- Speaker #0
Diagnostic tardif, douleurs minimisées, malaise quand on parle sexualité en consultation…Que se passe-t-il quand la médecine n’écoute pas le corps ? ienvenue dans Sexploration, le podcast qui t'aide à reprendre le contrôle sur ta sexualité. Salut Chloé !
- Speaker #1
Salut Lucile !
- Speaker #0
Aujourd'hui, pour avoir déjà connu ce genre de situation, notamment lors d'une consultation avec un gynécologue et mon entourage également, je voulais qu'on aborde avec toi un sujet assez délicat sur ces silences qui pèsent lourd, sur ces violences parfois invisibles. Toi, en tant qu'experte sexologue, est-ce que tu peux me dire pourquoi des douleurs, elles persistent ? Les douleurs persistantes sont-elles si souvent minimisées ?
- Speaker #1
Parce que c'est un petit peu, pour le commun des mortels, de la bobologie. C'est-à-dire que c'est des douleurs, mais en fait, scientifiquement, s'il n'y a rien à l'examen, pour la plupart, il n'y a rien. Et c'est encore une fois, pas tant le problème du médecin, mais de la formation du médecin, souvent.
- Speaker #0
Et quel est l'impact qu'on a sur la sexualité d'un trouble non diagnostiqué ?
- Speaker #1
C'est-à-dire que plus finalement on le fait traîner, plus il a le temps de bien exister, de bien grandir. Et donc du coup, ça devient une réalité, un quotidien. Et au bout d'un moment, si cette sexualité, elle fait mal, si c'est un aspect négatif, le cerveau va forcément la reclasser en tant que tâche et non plus comme récréation. Donc il n'y aura plus à en parler, finalement.
- Speaker #0
Et justement, pour revenir sur cette douleur dite invisible, comment on peut se sentir plus légitime d'être écouté ?
- Speaker #1
C'est vraiment en choisissant des bons professionnels, parce que, je vous rassure, il y en existe. Il y en a même beaucoup. C'est simplement qu'effectivement, il faut vraiment se renseigner. Maintenant, on voit même sur Doctolib qu'il y a des fiches avec ses spécialités, sur les DU, etc. qu'il peut avoir. Quand on voit qu'il y a de l'intéressement sur certains sujets, on voit qu'on va pouvoir être peut-être mieux écouté. Se dire que tant qu'on ne se sent pas bien à discuter avec notre praticien, c'est que ce n'est pas forcément le bon. C'est-à-dire que ça peut être très bien un médecin pour, je ne sais pas, un rhume, par exemple, qui n'est pas très le casse, mais par contre, la prescription est top, le but, il est soigné, il n'y a pas de problème. Par contre, si c'est des problèmes où on a besoin de communication, vraiment de dialogue, etc., si le médecin, soit par manque de temps, parce que ça, c'est la réalité de terrain aussi, c'est que des fois, il y a des médecins qui ne veulent pas être expéditifs, mais qui n'ont pas. pas le choix au vu du nombre de patients qu'ils ont par jour, c'est juste affolant. On n'a en fait pas les bons praticiens, souvent. Et puis pousser les portes des spécialistes comme le sexologue, ça fait aussi peur.
- Speaker #0
Et justement, quels effets peut-il y avoir sur le désir qu'on vit dans cette incertitude médicale ?
- Speaker #1
Parce qu'on ne sait pas si c'est nous qui les bloquons, ou si ça existe vraiment, si c'est normal, si ce n'est pas normal. En fait, on se pose beaucoup de questions et ça... Ça devient lourd comme sujet, alors que c'est quelque chose qui doit être léger. Donc finalement, c'est lourd. La lourdeur vient s'installer dedans, les questionnements, les non-réponses. Et finalement, encore une fois, ça a un aspect négatif. Donc on n'a plus envie de jouer à ça.
- Speaker #0
Justement, après cette remise en question, on a tendance à avoir beaucoup de doutes. On peut même se poser des questions du style, est-ce que je peux faire confiance à mon corps ? Est-ce que je ne suis pas en train de délirer ? Comment tu te dis, on va se recadrer un peu, se réfléchir, comment on fait ?
- Speaker #1
Pour moi, la meilleure des solutions, ça vient déjà du corps médical en soi. C'est-à-dire que j'ai une certaine vision des choses, c'est une prise à partie que j'ai, mais pour moi, on ne peut pas avancer seul. Qu'on soit médecin généraliste, qu'on soit spécialiste, qu'on soit sexologue, psychologue, n'importe quel domaine qui touche à l'humain, tu ne peux pas travailler tout seul, c'est pas possible. Tu n'es pas Spiderman, tu n'es pas Batman, tu n'as pas 30 000 bras, donc forcément, il y a des moments où tu vas manquer de réponses. Je n'irai jamais sur le terrain psychologique parce que je ne suis pas psychologue. Je n'irai jamais sur le terrain totalement médical parce que je ne suis pas médecin. C'est simplement définir bien ton rôle et tes capacités. C'est-à-dire qu'effectivement, en médecin, tu peux traiter des troubles sexuels sans trop de problèmes finalement. Mais c'est aussi avoir la conscience de soi en disant, mais qu'est-ce que j'en sais vraiment en tant que médecin ? Est-ce que j'ai le temps de l'aborder avec mes patients ? Si c'est non... Bon bah autant que je relaie ça à un consœur ou à un confrère, soit dans l'aspect médical si on n'est plus rassuré, ou soit dans des personnes sexologues qui, eux, en font toute la journée finalement.
- Speaker #0
Et toi justement qui es sexologue, comment tu peux transmettre comme message à la personne en face pour reprendre le pouvoir sur sa santé intime ?
- Speaker #1
Le pouvoir sur sa santé intime, c'est que déjà moi j'ai la chance d'avoir choisi une équipe avec qui je travaille. il y a une chance vraiment véritable pour moi quand on s'entoure des personnes à qui on sait, à qui on envoie nos patients. C'est-à-dire que nos patients, on sait que là, ils vont voir tel praticien, tu sais comment ils vont être reçus, tu sais comment ils vont être écoutés, et que leurs problèmes soient vraiment pris en charge. Donc déjà, finalement, quand toi, en tant que patient, tu as un problème, et pour une fois, on t'écoute, on te prend en charge, et que ce soit sur l'abstinence psychologique et médicale, c'est-à-dire que tu ne te sens abandonné sur rien. Pour une fois, on te prend sur ton entièreté, déjà, ça fait, je pense, beaucoup de bien.
- Speaker #0
On dit souvent qu'il y a beaucoup de silences gênants et qui sont assez présents dans le monde médical. Comment on peut réussir et pourquoi c'est si difficile de parler de sexualité avec un ou une médecin ?
- Speaker #1
Parce que le ou la médecin n'est pas forcément déjà formé à ça. C'est-à-dire que pour connaître pas mal d'amis médecins, la sexualité est abordée forcément, mais sur un rôle très technique, très médicalisé.
- Speaker #0
Et bref ?
- Speaker #1
Alors sur le point médical pur, non, c'est pas bref, ils ont une bonne formation. Mais sur tous les aspects psychologiques, multifactoriels, que ce soit social, familial, etc., c'est pas leur rôle finalement. C'est pas du tout leur rôle parce qu'ils n'ont pas le temps, c'est pas leur métier. C'est-à-dire que la sexologie n'est aujourd'hui pas reconnue comme une compétence, mais comme un métier à part entière. Ça c'est encore aussi une chose qu'il y a à prendre en compte, mais ça c'est un... de sujet. Mais ça, en fait, pour moi, tu ne peux faire que ça. C'est-à-dire que je ne peux pas être sexologue et faire autre chose. La sexologie te prend vraiment tout ton temps. Parce que c'est un univers qui est tellement vaste déjà, que je n'aurai pas le temps d'y mettre en plus une autre pratique. Donc si tu veux vraiment aller dans le fond des choses sur toute la partie sexologique, tu es obligé de faire que ça.
- Speaker #0
On dit parfois aussi que la sexualité, elle est souvent ignorée dans les consultations. Ça fait un peu écho à ce que tu viens de dire. Est-ce que c'est parce que c'est un tabou ? Est-ce que c'est, comme tu évoquais, un manque de formation, un manque d'expertise ? Comment on peut le percevoir ?
- Speaker #1
Alors ça dépend de ton praticien. C'est-à-dire que tu as aussi des praticiens qui, déjà on va rappeler vraiment la base des bases, c'est que c'est des humains. Tant que tu travailleras avec de l'humain, tu auras des discours différents, parce que tu vas avoir effectivement de la gêne. des gens normaux derrière, avec leurs propres craintes, leurs propres problèmes, des religions, etc. Effectivement, ça ne doit pas rentrer dans le sas de la consultation, mais ce ne sont pas des robots non plus. Donc il peut y avoir des moments où, effectivement, des silences vont s'installer, parce que soit pas à l'aise avec le sujet, soit manque de formation, et qu'ils préfèrent le reconnaître. C'est-à-dire que là, je n'ai pas trop envie de prendre ce biais-là, autant que je vous réoriente, ou alors s'il n'y en a pas, ça va être un terrain médicamenteux. Est-ce que ça fonctionne ? Est-ce que ça ne fonctionne pas ? Si ça ne fonctionne pas, on refile le bébé à quelqu'un d'autre.
- Speaker #0
Et en tant que patiente, comment on peut ouvrir la conversation sans se sentir jugée sur notre sexualité ?
- Speaker #1
C'est se dire que normalement, chaque porte qu'on doit franchir, on doit être reçue. Ça, c'est pour moi une obligation. Je sais que la réalité de terrain est différente, mais c'est vraiment en ressentant et en se faisant confiance dans le choix sur Doctolib, etc. Maintenant, je trouve qu'on a quand même... une belle vitrine. Alors, c'est pas toujours positif d'avoir les avis Google pour moi sur des praticiens, parce que c'est pas un magasin de montres. Il y a des moments où on est défaillant, on a des moments où c'est pas forcément une bonne journée pour nous. Moi-même, j'ai aussi des mauvais avis Google. J'en suis pas morte pour autant, mais ça reste quand même, maintenant, une vitrine. T'es obligé de passer par là. Si tu veux exister sur Internet. t'es obligé de passer par là, et tu n'es pas infaillible tous les jours, mais c'est de te dire finalement quels sont les mauvais avis, qu'est-ce qui est dit dans les mauvais avis, est-ce que c'est parce que ça a été mal reçu, est-ce que c'est un problème finalement technique, quel est vraiment le mauvais avis, et faire le tri de tout ça, c'est-à-dire bon, là il y a quelques mauvais avis, mais finalement ça ne traite pas de sa façon de travailler, ni de sa façon d'approcher les choses, mais sur quelque chose qui est différent, qui est inhérent à la consultation.
- Speaker #0
Comment on peut voir ces professionnels qui ont l'air plus à l'écoute que d'autres ? Quel biais ? Parce que tu disais qu'il y avait notamment ce type de vitrine,
- Speaker #1
mais comment tu les vois ? Il y a aussi des plateformes. C'est-à-dire que moi, par exemple, je suis sur un collectif qui s'appelle Sexologue France, où là, tous les sexologues de France sont répertoriés avec un certain niveau de formation. Si tu n'as pas ce certain niveau de formation, tu ne rentres pas là-dedans. Il y a aussi maintenant des collectifs et des associations, entre guillemets, de sexologues qui se mettent ensemble, pareil. Avec un certain niveau de formation, tu ne peux pas rentrer dans ce collectif-là, ni finalement y mettre fièrement ce tampon-là, si tu ne fais pas partie de tout ça. Donc, il y a la formation d'une part, qui est pour moi importante, mais il y a aussi le côté humain. C'est-à-dire que tu peux être très intelligent, tout en étant imbuvable. Ça, c'est une réalité. Il faut essayer aussi de voir, finalement, quand je suis reçu par cette personne ou quelqu'un, qu'est-ce qui est dit de cette consultation ? Maintenant, il y a Quelblouse, je crois, le site internet où tu peux avoir des avis des gens qui ont hanté le voir et qui disent finalement, ça s'est bien passé, etc. Donc, tu as ce Sexologue France, tu as les forums comme ça et tu as aussi tout ce qui est collectif, par exemple, endométriose, etc. Si tu sais qu'il traite déjà ces problèmes-là et que c'est quelque chose d'actuel pour lui, c'est quelqu'un qui est à la page, qui est à l'écoute et qui, finalement, peut te recevoir peut-être mieux que la norme.
- Speaker #0
Maintenant, on va écouter « À bouche, que veux-tu » de Brigitte. On se retrouve dans quelques minutes.
- Speaker #2
Et son moule l'abstrait, toujours sans effet. Je sais, ce qu'on est inévitable, qu'est un jeu de petit, sans rien, où je peux me tuer, sans inquiéter, c'est la meilleure des toutes.
- Speaker #1
Sexeploration sur RCN
- Speaker #0
Précédemment, tu m'expliquais pourquoi la sexualité était souvent ignorée dans les consultations. Rentrons dans la limite invisible, dans le frontal si je puis dire. Des fois ça se passe bien les consultations et des fois ça se passe mal. On parle parfois même de violences gynécologiques et j'aimerais savoir un peu ta définition de ce terme.
- Speaker #1
Les violences gynécologiques, pour moi, c'est à partir du moment où tu n'étais pas en accord avec ce qui se passe, que tu as des douleurs qui sont provoquées volontairement. par ton praticien. C'est-à-dire qu'il y a effectivement des examens qui font mal, tu n'as pas malheureusement le choix. Il y a vraiment des choses, ne serait-ce que la pose d'un stérilet, qui peut vraiment générer beaucoup de douleurs. Le praticien n'y est pour rien dans la génération de ces douleurs. Par contre, s'il ne t'écoute pas dans ces moments-là, ou en tout cas qu'il n'essaie pas de te rassurer, qu'il t'engueule, et qu'il les ignore totalement, ou qu'il dicte une chochotte par exemple, Et si, par exemple, il te fait volontairement mal en te disant « bon allez, serrez les dents, c'est bon maintenant » , ou qu'il t'appuie sur le ventre en plein accouchement, ce genre de choses, et bien effectivement, là on rentre dans de la violence.
- Speaker #0
Rien que pour le frottis, ça arrive assez récurrent en tout cas. Oui,
- Speaker #1
c'est ça.
- Speaker #0
C'est ce que j'entends souvent en tout cas.
- Speaker #1
Pour moi, je ne les qualifie même plus de praticiens. Ils ont le titre de médecins, mais pour moi ça ne le sont pas. Parce qu'ils ont signé quelque chose et ils ont fait une promesse quand ils ont eu leur diplôme. Pour moi, à partir du moment où c'est bafoué, tu n'es plus médecin. Enfin, tu n'as plus en tout cas mon respect.
- Speaker #0
Ça se passe bien ou ça se passe mal ? Où se situe la frontière entre maladresse et agression ?
- Speaker #1
Là, c'est très compliqué. C'est souvent à la justice, malheureusement, de la déterminer. C'est faire le point sur ce qui s'est passé. Par exemple, soit tu estimes que tu es vraiment victime d'une violence. Qu'est-ce que j'ai vécu ? quels sont les séquelles ou pas s'il y en a. C'est vraiment aller en parler avec un autre praticien pour lui expliquer la situation et lui va temporiser ou alors va confirmer, infirmer ce qui s'est passé. En tout cas, essayez d'expliquer ce qui s'est passé. Se rapprocher aussi du praticien qui a fait ce geste qui a pu être une violence et essayez de dire, j'ai eu mal à ce moment-là, vous n'avez pas arrêté, pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé pour que vous n'arrêtiez pas ce geste, etc. Donc soit... Parce qu'il ne peut pas. Il y a des moments où il ne peut pas arrêter. C'est-à-dire qu'il ne va pas arracher une pince ou quoi, ça risque de te faire encore plus mal. Il y a des douleurs des fois qui malheureusement ne sont pas des violences, c'est juste un geste maladroit. C'est encore une fois des humains, il faut reprendre un petit peu tout ça. C'est essayer vraiment de déterminer ce qui s'est passé. Et si on voit que le praticien ne veut pas se confronter à vous, on ne veut pas s'expliquer, etc. Là, ça allait se rapprocher des collectifs, des ordres de médecins, etc. pour vraiment se faire entendre.
- Speaker #0
Il y a des impacts qui se font forcément par rapport à notre corps. Quels sont-ils et quels sont les signaux d'alerte qui peuvent se manifester ?
- Speaker #1
Quand on commence à sentir vraiment un inconfort, une gêne vraiment profonde, où on se dit « mais ce qui se passe là, je ne veux pas, je ne veux pas ce qui se passe » , on n'a pas toujours la force de réagir sur le moment T, on le voit bien, souvent on reste tétanisé, etc. C'est pour ça que c'est important soit de laisser passer un petit peu le choc, soit en parler directement avec un proche pour essayer de... Je déléguais un petit peu ça pour essayer de comprendre. Si on voit que le proche, c'est vraiment un moment où il faut être très honnête envers soi et honnête sur la situation, ce que c'est important. Autant pour soi, autant que pour le praticien, s'il y a une vraie volonté de nuire ou pas. S'il y a une vraie volonté de faire mal ou pas, si c'est de la violence ou si c'est un accident. C'est vraiment tout ça qui est vraiment à prendre en compte.
- Speaker #0
Comment on va reconstruire et est-ce que l'on peut... reconstruire sa confiance après un acte médical qui s'est mal passé, qui a été mal vécu.
- Speaker #1
Oui, et même dans le cadre d'un accident, c'est-à-dire qu'on a vécu quelque chose qui n'est pas du tout une violence, mais qui a été traumatique, par exemple. C'est vraiment essayer de reprendre petit à petit la gestion de son stress. Donc ça peut être par des thérapies, par exemple EMDR, brain spouting, le fait de faire de l'hypnose, ce genre de choses peut aider aussi. C'est essayer de calmer ce stress. pour essayer d'appréhender en mieux le rendez-vous. C'est-à-dire qu'on sera obligé, à un moment donné pour sa santé, de revoir tel ou tel praticien. C'est-à-dire, on change de praticien, on essaie d'avoir les bons. Par exemple, je pense aux dentistes. Il y a beaucoup plus de dentistes maintenant qui se forment justement à l'hypnose parce qu'ils savent qu'il y a beaucoup de patients qui sont très craintifs de ces moments-là. Au moins, c'est un indicateur qu'il va quand même être attentif et va prendre soin. Pareil pour les gynécologues. S'ils vous demandent avant de faire un examen, c'est quand même plutôt bon, s'ils vous laissent votre intimité pour vous déshabiller, etc. C'est vraiment à vous de voir comment vous vous sentez, finalement.
- Speaker #0
Et justement, quand cette sphère du vécu intime qui n'est pas pris au sérieux, comment on va l'exprimer face aux préticiens, qu'on a vécu une parole médicale douloureuse, qu'elle nous a beaucoup impacté, comment on va l'exprimer ?
- Speaker #1
Il faut vraiment y aller limite franco. C'est-à-dire que si pas parce que c'est aussi un médecin... que c'est le même. C'est au contraire, si c'est un bon médecin, il va vous écouter, il va prendre en compte ce qui s'est passé et il va vous conseiller au mieux. Il va prendre ça en compte pendant son auscultation, s'il y a auscultation, il y a. Et c'est prendre, encore une fois, le temps de vous rassurer, de ne pas vous brusquer, dans la limite du raisonnable, effectivement. Après, il faut prendre aussi la réalité de terrain. S'il y a 53 patients qui l'attendent derrière, effectivement, il ne pourra pas attendre 45 minutes que ceci ou cela se passe. À la limite, il décalera le rendez-vous en disant « Aujourd'hui, je sens que ce n'est pas la peine. On ne va pas forcer le truc. On se revoit. » Mais c'est en tout cas au moins se sentir écouté.
- Speaker #0
Pour ce qui est du vécu intime, il y a certaines douleurs sexuelles qui sont encore invisibilisées. Pourquoi ?
- Speaker #1
Parce que, par exemple, pour reprendre le vaginisme ou ce genre de choses, à l'examen médical, il n'y a rien. Sur le plan biologique, On aura beau vous faire une prise de sang, une échographie, etc., on ne trouvera rien. Médicalement, il n'y a pas de problème. Ce n'est pas pour autant que le problème n'existe pas. C'est vraiment une chose qu'il faut vraiment ancrer. Ce n'est pas parce qu'on a mal, mais qu'il n'y a rien qui le prouve qu'on n'a pas mal. Tout ça, c'est vraiment quelque chose qu'il faut normaliser. Il y a juste des muscles qui sont là et qui vont se contracter parce que c'est le cerveau qui va le commander. Donc, effectivement, on ne contrôle pas le cerveau en même temps qu'on fait une échographie pelvienne, par exemple. Donc, on ne peut pas voir ce qui se passe. Donc, c'est simplement du stress, des choses qui peuvent être ancrées au niveau du cerveau, qui vont donner des infos sur d'autres parties du corps. Donc, effectivement, ça ne va pas se voir forcément tout de suite, mais ça ne veut pas dire que ça n'existe pas. Parce que quand on essaie une pénétration sur un corps qui a refermé tous ses muscles, là, oui, la douleur, elle va vraiment exister, oui, pour le coup.
- Speaker #0
quand on a notre intuition justement on va dire intuition corporelle, qui nous dit telle ou telle chose, ça va pas. Je sais qu'il y a quelque chose qui ça va pas, mais c'est invisible. Tu veux maintenir ta position en disant si les gars, moi ça va pas, j'ai mal, j'ai des douleurs, je sais que vous les voyez pas, mais je suis pas folle, je suis pas fou. Comment on peut réussir à maintenir sa position et l'exprimer ? pour que ce soit entendu.
- Speaker #1
Encore une fois, ça va beaucoup partir sur les collectifs, sur Endo-France par exemple, ou ce genre de choses, où les douleurs, pareil, existent vraiment. Et bien là, les praticiens vont être cités dans ces choses-là, pour dire, voilà, il y a ces noms, ces noms, ces noms. Je sais que lui, par exemple, m'écoute bien, etc. C'est finalement renouer avec des praticiens de qualité, et là, lui, il va faire exister le problème.
- Speaker #0
Et puis parfois se faire accompagner différemment, comme tu disais, d'un praticien à l'autre ou même d'une expertise à l'autre. Peut-être que la problématique n'est pas au bon endroit ou n'est pas écoutée au bon endroit.
- Speaker #1
C'est totalement ça. Pour moi, dans le milieu de la santé, on est obligé de travailler tous main dans la main. C'est une obligation, que ce soit urologue, sexologue, médecin, médecin traitant. On doit tous travailler ensemble pour avoir les meilleurs résultats pour nos patients.
- Speaker #0
Et pour aller vers cette médecine plus inclusive et plus consciente, Il y a des initiatives qui émergent pour retrouver cette médecine plus sensible, notamment au plaisir. Quelles sont ces initiatives ?
- Speaker #1
Il va y avoir de plus en plus de plateformes d'écoute, de collectifs de médecins spécialisés dedans. Il va y avoir aussi beaucoup de formations qui vont être proposées sur ce thème. C'est-à-dire que c'est aux volontariens et forcément du médecin. mais si on voit que les professionnels sont intéressés, vont se former, écoutent, apprennent, souvent c'est gâche quand même de qualité. C'est-à-dire que ce n'est pas un vieux renfrogné qui reste dans son coin et qui ne veut pas entendre parler des choses. Il y a effectivement la réalité de terrain qu'il y a à prendre en compte. Il y a des symptômes qui sont là. Si on ne les comprend pas, c'est notre devoir d'essayer de les comprendre et de s'informer.
- Speaker #0
Et quand tu es en tant que patient, patiente, et que tu es face à ton médecin, comment tu vas créer un dialogue ? autour du bien-être sexuel, mais tout en étant écouté, et pas que ça fasse une déviation en mode genre, je suis désolée, mais je ne sais pas quoi répondre.
- Speaker #1
En choisissant le bon professionnel. Et ça, c'est en trouvant justement dans ces collectifs des noms. Pour en citer un qui me vient là, parce que je me suis un peu renseignée dessus il n'y a pas longtemps, Charlène Co, par exemple, cette plateforme, propose de la consultation sexo. qui n'est pas du tout ma vision des choses. C'est-à-dire que moi, je ne travaille pas médicalement sur le sujet, parce que j'accompagne plus au niveau psychosocial, on va dire. Mais ce n'est pas pour autant que je réfute leur façon de travailler. Parce que c'est ça aussi. C'est-à-dire que ce n'est pas parce que tu ne travailles pas de la même manière que tu dois leur dire que leur façon de travailler, c'est n'importe quoi. Il y a besoin aussi de sexologues purement médicales quand il y a des choses qui sont à remettre en route, vraiment, pour le coup, physiquement et physiologiquement. On doit travailler là-dessus, mais au moins ça montre que c'est un point d'impulsion sur des médecins déjà qui se forment, qui s'informent et qui travaillent sur les sujets-là et qui sont de plus en plus écoutés. On voit qu'il y a des médecins maintenant en sexologie qui sont vraiment médiatisés par exemple, et bien c'est très bien. Pour moi, c'est très bien.
- Speaker #0
Pour poser ses limites face à un ou une professionnelle, comment tu vas amener les choses ? Comment tu vas oser pour les amener, les choses en question ?
- Speaker #1
Comment ça ?
- Speaker #0
Par exemple, tu es là en pleine consultation avec ton médecin, enfin ta médecin, tu as une problématique, mais tu lui dis, écoute, c'est ça mes limites, comment je peux les poser ? Parce que je ne peux pas aller au-delà de ça, j'ai besoin que tu comprennes que mes limites, c'est ça.
- Speaker #1
Mais il sait qu'en fait, il faut le dire tout simplement. C'est-à-dire que moi, des fois, je vais en consultation, on part sur mon champ de travail, il n'y a pas de souci, on y va. Et je sens dans le rendez-vous qu'à un moment donné, certains indices me disent, là, il va y avoir une exploration, soit médicale à faire, soit psychologique, un accompagnement qu'il y a à faire. Et c'est simplement lui dire, voilà, j'ai bien compris, par exemple, prendre le vaginisme ou le problème d'érection, j'ai bien compris ce qui se passe, etc. Qu'est-ce que vous avez déjà fait dans ce terrain en investigation ? Qu'est-ce qui n'a pas été fait ? Donc là, moi, j'ai bien pris ça et ça, mais par contre, je pense qu'effectivement, si on veut s'enlever des aiguilles du pied et qu'on veut vraiment travailler en entonnoir pour cibler au mieux le problème, je pense qu'une prise de sang, je pense que ceci, je pense que cela serait pas mal à faire. Sous l'avis du médecin, je pense qu'il faut quand même un complément d'enquête, entre guillemets, sur tout ça.
- Speaker #0
Est-ce que tu penses, pour le mot de la fin, qu'on peut réconcilier du coup la médecine et l'intimité ?
- Speaker #1
Il faut, ça c'est vraiment impératif. On le voit que maintenant, dans le milieu de la sexologie, on se tire plus les pattes qu'on essaye d'évoluer ensemble. Je trouve ça vraiment dommage. C'est pas l'urologue qui travaille de son côté et de sa manière, le médecin sexologue qui travaille de son côté et de sa manière, et les sexologues cliniciens qui travaillent de leur côté et de leur manière. c'est au bout d'un moment il faut qu'on travaille tous ensemble parce que c'est pas notre intérêt qu'on joue c'est l'intérêt des patients et l'intérêt de notre de notre discipline de notre travail donc au bout d'un moment si personne s'entend, qu'est-ce qui se passe ? On ne veut pas en entendre parler. On n'aura jamais de poids et de crédibilité si on n'avance pas tous ensemble.
- Speaker #0
En tout cas, merci Chloé pour ce bel échange. Pour ce sujet assez tabou encore une fois. Le prochain sujet est à découvrir sur Instagram sexeploration.lucile.bach
Si ça t'a plu, si cet épisode t'a fait vibrer, partage-le, parle-en, note-le. On se retrouve chaque jeudi pour casser la routine avec Sexeploration. Bisous, bisous !
- Speaker #1
Bisous, on vous aime les médecins !