Pour l’économiste et urbaniste Jean Haëntjens, auteur de Comment les géants du numérique veulent gouverner nos villes : La cité face aux algorithmes (Rue de l’échiquier, 2018), la numérisation croissante des villes nous place devant un choix décisif : préserver la cité politique, agora humaniste au service du bien commun, ou bien embrasser la smart city, ville régie et optimisée par les algorithmes. Deux conceptions diamétralement opposées. Alors que leur régulation numérique pourrait permettre des gains incontestables, notamment en matière de transports et d’énergie, la smart city promet aussi la consécration d’une « ville-services », intégralement soumise au marché et à la quête de profit, faisant des citoyens des consommateurs ou des usagers. Jean Haëntjens craint ainsi la disparition de toute démocratie locale, de la figure même du maire et de la place des acteurs publics, réduits à des fonctions d’« assistance sociale » dans des villes totalement automatisées. Aussi, il en appelle à préserver la cité politique, lieu de débat, d’échange et de rencontre. Une ville humaniste, non dénuée de services numériques, mais y recourant avec parcimonie.
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