- Speaker #0
Bienvenue dans la suite du podcast Socrate dans ma boîte, spéciale rentrée.
- Speaker #1
Alors deuxième partie, je l'ai appelé faites vos devoirs. Olivier, je vais te demander de faire un petit exercice surnaturel. Alors on imagine un dirigeant stoïcien avec de nombreuses responsabilités et défis à relever. Marc Aurel, au hasard, il était empereur, donc finalement dirigeant d'une immense entreprise, l'Empire romain. Si Marc attaquait la rentrée ? à notre place, alors on essaie de se l'imaginer, il enfilerait ses VJ, ses Airpods, comment il se sentirait et qu'est-ce qu'il ferait ?
- Speaker #0
Bon, Marc Aurel passe souvent pour un grand dépressif. Donc on va essayer. Alors déjà, dans un premier temps, il doit normalement se sentir tranquille et serein. Il travaille le stoïcisme depuis qu'il est... adolescent, l'enjeu de Marc Aurel par rapport à Epic Tête est fixé par son rôle, comme tu le dis très bien. Et son rôle lui donne la responsabilité, si je puis dire, de tenir les deux bouts.
- Speaker #1
De tenir deux bouts, quoique ça va peut-être...
- Speaker #0
Oui, en tout cas, c'est une condition nécessaire. Alors, le premier bout, c'est être heureux en toutes circonstances. Donc, garder cette sérénité intérieure longue. considérer que les choses qui ne dépendent pas de moi sont des indifférents, c'est-à-dire conserver une sorte d'indifférence face à ces choses qui sont des indifférents. Et deuxièmement, assumer ses responsabilités, faire son devoir. Et pour Marc Aurel, la tâche est énorme.
- Speaker #1
Alors, qu'est-ce qu'on appelle faire son devoir ? Parce que ça, c'est vachement important.
- Speaker #0
Alors, le devoir, chez les philosophes stoïciens, ça correspond à ce qu'on traduit souvent par... la fonction propre pour les philosophes grecs et notamment les stoïciens. Le devoir, ça renvoie à une fonction naturelle, c'est-à-dire que la nature a fixé pour chaque être vivant une fonction à accomplir. Dans cette grande économie cosmique mondiale, si on veut, qu'est la nature, pour les stoïciens, chacun, chaque être a une fonction, un devoir. Or, ce devoir, il est défini par plusieurs rôles qu'on peut avoir au sein de la société. Notre premier rôle, avant tout, c'est d'être citoyen du monde, cosmopolite, comme disent les Grecs. Citoyen du monde, tout simplement parce qu'on appartient à ce grand tout, à cette nature. Le second, et même le troisième ou le quatrième, sont des devoirs sociaux, qui sont définis, par exemple, par le fait que nous soyons père, mère, frère. Donc, on a des... On a un rôle qui est fixé socialement et à ce rôle correspondent certaines actions. Et puis ensuite, il y a des rôles plus particuliers, comme par exemple le fait d'être empereur.
- Speaker #1
Ou directeur de son entreprise ou entrepreneur de son projet.
- Speaker #0
Exactement. Et donc tous ces devoirs qui sont finalement faciles à identifier, sont les stoïciens, parce que nous avons des noms et ces noms nous indiquent nos fonctions propres, nos devoirs. Tous ces devoirs impliquent des actions particulières. Vis-à-vis des indifférents, Il faut bien sûr être indifférent, mais ça ne veut pas dire que nous n'allons pas prendre soin de ces indifférents, puisque précisément, nous avons un rôle par rapport à ces indifférents. Donc par exemple, par rapport à mon corps, qui est donc un indifférent, donc je n'ai pas un pouvoir absolu sur lui. Ne pas avoir un pouvoir absolu sur lui, ça me sert essentiellement à comprendre que s'il est fatigué, malade, affamé, et bien sûr, s'il meurt, je ne dois pas en être perturbé. Mais ne pas en être perturbé ne signifie pas que je ne dois pas tout faire à l'inverse pour le rendre en bonne santé, pour en prendre soin. Donc, prendre soin de l'indifférent, non seulement c'est compatible avec le fait d'avoir une attitude indifférente vis-à-vis de cet indifférent. Quel peu, ça fait beaucoup d'indifférence. Non seulement c'est compatible, mais en plus c'est... j'allais dire, la condition nécessaire.
- Speaker #1
Et donc là, pour reboucler sur notre sujet de l'entrepreneur à la rentrée, concrètement pour nous, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que s'imposer un rythme épuisant avec des nocturnes, travailler très tard le week-end, être dans une espèce d'hyperactivité, s'enfiler des litres de café et puis finalement un petit burn-out au bout du tunnel, ce n'est pas respectueux de notre physiologie. Ce n'est pas naturel, on ne remplit pas notre devoir de prendre soin de notre... corps et donc selon les stoïciens c'est pas bien c'est ça olivier
- Speaker #0
Alors, oui, bien sûr. Alors, si effectivement, je suis anxieux et étant anxieux, je sacrifie mon corps, je tue mon corps à la tâche, j'ai tout faux sur toute la ligne.
- Speaker #1
Pour finir avec cette histoire des deux bouts, donc pour rappel, le premier, c'est d'être heureux, garder une sorte de sérénité intérieure et en même temps, de l'autre, assumer ses responsabilités et faire son devoir. Comment il fait Marc Aurel, qui est dans nos sneakers à la rentrée, pour... tenir ses deux bouts. Comment il parvient d'un côté à faire ses fameux devoirs tout en étant calme, impassible, donc heureux.
- Speaker #0
Alors il est très fort.
- Speaker #1
C'est clair, c'est un mentor là pour nous.
- Speaker #0
Alors pour garder cette ligne de crête qui est d'un côté l'impassibilité vis-à-vis des indifférents et le devoir, le soin qu'on apporte à ces indifférents, il faut comprendre ce que ça veut dire cette impassibilité. Parce que souvent, C'est ce que je reproche d'ailleurs à toutes les vulgarisations, toutes les vulgates du stoïcisme qu'on peut trouver ça et là, notamment sur YouTube. C'est de confondre l'insensibilité et l'impassibilité.
- Speaker #1
Explique-nous la différence.
- Speaker #0
Impassibilité, l'apathéia comme disaient les grecs. L'impassibilité, ça renvoie aux passions. Quand on est en proie à la passion, c'est parce qu'on est tyrannisé par certaines opinions. A l'inverse... l'insensibilité, ah ça c'est autre chose l'insensibilité ce serait plutôt comme dirait les stoïciens une caractéristique propre aux criminels, aux tueurs de sang-froid aux mafieux à aucun moment les stoïciens ne prêchent l'insensibilité d'ailleurs ce serait complètement absurde puisque nous sommes des êtres vivants et donc nous sommes, voilà exactement nous sommes liés aux autres par nature ce qui définit d'ailleurs nos devoirs et donc nous sommes sensibles donc ce que disent les stoïciens c'est que cette sensibilité souvent elle est incomprise et on lui surajoute des opinions négatives ou fautives, corrompues qui produisent la passion. Donc il faut revenir à cette sensibilité naturelle pour être vraiment impassible.
- Speaker #1
Alors pour revenir sur le sujet des moyens qu'on peut mettre en oeuvre, moi je me pose souvent une question, c'est comment savoir si j'ai fait assez ? Ça c'est un petit peu le syndrome de l'hyperexigence avec soi et les autres, de la bonne élève un petit peu relou. Sous-entendu, comment savoir si j'ai fait assez ? Est-ce que j'ai assez bien fait mes devoirs ? Comment je peux savoir ça ?
- Speaker #0
Alors, normalement, la nature est bien faite pour les stoïciens. Et donc, nos devoirs sont assez simples. Il suffit simplement de... Enfin, simplement. Il suffit, d'une certaine manière, d'observer notre situation sociale et les rôles qui nous ont été octroyés par les autres la plupart du temps. Donc, ces rôles... quelque part sont assez facilement identifiables. Donc Épictète, par exemple, qui est un esclave, ne sera pas là en train de se prendre la tête, il ne se fera pas des... Comment dire ? Des nœuds au cerveau, merci. Si, je ne sais pas, l'Empire romain est mal gouverné, parce que tout simplement, ce n'est pas son rôle. Ce n'est pas son sujet. Ce n'est pas son sujet. Donc il faut déjà clairement identifier quel est son rôle, quelle est la fonction qu'on doit accomplir, dans quelle situation.
- Speaker #2
Si tu endosses un rôle qui est au-dessus de tes moyens, non seulement tu y fais mauvaise figure, mais tu négliges celui que tu peux remplir. Épique tête, Manuel.
- Speaker #1
Oui, en fait, à chacun de faire sa part.
- Speaker #0
Oui, voilà. Parce que dans le système stoïcien, toutes les choses collaborent. Se considérer comme un soliste, penser que nous pouvons... Tout seul, changer les choses, c'est une absurdité. Tout simplement, c'est croire que des choses qui ne dépendent pas de nous, dépendent de nous. En réalité, on se rend compte que nos actions sont toujours complétées ou conditionnées par celles des autres.
- Speaker #1
Alors, est-ce qu'on peut faire tout ça, ces devoirs, dans la joie et la bonne humeur ? Alors, je te dis ça Olivier, parce que j'en parlais hier avec Camille, qui est mon associée, et elle me disait, ok, mais c'est super tout ça, mais si je deviens hermétique à tout, je vais... perdent le plaisir de bosser et j'ai besoin de cet enthousiasme pour mon boulot. J'avoue que je la rejoins un peu là-dessus, parce qu'être stimulé, vivre des projets dans une certaine effervescence créative, être embarqué dans un projet qui fait du sens. D'ailleurs, la plupart des entrepreneurs à Impact disent qu'ils ont un métier passion. Ils en pensent quoi, les stoïciens ? Est-ce que c'est compatible avec tout ce qu'on vient de se dire ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Déjà, le plaisir en lui-même, c'est un indifférent. Ce n'est pas quelque chose de mauvais. C'est ça. peut devenir mauvais quand le plaisir devient une passion. Et là... Quand le plaisir est lié à une excitation excessive, souvent c'est parce qu'il y a une mauvaise représentation derrière. Maintenant, prendre du plaisir à faire les choses, bien sûr, et faire son devoir n'est pas du tout incompatible avec le fait de le faire avec le sourire, même quand il s'agit de faire des tâches parfois ingrates. Alors souvent, Epictète prend le cas de Socrate qui cite en exemple qu'il lui déjà ne se fâchait jamais avec personne. Impressionnant. Qui avait, dit-il, toujours le même visage en entrant et en sortant. Toujours joyeux, content et qui a accompli son devoir, bien qu'il ait été avec Xanthippe, qui était une femme décrite comme plutôt acariâtre et désagréable. Double respect à Soso. Donc, bien sûr que ça ne l'empêche pas. Et c'est même le signe d'ailleurs. la joie et la bonne humeur. La joie, c'est une bonne passion pour les stoïciens. C'est même le signe que, justement, on a bien fait le partage des choses, on sait bien ce qui dépend de nous, ce qui ne dépend pas de nous, et on se contente de faire notre devoir.
- Speaker #1
Alors, pour résumer cette deuxième partie, on retient qu'il faut faire ses devoirs, mais que contrairement à ce qu'on pourrait penser, c'est hyper kiffant en fait, parce que c'est ce qui permet d'être dans ce sentiment de flot, de complétude, d'être à sa place, de bien faire les choses. Allez, un petit exemple concret avant de passer à la suite. Voilà, juste pour mettre en perspective un petit peu tout ce qu'on a appris depuis le début. Un exemple qu'on a vécu avec l'équipe Green Story il y a quelques semaines pour notre client WeCount, qui accompagne les responsables RSE, entre autres, à devenir les leaders du climat. Il est spécialiste des bilans carbone, de la stratégie carbone, il organise des formations, il a une plateforme, etc. Bref, cette entreprise... on a eu à préparer un atelier créatif et de réflexion pour leur plateforme de marque. Bon, ça, on a compris, c'est un indifférent. Il ne dépend pas de moi, la réussite de cet atelier qui durait toute la matinée. Si le matériel de projection ne marche pas, par exemple, si je suis à faune ce jour-là, s'il manque des gens initialement prévus, etc. Donc, ça, c'est vraiment déjà un premier point, se retirer cette pression de... Est-ce que cet atelier va être réussi ? C'est un indifférent, le résultat ne dépend pas de moi. Mais en revanche, j'ai le devoir de remplir correctement mon rôle de prestataire vis-à-vis de mon client, de faire tout ce que j'ai à faire du mieux que je peux, tenant compte des circonstances qui peuvent arriver. Mais je mobilise les ressources attendues. D'ailleurs, c'est ce qu'on a fait et au final, tout s'est très bien passé. Donc, quand j'active cette double disposition d'esprit, en moi, franchement... je sens que ça apporte immédiatement une vraie légèreté parce que depuis qu'on prépare ce podcast, j'essaye de l'appliquer un petit peu tous les jours et j'avoue qu'il y a un vrai changement qui s'opère dans la façon d'aborder les choses. Troisième partie, on va se questionner sur comment est-ce qu'on y voit plus clair dans sa to-do list. Alors là, c'est vraiment très... très très concret, très pragmatique, mais on va voir, c'est un petit peu terre à terre, que l'approche stoïcienne peut nous éclairer sur ce sujet qui va forcément intéresser tout le monde à la rentrée puisqu'on a une to-do list à rallonge normalement. Alors Olivier, est-ce que le stoïcisme a quelque chose à nous dire sur ce comment hiérarchiser tout ce que j'ai à faire et à penser ? Oui,
- Speaker #0
bien sûr, les stoïciens adorent les hiérarchies et ils adoptent souvent un point de vue de holistique, c'est-à-dire qu'ils prennent souvent le point de vue du tout, de la totalité par rapport à la partie.
- Speaker #1
Ça, ça nous parle aussi en tant qu'entrepreneur à impact.
- Speaker #0
Ah, très bien. Alors, quand on dit de manière holistique, c'est-à-dire que les priorités sont toujours regardées eu égard au fonctionnement de l'ensemble. On pourrait aussi appliquer ce même principe, c'est-à-dire toujours regarder, toujours avoir cette vision on dit. cosmique, c'est-à-dire cette vision globale des choses, dans laquelle chaque chose, chaque élément prend son rôle, obtient son rôle. C'est vraiment une vision organique. Chaque chose prend sa part dans ce grand organisme qu'est le monde et de la même manière. dans une entreprise. Je ne suis pas chef d'entreprise.
- Speaker #1
Mais tu commences un petit peu à projeter.
- Speaker #0
Oui, je vois. De la même manière, j'imagine qu'une entreprise, si elle doit bien fonctionner, doit être considérée comme une totalité organique, où chaque membre de l'entreprise, chaque employé fait, comment dire, obtient un devoir, obtient un rôle. Et donc les tâches doivent être priorisées en fonction précisément du fonctionnement de l'entreprise.
- Speaker #1
Oui, donc dans notre cas par exemple, ce qui va driver, c'est l'identification, ce qui est le plus important pour servir ce projet d'entreprise. Alors on connaît la loi de Pareto du 20-80, comment on identifie en fait ces 20% à la rentrée de tâches qui vont vraiment faire avancer significativement les choses, ça c'est très très clé. On sait tous qu'on reçoit beaucoup de mails, notamment des newsletters professionnels qui peuvent être certes très intéressantes, mais à la rentrée, est-ce que ça va être ma priorité ? Surtout, est-ce que dans ma to-do list, lire cette newsletter va vraiment être la tâche qui va le plus impacter la big picture de mon projet d'entreprise, ou mes grandes priorités ? Comment on prend du recul pour peut-être partir du tout et revenir à ces micro-tâches ? en se disant, ok, celle-là, c'est celle qui va peut-être me prendre du temps, mais qui au final ne va pas contribuer au résultat.
- Speaker #0
Donc, qu'est-ce qu'on peut faire pour aborder la rentrée de manière stoïcienne ? Déjà, pour les stoïciens, l'apprentissage de la logique, ça permet d'avoir les idées claires, comprendre la doctrine, mais la comprendre précisément, c'est-à-dire dans ses subtilités, et pas avec des poncifs. qu'on répète ça et là sur le stoïcisme, sur la pseudo-résilience ou que sais-je, lire des livres, intégrer les arguments, essayer de former son esprit d'une manière précisément qui puisse lui permettre d'appréhender les difficultés. Parce qu'encore une fois, en temps de paix, tout le monde est stoïcien, mais dès que la guerre approche et que souvent elle nous prend en dépourvu, là, il n'y a plus personne.
- Speaker #1
Ok, donc on résume cette troisième partie. Il faut encore, encore et encore apprendre à... à penser correctement pour pouvoir remettre les choses dans l'ordre. On dégage ce qui ne dépend pas vraiment, mais vraiment pas de nous. Et puis, on hiérarchise les tâches qui me reviennent. On se focalise sur les tâches qui ont un réel impact significatif sur le big projet d'entreprise. Et on ne perd pas de vue que les micro-tâches se rapportent en fait à plus grand.
- Speaker #2
Cesse de papillonner, écrit Marc Orel. Et à cela, il ajoute, si tu accomplis la tâche qui t'incombe à présent, en suivant la droite raison, avec soin, vigueur, bienveillance, sans négligence, tu vivras une vie heureuse.
- Speaker #1
Quatrième partie, on va parler de placer sa réussite dans le processus, pas dans le résultat. C'est un très beau mantra, n'est-ce pas ? On peut le mettre sur un post-it. Ça n'existe plus, je crois, les post-it, mais on peut se le tatouer sur le bras, peut-être. En fait, on se raconte une espèce d'injonction à la rentrée, on se raconte qu'il faut réussir sa rentrée, comme si les 11 mois qui suivaient, voire toute sa vie entière, seraient foutus si on ratait sa rentrée. C'est la pression du nouveau départ, des bonnes résolutions pour changer sa vie. Réussir sa rentrée, c'est une sorte de défi, de challenge. Alors, qu'en disent les stoïciens sur la façon de vivre cette pression du résultat, Olivier ?
- Speaker #0
Alors, la réussite pour les stoïciens, évidemment, ne dépend pas du résultat, puisque le résultat ne dépend pas de nous. Donc... Il serait en contradiction s'il disait qu'il faudrait tout faire pour obtenir des choses que finalement on ne peut jamais vraiment obtenir.
- Speaker #1
Là, on commence à bien comprendre depuis le début. Mais c'est vrai que c'est un peu contre-intuitif quand on est entrepreneur de dire cette phrase de la réussite ne dépend pas du résultat, puisqu'on est quand même toujours à nous demander du résultat, des résultats chiffrés, du retour sur investissement, etc. Donc, c'est vraiment intéressant ce point-là. de comprendre qu'en fait, in fine, ce n'est pas là que tout va se jouer.
- Speaker #2
Ne demande pas que les choses arrivent comme tu veux qu'elles arrivent, mais veuille qu'elles arrivent comme elles arrivent et le cours de ta vie sera heureux. Épique tête, Manuel.
- Speaker #0
Si on se concentre uniquement sur les moyens et non pas sur le résultat, si on donne tout ce qu'on a sans se soucier finalement de ce que font les autres, alors dans le monde de l'entreprise j'imagine c'est la concurrence, c'est les autres entreprises, quand on passe un concours ce sont les autres, ce sont les dispositions dans lesquelles ils peuvent être, leur qualité, leur compétence, etc. Mais si on se concentre uniquement sur les moyens...
- Speaker #1
Et les moyens qui me reviennent à moi.
- Speaker #0
Exactement, sur les choses que nous pouvons faire, déjà il y a une forme de tranquillité, de sérénité. puisqu'on assume essentiellement notre responsabilité. Et on a de très bonnes chances d'obtenir ce qu'on veut obtenir. Parce que finalement, le résultat ne sera qu'une étape vers d'autres résultats à venir. Nous, on se contentera de faire notre devoir, d'accomplir les choses. Et puis quand on se retournera, à un moment donné, on se rendra compte qu'on a franchi cette montagne, et puis cette autre, et puis cette autre. Alors que si jamais on se focalise sur la montagne, il y a encore une fois de... Très forte chance qu'on soit impressionné par tout ce qui est à aggravir, décourager, démobiliser et qu'on oublie notre devoir, c'est-à-dire tout simplement d'escalader. Mon père disait quelque chose que j'ai retenu quand j'étais petit, c'est que comme les aigles, les escargots aussi arrivent en haut des montagnes, mais ils en bavent.
- Speaker #1
Merci pour la blague qui a tout son sens.
- Speaker #0
Ce qui est important, c'est la bave. Oui. Vois-tu ?
- Speaker #1
Tout à fait. Je crois que sans transition, on pourrait peut-être parler du Titanic.
- Speaker #0
Eh oui, le Titanic, l'orchestre, le fameux orchestre du Titanic, le mythe de l'orchestre qui joue son dernier morceau alors que le bateau coule. Ça, d'ailleurs, c'est souvent un exemple qui est pris par Epictet, le bateau coule. Bon, qu'est-ce que je fais ? Alors, je fais tout pour, évidemment... sauver les autres, sauver ma peau en dernier recours. Je ne vais pas sauver ma peau au détriment des autres, ce serait mal situé mon rôle vis-à-vis des autres. Et puis bon, une fois que j'ai compris que de toute façon le résultat ne dépendait plus de moi, c'est à dire qu'il n'y avait plus aucune chance de survie, je me contenterai d'accepter ce qui m'arrive. Mais moi de ce point de vue là, je n'aurais aucun reproche à me faire et j'aurais tout fait. C'est surtout ça qu'il faut comprendre, c'est que les stoïciens ne disent pas que parce qu'il faut être indifférent, il ne faut pas tout faire pour obtenir des choses. Au contraire, on ne connaît pas l'avenir, je le répète, et ce qui compte, c'est la manière qu'on a de se comporter. C'est le beau jeu, comme on dirait au rugby, plutôt que le score.
- Speaker #1
Si je comprends bien, donc, il vaut mieux rencontrer des difficultés, avoir éventuellement de mauvais résultats, mais tout mener dans le respect de sa nature, le respect des autres, le respect de son devoir, plutôt qu'obtenir un super succès dans une opération. Mais l'avoir fait avec des nocturnes pourries, pas vu sa famille, mal parlé aux gens parce qu'on était stressé. Voilà, c'est bien ça, Olivier ?
- Speaker #0
Oui, parce que ce super succès, déjà, ne dépend pas de nous entièrement. Il vaudrait mieux être, comme tu dis, éprouvé par les difficultés, ce qui permet de révéler aussi nos qualités morales. Peut-être qu'on ignorait, qu'on ne soupçonnait pas, comme l'endurance, la patience, toutes ces choses-là. Obtenir un résultat au détriment de nos devoirs. Finalement, comme dirait l'estoïcien, c'est ne pas suivre la nature, c'est ne pas être en accord avec la nature, c'est se comporter de manière immorale. Et de toute façon, encore une fois, le résultat n'est pas ce qui compte. Ce qui compte véritablement, c'est notre comportement vis-à-vis de ce qui nous arrive. Et pas ce résultat dont on pourrait s'approprier... la paternité injustement, puisqu'en réalité, ces résultats sont produits grâce aux autres, jamais grâce à nous tout seuls. Personne n'obtient un succès seul, et c'est être bien ingrat et bien peu reconnaissant que de penser les choses ainsi.
- Speaker #1
Pour résumer cette quatrième partie, on retient que ce qui compte vraiment en définitive, ce n'est pas le résultat, mais la manière qu'on a de chercher à l'obtenir, et que tu ne peux pas conditionner la réussite du résultat à des choses qui seraient immorales. L'objectif ultime recherché, c'est la vertu. Donc finalement, ta rentrée sera réussie si ton comportement au travail, avec tes collègues, tes clients et ta façon de mener tes tâches sont moraux, bons, justes. Enfin, cinquième partie, c'est important, comment s'y mettre ? Parce qu'on finira là-dessus avec toi Olivier, après avoir dit tout ce qu'on s'est dit. Je ne sais pas vous, mais moi je suis emballée, c'est clair. Sauf qu'il me semble hyper compliqué d'arriver à penser tout ça comme ça, ça paraît énorme. Et d'ailleurs, la fameuse citation de Marc Aurel, que beaucoup connaissent, elle résume bien tout ce qu'on s'est dit jusque-là. Cette citation, c'est Puissais-je avoir la sérénité ? d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer les choses qui peuvent l'être et la sagesse de distinguer les unes des autres. Mais alors, comment on fait pour développer ces trois grandes qualités humaines ? Sérénité, courage, sagesse, c'est tout un programme, enfin, le programme de toute une vie, Olivier !
- Speaker #0
Alors les stoïciens savaient bien que la mise en pratique des doctrines était très compliquée. Alors ce qui pose problème se résume en un mot, l'habitude ou l'habituation, si on veut. C'est-à-dire ce processus de réappropriation du temps, d'un temps qui est finalement incompressible. On ne devient pas stoïcien sage en un jour, sinon je le serais, après avoir fait une thèse sur le stoïcisme et passé les dix dernières années de ma vie à écrire sur ce sujet. Non. Il y a un temps incompressible qui demande chaque jour d'être réapproprié. Ce temps ne dépend pas de nous, d'une certaine manière, mais ce qui dépend de nous, c'est justement de le maturer, c'est-à-dire d'essayer de le faire en sorte comme un agriculteur qui va prendre en compte la pousse de la vigne pour faire du bon raisin puis du bon vin, qui va soigner la vigne. De la même manière, nous, nous devons soigner notre âme, chaque jour l'habituer. Jouer avec cette inertie psychologique qu'on a, ces tendances qu'on a à mal se représenter les choses, pour ensuite mal faire nos devoirs. Essayer chaque jour de prendre de nouvelles habitudes, de commencer petit à petit. Je ne vais pas reparler des escargots qui gravisent les montagnes.
- Speaker #1
Ou prendre notre animal totem, qui l'eût cru.
- Speaker #0
Et prendre des bonnes habitudes, c'est finalement, par exemple, si on veut cesser... de manger du sucre, de boire du sucre, c'est de ne plus mettre de sucre dans son café, ce que je fais. Se déshabituer progressivement de ces choses, prendre quelque part des décisions peut-être un petit peu folles au début, changer radicalement de cap.
- Speaker #1
Ça va, c'est pas trop foufou d'enlever un peu de sucre ?
- Speaker #0
Pour l'instant, c'est bon. Mais ça peut être un bon début. Et c'est finalement ce qui renvoie chez les stoïciens même dans la philosophie en général au problème de la raison pratique. comme on dit, c'est-à-dire que la raison elle-même ne suffit pas, les arguments les démonstrations la lecture ne suffisent pas à changer, sinon ce serait trop facile, donc il faut s'exercer, il faut pratiquer il faut tous les jours voilà, comme tu disais tout à l'heure situation classique le RER est en retard bon, sinon ce serait pas un RER n'importe euh Un erreur sans problème technique n'en est pas. Eh bien, une situation très concrète qui n'est pas très grave, heureusement, eh bien, ça nous demande d'exercer notre patience, notre endurance.
- Speaker #2
À présent donc, juge-toi digne de vivre comme un homme accompli et progressant. Si quelque chose de pénible ou d'agréable, de réputé ou de méprisé s'offre à toi, souviens-toi que le combat a lieu maintenant et qu'il n'est plus possible de différer. en un seul jour et qu'en une occasion, le progrès est perdu ou sauvé. Épic-Tête, Manuel.
- Speaker #0
Petit à petit, progressivement, on peut espérer faire de grands progrès à l'avenir. Et Épic-Tête avait cette phrase, il disait, mais si un jour tu te rends compte que dans une situation que tu as déjà vécue pas mal de fois, où tu t'étais énervé, là tu ne t'es pas mise en colère, eh bien, va au temple et allure. Allume un cierge, parce que peut-être que là, tu es sur la bonne voie.
- Speaker #1
Ah, génial ! Tu te célèbres. Célébrer les petits pas.
- Speaker #0
Exactement. Exactement, reconnaître le chemin parcouru. Et alors, la stratégie est toujours la même. C'est-à-dire que quand une représentation nous arrive, donc typiquement le RER en retard ou que sais-je, une représentation plus ou moins difficile, parce que finalement, c'est ça l'enjeu. Et puis peut-être disait... demande lui ses papiers, qui elle est, qu'est-ce qu'elle représente, est-ce que c'est un bien, c'est un mal, c'est ni un bien ni un mal, un indifférent, est-ce que ça dépend de toi, est-ce que ça ne dépend pas de toi ? Voilà, donc immédiatement, à l'adresse, comme il dit, de chacune de ces représentations compliquées qui peuvent nous savonner la planche et immédiatement nous embarquer dans des passions délétères, faire en sorte qu'on ne fera plus son devoir, par exemple, qu'on sera désagréable, que sais-je, eh bien... Quand une représentation arrive, il faut pratiquer cet exercice. Et si jamais on ne le fait plus, on perdra très rapidement cette habitude, cette seconde nature qu'on aura durement acquise. De même que celle qui veut, par exemple, devenir violoniste doit tous les jours s'entraîner, un petit peu. De même qu'on ne devient pas Thibaut InShape en deux semaines, qui est d'ailleurs le premier youtubeur de France au moment où je parle.
- Speaker #1
Thibaut, si tu nous écoutes...
- Speaker #0
Force à toi !
- Speaker #1
Ce sera le mot de la fin. Merci Olivier, merci beaucoup d'avoir accepté de jouer le jeu pour Socrate dans ma boîte, d'avoir pris ce temps précieux de partager ton savoir, de te pencher sur nos problématiques d'entrepreneur. On va te rendre à tes travaux de recherche, à la rédaction de ton prochain livre. Alors il portera sur quoi ?
- Speaker #0
Alors, oui, le prochain livre porte sur le destin, sur la théorie stoïcienne du destin. C'est un sujet très complexe que j'ai un petit peu évoqué là. Et oui, il faut que j'y retourne. La tâche et mon rôle, surtout, est grand.
- Speaker #1
Alors, rendez-vous dans un prochain épisode, peut-être, sur le thème du destin de l'entrepreneur à impact. Et donc, nous, on se retrouve avec Flora Bernard, présidente de l'agence TAE. On va parler de sa pratique, justement, stoïcienne en tant qu'entrepreneur.
- Speaker #0
Retrouvez le partage d'expérience de l'entrepreneur et ses conseils pratiques dans la troisième partie de l'épisode.