- Speaker #0
On parle beaucoup de baby blues, très peu de sex blues. Après une grossesse, un accouchement ou même une fausse couche, la sexualité est très bouleversée. Bienvenue dans Se(x)eploration, le podcast qui t'aide à reprendre le contrôle sur ta sexualité. Salut Chloé !
- Speaker #1
Salut Lucile !
- Speaker #0
Je me remémorais récemment une conversation que j'avais eue avec une amie de longue date sur la charge mentale et physique que peut engendrer la grossesse et même donc la fausse couche. Toi en tant que sexologue, est-ce que tu peux me dire comment notre rapport au corps change en fait vis-à-vis de cette grossesse ? Donc je pense qu'on va déjà faire la partie avant, pendant et après, je sais qu'il y a beaucoup de phases. et même par rapport à la fausse couche en elle-même qui est un sujet très... très tabou.
- Speaker #1
Alors effectivement la grossesse, comme tu dis, c'est un grand, grand et vaste sujet. La grossesse commence pour moi à partir du moment où l'idée d'un enfant émerge et que tu fais des essais. Tout ça, je dis ça parce que simplement il va y avoir des parcours PMA, il va y avoir des gros parcours sur l'assistance qui va être fait, qui va être médicalisé, où on a énormément de choses qui vont se mettre en place, des piqûres, des choses comme ça. Ça va être un gros parcours du combattant et même dans une grossesse entre guillemets classique, on a encore une fois plein de petites embûches et pas des moindres des fois qui vont se mettre aussi en place. Il y a le corps qui change, il y a aussi toute l'énergie que ça te prend, mine de rien, fabriquer un bébé c'est quand même pas donné à tout le monde. Et puis il va y avoir vraiment tout, comme tu disais, le pendant qui va être du stress, est-ce qu'un bébé va bien, est-ce qu'il va bien grandir ? Ce qui va me ressembler, ça peut être des questions qui paraissent très existentielles, mais finalement qui sont vraiment dans le quotidien des femmes. Encore une fois, quand tu disais, il y a des changements en plus hormonaux, donc on est des fois bien plus sensibles qu'à d'autres moments.
- Speaker #0
Et concernant la fausse couche, du coup, un peu la même question aussi ?
- Speaker #1
Pour moi, la fausse couche fait partie intégrante d'une vraie grossesse. C'est-à-dire qu'il faut arrêter de dire que ça n'a pas existé, que c'était un essai. C'était pas viable. Bon, on recommencera. Tu vois, cette idée de finalement, je trouve que ça fait, et ça va être un peu violent le parallèle que je vais prendre, mais c'est tout aussi violent pour les femmes qui les traversent. C'est finalement, bon, ma portée de chiot, elle n'a pas pris. C'est pas grave, on la fera recommencer. Non, clairement pas. Il faut se dire que c'est une grossesse. C'est plein d'espoirs qui sont mis dedans. De plus, s'il y a eu un parcours pour aider un petit peu la grossesse à se mettre en route, c'est une grossesse, ni plus ni moins. Et c'est un deuil, ni plus ni moins.
- Speaker #0
Après toutes ces phases de la grossesse, est-ce qu'on peut encore se sentir désirable ? Parce que notre corps et même notre mental a été assez bousculé, on est fatigué, on a été chamboulé physiquement aussi. Donc on est en train de se modifier, on est en train de muter. Et parfois on se sent même un peu brisé.
- Speaker #1
Oui, alors encore une fois, tu as plein de parcours différents. Sur la grossesse, il y en a qui vont la vivre très bien. C'est-à-dire qu'être enceinte, elles adorent ça. elle se trouve magnifique pendant la grossesse, etc. Très bien, parfait. Et tu as des femmes qui, soit vont se sentir bien, mais qui détestent être enceintes. Ça, c'est une réalité. On la met toujours sur la table, mais on a le droit, en fait, de ne pas aimer être enceinte, qui n'aiment pas les symptômes associés et qui ne se trouvent pas belles pendant la grossesse et qui n'aiment finalement pas ça. Mais c'est aussi une réalité et ça ne vaut pas moins que quelqu'un qui se sent bien. Finalement, on la traverse bien comme on veut. par contre si on sent un peu qu'on a besoin d'aide pour la traverser, il faut tendre une main.
- Speaker #0
Souvent, notre libido, elle est impactée aussi, bien sûr. Soit elle chute, il n'y a plus rien, soit c'est l'explosion totale, on a tout le temps envie. Pourquoi ?
- Speaker #1
Ça, c'est encore ce fameux jeu des... Voilà, exactement. Pour vous décrire un petit peu, Lucille faisait le yo-yo avec ses mains, mais c'est totalement ça, ça va être les hormones en folie. Il va y avoir des personnes différentes où effectivement elles seront intouchables pendant cette grossesse parce qu'il y a plein de facteurs qui rentrent. Il y a déjà effectivement hormonales, mais il y a aussi des personnes qui vont sacraliser la grossesse, c'est-à-dire que c'est un moment où effectivement on donne la maternité et il n'y a pas lieu de sexualité dedans. Il y a effectivement des femmes qui vont avoir très envie et le mari est très content, tout se passe très bien. Mais il peut y avoir aussi le fait que c'est le mari qui sacralise la grossesse et qui ne veut plus toucher sa femme parce que bébé est là, parce qu'on a peur de le toucher. Toutes ces images qu'on a aussi, c'est une réalité, c'est-à-dire qu'on ne peut pas forcer ni l'un ni l'autre. On vit ça du mieux qu'on peut, c'est déjà une grosse épreuve. Donc c'est se dire, on va... Souffler un coup, on remet l'église au milieu du village, on est déjà en train de changer notre couple en parents. Être parent, ce n'est pas inné, ça s'apprend sur le terrain. On ne sera pas parfait et déjà se renseigner, se cultiver sur comment va se passer un peu tout ça, ça permet aussi de dégrossir un peu le trait et d'avoir moins peur si on met les pieds dans l'univers de la grossesse.
- Speaker #0
Est-ce qu'on peut rassurer son, sa partenaire, du coup, qu'on peut faire l'amour quand on a une grossesse en cours ?
- Speaker #1
Alors effectivement, c'est lui montrer, ça peut être très bateau, mais finalement une planche anatomique sans bébé, avec bébé, pour qu'il voit où il est positionné, que ça n'a rien à voir. Il est logé bien dans l'utérus, en général il n'y a pas de pénétration de l'utérus mais du vagin. C'est aussi deux choses qui sont à différencier. Effectivement, il peut y avoir des remous du ventre, sinon on a des remous du ventre dans le sexe. Or, en grossesse, il y a forcément des gestes et des mouvements qui vont se faire. Mais pour le bébé, que ce soit une marche rapide ou du sexe, pas sûr qu'il fasse la diff'.
- Speaker #0
On disait qu'il y avait beaucoup d'étapes durant la grossesse. On a le corps qui change beaucoup aussi, qui modifie comment on peut renouer avec son corps, quelles ressources on a.
- Speaker #1
C'est en prendre soin le plus possible. Et déjà, se rendre compte de ce qu'on est en train de faire. C'est-à-dire qu'on est en train de fabriquer un bébé, de donner la vie. On a la chance de pouvoir le faire. C'est quand même quelque chose qui est juste... On dit que c'est la plus belle chose du monde. Effectivement, ça l'est. C'est se dire, on est déjà en train de faire ça. Je ne peux pas non plus m'en demander 30 000 derrière. Je ne suis pas Shiva. Je vais prendre soin de moi. On soigne son sapot pour qu'elle suive le rythme de la poussée du vent. On soigne son alimentation pour être le mieux possible.
- Speaker #0
Je vais partir sur une phase plus sociétale. On a eu quelques informations quand même en disant oui, il serait peut-être bien de faire une reprise rapide, de faire des bébés, etc. Pourquoi elles nous demandent autant ? C'est vrai que dans notre société, je pense qu'on a de moins en moins envie de faire d'enfants.
- Speaker #1
Je ne sais pas ce que tu en penses. Oui, c'est un constat. C'est-à-dire que le constat français aujourd'hui, c'est que les gens ont de moins en moins envie de faire des enfants. On se dit, bah oui, mais c'est parce que c'est des jeunes vieux, surtout la génération 90, on est pris pour des enfants juste adultes. Alors, effectivement, dans un sens, mais dans l'autre, on ne se pose pas la question de pourquoi ces gens n'ont plus du tout envie de faire d'enfants. C'est ça. D'une, ça coûte un bras. On a déjà plus l'accessibilité au logement comme on pouvait l'avoir. On n'est pas sûr de pouvoir tous se remplir le frigo jusqu'à la fin du mois. Donc la réalité de terrain, effectivement, c'est est-ce que je peux inclure un bébé là-dedans ? Ça me paraît compliqué. Si on rajoute le contexte sociopolitique en plus, bon, et l'écologie en plus, bon, effectivement.
- Speaker #0
Comment on fait pour retrouver sa libido comme avant, post-grossesse ?
- Speaker #1
Alors le post-grossesse, c'est prenez votre temps. C'est vraiment, c'est une idée préconçue, comme tu disais tout à l'heure, c'est bien si on s'y remet tôt, qu'on vous foute la paix. Qu'on vous foute la paix. Et je suis très catégorique là-dessus, parce qu'on dit souvent qu'une vraie grossesse, finalement, ça dure deux ans, si on prend vraiment la réalité de terrain. Le temps que le projet se fasse, donc tout le stress en amont, que les neuf mois se passent, que le retour à la maison se passe bien. que le petit fasse ses nuits, etc. et que le bordel hormonal et corporel qu'on a subi passe, deux, trois ans, ça me paraît pas déconnant. Et c'est pareil. Il faut essayer de se dire qu'il faut arrêter cette idée du papa qui n'est jamais dans tout ça. On voit que d'un côté, on leur donne plus de congés paternités, ce qui est vraiment très bien, mais on n'a toujours pas cette valeur, pour moi, du père. C'est-à-dire que c'est finalement accessoire. Alors effectivement, dans le passé, il y avait ce côté très c'est à la mère de gérer, etc. Aujourd'hui, en 2025, on voit qu'il y a énormément de papas qui veulent s'intégrer à tout le parcours de la grossesse et qui veulent vraiment leur rôle de papa, qu'on leur laisse leur rôle de papa.
- Speaker #0
On est d'accord. Et justement, on parlait d'absence, de désir absent. Comment on peut réussir à se libérer de cette culpabilité ? Parce que ça génère forcément ce type d'émotion. Comment on peut réussir à s'en débarrasser, si je peux dire ? Ou du moins la temporiser pour qu'elle se calme.
- Speaker #1
C'est reprendre la réalité des choses. Un petit peu dans la réalité, c'est se dire, ok, je manque de sommeil. Je ne suis même pas sûre d'avoir le temps de m'asseoir pour prendre mon repas tranquillement ou au moins avoir les bras libres de le faire. Ne pas le porter, ne pas lui donner le sein ou le biberon, bref. On a tout ça, et en plus, toute cette culpabilité de maman, justement, des idées encore préconçues de « mais je ne l'allaite pas, donc je ne suis pas une bonne maman » , enfin, tous ces trucs un peu vulgairement à la con, qu'on met en place en plus, et qu'on fait vraiment, mais on rend les femmes très, comment dire ? Une victime de leur grossesse, c'est-à-dire qu'elles ne feraient jamais le bon choix, et elles ne sont jamais assez bien, et puis il faut faire ci, et puis non, il faut faire cela, et puis il faut les éduquer comme ça, et pas monter souris, et guetto souris. Stop, on fait déjà du mieux qu'on peut. Donc quand on a déjà toute cette charge mentale, forcément la libido, elle va passer en derdes et derdes dans le cerveau, parce qu'il faut déjà qu'on s'occupe de l'enfant, qu'on s'occupe de soi, qu'on s'occupe du quotidien, et après on verra si on a le temps pour la récré. donc quand on a ça en réalité on se dit ah oui On va peut-être souffler deux minutes, c'est peut-être un peu normal qu'on ne sache pas jouer Bach alors qu'on n'a pas le temps.
- Speaker #0
Ni pour Bach, ni pour Beethoven.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et justement, pour un petit peu déconstruire ces injonctions autour du sexe post-partum, on va essayer de réinventer notre intimité. On peut le faire gentiment, au fur et à mesure. Le but, c'est de récupérer déjà toute cette aventure, qui a été, comme tu dis, une charge mentale et même physique aussi, dans tous les cas, dans les deux cas. Et se retrouver un peu, au fur et à mesure, comment on va réinventer... gentiment notre intimité ?
- Speaker #1
C'est simplement déjà réussir à avoir une proximité qui revient si on l'a perdu pendant la grossesse. C'est se dire, ne serait-ce que je prends un exemple bête qui me revient, que j'ai vu en cours avec Jacques Weinberg, c'est une femme qui a subi justement une césarienne, que l'homme puisse toucher la cicatrice. Puisse la caresser au même titre que le reste du corps avec le même amour, finalement c'est déjà se réconcilier avec tout ça. Parce qu'on a un corps qui a changé, mais on l'adapte, on touche, on le reprend dans la même mesure qu'avant. C'est-à-dire qu'on a un corps qui a changé peut-être, mais qui est toujours le même finalement. On n'a pas changé de peau entre-temps, on n'a pas changé qui on était, on a changé certains aspects de nous-mêmes. Donc ne serait-ce que reprendre. de la tendresse ensemble, laisser la pénétration de côté, effectivement, pour le moment, c'est pas le bon moment, en tout cas, sauf si on en a envie. Ça, c'est fait ou fait. Et que c'est faisable. Voilà, et que c'est faisable. Allons-y. Mais c'est ne pas aller dans ce truc de on se force à le faire parce qu'il faut le refaire, et puis si ça fait mal, bah tant pis, c'est un peu les... Non. Ça, on oublie totalement si on s'écoute soi-même.
- Speaker #0
On va faire un petit focus sur les tabous de la fausse couche. J'aimerais en parler un peu plus. Pourquoi il y a Peu d'infos sur la sexualité après une fausse couche ?
- Speaker #1
Parce que c'est un sujet qui est gênant. Quand quelqu'un nous dit qu'il a fait une fausse couche, en général, soit on ne sait pas quoi dire, soit on est maladroit, soit on connaît le sujet. En général, c'est parce qu'on l'a vécu ou parce qu'on est renseigné. Mais la plupart du temps, c'est vécu comme un des mortels, comme une grossesse qui n'a pas de sens. pas ou peut exister. Donc, finalement, il n'y a pas de sujet. Parce que, bon, elle a perdu le bébé, mais finalement, elle n'a pas vécu d'accouchement, il n'y a pas de modification plus que ça, donc je ne vois pas pourquoi elle aurait du mal à reprendre une sexualité. Ah non !
- Speaker #0
Elle a vécu quelque chose.
- Speaker #1
Alors soit un accouchement entre guillemets forcé, soit elle a vécu une perte de son bébé à un moment où elle ne s'y attendait clairement pas, soit c'était programmé. Et en fait, il y a tellement de façons de perdre un bébé, même qui n'est pas encore construit, qu'il faut vraiment se dire, mais elle a vécu cette épreuve et si elle, elle le vit comme ça, je dois m'adapter à comment elle le vit. Il y a des femmes qui y arrivent très bien, il y a des femmes qui arrivent à raisonner. Il y a des femmes qui vont être dans l'émotion, et il y a des femmes pour qui c'est un deuil, un vrai deuil. Et ça reste un vrai deuil, effectivement. Donc, en général, on n'a pas trop envie de faire l'amour quand on vit un deuil. Est-ce que c'est bizarre et anormal ? Non.
- Speaker #0
Non, puis simplement, on a été impacté, que ce soit sur notre image mentale de soi, que ce soit sur notre lien avec notre corps, et puis à ce moment-là, on a peut-être aussi besoin de souffler.
- Speaker #1
Et puis son cerveau, il peut aussi se dire, finalement, j'ai peur de... peut-être retomber enceinte tout de suite avec ce qui m'est arrivé, je n'ai pas envie de reprendre le risque.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Et puis toutes les popées qu'il y a eu juste avant d'avoir vécu cette grossesse, et puis que finalement ça n'a pas... Alors, j'ai peut-être un terme un peu froid, mais abouti entre guillemets à le souhait désiré, mais malheureusement, on est obligé de se se poser et d'avancer.
- Speaker #1
On va prendre un parallèle. Là, ça va être un peu de l'humour, mais de l'humour noir. C'est finalement, est-ce qu'après avoir enterré votre grand-mère, vous avez vraiment envie de faire l'amour ? Il ne me semble pas. Quand on enterre un proche, on n'a pas envie d'aller danser la carioca en général. Donc pourquoi elle aurait envie de quoi que ce soit ?
- Speaker #0
Sinon, c'est d'autres façons de faire et d'aimer la sexualité, mais ça, on n'en parlera pas. Comment faire l'amour quand le corps est associé à une perte, justement ? que ce soit à soi, qui a cette vision, ou même le partenaire qui a cette vision ?
- Speaker #1
C'est passer le deuil, pour les deux personnes. Déjà, passer cette période de deuil peut permettre de retrouver quelque chose. Tant qu'on est dans un deuil, on aura beaucoup de mal ou on n'y arrivera pas. C'est vraiment être le mieux accompagné possible dans ce moment-là. Et quand on est prêt, prendre le temps et prendre son rythme à soi. C'est-à-dire qu'on ne s'impose rien. Si pour l'instant on a peur ou on n'a pas envie de cette pénétration, on ne se l'impose pas. c'est vraiment tranquillou miou
- Speaker #0
Maintenant, on va écouter Soleil bleu de Luiza. On se retrouve dans quelques minutes.
- Speaker #2
Laisse-moi vivre comme la je veux, les pieds dans l'eau et la tête en feu. Une marche, une photo, un ciel, une source. Laisse-moi vivre comme la je veux, sur des nuages, sous un soleil bleu. Laisse-moi m'envoler, douter les étoiles, frôler les nuages, défier mon histoire, laisse-moi m'égarer là où plus rien n'était calme, même dans le noir, je veux sentir la terre, la diteur minérale, laisse-moi partir même sans bagage, caresser le vent, je veux embrasser le monde, la route est longue et les rêves sont grands, je veux marcher sans fin, je veux vendre l'horizon, je suis dans les montagnes et les étoiles m'attendent. Oh, laisse-moi vivre comme je veux, les pieds dans l'eau et la tête en feu. Oh, laisse-moi vivre comme je veux, sur des nuages, sous mon soleil bleu. Oh, laisse-moi vivre comme je veux. Sous les étoiles, sous la lune au feu Laissez-moi vivre comme je veux Loin des problèmes, sous le soleil bleu La canard, on est dans un relais C'est le noir de la pluie sur la terre Et pleurer les pierres Laisse-moi courir, libre comme l'air Laisse-moi donc briller plus d'un moment Les vies sans frontières Passer des chemins Personne n'est clair, c'est sûr, je n'attendrai pas demain, ici et maintenant. Je me réinvente, le monde m'attend, libre des ombres, libre du temps. Est-ce que tu entends ce tour ? Oh, laisse-moi vivre comme je veux, les pieds dans l'eau et la tête en feu. Laissez-moi vivre comme je veux, Furent des nuages sous mon soleil bleu, La canard du coune de l'île, Laissez-moi vivre comme je veux, Tous les étoiles sous la lune au feu, Laissez-moi vivre comme je veux, Loin des problèmes sous mon soleil bleu, Sous mon soleil bleu, des problèmes,
- Speaker #3
sous mon soleil bleu.
- Speaker #1
Sexeploration sur RCN
- Speaker #0
Précédemment on disait qu'il fallait prendre le temps de souffler, de se retrouver, de réapprendre à communiquer aussi, notamment suite à une fausse couche. Comment on retrouve une intimité sans pression ? On va faire une petite transition comme ça.
- Speaker #1
L'intimité sans pression c'est déjà voir à quel point ça a impacté l'un et l'autre. Il ne faut vraiment pas oublier les deux. dans ce moment-là, que ce soit le couple hétéro ou homo, c'est simplement se dire comment l'un et l'autre l'ont vécu, et je dois respecter ça, c'est-à-dire que c'est pas parce que moi je l'ai vécu d'une manière différente qu'elle n'a pas le droit d'être dans cette phase-là ou dans cette phase-là. On prend le temps, on se soutient, on s'épaule, une fois qu'on a passé cette grosse étape, on peut déjà commencer à souffler, à s'octroyer du temps de qualité ensemble, à s'octroyer des sorties qui nous font du bien, qui nous font rire. Et c'est pour moi la meilleure thérapie, c'est quand on commence à avoir des moments où on a le droit de rire, on se sent bien quand on rit et qu'on ne culpabilise pas, on est déjà sur le chemin de la sensualité.
- Speaker #0
Pour reconstruire cette vie à deux notamment, ou seule, ça dépend dans les cas de figure, mais pour se reconstruire tout court, comment faire pour quand tu as les désirs qui sont décalés, se retrouver gentiment mais sûrement ?
- Speaker #1
Là ça va être un petit peu dans le même parallèle que tous les couples. Là c'est vraiment là où les deux chemins se rejoignent finalement. C'est reprendre le temps d'écoute, le temps de vouloir être touché à certains endroits ou pas, encore cette cartographie du corps. Ça montre bien qu'elle est mobile dans le temps, selon ce qu'on vit, etc. Il y a des moments où on n'impose que des endroits, on leur faut de la paix et on les laisse tranquilles.
- Speaker #0
Comment on préserve la complicité, mais sans la sexualité ? Peut-être retrouver ce côté confident, ami, avec son ou sa partenaire, je pense, déjà.
- Speaker #1
Retrouver tout ça, ça fait partie des temps de qualité. C'est vraiment se dire, tiens, on se fait un week-end là, on prend du temps pour nous là. On se masturbe à la maison là, on organise un cocktail là. Ça paraît des petits jeux qui ont l'air inoffensifs, mais finalement qui nous font énormément du bien. On respire dans ces moments-là.
- Speaker #0
Comment t'introduis justement cette notion de jeu, de tendresse et de sensualité ?
- Speaker #1
Tu peux l'introduire. Il y a un jeu que j'aime beaucoup proposer à mes patients, qui s'appelle Served. Et justement, c'est deux tas de cartes que tu utilises entre les deux. Et c'est, par exemple, tu prends une carte, au restaurant, si t'as envie de lui voler sa pizza bah tu peux parce que t'as l'échange de pizza ah non pas la nourriture Joey je suis pas Joey moi et ça peut être aussi bah là t'es obligé entre guillemets avec des grandes obligations mais de m'emmener voir le meilleur coucher de soleil du coin là on est obligé d'aller faire un cinéma mais par contre on y va en chaussons des trucs qui paraissent un peu débiles mais finalement qui sortent un petit peu de la zone de confort sans trop aller loin et qui nous font des beaux souvenirs
- Speaker #0
C'est un peu réinventer son plaisir avec l'autre, ses moments de tendresse.
- Speaker #1
Puis on sent que ça ne va pas, on se fait notre propre boîte à la maison.
- Speaker #0
Exactement. Si justement c'était une occasion de redécouvrir d'autres formes de plaisir.
- Speaker #1
C'est ça, parce que les plaisirs en couple, il faut toujours qu'ils soient divers. Le plaisir ne peut pas venir que de la sexualité. C'est du bien vivre ensemble, c'est des moments qu'on va passer avec ses amis, avec sa famille. Vraiment, c'est l'entièreté finalement de tout. ta vie sociale qui va faire que tes plaisirs, tu les as partout. Prendre plaisir au cinéma si t'aimes ça, tout ça, ça fait partie d'un ensemble qui peuvent te tendre à avoir envie de faire l'amour, mais pas obligatoirement.
- Speaker #0
Et en plus de ce petit touche de spontanéité, on va dire, il y a aussi, alors j'aime pas trop le terme, mais des outils, des jouets, je pense, autant y aller franco, pour accompagner cette redécouverte de soi, quels sont-ils ?
- Speaker #1
Alors là, c'est une grande tristesse parce que j'avais une personne que j'adorais beaucoup qui avait une société qui s'appelait NU et qui avait justement fabriqué, enfin conçu en tout cas, des jouets où ils étaient en forme de petits cônes comme ça. Donc ça faisait très finalement déco, tu le mettais sur un meuble, personne ne savait que c'était un jouet. Mais la taille était faite pour que ce soit de la taille d'un petit doigt au départ, pour aller plus large au bout. c'était vibrant mais tu n'étais pas obligé de mettre la vibration etc. C'était vraiment un jouet qui était adaptable pour tout le monde, même des femmes qui avaient des douleurs, c'était un peu le but de la démarche, c'est se dire finalement on a un jouet qui n'est pas forcément de taille, de forme phallique qu'on peut adapter et ça c'est toutes des choses qui peuvent être intéressantes c'est retrouver son corps doucement par des textures, par des gels, du froid chaud des choses qui peuvent sentir bon, des odeurs c'est vraiment aller dans, là encore une fois, la sphère érotique pour que les moments soient beaucoup plus riches de sens.
- Speaker #0
Et justement, dans cette phare érotique, je sais qu'il y a différentes manières d'aborder ça, mais il y a tout ce qui était slow sex, auto-érotisme, massage, qu'on en a parlé beaucoup ici par le passé. Qu'est-ce que tu penses de toutes ces approches ?
- Speaker #1
Moi, il n'y en a pas une à mettre à la poubelle, pour moi. Par contre, ça ne doit pas devenir des injonctions non plus. C'est vraiment dire qu'on a... On va dire, comme tu disais tout à l'heure, des outils. C'est-à-dire qu'on a la boîte Facom devant nous, d'outils. On se sert de ce qu'on veut. On peut même essayer certains outils. Se dire, bon, finalement, ce n'est pas pour moi. On repose. On s'en fiche. Ce n'est pas parce que, comme je disais pour les jouets, le womanizer, c'est le truc le plus vendu, que nous, on est obligé de prendre du plaisir avec un womanizer. Si, on s'en tape la cruche. Chacun doit vraiment adapter sa sexualité et ne pas se comparer au voisin. On prend pour soi.
- Speaker #0
Est-ce qu'on peut réussir à retrouver du plaisir après un deuil corporel ? On va dire ce terme parce que c'est le seul qui me vient.
- Speaker #1
C'est totalement possible. On n'est pas mort soi-même. On vit une mort. Ça fait partie aussi malheureusement du champ de la vie. Et c'est ça en rappeler un petit peu. C'est faire tout ce travail de deuil qui pour moi doit être accompagné par des professionnels. Je pense qu'on y arrive beaucoup mieux accompagnés, ou au moins de proches qui nous comprennent vraiment, et faire un travail sur soi dans le sens où plus la compréhension va se faire, plus facile finalement sera le terrain, et faire preuve de beaucoup d'empathie envers soi-même. C'est pour moi la plus grande clé. Et après, ce chemin qu'on disait, on s'autorise des moments où on a le droit de vivre, et de se faire du bien, de rire, et une fois qu'on a passé cette étape-là, en général, on y retourne. doucement.
- Speaker #0
Est-ce que tu aurais un témoignage propre à cette partie-là ? Sur le deuil corporel, sur peut-être la fausse couche, ou une grossesse en elle-même, bien ou mal vécue, ou qu'importe ?
- Speaker #1
Oui, alors j'ai quelque chose qui, moi, m'avait frappée à l'époque. C'est quelqu'un qui vit effectivement une grossesse avec son conjoint. On va dire que c'était une grossesse un peu surprise. Et finalement, elle perd le bébé. Et le fait que la décision soit un peu...
- Speaker #0
A l'unanimité ?
- Speaker #1
Non, c'était finalement, elle souhaitait être enceinte. Par contre, ça arrivait par surprise. C'était pas du tout un enfant dans le dos ou ce genre de choses. Elle a malheureusement perdu ce bébé-là. Lui ne l'a pas forcément compris, effectivement, puisque comme il n'était pas du tout dans une... visualisation de la paternité, on va dire qu'il ne l'a pas pris du même acabit. Mais par contre, les gens autour n'ont pas compris son comportement après cette fausse couche, où effectivement, première chose, c'est qu'elle se sent délaissée par son compagnon, elle fait l'erreur de le tromper, et tout de suite, salope, t'as vu ce que t'as fait, et en plus de ça, tu me fais un gosse à l'eau et machin. Moi, je ne juge personne dans tout ça, mais c'est simplement que tant, pour moi, on n'a pas vécu. Une fausse couche. On ne sait pas ce que c'est. C'est un peu comme les personnes qui sont victimes de viols qu'on retrouve dans le milieu de la prostitution juste après. On n'arrive pas à comprendre. On se dit, mais il y a eu un viol, et là, elle se retrouve dans le milieu de la prostitution. Mais il y a en fait une telle déconnexion du corps qu'on est incapable de comprendre tant qu'on ne l'a pas vécu. Donc pour moi, c'est les avis. On peut les avoir, mais les jugements, non.
- Speaker #0
Pour ce riche sujet, en tout cas encore merci Chloé. Le prochain sujet est à découvrir sur Instagram, sexeploration.lucile.bach
Si ça t'a plu, si cet épisode t'a fait vibrer, partage-le, note-le, parle-en. On se retrouve chaque jeudi pour casser la routine sur Sexeploration. A bientôt,bisous bisous !
- Speaker #1
bisous !