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Sous les Strass

Épisode 4 : Emma Mylan - Artiste, Professeure et Créatrice de spectacles

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43min |13/05/2024
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Description

"Sous les strass" accueille dans ce nouvel épisode Emma Mylan: artiste burlesque, directrice artistique et professeure de cabaret, elle fonde la première école de cabaret burlesque de Suisse romande en 2010. La
Parisienne d'origine fait ses premières armes au fameux Palais Mascotte de Genève pour, aujourd'hui, produire des spectacles dans toute la Suisse. Découvrez le parcours et les inspirations de cette artiste accomplie, dont la transmission est au coeur de son art.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Sous les strass, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du cabaret et du burlesque. Je m'appelle Émilie, ou Liv Laflamme, ça dépend du moment de la journée, et nous avons aujourd'hui la chance d'accueillir Emma Milan. Artiste burlesque, directrice artistique, professeure de cabaret ou encore entrepreneuse, Emma est partout lorsqu'il s'agit de vous en mettre plein la vue. On me murmure même à l'oreille que c'est par elle que le burlesque s'est popularisé en Suisse romande. Vous découvrirez notamment dans cet épisode comment cette parisienne d'origine est arrivée à Genève pour ne plus jamais quitter la Suisse, quelles sont ses inspirations du moment, et pourquoi il lui est parfois difficile de trouver une balance entre sa sensibilité artistique et la loi du marché. Allez, c'est parti ! Chère Emma, pour commencer, et pour les personnes qui notent que tu ne connaisses pas, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Alors je pense qu'avant tout j'ai une grande passionnée, une grande rêveuse, j'aime la vie et j'en ai même fait mon métier. Avant tout j'ai envie de rappeler aux personnes que j'ai devant moi que la vie est magnifique, que la vie est un trésor, que la vie est à chérir et que chaque personne est unique. Et le vecteur que j'ai trouvé pour ça, c'est de créer des spectacles. J'en suis même arrivée à un point dans mon adolescence à me poser la question Mais est-ce que cette vie a vraiment du sens ? Et est-ce que j'ai vraiment envie de la vivre ? Et ma réponse, ça a été un grand oui. Oui, parce que justement, je peux voir la beauté qu'il y a en chacun et en chaque instant. Et voilà, donc mon métier effectivement, c'est de créer des spectacles, de les produire. Je suis moi-même sur scène. J'adore avoir ces deux côtés-là. J'adore être à la fois dans la production, dans l'élaboration et à la fois de pouvoir être sur scène et d'être dans le partage. Et j'enseigne aussi.

  • Speaker #0

    Et puis justement, avant d'en arriver là, comment est-ce que l'art et plus particulièrement le burlesque sont arrivés dans ta vie ? Est-ce que tu as grandi dans une famille tournée vers l'art ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Ma famille n'est absolument pas... Je ne suis absolument pas une famille d'artistes. En fait, ce qui m'a vraiment amenée à l'art, c'est une rupture familiale. Je me suis retrouvée à 14 ans à vivre ma vie. Et je pense que je n'aurais jamais eu tout le parcours que j'ai eu si je n'avais pas eu cette liberté. Parce que j'ai eu toute la liberté du monde à 14 ans. Très peu de personnes ont ça. A la fois, c'est vertigineux parce que c'est... ça peut être dangereux et j'ai eu beaucoup de chance dans mon parcours. Et à la fois, je pense que j'ai eu cette liberté de pouvoir faire mes propres choix. Donc au niveau familial, effectivement, à ce moment-là, il n'y avait plus de barrière parce que je pouvais être qui je voulais et faire ce que je voulais. j'ai pas du tout fait de cours lorsque j'étais enfant, j'ai pas été à la danse, j'ai commencé à danser très tard, j'avais 14 ans ce qui est tard pour une danseuse, donc j'ai pas été sensibilisée à l'art, j'ai pas pris de cours de musique, etc. Et pourtant, j'en ai fait mon métier. C'est venu à moi de par un besoin de comprendre mes émotions. Je me sentais hypersensible avec une difficulté à gérer, à comprendre toutes ces sensations et toutes ces émotions. Et c'est grâce à la musique, à la danse que j'ai pu... que j'ai trouvé un moyen vraiment de pouvoir les libérer, les exprimer, au départ de manière tout à fait, complètement spontanée, sur le tas, comme ça, de manière libre. Et puis petit à petit, en apprenant des techniques. Mais l'art est venu à moi pour pouvoir, en quelque sorte, me guérir, je dirais ça comme ça.

  • Speaker #0

    Et plus spécifiquement le burlesque qui reste quand même un art de niche, surtout j'imagine, il y a 20 ans en arrière ou plus.

  • Speaker #1

    Alors le burlesque, c'est venu un petit peu plus tard. En tant qu'ado, déjà j'étais très sensible à la poésie, à la chanson, à l'art, à la musique. Mais je m'y intéressais, disons, de manière purement émotionnelle et instinctive. Et puis après, c'est vraiment... En tant que jeune femme, je me suis intéressée au burlesque parce que là j'avais des questionnements personnels sur ma féminité. Je commençais à devenir une femme et je n'avais aucun modèle qui me séduisait et je n'avais aucune idée de qui j'étais. J'avais l'impression que j'avais un monde à explorer et qui me paraissait à la fois dangereux et à la fois tellement vaste. Et à travers le burlesque, pour moi, c'est un terrain de jeu, c'est un terrain d'aventure. On peut tester à être toutes les femmes. Alors là c'était magnifique Le burlesque est venu à moi en seconde étape D'abord je suis très sensible, c'est ce qui m'a attirée vers l'art Et ensuite quand j'ai commencé à me poser des questions sur qui je suis en tant que femme C'est là où j'étais attirée par le burlesque Mais à l'époque on n'appelait pas ça burlesque

  • Speaker #0

    A l'époque j'étais simplement attirée à faire des spectacles plus féminins Et est-ce que tu dirais qu'aujourd'hui tu as trouvé peut-être ta vision de la féminité grâce au burlesque ? Comment est-ce qu'elle a évolué ?

  • Speaker #1

    Je pense que j'ai trouvé mes visions de la féminité parce que j'ai découvert et je découvre encore aujourd'hui que j'ai de nombreuses facettes et je n'aime pas me restreindre dans l'une d'entre elles. J'ai tellement évolué depuis que j'ai débuté mon tout premier numéro de burlesque. J'ai tellement exploré de facettes de moi-même que je ne pourrais pas en retenir qu'une seule.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens justement de ta première scène en tant qu'artiste burlesque et ce que tu as ressenti sur le moment ?

  • Speaker #1

    Ah c'était, je me suis éclatée, j'ai tellement ri Je pense que c'était génial de pouvoir vraiment marier le bonheur, le plaisir, la joie et la féminité En fait j'avais tellement dramatisé ça, la féminité, la sensualité J'avais tellement mis ça sur un piédestal comme si c'était quelque chose de très sérieux Et là j'ai pu en rire, alors je faisais une soubrette J'étais habillée, c'était pour le besoin du spectacle en fait, j'étais une french maid, ça veut dire qu'on devait ramasser les vêtements sur scène des autres artistes. Et j'en ai fait un numéro, donc le petit personnage de la soubrette qui est censée, voilà, qui travaille, qui est censée être soumise, faire ce qu'on lui dit, j'aimais bien la faire se rebeller et puis tout simplement elle vient. jeter au public les vêtements qu'elle trouve et puis ça me faisait rire et ça me faisait tellement du bien de pouvoir en rire donc plutôt une vision un peu rebelle de l'affinité ou moins soumise que ce qui ouais je pense que ça fait du bien je sais pas si j'avais forcément des comptes à rendre mais c'est plus quelque chose de sociétal dans la société en tout cas moi j'ai eu le sentiment quand j'ai grandi que c'était Il y avait quand même ce truc de fond où une femme doit être à sa place, doit faire ce qu'on lui dit, doit être bien sous tout rapport. Et puis là, le fait sur scène de pouvoir juste jeter un soutien-gorge en l'air, ça me faisait sentir que je me libérais un petit peu de toutes ces injonctions.

  • Speaker #0

    Et si on fait un petit retour en arrière, tu as grandi à Paris et ensuite tu es venue à Genève en 2008. Qu'est-ce qui t'a amené ? Tu avais quoi, 20 ans ? Un petit peu plus de 20 ans ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. En fait, ça s'est fait tellement naturellement. Je suis arrivée à Genève la première fois un peu plus tôt, en 2006. Et à l'époque, j'avais une compagnie de spectacle pyrotechnique. Donc c'est vraiment par ça que je suis rentrée. dans le monde du spectacle. Et avec la pyrotechnie, c'était génial parce que j'avais pas besoin de me montrer. C'était les flammes que je mettais en avant, puis moi j'étais toute en noir cachée derrière. Et petit à petit, je commençais à porter des costumes un peu plus féminins. avec mes flammes. Donc, oser me montrer, prendre aussi, moi, du spotlight. Et je faisais des spectacles un petit peu partout en Europe. Donc, voilà, j'avais déjà ma compagnie, on était plusieurs danseuses, on se produisait partout, dont à Genève, et de plus en plus à Genève. Et voilà, il y a une opportunité qui est arrivée à moi. C'était le Palais Mascotte, un cabaret qui réouvrait. Et là, je ne savais pas trop quel était le projet, mais on m'a dit, tu seras la mascotte du Palais Mascotte. Donc je me suis laissée embarquer là-dedans, je me suis retrouvée avec un petit chapeau, avec une plume rouge, un costume de spirou, et puis j'étais à l'accueil, Bienvenue au Palais Mascotte ! Et puis j'étais ce personnage qui faisait vivre la maison comme un logo vivant, et je me suis retrouvée au micro, moi qui n'avais jamais parlé dans un micro, à dire Bonsoir Mesdames et Messieurs, et bienvenue au Palais Mascotte ! Pour vous ce soir, nous avons des artistes, comédiens, cirque-éptiens, etc. Et c'était une magnifique expérience parce que... Moi je venais du monde du spectacle du feu, de la pyrotechnie, je m'amusais à jouer avec mes costumes de plus en plus féminins, empruntés au code du cabaret. Et là j'avais une maison, j'avais un endroit où je pouvais faire des tests, des expériences. Il faut imaginer qu'il y avait 15 spectacles par semaine, 3 par soir.

  • Speaker #0

    C'était intense. Le spectacle changeait toutes les semaines ou toutes les deux semaines. et voilà c'était hyper formateur j'ai fait plus de 500 représentations en deux ans voilà pour moi qui débutais dans le monde vraiment de la scène parce qu'avant je venais de la pyrotechnie donc c'est pas le même genre de rapport au public là j'étais vraiment face à un public je leur parle, je suis devant eux j'ai appris tous les codes de la scène sur le tas et tu faisais pas mal de spectacles de rue plus jeunes aussi Auparavant, oui, le feu, c'est vrai que la pyrotechnie, c'est quand même beaucoup plus ruveux. J'étais avec des punks, enfin... C'est une autre ambiance, j'adore, mais c'était une autre ambiance.

  • Speaker #1

    Et c'est au palmascotte, enfin maintenant tu produis toi aussi des spectacles, que t'as pu justement un petit peu construire aussi ton regard ou une ligne rouge de ce qu'est un spectacle. Qu'est-ce que ça t'a appris aussi en termes... Enfin, pour ce que tu fais aujourd'hui en tant que productrice ?

  • Speaker #0

    Oui, ça m'a appris effectivement à créer un spectacle, mais ça... Qu'est-ce que ça veut dire créer un spectacle ? Ça m'a appris à... À comprendre la rythmique et le timing, en fait, faire un spectacle de cabaret burlesque, c'est vraiment comme une petite fenêtre avec une histoire. Et il y a vraiment un début, un milieu, une fin, un message. Tout ça, bien sûr, à la sauce humoristique, parce que les gens sont là pour passer un bon moment. Et c'est vraiment de comprendre les mécanismes et les effets qui vont être percutants sur le public. Et là, j'ai eu un espace de jeu pour pouvoir tester tout ça. Magnifique, quoi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des secrets de ce qui marche ? Justement, à chaque fois, on est sûr que ça, c'est...

  • Speaker #0

    Alors je peux dire surtout ce qui ne marche pas. Ce qui ne marche pas, qu'est-ce qu'il y a ? Parce que moi pendant, je n'ai pas vraiment été formée au palais mascotte, on m'a mis comme ça et puis les autres artistes n'avaient pas forcément envie de m'expliquer parce qu'il y avait un peu des jalousies etc. Donc ce n'était pas forcément facile et j'ai vécu énormément de honte et j'aime bien en parler parce que c'était à la fin de chaque spectacle pendant un an, je pleurais. Donc il faut imaginer, j'allais m'enfermer dans les toilettes, je pleurais, parce que je le vivais très mal, parce que j'avais l'impression de ne pas être à ma place, ou d'avoir fait faux, de ne pas savoir comment faire bien, de ne pas savoir comment faire juste, de justement de me tromper en fait. Je me sentais jamais assez, jamais suffisante. Non seulement parce qu'on m'expliquait pas que j'avais peut-être pas forcément toutes les compétences pour être là où j'étais. J'étais pas forcément la meilleure danseuse, j'apprenais. Parler dans le micro, c'était tout nouveau. On me donnait pas de tuyaux. Et en fait... C'est grâce au fait qu'à chaque fois que j'ai pleuré, que je me suis dit t'inquiète pas, ça va aller, accroche-toi, t'aimes ça, et que j'ai pu me focaliser sur les beaux côtés, que je m'en suis sortie. Parce qu'à un moment donné, je me suis dit sinon j'arrête. Si c'est aussi douloureux que ça, il faut arrêter. Et c'est vraiment, je me suis accrochée. Je me suis accrochée au bout. au bon côté de la chose. Et c'est là où j'ai vraiment appris. Donc quelque part, ce que j'ai le plus appris, c'est à vivre chaque instant et en tirer le meilleur. Maintenant, vraiment en termes de production, si on demande qu'est-ce qui ne fonctionne pas, c'est d'aller trop vite. Un spectacle, c'est comme une phrase, il faut une majuscule, il faut des mots, des virgules, de la ponctuation, et à la fin, un grand point d'exclamation. et il faut que ce soit tout à fait lisible pour le public, que ce soit parlé ou que ce soit visuel, avec le langage du corps. Et quand on va beaucoup trop vite, parce que sur scène, c'est un autre espace-temps, tout va beaucoup plus vite que quand on est assis dans le public tranquillement. Et de savoir gérer la pause, de savoir s'arrêter, de savoir créer du suspense. de savoir prendre ce temps où on a un regard avec le spectateur et il y a un contact visuel de savoir regarder les gens dans les yeux et puis tout d'un coup se mettre à bouger et je pense que c'est ça le rythme, le timing, c'est Louis de Funès un jour je regarde une interview où il disait, dans l'humour, toute une question de timing. Et pour moi, ça faisait vraiment du sens parce que c'est ce que je vivais au Palais Mascotte. C'était vraiment ça.

  • Speaker #1

    Et puis après ces deux ans au Palais Mascotte, tu quittes le Palais pour fonder Secret Police en 2010. D'où est née cette envie ? C'était quoi ton objectif avec cette école en la fondant ?

  • Speaker #0

    Je me rappellerai toujours. Toute ma vie, ça restera gravé en moi. C'était un jour, j'étais dans les loges au Palais Mascotte. J'étais en train de me maquiller. Et je m'entends vraiment très fort, j'entends mes pensées en fait, me critiquer, critiquer mon corps et me dire que je ne suis pas belle, que je n'aime pas telle et telle partie de mon corps, que ça ne va pas. Et je m'entends vraiment le dire, j'ai cette conscience de moi-même, et à ce moment-là je me suis regardée dans le miroir. Et je me suis jurée, pour toujours, d'être gentille avec moi-même. Et d'accepter ce que je vois. Et d'accepter ce que je suis. Parce que sinon je vais me faire beaucoup trop de mal et que... et que je... C'est pas durable en fait, je pourrais pas continuer comme ça. Et cette promesse que je me suis faite, elle était tellement forte, parce que c'est tellement intense ce sentiment, ce mot, il était tellement puissant, que je m'en suis rappelée toute ma vie. Et bien sûr, la vie, il y a des hauts, il y a des bas, il y a des jours où... Bien sûr, où ça revient, où j'ai mon petit juge autocritique qui est dans ma tête, mais il y a cette voix de bienveillance, d'apaisement. En fait, je l'appelle comme ma grande sœur, comme si j'avais développé ce jour-là une grande sœur, que j'ai développé pour moi-même et qui m'apporte beaucoup plus de bienveillance envers moi-même et d'acceptation de ce que je suis et ça ça a été vraiment magnifique parce que non seulement en palais mascotte j'ai appris à être sur scène à dépasser le jugement des autres à dépasser mon propre jugement à dépasser la honte à accepter ce que je suis, comme je suis à avoir un discours bienveillant envers moi-même et en plus de ça, à travers le fait d'exposer mon corps, plus ou moins parce que c'est pas un effeuillage forcément complet, mais d'exposer mon corps et jouer avec ma sensualité sur scène je me suis dit, waouh, mais en deux ans tout ce que j'ai appris personnellement et ça je veux le transmettre aux autres femmes parce que je voyais que les autres femmes elles venaient vers moi à la fin du spectacle elles me disaient waouh mais t'as l'air tellement bien t'as l'air tellement heureuse tu rayonnes quelque chose et en fait c'est juste la joie d'être et puis libre de ces de ces jugements et de ces liens qui pourraient être liés à ce qu'on pense de moi alors de là est née Secret Follies de là est née l'envie de partager

  • Speaker #1

    Que tu continues d'ailleurs toujours de faire puisque tu es toujours professeur à Secret Feliz.

  • Speaker #0

    Oui, aujourd'hui, c'est vraiment une belle idée. Je ne sais pas si on en a une plus tard. Je continue effectivement d'enseigner à Secret Police.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que justement ça t'apporte l'enseignement dans ta vie de productrice et d'artiste ?

  • Speaker #0

    Pour moi, j'ai plusieurs métiers. C'est-à-dire que mon métier de départ, c'est la production de spectacles. Parce qu'en parallèle du Palais Mascotte, déjà à l'époque, je proposais des spectacles pour des soirées événementielles. Oui. Donc, mon métier de base, c'est vraiment de créer des spectacles. Et puis l'école, c'est vraiment ce qui me permet de transmettre ce qui me tient le plus à cœur. C'est le partage, c'est mes valeurs. c'est vraiment mon message personnel au monde, cette école. Et quand je donne des cours, quand j'ai des élèves face à moi, ces femmes face à moi, là, il y a un partage où je me dis, oui, c'est juste, c'est pour ça que je vis, je suis alignée avec ce que je fais. Et là, je suis vraiment juste. Je me dis, c'est le sens de ma vie, c'est ma mission dans la vie, c'est d'être là, de vivre ce moment avec elle. Voilà, quand je suis sur scène, par rapport aux différents spectacles que je fais, j'ai des producteurs qui m'embauchent, c'est des producteurs qui me commandent des spectacles. Et j'adore faire ce métier, mais c'est un petit peu moins moi qui m'exprime. Bien sûr, je réponds à des commandes de spectacles. Donc je pense que les deux sont complémentaires. Il y en a, donner des cours, ça me permet vraiment de m'exprimer, de faire quelque chose qui est... qui correspond à mes intentions et à mes valeurs, tandis que le spectacle, c'est un monde merveilleux qui est mon travail.

  • Speaker #1

    Et puis justement, en 2017, tu décides de laisser la direction de l'école à Gabi Novel et de partir en Thaïlande. Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que tu avais besoin d'un changement dans ta vie à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Ça n'a jamais été une question de passion. C'était plus une question... J'ai un métier passion. Mais je suis l'esclave de ce métier parce que je faisais tout, toute seule. Et au bout d'un moment, ce n'est pas vivable. Je pense qu'on peut faire des burn-out parce qu'on est dans une société multinationale et qu'on nous met trop la pression, mais là, je me mettais la même pression à moi toute seule. Et c'était plus de fait parce qu'il y avait tellement de choses à gérer et que j'étais à la fois à la comptabilité, au marketing, au commercial, en tant que professeure, enfin voilà, sur tous les fronts. Et je pense que c'est ça qui m'a épuisée. Et je me suis vue, je me suis projetée, je me suis vue dans dix ans au même endroit, à faire les mêmes choses, avec la même charge. Je me suis dit, c'est pas possible, je vais pas tenir le coup en fait, malgré que j'aime ce que je fais, malgré que je sois complètement passionnée. Et là, c'est venu à... Je suis très à l'écoute de moi-même. Toute ma vie, c'était ça mon moteur. C'est d'avoir cette écoute. J'essaie d'être juste par rapport à ce que je ressens. Et ça se transmet à la fois dans mes spectacles, mais à la fois aussi dans mes démarches, dans mes projets. Et là, j'étais à mon écoute et je me suis dit Non, ça ne va plus, malgré le fait que j'adore ce que je fais. Et je ne voyais pas d'issue jusqu'à ce que... Je pense à Gabi, en qui je voyais cette même étincelle, cette même passion, cette capacité de gérer les choses. Et voilà, la vie est tellement bien faite parce que c'était la meilleure personne pour reprendre l'école. Aujourd'hui, elle l'a reprise et puis elle l'a reprise à son goût à elle. Elle a encore plus fait évoluer. Enfin, je lui suis éternellement reconnaissante. non seulement d'avoir repris ce projet, mais de l'avoir fait fleurir, de l'avoir fait germer. Et puis maintenant, c'est complètement son projet. Et je suis tellement heureuse qu'elle ait conservé cette philosophie de base qui est la bienveillance. Toutes les femmes sont belles quand elles s'aiment, c'est ça la philosophie de l'école. Et c'est tellement toujours le cas. Et aujourd'hui, je donne des cours en tant que professeur. Je pense qu'aujourd'hui, j'ai gardé le meilleur. Moi, ce qui m'intéressait, c'était de transmettre, de partager, d'être une messagère. Aujourd'hui, je donne des cours à l'école Secret Folies et je peux continuer à le faire. La comptabilité, l'administratif, c'était moins mon truc. Je suis très heureuse de pouvoir me concentrer uniquement sur ce qui me plaît et sur ce qui fait du sens pour moi. Et de pouvoir à l'école transmettre les messages et partager ces beaux moments.

  • Speaker #1

    Tu donnes encore des cours de danse, tu as mentionné que tu étais productrice de spectacles, entrepreneur. Au quotidien, tu jongles avec toutes ces activités et quelle place tu donnes à la création ? Parce qu'en tant qu'artiste, tu continues aussi à créer tes propres numéros. Où est-ce que tu pioches tes inspirations et comment tu nourris ta créativité au quotidien ?

  • Speaker #0

    Je pense que je suis une fleur. C'est saisonnier. Donc, tel la fleur, il y a des périodes de haute saison liées aux spectacles. Par exemple, l'hiver, c'est des spectacles quasiment tous les jours. Et ensuite, il y a des périodes où c'est beaucoup plus calme. Et c'est dans le calme, justement, que je suis créative. La créativité a besoin d'un terreau. de nonchalance et de silence, de calme, de vide, de paix intérieure. Ce qui n'est pas du tout le cas quand on court d'un spectacle à l'autre. Donc, je ne me mets pas cette pression de il faut être créatif parce que je l'ai fait pendant longtemps. J'étais un peu comme une poule qui voulait pondre son œuf. Et non, non, j'ai compris que c'est par saison. Il y a des moments où... où justement c'est propice au spectacle et puis à être un peu dans toute cette effusion, on court partout. Et puis il y a des moments où c'est l'introspection vers moi-même. Par exemple, en juillet-août, je prends deux mois, je pars sur une toute petite île déserte et je fais le vide. Et c'est dans ce vide, entre guillemets, parce que dans le vide, il reste tout ce qu'il y a à l'intérieur, toutes les émotions qui sont en moi. ça me permet d'être plus à l'écoute et de revenir à vraiment au ressenti qu'est-ce que je veux exprimer qu'est-ce qui me plaît, qu'est-ce qui m'anime qu'est-ce que en fonction de ce que je vis qu'est-ce que j'ai envie de raconter quelle est ma perception, ma vision du monde voilà si la vie est une poésie, quel verre est-ce que j'ai envie d'ajouter, d'y apporter de contribuer ? Et pour pouvoir s'écouter, il faut du calme, il faut du silence.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pratiques la méditation ou des choses comme ça ?

  • Speaker #0

    Non, je ne pratique pas. Parce que vraiment, la vie d'artiste, c'est saisonnier. Là, il n'y a pas un instant. C'est tout ou rien. Et même, c'est pas que je veux pas, c'est que des fois j'essaye de trouver un équilibre, mais j'ai compris, au bout de toutes ces années, voilà, il y a des périodes où c'est des périodes de spectacles, il y a des périodes où c'est des périodes de calme, on n'arrive pas à mêler les deux.

  • Speaker #1

    Mais toi t'as vraiment trouvé cette balance entre l'adrénaline, le plein, les paillettes et puis les moments justement de recentrement sur toi-même ? pour mieux ensuite ?

  • Speaker #0

    Là, par exemple, je suis dans une période vraiment de haute saison. Ça fait depuis la mi-octobre et ça va durer jusqu'à mi-janvier où vraiment, je n'ai pas de jour de congé. Je suis on-off. Ça veut dire que quand je suis en cours ou en spectacle, je donne tout. Mais vraiment tout, comme dit Jodie Garland, elle dit comme si on allait mourir le soir même. Enfin voilà, je fais un don total de mon énergie, de moi-même. Je rentre chez moi, je suis un zombie. Je ne parle plus. J'ai besoin de cette pause. Et c'est reparti le lendemain, c'est comme ça pendant une saison. Et puis après, quand c'est l'été et que c'est plus calme, là je pars sur mon île déserte. J'essaie d'avoir le moins de... de pollution possible, de notifications. On ne me dérange pas, je suis dans ma bulle. Et là, je me ressens vraiment.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu fais sur ton île d'Azère ?

  • Speaker #0

    Rien. Non, c'est faux, oui. Juste être... Déjà, moi, je fais des poids. C'est une discipline de feu. Donc, c'est très méditatif en soi. En fait, c'est comme de la danse, avec des chaînes au bout de chaque main. Et puis, ça crée des mandalas. des figures de mandalas dans les airs. En soi, je mets une musique et puis je me laisse aller à danser. C'est un flow total. J'adore faire ça. et puis aussi tout simplement être à l'écoute de la nature voir les étoiles filantes les couchers de soleil ça me ressource beaucoup c'est à dire que là je marche en talons pendant une saison puis après pieds nus dans le sable pendant une autre exactement

  • Speaker #1

    et puis j'ai souvent, qu'est-ce qui t'anime ou quelles sont tes inspirations du moment même si c'est une période très chargée est-ce qu'il y a des choses plus particulièrement qui t'inspirent ou que tu as envie de développer

  • Speaker #0

    Ouais en fait ces derniers temps j'ai fait beaucoup de commandes. Faut imaginer c'est comme si j'étais une graphiste. Et puis, il y a des clients, des entreprises qui me commandent des logos, par exemple. Donc voilà, en tant que graphiste, je vais faire les logos. Et puis, il y a une charte graphique. On me demande... Enfin, c'est le logo de l'autre personne. Je vais le faire pour eux. Je n'ai pas... J'ai mes goûts. Mais tout de même, je vais répondre aux demandes de l'entreprise. Là, c'est pareil. On me commande un spectacle. Bien sûr, j'ai mes goûts. Je vais créer le spectacle. avec quand même ma sensibilité, mais c'est quand même le client pour lequel je crée ce spectacle qui a le mot final et qui va décider s'il préfère que ce soit comme ci ou comme ça. Donc là, quand je fais beaucoup de commandes, je sens qu'il y a une part de moi qui a envie de s'exprimer, de faire ma propre création. Et d'ailleurs, c'est pour ça que je fais un spectacle là prochainement, à Lausanne, le 5 janvier, qui s'appelle le Carousel des songes, parce que... je sens qu'il n'y a aucune place dans tous mes projets pour faire quelque chose de sensible. Par sensible, j'entends... J'adore le piano, par exemple. Et j'aime danser sur le piano, le violon. Mais dans la plupart des spectacles que l'on me commande, on veut des musiques à la TikTok, avec des grosses basses où ça bouge, parce que c'est ça qui bouge les gens. mais moi j'aime le piano, j'aime le violon, et à un moment donné, j'ai envie d'avoir un endroit, un lieu où je peux danser sur du piano et du violon, parce que ça me fait du bien. Donc j'ai créé ce spectacle pour ça, pour pouvoir apporter quelque chose de plus délicat, de plus émotionnel.

  • Speaker #1

    de plus subtil voilà et en termes d'artiste est-ce qu'actuellement il y a des artistes qui t'inspirent particulièrement ou des artistes de toujours d'ailleurs ?

  • Speaker #0

    alors les artistes qui m'inspirent ne sont pas connus forcément Par exemple, j'aime beaucoup Yang Liping qui est une danseuse et metteuse en scène chinoise. Ça ne parle pas forcément au grand public, mais ce que j'aime c'est sa délicatesse dans son mouvement. Il y a vraiment une recherche où chaque partie de son corps est pensée, réfléchie et raconte quelque chose. Il y a vraiment une grande recherche dans le mouvement. C'est la première fois que je découvre une artiste qui a cette... capacité à raconter des histoires juste avec son corps. Même pas avec son visage, parce que son ombre, elle est en ombre chinoise, d'ailleurs. Donc, c'est vraiment par le petit mouvement du cou, de la phalange, de l'épaule, de chaque partie de son corps. Je trouve ça fantastique. Et c'est d'une poésie. Par exemple, elle a un numéro avec une lune géante, et elle, elle apparaît en ombre devant, et on découvre que sa silhouette qui bouge pendant de nombreuses minutes, et pourtant ça passe très vite parce que... on a l'impression qu'elle nous a raconté toute une histoire. Voilà, ça j'adore.

  • Speaker #1

    Avant, tu évoquais justement les commandes des clients, et puis j'avais une question sur le fait que, récemment, tu as fondé ton agence artistique Celle à ses talents. parmi lesquelles tu emploies des danseuses toutes très belles et très minces. C'est vrai qu'on se demandait comment tu vis cette dichotomie peut-être entre les valeurs promues par l'école et puis finalement peut-être la loi du marché qui souhaite quand même avoir peut-être des filles minces ou est-ce que justement les clients sont-ils prêts ou pas à avoir des physiques plus diversifiées ? Comment tu vois ça, toi ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis tellement heureuse de pouvoir... avoir mes propres productions. On n'en a pas parlé, mais je produis un spectacle azurique qui s'appelle Oh là là chérie, tous les premiers samedis du mois depuis 2010. Je suis tellement heureuse de pouvoir, dans ce spectacle, justement, proposer un casting diversifié où il y a tous les corps qui sont entrés, tous les styles et les âges. On peut voir vraiment un casting qui est varié et ça, ça me tient énormément à cœur et je suis très heureuse de pouvoir le produire. Et à côté de ça, j'ai aussi l'agence effectivement Céleste Talens. Et là, encore une fois, c'est un... Ça répond à des commandes, ça répond à ce que des clients me demandent. Et je suis tellement heureuse d'avoir un espace pour pouvoir m'exprimer. Parce qu'effectivement, dans le reste du monde artistique, cet espace est très restreint. Il n'y a pas beaucoup de places. Par exemple, si on regarde au Crazy Horse, au Moulin Rouge, toutes les revues qui sont connues, les filles au Crazy Horse, elles sont mesurées. au centimètre. Donc, pour la plupart des événements, les gens, ils ont vu quoi ? Ils ont vu le Moulin Rouge, ils ont vu le Crazy Horse, et ils veulent la même chose. Ils ne sont pas du tout ouverts à de l'adversité, que ce soit dans la taille des corps, dans les âges. Donc, je suis très heureuse à la fois de pouvoir m'exprimer moi dans mes propres productions. Et puis j'adore aussi mes spectacles, les commandes que je fais pour mes clients. Mais je vois effectivement qu'il y a un grand contraste entre les deux. Ce que je remarque, c'est que peu importe le type de client, dans l'imaginaire collectif, la danseuse de cabaret, de par les grands cabarets parisiens connus, elle est longue, grande, mince. et ça c'est dans l'imaginaire collectif et je pense que les spectacles burlesques tels qu'on les fait, ils cassent ces codes-là ils viennent justement montrer que il peut y avoir plein de manières d'être une danseuse qui a barré et je trouve ça magnifique et je trouve ça très beau et ça me fait plaisir vraiment de voir que c'est possible dans certains espaces tandis que dans d'autres espaces les esprits sont encore un petit peu plus triqués avec ça Je les espère pas et puis en plus avec Céleste dans mon agence On mesure pas du tout les filles Dans le sens où on a quand même des tailles très différentes Moi je mesure 1m74 Et pour danser en duo par exemple C'est bien d'avoir des filles qui font plus ou moins la même taille que moi Néanmoins il y en a quand même qui sont plus petites Elles font 1m60 par exemple Et c'est pas grave Pour moi le plus important C'est pas forcément la taille Mais c'est vraiment la tit... le sourire, toutes les danseuses de Céleste Allain c'est avoir un smile, dégager vraiment cette attitude. Après c'est vrai qu'il y a quand même des critères en termes d'âge qui ne sont pas définis précisément et en termes de silhouette qui ne sont pas non plus définis précisément mais après ça m'est déjà arrivé d'envoyer des danseuses qui ne correspondent pas forcément à ces critères-là en spectacle parce que moi je les trouvais super. Et les clients reçoivent ça d'une manière... Enfin, c'est difficile pour la danseuse aussi à vivre quand on ne se sent pas bienvenue. Donc oui, je pense qu'il y a...

  • Speaker #1

    il y a des contextes effectivement tu mentionnais l'âge justement vieillir en tant que femme c'est socialement encore difficile quand on est danseuse qu'on travaille avec son corps comment est-ce qu'on le vit ça fait 20 ans que toi tu es sur le devant de la scène est-ce que tu as vu aussi les regards changer ou est-ce que tu appréhendes ça d'une certaine manière ?

  • Speaker #0

    Vieillir dans la société, je sais que c'est difficile tout simplement parce que je vois, surtout sur les réseaux sociaux, tous les commentaires à chaque fois qu'on dit que quelqu'un a vieilli. Je trouve ça quand même incroyable de commenter quand une femme vieillit, de dire Oh, mais elle a vieilli ! Je pense à Sarah Jessica Parker dans Sex and the City et puis tout le monde dit Ah, mais qu'est-ce qu'elle a vieilli ! Mais bien sûr qu'elle a vieilli ! Enfin, c'est... Mais au quotidien, heureusement, je ne le vois pas, je ne le vis pas, mais je l'ai remarqué particulièrement sur les réseaux sociaux. Et moi, au contraire, aujourd'hui, je me sens tellement bien dans mon corps, dans ma vie, dans mes spectacles. Je pense que je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant. Donc, je n'ai pas peur d'une certaine échéance, disons. Néanmoins, je pense que si j'arrive à le vivre de manière zen, c'est parce que je suis... dans ce burlesque, dans cette philosophie. C'est parce que je crois vraiment de tout mon cœur que... qu'on est belle et qu'on est magnifique, peu importe l'âge qu'on a. Et j'arrive à voir avec mes propres yeux, à travers des femmes de tout âge, la beauté qu'il y a en elles. Récemment, j'ai fait un spectacle avec une femme qui a à peu près 60 ans. Et elle était la star du show. Elle m'a dit Oui, je veux monter sur scène parce que j'ai besoin de dépasser ça. J'ai besoin de montrer qu'on peut être plus âgé et qu'on peut être magnifique. Elle a même fait un effeuillage sur scène. donc voilà elle a enlevé soutien-gorge et tout, enfin voilà elle avait besoin de poser ça et je trouvais que c'est un très très beau message mais moi en soi je la trouve magnifique et je trouve qu'elle a rien à prouver à personne En tout cas, ce n'est pas comme dans le ballet où à 20 ans, on a fini notre carrière. Edith Avantis a 50 ans et elle continue sa carrière. Tom Pestorme, si je ne me trompe pas, à 85 ans, était encore sur scène. Mais même sans forcément aller sur scène, je pense que c'est vraiment une question de regard. Et effectivement, la société a de fortes injonctions sur les femmes, notamment sur leur âge. Je pense que c'est important de s'entourer de personnes qui nous permettent d'avoir un regard sain là-dessus. Voilà, donc je pense que Secret Follies c'est vraiment ce laboratoire d'expérience féminine et cet écrin qui permet de s'entourer de... de regard plus sincère, plus authentique sur l'être humain. Tout simplement, on est comme on est. Il n'y en a qu'une comme nous. C'est ça qui est magnifique. On est unique. Il n'y en a qu'une comme nous. C'est incroyable, même les jumeaux, vous allez me trouver monosigote, je ne sais pas quoi, ils vont avoir des expériences de vie différentes, une personnalité différente. Et en ça, on est précieux. Et en ça, tel que l'on est maintenant, au moment présent, c'est ce qu'il y a à chérir, c'est un trésor. Donc j'essaye de suivre ça et je pense que c'est ce qui me permet de vivre les choses sainement et puis d'accepter. d'accepter les choses telles qu'elles sont.

  • Speaker #1

    Tu disais il y a quelques années dans une interview que le burlesque était la définition de la liberté pour toi. Est-ce que c'est toujours le cas aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Ah oui ! Je pense que le burlesque, c'est même ce qui me permet de vivre ma liberté. C'est à travers le burlesque que je peux... que je peux exprimer ce qu'il y a au fond de moi et je pense que c'est ça pour moi en tout cas les fondements de la liberté c'est de pouvoir être à l'écoute de soi, être sincère avec soi, et de pouvoir allier les actions aux pensées. Donc être en harmonie, c'est ce qu'on cherche en fait, faire du sens. Donc oui, le burlesque, c'est vraiment mon vecteur pour la liberté.

  • Speaker #1

    Et que dirait Emma Milan à Emmanuel ?

  • Speaker #0

    Dans mon parcours, il y a eu un moment donné où je ne connaissais plus la différence entre Emma Milan, le personnage que je joue sur scène, et qui je suis dans ma vie personnelle, Emmanuel. Parce que, tout simplement, j'étais tout le temps en représentation. Tous les jours, quand on est tout le temps sur scène, il y a presque plus de moments où on se démaquille et puis on n'est plus dans le personnage. Et à un moment donné, j'avais vraiment du mal à savoir qui j'étais derrière ce masque. Alors ce masque qui me représente, parce que c'est un masque qui est alimenté par mes propres traits de personnalité, mais c'est un masque exagéré, c'est un masque de scène. Et My Milan, elle est toute puissante, elle est forte, elle est... elle est inatteignable. Et je pense que ça m'a fait du bien de prendre du recul avec ça et de retrouver qui je suis sans la scène. Et en ça, la pandémie a été très intéressante parce qu'il n'y avait plus de scène pendant plus d'un an. Et puis, j'étais juste moi, sans mes costumes, sans mon maquillage. Et finalement, je me suis rendue compte qu'il y avait un point, il y avait ce qui était similaire. Autant dans Ima Milan qu'Emmanuel, c'est qu'en fait c'est l'énergie, je suis quelqu'un qui adore transmettre, peu importe ce que je fais, que je sois l'une ou l'autre. Même sans spectacle, j'étais en train tout le temps d'essayer de donner le sourire aux gens. Et voilà, finalement je me suis rendu compte qu'Emma Milan, elle aide Emmanuel à juste pouvoir transmettre ces choses-là, mais que même s'il n'y avait pas Emma Milan dans la vie, j'y arriverais quand même.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'à la fin. N'hésitez pas à partager ce podcast si l'épisode vous a plu et à nous contacter sur Instagram si un sujet vous titille. Au plaisir de vous retrouver très prochainement avec un nouvel épisode. A bientôt, sous les strass !

Description

"Sous les strass" accueille dans ce nouvel épisode Emma Mylan: artiste burlesque, directrice artistique et professeure de cabaret, elle fonde la première école de cabaret burlesque de Suisse romande en 2010. La
Parisienne d'origine fait ses premières armes au fameux Palais Mascotte de Genève pour, aujourd'hui, produire des spectacles dans toute la Suisse. Découvrez le parcours et les inspirations de cette artiste accomplie, dont la transmission est au coeur de son art.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Sous les strass, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du cabaret et du burlesque. Je m'appelle Émilie, ou Liv Laflamme, ça dépend du moment de la journée, et nous avons aujourd'hui la chance d'accueillir Emma Milan. Artiste burlesque, directrice artistique, professeure de cabaret ou encore entrepreneuse, Emma est partout lorsqu'il s'agit de vous en mettre plein la vue. On me murmure même à l'oreille que c'est par elle que le burlesque s'est popularisé en Suisse romande. Vous découvrirez notamment dans cet épisode comment cette parisienne d'origine est arrivée à Genève pour ne plus jamais quitter la Suisse, quelles sont ses inspirations du moment, et pourquoi il lui est parfois difficile de trouver une balance entre sa sensibilité artistique et la loi du marché. Allez, c'est parti ! Chère Emma, pour commencer, et pour les personnes qui notent que tu ne connaisses pas, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Alors je pense qu'avant tout j'ai une grande passionnée, une grande rêveuse, j'aime la vie et j'en ai même fait mon métier. Avant tout j'ai envie de rappeler aux personnes que j'ai devant moi que la vie est magnifique, que la vie est un trésor, que la vie est à chérir et que chaque personne est unique. Et le vecteur que j'ai trouvé pour ça, c'est de créer des spectacles. J'en suis même arrivée à un point dans mon adolescence à me poser la question Mais est-ce que cette vie a vraiment du sens ? Et est-ce que j'ai vraiment envie de la vivre ? Et ma réponse, ça a été un grand oui. Oui, parce que justement, je peux voir la beauté qu'il y a en chacun et en chaque instant. Et voilà, donc mon métier effectivement, c'est de créer des spectacles, de les produire. Je suis moi-même sur scène. J'adore avoir ces deux côtés-là. J'adore être à la fois dans la production, dans l'élaboration et à la fois de pouvoir être sur scène et d'être dans le partage. Et j'enseigne aussi.

  • Speaker #0

    Et puis justement, avant d'en arriver là, comment est-ce que l'art et plus particulièrement le burlesque sont arrivés dans ta vie ? Est-ce que tu as grandi dans une famille tournée vers l'art ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Ma famille n'est absolument pas... Je ne suis absolument pas une famille d'artistes. En fait, ce qui m'a vraiment amenée à l'art, c'est une rupture familiale. Je me suis retrouvée à 14 ans à vivre ma vie. Et je pense que je n'aurais jamais eu tout le parcours que j'ai eu si je n'avais pas eu cette liberté. Parce que j'ai eu toute la liberté du monde à 14 ans. Très peu de personnes ont ça. A la fois, c'est vertigineux parce que c'est... ça peut être dangereux et j'ai eu beaucoup de chance dans mon parcours. Et à la fois, je pense que j'ai eu cette liberté de pouvoir faire mes propres choix. Donc au niveau familial, effectivement, à ce moment-là, il n'y avait plus de barrière parce que je pouvais être qui je voulais et faire ce que je voulais. j'ai pas du tout fait de cours lorsque j'étais enfant, j'ai pas été à la danse, j'ai commencé à danser très tard, j'avais 14 ans ce qui est tard pour une danseuse, donc j'ai pas été sensibilisée à l'art, j'ai pas pris de cours de musique, etc. Et pourtant, j'en ai fait mon métier. C'est venu à moi de par un besoin de comprendre mes émotions. Je me sentais hypersensible avec une difficulté à gérer, à comprendre toutes ces sensations et toutes ces émotions. Et c'est grâce à la musique, à la danse que j'ai pu... que j'ai trouvé un moyen vraiment de pouvoir les libérer, les exprimer, au départ de manière tout à fait, complètement spontanée, sur le tas, comme ça, de manière libre. Et puis petit à petit, en apprenant des techniques. Mais l'art est venu à moi pour pouvoir, en quelque sorte, me guérir, je dirais ça comme ça.

  • Speaker #0

    Et plus spécifiquement le burlesque qui reste quand même un art de niche, surtout j'imagine, il y a 20 ans en arrière ou plus.

  • Speaker #1

    Alors le burlesque, c'est venu un petit peu plus tard. En tant qu'ado, déjà j'étais très sensible à la poésie, à la chanson, à l'art, à la musique. Mais je m'y intéressais, disons, de manière purement émotionnelle et instinctive. Et puis après, c'est vraiment... En tant que jeune femme, je me suis intéressée au burlesque parce que là j'avais des questionnements personnels sur ma féminité. Je commençais à devenir une femme et je n'avais aucun modèle qui me séduisait et je n'avais aucune idée de qui j'étais. J'avais l'impression que j'avais un monde à explorer et qui me paraissait à la fois dangereux et à la fois tellement vaste. Et à travers le burlesque, pour moi, c'est un terrain de jeu, c'est un terrain d'aventure. On peut tester à être toutes les femmes. Alors là c'était magnifique Le burlesque est venu à moi en seconde étape D'abord je suis très sensible, c'est ce qui m'a attirée vers l'art Et ensuite quand j'ai commencé à me poser des questions sur qui je suis en tant que femme C'est là où j'étais attirée par le burlesque Mais à l'époque on n'appelait pas ça burlesque

  • Speaker #0

    A l'époque j'étais simplement attirée à faire des spectacles plus féminins Et est-ce que tu dirais qu'aujourd'hui tu as trouvé peut-être ta vision de la féminité grâce au burlesque ? Comment est-ce qu'elle a évolué ?

  • Speaker #1

    Je pense que j'ai trouvé mes visions de la féminité parce que j'ai découvert et je découvre encore aujourd'hui que j'ai de nombreuses facettes et je n'aime pas me restreindre dans l'une d'entre elles. J'ai tellement évolué depuis que j'ai débuté mon tout premier numéro de burlesque. J'ai tellement exploré de facettes de moi-même que je ne pourrais pas en retenir qu'une seule.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens justement de ta première scène en tant qu'artiste burlesque et ce que tu as ressenti sur le moment ?

  • Speaker #1

    Ah c'était, je me suis éclatée, j'ai tellement ri Je pense que c'était génial de pouvoir vraiment marier le bonheur, le plaisir, la joie et la féminité En fait j'avais tellement dramatisé ça, la féminité, la sensualité J'avais tellement mis ça sur un piédestal comme si c'était quelque chose de très sérieux Et là j'ai pu en rire, alors je faisais une soubrette J'étais habillée, c'était pour le besoin du spectacle en fait, j'étais une french maid, ça veut dire qu'on devait ramasser les vêtements sur scène des autres artistes. Et j'en ai fait un numéro, donc le petit personnage de la soubrette qui est censée, voilà, qui travaille, qui est censée être soumise, faire ce qu'on lui dit, j'aimais bien la faire se rebeller et puis tout simplement elle vient. jeter au public les vêtements qu'elle trouve et puis ça me faisait rire et ça me faisait tellement du bien de pouvoir en rire donc plutôt une vision un peu rebelle de l'affinité ou moins soumise que ce qui ouais je pense que ça fait du bien je sais pas si j'avais forcément des comptes à rendre mais c'est plus quelque chose de sociétal dans la société en tout cas moi j'ai eu le sentiment quand j'ai grandi que c'était Il y avait quand même ce truc de fond où une femme doit être à sa place, doit faire ce qu'on lui dit, doit être bien sous tout rapport. Et puis là, le fait sur scène de pouvoir juste jeter un soutien-gorge en l'air, ça me faisait sentir que je me libérais un petit peu de toutes ces injonctions.

  • Speaker #0

    Et si on fait un petit retour en arrière, tu as grandi à Paris et ensuite tu es venue à Genève en 2008. Qu'est-ce qui t'a amené ? Tu avais quoi, 20 ans ? Un petit peu plus de 20 ans ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. En fait, ça s'est fait tellement naturellement. Je suis arrivée à Genève la première fois un peu plus tôt, en 2006. Et à l'époque, j'avais une compagnie de spectacle pyrotechnique. Donc c'est vraiment par ça que je suis rentrée. dans le monde du spectacle. Et avec la pyrotechnie, c'était génial parce que j'avais pas besoin de me montrer. C'était les flammes que je mettais en avant, puis moi j'étais toute en noir cachée derrière. Et petit à petit, je commençais à porter des costumes un peu plus féminins. avec mes flammes. Donc, oser me montrer, prendre aussi, moi, du spotlight. Et je faisais des spectacles un petit peu partout en Europe. Donc, voilà, j'avais déjà ma compagnie, on était plusieurs danseuses, on se produisait partout, dont à Genève, et de plus en plus à Genève. Et voilà, il y a une opportunité qui est arrivée à moi. C'était le Palais Mascotte, un cabaret qui réouvrait. Et là, je ne savais pas trop quel était le projet, mais on m'a dit, tu seras la mascotte du Palais Mascotte. Donc je me suis laissée embarquer là-dedans, je me suis retrouvée avec un petit chapeau, avec une plume rouge, un costume de spirou, et puis j'étais à l'accueil, Bienvenue au Palais Mascotte ! Et puis j'étais ce personnage qui faisait vivre la maison comme un logo vivant, et je me suis retrouvée au micro, moi qui n'avais jamais parlé dans un micro, à dire Bonsoir Mesdames et Messieurs, et bienvenue au Palais Mascotte ! Pour vous ce soir, nous avons des artistes, comédiens, cirque-éptiens, etc. Et c'était une magnifique expérience parce que... Moi je venais du monde du spectacle du feu, de la pyrotechnie, je m'amusais à jouer avec mes costumes de plus en plus féminins, empruntés au code du cabaret. Et là j'avais une maison, j'avais un endroit où je pouvais faire des tests, des expériences. Il faut imaginer qu'il y avait 15 spectacles par semaine, 3 par soir.

  • Speaker #0

    C'était intense. Le spectacle changeait toutes les semaines ou toutes les deux semaines. et voilà c'était hyper formateur j'ai fait plus de 500 représentations en deux ans voilà pour moi qui débutais dans le monde vraiment de la scène parce qu'avant je venais de la pyrotechnie donc c'est pas le même genre de rapport au public là j'étais vraiment face à un public je leur parle, je suis devant eux j'ai appris tous les codes de la scène sur le tas et tu faisais pas mal de spectacles de rue plus jeunes aussi Auparavant, oui, le feu, c'est vrai que la pyrotechnie, c'est quand même beaucoup plus ruveux. J'étais avec des punks, enfin... C'est une autre ambiance, j'adore, mais c'était une autre ambiance.

  • Speaker #1

    Et c'est au palmascotte, enfin maintenant tu produis toi aussi des spectacles, que t'as pu justement un petit peu construire aussi ton regard ou une ligne rouge de ce qu'est un spectacle. Qu'est-ce que ça t'a appris aussi en termes... Enfin, pour ce que tu fais aujourd'hui en tant que productrice ?

  • Speaker #0

    Oui, ça m'a appris effectivement à créer un spectacle, mais ça... Qu'est-ce que ça veut dire créer un spectacle ? Ça m'a appris à... À comprendre la rythmique et le timing, en fait, faire un spectacle de cabaret burlesque, c'est vraiment comme une petite fenêtre avec une histoire. Et il y a vraiment un début, un milieu, une fin, un message. Tout ça, bien sûr, à la sauce humoristique, parce que les gens sont là pour passer un bon moment. Et c'est vraiment de comprendre les mécanismes et les effets qui vont être percutants sur le public. Et là, j'ai eu un espace de jeu pour pouvoir tester tout ça. Magnifique, quoi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des secrets de ce qui marche ? Justement, à chaque fois, on est sûr que ça, c'est...

  • Speaker #0

    Alors je peux dire surtout ce qui ne marche pas. Ce qui ne marche pas, qu'est-ce qu'il y a ? Parce que moi pendant, je n'ai pas vraiment été formée au palais mascotte, on m'a mis comme ça et puis les autres artistes n'avaient pas forcément envie de m'expliquer parce qu'il y avait un peu des jalousies etc. Donc ce n'était pas forcément facile et j'ai vécu énormément de honte et j'aime bien en parler parce que c'était à la fin de chaque spectacle pendant un an, je pleurais. Donc il faut imaginer, j'allais m'enfermer dans les toilettes, je pleurais, parce que je le vivais très mal, parce que j'avais l'impression de ne pas être à ma place, ou d'avoir fait faux, de ne pas savoir comment faire bien, de ne pas savoir comment faire juste, de justement de me tromper en fait. Je me sentais jamais assez, jamais suffisante. Non seulement parce qu'on m'expliquait pas que j'avais peut-être pas forcément toutes les compétences pour être là où j'étais. J'étais pas forcément la meilleure danseuse, j'apprenais. Parler dans le micro, c'était tout nouveau. On me donnait pas de tuyaux. Et en fait... C'est grâce au fait qu'à chaque fois que j'ai pleuré, que je me suis dit t'inquiète pas, ça va aller, accroche-toi, t'aimes ça, et que j'ai pu me focaliser sur les beaux côtés, que je m'en suis sortie. Parce qu'à un moment donné, je me suis dit sinon j'arrête. Si c'est aussi douloureux que ça, il faut arrêter. Et c'est vraiment, je me suis accrochée. Je me suis accrochée au bout. au bon côté de la chose. Et c'est là où j'ai vraiment appris. Donc quelque part, ce que j'ai le plus appris, c'est à vivre chaque instant et en tirer le meilleur. Maintenant, vraiment en termes de production, si on demande qu'est-ce qui ne fonctionne pas, c'est d'aller trop vite. Un spectacle, c'est comme une phrase, il faut une majuscule, il faut des mots, des virgules, de la ponctuation, et à la fin, un grand point d'exclamation. et il faut que ce soit tout à fait lisible pour le public, que ce soit parlé ou que ce soit visuel, avec le langage du corps. Et quand on va beaucoup trop vite, parce que sur scène, c'est un autre espace-temps, tout va beaucoup plus vite que quand on est assis dans le public tranquillement. Et de savoir gérer la pause, de savoir s'arrêter, de savoir créer du suspense. de savoir prendre ce temps où on a un regard avec le spectateur et il y a un contact visuel de savoir regarder les gens dans les yeux et puis tout d'un coup se mettre à bouger et je pense que c'est ça le rythme, le timing, c'est Louis de Funès un jour je regarde une interview où il disait, dans l'humour, toute une question de timing. Et pour moi, ça faisait vraiment du sens parce que c'est ce que je vivais au Palais Mascotte. C'était vraiment ça.

  • Speaker #1

    Et puis après ces deux ans au Palais Mascotte, tu quittes le Palais pour fonder Secret Police en 2010. D'où est née cette envie ? C'était quoi ton objectif avec cette école en la fondant ?

  • Speaker #0

    Je me rappellerai toujours. Toute ma vie, ça restera gravé en moi. C'était un jour, j'étais dans les loges au Palais Mascotte. J'étais en train de me maquiller. Et je m'entends vraiment très fort, j'entends mes pensées en fait, me critiquer, critiquer mon corps et me dire que je ne suis pas belle, que je n'aime pas telle et telle partie de mon corps, que ça ne va pas. Et je m'entends vraiment le dire, j'ai cette conscience de moi-même, et à ce moment-là je me suis regardée dans le miroir. Et je me suis jurée, pour toujours, d'être gentille avec moi-même. Et d'accepter ce que je vois. Et d'accepter ce que je suis. Parce que sinon je vais me faire beaucoup trop de mal et que... et que je... C'est pas durable en fait, je pourrais pas continuer comme ça. Et cette promesse que je me suis faite, elle était tellement forte, parce que c'est tellement intense ce sentiment, ce mot, il était tellement puissant, que je m'en suis rappelée toute ma vie. Et bien sûr, la vie, il y a des hauts, il y a des bas, il y a des jours où... Bien sûr, où ça revient, où j'ai mon petit juge autocritique qui est dans ma tête, mais il y a cette voix de bienveillance, d'apaisement. En fait, je l'appelle comme ma grande sœur, comme si j'avais développé ce jour-là une grande sœur, que j'ai développé pour moi-même et qui m'apporte beaucoup plus de bienveillance envers moi-même et d'acceptation de ce que je suis et ça ça a été vraiment magnifique parce que non seulement en palais mascotte j'ai appris à être sur scène à dépasser le jugement des autres à dépasser mon propre jugement à dépasser la honte à accepter ce que je suis, comme je suis à avoir un discours bienveillant envers moi-même et en plus de ça, à travers le fait d'exposer mon corps, plus ou moins parce que c'est pas un effeuillage forcément complet, mais d'exposer mon corps et jouer avec ma sensualité sur scène je me suis dit, waouh, mais en deux ans tout ce que j'ai appris personnellement et ça je veux le transmettre aux autres femmes parce que je voyais que les autres femmes elles venaient vers moi à la fin du spectacle elles me disaient waouh mais t'as l'air tellement bien t'as l'air tellement heureuse tu rayonnes quelque chose et en fait c'est juste la joie d'être et puis libre de ces de ces jugements et de ces liens qui pourraient être liés à ce qu'on pense de moi alors de là est née Secret Follies de là est née l'envie de partager

  • Speaker #1

    Que tu continues d'ailleurs toujours de faire puisque tu es toujours professeur à Secret Feliz.

  • Speaker #0

    Oui, aujourd'hui, c'est vraiment une belle idée. Je ne sais pas si on en a une plus tard. Je continue effectivement d'enseigner à Secret Police.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que justement ça t'apporte l'enseignement dans ta vie de productrice et d'artiste ?

  • Speaker #0

    Pour moi, j'ai plusieurs métiers. C'est-à-dire que mon métier de départ, c'est la production de spectacles. Parce qu'en parallèle du Palais Mascotte, déjà à l'époque, je proposais des spectacles pour des soirées événementielles. Oui. Donc, mon métier de base, c'est vraiment de créer des spectacles. Et puis l'école, c'est vraiment ce qui me permet de transmettre ce qui me tient le plus à cœur. C'est le partage, c'est mes valeurs. c'est vraiment mon message personnel au monde, cette école. Et quand je donne des cours, quand j'ai des élèves face à moi, ces femmes face à moi, là, il y a un partage où je me dis, oui, c'est juste, c'est pour ça que je vis, je suis alignée avec ce que je fais. Et là, je suis vraiment juste. Je me dis, c'est le sens de ma vie, c'est ma mission dans la vie, c'est d'être là, de vivre ce moment avec elle. Voilà, quand je suis sur scène, par rapport aux différents spectacles que je fais, j'ai des producteurs qui m'embauchent, c'est des producteurs qui me commandent des spectacles. Et j'adore faire ce métier, mais c'est un petit peu moins moi qui m'exprime. Bien sûr, je réponds à des commandes de spectacles. Donc je pense que les deux sont complémentaires. Il y en a, donner des cours, ça me permet vraiment de m'exprimer, de faire quelque chose qui est... qui correspond à mes intentions et à mes valeurs, tandis que le spectacle, c'est un monde merveilleux qui est mon travail.

  • Speaker #1

    Et puis justement, en 2017, tu décides de laisser la direction de l'école à Gabi Novel et de partir en Thaïlande. Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que tu avais besoin d'un changement dans ta vie à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Ça n'a jamais été une question de passion. C'était plus une question... J'ai un métier passion. Mais je suis l'esclave de ce métier parce que je faisais tout, toute seule. Et au bout d'un moment, ce n'est pas vivable. Je pense qu'on peut faire des burn-out parce qu'on est dans une société multinationale et qu'on nous met trop la pression, mais là, je me mettais la même pression à moi toute seule. Et c'était plus de fait parce qu'il y avait tellement de choses à gérer et que j'étais à la fois à la comptabilité, au marketing, au commercial, en tant que professeure, enfin voilà, sur tous les fronts. Et je pense que c'est ça qui m'a épuisée. Et je me suis vue, je me suis projetée, je me suis vue dans dix ans au même endroit, à faire les mêmes choses, avec la même charge. Je me suis dit, c'est pas possible, je vais pas tenir le coup en fait, malgré que j'aime ce que je fais, malgré que je sois complètement passionnée. Et là, c'est venu à... Je suis très à l'écoute de moi-même. Toute ma vie, c'était ça mon moteur. C'est d'avoir cette écoute. J'essaie d'être juste par rapport à ce que je ressens. Et ça se transmet à la fois dans mes spectacles, mais à la fois aussi dans mes démarches, dans mes projets. Et là, j'étais à mon écoute et je me suis dit Non, ça ne va plus, malgré le fait que j'adore ce que je fais. Et je ne voyais pas d'issue jusqu'à ce que... Je pense à Gabi, en qui je voyais cette même étincelle, cette même passion, cette capacité de gérer les choses. Et voilà, la vie est tellement bien faite parce que c'était la meilleure personne pour reprendre l'école. Aujourd'hui, elle l'a reprise et puis elle l'a reprise à son goût à elle. Elle a encore plus fait évoluer. Enfin, je lui suis éternellement reconnaissante. non seulement d'avoir repris ce projet, mais de l'avoir fait fleurir, de l'avoir fait germer. Et puis maintenant, c'est complètement son projet. Et je suis tellement heureuse qu'elle ait conservé cette philosophie de base qui est la bienveillance. Toutes les femmes sont belles quand elles s'aiment, c'est ça la philosophie de l'école. Et c'est tellement toujours le cas. Et aujourd'hui, je donne des cours en tant que professeur. Je pense qu'aujourd'hui, j'ai gardé le meilleur. Moi, ce qui m'intéressait, c'était de transmettre, de partager, d'être une messagère. Aujourd'hui, je donne des cours à l'école Secret Folies et je peux continuer à le faire. La comptabilité, l'administratif, c'était moins mon truc. Je suis très heureuse de pouvoir me concentrer uniquement sur ce qui me plaît et sur ce qui fait du sens pour moi. Et de pouvoir à l'école transmettre les messages et partager ces beaux moments.

  • Speaker #1

    Tu donnes encore des cours de danse, tu as mentionné que tu étais productrice de spectacles, entrepreneur. Au quotidien, tu jongles avec toutes ces activités et quelle place tu donnes à la création ? Parce qu'en tant qu'artiste, tu continues aussi à créer tes propres numéros. Où est-ce que tu pioches tes inspirations et comment tu nourris ta créativité au quotidien ?

  • Speaker #0

    Je pense que je suis une fleur. C'est saisonnier. Donc, tel la fleur, il y a des périodes de haute saison liées aux spectacles. Par exemple, l'hiver, c'est des spectacles quasiment tous les jours. Et ensuite, il y a des périodes où c'est beaucoup plus calme. Et c'est dans le calme, justement, que je suis créative. La créativité a besoin d'un terreau. de nonchalance et de silence, de calme, de vide, de paix intérieure. Ce qui n'est pas du tout le cas quand on court d'un spectacle à l'autre. Donc, je ne me mets pas cette pression de il faut être créatif parce que je l'ai fait pendant longtemps. J'étais un peu comme une poule qui voulait pondre son œuf. Et non, non, j'ai compris que c'est par saison. Il y a des moments où... où justement c'est propice au spectacle et puis à être un peu dans toute cette effusion, on court partout. Et puis il y a des moments où c'est l'introspection vers moi-même. Par exemple, en juillet-août, je prends deux mois, je pars sur une toute petite île déserte et je fais le vide. Et c'est dans ce vide, entre guillemets, parce que dans le vide, il reste tout ce qu'il y a à l'intérieur, toutes les émotions qui sont en moi. ça me permet d'être plus à l'écoute et de revenir à vraiment au ressenti qu'est-ce que je veux exprimer qu'est-ce qui me plaît, qu'est-ce qui m'anime qu'est-ce que en fonction de ce que je vis qu'est-ce que j'ai envie de raconter quelle est ma perception, ma vision du monde voilà si la vie est une poésie, quel verre est-ce que j'ai envie d'ajouter, d'y apporter de contribuer ? Et pour pouvoir s'écouter, il faut du calme, il faut du silence.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pratiques la méditation ou des choses comme ça ?

  • Speaker #0

    Non, je ne pratique pas. Parce que vraiment, la vie d'artiste, c'est saisonnier. Là, il n'y a pas un instant. C'est tout ou rien. Et même, c'est pas que je veux pas, c'est que des fois j'essaye de trouver un équilibre, mais j'ai compris, au bout de toutes ces années, voilà, il y a des périodes où c'est des périodes de spectacles, il y a des périodes où c'est des périodes de calme, on n'arrive pas à mêler les deux.

  • Speaker #1

    Mais toi t'as vraiment trouvé cette balance entre l'adrénaline, le plein, les paillettes et puis les moments justement de recentrement sur toi-même ? pour mieux ensuite ?

  • Speaker #0

    Là, par exemple, je suis dans une période vraiment de haute saison. Ça fait depuis la mi-octobre et ça va durer jusqu'à mi-janvier où vraiment, je n'ai pas de jour de congé. Je suis on-off. Ça veut dire que quand je suis en cours ou en spectacle, je donne tout. Mais vraiment tout, comme dit Jodie Garland, elle dit comme si on allait mourir le soir même. Enfin voilà, je fais un don total de mon énergie, de moi-même. Je rentre chez moi, je suis un zombie. Je ne parle plus. J'ai besoin de cette pause. Et c'est reparti le lendemain, c'est comme ça pendant une saison. Et puis après, quand c'est l'été et que c'est plus calme, là je pars sur mon île déserte. J'essaie d'avoir le moins de... de pollution possible, de notifications. On ne me dérange pas, je suis dans ma bulle. Et là, je me ressens vraiment.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu fais sur ton île d'Azère ?

  • Speaker #0

    Rien. Non, c'est faux, oui. Juste être... Déjà, moi, je fais des poids. C'est une discipline de feu. Donc, c'est très méditatif en soi. En fait, c'est comme de la danse, avec des chaînes au bout de chaque main. Et puis, ça crée des mandalas. des figures de mandalas dans les airs. En soi, je mets une musique et puis je me laisse aller à danser. C'est un flow total. J'adore faire ça. et puis aussi tout simplement être à l'écoute de la nature voir les étoiles filantes les couchers de soleil ça me ressource beaucoup c'est à dire que là je marche en talons pendant une saison puis après pieds nus dans le sable pendant une autre exactement

  • Speaker #1

    et puis j'ai souvent, qu'est-ce qui t'anime ou quelles sont tes inspirations du moment même si c'est une période très chargée est-ce qu'il y a des choses plus particulièrement qui t'inspirent ou que tu as envie de développer

  • Speaker #0

    Ouais en fait ces derniers temps j'ai fait beaucoup de commandes. Faut imaginer c'est comme si j'étais une graphiste. Et puis, il y a des clients, des entreprises qui me commandent des logos, par exemple. Donc voilà, en tant que graphiste, je vais faire les logos. Et puis, il y a une charte graphique. On me demande... Enfin, c'est le logo de l'autre personne. Je vais le faire pour eux. Je n'ai pas... J'ai mes goûts. Mais tout de même, je vais répondre aux demandes de l'entreprise. Là, c'est pareil. On me commande un spectacle. Bien sûr, j'ai mes goûts. Je vais créer le spectacle. avec quand même ma sensibilité, mais c'est quand même le client pour lequel je crée ce spectacle qui a le mot final et qui va décider s'il préfère que ce soit comme ci ou comme ça. Donc là, quand je fais beaucoup de commandes, je sens qu'il y a une part de moi qui a envie de s'exprimer, de faire ma propre création. Et d'ailleurs, c'est pour ça que je fais un spectacle là prochainement, à Lausanne, le 5 janvier, qui s'appelle le Carousel des songes, parce que... je sens qu'il n'y a aucune place dans tous mes projets pour faire quelque chose de sensible. Par sensible, j'entends... J'adore le piano, par exemple. Et j'aime danser sur le piano, le violon. Mais dans la plupart des spectacles que l'on me commande, on veut des musiques à la TikTok, avec des grosses basses où ça bouge, parce que c'est ça qui bouge les gens. mais moi j'aime le piano, j'aime le violon, et à un moment donné, j'ai envie d'avoir un endroit, un lieu où je peux danser sur du piano et du violon, parce que ça me fait du bien. Donc j'ai créé ce spectacle pour ça, pour pouvoir apporter quelque chose de plus délicat, de plus émotionnel.

  • Speaker #1

    de plus subtil voilà et en termes d'artiste est-ce qu'actuellement il y a des artistes qui t'inspirent particulièrement ou des artistes de toujours d'ailleurs ?

  • Speaker #0

    alors les artistes qui m'inspirent ne sont pas connus forcément Par exemple, j'aime beaucoup Yang Liping qui est une danseuse et metteuse en scène chinoise. Ça ne parle pas forcément au grand public, mais ce que j'aime c'est sa délicatesse dans son mouvement. Il y a vraiment une recherche où chaque partie de son corps est pensée, réfléchie et raconte quelque chose. Il y a vraiment une grande recherche dans le mouvement. C'est la première fois que je découvre une artiste qui a cette... capacité à raconter des histoires juste avec son corps. Même pas avec son visage, parce que son ombre, elle est en ombre chinoise, d'ailleurs. Donc, c'est vraiment par le petit mouvement du cou, de la phalange, de l'épaule, de chaque partie de son corps. Je trouve ça fantastique. Et c'est d'une poésie. Par exemple, elle a un numéro avec une lune géante, et elle, elle apparaît en ombre devant, et on découvre que sa silhouette qui bouge pendant de nombreuses minutes, et pourtant ça passe très vite parce que... on a l'impression qu'elle nous a raconté toute une histoire. Voilà, ça j'adore.

  • Speaker #1

    Avant, tu évoquais justement les commandes des clients, et puis j'avais une question sur le fait que, récemment, tu as fondé ton agence artistique Celle à ses talents. parmi lesquelles tu emploies des danseuses toutes très belles et très minces. C'est vrai qu'on se demandait comment tu vis cette dichotomie peut-être entre les valeurs promues par l'école et puis finalement peut-être la loi du marché qui souhaite quand même avoir peut-être des filles minces ou est-ce que justement les clients sont-ils prêts ou pas à avoir des physiques plus diversifiées ? Comment tu vois ça, toi ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis tellement heureuse de pouvoir... avoir mes propres productions. On n'en a pas parlé, mais je produis un spectacle azurique qui s'appelle Oh là là chérie, tous les premiers samedis du mois depuis 2010. Je suis tellement heureuse de pouvoir, dans ce spectacle, justement, proposer un casting diversifié où il y a tous les corps qui sont entrés, tous les styles et les âges. On peut voir vraiment un casting qui est varié et ça, ça me tient énormément à cœur et je suis très heureuse de pouvoir le produire. Et à côté de ça, j'ai aussi l'agence effectivement Céleste Talens. Et là, encore une fois, c'est un... Ça répond à des commandes, ça répond à ce que des clients me demandent. Et je suis tellement heureuse d'avoir un espace pour pouvoir m'exprimer. Parce qu'effectivement, dans le reste du monde artistique, cet espace est très restreint. Il n'y a pas beaucoup de places. Par exemple, si on regarde au Crazy Horse, au Moulin Rouge, toutes les revues qui sont connues, les filles au Crazy Horse, elles sont mesurées. au centimètre. Donc, pour la plupart des événements, les gens, ils ont vu quoi ? Ils ont vu le Moulin Rouge, ils ont vu le Crazy Horse, et ils veulent la même chose. Ils ne sont pas du tout ouverts à de l'adversité, que ce soit dans la taille des corps, dans les âges. Donc, je suis très heureuse à la fois de pouvoir m'exprimer moi dans mes propres productions. Et puis j'adore aussi mes spectacles, les commandes que je fais pour mes clients. Mais je vois effectivement qu'il y a un grand contraste entre les deux. Ce que je remarque, c'est que peu importe le type de client, dans l'imaginaire collectif, la danseuse de cabaret, de par les grands cabarets parisiens connus, elle est longue, grande, mince. et ça c'est dans l'imaginaire collectif et je pense que les spectacles burlesques tels qu'on les fait, ils cassent ces codes-là ils viennent justement montrer que il peut y avoir plein de manières d'être une danseuse qui a barré et je trouve ça magnifique et je trouve ça très beau et ça me fait plaisir vraiment de voir que c'est possible dans certains espaces tandis que dans d'autres espaces les esprits sont encore un petit peu plus triqués avec ça Je les espère pas et puis en plus avec Céleste dans mon agence On mesure pas du tout les filles Dans le sens où on a quand même des tailles très différentes Moi je mesure 1m74 Et pour danser en duo par exemple C'est bien d'avoir des filles qui font plus ou moins la même taille que moi Néanmoins il y en a quand même qui sont plus petites Elles font 1m60 par exemple Et c'est pas grave Pour moi le plus important C'est pas forcément la taille Mais c'est vraiment la tit... le sourire, toutes les danseuses de Céleste Allain c'est avoir un smile, dégager vraiment cette attitude. Après c'est vrai qu'il y a quand même des critères en termes d'âge qui ne sont pas définis précisément et en termes de silhouette qui ne sont pas non plus définis précisément mais après ça m'est déjà arrivé d'envoyer des danseuses qui ne correspondent pas forcément à ces critères-là en spectacle parce que moi je les trouvais super. Et les clients reçoivent ça d'une manière... Enfin, c'est difficile pour la danseuse aussi à vivre quand on ne se sent pas bienvenue. Donc oui, je pense qu'il y a...

  • Speaker #1

    il y a des contextes effectivement tu mentionnais l'âge justement vieillir en tant que femme c'est socialement encore difficile quand on est danseuse qu'on travaille avec son corps comment est-ce qu'on le vit ça fait 20 ans que toi tu es sur le devant de la scène est-ce que tu as vu aussi les regards changer ou est-ce que tu appréhendes ça d'une certaine manière ?

  • Speaker #0

    Vieillir dans la société, je sais que c'est difficile tout simplement parce que je vois, surtout sur les réseaux sociaux, tous les commentaires à chaque fois qu'on dit que quelqu'un a vieilli. Je trouve ça quand même incroyable de commenter quand une femme vieillit, de dire Oh, mais elle a vieilli ! Je pense à Sarah Jessica Parker dans Sex and the City et puis tout le monde dit Ah, mais qu'est-ce qu'elle a vieilli ! Mais bien sûr qu'elle a vieilli ! Enfin, c'est... Mais au quotidien, heureusement, je ne le vois pas, je ne le vis pas, mais je l'ai remarqué particulièrement sur les réseaux sociaux. Et moi, au contraire, aujourd'hui, je me sens tellement bien dans mon corps, dans ma vie, dans mes spectacles. Je pense que je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant. Donc, je n'ai pas peur d'une certaine échéance, disons. Néanmoins, je pense que si j'arrive à le vivre de manière zen, c'est parce que je suis... dans ce burlesque, dans cette philosophie. C'est parce que je crois vraiment de tout mon cœur que... qu'on est belle et qu'on est magnifique, peu importe l'âge qu'on a. Et j'arrive à voir avec mes propres yeux, à travers des femmes de tout âge, la beauté qu'il y a en elles. Récemment, j'ai fait un spectacle avec une femme qui a à peu près 60 ans. Et elle était la star du show. Elle m'a dit Oui, je veux monter sur scène parce que j'ai besoin de dépasser ça. J'ai besoin de montrer qu'on peut être plus âgé et qu'on peut être magnifique. Elle a même fait un effeuillage sur scène. donc voilà elle a enlevé soutien-gorge et tout, enfin voilà elle avait besoin de poser ça et je trouvais que c'est un très très beau message mais moi en soi je la trouve magnifique et je trouve qu'elle a rien à prouver à personne En tout cas, ce n'est pas comme dans le ballet où à 20 ans, on a fini notre carrière. Edith Avantis a 50 ans et elle continue sa carrière. Tom Pestorme, si je ne me trompe pas, à 85 ans, était encore sur scène. Mais même sans forcément aller sur scène, je pense que c'est vraiment une question de regard. Et effectivement, la société a de fortes injonctions sur les femmes, notamment sur leur âge. Je pense que c'est important de s'entourer de personnes qui nous permettent d'avoir un regard sain là-dessus. Voilà, donc je pense que Secret Follies c'est vraiment ce laboratoire d'expérience féminine et cet écrin qui permet de s'entourer de... de regard plus sincère, plus authentique sur l'être humain. Tout simplement, on est comme on est. Il n'y en a qu'une comme nous. C'est ça qui est magnifique. On est unique. Il n'y en a qu'une comme nous. C'est incroyable, même les jumeaux, vous allez me trouver monosigote, je ne sais pas quoi, ils vont avoir des expériences de vie différentes, une personnalité différente. Et en ça, on est précieux. Et en ça, tel que l'on est maintenant, au moment présent, c'est ce qu'il y a à chérir, c'est un trésor. Donc j'essaye de suivre ça et je pense que c'est ce qui me permet de vivre les choses sainement et puis d'accepter. d'accepter les choses telles qu'elles sont.

  • Speaker #1

    Tu disais il y a quelques années dans une interview que le burlesque était la définition de la liberté pour toi. Est-ce que c'est toujours le cas aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Ah oui ! Je pense que le burlesque, c'est même ce qui me permet de vivre ma liberté. C'est à travers le burlesque que je peux... que je peux exprimer ce qu'il y a au fond de moi et je pense que c'est ça pour moi en tout cas les fondements de la liberté c'est de pouvoir être à l'écoute de soi, être sincère avec soi, et de pouvoir allier les actions aux pensées. Donc être en harmonie, c'est ce qu'on cherche en fait, faire du sens. Donc oui, le burlesque, c'est vraiment mon vecteur pour la liberté.

  • Speaker #1

    Et que dirait Emma Milan à Emmanuel ?

  • Speaker #0

    Dans mon parcours, il y a eu un moment donné où je ne connaissais plus la différence entre Emma Milan, le personnage que je joue sur scène, et qui je suis dans ma vie personnelle, Emmanuel. Parce que, tout simplement, j'étais tout le temps en représentation. Tous les jours, quand on est tout le temps sur scène, il y a presque plus de moments où on se démaquille et puis on n'est plus dans le personnage. Et à un moment donné, j'avais vraiment du mal à savoir qui j'étais derrière ce masque. Alors ce masque qui me représente, parce que c'est un masque qui est alimenté par mes propres traits de personnalité, mais c'est un masque exagéré, c'est un masque de scène. Et My Milan, elle est toute puissante, elle est forte, elle est... elle est inatteignable. Et je pense que ça m'a fait du bien de prendre du recul avec ça et de retrouver qui je suis sans la scène. Et en ça, la pandémie a été très intéressante parce qu'il n'y avait plus de scène pendant plus d'un an. Et puis, j'étais juste moi, sans mes costumes, sans mon maquillage. Et finalement, je me suis rendue compte qu'il y avait un point, il y avait ce qui était similaire. Autant dans Ima Milan qu'Emmanuel, c'est qu'en fait c'est l'énergie, je suis quelqu'un qui adore transmettre, peu importe ce que je fais, que je sois l'une ou l'autre. Même sans spectacle, j'étais en train tout le temps d'essayer de donner le sourire aux gens. Et voilà, finalement je me suis rendu compte qu'Emma Milan, elle aide Emmanuel à juste pouvoir transmettre ces choses-là, mais que même s'il n'y avait pas Emma Milan dans la vie, j'y arriverais quand même.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'à la fin. N'hésitez pas à partager ce podcast si l'épisode vous a plu et à nous contacter sur Instagram si un sujet vous titille. Au plaisir de vous retrouver très prochainement avec un nouvel épisode. A bientôt, sous les strass !

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Description

"Sous les strass" accueille dans ce nouvel épisode Emma Mylan: artiste burlesque, directrice artistique et professeure de cabaret, elle fonde la première école de cabaret burlesque de Suisse romande en 2010. La
Parisienne d'origine fait ses premières armes au fameux Palais Mascotte de Genève pour, aujourd'hui, produire des spectacles dans toute la Suisse. Découvrez le parcours et les inspirations de cette artiste accomplie, dont la transmission est au coeur de son art.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Sous les strass, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du cabaret et du burlesque. Je m'appelle Émilie, ou Liv Laflamme, ça dépend du moment de la journée, et nous avons aujourd'hui la chance d'accueillir Emma Milan. Artiste burlesque, directrice artistique, professeure de cabaret ou encore entrepreneuse, Emma est partout lorsqu'il s'agit de vous en mettre plein la vue. On me murmure même à l'oreille que c'est par elle que le burlesque s'est popularisé en Suisse romande. Vous découvrirez notamment dans cet épisode comment cette parisienne d'origine est arrivée à Genève pour ne plus jamais quitter la Suisse, quelles sont ses inspirations du moment, et pourquoi il lui est parfois difficile de trouver une balance entre sa sensibilité artistique et la loi du marché. Allez, c'est parti ! Chère Emma, pour commencer, et pour les personnes qui notent que tu ne connaisses pas, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Alors je pense qu'avant tout j'ai une grande passionnée, une grande rêveuse, j'aime la vie et j'en ai même fait mon métier. Avant tout j'ai envie de rappeler aux personnes que j'ai devant moi que la vie est magnifique, que la vie est un trésor, que la vie est à chérir et que chaque personne est unique. Et le vecteur que j'ai trouvé pour ça, c'est de créer des spectacles. J'en suis même arrivée à un point dans mon adolescence à me poser la question Mais est-ce que cette vie a vraiment du sens ? Et est-ce que j'ai vraiment envie de la vivre ? Et ma réponse, ça a été un grand oui. Oui, parce que justement, je peux voir la beauté qu'il y a en chacun et en chaque instant. Et voilà, donc mon métier effectivement, c'est de créer des spectacles, de les produire. Je suis moi-même sur scène. J'adore avoir ces deux côtés-là. J'adore être à la fois dans la production, dans l'élaboration et à la fois de pouvoir être sur scène et d'être dans le partage. Et j'enseigne aussi.

  • Speaker #0

    Et puis justement, avant d'en arriver là, comment est-ce que l'art et plus particulièrement le burlesque sont arrivés dans ta vie ? Est-ce que tu as grandi dans une famille tournée vers l'art ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Ma famille n'est absolument pas... Je ne suis absolument pas une famille d'artistes. En fait, ce qui m'a vraiment amenée à l'art, c'est une rupture familiale. Je me suis retrouvée à 14 ans à vivre ma vie. Et je pense que je n'aurais jamais eu tout le parcours que j'ai eu si je n'avais pas eu cette liberté. Parce que j'ai eu toute la liberté du monde à 14 ans. Très peu de personnes ont ça. A la fois, c'est vertigineux parce que c'est... ça peut être dangereux et j'ai eu beaucoup de chance dans mon parcours. Et à la fois, je pense que j'ai eu cette liberté de pouvoir faire mes propres choix. Donc au niveau familial, effectivement, à ce moment-là, il n'y avait plus de barrière parce que je pouvais être qui je voulais et faire ce que je voulais. j'ai pas du tout fait de cours lorsque j'étais enfant, j'ai pas été à la danse, j'ai commencé à danser très tard, j'avais 14 ans ce qui est tard pour une danseuse, donc j'ai pas été sensibilisée à l'art, j'ai pas pris de cours de musique, etc. Et pourtant, j'en ai fait mon métier. C'est venu à moi de par un besoin de comprendre mes émotions. Je me sentais hypersensible avec une difficulté à gérer, à comprendre toutes ces sensations et toutes ces émotions. Et c'est grâce à la musique, à la danse que j'ai pu... que j'ai trouvé un moyen vraiment de pouvoir les libérer, les exprimer, au départ de manière tout à fait, complètement spontanée, sur le tas, comme ça, de manière libre. Et puis petit à petit, en apprenant des techniques. Mais l'art est venu à moi pour pouvoir, en quelque sorte, me guérir, je dirais ça comme ça.

  • Speaker #0

    Et plus spécifiquement le burlesque qui reste quand même un art de niche, surtout j'imagine, il y a 20 ans en arrière ou plus.

  • Speaker #1

    Alors le burlesque, c'est venu un petit peu plus tard. En tant qu'ado, déjà j'étais très sensible à la poésie, à la chanson, à l'art, à la musique. Mais je m'y intéressais, disons, de manière purement émotionnelle et instinctive. Et puis après, c'est vraiment... En tant que jeune femme, je me suis intéressée au burlesque parce que là j'avais des questionnements personnels sur ma féminité. Je commençais à devenir une femme et je n'avais aucun modèle qui me séduisait et je n'avais aucune idée de qui j'étais. J'avais l'impression que j'avais un monde à explorer et qui me paraissait à la fois dangereux et à la fois tellement vaste. Et à travers le burlesque, pour moi, c'est un terrain de jeu, c'est un terrain d'aventure. On peut tester à être toutes les femmes. Alors là c'était magnifique Le burlesque est venu à moi en seconde étape D'abord je suis très sensible, c'est ce qui m'a attirée vers l'art Et ensuite quand j'ai commencé à me poser des questions sur qui je suis en tant que femme C'est là où j'étais attirée par le burlesque Mais à l'époque on n'appelait pas ça burlesque

  • Speaker #0

    A l'époque j'étais simplement attirée à faire des spectacles plus féminins Et est-ce que tu dirais qu'aujourd'hui tu as trouvé peut-être ta vision de la féminité grâce au burlesque ? Comment est-ce qu'elle a évolué ?

  • Speaker #1

    Je pense que j'ai trouvé mes visions de la féminité parce que j'ai découvert et je découvre encore aujourd'hui que j'ai de nombreuses facettes et je n'aime pas me restreindre dans l'une d'entre elles. J'ai tellement évolué depuis que j'ai débuté mon tout premier numéro de burlesque. J'ai tellement exploré de facettes de moi-même que je ne pourrais pas en retenir qu'une seule.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens justement de ta première scène en tant qu'artiste burlesque et ce que tu as ressenti sur le moment ?

  • Speaker #1

    Ah c'était, je me suis éclatée, j'ai tellement ri Je pense que c'était génial de pouvoir vraiment marier le bonheur, le plaisir, la joie et la féminité En fait j'avais tellement dramatisé ça, la féminité, la sensualité J'avais tellement mis ça sur un piédestal comme si c'était quelque chose de très sérieux Et là j'ai pu en rire, alors je faisais une soubrette J'étais habillée, c'était pour le besoin du spectacle en fait, j'étais une french maid, ça veut dire qu'on devait ramasser les vêtements sur scène des autres artistes. Et j'en ai fait un numéro, donc le petit personnage de la soubrette qui est censée, voilà, qui travaille, qui est censée être soumise, faire ce qu'on lui dit, j'aimais bien la faire se rebeller et puis tout simplement elle vient. jeter au public les vêtements qu'elle trouve et puis ça me faisait rire et ça me faisait tellement du bien de pouvoir en rire donc plutôt une vision un peu rebelle de l'affinité ou moins soumise que ce qui ouais je pense que ça fait du bien je sais pas si j'avais forcément des comptes à rendre mais c'est plus quelque chose de sociétal dans la société en tout cas moi j'ai eu le sentiment quand j'ai grandi que c'était Il y avait quand même ce truc de fond où une femme doit être à sa place, doit faire ce qu'on lui dit, doit être bien sous tout rapport. Et puis là, le fait sur scène de pouvoir juste jeter un soutien-gorge en l'air, ça me faisait sentir que je me libérais un petit peu de toutes ces injonctions.

  • Speaker #0

    Et si on fait un petit retour en arrière, tu as grandi à Paris et ensuite tu es venue à Genève en 2008. Qu'est-ce qui t'a amené ? Tu avais quoi, 20 ans ? Un petit peu plus de 20 ans ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. En fait, ça s'est fait tellement naturellement. Je suis arrivée à Genève la première fois un peu plus tôt, en 2006. Et à l'époque, j'avais une compagnie de spectacle pyrotechnique. Donc c'est vraiment par ça que je suis rentrée. dans le monde du spectacle. Et avec la pyrotechnie, c'était génial parce que j'avais pas besoin de me montrer. C'était les flammes que je mettais en avant, puis moi j'étais toute en noir cachée derrière. Et petit à petit, je commençais à porter des costumes un peu plus féminins. avec mes flammes. Donc, oser me montrer, prendre aussi, moi, du spotlight. Et je faisais des spectacles un petit peu partout en Europe. Donc, voilà, j'avais déjà ma compagnie, on était plusieurs danseuses, on se produisait partout, dont à Genève, et de plus en plus à Genève. Et voilà, il y a une opportunité qui est arrivée à moi. C'était le Palais Mascotte, un cabaret qui réouvrait. Et là, je ne savais pas trop quel était le projet, mais on m'a dit, tu seras la mascotte du Palais Mascotte. Donc je me suis laissée embarquer là-dedans, je me suis retrouvée avec un petit chapeau, avec une plume rouge, un costume de spirou, et puis j'étais à l'accueil, Bienvenue au Palais Mascotte ! Et puis j'étais ce personnage qui faisait vivre la maison comme un logo vivant, et je me suis retrouvée au micro, moi qui n'avais jamais parlé dans un micro, à dire Bonsoir Mesdames et Messieurs, et bienvenue au Palais Mascotte ! Pour vous ce soir, nous avons des artistes, comédiens, cirque-éptiens, etc. Et c'était une magnifique expérience parce que... Moi je venais du monde du spectacle du feu, de la pyrotechnie, je m'amusais à jouer avec mes costumes de plus en plus féminins, empruntés au code du cabaret. Et là j'avais une maison, j'avais un endroit où je pouvais faire des tests, des expériences. Il faut imaginer qu'il y avait 15 spectacles par semaine, 3 par soir.

  • Speaker #0

    C'était intense. Le spectacle changeait toutes les semaines ou toutes les deux semaines. et voilà c'était hyper formateur j'ai fait plus de 500 représentations en deux ans voilà pour moi qui débutais dans le monde vraiment de la scène parce qu'avant je venais de la pyrotechnie donc c'est pas le même genre de rapport au public là j'étais vraiment face à un public je leur parle, je suis devant eux j'ai appris tous les codes de la scène sur le tas et tu faisais pas mal de spectacles de rue plus jeunes aussi Auparavant, oui, le feu, c'est vrai que la pyrotechnie, c'est quand même beaucoup plus ruveux. J'étais avec des punks, enfin... C'est une autre ambiance, j'adore, mais c'était une autre ambiance.

  • Speaker #1

    Et c'est au palmascotte, enfin maintenant tu produis toi aussi des spectacles, que t'as pu justement un petit peu construire aussi ton regard ou une ligne rouge de ce qu'est un spectacle. Qu'est-ce que ça t'a appris aussi en termes... Enfin, pour ce que tu fais aujourd'hui en tant que productrice ?

  • Speaker #0

    Oui, ça m'a appris effectivement à créer un spectacle, mais ça... Qu'est-ce que ça veut dire créer un spectacle ? Ça m'a appris à... À comprendre la rythmique et le timing, en fait, faire un spectacle de cabaret burlesque, c'est vraiment comme une petite fenêtre avec une histoire. Et il y a vraiment un début, un milieu, une fin, un message. Tout ça, bien sûr, à la sauce humoristique, parce que les gens sont là pour passer un bon moment. Et c'est vraiment de comprendre les mécanismes et les effets qui vont être percutants sur le public. Et là, j'ai eu un espace de jeu pour pouvoir tester tout ça. Magnifique, quoi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des secrets de ce qui marche ? Justement, à chaque fois, on est sûr que ça, c'est...

  • Speaker #0

    Alors je peux dire surtout ce qui ne marche pas. Ce qui ne marche pas, qu'est-ce qu'il y a ? Parce que moi pendant, je n'ai pas vraiment été formée au palais mascotte, on m'a mis comme ça et puis les autres artistes n'avaient pas forcément envie de m'expliquer parce qu'il y avait un peu des jalousies etc. Donc ce n'était pas forcément facile et j'ai vécu énormément de honte et j'aime bien en parler parce que c'était à la fin de chaque spectacle pendant un an, je pleurais. Donc il faut imaginer, j'allais m'enfermer dans les toilettes, je pleurais, parce que je le vivais très mal, parce que j'avais l'impression de ne pas être à ma place, ou d'avoir fait faux, de ne pas savoir comment faire bien, de ne pas savoir comment faire juste, de justement de me tromper en fait. Je me sentais jamais assez, jamais suffisante. Non seulement parce qu'on m'expliquait pas que j'avais peut-être pas forcément toutes les compétences pour être là où j'étais. J'étais pas forcément la meilleure danseuse, j'apprenais. Parler dans le micro, c'était tout nouveau. On me donnait pas de tuyaux. Et en fait... C'est grâce au fait qu'à chaque fois que j'ai pleuré, que je me suis dit t'inquiète pas, ça va aller, accroche-toi, t'aimes ça, et que j'ai pu me focaliser sur les beaux côtés, que je m'en suis sortie. Parce qu'à un moment donné, je me suis dit sinon j'arrête. Si c'est aussi douloureux que ça, il faut arrêter. Et c'est vraiment, je me suis accrochée. Je me suis accrochée au bout. au bon côté de la chose. Et c'est là où j'ai vraiment appris. Donc quelque part, ce que j'ai le plus appris, c'est à vivre chaque instant et en tirer le meilleur. Maintenant, vraiment en termes de production, si on demande qu'est-ce qui ne fonctionne pas, c'est d'aller trop vite. Un spectacle, c'est comme une phrase, il faut une majuscule, il faut des mots, des virgules, de la ponctuation, et à la fin, un grand point d'exclamation. et il faut que ce soit tout à fait lisible pour le public, que ce soit parlé ou que ce soit visuel, avec le langage du corps. Et quand on va beaucoup trop vite, parce que sur scène, c'est un autre espace-temps, tout va beaucoup plus vite que quand on est assis dans le public tranquillement. Et de savoir gérer la pause, de savoir s'arrêter, de savoir créer du suspense. de savoir prendre ce temps où on a un regard avec le spectateur et il y a un contact visuel de savoir regarder les gens dans les yeux et puis tout d'un coup se mettre à bouger et je pense que c'est ça le rythme, le timing, c'est Louis de Funès un jour je regarde une interview où il disait, dans l'humour, toute une question de timing. Et pour moi, ça faisait vraiment du sens parce que c'est ce que je vivais au Palais Mascotte. C'était vraiment ça.

  • Speaker #1

    Et puis après ces deux ans au Palais Mascotte, tu quittes le Palais pour fonder Secret Police en 2010. D'où est née cette envie ? C'était quoi ton objectif avec cette école en la fondant ?

  • Speaker #0

    Je me rappellerai toujours. Toute ma vie, ça restera gravé en moi. C'était un jour, j'étais dans les loges au Palais Mascotte. J'étais en train de me maquiller. Et je m'entends vraiment très fort, j'entends mes pensées en fait, me critiquer, critiquer mon corps et me dire que je ne suis pas belle, que je n'aime pas telle et telle partie de mon corps, que ça ne va pas. Et je m'entends vraiment le dire, j'ai cette conscience de moi-même, et à ce moment-là je me suis regardée dans le miroir. Et je me suis jurée, pour toujours, d'être gentille avec moi-même. Et d'accepter ce que je vois. Et d'accepter ce que je suis. Parce que sinon je vais me faire beaucoup trop de mal et que... et que je... C'est pas durable en fait, je pourrais pas continuer comme ça. Et cette promesse que je me suis faite, elle était tellement forte, parce que c'est tellement intense ce sentiment, ce mot, il était tellement puissant, que je m'en suis rappelée toute ma vie. Et bien sûr, la vie, il y a des hauts, il y a des bas, il y a des jours où... Bien sûr, où ça revient, où j'ai mon petit juge autocritique qui est dans ma tête, mais il y a cette voix de bienveillance, d'apaisement. En fait, je l'appelle comme ma grande sœur, comme si j'avais développé ce jour-là une grande sœur, que j'ai développé pour moi-même et qui m'apporte beaucoup plus de bienveillance envers moi-même et d'acceptation de ce que je suis et ça ça a été vraiment magnifique parce que non seulement en palais mascotte j'ai appris à être sur scène à dépasser le jugement des autres à dépasser mon propre jugement à dépasser la honte à accepter ce que je suis, comme je suis à avoir un discours bienveillant envers moi-même et en plus de ça, à travers le fait d'exposer mon corps, plus ou moins parce que c'est pas un effeuillage forcément complet, mais d'exposer mon corps et jouer avec ma sensualité sur scène je me suis dit, waouh, mais en deux ans tout ce que j'ai appris personnellement et ça je veux le transmettre aux autres femmes parce que je voyais que les autres femmes elles venaient vers moi à la fin du spectacle elles me disaient waouh mais t'as l'air tellement bien t'as l'air tellement heureuse tu rayonnes quelque chose et en fait c'est juste la joie d'être et puis libre de ces de ces jugements et de ces liens qui pourraient être liés à ce qu'on pense de moi alors de là est née Secret Follies de là est née l'envie de partager

  • Speaker #1

    Que tu continues d'ailleurs toujours de faire puisque tu es toujours professeur à Secret Feliz.

  • Speaker #0

    Oui, aujourd'hui, c'est vraiment une belle idée. Je ne sais pas si on en a une plus tard. Je continue effectivement d'enseigner à Secret Police.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que justement ça t'apporte l'enseignement dans ta vie de productrice et d'artiste ?

  • Speaker #0

    Pour moi, j'ai plusieurs métiers. C'est-à-dire que mon métier de départ, c'est la production de spectacles. Parce qu'en parallèle du Palais Mascotte, déjà à l'époque, je proposais des spectacles pour des soirées événementielles. Oui. Donc, mon métier de base, c'est vraiment de créer des spectacles. Et puis l'école, c'est vraiment ce qui me permet de transmettre ce qui me tient le plus à cœur. C'est le partage, c'est mes valeurs. c'est vraiment mon message personnel au monde, cette école. Et quand je donne des cours, quand j'ai des élèves face à moi, ces femmes face à moi, là, il y a un partage où je me dis, oui, c'est juste, c'est pour ça que je vis, je suis alignée avec ce que je fais. Et là, je suis vraiment juste. Je me dis, c'est le sens de ma vie, c'est ma mission dans la vie, c'est d'être là, de vivre ce moment avec elle. Voilà, quand je suis sur scène, par rapport aux différents spectacles que je fais, j'ai des producteurs qui m'embauchent, c'est des producteurs qui me commandent des spectacles. Et j'adore faire ce métier, mais c'est un petit peu moins moi qui m'exprime. Bien sûr, je réponds à des commandes de spectacles. Donc je pense que les deux sont complémentaires. Il y en a, donner des cours, ça me permet vraiment de m'exprimer, de faire quelque chose qui est... qui correspond à mes intentions et à mes valeurs, tandis que le spectacle, c'est un monde merveilleux qui est mon travail.

  • Speaker #1

    Et puis justement, en 2017, tu décides de laisser la direction de l'école à Gabi Novel et de partir en Thaïlande. Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que tu avais besoin d'un changement dans ta vie à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Ça n'a jamais été une question de passion. C'était plus une question... J'ai un métier passion. Mais je suis l'esclave de ce métier parce que je faisais tout, toute seule. Et au bout d'un moment, ce n'est pas vivable. Je pense qu'on peut faire des burn-out parce qu'on est dans une société multinationale et qu'on nous met trop la pression, mais là, je me mettais la même pression à moi toute seule. Et c'était plus de fait parce qu'il y avait tellement de choses à gérer et que j'étais à la fois à la comptabilité, au marketing, au commercial, en tant que professeure, enfin voilà, sur tous les fronts. Et je pense que c'est ça qui m'a épuisée. Et je me suis vue, je me suis projetée, je me suis vue dans dix ans au même endroit, à faire les mêmes choses, avec la même charge. Je me suis dit, c'est pas possible, je vais pas tenir le coup en fait, malgré que j'aime ce que je fais, malgré que je sois complètement passionnée. Et là, c'est venu à... Je suis très à l'écoute de moi-même. Toute ma vie, c'était ça mon moteur. C'est d'avoir cette écoute. J'essaie d'être juste par rapport à ce que je ressens. Et ça se transmet à la fois dans mes spectacles, mais à la fois aussi dans mes démarches, dans mes projets. Et là, j'étais à mon écoute et je me suis dit Non, ça ne va plus, malgré le fait que j'adore ce que je fais. Et je ne voyais pas d'issue jusqu'à ce que... Je pense à Gabi, en qui je voyais cette même étincelle, cette même passion, cette capacité de gérer les choses. Et voilà, la vie est tellement bien faite parce que c'était la meilleure personne pour reprendre l'école. Aujourd'hui, elle l'a reprise et puis elle l'a reprise à son goût à elle. Elle a encore plus fait évoluer. Enfin, je lui suis éternellement reconnaissante. non seulement d'avoir repris ce projet, mais de l'avoir fait fleurir, de l'avoir fait germer. Et puis maintenant, c'est complètement son projet. Et je suis tellement heureuse qu'elle ait conservé cette philosophie de base qui est la bienveillance. Toutes les femmes sont belles quand elles s'aiment, c'est ça la philosophie de l'école. Et c'est tellement toujours le cas. Et aujourd'hui, je donne des cours en tant que professeur. Je pense qu'aujourd'hui, j'ai gardé le meilleur. Moi, ce qui m'intéressait, c'était de transmettre, de partager, d'être une messagère. Aujourd'hui, je donne des cours à l'école Secret Folies et je peux continuer à le faire. La comptabilité, l'administratif, c'était moins mon truc. Je suis très heureuse de pouvoir me concentrer uniquement sur ce qui me plaît et sur ce qui fait du sens pour moi. Et de pouvoir à l'école transmettre les messages et partager ces beaux moments.

  • Speaker #1

    Tu donnes encore des cours de danse, tu as mentionné que tu étais productrice de spectacles, entrepreneur. Au quotidien, tu jongles avec toutes ces activités et quelle place tu donnes à la création ? Parce qu'en tant qu'artiste, tu continues aussi à créer tes propres numéros. Où est-ce que tu pioches tes inspirations et comment tu nourris ta créativité au quotidien ?

  • Speaker #0

    Je pense que je suis une fleur. C'est saisonnier. Donc, tel la fleur, il y a des périodes de haute saison liées aux spectacles. Par exemple, l'hiver, c'est des spectacles quasiment tous les jours. Et ensuite, il y a des périodes où c'est beaucoup plus calme. Et c'est dans le calme, justement, que je suis créative. La créativité a besoin d'un terreau. de nonchalance et de silence, de calme, de vide, de paix intérieure. Ce qui n'est pas du tout le cas quand on court d'un spectacle à l'autre. Donc, je ne me mets pas cette pression de il faut être créatif parce que je l'ai fait pendant longtemps. J'étais un peu comme une poule qui voulait pondre son œuf. Et non, non, j'ai compris que c'est par saison. Il y a des moments où... où justement c'est propice au spectacle et puis à être un peu dans toute cette effusion, on court partout. Et puis il y a des moments où c'est l'introspection vers moi-même. Par exemple, en juillet-août, je prends deux mois, je pars sur une toute petite île déserte et je fais le vide. Et c'est dans ce vide, entre guillemets, parce que dans le vide, il reste tout ce qu'il y a à l'intérieur, toutes les émotions qui sont en moi. ça me permet d'être plus à l'écoute et de revenir à vraiment au ressenti qu'est-ce que je veux exprimer qu'est-ce qui me plaît, qu'est-ce qui m'anime qu'est-ce que en fonction de ce que je vis qu'est-ce que j'ai envie de raconter quelle est ma perception, ma vision du monde voilà si la vie est une poésie, quel verre est-ce que j'ai envie d'ajouter, d'y apporter de contribuer ? Et pour pouvoir s'écouter, il faut du calme, il faut du silence.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pratiques la méditation ou des choses comme ça ?

  • Speaker #0

    Non, je ne pratique pas. Parce que vraiment, la vie d'artiste, c'est saisonnier. Là, il n'y a pas un instant. C'est tout ou rien. Et même, c'est pas que je veux pas, c'est que des fois j'essaye de trouver un équilibre, mais j'ai compris, au bout de toutes ces années, voilà, il y a des périodes où c'est des périodes de spectacles, il y a des périodes où c'est des périodes de calme, on n'arrive pas à mêler les deux.

  • Speaker #1

    Mais toi t'as vraiment trouvé cette balance entre l'adrénaline, le plein, les paillettes et puis les moments justement de recentrement sur toi-même ? pour mieux ensuite ?

  • Speaker #0

    Là, par exemple, je suis dans une période vraiment de haute saison. Ça fait depuis la mi-octobre et ça va durer jusqu'à mi-janvier où vraiment, je n'ai pas de jour de congé. Je suis on-off. Ça veut dire que quand je suis en cours ou en spectacle, je donne tout. Mais vraiment tout, comme dit Jodie Garland, elle dit comme si on allait mourir le soir même. Enfin voilà, je fais un don total de mon énergie, de moi-même. Je rentre chez moi, je suis un zombie. Je ne parle plus. J'ai besoin de cette pause. Et c'est reparti le lendemain, c'est comme ça pendant une saison. Et puis après, quand c'est l'été et que c'est plus calme, là je pars sur mon île déserte. J'essaie d'avoir le moins de... de pollution possible, de notifications. On ne me dérange pas, je suis dans ma bulle. Et là, je me ressens vraiment.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu fais sur ton île d'Azère ?

  • Speaker #0

    Rien. Non, c'est faux, oui. Juste être... Déjà, moi, je fais des poids. C'est une discipline de feu. Donc, c'est très méditatif en soi. En fait, c'est comme de la danse, avec des chaînes au bout de chaque main. Et puis, ça crée des mandalas. des figures de mandalas dans les airs. En soi, je mets une musique et puis je me laisse aller à danser. C'est un flow total. J'adore faire ça. et puis aussi tout simplement être à l'écoute de la nature voir les étoiles filantes les couchers de soleil ça me ressource beaucoup c'est à dire que là je marche en talons pendant une saison puis après pieds nus dans le sable pendant une autre exactement

  • Speaker #1

    et puis j'ai souvent, qu'est-ce qui t'anime ou quelles sont tes inspirations du moment même si c'est une période très chargée est-ce qu'il y a des choses plus particulièrement qui t'inspirent ou que tu as envie de développer

  • Speaker #0

    Ouais en fait ces derniers temps j'ai fait beaucoup de commandes. Faut imaginer c'est comme si j'étais une graphiste. Et puis, il y a des clients, des entreprises qui me commandent des logos, par exemple. Donc voilà, en tant que graphiste, je vais faire les logos. Et puis, il y a une charte graphique. On me demande... Enfin, c'est le logo de l'autre personne. Je vais le faire pour eux. Je n'ai pas... J'ai mes goûts. Mais tout de même, je vais répondre aux demandes de l'entreprise. Là, c'est pareil. On me commande un spectacle. Bien sûr, j'ai mes goûts. Je vais créer le spectacle. avec quand même ma sensibilité, mais c'est quand même le client pour lequel je crée ce spectacle qui a le mot final et qui va décider s'il préfère que ce soit comme ci ou comme ça. Donc là, quand je fais beaucoup de commandes, je sens qu'il y a une part de moi qui a envie de s'exprimer, de faire ma propre création. Et d'ailleurs, c'est pour ça que je fais un spectacle là prochainement, à Lausanne, le 5 janvier, qui s'appelle le Carousel des songes, parce que... je sens qu'il n'y a aucune place dans tous mes projets pour faire quelque chose de sensible. Par sensible, j'entends... J'adore le piano, par exemple. Et j'aime danser sur le piano, le violon. Mais dans la plupart des spectacles que l'on me commande, on veut des musiques à la TikTok, avec des grosses basses où ça bouge, parce que c'est ça qui bouge les gens. mais moi j'aime le piano, j'aime le violon, et à un moment donné, j'ai envie d'avoir un endroit, un lieu où je peux danser sur du piano et du violon, parce que ça me fait du bien. Donc j'ai créé ce spectacle pour ça, pour pouvoir apporter quelque chose de plus délicat, de plus émotionnel.

  • Speaker #1

    de plus subtil voilà et en termes d'artiste est-ce qu'actuellement il y a des artistes qui t'inspirent particulièrement ou des artistes de toujours d'ailleurs ?

  • Speaker #0

    alors les artistes qui m'inspirent ne sont pas connus forcément Par exemple, j'aime beaucoup Yang Liping qui est une danseuse et metteuse en scène chinoise. Ça ne parle pas forcément au grand public, mais ce que j'aime c'est sa délicatesse dans son mouvement. Il y a vraiment une recherche où chaque partie de son corps est pensée, réfléchie et raconte quelque chose. Il y a vraiment une grande recherche dans le mouvement. C'est la première fois que je découvre une artiste qui a cette... capacité à raconter des histoires juste avec son corps. Même pas avec son visage, parce que son ombre, elle est en ombre chinoise, d'ailleurs. Donc, c'est vraiment par le petit mouvement du cou, de la phalange, de l'épaule, de chaque partie de son corps. Je trouve ça fantastique. Et c'est d'une poésie. Par exemple, elle a un numéro avec une lune géante, et elle, elle apparaît en ombre devant, et on découvre que sa silhouette qui bouge pendant de nombreuses minutes, et pourtant ça passe très vite parce que... on a l'impression qu'elle nous a raconté toute une histoire. Voilà, ça j'adore.

  • Speaker #1

    Avant, tu évoquais justement les commandes des clients, et puis j'avais une question sur le fait que, récemment, tu as fondé ton agence artistique Celle à ses talents. parmi lesquelles tu emploies des danseuses toutes très belles et très minces. C'est vrai qu'on se demandait comment tu vis cette dichotomie peut-être entre les valeurs promues par l'école et puis finalement peut-être la loi du marché qui souhaite quand même avoir peut-être des filles minces ou est-ce que justement les clients sont-ils prêts ou pas à avoir des physiques plus diversifiées ? Comment tu vois ça, toi ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis tellement heureuse de pouvoir... avoir mes propres productions. On n'en a pas parlé, mais je produis un spectacle azurique qui s'appelle Oh là là chérie, tous les premiers samedis du mois depuis 2010. Je suis tellement heureuse de pouvoir, dans ce spectacle, justement, proposer un casting diversifié où il y a tous les corps qui sont entrés, tous les styles et les âges. On peut voir vraiment un casting qui est varié et ça, ça me tient énormément à cœur et je suis très heureuse de pouvoir le produire. Et à côté de ça, j'ai aussi l'agence effectivement Céleste Talens. Et là, encore une fois, c'est un... Ça répond à des commandes, ça répond à ce que des clients me demandent. Et je suis tellement heureuse d'avoir un espace pour pouvoir m'exprimer. Parce qu'effectivement, dans le reste du monde artistique, cet espace est très restreint. Il n'y a pas beaucoup de places. Par exemple, si on regarde au Crazy Horse, au Moulin Rouge, toutes les revues qui sont connues, les filles au Crazy Horse, elles sont mesurées. au centimètre. Donc, pour la plupart des événements, les gens, ils ont vu quoi ? Ils ont vu le Moulin Rouge, ils ont vu le Crazy Horse, et ils veulent la même chose. Ils ne sont pas du tout ouverts à de l'adversité, que ce soit dans la taille des corps, dans les âges. Donc, je suis très heureuse à la fois de pouvoir m'exprimer moi dans mes propres productions. Et puis j'adore aussi mes spectacles, les commandes que je fais pour mes clients. Mais je vois effectivement qu'il y a un grand contraste entre les deux. Ce que je remarque, c'est que peu importe le type de client, dans l'imaginaire collectif, la danseuse de cabaret, de par les grands cabarets parisiens connus, elle est longue, grande, mince. et ça c'est dans l'imaginaire collectif et je pense que les spectacles burlesques tels qu'on les fait, ils cassent ces codes-là ils viennent justement montrer que il peut y avoir plein de manières d'être une danseuse qui a barré et je trouve ça magnifique et je trouve ça très beau et ça me fait plaisir vraiment de voir que c'est possible dans certains espaces tandis que dans d'autres espaces les esprits sont encore un petit peu plus triqués avec ça Je les espère pas et puis en plus avec Céleste dans mon agence On mesure pas du tout les filles Dans le sens où on a quand même des tailles très différentes Moi je mesure 1m74 Et pour danser en duo par exemple C'est bien d'avoir des filles qui font plus ou moins la même taille que moi Néanmoins il y en a quand même qui sont plus petites Elles font 1m60 par exemple Et c'est pas grave Pour moi le plus important C'est pas forcément la taille Mais c'est vraiment la tit... le sourire, toutes les danseuses de Céleste Allain c'est avoir un smile, dégager vraiment cette attitude. Après c'est vrai qu'il y a quand même des critères en termes d'âge qui ne sont pas définis précisément et en termes de silhouette qui ne sont pas non plus définis précisément mais après ça m'est déjà arrivé d'envoyer des danseuses qui ne correspondent pas forcément à ces critères-là en spectacle parce que moi je les trouvais super. Et les clients reçoivent ça d'une manière... Enfin, c'est difficile pour la danseuse aussi à vivre quand on ne se sent pas bienvenue. Donc oui, je pense qu'il y a...

  • Speaker #1

    il y a des contextes effectivement tu mentionnais l'âge justement vieillir en tant que femme c'est socialement encore difficile quand on est danseuse qu'on travaille avec son corps comment est-ce qu'on le vit ça fait 20 ans que toi tu es sur le devant de la scène est-ce que tu as vu aussi les regards changer ou est-ce que tu appréhendes ça d'une certaine manière ?

  • Speaker #0

    Vieillir dans la société, je sais que c'est difficile tout simplement parce que je vois, surtout sur les réseaux sociaux, tous les commentaires à chaque fois qu'on dit que quelqu'un a vieilli. Je trouve ça quand même incroyable de commenter quand une femme vieillit, de dire Oh, mais elle a vieilli ! Je pense à Sarah Jessica Parker dans Sex and the City et puis tout le monde dit Ah, mais qu'est-ce qu'elle a vieilli ! Mais bien sûr qu'elle a vieilli ! Enfin, c'est... Mais au quotidien, heureusement, je ne le vois pas, je ne le vis pas, mais je l'ai remarqué particulièrement sur les réseaux sociaux. Et moi, au contraire, aujourd'hui, je me sens tellement bien dans mon corps, dans ma vie, dans mes spectacles. Je pense que je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant. Donc, je n'ai pas peur d'une certaine échéance, disons. Néanmoins, je pense que si j'arrive à le vivre de manière zen, c'est parce que je suis... dans ce burlesque, dans cette philosophie. C'est parce que je crois vraiment de tout mon cœur que... qu'on est belle et qu'on est magnifique, peu importe l'âge qu'on a. Et j'arrive à voir avec mes propres yeux, à travers des femmes de tout âge, la beauté qu'il y a en elles. Récemment, j'ai fait un spectacle avec une femme qui a à peu près 60 ans. Et elle était la star du show. Elle m'a dit Oui, je veux monter sur scène parce que j'ai besoin de dépasser ça. J'ai besoin de montrer qu'on peut être plus âgé et qu'on peut être magnifique. Elle a même fait un effeuillage sur scène. donc voilà elle a enlevé soutien-gorge et tout, enfin voilà elle avait besoin de poser ça et je trouvais que c'est un très très beau message mais moi en soi je la trouve magnifique et je trouve qu'elle a rien à prouver à personne En tout cas, ce n'est pas comme dans le ballet où à 20 ans, on a fini notre carrière. Edith Avantis a 50 ans et elle continue sa carrière. Tom Pestorme, si je ne me trompe pas, à 85 ans, était encore sur scène. Mais même sans forcément aller sur scène, je pense que c'est vraiment une question de regard. Et effectivement, la société a de fortes injonctions sur les femmes, notamment sur leur âge. Je pense que c'est important de s'entourer de personnes qui nous permettent d'avoir un regard sain là-dessus. Voilà, donc je pense que Secret Follies c'est vraiment ce laboratoire d'expérience féminine et cet écrin qui permet de s'entourer de... de regard plus sincère, plus authentique sur l'être humain. Tout simplement, on est comme on est. Il n'y en a qu'une comme nous. C'est ça qui est magnifique. On est unique. Il n'y en a qu'une comme nous. C'est incroyable, même les jumeaux, vous allez me trouver monosigote, je ne sais pas quoi, ils vont avoir des expériences de vie différentes, une personnalité différente. Et en ça, on est précieux. Et en ça, tel que l'on est maintenant, au moment présent, c'est ce qu'il y a à chérir, c'est un trésor. Donc j'essaye de suivre ça et je pense que c'est ce qui me permet de vivre les choses sainement et puis d'accepter. d'accepter les choses telles qu'elles sont.

  • Speaker #1

    Tu disais il y a quelques années dans une interview que le burlesque était la définition de la liberté pour toi. Est-ce que c'est toujours le cas aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Ah oui ! Je pense que le burlesque, c'est même ce qui me permet de vivre ma liberté. C'est à travers le burlesque que je peux... que je peux exprimer ce qu'il y a au fond de moi et je pense que c'est ça pour moi en tout cas les fondements de la liberté c'est de pouvoir être à l'écoute de soi, être sincère avec soi, et de pouvoir allier les actions aux pensées. Donc être en harmonie, c'est ce qu'on cherche en fait, faire du sens. Donc oui, le burlesque, c'est vraiment mon vecteur pour la liberté.

  • Speaker #1

    Et que dirait Emma Milan à Emmanuel ?

  • Speaker #0

    Dans mon parcours, il y a eu un moment donné où je ne connaissais plus la différence entre Emma Milan, le personnage que je joue sur scène, et qui je suis dans ma vie personnelle, Emmanuel. Parce que, tout simplement, j'étais tout le temps en représentation. Tous les jours, quand on est tout le temps sur scène, il y a presque plus de moments où on se démaquille et puis on n'est plus dans le personnage. Et à un moment donné, j'avais vraiment du mal à savoir qui j'étais derrière ce masque. Alors ce masque qui me représente, parce que c'est un masque qui est alimenté par mes propres traits de personnalité, mais c'est un masque exagéré, c'est un masque de scène. Et My Milan, elle est toute puissante, elle est forte, elle est... elle est inatteignable. Et je pense que ça m'a fait du bien de prendre du recul avec ça et de retrouver qui je suis sans la scène. Et en ça, la pandémie a été très intéressante parce qu'il n'y avait plus de scène pendant plus d'un an. Et puis, j'étais juste moi, sans mes costumes, sans mon maquillage. Et finalement, je me suis rendue compte qu'il y avait un point, il y avait ce qui était similaire. Autant dans Ima Milan qu'Emmanuel, c'est qu'en fait c'est l'énergie, je suis quelqu'un qui adore transmettre, peu importe ce que je fais, que je sois l'une ou l'autre. Même sans spectacle, j'étais en train tout le temps d'essayer de donner le sourire aux gens. Et voilà, finalement je me suis rendu compte qu'Emma Milan, elle aide Emmanuel à juste pouvoir transmettre ces choses-là, mais que même s'il n'y avait pas Emma Milan dans la vie, j'y arriverais quand même.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'à la fin. N'hésitez pas à partager ce podcast si l'épisode vous a plu et à nous contacter sur Instagram si un sujet vous titille. Au plaisir de vous retrouver très prochainement avec un nouvel épisode. A bientôt, sous les strass !

Description

"Sous les strass" accueille dans ce nouvel épisode Emma Mylan: artiste burlesque, directrice artistique et professeure de cabaret, elle fonde la première école de cabaret burlesque de Suisse romande en 2010. La
Parisienne d'origine fait ses premières armes au fameux Palais Mascotte de Genève pour, aujourd'hui, produire des spectacles dans toute la Suisse. Découvrez le parcours et les inspirations de cette artiste accomplie, dont la transmission est au coeur de son art.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Sous les strass, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du cabaret et du burlesque. Je m'appelle Émilie, ou Liv Laflamme, ça dépend du moment de la journée, et nous avons aujourd'hui la chance d'accueillir Emma Milan. Artiste burlesque, directrice artistique, professeure de cabaret ou encore entrepreneuse, Emma est partout lorsqu'il s'agit de vous en mettre plein la vue. On me murmure même à l'oreille que c'est par elle que le burlesque s'est popularisé en Suisse romande. Vous découvrirez notamment dans cet épisode comment cette parisienne d'origine est arrivée à Genève pour ne plus jamais quitter la Suisse, quelles sont ses inspirations du moment, et pourquoi il lui est parfois difficile de trouver une balance entre sa sensibilité artistique et la loi du marché. Allez, c'est parti ! Chère Emma, pour commencer, et pour les personnes qui notent que tu ne connaisses pas, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?

  • Speaker #1

    Alors je pense qu'avant tout j'ai une grande passionnée, une grande rêveuse, j'aime la vie et j'en ai même fait mon métier. Avant tout j'ai envie de rappeler aux personnes que j'ai devant moi que la vie est magnifique, que la vie est un trésor, que la vie est à chérir et que chaque personne est unique. Et le vecteur que j'ai trouvé pour ça, c'est de créer des spectacles. J'en suis même arrivée à un point dans mon adolescence à me poser la question Mais est-ce que cette vie a vraiment du sens ? Et est-ce que j'ai vraiment envie de la vivre ? Et ma réponse, ça a été un grand oui. Oui, parce que justement, je peux voir la beauté qu'il y a en chacun et en chaque instant. Et voilà, donc mon métier effectivement, c'est de créer des spectacles, de les produire. Je suis moi-même sur scène. J'adore avoir ces deux côtés-là. J'adore être à la fois dans la production, dans l'élaboration et à la fois de pouvoir être sur scène et d'être dans le partage. Et j'enseigne aussi.

  • Speaker #0

    Et puis justement, avant d'en arriver là, comment est-ce que l'art et plus particulièrement le burlesque sont arrivés dans ta vie ? Est-ce que tu as grandi dans une famille tournée vers l'art ?

  • Speaker #1

    Alors pas du tout. Ma famille n'est absolument pas... Je ne suis absolument pas une famille d'artistes. En fait, ce qui m'a vraiment amenée à l'art, c'est une rupture familiale. Je me suis retrouvée à 14 ans à vivre ma vie. Et je pense que je n'aurais jamais eu tout le parcours que j'ai eu si je n'avais pas eu cette liberté. Parce que j'ai eu toute la liberté du monde à 14 ans. Très peu de personnes ont ça. A la fois, c'est vertigineux parce que c'est... ça peut être dangereux et j'ai eu beaucoup de chance dans mon parcours. Et à la fois, je pense que j'ai eu cette liberté de pouvoir faire mes propres choix. Donc au niveau familial, effectivement, à ce moment-là, il n'y avait plus de barrière parce que je pouvais être qui je voulais et faire ce que je voulais. j'ai pas du tout fait de cours lorsque j'étais enfant, j'ai pas été à la danse, j'ai commencé à danser très tard, j'avais 14 ans ce qui est tard pour une danseuse, donc j'ai pas été sensibilisée à l'art, j'ai pas pris de cours de musique, etc. Et pourtant, j'en ai fait mon métier. C'est venu à moi de par un besoin de comprendre mes émotions. Je me sentais hypersensible avec une difficulté à gérer, à comprendre toutes ces sensations et toutes ces émotions. Et c'est grâce à la musique, à la danse que j'ai pu... que j'ai trouvé un moyen vraiment de pouvoir les libérer, les exprimer, au départ de manière tout à fait, complètement spontanée, sur le tas, comme ça, de manière libre. Et puis petit à petit, en apprenant des techniques. Mais l'art est venu à moi pour pouvoir, en quelque sorte, me guérir, je dirais ça comme ça.

  • Speaker #0

    Et plus spécifiquement le burlesque qui reste quand même un art de niche, surtout j'imagine, il y a 20 ans en arrière ou plus.

  • Speaker #1

    Alors le burlesque, c'est venu un petit peu plus tard. En tant qu'ado, déjà j'étais très sensible à la poésie, à la chanson, à l'art, à la musique. Mais je m'y intéressais, disons, de manière purement émotionnelle et instinctive. Et puis après, c'est vraiment... En tant que jeune femme, je me suis intéressée au burlesque parce que là j'avais des questionnements personnels sur ma féminité. Je commençais à devenir une femme et je n'avais aucun modèle qui me séduisait et je n'avais aucune idée de qui j'étais. J'avais l'impression que j'avais un monde à explorer et qui me paraissait à la fois dangereux et à la fois tellement vaste. Et à travers le burlesque, pour moi, c'est un terrain de jeu, c'est un terrain d'aventure. On peut tester à être toutes les femmes. Alors là c'était magnifique Le burlesque est venu à moi en seconde étape D'abord je suis très sensible, c'est ce qui m'a attirée vers l'art Et ensuite quand j'ai commencé à me poser des questions sur qui je suis en tant que femme C'est là où j'étais attirée par le burlesque Mais à l'époque on n'appelait pas ça burlesque

  • Speaker #0

    A l'époque j'étais simplement attirée à faire des spectacles plus féminins Et est-ce que tu dirais qu'aujourd'hui tu as trouvé peut-être ta vision de la féminité grâce au burlesque ? Comment est-ce qu'elle a évolué ?

  • Speaker #1

    Je pense que j'ai trouvé mes visions de la féminité parce que j'ai découvert et je découvre encore aujourd'hui que j'ai de nombreuses facettes et je n'aime pas me restreindre dans l'une d'entre elles. J'ai tellement évolué depuis que j'ai débuté mon tout premier numéro de burlesque. J'ai tellement exploré de facettes de moi-même que je ne pourrais pas en retenir qu'une seule.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens justement de ta première scène en tant qu'artiste burlesque et ce que tu as ressenti sur le moment ?

  • Speaker #1

    Ah c'était, je me suis éclatée, j'ai tellement ri Je pense que c'était génial de pouvoir vraiment marier le bonheur, le plaisir, la joie et la féminité En fait j'avais tellement dramatisé ça, la féminité, la sensualité J'avais tellement mis ça sur un piédestal comme si c'était quelque chose de très sérieux Et là j'ai pu en rire, alors je faisais une soubrette J'étais habillée, c'était pour le besoin du spectacle en fait, j'étais une french maid, ça veut dire qu'on devait ramasser les vêtements sur scène des autres artistes. Et j'en ai fait un numéro, donc le petit personnage de la soubrette qui est censée, voilà, qui travaille, qui est censée être soumise, faire ce qu'on lui dit, j'aimais bien la faire se rebeller et puis tout simplement elle vient. jeter au public les vêtements qu'elle trouve et puis ça me faisait rire et ça me faisait tellement du bien de pouvoir en rire donc plutôt une vision un peu rebelle de l'affinité ou moins soumise que ce qui ouais je pense que ça fait du bien je sais pas si j'avais forcément des comptes à rendre mais c'est plus quelque chose de sociétal dans la société en tout cas moi j'ai eu le sentiment quand j'ai grandi que c'était Il y avait quand même ce truc de fond où une femme doit être à sa place, doit faire ce qu'on lui dit, doit être bien sous tout rapport. Et puis là, le fait sur scène de pouvoir juste jeter un soutien-gorge en l'air, ça me faisait sentir que je me libérais un petit peu de toutes ces injonctions.

  • Speaker #0

    Et si on fait un petit retour en arrière, tu as grandi à Paris et ensuite tu es venue à Genève en 2008. Qu'est-ce qui t'a amené ? Tu avais quoi, 20 ans ? Un petit peu plus de 20 ans ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. En fait, ça s'est fait tellement naturellement. Je suis arrivée à Genève la première fois un peu plus tôt, en 2006. Et à l'époque, j'avais une compagnie de spectacle pyrotechnique. Donc c'est vraiment par ça que je suis rentrée. dans le monde du spectacle. Et avec la pyrotechnie, c'était génial parce que j'avais pas besoin de me montrer. C'était les flammes que je mettais en avant, puis moi j'étais toute en noir cachée derrière. Et petit à petit, je commençais à porter des costumes un peu plus féminins. avec mes flammes. Donc, oser me montrer, prendre aussi, moi, du spotlight. Et je faisais des spectacles un petit peu partout en Europe. Donc, voilà, j'avais déjà ma compagnie, on était plusieurs danseuses, on se produisait partout, dont à Genève, et de plus en plus à Genève. Et voilà, il y a une opportunité qui est arrivée à moi. C'était le Palais Mascotte, un cabaret qui réouvrait. Et là, je ne savais pas trop quel était le projet, mais on m'a dit, tu seras la mascotte du Palais Mascotte. Donc je me suis laissée embarquer là-dedans, je me suis retrouvée avec un petit chapeau, avec une plume rouge, un costume de spirou, et puis j'étais à l'accueil, Bienvenue au Palais Mascotte ! Et puis j'étais ce personnage qui faisait vivre la maison comme un logo vivant, et je me suis retrouvée au micro, moi qui n'avais jamais parlé dans un micro, à dire Bonsoir Mesdames et Messieurs, et bienvenue au Palais Mascotte ! Pour vous ce soir, nous avons des artistes, comédiens, cirque-éptiens, etc. Et c'était une magnifique expérience parce que... Moi je venais du monde du spectacle du feu, de la pyrotechnie, je m'amusais à jouer avec mes costumes de plus en plus féminins, empruntés au code du cabaret. Et là j'avais une maison, j'avais un endroit où je pouvais faire des tests, des expériences. Il faut imaginer qu'il y avait 15 spectacles par semaine, 3 par soir.

  • Speaker #0

    C'était intense. Le spectacle changeait toutes les semaines ou toutes les deux semaines. et voilà c'était hyper formateur j'ai fait plus de 500 représentations en deux ans voilà pour moi qui débutais dans le monde vraiment de la scène parce qu'avant je venais de la pyrotechnie donc c'est pas le même genre de rapport au public là j'étais vraiment face à un public je leur parle, je suis devant eux j'ai appris tous les codes de la scène sur le tas et tu faisais pas mal de spectacles de rue plus jeunes aussi Auparavant, oui, le feu, c'est vrai que la pyrotechnie, c'est quand même beaucoup plus ruveux. J'étais avec des punks, enfin... C'est une autre ambiance, j'adore, mais c'était une autre ambiance.

  • Speaker #1

    Et c'est au palmascotte, enfin maintenant tu produis toi aussi des spectacles, que t'as pu justement un petit peu construire aussi ton regard ou une ligne rouge de ce qu'est un spectacle. Qu'est-ce que ça t'a appris aussi en termes... Enfin, pour ce que tu fais aujourd'hui en tant que productrice ?

  • Speaker #0

    Oui, ça m'a appris effectivement à créer un spectacle, mais ça... Qu'est-ce que ça veut dire créer un spectacle ? Ça m'a appris à... À comprendre la rythmique et le timing, en fait, faire un spectacle de cabaret burlesque, c'est vraiment comme une petite fenêtre avec une histoire. Et il y a vraiment un début, un milieu, une fin, un message. Tout ça, bien sûr, à la sauce humoristique, parce que les gens sont là pour passer un bon moment. Et c'est vraiment de comprendre les mécanismes et les effets qui vont être percutants sur le public. Et là, j'ai eu un espace de jeu pour pouvoir tester tout ça. Magnifique, quoi.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des secrets de ce qui marche ? Justement, à chaque fois, on est sûr que ça, c'est...

  • Speaker #0

    Alors je peux dire surtout ce qui ne marche pas. Ce qui ne marche pas, qu'est-ce qu'il y a ? Parce que moi pendant, je n'ai pas vraiment été formée au palais mascotte, on m'a mis comme ça et puis les autres artistes n'avaient pas forcément envie de m'expliquer parce qu'il y avait un peu des jalousies etc. Donc ce n'était pas forcément facile et j'ai vécu énormément de honte et j'aime bien en parler parce que c'était à la fin de chaque spectacle pendant un an, je pleurais. Donc il faut imaginer, j'allais m'enfermer dans les toilettes, je pleurais, parce que je le vivais très mal, parce que j'avais l'impression de ne pas être à ma place, ou d'avoir fait faux, de ne pas savoir comment faire bien, de ne pas savoir comment faire juste, de justement de me tromper en fait. Je me sentais jamais assez, jamais suffisante. Non seulement parce qu'on m'expliquait pas que j'avais peut-être pas forcément toutes les compétences pour être là où j'étais. J'étais pas forcément la meilleure danseuse, j'apprenais. Parler dans le micro, c'était tout nouveau. On me donnait pas de tuyaux. Et en fait... C'est grâce au fait qu'à chaque fois que j'ai pleuré, que je me suis dit t'inquiète pas, ça va aller, accroche-toi, t'aimes ça, et que j'ai pu me focaliser sur les beaux côtés, que je m'en suis sortie. Parce qu'à un moment donné, je me suis dit sinon j'arrête. Si c'est aussi douloureux que ça, il faut arrêter. Et c'est vraiment, je me suis accrochée. Je me suis accrochée au bout. au bon côté de la chose. Et c'est là où j'ai vraiment appris. Donc quelque part, ce que j'ai le plus appris, c'est à vivre chaque instant et en tirer le meilleur. Maintenant, vraiment en termes de production, si on demande qu'est-ce qui ne fonctionne pas, c'est d'aller trop vite. Un spectacle, c'est comme une phrase, il faut une majuscule, il faut des mots, des virgules, de la ponctuation, et à la fin, un grand point d'exclamation. et il faut que ce soit tout à fait lisible pour le public, que ce soit parlé ou que ce soit visuel, avec le langage du corps. Et quand on va beaucoup trop vite, parce que sur scène, c'est un autre espace-temps, tout va beaucoup plus vite que quand on est assis dans le public tranquillement. Et de savoir gérer la pause, de savoir s'arrêter, de savoir créer du suspense. de savoir prendre ce temps où on a un regard avec le spectateur et il y a un contact visuel de savoir regarder les gens dans les yeux et puis tout d'un coup se mettre à bouger et je pense que c'est ça le rythme, le timing, c'est Louis de Funès un jour je regarde une interview où il disait, dans l'humour, toute une question de timing. Et pour moi, ça faisait vraiment du sens parce que c'est ce que je vivais au Palais Mascotte. C'était vraiment ça.

  • Speaker #1

    Et puis après ces deux ans au Palais Mascotte, tu quittes le Palais pour fonder Secret Police en 2010. D'où est née cette envie ? C'était quoi ton objectif avec cette école en la fondant ?

  • Speaker #0

    Je me rappellerai toujours. Toute ma vie, ça restera gravé en moi. C'était un jour, j'étais dans les loges au Palais Mascotte. J'étais en train de me maquiller. Et je m'entends vraiment très fort, j'entends mes pensées en fait, me critiquer, critiquer mon corps et me dire que je ne suis pas belle, que je n'aime pas telle et telle partie de mon corps, que ça ne va pas. Et je m'entends vraiment le dire, j'ai cette conscience de moi-même, et à ce moment-là je me suis regardée dans le miroir. Et je me suis jurée, pour toujours, d'être gentille avec moi-même. Et d'accepter ce que je vois. Et d'accepter ce que je suis. Parce que sinon je vais me faire beaucoup trop de mal et que... et que je... C'est pas durable en fait, je pourrais pas continuer comme ça. Et cette promesse que je me suis faite, elle était tellement forte, parce que c'est tellement intense ce sentiment, ce mot, il était tellement puissant, que je m'en suis rappelée toute ma vie. Et bien sûr, la vie, il y a des hauts, il y a des bas, il y a des jours où... Bien sûr, où ça revient, où j'ai mon petit juge autocritique qui est dans ma tête, mais il y a cette voix de bienveillance, d'apaisement. En fait, je l'appelle comme ma grande sœur, comme si j'avais développé ce jour-là une grande sœur, que j'ai développé pour moi-même et qui m'apporte beaucoup plus de bienveillance envers moi-même et d'acceptation de ce que je suis et ça ça a été vraiment magnifique parce que non seulement en palais mascotte j'ai appris à être sur scène à dépasser le jugement des autres à dépasser mon propre jugement à dépasser la honte à accepter ce que je suis, comme je suis à avoir un discours bienveillant envers moi-même et en plus de ça, à travers le fait d'exposer mon corps, plus ou moins parce que c'est pas un effeuillage forcément complet, mais d'exposer mon corps et jouer avec ma sensualité sur scène je me suis dit, waouh, mais en deux ans tout ce que j'ai appris personnellement et ça je veux le transmettre aux autres femmes parce que je voyais que les autres femmes elles venaient vers moi à la fin du spectacle elles me disaient waouh mais t'as l'air tellement bien t'as l'air tellement heureuse tu rayonnes quelque chose et en fait c'est juste la joie d'être et puis libre de ces de ces jugements et de ces liens qui pourraient être liés à ce qu'on pense de moi alors de là est née Secret Follies de là est née l'envie de partager

  • Speaker #1

    Que tu continues d'ailleurs toujours de faire puisque tu es toujours professeur à Secret Feliz.

  • Speaker #0

    Oui, aujourd'hui, c'est vraiment une belle idée. Je ne sais pas si on en a une plus tard. Je continue effectivement d'enseigner à Secret Police.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que justement ça t'apporte l'enseignement dans ta vie de productrice et d'artiste ?

  • Speaker #0

    Pour moi, j'ai plusieurs métiers. C'est-à-dire que mon métier de départ, c'est la production de spectacles. Parce qu'en parallèle du Palais Mascotte, déjà à l'époque, je proposais des spectacles pour des soirées événementielles. Oui. Donc, mon métier de base, c'est vraiment de créer des spectacles. Et puis l'école, c'est vraiment ce qui me permet de transmettre ce qui me tient le plus à cœur. C'est le partage, c'est mes valeurs. c'est vraiment mon message personnel au monde, cette école. Et quand je donne des cours, quand j'ai des élèves face à moi, ces femmes face à moi, là, il y a un partage où je me dis, oui, c'est juste, c'est pour ça que je vis, je suis alignée avec ce que je fais. Et là, je suis vraiment juste. Je me dis, c'est le sens de ma vie, c'est ma mission dans la vie, c'est d'être là, de vivre ce moment avec elle. Voilà, quand je suis sur scène, par rapport aux différents spectacles que je fais, j'ai des producteurs qui m'embauchent, c'est des producteurs qui me commandent des spectacles. Et j'adore faire ce métier, mais c'est un petit peu moins moi qui m'exprime. Bien sûr, je réponds à des commandes de spectacles. Donc je pense que les deux sont complémentaires. Il y en a, donner des cours, ça me permet vraiment de m'exprimer, de faire quelque chose qui est... qui correspond à mes intentions et à mes valeurs, tandis que le spectacle, c'est un monde merveilleux qui est mon travail.

  • Speaker #1

    Et puis justement, en 2017, tu décides de laisser la direction de l'école à Gabi Novel et de partir en Thaïlande. Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que tu avais besoin d'un changement dans ta vie à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Ça n'a jamais été une question de passion. C'était plus une question... J'ai un métier passion. Mais je suis l'esclave de ce métier parce que je faisais tout, toute seule. Et au bout d'un moment, ce n'est pas vivable. Je pense qu'on peut faire des burn-out parce qu'on est dans une société multinationale et qu'on nous met trop la pression, mais là, je me mettais la même pression à moi toute seule. Et c'était plus de fait parce qu'il y avait tellement de choses à gérer et que j'étais à la fois à la comptabilité, au marketing, au commercial, en tant que professeure, enfin voilà, sur tous les fronts. Et je pense que c'est ça qui m'a épuisée. Et je me suis vue, je me suis projetée, je me suis vue dans dix ans au même endroit, à faire les mêmes choses, avec la même charge. Je me suis dit, c'est pas possible, je vais pas tenir le coup en fait, malgré que j'aime ce que je fais, malgré que je sois complètement passionnée. Et là, c'est venu à... Je suis très à l'écoute de moi-même. Toute ma vie, c'était ça mon moteur. C'est d'avoir cette écoute. J'essaie d'être juste par rapport à ce que je ressens. Et ça se transmet à la fois dans mes spectacles, mais à la fois aussi dans mes démarches, dans mes projets. Et là, j'étais à mon écoute et je me suis dit Non, ça ne va plus, malgré le fait que j'adore ce que je fais. Et je ne voyais pas d'issue jusqu'à ce que... Je pense à Gabi, en qui je voyais cette même étincelle, cette même passion, cette capacité de gérer les choses. Et voilà, la vie est tellement bien faite parce que c'était la meilleure personne pour reprendre l'école. Aujourd'hui, elle l'a reprise et puis elle l'a reprise à son goût à elle. Elle a encore plus fait évoluer. Enfin, je lui suis éternellement reconnaissante. non seulement d'avoir repris ce projet, mais de l'avoir fait fleurir, de l'avoir fait germer. Et puis maintenant, c'est complètement son projet. Et je suis tellement heureuse qu'elle ait conservé cette philosophie de base qui est la bienveillance. Toutes les femmes sont belles quand elles s'aiment, c'est ça la philosophie de l'école. Et c'est tellement toujours le cas. Et aujourd'hui, je donne des cours en tant que professeur. Je pense qu'aujourd'hui, j'ai gardé le meilleur. Moi, ce qui m'intéressait, c'était de transmettre, de partager, d'être une messagère. Aujourd'hui, je donne des cours à l'école Secret Folies et je peux continuer à le faire. La comptabilité, l'administratif, c'était moins mon truc. Je suis très heureuse de pouvoir me concentrer uniquement sur ce qui me plaît et sur ce qui fait du sens pour moi. Et de pouvoir à l'école transmettre les messages et partager ces beaux moments.

  • Speaker #1

    Tu donnes encore des cours de danse, tu as mentionné que tu étais productrice de spectacles, entrepreneur. Au quotidien, tu jongles avec toutes ces activités et quelle place tu donnes à la création ? Parce qu'en tant qu'artiste, tu continues aussi à créer tes propres numéros. Où est-ce que tu pioches tes inspirations et comment tu nourris ta créativité au quotidien ?

  • Speaker #0

    Je pense que je suis une fleur. C'est saisonnier. Donc, tel la fleur, il y a des périodes de haute saison liées aux spectacles. Par exemple, l'hiver, c'est des spectacles quasiment tous les jours. Et ensuite, il y a des périodes où c'est beaucoup plus calme. Et c'est dans le calme, justement, que je suis créative. La créativité a besoin d'un terreau. de nonchalance et de silence, de calme, de vide, de paix intérieure. Ce qui n'est pas du tout le cas quand on court d'un spectacle à l'autre. Donc, je ne me mets pas cette pression de il faut être créatif parce que je l'ai fait pendant longtemps. J'étais un peu comme une poule qui voulait pondre son œuf. Et non, non, j'ai compris que c'est par saison. Il y a des moments où... où justement c'est propice au spectacle et puis à être un peu dans toute cette effusion, on court partout. Et puis il y a des moments où c'est l'introspection vers moi-même. Par exemple, en juillet-août, je prends deux mois, je pars sur une toute petite île déserte et je fais le vide. Et c'est dans ce vide, entre guillemets, parce que dans le vide, il reste tout ce qu'il y a à l'intérieur, toutes les émotions qui sont en moi. ça me permet d'être plus à l'écoute et de revenir à vraiment au ressenti qu'est-ce que je veux exprimer qu'est-ce qui me plaît, qu'est-ce qui m'anime qu'est-ce que en fonction de ce que je vis qu'est-ce que j'ai envie de raconter quelle est ma perception, ma vision du monde voilà si la vie est une poésie, quel verre est-ce que j'ai envie d'ajouter, d'y apporter de contribuer ? Et pour pouvoir s'écouter, il faut du calme, il faut du silence.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pratiques la méditation ou des choses comme ça ?

  • Speaker #0

    Non, je ne pratique pas. Parce que vraiment, la vie d'artiste, c'est saisonnier. Là, il n'y a pas un instant. C'est tout ou rien. Et même, c'est pas que je veux pas, c'est que des fois j'essaye de trouver un équilibre, mais j'ai compris, au bout de toutes ces années, voilà, il y a des périodes où c'est des périodes de spectacles, il y a des périodes où c'est des périodes de calme, on n'arrive pas à mêler les deux.

  • Speaker #1

    Mais toi t'as vraiment trouvé cette balance entre l'adrénaline, le plein, les paillettes et puis les moments justement de recentrement sur toi-même ? pour mieux ensuite ?

  • Speaker #0

    Là, par exemple, je suis dans une période vraiment de haute saison. Ça fait depuis la mi-octobre et ça va durer jusqu'à mi-janvier où vraiment, je n'ai pas de jour de congé. Je suis on-off. Ça veut dire que quand je suis en cours ou en spectacle, je donne tout. Mais vraiment tout, comme dit Jodie Garland, elle dit comme si on allait mourir le soir même. Enfin voilà, je fais un don total de mon énergie, de moi-même. Je rentre chez moi, je suis un zombie. Je ne parle plus. J'ai besoin de cette pause. Et c'est reparti le lendemain, c'est comme ça pendant une saison. Et puis après, quand c'est l'été et que c'est plus calme, là je pars sur mon île déserte. J'essaie d'avoir le moins de... de pollution possible, de notifications. On ne me dérange pas, je suis dans ma bulle. Et là, je me ressens vraiment.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce que tu fais sur ton île d'Azère ?

  • Speaker #0

    Rien. Non, c'est faux, oui. Juste être... Déjà, moi, je fais des poids. C'est une discipline de feu. Donc, c'est très méditatif en soi. En fait, c'est comme de la danse, avec des chaînes au bout de chaque main. Et puis, ça crée des mandalas. des figures de mandalas dans les airs. En soi, je mets une musique et puis je me laisse aller à danser. C'est un flow total. J'adore faire ça. et puis aussi tout simplement être à l'écoute de la nature voir les étoiles filantes les couchers de soleil ça me ressource beaucoup c'est à dire que là je marche en talons pendant une saison puis après pieds nus dans le sable pendant une autre exactement

  • Speaker #1

    et puis j'ai souvent, qu'est-ce qui t'anime ou quelles sont tes inspirations du moment même si c'est une période très chargée est-ce qu'il y a des choses plus particulièrement qui t'inspirent ou que tu as envie de développer

  • Speaker #0

    Ouais en fait ces derniers temps j'ai fait beaucoup de commandes. Faut imaginer c'est comme si j'étais une graphiste. Et puis, il y a des clients, des entreprises qui me commandent des logos, par exemple. Donc voilà, en tant que graphiste, je vais faire les logos. Et puis, il y a une charte graphique. On me demande... Enfin, c'est le logo de l'autre personne. Je vais le faire pour eux. Je n'ai pas... J'ai mes goûts. Mais tout de même, je vais répondre aux demandes de l'entreprise. Là, c'est pareil. On me commande un spectacle. Bien sûr, j'ai mes goûts. Je vais créer le spectacle. avec quand même ma sensibilité, mais c'est quand même le client pour lequel je crée ce spectacle qui a le mot final et qui va décider s'il préfère que ce soit comme ci ou comme ça. Donc là, quand je fais beaucoup de commandes, je sens qu'il y a une part de moi qui a envie de s'exprimer, de faire ma propre création. Et d'ailleurs, c'est pour ça que je fais un spectacle là prochainement, à Lausanne, le 5 janvier, qui s'appelle le Carousel des songes, parce que... je sens qu'il n'y a aucune place dans tous mes projets pour faire quelque chose de sensible. Par sensible, j'entends... J'adore le piano, par exemple. Et j'aime danser sur le piano, le violon. Mais dans la plupart des spectacles que l'on me commande, on veut des musiques à la TikTok, avec des grosses basses où ça bouge, parce que c'est ça qui bouge les gens. mais moi j'aime le piano, j'aime le violon, et à un moment donné, j'ai envie d'avoir un endroit, un lieu où je peux danser sur du piano et du violon, parce que ça me fait du bien. Donc j'ai créé ce spectacle pour ça, pour pouvoir apporter quelque chose de plus délicat, de plus émotionnel.

  • Speaker #1

    de plus subtil voilà et en termes d'artiste est-ce qu'actuellement il y a des artistes qui t'inspirent particulièrement ou des artistes de toujours d'ailleurs ?

  • Speaker #0

    alors les artistes qui m'inspirent ne sont pas connus forcément Par exemple, j'aime beaucoup Yang Liping qui est une danseuse et metteuse en scène chinoise. Ça ne parle pas forcément au grand public, mais ce que j'aime c'est sa délicatesse dans son mouvement. Il y a vraiment une recherche où chaque partie de son corps est pensée, réfléchie et raconte quelque chose. Il y a vraiment une grande recherche dans le mouvement. C'est la première fois que je découvre une artiste qui a cette... capacité à raconter des histoires juste avec son corps. Même pas avec son visage, parce que son ombre, elle est en ombre chinoise, d'ailleurs. Donc, c'est vraiment par le petit mouvement du cou, de la phalange, de l'épaule, de chaque partie de son corps. Je trouve ça fantastique. Et c'est d'une poésie. Par exemple, elle a un numéro avec une lune géante, et elle, elle apparaît en ombre devant, et on découvre que sa silhouette qui bouge pendant de nombreuses minutes, et pourtant ça passe très vite parce que... on a l'impression qu'elle nous a raconté toute une histoire. Voilà, ça j'adore.

  • Speaker #1

    Avant, tu évoquais justement les commandes des clients, et puis j'avais une question sur le fait que, récemment, tu as fondé ton agence artistique Celle à ses talents. parmi lesquelles tu emploies des danseuses toutes très belles et très minces. C'est vrai qu'on se demandait comment tu vis cette dichotomie peut-être entre les valeurs promues par l'école et puis finalement peut-être la loi du marché qui souhaite quand même avoir peut-être des filles minces ou est-ce que justement les clients sont-ils prêts ou pas à avoir des physiques plus diversifiées ? Comment tu vois ça, toi ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis tellement heureuse de pouvoir... avoir mes propres productions. On n'en a pas parlé, mais je produis un spectacle azurique qui s'appelle Oh là là chérie, tous les premiers samedis du mois depuis 2010. Je suis tellement heureuse de pouvoir, dans ce spectacle, justement, proposer un casting diversifié où il y a tous les corps qui sont entrés, tous les styles et les âges. On peut voir vraiment un casting qui est varié et ça, ça me tient énormément à cœur et je suis très heureuse de pouvoir le produire. Et à côté de ça, j'ai aussi l'agence effectivement Céleste Talens. Et là, encore une fois, c'est un... Ça répond à des commandes, ça répond à ce que des clients me demandent. Et je suis tellement heureuse d'avoir un espace pour pouvoir m'exprimer. Parce qu'effectivement, dans le reste du monde artistique, cet espace est très restreint. Il n'y a pas beaucoup de places. Par exemple, si on regarde au Crazy Horse, au Moulin Rouge, toutes les revues qui sont connues, les filles au Crazy Horse, elles sont mesurées. au centimètre. Donc, pour la plupart des événements, les gens, ils ont vu quoi ? Ils ont vu le Moulin Rouge, ils ont vu le Crazy Horse, et ils veulent la même chose. Ils ne sont pas du tout ouverts à de l'adversité, que ce soit dans la taille des corps, dans les âges. Donc, je suis très heureuse à la fois de pouvoir m'exprimer moi dans mes propres productions. Et puis j'adore aussi mes spectacles, les commandes que je fais pour mes clients. Mais je vois effectivement qu'il y a un grand contraste entre les deux. Ce que je remarque, c'est que peu importe le type de client, dans l'imaginaire collectif, la danseuse de cabaret, de par les grands cabarets parisiens connus, elle est longue, grande, mince. et ça c'est dans l'imaginaire collectif et je pense que les spectacles burlesques tels qu'on les fait, ils cassent ces codes-là ils viennent justement montrer que il peut y avoir plein de manières d'être une danseuse qui a barré et je trouve ça magnifique et je trouve ça très beau et ça me fait plaisir vraiment de voir que c'est possible dans certains espaces tandis que dans d'autres espaces les esprits sont encore un petit peu plus triqués avec ça Je les espère pas et puis en plus avec Céleste dans mon agence On mesure pas du tout les filles Dans le sens où on a quand même des tailles très différentes Moi je mesure 1m74 Et pour danser en duo par exemple C'est bien d'avoir des filles qui font plus ou moins la même taille que moi Néanmoins il y en a quand même qui sont plus petites Elles font 1m60 par exemple Et c'est pas grave Pour moi le plus important C'est pas forcément la taille Mais c'est vraiment la tit... le sourire, toutes les danseuses de Céleste Allain c'est avoir un smile, dégager vraiment cette attitude. Après c'est vrai qu'il y a quand même des critères en termes d'âge qui ne sont pas définis précisément et en termes de silhouette qui ne sont pas non plus définis précisément mais après ça m'est déjà arrivé d'envoyer des danseuses qui ne correspondent pas forcément à ces critères-là en spectacle parce que moi je les trouvais super. Et les clients reçoivent ça d'une manière... Enfin, c'est difficile pour la danseuse aussi à vivre quand on ne se sent pas bienvenue. Donc oui, je pense qu'il y a...

  • Speaker #1

    il y a des contextes effectivement tu mentionnais l'âge justement vieillir en tant que femme c'est socialement encore difficile quand on est danseuse qu'on travaille avec son corps comment est-ce qu'on le vit ça fait 20 ans que toi tu es sur le devant de la scène est-ce que tu as vu aussi les regards changer ou est-ce que tu appréhendes ça d'une certaine manière ?

  • Speaker #0

    Vieillir dans la société, je sais que c'est difficile tout simplement parce que je vois, surtout sur les réseaux sociaux, tous les commentaires à chaque fois qu'on dit que quelqu'un a vieilli. Je trouve ça quand même incroyable de commenter quand une femme vieillit, de dire Oh, mais elle a vieilli ! Je pense à Sarah Jessica Parker dans Sex and the City et puis tout le monde dit Ah, mais qu'est-ce qu'elle a vieilli ! Mais bien sûr qu'elle a vieilli ! Enfin, c'est... Mais au quotidien, heureusement, je ne le vois pas, je ne le vis pas, mais je l'ai remarqué particulièrement sur les réseaux sociaux. Et moi, au contraire, aujourd'hui, je me sens tellement bien dans mon corps, dans ma vie, dans mes spectacles. Je pense que je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant. Donc, je n'ai pas peur d'une certaine échéance, disons. Néanmoins, je pense que si j'arrive à le vivre de manière zen, c'est parce que je suis... dans ce burlesque, dans cette philosophie. C'est parce que je crois vraiment de tout mon cœur que... qu'on est belle et qu'on est magnifique, peu importe l'âge qu'on a. Et j'arrive à voir avec mes propres yeux, à travers des femmes de tout âge, la beauté qu'il y a en elles. Récemment, j'ai fait un spectacle avec une femme qui a à peu près 60 ans. Et elle était la star du show. Elle m'a dit Oui, je veux monter sur scène parce que j'ai besoin de dépasser ça. J'ai besoin de montrer qu'on peut être plus âgé et qu'on peut être magnifique. Elle a même fait un effeuillage sur scène. donc voilà elle a enlevé soutien-gorge et tout, enfin voilà elle avait besoin de poser ça et je trouvais que c'est un très très beau message mais moi en soi je la trouve magnifique et je trouve qu'elle a rien à prouver à personne En tout cas, ce n'est pas comme dans le ballet où à 20 ans, on a fini notre carrière. Edith Avantis a 50 ans et elle continue sa carrière. Tom Pestorme, si je ne me trompe pas, à 85 ans, était encore sur scène. Mais même sans forcément aller sur scène, je pense que c'est vraiment une question de regard. Et effectivement, la société a de fortes injonctions sur les femmes, notamment sur leur âge. Je pense que c'est important de s'entourer de personnes qui nous permettent d'avoir un regard sain là-dessus. Voilà, donc je pense que Secret Follies c'est vraiment ce laboratoire d'expérience féminine et cet écrin qui permet de s'entourer de... de regard plus sincère, plus authentique sur l'être humain. Tout simplement, on est comme on est. Il n'y en a qu'une comme nous. C'est ça qui est magnifique. On est unique. Il n'y en a qu'une comme nous. C'est incroyable, même les jumeaux, vous allez me trouver monosigote, je ne sais pas quoi, ils vont avoir des expériences de vie différentes, une personnalité différente. Et en ça, on est précieux. Et en ça, tel que l'on est maintenant, au moment présent, c'est ce qu'il y a à chérir, c'est un trésor. Donc j'essaye de suivre ça et je pense que c'est ce qui me permet de vivre les choses sainement et puis d'accepter. d'accepter les choses telles qu'elles sont.

  • Speaker #1

    Tu disais il y a quelques années dans une interview que le burlesque était la définition de la liberté pour toi. Est-ce que c'est toujours le cas aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Ah oui ! Je pense que le burlesque, c'est même ce qui me permet de vivre ma liberté. C'est à travers le burlesque que je peux... que je peux exprimer ce qu'il y a au fond de moi et je pense que c'est ça pour moi en tout cas les fondements de la liberté c'est de pouvoir être à l'écoute de soi, être sincère avec soi, et de pouvoir allier les actions aux pensées. Donc être en harmonie, c'est ce qu'on cherche en fait, faire du sens. Donc oui, le burlesque, c'est vraiment mon vecteur pour la liberté.

  • Speaker #1

    Et que dirait Emma Milan à Emmanuel ?

  • Speaker #0

    Dans mon parcours, il y a eu un moment donné où je ne connaissais plus la différence entre Emma Milan, le personnage que je joue sur scène, et qui je suis dans ma vie personnelle, Emmanuel. Parce que, tout simplement, j'étais tout le temps en représentation. Tous les jours, quand on est tout le temps sur scène, il y a presque plus de moments où on se démaquille et puis on n'est plus dans le personnage. Et à un moment donné, j'avais vraiment du mal à savoir qui j'étais derrière ce masque. Alors ce masque qui me représente, parce que c'est un masque qui est alimenté par mes propres traits de personnalité, mais c'est un masque exagéré, c'est un masque de scène. Et My Milan, elle est toute puissante, elle est forte, elle est... elle est inatteignable. Et je pense que ça m'a fait du bien de prendre du recul avec ça et de retrouver qui je suis sans la scène. Et en ça, la pandémie a été très intéressante parce qu'il n'y avait plus de scène pendant plus d'un an. Et puis, j'étais juste moi, sans mes costumes, sans mon maquillage. Et finalement, je me suis rendue compte qu'il y avait un point, il y avait ce qui était similaire. Autant dans Ima Milan qu'Emmanuel, c'est qu'en fait c'est l'énergie, je suis quelqu'un qui adore transmettre, peu importe ce que je fais, que je sois l'une ou l'autre. Même sans spectacle, j'étais en train tout le temps d'essayer de donner le sourire aux gens. Et voilà, finalement je me suis rendu compte qu'Emma Milan, elle aide Emmanuel à juste pouvoir transmettre ces choses-là, mais que même s'il n'y avait pas Emma Milan dans la vie, j'y arriverais quand même.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup de nous avoir écoutés jusqu'à la fin. N'hésitez pas à partager ce podcast si l'épisode vous a plu et à nous contacter sur Instagram si un sujet vous titille. Au plaisir de vous retrouver très prochainement avec un nouvel épisode. A bientôt, sous les strass !

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