Description
Transcription
- Hélène Dumont
Vous êtes une femme, vous souhaitez donner du sens à votre sexualité de couple, en faire un lieu de partage, de joie et de ressources. Bonjour, je m'appelle Hélène Dumont, je suis conseillère conjugale et familiale, formée en thérapie sexuelle positive, maman de six enfants. Dans ce podcast, je vous ouvre les portes de mon cabinet pour vous partager avec simplicité les problématiques le plus souvent accompagnées afin que chacune puisse y puiser quelques pistes de réflexion sans pression.
- Marie
Bonjour Hélène.
- Hélène Dumont
Bonjour Marie.
- Marie
Alors aujourd'hui, nous allons parler d'une question que se posent légitimement de nombreux couples. Que faire pour avoir une sexualité épanouie ? Une question légitime, mais qui demande d'être éclaircie pour savoir ce qui précisément leur fait... poser cette question. Est-ce que véritablement, il y a chez eux un problème à régler ? Ou alors, est-ce qu'ils ne fantasment pas une sexualité idéale qui, en réalité, n'existe pas en dehors d'un roman d'amour ou même en dehors d'un film pornographique ? C'est une question que se posent de nombreuses femmes qui viennent vous consulter.
- Hélène Dumont
Oui, c'est effectivement une question classique que l'on peut deviner, par exemple, dans cette demande que je vais vous lire. Je m'ennuie dans ma sexualité, je ne sais pas pourquoi. Cela fait 20 ans que nous sommes mariés, nous nous entendons bien, mais en ce moment, ça manque de fun. Est-ce normal ? Que font les autres couples pour entretenir la flamme ? Est-ce une question de position, de piment, d'imagination ?
- Marie
Je trouve très intéressant que cette femme se demande « est-ce normal ? » Oui,
- Hélène Dumont
de nombreux couples s'interrogent sur leur sexualité. Ils ont l'impression parfois de ne pas être assez, assez fun, assez excitant, assez intense. mais Ce questionnement est à mettre en perspective. En fonction de quoi ne sont-ils pas assez ? La remise en question de la sexualité est une problématique classique et elle force le couple à s'interroger sur ce qui les rapproche.
- Marie
C'est un questionnement plutôt positif donc ?
- Hélène Dumont
Oui, c'est un questionnement plutôt positif. Et comme le couple est un espace en mouvement perpétuel, il est normal que la sexualité ne soit pas la même à 20 ans, à 30 ans, à 60 ans et que cela nécessite du temps, et de temps à autre une petite remise à jour. Bon, et puis le corps change, il ne réagit pas de la même façon. La maturité des personnes et du couple évolue ainsi que leur disponibilité, leur relation. Et les préoccupations et les attentes ne sont pas les mêmes chez l'un ou chez l'autre en fonction des saisons de la vie.
- Marie
Donc les moments de questionnement, de remise en question sont normaux.
- Hélène Dumont
Oui, c'est tout à fait normal de réinterroger sa sexualité. Et dans ces moments-là, la tentation est grande de vouloir regarder chez les voisins. Tout le monde le fait, de vouloir un petit peu guigner, regarder par le trou de la serrure. On se dit, mais comment font-ils eux ? Font-ils souvent l'amour ? En fait, on est tenté par la comparaison pour venir se rassurer sur notre façon d'être un homme ou d'être une femme, ou sur notre façon de faire l'amour, notre fréquence, notre capacité à séduire aussi.
- Marie
Et puis comme l'herbe est toujours... plus verte ailleurs, tout d'un coup on se dit est-ce que moi je suis suffisamment effectivement comme ci ou comme ça ?
- Hélène Dumont
Exactement, et du coup dans ces moments-là on devient beaucoup plus sensible à tout ce que peut nous transmettre notre société hyper-sexualisée et l'analyse de notre sexualité se fait au regard de ces codes qui nous entourent et dans lesquels nous baignons sans toujours nous en rendre compte
- Marie
C'est vrai que c'est... hyper prégnant dans les magazines, à la radio, dans les séries. On en vient à s'interroger alors même que tout va bien.
- Hélène Dumont
C'est exactement ça. Parfois, on se pose des questions alors qu'il n'y aurait pas de raison de s'en poser. Par exemple, la lecture fortuite d'un article sur les sex toys me fera penser que je ne suis peut-être pas très drôle si je ne les utilise pas. Ou alors, ça va être une discussion entre amis sur la masturbation qui viendra me faire dire que je suis peut-être un peu coincée si je ne me masturbe pas. Ou alors ce sera peut-être le visionnage d'un film avec une scène très érotique qui me fera soupirer. Et moi, j'en suis où de mes orgasmes ? En fait, ce sont autant de questions qui bousculent de façon insidieuse la subjectivité de mon rapport à la sexualité.
- Marie
L'absence de tabou, de limite est assez frappante effectivement dans le domaine de la sexualité aujourd'hui. Il n'est qu'à regarder un épisode de Game of Thrones ou la série Sex Education. C'est assez...
- Hélène Dumont
assez fort. La sexualité aujourd'hui est libérée. Nous pouvons en parler, nous pouvons la revendiquer. Mai 68 a permis l'affranchissement d'un certain nombre de limites, de tabous, ce qui nous permet par exemple d'en faire aujourd'hui des podcasts.
- Marie
Et même chez Famille Chrétienne,
- Hélène Dumont
il y a des choses positives. Mais cette absence de limites devient aussi une injonction, une loi anxiogène qui nous fait perdre de vue ce qui nous rend heureux dans notre intimité.
- Marie
C'est-à-dire ?
- Hélène Dumont
Je m'explique. La médiatisation de certaines pratiques, comme la fellation, le cunnilingus, la sodomie, la vulgarisation aussi du sadomasochisme, soft avec le livre 50 nuances de grès, l'explosion du marché du sex toys, l'injonction à la jouissance vantant les mérites des plans à trois, tout cela relayé par le développement de l'industrie pornographique, tout cela apparaît comme une expérience au final assez banale que tout le monde devrait vivre. ou essayer au moins de vivre une fois dans sa vie pour ne pas mourir idiot.
- Marie
C'est très juste.
- Hélène Dumont
Voilà. Mais du coup, cette médiatisation induit un certain nombre de confusions. Et je vais essayer de vous parler de ces confusions. Alors, la première confusion serait de croire que tout le monde le fait. Or, certaines pratiques concernent au final beaucoup moins de personnes que ce que l'on croit. Donc, inutile de se mettre la pression ou de se sentir nul pour ne pas avoir essayé le dernier fantasme à la mode. Ça, c'est la première chose. La deuxième confusion serait de croire que j'ai un problème si je ne veux pas tester telle ou telle chose. Alors qu'en fait, j'ai peut-être tout simplement d'autres aspirations. À moi et à mon conjoint de faire preuve de dialogue et d'imagination pour trouver un espace qui nous ressemble et qui nous relie.
- Marie
On ne le dira pas assez, communique. Communiquer ! Oui,
- Hélène Dumont
il faut vraiment communiquer, surtout dans l'espace de la sexualité, c'est vraiment vrai. La troisième confusion serait de croire que le sexe, c'est mieux quand c'est intense, et peut-être même quand ça fait un peu mal. Or, la douleur, eh bien, on le sait, ça n'a rien d'excitant.
- Marie
Oui, d'ailleurs, on l'a vu dans le dernier épisode du podcast sur le vaginisme, les douleurs au moment de faire l'amour. Voilà, ce n'est pas normal. Et voilà, si vous n'avez pas écouté cet épisode, faites-le, c'est hyper intéressant.
- Hélène Dumont
Exactement. La quatrième confusion serait de croire que je dois faire jouir l'autre à tout prix. Non seulement une fois, mais aussi deux fois, ou peut-être même trois fois, ou moi-même jouir à tout prix, au risque, si je ne le fais pas, de remettre peut-être l'autre en question.
- Marie
Ça devient vraiment compliqué là.
- Hélène Dumont
Voilà, parfois peut-être qu'on se prend un peu trop la tête dans la sexualité. Ce qui met le sexe sous pression, puisque je suis sans cesse en train de courir après quelque chose, sans profiter du moment présent et de ce que je ressens. Et une femme me disait qu'elle était tellement tout le temps en train de réfléchir à ce qu'elle devait faire que finalement, ce moment de partage en devenait pénible.
- Marie
Donc il y a la pression que je me mets moi-même et puis il y a aussi celle que je mets sur l'autre aussi.
- Hélène Dumont
Oui, et cela touche les représentations que les hommes et les femmes ont de la sexualité. Les femmes par exemple... par exemple, demande parfois aux hommes de les pénétrer longuement sans éjaculer. Cette façon de concevoir la pénétration est issue des scénarios pornographiques. Or, cet exercice peut vite s'avérer complexe pour certains hommes. La question de l'éjaculation prématurée est donc abordée en entretien et il me semble intéressant de redonner là, à ce moment, une définition. Et l'éjaculateur précoce, un homme dont l'éjaculation surviendra toujours. ou presque toujours avant une minute environ après la pénétration vaginale. De plus, l'homme doit être incapable de la retarder. Donc au-delà d'une minute, on ne parle pas d'éjaculateur prématuré. Le temps moyen qui sépare la pénétration d'une éjaculation est de 5,4 minutes environ.
- Marie
D'accord, donc finalement c'est assez court en tribut.
- Hélène Dumont
Voilà, en fait, chaque homme a un temps qui est le sien. au moment de la pénétration. Et ce temps, d'ailleurs, peut varier selon les périodes de sa vie. Donc, moi, j'invite les femmes à revoir leur représentation. Et je les invite à combiner avec le rythme de leur mari sans leur mettre la pression. Car, pour le coup, la pression peut entraîner une éjaculation prématurée. Et là, c'est un vrai cercle vicieux.
- Marie
Et pour les hommes, alors ?
- Hélène Dumont
Inversement, certains hommes mettent la pression à leur femme. Il faut jouir, longtemps, tout le temps. Et pareil, cela est contre-productif puisque l'injonction inhibe le désir et le plaisir. Alors je pense à une autre confusion concernant la représentation du sexe de la femme. Les codes hypersexualisés véhiculent l'image d'un sexe féminin sans poils, et plus largement parfait, lisse, jeune, rose. Si la femme est libre de s'épiler ou non, il est tout de même intéressant qu'elle puisse se questionner sur ce geste et la représentation qu'elle a d'un sexe poilu ou non, et que le couple puisse en discuter. On l'a déjà dit, en tout cas évoqué dans un podcast précédent. La représentation aussi du sexe masculin dans l'industrie porno est également biaisée. Les sexes sont grands, ils sont gros et cela peut avoir un impact non pas sur les femmes, parce qu'au final les femmes ne sont pas très attachées à la taille du sexe masculin, mais plutôt sur les hommes et notamment sur ceux qui manquent de confiance en eux. Cela peut provoquer un complexe. Et dans les dernières représentations, La question des cris est également parfois abordée. Dans la pornographie, le cri est l'expression d'un plaisir qui ne se tarie jamais. Or, dans la vraie vie, tout le monde ne crie pas lors d'un orgasme et il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Chacun exprime son plaisir à sa manière. L'essentiel étant peut-être de le communiquer à l'autre par un geste, une caresse, un murmure.
- Marie
La communication est décidément fondamentale. On l'abordera dans un prochain épisode, car on s'aperçoit bien que c'est une clé très importante, mais qu'on ne sait pas ou bien qu'on n'ose pas l'utiliser. Il me semble qu'on n'a pas encore abordé la question pourtant fréquente des positions, les fameuses.
- Hélène Dumont
Les fameuses positions. Mais c'est vrai que la question des positions, je reconnais qu'elle est fréquente. Les couples se demandent ce qu'ils peuvent bien faire. Ce qui crée une petite déception entre ce qu'ils souhaiteraient faire et la réalité. Franchement, à moins d'être très musclé. et très souple, il n'existe pas des milliers de positions. On peut toujours s'inspirer du Kamasutra, mais au final, les couples aiment aussi et surtout faire l'amour de façon confortable et sans se faire mal au dos. Et ça, c'est un critère important, il me semble. Ça n'empêche pas de mettre parfois du peps, mais voilà, il y a un brouillage des codes et des repères entre ce que je dois faire et ce que j'ai envie de vivre. Entre pratiques érotiques ... et épanouissement profond entre le devoir de jouir et la joie de ressentir. Et l'appréhension de la sexualité devient alors exigeante, stressante selon notre parcours, ou encore idéaliste et donc par conséquent décevante ou frustrante. Dans la réalité, la sexualité du couple est bien loin des images hyper sexualisées et des scénarios pornographiques. Mais elle est aussi beaucoup plus intéressante et très humaine. Et c'est peut-être cette dimension humaine qu'il s'agit d'accueillir et de travailler en tout cas.
- Marie
Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire cette dimension très humaine ?
- Hélène Dumont
Alors, accueillir la dimension humaine de la sexualité, c'est accueillir toute son imperfection. Les jambes pas toujours très bien rasées, la culotte petit bateau en coton, un pet vaginal que l'on n'attendait pas, une panne, une crampe au mollet. Une cliente me racontait d'ailleurs dans un fou rire. heureusement qu'on rigole aussi dans les entretiens et heureusement qu'on rigole aussi dans la sexualité. Donc elle me racontait dans un fou rire que son mari avait une crampe au mollet en pleine ébats. Et un homme me disait aussi combien sa femme n'arrêtait pas de gigoter à chaque fois qu'il essayait de l'embrasser sur des zones érogènes. Un autre couple me racontait qu'au moment pile où la mayonnaise du plaisir prenait, leur enfant de 3 ans les avait appelés pour faire pipi.
- Marie
Typique !
- Hélène Dumont
Voilà, c'est ça la vraie vie, je crois. Donc, on est bien loin de la performance, mais voilà, c'est ça la vraie vie, la sexualité humaine. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas mettre de pep, de l'imagination, beaucoup d'érotisme. Mais ce n'est pas parce que ma sexualité sera imparfaite et parfois, il faut le dire, ratée, qu'elle ne sera pas intéressante.
- Marie
C'est très réconfortant. et alors que faire si je m'ennuie quand même dans ma sexualité ?
- Hélène Dumont
Si je m'ennuie dans ma sexualité, si je la trouve fade au regard des codes ambiants, l'une des premières choses à faire est peut-être de lui consacrer du temps. Souvent, le temps qu'on lui accorde se réduit comme une peau de chagrin. Il y a les enfants, les obligations familiales, la routine, la flemme aussi. Or, la sexualité a besoin de temps et cela induit que le coup couple puisse se retrouver sans courir, sans rien faire. La sexualité a besoin de vide pour que les désirs émergent et c'est l'une des premières choses que nous travaillons en entretien. Remettre du temps dans la relation de couple et prévoir du temps pour faire l'amour et ne faire que ça. Et justement, je leur demande de prendre leur agenda et de fixer le rendez-vous érotique de la semaine.
- Marie
Le fameux agenda ! Mais justement, ce n'est pas dans ce temps long que naît l'ennui ?
- Hélène Dumont
Justement, la notion d'ennui doit être interrogée de façon plus profonde. Qu'est-ce que cela vient signifier ? Est-ce vraiment relié à la sexualité ? Ou est-ce l'expression d'un malaise plus large qui toucherait le couple ou l'un des deux ? Enfin, on peut aussi revisiter les bons souvenirs. Quels sont les souvenirs heureux de notre sexualité ? Quels étaient les ingrédients secrets qui rendaient les retrouvailles intimes, fantastiques, prenantes, érotiques, orgasmiques ? Tel homme me parle, par exemple, de soleil, d'amour dans le jardin. Telle femme me parle du plaisir de faire l'amour à n'importe quel moment de la journée. Tel couple d'un massage sensationnel ou d'une nouvelle position qui les avait rapprochés. Comment remettre ces ingrédients érotiques dans leur sexualité actuelle ? Et vous savez, les couples finissent toujours par trouver des solutions.
- Marie
Super !
- Hélène Dumont
Une sexualité épanouie exige... un retour aux sources, un peu de dialogue, même beaucoup de dialogue et de travail. Et ce n'est pas le choix de telle ou telle pratique qui rendra la sexualité pétillante, ni l'exigence d'une fréquence, mais plutôt l'investissement authentique de chacun. La sexualité force à l'imagination, à l'adaptation aussi. Elle varie selon l'âge, les périodes de la vie et elle contraint le couple à se remettre en question de façon... permanente. Une sexualité épanouie et donc une sexualité sur mesure qui ose prendre un peu de hauteur loin des injonctions sexuelles, des scénarios creux et trop faciles de la pornographie.
- Marie
Eh bien, au travail ! Et puis, bonne semaine !
- Hélène Dumont
Merci de nous avoir écoutés. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous. à vos soeurs, vos amis, pour qu'elles puissent en bénéficier. Vous pouvez aussi mettre une note de 5 étoiles et un commentaire sur Apple Podcast ou iTunes si vous écoutez l'épisode grâce à cette plateforme afin que le podcast soit connu par le plus de femmes possible. Et si vous êtes branché réseau sociaux, rejoignez-nous sur le compte Instagram des podcasts de Famille Chrétienne et sur le groupe dédié au podcast sur la page Facebook de Famille Chrétienne. N'hésitez pas à faire part de vos interrogations, de vos remarques. et suggestions. Et à la semaine prochaine !
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- Hélène Dumont
Vous êtes une femme, vous souhaitez donner du sens à votre sexualité de couple, en faire un lieu de partage, de joie et de ressources. Bonjour, je m'appelle Hélène Dumont, je suis conseillère conjugale et familiale, formée en thérapie sexuelle positive, maman de six enfants. Dans ce podcast, je vous ouvre les portes de mon cabinet pour vous partager avec simplicité les problématiques le plus souvent accompagnées afin que chacune puisse y puiser quelques pistes de réflexion sans pression.
- Marie
Bonjour Hélène.
- Hélène Dumont
Bonjour Marie.
- Marie
Alors aujourd'hui, nous allons parler d'une question que se posent légitimement de nombreux couples. Que faire pour avoir une sexualité épanouie ? Une question légitime, mais qui demande d'être éclaircie pour savoir ce qui précisément leur fait... poser cette question. Est-ce que véritablement, il y a chez eux un problème à régler ? Ou alors, est-ce qu'ils ne fantasment pas une sexualité idéale qui, en réalité, n'existe pas en dehors d'un roman d'amour ou même en dehors d'un film pornographique ? C'est une question que se posent de nombreuses femmes qui viennent vous consulter.
- Hélène Dumont
Oui, c'est effectivement une question classique que l'on peut deviner, par exemple, dans cette demande que je vais vous lire. Je m'ennuie dans ma sexualité, je ne sais pas pourquoi. Cela fait 20 ans que nous sommes mariés, nous nous entendons bien, mais en ce moment, ça manque de fun. Est-ce normal ? Que font les autres couples pour entretenir la flamme ? Est-ce une question de position, de piment, d'imagination ?
- Marie
Je trouve très intéressant que cette femme se demande « est-ce normal ? » Oui,
- Hélène Dumont
de nombreux couples s'interrogent sur leur sexualité. Ils ont l'impression parfois de ne pas être assez, assez fun, assez excitant, assez intense. mais Ce questionnement est à mettre en perspective. En fonction de quoi ne sont-ils pas assez ? La remise en question de la sexualité est une problématique classique et elle force le couple à s'interroger sur ce qui les rapproche.
- Marie
C'est un questionnement plutôt positif donc ?
- Hélène Dumont
Oui, c'est un questionnement plutôt positif. Et comme le couple est un espace en mouvement perpétuel, il est normal que la sexualité ne soit pas la même à 20 ans, à 30 ans, à 60 ans et que cela nécessite du temps, et de temps à autre une petite remise à jour. Bon, et puis le corps change, il ne réagit pas de la même façon. La maturité des personnes et du couple évolue ainsi que leur disponibilité, leur relation. Et les préoccupations et les attentes ne sont pas les mêmes chez l'un ou chez l'autre en fonction des saisons de la vie.
- Marie
Donc les moments de questionnement, de remise en question sont normaux.
- Hélène Dumont
Oui, c'est tout à fait normal de réinterroger sa sexualité. Et dans ces moments-là, la tentation est grande de vouloir regarder chez les voisins. Tout le monde le fait, de vouloir un petit peu guigner, regarder par le trou de la serrure. On se dit, mais comment font-ils eux ? Font-ils souvent l'amour ? En fait, on est tenté par la comparaison pour venir se rassurer sur notre façon d'être un homme ou d'être une femme, ou sur notre façon de faire l'amour, notre fréquence, notre capacité à séduire aussi.
- Marie
Et puis comme l'herbe est toujours... plus verte ailleurs, tout d'un coup on se dit est-ce que moi je suis suffisamment effectivement comme ci ou comme ça ?
- Hélène Dumont
Exactement, et du coup dans ces moments-là on devient beaucoup plus sensible à tout ce que peut nous transmettre notre société hyper-sexualisée et l'analyse de notre sexualité se fait au regard de ces codes qui nous entourent et dans lesquels nous baignons sans toujours nous en rendre compte
- Marie
C'est vrai que c'est... hyper prégnant dans les magazines, à la radio, dans les séries. On en vient à s'interroger alors même que tout va bien.
- Hélène Dumont
C'est exactement ça. Parfois, on se pose des questions alors qu'il n'y aurait pas de raison de s'en poser. Par exemple, la lecture fortuite d'un article sur les sex toys me fera penser que je ne suis peut-être pas très drôle si je ne les utilise pas. Ou alors, ça va être une discussion entre amis sur la masturbation qui viendra me faire dire que je suis peut-être un peu coincée si je ne me masturbe pas. Ou alors ce sera peut-être le visionnage d'un film avec une scène très érotique qui me fera soupirer. Et moi, j'en suis où de mes orgasmes ? En fait, ce sont autant de questions qui bousculent de façon insidieuse la subjectivité de mon rapport à la sexualité.
- Marie
L'absence de tabou, de limite est assez frappante effectivement dans le domaine de la sexualité aujourd'hui. Il n'est qu'à regarder un épisode de Game of Thrones ou la série Sex Education. C'est assez...
- Hélène Dumont
assez fort. La sexualité aujourd'hui est libérée. Nous pouvons en parler, nous pouvons la revendiquer. Mai 68 a permis l'affranchissement d'un certain nombre de limites, de tabous, ce qui nous permet par exemple d'en faire aujourd'hui des podcasts.
- Marie
Et même chez Famille Chrétienne,
- Hélène Dumont
il y a des choses positives. Mais cette absence de limites devient aussi une injonction, une loi anxiogène qui nous fait perdre de vue ce qui nous rend heureux dans notre intimité.
- Marie
C'est-à-dire ?
- Hélène Dumont
Je m'explique. La médiatisation de certaines pratiques, comme la fellation, le cunnilingus, la sodomie, la vulgarisation aussi du sadomasochisme, soft avec le livre 50 nuances de grès, l'explosion du marché du sex toys, l'injonction à la jouissance vantant les mérites des plans à trois, tout cela relayé par le développement de l'industrie pornographique, tout cela apparaît comme une expérience au final assez banale que tout le monde devrait vivre. ou essayer au moins de vivre une fois dans sa vie pour ne pas mourir idiot.
- Marie
C'est très juste.
- Hélène Dumont
Voilà. Mais du coup, cette médiatisation induit un certain nombre de confusions. Et je vais essayer de vous parler de ces confusions. Alors, la première confusion serait de croire que tout le monde le fait. Or, certaines pratiques concernent au final beaucoup moins de personnes que ce que l'on croit. Donc, inutile de se mettre la pression ou de se sentir nul pour ne pas avoir essayé le dernier fantasme à la mode. Ça, c'est la première chose. La deuxième confusion serait de croire que j'ai un problème si je ne veux pas tester telle ou telle chose. Alors qu'en fait, j'ai peut-être tout simplement d'autres aspirations. À moi et à mon conjoint de faire preuve de dialogue et d'imagination pour trouver un espace qui nous ressemble et qui nous relie.
- Marie
On ne le dira pas assez, communique. Communiquer ! Oui,
- Hélène Dumont
il faut vraiment communiquer, surtout dans l'espace de la sexualité, c'est vraiment vrai. La troisième confusion serait de croire que le sexe, c'est mieux quand c'est intense, et peut-être même quand ça fait un peu mal. Or, la douleur, eh bien, on le sait, ça n'a rien d'excitant.
- Marie
Oui, d'ailleurs, on l'a vu dans le dernier épisode du podcast sur le vaginisme, les douleurs au moment de faire l'amour. Voilà, ce n'est pas normal. Et voilà, si vous n'avez pas écouté cet épisode, faites-le, c'est hyper intéressant.
- Hélène Dumont
Exactement. La quatrième confusion serait de croire que je dois faire jouir l'autre à tout prix. Non seulement une fois, mais aussi deux fois, ou peut-être même trois fois, ou moi-même jouir à tout prix, au risque, si je ne le fais pas, de remettre peut-être l'autre en question.
- Marie
Ça devient vraiment compliqué là.
- Hélène Dumont
Voilà, parfois peut-être qu'on se prend un peu trop la tête dans la sexualité. Ce qui met le sexe sous pression, puisque je suis sans cesse en train de courir après quelque chose, sans profiter du moment présent et de ce que je ressens. Et une femme me disait qu'elle était tellement tout le temps en train de réfléchir à ce qu'elle devait faire que finalement, ce moment de partage en devenait pénible.
- Marie
Donc il y a la pression que je me mets moi-même et puis il y a aussi celle que je mets sur l'autre aussi.
- Hélène Dumont
Oui, et cela touche les représentations que les hommes et les femmes ont de la sexualité. Les femmes par exemple... par exemple, demande parfois aux hommes de les pénétrer longuement sans éjaculer. Cette façon de concevoir la pénétration est issue des scénarios pornographiques. Or, cet exercice peut vite s'avérer complexe pour certains hommes. La question de l'éjaculation prématurée est donc abordée en entretien et il me semble intéressant de redonner là, à ce moment, une définition. Et l'éjaculateur précoce, un homme dont l'éjaculation surviendra toujours. ou presque toujours avant une minute environ après la pénétration vaginale. De plus, l'homme doit être incapable de la retarder. Donc au-delà d'une minute, on ne parle pas d'éjaculateur prématuré. Le temps moyen qui sépare la pénétration d'une éjaculation est de 5,4 minutes environ.
- Marie
D'accord, donc finalement c'est assez court en tribut.
- Hélène Dumont
Voilà, en fait, chaque homme a un temps qui est le sien. au moment de la pénétration. Et ce temps, d'ailleurs, peut varier selon les périodes de sa vie. Donc, moi, j'invite les femmes à revoir leur représentation. Et je les invite à combiner avec le rythme de leur mari sans leur mettre la pression. Car, pour le coup, la pression peut entraîner une éjaculation prématurée. Et là, c'est un vrai cercle vicieux.
- Marie
Et pour les hommes, alors ?
- Hélène Dumont
Inversement, certains hommes mettent la pression à leur femme. Il faut jouir, longtemps, tout le temps. Et pareil, cela est contre-productif puisque l'injonction inhibe le désir et le plaisir. Alors je pense à une autre confusion concernant la représentation du sexe de la femme. Les codes hypersexualisés véhiculent l'image d'un sexe féminin sans poils, et plus largement parfait, lisse, jeune, rose. Si la femme est libre de s'épiler ou non, il est tout de même intéressant qu'elle puisse se questionner sur ce geste et la représentation qu'elle a d'un sexe poilu ou non, et que le couple puisse en discuter. On l'a déjà dit, en tout cas évoqué dans un podcast précédent. La représentation aussi du sexe masculin dans l'industrie porno est également biaisée. Les sexes sont grands, ils sont gros et cela peut avoir un impact non pas sur les femmes, parce qu'au final les femmes ne sont pas très attachées à la taille du sexe masculin, mais plutôt sur les hommes et notamment sur ceux qui manquent de confiance en eux. Cela peut provoquer un complexe. Et dans les dernières représentations, La question des cris est également parfois abordée. Dans la pornographie, le cri est l'expression d'un plaisir qui ne se tarie jamais. Or, dans la vraie vie, tout le monde ne crie pas lors d'un orgasme et il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Chacun exprime son plaisir à sa manière. L'essentiel étant peut-être de le communiquer à l'autre par un geste, une caresse, un murmure.
- Marie
La communication est décidément fondamentale. On l'abordera dans un prochain épisode, car on s'aperçoit bien que c'est une clé très importante, mais qu'on ne sait pas ou bien qu'on n'ose pas l'utiliser. Il me semble qu'on n'a pas encore abordé la question pourtant fréquente des positions, les fameuses.
- Hélène Dumont
Les fameuses positions. Mais c'est vrai que la question des positions, je reconnais qu'elle est fréquente. Les couples se demandent ce qu'ils peuvent bien faire. Ce qui crée une petite déception entre ce qu'ils souhaiteraient faire et la réalité. Franchement, à moins d'être très musclé. et très souple, il n'existe pas des milliers de positions. On peut toujours s'inspirer du Kamasutra, mais au final, les couples aiment aussi et surtout faire l'amour de façon confortable et sans se faire mal au dos. Et ça, c'est un critère important, il me semble. Ça n'empêche pas de mettre parfois du peps, mais voilà, il y a un brouillage des codes et des repères entre ce que je dois faire et ce que j'ai envie de vivre. Entre pratiques érotiques ... et épanouissement profond entre le devoir de jouir et la joie de ressentir. Et l'appréhension de la sexualité devient alors exigeante, stressante selon notre parcours, ou encore idéaliste et donc par conséquent décevante ou frustrante. Dans la réalité, la sexualité du couple est bien loin des images hyper sexualisées et des scénarios pornographiques. Mais elle est aussi beaucoup plus intéressante et très humaine. Et c'est peut-être cette dimension humaine qu'il s'agit d'accueillir et de travailler en tout cas.
- Marie
Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire cette dimension très humaine ?
- Hélène Dumont
Alors, accueillir la dimension humaine de la sexualité, c'est accueillir toute son imperfection. Les jambes pas toujours très bien rasées, la culotte petit bateau en coton, un pet vaginal que l'on n'attendait pas, une panne, une crampe au mollet. Une cliente me racontait d'ailleurs dans un fou rire. heureusement qu'on rigole aussi dans les entretiens et heureusement qu'on rigole aussi dans la sexualité. Donc elle me racontait dans un fou rire que son mari avait une crampe au mollet en pleine ébats. Et un homme me disait aussi combien sa femme n'arrêtait pas de gigoter à chaque fois qu'il essayait de l'embrasser sur des zones érogènes. Un autre couple me racontait qu'au moment pile où la mayonnaise du plaisir prenait, leur enfant de 3 ans les avait appelés pour faire pipi.
- Marie
Typique !
- Hélène Dumont
Voilà, c'est ça la vraie vie, je crois. Donc, on est bien loin de la performance, mais voilà, c'est ça la vraie vie, la sexualité humaine. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas mettre de pep, de l'imagination, beaucoup d'érotisme. Mais ce n'est pas parce que ma sexualité sera imparfaite et parfois, il faut le dire, ratée, qu'elle ne sera pas intéressante.
- Marie
C'est très réconfortant. et alors que faire si je m'ennuie quand même dans ma sexualité ?
- Hélène Dumont
Si je m'ennuie dans ma sexualité, si je la trouve fade au regard des codes ambiants, l'une des premières choses à faire est peut-être de lui consacrer du temps. Souvent, le temps qu'on lui accorde se réduit comme une peau de chagrin. Il y a les enfants, les obligations familiales, la routine, la flemme aussi. Or, la sexualité a besoin de temps et cela induit que le coup couple puisse se retrouver sans courir, sans rien faire. La sexualité a besoin de vide pour que les désirs émergent et c'est l'une des premières choses que nous travaillons en entretien. Remettre du temps dans la relation de couple et prévoir du temps pour faire l'amour et ne faire que ça. Et justement, je leur demande de prendre leur agenda et de fixer le rendez-vous érotique de la semaine.
- Marie
Le fameux agenda ! Mais justement, ce n'est pas dans ce temps long que naît l'ennui ?
- Hélène Dumont
Justement, la notion d'ennui doit être interrogée de façon plus profonde. Qu'est-ce que cela vient signifier ? Est-ce vraiment relié à la sexualité ? Ou est-ce l'expression d'un malaise plus large qui toucherait le couple ou l'un des deux ? Enfin, on peut aussi revisiter les bons souvenirs. Quels sont les souvenirs heureux de notre sexualité ? Quels étaient les ingrédients secrets qui rendaient les retrouvailles intimes, fantastiques, prenantes, érotiques, orgasmiques ? Tel homme me parle, par exemple, de soleil, d'amour dans le jardin. Telle femme me parle du plaisir de faire l'amour à n'importe quel moment de la journée. Tel couple d'un massage sensationnel ou d'une nouvelle position qui les avait rapprochés. Comment remettre ces ingrédients érotiques dans leur sexualité actuelle ? Et vous savez, les couples finissent toujours par trouver des solutions.
- Marie
Super !
- Hélène Dumont
Une sexualité épanouie exige... un retour aux sources, un peu de dialogue, même beaucoup de dialogue et de travail. Et ce n'est pas le choix de telle ou telle pratique qui rendra la sexualité pétillante, ni l'exigence d'une fréquence, mais plutôt l'investissement authentique de chacun. La sexualité force à l'imagination, à l'adaptation aussi. Elle varie selon l'âge, les périodes de la vie et elle contraint le couple à se remettre en question de façon... permanente. Une sexualité épanouie et donc une sexualité sur mesure qui ose prendre un peu de hauteur loin des injonctions sexuelles, des scénarios creux et trop faciles de la pornographie.
- Marie
Eh bien, au travail ! Et puis, bonne semaine !
- Hélène Dumont
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