- Speaker #0
Salut Zoé !
- Speaker #1
Salut Romain !
- Speaker #0
Merci de m'accueillir aujourd'hui à Vevey, dans Chez Toi, pour nous parler de ton parcours sur mon podcast. Pour commencer, je vais déjà te laisser te présenter de manière générale.
- Speaker #1
Alors, je m'appelle Zoé, j'ai bientôt 50 ans, je suis une artiste, femme-mère, je nomme ça parce que ce n'est pas un truc, je trouve... C'est évident, en fait. Je trouve que le rôle de parent et d'artiste, ça se frotte beaucoup. Je suis, comment dire, un peu une polyamoureuse des matériaux. Je vais un peu dans tous les sens, en fait. Qu'est-ce que je pourrais dire d'autre ? La spiritualité ou, on va dire, la connexion à la conscience universelle, c'est quelque chose qui est très important pour moi. Et puis, le soin de manière générale, le soin à l'autre, à soi-même, à notre environnement, c'est aussi quelque chose de central dans ma vie.
- Speaker #0
Et quel est le nom de ton entreprise et qu'est-ce que tu y fais ?
- Speaker #1
Alors, le nom de mon entreprise, c'est Lune, au pluriel. J'ai nommé ça à un moment où je n'avais pas conscience que Luna aurait été un peu comme ça, un peu l'iglette. ce que j'ai fait commencé à me soigner moi-même à travers la menstruation consciente, dans un moment de vie où j'étais en crise et où je n'avais pas conscience que j'avais ce qui s'appelle le trouble dysphorique prémenstruel. Et des choses sont arrivées à moi et j'ai commencé à travailler autour de la menstruation consciente, de la ménopause consciente, de toute cette cyclicité en fait. Et c'était évident pour moi que ça s'appelle lune, puisqu'on appelle les règles les lunes, et que c'est aussi une énergie qui influence tout ce qui est vivant sur Terre.
- Speaker #0
Du coup, tu as commencé par te soigner toi, et après maintenant, tu proposes ça à travers lune à d'autres personnes.
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Grâce à des personnes qui sont venues me chercher en fait, en entendant. Ceux dont je témoignais et puis qui sont venus me demander de partager ce que je faisais. D'accord. Mais je ne fais pas ça d'une manière, comment dire, intensive. Voilà, quand on me demande, je le fais. Mais je ne suis pas là à promouvoir ça à fond la caisse.
- Speaker #0
Quelles sont selon toi trois qualités importantes pour entreprendre, qu'on entreprenne quoi que ce soit ? Trois qualités qu'il faudrait avoir ?
- Speaker #1
Le courage. c'est-à-dire d'avancer avec ses peurs, que l'énergie de la peur te mobilise et pas te tétanise. Une sorte de folie quand même, parce que je trouve que quand j'exprime une idée folle comme traduire un livre alors que je ne suis pas traductrice, il y a beaucoup de gens qui vont te dire « Ouais mais… Ouais mais… »
- Speaker #0
Il faut savoir faire face à ça
- Speaker #1
Oui, puis de se dire Ben oui, c'est un truc fou Et alors ?
- Speaker #0
Mais ces gens, souvent, c'est parce qu'ils ont peur Ils ont peur pour toi parce qu'ils t'aiment Et qu'ils ont peur pour toi Oui,
- Speaker #1
mais c'est souvent aussi parce que c'est des gens qui n'entreprennent pas C'est surtout ça, je pense
- Speaker #0
Oui, sûrement
- Speaker #1
Donc, courage, folie Puis je dirais Opiné à trottinette C'est-à-dire que les obstacles, on a quand même une pété.
- Speaker #0
C'est ça qui rend l'aventure intéressante.
- Speaker #1
Oui, des fois fatigante. Mais de continuer malgré tout et de dire, je vais bouffer ma tartine de merde. Parce qu'il y a toute cette liberté qu'on a, qui est incroyable. Comment dire, cette quête d'aventure, d'aller en dehors de tout ce qui se fait. Et puis à la fois, tous les obstacles ou tous les côtés moins sexy de l'histoire de quelqu'un qui entreprend. Et puis c'est vraiment avoir faim de la tartine de merde qui va avec.
- Speaker #0
J'adore ton image.
- Speaker #1
C'est pas de moi.
- Speaker #0
C'est exactement ça.
- Speaker #1
C'est pas de moi, c'est d'Elisabeth Gilbert qui a écrit Monge Prième et puis qui a écrit un livre qui s'appelle, je crois, Grande Magie ou quelque chose comme ça. Ok. Oui.
- Speaker #0
Oui, j'adore en tout cas. On a déjà une belle base pour commencer, on va partir sur ton parcours scolaire. Où est-ce que tu as grandi ? Où est-ce que tu as fait tes écoles obligatoires ? Et quel cursus tu as suivi de formation ?
- Speaker #1
Alors, j'ai grandi à Lausanne et environ. Et moi, j'ai commencé l'école à 7 ans. Donc, je n'ai déjà pas fait l'école enfantine. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais je me rappelle que je faisais des fiches dans une garderie. associative à Venn qui s'appelait la Gardoche et je me rappelle qu'il y avait tous les enfants et moi j'étais dans une petite pièce avec mon frère qui ne voulait pas me quitter et puis je faisais des fiches. Voilà, puis j'ai commencé l'école à 7 ans. Le parcours, je crois que je me suis sentie un peu tout du long assez à côté de la plaque au niveau des interactions avec... les autres.
- Speaker #0
Que ce soit élève ou professeur ou bien ?
- Speaker #1
Plutôt les élèves. Donc prendre soin de sa santé. Tu peux tout faire aussi. Imaginons tu fabriques un baume, tu reconnais les plantes, tu vas observer la nature, tu prends conscience que c'est pas que tu es dans la nature, tu es la nature. Tu es une personne qui... qui fait partie vraiment de ça. Puis l'histoire et la géo, mais en allant vraiment dans les lieux. Parce qu'en tout cas, moi, il n'y a que comme ça que j'apprends la géographie ou l'histoire. Lire un truc dans un livre, moi, ça fait...
- Speaker #0
Je pense qu'il y a beaucoup d'élèves pour qui c'est le cas. De lire, on lit, on sait encore à l'examen, mais deux semaines après, on n'a plus rien retenu.
- Speaker #1
Pour moi, c'est vraiment passer par l'expérience du corps. J'observerais un petit enfant, un tout bébé, en se roulant par terre, il a toute la myélinisation de ses nerfs qui se forment, il va se lever, tomber, se lever, tomber, continuer, il va devoir avoir cette opiniâtreté, ce désir brûlant de s'élever comme les autres. personnes autour d'elle ou de lui ou des lui et puis ensuite par mimétisme va faire enfin voilà il apprend à parler où elle apprend à parler et ça c'est pour moi les deux choses les plus difficiles que l'humain à apprendre et on les fait en autonomie on nous dit bien en tant que parent tu peux donner la main mais ça ça fait que ça retarde la marche parce que la personne peut pas faire ses muscles de la façon dont elle a besoin. Et pour moi, c'est faire confiance à la personne qu'ayant appris ces deux choses les plus complexes, le reste, ça va aller tout seul. Après, j'ai conscience aussi que chaque famille, de par la société et son organisation, n'offre pas cet environnement à ses enfants. Donc, on a besoin de l'école publique. Et je me suis fait une raison. d'envoyer mes enfants à l'école publique en me disant que c'est un système de garde. C'est pour ça que l'école a été créée à la base. C'était pour garder les enfants pendant que les parents allaient travailler. La période de 45 minutes, j'ai appris ça grâce à une crise majeure dans mon travail. Ce n'est pas un truc physiologique. C'est le temps d'une chaîne de montage. Et on en reste là. Pour moi, ça, ça devrait être changé. Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas du français pendant... Un mois, puis ensuite on fait un mois de maths, puis ensuite... Je pense qu'on pourrait au moins essayer de changer les choses, mais il y a plein de lobbies là-derrière, tu vois.
- Speaker #2
Comme,
- Speaker #1
je ne sais pas, toutes les brochures, tout ça. Les meubles même, tu vois. Si tu regardes dans l'enseignement public, tu ne peux pas... choisir ton mobilier. Moi, j'adore l'escabeau Ikea. Pourquoi ? Parce que tu peux y asseoir des enfants, des adultes, tu peux le déplacer, tu peux en faire un marche-pied, tu peux, en les mettant à la suite, faire un tunnel chez les petits. C'est quelque chose de hyper polyvalent. Et on n'a pas le droit de commander ça chez Ikea parce que l'État travaille avec des entreprises. Donc, c'est vraiment... Quand tu commences à gratter, tout va très, très, très, très loin. Et Pour ne pas devenir complètement dépressive, moi j'ai choisi la posture de l'accueil. Et souvent, c'est quelque chose qui peut me rendre triste, ça consiste à accueillir le moins pire, alors que j'aimerais pouvoir accueillir le meilleur.
- Speaker #0
Mais c'est vrai qu'en résumé, on est quand même sur un système vieillissant qui mériterait d'être revu. Et non seulement, tu disais que quand tu grattes, tu découvres de plus en plus de choses, mais c'est aussi lent.
- Speaker #1
Oui, mais c'est lent parce qu'il y a cette masse critique, je pense. C'est 25% qu'il faut atteindre, 25% de personnes conscientes de quelque chose pour que le changement... Et puis aussi ce truc, c'est Idrissa Bergan qui parle de ça. Je ne me rappelle plus des trois termes, mais c'est ridicule, dangereux, évident quand il y a un changement. Ça te dit quelque chose ?
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Moi, je me rappelle être allée en pédopsy avec mes enfants parce que j'avais de la peine à comprendre mon enfant aîné alors que j'avais eu mille élèves et puis je me disais mes choses. je ne comprends pas cette personne, comment cette personne fonctionne. C'est quelqu'un depuis tout petit qui me dit, je ne comprends pas pourquoi on n'apprend pas notre métier tout de suite. Pourquoi on doit aller à l'école ? Moi, je sais que je vais être brocantier. Bon, maintenant, il a changé, mais je veux dire, donc brocanteur. Mais je trouvais la question intéressante. Il faut que je retombe sur mes pattes. Oui, cette masse critique est de dangereux. ridicule, dangereux, évident. Donc j'allais chez la pédopsy puis je disais, mais moi je rêverais vraiment de faire comme... Il s'appelle André, je sais plus comment, ça va me revenir aussi, mais c'est quelqu'un qui n'est jamais allé à l'école puis qui a fait plein de podcasts là-dessus. Je rêverais qu'ils aillent jamais à l'école, puis qu'ils poussent comme de la dandelion et tout. Bon, c'était pas possible. de par notre situation familiale, et j'aurais pas pu, d'un point de vue de santé mentale, prendre en charge ça avec mes enfants. Mais c'était ça, puis la pédopsy me disait, « Oui, mais c'est quand même un peu radical de ne pas les mettre à l'école, etc. » Et puis, j'étais là, « Mais pensez ce que vous voulez. » Mais ça ne me paraît pas ridicule, ��a ne me paraît pas dangereux. Ce serait tout à fait possible, mais il faut avoir un cercle qui soutient ça. ce qu'on n'a pas puisqu'on vit comme ça de façon éclatée dans notre société et maintenant on est dans une période où on recrée nos villages c'est-à-dire il y a des cercles de femmes des cercles de paroles d'hommes, de femmes mixtes des groupes moi j'ai créé un groupe qui s'appelle Veux en Action où tu peux dire je rêve de repeindre mon salon mais j'ai pas le punch pour le faire, qui vient m'aider et puis t'as deux trois personnes qui te répandent au MP, je suis disponible le temps et puis on est en train maintenant de recréer ça gentiment. Et là, le Covid. Et puis, je dis à la pédopsy. Et maintenant, on est tous à faire l'école à la maison. Est-ce que c'est si terrible ? La seule chose que j'ai trouvée terrible, moi, c'était pour les tout petits enfants qui étaient à la crèche, de travailler, d'être avec des adultes qui ont le masque. Je me suis dit, tiens, je me demande dans quatre ans, quand ces personnes vont commencer l'école enfantine, quels seront les besoins en logopédie ? Parce qu'il y a tout ce qu'on observe des émotions et de la posture de la bouche, de la langue, des dents et tout ça. Et effectivement, maintenant, il y a une problématique.
- Speaker #0
Tu as eu des moments de doute dans tes formations ?
- Speaker #1
Les études pédagogiques, ça m'a pris moins de trois semaines. Je me suis dit, mais c'est n'importe quoi. On nous annonçait des trucs comme des faits. J'étais un peu, mais est-ce qu'on peut se questionner ? Est-ce qu'on peut en discuter ? Non, c'est comme ça. Oh, d'accord. Il faut avoir 75% de réussite. Pour moi, l'école publique... comme je la voyais, c'était vraiment on apprend aux enfants à être dociles sur des chaises de bureau et à remplir des classeurs fédéraux. Mais j'ai eu du bol parce que j'ai vraiment... J'étais en stage dans une classe... qui était dans un EMS. Et c'est génial ! C'est extraordinaire ! J'ai vu des trucs incroyables. Et après, t'as de nouveau ce truc de globalisation, recentralisé. Donc, c'est des classes qui ferment. Et puis, c'est hyper dommage. Là, j'ai eu des doutes, tout de suite. Les études de céramique, jamais. Les beaux-arts, ben, oui, parce que j'ai pas très bien compris, en fait. De nouveau, pourquoi je ne pouvais pas choisir les options qui me plaisaient tout de suite ? Quand on était en première année, il n'y avait que certaines options qui étaient ouvertes. Et puis la sérigraphie ou le théâtre, je ne sais pas quoi, c'était pour la deuxième. Je trouvais ça un petit peu dommage, parce que la théorie des couleurs, je peux l'apprendre en faisant de la sérigraphie. Je n'ai pas besoin de faire un cours pour ça pendant six mois. C'est ma façon de voir. c'est comment est structurée notre société comme ça, de façon fragmentée. La même chose à l'école, tu as des périodes de ci, de ci, de ça. Alors que la vision holistique, si je prends la médecine par exemple, ça nous permettrait d'aller un peu plus rapidement dans certains diagnostics, comme par exemple celui que j'ai eu de troubles dysphoriques prémenstruels. J'avais discuté lors d'une table ronde. avec un médecin en disant, mais quand même, moi je pense que j'ai été en errance pendant dix ans avec une gynécologue qui m'a diagnostiqué dépressive et puis qui me faisait mes arrêts de travail puis qui n'a pas percuté une seconde que c'était ça. Puis je me dis, c'est quand même dans sa spécialité. Puis il me dit, oui, eh. Dans le sens où, par exemple, ce trouble-là, c'est quelque chose qui est au niveau hormonal,
- Speaker #2
au niveau psy et au niveau de la gynécologie.
- Speaker #1
Et comme notre médecine est fragmentée,
- Speaker #0
ils ne peuvent pas faire le lien.
- Speaker #1
Et puis, je pense qu'il y a beaucoup de choses comme ça qui sont fragmentées et qui font qu'on se sent, en tout cas moi, je me suis sentie aliénée très souvent dans le système.
- Speaker #0
Et comment t'as surmonté alors ces moments de doute ? Tu changes de voie ?
- Speaker #1
Pour les études pédagogiques, c'était vraiment un besoin de survie, d'arriver au bout et puis de pouvoir vivre ma vie. Pour les beaux-arts, je me suis dit, je fais une pause. Je ne suis pas bien, mais tu vois, j'étais quand même vachement plus jeune, j'avais 23 ans. Aujourd'hui, je suis dans un moment de doute, par exemple, par rapport à mon entreprise. J'ai fait le choix d'arrêter de créer les serviettes hygiéniques lavables avec les illustrations de soins sacrés que je fais depuis 2018 et je ne sais pas vers quoi je vais. Et j'arrive à vivre ça non pas comme une crise anxiogène, où je me dis « mon Dieu, je ne sais pas, vite, inscrivons-nous à une formation XY, il faut que j'apprenne un truc, il faut que je sache où je vais, il faut que je produise, que je sois rentable, etc. » Là, actuellement, j'ai cet immense luxe. de pouvoir m'offrir du temps et de me dire, tiens, comment je me sens dans cet espace où je ne sais pas ? Et tiens, si je me laissais être et que juste je sois attentive aux propositions de la vie ? Là, je reviens, je te disais avant qu'on... On commence l'enregistrement. Je reviens d'une initiation que j'ai reçue, une initiation de prêtresse que j'ai reçue, mais je ne peux pas en dire trop parce que c'est un truc sacré. Et le sacré et le secret, c'est assez lié, mais c'est quelque chose de très spirituel et puis très ancien. Je travaille beaucoup à retisser le lien des initiations perdues. On n'a plus les rituels, par exemple, pour l'adolescence. quand la fille devient monstruée ou le garçon, je ne vais pas dire juste que vous avez la voix grave, mais vous vivez vos séménarches, ça s'appelle, il n'y a plus tous ces rituels. Ce qui nous reste des rituels, c'est, donc je parle de rituels, je ne parle pas d'exorcisme ou de choses comme ça, démystifions un peu, mais il reste l'anniversaire Noël, en gros. Le moment où on allume une bougie et puis on fait des chants. Mais il y en avait plein dans les rituels païens, nos paysans, la fête des récoltes, la désalpe en Suisse, c'est un de nos rituels. Et actuellement, il y a le réveil de tout ça. Et je sais que je travaille pour ça. J'ai aucune idée de ce que je fais. Et c'est OK parce que je sais que je vais quelque part. Je ne sais juste pas où. Je sais que je n'y arriverai jamais. et que j'ai ben voilà à 50 ans j'ai aussi une sorte de tranquillité où je sais que c'est pas ma rentabilité même ma visibilité qui fait la valeur de qui je suis et ça je savais pas avant 23 ans voilà je crois que le but intime de ma vie c'est Si je vois les choses de façon très très holistique, si je suis la conscience, et que tu es la conscience, que nous sommes juste deux facettes de la boule à facettes, mon but c'est de devenir de plus en plus consciente de moi-même. Donc c'est interminable.
- Speaker #0
T'arriveras jamais à la fin.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Est-ce qu'on arrive gentiment au bout de ton parcours scolaire ? Est-ce qu'il y a quelque chose que tu aimerais ajouter à propos de l'école ? On peut partir sur ton parcours entrepreneurial.
- Speaker #1
Je dirais que ce que j'ai aimé de l'école, c'est tout ce qu'il y avait à côté, en fait. Toutes les options. Après, j'étais dans un collège genre fame, quoi. Vraiment. Moi, un truc qui m'a sauvé la vie à l'école, c'est l'improvisation théâtrale. Parce que j'étais méga, méga timide. Je ne pouvais pas, en classe, parler comme je te parle maintenant. Et puis, c'était vraiment hyper souffrant. Vraiment, je me disais, mais... J'ai l'impression que je vais mourir. Et il y avait ce cours d'impro théâtrale. Et puis, ils n'avaient pas assez de monde. Donc, ils m'ont pris une année plus jeune que ce qu'ils prenaient. Et j'ai découvert un truc incroyable, vraiment.
- Speaker #0
Qui t'a beaucoup aidée ?
- Speaker #1
Ça m'a sauvée la vie, plusieurs fois.
- Speaker #0
Ok. Quand tu étais petite, qu'est-ce que tu rêvais de faire comme métier plus tard ?
- Speaker #1
Je ne pense pas que j'avais en tout premier lieu une idée de métier. J'avais une sorte de vision comme ça, où je me voyais à une table, dessiner, peindre et coudre. Juste ça. Je n'arrivais pas à m'imaginer faire un métier. Après, il y a eu maîtresse d'école, mais parce que j'ai eu des maîtresses super inspirantes, qui étaient bonnards et tout. Mais ça m'a vite, vite passé. Ensuite, j'ai voulu être styliste, parce que la maman d'un... pote de hockey, mon frère était styliste et son atelier avec toutes ces matières, c'était assez dingue. J'ai tout de suite commencé à faire de la couture. Je me faisais mes habits, je faisais des prototypes sur mes barbies et tout. Hyper tard, je me suis toujours fait des vêtements. Même, je me rappelle que je récupérais les tissus des fringues de la famille pour me faire des vêtements. Et puis, je finis styliste de fond de culotte. Ça, j'ai toujours voulu faire. Et je me rappelle qu'au moment de choisir justement si j'allais au gymnase ou pas, on était allé la journée des métiers avec ma mère. Puis, il n'y avait pas d'apprentissage de styliste à l'époque. Il y avait la directrice de l'école de couture qui avait dit, viens dans mon école ou sinon c'est Paris. Puis moi... 15 ans et demi à Paris, what, où ? Et à l'école de couture, je m'étais mis tellement de pression pour faire des bonnes notes que j'ai dit non, et puis c'est super dommage. Je n'avais pas cette conscience que j'ai aujourd'hui. En tout cas, quelque chose d'artistique, de créatif, où je peux m'exprimer, où il y a de la communication.
- Speaker #0
Et comment est-ce que tu as compris que tu allais entreprendre ? Est-ce qu'il y a eu un déclic à un moment ou est-ce que ça a découlé plutôt de... ?
- Speaker #1
Je crois que j'entreprends depuis toujours, en fait. Dans le sens où, très jeune, j'ai fait, par exemple, des dessins que je reproduisais en photocopie couleur, soit que je ferais, soit que je vendais. Dès qu'il y avait, je ne sais pas, j'ai fait beaucoup de voiles aussi quand j'étais plus jeune. Et puis dans le cercle de voiles où j'étais... Il y a une course qui est très connue qui s'appelle les 5 jours du Léman, où il n'y avait plus de président d'organisation. Puis moi, à 23 ans, j'ai dit, oh, mais trop d'hommage. Et puis, j'ai repris ce truc. Alors, c'est du bénévolat, mais c'est quand même tenir, on va dire, un espace où il faut aller voir des boîtes pour des sponsors. Moi, je me dis, mais j'étais un bébé, quoi. Tu vas à Securitas Direct. J'aimerais 20 000 francs. T'es là, waouh. Donc, pour moi, ça, c'est de l'entreprise. C'est vraiment être un moteur, être dans un certain leadership. Puis, ouais, en plus d'être une petite nana, la voile, c'est quand même... En tout cas, à l'époque, c'était vraiment un monde de mecs. En plus, les femmes. Malheur sur les bateaux. Ah, mon Dieu. Heureusement que je n'étais pas consciente, mais... donc Je crois que j'entreprends depuis toujours aussi à guider un peu les autres à faire des conneries. Si je prends cet exemple-là, pour moi, c'est entreprendre quelque chose, d'arriver à fédérer 20 élèves à faire une connerie. Je me dis, avec le recul, mais là, c'est maintenant que je t'en parle, je me dis, c'est quand même assez du leadership.
- Speaker #0
C'est clair.
- Speaker #1
Et je ne me percevais pas du tout comme ça. Moi, je me percevais comme quelqu'un d'assez timide. Puis justement, qui n'était pas dans un groupe, pas outsider ou quoi, mais je ne sais pas, oui. Un autre truc quand même de leadership d'entrepreneur, je me rappelle que, alors c'est dans le domaine romantique un peu, mais il y avait la classe des racks, tu vois. On était, nous, à ce qui correspond à la 11e maintenant. Puis il y avait un mec qui avait une veste d'aviateur comme ça. Genre, je pense que j'étais amoureuse de la veste. Et j'avais dit à une copine, ouais, j'aimerais bien. et puis Elle me dit, il est tout seul dans la classe. Puis moi, salut, c'est moi qui suis amoureuse de toi. Puis mes copines, mais t'es malade. Je te l'entends, mais on n'a qu'une vie. Je m'étais pris un monstre à tôt, mais d'oser y aller, en fait. Le non, je l'ai déjà. Au pire, ça ne change rien. Au mieux, ça change tout. Je crois que c'est quand même pas mal, ça.
- Speaker #0
Puis pour commencer, comme vision d'entrepreneur, c'est aussi pas mal. C'est exactement ça. T'es passée par le salariat. Qu'est-ce que t'en as pensé ?
- Speaker #1
Ah, j'ai une anecdote là-dessus. J'ai toujours eu des contrats à durée indéterminée jusqu'à, je crois que j'étais maman, je venais d'être maman, quelque chose comme ça. Où là, je savais que légalement, l'état de vôtre était hors des clous parce que ça faisait déjà cinq ans qu'ils m'employaient pour le même poste à temps partiel, mais en CDI. Et là où j'ai demandé au syndicat, qu'est-ce qui se passe ? Puis ils m'ont dit, mais ça devrait déjà faire au moins deux ans, voire trois, que vous ayez un contrat de durée indéterminée. Et j'ai eu mon contrat de durée indéterminée. Et je me suis sentie hyper mal. Je ne peux pas expliquer, mais c'est un truc dans mes tripes. Je me suis sentie comme mariée un peu. Et ça me fait cette sensation d'être domestiquée, d'être... Je ne sais pas, c'est vraiment une sensation physique. Ce n'est pas un truc mental. Et en même temps, tant mieux que j'ai eu ça. Parce qu'au moment où j'ai eu cette crise de vie, où je suis tombée malade, ça m'a... Ça m'a sauvé les miches, quoi, vraiment. Mais dans mes tripes, ça m'a fait un peu... Il y a un truc bizarre.
- Speaker #0
Donc, quoi une expérience top dans...
- Speaker #1
Au niveau de mes sensations, je parle vraiment de mes sensations. Après, au niveau pragmatique, c'est clair que... On le sait, bouffer autre chose que des pâtes, c'est sympa quand même.
- Speaker #0
Enfin,
- Speaker #1
je ne sais pas si toi, tu as eu une expérience salariée, mais... il y a quand même un petit truc qui se tranquillise. Mais c'est à doute tranchant, parce que t'as cette sécurité, puis en même temps, il y a un petit truc à l'intérieur de toi qui est en train de mourir, et t'as cette âme, franchement.
- Speaker #0
Comment se passe une journée type ? Donc dans ta vie d'entrepreneuse, entrepreneur. Waouh !
- Speaker #1
Ben j'ai pas de journée type. J'ai pas de journée type, enfin... Tu vois, j'ai pas de week-end, j'ai pas de vacances. Je dois me créer mes week-ends en plein milieu de semaine en me disant « Oh non, de plus, ça fait trois semaines que tu t'es pas reposé, tu vois ? » Je pense que tu sais, enfin le... Je pense que le burn-out, c'est le truc qui guette l'entrepreneur. Parce que tu ne timbres pas.
- Speaker #0
Tout le temps la tête dans le guidon.
- Speaker #1
Oui, et puis que l'inspiration, elle te tombe dessus à n'importe quel moment. Parce que tout à coup, si tu es dans le flot, c'est un peu dommage de s'arrêter.
- Speaker #0
Ah, je finis encore cette tâche.
- Speaker #1
Ouais. Moi, en fait, mon processus créatif, il va être assez calqué avec, on va dire, la lune ou la cyclicité. C'est-à-dire que je me rappelle que j'ai besoin d'un moment où je fais mon tri, mon feedback. Qu'est-ce que je garde, qu'est-ce que je ne garde pas ? Qu'il y a un moment un petit peu comme ça introspectif, pas un petit peu introspectif, qui peut être un peu sombre parce que tu discrimines ou tu discernes. les graines que tu veux voir germer de celles que tu mets de côté dans tes projets parce qu'il faut quand même faire beaucoup de choix et puis ensuite cette phase où tu as fait le tri, où tu t'hibernes un peu puis tu laisses mijoter puis après tu repars pour un tour jusqu'à célébrer, mettons une exposition ou je sais pas tu délivres un podcast ou tu vois ce truc où Il y a ce glow, on va dire. Puis après, tu repars pour un tour de nouveau introspectif. Pour moi, c'est vraiment... J'inspire, je vais vers les autres, j'expire, je retourne à moi. D'avoir toujours cette conscience. Il y a plein d'artistes qui le disent. Quand tu traverses ça sans conscience, tu as l'impression que tu fais des dépressions à répétition. Puis à partir du moment où tu le vis en conscience, tu te dis, ah oui, c'est mon moment de purge, de compostage, de discernement, de... Je ne sais pas si tu... Ça te parle ce que je dis, mais je pense que oui. Et ouais, je pense qu'à partir du moment où j'ai pu ressentir ça, ça m'a aussi vachement moins angoissée.
- Speaker #0
Mais donc, t'as pas vraiment de journée type, tu fais... Ouais,
- Speaker #1
puis en plus, on bosse en chez moi, quoi. Et on est en mer.
- Speaker #0
Non. C'est un peu compliqué. Comment est-ce que tu décrirais, d'ailleurs, ton parcours entrepreneurial jusqu'ici ?
- Speaker #1
Ces huit dernières années, avant de créer Lune, je me rappelle quand je discutais en psychothérapie avec ma psychiatre qui me disait « mais vous voulez pas vous y remettre ? » parce que j'ai eu plein d'autres sites, plein d'autres entreprises. J'ai eu Noosphère, j'ai eu Zoé Genet, j'avais un immense atelier de céramique à Vevey, mais genre 120 m², c'est vraiment grand. Je travaillais toujours avec la HEP. Je recevais les profs en formation continue. Enfin, moi, comment je décrirais ça ? En tout cas, on va dire depuis la crise de vie de la quarantaine, comme ça, multifactorielle, je disais à ma psy, non, je ne veux plus ça. C'est tellement exigeant. Ça demande d'être comptable, d'être visionnaire. d'avoir du courage, d'opinion, et tout. Je dis, non, ça, je ne veux plus. C'est trop exigeant. Puis, je pense que c'est un truc, je ne peux pas lutter contre ça. Je pense que je suis entrepreneuse. Et si je regarde le transgénérationnel, mon grand-père maternel, c'est quelqu'un, je crois qu'il a eu la première batterie de poules de Romandie. Après, je crois qu'il a racheté une boîte de quincaillerie. Il a eu une entreprise de transport d'enfants à besoins spécifiques. Je me rappelle quand j'étais petite et que je n'allais pas à l'école, je faisais des tournées avec lui. Je ne sais pas combien d'entreprises il a eues. Je pense que c'est un truc, ça coule dans mes veines.
- Speaker #0
Donc, c'est un parcours semé d'embûches, d'obstacles.
- Speaker #1
Ah, plutôt, ouais. Bon, c'est quand même comme ça qu'on apprend à marcher, en se pétant la gueule. C'est clair. Et puis... Je pense qu'en Suisse, tu te casses la figure et tu te dis « Ah non, ce n'est pas pour toi » . Mais j'ai l'impression que je ne suis jamais allée aux États-Unis, mais qu'aux États-Unis, si tu ne t'es pas pété la gueule, tu n'es pas quelqu'un de sérieux, en fait.
- Speaker #0
Ils n'ont pas la même vision que nous, c'est clair. Quelle a été ta plus grosse difficulté ?
- Speaker #1
Dans l'entrepreneuriat ?
- Speaker #0
Oui, exactement.
- Speaker #1
C'est triste, mais c'est vrai. C'est d'entreprendre en étant… mariée, puis que voilà, c'était cette configuration-là où l'autre ne comprend pas ce que je fais, où l'autre a peur et tout ça, d'incarner mon leadership malgré cette tension. Ça, j'ai trouvé difficile, en fait. Parce que ça met en jeu plus que juste ton entreprise, ça met en jeu des tensions au niveau du couple, de la famille, et tout ça. Ça, j'ai trouvé, je pense que c'est vraiment... indispensable, si on est en relation, d'avoir un best friend qui est tout le temps là à t'encourager. D'avoir du soutien. Parce que c'est tellement d'énergie, c'est tellement exigeant que tu ne peux pas te permettre d'avoir on va dire des collaborateurs tristes quels qu'ils soient. Même si c'est ton... ton conjoint, qui n'y croient pas, en fait. Parce que tu dois vraiment croire en toi. Donc, si tu as quelqu'un qui est tout le temps là, en train de douter à côté de toi, c'est tellement lourd, quoi.
- Speaker #0
Donc, le plus gros obstacle, ce serait de concilier pour toi la vie de famille et la vie de famille amoureuse et le...
- Speaker #1
Non, je pense, si je suis honnête, c'est plutôt de... d'avoir la conscience que la qualité de tes relations impacte directement ton entreprise. Parce que ton entreprise, c'est toi. Et que tu ne peux pas te... Moi, en tout cas, je me dis, je ne peux pas me permettre de travailler ou d'interagir avec des gens qui n'ont pas la foi en ce que je fais ou en ce qu'ils font ou en ce qu'elles font.
- Speaker #0
Comme tu disais, c'est déjà un parcours dur avec plein d'obstacles, tu dois déjà ramer et manger ta tartine de merde. Et puis en plus, si tu n'as pas de soutien, qu'on doute de ce que tu es en train de faire, c'est encore plus dur.
- Speaker #1
Oui, je dirais que c'est ça, bien s'entourer. Ça, c'est le truc le plus, en tout cas pour moi, avec qui je suis...
- Speaker #0
Le plus important.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Donc à l'inverse, qu'elle a été ton plus bel accomplissement ? Quelque chose dont tu as été fière, où tu t'es dit « Ah là, je suis contente de moi » .
- Speaker #1
Oui, je crois quand même les serviettes hygiéniques d'art menstruel de soin, comme ça, c'était… J'ai éclaté de rire le moment où j'ai reçu l'idée, on va dire, parce que depuis la crise de vie, ce que je pourrais décrire, c'est que je n'ai plus la volonté de faire les choses, mais que c'est comme si ça me dit… « Ah, et si tu faisais ça ? » Puis que moi, je prends la dictée et je fais en gros. Donc, c'est avec beaucoup moins d'effort. Et c'était un 31 décembre. Et je faisais déjà des serviettes hygiéniques. Et je cherchais un moyen pragmatique de réduire les étapes. J'adore jouer à faire le moins de gestes possible pour créer quelque chose.
- Speaker #0
De l'optimisation.
- Speaker #1
Oui. Et minimum d'effort, maximum d'effet.
- Speaker #0
Ah, le Pareto !
- Speaker #1
Ah, c'est un nom !
- Speaker #0
Le 8-20 !
- Speaker #1
Je ne sais pas, moi je dis toujours minimum de forme, maximum de forme, mais tu m'en parleras. Et je me dis, ah tiens, mais je pourrais m'éviter toute l'étape de patronage, c'est-à-dire d'épingler le modèle sur le tissu, en imprimant des dessins que je fais qui ont déjà la forme de la serviette. Et j'ai trouvé une entreprise qui faisait ça avec des encres à l'eau en Europe. Et je teste et j'éclate de rire de me dire, mais waouh, de l'art jusqu'au fond du slip. Et ça m'a tellement enchantée. Ouais, ça, c'était vraiment un moment de, je sais pas, d'extase. J'ai eu un fou rire.
- Speaker #0
Et t'en as eu d'autres, des moments comme ça ?
- Speaker #1
Je crois tous les trucs où c'est pas mon domaine de... compétence et où je le fais quand même. Tu vois, traduire un livre sur les premières règles. Alors que je n'ai pas de fille, que je ne suis pas traductrice, où j'ai les gonades d'écrire à la nana « Hello, my name is » . J'aimerais traduire ce livre, je l'ai lu, je ne sais même plus comment il m'est arrivé, il doit exister en français. Puis où la nana me dit « ça m'intéresse, mais ce n'est pas le moment » . Puis je me dis « ouais, mais en fait, elle me dit ça par courtoisie » . Et puis... Je me dis, je lui fais un CV, je lui envoie une photo de moi, qui suis en train de liquider mon atelier, tous les 250 bols que j'avais fait pendant mon diplôme, mes deux enfants. Puis je lui traduis les deux premières pages en écriture manuscrite. Puis elle me répond, je suis vraiment intéressée, et ce n'est pas le moment. Et une année après, elle m'écrit, c'est le moment. Puis je me dis, je suis en train de faire ça. Et c'est ce truc de, moi je reprends de nouveau Idrissa Bergen, mais love can do quoi. Si t'aimes un truc, tu peux le faire. Peut-être pas toi directement, mais tu peux trouver les personnes. T'entourer des bonnes personnes. Ouais, voilà, ouais. Et puis te dire, c'est moi qui ai fait ça.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu penses de la chance ? Est-ce qu'elle a sa place ? Est-ce que c'est que du travail acharné ? Quel est ton point de vue à ce sujet-là ?
- Speaker #1
Est-ce que ça existe, la chance ? C'est une notion un peu... Ouais, au loto, quoi. Faut jouer.
- Speaker #0
Parce qu'on entend quand même. J'imagine qu'il y a des gens qui t'ont dit « Oui, mais t'as eu de la chance. »
- Speaker #1
Oh ben merde, j'ai bouffé ma merde. Non, moi, je crois pas à ça. Moi, j'ai beaucoup écrit aussi à des personnes qui m'inspirent directement. Bonjour, je suis une petite... de personnes. J'aimerais... Je leur ai envoyé des questions, comme tu fais, là, et des personnes qui m'ont répondu. Moi, je pense que toutes les personnes que je vois qui sont en haut d'une montagne ont bouffé une montagne de merde équivalente pour arriver là où elles sont. C'est dans ce sens-là où le facteur chance, pour moi, à la rigueur, être au bon endroit, au bon moment, mais pour moi, t'as... quand même créé ce bon endroit et ce bon moment, en ayant le sens de l'occasion. Ça, c'était une céramiste japonaise qui parlait de ça. J'aime bien ce truc d'avoir le sens de l'occasion, davantage que la chance. C'est-à-dire que je ne crois pas au truc que ça t'arrive comme ça. Oh, t'es bénie, ça t'est tombé dessus. Je pense que, si on prend l'exemple le plus... visibles les acteurs, actrices, je pense quand même que c'est des gens qui ont dormi sur un matelas par terre dans une toute petite chambre. Enfin, t'es jamais découvert ou découverte. Le Saint-Esprit tout à coup met le spot sur toi. Wow ! Et je parlais de ça avec une amie qui est astrologue il y a quelque temps, par rapport à l'oracle que je suis en train de... de publier, où je disais mais j'ai peur en fait, je sens encore une petite peur en moi de... Si tout à coup ça a beaucoup de succès que j'arrive pas à suivre, à répondre à la demande. On riait parce que je me disais mais, enfin, imaginons que ça arrive. Tu peux toujours dire je ne suis pas disponible, c'est toi qui gère le truc. Et dans la réalité, il y a quand même très peu de chances que tout à coup tu sois mis en lumière, sur le podium. du jour au lendemain.
- Speaker #0
Donc, il n'y a pas vraiment de chance, c'est plus des opportunités qu'il faut savoir déjà trouver, enfin, apercevoir et puis après les saisir. Parce qu'il y a plein de gens sûrement qui ont des opportunités mais qui ne les saisissent pas non plus.
- Speaker #1
Oui, puis oser parler de ce que tu crées. Ça, c'est un truc qui n'est pas facile, je trouve.
- Speaker #0
Le regard des autres sur ce que tu fais ?
- Speaker #1
Déjà, ton propre regard, pour moi. Alors, je suis, on va dire, fille, femme. Et on ne nous a pas appris, dans cette société quand même vachement genrée, à être super fière de ce qu'on fait. On est beaucoup, moi je vais reprendre ce terme, domestiqués à rendre service. Puis après, tu t'occupes de toi. Puis d'oser être là et dire, en fait, ce que je fais... C'est vachement bien. Je suis hyper fière de mon oracle de 34 cartes basé sur un livre que j'ai traduit en accord avec l'autrice, en accord avec la maison d'édition, traduit par mon abuela hispanophone, mis en design par une amie graphiste. C'est un boulot de dingue. C'est un boulot sur 5 ans et je n'ai pas voulu faire ça. Ça m'a... ça... Je veux dire, voilà, la conscience universelle, la déesse, qui tu veux, m'a demandé de le faire. J'ai dit, bon, d'accord. J'ai fait ce truc qui est, ça représente une énergie entrepreneuriale monstrueuse, monumentale. Et cet oracle, il n'a pas de bouche pour parler. Donc, je suis son porte-parole. Je suis sa porte-parole et c'est à moi d'en parler, de dire, mais voilà, enfin. chaque dessin a été canalisé, chaque texte a été canalisé par moi. Je n'ai encore pas vu d'oracle ou de jeu de cartes divinatoire créé par une seule et même personne. En général, c'est deux personnes. Une personne qui illustre, une personne qui écrit, quand ce n'est pas trois. Et oui, c'est une chose d'oser parler de ce qu'on fait et d'en être... le parent qui, je crois qu'en anglais on dit endorse, vraiment tu prends ça c'est moi qui ai fait ça en tout cas c'est passé par moi et il faut que je le communique que je sème les graines autour de ce projet, ce podcast cette chose là, pour que les gens en entendent de parler parce que typiquement, ce podcast, ça te dépasse de donner la parole à d'autres entrepreneurs eux. Ça sème des graines ou ça souffle sur la braise des entrepreneurs qui s'ignorent. Ça donne du soin pour moi. C'est dans ce sens-là que j'entends le mot soin. Plein de gens autour de toi. Ça te dépasse complètement.
- Speaker #0
C'est vrai. Et c'est ça qui est intéressant, justement. Selon toi, quelles vont être tes plus grosses difficultés dans les années à venir ?
- Speaker #1
Moi, je sens, je ne vais pas te dire je pense, mais je sens que quelque chose est en train de se transformer. au niveau de tout ce qui est offert comme coaching, machin chose, c'est en train de me gonfler beaucoup cette histoire. Dans le sens où j'ai l'impression que tout le monde devient coach en menstruation, en énergie quantique, en yoga, en tout ça, en quoi que ce soit. Je me dis à un moment si on est tous coach, on ne va plus pouvoir se coacher les uns les autres. C'est voué à... à disparaître en fait. Moi, je ne vois pas vraiment de difficultés. Je me réjouis beaucoup en fait que nos entreprises, moi j'oeuvre pour le monde dans lequel je veux vivre, c'est-à-dire nos entreprises puissent offrir quelque chose de généreux et gratuit qui te revient sous une autre forme. Je ne sais pas comment dire ça, mais à l'image de la ville dans laquelle je vis, où je paye mes impôts, La semaine dernière, ou il y a deux semaines, j'ai pu aller chercher des légumes gratuits que la ville offre à ses habitants. Offre, c'est-à-dire que comme je paye mes impôts dans la ville, je paye les employés des parcs et jardins, et je connais leur travail parce que j'ai travaillé au parc et jardin de Vevey, qui plantent des graines de choses comestibles pour qu'on puisse les remanger. Moi, j'appelle ça l'économie. circulaire et vertueuse. Et je rêve de quelque chose comme ça. Donc je ne sais pas vers quoi on va. Et à la fois, je pense que ça va se transformer en un truc comme ça. Ou alors un truc super affreux, à la Mad Max dont on me parle. Je suis toute petite, mais j'y fais moyen. Je suis plutôt belle verte, moi, que Mad Max. Donc, pas forcément que l'argent va disparaître. du tout. J'aime bien cette idée de... en tout cas pour la part qui concerne mon entreprise, de participation libre et consciente. J'adore ça. Ouais, je sais pas. Je sais pas, mais je vois pas un truc qui pourrait me faire peur où j'ai déjà bouffé tellement de merde.
- Speaker #0
On est plus à ça.
- Speaker #1
Ouais, c'est ça.
- Speaker #0
Comment est-ce que t'entretiens quand même la vie de famille et ta vie d'entrepreneur ? Comment tu conciles les deux ? On a bien compris avant que c'était...
- Speaker #1
Beaucoup d'écrans. alors parfois j'ai demandé à mes ados vous voulez gagner de l'argent ? vous pouvez travailler pour moi donc ils ont découpé des serviettes hygiéniques ça je trouve génial en fait après ils me disent que je suis gênante et puis que je les barbe et tout ça et je suis sûre que le jour où ils rencontrent Quelques camarades menstrués qui auraient un problème de débordement ou quelque chose comme ça, ils auront le réflexe de leur offrir leur pull pour assurer un bien-être urgent, on va dire. Et qu'ils m'ont tellement vu faire ça, ils m'ont tellement entendu parler de ça que même si là ils sont dans la période où tout ce qui n'est pas moi est mieux. J'ai la foi qu'ils y reviendront. Parce qu'ils me voient épanouie là-dedans. Quand ils paument leur natelle. Maman, tu peux prendre ton pendule ? Ou qu'ils se blessent. Est-ce que tu peux me faire les mains magiques ? Même si ça les gave que je sois là-dedans. Et que je suis gênante. Et que je suis différente. Et puis un jour, ils se rendront compte que quel parent est lambda vraiment. Enfin, je ne sais pas. Tout est imparfait.
- Speaker #0
Je suis assez d'accord.
- Speaker #1
Donc, ouais, ils ont un peu bossé pour moi. Moi, j'étais hyper contente que l'énergie d'argent, elle circule au sein de la famille aussi. Ils m'ont aidé à emballer, à faire des commandes. Et le plus jeune, il m'a interviewé pour l'école dans la journée des métiers. Et il avait quatre questions hyper intéressantes, j'avais trouvé. Pourquoi ton entreprise s'appelle comme ça ? J'ai trouvé hyper intéressant parce que je pensais qu'il savait, en fait. Puis il ne savait pas parce que pour lui, c'est un peu normal d'être dans ce... Je ne sais pas, je pense que c'est leur quotidien, tu vois. Et puis... Hum. Ouais. Après, c'est un peu tout qui se chevauche vu que je travaille à la maison.
- Speaker #0
Et tu arrives quand même du coup à avoir un certain équilibre ?
- Speaker #1
Je fais comme tous les parents, je me démerde pas trop mal.
- Speaker #0
On arrive gentiment au terme de l'épisode. J'ai encore quelques questions. Est-ce que tu as un livre à conseiller ? Si tu pouvais offrir un livre à tout le monde.
- Speaker #1
Sur l'entrepreneuriat ou n'importe lequel ?
- Speaker #0
N'importe lequel. qui t'a inspiré, qui t'a motivé, qui t'a appris quelque chose d'important ?
- Speaker #1
Il y en a tellement. Je vais prendre un livre de femmes parce que j'essaye vraiment, autant que je peux, de mettre les femmes en avant, d'acheter, si j'ai deux formations ou deux produits similaires, je vais choisir la femme. Non pas que je suis contre les hommes, mais juste. C'est notre moment. Et puis, il faut atteindre ces 25% et tout. Donc, je vais prendre tous les livres des éditions Women Craft Publishing, qui sont pour la plupart en anglais, et spécifiquement The Rainbow Way, Creating in the Midst of Motherhood. Je vais le dire en français. Il n'existe pas en français, mais c'est le Chemin Arc-en-Ciel. créé au mi-temps de la maternité. Parce que, si tu regardes dans l'histoire de l'art, ce que moi, on m'a partagé il y a 25 ans, il y avait peut-être, allez, si je suis large 1% de femmes, d'artistes femmes, mais je suis vraiment large, et zéro artiste femme mère qui s'est occupée de ses enfants. Je parle pas de Nikita Sinfal, même si, voilà, elle a été mère et tout, mais... Ce n'est pas un monstre occupé de ses enfants. Et ce livre-là... C'est un outil pragmatique pour organiser ton quotidien d'artiste femme par an et remettre ta créativité au centre de ta vie. Parce que l'acte de procréer, c'est hyper puissant et ne plus créer si t'es artiste, c'est vraiment le chemin du cimetière direct. « Si t'es artiste, tu peux pas vivre sans faire ton art » . Et moi je dis ça parce que j'ai vraiment failli en mourir, dans le sens où je me suis dit « Ah, focus famille » . Et puis c'est là que je me suis vraiment pété la gueule super fort, et que je me suis rendu compte que si j'arrête de créer, si j'arrête de faire mon art, je meurs. Maintenant je le sais, une fois pour toutes. Et ce livre-là, il est fait par Lucie Pierce, qui est... Une artiste, femme, mère, neurodivergente, donc en plus, partout le marché. C'est la tartine de caca avec une cerise. Et elle a une façon d'écrire qui est juste dingue. Il y a toujours une part historique, donc vraiment scientifique. Une part artistique, où elle écrit des poèmes, des choses comme ça. Une part de témoignage d'autres personnes qui ont vécu la même chose qu'elle. et une part d'exercice. Et moi, je me suis relevée grâce à ce livre, vraiment, où j'ai fait tout le parcours du bouquin. Et voilà, en lisant tous ces livres, un jour, elle m'a invitée à témoigner dans un autre de ses livres qui s'appelle Creatrix. C'est vraiment pour les artistes femmes, mais pas que, hyper créatrices, c'est-à-dire où tu ne te limites pas juste à la peinture. le dessin, mais que tu débordes comme ça. Et ces livres-là sont particulièrement The Rainbow Way pour toutes les personnes entrepreneuses, artistes, femmes, parents qui nous écoutent. Je dirais celui-ci.
- Speaker #0
Où est-ce qu'on peut te retrouver ?
- Speaker #1
Sur mon site internet www.lune.biz sur Instagram, atlune, alors attention, avec un petit trait en bas entre chaque lettre, L, petit trait en bas, nanana, avec un S.
- Speaker #0
Tous les liens seront dans la description.
- Speaker #1
Voilà, et puis, de temps en temps, là, je pense que cet automne, on pourra me retrouver dans des événements où je vais partager l'oracle et la médecine du désir brûlant de l'âme. qui est un truc qui doit absolument être réveillé pour qu'on vive dans le monde de nos rêves en fait, dans un monde généreux beaucoup plus en paix où on accueille l'autre et qu'on voit que nos différences c'est des ponts et que qui nous amènent à une créativité supérieure en fait ouais Voilà.
- Speaker #0
Super. Dernière question, si tu avais un seul conseil à donner à quelqu'un, justement, qui est dans un moment de doute, qui ne sait pas trop quelle voie choisir, qu'est-ce que tu lui donnerais comme conseil ? Quelqu'un qui aimerait entreprendre, mais qui n'ose pas se lancer.
- Speaker #1
Imagine-toi, grand-parent, parler à tes petits-enfants et dire... Grand-mère, grand-père auraient voulu entreprendre ceci, cela. Mais bon, je ne l'ai pas fait. Non. Grand-mère, grand-père voulaient monter une pièce de théâtre. Alors, j'ai pris mon courage à deux mains et je l'ai fait. Deviens la personne inspirante pour tes petits-enfants.
- Speaker #0
Fais une belle image en tout cas.
- Speaker #1
Ou si tu ne souhaites pas avoir d'enfants, mais pour les enfants qui t'entourent. C'est crucial et n'écoute pas les gens qui te disent que ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible pour eux parce qu'ils sont coincés du cul. Voilà. Et qu'ils ont un parapluie ouvert là où je pense. Donc, vraiment, tourne-toi vers des gens qui entreprennent déjà et posent des questions comme tu es en train de faire maintenant, en fait. Parce que le parcours entrepreneurial, il est parfois solitaire et puis... Je crois qu'on est tous contents et contents de partager nos expériences.
- Speaker #0
C'est clair. Parfait. Ça clôture magnifiquement cet épisode. Merci beaucoup, Zoé.
- Speaker #1
Avec grand plaisir. Merci à toi.
- Speaker #0
À bientôt.
- Speaker #1
Ça a passé très, très vite.
- Speaker #0
Et pourtant, on est à 1h26 d'enregistrement. Merci beaucoup. À bientôt. Ciao,