Speaker #1

    Et on s'est engagé d'ailleurs à faciliter la transmission au suivant. On a même fait des pactes ensemble, de manière à ce qu'effectivement l'entreprise puisse s'autonomiser, plutôt que d'avoir uniquement un enrichissement personnel sans fin. comme tout patron d'entreprise qui a plutôt bien marché dans son développement. Donc tout ça, ça demande de s'ajuster.

  • Speaker #0

    Comment est-ce que toi, du coup, tu occupes tes journées depuis un an et demi ? Est-ce que ça a été complexe de passer d'une vie active riche à une vie peut-être plus oisive ?

  • Speaker #1

    Je vais te répondre un peu longuement, mais si je devais dire un mot, est-ce que ça a été facile ? Plutôt oui, mais avec des moments où c'est un peu dur. Voilà, je vais le dire comme ça. Mais si je détaille, en fait, la caractéristique de ma vie professionnelle, de ma vie tout court, c'est d'avoir été très gâté par la vie. Je le dis très sincèrement, j'ai eu beaucoup de chance. Très gâté par la vie, pas forcément épargné. On a perdu notre fille, notamment, qui nous a mis. Ça a été vraiment très dur, l'oreille. Je me souviens, mon père était entrepreneur, qui a eu aussi un cancer et une dépression. Et l'entreprise a été cédée. Il s'est retrouvé dans une situation beaucoup plus difficile après. Mais en même temps, ça m'a libéré. Comme ça, au moins, j'étais libre de faire ce que je voulais après. mais ce que je dis après je vais remercier Et je le pense sincèrement. Et c'est pour ça que, d'ailleurs, j'ai toujours eu à cœur, mais on en parlera après, peut-être de jamais dire aux enfants qu'ils rentreraient dans l'entreprise. D'abord, c'était une coopérative, je l'ai dit. Ils la connaissent, ils ont fait des stages. Mais j'ai dit, oui, chacun. Au moins deux d'entre eux m'ont dit, mais c'est une chance pour nous de dire que tu nous soutiens pour l'entrepreneuriat de ce qu'on veut faire, mais que du coup, on est libre. C'est vraiment très intéressant. Alors j'en viens à ta question quand même, c'est-à-dire que mon engagement pour l'entreprise était l'un de mes engagements. L'engagement principal, c'est quand même celui de mari et de père de famille. Le second est de fils et de frère, etc. Mais je dis ça, c'est sérieux, parce qu'au moment de la retraite, c'est celui qui va prendre le pas sur la vie professionnelle. Donc si on ne cultive pas ça, il y a un moment, au moment de la retraite, c'est un peu dourd. Nous, on avait la chance d'avoir pu réfléchir à ça, malheureusement, pour les raisons qu'on connaissait sur la maladie de Lorraine. Le deuxième sujet, c'est que j'avais un tas de mandats à l'extérieur. Des mandats sociétaux sur le territoire, on en reviendra peut-être un peu. Et donc j'avais déjà été initié... Au fait d'arrêter quelque chose et de ne jamais avoir un mot sur les successeurs. C'est une règle de base que j'ai eue quand j'ai quitté la présidence de la chambre ou d'autres choses, enfin peu importe. Tu viens, tu pars, tu fermes ta bouche pour ne pas dire tu fermes ta gueule. Et c'est vraiment très important et quand je dis ça, c'est y compris dans les regards, y compris dans les retards. Et souvent on me dit mais on ne voit plus, tu désintéresses du sujet. Non, ce n'est pas que je me désintéresse du sujet, c'est que je ne veux pas gêner la gouvernance qui elle a les éléments que moi je n'ai pas. Je suis toujours très étonné par tous ces retraités qui donnent des avis aux jeunes. Je dis vraiment, qu'ils puissent donner des conseils, réagir avec eux, oui, mais des avis définitifs, je me dis, ils n'ont pas tous les éléments quand même pour juger. Et donc ça m'avait préparé tout ça. Et puis par ailleurs, je suis un chrétien catholique, à vocation équiménique, donc ouvert à un certain nombre de sujets. Et donc nous sommes partis avec Valérie, ma femme, il y a deux ans, à Saragosse, trois mois, dans une abbaye. avec à 140 personnes, 14 nationalités de tout âge, pour nous former, nous préparer, réfléchir à ce qu'on voulait faire ensemble dans notre seconde vie. Puis j'ai continué avec une retraite en silence. Et c'est très important parce que, indépendamment du fait que, effectivement, ma foi se consolide, en tout cas je l'espère, mais ça me permet vraiment de réfléchir, ça veut dire quoi aimer les autres, ça veut dire quoi l'essentiel de la vie. Et puis, effectivement, on a eu aussi une chance, c'est qu'on a aujourd'hui sept... Petit enfant ennemi, il y en a un huitième en cours qui va arriver. Et donc, effectivement, on a une joie de les accueillir. Alors, c'est un sujet qui est compliqué, ça. Parce qu'il faudrait disponibiliser quasiment tout le temps des grands-parents, avec les périodes scolaires, les vaches, etc. Enfin, tout le temps, j'exagère, mais comme il y a plusieurs familles, ça revient assez souvent. Et puis, en même temps, il faut qu'on ait notre vie. Moi, j'ai aussi une vie de loisir. Tu m'as posé la question de loisir. Alors, ça revient aussi, parce que j'aime bien naviguer. On a racheté un bateau avec un ami et on navigue en famille ou avec des autres amis. Et puis enfin, j'ai pas mal d'amis qui sont touchés par la maladie, la séparation. Enfin bref, des situations un peu compliquées. Je me dis que c'est aussi mon rôle de les aider.

  • Speaker #0

    Une vie quand même bien remplie.

  • Speaker #1

    C'est une vie remplie. C'est une vie plus engagée que d'engagement. Je ne sais pas comment le dire. C'est-à-dire que j'accepte aujourd'hui de ne plus être le pilote stratège, mais plutôt de dire... Écoute, voilà, tu t'es engagé auprès de ta famille, etc. Tu ne choisis pas le jour et l'heure. Tu t'es engagé auprès de tes amis, tu ne choisis pas le jour et l'heure. Et puis, alors, j'ai gardé une activité économique, on va dire, relative. J'ai encore une dizaine de mandats,

  • Speaker #2

    donc c'est encore relatif.

  • Speaker #1

    Mais je suis d'ailleurs vice-président de la Banque Populaire Grand Ouest et président du comité d'audit. Donc, c'est un sujet important. On a fait la fusion de l'aide de banque. Et puis, en ce moment, les banques sont quand même importantes pour le territoire. Et elles sont elles-mêmes touchées par un certain nombre d'évolutions réglementaires et conjoncturelles qui vont toucher les entreprises. Moi, c'est toujours l'entreprise qui a été mon... mandat. Puis je suis membre de comité stratégique d'entreprise, de TI et de start-up. Enfin, j'ai une quinzaine de participations que je suis on va dire plus ou moins selon les gens qui le font. Certaines, je suis très impliqué. D'autres, c'est un peu plus léger.

  • Speaker #0

    Si tu devais te présenter là aujourd'hui auprès des auditeurs, au-delà des titres, au-delà des activités, comment est-ce que tu le ferais ? Qu'est-ce que tu dirais sur toi ?

  • Speaker #1

    Je suis vraiment un homme en sens être humain comme beaucoup. Fils d'eux, avec toute une histoire familiale.

  • Speaker #0

    Bon, père mais ouais,

  • Speaker #1

    justement. Père 2, avec toute l'insertion familiale. Frère 2, avec une fraternité de gens très proches de sang, mais également de choix, notamment spirituels.

  • Speaker #0

    Tu as combien de frères et sœurs ?

  • Speaker #1

    Nous sommes 6. 6 ?

  • Speaker #0

    Ah ouais ? 6. Toi t'es le nouveau coulant ? Je suis né.

  • Speaker #1

    T'es né. J'ai un petit frère qui est le dernier et 4 sœurs autour, donc je peux dire qu'on est bien briefés. Mais voilà. Et puis acteur. Je considère que, et d'ailleurs c'est ça qui est le plus difficile par rapport à ta question précédente, c'est ça qui est le plus difficile, c'est vraiment de dire... Alors que j'ai toujours été acteur, plutôt décideur, on va le dire comme ça, accepté d'être un pion. Consulté ? Non, parce qu'il faut quand même un peu agir, mais ce n'est pas moi le leader. Et ça, c'est un chemin d'humilité qu'il faut décider. Parce qu'on vient sur un jarret te dire, tu pourrais faire ça, tu ferais ça, on a besoin de toi là, etc. Je me dis, mais non, je vais décider d'être au service de ce temps spirituel, ma serviette, je vais décider d'être au service. Je n'ai pas envie d'être le pilote, le patron.

  • Speaker #0

    Donc du coup, si je reprends un peu justement ton enfance, Tu n'es pas né à Nantes. tu es né à Neuilly. Et donc ton parcours familial a été marqué par cette histoire d'entreprise quand même, de résilience aussi, puisque ton père dirigeait ce groupe textile qu'il a revendu. Raconte-nous un peu cette enfance dans les grandes lignes et ce qui, toi, t'a marqué et peut-être façonné aussi ton parcours derrière.

  • Speaker #1

    Je te disais tout à l'heure, je suis né à Neuilly parce que ma maman était parisienne et bretonne et mon père était du sud-ouest. Quand ils se sont mariés, je suis le premier enfant qui est né là-bas, il se trouve que mon père a très vite... Papa c'est vraiment un homme qui était vraiment un bébé du sud-ouest quoi. Il était à Paris parce qu'il avait fait ses études là-bas, il avait fait HEC, bon c'est tout. Et il avait rencontré maman qui avait fait Sciences Po, ce qui à l'époque était plutôt des parcours on va dire entre guillemets d'élite, on va le dire comme ça. Et il y a un Au moment où il ne savait pas très bien ce qu'il allait faire, il a été appelé par son grand-oncle pour rejoindre le groupe familial où il a développé des activités commerciales. C'était un groupe qui s'appelle Absorba Poron, qui a été avant le plus gros groupe textile enfant leader européen. Qui fabriquait les... Oui, Absorba Poron, c'est des marques que... Absorba, il en reste un peu. Coup de cœur, Johnson, guitare, ça ne vous dit plus rien, moniteur non plus. Mais il y a eu un certain nombre de marques et c'était vraiment... c'était trois fois petit bateau. C'était un peu plus gros. Il y avait Lacoste à Troyes, il y avait Petit Bateau, il y avait le groupe Absorbapon. Et papa était un patron très social. C'est le premier à avoir mis le 13e mois dans l'entreprise Textiles, ce qui à l'époque avait été un peu... fatigué par ses pères, mais en même temps très international. Il avait ouvert en Tunisie, parce que sinon il n'y avait pas à produire, et qui avait industrialisé le groupe. Et il y a un moment, leur actionnariat familial très réparti a eu l'opportunité de faire pas mal d'argent, parce qu'il y avait des gens qui s'intéressaient au groupe au moment où il était rentré au second marché. Une partie de la famille a préféré prendre de l'argent là. Et donc, du jour au lendemain, papa s'est retrouvé, il a perdu la majorité, et il s'est retrouvé avec un racheteur qui n'était pas tout à fait celui qu'il avait choisi. Donc il a préféré partir. Ça a été un peu douloureux. D'autant plus qu'il venait d'avoir... Il avait un cancer à l'époque. Il a fait une dépression. Et moi, j'ai vu mon père qui était un espèce de... C'était un homme exceptionnel. Enfin, vraiment un très grand bonhomme. De souffrir beaucoup. Et il avait vraiment humilité sur humilité à faire. Sur tous les sujets. Et maman... Maman est exceptionnelle, je dois dire. Elle l'a bien accompagnée à ce moment-là. Mais elle-même avait un accident de voiture très grave avec papa quand j'avais 6 mois. On a fait une amputée et elle a été du coup tout le temps très handicapée. Et donc, je veux dire que moi, ça m'a marqué parce que je sais très bien que les choses ne durent pas éternellement.

  • Speaker #0

    Tu en as eu conscience très jeune.

  • Speaker #1

    Très jeune. Et puis, je me suis aperçu que l'actionnaire familial, c'est bien, mais il y a quelques limites quand même. La dégénération, ça se passe. Puis après, il y a d'autres priorités, ce qui est normal. Je ne critique pas du tout ça. Alors, les fonds financiers, eux, ils ont un temps de vision très court. On le sait. Généralement, c'est quelques années. 7-8 pour les meilleurs et souvent c'est plus court que ça les familles ça peut durer une génération 2 voire 3 mais la plupart du temps ça pose un problème ne serait-ce que parce qu'il faut payer les droits de succession ne serait-ce que parce que les priorités des uns des autres bougent et donc je m'étais dit quelque part dans la petite tête plus tard tu as envie d'être entrepreneur parce que moi je me souviens quand j'étais enfant j'allais parfois au lycée avec le chauffeur et la DS noire et du jour au lendemain il n'y avait plus rien et c'était la chance de ma vie Je suis parti aux Etats-Unis à peu près en même temps et là j'ai vécu un peu dans la pauvreté. C'était une grande chance parce que l'inflation avait fait que mon pouvoir d'achat était divisé par deux et comme papa ça n'allait pas très bien, je ne voulais rien demander. Et donc j'ai habitué avec des colocataires dans les endroits où il y avait de la drogue, de la violence, etc. Tu étais où aux Etats-Unis ? À Pittsburgh, qui est une ville vraiment très difficile. J'avais 18-19 ans, j'aurais pu très bien complètement vriller. Et je me suis dit tout ça, ça s'est passé en 2-3 ans. Et ça a été une chance, bon, ça s'est bien passé, j'ai trouvé difficile là-bas, ma petite amie d'époque est morte d'overdose, donc ça a été vraiment un des moments compliqués. Mais je me suis dit, écoute, avant tout c'est l'humain qui compte, c'était venu de l'éducation que j'avais reçue et de ce que j'avais pu découvrir. Et tu peux prendre ta vie en main, il y a un moment tu peux la prendre. Alors après j'ai retravaillé un parcours classique, j'avais fait une licence en droit et le M Lyon. Et puis je suis parti rentrer dans un grand groupe qui s'appelle Ford, qui est une entreprise géniale. Alors je vais travailler un peu dans d'autres boîtes avant, mais très peu. Et qui est une entreprise géniale parce que...

  • Speaker #0

    En France du coup, tu étais en France.

  • Speaker #1

    Alors j'étais en France et en Angleterre. En France, il se trouve que je faisais du conseil de gestion financière, tu vois, il y en a encore un.

  • Speaker #2

    Ça te rappelle ton mari. Et puis à m'avoir...

  • Speaker #0

    J'adore parce que c'est des gros virages. Tu as fait des études de droit, un million, un pré-finance. Ce n'est pas fini.

  • Speaker #1

    Ce qui s'est passé à ce moment-là, c'est que j'avais un patron exceptionnel. Enfin, pas un patron direct, mais il y avait le patron, le secrétaire général du groupe de Ford en France, qui est un petit exceptionnel, qui était un pied noir, qui a donc vécu, qui m'avait beaucoup parlé de l'Algérie, de la difficulté. On parle de la Slimanie aujourd'hui, les difficultés que ça pouvait avoir. Et il était merveilleux, d'une finesse. Et il était maire adjoint du 12e en même temps. Il avait un engagement politique. Il dit, ben voilà, j'ai été viré d'Algérie, mais comment j'ai un engagement politique ? Et je trouvais ça vachement... Je trouvais ça... Il me parlait des heures de ça. Et ce garçon, un jour, il y avait le responsable du recrutement chez Ford, mais un an et demi après ma rentrée dans le groupe, j'avais donc 23 ans, 24 ans, 25 ans, 25 ans, il me dit, ben, s'en va. Et il me dit, ben, écoute, prends le poste. Et moi, je me suis occupé du forum des recrutements. Donc, j'avais des grandes écoles avec ma grosse bagnole, mes machins, etc. J'étais le gamin. Les autres, ils avaient 20 ans de plus que moi, mes concurrents. Donc, je faisais un carton. Ça marchait super bien.

  • Speaker #2

    J'étais vachement fier. Et plus à ce moment-là,

  • Speaker #1

    c'est intéressant parce que j'ai eu la chance à ce moment-là de pouvoir être dans mon temps sur un métier. Les bagnoles, c'était encore un peu quelque chose, mais ça commençait déjà à partir. C'est un métier sur lequel, effectivement, on sentait que c'était un peu plus compliqué. Et puis après. Ce qui s'est passé, c'est que le directeur du personnel, lui, est parti comme patron du personnel de l'Encom. Et Vincent me dit, écoute, maintenant t'es obligé, il faut que tu passes à Fort d'Europe pour être validé par le board, mais il faut que tu prennes la direction du personnel. Je lui dis, attends Vincent, j'ai 28 ans, 27 ans. Ouais, t'étais jeune. Et il me dit, écoute... Vu ce qu'on a à faire, et ce qu'on avait à faire, c'était fermer l'usine de Charles-Evile-Mézières qui faisait des tracteurs. Puis on savait que Bordeaux était compliqué aussi. Et Bordeaux, le délégué syndical, c'est Poutou. Je ne sais pas si vous connaissez Poutou, mais c'est quand même quelqu'un qui... Donc il y avait vraiment une tension assez forte. Et il me dit, il faut un Français, parce que s'il me bombarde encore un gars qui vient de l'extérieur, Et en français, il n'y a que toi qui peux le faire. Donc débrouille-toi pour être alloué. A l'époque, nous venions d'avoir notre deuxième enfant. On part avec Valérie en Angleterre et ça ne s'est pas très bien passé pour Valérie en Angleterre. Elle a fait une dépression.

  • Speaker #0

    Le changement de vie a été compliqué.

  • Speaker #1

    Ça a été vraiment compliqué et elle est repartie plus tôt en France. Et là, j'ai eu un temps, c'était compliqué parce qu'il y avait vraiment un arbitrage à faire.

  • Speaker #0

    Entre la vie professionnelle et la vie familiale.

  • Speaker #1

    Voilà, et je dis à Vincent, écoute, je ne vais pas aller au bout, je vais rentrer. Et lui qui était vraiment génial, j'étais son fils adoptif,

  • Speaker #2

    il m'a dit,

  • Speaker #1

    écoute, là ça m'échappe, c'est au-dessus de moi. Mais j'ai une idée. Il faut... On doit recruter des INSEAD, des IMEDE, etc. C'est Ron Platt, le patron de Ford Europe, qui veut faire ça. On a jeté, entre guillemets, l'internationalité du groupe européen, quoi. Et il faut que tu fasses ça avec lui. Je dis, mais attends, raconte. D'abord c'est que les écoles en anglais ça pouvait aller mais le reste moi j'étais pas très fort, enfin même nul, enfin je savais rien. Et Ron est arrivé avec son avion privé, tu vois c'était déjà un autre moment, j'étais très impressionné. On a eu fait un désentendu recrutement, donc on recrutait 8 personnes à l'INSEAD. C'est des gens de bon niveau à l'INSEAD en général qui ont eu un parcours assez intéressant. Moi j'étais vraiment, moi j'étais très très très complexé je dois le dire. Mais je pense avoir cette qualité humaine d'appréciation des hommes. Et il y a un moment, au quatrième candidat, Ron me dit « Ah, ce gars-là, il est extraordinaire. » Enfin bon, je ne te défasse pas son accent américain, mais il est extraordinaire, il est gyné, etc. Et tu ne le trouves pas, Bruno ? Et moi, je lui dis « Je n'ai pas du tout le même sentiment, Ron. » Moi, j'ai un sentiment que ce n'est pas une quiche, c'est sûr, il est brillant, il parle une langue couramment, etc. Mais je trouve qu'il est prétentieux, je trouve que ça ne va pas le faire, ça n'a pas avec les valeurs du groupe, etc. Et il argumente un peu, à un moment donné, c'est ça. puis à un moment il est clé de réélire, t'as parfaitement raison Je voulais savoir si tu allais me dire la vérité, parce que moi je veux un directeur du personnel qui me dise la vérité.

  • Speaker #0

    Il t'a testé en fait ?

  • Speaker #1

    Il me testait et il m'a dit, et on veut repartir avec son avion, il me dit toi tu restes ici, le chauffeur te ramène chez Ford, tu prends la direction du personnel demain. Ça s'est passé comme ça. Alors là, je dis ça parce que d'abord il faut prendre les chances, et deuxièmement c'était génial. Mais je savais en même temps, donc j'ai fermé l'usine de Charleville, j'ai eu des prises d'otages, j'ai eu à gérer des suicides, c'est des choses difficiles. Je ne voudrais pas me plaisanter là-dessus, mais c'est ce qui à un moment forme. Les sujets sur l'alcool, les sujets... Ce qui forme à un moment... La direction du personnel, c'est un job difficile. Parce qu'il faut recruter des gens quand on est en développement. Et puis en même temps, ça va être dur quand on ferme une usine ou quand on brise des vies. Donc c'est vraiment compliqué. Il faut dire la vérité. Moi, j'ai eu le suicide d'un collaborateur. Et j'ai été accompagné après parce qu'il s'est suicidé un quart d'heure après avoir quitté mon bureau. Donc il savait qu'il allait être licencié. Et on s'est aperçu de sa mort parce qu'il avait été abandonné par sa femme, sa famille, que plusieurs jours après. Et c'est moi qui m'en suis aperçu parce que je ne comprenais pas pourquoi. Pourquoi il ne revenait pas, etc. Après, je me suis fait accompagner par un psy pour comprendre. Je me disais, mais qu'est-ce que je n'ai pas fait ?

  • Speaker #0

    Surtout que tu étais jeune à l'époque.

  • Speaker #1

    J'étais hyper jeune, j'avais 28 ans, 29 ans.

  • Speaker #0

    On n'est pas préparé à ça, en fait.

  • Speaker #1

    On n'est pas préparé. Et le gars me dit, comment tu as fait le dernier entretien avec lui ? Je dis, j'ai essayé le plus sympa possible, etc. Il me dit, carton rouge.

  • Speaker #0

    Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Eh bien, ça, c'est intéressant et ça m'a réavoué toute ma vie. Quand tu as quelqu'un à qui tu annonces une mauvaise nouvelle, si toi, tu te mets dans la compréhension absolue...

  • Speaker #0

    Et dans l'empathie ?

  • Speaker #1

    Dans l'empathie, qui est de dire... que vraiment, oui, c'est vraiment le pauvre type, c'est vraiment un pauvre type, et il a tout raté. Il venait de se séparer de sa femme, je te disais. Il était en bisbille avec ses filles. Et donc, on le virait. Il était dans l'alcoolisme. Il était absent six mois par an depuis trois ans. Donc, ce n'était pas possible. Eh bien, tu casses le dernier ressort, qui est l'estime de lui. Il faut que tu le mettes en colère. Quand tu licencies quelqu'un qui est dans une situation... Et la colère est juste. Et il faut accepter. Ce n'est pas agréable, en tant que manager, de mettre les gens en colère, mais une colère juste. donc sur la vérité et ça m'a beaucoup éclairé dans tout le reste de ma vie professionnelle être dans la colère juste ou d'être dans la justice c'est-à-dire un moment on ne fait pas semblant un moment on dit les choses parfois on me dit j'ai pu être assez cash assez exigeant etc par estime des gens t'es pas fait pour telle ou telle mission t'es pas fait pour le groupe mais t'es quelqu'un de vachement bien donc tu vas rebondir ailleurs c'est pas que de la démago il faut un moment ce qu'on est en train de vivre au niveau politique en France c'est une parenthèse Mais c'est parce qu'on n'a pas dit la vérité que tout... On est dans un tel bordel, excusez-moi de le dire comme ça, mais... et je parle aux auditeurs mais c'est parce que on ne dit pas la vérité alors Bayrou a peut-être échoué peu importe mais simplement quand il disait je veux dire la vérité il n'est même plus audible et ce qui est terrible c'est pour nos enfants nos petits-enfants pas pour nous nous c'est facile les retraités etc les baby-boogers je ne dis pas qu'on a tout bon sur tous les sujets, mais quand même... Mais les autres, ceux qui viennent. C'est ma petite minute de dévoilage, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant ce que tu dis sur la colère et accepter aussi, oui, que les gens puissent être en colère contre toi. Parce que c'est vrai qu'en tant que dirigeant, on n'est pas là pour être aimé par tous, mais en effet pour être le plus juste, je pense.

  • Speaker #1

    Oui, à condition de ne pas humilier les gens. Et en fait, la vraie humiliation, ce n'est pas simplement la critique, c'est le mépris caché sous des bons sentiments très empoulés.

  • Speaker #2

    Tu vois ce que je veux dire ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est vache. Parce que l'autre n'est pas idiot.

  • Speaker #0

    Donc toi, tu démarres ton parcours professionnel avec tous ces périmétries qui t'est arrivée. Tu restes combien de temps ?

  • Speaker #1

    Je savais par ailleurs, c'était clair, qu'il y a un moment j'allais... Alors Forte est une boîte où on change tout le temps, dans les potentiels. Je savais que j'allais bouger, donc j'ai repris la direction commerciale par Île-de-France. Et puis, je savais que je devais chercher quelque chose. Parce qu'on se dit, je ne voulais plus être à Troyes pour les raisons que tu connais. On peut bien comprendre. Et on se dit, le côté breton, on va ressortir. Moi, j'aime bien naviguer, je vous le disais tout à l'heure. Et donc, il y a un moment où je me suis dit, bon, est-ce qu'on va à Rennes, Nantes ? Bordeaux, on l'a esquissé, mais pas trop. À l'époque, le groupe Bordeaux était un peu le bel endormi aussi. Et j'en parle au concessionnaire Ford, qui est Alain Mustière,

  • Speaker #2

    qui est un très bon ami.

  • Speaker #1

    Et un amitié a été président de la chambre de commerce à l'époque Et il me dit écoute je vais te faire rencontrer des potes Puis tu lui diras un peu ce que tu veux faire, etc.

  • Speaker #0

    Toi, tu avais une idée précise de ce que tu voulais faire ? Non,

  • Speaker #1

    j'étais prêt. J'avais fait du commercial, du marketing, de la

  • Speaker #2

    RH, de la vente.

  • Speaker #1

    J'étais ouvert à tout. Ce que je voulais, c'était entreprendre à terme.

  • Speaker #2

    Et là, je me souviens très bien. J'arrive, mais en t-shirt et achat chez Alain,

  • Speaker #1

    parce que c'était un pote. Et puis, il y avait son bureau de la chambre. Il y avait Guichard, patron de la BN, Jean-François Moulin, patron de la Banque populaire. Il y avait un tas de patrons. tous très cool. Et puis Alain me dit, bon ben, allez Bruno, présent ce que tu fais. Bon, j'étais un peu, je ne savais pas très ce que ça voulait dire ce truc-là. Donc, je dis, voilà ce que je fais. Et puis, si vous avez des idées de job ou des idées, des concepts de l'année, n'hésitez pas. Pérou, le déjeuner se passe très bien. Et le lendemain, Alain me dit, bon, tu es validé à 100%. Je dis, je suis validé à 100%, pourquoi ? Parce que je veux un dire-câble, j'en ai marre d'avoir des polytechniciens avec moi en permanence. À l'époque, Alain voulait un peu varier. Lui, c'est un garagiste. Il disait tout le temps, moi, je suis un garagiste. mais avec une vision et courage, un vrai meneur d'homme, un type exceptionnel. Et puis à l'époque, Alain me disait, écoute, moi je veux un dire cap parce qu'il faut qu'on construise Nantes. C'est une décision qu'on a prise au niveau du bureau de la chambre. On ne peut pas laisser comme ça. A l'époque, l'usine Niveau L titrait Labelle Endormie, c'était les années 89. Il n'y avait pas de périph', pas de tramway, pas de côte autoroute pour Paris, pas de 4 voies pour Rennes. L'aéroport était deux fois plus petit, on imagine le chantier de 4 voies. Déjà qu'il n'est pas grand,

  • Speaker #2

    tu vas acheter des trucs.

  • Speaker #1

    Pas de TGV, pas de télécongrès, il n'y avait rien. C'était une petite ville de province. Alors quand on dit ça, on se demandait « Oh non, quand même ! » . Une guerre avec Saint-Nazaire. Et on sait bien que si on voulait compter dans la métropole d'équilibre que voulait Guichard à l'époque... Alors Guichard, ça ne vous dit rien, mais c'est le père de l'aménagement du territoire. Et donc à l'époque, il était président de la région Pays de la Loire aussi. Et il disait « Mais il faut qu'il y ait une métropole forte. » Et la métropole, ça ne peut être que Nantes. Ça ne peut pas être Angers. Donc ça avait été un peu compliqué avec les Angevins. Mais ça peut être que Nantes, à condition qu'elle fasse alliance avec Saint-Nazaire. D'où le port de Nantes-Saint-Nazaire, d'où la volonté de faire cette métropole. Paul Nantes Saint-Nazaire. Et tout ce projet-là était là. Mais en même temps, ça a été un temps... Alors, ça a été incroyable comme projet. Le problème qu'on avait, c'est que les gens étaient bien, quoi. Ils ne se rendaient pas compte de ce qui était en train de se passer.

  • Speaker #2

    Alors, j'exagère. Il y avait des tas de gens qui...

  • Speaker #1

    Et donc, on a dit, mais il faut objectiver ça. Donc, on a fait un constat, assez difficile, sur l'état de la région par rapport aux autres états régionales... l'état de la métropole par rapport aux autres métropoles françaises. Et on était dans une situation dramatique. La valeur ajoutée produite par personne était plus faible qu'ailleurs. Le niveau de formation était moins élevé. Le rayonnement international, c'est comme ça qu'on a créé le World Trade Center. Et donc, on a fait un programme d'action. Nous avons choisi de réussir. On a mobilisé 1000 entreprises qui, à l'époque, se sont retroussées les manches. Parce que tout ça, ça venait en 89, je le rappelle quand même. C'est la chute du mur de Berlin. Mitterrand avait été élu en 81. Donc les entreprises, c'était un peu chaud bouillant,

  • Speaker #2

    les entreprises à l'époque.

  • Speaker #1

    Et à Nantes, on venait de fermer Creuseloir. Et Dubigeon fermait en 86. Donc le centre-ville devenait une friche commerciale.

  • Speaker #2

    Enfin, une friche, pardon, pas commerciale, une friche industrielle.

  • Speaker #1

    Les grandes surfaces étaient partout en train de se développer autour de Nantes, avec la perspective du périph', et on se dit, mais qu'est-ce que va devenir cette ville ? Là, on a fait feu de tout bois, on a même redressé le FCNA, qui était relégué, enfin le football club de Nantes, c'est pour ça qu'il est devenu FCNA d'ailleurs. Il devait être relégué en seconde division en 91, c'est Guy Scherer qui l'a ramené, on a gagné la Coupe de France en 95, en faisant de la pelle à l'épargne. Et moi, en tant que dire-câble, je m'occupais de tout ça. Puis un peu de temps, j'ai dirigé les services de l'entreprise. Mais c'était passionnant. Passionnant. Et puis public-privé, et puis on avait le dîner des croates, alors ils sont tous un peu... C'est-à-dire tous les directeurs de la région, de la ville de Nantes, etc. Il y avait nos présidents qui existaient, puis le dîner des croates, c'était nous, on réglait les problèmes de... Pas de fonds, mais les problèmes de quotidien à gérer par rapport à ça. C'était vraiment le bureau d'arbitrer les trucs absolument incroyable. avec des discussions passionnées, ça a donné d'ailleurs lieu à créer un truc qui s'appelle la SEL, enfin c'est mort depuis mais malheureusement, mais qui était quelque chose où les gens étaient obligés de discuter. Après la spécialisation, mais ça c'est bien qu'au plus tard, la volonté d'éviter les doubles mandats, la spécialisation qu'on a fait de chacune des collectivités a cassé cette obligation de discuter. Le conseiller général n'avait plus que des responsabilités qui sont beaucoup plus fléchies aujourd'hui, le conseiller régional on sait sur l'économie, L'État et le Conseil régional n'avaient plus de responsabilité partagée. Et puis, il y avait les métropoles et les villes-coeurs. Est-ce qu'on faisait en doublé le service ? Parce qu'il s'est passé malheureusement partout en France. D'où la ruine, d'où le coût des collectivités qui est astronomique. Mais avant, il y avait de l'argent dans les caisses pour faire des projets communs. Après, chacun a voulu faire sa petite chacunière. Et du coup, les gens ont moins discuté. Mais cette période-là était extraordinaire.

  • Speaker #2

    Je me souviens de discussions à l'époque droite-gauche, aussi bien avec Olivier Guichard, qui était quand même l'un des piliers de Gaulle. Enfin,

  • Speaker #1

    c'était l'un des compagnons de Libération. avec Jean-Marc Ayrault qui était un jeune maire à l'époque. avec Joël Batteux qui était plutôt bien marqué à gauche. Mais on était sur la vérité, on ne se racontait pas de conneries.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que Nantes avait de plus ? Tu parlais d'Angers tout à l'heure. Qu'est-ce que Nantes avait de plus à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Nantes, sur un plan démographique, était plus gros. Le Nord-Atlantique était plus gros aussi. Nantes avait un port. Nantes-Saint-Nazaire avait un port, un aéroport. Et Nantes-Saint-Nazaire, c'est le dernier sujet de la Bretagne, Nantes-Saint-Nazaire, c'est quand même une ville bretonne. Donc il y a un Interland, un pays qui est fort. Et les Vendéens sont quand même plus proches du Nantais. que des enjeux. Cela étant, Cholet marche très bien. Donc, il y a un choix qui est dit. En tout cas, il en faut un. Je pense aussi qu'Angers était trop près de Paris.

  • Speaker #2

    Je ne sais pas, je n'ai jamais parlé avec Olivier Guichard avant qu'il demeure.

  • Speaker #1

    À l'époque, si on réfléchissait bien, une heure et demie de TGV, parce qu'on savait que le TGV était en cours, il arrivait en 89, on se disait, mais on va être absorbé. Ce qui s'est passé pour Le Mans, par exemple. On n'a pas la taille pour faire un équilibre. Et puis, les villes de métro... Alors, Guichard était clair. Une ville, ça doit faire un million d'habitants, une ville d'équilibre. Le seul qui pouvait faire un million d'habitants, c'était Nantes-Saint-Nazaire.

  • Speaker #0

    Quand et comment est-ce que tu en arrives à prendre la tête d'IDEA ?

  • Speaker #1

    Alors simplement, moi, en venant voir Alain, je lui dis, écoute, moi, je veux bien t'aider pendant ton mandat. Il restait cinq ans. Mais après, je m'en vais, je veux rechercher une entreprise. Entre temps, boum, boum, boum, comme arrive. Numéro 3. Thomas Larraine. Voilà, numéro 3, numéro 4, 5, en 15 mois. Donc, on change de maison.

  • Speaker #0

    Bravo.

  • Speaker #1

    Chapeau, je ne sais pas, chapeau, mais chapeau pour ma femme, oui, pour Valérie. Chapeau pour Valérie. Mais c'est vrai que c'était compliqué parce que j'étais en même temps très engagé sur beaucoup de choses. Mais en tout cas, ils arrivent. Et là, il fallait vraiment que je change de dimension. Je me dis, si je ne veux pas faire mon projet d'entrepreneuriat maintenant, je ne le ferai jamais. Et donc, j'avais commencé à...

  • Speaker #0

    Mais c'était risqué, du coup, vu ta situation familiale. Ah, mais ça, j'aime bien les risques. Ah bon, d'accord. Ça ne se fait pas peur.

  • Speaker #1

    Ah non, c'est... J'ai un côté canadien. Je prends ma chance, comme on dit. Non, mais c'est vrai. À chaque fois, c'est vraiment drôle. Je ne dis ça en riant, mais les Canadiens, ils prennent des chances. Les Français, ils prennent des risques. C'est drôle, c'est vrai.

  • Speaker #0

    C'est une manière de voir les choses, en fait. Même en psychothérapie, c'est comme ça, tu sais.

  • Speaker #1

    Faut m'expliquer pourquoi ça va pas, Freudien. Alors que t'es comme t'es, disent les Canadiens, maintenant comment tu vas aller mieux ? C'est quand même mieux, je trouve. Donc, j'avais dit que je voulais reprendre une entreprise et j'étais en veille. Et il y a un garçon qui était vice-président de la chambre de commerce de Saint-Nazaire, Jean-Pierre Desmarais, qui m'a dit, écoute Bruno, voilà, je voudrais... Bref, il m'a dit, écoute, c'est une scope, il n'y a que 60 personnes, c'est à Saint-Nazaire, c'est du portuaire. Mais on a trois clients uniquement. C'est petit, c'est risqué. On a de l'argent en caisse, mais on dépend trop du port, de la CGT portuaire, qui n'est quand même pas un cadeau. Et puis, comment fait-on pour assurer un développement ? Il faut qu'on se prenne un peu en main. Et il dit, moi, j'arrive au bout du parcours. Et donc, il m'a proposé de faire ça. Et donc, moi, après, j'ai créé sept entreprises différentes en même temps, en trois ans, dont une holding de contrôle. Et on a développé le groupe. Et c'est comme ça qu'on a démarré la logistique industrielle, la biofiltration, enfin, on a démarré plein de choses. Et la logistique industrielle est devenue aujourd'hui l'âme du groupe. Mais ça a commencé comme ça. Mais je me souviens très bien. Il a fallu convaincre tout le monde que l'argent que nous procurait le portuaire puisse servir à nous développer ailleurs. Ce n'était pas si simple que ça. Puis moi, je venais. Déjà, je n'étais pas un gars du port. Je n'étais pas un gars de Saint-Lazare. Pire, j'étais un Nantais.

  • Speaker #2

    Non, mais il a fallu que...

  • Speaker #1

    Et puis, petit à petit, ça a marché assez vite, assez fort.

  • Speaker #2

    Pas tout de suite, pas tout.

  • Speaker #1

    Il y a des choses... J'ai arrêté des entreprises qui ne marchaient pas. Ça, c'est vraiment compliqué. J'en ai repris, bon bref. Mais c'était intéressant et en même temps, j'ai repris la présidence de l'entreprise, j'ai pris la direction générale en 98 et la présidence, non en 96 et la présidence en 98. Et nos petits-enfants étaient là, ils se développaient et Valérie m'a dit bon je veux rester à Nantes parce que j'ai mon équilibre de vie, les cinq enfants etc. Donc je faisais la route tous les jours.

  • Speaker #0

    Et justement, sous ta direction, le groupe est passé de 60 collaborateurs à plus de 2000 salariés qui étaient répartis sur plus de 60 sites. Vous avez réalisé plus de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires. Quel souvenir, toi, tu gardes de ces années-là ?

  • Speaker #1

    C'était génial. C'était génial, épuisant. Moi, d'abord, le premier souvenir que j'ai, je voudrais remercier Valérie de m'avoir accompagnée. Valérie c'est une C'est une fille de patron, mais de patron qui a vécu des difficultés, de petit patron. Et quand je dis ça, c'est pas du tout péjoratif. Donc elle savait ce que c'était. Elle savait que quand je disais, écoute, je disais c'est dimanche mais il faut... Alors en même temps, on a vécu des sources d'équilibre à deux en même temps. Ses parents sont décédés assez vite, mais les miens étaient dans des situations un peu difficiles aussi. Donc finalement, on a été peu aidés par nos familles originelles à la petite enfance. Par contre, très aidé par des amis. On va dire que globalement, on a été très épaulé. Il fallait que... Je me souviens, il fallait que je construise la maison parce que moi, je n'avais pas beaucoup d'argent puisque je m'étais endetté. À chaque fois que j'ai changé de boulot, j'ai perdu entre 25 et 30 % de mon salaire. C'est une bonne idée. J'aime bien les risques. Mais oui, parce qu'il y a un moment, il faut faire ses preuves. Par contre, évidemment, il y a un reward après si ça marche bien. Mais c'était important. C'était important. Et donc, du coup, il fallait que je bricole pas mal. Je ne dis pas que c'est toujours... très bien fait. Et puis, on a eu une maison en Inde qui était plutôt un clapier,

  • Speaker #2

    avec chacun sa petite cellule, avec les enfants.

  • Speaker #1

    Et puis bon, après, ça allait mieux, mais il a fallu ça. Puis on a repris notre maison en Bretagne, qui était dans une situation de ruine aussi, parce que c'était ma grand-mère qui, malheureusement, mourait à cette période-là. Ça a été des années assez extraordinaires, et du coup, très vite, on a eu la chance de pouvoir moi, plutôt être sur le discours de l'audace, de l'optimisme, de l'inconscience peut-être, je sais pas, et Valérie, sur le... J'allais dire l'alcove qui accueille, mais sans qu'il y ait d'opposition entre nous, c'était simplement, on était chacun. Et puis, quand on passait un temps avec nos enfants, c'était vraiment un vrai temps. Je pense que certains de mes enfants nous souffèrent.

  • Speaker #2

    Voilà, je n'irai pas plus aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je pense que d'autres ont été stimulés par ça. Notamment, Valérie a beaucoup poussé les enfants dans le sport, ce qui était bien. Le fait qu'ils aient toujours brassé avec un tas de gens, ça au niveau social,

  • Speaker #2

    ils ne sont pas tristes, ils savent faire.

  • Speaker #1

    Et puis... Un jour, il y a deux de mes enfants qui m'ont dit « Écoute, on te voyait tellement content à Brette, et puis tu nous as donné envie d'entreprendre. Tu nous as dit que c'est tous les gens qui se plaignent de trop travailler, machin, ça. Jamais c'était ton cas. » Après, ils m'ont dit « Écoute, tes engagements sociétaux, parce qu'on en parlera tout à l'heure, ça c'est autre chose, parce que dis donc, c'est venu en plus... »

  • Speaker #0

    Donc, présidé le CJD, la CCI de Saint-Nazaire, des Pays de la Loire. Tu as également été présidente de l'association du Club des 30. Qu'est-ce que, toi, ces expériences t'ont apprises déjà sur l'importance des réseaux ? sur l'importance des institutions dans une vie professionnelle ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais d'abord te répondre.

  • Speaker #2

    J'ai été à côté, une fois de plus, mais tu vas comprendre pourquoi après. Enfin, j'espère que ce serait clair pour les auditeurs aussi.

  • Speaker #1

    J'avais compris que, quelle que soit la qualité d'un chef d'entreprise et de son équipe de direction et de ses collaborateurs, donc, quelle que soit la qualité d'entreprise, quand on est dans un territoire isolé ou fragilisé, on est en danger. Surtout quand on est dans une entreprise portuaire, si le port ne va pas bien, t'es en danger. C'est pour ça que je me battais pour le port. C'est pour ça que de temps en temps je... Je râle sur les conflits sociaux. Leur droit, j'y respecte tout à fait. Mais qui ne bloque pas un système qui génère ensuite la valeur de l'économie. Un chantage là-dessus, c'est vraiment... C'est dégueulasse, oui. C'est dégueulasse. Parce qu'il y a des tas de gens qui n'ont pas leur résistance et qui n'ont pas, quand je dis leur résistance, c'est leur sécurité. Moi, donc, je termine sur le sujet en disant que vraiment l'enjeu pour moi, c'était de se dire qu'il faut que je regarde ce qui se passe sur l'environnement. J'y avais été sensibilisé par un pouvoir court à la Chambre. Ford, c'était un groupe international. Donc je connaissais pas mal de chiffres internationaux qui me marquaient aussi. Et vraiment, je voyais que la France décrochait. Vraiment. Après, on a vu Pisa, etc. Mais je le savais, je le sentais. Les arbitrages, on aurait dû faire une usine à Bordeaux de la fête à Valence. Et je me souviens des discussions que j'avais eues parce que je faisais partie des gens qui étaient dans la boucle des discussions. Et donc il y a un moment, je me dis... Puis on n'arrivait pas à Nantes à attirer des grands centres de décision non plus. Et puis nos centres de décision, ils étaient vendus. PepsiCo avait racheté la BN. L'U avait racheté la FOAC. Enfin, l'U. Sopiquet était passé. Enfin, on voyait bien que les Waterman passaient sous gilettes. Je ne parle pas des fermetures que je t'évoquais tout à l'heure. Donc, on savait bien que si les centres de décision sont loin du cœur, évidemment, ça va très mal. Donc, je me suis dit, c'est important de préparer les dirigeants à s'ouvrir sur l'extérieur et ensuite de travailler sur des choses qui vont être des facteurs d'attractivité. Première chose. Deuxième sujet. J'ai un garçon que j'aime beaucoup. qui s'appelle Gilles Le Cardinal, qui a fondé l'UTC de Compiègne. À la fois un docteur en physique et en lettres. C'est assez rare.

  • Speaker #2

    Et Gilles me disait la chose suivante.

  • Speaker #1

    La plupart des organisations fonctionnent de façon pyramidale, quels que soient les sujets. Parce qu'un chef, c'est forcément, ça c'est mieux que quelqu'un qui en a un. C'est, me dit-il, la source de tous les problèmes dans la société.

  • Speaker #2

    Il exagère un petit peu, mais pas trop que ça.

  • Speaker #1

    Il me dit, en fait, c'est pas comme ça qu'il faut faire. Il faut regarder si le problème que tu as à traiter, il est simple, complexe ou compliqué. S'il est simple, délégation. laissons faire celui qui est le plus proche du problème le faire il va le traiter, il va bien le traiter il ne saura juste pas besoin de demander à un chef si il est compliqué expert, c'est un expert, si il est compliqué ça n'a rien à demander à une commission de se réunir expert, et s'il est complexe, là il faut être plusieurs quand tu ne poses pas bien le problème si tu mets par exemple une commission pour gérer un problème compliqué si tu prends une Si tu prends un chef tout seul pour gérer un problème simple, et si tu prends un chef tout seul pour gérer un problème complexe, c'est le bordel. C'était marqué au fer rouge par ça. Et du coup, je me suis vraiment dit, la gestion d'une ville, d'un territoire, c'est forcément très complexe. Donc comment tu fais avec les autres, parmi les autres et avec les autres ? Donc il fallait que j'ai des mandats pour le faire. Voilà, je te résume ça comme ça. Les problèmes techniques complexes, les problèmes techniques d'expertise, j'avais des gens qui le faisaient, et alors la délégation, je peux dire que je l'ai mis en place assez fort parce que... Parce que c'est clair, j'étais pour moi décisif. Si je voulais être sur des sujets complexes, voire compliqués quand c'était mes expertises, il fallait tant que je fasse ça sur la délégation, sur les problèmes simples. Je ne me montre pas pour les éditeurs, mais je me cache les yeux. Il y a eu des problèmes que je voyais, mais je ne disais pas. Je parlais avec la personne concernée, elle disait, tu sais, tu as peut-être une petite idée à regarder là-dessus. Je ne sais pas, il faut peut-être que tu regardes. Mais c'est tout.

  • Speaker #0

    C'est intéressant parce que ça donne une vraie vision de... Quel est le rôle d'un dirigeant au-delà de son entreprise ? Dans la ville ?

  • Speaker #1

    Je crois. Après, il faut aussi avoir une vision, la partager, et surtout emmener les gens.

  • Speaker #0

    Si je reviens sur l'ADN d'IDEA, durant toutes ces années de croissance, comment est-ce que tu as fait pour garder l'ADN du départ ? Peut-être que tu ne l'as pas gardé, d'ailleurs. Peut-être que c'était une volonté de ne pas la garder. Tu vois, quand un groupe est en pleine croissance comme ça, de 60 à 2 000 collaborateurs, comment est-ce qu'on...

  • Speaker #1

    Oui, alors, attends. D'abord, il faut être très modeste. Je disais qu'il y avait 80 sites. c'est pas la même chose sur chacun des sites il y a des gros sites, des petits sites Je crois qu'on a beaucoup travaillé sur nos valeurs. On a une démarche RSE, d'ailleurs, au niveau exemplaire maintenant. Et donc, c'est incarné par... On se forme en permanence. On a vraiment eu une volonté d'associer des gens au capital, de se former en permanence, pour que, justement, au service de nos valeurs, on fasse des choix. Donc, on a dit, on a assumé, qu'il y avait des domaines qui étaient nos métiers d'origine, je reviens sur le portuaire, sur lesquels nous n'avions plus la dimension, la taille, l'intérêt, peu importe le truc. à piloter ça seul, et on accepte de partager avec d'autres. Il y a des domaines, mais en plus il y a une loi qui nous a beaucoup poussé à faire ça au niveau portuaire, il y a des domaines sur lesquels on travaille en partenariat avec des sachants. Mais on dit, on ne touche pas nos valeurs à nous. C'est finalement nos valeurs qui, à chaque fois, et la première des valeurs, c'est qu'on entreprendre. Donc c'est prendre des risques. Et ça, c'est assez important, parce que souvent on me dit, mais pourquoi on est là-dedans ? J'ai fait du solaire, de la biofiltration, des trucs... Pourquoi on est là-dedans ? Parce qu'on veut être acteur du territoire sur des sujets qui vont avoir du sens et aussi parce qu'on pense que demain, dans les facteurs de compétitivité, il y aura aussi une capacité à maîtriser l'énergie propre, il y aura aussi une capacité à... Alors, est-ce qu'on va trop loin ? Sans doute. Est-ce qu'on peut s'en désintéresser totalement ? Surtout pas. Quel est l'équilibre ? Là, j'ai eu beaucoup de modestie là-dessus, je ne sais pas trop. En plus, c'est des sujets qui changent très vite avec le temps, notamment nos amis chinois, pour ne pas les... Quand je dis amis, ils sont quand même très très actifs, et c'est épouvantable ce qui s'est passé sur le solaire ou sur les batteries, par exemple, pour en parler que de l'actualité.

  • Speaker #0

    Et toi, tu te définis comme un dirigeant progressiste et optimiste. Comment est-ce que ça se traduit dans ton quotidien ?

  • Speaker #1

    Je n'ai pas dit que j'étais progressiste. J'ai dit ça. Non, je suis optimiste. Si, il y a une chose... Je ne sais pas ce que ça veut dire. Progressiste, en tout cas, je suis très conscient que si j'étais tout seul, je ne ferais que des conneries.

  • Speaker #2

    Donc progressiste, c'est...

  • Speaker #1

    Non, mais en fait, ça veut dire se former tout le temps, s'ouvrir à être curieux sur tout un tas de choses, et puis accepter de ne pas voir la vérité. Alors, j'ai des convictions. Je ne change pas forcément d'avis sur tous les sujets, mais il y a des moments... J'ai eu une expérience amusante à plusieurs reprises, de sujets où on me disait mais c'est à toi de décider parce que t'es le patron. Mais j'y connais rien. Et je me souviens un jour un type me dit mais comme t'es le patron tu dois savoir qu'il connaît quelque chose. Sinon c'est que t'es pas un bon patron. Ça m'a marqué aussi ça je me dis. Donc je me suis fait des référentiels, des experts, des Ausha etc. en disant tiens si j'ai une décision à prendre dans le talent je passe un coup de fil à celui-là.

  • Speaker #2

    Je dis pas que je sais tout après mais...

  • Speaker #0

    Et justement si t'avais un conseil à donner à un dirigeant ou à un entrepreneur aujourd'hui ? Ce serait lequel ?

  • Speaker #1

    De vraiment savoir faire cette différence entre les problèmes simples, complexes et compliqués et de piloter son entreprise en conséquence. Je prends un exemple très concret avec ce qui s'est passé sur le Covid. Sur le Covid, nous le groupe a des activités dans l'aéronautique, l'agroalimentaire, la navale, etc. Quand il y a eu le Covid, tous aux abris, disait l'État. Alors toutes les grandes entreprises d'État, on ferme, enfin on ferme, tout le monde a l'abri, on fait des tests partout pour voir si on n'est pas malade, si on va condamner, etc. Enfin bref, les petites fermes. Alors on demande de nourrir la France, parce qu'il faut quand même manger le matin. Et là, il faut bosser plein pot. Dans un groupe comme le nôtre, il y avait une activité qui était à 140%, une activité qui était à zéro. Quelles sont les procédures internes ? Ça a été un burn-out pour ma DRH, donc j'ai beaucoup souffert parce que je l'aimais beaucoup. Et ça a été vraiment très difficile pour elle. Comment on fait quand on a un groupe ? La loi française oblige à avoir les mêmes raisons sur un groupe. Ça n'a aucun sens. Aucun. Mais aucun. On m'interdisait de faire rouler mes camions, je disais, au préfet de l'époque. C'est sympa, mais demain, les vaches, elles meurent dans les chambres. Si t'as pas de soja qui arrive... Donc il va falloir vraiment... On demandait aux chauffeurs routiers... Tout était fermé. Bon, ça n'a pas duré longtemps. On voit bien un sujet complexe. Alors Covid, c'est un sujet complexe, c'est pas un sujet compliqué. On a laissé les médecins faire pour le compliquer. Mais pour les politiques, c'est un sujet complexe, on va dire ça comme ça. Pour les chefs d'entreprises de l'électronique, il a fallu qu'on mette des choses... On a cassé tout. Donc on a créé une petite cellule de pilotage qui n'a duré que le temps du Covid, mais enfin un peu. Tous les vendredis soir, on était en Zoom, etc. En Teams, on prenait des décisions, mais il n'y avait absolument aucun dogme. Aucun. Mais c'est la vie, ça. L'inflation est un autre sujet. Une guerre, moi, je n'ai pas d'affaires en Ukraine, donc tant mieux pour nous. Le télétravail, ça veut dire quoi quand on a 5 personnes sans job posté au milieu de l'heure éloire ? Ça ne veut rien dire. Quand on a la siège sociale, oui, ça se discute. Tu vois, c'est un peu tout ça qui est à... Donc, on a passé... Moi, j'ai vraiment ça, le savoir dissocier. Et puis après, de la cohérence. Parce que ce que je viens de dire n'est pas facteur de cohérence, sauf si on explique bien pourquoi on fait ça. Parfois, ça peut être considéré comme inéquitable. Pas juste. C'est vrai. Moi, j'y peux rien. Mais dans l'aéronautique, on était fermés. Dans l'agroalimentaire, il fallait bosser. Donc il fallait que ma DRH prenne, enfin pas que ma DRH, mais que les équipes prennent soin de tous les ouvriers qui venaient assurer le minimum d'aéronautique s'ils étaient malins. Et pendant ce temps, je ne demandais pas à ceux qui étaient dans la grotte de l'hôpital s'ils avaient le Covid ou pas. Les gars, il faut sortir. Enfin, ce n'est même pas moi qui leur ai demandé. C'est eux qui, spontanément, nous ont dit mais on ne va pas laisser la France crever de faim. Tu vois, c'est ça que je veux dire. Puis confiance dans les hommes. Voilà, le dernier sujet, c'est la confiance dans les hommes. Mais c'est le pendant de problèmes simples, compliqués, experts. C'est-à-dire une fois que tu connais tes équipes, etc., il faut leur faire confiance.

  • Speaker #0

    Et je voudrais parler un peu de ta famille. On en a parlé un peu, tu as évoqué tes enfants, tes cinq enfants, qui sont quasiment tous entrepreneurs aujourd'hui, dont certains sont devenus quand même reconnus. On pense notamment à ton fils Thibault qui a cofondé Bag Market. Et puis plus récemment, on a entendu ton dernier fils Thomas, avec son bouleverse en film Promesses, qui retrace justement tout le parcours de ta fille Lorraine qui est décédée d'une leucémie. Je voudrais parler plutôt de les valeurs entrepreneuriales. pense que tu leur as inculqué ? Est-ce que tu penses que déjà, toi, tu as transmis cette fibre entrepreneuriale à tes enfants ? Et si oui, comment ?

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #2

    est-ce qu'ils sont tous entrepreneurs ? Je ne sais pas. En tout cas, je souhaite tous qu'ils soient libres de l'être ou de ne pas l'être.

  • Speaker #1

    On va dire comme ça. Mais la réussite la plus... Alors, tu me parles de Thibault, évidemment. Mais celui qui a fait une réussite extrêmement rapide, c'est Com avec Mojo. Et bon, après, il a pris sa distance, il a quitté l'entreprise, mais il s'est été extrêmement rapide et ça m'a impressionné parce que... J'étais très impressionné. Le père Secours de Combes m'impressionne, Thibault aussi, mais pour d'autres raisons. Il m'impressionne parce qu'il s'est mis en zone d'inconfort.

  • Speaker #0

    À quel niveau ?

  • Speaker #1

    C'est-à-dire qu'il a une pression, un travail considéré, etc. Donc, je suis vraiment très admiratif de ça. Alors, Thibault, il est dans une situation assez... C'est incroyable parce que le back market aujourd'hui c'est une des licornes françaises et ça marche très bien et c'est international. Thibaut il sait très bien s'entourer, il va très vite et il prend des risques, des chances. Marine a été aussi à un moment dans le comex de Kipling, mais elle nous dit très clairement j'ai envie d'avoir un équilibre familial, c'est vraiment choisi de sa part. Elle dit, j'ai pas envie de prendre une direction générale. Elle a eu plusieurs occasions de le faire, elle a pas voulu. Et je trouve ça très respectable. C'est pour ça que je suis très admiratif, parce que je trouve que c'est très difficile de dire à un moment, on essaie de te séduire, etc., sur le fait de prendre un truc. Et elle était vraiment, sans doute, une personne très adaptée à faire ce poste. J'en ai aucun doute là-dessus. Mais elle dit, c'est pas mon choix et il faut le respecter. Je crois que c'est très important. Alors Thomas, lui, il est un petit peu à la croisée des chemins, puisqu'il a mis 7 ans à faire ce film pour Lorraine. Il a donc appris un nouveau métier, il est sorti de son école. Lorraine qui est sa soeur jumelle, qui avait commencé un film, donc c'est pour ça qu'ils sont co-réalisateurs, même si elle est partie. Et Promesses est un film absolument... Enfin, il a fait vraiment un travail de fond, mais qui nous a surpris parce que c'est un film en même temps familial. C'est un film sur Lorraine, bien sûr, et son courage, et en même temps familial.

  • Speaker #0

    Parce qu'on vous retrouve tous témoignants devant la caméra, dans la manière dont vous avez vécu cette maladie. Très très émouvant. Oui,

  • Speaker #1

    moi je trouve que c'est un très beau film, très réussi et très abouti, avec le principe de départ. Et je suis très amusé de ce qu'il a fait. Et puis en même parallèle, ce petit coquin, il avait rejoint son cousin, qui est mon fille en même temps, Nicolas, qui avait créé la vie. La vie, c'est... Du bacon végétal, du jambon végétal, tout ce qui est protéines, qui a été démarré à Paris, qui est aussi maintenant dans les grandes surfaces, dans la restauration, et Thomas n'y est pas pour rien. Il s'occupe du commercial de la vie et je crois qu'il était assez percutant. Et puis, surtout, il s'est marié avec Léonie et ils ont eu un premier bébé. Et puis là, ils attendent, donc c'est eux qui attendent le second. Donc on est dans une situation où Léonie aussi a envie d'entreprendre. Astride a aussi créé ses activités, la femme de Thibault. Donc le cocon familial est assez entreprenant. Pas forcément entrepreneur, mais entreprenant. Et je crois que, pour répondre à ta question, je crois qu'il y a de la joie dans l'entreprendre. Moi, je suis toujours terriblement triste quand je vois des entrepreneurs qui passent leur temps à faire la litanie des problèmes. Mais si ça ne leur va pas, il faut qu'ils s'en aillent. On ne peut pas faire la litanie des problèmes auprès de ses clients en permanence. Sinon, il y a un moment, les clients s'en vont, les collaborateurs s'en vont, les banquiers s'en vont. Il y a un moment, ça se finit mal. Alors parfois il n'y a pas de pot, parfois c'est difficile. Mais on peut rebondir, etc. Moi, je crois que c'est ça que je pense qu'ils ont vu. Je n'aurais pas dit, mais c'est ça qu'ils ont vu chez nous. Ils ont vu qu'on pouvait se casser la gueule. Ils savaient que, alors Thibault l'a dit assez clairement, que si jamais ils se cassaient la figure, on les aiderait à rebondir si on pouvait le faire. C'est vrai.

  • Speaker #2

    On ne peut pas dire le contraire.

  • Speaker #1

    Mais en même temps, ils n'y comptent pas du tout. Ils font leur parcours de leur côté. parfois je suis actionnaire chez eux, parfois non et ça se respecte, on a fait une ligne familiale des participations dans la famille ou pas,

  • Speaker #0

    ça dépend ils viennent vous voir quand ils ont des projets ?

  • Speaker #1

    Certains.

  • Speaker #0

    Oui, pas tous.

  • Speaker #2

    Pas tous.

  • Speaker #1

    Non, et puis on va dire que maintenant,

  • Speaker #2

    il s'affaire. Il s'affaire. Non, il s'en croit, il s'affaire.

  • Speaker #1

    Non, il y a des moments, on a voulu, lorsqu'on a pris l'entreprise familiale, parce qu'elle avait aussi l'objectif d'aider Revenu à Lorraine, dont on savait qu'elle serait quand même assez handicapée dans la vie, même si elle avait survécu. On a beaucoup parlé de la philosophie, de ce qu'on devait faire. Et on a dit, ce qu'on cherche, ce n'est pas de la rentabilité à tout prix, c'est d'aider des beaux projets. Alors, le hasard fait que, je constate, et je dis ça, c'est pas un bain parce que je suis Je suis en même temps, j'ai participation dans des fonds, etc. Pas beaucoup. Et j'en aurais de moins en moins. Parce que je trouve que mes enfants et ma famille au sens large, je réussis mieux que mes fonds. Non, mais j'y sors de l'aigle. Parce que je suis très... Voilà, ça a plus de sens. Je taquine parce que toi, il y en a qui marchent très bien. Mais vraiment, une équipe dirigeante, voire un dirigeant. Alors maintenant, ils sont beaucoup co-entrepreneurs, tous. Ils sont co-fondateurs. Et alors moi, au début, mon modèle, ça n'allait pas, ça. Parce qu'il faut un responsable, quand même, si jamais. et Et en fait, c'est la vie. Et c'est bien, en fait, parce que si jamais il y en a un qui béquille, les autres... Le problème, c'est qu'il faut prévoir quand même le cas où ils ne s'entendent plus très bien. Bon, c'est tout. C'est le seul sujet. Il faut prévoir ce cas-là, parce que quand il arrive... Et ce n'est pas forcément parce que deux associés ne s'entendent plus bien. C'est parce qu'entre-temps, il y en a un qui s'est marié, que le projet de vie n'est plus le même. Il y en a un qui veut partir, parce que je ne sais pas quoi. En tout cas, il y a des raisons qui ne sont pas des raisons forcément négatives, mais qui font qu'il faut pouvoir se séparer simplement.

  • Speaker #0

    Et si on revient justement sur les preuves de la maladie de ta fille Lorraine ? Comment est-ce que toi, tu as vécu cette épreuve et l'issue de cette épreuve en tant que dirigeant ?

  • Speaker #1

    Ah, en tant que dirigeant, en tant que papa. En tant que dirigeant, en tant que papa, c'est la plus grande épreuve que tu puisses avoir. Oui, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de douleurs. Mais je dis toujours qu'on a eu la chance que Lorraine, par son rayonnement solaire, son espérance a été... Pas toujours, mais souvent, source d'énergie positive, de paix. Malgré qu'elle soit mal, etc. Malgré tout ça.

  • Speaker #2

    D'ailleurs, on le voit bien dans le film, donc je n'ai pas besoin d'épiloguer là-dessus.

  • Speaker #1

    En tant que dirigeant, là, il faut vraiment avoir un cerveau qui se coupe en deux. Moi, je me souviens, d'ailleurs, je le dis dans le film. le film j'avais heureusement un peu de route jusqu'à montoir bon quand on venait sur nos bureaux de nantes c'était un peu moins vrai j'arrivais j'ai fait j'ai la banane quoi parce que les gens si on s'inquiète il voit très bien sûr les boîtes va pas bien parce qu'ils pensent plus à ta famille pense la plupart des gens sont quand même assez égocentré quand même pense à lui mais si si en tant que patron il fait la tête c'est qu'il ya un truc crabe qui se passe donc moi je rentrais j'avais une assistante génial martine mon ange gardien dans l'entreprise, qui de temps en temps me disait, parce que je venais un peu moins de temps en temps, le soir, je refusais tous les trucs extérieurs pour aller voir Lorraine à l'hôpital. Donc j'ai quand même beaucoup moins... J'ai travaillé beaucoup, mais beaucoup moins efficacement, on va dire ça comme ça. Et elle me disait, bon, là, il faut que tu voies quelqu'un. Et je suis là parce que je pense qu'il y a un petit truc qui ne va pas. Elle était très fine.

  • Speaker #2

    Elle m'a beaucoup aidé.

  • Speaker #0

    T'as jamais eu envie de couper ?

  • Speaker #1

    Non, c'était un facteur d'équilibre. Ça fait que dans l'équilibre, quand l'entreprise... Quand tu viens dans une entreprise où les gens sont fantastiques, tu as plutôt envie de continuer à travailler. Et puis, de toute façon, tu ne peux pas. Point. Et à un moment, c'est aussi... Tu as une responsabilité, quoi. C'est une source de... Alors, par contre, moi, je sais simplement une chose, c'est que si j'avais été très malade... J'avais été frappé par papa quand il a eu son cancer. S'il avait été très malade, je pense que je n'aurais pas accéléré la nicola plus tôt. Parce qu'il faut être responsable.

  • Speaker #0

    Tu ne te serais pas jamais. Il y a un moment,

  • Speaker #1

    tu peux prendre certaines décisions.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Alors, bon, ça se discute. Ce n'est pas si blanc noir que ça.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'appliquais aussi ce mantra, entre guillemets, quand tu rentrais en famille et quand tu retrouvais tes enfants ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Il est toujours positif.

  • Speaker #1

    Alors, positif, c'est difficile. Parce qu'on ne va pas se dire, on va se marrer parce qu'on vient d'avoir une très mauvaise nouvelle sur les globules blancs de Lorraine. c'est pas drôle mais quand j'allais voir Lorraine je savais qu'elle avait une journée difficile avec les médecins, etc. Heureusement, très accompagnée par Valérie, que j'étais le dernier qu'elle voyait avant la nuit. C'était comme ça, parce que moi, c'était au retour. Donc, j'avais eu un droit pour les médecins de venir un peu tard. Les angoisses de la nuit pour un malade dans un service, surtout quand on en se tire, etc., c'est quelque chose de très difficile. Donc, il fallait que j'aille à peu près bien, alors que je l'ai épuisé. Mais, en même temps, Lauren était tellement fine qu'elle voyait. bien quand je n'avais pas bien. Et je me suis aperçu qu'en fait, elle ne me sentait pas en vérité quand je faisais trop. Donc, de temps en temps, on parlait de l'entreprise, on parlait de... ça, je ne l'ai jamais trop dit, mais on parlait de sujets. Je me suis mis à son avis parce qu'elle était psychologue de formation, enfin elle était en cours. Et puis, elle a cette aptitude, elle avait vraiment... c'est drôle, je n'arrive jamais à faire un imparfait. Et donc, elle avait des conseils marrants, c'était assez fin. Et du coup, ça faisait appartenir au monde des vivants ? Elle avait encore une connexion avec le réel.

  • Speaker #0

    Le quotidien, bien sûr.

  • Speaker #1

    Donc j'ai changé d'avis là-dessus. J'ai changé de comportement. Bon, pas tout le temps, mais parfois, elle a besoin simplement d'accompagner. Puis de temps en temps, juste de regarder un petit film, un DVD.

  • Speaker #0

    Et l'après ? Comment est-ce que tu as fait pour mondial après ? Après sa mort ?

  • Speaker #1

    Ah ! Pour reprendre la vie telle qu'elle est ? Je pense que c'est toujours un sujet. Bon, ma foi m'aide, parce que je sais qu'aussi elle est partie avec cette foi. Donc on se retrouvera, voilà. J'en suis... convaincu et espérant.

  • Speaker #0

    On le voit beaucoup, c'est dans le film aussi, son cheminement.

  • Speaker #1

    On le voit un peu dans le film, mais en fait, toute la famille a fait un cheminement, plus ou moins. Thomas dit dans le film qu'à l'époque, il ne croyait pas. Il dit aujourd'hui qu'il est bien sûr beaucoup plus croyant.

  • Speaker #2

    S'il le dit à la fin de ses quotidiens, on se retrouvera.

  • Speaker #1

    En fait, si tu veux, je pense que, là, on parle d'un sujet qui est très compliqué. On était très en face, toute la famille, au moment de l'accompagnement de la maladie de Lorraine. Et on a toujours été en face. Chacun avec des sensibilités différentes. Parfois, certains étaient loin. Thibaut est à Lille ou Thomas en Australie. Mais on a toujours été en phase et on partageait les choses. On le voit bien dans le film, d'ailleurs. Les rendez-vous médicaux,

  • Speaker #2

    on enregistrait pour l'expert. Du médecin nous prit pour des fous,

  • Speaker #1

    mais c'était capital puisque c'était le cocooning de Lorraine derrière. Par contre, le deuil, on vit différemment les choses. Moi, j'ai eu la chance très vite d'être dans l'espérance et j'ai dit, elle veille sur nous. Pour Valérie, ça a sans doute été un peu plus compliqué. D'ailleurs, elle le dit dans son livre, c'est pour ça que je le permets. Parce que c'est sa fille qui lui manque et on n'est pas dans l'espérance. Ça, Saragosse nous a permis de nous réunifier là-dessus. Ça a mis du temps quand même. Saragosse, c'était 2 euros et le Parle-Lorraine, c'était en 2016. Donc 19 juin 2016. Voilà, puis on en reparle tous ensemble, tous les ans. On échange beaucoup parce que ça nous permet d'être en vérité, de la faire vivre. Et puis on sait qu'elle va être sur nous. Puis les petits-enfants arrivent. Ils sont la vie. et il y a un moment où on n'est plus enfermé par le souvenir de Lorraine, on est porté par l'espérance qu'elle incarne. En tout cas, c'est mon sentiment. De plus en plus. Ça n'empêche pas qu'à un moment, elle nous manque.

  • Speaker #0

    Vous continuez ce combat à travers ces associations ?

  • Speaker #1

    En fait, chacun a choisi des terrains de jeu, si je puis dire. Je ne sais pas si c'est des jeux, mais des terrains de jeu. Thibault a beaucoup, tout ce qui est médical, la même sensibilité au médical pour Marine. Non, je ne vais pas faire une litanie comme ça, mais Thomas est beaucoup plus dans le soutien des associations. Parce que le film l'a demandé, en fait le film est payé aujourd'hui, il dit bon bah il faut qu'il vous serve à pouvoir parler des problèmes pour accélérer le don d'eau de moelle, l'aide à la recherche, etc. Donc il est plus éclectique si je puis dire, mais il ne pilote pas une association, il aurait pu faire un choix comme ça mais pas du tout. Il dit il y a suffisamment de choses sur le... Sur le marché, je ne devrais pas dire ça comme ça, mais acteur. Mais tu vois, par exemple, là, il va participer aux Assises du Deuil dans peu de temps. Ce n'est pas quelque chose de facile, mais en même temps, c'est bien qu'il soit un jeune qui soit là. Et Combes s'occupe beaucoup, beaucoup des petits-enfants, de façon merveilleuse. Je crois qu'on a chacun notre truc. Et puis nous, on a notre démarche spirituelle. On s'engage avec Valérie à aider des gens qui accompagnent. Valérie s'occupe beaucoup de l'accueil de gens qui sont dans la souffrance. Mais de façon simple, pas de façon compliquée. passer un peu de temps. Surtout, on commence à avoir des copains de nos âges qui sont confrontés au deuil.

  • Speaker #0

    Merci Bruno, pour aujourd'hui. Merci pour cet échange, c'était hyper riche. Quelle vie incroyable. Quel parcours de vie. Quelle chance. Merci pour tout ce que tu nous as partagé aujourd'hui. A très bientôt. A bientôt. et que vous avez 20 secondes devant vous, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire en dessous du podcast. C'est grâce à ça que vous m'aidez à le faire connaître et grandir. Si vous venez juste de découvrir cette émission, sachez qu'il y a plus d'une soixantaine d'épisodes enregistrés avec de nombreux invités nantais passionnants et plein d'autres formats sur l'actualité d'ici, disponibles sur votre plateforme d'écoute préférée. Pour suivre toute l'actualité du podcast, Retrouvez-nous sur Instagram et Facebook ou suivez-moi sur LinkedIn. Bref, en deux mots, abonnez-vous au podcast, écrivez-moi, partagez, c'est ce qui fait vivre ce podcast qui n'existerait pas sans votre fidélité. Merci !

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