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ReGeneration Koraï

1. Préserver la biodiversité marine : pourquoi est-ce crucial ? 1/2

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40min |11/03/2025
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Description

Quand Clarisse a voulu lancer ce podcast, elle a posé une question à son entourage et aux passants : "La biodiversité marine, ça vous parle ?". Et d'après les réponses obtenues… pas vraiment.

C’est vrai, quand on vit loin de la mer, on peut avoir l’impression que ce qu’il s’y passe ne nous concerne pas. Pourtant, son avenir est intimement lié au nôtre. Aujourd’hui, l’océan et ses écosystèmes sont menacés par le réchauffement climatique, et notre société a oublié l’un de ses plus grands alliés.


Dans ce premier épisode, Jeimila, fondatrice de Koraï, repose les bases et explique pourquoi il est urgent d’agir pour protéger les récifs coralliens. Elle partage son engagement pour restaurer ces écosystèmes à Madagascar, en impliquant les entreprises et les communautés locales.


Cette discussion a été déclinée en deux épisodes. Rendez-vous dans 15 jours pour découvrir la suite !


Bonne écoute 🐠


🎙️ Hôte et réalisation : Clarisse Gouby

🔉 Mixage et sound design : Alice Krief

🌊 Invité : Jeimila Donty, fondatrice de Koraï


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📖 Pour aller plus loin : retrouvez nos articles et ressources sur le blog de Koraï


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    La biodiversité marine,

  • Speaker #1

    c'est un sujet un peu niche,

  • Speaker #0

    non ?

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    la mer, c'est cool comme sujet,

  • Speaker #1

    mais je pense que je préfère ma vie sur Terre.

  • Speaker #0

    Moi, la mer, j'aime bien en vacances, mais le reste de l'année, ça ne m'intéresse pas trop. Ces phrases, je les ai déjà vraiment entendues. Et d'une certaine façon, je peux comprendre. C'est vrai que l'océan, quand on habite en ville, par exemple, ça peut paraître un peu lointain. Ce qui s'y passe, c'est loin de nous. Ce n'est pas forcément la première préoccupation des gens au quotidien. Moi, à la base, l'océan, il me faisait même un peu peur. Allez savoir pourquoi, mais la baleine dans Pinocchio, ça m'a terrifiée quand j'étais enfant. Et nager, je détestais ça en plus. Après, j'avoue que c'est toujours pas mon sport préféré actuellement. Mais au fond, j'ai toujours été complètement fascinée par les récits d'aventures en mer, les histoires de navigateurs, ou bien encore les merveilles qu'on pouvait voir dans les documentaires comme La planète bleue. Pour Gemila, que vous allez entendre dans cet épisode, le lien avec la vie marine pourrait se faire de manière plus évidente. Elle a grandi à Madagascar. et sa famille avait en plus une ferme de corail. Pourtant, elle ne pensait pas y consacrer sa vie non plus. Elle, elle se voyait dans quelque chose de plus social, par exemple l'éducation, pour améliorer directement la vie des gens. Mais en fait, à force de creuser, on s'est toutes les deux rendues compte d'une chose. L'océan et sa biodiversité, c'est la vie. Il est essentiel pour nous, pour notre climat, pour notre avenir, enfin pour les êtres humains en fait. Et pourtant, il est souvent oublié dans beaucoup de combats environnementaux. Du coup, moi, quand j'ai découvert corail, L'entreprise donc fondée par Gemila, j'ai immédiatement voulu la rencontrer. Son ambition me parlait vraiment, impliquer le secteur privé dans la course contre la perte de biodiversité marine, en permettant aux entreprises de s'engager dans la régénération des récifs coralliens en Afrique. Lors de notre échange, elle m'a aussi parlé de son idée de créer un média qui serait capable de mobiliser et de sensibiliser les entreprises autour de ces enjeux, et aussi de leur faire comprendre pourquoi la survie de notre économie dépend en grande partie de la survie de la biodiversité marine. Donc quand Jamila m'a proposé de produire ce podcast pour porter ce message, j'ai dit oui sans hésiter. Mais avant de me lancer, j'ai voulu voir si cette idée parlait un petit peu aux gens ou pas. Alors je suis sortie avec un micro pour leur poser quelques questions simples, a priori en tout cas, sur la biodiversité marine. Et voilà ce que ça a donné.

  • Speaker #1

    On est plus sensibilisés au climat, au réchauffement du climat, etc.

  • Speaker #0

    qu'à la préservation de la biodiversité, etc.

  • Speaker #1

    même si les deux sont étroitement liés, je pense.

  • Speaker #0

    Et quand je vous parle de poumons de la planète, ça vous dit quelque chose ?

  • Speaker #1

    C'est quoi pour vous ?

  • Speaker #0

    Les grandes forêts, dans la forêt amazonienne, juste comme ça, tout ce qui dégage beaucoup de CO2. Vous savez ce que c'est un corail en soi ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Et les mangroves, vous connaissez ou pas ? Non, j'ai rien entendu. Si je vous parle de poumons de la planète, c'est quoi ? Oui,

  • Speaker #1

    on parle de la forêt amazone, etc. Oui, que c'est le poumon de la planète.

  • Speaker #0

    Le vrai poumon de la planète, c'est l'océan, qui produit plus de 50% d'atomoxygène. Et du coup, est-ce que la biodiversité marine, c'est un sujet qui vous... Touche un peu ou c'est pas du tout ? Pas autant par rapport aux forêts et tout ça. Un corail ? Tu savais ce que c'est un corail ? Oui, justement, et c'est ça qui...

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de corails qui meurent et tout ça. Ça,

  • Speaker #0

    j'ai déjà vu, ouais. Quand je vous parle du poumon de la planète... C'est les arbres, c'est tout l'oxygène qu'il faut apporter,

  • Speaker #1

    par exemple, dans un centre-ville ou dans des villes. Tout de suite, je pense à l'Amazonie, mais je pense que c'est un ensemble...

  • Speaker #0

    Ouais, c'est tout ce qui est lié aux arbres, quoi, finalement. Et du coup, la biodiversité marine ? On en parle beaucoup moins.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est moins accessible du grand public.

  • Speaker #1

    Et moi, je ne savais pas, par exemple, que c'était une de plus grandes sources d'oxygène, finalement. Donc, je pense qu'on n'en parle pas assez.

  • Speaker #0

    Et les coraux, vous savez ce que c'est, un peu ? Un petit peu, ouais. C'est une barrière,

  • Speaker #1

    en fait, non ? Pour filtrer tout ce que les hommes peuvent déverser dans la mer. Ça permet de faire un premier filtre, je pense. Barrière fragile, en tout cas.

  • Speaker #0

    Déjà, est-ce que, si je vous parle de diversité marine, ça vous parle un petit peu ? Pas du tout ? Je suis connue de ces trucs. J'avoue que, pour moi, c'est vague. Pour vous, ce serait quoi le poumon de la planète ? La mer. Et vous savez ce que c'est un corail ? Ouais. Ouais ?

  • Speaker #1

    J'ai déjà fait de la plongée.

  • Speaker #0

    Et si je vous parle de poumon de la planète, c'est quoi pour vous le poumon de la planète ? L'Amazonie. Si je vous parle de biodiversité marine, c'est un truc qui vous parle un peu ?

  • Speaker #1

    Nous,

  • Speaker #0

    on fait de la plongée tous les deux, donc ça nous parle beaucoup,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Bon, Jamila, il va falloir que tu m'aides là. Comme tu sais, je suis allée faire un micro-trottoir pour demander aux gens... Si la biodiversité marine, ça les intéressait, si elle leur parlait, globalement, ça reste un peu de niche pour eux. Ça ne leur parle pas tant que ça. À part, par exemple, quelques personnes qui font de la plongée sous-marine à côté, ils connaissent un peu plus le sujet. Mais sinon, ça reste assez niche. Et là, on est censé lancer un podcast sur la biodiversité marine, et en tout cas, sur les solutions qui existent pour la préserver. Comment je vais faire si les auditeurs ne savent pas de quoi je parle ?

  • Speaker #1

    Je pense que tout le monde dansait un petit peu. peu mais sans trop vraiment le savoir donc aujourd'hui on va tenter d'ouvrir les yeux à tout le monde.

  • Speaker #0

    Bon, les chiffres sont là. 50% des récifs coralliens ont disparu en 30 ans. Un tiers des stocks de poissons sont surexploités. Et nos océans se réchauffent à une vitesse alarmante. Notre économie est malade en fait. Elle a oublié sa plus grande alliée, la nature. Et parmi elles, les écosystèmes marins qui nous nourrissent, nous permettent de respirer et maintiennent l'équilibre de notre planète. Ok, on fait quoi ? Par où commencer ? Comment peut-on agir concrètement ? Je m'appelle Clarisse Goubi et je vous emmène à la rencontre de celles et ceux qui proposent des solutions et tentent de réintégrer la nature dans l'équation. Ici, c'est le podcast de Régénération Corail et ensemble, on passe à l'action.

  • Speaker #1

    Mon meilleur souvenir lié à l'océan ? Déjà, je suis franco-mélgache. Ma mère, elle vient d'un archipel qui s'appelle Nocibé. Beaucoup de gens en France connaissent Nocibé par la chaîne de parfumerie, mais en fait, Nocibé, en réalité, c'est une île. enfin un archipel, qui s'appelle d'ailleurs l'île aux parfums, où se trouve l'île Anguilang, qui est le premier ingrédient des parfums de luxe, d'où l'expression Nocibé déjà, donc petit aparté. Et donc voilà, je viens de Nocibé, et l'année dernière, j'ai eu la chance d'amener un groupe d'amis à Nocibé, pour leur faire découvrir un petit peu mon coin de paradis, avec mon fiancé, parce qu'on se fiançait justement cette année-là. Et en fait, on est partis avec un petit programme pendant un week-end. On a fait ce qu'on appelle là-bas le bivouac sur l'île de Nocyrans, qui est un petit joyau aussi. C'est une île qui est découpée en deux et qui est rejointe par un grand banc de sable de un kilomètre et quelques. Et en fait, normalement, quand on fait ça, sur la route vers cette île-là, on rencontre des animaux marins. On a soit la chance de voir une tortue, pourquoi pas à un moment donné, voir des exocètes. C'est des petits poissons volants. Et en fait, nous, on a fait la totale. Si c'était à comparer à un safari, c'est comme si on avait fait le Big Five en quelques heures. C'était incroyable. Donc déjà d'abord, on a croisé un requin-baleine alors que la saison n'avait même pas encore commencé. Donc on a eu la chance de nager avec un requin-baleine. C'était magnifique, tellement beau, tellement majestueux. Et puis, on continue sur la route des dauphins. Pareil, on renage avec des dauphins. Après, on arrive près de nos sirènes. Il y a un récif corallien qui est magnifique, qui est encore hyper beau. préservée. Et donc là-bas, on nage au milieu des centaines de poissons. C'était tellement beau. Et on a même croisé des espadons aussi, des tortues, une tortue verte. Et puis, on arrive ensuite sur l'île et c'est l'heure de l'apéro. Et on se dit quelle journée magnifique. On ne peut pas faire mieux que ça. Donc on est là avec notre petit ponche et notre petit robe arrangée. Et en fait, la surprise, éclosion de tortue sur la plage de Nocyranz. face à un coucher de soleil. Et je ne peux pas te dire à quel point c'était incroyable. Et tout le monde était là genre, mais comment c'est possible d'avoir tout ça en une fois, en si peu de temps ? Et j'étais trop contente parce que j'avais réussi à partager un peu cette passion aussi que j'ai pour l'océan, à travers cette biodiversité incroyable qui nous a rendu visite. Ou est-ce que c'est nous qui l'avons rendu visite ? Je ne sais pas trop. Mais en tout cas, on a eu la chance d'interagir avec des animaux incroyables. en si peu de temps. Et même moi qui y vais régulièrement, j'ai jamais eu une journée pareille. Donc, mon plus beau souvenir, c'était ça.

  • Speaker #0

    Ça va l'air incroyable. Je pense que tu as fait en une journée tout ce que je rêvais de faire dans ma vie. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux un peu, on en a un petit peu parlé, tu viens de Nozibé, de Madagascar, est-ce que tu peux un peu nous en dire plus sur toi ? Quel est ton parcours ?

  • Speaker #1

    Qui es-tu ? Je suis une petite personne, pas très grande, 1m50. et j'ai grandi à Madagascar dans une famille qui a toujours travaillé autour de la nature j'ai toujours percé au milieu de la nature mon père avait une a toujours une entreprise d'exportation de plantes notamment pour les aquariums ma mère une boutique d'aquarium et puis ensemble ils avaient aussi développé pas mal de petites activités de divertissement mais toujours autour de la nature notamment un parc zoologique qui s'appelle les Murialand où on peut se balader et rencontrer les lémuriens en liberté. J'ai grandi dans ces valeurs, de se dire que la nature est hyper importante, on est connecté à elle, et se déconnecter d'elle, c'est justement être malade. Donc déjà, j'ai grandi comme ça. Et puis, c'est des entrepreneurs, mes parents. À un moment donné, je me suis dit que j'aimerais participer au développement économique de mon pays, parce que Madagascar, c'est quand même le cinquième pays le plus pauvre au monde, à travers l'entrepreneuriat et l'entrepreneuriat social. Du coup, à ce moment-là, je me dis que je vais partir en France, faire des études dans une école de commerce et être capable après de monter ma propre entreprise. Donc, à 17 ans, je prends mes clics et mes clacs. petit valise et puis je pars pour la France et une fois que j'arrive ici, j'entre en école de commerce et je me rends compte parce que je suis entre deux pays, la France et Madagascar je me rends compte encore plus du gap qui se creuse en fait entre mes compatriotes malgaches et mes compatriotes français et je me dis en fait il faut que je rééquilibre tout ça, que je participe en fait à donner ... un accès aux biens essentiels à mes compatriotes malgaches. Et en même temps que je participe aussi à mon pays qui est la France, mon pays d'accueil. D'ailleurs, je suis devenue française en 2021.

  • Speaker #0

    Félicitations.

  • Speaker #1

    Merci. En vrai, j'étais à l'école française depuis que j'étais en primaire. Donc au fond, j'étais franco-malgache depuis le début. Et donc voilà. Et donc c'est à ce moment-là que je me dis je vais monter une entreprise qui va me permettre à la fois d'apporter ma pierre à l'édifice. économique à Madagascar et en même temps de faire le pont avec la France. Et c'est à ce moment-là que ça germe un peu en moi. Mais ce n'est pas ça qui va me pousser vraiment à lancer Corail. C'est un événement personnel difficile, mais dont je suis très à l'aise de parler, qui se passe en 2020. Mon papa décède brutalement. On a tous vécu une année très particulière cette année-là et moi ça a été particulièrement difficile. Et en fait au moment de la succession, du coup, on s'organise en avec mes frères, par rapport aux différentes entreprises qu'il avait montées. Et bien, en fait, dans les entreprises, il y a une ferme de corail qui, elle, avait son activité qui s'est arrêtée aussi en même temps que le Covid. Parce que l'objectif de cette ferme de corail qu'avait créé mon père avec un associé, c'était de bouturer du corail et de le multiplier, du coup, pour l'exporter pour les aquariums, en fait. Toujours l'activité d'aquarium qu'avait notamment ma mère. Et puis, je me suis dit... C'est dommage que cette entreprise se soit arrêtée, mais par contre, je n'ai pas envie de la redémarrer telle qu'elle. Parce que, trop différente de ce que j'avais envie de faire, j'ai envie de participer au développement économique et social de mes compatriotes. Donc le corail, je me rends compte que c'est le pilier principal de la biodiversité marine, parce qu'il abrite 25% de cette biodiversité, qui va y vivre, s'y abriter, faire naître leurs tétards. ou encore sans nourrir. Je me rends compte du danger de plus en plus auquel on fait face parce que ce corail est en train de disparaître et que c'est la première extinction de masse qui risque d'arriver avant la fin de ce siècle. Et quand je prends conscience de ça, je me dis que je voudrais participer à inverser la tendance. Et donc je me pose la question, est-ce qu'on peut planter du corail comme on plante des arbres ? Est-ce qu'on peut faire de la reforestation ? sous-marine. Et en fait, oui, je me rends compte que c'est possible qu'il y a plein d'endroits dans le monde où on le fait, notamment en Polynésie française, au Bahamas, dans les Maldives. Et donc, c'est à ce moment-là effectivement que je reprends l'entreprise familiale en changeant son objectif et en créant un pont avec la France. Parce que l'objectif principal, c'est de dire les entreprises internationales dont le siège se trouve en France ou en Europe, de façon plus large. doivent participer à régénérer la biodiversité, dont la biodiversité marine. Et donc, je me dis, voilà, avec corail, on va aider ces entreprises à s'engager en replantant du corail à Madagascar.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, quand je t'ai rencontrée, tu m'avais dit qu'au début, tu pensais peut-être travailler sur quelque chose de plus social. Et tu t'es rendue compte que l'environnement, la crise climatique, c'était aussi une crise sociale. Est-ce que tu peux peut-être nous expliquer pourquoi la biodiversité marine et les coraux sont super importants ? pourtant, pour l'homme, au-delà des espèces marines qui habitent.

  • Speaker #1

    Effectivement, au tout début, quand j'étais en école de commerce, je réfléchissais plutôt sur des modèles d'entrepreneuriat social à objectifs sociaux. Principalement l'éducation, parce que je me rendais compte que, entre guillemets, je m'étais sortie de ma condition par l'éducation. Mes parents, c'était pareil. Et donc, je pensais ça. C'était ma principale idée, au tout début, avant que 2020 n'arrive. Et en fait, non, effectivement, je me suis rendue compte que la crise... La crise climatique, la crise environnementale, c'est aussi une crise sociale. Pour te donner un exemple un peu concret, déjà dans le sud de Madagascar, Il y a une famine qui a été la première au monde reconnue pour être une famine climatique, qui est donc liée au changement climatique. La sécheresse permanente et intercalée d'inondations fait qu'en fait, il n'y a plus d'agriculture possible dans le sud de Madagascar. Et cette population aujourd'hui fait face à une famine qui est liée à la crise climatique. Et en fait, c'est pareil aussi pour la biodiversité marine. On est extrêmement lié à cette biodiversité. parce que, si je te donne l'exemple du corail qui est ma spécialité, aujourd'hui, dans le monde entier, c'est 500 millions de personnes qui se nourrissent directement de la pêche récifale, c'est-à-dire de la biodiversité qui vit dans le corail. Donc aujourd'hui, c'est ces 500 millions de personnes, si cet écosystème venait à disparaître, c'est ces 500 millions de personnes qui vont être mises en danger et qui vont se retrouver face à une situation de manque d'approvisionnement en nourriture. Mais c'est aussi... Au-delà de l'approvisionnement en nourriture, le rôle du corail, il va au-delà et nous donne ce qu'on appelle les services écosystémiques. Et donc, il participe de façon plus globale à notre économie, à travers notamment d'abord le fait qu'il va abriter cette biodiversité marine. Et donc, il va nous approvisionner en nourriture, mais il va aussi participer à réguler le climat. Le corail, en fait, protège les côtes. Il réduit de 97% la force des vagues, donc il prévient les inondations. Il prévient aussi certains prédateurs, l'exemple de la Réunion, où les récifs se sont de plus en plus dégradés, et du coup il y a des plages qui sont devenues accessibles aux requins. On a aussi le rôle de régulation climatique à travers la captation carbone, même si on ne peut pas obtenir de crédit carbone à travers le corail. Le corail a quand même un rôle de capteur carbone. c'est juste qu'à la différence des arbres, il ne va pas sédimenter son carbone, il va s'en servir pour créer son squelette, un squelette calcaire, comme nous. C'est aussi notre plus grand espoir dans la recherche, dans la lutte contre le cancer, notamment parce qu'il est assez résilient, malgré la hausse des températures et ce qui lui arrive, il y a plusieurs espèces qui sont quand même très résilientes, et desquelles on peut apprendre beaucoup de choses, notamment pour la pharmaceutique, et donc guérir notamment des cancers. Donc c'est un vrai rôle. essentiel aussi pour les hommes, pour les humains. Et donc c'est pour ça que je me suis rendue compte que finalement, agir aussi pour l'environnement, c'est agir pour nous. Et donc, en lançant Corail, j'allais pouvoir aider aussi les populations des côtes, les populations côtières qui vivent en interaction avec ce corail en permanence, et notamment en leur créant du coup des nouveaux emplois, des nouvelles sources de revenus pour venir compenser ces sources de revenus qui vont baisser parce que il y aura moins de pêche. C'est vrai que les gens,

  • Speaker #0

    souvent, ne savent pas que les coraux, ce ne sont pas des plantes, c'est des animaux. Et ils sont hyper importants. Tu as parlé de la notion de service écosystémique. Est-ce que tu pourrais expliquer rapidement cette notion pour ceux qui ne connaissent pas ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est une définition générale, mais pour ceux qui sont un peu curieux, vous pouvez aller regarder le site de l'UNEP. C'est les Nations Unies pour la protection de l'environnement. United Nations for Environment Protection, je crois. Les services écosystémiques, ce sont les services que rendent les écosystèmes piliers dans la nature, et c'est leur évaluation économique en fait. C'est l'évaluation économique de ces services rendus. Et donc ce travail a été notamment fait par l'UNEP. Ils ont sorti un guide d'ailleurs, très enrichissant là-dessus, qui explique comment est-ce qu'on peut évaluer économiquement la valeur du travail rendu par les... du travail fait par les écosystèmes. Et ces services écosystémiques, c'est quatre grandes catégories. Il y a celui de l'approvisionnement, celui de la régulation climatique, celui du support à la biodiversité, et le dernier, c'est le service culturel. Donc si je te donne l'exemple du corail, service écosystémique d'approvisionnement, c'est le nombre de produits de pêche à l'année. les kilos de poissons pêchés, de produits de pêche, parce qu'il n'y a pas que des poissons, il y a d'autres, des crustacés, etc. C'est la valeur de ce marché qui ont été pêchés dans les récifs coralliens. Donc ça, ça a été évalué. Ça va être principalement évalué en fonction de la région et en fonction de la valeur économique aussi du poisson qui est pêché. Ensuite, régulation climatique, c'est une évaluation par rapport aux dommages qui auraient été faits si les coraux n'existaient pas. Notamment... la réduction de 97% des vagues par le corail prévient l'inondation et donc prévient les dégâts d'inondation. C'est cette évaluation-là qu'on fait. Combien d'argent on doit sortir si on n'a plus de récifs coralliens pour protéger nos côtes et donc qu'on va devoir... reconstituée après une grande inondation. D'ailleurs, très d'actualité en Europe en ce moment. Pour reprendre encore l'exemple du troisième pilier du soutien à la biodiversité, le support à la biodiversité, le corail, lui, il abrite 25% de la biodiversité marine, alors qu'il n'occupe que 1% de la superficie des océans. Et après, le dernier exemple, la dernière catégorie, c'est culturel. Et là, ce n'est pas négligeable du tout pour le corail. Les services culturels, c'est quoi ? C'est en fait quand les gens payent pour venir voir la nature. Et donc, c'est principalement l'économie touristique. Et donc, pour le Corail, c'est énorme parce que c'est évalué à 36 milliards annuels l'économie touristique autour du Corail. Ça va être les centres de plongée, ça va être le snorkeling, les hôtels, l'activité des hôtels dans des zones où on vient vraiment principalement pour la biodiversité marine.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, j'avais lu que Lunette, dont tu as parlé, disait que le financement des solutions basées sur la nature doit tripler d'ici 2030. Donc, ça arrive vite. Il faut combler un déficit estimé entre 598 et 824 milliards de dollars USD par an. C'est énorme. Justement, les solutions basées sur la nature, c'est un peu ce que tu proposes avec Corail. C'est ça même. Est-ce que tu peux un peu expliquer plus ce que vous faites, ce que tu fais avec Corail ? Quelle est la mission, les objectifs ? Comment est-ce que vous vous occupez des coraux ?

  • Speaker #1

    Déjà, peut-être pour l'auditoire, les solutions basées sur la nature, le concept, cette grande catégorie qui a été inventée, c'est d'abord les solutions basées sur la nature pour répondre à la crise climatique. Et cette crise climatique, avant, on l'associait essentiellement aux émissions carbone. Et donc, ce qu'on appelle les solutions basées sur la nature, c'est la captation carbone grâce à un élément naturel, notamment la plantation d'arbres. La photosynthèse qui fait que les arbres vont capter du carbone et émettre de l'oxygène et ensuite sédimenter ce carbone pour l'enfouir dans la terre. Ça, c'est la définition première. Maintenant, on se rend compte qu'en plus de la crise climatique, on a une crise de la biodiversité. Dans la définition, on va dire, globale, ces deux crises sont définies comme étant différentes. Pourtant, en réalité... C'est la même. Pourquoi ? Si je te donne l'exemple de la biodiversité marine, les émissions carbone qui réchauffent notre planète acidifient les océans, donc modifient la salinité, le pH, et donc modifient la bonne santé de ces océans, et donc ont un impact énorme sur la biodiversité marine. Donc finalement, en fait, c'est deux crises qui sont intriquées, et pourtant on les traite quand même différemment. Pourquoi ? Parce qu'en fait, on a déjà bien avancé sur... ... On a bien avancé. On a enfin fait comprendre au monde qu'il y a une crise climatique, même s'il y a encore quelques climato-sceptiques. On a bien avancé quand même sur la compréhension du carbone. C'est presque arrivé même dans les foyers. Les gens commencent à comprendre ce que ça veut dire. Et puis, à côté de ça, la biodiversité, c'est encore un truc très flou, notamment parce que c'est beaucoup plus difficile à mesurer, parce que mesurer une tonne de gaz, c'est simple. Et donner des équivalents de mesures, c'est simple. Alors que ... comparer le poisson pêcheur à un n'importe quel autre animal et sa valeur dans l'écosystème, c'est extrêmement difficile. Et donc, je voulais juste remettre un petit peu de contexte sur la notion maintenant de solution basée sur la nature pour la biodiversité. C'est ce sur quoi moi je parie et je ne suis pas la seule. C'est de dire en fait, aujourd'hui, on a... aussi d'autres solutions pour arrêter la crise de la biodiversité qui sont en fait les extinctions de masse qui sont en train d'arriver et des extinctions de masse qui sont liées à notre activité humaine. Et donc, notamment le corail, aujourd'hui, on a déjà perdu 50% de la superficie des récifs coralliens dans le monde en un siècle. Donc, autant te dire qu'effectivement on peut assez facilement dire qu'on y est un peu pour quelque chose. Malheureusement, les principales raisons sont notamment... les émissions carbone, mais aussi des mauvaises pratiques de pêche. Il y a certaines régions où on pêche à la dynamite. Des mauvaises pratiques aussi touristiques. Encore beaucoup de touristes ne savent pas qu'il ne faut pas marcher sur un corail avec ses palmes, qu'il ne faut pas le toucher, que même si c'est joli, en fait, on ne pose pas son doigt dessus parce qu'en fait, on l'étouffe, on étouffe un polype. Bref. Et donc, pour toutes ces raisons-là, aujourd'hui, l'idée, c'est d'utiliser une solution basée sur la nature pour redonner ... vit aux océans, et ça, c'est l'objectif de corail. Et comment ? Eh bien, on fait ce que j'appelle vulgairement, parce que c'est une vulgarisation, la reforestation marine, c'est-à-dire qu'on va aider le corail à se multiplier. en le plantant. Alors, ce n'est pas une plante, c'est un animal, mais il a quelques vertus qui font que c'est facile de l'assimiler à la plante, c'est-à-dire qu'on peut faire ce qu'on appelle du bouturage de corail. C'est en fait prendre des morceaux, ce qu'on appelle des fragments d'opportunités, donc dans la nature, avec les grandes vagues, parfois les coraux se cassent, mais c'est très naturel, c'est une régulation normale. Un très grand corail va avoir... quelques petits bouts qui vont se casser de temps en temps avec les vagues. Et en fait, ce petit bout, si on le fixe, il va redevenir un autre corail. Si on ne le fixe pas et qu'il est tout le temps déplacé par la houle, il finit par mourir. Et donc nous, ce qu'on fait, c'est qu'on va chercher ces petites boutures. On va les mettre sur des structures. Aujourd'hui, on est sur des structures métalliques, mais il y a plein d'autres solutions qui existent. Pour l'instant, pas trop applicables à Madagascar. C'est notre premier terrain d'application, nos cibées. fixer des boutures de corail sur des structures et ensuite reconstituer un récif grâce à ça. À quoi ça sert ? C'est tout simplement de donner un boost à la nature pour se reconstituer et donc en faisant ça, nous on permet à la fois de reconstituer des récifs coralliens mais aussi de reconstituer des récifs résilients parce qu'on choisit les espèces qui elles ont supporté les canicules marines qui se sont malheureusement multipliées depuis les dernières années.

  • Speaker #0

    Ça prend combien de temps du coup un corail pour être autonome ?

  • Speaker #1

    En gros, nous, on se dit qu'au bout de trois ans, nos récifs sont autonomes. Mais pendant ces trois ans-là, qu'est-ce qu'on fait ? On va nettoyer les structures pour éviter que des algues s'y installent et qu'elles étouffent les petits bébés qu'on aura plantés. Mais au bout de trois ans, la bouture est devenue suffisamment grande pour quasiment recouvrir la structure et se retrouver autonome.

  • Speaker #0

    Donc c'est assez efficace comparé aux arbres, par exemple, ça prend beaucoup. plus de temps. Tu disais que vous choisissez les espèces qui sont plus résilientes. C'est vrai que, est-ce qu'avec l'acidification de l'eau, le réchauffement climatique, est-ce que replanter des coraux, c'est efficace pour restaurer un récif ? Combien de temps ça prend à peu près ? Est-ce qu'après, vous pensez que les espèces vont résister à des événements climatiques forts ?

  • Speaker #1

    Par rapport à l'efficacité des arbres, c'est plus rapide, c'est sûr, parce que quand on va planter un arbre, en fonction de l'essence, ça peut prendre 20 ans. Le corail, de façon assez sûre. Ce sont des animaux qui vivent des millions d'années. Juste pour replacer le contexte de ce qu'on a fait, on a quand même tué des animaux qui ont vécu des millions d'années. La comparaison, oui, elle est possible. Mais finalement, est-ce qu'elle est pertinente ? Je ne sais pas. Pourquoi ? J'ai juste envie de donner un élément de contexte important. C'est que l'océan, c'est 70% de la superficie de notre planète. Et c'est aussi le poumon de la planète. L'allégorie du poumon est pas mal, c'est qu'on en a deux, on en a un vert et un bleu. Et donc la moitié de l'oxygène est produite par l'océan. Et du coup, ce qui s'est passé, c'est que déjà dans l'imaginaire collectif, les gens se sont dit, le poumon de la planète, c'est l'Amazonie, c'est les arbres, c'est grâce à ça qu'on respire. Et c'est vrai, mais qu'on respire avec un poumon. Et c'est vrai qu'on peut aussi ne vivre qu'avec un poumon. C'est quand même dommage de gangréner l'autre pour autant. Et donc, je voulais juste remettre aussi un peu ça en contexte pour se dire, pourquoi est-ce que c'est... important de redonner un équilibre à l'océan et à sa biodiversité et à des animaux piliers comme le corail. Voilà ce serait ça ma comparaison mais ensuite pour en revenir à ce que tu dis sur l'efficacité de la restauration corallienne. En fait il y a deux méthodes, enfin deux choses à faire. Il y a ce qu'on appelle la conservation, la préservation et il y a celle où on va être plutôt acteur. en replantant du corail. Les deux ont une efficacité importante. La question, c'est la conservation, ça oblige à mettre des limites d'accès à ces écosystèmes. Et donc, ça va être ce qu'on appelle construire des aires marines protégées avec des degrés de protection qui peuvent varier. Mais souvent, ça marche que quand la protection est la plus élevée possible. Donc, la conservation, c'est quoi ? C'est donc protéger une zone. où il y a des coraux, une aire marine protégée, et faire en sorte que les humains n'y aillent plus. Et en fait, là, on voit que, de façon très naturelle, le corail se reconstitue, mais il se reconstitue avec beaucoup moins d'espèces qu'il en avait avant. Et qu'est-ce que ça explique, ça ? C'est qu'en fait, il y a une sorte de sélection naturelle.

  • Speaker #0

    Parce que les conditions climatiques ont changé, certaines espèces vont du coup, elles, se proliférer, pendant que d'autres ne vont pas réussir à supporter ces changements et donc vont disparaître. Mais on se rend compte quand même qu'avec cette reconstitution naturelle, peut-être un peu plus pauvre en diversité, la biodiversité marine, elle revient quand même. Il y a des super documentaires là-dessus, d'ailleurs, sur NatGeo. Je n'ai pas d'action chez eux, mais j'adore les documentaires qu'ils font. Ils s'appellent Pristine Islands. Et en fait, ce sont ces îles où il n'y a pas d'humains qui vont et où on observe. On a observé une grande canicule marine et le corail avait complètement disparu dans cette zone. Ensuite, il s'est reconstitué, mais il a complètement changé. Pourquoi ce contact ? Ça explique du coup la deuxième méthode qui est celle d'agir, d'être acteur pour les zones où, en fait, il y a une interaction humaine. C'est les zones où justement il y a ces 500 millions de pêcheurs récifaux qui en fait depuis des centaines d'années se nourrissent de la pêche. Ils vont soit pêcher ce qu'ils vont manger ou ce qu'ils vont pouvoir vendre pour se nourrir. Et en fait ces zones-là on ne peut pas dire du jour au lendemain on les arrête. C'est des airs complètement protégés et puis ils font quoi ? Et donc du coup c'est là en fait l'intérêt de notre action, c'est de venir aider ces zones naturelles à se reconstituer, en essayant finalement de recopier un petit peu ce qui va se passer dans les aires marines protégées de très haut niveau. Et donc de dire, on va sélectionner ces espèces résilientes à la température, celles qui ont montré que la canicule ne leur a pas fait grand-chose, on va reproduire ces espèces pour redonner une certaine taille au récif. Donc nous, par exemple, chez Corail, notre objectif à chaque fois, c'est plus 40% de couverture corallienne dans la zone. Et ça garantit. quoi, ça garantit en fait le retour de la biodiversité et ça se voit très très vite. Dès les premières années, on voit déjà des poissons curieux qui viennent, des poissons qui viennent déjà s'abriter dans nos structures et donc là l'objectif c'est aussi de travailler avec ces pêcheurs, avec toutes les communautés qui vivent autour de ces récifs pour leur expliquer pourquoi c'est important de les protéger, de les restaurer et d'avoir du coup une nouvelle manière de vivre avec eux, de ne plus lâcher de casiers pour choper ses langoustes, faire tomber un gros casier en fer sur le corail. Non, maintenant, il faut trouver d'autres méthodes qui fonctionnent toutes aussi bien, peut-être un peu plus coûteuses, mais qui permettent au moins de garantir qu'il y en aura toujours de la langouste. Donc voilà, c'est un peu ça l'objectif. Et donc, pour répondre à ta question, ça fonctionne quand on choisit des espèces qui, effectivement, ont déjà un peu fait leur preuve. Par contre... On reste dans un environnement toujours mouvant. On le voit, on a peut-être des espèces qui vont résister cette année, mais peut-être qu'en 2030, ce ne sera plus les mêmes. Pour autant, ce qui a été observé par les scientifiques dans les Pristine Islands montre que celles qui naturellement survivent au réchauffement climatique vont quand même le faire assez longtemps. Donc voilà, c'est un peu notre objectif.

  • Speaker #1

    Et du coup, les équipes qui sont sur place, justement, qui travaillent pour planter les coraux, qui travaillent avec les populations locales ? comment est-ce que l'équipe est structurée, comment est-ce que vous incluez ce travail de sensibilisation sur place, comment est-ce que ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, comment nous on a commencé ? Je n'ai pas de diplôme de biologiste marin, même si maintenant je me dis « ah, ça doit être trop cool quand même » . Déjà, au début, j'ai accepté ça, que je n'avais pas cette compétence. Et la ferme de corail de mes parents, dans les équipes, ils avaient la compétence de sélection de certaines espèces et de bouturage, pas dans un objectif de restauration corallienne de conservation. Et donc, à ce moment-là, je me suis dit, je vais aller chercher la compétence ailleurs. Et donc, j'ai eu la chance de commencer à travailler avec deux superbes personnes qui sont biologistes marins et qui ont cette expertise. L'une a vécu en Polynésie française, l'autre au Mozambique, et elles ont travaillé sur la restauration corallienne. Et donc, avec elles, en fait, on a eu... reconstituer l'équipe locale en embauchant des jeunes qui diplôment d'instituts de formation scientifique à Madagascar. Donc on s'est rapprochés de deux instituts, l'un qui s'appelle IHSM, l'autre qui s'appelle le CENERO et dedans en fait ils forment des jeunes malgaches à la biodiversité marine et au rôle de biologistes marins. Donc on a constitué une petite équipe locale de trois personnes qui ont comme rôle de garantir le bon déroulement de notre stratégie de restauration corallienne qui répond à des critères scientifiques qui ont été constitués notamment par les deux superbes personnes dont je t'ai parlé. Une fois qu'on a fait ça... Donc on a ce plan de stratégie. Ce plan de stratégie, pour simplifier un peu, c'est tout simplement de dire où est-ce qu'on va planter du corail, donc en fait, quelles îles on choisit, et ensuite, comment est-ce qu'on va planter du corail dessus. Donc où est-ce qu'on va planter ? Pour répondre à cette question, on a répondu à deux sous-questions qui sont, est-ce que c'est nécessaire de planter ? Donc est-ce qu'on est sur une couverture corallienne qui est en dessous de 30% ? Et est-ce qu'il est possible... possible de planter ? C'est-à-dire, est-ce qu'il n'y a pas de pression supplémentaire autre que le réchauffement climatique ? Typiquement, une sortie de fleuve dans laquelle il y a de la pollution. Là, par exemple, le problème, il faut d'abord le prendre en amont. On aura beau replanter, ce ne sera pas efficace. On répond d'abord à ces questions-là pour choisir l'endroit où on va se mettre. Et ensuite, le deuxième aspect, c'est qu'une fois qu'on a choisi où est-ce qu'on va planter... Comment est-ce qu'on va planter ? Là, ça dépend vraiment des conditions locales, que ce soit les conditions sous l'eau, mais aussi les conditions hors de l'eau. Et les conditions hors de l'eau, c'est est-ce qu'on a accès à du matériel ? Est-ce qu'on peut construire sur place les structures ? Parce que sinon, pour moi, ça n'a aucun intérêt, par contre, qu'on achète des structures en Europe et qu'on les exporte vers là-bas. On va être complètement au contraire de notre objectif. Et donc... C'est à ce moment-là que du coup, on a compris, là aujourd'hui par exemple, sur la première île, Nositanga, qu'on a. C'est une île autour de laquelle il y a beaucoup de pêcheurs. C'est vraiment une île où l'activité de la pêche récifale est très active. Sur cette île, on a dit, d'ici 2026, on va planter 35 000 coraux. Ça va recouvrir 6 000 m² de récifs restaurés et ça va apporter une couverture corallienne de plus de 40 %. Et donc ça, ça va garantir un retour de biodiversité. Et on veut le faire en travaillant avec les pêcheurs, les communautés locales de pêcheurs. Donc ça, c'est ce qu'on a démarré cette année. On est à 4000 cours dans l'eau pour l'instant. On est très contents d'ailleurs. Et en fait, il y a une chaîne qui s'est installée, qui est très simple, qui est qu'avant de planter, on a obtenu les autorisations des autorités locales, ce qu'on va appeler en France une commune. Là-bas, on appelle ça un Foucountagne. Et donc on va avoir l'autorisation d'abord du chef Foukontane, qui va dire ok, on est partant. Ensuite, on a réuni les associations de pêcheurs qui pêchent dans la région, leur expliquer notre travail, et leur proposer du coup d'être aussi garants de la sécurité de nos structures. Et donc ils vont un peu avoir un rôle de ranger. Et ensuite, les structures métalliques qu'on va mettre dans l'eau, elles sont soudées localement. par un soudeur local. Et ensuite, elles sont traitées, on va les couvrir avec du sable et de la résine, un mélange. Et en fait, ce travail, il va être fait aussi par les communautés locales, en fait, principalement des femmes de pêcheurs qui vont avoir des compléments de revenus grâce à cette activité. Et à la fin, c'est mon équipe de biologistes qui vont aller planter le corail, sélectionner les espèces, les attacher sur les structures, et ensuite surveiller pendant trois ans la croissance de ces coraux. et de voir un peu leur développement. Donc c'est un peu comme ça que la chaîne fonctionne. Et l'idée à terme, c'est aussi faire en sorte que tout ce rassemblement d'acteurs puisse ensemble faire du plaidoyer, que ce soit auprès des touristes qui viennent, leur dire qu'il faut respecter ces zones, que ce soit auprès des autres pêcheurs, parce que parfois il y a des pêcheurs qui viennent d'autres villages, qui viennent aussi dans ces Ausha, qui ont encore les mauvaises pratiques. Ou aussi auprès des autorités, parce qu'il y a souvent... les ministères de la pêche qui descendent dans les différents villages pour leur parler. Et donc en fait, ça vient maintenant aussi des communautés locales d'avoir ce discours du besoin de conservation et de protection des récifs coralliens. Donc c'est vraiment l'idée de créer une boucle vertueuse en fait.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est vraiment ça qui fait toute la différence. Il y a encore beaucoup de programmes de conservation qui excluent énormément les populations locales, qui leur privent l'accès justement. qui est souvent une source de nourriture. C'est vrai que ça fait toute la différence de les inclure là-dedans et de les inclure dans l'effort de conservation. Tu as parlé du plaidoyer. Justement, on va y revenir sur cette partie parce que c'est un peu pour ça qu'on fait ce podcast aussi.

  • Speaker #2

    D'abord,

  • Speaker #1

    tu pourrais nous dire, dans les grandes lignes, c'est quoi les ambitions pour Corail ? Comment est-ce que tu te vois évoluer dans les prochaines années ? Je sais que tu m'avais parlé de, pour le moment, vous êtes à Madagascar, mais peut-être aller ailleurs, de ne pas rester juste sur les récifs coraliens.

  • Speaker #0

    Carrément, carrément.

  • Speaker #2

    On va s'arrêter là pour aujourd'hui. Merci en tout cas d'avoir écouté ce premier épisode de Régénération Corail. C'était tellement intéressant notre conversation avec Gemila qu'elle a duré plus longtemps que prévu. Et j'ai donc décidé de couper cette interview en deux épisodes. Vous retrouverez donc la suite dans deux semaines. Gemila nous parlera donc de ses ambitions pour Corail et aussi de ses recommandations concrètes pour passer à l'action. Merci d'avoir écouté cet épisode de Régénération Corail jusqu'au bout. J'espère qu'il vous aura donné envie de passer à l'action. et que vous en ressortez mieux équipés pour faire partie de la génération qui agit. On écrit aussi des articles sur le site internet de Corail que vous pouvez consulter gratuitement pour aller plus loin. Si cet épisode vous a plu, abonnez-vous, partagez-le autour de vous et parlez-en. N'hésitez pas à laisser des petites étoiles et commentaires sur votre plateforme d'écoute ou à nous écrire sur contact.corail-africa.com si vous voulez faire un retour. Enfin, si vous souhaitez soutenir concrètement le podcast, vous pouvez faire un bond défiscalisé sur Eloasso. Vous trouverez tous les liens dans la description de l'épisode. Et à très vite pour le prochain !

Description

Quand Clarisse a voulu lancer ce podcast, elle a posé une question à son entourage et aux passants : "La biodiversité marine, ça vous parle ?". Et d'après les réponses obtenues… pas vraiment.

C’est vrai, quand on vit loin de la mer, on peut avoir l’impression que ce qu’il s’y passe ne nous concerne pas. Pourtant, son avenir est intimement lié au nôtre. Aujourd’hui, l’océan et ses écosystèmes sont menacés par le réchauffement climatique, et notre société a oublié l’un de ses plus grands alliés.


Dans ce premier épisode, Jeimila, fondatrice de Koraï, repose les bases et explique pourquoi il est urgent d’agir pour protéger les récifs coralliens. Elle partage son engagement pour restaurer ces écosystèmes à Madagascar, en impliquant les entreprises et les communautés locales.


Cette discussion a été déclinée en deux épisodes. Rendez-vous dans 15 jours pour découvrir la suite !


Bonne écoute 🐠


🎙️ Hôte et réalisation : Clarisse Gouby

🔉 Mixage et sound design : Alice Krief

🌊 Invité : Jeimila Donty, fondatrice de Koraï


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📖 Pour aller plus loin : retrouvez nos articles et ressources sur le blog de Koraï


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    La biodiversité marine,

  • Speaker #1

    c'est un sujet un peu niche,

  • Speaker #0

    non ?

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    la mer, c'est cool comme sujet,

  • Speaker #1

    mais je pense que je préfère ma vie sur Terre.

  • Speaker #0

    Moi, la mer, j'aime bien en vacances, mais le reste de l'année, ça ne m'intéresse pas trop. Ces phrases, je les ai déjà vraiment entendues. Et d'une certaine façon, je peux comprendre. C'est vrai que l'océan, quand on habite en ville, par exemple, ça peut paraître un peu lointain. Ce qui s'y passe, c'est loin de nous. Ce n'est pas forcément la première préoccupation des gens au quotidien. Moi, à la base, l'océan, il me faisait même un peu peur. Allez savoir pourquoi, mais la baleine dans Pinocchio, ça m'a terrifiée quand j'étais enfant. Et nager, je détestais ça en plus. Après, j'avoue que c'est toujours pas mon sport préféré actuellement. Mais au fond, j'ai toujours été complètement fascinée par les récits d'aventures en mer, les histoires de navigateurs, ou bien encore les merveilles qu'on pouvait voir dans les documentaires comme La planète bleue. Pour Gemila, que vous allez entendre dans cet épisode, le lien avec la vie marine pourrait se faire de manière plus évidente. Elle a grandi à Madagascar. et sa famille avait en plus une ferme de corail. Pourtant, elle ne pensait pas y consacrer sa vie non plus. Elle, elle se voyait dans quelque chose de plus social, par exemple l'éducation, pour améliorer directement la vie des gens. Mais en fait, à force de creuser, on s'est toutes les deux rendues compte d'une chose. L'océan et sa biodiversité, c'est la vie. Il est essentiel pour nous, pour notre climat, pour notre avenir, enfin pour les êtres humains en fait. Et pourtant, il est souvent oublié dans beaucoup de combats environnementaux. Du coup, moi, quand j'ai découvert corail, L'entreprise donc fondée par Gemila, j'ai immédiatement voulu la rencontrer. Son ambition me parlait vraiment, impliquer le secteur privé dans la course contre la perte de biodiversité marine, en permettant aux entreprises de s'engager dans la régénération des récifs coralliens en Afrique. Lors de notre échange, elle m'a aussi parlé de son idée de créer un média qui serait capable de mobiliser et de sensibiliser les entreprises autour de ces enjeux, et aussi de leur faire comprendre pourquoi la survie de notre économie dépend en grande partie de la survie de la biodiversité marine. Donc quand Jamila m'a proposé de produire ce podcast pour porter ce message, j'ai dit oui sans hésiter. Mais avant de me lancer, j'ai voulu voir si cette idée parlait un petit peu aux gens ou pas. Alors je suis sortie avec un micro pour leur poser quelques questions simples, a priori en tout cas, sur la biodiversité marine. Et voilà ce que ça a donné.

  • Speaker #1

    On est plus sensibilisés au climat, au réchauffement du climat, etc.

  • Speaker #0

    qu'à la préservation de la biodiversité, etc.

  • Speaker #1

    même si les deux sont étroitement liés, je pense.

  • Speaker #0

    Et quand je vous parle de poumons de la planète, ça vous dit quelque chose ?

  • Speaker #1

    C'est quoi pour vous ?

  • Speaker #0

    Les grandes forêts, dans la forêt amazonienne, juste comme ça, tout ce qui dégage beaucoup de CO2. Vous savez ce que c'est un corail en soi ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Et les mangroves, vous connaissez ou pas ? Non, j'ai rien entendu. Si je vous parle de poumons de la planète, c'est quoi ? Oui,

  • Speaker #1

    on parle de la forêt amazone, etc. Oui, que c'est le poumon de la planète.

  • Speaker #0

    Le vrai poumon de la planète, c'est l'océan, qui produit plus de 50% d'atomoxygène. Et du coup, est-ce que la biodiversité marine, c'est un sujet qui vous... Touche un peu ou c'est pas du tout ? Pas autant par rapport aux forêts et tout ça. Un corail ? Tu savais ce que c'est un corail ? Oui, justement, et c'est ça qui...

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de corails qui meurent et tout ça. Ça,

  • Speaker #0

    j'ai déjà vu, ouais. Quand je vous parle du poumon de la planète... C'est les arbres, c'est tout l'oxygène qu'il faut apporter,

  • Speaker #1

    par exemple, dans un centre-ville ou dans des villes. Tout de suite, je pense à l'Amazonie, mais je pense que c'est un ensemble...

  • Speaker #0

    Ouais, c'est tout ce qui est lié aux arbres, quoi, finalement. Et du coup, la biodiversité marine ? On en parle beaucoup moins.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est moins accessible du grand public.

  • Speaker #1

    Et moi, je ne savais pas, par exemple, que c'était une de plus grandes sources d'oxygène, finalement. Donc, je pense qu'on n'en parle pas assez.

  • Speaker #0

    Et les coraux, vous savez ce que c'est, un peu ? Un petit peu, ouais. C'est une barrière,

  • Speaker #1

    en fait, non ? Pour filtrer tout ce que les hommes peuvent déverser dans la mer. Ça permet de faire un premier filtre, je pense. Barrière fragile, en tout cas.

  • Speaker #0

    Déjà, est-ce que, si je vous parle de diversité marine, ça vous parle un petit peu ? Pas du tout ? Je suis connue de ces trucs. J'avoue que, pour moi, c'est vague. Pour vous, ce serait quoi le poumon de la planète ? La mer. Et vous savez ce que c'est un corail ? Ouais. Ouais ?

  • Speaker #1

    J'ai déjà fait de la plongée.

  • Speaker #0

    Et si je vous parle de poumon de la planète, c'est quoi pour vous le poumon de la planète ? L'Amazonie. Si je vous parle de biodiversité marine, c'est un truc qui vous parle un peu ?

  • Speaker #1

    Nous,

  • Speaker #0

    on fait de la plongée tous les deux, donc ça nous parle beaucoup,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Bon, Jamila, il va falloir que tu m'aides là. Comme tu sais, je suis allée faire un micro-trottoir pour demander aux gens... Si la biodiversité marine, ça les intéressait, si elle leur parlait, globalement, ça reste un peu de niche pour eux. Ça ne leur parle pas tant que ça. À part, par exemple, quelques personnes qui font de la plongée sous-marine à côté, ils connaissent un peu plus le sujet. Mais sinon, ça reste assez niche. Et là, on est censé lancer un podcast sur la biodiversité marine, et en tout cas, sur les solutions qui existent pour la préserver. Comment je vais faire si les auditeurs ne savent pas de quoi je parle ?

  • Speaker #1

    Je pense que tout le monde dansait un petit peu. peu mais sans trop vraiment le savoir donc aujourd'hui on va tenter d'ouvrir les yeux à tout le monde.

  • Speaker #0

    Bon, les chiffres sont là. 50% des récifs coralliens ont disparu en 30 ans. Un tiers des stocks de poissons sont surexploités. Et nos océans se réchauffent à une vitesse alarmante. Notre économie est malade en fait. Elle a oublié sa plus grande alliée, la nature. Et parmi elles, les écosystèmes marins qui nous nourrissent, nous permettent de respirer et maintiennent l'équilibre de notre planète. Ok, on fait quoi ? Par où commencer ? Comment peut-on agir concrètement ? Je m'appelle Clarisse Goubi et je vous emmène à la rencontre de celles et ceux qui proposent des solutions et tentent de réintégrer la nature dans l'équation. Ici, c'est le podcast de Régénération Corail et ensemble, on passe à l'action.

  • Speaker #1

    Mon meilleur souvenir lié à l'océan ? Déjà, je suis franco-mélgache. Ma mère, elle vient d'un archipel qui s'appelle Nocibé. Beaucoup de gens en France connaissent Nocibé par la chaîne de parfumerie, mais en fait, Nocibé, en réalité, c'est une île. enfin un archipel, qui s'appelle d'ailleurs l'île aux parfums, où se trouve l'île Anguilang, qui est le premier ingrédient des parfums de luxe, d'où l'expression Nocibé déjà, donc petit aparté. Et donc voilà, je viens de Nocibé, et l'année dernière, j'ai eu la chance d'amener un groupe d'amis à Nocibé, pour leur faire découvrir un petit peu mon coin de paradis, avec mon fiancé, parce qu'on se fiançait justement cette année-là. Et en fait, on est partis avec un petit programme pendant un week-end. On a fait ce qu'on appelle là-bas le bivouac sur l'île de Nocyrans, qui est un petit joyau aussi. C'est une île qui est découpée en deux et qui est rejointe par un grand banc de sable de un kilomètre et quelques. Et en fait, normalement, quand on fait ça, sur la route vers cette île-là, on rencontre des animaux marins. On a soit la chance de voir une tortue, pourquoi pas à un moment donné, voir des exocètes. C'est des petits poissons volants. Et en fait, nous, on a fait la totale. Si c'était à comparer à un safari, c'est comme si on avait fait le Big Five en quelques heures. C'était incroyable. Donc déjà d'abord, on a croisé un requin-baleine alors que la saison n'avait même pas encore commencé. Donc on a eu la chance de nager avec un requin-baleine. C'était magnifique, tellement beau, tellement majestueux. Et puis, on continue sur la route des dauphins. Pareil, on renage avec des dauphins. Après, on arrive près de nos sirènes. Il y a un récif corallien qui est magnifique, qui est encore hyper beau. préservée. Et donc là-bas, on nage au milieu des centaines de poissons. C'était tellement beau. Et on a même croisé des espadons aussi, des tortues, une tortue verte. Et puis, on arrive ensuite sur l'île et c'est l'heure de l'apéro. Et on se dit quelle journée magnifique. On ne peut pas faire mieux que ça. Donc on est là avec notre petit ponche et notre petit robe arrangée. Et en fait, la surprise, éclosion de tortue sur la plage de Nocyranz. face à un coucher de soleil. Et je ne peux pas te dire à quel point c'était incroyable. Et tout le monde était là genre, mais comment c'est possible d'avoir tout ça en une fois, en si peu de temps ? Et j'étais trop contente parce que j'avais réussi à partager un peu cette passion aussi que j'ai pour l'océan, à travers cette biodiversité incroyable qui nous a rendu visite. Ou est-ce que c'est nous qui l'avons rendu visite ? Je ne sais pas trop. Mais en tout cas, on a eu la chance d'interagir avec des animaux incroyables. en si peu de temps. Et même moi qui y vais régulièrement, j'ai jamais eu une journée pareille. Donc, mon plus beau souvenir, c'était ça.

  • Speaker #0

    Ça va l'air incroyable. Je pense que tu as fait en une journée tout ce que je rêvais de faire dans ma vie. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux un peu, on en a un petit peu parlé, tu viens de Nozibé, de Madagascar, est-ce que tu peux un peu nous en dire plus sur toi ? Quel est ton parcours ?

  • Speaker #1

    Qui es-tu ? Je suis une petite personne, pas très grande, 1m50. et j'ai grandi à Madagascar dans une famille qui a toujours travaillé autour de la nature j'ai toujours percé au milieu de la nature mon père avait une a toujours une entreprise d'exportation de plantes notamment pour les aquariums ma mère une boutique d'aquarium et puis ensemble ils avaient aussi développé pas mal de petites activités de divertissement mais toujours autour de la nature notamment un parc zoologique qui s'appelle les Murialand où on peut se balader et rencontrer les lémuriens en liberté. J'ai grandi dans ces valeurs, de se dire que la nature est hyper importante, on est connecté à elle, et se déconnecter d'elle, c'est justement être malade. Donc déjà, j'ai grandi comme ça. Et puis, c'est des entrepreneurs, mes parents. À un moment donné, je me suis dit que j'aimerais participer au développement économique de mon pays, parce que Madagascar, c'est quand même le cinquième pays le plus pauvre au monde, à travers l'entrepreneuriat et l'entrepreneuriat social. Du coup, à ce moment-là, je me dis que je vais partir en France, faire des études dans une école de commerce et être capable après de monter ma propre entreprise. Donc, à 17 ans, je prends mes clics et mes clacs. petit valise et puis je pars pour la France et une fois que j'arrive ici, j'entre en école de commerce et je me rends compte parce que je suis entre deux pays, la France et Madagascar je me rends compte encore plus du gap qui se creuse en fait entre mes compatriotes malgaches et mes compatriotes français et je me dis en fait il faut que je rééquilibre tout ça, que je participe en fait à donner ... un accès aux biens essentiels à mes compatriotes malgaches. Et en même temps que je participe aussi à mon pays qui est la France, mon pays d'accueil. D'ailleurs, je suis devenue française en 2021.

  • Speaker #0

    Félicitations.

  • Speaker #1

    Merci. En vrai, j'étais à l'école française depuis que j'étais en primaire. Donc au fond, j'étais franco-malgache depuis le début. Et donc voilà. Et donc c'est à ce moment-là que je me dis je vais monter une entreprise qui va me permettre à la fois d'apporter ma pierre à l'édifice. économique à Madagascar et en même temps de faire le pont avec la France. Et c'est à ce moment-là que ça germe un peu en moi. Mais ce n'est pas ça qui va me pousser vraiment à lancer Corail. C'est un événement personnel difficile, mais dont je suis très à l'aise de parler, qui se passe en 2020. Mon papa décède brutalement. On a tous vécu une année très particulière cette année-là et moi ça a été particulièrement difficile. Et en fait au moment de la succession, du coup, on s'organise en avec mes frères, par rapport aux différentes entreprises qu'il avait montées. Et bien, en fait, dans les entreprises, il y a une ferme de corail qui, elle, avait son activité qui s'est arrêtée aussi en même temps que le Covid. Parce que l'objectif de cette ferme de corail qu'avait créé mon père avec un associé, c'était de bouturer du corail et de le multiplier, du coup, pour l'exporter pour les aquariums, en fait. Toujours l'activité d'aquarium qu'avait notamment ma mère. Et puis, je me suis dit... C'est dommage que cette entreprise se soit arrêtée, mais par contre, je n'ai pas envie de la redémarrer telle qu'elle. Parce que, trop différente de ce que j'avais envie de faire, j'ai envie de participer au développement économique et social de mes compatriotes. Donc le corail, je me rends compte que c'est le pilier principal de la biodiversité marine, parce qu'il abrite 25% de cette biodiversité, qui va y vivre, s'y abriter, faire naître leurs tétards. ou encore sans nourrir. Je me rends compte du danger de plus en plus auquel on fait face parce que ce corail est en train de disparaître et que c'est la première extinction de masse qui risque d'arriver avant la fin de ce siècle. Et quand je prends conscience de ça, je me dis que je voudrais participer à inverser la tendance. Et donc je me pose la question, est-ce qu'on peut planter du corail comme on plante des arbres ? Est-ce qu'on peut faire de la reforestation ? sous-marine. Et en fait, oui, je me rends compte que c'est possible qu'il y a plein d'endroits dans le monde où on le fait, notamment en Polynésie française, au Bahamas, dans les Maldives. Et donc, c'est à ce moment-là effectivement que je reprends l'entreprise familiale en changeant son objectif et en créant un pont avec la France. Parce que l'objectif principal, c'est de dire les entreprises internationales dont le siège se trouve en France ou en Europe, de façon plus large. doivent participer à régénérer la biodiversité, dont la biodiversité marine. Et donc, je me dis, voilà, avec corail, on va aider ces entreprises à s'engager en replantant du corail à Madagascar.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, quand je t'ai rencontrée, tu m'avais dit qu'au début, tu pensais peut-être travailler sur quelque chose de plus social. Et tu t'es rendue compte que l'environnement, la crise climatique, c'était aussi une crise sociale. Est-ce que tu peux peut-être nous expliquer pourquoi la biodiversité marine et les coraux sont super importants ? pourtant, pour l'homme, au-delà des espèces marines qui habitent.

  • Speaker #1

    Effectivement, au tout début, quand j'étais en école de commerce, je réfléchissais plutôt sur des modèles d'entrepreneuriat social à objectifs sociaux. Principalement l'éducation, parce que je me rendais compte que, entre guillemets, je m'étais sortie de ma condition par l'éducation. Mes parents, c'était pareil. Et donc, je pensais ça. C'était ma principale idée, au tout début, avant que 2020 n'arrive. Et en fait, non, effectivement, je me suis rendue compte que la crise... La crise climatique, la crise environnementale, c'est aussi une crise sociale. Pour te donner un exemple un peu concret, déjà dans le sud de Madagascar, Il y a une famine qui a été la première au monde reconnue pour être une famine climatique, qui est donc liée au changement climatique. La sécheresse permanente et intercalée d'inondations fait qu'en fait, il n'y a plus d'agriculture possible dans le sud de Madagascar. Et cette population aujourd'hui fait face à une famine qui est liée à la crise climatique. Et en fait, c'est pareil aussi pour la biodiversité marine. On est extrêmement lié à cette biodiversité. parce que, si je te donne l'exemple du corail qui est ma spécialité, aujourd'hui, dans le monde entier, c'est 500 millions de personnes qui se nourrissent directement de la pêche récifale, c'est-à-dire de la biodiversité qui vit dans le corail. Donc aujourd'hui, c'est ces 500 millions de personnes, si cet écosystème venait à disparaître, c'est ces 500 millions de personnes qui vont être mises en danger et qui vont se retrouver face à une situation de manque d'approvisionnement en nourriture. Mais c'est aussi... Au-delà de l'approvisionnement en nourriture, le rôle du corail, il va au-delà et nous donne ce qu'on appelle les services écosystémiques. Et donc, il participe de façon plus globale à notre économie, à travers notamment d'abord le fait qu'il va abriter cette biodiversité marine. Et donc, il va nous approvisionner en nourriture, mais il va aussi participer à réguler le climat. Le corail, en fait, protège les côtes. Il réduit de 97% la force des vagues, donc il prévient les inondations. Il prévient aussi certains prédateurs, l'exemple de la Réunion, où les récifs se sont de plus en plus dégradés, et du coup il y a des plages qui sont devenues accessibles aux requins. On a aussi le rôle de régulation climatique à travers la captation carbone, même si on ne peut pas obtenir de crédit carbone à travers le corail. Le corail a quand même un rôle de capteur carbone. c'est juste qu'à la différence des arbres, il ne va pas sédimenter son carbone, il va s'en servir pour créer son squelette, un squelette calcaire, comme nous. C'est aussi notre plus grand espoir dans la recherche, dans la lutte contre le cancer, notamment parce qu'il est assez résilient, malgré la hausse des températures et ce qui lui arrive, il y a plusieurs espèces qui sont quand même très résilientes, et desquelles on peut apprendre beaucoup de choses, notamment pour la pharmaceutique, et donc guérir notamment des cancers. Donc c'est un vrai rôle. essentiel aussi pour les hommes, pour les humains. Et donc c'est pour ça que je me suis rendue compte que finalement, agir aussi pour l'environnement, c'est agir pour nous. Et donc, en lançant Corail, j'allais pouvoir aider aussi les populations des côtes, les populations côtières qui vivent en interaction avec ce corail en permanence, et notamment en leur créant du coup des nouveaux emplois, des nouvelles sources de revenus pour venir compenser ces sources de revenus qui vont baisser parce que il y aura moins de pêche. C'est vrai que les gens,

  • Speaker #0

    souvent, ne savent pas que les coraux, ce ne sont pas des plantes, c'est des animaux. Et ils sont hyper importants. Tu as parlé de la notion de service écosystémique. Est-ce que tu pourrais expliquer rapidement cette notion pour ceux qui ne connaissent pas ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est une définition générale, mais pour ceux qui sont un peu curieux, vous pouvez aller regarder le site de l'UNEP. C'est les Nations Unies pour la protection de l'environnement. United Nations for Environment Protection, je crois. Les services écosystémiques, ce sont les services que rendent les écosystèmes piliers dans la nature, et c'est leur évaluation économique en fait. C'est l'évaluation économique de ces services rendus. Et donc ce travail a été notamment fait par l'UNEP. Ils ont sorti un guide d'ailleurs, très enrichissant là-dessus, qui explique comment est-ce qu'on peut évaluer économiquement la valeur du travail rendu par les... du travail fait par les écosystèmes. Et ces services écosystémiques, c'est quatre grandes catégories. Il y a celui de l'approvisionnement, celui de la régulation climatique, celui du support à la biodiversité, et le dernier, c'est le service culturel. Donc si je te donne l'exemple du corail, service écosystémique d'approvisionnement, c'est le nombre de produits de pêche à l'année. les kilos de poissons pêchés, de produits de pêche, parce qu'il n'y a pas que des poissons, il y a d'autres, des crustacés, etc. C'est la valeur de ce marché qui ont été pêchés dans les récifs coralliens. Donc ça, ça a été évalué. Ça va être principalement évalué en fonction de la région et en fonction de la valeur économique aussi du poisson qui est pêché. Ensuite, régulation climatique, c'est une évaluation par rapport aux dommages qui auraient été faits si les coraux n'existaient pas. Notamment... la réduction de 97% des vagues par le corail prévient l'inondation et donc prévient les dégâts d'inondation. C'est cette évaluation-là qu'on fait. Combien d'argent on doit sortir si on n'a plus de récifs coralliens pour protéger nos côtes et donc qu'on va devoir... reconstituée après une grande inondation. D'ailleurs, très d'actualité en Europe en ce moment. Pour reprendre encore l'exemple du troisième pilier du soutien à la biodiversité, le support à la biodiversité, le corail, lui, il abrite 25% de la biodiversité marine, alors qu'il n'occupe que 1% de la superficie des océans. Et après, le dernier exemple, la dernière catégorie, c'est culturel. Et là, ce n'est pas négligeable du tout pour le corail. Les services culturels, c'est quoi ? C'est en fait quand les gens payent pour venir voir la nature. Et donc, c'est principalement l'économie touristique. Et donc, pour le Corail, c'est énorme parce que c'est évalué à 36 milliards annuels l'économie touristique autour du Corail. Ça va être les centres de plongée, ça va être le snorkeling, les hôtels, l'activité des hôtels dans des zones où on vient vraiment principalement pour la biodiversité marine.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, j'avais lu que Lunette, dont tu as parlé, disait que le financement des solutions basées sur la nature doit tripler d'ici 2030. Donc, ça arrive vite. Il faut combler un déficit estimé entre 598 et 824 milliards de dollars USD par an. C'est énorme. Justement, les solutions basées sur la nature, c'est un peu ce que tu proposes avec Corail. C'est ça même. Est-ce que tu peux un peu expliquer plus ce que vous faites, ce que tu fais avec Corail ? Quelle est la mission, les objectifs ? Comment est-ce que vous vous occupez des coraux ?

  • Speaker #1

    Déjà, peut-être pour l'auditoire, les solutions basées sur la nature, le concept, cette grande catégorie qui a été inventée, c'est d'abord les solutions basées sur la nature pour répondre à la crise climatique. Et cette crise climatique, avant, on l'associait essentiellement aux émissions carbone. Et donc, ce qu'on appelle les solutions basées sur la nature, c'est la captation carbone grâce à un élément naturel, notamment la plantation d'arbres. La photosynthèse qui fait que les arbres vont capter du carbone et émettre de l'oxygène et ensuite sédimenter ce carbone pour l'enfouir dans la terre. Ça, c'est la définition première. Maintenant, on se rend compte qu'en plus de la crise climatique, on a une crise de la biodiversité. Dans la définition, on va dire, globale, ces deux crises sont définies comme étant différentes. Pourtant, en réalité... C'est la même. Pourquoi ? Si je te donne l'exemple de la biodiversité marine, les émissions carbone qui réchauffent notre planète acidifient les océans, donc modifient la salinité, le pH, et donc modifient la bonne santé de ces océans, et donc ont un impact énorme sur la biodiversité marine. Donc finalement, en fait, c'est deux crises qui sont intriquées, et pourtant on les traite quand même différemment. Pourquoi ? Parce qu'en fait, on a déjà bien avancé sur... ... On a bien avancé. On a enfin fait comprendre au monde qu'il y a une crise climatique, même s'il y a encore quelques climato-sceptiques. On a bien avancé quand même sur la compréhension du carbone. C'est presque arrivé même dans les foyers. Les gens commencent à comprendre ce que ça veut dire. Et puis, à côté de ça, la biodiversité, c'est encore un truc très flou, notamment parce que c'est beaucoup plus difficile à mesurer, parce que mesurer une tonne de gaz, c'est simple. Et donner des équivalents de mesures, c'est simple. Alors que ... comparer le poisson pêcheur à un n'importe quel autre animal et sa valeur dans l'écosystème, c'est extrêmement difficile. Et donc, je voulais juste remettre un petit peu de contexte sur la notion maintenant de solution basée sur la nature pour la biodiversité. C'est ce sur quoi moi je parie et je ne suis pas la seule. C'est de dire en fait, aujourd'hui, on a... aussi d'autres solutions pour arrêter la crise de la biodiversité qui sont en fait les extinctions de masse qui sont en train d'arriver et des extinctions de masse qui sont liées à notre activité humaine. Et donc, notamment le corail, aujourd'hui, on a déjà perdu 50% de la superficie des récifs coralliens dans le monde en un siècle. Donc, autant te dire qu'effectivement on peut assez facilement dire qu'on y est un peu pour quelque chose. Malheureusement, les principales raisons sont notamment... les émissions carbone, mais aussi des mauvaises pratiques de pêche. Il y a certaines régions où on pêche à la dynamite. Des mauvaises pratiques aussi touristiques. Encore beaucoup de touristes ne savent pas qu'il ne faut pas marcher sur un corail avec ses palmes, qu'il ne faut pas le toucher, que même si c'est joli, en fait, on ne pose pas son doigt dessus parce qu'en fait, on l'étouffe, on étouffe un polype. Bref. Et donc, pour toutes ces raisons-là, aujourd'hui, l'idée, c'est d'utiliser une solution basée sur la nature pour redonner ... vit aux océans, et ça, c'est l'objectif de corail. Et comment ? Eh bien, on fait ce que j'appelle vulgairement, parce que c'est une vulgarisation, la reforestation marine, c'est-à-dire qu'on va aider le corail à se multiplier. en le plantant. Alors, ce n'est pas une plante, c'est un animal, mais il a quelques vertus qui font que c'est facile de l'assimiler à la plante, c'est-à-dire qu'on peut faire ce qu'on appelle du bouturage de corail. C'est en fait prendre des morceaux, ce qu'on appelle des fragments d'opportunités, donc dans la nature, avec les grandes vagues, parfois les coraux se cassent, mais c'est très naturel, c'est une régulation normale. Un très grand corail va avoir... quelques petits bouts qui vont se casser de temps en temps avec les vagues. Et en fait, ce petit bout, si on le fixe, il va redevenir un autre corail. Si on ne le fixe pas et qu'il est tout le temps déplacé par la houle, il finit par mourir. Et donc nous, ce qu'on fait, c'est qu'on va chercher ces petites boutures. On va les mettre sur des structures. Aujourd'hui, on est sur des structures métalliques, mais il y a plein d'autres solutions qui existent. Pour l'instant, pas trop applicables à Madagascar. C'est notre premier terrain d'application, nos cibées. fixer des boutures de corail sur des structures et ensuite reconstituer un récif grâce à ça. À quoi ça sert ? C'est tout simplement de donner un boost à la nature pour se reconstituer et donc en faisant ça, nous on permet à la fois de reconstituer des récifs coralliens mais aussi de reconstituer des récifs résilients parce qu'on choisit les espèces qui elles ont supporté les canicules marines qui se sont malheureusement multipliées depuis les dernières années.

  • Speaker #0

    Ça prend combien de temps du coup un corail pour être autonome ?

  • Speaker #1

    En gros, nous, on se dit qu'au bout de trois ans, nos récifs sont autonomes. Mais pendant ces trois ans-là, qu'est-ce qu'on fait ? On va nettoyer les structures pour éviter que des algues s'y installent et qu'elles étouffent les petits bébés qu'on aura plantés. Mais au bout de trois ans, la bouture est devenue suffisamment grande pour quasiment recouvrir la structure et se retrouver autonome.

  • Speaker #0

    Donc c'est assez efficace comparé aux arbres, par exemple, ça prend beaucoup. plus de temps. Tu disais que vous choisissez les espèces qui sont plus résilientes. C'est vrai que, est-ce qu'avec l'acidification de l'eau, le réchauffement climatique, est-ce que replanter des coraux, c'est efficace pour restaurer un récif ? Combien de temps ça prend à peu près ? Est-ce qu'après, vous pensez que les espèces vont résister à des événements climatiques forts ?

  • Speaker #1

    Par rapport à l'efficacité des arbres, c'est plus rapide, c'est sûr, parce que quand on va planter un arbre, en fonction de l'essence, ça peut prendre 20 ans. Le corail, de façon assez sûre. Ce sont des animaux qui vivent des millions d'années. Juste pour replacer le contexte de ce qu'on a fait, on a quand même tué des animaux qui ont vécu des millions d'années. La comparaison, oui, elle est possible. Mais finalement, est-ce qu'elle est pertinente ? Je ne sais pas. Pourquoi ? J'ai juste envie de donner un élément de contexte important. C'est que l'océan, c'est 70% de la superficie de notre planète. Et c'est aussi le poumon de la planète. L'allégorie du poumon est pas mal, c'est qu'on en a deux, on en a un vert et un bleu. Et donc la moitié de l'oxygène est produite par l'océan. Et du coup, ce qui s'est passé, c'est que déjà dans l'imaginaire collectif, les gens se sont dit, le poumon de la planète, c'est l'Amazonie, c'est les arbres, c'est grâce à ça qu'on respire. Et c'est vrai, mais qu'on respire avec un poumon. Et c'est vrai qu'on peut aussi ne vivre qu'avec un poumon. C'est quand même dommage de gangréner l'autre pour autant. Et donc, je voulais juste remettre aussi un peu ça en contexte pour se dire, pourquoi est-ce que c'est... important de redonner un équilibre à l'océan et à sa biodiversité et à des animaux piliers comme le corail. Voilà ce serait ça ma comparaison mais ensuite pour en revenir à ce que tu dis sur l'efficacité de la restauration corallienne. En fait il y a deux méthodes, enfin deux choses à faire. Il y a ce qu'on appelle la conservation, la préservation et il y a celle où on va être plutôt acteur. en replantant du corail. Les deux ont une efficacité importante. La question, c'est la conservation, ça oblige à mettre des limites d'accès à ces écosystèmes. Et donc, ça va être ce qu'on appelle construire des aires marines protégées avec des degrés de protection qui peuvent varier. Mais souvent, ça marche que quand la protection est la plus élevée possible. Donc, la conservation, c'est quoi ? C'est donc protéger une zone. où il y a des coraux, une aire marine protégée, et faire en sorte que les humains n'y aillent plus. Et en fait, là, on voit que, de façon très naturelle, le corail se reconstitue, mais il se reconstitue avec beaucoup moins d'espèces qu'il en avait avant. Et qu'est-ce que ça explique, ça ? C'est qu'en fait, il y a une sorte de sélection naturelle.

  • Speaker #0

    Parce que les conditions climatiques ont changé, certaines espèces vont du coup, elles, se proliférer, pendant que d'autres ne vont pas réussir à supporter ces changements et donc vont disparaître. Mais on se rend compte quand même qu'avec cette reconstitution naturelle, peut-être un peu plus pauvre en diversité, la biodiversité marine, elle revient quand même. Il y a des super documentaires là-dessus, d'ailleurs, sur NatGeo. Je n'ai pas d'action chez eux, mais j'adore les documentaires qu'ils font. Ils s'appellent Pristine Islands. Et en fait, ce sont ces îles où il n'y a pas d'humains qui vont et où on observe. On a observé une grande canicule marine et le corail avait complètement disparu dans cette zone. Ensuite, il s'est reconstitué, mais il a complètement changé. Pourquoi ce contact ? Ça explique du coup la deuxième méthode qui est celle d'agir, d'être acteur pour les zones où, en fait, il y a une interaction humaine. C'est les zones où justement il y a ces 500 millions de pêcheurs récifaux qui en fait depuis des centaines d'années se nourrissent de la pêche. Ils vont soit pêcher ce qu'ils vont manger ou ce qu'ils vont pouvoir vendre pour se nourrir. Et en fait ces zones-là on ne peut pas dire du jour au lendemain on les arrête. C'est des airs complètement protégés et puis ils font quoi ? Et donc du coup c'est là en fait l'intérêt de notre action, c'est de venir aider ces zones naturelles à se reconstituer, en essayant finalement de recopier un petit peu ce qui va se passer dans les aires marines protégées de très haut niveau. Et donc de dire, on va sélectionner ces espèces résilientes à la température, celles qui ont montré que la canicule ne leur a pas fait grand-chose, on va reproduire ces espèces pour redonner une certaine taille au récif. Donc nous, par exemple, chez Corail, notre objectif à chaque fois, c'est plus 40% de couverture corallienne dans la zone. Et ça garantit. quoi, ça garantit en fait le retour de la biodiversité et ça se voit très très vite. Dès les premières années, on voit déjà des poissons curieux qui viennent, des poissons qui viennent déjà s'abriter dans nos structures et donc là l'objectif c'est aussi de travailler avec ces pêcheurs, avec toutes les communautés qui vivent autour de ces récifs pour leur expliquer pourquoi c'est important de les protéger, de les restaurer et d'avoir du coup une nouvelle manière de vivre avec eux, de ne plus lâcher de casiers pour choper ses langoustes, faire tomber un gros casier en fer sur le corail. Non, maintenant, il faut trouver d'autres méthodes qui fonctionnent toutes aussi bien, peut-être un peu plus coûteuses, mais qui permettent au moins de garantir qu'il y en aura toujours de la langouste. Donc voilà, c'est un peu ça l'objectif. Et donc, pour répondre à ta question, ça fonctionne quand on choisit des espèces qui, effectivement, ont déjà un peu fait leur preuve. Par contre... On reste dans un environnement toujours mouvant. On le voit, on a peut-être des espèces qui vont résister cette année, mais peut-être qu'en 2030, ce ne sera plus les mêmes. Pour autant, ce qui a été observé par les scientifiques dans les Pristine Islands montre que celles qui naturellement survivent au réchauffement climatique vont quand même le faire assez longtemps. Donc voilà, c'est un peu notre objectif.

  • Speaker #1

    Et du coup, les équipes qui sont sur place, justement, qui travaillent pour planter les coraux, qui travaillent avec les populations locales ? comment est-ce que l'équipe est structurée, comment est-ce que vous incluez ce travail de sensibilisation sur place, comment est-ce que ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, comment nous on a commencé ? Je n'ai pas de diplôme de biologiste marin, même si maintenant je me dis « ah, ça doit être trop cool quand même » . Déjà, au début, j'ai accepté ça, que je n'avais pas cette compétence. Et la ferme de corail de mes parents, dans les équipes, ils avaient la compétence de sélection de certaines espèces et de bouturage, pas dans un objectif de restauration corallienne de conservation. Et donc, à ce moment-là, je me suis dit, je vais aller chercher la compétence ailleurs. Et donc, j'ai eu la chance de commencer à travailler avec deux superbes personnes qui sont biologistes marins et qui ont cette expertise. L'une a vécu en Polynésie française, l'autre au Mozambique, et elles ont travaillé sur la restauration corallienne. Et donc, avec elles, en fait, on a eu... reconstituer l'équipe locale en embauchant des jeunes qui diplôment d'instituts de formation scientifique à Madagascar. Donc on s'est rapprochés de deux instituts, l'un qui s'appelle IHSM, l'autre qui s'appelle le CENERO et dedans en fait ils forment des jeunes malgaches à la biodiversité marine et au rôle de biologistes marins. Donc on a constitué une petite équipe locale de trois personnes qui ont comme rôle de garantir le bon déroulement de notre stratégie de restauration corallienne qui répond à des critères scientifiques qui ont été constitués notamment par les deux superbes personnes dont je t'ai parlé. Une fois qu'on a fait ça... Donc on a ce plan de stratégie. Ce plan de stratégie, pour simplifier un peu, c'est tout simplement de dire où est-ce qu'on va planter du corail, donc en fait, quelles îles on choisit, et ensuite, comment est-ce qu'on va planter du corail dessus. Donc où est-ce qu'on va planter ? Pour répondre à cette question, on a répondu à deux sous-questions qui sont, est-ce que c'est nécessaire de planter ? Donc est-ce qu'on est sur une couverture corallienne qui est en dessous de 30% ? Et est-ce qu'il est possible... possible de planter ? C'est-à-dire, est-ce qu'il n'y a pas de pression supplémentaire autre que le réchauffement climatique ? Typiquement, une sortie de fleuve dans laquelle il y a de la pollution. Là, par exemple, le problème, il faut d'abord le prendre en amont. On aura beau replanter, ce ne sera pas efficace. On répond d'abord à ces questions-là pour choisir l'endroit où on va se mettre. Et ensuite, le deuxième aspect, c'est qu'une fois qu'on a choisi où est-ce qu'on va planter... Comment est-ce qu'on va planter ? Là, ça dépend vraiment des conditions locales, que ce soit les conditions sous l'eau, mais aussi les conditions hors de l'eau. Et les conditions hors de l'eau, c'est est-ce qu'on a accès à du matériel ? Est-ce qu'on peut construire sur place les structures ? Parce que sinon, pour moi, ça n'a aucun intérêt, par contre, qu'on achète des structures en Europe et qu'on les exporte vers là-bas. On va être complètement au contraire de notre objectif. Et donc... C'est à ce moment-là que du coup, on a compris, là aujourd'hui par exemple, sur la première île, Nositanga, qu'on a. C'est une île autour de laquelle il y a beaucoup de pêcheurs. C'est vraiment une île où l'activité de la pêche récifale est très active. Sur cette île, on a dit, d'ici 2026, on va planter 35 000 coraux. Ça va recouvrir 6 000 m² de récifs restaurés et ça va apporter une couverture corallienne de plus de 40 %. Et donc ça, ça va garantir un retour de biodiversité. Et on veut le faire en travaillant avec les pêcheurs, les communautés locales de pêcheurs. Donc ça, c'est ce qu'on a démarré cette année. On est à 4000 cours dans l'eau pour l'instant. On est très contents d'ailleurs. Et en fait, il y a une chaîne qui s'est installée, qui est très simple, qui est qu'avant de planter, on a obtenu les autorisations des autorités locales, ce qu'on va appeler en France une commune. Là-bas, on appelle ça un Foucountagne. Et donc on va avoir l'autorisation d'abord du chef Foukontane, qui va dire ok, on est partant. Ensuite, on a réuni les associations de pêcheurs qui pêchent dans la région, leur expliquer notre travail, et leur proposer du coup d'être aussi garants de la sécurité de nos structures. Et donc ils vont un peu avoir un rôle de ranger. Et ensuite, les structures métalliques qu'on va mettre dans l'eau, elles sont soudées localement. par un soudeur local. Et ensuite, elles sont traitées, on va les couvrir avec du sable et de la résine, un mélange. Et en fait, ce travail, il va être fait aussi par les communautés locales, en fait, principalement des femmes de pêcheurs qui vont avoir des compléments de revenus grâce à cette activité. Et à la fin, c'est mon équipe de biologistes qui vont aller planter le corail, sélectionner les espèces, les attacher sur les structures, et ensuite surveiller pendant trois ans la croissance de ces coraux. et de voir un peu leur développement. Donc c'est un peu comme ça que la chaîne fonctionne. Et l'idée à terme, c'est aussi faire en sorte que tout ce rassemblement d'acteurs puisse ensemble faire du plaidoyer, que ce soit auprès des touristes qui viennent, leur dire qu'il faut respecter ces zones, que ce soit auprès des autres pêcheurs, parce que parfois il y a des pêcheurs qui viennent d'autres villages, qui viennent aussi dans ces Ausha, qui ont encore les mauvaises pratiques. Ou aussi auprès des autorités, parce qu'il y a souvent... les ministères de la pêche qui descendent dans les différents villages pour leur parler. Et donc en fait, ça vient maintenant aussi des communautés locales d'avoir ce discours du besoin de conservation et de protection des récifs coralliens. Donc c'est vraiment l'idée de créer une boucle vertueuse en fait.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est vraiment ça qui fait toute la différence. Il y a encore beaucoup de programmes de conservation qui excluent énormément les populations locales, qui leur privent l'accès justement. qui est souvent une source de nourriture. C'est vrai que ça fait toute la différence de les inclure là-dedans et de les inclure dans l'effort de conservation. Tu as parlé du plaidoyer. Justement, on va y revenir sur cette partie parce que c'est un peu pour ça qu'on fait ce podcast aussi.

  • Speaker #2

    D'abord,

  • Speaker #1

    tu pourrais nous dire, dans les grandes lignes, c'est quoi les ambitions pour Corail ? Comment est-ce que tu te vois évoluer dans les prochaines années ? Je sais que tu m'avais parlé de, pour le moment, vous êtes à Madagascar, mais peut-être aller ailleurs, de ne pas rester juste sur les récifs coraliens.

  • Speaker #0

    Carrément, carrément.

  • Speaker #2

    On va s'arrêter là pour aujourd'hui. Merci en tout cas d'avoir écouté ce premier épisode de Régénération Corail. C'était tellement intéressant notre conversation avec Gemila qu'elle a duré plus longtemps que prévu. Et j'ai donc décidé de couper cette interview en deux épisodes. Vous retrouverez donc la suite dans deux semaines. Gemila nous parlera donc de ses ambitions pour Corail et aussi de ses recommandations concrètes pour passer à l'action. Merci d'avoir écouté cet épisode de Régénération Corail jusqu'au bout. J'espère qu'il vous aura donné envie de passer à l'action. et que vous en ressortez mieux équipés pour faire partie de la génération qui agit. On écrit aussi des articles sur le site internet de Corail que vous pouvez consulter gratuitement pour aller plus loin. Si cet épisode vous a plu, abonnez-vous, partagez-le autour de vous et parlez-en. N'hésitez pas à laisser des petites étoiles et commentaires sur votre plateforme d'écoute ou à nous écrire sur contact.corail-africa.com si vous voulez faire un retour. Enfin, si vous souhaitez soutenir concrètement le podcast, vous pouvez faire un bond défiscalisé sur Eloasso. Vous trouverez tous les liens dans la description de l'épisode. Et à très vite pour le prochain !

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Description

Quand Clarisse a voulu lancer ce podcast, elle a posé une question à son entourage et aux passants : "La biodiversité marine, ça vous parle ?". Et d'après les réponses obtenues… pas vraiment.

C’est vrai, quand on vit loin de la mer, on peut avoir l’impression que ce qu’il s’y passe ne nous concerne pas. Pourtant, son avenir est intimement lié au nôtre. Aujourd’hui, l’océan et ses écosystèmes sont menacés par le réchauffement climatique, et notre société a oublié l’un de ses plus grands alliés.


Dans ce premier épisode, Jeimila, fondatrice de Koraï, repose les bases et explique pourquoi il est urgent d’agir pour protéger les récifs coralliens. Elle partage son engagement pour restaurer ces écosystèmes à Madagascar, en impliquant les entreprises et les communautés locales.


Cette discussion a été déclinée en deux épisodes. Rendez-vous dans 15 jours pour découvrir la suite !


Bonne écoute 🐠


🎙️ Hôte et réalisation : Clarisse Gouby

🔉 Mixage et sound design : Alice Krief

🌊 Invité : Jeimila Donty, fondatrice de Koraï


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📖 Pour aller plus loin : retrouvez nos articles et ressources sur le blog de Koraï


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    La biodiversité marine,

  • Speaker #1

    c'est un sujet un peu niche,

  • Speaker #0

    non ?

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    la mer, c'est cool comme sujet,

  • Speaker #1

    mais je pense que je préfère ma vie sur Terre.

  • Speaker #0

    Moi, la mer, j'aime bien en vacances, mais le reste de l'année, ça ne m'intéresse pas trop. Ces phrases, je les ai déjà vraiment entendues. Et d'une certaine façon, je peux comprendre. C'est vrai que l'océan, quand on habite en ville, par exemple, ça peut paraître un peu lointain. Ce qui s'y passe, c'est loin de nous. Ce n'est pas forcément la première préoccupation des gens au quotidien. Moi, à la base, l'océan, il me faisait même un peu peur. Allez savoir pourquoi, mais la baleine dans Pinocchio, ça m'a terrifiée quand j'étais enfant. Et nager, je détestais ça en plus. Après, j'avoue que c'est toujours pas mon sport préféré actuellement. Mais au fond, j'ai toujours été complètement fascinée par les récits d'aventures en mer, les histoires de navigateurs, ou bien encore les merveilles qu'on pouvait voir dans les documentaires comme La planète bleue. Pour Gemila, que vous allez entendre dans cet épisode, le lien avec la vie marine pourrait se faire de manière plus évidente. Elle a grandi à Madagascar. et sa famille avait en plus une ferme de corail. Pourtant, elle ne pensait pas y consacrer sa vie non plus. Elle, elle se voyait dans quelque chose de plus social, par exemple l'éducation, pour améliorer directement la vie des gens. Mais en fait, à force de creuser, on s'est toutes les deux rendues compte d'une chose. L'océan et sa biodiversité, c'est la vie. Il est essentiel pour nous, pour notre climat, pour notre avenir, enfin pour les êtres humains en fait. Et pourtant, il est souvent oublié dans beaucoup de combats environnementaux. Du coup, moi, quand j'ai découvert corail, L'entreprise donc fondée par Gemila, j'ai immédiatement voulu la rencontrer. Son ambition me parlait vraiment, impliquer le secteur privé dans la course contre la perte de biodiversité marine, en permettant aux entreprises de s'engager dans la régénération des récifs coralliens en Afrique. Lors de notre échange, elle m'a aussi parlé de son idée de créer un média qui serait capable de mobiliser et de sensibiliser les entreprises autour de ces enjeux, et aussi de leur faire comprendre pourquoi la survie de notre économie dépend en grande partie de la survie de la biodiversité marine. Donc quand Jamila m'a proposé de produire ce podcast pour porter ce message, j'ai dit oui sans hésiter. Mais avant de me lancer, j'ai voulu voir si cette idée parlait un petit peu aux gens ou pas. Alors je suis sortie avec un micro pour leur poser quelques questions simples, a priori en tout cas, sur la biodiversité marine. Et voilà ce que ça a donné.

  • Speaker #1

    On est plus sensibilisés au climat, au réchauffement du climat, etc.

  • Speaker #0

    qu'à la préservation de la biodiversité, etc.

  • Speaker #1

    même si les deux sont étroitement liés, je pense.

  • Speaker #0

    Et quand je vous parle de poumons de la planète, ça vous dit quelque chose ?

  • Speaker #1

    C'est quoi pour vous ?

  • Speaker #0

    Les grandes forêts, dans la forêt amazonienne, juste comme ça, tout ce qui dégage beaucoup de CO2. Vous savez ce que c'est un corail en soi ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Et les mangroves, vous connaissez ou pas ? Non, j'ai rien entendu. Si je vous parle de poumons de la planète, c'est quoi ? Oui,

  • Speaker #1

    on parle de la forêt amazone, etc. Oui, que c'est le poumon de la planète.

  • Speaker #0

    Le vrai poumon de la planète, c'est l'océan, qui produit plus de 50% d'atomoxygène. Et du coup, est-ce que la biodiversité marine, c'est un sujet qui vous... Touche un peu ou c'est pas du tout ? Pas autant par rapport aux forêts et tout ça. Un corail ? Tu savais ce que c'est un corail ? Oui, justement, et c'est ça qui...

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de corails qui meurent et tout ça. Ça,

  • Speaker #0

    j'ai déjà vu, ouais. Quand je vous parle du poumon de la planète... C'est les arbres, c'est tout l'oxygène qu'il faut apporter,

  • Speaker #1

    par exemple, dans un centre-ville ou dans des villes. Tout de suite, je pense à l'Amazonie, mais je pense que c'est un ensemble...

  • Speaker #0

    Ouais, c'est tout ce qui est lié aux arbres, quoi, finalement. Et du coup, la biodiversité marine ? On en parle beaucoup moins.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est moins accessible du grand public.

  • Speaker #1

    Et moi, je ne savais pas, par exemple, que c'était une de plus grandes sources d'oxygène, finalement. Donc, je pense qu'on n'en parle pas assez.

  • Speaker #0

    Et les coraux, vous savez ce que c'est, un peu ? Un petit peu, ouais. C'est une barrière,

  • Speaker #1

    en fait, non ? Pour filtrer tout ce que les hommes peuvent déverser dans la mer. Ça permet de faire un premier filtre, je pense. Barrière fragile, en tout cas.

  • Speaker #0

    Déjà, est-ce que, si je vous parle de diversité marine, ça vous parle un petit peu ? Pas du tout ? Je suis connue de ces trucs. J'avoue que, pour moi, c'est vague. Pour vous, ce serait quoi le poumon de la planète ? La mer. Et vous savez ce que c'est un corail ? Ouais. Ouais ?

  • Speaker #1

    J'ai déjà fait de la plongée.

  • Speaker #0

    Et si je vous parle de poumon de la planète, c'est quoi pour vous le poumon de la planète ? L'Amazonie. Si je vous parle de biodiversité marine, c'est un truc qui vous parle un peu ?

  • Speaker #1

    Nous,

  • Speaker #0

    on fait de la plongée tous les deux, donc ça nous parle beaucoup,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Bon, Jamila, il va falloir que tu m'aides là. Comme tu sais, je suis allée faire un micro-trottoir pour demander aux gens... Si la biodiversité marine, ça les intéressait, si elle leur parlait, globalement, ça reste un peu de niche pour eux. Ça ne leur parle pas tant que ça. À part, par exemple, quelques personnes qui font de la plongée sous-marine à côté, ils connaissent un peu plus le sujet. Mais sinon, ça reste assez niche. Et là, on est censé lancer un podcast sur la biodiversité marine, et en tout cas, sur les solutions qui existent pour la préserver. Comment je vais faire si les auditeurs ne savent pas de quoi je parle ?

  • Speaker #1

    Je pense que tout le monde dansait un petit peu. peu mais sans trop vraiment le savoir donc aujourd'hui on va tenter d'ouvrir les yeux à tout le monde.

  • Speaker #0

    Bon, les chiffres sont là. 50% des récifs coralliens ont disparu en 30 ans. Un tiers des stocks de poissons sont surexploités. Et nos océans se réchauffent à une vitesse alarmante. Notre économie est malade en fait. Elle a oublié sa plus grande alliée, la nature. Et parmi elles, les écosystèmes marins qui nous nourrissent, nous permettent de respirer et maintiennent l'équilibre de notre planète. Ok, on fait quoi ? Par où commencer ? Comment peut-on agir concrètement ? Je m'appelle Clarisse Goubi et je vous emmène à la rencontre de celles et ceux qui proposent des solutions et tentent de réintégrer la nature dans l'équation. Ici, c'est le podcast de Régénération Corail et ensemble, on passe à l'action.

  • Speaker #1

    Mon meilleur souvenir lié à l'océan ? Déjà, je suis franco-mélgache. Ma mère, elle vient d'un archipel qui s'appelle Nocibé. Beaucoup de gens en France connaissent Nocibé par la chaîne de parfumerie, mais en fait, Nocibé, en réalité, c'est une île. enfin un archipel, qui s'appelle d'ailleurs l'île aux parfums, où se trouve l'île Anguilang, qui est le premier ingrédient des parfums de luxe, d'où l'expression Nocibé déjà, donc petit aparté. Et donc voilà, je viens de Nocibé, et l'année dernière, j'ai eu la chance d'amener un groupe d'amis à Nocibé, pour leur faire découvrir un petit peu mon coin de paradis, avec mon fiancé, parce qu'on se fiançait justement cette année-là. Et en fait, on est partis avec un petit programme pendant un week-end. On a fait ce qu'on appelle là-bas le bivouac sur l'île de Nocyrans, qui est un petit joyau aussi. C'est une île qui est découpée en deux et qui est rejointe par un grand banc de sable de un kilomètre et quelques. Et en fait, normalement, quand on fait ça, sur la route vers cette île-là, on rencontre des animaux marins. On a soit la chance de voir une tortue, pourquoi pas à un moment donné, voir des exocètes. C'est des petits poissons volants. Et en fait, nous, on a fait la totale. Si c'était à comparer à un safari, c'est comme si on avait fait le Big Five en quelques heures. C'était incroyable. Donc déjà d'abord, on a croisé un requin-baleine alors que la saison n'avait même pas encore commencé. Donc on a eu la chance de nager avec un requin-baleine. C'était magnifique, tellement beau, tellement majestueux. Et puis, on continue sur la route des dauphins. Pareil, on renage avec des dauphins. Après, on arrive près de nos sirènes. Il y a un récif corallien qui est magnifique, qui est encore hyper beau. préservée. Et donc là-bas, on nage au milieu des centaines de poissons. C'était tellement beau. Et on a même croisé des espadons aussi, des tortues, une tortue verte. Et puis, on arrive ensuite sur l'île et c'est l'heure de l'apéro. Et on se dit quelle journée magnifique. On ne peut pas faire mieux que ça. Donc on est là avec notre petit ponche et notre petit robe arrangée. Et en fait, la surprise, éclosion de tortue sur la plage de Nocyranz. face à un coucher de soleil. Et je ne peux pas te dire à quel point c'était incroyable. Et tout le monde était là genre, mais comment c'est possible d'avoir tout ça en une fois, en si peu de temps ? Et j'étais trop contente parce que j'avais réussi à partager un peu cette passion aussi que j'ai pour l'océan, à travers cette biodiversité incroyable qui nous a rendu visite. Ou est-ce que c'est nous qui l'avons rendu visite ? Je ne sais pas trop. Mais en tout cas, on a eu la chance d'interagir avec des animaux incroyables. en si peu de temps. Et même moi qui y vais régulièrement, j'ai jamais eu une journée pareille. Donc, mon plus beau souvenir, c'était ça.

  • Speaker #0

    Ça va l'air incroyable. Je pense que tu as fait en une journée tout ce que je rêvais de faire dans ma vie. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux un peu, on en a un petit peu parlé, tu viens de Nozibé, de Madagascar, est-ce que tu peux un peu nous en dire plus sur toi ? Quel est ton parcours ?

  • Speaker #1

    Qui es-tu ? Je suis une petite personne, pas très grande, 1m50. et j'ai grandi à Madagascar dans une famille qui a toujours travaillé autour de la nature j'ai toujours percé au milieu de la nature mon père avait une a toujours une entreprise d'exportation de plantes notamment pour les aquariums ma mère une boutique d'aquarium et puis ensemble ils avaient aussi développé pas mal de petites activités de divertissement mais toujours autour de la nature notamment un parc zoologique qui s'appelle les Murialand où on peut se balader et rencontrer les lémuriens en liberté. J'ai grandi dans ces valeurs, de se dire que la nature est hyper importante, on est connecté à elle, et se déconnecter d'elle, c'est justement être malade. Donc déjà, j'ai grandi comme ça. Et puis, c'est des entrepreneurs, mes parents. À un moment donné, je me suis dit que j'aimerais participer au développement économique de mon pays, parce que Madagascar, c'est quand même le cinquième pays le plus pauvre au monde, à travers l'entrepreneuriat et l'entrepreneuriat social. Du coup, à ce moment-là, je me dis que je vais partir en France, faire des études dans une école de commerce et être capable après de monter ma propre entreprise. Donc, à 17 ans, je prends mes clics et mes clacs. petit valise et puis je pars pour la France et une fois que j'arrive ici, j'entre en école de commerce et je me rends compte parce que je suis entre deux pays, la France et Madagascar je me rends compte encore plus du gap qui se creuse en fait entre mes compatriotes malgaches et mes compatriotes français et je me dis en fait il faut que je rééquilibre tout ça, que je participe en fait à donner ... un accès aux biens essentiels à mes compatriotes malgaches. Et en même temps que je participe aussi à mon pays qui est la France, mon pays d'accueil. D'ailleurs, je suis devenue française en 2021.

  • Speaker #0

    Félicitations.

  • Speaker #1

    Merci. En vrai, j'étais à l'école française depuis que j'étais en primaire. Donc au fond, j'étais franco-malgache depuis le début. Et donc voilà. Et donc c'est à ce moment-là que je me dis je vais monter une entreprise qui va me permettre à la fois d'apporter ma pierre à l'édifice. économique à Madagascar et en même temps de faire le pont avec la France. Et c'est à ce moment-là que ça germe un peu en moi. Mais ce n'est pas ça qui va me pousser vraiment à lancer Corail. C'est un événement personnel difficile, mais dont je suis très à l'aise de parler, qui se passe en 2020. Mon papa décède brutalement. On a tous vécu une année très particulière cette année-là et moi ça a été particulièrement difficile. Et en fait au moment de la succession, du coup, on s'organise en avec mes frères, par rapport aux différentes entreprises qu'il avait montées. Et bien, en fait, dans les entreprises, il y a une ferme de corail qui, elle, avait son activité qui s'est arrêtée aussi en même temps que le Covid. Parce que l'objectif de cette ferme de corail qu'avait créé mon père avec un associé, c'était de bouturer du corail et de le multiplier, du coup, pour l'exporter pour les aquariums, en fait. Toujours l'activité d'aquarium qu'avait notamment ma mère. Et puis, je me suis dit... C'est dommage que cette entreprise se soit arrêtée, mais par contre, je n'ai pas envie de la redémarrer telle qu'elle. Parce que, trop différente de ce que j'avais envie de faire, j'ai envie de participer au développement économique et social de mes compatriotes. Donc le corail, je me rends compte que c'est le pilier principal de la biodiversité marine, parce qu'il abrite 25% de cette biodiversité, qui va y vivre, s'y abriter, faire naître leurs tétards. ou encore sans nourrir. Je me rends compte du danger de plus en plus auquel on fait face parce que ce corail est en train de disparaître et que c'est la première extinction de masse qui risque d'arriver avant la fin de ce siècle. Et quand je prends conscience de ça, je me dis que je voudrais participer à inverser la tendance. Et donc je me pose la question, est-ce qu'on peut planter du corail comme on plante des arbres ? Est-ce qu'on peut faire de la reforestation ? sous-marine. Et en fait, oui, je me rends compte que c'est possible qu'il y a plein d'endroits dans le monde où on le fait, notamment en Polynésie française, au Bahamas, dans les Maldives. Et donc, c'est à ce moment-là effectivement que je reprends l'entreprise familiale en changeant son objectif et en créant un pont avec la France. Parce que l'objectif principal, c'est de dire les entreprises internationales dont le siège se trouve en France ou en Europe, de façon plus large. doivent participer à régénérer la biodiversité, dont la biodiversité marine. Et donc, je me dis, voilà, avec corail, on va aider ces entreprises à s'engager en replantant du corail à Madagascar.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, quand je t'ai rencontrée, tu m'avais dit qu'au début, tu pensais peut-être travailler sur quelque chose de plus social. Et tu t'es rendue compte que l'environnement, la crise climatique, c'était aussi une crise sociale. Est-ce que tu peux peut-être nous expliquer pourquoi la biodiversité marine et les coraux sont super importants ? pourtant, pour l'homme, au-delà des espèces marines qui habitent.

  • Speaker #1

    Effectivement, au tout début, quand j'étais en école de commerce, je réfléchissais plutôt sur des modèles d'entrepreneuriat social à objectifs sociaux. Principalement l'éducation, parce que je me rendais compte que, entre guillemets, je m'étais sortie de ma condition par l'éducation. Mes parents, c'était pareil. Et donc, je pensais ça. C'était ma principale idée, au tout début, avant que 2020 n'arrive. Et en fait, non, effectivement, je me suis rendue compte que la crise... La crise climatique, la crise environnementale, c'est aussi une crise sociale. Pour te donner un exemple un peu concret, déjà dans le sud de Madagascar, Il y a une famine qui a été la première au monde reconnue pour être une famine climatique, qui est donc liée au changement climatique. La sécheresse permanente et intercalée d'inondations fait qu'en fait, il n'y a plus d'agriculture possible dans le sud de Madagascar. Et cette population aujourd'hui fait face à une famine qui est liée à la crise climatique. Et en fait, c'est pareil aussi pour la biodiversité marine. On est extrêmement lié à cette biodiversité. parce que, si je te donne l'exemple du corail qui est ma spécialité, aujourd'hui, dans le monde entier, c'est 500 millions de personnes qui se nourrissent directement de la pêche récifale, c'est-à-dire de la biodiversité qui vit dans le corail. Donc aujourd'hui, c'est ces 500 millions de personnes, si cet écosystème venait à disparaître, c'est ces 500 millions de personnes qui vont être mises en danger et qui vont se retrouver face à une situation de manque d'approvisionnement en nourriture. Mais c'est aussi... Au-delà de l'approvisionnement en nourriture, le rôle du corail, il va au-delà et nous donne ce qu'on appelle les services écosystémiques. Et donc, il participe de façon plus globale à notre économie, à travers notamment d'abord le fait qu'il va abriter cette biodiversité marine. Et donc, il va nous approvisionner en nourriture, mais il va aussi participer à réguler le climat. Le corail, en fait, protège les côtes. Il réduit de 97% la force des vagues, donc il prévient les inondations. Il prévient aussi certains prédateurs, l'exemple de la Réunion, où les récifs se sont de plus en plus dégradés, et du coup il y a des plages qui sont devenues accessibles aux requins. On a aussi le rôle de régulation climatique à travers la captation carbone, même si on ne peut pas obtenir de crédit carbone à travers le corail. Le corail a quand même un rôle de capteur carbone. c'est juste qu'à la différence des arbres, il ne va pas sédimenter son carbone, il va s'en servir pour créer son squelette, un squelette calcaire, comme nous. C'est aussi notre plus grand espoir dans la recherche, dans la lutte contre le cancer, notamment parce qu'il est assez résilient, malgré la hausse des températures et ce qui lui arrive, il y a plusieurs espèces qui sont quand même très résilientes, et desquelles on peut apprendre beaucoup de choses, notamment pour la pharmaceutique, et donc guérir notamment des cancers. Donc c'est un vrai rôle. essentiel aussi pour les hommes, pour les humains. Et donc c'est pour ça que je me suis rendue compte que finalement, agir aussi pour l'environnement, c'est agir pour nous. Et donc, en lançant Corail, j'allais pouvoir aider aussi les populations des côtes, les populations côtières qui vivent en interaction avec ce corail en permanence, et notamment en leur créant du coup des nouveaux emplois, des nouvelles sources de revenus pour venir compenser ces sources de revenus qui vont baisser parce que il y aura moins de pêche. C'est vrai que les gens,

  • Speaker #0

    souvent, ne savent pas que les coraux, ce ne sont pas des plantes, c'est des animaux. Et ils sont hyper importants. Tu as parlé de la notion de service écosystémique. Est-ce que tu pourrais expliquer rapidement cette notion pour ceux qui ne connaissent pas ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est une définition générale, mais pour ceux qui sont un peu curieux, vous pouvez aller regarder le site de l'UNEP. C'est les Nations Unies pour la protection de l'environnement. United Nations for Environment Protection, je crois. Les services écosystémiques, ce sont les services que rendent les écosystèmes piliers dans la nature, et c'est leur évaluation économique en fait. C'est l'évaluation économique de ces services rendus. Et donc ce travail a été notamment fait par l'UNEP. Ils ont sorti un guide d'ailleurs, très enrichissant là-dessus, qui explique comment est-ce qu'on peut évaluer économiquement la valeur du travail rendu par les... du travail fait par les écosystèmes. Et ces services écosystémiques, c'est quatre grandes catégories. Il y a celui de l'approvisionnement, celui de la régulation climatique, celui du support à la biodiversité, et le dernier, c'est le service culturel. Donc si je te donne l'exemple du corail, service écosystémique d'approvisionnement, c'est le nombre de produits de pêche à l'année. les kilos de poissons pêchés, de produits de pêche, parce qu'il n'y a pas que des poissons, il y a d'autres, des crustacés, etc. C'est la valeur de ce marché qui ont été pêchés dans les récifs coralliens. Donc ça, ça a été évalué. Ça va être principalement évalué en fonction de la région et en fonction de la valeur économique aussi du poisson qui est pêché. Ensuite, régulation climatique, c'est une évaluation par rapport aux dommages qui auraient été faits si les coraux n'existaient pas. Notamment... la réduction de 97% des vagues par le corail prévient l'inondation et donc prévient les dégâts d'inondation. C'est cette évaluation-là qu'on fait. Combien d'argent on doit sortir si on n'a plus de récifs coralliens pour protéger nos côtes et donc qu'on va devoir... reconstituée après une grande inondation. D'ailleurs, très d'actualité en Europe en ce moment. Pour reprendre encore l'exemple du troisième pilier du soutien à la biodiversité, le support à la biodiversité, le corail, lui, il abrite 25% de la biodiversité marine, alors qu'il n'occupe que 1% de la superficie des océans. Et après, le dernier exemple, la dernière catégorie, c'est culturel. Et là, ce n'est pas négligeable du tout pour le corail. Les services culturels, c'est quoi ? C'est en fait quand les gens payent pour venir voir la nature. Et donc, c'est principalement l'économie touristique. Et donc, pour le Corail, c'est énorme parce que c'est évalué à 36 milliards annuels l'économie touristique autour du Corail. Ça va être les centres de plongée, ça va être le snorkeling, les hôtels, l'activité des hôtels dans des zones où on vient vraiment principalement pour la biodiversité marine.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, j'avais lu que Lunette, dont tu as parlé, disait que le financement des solutions basées sur la nature doit tripler d'ici 2030. Donc, ça arrive vite. Il faut combler un déficit estimé entre 598 et 824 milliards de dollars USD par an. C'est énorme. Justement, les solutions basées sur la nature, c'est un peu ce que tu proposes avec Corail. C'est ça même. Est-ce que tu peux un peu expliquer plus ce que vous faites, ce que tu fais avec Corail ? Quelle est la mission, les objectifs ? Comment est-ce que vous vous occupez des coraux ?

  • Speaker #1

    Déjà, peut-être pour l'auditoire, les solutions basées sur la nature, le concept, cette grande catégorie qui a été inventée, c'est d'abord les solutions basées sur la nature pour répondre à la crise climatique. Et cette crise climatique, avant, on l'associait essentiellement aux émissions carbone. Et donc, ce qu'on appelle les solutions basées sur la nature, c'est la captation carbone grâce à un élément naturel, notamment la plantation d'arbres. La photosynthèse qui fait que les arbres vont capter du carbone et émettre de l'oxygène et ensuite sédimenter ce carbone pour l'enfouir dans la terre. Ça, c'est la définition première. Maintenant, on se rend compte qu'en plus de la crise climatique, on a une crise de la biodiversité. Dans la définition, on va dire, globale, ces deux crises sont définies comme étant différentes. Pourtant, en réalité... C'est la même. Pourquoi ? Si je te donne l'exemple de la biodiversité marine, les émissions carbone qui réchauffent notre planète acidifient les océans, donc modifient la salinité, le pH, et donc modifient la bonne santé de ces océans, et donc ont un impact énorme sur la biodiversité marine. Donc finalement, en fait, c'est deux crises qui sont intriquées, et pourtant on les traite quand même différemment. Pourquoi ? Parce qu'en fait, on a déjà bien avancé sur... ... On a bien avancé. On a enfin fait comprendre au monde qu'il y a une crise climatique, même s'il y a encore quelques climato-sceptiques. On a bien avancé quand même sur la compréhension du carbone. C'est presque arrivé même dans les foyers. Les gens commencent à comprendre ce que ça veut dire. Et puis, à côté de ça, la biodiversité, c'est encore un truc très flou, notamment parce que c'est beaucoup plus difficile à mesurer, parce que mesurer une tonne de gaz, c'est simple. Et donner des équivalents de mesures, c'est simple. Alors que ... comparer le poisson pêcheur à un n'importe quel autre animal et sa valeur dans l'écosystème, c'est extrêmement difficile. Et donc, je voulais juste remettre un petit peu de contexte sur la notion maintenant de solution basée sur la nature pour la biodiversité. C'est ce sur quoi moi je parie et je ne suis pas la seule. C'est de dire en fait, aujourd'hui, on a... aussi d'autres solutions pour arrêter la crise de la biodiversité qui sont en fait les extinctions de masse qui sont en train d'arriver et des extinctions de masse qui sont liées à notre activité humaine. Et donc, notamment le corail, aujourd'hui, on a déjà perdu 50% de la superficie des récifs coralliens dans le monde en un siècle. Donc, autant te dire qu'effectivement on peut assez facilement dire qu'on y est un peu pour quelque chose. Malheureusement, les principales raisons sont notamment... les émissions carbone, mais aussi des mauvaises pratiques de pêche. Il y a certaines régions où on pêche à la dynamite. Des mauvaises pratiques aussi touristiques. Encore beaucoup de touristes ne savent pas qu'il ne faut pas marcher sur un corail avec ses palmes, qu'il ne faut pas le toucher, que même si c'est joli, en fait, on ne pose pas son doigt dessus parce qu'en fait, on l'étouffe, on étouffe un polype. Bref. Et donc, pour toutes ces raisons-là, aujourd'hui, l'idée, c'est d'utiliser une solution basée sur la nature pour redonner ... vit aux océans, et ça, c'est l'objectif de corail. Et comment ? Eh bien, on fait ce que j'appelle vulgairement, parce que c'est une vulgarisation, la reforestation marine, c'est-à-dire qu'on va aider le corail à se multiplier. en le plantant. Alors, ce n'est pas une plante, c'est un animal, mais il a quelques vertus qui font que c'est facile de l'assimiler à la plante, c'est-à-dire qu'on peut faire ce qu'on appelle du bouturage de corail. C'est en fait prendre des morceaux, ce qu'on appelle des fragments d'opportunités, donc dans la nature, avec les grandes vagues, parfois les coraux se cassent, mais c'est très naturel, c'est une régulation normale. Un très grand corail va avoir... quelques petits bouts qui vont se casser de temps en temps avec les vagues. Et en fait, ce petit bout, si on le fixe, il va redevenir un autre corail. Si on ne le fixe pas et qu'il est tout le temps déplacé par la houle, il finit par mourir. Et donc nous, ce qu'on fait, c'est qu'on va chercher ces petites boutures. On va les mettre sur des structures. Aujourd'hui, on est sur des structures métalliques, mais il y a plein d'autres solutions qui existent. Pour l'instant, pas trop applicables à Madagascar. C'est notre premier terrain d'application, nos cibées. fixer des boutures de corail sur des structures et ensuite reconstituer un récif grâce à ça. À quoi ça sert ? C'est tout simplement de donner un boost à la nature pour se reconstituer et donc en faisant ça, nous on permet à la fois de reconstituer des récifs coralliens mais aussi de reconstituer des récifs résilients parce qu'on choisit les espèces qui elles ont supporté les canicules marines qui se sont malheureusement multipliées depuis les dernières années.

  • Speaker #0

    Ça prend combien de temps du coup un corail pour être autonome ?

  • Speaker #1

    En gros, nous, on se dit qu'au bout de trois ans, nos récifs sont autonomes. Mais pendant ces trois ans-là, qu'est-ce qu'on fait ? On va nettoyer les structures pour éviter que des algues s'y installent et qu'elles étouffent les petits bébés qu'on aura plantés. Mais au bout de trois ans, la bouture est devenue suffisamment grande pour quasiment recouvrir la structure et se retrouver autonome.

  • Speaker #0

    Donc c'est assez efficace comparé aux arbres, par exemple, ça prend beaucoup. plus de temps. Tu disais que vous choisissez les espèces qui sont plus résilientes. C'est vrai que, est-ce qu'avec l'acidification de l'eau, le réchauffement climatique, est-ce que replanter des coraux, c'est efficace pour restaurer un récif ? Combien de temps ça prend à peu près ? Est-ce qu'après, vous pensez que les espèces vont résister à des événements climatiques forts ?

  • Speaker #1

    Par rapport à l'efficacité des arbres, c'est plus rapide, c'est sûr, parce que quand on va planter un arbre, en fonction de l'essence, ça peut prendre 20 ans. Le corail, de façon assez sûre. Ce sont des animaux qui vivent des millions d'années. Juste pour replacer le contexte de ce qu'on a fait, on a quand même tué des animaux qui ont vécu des millions d'années. La comparaison, oui, elle est possible. Mais finalement, est-ce qu'elle est pertinente ? Je ne sais pas. Pourquoi ? J'ai juste envie de donner un élément de contexte important. C'est que l'océan, c'est 70% de la superficie de notre planète. Et c'est aussi le poumon de la planète. L'allégorie du poumon est pas mal, c'est qu'on en a deux, on en a un vert et un bleu. Et donc la moitié de l'oxygène est produite par l'océan. Et du coup, ce qui s'est passé, c'est que déjà dans l'imaginaire collectif, les gens se sont dit, le poumon de la planète, c'est l'Amazonie, c'est les arbres, c'est grâce à ça qu'on respire. Et c'est vrai, mais qu'on respire avec un poumon. Et c'est vrai qu'on peut aussi ne vivre qu'avec un poumon. C'est quand même dommage de gangréner l'autre pour autant. Et donc, je voulais juste remettre aussi un peu ça en contexte pour se dire, pourquoi est-ce que c'est... important de redonner un équilibre à l'océan et à sa biodiversité et à des animaux piliers comme le corail. Voilà ce serait ça ma comparaison mais ensuite pour en revenir à ce que tu dis sur l'efficacité de la restauration corallienne. En fait il y a deux méthodes, enfin deux choses à faire. Il y a ce qu'on appelle la conservation, la préservation et il y a celle où on va être plutôt acteur. en replantant du corail. Les deux ont une efficacité importante. La question, c'est la conservation, ça oblige à mettre des limites d'accès à ces écosystèmes. Et donc, ça va être ce qu'on appelle construire des aires marines protégées avec des degrés de protection qui peuvent varier. Mais souvent, ça marche que quand la protection est la plus élevée possible. Donc, la conservation, c'est quoi ? C'est donc protéger une zone. où il y a des coraux, une aire marine protégée, et faire en sorte que les humains n'y aillent plus. Et en fait, là, on voit que, de façon très naturelle, le corail se reconstitue, mais il se reconstitue avec beaucoup moins d'espèces qu'il en avait avant. Et qu'est-ce que ça explique, ça ? C'est qu'en fait, il y a une sorte de sélection naturelle.

  • Speaker #0

    Parce que les conditions climatiques ont changé, certaines espèces vont du coup, elles, se proliférer, pendant que d'autres ne vont pas réussir à supporter ces changements et donc vont disparaître. Mais on se rend compte quand même qu'avec cette reconstitution naturelle, peut-être un peu plus pauvre en diversité, la biodiversité marine, elle revient quand même. Il y a des super documentaires là-dessus, d'ailleurs, sur NatGeo. Je n'ai pas d'action chez eux, mais j'adore les documentaires qu'ils font. Ils s'appellent Pristine Islands. Et en fait, ce sont ces îles où il n'y a pas d'humains qui vont et où on observe. On a observé une grande canicule marine et le corail avait complètement disparu dans cette zone. Ensuite, il s'est reconstitué, mais il a complètement changé. Pourquoi ce contact ? Ça explique du coup la deuxième méthode qui est celle d'agir, d'être acteur pour les zones où, en fait, il y a une interaction humaine. C'est les zones où justement il y a ces 500 millions de pêcheurs récifaux qui en fait depuis des centaines d'années se nourrissent de la pêche. Ils vont soit pêcher ce qu'ils vont manger ou ce qu'ils vont pouvoir vendre pour se nourrir. Et en fait ces zones-là on ne peut pas dire du jour au lendemain on les arrête. C'est des airs complètement protégés et puis ils font quoi ? Et donc du coup c'est là en fait l'intérêt de notre action, c'est de venir aider ces zones naturelles à se reconstituer, en essayant finalement de recopier un petit peu ce qui va se passer dans les aires marines protégées de très haut niveau. Et donc de dire, on va sélectionner ces espèces résilientes à la température, celles qui ont montré que la canicule ne leur a pas fait grand-chose, on va reproduire ces espèces pour redonner une certaine taille au récif. Donc nous, par exemple, chez Corail, notre objectif à chaque fois, c'est plus 40% de couverture corallienne dans la zone. Et ça garantit. quoi, ça garantit en fait le retour de la biodiversité et ça se voit très très vite. Dès les premières années, on voit déjà des poissons curieux qui viennent, des poissons qui viennent déjà s'abriter dans nos structures et donc là l'objectif c'est aussi de travailler avec ces pêcheurs, avec toutes les communautés qui vivent autour de ces récifs pour leur expliquer pourquoi c'est important de les protéger, de les restaurer et d'avoir du coup une nouvelle manière de vivre avec eux, de ne plus lâcher de casiers pour choper ses langoustes, faire tomber un gros casier en fer sur le corail. Non, maintenant, il faut trouver d'autres méthodes qui fonctionnent toutes aussi bien, peut-être un peu plus coûteuses, mais qui permettent au moins de garantir qu'il y en aura toujours de la langouste. Donc voilà, c'est un peu ça l'objectif. Et donc, pour répondre à ta question, ça fonctionne quand on choisit des espèces qui, effectivement, ont déjà un peu fait leur preuve. Par contre... On reste dans un environnement toujours mouvant. On le voit, on a peut-être des espèces qui vont résister cette année, mais peut-être qu'en 2030, ce ne sera plus les mêmes. Pour autant, ce qui a été observé par les scientifiques dans les Pristine Islands montre que celles qui naturellement survivent au réchauffement climatique vont quand même le faire assez longtemps. Donc voilà, c'est un peu notre objectif.

  • Speaker #1

    Et du coup, les équipes qui sont sur place, justement, qui travaillent pour planter les coraux, qui travaillent avec les populations locales ? comment est-ce que l'équipe est structurée, comment est-ce que vous incluez ce travail de sensibilisation sur place, comment est-ce que ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, comment nous on a commencé ? Je n'ai pas de diplôme de biologiste marin, même si maintenant je me dis « ah, ça doit être trop cool quand même » . Déjà, au début, j'ai accepté ça, que je n'avais pas cette compétence. Et la ferme de corail de mes parents, dans les équipes, ils avaient la compétence de sélection de certaines espèces et de bouturage, pas dans un objectif de restauration corallienne de conservation. Et donc, à ce moment-là, je me suis dit, je vais aller chercher la compétence ailleurs. Et donc, j'ai eu la chance de commencer à travailler avec deux superbes personnes qui sont biologistes marins et qui ont cette expertise. L'une a vécu en Polynésie française, l'autre au Mozambique, et elles ont travaillé sur la restauration corallienne. Et donc, avec elles, en fait, on a eu... reconstituer l'équipe locale en embauchant des jeunes qui diplôment d'instituts de formation scientifique à Madagascar. Donc on s'est rapprochés de deux instituts, l'un qui s'appelle IHSM, l'autre qui s'appelle le CENERO et dedans en fait ils forment des jeunes malgaches à la biodiversité marine et au rôle de biologistes marins. Donc on a constitué une petite équipe locale de trois personnes qui ont comme rôle de garantir le bon déroulement de notre stratégie de restauration corallienne qui répond à des critères scientifiques qui ont été constitués notamment par les deux superbes personnes dont je t'ai parlé. Une fois qu'on a fait ça... Donc on a ce plan de stratégie. Ce plan de stratégie, pour simplifier un peu, c'est tout simplement de dire où est-ce qu'on va planter du corail, donc en fait, quelles îles on choisit, et ensuite, comment est-ce qu'on va planter du corail dessus. Donc où est-ce qu'on va planter ? Pour répondre à cette question, on a répondu à deux sous-questions qui sont, est-ce que c'est nécessaire de planter ? Donc est-ce qu'on est sur une couverture corallienne qui est en dessous de 30% ? Et est-ce qu'il est possible... possible de planter ? C'est-à-dire, est-ce qu'il n'y a pas de pression supplémentaire autre que le réchauffement climatique ? Typiquement, une sortie de fleuve dans laquelle il y a de la pollution. Là, par exemple, le problème, il faut d'abord le prendre en amont. On aura beau replanter, ce ne sera pas efficace. On répond d'abord à ces questions-là pour choisir l'endroit où on va se mettre. Et ensuite, le deuxième aspect, c'est qu'une fois qu'on a choisi où est-ce qu'on va planter... Comment est-ce qu'on va planter ? Là, ça dépend vraiment des conditions locales, que ce soit les conditions sous l'eau, mais aussi les conditions hors de l'eau. Et les conditions hors de l'eau, c'est est-ce qu'on a accès à du matériel ? Est-ce qu'on peut construire sur place les structures ? Parce que sinon, pour moi, ça n'a aucun intérêt, par contre, qu'on achète des structures en Europe et qu'on les exporte vers là-bas. On va être complètement au contraire de notre objectif. Et donc... C'est à ce moment-là que du coup, on a compris, là aujourd'hui par exemple, sur la première île, Nositanga, qu'on a. C'est une île autour de laquelle il y a beaucoup de pêcheurs. C'est vraiment une île où l'activité de la pêche récifale est très active. Sur cette île, on a dit, d'ici 2026, on va planter 35 000 coraux. Ça va recouvrir 6 000 m² de récifs restaurés et ça va apporter une couverture corallienne de plus de 40 %. Et donc ça, ça va garantir un retour de biodiversité. Et on veut le faire en travaillant avec les pêcheurs, les communautés locales de pêcheurs. Donc ça, c'est ce qu'on a démarré cette année. On est à 4000 cours dans l'eau pour l'instant. On est très contents d'ailleurs. Et en fait, il y a une chaîne qui s'est installée, qui est très simple, qui est qu'avant de planter, on a obtenu les autorisations des autorités locales, ce qu'on va appeler en France une commune. Là-bas, on appelle ça un Foucountagne. Et donc on va avoir l'autorisation d'abord du chef Foukontane, qui va dire ok, on est partant. Ensuite, on a réuni les associations de pêcheurs qui pêchent dans la région, leur expliquer notre travail, et leur proposer du coup d'être aussi garants de la sécurité de nos structures. Et donc ils vont un peu avoir un rôle de ranger. Et ensuite, les structures métalliques qu'on va mettre dans l'eau, elles sont soudées localement. par un soudeur local. Et ensuite, elles sont traitées, on va les couvrir avec du sable et de la résine, un mélange. Et en fait, ce travail, il va être fait aussi par les communautés locales, en fait, principalement des femmes de pêcheurs qui vont avoir des compléments de revenus grâce à cette activité. Et à la fin, c'est mon équipe de biologistes qui vont aller planter le corail, sélectionner les espèces, les attacher sur les structures, et ensuite surveiller pendant trois ans la croissance de ces coraux. et de voir un peu leur développement. Donc c'est un peu comme ça que la chaîne fonctionne. Et l'idée à terme, c'est aussi faire en sorte que tout ce rassemblement d'acteurs puisse ensemble faire du plaidoyer, que ce soit auprès des touristes qui viennent, leur dire qu'il faut respecter ces zones, que ce soit auprès des autres pêcheurs, parce que parfois il y a des pêcheurs qui viennent d'autres villages, qui viennent aussi dans ces Ausha, qui ont encore les mauvaises pratiques. Ou aussi auprès des autorités, parce qu'il y a souvent... les ministères de la pêche qui descendent dans les différents villages pour leur parler. Et donc en fait, ça vient maintenant aussi des communautés locales d'avoir ce discours du besoin de conservation et de protection des récifs coralliens. Donc c'est vraiment l'idée de créer une boucle vertueuse en fait.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est vraiment ça qui fait toute la différence. Il y a encore beaucoup de programmes de conservation qui excluent énormément les populations locales, qui leur privent l'accès justement. qui est souvent une source de nourriture. C'est vrai que ça fait toute la différence de les inclure là-dedans et de les inclure dans l'effort de conservation. Tu as parlé du plaidoyer. Justement, on va y revenir sur cette partie parce que c'est un peu pour ça qu'on fait ce podcast aussi.

  • Speaker #2

    D'abord,

  • Speaker #1

    tu pourrais nous dire, dans les grandes lignes, c'est quoi les ambitions pour Corail ? Comment est-ce que tu te vois évoluer dans les prochaines années ? Je sais que tu m'avais parlé de, pour le moment, vous êtes à Madagascar, mais peut-être aller ailleurs, de ne pas rester juste sur les récifs coraliens.

  • Speaker #0

    Carrément, carrément.

  • Speaker #2

    On va s'arrêter là pour aujourd'hui. Merci en tout cas d'avoir écouté ce premier épisode de Régénération Corail. C'était tellement intéressant notre conversation avec Gemila qu'elle a duré plus longtemps que prévu. Et j'ai donc décidé de couper cette interview en deux épisodes. Vous retrouverez donc la suite dans deux semaines. Gemila nous parlera donc de ses ambitions pour Corail et aussi de ses recommandations concrètes pour passer à l'action. Merci d'avoir écouté cet épisode de Régénération Corail jusqu'au bout. J'espère qu'il vous aura donné envie de passer à l'action. et que vous en ressortez mieux équipés pour faire partie de la génération qui agit. On écrit aussi des articles sur le site internet de Corail que vous pouvez consulter gratuitement pour aller plus loin. Si cet épisode vous a plu, abonnez-vous, partagez-le autour de vous et parlez-en. N'hésitez pas à laisser des petites étoiles et commentaires sur votre plateforme d'écoute ou à nous écrire sur contact.corail-africa.com si vous voulez faire un retour. Enfin, si vous souhaitez soutenir concrètement le podcast, vous pouvez faire un bond défiscalisé sur Eloasso. Vous trouverez tous les liens dans la description de l'épisode. Et à très vite pour le prochain !

Description

Quand Clarisse a voulu lancer ce podcast, elle a posé une question à son entourage et aux passants : "La biodiversité marine, ça vous parle ?". Et d'après les réponses obtenues… pas vraiment.

C’est vrai, quand on vit loin de la mer, on peut avoir l’impression que ce qu’il s’y passe ne nous concerne pas. Pourtant, son avenir est intimement lié au nôtre. Aujourd’hui, l’océan et ses écosystèmes sont menacés par le réchauffement climatique, et notre société a oublié l’un de ses plus grands alliés.


Dans ce premier épisode, Jeimila, fondatrice de Koraï, repose les bases et explique pourquoi il est urgent d’agir pour protéger les récifs coralliens. Elle partage son engagement pour restaurer ces écosystèmes à Madagascar, en impliquant les entreprises et les communautés locales.


Cette discussion a été déclinée en deux épisodes. Rendez-vous dans 15 jours pour découvrir la suite !


Bonne écoute 🐠


🎙️ Hôte et réalisation : Clarisse Gouby

🔉 Mixage et sound design : Alice Krief

🌊 Invité : Jeimila Donty, fondatrice de Koraï


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📖 Pour aller plus loin : retrouvez nos articles et ressources sur le blog de Koraï


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    La biodiversité marine,

  • Speaker #1

    c'est un sujet un peu niche,

  • Speaker #0

    non ?

  • Speaker #1

    Ouais,

  • Speaker #0

    la mer, c'est cool comme sujet,

  • Speaker #1

    mais je pense que je préfère ma vie sur Terre.

  • Speaker #0

    Moi, la mer, j'aime bien en vacances, mais le reste de l'année, ça ne m'intéresse pas trop. Ces phrases, je les ai déjà vraiment entendues. Et d'une certaine façon, je peux comprendre. C'est vrai que l'océan, quand on habite en ville, par exemple, ça peut paraître un peu lointain. Ce qui s'y passe, c'est loin de nous. Ce n'est pas forcément la première préoccupation des gens au quotidien. Moi, à la base, l'océan, il me faisait même un peu peur. Allez savoir pourquoi, mais la baleine dans Pinocchio, ça m'a terrifiée quand j'étais enfant. Et nager, je détestais ça en plus. Après, j'avoue que c'est toujours pas mon sport préféré actuellement. Mais au fond, j'ai toujours été complètement fascinée par les récits d'aventures en mer, les histoires de navigateurs, ou bien encore les merveilles qu'on pouvait voir dans les documentaires comme La planète bleue. Pour Gemila, que vous allez entendre dans cet épisode, le lien avec la vie marine pourrait se faire de manière plus évidente. Elle a grandi à Madagascar. et sa famille avait en plus une ferme de corail. Pourtant, elle ne pensait pas y consacrer sa vie non plus. Elle, elle se voyait dans quelque chose de plus social, par exemple l'éducation, pour améliorer directement la vie des gens. Mais en fait, à force de creuser, on s'est toutes les deux rendues compte d'une chose. L'océan et sa biodiversité, c'est la vie. Il est essentiel pour nous, pour notre climat, pour notre avenir, enfin pour les êtres humains en fait. Et pourtant, il est souvent oublié dans beaucoup de combats environnementaux. Du coup, moi, quand j'ai découvert corail, L'entreprise donc fondée par Gemila, j'ai immédiatement voulu la rencontrer. Son ambition me parlait vraiment, impliquer le secteur privé dans la course contre la perte de biodiversité marine, en permettant aux entreprises de s'engager dans la régénération des récifs coralliens en Afrique. Lors de notre échange, elle m'a aussi parlé de son idée de créer un média qui serait capable de mobiliser et de sensibiliser les entreprises autour de ces enjeux, et aussi de leur faire comprendre pourquoi la survie de notre économie dépend en grande partie de la survie de la biodiversité marine. Donc quand Jamila m'a proposé de produire ce podcast pour porter ce message, j'ai dit oui sans hésiter. Mais avant de me lancer, j'ai voulu voir si cette idée parlait un petit peu aux gens ou pas. Alors je suis sortie avec un micro pour leur poser quelques questions simples, a priori en tout cas, sur la biodiversité marine. Et voilà ce que ça a donné.

  • Speaker #1

    On est plus sensibilisés au climat, au réchauffement du climat, etc.

  • Speaker #0

    qu'à la préservation de la biodiversité, etc.

  • Speaker #1

    même si les deux sont étroitement liés, je pense.

  • Speaker #0

    Et quand je vous parle de poumons de la planète, ça vous dit quelque chose ?

  • Speaker #1

    C'est quoi pour vous ?

  • Speaker #0

    Les grandes forêts, dans la forêt amazonienne, juste comme ça, tout ce qui dégage beaucoup de CO2. Vous savez ce que c'est un corail en soi ?

  • Speaker #1

    Non.

  • Speaker #0

    Et les mangroves, vous connaissez ou pas ? Non, j'ai rien entendu. Si je vous parle de poumons de la planète, c'est quoi ? Oui,

  • Speaker #1

    on parle de la forêt amazone, etc. Oui, que c'est le poumon de la planète.

  • Speaker #0

    Le vrai poumon de la planète, c'est l'océan, qui produit plus de 50% d'atomoxygène. Et du coup, est-ce que la biodiversité marine, c'est un sujet qui vous... Touche un peu ou c'est pas du tout ? Pas autant par rapport aux forêts et tout ça. Un corail ? Tu savais ce que c'est un corail ? Oui, justement, et c'est ça qui...

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup de corails qui meurent et tout ça. Ça,

  • Speaker #0

    j'ai déjà vu, ouais. Quand je vous parle du poumon de la planète... C'est les arbres, c'est tout l'oxygène qu'il faut apporter,

  • Speaker #1

    par exemple, dans un centre-ville ou dans des villes. Tout de suite, je pense à l'Amazonie, mais je pense que c'est un ensemble...

  • Speaker #0

    Ouais, c'est tout ce qui est lié aux arbres, quoi, finalement. Et du coup, la biodiversité marine ? On en parle beaucoup moins.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je pense que c'est moins accessible du grand public.

  • Speaker #1

    Et moi, je ne savais pas, par exemple, que c'était une de plus grandes sources d'oxygène, finalement. Donc, je pense qu'on n'en parle pas assez.

  • Speaker #0

    Et les coraux, vous savez ce que c'est, un peu ? Un petit peu, ouais. C'est une barrière,

  • Speaker #1

    en fait, non ? Pour filtrer tout ce que les hommes peuvent déverser dans la mer. Ça permet de faire un premier filtre, je pense. Barrière fragile, en tout cas.

  • Speaker #0

    Déjà, est-ce que, si je vous parle de diversité marine, ça vous parle un petit peu ? Pas du tout ? Je suis connue de ces trucs. J'avoue que, pour moi, c'est vague. Pour vous, ce serait quoi le poumon de la planète ? La mer. Et vous savez ce que c'est un corail ? Ouais. Ouais ?

  • Speaker #1

    J'ai déjà fait de la plongée.

  • Speaker #0

    Et si je vous parle de poumon de la planète, c'est quoi pour vous le poumon de la planète ? L'Amazonie. Si je vous parle de biodiversité marine, c'est un truc qui vous parle un peu ?

  • Speaker #1

    Nous,

  • Speaker #0

    on fait de la plongée tous les deux, donc ça nous parle beaucoup,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Bon, Jamila, il va falloir que tu m'aides là. Comme tu sais, je suis allée faire un micro-trottoir pour demander aux gens... Si la biodiversité marine, ça les intéressait, si elle leur parlait, globalement, ça reste un peu de niche pour eux. Ça ne leur parle pas tant que ça. À part, par exemple, quelques personnes qui font de la plongée sous-marine à côté, ils connaissent un peu plus le sujet. Mais sinon, ça reste assez niche. Et là, on est censé lancer un podcast sur la biodiversité marine, et en tout cas, sur les solutions qui existent pour la préserver. Comment je vais faire si les auditeurs ne savent pas de quoi je parle ?

  • Speaker #1

    Je pense que tout le monde dansait un petit peu. peu mais sans trop vraiment le savoir donc aujourd'hui on va tenter d'ouvrir les yeux à tout le monde.

  • Speaker #0

    Bon, les chiffres sont là. 50% des récifs coralliens ont disparu en 30 ans. Un tiers des stocks de poissons sont surexploités. Et nos océans se réchauffent à une vitesse alarmante. Notre économie est malade en fait. Elle a oublié sa plus grande alliée, la nature. Et parmi elles, les écosystèmes marins qui nous nourrissent, nous permettent de respirer et maintiennent l'équilibre de notre planète. Ok, on fait quoi ? Par où commencer ? Comment peut-on agir concrètement ? Je m'appelle Clarisse Goubi et je vous emmène à la rencontre de celles et ceux qui proposent des solutions et tentent de réintégrer la nature dans l'équation. Ici, c'est le podcast de Régénération Corail et ensemble, on passe à l'action.

  • Speaker #1

    Mon meilleur souvenir lié à l'océan ? Déjà, je suis franco-mélgache. Ma mère, elle vient d'un archipel qui s'appelle Nocibé. Beaucoup de gens en France connaissent Nocibé par la chaîne de parfumerie, mais en fait, Nocibé, en réalité, c'est une île. enfin un archipel, qui s'appelle d'ailleurs l'île aux parfums, où se trouve l'île Anguilang, qui est le premier ingrédient des parfums de luxe, d'où l'expression Nocibé déjà, donc petit aparté. Et donc voilà, je viens de Nocibé, et l'année dernière, j'ai eu la chance d'amener un groupe d'amis à Nocibé, pour leur faire découvrir un petit peu mon coin de paradis, avec mon fiancé, parce qu'on se fiançait justement cette année-là. Et en fait, on est partis avec un petit programme pendant un week-end. On a fait ce qu'on appelle là-bas le bivouac sur l'île de Nocyrans, qui est un petit joyau aussi. C'est une île qui est découpée en deux et qui est rejointe par un grand banc de sable de un kilomètre et quelques. Et en fait, normalement, quand on fait ça, sur la route vers cette île-là, on rencontre des animaux marins. On a soit la chance de voir une tortue, pourquoi pas à un moment donné, voir des exocètes. C'est des petits poissons volants. Et en fait, nous, on a fait la totale. Si c'était à comparer à un safari, c'est comme si on avait fait le Big Five en quelques heures. C'était incroyable. Donc déjà d'abord, on a croisé un requin-baleine alors que la saison n'avait même pas encore commencé. Donc on a eu la chance de nager avec un requin-baleine. C'était magnifique, tellement beau, tellement majestueux. Et puis, on continue sur la route des dauphins. Pareil, on renage avec des dauphins. Après, on arrive près de nos sirènes. Il y a un récif corallien qui est magnifique, qui est encore hyper beau. préservée. Et donc là-bas, on nage au milieu des centaines de poissons. C'était tellement beau. Et on a même croisé des espadons aussi, des tortues, une tortue verte. Et puis, on arrive ensuite sur l'île et c'est l'heure de l'apéro. Et on se dit quelle journée magnifique. On ne peut pas faire mieux que ça. Donc on est là avec notre petit ponche et notre petit robe arrangée. Et en fait, la surprise, éclosion de tortue sur la plage de Nocyranz. face à un coucher de soleil. Et je ne peux pas te dire à quel point c'était incroyable. Et tout le monde était là genre, mais comment c'est possible d'avoir tout ça en une fois, en si peu de temps ? Et j'étais trop contente parce que j'avais réussi à partager un peu cette passion aussi que j'ai pour l'océan, à travers cette biodiversité incroyable qui nous a rendu visite. Ou est-ce que c'est nous qui l'avons rendu visite ? Je ne sais pas trop. Mais en tout cas, on a eu la chance d'interagir avec des animaux incroyables. en si peu de temps. Et même moi qui y vais régulièrement, j'ai jamais eu une journée pareille. Donc, mon plus beau souvenir, c'était ça.

  • Speaker #0

    Ça va l'air incroyable. Je pense que tu as fait en une journée tout ce que je rêvais de faire dans ma vie. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux un peu, on en a un petit peu parlé, tu viens de Nozibé, de Madagascar, est-ce que tu peux un peu nous en dire plus sur toi ? Quel est ton parcours ?

  • Speaker #1

    Qui es-tu ? Je suis une petite personne, pas très grande, 1m50. et j'ai grandi à Madagascar dans une famille qui a toujours travaillé autour de la nature j'ai toujours percé au milieu de la nature mon père avait une a toujours une entreprise d'exportation de plantes notamment pour les aquariums ma mère une boutique d'aquarium et puis ensemble ils avaient aussi développé pas mal de petites activités de divertissement mais toujours autour de la nature notamment un parc zoologique qui s'appelle les Murialand où on peut se balader et rencontrer les lémuriens en liberté. J'ai grandi dans ces valeurs, de se dire que la nature est hyper importante, on est connecté à elle, et se déconnecter d'elle, c'est justement être malade. Donc déjà, j'ai grandi comme ça. Et puis, c'est des entrepreneurs, mes parents. À un moment donné, je me suis dit que j'aimerais participer au développement économique de mon pays, parce que Madagascar, c'est quand même le cinquième pays le plus pauvre au monde, à travers l'entrepreneuriat et l'entrepreneuriat social. Du coup, à ce moment-là, je me dis que je vais partir en France, faire des études dans une école de commerce et être capable après de monter ma propre entreprise. Donc, à 17 ans, je prends mes clics et mes clacs. petit valise et puis je pars pour la France et une fois que j'arrive ici, j'entre en école de commerce et je me rends compte parce que je suis entre deux pays, la France et Madagascar je me rends compte encore plus du gap qui se creuse en fait entre mes compatriotes malgaches et mes compatriotes français et je me dis en fait il faut que je rééquilibre tout ça, que je participe en fait à donner ... un accès aux biens essentiels à mes compatriotes malgaches. Et en même temps que je participe aussi à mon pays qui est la France, mon pays d'accueil. D'ailleurs, je suis devenue française en 2021.

  • Speaker #0

    Félicitations.

  • Speaker #1

    Merci. En vrai, j'étais à l'école française depuis que j'étais en primaire. Donc au fond, j'étais franco-malgache depuis le début. Et donc voilà. Et donc c'est à ce moment-là que je me dis je vais monter une entreprise qui va me permettre à la fois d'apporter ma pierre à l'édifice. économique à Madagascar et en même temps de faire le pont avec la France. Et c'est à ce moment-là que ça germe un peu en moi. Mais ce n'est pas ça qui va me pousser vraiment à lancer Corail. C'est un événement personnel difficile, mais dont je suis très à l'aise de parler, qui se passe en 2020. Mon papa décède brutalement. On a tous vécu une année très particulière cette année-là et moi ça a été particulièrement difficile. Et en fait au moment de la succession, du coup, on s'organise en avec mes frères, par rapport aux différentes entreprises qu'il avait montées. Et bien, en fait, dans les entreprises, il y a une ferme de corail qui, elle, avait son activité qui s'est arrêtée aussi en même temps que le Covid. Parce que l'objectif de cette ferme de corail qu'avait créé mon père avec un associé, c'était de bouturer du corail et de le multiplier, du coup, pour l'exporter pour les aquariums, en fait. Toujours l'activité d'aquarium qu'avait notamment ma mère. Et puis, je me suis dit... C'est dommage que cette entreprise se soit arrêtée, mais par contre, je n'ai pas envie de la redémarrer telle qu'elle. Parce que, trop différente de ce que j'avais envie de faire, j'ai envie de participer au développement économique et social de mes compatriotes. Donc le corail, je me rends compte que c'est le pilier principal de la biodiversité marine, parce qu'il abrite 25% de cette biodiversité, qui va y vivre, s'y abriter, faire naître leurs tétards. ou encore sans nourrir. Je me rends compte du danger de plus en plus auquel on fait face parce que ce corail est en train de disparaître et que c'est la première extinction de masse qui risque d'arriver avant la fin de ce siècle. Et quand je prends conscience de ça, je me dis que je voudrais participer à inverser la tendance. Et donc je me pose la question, est-ce qu'on peut planter du corail comme on plante des arbres ? Est-ce qu'on peut faire de la reforestation ? sous-marine. Et en fait, oui, je me rends compte que c'est possible qu'il y a plein d'endroits dans le monde où on le fait, notamment en Polynésie française, au Bahamas, dans les Maldives. Et donc, c'est à ce moment-là effectivement que je reprends l'entreprise familiale en changeant son objectif et en créant un pont avec la France. Parce que l'objectif principal, c'est de dire les entreprises internationales dont le siège se trouve en France ou en Europe, de façon plus large. doivent participer à régénérer la biodiversité, dont la biodiversité marine. Et donc, je me dis, voilà, avec corail, on va aider ces entreprises à s'engager en replantant du corail à Madagascar.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, quand je t'ai rencontrée, tu m'avais dit qu'au début, tu pensais peut-être travailler sur quelque chose de plus social. Et tu t'es rendue compte que l'environnement, la crise climatique, c'était aussi une crise sociale. Est-ce que tu peux peut-être nous expliquer pourquoi la biodiversité marine et les coraux sont super importants ? pourtant, pour l'homme, au-delà des espèces marines qui habitent.

  • Speaker #1

    Effectivement, au tout début, quand j'étais en école de commerce, je réfléchissais plutôt sur des modèles d'entrepreneuriat social à objectifs sociaux. Principalement l'éducation, parce que je me rendais compte que, entre guillemets, je m'étais sortie de ma condition par l'éducation. Mes parents, c'était pareil. Et donc, je pensais ça. C'était ma principale idée, au tout début, avant que 2020 n'arrive. Et en fait, non, effectivement, je me suis rendue compte que la crise... La crise climatique, la crise environnementale, c'est aussi une crise sociale. Pour te donner un exemple un peu concret, déjà dans le sud de Madagascar, Il y a une famine qui a été la première au monde reconnue pour être une famine climatique, qui est donc liée au changement climatique. La sécheresse permanente et intercalée d'inondations fait qu'en fait, il n'y a plus d'agriculture possible dans le sud de Madagascar. Et cette population aujourd'hui fait face à une famine qui est liée à la crise climatique. Et en fait, c'est pareil aussi pour la biodiversité marine. On est extrêmement lié à cette biodiversité. parce que, si je te donne l'exemple du corail qui est ma spécialité, aujourd'hui, dans le monde entier, c'est 500 millions de personnes qui se nourrissent directement de la pêche récifale, c'est-à-dire de la biodiversité qui vit dans le corail. Donc aujourd'hui, c'est ces 500 millions de personnes, si cet écosystème venait à disparaître, c'est ces 500 millions de personnes qui vont être mises en danger et qui vont se retrouver face à une situation de manque d'approvisionnement en nourriture. Mais c'est aussi... Au-delà de l'approvisionnement en nourriture, le rôle du corail, il va au-delà et nous donne ce qu'on appelle les services écosystémiques. Et donc, il participe de façon plus globale à notre économie, à travers notamment d'abord le fait qu'il va abriter cette biodiversité marine. Et donc, il va nous approvisionner en nourriture, mais il va aussi participer à réguler le climat. Le corail, en fait, protège les côtes. Il réduit de 97% la force des vagues, donc il prévient les inondations. Il prévient aussi certains prédateurs, l'exemple de la Réunion, où les récifs se sont de plus en plus dégradés, et du coup il y a des plages qui sont devenues accessibles aux requins. On a aussi le rôle de régulation climatique à travers la captation carbone, même si on ne peut pas obtenir de crédit carbone à travers le corail. Le corail a quand même un rôle de capteur carbone. c'est juste qu'à la différence des arbres, il ne va pas sédimenter son carbone, il va s'en servir pour créer son squelette, un squelette calcaire, comme nous. C'est aussi notre plus grand espoir dans la recherche, dans la lutte contre le cancer, notamment parce qu'il est assez résilient, malgré la hausse des températures et ce qui lui arrive, il y a plusieurs espèces qui sont quand même très résilientes, et desquelles on peut apprendre beaucoup de choses, notamment pour la pharmaceutique, et donc guérir notamment des cancers. Donc c'est un vrai rôle. essentiel aussi pour les hommes, pour les humains. Et donc c'est pour ça que je me suis rendue compte que finalement, agir aussi pour l'environnement, c'est agir pour nous. Et donc, en lançant Corail, j'allais pouvoir aider aussi les populations des côtes, les populations côtières qui vivent en interaction avec ce corail en permanence, et notamment en leur créant du coup des nouveaux emplois, des nouvelles sources de revenus pour venir compenser ces sources de revenus qui vont baisser parce que il y aura moins de pêche. C'est vrai que les gens,

  • Speaker #0

    souvent, ne savent pas que les coraux, ce ne sont pas des plantes, c'est des animaux. Et ils sont hyper importants. Tu as parlé de la notion de service écosystémique. Est-ce que tu pourrais expliquer rapidement cette notion pour ceux qui ne connaissent pas ?

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est une définition générale, mais pour ceux qui sont un peu curieux, vous pouvez aller regarder le site de l'UNEP. C'est les Nations Unies pour la protection de l'environnement. United Nations for Environment Protection, je crois. Les services écosystémiques, ce sont les services que rendent les écosystèmes piliers dans la nature, et c'est leur évaluation économique en fait. C'est l'évaluation économique de ces services rendus. Et donc ce travail a été notamment fait par l'UNEP. Ils ont sorti un guide d'ailleurs, très enrichissant là-dessus, qui explique comment est-ce qu'on peut évaluer économiquement la valeur du travail rendu par les... du travail fait par les écosystèmes. Et ces services écosystémiques, c'est quatre grandes catégories. Il y a celui de l'approvisionnement, celui de la régulation climatique, celui du support à la biodiversité, et le dernier, c'est le service culturel. Donc si je te donne l'exemple du corail, service écosystémique d'approvisionnement, c'est le nombre de produits de pêche à l'année. les kilos de poissons pêchés, de produits de pêche, parce qu'il n'y a pas que des poissons, il y a d'autres, des crustacés, etc. C'est la valeur de ce marché qui ont été pêchés dans les récifs coralliens. Donc ça, ça a été évalué. Ça va être principalement évalué en fonction de la région et en fonction de la valeur économique aussi du poisson qui est pêché. Ensuite, régulation climatique, c'est une évaluation par rapport aux dommages qui auraient été faits si les coraux n'existaient pas. Notamment... la réduction de 97% des vagues par le corail prévient l'inondation et donc prévient les dégâts d'inondation. C'est cette évaluation-là qu'on fait. Combien d'argent on doit sortir si on n'a plus de récifs coralliens pour protéger nos côtes et donc qu'on va devoir... reconstituée après une grande inondation. D'ailleurs, très d'actualité en Europe en ce moment. Pour reprendre encore l'exemple du troisième pilier du soutien à la biodiversité, le support à la biodiversité, le corail, lui, il abrite 25% de la biodiversité marine, alors qu'il n'occupe que 1% de la superficie des océans. Et après, le dernier exemple, la dernière catégorie, c'est culturel. Et là, ce n'est pas négligeable du tout pour le corail. Les services culturels, c'est quoi ? C'est en fait quand les gens payent pour venir voir la nature. Et donc, c'est principalement l'économie touristique. Et donc, pour le Corail, c'est énorme parce que c'est évalué à 36 milliards annuels l'économie touristique autour du Corail. Ça va être les centres de plongée, ça va être le snorkeling, les hôtels, l'activité des hôtels dans des zones où on vient vraiment principalement pour la biodiversité marine.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, j'avais lu que Lunette, dont tu as parlé, disait que le financement des solutions basées sur la nature doit tripler d'ici 2030. Donc, ça arrive vite. Il faut combler un déficit estimé entre 598 et 824 milliards de dollars USD par an. C'est énorme. Justement, les solutions basées sur la nature, c'est un peu ce que tu proposes avec Corail. C'est ça même. Est-ce que tu peux un peu expliquer plus ce que vous faites, ce que tu fais avec Corail ? Quelle est la mission, les objectifs ? Comment est-ce que vous vous occupez des coraux ?

  • Speaker #1

    Déjà, peut-être pour l'auditoire, les solutions basées sur la nature, le concept, cette grande catégorie qui a été inventée, c'est d'abord les solutions basées sur la nature pour répondre à la crise climatique. Et cette crise climatique, avant, on l'associait essentiellement aux émissions carbone. Et donc, ce qu'on appelle les solutions basées sur la nature, c'est la captation carbone grâce à un élément naturel, notamment la plantation d'arbres. La photosynthèse qui fait que les arbres vont capter du carbone et émettre de l'oxygène et ensuite sédimenter ce carbone pour l'enfouir dans la terre. Ça, c'est la définition première. Maintenant, on se rend compte qu'en plus de la crise climatique, on a une crise de la biodiversité. Dans la définition, on va dire, globale, ces deux crises sont définies comme étant différentes. Pourtant, en réalité... C'est la même. Pourquoi ? Si je te donne l'exemple de la biodiversité marine, les émissions carbone qui réchauffent notre planète acidifient les océans, donc modifient la salinité, le pH, et donc modifient la bonne santé de ces océans, et donc ont un impact énorme sur la biodiversité marine. Donc finalement, en fait, c'est deux crises qui sont intriquées, et pourtant on les traite quand même différemment. Pourquoi ? Parce qu'en fait, on a déjà bien avancé sur... ... On a bien avancé. On a enfin fait comprendre au monde qu'il y a une crise climatique, même s'il y a encore quelques climato-sceptiques. On a bien avancé quand même sur la compréhension du carbone. C'est presque arrivé même dans les foyers. Les gens commencent à comprendre ce que ça veut dire. Et puis, à côté de ça, la biodiversité, c'est encore un truc très flou, notamment parce que c'est beaucoup plus difficile à mesurer, parce que mesurer une tonne de gaz, c'est simple. Et donner des équivalents de mesures, c'est simple. Alors que ... comparer le poisson pêcheur à un n'importe quel autre animal et sa valeur dans l'écosystème, c'est extrêmement difficile. Et donc, je voulais juste remettre un petit peu de contexte sur la notion maintenant de solution basée sur la nature pour la biodiversité. C'est ce sur quoi moi je parie et je ne suis pas la seule. C'est de dire en fait, aujourd'hui, on a... aussi d'autres solutions pour arrêter la crise de la biodiversité qui sont en fait les extinctions de masse qui sont en train d'arriver et des extinctions de masse qui sont liées à notre activité humaine. Et donc, notamment le corail, aujourd'hui, on a déjà perdu 50% de la superficie des récifs coralliens dans le monde en un siècle. Donc, autant te dire qu'effectivement on peut assez facilement dire qu'on y est un peu pour quelque chose. Malheureusement, les principales raisons sont notamment... les émissions carbone, mais aussi des mauvaises pratiques de pêche. Il y a certaines régions où on pêche à la dynamite. Des mauvaises pratiques aussi touristiques. Encore beaucoup de touristes ne savent pas qu'il ne faut pas marcher sur un corail avec ses palmes, qu'il ne faut pas le toucher, que même si c'est joli, en fait, on ne pose pas son doigt dessus parce qu'en fait, on l'étouffe, on étouffe un polype. Bref. Et donc, pour toutes ces raisons-là, aujourd'hui, l'idée, c'est d'utiliser une solution basée sur la nature pour redonner ... vit aux océans, et ça, c'est l'objectif de corail. Et comment ? Eh bien, on fait ce que j'appelle vulgairement, parce que c'est une vulgarisation, la reforestation marine, c'est-à-dire qu'on va aider le corail à se multiplier. en le plantant. Alors, ce n'est pas une plante, c'est un animal, mais il a quelques vertus qui font que c'est facile de l'assimiler à la plante, c'est-à-dire qu'on peut faire ce qu'on appelle du bouturage de corail. C'est en fait prendre des morceaux, ce qu'on appelle des fragments d'opportunités, donc dans la nature, avec les grandes vagues, parfois les coraux se cassent, mais c'est très naturel, c'est une régulation normale. Un très grand corail va avoir... quelques petits bouts qui vont se casser de temps en temps avec les vagues. Et en fait, ce petit bout, si on le fixe, il va redevenir un autre corail. Si on ne le fixe pas et qu'il est tout le temps déplacé par la houle, il finit par mourir. Et donc nous, ce qu'on fait, c'est qu'on va chercher ces petites boutures. On va les mettre sur des structures. Aujourd'hui, on est sur des structures métalliques, mais il y a plein d'autres solutions qui existent. Pour l'instant, pas trop applicables à Madagascar. C'est notre premier terrain d'application, nos cibées. fixer des boutures de corail sur des structures et ensuite reconstituer un récif grâce à ça. À quoi ça sert ? C'est tout simplement de donner un boost à la nature pour se reconstituer et donc en faisant ça, nous on permet à la fois de reconstituer des récifs coralliens mais aussi de reconstituer des récifs résilients parce qu'on choisit les espèces qui elles ont supporté les canicules marines qui se sont malheureusement multipliées depuis les dernières années.

  • Speaker #0

    Ça prend combien de temps du coup un corail pour être autonome ?

  • Speaker #1

    En gros, nous, on se dit qu'au bout de trois ans, nos récifs sont autonomes. Mais pendant ces trois ans-là, qu'est-ce qu'on fait ? On va nettoyer les structures pour éviter que des algues s'y installent et qu'elles étouffent les petits bébés qu'on aura plantés. Mais au bout de trois ans, la bouture est devenue suffisamment grande pour quasiment recouvrir la structure et se retrouver autonome.

  • Speaker #0

    Donc c'est assez efficace comparé aux arbres, par exemple, ça prend beaucoup. plus de temps. Tu disais que vous choisissez les espèces qui sont plus résilientes. C'est vrai que, est-ce qu'avec l'acidification de l'eau, le réchauffement climatique, est-ce que replanter des coraux, c'est efficace pour restaurer un récif ? Combien de temps ça prend à peu près ? Est-ce qu'après, vous pensez que les espèces vont résister à des événements climatiques forts ?

  • Speaker #1

    Par rapport à l'efficacité des arbres, c'est plus rapide, c'est sûr, parce que quand on va planter un arbre, en fonction de l'essence, ça peut prendre 20 ans. Le corail, de façon assez sûre. Ce sont des animaux qui vivent des millions d'années. Juste pour replacer le contexte de ce qu'on a fait, on a quand même tué des animaux qui ont vécu des millions d'années. La comparaison, oui, elle est possible. Mais finalement, est-ce qu'elle est pertinente ? Je ne sais pas. Pourquoi ? J'ai juste envie de donner un élément de contexte important. C'est que l'océan, c'est 70% de la superficie de notre planète. Et c'est aussi le poumon de la planète. L'allégorie du poumon est pas mal, c'est qu'on en a deux, on en a un vert et un bleu. Et donc la moitié de l'oxygène est produite par l'océan. Et du coup, ce qui s'est passé, c'est que déjà dans l'imaginaire collectif, les gens se sont dit, le poumon de la planète, c'est l'Amazonie, c'est les arbres, c'est grâce à ça qu'on respire. Et c'est vrai, mais qu'on respire avec un poumon. Et c'est vrai qu'on peut aussi ne vivre qu'avec un poumon. C'est quand même dommage de gangréner l'autre pour autant. Et donc, je voulais juste remettre aussi un peu ça en contexte pour se dire, pourquoi est-ce que c'est... important de redonner un équilibre à l'océan et à sa biodiversité et à des animaux piliers comme le corail. Voilà ce serait ça ma comparaison mais ensuite pour en revenir à ce que tu dis sur l'efficacité de la restauration corallienne. En fait il y a deux méthodes, enfin deux choses à faire. Il y a ce qu'on appelle la conservation, la préservation et il y a celle où on va être plutôt acteur. en replantant du corail. Les deux ont une efficacité importante. La question, c'est la conservation, ça oblige à mettre des limites d'accès à ces écosystèmes. Et donc, ça va être ce qu'on appelle construire des aires marines protégées avec des degrés de protection qui peuvent varier. Mais souvent, ça marche que quand la protection est la plus élevée possible. Donc, la conservation, c'est quoi ? C'est donc protéger une zone. où il y a des coraux, une aire marine protégée, et faire en sorte que les humains n'y aillent plus. Et en fait, là, on voit que, de façon très naturelle, le corail se reconstitue, mais il se reconstitue avec beaucoup moins d'espèces qu'il en avait avant. Et qu'est-ce que ça explique, ça ? C'est qu'en fait, il y a une sorte de sélection naturelle.

  • Speaker #0

    Parce que les conditions climatiques ont changé, certaines espèces vont du coup, elles, se proliférer, pendant que d'autres ne vont pas réussir à supporter ces changements et donc vont disparaître. Mais on se rend compte quand même qu'avec cette reconstitution naturelle, peut-être un peu plus pauvre en diversité, la biodiversité marine, elle revient quand même. Il y a des super documentaires là-dessus, d'ailleurs, sur NatGeo. Je n'ai pas d'action chez eux, mais j'adore les documentaires qu'ils font. Ils s'appellent Pristine Islands. Et en fait, ce sont ces îles où il n'y a pas d'humains qui vont et où on observe. On a observé une grande canicule marine et le corail avait complètement disparu dans cette zone. Ensuite, il s'est reconstitué, mais il a complètement changé. Pourquoi ce contact ? Ça explique du coup la deuxième méthode qui est celle d'agir, d'être acteur pour les zones où, en fait, il y a une interaction humaine. C'est les zones où justement il y a ces 500 millions de pêcheurs récifaux qui en fait depuis des centaines d'années se nourrissent de la pêche. Ils vont soit pêcher ce qu'ils vont manger ou ce qu'ils vont pouvoir vendre pour se nourrir. Et en fait ces zones-là on ne peut pas dire du jour au lendemain on les arrête. C'est des airs complètement protégés et puis ils font quoi ? Et donc du coup c'est là en fait l'intérêt de notre action, c'est de venir aider ces zones naturelles à se reconstituer, en essayant finalement de recopier un petit peu ce qui va se passer dans les aires marines protégées de très haut niveau. Et donc de dire, on va sélectionner ces espèces résilientes à la température, celles qui ont montré que la canicule ne leur a pas fait grand-chose, on va reproduire ces espèces pour redonner une certaine taille au récif. Donc nous, par exemple, chez Corail, notre objectif à chaque fois, c'est plus 40% de couverture corallienne dans la zone. Et ça garantit. quoi, ça garantit en fait le retour de la biodiversité et ça se voit très très vite. Dès les premières années, on voit déjà des poissons curieux qui viennent, des poissons qui viennent déjà s'abriter dans nos structures et donc là l'objectif c'est aussi de travailler avec ces pêcheurs, avec toutes les communautés qui vivent autour de ces récifs pour leur expliquer pourquoi c'est important de les protéger, de les restaurer et d'avoir du coup une nouvelle manière de vivre avec eux, de ne plus lâcher de casiers pour choper ses langoustes, faire tomber un gros casier en fer sur le corail. Non, maintenant, il faut trouver d'autres méthodes qui fonctionnent toutes aussi bien, peut-être un peu plus coûteuses, mais qui permettent au moins de garantir qu'il y en aura toujours de la langouste. Donc voilà, c'est un peu ça l'objectif. Et donc, pour répondre à ta question, ça fonctionne quand on choisit des espèces qui, effectivement, ont déjà un peu fait leur preuve. Par contre... On reste dans un environnement toujours mouvant. On le voit, on a peut-être des espèces qui vont résister cette année, mais peut-être qu'en 2030, ce ne sera plus les mêmes. Pour autant, ce qui a été observé par les scientifiques dans les Pristine Islands montre que celles qui naturellement survivent au réchauffement climatique vont quand même le faire assez longtemps. Donc voilà, c'est un peu notre objectif.

  • Speaker #1

    Et du coup, les équipes qui sont sur place, justement, qui travaillent pour planter les coraux, qui travaillent avec les populations locales ? comment est-ce que l'équipe est structurée, comment est-ce que vous incluez ce travail de sensibilisation sur place, comment est-ce que ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, comment nous on a commencé ? Je n'ai pas de diplôme de biologiste marin, même si maintenant je me dis « ah, ça doit être trop cool quand même » . Déjà, au début, j'ai accepté ça, que je n'avais pas cette compétence. Et la ferme de corail de mes parents, dans les équipes, ils avaient la compétence de sélection de certaines espèces et de bouturage, pas dans un objectif de restauration corallienne de conservation. Et donc, à ce moment-là, je me suis dit, je vais aller chercher la compétence ailleurs. Et donc, j'ai eu la chance de commencer à travailler avec deux superbes personnes qui sont biologistes marins et qui ont cette expertise. L'une a vécu en Polynésie française, l'autre au Mozambique, et elles ont travaillé sur la restauration corallienne. Et donc, avec elles, en fait, on a eu... reconstituer l'équipe locale en embauchant des jeunes qui diplôment d'instituts de formation scientifique à Madagascar. Donc on s'est rapprochés de deux instituts, l'un qui s'appelle IHSM, l'autre qui s'appelle le CENERO et dedans en fait ils forment des jeunes malgaches à la biodiversité marine et au rôle de biologistes marins. Donc on a constitué une petite équipe locale de trois personnes qui ont comme rôle de garantir le bon déroulement de notre stratégie de restauration corallienne qui répond à des critères scientifiques qui ont été constitués notamment par les deux superbes personnes dont je t'ai parlé. Une fois qu'on a fait ça... Donc on a ce plan de stratégie. Ce plan de stratégie, pour simplifier un peu, c'est tout simplement de dire où est-ce qu'on va planter du corail, donc en fait, quelles îles on choisit, et ensuite, comment est-ce qu'on va planter du corail dessus. Donc où est-ce qu'on va planter ? Pour répondre à cette question, on a répondu à deux sous-questions qui sont, est-ce que c'est nécessaire de planter ? Donc est-ce qu'on est sur une couverture corallienne qui est en dessous de 30% ? Et est-ce qu'il est possible... possible de planter ? C'est-à-dire, est-ce qu'il n'y a pas de pression supplémentaire autre que le réchauffement climatique ? Typiquement, une sortie de fleuve dans laquelle il y a de la pollution. Là, par exemple, le problème, il faut d'abord le prendre en amont. On aura beau replanter, ce ne sera pas efficace. On répond d'abord à ces questions-là pour choisir l'endroit où on va se mettre. Et ensuite, le deuxième aspect, c'est qu'une fois qu'on a choisi où est-ce qu'on va planter... Comment est-ce qu'on va planter ? Là, ça dépend vraiment des conditions locales, que ce soit les conditions sous l'eau, mais aussi les conditions hors de l'eau. Et les conditions hors de l'eau, c'est est-ce qu'on a accès à du matériel ? Est-ce qu'on peut construire sur place les structures ? Parce que sinon, pour moi, ça n'a aucun intérêt, par contre, qu'on achète des structures en Europe et qu'on les exporte vers là-bas. On va être complètement au contraire de notre objectif. Et donc... C'est à ce moment-là que du coup, on a compris, là aujourd'hui par exemple, sur la première île, Nositanga, qu'on a. C'est une île autour de laquelle il y a beaucoup de pêcheurs. C'est vraiment une île où l'activité de la pêche récifale est très active. Sur cette île, on a dit, d'ici 2026, on va planter 35 000 coraux. Ça va recouvrir 6 000 m² de récifs restaurés et ça va apporter une couverture corallienne de plus de 40 %. Et donc ça, ça va garantir un retour de biodiversité. Et on veut le faire en travaillant avec les pêcheurs, les communautés locales de pêcheurs. Donc ça, c'est ce qu'on a démarré cette année. On est à 4000 cours dans l'eau pour l'instant. On est très contents d'ailleurs. Et en fait, il y a une chaîne qui s'est installée, qui est très simple, qui est qu'avant de planter, on a obtenu les autorisations des autorités locales, ce qu'on va appeler en France une commune. Là-bas, on appelle ça un Foucountagne. Et donc on va avoir l'autorisation d'abord du chef Foukontane, qui va dire ok, on est partant. Ensuite, on a réuni les associations de pêcheurs qui pêchent dans la région, leur expliquer notre travail, et leur proposer du coup d'être aussi garants de la sécurité de nos structures. Et donc ils vont un peu avoir un rôle de ranger. Et ensuite, les structures métalliques qu'on va mettre dans l'eau, elles sont soudées localement. par un soudeur local. Et ensuite, elles sont traitées, on va les couvrir avec du sable et de la résine, un mélange. Et en fait, ce travail, il va être fait aussi par les communautés locales, en fait, principalement des femmes de pêcheurs qui vont avoir des compléments de revenus grâce à cette activité. Et à la fin, c'est mon équipe de biologistes qui vont aller planter le corail, sélectionner les espèces, les attacher sur les structures, et ensuite surveiller pendant trois ans la croissance de ces coraux. et de voir un peu leur développement. Donc c'est un peu comme ça que la chaîne fonctionne. Et l'idée à terme, c'est aussi faire en sorte que tout ce rassemblement d'acteurs puisse ensemble faire du plaidoyer, que ce soit auprès des touristes qui viennent, leur dire qu'il faut respecter ces zones, que ce soit auprès des autres pêcheurs, parce que parfois il y a des pêcheurs qui viennent d'autres villages, qui viennent aussi dans ces Ausha, qui ont encore les mauvaises pratiques. Ou aussi auprès des autorités, parce qu'il y a souvent... les ministères de la pêche qui descendent dans les différents villages pour leur parler. Et donc en fait, ça vient maintenant aussi des communautés locales d'avoir ce discours du besoin de conservation et de protection des récifs coralliens. Donc c'est vraiment l'idée de créer une boucle vertueuse en fait.

  • Speaker #1

    Oui, je pense que c'est vraiment ça qui fait toute la différence. Il y a encore beaucoup de programmes de conservation qui excluent énormément les populations locales, qui leur privent l'accès justement. qui est souvent une source de nourriture. C'est vrai que ça fait toute la différence de les inclure là-dedans et de les inclure dans l'effort de conservation. Tu as parlé du plaidoyer. Justement, on va y revenir sur cette partie parce que c'est un peu pour ça qu'on fait ce podcast aussi.

  • Speaker #2

    D'abord,

  • Speaker #1

    tu pourrais nous dire, dans les grandes lignes, c'est quoi les ambitions pour Corail ? Comment est-ce que tu te vois évoluer dans les prochaines années ? Je sais que tu m'avais parlé de, pour le moment, vous êtes à Madagascar, mais peut-être aller ailleurs, de ne pas rester juste sur les récifs coraliens.

  • Speaker #0

    Carrément, carrément.

  • Speaker #2

    On va s'arrêter là pour aujourd'hui. Merci en tout cas d'avoir écouté ce premier épisode de Régénération Corail. C'était tellement intéressant notre conversation avec Gemila qu'elle a duré plus longtemps que prévu. Et j'ai donc décidé de couper cette interview en deux épisodes. Vous retrouverez donc la suite dans deux semaines. Gemila nous parlera donc de ses ambitions pour Corail et aussi de ses recommandations concrètes pour passer à l'action. Merci d'avoir écouté cet épisode de Régénération Corail jusqu'au bout. J'espère qu'il vous aura donné envie de passer à l'action. et que vous en ressortez mieux équipés pour faire partie de la génération qui agit. On écrit aussi des articles sur le site internet de Corail que vous pouvez consulter gratuitement pour aller plus loin. Si cet épisode vous a plu, abonnez-vous, partagez-le autour de vous et parlez-en. N'hésitez pas à laisser des petites étoiles et commentaires sur votre plateforme d'écoute ou à nous écrire sur contact.corail-africa.com si vous voulez faire un retour. Enfin, si vous souhaitez soutenir concrètement le podcast, vous pouvez faire un bond défiscalisé sur Eloasso. Vous trouverez tous les liens dans la description de l'épisode. Et à très vite pour le prochain !

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