Speaker #0Et si je te disais que la peur qui t'empêche de prendre la parole en ligne ne t'appartient pas ? Bienvenue dans Silence, sa podcast. Le podcast pour les entrepreneuses prêtes à libérer leur voix et à impacter durablement. Moi, c'est Laetitia, je suis copilote en lancement de podcast et podcast manager. Ce podcast, je l'ai imaginé comme un vrai labo. pour documenter mon propre chemin de podcasteuse et surtout pour t'aider à lancer le tien. Ici, on parle création de podcast, mindset et prise de parole pour te faire passer de l'idée à l'action. Bonne écoute ! Bienvenue dans ce nouvel épisode et aujourd'hui, on se retrouve pour un épisode de la rubrique Open Mic. Donc pour rappel, Open Mic, c'est une rubrique dans laquelle je laisse la parole à des expertes. pour venir nous parler soit de mindset, soit de prise de parole dans un format de 15 minutes. Et aujourd'hui, je reçois Laura Saint-Germain, mentor en prise de parole et conférencière, pour nous parler d'un sujet que j'avais très envie d'explorer avec vous sur le podcast et qui est « Pourquoi la peur de prendre la parole, pourquoi la peur de se rendre visible nous touche autant, nous, les femmes ? » Pourquoi nous plus que les hommes qui, eux, se posent beaucoup moins la question quand il s'agit par exemple de prendre la parole en ligne ? Et je me fais cette réflexion aujourd'hui parce que le fil rouge de tous les premiers épisodes du podcast, ça a vraiment été d'oser libérer sa voix. Parce que ça a été un sujet pour moi en lançant ce podcast et ça l'est toujours. Et je sais que c'est un sujet pour de nombreuses femmes et sûrement pour toi aussi qui m'écoutes. Et bon, je pense que cet épisode, il arrive un peu tard, mais je me suis rendu compte dernièrement qu'on ne pouvait pas parler uniquement de notre rapport avec la prise de parole à un niveau individuel, sans comprendre véritablement les origines de notre blocage, mais au-delà de notre histoire personnelle. Parce que ça ne remonte pas seulement à la manière dont on a été socialisé ou encore éduqué depuis toute petite. Ça ne dépend pas que non plus du milieu familial dans lequel on a grandi, mais ça remonte à bien plus loin dans l'histoire avec un grand H. Et cette histoire, elle nous a laissé des mémoires, des traces invisibles qui expliquent, pour une part, pourquoi on a tant de mal que ça aujourd'hui à prendre la parole en ligne, à donner notre avis, à défendre nos idées. Ça explique aussi pourquoi... Pourquoi on pense qu'on n'a rien d'intéressant à dire et qu'on remet aussi autant en question notre propre valeur. Parce que par exemple, quand on se dit mais est-ce que là ce que je vais dire c'est vraiment intéressant ? En fait, ce qui se joue c'est est-ce que ça mérite que je m'autorise à prendre la parole ? Bref, c'est un vaste sujet et je suis super contente que ce soit Laura qui vienne nous en parler. Parce qu'elle aborde ce sujet de cet héritage au quotidien avec les femmes qu'elle accompagne. Et c'est vraiment fondamental pour comprendre que ces blocages, ces peurs qu'on ressent et toute la frustration, la culpabilité aussi qu'il peut y avoir derrière, de comprendre que tout ça, ça ne nous appartient pas. Donc je vous laisse avec Laura et je vous retrouve juste après.
Speaker #1Qu'est-ce qui nous empêche, nous les femmes, de s'exprimer à la hauteur de notre vision, à la hauteur de notre ambition ? Ce paradoxe entre la peur de prendre la parole, de s'exprimer à haute voix et en même temps, ce désir brûlant de vouloir contribuer, transmettre, porter sa voix. Je me souviens encore quand j'ai commencé à prendre la parole, la ressentir, cette dissonance. Alors oui, bien sûr, la peur de parler en public est la deuxième peur après celle de la peur de la mort. Mais pourquoi ? Pourquoi seulement 30% de la parole publique est aujourd'hui occupée par des femmes contre 70% par des hommes ? Et s'il y avait autre chose ? C'est ce que je te propose de découvrir et d'explorer dans cet épisode. De revenir à la source pour comprendre ce qui se joue en nous en tant que femmes. Là où ce paradoxe entre désir viscéral, de porter sa voix et peur de s'exprimer est né. au cœur de notre histoire, de notre histoire collective. Parce que si l'on prend du recul sur l'histoire de la parole, on réalise que les femmes n'ont pas toujours été réduites au silence. ou au fait de minimiser leur voix. Mais nous avons été progressivement écartés de cet espace public de la parole. Pour le comprendre, il s'agit de revenir un petit peu en arrière, de revenir à la naissance de l'art oratoire en Antiquité, en Grèce antique. C'est à cette époque que la rhétorique « l'art de la parole publique » est inventée, au Vème siècle avant Jésus-Christ. Mais dès cette origine, on comprend que l'espace de la parole publique est réservé aux hommes. Les femmes, même si elles sont libres, n'ont pas le droit de parole, dans les espaces réservés à la parole comme l'agora. La voix des femmes, notre voix, reste strictement cantonnée à la sphère privée. Débute alors ce lien entre parole publique Merci. égal pouvoir politique, égal masculin. S'en vient ensuite l'époque du Moyen-Âge, l'âge de l'effacement. À cette époque, c'est l'Église qui prend le contrôle de l'éducation et donc aussi de la parole publique. À cette époque, les femmes sont souvent privées d'accès au savoir et donc de la légitimité de parler, d'avoir le droit de s'exprimer. Celles qui prennent à cette époque la parole, comme les prophétesses, les mystiques, les guérisseuses, sont soupçonnées de trahison, d'hérésie. Certaines d'ailleurs seront brûlées. Ici, c'est la fameuse chasse aux sorcières. Quel est le message implicite qui est transmis ? La parole féminine est dangereuse. S'en suit ensuite l'époque moderne, entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle. Apparaît la brèche des salons. On évoque les salonnières, où la parole reprend sa place. Une parole intellectuelle, mais encore une fois sous une forme dite « acceptable » . Un espace privé. Les femmes peuvent s'exprimer, mais chez elles. Dans un espace qui est, encore une fois, toléré par les hommes. Et celles qui, à cette époque, oseront franchir la frontière politique, comme Olympe de Gouges avec sa déclaration des droits de la femme, en payeront de leur vie. Apparaît ensuite le XIXe siècle, où, une nouvelle fois, la parole reste réduite à la sphère intime. Les femmes sont exclues de l'éducation supérieure, du barreau, de la tribune. Nous ne pouvons pas être avocates, journalistes. Nous sommes exclus des métiers où la voix est l'outil principal. La parole des femmes est autorisée, mais uniquement dans des domaines considérés comme secondaires. Sans surprise, l'éducation, le foyer, la littérature dite « féminine » comme les romans à l'eau de rose. Apparaît ici le poids, le poids de ce modèle de l'épouse, silencieuse, respectable, et dévoué. Un poids qui s'installe profondément. Le fameux people pleasing. Les autres avons moins. S'en vient ensuite, pas si loin de notre temps actuel, le XXe siècle. Retour à la conquête progressive. Nous avons enfin le droit de vote. Un droit de vote tardif. Mais en 1944, nos grands-mères seront les premières à pouvoir voter, à pouvoir s'exprimer. Le XXe siècle marque aussi notre possibilité d'accéder à l'éducation supérieure et aux professions oratoires. À partir du XXe siècle, nous pouvons utiliser notre voix comme un outil de travail, comme un outil d'expression. On est en tant qu'avocate, journaliste, politique. La mémoire collective, notre mémoire collective, elle, est restée marquée. Elle est restée marquée par un principe. Prendre la parole, c'est prendre un risque. C'est transgresser. Voilà ce que nous raconte notre histoire. Nos blocages aujourd'hui ne viennent pas d'un manque de confiance individuelle propre à chacune, mais de siècles. où la parole féminine, notre parole, a été jugée illégitime, dangereuse, voire secondaire. Alors aujourd'hui... Chaque fois qu'une femme prend la parole, que ce soit sur scène, dans un podcast, au travers d'un poste, dans la vie de tous les jours, elle se heurte, elle se heurte à cette mémoire inconsciente. La peur d'être jugée, la peur de ne pas être légitime, la peur d'être trop, la peur d'être brûlée sur la place publique. Parce que ce n'est pas une peur personnelle, c'est une empreinte collective. dont nous avons hérité. Prendre la parole fait peur. Mais c'est intéressant de constater aussi qu'au regard de notre histoire, on comprend que c'est surtout le pouvoir de la parole qui fait peur. Parce qu'un pouvoir, utilisé à bon ou mauvais escient, a ce pouvoir-là de changer le monde. Et là où c'est encore plus intéressant sur cette origine de nos blocages, c'est de revenir avant les Grecs aussi. Les Grecs n'ont pas... inventé la parole. Ce qu'ont fait les Grecs, c'est la codifier, l'institutionnaliser. Et en le faisant, ils ont de fait exclu les femmes. Mais avant eux, avant que la parole soit codifiée, institutionnalisée. Dans de nombreuses cultures, la voix des femmes avait une toute autre place. Elle avait une place centrale, avant les Grecs. La parole des femmes était au cœur de notre société. Pour le comprendre, nous pouvons évoquer les sociétés premières et ses traditions orales. Dans beaucoup de cultures, préhistoriques ou tribales, la transmission des savoirs passait toujours par l'oralité. Aujourd'hui, nous connaissons notre histoire parce qu'elle nous a été transmise par la voix. À cette époque, les femmes sont gardiennes des rituels, guériseuses, conteuses, et elles jouent un rôle. clés dans cette transmission, du savoir, des connaissances, au travers des mythes, des chants et des histoires. Dans les sociétés primaires, la parole était sacrée et liée aux femmes. Nous pouvons évoquer aussi l'Égypte antique, où les femmes pouvaient accéder à des fonctions de pouvoir, comme la pharaone Nefertiti. Certaines aussi étaient prêtresses, chanteuses sacrées et scribes. La voix de ces femmes. avait une valeur d'autorité. Citons également la Mésopotamie, où on trouve des textes écrits par des femmes. En Édouana, 2300 ans avant Jésus-Christ, grande prêtresse, qui est considérée comme la première autrice de l'histoire. Sa parole, c'était un acte divin. Sa parole faisait autorité. Une parole qui avait aussi une dimension spirituelle et spirituelle. et politiques. Citons également les sociétés celtiques et nordiques, avec les druidesses et les voyantes, qui elles aussi occupaient un rôle central. Leur voix n'était pas seulement tolérée, elle était plus que ça. Elle était redoutée et respectée, car on pensait qu'elles avaient justement accès à des vérités invisibles. Au regard de notre histoire, le réel basculement a lieu avec les Grecs. Lorsque s'installe l'idée que notre parole publique appartient aux hommes dans des espaces codés, où les femmes sont réduites à la sphère privée, notre voix dévalorisée ou ridiculisée, et l'art oratoire devient une arme de pouvoir politique. Mais surtout, ce que révèle une nouvelle fois notre histoire, c'est qu'avant que cette parole soit codifiée, la voix des femmes était source de vie, de vérité et de pouvoir. Ce basculement explique encore aujourd'hui pourquoi beaucoup de femmes sentent inconsciemment que parler fort, c'est déranger cet ordre établi. Pourtant, prendre la parole fait peur. Mais notre histoire nous enseigne que le pouvoir qui peut découler de notre voix fait encore plus peur. Imagine le pouvoir qu'il se cache dans tes mots. Si demain, chaque femme s'exprime à la hauteur de ses aspirations et de sa voix, et je le vois, j'en suis témoin, chaque jour, de plus en plus de femmes aspirent à faire ce travail de libérer leur voix. Ce n'est pas pour rien que nous sommes de plus en plus nombreuses à ressentir ce paradoxe entre cette peur et ce désir. La voix de chaque femme est puissante. et l'a toujours été. Pour conclure cet épisode, je t'invite à faire un exercice. Pour toi aussi, commence à te réapproprier ta voix. Prends une feuille et un stylo et je t'invite à écrire sur cette feuille une phrase. « Ma voix a de la valeur parce que… » « Ma voix a de la valeur parce que… » Et complète. Complète-la avec tout ce qui te vient. Fais-toi confiance. Tu verras. Écrire des jarres noires sur blanc, c'est déjà un acte de réhabilitation de sa voix. Ensuite, pour aller plus loin, je t'invite à partager cette phrase, à partager ce qui est ressorti pour toi, au travers d'un post, au travers d'une conversation, pourquoi pas d'un épisode de podcast, d'une story. Tu peux me la partager aussi en message. Et souviens-toi que chaque mot... Que tu écris est une preuve que ta voix compte. Merci de m'avoir écoutée et surtout merci. Merci de porter ta voix chaque jour. Parce qu'il est là, notre plus grand pouvoir. Le pouvoir de notre parole. Le pouvoir de ta parole. Celui qui transforme ta vie et celui qui a le pouvoir de changer le monde. Comme nous le faisions déjà il y a des millénaires. Parce que ta foi... est faite pour être entendue, écoutée et fédérée. Merci pour ton écoute et hâte, hâte d'entendre à ton tour ta voix prendre toute sa place.