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Sous les Strass

Épisode 6 : Kiki Béguin - Artiste burlesque, Costumière

Épisode 6 : Kiki Béguin - Artiste burlesque, Costumière

52min |30/09/2024
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Épisode 6 : Kiki Béguin - Artiste burlesque, Costumière

Épisode 6 : Kiki Béguin - Artiste burlesque, Costumière

52min |30/09/2024
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Description

De la couture au burlesque, l’audace comme fil rouge


Dans cet épisode, découvrez le parcours fascinant de Kiki Béguin, effeuilleuse burlesque, costumière et véritable épistémophile. Kiki nous emmène à travers son univers mêlant créativité, audace et revendication.


De ses débuts dans la danse classique et le cosplay à sa première scène avec le célèbre chorégraphe Philippe Decouflé, elle nous raconte comment elle a su saisir les opportunités malgré les doutes et les injonctions. Elle revient sur son amour pour la couture, son rapport au corps, et ses inspirations pour ses costumes et numéros, oscillant entre esthétique rétro et féminisme contemporain.


Kiki partage également son projet ambitieux, le Château Béguin, un futur lieu dédié à l’art, au matrimoine et à l’écoféminisme.


💬 "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait." Mark Twain


Préparez-vous à plonger dans un épisode inspirant et émouvant, où la créativité se mêle à la quête de liberté et d'expression artistique.


🎧 Bonne écoute !
👉 Retrouvez Kiki sur Instagram : @kikibeguin


Photographie de Olivier Charlet


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les strass. Aujourd'hui, je vous propose de vous plonger dans l'univers très éclectique de l'effeuilleuse burlesque et costumière Kiki Béguin. De son éducation classique mais aussi artistique, à sa première scène avec le célèbre chorégraphe Philippe Découfflé, il a notamment créé la revue Désir du Crazy Horse, Kiki nous emmène dans son parcours artistique mêlé d'audace. de curiosité et d'émancipation. J'ai été particulièrement inspirée par sa capacité à saisir les opportunités et à oser se lancer malgré les doutes et la peur. Bienvenue dans Sous les strass, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du cabaret et du burlesque. Aujourd'hui j'ai la chance de rencontrer Kiki Béguin, artiste burlesque mais aussi costumière. Tu es un peu touchée à tous les arts de la scène. Est-ce que tu peux nous résumer ton parcours artistique ?

  • Speaker #1

    Je devais faire un CV une fois pour me présenter et j'ai trouvé un mot qui me correspond bien. Épistémophile, c'est pour les personnes qui aiment apprendre en fait. J'ai eu la chance d'avoir une mère qui m'a beaucoup poussée au niveau artistique, même si je pense qu'elle ne voulait pas forcément que je finisse en 5FS Burlesque. Mais en tout cas, j'ai eu la chance d'avoir vraiment une bonne éducation artistique où je faisais de la danse classique. J'ai fait du piano aussi pendant plus de 10 ans. Et la danse classique, depuis que j'ai 5 ans, j'ai arrêté il y a quelques années pour faire de la contorsion. J'ai fait des stages de danse latine, j'ai fait des stages de danse africaine, j'ai fait un peu de contemporain, j'ai fait un peu de hip-hop aussi. J'aime bien apprendre, tester plein de choses. Au collège, j'avais le choix entre trois possibilités, soit aller dans une filière générale et passer un bac littéraire, soit faire une école de danse, soit faire le conservatoire de piano. Et du coup mes parents qui sont assez vieille école m'ont dit non tu passes ton bac d'abord et après tu choisis. Après je suis partie dans une filière art appliqué. J'ai fait une mise à niveau en art appliqué. Ce qu'il faut savoir aussi c'est que je suis une personne geek, j'adore les jeux vidéo.

  • Speaker #0

    Ah génial !

  • Speaker #1

    C'est maladif quoi, c'est une addiction, c'est à dire que chez moi j'ai pas de télé, j'ai pas de console sinon je ferais que ça. J'adore jouer tous les jeux, tu peux mettre n'importe quel jeu. Genre sur mon téléphone j'ai enlevé tous les jeux par exemple. Et du coup je faisais du cosplay, j'ai commencé la création de costumes avec le cosplay. Mais tu fais encore du cosplay ? Non, j'arrête. Je fais des costumes pour gagner ma vie du coup.

  • Speaker #0

    Ça me prend déjà beaucoup de temps.

  • Speaker #1

    Déjà beaucoup de temps. Mais pour ceux qui ne connaissent pas le cosplay, ça veut dire costume player. Et en fait, ce sont des personnes qui se costument en personnages de manga, jeux vidéo. A l'époque, ce n'était pas forcément connu. Mais maintenant, il y a plein de conventions où on peut voir plein de personnes en costume, de super-héros, de jeux vidéo. J'adore quoi. J'ai commencé au lycée et j'en ai fait jusqu'à que je commence mes études de costumes.

  • Speaker #0

    Et tu te souviens de ton costume préféré ?

  • Speaker #1

    J'ai gagné le Japan Expo une fois. Ah oui ? Ouais, une grosse convention.

  • Speaker #0

    Avec quel personnage ?

  • Speaker #1

    Moi ce qui m'éclatait c'était vraiment de faire des costumes de monstres, des gros costumes, c'est vraiment l'aspect technique qui m'intéressait. C'est le challenge. C'est pour ça que j'adore les jeux et que j'adore les concours aussi.

  • Speaker #0

    T'es compétitrice comme ça ? T'es mauvaise joueuse du coup ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. T'es pas mauvaise joueuse ? J'ai aucun souci à perdre. Par contre, je peux jouer jusqu'à ce que je gagne.

  • Speaker #0

    Tu as envie de gagner.

  • Speaker #1

    Oui, et je ne suis pas du tout dans l'optique de gagner sur quelqu'un. C'est-à-dire que je le fais vraiment pour moi, pour me prouver quelque chose à moi-même, mais absolument pas pour me dire que je suis meilleure que quelqu'un ou quoi.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment le défi d'être bon et de réussir.

  • Speaker #1

    De créer quelque chose avec un thème, avec un contexte. Moi, ça me pousse à faire des choses. Le cosplay, c'était ça. C'était juste se dire, ouais, à un moment donné, il y a un espace où il faut se challenger. Les jeux, c'est pareil, en fait. Il faut se challenger, il faut être sur plein de jeux. C'est de la technique, c'est de la tactique et tout. Donc ça te permet de repousser tes limites, en fait. Et puis aussi, l'aspect ludique. Ça fait trois ans que j'ai commencé Zelda. Et que le seul moment où je peux jouer, c'est quand je retourne chez mes parents. Et c'est mon kiff ultime de passer une semaine à jouer à Zelda. Et de me balader dans un monde avec des créatures, d'être un super-héros. Quand j'étais petite, par exemple, ce que j'adorais en lecture, c'était les livres dont vous êtes le héros.

  • Speaker #0

    Tu peux m'expliquer ? Parce que moi,

  • Speaker #1

    je n'ai jamais lu un livre génial dont tu l'es repris.

  • Speaker #0

    Héros, pardon.

  • Speaker #1

    C'est vraiment comme les jeux de rôle, en fait. C'est-à-dire que tu commences ton livre, tu choisis quel personnage tu es. Donc, tu peux être selon les collections et les livres. Mais tu peux être, par exemple, un mage, une magicienne, un ou une chevaleresse. Tu commences l'histoire. Voilà, vous êtes dans le village de tatata. Vous apprenez une légende, il y a le mal qui arrive. Du coup, vous décidez de partir en quête pour sauver le monde. Et du coup, tu as dans ton sac, donc tu as une petite feuille où tu marques, tu vois, les accessoires, les objets que tu as. Et qu'au fur et à mesure de la quête, tu vas récupérer ou perdre. Tu as aussi des points de vie, tu vois, parce que quand tu rencontres des personnes et que tu te bats, tu tires au dé pour savoir. Enfin, tu vois. Ah,

  • Speaker #0

    j'ai mis !

  • Speaker #1

    C'est un vrai jeu de rôle. Et donc, tu arrives à la fin de la première page. Ils te disent, voilà, vous sortez du village, vous pouvez aller à gauche, tout droit ou à droite. Donc tu choisis. Si tu vas à gauche, tu te rends à la page temps et tu as un numéro et tu continues l'histoire comme ça.

  • Speaker #0

    Comme les jeux de rôle et comme les jeux aussi vidéo. Oui. Ça doit avoir un nom d'ailleurs ce type de jeu.

  • Speaker #1

    C'est les RPG.

  • Speaker #0

    Voilà les RPG. Trop bien, trop bien. Et donc ce costume de monstre avec lequel tu gagnes la Japan Rose, c'est quel monstre ?

  • Speaker #1

    Une créature en vinyle, c'était un académique ultra moulant, noir et rose. Il y avait deux grandes paires d'ailes qui partaient des chevilles et du dos. Mais ce n'est pas des ailes en plumes, c'est des ailes en vinyle aussi qui étaient déjà sculptées. Et il y avait une grande cagoule avec deux grandes cornes qui partaient en pointe, il avait des yeux partout. Et je ne savais pas du tout faire de costume à cette époque. Donc c'était vraiment de la bidouille. À l'époque, il n'y avait pas Internet, il n'y avait pas le tuto. Donc c'était un vrai challenge.

  • Speaker #0

    Tu as une photo de ce...

  • Speaker #1

    Mais je crois que j'ai des photos. Mais j'ai plein de photos de mes cosplays. Je pourrais te les...

  • Speaker #0

    Oui, alors j'adorerais avoir cette photo en tout cas pour qu'on partage avec nos auditeurs. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. Mais tous mes cosplays, je les adore. Quand j'ai commencé, vraiment, je ne savais pas du tout coudre. Et je pense que c'est les Barbies qui m'ont amenée à aimer autant ça. Tous les Noëls, les anniversaires, j'ai récupéré toutes les Barbies de ma sœur et du coup j'avais une garde-robe de Barbie assez phénoménale. Et j'adorais les habiller, les changer de costume et je leur créais des vêtements et à un moment donné j'ai commencé aussi à me créer des vêtements. Je prenais un T-shirt que j'aimais bien, je le découpais pour voir comment c'était fait, comment c'était construit. J'avais un mannequin de ma grand-mère, j'épinglais dessus, j'essayais de le découper, je commençais à créer sans savoir ce que je faisais mais je pense que c'est ça qui m'a plu. permis après tu vois de comprendre beaucoup plus facilement la logique de la couture et quand tu sais pas forcément les choses et que tu cherches par toi même tu dois trouver des solutions des matières donc tu es beaucoup plus créative finalement on perçoit déjà un trait de personnalité chez toi des brouillardes mais d'oser chercher découper ouais ouais et je me rappelle aussi je m'étais cousu une robe entièrement à la main j'avais récupéré des galons de dentelle j'avais cousu tout autour de moi une robe tout en dentelle, avec une ceinture bleue en satin de soie. Je sais pas, j'avais peut-être 8 ans, un truc comme ça.

  • Speaker #0

    Moi, j'admire énormément parce que, en fait, on voit que la technicité, le fait que tu ne sais pas faire, ne t'effraie pas. Clairement, moi, avec la couture,

  • Speaker #1

    je suis là,

  • Speaker #0

    ok, ça a l'air tellement, incroyablement difficile et je sais pas par quel bout le prendre et c'est hyper beau de voir que, ok, j'ai envie de faire ça, je vais tester, je fonce, quoi, tu fonces.

  • Speaker #1

    Je suis bélier, je fonce un peu trop. Sans réfléchir.

  • Speaker #0

    Ça me fait penser au projet que tu m'as parlé tout à l'heure. On en parlera peut-être plus tard, mais tu as un très grand et beau projet qui t'attend. Et aussi, c'est impressionnant de voir cette capacité à foncer.

  • Speaker #1

    Si je dois continuer dans mon parcours de vie, parce qu'on a fait une petite dégression. À la base, je voulais travailler dans les jeux vidéo. Je voulais être caractère designer. Vraiment créer les...

  • Speaker #0

    Tu les signes beaucoup, tu adores les jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Je te dis... Je voulais faire l'école des gobelins, tu vois, qui est une grande école à Paris qui forme les dessinateurs, dessinatrices de jeux vidéo, de dessins animés. Je suis partie en BTS graphisme et le deuxième, troisième jour, je me suis rendue compte que c'était absolument pas ça que je voulais faire. J'ai quand même continué l'année parce qu'il y avait des cours qui étaient hyper intéressants. On faisait de la photo, on a appris tout ce qui était traitement de texte, mise en page. Donc ça, c'est des choses que de toute façon, j'utilise énormément dans tous mes métiers, qu'on utilise assez souvent. Donc c'était quand même très intéressant. Mais par contre, je me suis rendue compte vraiment que... C'était la création textile en fait et ça ne m'était pas venu à l'idée que je pouvais en faire un métier. Du coup tous les stages que j'ai fait, j'ai fait au théâtre, j'étais à Marseille donc j'ai fait à l'Opéra de Marseille, je l'ai fait aussi au théâtre Massalia. Donc je les ai fait dans des structures plus artistiques et culturelles et ma mère m'a inscrite pendant les vacances à un cours de couture en me disant Bon bah écoute, teste et puis on voit si vraiment c'est quelque chose qui t'intéresse ou pas

  • Speaker #0

    Et pourquoi tu es à Marseille à ce moment-là ? Parce que l'école de graphisme est à Marseille ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je viens du sud. Tu viens du sud ? Oui.

  • Speaker #0

    Je pensais que tu étais une vraie parigote.

  • Speaker #1

    Mon père, oui. D'accord. Mais on a déménagé dans le sud pour le travail de mon père quand j'avais 8 ans, quelque chose comme ça, je pense. Ok. Et du coup, j'ai fait des études entre... Ma mise à niveau, c'était à côté de Lyon, et après je suis descendue à Marseille. Et après, je suis remontée à Paris pour le reste de mes études. J'ai candidaté à une école de costume. À l'époque, c'était les DMA costumiers réalisateurs, donc diplôme des métiers d'art. Je suis partie, j'étais prise. Et puis là, ça a été vraiment la révélation. Bah oui, c'est ça en fait. Et c'est à partir de là où j'ai vraiment commencé à beaucoup, beaucoup travailler par moi-même. C'est-à-dire que je commençais à faire plein de créations à côté. J'avais une passion pour l'écorcer. C'était vraiment ça que je voulais apprendre.

  • Speaker #0

    Donc en plus de ce que tu fais à l'école.

  • Speaker #1

    Ouais. Je commençais à faire des créations. Et à l'époque, il y avait MySpace.

  • Speaker #0

    Tu avais un blog MySpace.

  • Speaker #1

    J'avais une page MySpace. Et je sais plus... Comment ça est arrivé ? J'ai mis des photos de corsets, de tenues que j'avais faits et en fait il y a un photographe ou une modèle qui m'a contactée en me disant je vais faire des photos Et c'est comme ça que j'ai commencé à me faire un petit peu un bouc en prêtant mes premières créations. J'ai commencé à poser aussi avec mes créas, c'est-à-dire que les photographes me disaient t'es mignonne, est-ce que tu veux poser ? Dans ma dernière année de diplôme de costume, tu dois réaliser un costume dans un milieu professionnel. Et du coup je me suis retrouvée à faire un costume pour une artiste burlesque pour un spectacle de Philippe de Coufflet.

  • Speaker #0

    Et tu te souviens du nom de l'artiste ?

  • Speaker #1

    C'était Blanche Alix.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'était vraiment une des premières artistes. Je me rappelle, elle travaillait aussi pas mal dans le milieu fétiche, elle avait créé les premières nuits démoniaires d'Angleterre. Et elle faisait de la vidéo, elle faisait de la performance, elle faisait vraiment pas que du burlesque. C'était vraiment un personnage incroyable. Et moi, je découvrais vraiment cet univers-là qui arrivait juste à Paris. En fait, c'était il y a quand même... Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'on est à quelle année là ?

  • Speaker #1

    C'était il y a 18 ans. Donc, c'était pour Philippe de Couffey qui est un grand chorégraphe français. Le contemporain aussi. Contemporain, oui. En fait, il vient du cirque et de la danse contemporaine. Il a vraiment justement ce côté très burlesque de chercher comment le corps bouge. et les corps en fait. Il adore mettre justement des corps différents, des personnes très grandes, des personnes fortes, des personnes petites. Il adore jouer justement avec, détourner le...

  • Speaker #0

    Et il est si très connu pour avoir créé la revue du CrediHorse.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Enfin plusieurs numéros du CrediHorse qui sont encore joués actuellement. Et d'ailleurs il y a tout un documentaire qui est superbe.

  • Speaker #1

    Ah je l'ai même pas vu.

  • Speaker #0

    On le voit travailler sur cette revue.

  • Speaker #1

    Je l'ai pas vu mais... C'était fou parce que genre peut-être un mois avant qu'on propose ce projet, j'avais fait un exposé sur son costumier Phil Giotel et après j'ai eu cette opportunité.

  • Speaker #0

    Mais non.

  • Speaker #1

    Ouais, et j'étais genre waouh. Je pense que des fois il n'y a pas trop de hasard dans la vie et que t'as quand même des opportunités qu'il faut savoir saisir.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Ouais, c'était fou. Et en plus à la base je ne devais pas faire ce projet-là. J'avais un projet pour un costume pour un opéra. J'avais une amie dans la classe qui elle faisait du film d'opéra qui avait ce projet avec deux couffées. Elle m'a dit ça te dit pas qu'on échange nos projets ? Bah oui. Ah putain.

  • Speaker #0

    Génial !

  • Speaker #1

    Je me suis retrouvée à faire un costume burlesque pour cette artiste. Elle faisait un numéro d'effeuillage, Petite Fleur. Et donc, j'avais fait un corset, elle avait un gant avec des pétales qu'elle effeuillait. Pour ce diplôme, j'avais tout un mémoire à faire. Et donc, c'est là où je me suis penchée sur l'histoire du burlesque. Et je suis tombée folle amoureuse de cet univers-là. Quand j'étais petite, tu vois, je bavais devant le Crazy Horse au jour de l'an. Sur France 3, t'avais toujours la retransmission des spectacles du Crazy Horse. Et après, t'avais les Texabri, les deux univers qui ont gréement d'avance entre eux. Tu vois, c'est les femmes qui étaient incroyablement magnifiques. Puis l'humour burlesque de Texabri, quoi. Pendant que je faisais ce costume, que je le voyais répété, que j'étudiais le burlesque, ça m'a pris au trip et j'ai dit, putain, mais...

  • Speaker #0

    Ça a été évident très vite.

  • Speaker #1

    Ça a été évident très vite que j'avais envie de faire ça. Et je parlais à une artiste circassienne, parce que du coup, le spectacle qu'il crée, il s'appelle Coeur croisé, mais il l'a joué pas très longtemps. Et je pense qu'il préparait aussi son arrivée au Crézeur justement avec ce spectacle. C'était un grand workshop où il y avait plein d'artistes, toutes sortes d'auditions géantes, où il y avait plein d'artistes qui se succédaient au tout début du workshop. Donc plein d'artistes différents, pas forcément de l'effet H. Burlesque. Il y avait un orchestre de ukulélé, il y avait deux personnes de petite. il y avait des circassiens, circassiennes, il y avait des danseurs, il y avait des humoristes, donc tu vois c'était vraiment tout un univers. En voyant tout ça vraiment ça m'a... Et donc je parlais à cet artiste et je lui disais mais j'ai tellement envie de faire ça, il me dit bah pourquoi tu tentes pas l'audition du coup puisque c'était aussi propice à tenter quelque chose et je lui disais mais je me sens. pas légitimes.

  • Speaker #0

    Tenter avec quoi ?

  • Speaker #1

    Ouais j'ai pas fait d'études en fait pour ça tu vois, dans un peu la manière dont j'avais été éduquée.

  • Speaker #0

    Dans l'académie.

  • Speaker #1

    Voilà, j'ai fait des études pour faire ça et du coup je dis genre mais je... Et elle m'a dit vraiment deux phrases qui m'ont fait un électrochoc dans ma vie et que j'essaie de me rappeler tout le temps quand je dois prendre une décision c'est bah écoute tente de toute façon t'as rien à perdre et si tu le fais pas tu le reviendras peut-être toute ta vie. Bah oui ! Si on le fait !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Et du coup,

  • Speaker #0

    le risque que tu prends, c'est juste d'être pas prise.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et effectivement, je risquais de le regretter toute ma vie, tu vois. C'est une occasion comme ça, quand je dis tout à l'heure, il faut savoir saisir les occasions. C'était maintenant, tu vois. Je me rappelle, je n'ai pas mangé pendant deux jours tellement j'avais le ventre serré. Genre, je le fais, je ne le fais pas. C'est quand même finalement un effeuillage. Moi, je viens d'une famille qui est très catho, très stricte. Du coup, le corps, la nudité, c'est très, très tabou. J'étais vraiment en dichotomie avec moi-même, tu vois. Il y avait un côté qui avait extrêmement envie d'y aller et l'autre côté qui était là, genre non, c'est pas bien. l'ange et le démon qui étaient là genre mais si vas-y tu vas trop t'éclater mais non c'est pas bien ils vont porter les gens en taquiner tu vois Et au bout de deux jours où vraiment j'avais le ventre serré, j'arrivais pas à manger, je vais voir mon maître de stage et je lui dis écoute, est-ce que tu crois que je peux proposer quelque chose ? Je pensais qu'il allait me dire non, c'est pas sérieux, t'as un projet. Et il m'a dit mais si, viens on va voir Philippe ! Et je suis là, maintenant ? C'était en fin de journée, donc on va voir Philippe, il était en train de faire ses notes. Philippe, il y a la petite Kiki, parce que c'est mon surnom, qui voudrait proposer un numéro. Et du coup Philippe il me regarde, il me fait, bah oui ! tout mignonne mais tu sais faire quelque chose du coup je fais de la danse depuis que j'ai 5 ans je fais des pointes et m'a dit bah écoute propose quelque chose demain quoi donc j'avais déjà pas mal de créa costumes finalement tu vas décorsé des robes des chutes donc j'ai bidouillé la bidouille tu vois un numéro pour le lendemain sur old jazz de chicago avec une chaise vraiment un numéro de défeuillage ultra basique classique Et donc, j'ai fait ce premier fayaz devant toute la troupe que je voyais répéter depuis des semaines, sur pointe. Et il m'a dit, bah c'est cool, on le garde.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Voilà la mâchoire de Camille qui se décroche.

  • Speaker #0

    Ah mais incroyable. Mais vraiment, moi j'étais tellement à fond avec toi, je voyais toute la scène, je te vois. Et en plus, raconte-nous ce numéro, la Holda Jazz. J'entends que tu as fait de la danse toute ta vie, mais de ces fayaz, alors la danse va vraiment... t'aider à maîtriser ton corps, à pouvoir jouer un petit peu avec ce corps. Pour voir les élèves dans mes cours, il y a quand même une tragédie souvent dans le classique, c'est que pour le coup, l'interprétation de personnages, il n'y a plus personne avant très tard, et d'ailleurs les danseuses étoiles en parlent souvent, elles doivent vraiment apprendre ça par elles-mêmes. Est-ce que c'est en train de changer peut-être à l'Opéra de Paris ? Mais bref, c'est quelque chose en fait qui faisait partie de toi, cette envie de dégager un truc sur scène et de jouer.

  • Speaker #1

    Ouais, je pense. Quand je rentre sur scène et qu'il y a la musique, il doit y avoir un mécanisme dans mon cerveau, dans mon corps, qui fait que j'ai une dissociation de moi-même. Et en fait, c'est vraiment les tripes qui s'expriment.

  • Speaker #0

    Tu es habitée par quelque chose qui a besoin de s'exprimer. Ouais, ouais, ouais. Tu rejoins cette... Troupe de cœur croisée.

  • Speaker #1

    Donc je rejoins cette troupe, on finit le workshop, on a une présentation devant des professionnels. Ils me rappellent trois mois après en me disant Est-ce que tu es dispo pour jouer cet été au Festival Paris Quartier d'été ? Je dis Bah oui ! Donc mon vrai premier gros spectacle, c'était avec Philippe Decoufflé dans la cour du Palais Royal.

  • Speaker #0

    Pardon ?

  • Speaker #1

    Ouais, avec une scène sous les fenêtres du ministère de la Culture, à côté des colonnes de Buren, et on avait une scène bifrontale. on avait des espèces de portiques, on avait un maître shibari, moi il m'attachait, pendant que les gens rentraient, on avait toute une scénographie avec la lumière, dès que les gens étaient installés, la lumière se baissait jusqu'à laisser que nous sur les portiques, et là on se suspendait avec une musique hyper dark, hyper sensuelle, c'était la première partie, et après on se rejoignait tous au centre de la scène, et je me rappelle on était tous de la plus petite au plus grand, on faisait comme ça une danse de bras, des mouvements de corps, on se suivait tous, donc c'était une espèce de vague de sensualité. comme ça et tout. Pour ce spectacle j'avais prêté aussi des costumes que j'avais fait, des corsets, des jupes, des choses comme ça donc...

  • Speaker #0

    Tu nous racontes quand même un conte des temps modernes. Merci beaucoup. Pour nous tous, quand le monde du cabaret, du burlesque, de la sensualité te fait rêver, franchement de commencer avec Philippe Découflet sur une scène magnifique,

  • Speaker #1

    waouh !

  • Speaker #0

    Quel début ou quoi ?

  • Speaker #1

    Je réalise pas plus que ça parce que ça s'est fait tellement... naturellement que je ne réalise pas la chance que j'ai eu de l'opportunité. Je pense que tu sais, il y a plein de gens qui te disent oui j'étais là au bon moment, je pense que j'étais là au bon moment.

  • Speaker #0

    Il y a aussi saisir la chance.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce qu'il aurait pu te laisser impressionner et ça aurait été aussi totalement normal dans le sens où tu débarques à peine, tu aurais pu te dire bah non je peux pas, j'ai pas les capacités.

  • Speaker #1

    Ouais ou j'ai peur.

  • Speaker #0

    On aurait été plus que compréhensif avec cette sensation. tu saisis ta chance tu dis j'essaie j'y vais malgré les nœuds dans mon estomac malgré le fait que j'ai pas fait ces études il y a peut-être une force extérieure qui m'a poussée

  • Speaker #1

    Il y a plein de moments, d'endroits où vraiment j'ose pas et j'ai toujours un peu cette réserve. Il faut pas oser, il faut rester à sa place. Je pense que je suis pas d'accord avec ça de base. Je pense que c'est ça aussi pour moi le burlesque. Parce qu'il y a pas longtemps, tu vois, on m'a demandé est-ce que pour toi c'est féministe de faire du burlesque ? Et je pense qu'à l'époque c'était pas du tout ça. C'était juste que j'avais envie, parce que j'en ressentais le besoin. Par un peu plus dans des combats un peu plus militants justement dans mes numéros, dans ma manière d'être actuelle. Je pense qu'effectivement, sans le savoir, c'était finalement un acte féministe dans le sens où... Je me réapproprie un espace d'expression.

  • Speaker #0

    De prendre la place.

  • Speaker #1

    Et après, je refais une date avec eux dans le cadre du festival Antipode à Brest, au Quartz. Grosse scène nationale. On refait le spectacle et ils m'avaient demandé est-ce que tu veux continuer ? Et en fait, j'avais été prise à l'époque dans une autre formation qui était pareil, un diplôme des métiers d'art, en broderie d'art.

  • Speaker #0

    Parce qu'en parallèle, tu continues donc ces études de costumière.

  • Speaker #1

    J'avais fini du coup mais j'ai été prise à cette formation qui est à l'école du Perret, en France à Paris c'est une grande école d'art. Et je voulais absolument faire cette formation en broderie d'art qui m'avait pareil subjuguée. Et pour moi c'était une évidence aussi qu'après le costume je complète avec cette capacité, ces compétences. Donc j'ai pas continué. J'ai appris plus tard, je m'en rappelais plus mais en fait Miss Botero m'a recommandé à Miss Anthropy. Donc elle m'a contactée en me disant voilà je monte un spectacle aux aides de Belleville et je cherche... Je me rappelle plus trop comment mais en tout cas je sais qu'elle m'a... démarcher trois fois alors que j'avais aucune vidéo, j'avais pas de matériel tu vois à montrer, j'avais juste fait ce spectacle avec Philippe. Elle a vraiment insisté et donc j'ai fait ok et donc c'est là où j'ai créé mes deux premiers numéros qui étaient la poupée et le numéro lumineux qui n'était pas lumineux à cette époque donc avec les éventails en tissu.

  • Speaker #0

    Et là on est en quelle année ?

  • Speaker #1

    2008-2009. Je sais pas exactement mais non ces eaux là. Donc elle avait réuni des super artistes assez pluridisciplinaires, il y avait une humoriste, Lila O, je crois que c'est ça, je me rappelle plus exactement qui était la MC. Il y avait du burlesque, il y avait une super chanteuse qui venait de Londres. Je crée ces deux numéros et la MC qui travaillait au Palais Mascotte me voit et me dit c'est super ce que tu fais, ce que ça te dit de partir en résidence au Palais Mascotte à Genève pendant un mois. Et j'ai fait bah ouais super, ça m'a fait mes armes tu vois. on avait trois shows par soir et on faisait cinq shows par semaine. Ça m'a permis de jouer devant absolument tous les types de publics possibles et inimaginables. On commençait je crois c'était à 21 heures au restaurant donc les gens qui sont là pour manger, qui sont pas forcément là pour te regarder. Après on descendait à l'étage du dessous c'était le bar donc pareil les gens potentiellement entrebourrés qui font pas forcément attention à toi et après on remontait à 2h du mat. Des fois il y avait trois personnes pareil des gens complètement bourrés ou alors qui s'attendaient à avoir du striptease enfin bref ça m'a bien rodé mais tu sais qu'on en parle encore aujourd'hui du palais mascotte ça a marqué beaucoup les jeunes voix je pense

  • Speaker #0

    que tout le monde y est allé une fois les gens en parlent avec beaucoup de plaisir c'était vraiment une chouette époque je pense que c'est là aussi que je me suis rendu compte je peux gagner ma vie avec ça en fait je peux en faire vraiment un métier

  • Speaker #1

    J'ai pu filmer mes numéros là-bas et quand je suis revenue à Paris, j'ai commencé à travailler avec Miss Glitter Pen Killer, avec Emma Montes. On n'était pas si nombreuses que ça. Je suis rentrée dans les anciennes du burlesque français.

  • Speaker #0

    Il me manque un élément, c'est le chant.

  • Speaker #1

    C'est assez récent le chant, c'était peut-être deux ans avant le Covid. J'avais envie de tester autre chose, trouver d'autres scènes, parce que je trouve qu'il n'y a pas assez de scènes où on peut s'exprimer avec l'effet H burlesque. Et j'avais envie, besoin d'exprimer autre chose, de créer plus facilement des personnages sans penser à il faut enlever tel vêtement, comment on les enlève. Si j'ai juste un personnage et que je ne m'effeuille pas, qu'est-ce que je peux faire ? J'ai joué du piano, oui, mais c'est difficile d'amener un piano. Le ukulélé, c'est quand même super, donc j'ai acheté un ukulélé. J'ai pris quelques cours. Mon prof, il m'a dit, tu sais toutes les bases, là après c'est du travail perso. Et je me suis dit, bon, quitte à faire du ukulélé, autant m'accompagner au chant. J'ai commencé avec du chant lyrique, je me suis dit un peu comme la danse classique, pourquoi pas commencer avec une base assez classique. J'ai eu deux autres profs en chant plus moderne et j'ai fait aussi une formation en comédie musicale en cours du soir. J'ai vu,

  • Speaker #0

    à l'AECOM.

  • Speaker #1

    Ouais, ou pareil, on faisait chant, théâtre, danse.

  • Speaker #0

    Tu as fait la formule 3 soirs, 3 heures par soir ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'était une matière par soir ?

  • Speaker #1

    Non, on avait deux matières par soir. J'ai commencé à faire mon premier numéro qui est... du coup on est numéro d'effeuillage. Bon, Yukulele,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que tu fais pour ne pas faire ton émeuillage ?

  • Speaker #1

    C'est vrai,

  • Speaker #0

    on fait trois ans de séparation.

  • Speaker #1

    Parce que je voulais quand même avoir une transition entre les Flash Burlesque et le cabaret et amener ça. Et puis, je ne sais pas, j'avais cette idée. Je cherchais des chansons Yukulele, je suis tombée sur celle de Laurel Hardy, Honolulu Baby. Ça faisait longtemps que je voulais faire un costume avec une face, un personnage, une autre face, ce personnage. ça se prêtait bien au jeu d'avoir ce petit marin et de l'autre côté cette petite haïtienne je ne t'ai pas vue sur ce numéro non je ne peux pas le faire souvent mais parce qu'il n'y a pas tant de scènes que ça qui t'autorisent à faire du chant finalement en effeuillage burlesque dans les spectacles j'ai ce petit numéro là Et après, j'ai eu la chance, j'ai saisi l'opportunité, mais je pense que là c'était quand même de la chance, c'est qu'il venait de rouvrir Madame Arthur. Charlie Vaudou m'a proposé dans les personnages pour venir chanter chez Madame Arthur. Ça m'a aussi permis vraiment beaucoup plus de travailler le chant et de commencer à avoir un petit répertoire et tout. Mais les premières fois où je chantais chez Madame Arthur, j'étais malade.

  • Speaker #0

    Ah mais le chant, c'est quelque chose.

  • Speaker #1

    Ouais. Beaucoup moins maintenant parce que vraiment cette année de travail chez Madame Arthur, ça m'a vraiment permis de... En fait, ce dont j'ai peur quand je chante, c'est absolument pas d'être fausse, je suis pas là pour être popstar, je suis là pour créer un personnage. Moi ce qui me fait le plus peur c'est d'oublier les paroles. J'ai vraiment un vrai problème de mémoire. C'est très très frustrant et c'est très très dur pour moi d'apprendre des chansons, il faut vraiment que je mette beaucoup de temps. de temps, je les écrive, il faut que je les répète constamment. Là, si je ne retravaille pas mon répertoire, j'oublie en fait. Et pour moi, c'est vraiment le truc. Les quelques fois où ça m'est arrivé, j'ai réussi à rebondir soit en le jouant, soit en faisant du yaourt ou quoi. Et au final, je me suis dit bon, finalement, j'arriverai toujours à m'en sortir.

  • Speaker #0

    Ce qui est le cas.

  • Speaker #1

    Ouais. Donc du coup, j'ai moins le track, mais j'ai quand même encore des fois des pourquoi je m'inflige ça.

  • Speaker #0

    Mais t'as peur de rien. Difficilement.

  • Speaker #1

    Si, mais...

  • Speaker #0

    Après moi j'admire, on en revient toujours sur ce point là mais vraiment je trouve ça admirable.

  • Speaker #1

    C'est mon troisième credo dans la vie, après tu vas peut-être le regretter ou t'as rien à perdre, c'est une phrase de Mark Twain qui dit ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait Et à un moment donné aussi j'ai lu un livre de développement personnel où il parlait de la peur et ça m'a aussi beaucoup marqué où il disait en fait la plupart du temps on n'ose pas faire les choses parce qu'on a peur. C'est à partir du moment où on analyse de quoi on a peur. on se rend compte que finalement toutes nos peurs sont assez irrationnelles. Voilà, j'ai peur d'oublier mes paroles, décortiquer un peu quelles sont les solutions que je peux avoir dans ces situations-là. Et bien on se rend compte qu'il y a toujours des solutions et que tout peut toujours s'en sortir. Donc ça permet un peu de prendre du recul et de déstresser, de se dire bon ben finalement il n'y a rien de grave qui peut m'arriver, donc allons-y, j'ai rien à perdre.

  • Speaker #0

    Clairement. Écoute, j'ai envie qu'on revienne sur le costume. Parce que c'est encore aujourd'hui tes deux métiers, costumière et artiste burlesque. J'ai vu ton superbe workshop et j'espère qu'on aura l'occasion de le reproposer en Suisse bientôt, où tu nous parles de l'histoire du costume burlesque, mais en fait l'histoire du costume aussi de manière plus générale. Du coup, ça nous donne aussi des clés en tant qu'artistes pour nos propres créations. Donc, je voulais savoir un petit peu quels étaient... tes inspirations pour les costumes de Kiki, parce que je sais que tu travailles aussi sur des projets pour des troupes et j'ai envie de savoir l'inspiration pour tes personnages.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a une évolution vraiment au tout début de ma carrière et à maintenant. Je prenais les inspirations qui étaient naturelles. Par exemple, le premier costume que j'ai fait, donc la poupée mécanique, c'est inspiré du ballet Coppélia parce que c'est l'éducation classique que j'ai eue. J'ai vu plein de ballets classiques. Et Coppelia, le pantin inanimé, c'est un personnage quelque chose qui revient assez souvent. J'avais un autre numéro aussi de pantin. Je ne sais pas pourquoi j'ai cette fascination sur la poupée.

  • Speaker #0

    Peut-être Barbie ?

  • Speaker #1

    Peut-être Barbie du coup, effectivement. Ce qui m'intéressait, c'était justement que cette poupée, où on croit qu'elle est inactive, inoffensive, où tu peux faire ce que tu veux avec, finalement elle se réveille. Et non, tu ne peux pas faire ce que tu veux. La musique, c'est la musique du ballet de Coppelia, où tu as les automates qui se réveillent et tout. Et après, c'est une musique de Marilyn Monroe. Parce que tu avais aussi tout l'univers de la femme enfant, la femme un peu bête, tu vois, qu'on essaie de mettre en avant avec Marilyn, que tu peux justement manipuler toute cette réflexion à partir de ça, qui sont vraiment des influences directes de ma vie.

  • Speaker #0

    Ah oui, il y a une réflexion entre le paraître et puis l'être.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Toi, tu as souffert de quoi ? Peut-être une image qu'on te colle et en fait, tu dis mais je ne suis pas comme ça ? Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Oui, oui. De toute façon, c'est exactement dans ma vie, tu as ça. Tu as vraiment Kiki et Jackie, tu vois. Et Jackie, c'est vraiment mon nom civil, tu vois, avec mon histoire civile de mon éducation très patriarcale. Et je n'ai jamais été en accord avec ça. Et je pense que vraiment, Kiki, c'est mon passe-droit, mon sauf conduit sur... Mais non, je n'ai pas envie, je ne comprends pas ce monde. Et le deuxième numéro, donc le numéro des éventails, je commençais déjà à l'époque à réfléchir, ok, dans les codes du burlesque, tu as les éventails, qu'est-ce que je peux faire pour que ce soit différent de ce qui existe déjà ? En faisant mes recherches, je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas beaucoup d'éventails tissus. J'avais vu une référence, je crois que c'est Lily Saint-Cyr, où tu as une photo où elle a un énorme éventail, tu sais, mais vraiment très très grand, comme les éventails chinois ou japonais, en papier, tu vois, et je me suis dit, ah, ce serait intéressant d'en faire un en tissu. et je voulais reprendre aussi l'imaginaire de la boîte à musique, de la ballerine sur la boîte à musique. Et au tout début, quand j'ai créé ce numéro-là, j'étais vraiment sur une petite scène qui tournait. Au tout début, vraiment les premiers numéros que j'ai créés, c'était par rapport à toute la culture que j'ai eue. Et après, je me suis rendue compte que finalement, tu pouvais créer avec tout et n'importe quoi, et que je n'avais pas envie de m'interdire ou de me restreindre à ce que je connaissais. Et donc la plupart des numéros, c'est... peu du hasard ou juste une idée ou une musique donc c'est vraiment très varié par exemple je suis souvent la crevette parce qu'il est assez drôle et que le processus créatif est assez clair donc c'est facile à visualiser pour mon numéro de crevettes et une amie avait un peu trop bu un soir et mdi il faut que tu fasses un numéro sur

  • Speaker #0

    le coup c'était drôle et je me suis dit ok challenge accepté comment je vais rendre comment je vais remettre la moindre drôle qu'est ce que je fais avec ça C'est la même idée que parfois dans la contrainte, c'est là où on est le plus créatif.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. J'ai commencé Pinterest, mon ami, comme je le dis souvent sur mon workshop costume, Pinterest est votre meilleur ami, à chercher des photos de crevettes. J'analyse la carapace, sa texture, ça m'amène à réfléchir sur des idées de matière, de couleurs. Il y a la grande queue. Tout de suite, ça m'a fait penser à la collection de Thierry Meugler sur les insectes, avec ses femmes insectes. ultra sexy et je me suis dit mais ouais je vais faire un hommage à Thierry Mugler avec une femme crustacée ultra sexy corsetée il y avait toute cette idée de carapace qui faisait écho aussi du coup aux insectes donc je suis partie là dessus au niveau du design du costume et après en recherchant les crevettes tout de suite je suis arrivée sur les poissons combattants les petits planctons les animaux des abysses quoi avec les poissons combattants je me disais ça serait super à un moment donné d'avoir des espèces de nageoires comme ça qui volent et tout comme si la crevette se transformer, se déployer dans l'eau et ça serait super aussi d'avoir comme dans les abysses l'idée de lumière, de réflexion et bah ouais je vais partir sur un numéro en UV avec le rose fluo et d'avoir ces nageoires, ces voiles qui sortent de la crevette à un moment donné donc c'est comme ça que je suis arrivée à quand la crevette se décortique de toute sa carapace, dessous tu avais la combinaison de la crevette tigrée et j'ai des fermetures éclairs dans lesquelles je sors ces voiles qui sont dans la combi et qui sont en fluo et je passe en lumière fluo et là tu as toute une danse de voile Est-ce que tu dirais que si tu ne disais pas à un spectateur que c'est un humour sur une crevette,

  • Speaker #0

    il saurait ? Oui,

  • Speaker #1

    tout de suite tu le vois, j'ai les petites antennes j'ai la queue de crevette et puis dans la présentation aussi je demande de dire Elle peut être rose, elle peut être grise, vous les met en cocktail. Et ce qu'on préfère chez elle, c'est sa grande queue. Et ce soir, elle se décortique pour vous. Tu arrives sur un truc où les gens sont assez amusés et après...

  • Speaker #0

    En plus, on aurait pu aussi imaginer quelque chose où ça aurait été plus imagé. Et puis, tu aurais gardé dans l'idée de la crevette vraiment la couleur, l'essence de pas mal de choses. Là, tu es allée jusqu'au bout.

  • Speaker #1

    Mais il est quand même hyper chic et esthétique. Tu as juste des petits éléments. La queue, j'ai fait comme une crinoline. Donc, c'est que des cerceaux comme ça. Là, tu as juste le bout. J'ai quand même essayé de garder un côté assez esthétique. Sur beaucoup de mes derniers numéros, c'était vraiment juste une envie de soit reprendre les codes du burlesque et les détourner ou quand on a une nouveauté. Et là, sur mes derniers numéros, je pars plus sur faire des fémages à des artistes femmes. Donc ça fait très très très très longtemps que je voulais faire un numéro sur Loï Fuleur et donc là j'ai enfin créé le numéro. Et là, un de mes nouveaux numéros que je vais sortir cette année qui s'appelle Déshabillez-moi où en fait c'est une robe en crochet que les gens vont pouvoir décrocheter pour me déshabiller. Et je vais être sur une petite scène tournante. Un groupe de musique namoro me recompose la musique Déshabillez-moi dans une ambiance je trouve très futuriste. Et donc là, j'ai créé un personnage un peu de science-fiction. Je le vois un peu comme Barbie qui rencontre Blade Runner. Je vais être en mode pareil, robot pantin, tu vois, qui fait écho à deux autrices pionnières qui ont écrit des livres de science-fiction. t'as Marie Shelley avec Frankenstein et t'as Margaret, je me rappelle plus son nom, mais qui est au 18e siècle, qui a écrit aussi un livre de science fiction qui s'appelle The Blazing World sur une femme qui se fait enlever et qui devient l'impératrice d'une autre planète. C'est plein de discussions sur le genre, la place de la femme déjà au 18e siècle.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'inspiration pour ce numéro.

  • Speaker #1

    Oui et du coup, j'ai voulu créer l'impératrice d'une nouvelle planète.

  • Speaker #0

    J'adore !

  • Speaker #1

    Et puis j'aimais bien aussi cette ambiance un peu... de mannequin, vitrine, comme ça, où tu peux...

  • Speaker #0

    On connaît vraiment une patte.

  • Speaker #1

    Tu peux déshabiller aussi et tout, et au final, qui se révèle et qui se réveille, et qui reprend aux sessions de son corps et de...

  • Speaker #0

    Et de sa planète.

  • Speaker #1

    Et de sa planète. Et de la scène, pour s'exprimer comme elle le veut.

  • Speaker #0

    Et là, c'est pour quand, cette première ?

  • Speaker #1

    Je devais le sortir là, et puis j'ai eu une commande costume qui m'a un peu bloquée, mais normalement, dans deux mois.

  • Speaker #0

    Tu te sens prête là ? Non,

  • Speaker #1

    on est encore en train de finir le costume. J'ai cette robe qui se décrochette. J'ai fait plein d'essais déjà. Il va falloir que je la recrochette à chaque fois. Au début, j'ai essayé avec un fil. C'était trop fin, ça me prenait trop de temps à crocheter. Ça prenait trop de temps à décrocheter. Donc j'ai créé un fil plus gros. Mais pareil, c'était encore trop long de le faire en entier. Donc là, au final, je fais une partie de la robe qui est déjà crochetée, qui va rester comme ça. Et donc j'ai juste des liens qui vont venir désagréger la robe. C'était la solution que j'ai trouvée pour que ce ne soit pas trop long à faire à chaque fois, et que ce ne soit pas trop long aussi à décrocher. Et dessous, j'ai toute une combinaison en sequin rose, avec des lanières en cuir rose aussi, Blade Runner Barbie. Et dessous, on est en train de mettre en point, avec une de mes stagiaires qui fait ça pour son diplôme, toute une combinaison avec que des découpes de couleur chair, qui rappelle justement l'idée de Frankenstein. J'aimais bien cette idée de finir nue mais pas nue, sur scène avec les lumières, que tu aies plein de découpes, avec des tissus nude ou transparents et que du coup tu as des morceaux de porc de porc de peau, de corps. C'est un switch entre peau et corps. Qui se révèle, tu vois, un peu partout. J'ai acheté les pétiches du ballet de choses, quoi. Les pointes avec...

  • Speaker #0

    Ah oui, avec le talon, vertigineux, de 18 cm. Un truc comme ça. Où t'as le pied dans la position presque pointe.

  • Speaker #1

    Bah si,

  • Speaker #0

    complètement. Après,

  • Speaker #1

    je sais pas si j'arriverai à danser avec, mais en tout cas, je peux tenir debout, je pense, sur la première partie où t'as cette silhouette qui va apparaître comme ça.

  • Speaker #0

    Tu es dans un cycle là, puisque ta stagiaire est en train de faire pour ses diplômes un costume. Est-ce qu'elle va passer elle aussi du côté obscur de la force ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas.

  • Speaker #0

    On fait un art comme la danse aussi, mais je veux dire, on se montre nue. Est-ce que tu as appris à aimer ton corps ? Est-ce que tu étais déjà bien avec lui quand tu as commencé ? Parce que c'est vrai que tu oses dans ce rôle d'adjacent, c'était feuillage. Parce que tu avais... dès le départ, un rapport assez ok avec ton corps ? Est-ce que ça a évolué ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai quand même beaucoup évolué sur la représentation de mon rapport au corps. Quand j'ai commencé le burlesque, comme je le disais, je viens d'une famille quand même assez strict-cato, où le rapport au corps a toujours été très tabou. Le rapport à la sexualité aussi, c'est-à-dire qu'un corps nu, souvent c'est associé à la sexualité, et donc c'est pas bien, c'est sale, c'est... tu vois, t'as... truc très patriarcal,

  • Speaker #0

    il faut se cacher quoi.

  • Speaker #1

    Ouais il faut se cacher, si tu montres un sein, tout de suite t'es une tentatrice et en même temps moi j'ai toujours trouvé le corps de la femme absolument magnifique. Dans l'art, dans les musées, t'as 80% des tableaux c'est des femmes nues quoi donc on a un peu cette hypocrisie de dire tu peux pas allaiter un enfant en public, montrer ton sein en public et en même temps t'as des femmes partout dans la mode, dans la pub pour vendre, mais par contre si tu fais de l'art il faut le faire d'une manière... très esthétique, très jolie, il ne faut pas que ce soit trop sexuel, érotique, sinon tu passes dans le côté obscur où là c'est pas bien tu vois. J'ai toujours été attirée par ça, tu vois quand je voyais les danseuses au Crazy Horse, juste je voyais des corps en mouvement, en danse avec des lumières et je trouvais ça juste beau.

  • Speaker #0

    Alors moi je trouve quand même très sensuel, érotique, vraiment quand je vois le crazy, je rentre, j'ai envie de faire l'amour. Ouais c'est vrai. Ah oui moi ça me... Ah oui vraiment ça me... Pour moi c'est une sensualité, une... Super ! Ça m'émoustille vraiment. C'est vrai ? Ouais, j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Ouais, ça ne m'émoustille pas plus que ça. Je trouve ça juste très beau, sensuel. Aussi,

  • Speaker #0

    aussi, complètement. Le Crazy, c'est pour moi le spectacle le plus sexy, sensuel au monde, avec un chic, une proposition artistique sur ses cordus qui est juste incroyable. Mais oui, je comprends aussi ce rapport de... Alors moi c'est l'inverse, j'ai été éduquée d'un corps, c'est un corps, c'est beau et puis il n'y a rien de mauvais. Mais toi tu as fait cette éducation par l'art.

  • Speaker #1

    Oui, et puis je ne comprenais pas aussi pourquoi en fait. Plus jeune, je ne comprenais pas pourquoi il y avait cette injonction à ne pas montrer, à faire attention, à ce que tout soit un peu tabou.

  • Speaker #0

    Tu as une forte personnalité, un peu rebelle.

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est chouette, ça a été l'occident.

  • Speaker #1

    Ma force,

  • Speaker #0

    justement. Surtout, heureusement, quand on a une éducation un peu chape de plomb, comme on peut ressentir, en plus la société, mais aussi ce côté, comme tu dis, un peu catholique, etc. Après,

  • Speaker #1

    je suis la petite dernière. J'ai 6 et 8 ans d'écart avec mon farmaceur. Donc peut-être qu'eux, ils sont passés avant. Ils ont préparé un peu le terrain à ce que ce soit un petit peu plus simple pour moi. Les mentalités aussi ont évolué. Mais j'ai quand même eu beaucoup de chance. Ma mère m'a toujours soutenue dans les choix que je faisais. J'ai eu la chance d'y mettre financièrement pour mes études. Même si au début, ça leur faisait peur que j'aille dans un milieu artistique. Quand j'ai fait le spectacle avec deux boufflés, je l'ai dit à ma mère. Mon père, il n'est pas venu. Je pense que c'était trop pour lui de potentiellement voir sa fille dénudée. Tu vois, il n'a pas pu. Alors qu'il était venu, il était très heureux pour moi. Mais il ne voulait pas venir au show. Ma mère, elle m'a dit, tu n'as pas le corps pour. c'est dur ouais c'est dur donc je viens de là waouh quand t'es danseuse c'est un corps svelte j'imagine toutes ces femmes qui vont nous écouter et qui peut-être n'osent pas qu'elles se disent bah en fait non Kiki elle avait confiance en elle et son corps non j'ai toujours des complexes je pense qu'on a toujours des complexes parce que c'est quand même pas facile de se détacher d'une injonction quand on est enfant on te montre des pubs des stars hollywoodiennes des danseuses qui ont corps, un schéma et qu'on te dit c'est à ça qu'il faut que tu ressembles pour être bien dans la société, c'est quand même très dur de se déconstruire de ça. Ça m'a apporté tellement de joie d'être sur scène, de pouvoir m'exprimer, de faire ce que je veux et d'être mise en lumière, d'être magnifiée dans un groupe que en fait à un moment donné juste j'en ai plus rien à faire du jugement des autres. On ne met pas assez en avant d'autres corps, d'autres morphologies, où on ne dit pas que tous les corps sont acceptés et pas que ce type-là. De plus en plus, oui, je m'en fous en fait. J'ai juste envie de créer des personnages, faire rêver les gens, de créer autre chose qui se détache aussi peut-être de... On se met nu sur scène. Je pense que le burlesque, ce n'est pas ça, tu vois. Ce n'est pas un effeuillage.

  • Speaker #0

    C'est presque anecdotique parfois, le fait qu'on est nu dans les numéros que tu proposes. où on est dans une proposition artistique presque cérémoniale, un voyage dans cet effeuillage. On oublie presque le propos, le but. Moi je trouve que c'est totalement aussi magnifique. Il y a plein d'autres numéros où c'est une vraie proposition de sensualité, de sexualité, de je vais te faire ressentir un truc, je vais te faire avoir des papilles. Voilà c'est toutes ces propositions là qui coexistent dans le burlesque. Je ressens une pression sur mon physique dans tout ce qui est corps. tous les mandats qu'on a dans des milieux moins culturels bon moi je fais du hula hoop c'est encore je pense un peu différent parce qu'on a les stéréotypes de la gymnastique du cirque comment est-ce que tu jongles toi avec cette injonction quand même qu'on voit le burlesque ça reste quand même pour les milieux corporate une vision assez américaine avantise honnêtement c'est vraiment contraignant en fait parce que tu dis pfff

  • Speaker #1

    On ne va pas réussir à évoluer. Ça serait bien de sortir un peu de ces stéréotypes. Je pense qu'il y a une responsabilité des productrices de proposer d'autres choses et de dire que ça va être bien aussi. Encore une fois, le but, ce n'est pas de dire qu'il faut arrêter complètement d'avoir des corps stéréotypés. C'est juste qu'il faut amener un peu plus d'inclusivité, de diversité pour qu'il y ait des modèles. En plus, on le voit maintenant. dans la mode où toutes les marques maintenant mettent des mannequins grande taille, des mannequins de couleur, amènent beaucoup plus de diversité, surtout. Et donc, sur des événements corporés, tu vois, il faut...

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'avant tout, avant tout, on fait du divertissement. L'idée d'un spectacle, d'un numéro, c'est d'emmener les gens dans quelque chose d'extraordinaire et de résumer ça qu'un type de corps, c'est trop dommage.

  • Speaker #1

    C'est très très frustrant de se dire bon bah en fait on ne pourra pas travailler dans ce type de milieu alors qu'on est doué parce qu'on ne correspond pas à un critère aussi. Je trouve ça assez violent.

  • Speaker #0

    Clairement je suis tout à fait d'accord et je ne sais pas si à un moment donné tu as failli basculer, mais il y a un moment où tu te dis ok est-ce que je fais super attention à ce que je mange et du sport à outrance, c'est une possibilité, est-ce que j'essaye de fitter ? Est-ce qu'à un moment donné, tu t'es posé la question ?

  • Speaker #1

    Je le fais quand même, de toute façon. Je le fais déjà pour une raison, c'est que je ne suis plus toute jeune et que si j'ai envie de continuer la scène, je suis obligée d'entretenir mon corps parce que c'est quand même aussi mon objet de travail, tu vois.

  • Speaker #0

    Plus dans une optique aussi d'entretenir le corps. Je veux qu'il reste fort, je veux qu'il reste capable. Je veux rester maître aussi. Moi, c'est ce que j'adore dans la danse et dans le sport. C'est que tu sens que tu maîtrises jusqu'au bout des doigts un peu ce corps et que tu es vraiment en connexion.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est les périodes où j'avais pas forcément de travail, j'étais pas forcément bookée. Du coup tu te dis, ah peut-être que si j'étais plus mince, j'aurais plus de booking ou quoi. Au final je me suis rendu compte que comme j'avais deux métiers, j'avais pas le temps de me consacrer entièrement à Kiki et du coup de faire du démarchage. Donc j'ai pris un peu de recul là-dessus. Quand tu traînes trop sur les réseaux sociaux, ça te bouffe le cerveau quoi. vraiment tu te compares trop c'est pas bon quoi c'est à dire qu'on a besoin des réseaux sociaux pour pour se faire connaître pour faire sa promo mais en même temps enfin pour moi déjà c'est trop chronophage dire que j'arrive j'arrive pas à gérer c'est vrai c'est trop chronophage et en même temps tu as besoin aussi pour te si tu as envie de d'être dans la communauté. Moi, je sais que je me sens un peu en dehors de la communauté, pas parce que je le fais exprès, mais c'est juste que j'arrive pas à suivre en fait. Je peux pas passer une heure par jour à voir ce que font les autres et tout. Et puis ça me fait trop du mal aussi. Parce que justement, comme j'ai pas le temps de me consacrer entièrement, tu vois, à mon personnage, en fait, je me sens pas bien après. Je me dis merde, je fais pas assez. Enfin, tu vois, je trouve ça très très très violent quoi. Donc je trouve qu'il faut faire attention à ça et Il faut savoir prendre du recul, mais ce n'est pas facile quand tu as tout autour de toi qui te fait pointer du doigt ce que tu ne fais pas, ce que tu devrais faire, ce que tu devrais être. C'est très difficile.

  • Speaker #0

    Écoute, on arrive gentiment à la fin de ce podcast. Je ne sais pas si tu avais envie de parler d'autre chose.

  • Speaker #1

    Ça dépend. Si tu as envie que je parle de mon nouveau projet, du château et tout, que j'ai envie de faire connaître. Carrément. Le projet.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    oui. Et comme je te disais, c'est un peu l'aboutissement aussi de, je pense, tout ce que j'ai fait jusqu'à présent dans ma vie. Pendant le confinement, j'ai créé un collectif militant qui s'appelait Balai Masque, où on dénonçait l'exploitation des couturières à qui on demandait de faire des masques bénévolement. Je ne sais pas si en Suisse vous avez eu ce même problème, mais en tout cas en France c'est parti vraiment. N'importe comment, les communes, les entreprises faisaient des appels massifs à bénévoles pour venir coudre des masques, des blouses pour les hôpitaux. C'est devenu une industrie à côté de travail gratuit, en fait, et qui incombait aux femmes parce qu'on considérait que la couture, c'est un travail féminin. Donc ça m'a fait prendre conscience que je n'étais pas respectée dans mon travail de costumière, comme dans le travail du burlesque aussi. Je trouve qu'on n'est pas... bien respectée quand on demande à être bien payée ou quoi tu vois je pense qu'il y a beaucoup de dans la tête des producteurs qui restent quand même assez souvent des hommes, on reste des femmes qui se foutent à poil tu vas donc je trouve qu'il y a un manque de considération aussi ça rejoignait un peu ça tu vois de la valeur du travail, la valeur du travail féminin et et les arts autant le burlesque que le costume et donc là je travaille sur un gros projet de vie qui est de créer un centre culturel et artistique dédié à l'héritage des femmes. Donc le but c'est d'acheter un château pour en faire lieu de matrimoine écoféministe et réfléchir aussi dans la création, dans l'art, comment tu produis, comment tu consommes, comment tu vis. Et donc c'est pour ça que par exemple tous les nouveaux numéros que j'ai envie de créer maintenant, c'est vraiment en fait mage, je peux le dire.

  • Speaker #0

    Tu peux récouter qui ?

  • Speaker #1

    Femmage, c'est le pendant de hommage, en fait. Donc un hommage aux hommes, un femmage aux femmes. C'est pas moi qui l'ai inventé. Non,

  • Speaker #0

    mais je me dis que...

  • Speaker #1

    Je trouve ça très fort, en fait. Le pouvoir des mots, souvent, on l'oublie, mais c'est très, très important de reprendre en compte ça et de justement retrouver ce matrimoine. Et pour moi, le burlesque, vraiment, ça fait partie du matrimoine des femmes. C'est-à-dire que... C'est avec ça qu'on pouvait quand même, à l'époque les femmes pouvaient gagner leur vie, être indépendantes. Ça restait le petit espace aussi de création qu'on a pu reprendre aussi nous. Donc voilà, je pense que le fait de vouloir mettre en avant justement autant l'artisanat que l'art, ça reprend tout ce que j'ai fait jusqu'à présent. Et ce combat militant qui était un peu sous-jacent, tu vois, finalement, dans mon parcours, mais que je ne voyais pas forcément et qui, là, pendant le Covid, ça m'a vraiment explosé un peu à la figure, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est génial et j'espère qu'on aura quand même pas mal d'auditeurs et d'auditrices. Est-ce qu'on profiterait un peu, parce que je sais que tu cherches... Du coup, des personnes qui ont envie de te rejoindre dans ce projet. Peut-être qu'il y a des gens qui vont nous écouter, qui vont nous connaître. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Donc, n'hésitez pas à écrire à nous.

  • Speaker #1

    Le projet va s'appeler le Château Béguine, figure-toi. C'est génial. Parce que les Béguines, c'était la première communauté féministe qui existait au Moyen-Âge.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça un béguin ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que, donc, elle portait un béguin. Donc c'était une petite coiffe, comme c'était avoir quelqu'un dans la tête, en fait, tu vois, de fil en aiguille sur l'exploitation du mot béguin, on en arrivait à cette expression d'avoir un crush sur quelqu'un.

  • Speaker #0

    Tu as déjà un château en tête ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, mais il y en a plein, en fait, je ziote depuis deux ans des offres de ventes aux enchères de l'État, parce que l'État a énormément de châteaux, et il y en a plein qui l'avaient récupéré. pour faire des colonies de vacances, des centres médicaux. Donc c'est des lieux qui ont déjà été réaménagés et qui ont déjà par exemple des dortoirs, des salles aménagées pour accueillir du public. Et comme c'est un projet qui est très politique, j'ai besoin, je vais avoir besoin d'être soutenue par une commune, tu vois, sur ce projet.

  • Speaker #0

    Donc appel aux communes qui seraient... J'aimerais ce projet qui...

  • Speaker #1

    On va trouver, je ne me fais pas de...

  • Speaker #0

    Je ne fais pas de soucis non plus, mais c'est peut-être une écoute. Je suis sûre que c'est un magnifique projet et je pense qu'il va certainement parler à plein de gens. Et voilà, là, tu es dans une phase où, bon, ce n'est pas pour demain, mais c'est pour quoi ? Tu l'imagines dans...

  • Speaker #1

    Assez rapidement quand même. Assez prochaines années quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    assez rapidement, dans peut-être un ou deux ans quand même.

  • Speaker #0

    C'est génial. Je te souhaite beaucoup, beaucoup de succès, d'énergie parce que... C'est un énorme projet, mais qui va être aussi merveilleux qu'il est grand.

  • Speaker #1

    Et on fera des gros festivals burlesques au château.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Avec des workshops, des séminaires.

  • Speaker #0

    Et donc, on va terminer sur la question signature du podcast. Si Kiki pouvait dire quelque chose à Jackie, qu'est-ce qu'elle lui dirait ?

  • Speaker #1

    Sur la scène, vraiment, j'ai peur de rien. Et ce serait bien d'avoir ce même état d'esprit dans la vraie vie, encore plus que ce que j'ai là, tu vois.

  • Speaker #0

    Et justement, est-ce que Kiki t'a déjà un peu insufflé ça au fur et à mesure des années ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, beaucoup. Et en même temps, la question, c'est est-ce que c'est pas aussi reposant, à un moment donné, d'avoir... une personnalité qui est beaucoup plus renfermée, beaucoup plus calme, tu vois. Il y a plein de moments où, quand je suis Jackie, où j'aimerais bien ne pas avoir cette peur d'aller voir les gens, de leur parler, tu vois, ou d'être hyper, un peu exubérante, donc c'est ça que j'aurais envie de dire, genre, soit comme Kiki, tu vois, et en même temps, est-ce que, ouais, ça serait pas trop fatigant d'être tout le temps trop dans... J'ai peur de rien, tu vois. Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Eh bien, écoute, génial. Merci beaucoup pour ce partage. Tu nous as raconté ton parcours passionnant.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Et merci à tous ceux qui nous ont écoutés jusqu'au bout. On vous retrouve bientôt dans un prochain épisode de Sous les Stress.

Description

De la couture au burlesque, l’audace comme fil rouge


Dans cet épisode, découvrez le parcours fascinant de Kiki Béguin, effeuilleuse burlesque, costumière et véritable épistémophile. Kiki nous emmène à travers son univers mêlant créativité, audace et revendication.


De ses débuts dans la danse classique et le cosplay à sa première scène avec le célèbre chorégraphe Philippe Decouflé, elle nous raconte comment elle a su saisir les opportunités malgré les doutes et les injonctions. Elle revient sur son amour pour la couture, son rapport au corps, et ses inspirations pour ses costumes et numéros, oscillant entre esthétique rétro et féminisme contemporain.


Kiki partage également son projet ambitieux, le Château Béguin, un futur lieu dédié à l’art, au matrimoine et à l’écoféminisme.


💬 "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait." Mark Twain


Préparez-vous à plonger dans un épisode inspirant et émouvant, où la créativité se mêle à la quête de liberté et d'expression artistique.


🎧 Bonne écoute !
👉 Retrouvez Kiki sur Instagram : @kikibeguin


Photographie de Olivier Charlet


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les strass. Aujourd'hui, je vous propose de vous plonger dans l'univers très éclectique de l'effeuilleuse burlesque et costumière Kiki Béguin. De son éducation classique mais aussi artistique, à sa première scène avec le célèbre chorégraphe Philippe Découfflé, il a notamment créé la revue Désir du Crazy Horse, Kiki nous emmène dans son parcours artistique mêlé d'audace. de curiosité et d'émancipation. J'ai été particulièrement inspirée par sa capacité à saisir les opportunités et à oser se lancer malgré les doutes et la peur. Bienvenue dans Sous les strass, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du cabaret et du burlesque. Aujourd'hui j'ai la chance de rencontrer Kiki Béguin, artiste burlesque mais aussi costumière. Tu es un peu touchée à tous les arts de la scène. Est-ce que tu peux nous résumer ton parcours artistique ?

  • Speaker #1

    Je devais faire un CV une fois pour me présenter et j'ai trouvé un mot qui me correspond bien. Épistémophile, c'est pour les personnes qui aiment apprendre en fait. J'ai eu la chance d'avoir une mère qui m'a beaucoup poussée au niveau artistique, même si je pense qu'elle ne voulait pas forcément que je finisse en 5FS Burlesque. Mais en tout cas, j'ai eu la chance d'avoir vraiment une bonne éducation artistique où je faisais de la danse classique. J'ai fait du piano aussi pendant plus de 10 ans. Et la danse classique, depuis que j'ai 5 ans, j'ai arrêté il y a quelques années pour faire de la contorsion. J'ai fait des stages de danse latine, j'ai fait des stages de danse africaine, j'ai fait un peu de contemporain, j'ai fait un peu de hip-hop aussi. J'aime bien apprendre, tester plein de choses. Au collège, j'avais le choix entre trois possibilités, soit aller dans une filière générale et passer un bac littéraire, soit faire une école de danse, soit faire le conservatoire de piano. Et du coup mes parents qui sont assez vieille école m'ont dit non tu passes ton bac d'abord et après tu choisis. Après je suis partie dans une filière art appliqué. J'ai fait une mise à niveau en art appliqué. Ce qu'il faut savoir aussi c'est que je suis une personne geek, j'adore les jeux vidéo.

  • Speaker #0

    Ah génial !

  • Speaker #1

    C'est maladif quoi, c'est une addiction, c'est à dire que chez moi j'ai pas de télé, j'ai pas de console sinon je ferais que ça. J'adore jouer tous les jeux, tu peux mettre n'importe quel jeu. Genre sur mon téléphone j'ai enlevé tous les jeux par exemple. Et du coup je faisais du cosplay, j'ai commencé la création de costumes avec le cosplay. Mais tu fais encore du cosplay ? Non, j'arrête. Je fais des costumes pour gagner ma vie du coup.

  • Speaker #0

    Ça me prend déjà beaucoup de temps.

  • Speaker #1

    Déjà beaucoup de temps. Mais pour ceux qui ne connaissent pas le cosplay, ça veut dire costume player. Et en fait, ce sont des personnes qui se costument en personnages de manga, jeux vidéo. A l'époque, ce n'était pas forcément connu. Mais maintenant, il y a plein de conventions où on peut voir plein de personnes en costume, de super-héros, de jeux vidéo. J'adore quoi. J'ai commencé au lycée et j'en ai fait jusqu'à que je commence mes études de costumes.

  • Speaker #0

    Et tu te souviens de ton costume préféré ?

  • Speaker #1

    J'ai gagné le Japan Expo une fois. Ah oui ? Ouais, une grosse convention.

  • Speaker #0

    Avec quel personnage ?

  • Speaker #1

    Moi ce qui m'éclatait c'était vraiment de faire des costumes de monstres, des gros costumes, c'est vraiment l'aspect technique qui m'intéressait. C'est le challenge. C'est pour ça que j'adore les jeux et que j'adore les concours aussi.

  • Speaker #0

    T'es compétitrice comme ça ? T'es mauvaise joueuse du coup ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. T'es pas mauvaise joueuse ? J'ai aucun souci à perdre. Par contre, je peux jouer jusqu'à ce que je gagne.

  • Speaker #0

    Tu as envie de gagner.

  • Speaker #1

    Oui, et je ne suis pas du tout dans l'optique de gagner sur quelqu'un. C'est-à-dire que je le fais vraiment pour moi, pour me prouver quelque chose à moi-même, mais absolument pas pour me dire que je suis meilleure que quelqu'un ou quoi.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment le défi d'être bon et de réussir.

  • Speaker #1

    De créer quelque chose avec un thème, avec un contexte. Moi, ça me pousse à faire des choses. Le cosplay, c'était ça. C'était juste se dire, ouais, à un moment donné, il y a un espace où il faut se challenger. Les jeux, c'est pareil, en fait. Il faut se challenger, il faut être sur plein de jeux. C'est de la technique, c'est de la tactique et tout. Donc ça te permet de repousser tes limites, en fait. Et puis aussi, l'aspect ludique. Ça fait trois ans que j'ai commencé Zelda. Et que le seul moment où je peux jouer, c'est quand je retourne chez mes parents. Et c'est mon kiff ultime de passer une semaine à jouer à Zelda. Et de me balader dans un monde avec des créatures, d'être un super-héros. Quand j'étais petite, par exemple, ce que j'adorais en lecture, c'était les livres dont vous êtes le héros.

  • Speaker #0

    Tu peux m'expliquer ? Parce que moi,

  • Speaker #1

    je n'ai jamais lu un livre génial dont tu l'es repris.

  • Speaker #0

    Héros, pardon.

  • Speaker #1

    C'est vraiment comme les jeux de rôle, en fait. C'est-à-dire que tu commences ton livre, tu choisis quel personnage tu es. Donc, tu peux être selon les collections et les livres. Mais tu peux être, par exemple, un mage, une magicienne, un ou une chevaleresse. Tu commences l'histoire. Voilà, vous êtes dans le village de tatata. Vous apprenez une légende, il y a le mal qui arrive. Du coup, vous décidez de partir en quête pour sauver le monde. Et du coup, tu as dans ton sac, donc tu as une petite feuille où tu marques, tu vois, les accessoires, les objets que tu as. Et qu'au fur et à mesure de la quête, tu vas récupérer ou perdre. Tu as aussi des points de vie, tu vois, parce que quand tu rencontres des personnes et que tu te bats, tu tires au dé pour savoir. Enfin, tu vois. Ah,

  • Speaker #0

    j'ai mis !

  • Speaker #1

    C'est un vrai jeu de rôle. Et donc, tu arrives à la fin de la première page. Ils te disent, voilà, vous sortez du village, vous pouvez aller à gauche, tout droit ou à droite. Donc tu choisis. Si tu vas à gauche, tu te rends à la page temps et tu as un numéro et tu continues l'histoire comme ça.

  • Speaker #0

    Comme les jeux de rôle et comme les jeux aussi vidéo. Oui. Ça doit avoir un nom d'ailleurs ce type de jeu.

  • Speaker #1

    C'est les RPG.

  • Speaker #0

    Voilà les RPG. Trop bien, trop bien. Et donc ce costume de monstre avec lequel tu gagnes la Japan Rose, c'est quel monstre ?

  • Speaker #1

    Une créature en vinyle, c'était un académique ultra moulant, noir et rose. Il y avait deux grandes paires d'ailes qui partaient des chevilles et du dos. Mais ce n'est pas des ailes en plumes, c'est des ailes en vinyle aussi qui étaient déjà sculptées. Et il y avait une grande cagoule avec deux grandes cornes qui partaient en pointe, il avait des yeux partout. Et je ne savais pas du tout faire de costume à cette époque. Donc c'était vraiment de la bidouille. À l'époque, il n'y avait pas Internet, il n'y avait pas le tuto. Donc c'était un vrai challenge.

  • Speaker #0

    Tu as une photo de ce...

  • Speaker #1

    Mais je crois que j'ai des photos. Mais j'ai plein de photos de mes cosplays. Je pourrais te les...

  • Speaker #0

    Oui, alors j'adorerais avoir cette photo en tout cas pour qu'on partage avec nos auditeurs. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. Mais tous mes cosplays, je les adore. Quand j'ai commencé, vraiment, je ne savais pas du tout coudre. Et je pense que c'est les Barbies qui m'ont amenée à aimer autant ça. Tous les Noëls, les anniversaires, j'ai récupéré toutes les Barbies de ma sœur et du coup j'avais une garde-robe de Barbie assez phénoménale. Et j'adorais les habiller, les changer de costume et je leur créais des vêtements et à un moment donné j'ai commencé aussi à me créer des vêtements. Je prenais un T-shirt que j'aimais bien, je le découpais pour voir comment c'était fait, comment c'était construit. J'avais un mannequin de ma grand-mère, j'épinglais dessus, j'essayais de le découper, je commençais à créer sans savoir ce que je faisais mais je pense que c'est ça qui m'a plu. permis après tu vois de comprendre beaucoup plus facilement la logique de la couture et quand tu sais pas forcément les choses et que tu cherches par toi même tu dois trouver des solutions des matières donc tu es beaucoup plus créative finalement on perçoit déjà un trait de personnalité chez toi des brouillardes mais d'oser chercher découper ouais ouais et je me rappelle aussi je m'étais cousu une robe entièrement à la main j'avais récupéré des galons de dentelle j'avais cousu tout autour de moi une robe tout en dentelle, avec une ceinture bleue en satin de soie. Je sais pas, j'avais peut-être 8 ans, un truc comme ça.

  • Speaker #0

    Moi, j'admire énormément parce que, en fait, on voit que la technicité, le fait que tu ne sais pas faire, ne t'effraie pas. Clairement, moi, avec la couture,

  • Speaker #1

    je suis là,

  • Speaker #0

    ok, ça a l'air tellement, incroyablement difficile et je sais pas par quel bout le prendre et c'est hyper beau de voir que, ok, j'ai envie de faire ça, je vais tester, je fonce, quoi, tu fonces.

  • Speaker #1

    Je suis bélier, je fonce un peu trop. Sans réfléchir.

  • Speaker #0

    Ça me fait penser au projet que tu m'as parlé tout à l'heure. On en parlera peut-être plus tard, mais tu as un très grand et beau projet qui t'attend. Et aussi, c'est impressionnant de voir cette capacité à foncer.

  • Speaker #1

    Si je dois continuer dans mon parcours de vie, parce qu'on a fait une petite dégression. À la base, je voulais travailler dans les jeux vidéo. Je voulais être caractère designer. Vraiment créer les...

  • Speaker #0

    Tu les signes beaucoup, tu adores les jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Je te dis... Je voulais faire l'école des gobelins, tu vois, qui est une grande école à Paris qui forme les dessinateurs, dessinatrices de jeux vidéo, de dessins animés. Je suis partie en BTS graphisme et le deuxième, troisième jour, je me suis rendue compte que c'était absolument pas ça que je voulais faire. J'ai quand même continué l'année parce qu'il y avait des cours qui étaient hyper intéressants. On faisait de la photo, on a appris tout ce qui était traitement de texte, mise en page. Donc ça, c'est des choses que de toute façon, j'utilise énormément dans tous mes métiers, qu'on utilise assez souvent. Donc c'était quand même très intéressant. Mais par contre, je me suis rendue compte vraiment que... C'était la création textile en fait et ça ne m'était pas venu à l'idée que je pouvais en faire un métier. Du coup tous les stages que j'ai fait, j'ai fait au théâtre, j'étais à Marseille donc j'ai fait à l'Opéra de Marseille, je l'ai fait aussi au théâtre Massalia. Donc je les ai fait dans des structures plus artistiques et culturelles et ma mère m'a inscrite pendant les vacances à un cours de couture en me disant Bon bah écoute, teste et puis on voit si vraiment c'est quelque chose qui t'intéresse ou pas

  • Speaker #0

    Et pourquoi tu es à Marseille à ce moment-là ? Parce que l'école de graphisme est à Marseille ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je viens du sud. Tu viens du sud ? Oui.

  • Speaker #0

    Je pensais que tu étais une vraie parigote.

  • Speaker #1

    Mon père, oui. D'accord. Mais on a déménagé dans le sud pour le travail de mon père quand j'avais 8 ans, quelque chose comme ça, je pense. Ok. Et du coup, j'ai fait des études entre... Ma mise à niveau, c'était à côté de Lyon, et après je suis descendue à Marseille. Et après, je suis remontée à Paris pour le reste de mes études. J'ai candidaté à une école de costume. À l'époque, c'était les DMA costumiers réalisateurs, donc diplôme des métiers d'art. Je suis partie, j'étais prise. Et puis là, ça a été vraiment la révélation. Bah oui, c'est ça en fait. Et c'est à partir de là où j'ai vraiment commencé à beaucoup, beaucoup travailler par moi-même. C'est-à-dire que je commençais à faire plein de créations à côté. J'avais une passion pour l'écorcer. C'était vraiment ça que je voulais apprendre.

  • Speaker #0

    Donc en plus de ce que tu fais à l'école.

  • Speaker #1

    Ouais. Je commençais à faire des créations. Et à l'époque, il y avait MySpace.

  • Speaker #0

    Tu avais un blog MySpace.

  • Speaker #1

    J'avais une page MySpace. Et je sais plus... Comment ça est arrivé ? J'ai mis des photos de corsets, de tenues que j'avais faits et en fait il y a un photographe ou une modèle qui m'a contactée en me disant je vais faire des photos Et c'est comme ça que j'ai commencé à me faire un petit peu un bouc en prêtant mes premières créations. J'ai commencé à poser aussi avec mes créas, c'est-à-dire que les photographes me disaient t'es mignonne, est-ce que tu veux poser ? Dans ma dernière année de diplôme de costume, tu dois réaliser un costume dans un milieu professionnel. Et du coup je me suis retrouvée à faire un costume pour une artiste burlesque pour un spectacle de Philippe de Coufflet.

  • Speaker #0

    Et tu te souviens du nom de l'artiste ?

  • Speaker #1

    C'était Blanche Alix.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'était vraiment une des premières artistes. Je me rappelle, elle travaillait aussi pas mal dans le milieu fétiche, elle avait créé les premières nuits démoniaires d'Angleterre. Et elle faisait de la vidéo, elle faisait de la performance, elle faisait vraiment pas que du burlesque. C'était vraiment un personnage incroyable. Et moi, je découvrais vraiment cet univers-là qui arrivait juste à Paris. En fait, c'était il y a quand même... Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'on est à quelle année là ?

  • Speaker #1

    C'était il y a 18 ans. Donc, c'était pour Philippe de Couffey qui est un grand chorégraphe français. Le contemporain aussi. Contemporain, oui. En fait, il vient du cirque et de la danse contemporaine. Il a vraiment justement ce côté très burlesque de chercher comment le corps bouge. et les corps en fait. Il adore mettre justement des corps différents, des personnes très grandes, des personnes fortes, des personnes petites. Il adore jouer justement avec, détourner le...

  • Speaker #0

    Et il est si très connu pour avoir créé la revue du CrediHorse.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Enfin plusieurs numéros du CrediHorse qui sont encore joués actuellement. Et d'ailleurs il y a tout un documentaire qui est superbe.

  • Speaker #1

    Ah je l'ai même pas vu.

  • Speaker #0

    On le voit travailler sur cette revue.

  • Speaker #1

    Je l'ai pas vu mais... C'était fou parce que genre peut-être un mois avant qu'on propose ce projet, j'avais fait un exposé sur son costumier Phil Giotel et après j'ai eu cette opportunité.

  • Speaker #0

    Mais non.

  • Speaker #1

    Ouais, et j'étais genre waouh. Je pense que des fois il n'y a pas trop de hasard dans la vie et que t'as quand même des opportunités qu'il faut savoir saisir.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Ouais, c'était fou. Et en plus à la base je ne devais pas faire ce projet-là. J'avais un projet pour un costume pour un opéra. J'avais une amie dans la classe qui elle faisait du film d'opéra qui avait ce projet avec deux couffées. Elle m'a dit ça te dit pas qu'on échange nos projets ? Bah oui. Ah putain.

  • Speaker #0

    Génial !

  • Speaker #1

    Je me suis retrouvée à faire un costume burlesque pour cette artiste. Elle faisait un numéro d'effeuillage, Petite Fleur. Et donc, j'avais fait un corset, elle avait un gant avec des pétales qu'elle effeuillait. Pour ce diplôme, j'avais tout un mémoire à faire. Et donc, c'est là où je me suis penchée sur l'histoire du burlesque. Et je suis tombée folle amoureuse de cet univers-là. Quand j'étais petite, tu vois, je bavais devant le Crazy Horse au jour de l'an. Sur France 3, t'avais toujours la retransmission des spectacles du Crazy Horse. Et après, t'avais les Texabri, les deux univers qui ont gréement d'avance entre eux. Tu vois, c'est les femmes qui étaient incroyablement magnifiques. Puis l'humour burlesque de Texabri, quoi. Pendant que je faisais ce costume, que je le voyais répété, que j'étudiais le burlesque, ça m'a pris au trip et j'ai dit, putain, mais...

  • Speaker #0

    Ça a été évident très vite.

  • Speaker #1

    Ça a été évident très vite que j'avais envie de faire ça. Et je parlais à une artiste circassienne, parce que du coup, le spectacle qu'il crée, il s'appelle Coeur croisé, mais il l'a joué pas très longtemps. Et je pense qu'il préparait aussi son arrivée au Crézeur justement avec ce spectacle. C'était un grand workshop où il y avait plein d'artistes, toutes sortes d'auditions géantes, où il y avait plein d'artistes qui se succédaient au tout début du workshop. Donc plein d'artistes différents, pas forcément de l'effet H. Burlesque. Il y avait un orchestre de ukulélé, il y avait deux personnes de petite. il y avait des circassiens, circassiennes, il y avait des danseurs, il y avait des humoristes, donc tu vois c'était vraiment tout un univers. En voyant tout ça vraiment ça m'a... Et donc je parlais à cet artiste et je lui disais mais j'ai tellement envie de faire ça, il me dit bah pourquoi tu tentes pas l'audition du coup puisque c'était aussi propice à tenter quelque chose et je lui disais mais je me sens. pas légitimes.

  • Speaker #0

    Tenter avec quoi ?

  • Speaker #1

    Ouais j'ai pas fait d'études en fait pour ça tu vois, dans un peu la manière dont j'avais été éduquée.

  • Speaker #0

    Dans l'académie.

  • Speaker #1

    Voilà, j'ai fait des études pour faire ça et du coup je dis genre mais je... Et elle m'a dit vraiment deux phrases qui m'ont fait un électrochoc dans ma vie et que j'essaie de me rappeler tout le temps quand je dois prendre une décision c'est bah écoute tente de toute façon t'as rien à perdre et si tu le fais pas tu le reviendras peut-être toute ta vie. Bah oui ! Si on le fait !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Et du coup,

  • Speaker #0

    le risque que tu prends, c'est juste d'être pas prise.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et effectivement, je risquais de le regretter toute ma vie, tu vois. C'est une occasion comme ça, quand je dis tout à l'heure, il faut savoir saisir les occasions. C'était maintenant, tu vois. Je me rappelle, je n'ai pas mangé pendant deux jours tellement j'avais le ventre serré. Genre, je le fais, je ne le fais pas. C'est quand même finalement un effeuillage. Moi, je viens d'une famille qui est très catho, très stricte. Du coup, le corps, la nudité, c'est très, très tabou. J'étais vraiment en dichotomie avec moi-même, tu vois. Il y avait un côté qui avait extrêmement envie d'y aller et l'autre côté qui était là, genre non, c'est pas bien. l'ange et le démon qui étaient là genre mais si vas-y tu vas trop t'éclater mais non c'est pas bien ils vont porter les gens en taquiner tu vois Et au bout de deux jours où vraiment j'avais le ventre serré, j'arrivais pas à manger, je vais voir mon maître de stage et je lui dis écoute, est-ce que tu crois que je peux proposer quelque chose ? Je pensais qu'il allait me dire non, c'est pas sérieux, t'as un projet. Et il m'a dit mais si, viens on va voir Philippe ! Et je suis là, maintenant ? C'était en fin de journée, donc on va voir Philippe, il était en train de faire ses notes. Philippe, il y a la petite Kiki, parce que c'est mon surnom, qui voudrait proposer un numéro. Et du coup Philippe il me regarde, il me fait, bah oui ! tout mignonne mais tu sais faire quelque chose du coup je fais de la danse depuis que j'ai 5 ans je fais des pointes et m'a dit bah écoute propose quelque chose demain quoi donc j'avais déjà pas mal de créa costumes finalement tu vas décorsé des robes des chutes donc j'ai bidouillé la bidouille tu vois un numéro pour le lendemain sur old jazz de chicago avec une chaise vraiment un numéro de défeuillage ultra basique classique Et donc, j'ai fait ce premier fayaz devant toute la troupe que je voyais répéter depuis des semaines, sur pointe. Et il m'a dit, bah c'est cool, on le garde.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Voilà la mâchoire de Camille qui se décroche.

  • Speaker #0

    Ah mais incroyable. Mais vraiment, moi j'étais tellement à fond avec toi, je voyais toute la scène, je te vois. Et en plus, raconte-nous ce numéro, la Holda Jazz. J'entends que tu as fait de la danse toute ta vie, mais de ces fayaz, alors la danse va vraiment... t'aider à maîtriser ton corps, à pouvoir jouer un petit peu avec ce corps. Pour voir les élèves dans mes cours, il y a quand même une tragédie souvent dans le classique, c'est que pour le coup, l'interprétation de personnages, il n'y a plus personne avant très tard, et d'ailleurs les danseuses étoiles en parlent souvent, elles doivent vraiment apprendre ça par elles-mêmes. Est-ce que c'est en train de changer peut-être à l'Opéra de Paris ? Mais bref, c'est quelque chose en fait qui faisait partie de toi, cette envie de dégager un truc sur scène et de jouer.

  • Speaker #1

    Ouais, je pense. Quand je rentre sur scène et qu'il y a la musique, il doit y avoir un mécanisme dans mon cerveau, dans mon corps, qui fait que j'ai une dissociation de moi-même. Et en fait, c'est vraiment les tripes qui s'expriment.

  • Speaker #0

    Tu es habitée par quelque chose qui a besoin de s'exprimer. Ouais, ouais, ouais. Tu rejoins cette... Troupe de cœur croisée.

  • Speaker #1

    Donc je rejoins cette troupe, on finit le workshop, on a une présentation devant des professionnels. Ils me rappellent trois mois après en me disant Est-ce que tu es dispo pour jouer cet été au Festival Paris Quartier d'été ? Je dis Bah oui ! Donc mon vrai premier gros spectacle, c'était avec Philippe Decoufflé dans la cour du Palais Royal.

  • Speaker #0

    Pardon ?

  • Speaker #1

    Ouais, avec une scène sous les fenêtres du ministère de la Culture, à côté des colonnes de Buren, et on avait une scène bifrontale. on avait des espèces de portiques, on avait un maître shibari, moi il m'attachait, pendant que les gens rentraient, on avait toute une scénographie avec la lumière, dès que les gens étaient installés, la lumière se baissait jusqu'à laisser que nous sur les portiques, et là on se suspendait avec une musique hyper dark, hyper sensuelle, c'était la première partie, et après on se rejoignait tous au centre de la scène, et je me rappelle on était tous de la plus petite au plus grand, on faisait comme ça une danse de bras, des mouvements de corps, on se suivait tous, donc c'était une espèce de vague de sensualité. comme ça et tout. Pour ce spectacle j'avais prêté aussi des costumes que j'avais fait, des corsets, des jupes, des choses comme ça donc...

  • Speaker #0

    Tu nous racontes quand même un conte des temps modernes. Merci beaucoup. Pour nous tous, quand le monde du cabaret, du burlesque, de la sensualité te fait rêver, franchement de commencer avec Philippe Découflet sur une scène magnifique,

  • Speaker #1

    waouh !

  • Speaker #0

    Quel début ou quoi ?

  • Speaker #1

    Je réalise pas plus que ça parce que ça s'est fait tellement... naturellement que je ne réalise pas la chance que j'ai eu de l'opportunité. Je pense que tu sais, il y a plein de gens qui te disent oui j'étais là au bon moment, je pense que j'étais là au bon moment.

  • Speaker #0

    Il y a aussi saisir la chance.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce qu'il aurait pu te laisser impressionner et ça aurait été aussi totalement normal dans le sens où tu débarques à peine, tu aurais pu te dire bah non je peux pas, j'ai pas les capacités.

  • Speaker #1

    Ouais ou j'ai peur.

  • Speaker #0

    On aurait été plus que compréhensif avec cette sensation. tu saisis ta chance tu dis j'essaie j'y vais malgré les nœuds dans mon estomac malgré le fait que j'ai pas fait ces études il y a peut-être une force extérieure qui m'a poussée

  • Speaker #1

    Il y a plein de moments, d'endroits où vraiment j'ose pas et j'ai toujours un peu cette réserve. Il faut pas oser, il faut rester à sa place. Je pense que je suis pas d'accord avec ça de base. Je pense que c'est ça aussi pour moi le burlesque. Parce qu'il y a pas longtemps, tu vois, on m'a demandé est-ce que pour toi c'est féministe de faire du burlesque ? Et je pense qu'à l'époque c'était pas du tout ça. C'était juste que j'avais envie, parce que j'en ressentais le besoin. Par un peu plus dans des combats un peu plus militants justement dans mes numéros, dans ma manière d'être actuelle. Je pense qu'effectivement, sans le savoir, c'était finalement un acte féministe dans le sens où... Je me réapproprie un espace d'expression.

  • Speaker #0

    De prendre la place.

  • Speaker #1

    Et après, je refais une date avec eux dans le cadre du festival Antipode à Brest, au Quartz. Grosse scène nationale. On refait le spectacle et ils m'avaient demandé est-ce que tu veux continuer ? Et en fait, j'avais été prise à l'époque dans une autre formation qui était pareil, un diplôme des métiers d'art, en broderie d'art.

  • Speaker #0

    Parce qu'en parallèle, tu continues donc ces études de costumière.

  • Speaker #1

    J'avais fini du coup mais j'ai été prise à cette formation qui est à l'école du Perret, en France à Paris c'est une grande école d'art. Et je voulais absolument faire cette formation en broderie d'art qui m'avait pareil subjuguée. Et pour moi c'était une évidence aussi qu'après le costume je complète avec cette capacité, ces compétences. Donc j'ai pas continué. J'ai appris plus tard, je m'en rappelais plus mais en fait Miss Botero m'a recommandé à Miss Anthropy. Donc elle m'a contactée en me disant voilà je monte un spectacle aux aides de Belleville et je cherche... Je me rappelle plus trop comment mais en tout cas je sais qu'elle m'a... démarcher trois fois alors que j'avais aucune vidéo, j'avais pas de matériel tu vois à montrer, j'avais juste fait ce spectacle avec Philippe. Elle a vraiment insisté et donc j'ai fait ok et donc c'est là où j'ai créé mes deux premiers numéros qui étaient la poupée et le numéro lumineux qui n'était pas lumineux à cette époque donc avec les éventails en tissu.

  • Speaker #0

    Et là on est en quelle année ?

  • Speaker #1

    2008-2009. Je sais pas exactement mais non ces eaux là. Donc elle avait réuni des super artistes assez pluridisciplinaires, il y avait une humoriste, Lila O, je crois que c'est ça, je me rappelle plus exactement qui était la MC. Il y avait du burlesque, il y avait une super chanteuse qui venait de Londres. Je crée ces deux numéros et la MC qui travaillait au Palais Mascotte me voit et me dit c'est super ce que tu fais, ce que ça te dit de partir en résidence au Palais Mascotte à Genève pendant un mois. Et j'ai fait bah ouais super, ça m'a fait mes armes tu vois. on avait trois shows par soir et on faisait cinq shows par semaine. Ça m'a permis de jouer devant absolument tous les types de publics possibles et inimaginables. On commençait je crois c'était à 21 heures au restaurant donc les gens qui sont là pour manger, qui sont pas forcément là pour te regarder. Après on descendait à l'étage du dessous c'était le bar donc pareil les gens potentiellement entrebourrés qui font pas forcément attention à toi et après on remontait à 2h du mat. Des fois il y avait trois personnes pareil des gens complètement bourrés ou alors qui s'attendaient à avoir du striptease enfin bref ça m'a bien rodé mais tu sais qu'on en parle encore aujourd'hui du palais mascotte ça a marqué beaucoup les jeunes voix je pense

  • Speaker #0

    que tout le monde y est allé une fois les gens en parlent avec beaucoup de plaisir c'était vraiment une chouette époque je pense que c'est là aussi que je me suis rendu compte je peux gagner ma vie avec ça en fait je peux en faire vraiment un métier

  • Speaker #1

    J'ai pu filmer mes numéros là-bas et quand je suis revenue à Paris, j'ai commencé à travailler avec Miss Glitter Pen Killer, avec Emma Montes. On n'était pas si nombreuses que ça. Je suis rentrée dans les anciennes du burlesque français.

  • Speaker #0

    Il me manque un élément, c'est le chant.

  • Speaker #1

    C'est assez récent le chant, c'était peut-être deux ans avant le Covid. J'avais envie de tester autre chose, trouver d'autres scènes, parce que je trouve qu'il n'y a pas assez de scènes où on peut s'exprimer avec l'effet H burlesque. Et j'avais envie, besoin d'exprimer autre chose, de créer plus facilement des personnages sans penser à il faut enlever tel vêtement, comment on les enlève. Si j'ai juste un personnage et que je ne m'effeuille pas, qu'est-ce que je peux faire ? J'ai joué du piano, oui, mais c'est difficile d'amener un piano. Le ukulélé, c'est quand même super, donc j'ai acheté un ukulélé. J'ai pris quelques cours. Mon prof, il m'a dit, tu sais toutes les bases, là après c'est du travail perso. Et je me suis dit, bon, quitte à faire du ukulélé, autant m'accompagner au chant. J'ai commencé avec du chant lyrique, je me suis dit un peu comme la danse classique, pourquoi pas commencer avec une base assez classique. J'ai eu deux autres profs en chant plus moderne et j'ai fait aussi une formation en comédie musicale en cours du soir. J'ai vu,

  • Speaker #0

    à l'AECOM.

  • Speaker #1

    Ouais, ou pareil, on faisait chant, théâtre, danse.

  • Speaker #0

    Tu as fait la formule 3 soirs, 3 heures par soir ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'était une matière par soir ?

  • Speaker #1

    Non, on avait deux matières par soir. J'ai commencé à faire mon premier numéro qui est... du coup on est numéro d'effeuillage. Bon, Yukulele,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que tu fais pour ne pas faire ton émeuillage ?

  • Speaker #1

    C'est vrai,

  • Speaker #0

    on fait trois ans de séparation.

  • Speaker #1

    Parce que je voulais quand même avoir une transition entre les Flash Burlesque et le cabaret et amener ça. Et puis, je ne sais pas, j'avais cette idée. Je cherchais des chansons Yukulele, je suis tombée sur celle de Laurel Hardy, Honolulu Baby. Ça faisait longtemps que je voulais faire un costume avec une face, un personnage, une autre face, ce personnage. ça se prêtait bien au jeu d'avoir ce petit marin et de l'autre côté cette petite haïtienne je ne t'ai pas vue sur ce numéro non je ne peux pas le faire souvent mais parce qu'il n'y a pas tant de scènes que ça qui t'autorisent à faire du chant finalement en effeuillage burlesque dans les spectacles j'ai ce petit numéro là Et après, j'ai eu la chance, j'ai saisi l'opportunité, mais je pense que là c'était quand même de la chance, c'est qu'il venait de rouvrir Madame Arthur. Charlie Vaudou m'a proposé dans les personnages pour venir chanter chez Madame Arthur. Ça m'a aussi permis vraiment beaucoup plus de travailler le chant et de commencer à avoir un petit répertoire et tout. Mais les premières fois où je chantais chez Madame Arthur, j'étais malade.

  • Speaker #0

    Ah mais le chant, c'est quelque chose.

  • Speaker #1

    Ouais. Beaucoup moins maintenant parce que vraiment cette année de travail chez Madame Arthur, ça m'a vraiment permis de... En fait, ce dont j'ai peur quand je chante, c'est absolument pas d'être fausse, je suis pas là pour être popstar, je suis là pour créer un personnage. Moi ce qui me fait le plus peur c'est d'oublier les paroles. J'ai vraiment un vrai problème de mémoire. C'est très très frustrant et c'est très très dur pour moi d'apprendre des chansons, il faut vraiment que je mette beaucoup de temps. de temps, je les écrive, il faut que je les répète constamment. Là, si je ne retravaille pas mon répertoire, j'oublie en fait. Et pour moi, c'est vraiment le truc. Les quelques fois où ça m'est arrivé, j'ai réussi à rebondir soit en le jouant, soit en faisant du yaourt ou quoi. Et au final, je me suis dit bon, finalement, j'arriverai toujours à m'en sortir.

  • Speaker #0

    Ce qui est le cas.

  • Speaker #1

    Ouais. Donc du coup, j'ai moins le track, mais j'ai quand même encore des fois des pourquoi je m'inflige ça.

  • Speaker #0

    Mais t'as peur de rien. Difficilement.

  • Speaker #1

    Si, mais...

  • Speaker #0

    Après moi j'admire, on en revient toujours sur ce point là mais vraiment je trouve ça admirable.

  • Speaker #1

    C'est mon troisième credo dans la vie, après tu vas peut-être le regretter ou t'as rien à perdre, c'est une phrase de Mark Twain qui dit ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait Et à un moment donné aussi j'ai lu un livre de développement personnel où il parlait de la peur et ça m'a aussi beaucoup marqué où il disait en fait la plupart du temps on n'ose pas faire les choses parce qu'on a peur. C'est à partir du moment où on analyse de quoi on a peur. on se rend compte que finalement toutes nos peurs sont assez irrationnelles. Voilà, j'ai peur d'oublier mes paroles, décortiquer un peu quelles sont les solutions que je peux avoir dans ces situations-là. Et bien on se rend compte qu'il y a toujours des solutions et que tout peut toujours s'en sortir. Donc ça permet un peu de prendre du recul et de déstresser, de se dire bon ben finalement il n'y a rien de grave qui peut m'arriver, donc allons-y, j'ai rien à perdre.

  • Speaker #0

    Clairement. Écoute, j'ai envie qu'on revienne sur le costume. Parce que c'est encore aujourd'hui tes deux métiers, costumière et artiste burlesque. J'ai vu ton superbe workshop et j'espère qu'on aura l'occasion de le reproposer en Suisse bientôt, où tu nous parles de l'histoire du costume burlesque, mais en fait l'histoire du costume aussi de manière plus générale. Du coup, ça nous donne aussi des clés en tant qu'artistes pour nos propres créations. Donc, je voulais savoir un petit peu quels étaient... tes inspirations pour les costumes de Kiki, parce que je sais que tu travailles aussi sur des projets pour des troupes et j'ai envie de savoir l'inspiration pour tes personnages.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a une évolution vraiment au tout début de ma carrière et à maintenant. Je prenais les inspirations qui étaient naturelles. Par exemple, le premier costume que j'ai fait, donc la poupée mécanique, c'est inspiré du ballet Coppélia parce que c'est l'éducation classique que j'ai eue. J'ai vu plein de ballets classiques. Et Coppelia, le pantin inanimé, c'est un personnage quelque chose qui revient assez souvent. J'avais un autre numéro aussi de pantin. Je ne sais pas pourquoi j'ai cette fascination sur la poupée.

  • Speaker #0

    Peut-être Barbie ?

  • Speaker #1

    Peut-être Barbie du coup, effectivement. Ce qui m'intéressait, c'était justement que cette poupée, où on croit qu'elle est inactive, inoffensive, où tu peux faire ce que tu veux avec, finalement elle se réveille. Et non, tu ne peux pas faire ce que tu veux. La musique, c'est la musique du ballet de Coppelia, où tu as les automates qui se réveillent et tout. Et après, c'est une musique de Marilyn Monroe. Parce que tu avais aussi tout l'univers de la femme enfant, la femme un peu bête, tu vois, qu'on essaie de mettre en avant avec Marilyn, que tu peux justement manipuler toute cette réflexion à partir de ça, qui sont vraiment des influences directes de ma vie.

  • Speaker #0

    Ah oui, il y a une réflexion entre le paraître et puis l'être.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Toi, tu as souffert de quoi ? Peut-être une image qu'on te colle et en fait, tu dis mais je ne suis pas comme ça ? Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Oui, oui. De toute façon, c'est exactement dans ma vie, tu as ça. Tu as vraiment Kiki et Jackie, tu vois. Et Jackie, c'est vraiment mon nom civil, tu vois, avec mon histoire civile de mon éducation très patriarcale. Et je n'ai jamais été en accord avec ça. Et je pense que vraiment, Kiki, c'est mon passe-droit, mon sauf conduit sur... Mais non, je n'ai pas envie, je ne comprends pas ce monde. Et le deuxième numéro, donc le numéro des éventails, je commençais déjà à l'époque à réfléchir, ok, dans les codes du burlesque, tu as les éventails, qu'est-ce que je peux faire pour que ce soit différent de ce qui existe déjà ? En faisant mes recherches, je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas beaucoup d'éventails tissus. J'avais vu une référence, je crois que c'est Lily Saint-Cyr, où tu as une photo où elle a un énorme éventail, tu sais, mais vraiment très très grand, comme les éventails chinois ou japonais, en papier, tu vois, et je me suis dit, ah, ce serait intéressant d'en faire un en tissu. et je voulais reprendre aussi l'imaginaire de la boîte à musique, de la ballerine sur la boîte à musique. Et au tout début, quand j'ai créé ce numéro-là, j'étais vraiment sur une petite scène qui tournait. Au tout début, vraiment les premiers numéros que j'ai créés, c'était par rapport à toute la culture que j'ai eue. Et après, je me suis rendue compte que finalement, tu pouvais créer avec tout et n'importe quoi, et que je n'avais pas envie de m'interdire ou de me restreindre à ce que je connaissais. Et donc la plupart des numéros, c'est... peu du hasard ou juste une idée ou une musique donc c'est vraiment très varié par exemple je suis souvent la crevette parce qu'il est assez drôle et que le processus créatif est assez clair donc c'est facile à visualiser pour mon numéro de crevettes et une amie avait un peu trop bu un soir et mdi il faut que tu fasses un numéro sur

  • Speaker #0

    le coup c'était drôle et je me suis dit ok challenge accepté comment je vais rendre comment je vais remettre la moindre drôle qu'est ce que je fais avec ça C'est la même idée que parfois dans la contrainte, c'est là où on est le plus créatif.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. J'ai commencé Pinterest, mon ami, comme je le dis souvent sur mon workshop costume, Pinterest est votre meilleur ami, à chercher des photos de crevettes. J'analyse la carapace, sa texture, ça m'amène à réfléchir sur des idées de matière, de couleurs. Il y a la grande queue. Tout de suite, ça m'a fait penser à la collection de Thierry Meugler sur les insectes, avec ses femmes insectes. ultra sexy et je me suis dit mais ouais je vais faire un hommage à Thierry Mugler avec une femme crustacée ultra sexy corsetée il y avait toute cette idée de carapace qui faisait écho aussi du coup aux insectes donc je suis partie là dessus au niveau du design du costume et après en recherchant les crevettes tout de suite je suis arrivée sur les poissons combattants les petits planctons les animaux des abysses quoi avec les poissons combattants je me disais ça serait super à un moment donné d'avoir des espèces de nageoires comme ça qui volent et tout comme si la crevette se transformer, se déployer dans l'eau et ça serait super aussi d'avoir comme dans les abysses l'idée de lumière, de réflexion et bah ouais je vais partir sur un numéro en UV avec le rose fluo et d'avoir ces nageoires, ces voiles qui sortent de la crevette à un moment donné donc c'est comme ça que je suis arrivée à quand la crevette se décortique de toute sa carapace, dessous tu avais la combinaison de la crevette tigrée et j'ai des fermetures éclairs dans lesquelles je sors ces voiles qui sont dans la combi et qui sont en fluo et je passe en lumière fluo et là tu as toute une danse de voile Est-ce que tu dirais que si tu ne disais pas à un spectateur que c'est un humour sur une crevette,

  • Speaker #0

    il saurait ? Oui,

  • Speaker #1

    tout de suite tu le vois, j'ai les petites antennes j'ai la queue de crevette et puis dans la présentation aussi je demande de dire Elle peut être rose, elle peut être grise, vous les met en cocktail. Et ce qu'on préfère chez elle, c'est sa grande queue. Et ce soir, elle se décortique pour vous. Tu arrives sur un truc où les gens sont assez amusés et après...

  • Speaker #0

    En plus, on aurait pu aussi imaginer quelque chose où ça aurait été plus imagé. Et puis, tu aurais gardé dans l'idée de la crevette vraiment la couleur, l'essence de pas mal de choses. Là, tu es allée jusqu'au bout.

  • Speaker #1

    Mais il est quand même hyper chic et esthétique. Tu as juste des petits éléments. La queue, j'ai fait comme une crinoline. Donc, c'est que des cerceaux comme ça. Là, tu as juste le bout. J'ai quand même essayé de garder un côté assez esthétique. Sur beaucoup de mes derniers numéros, c'était vraiment juste une envie de soit reprendre les codes du burlesque et les détourner ou quand on a une nouveauté. Et là, sur mes derniers numéros, je pars plus sur faire des fémages à des artistes femmes. Donc ça fait très très très très longtemps que je voulais faire un numéro sur Loï Fuleur et donc là j'ai enfin créé le numéro. Et là, un de mes nouveaux numéros que je vais sortir cette année qui s'appelle Déshabillez-moi où en fait c'est une robe en crochet que les gens vont pouvoir décrocheter pour me déshabiller. Et je vais être sur une petite scène tournante. Un groupe de musique namoro me recompose la musique Déshabillez-moi dans une ambiance je trouve très futuriste. Et donc là, j'ai créé un personnage un peu de science-fiction. Je le vois un peu comme Barbie qui rencontre Blade Runner. Je vais être en mode pareil, robot pantin, tu vois, qui fait écho à deux autrices pionnières qui ont écrit des livres de science-fiction. t'as Marie Shelley avec Frankenstein et t'as Margaret, je me rappelle plus son nom, mais qui est au 18e siècle, qui a écrit aussi un livre de science fiction qui s'appelle The Blazing World sur une femme qui se fait enlever et qui devient l'impératrice d'une autre planète. C'est plein de discussions sur le genre, la place de la femme déjà au 18e siècle.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'inspiration pour ce numéro.

  • Speaker #1

    Oui et du coup, j'ai voulu créer l'impératrice d'une nouvelle planète.

  • Speaker #0

    J'adore !

  • Speaker #1

    Et puis j'aimais bien aussi cette ambiance un peu... de mannequin, vitrine, comme ça, où tu peux...

  • Speaker #0

    On connaît vraiment une patte.

  • Speaker #1

    Tu peux déshabiller aussi et tout, et au final, qui se révèle et qui se réveille, et qui reprend aux sessions de son corps et de...

  • Speaker #0

    Et de sa planète.

  • Speaker #1

    Et de sa planète. Et de la scène, pour s'exprimer comme elle le veut.

  • Speaker #0

    Et là, c'est pour quand, cette première ?

  • Speaker #1

    Je devais le sortir là, et puis j'ai eu une commande costume qui m'a un peu bloquée, mais normalement, dans deux mois.

  • Speaker #0

    Tu te sens prête là ? Non,

  • Speaker #1

    on est encore en train de finir le costume. J'ai cette robe qui se décrochette. J'ai fait plein d'essais déjà. Il va falloir que je la recrochette à chaque fois. Au début, j'ai essayé avec un fil. C'était trop fin, ça me prenait trop de temps à crocheter. Ça prenait trop de temps à décrocheter. Donc j'ai créé un fil plus gros. Mais pareil, c'était encore trop long de le faire en entier. Donc là, au final, je fais une partie de la robe qui est déjà crochetée, qui va rester comme ça. Et donc j'ai juste des liens qui vont venir désagréger la robe. C'était la solution que j'ai trouvée pour que ce ne soit pas trop long à faire à chaque fois, et que ce ne soit pas trop long aussi à décrocher. Et dessous, j'ai toute une combinaison en sequin rose, avec des lanières en cuir rose aussi, Blade Runner Barbie. Et dessous, on est en train de mettre en point, avec une de mes stagiaires qui fait ça pour son diplôme, toute une combinaison avec que des découpes de couleur chair, qui rappelle justement l'idée de Frankenstein. J'aimais bien cette idée de finir nue mais pas nue, sur scène avec les lumières, que tu aies plein de découpes, avec des tissus nude ou transparents et que du coup tu as des morceaux de porc de porc de peau, de corps. C'est un switch entre peau et corps. Qui se révèle, tu vois, un peu partout. J'ai acheté les pétiches du ballet de choses, quoi. Les pointes avec...

  • Speaker #0

    Ah oui, avec le talon, vertigineux, de 18 cm. Un truc comme ça. Où t'as le pied dans la position presque pointe.

  • Speaker #1

    Bah si,

  • Speaker #0

    complètement. Après,

  • Speaker #1

    je sais pas si j'arriverai à danser avec, mais en tout cas, je peux tenir debout, je pense, sur la première partie où t'as cette silhouette qui va apparaître comme ça.

  • Speaker #0

    Tu es dans un cycle là, puisque ta stagiaire est en train de faire pour ses diplômes un costume. Est-ce qu'elle va passer elle aussi du côté obscur de la force ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas.

  • Speaker #0

    On fait un art comme la danse aussi, mais je veux dire, on se montre nue. Est-ce que tu as appris à aimer ton corps ? Est-ce que tu étais déjà bien avec lui quand tu as commencé ? Parce que c'est vrai que tu oses dans ce rôle d'adjacent, c'était feuillage. Parce que tu avais... dès le départ, un rapport assez ok avec ton corps ? Est-ce que ça a évolué ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai quand même beaucoup évolué sur la représentation de mon rapport au corps. Quand j'ai commencé le burlesque, comme je le disais, je viens d'une famille quand même assez strict-cato, où le rapport au corps a toujours été très tabou. Le rapport à la sexualité aussi, c'est-à-dire qu'un corps nu, souvent c'est associé à la sexualité, et donc c'est pas bien, c'est sale, c'est... tu vois, t'as... truc très patriarcal,

  • Speaker #0

    il faut se cacher quoi.

  • Speaker #1

    Ouais il faut se cacher, si tu montres un sein, tout de suite t'es une tentatrice et en même temps moi j'ai toujours trouvé le corps de la femme absolument magnifique. Dans l'art, dans les musées, t'as 80% des tableaux c'est des femmes nues quoi donc on a un peu cette hypocrisie de dire tu peux pas allaiter un enfant en public, montrer ton sein en public et en même temps t'as des femmes partout dans la mode, dans la pub pour vendre, mais par contre si tu fais de l'art il faut le faire d'une manière... très esthétique, très jolie, il ne faut pas que ce soit trop sexuel, érotique, sinon tu passes dans le côté obscur où là c'est pas bien tu vois. J'ai toujours été attirée par ça, tu vois quand je voyais les danseuses au Crazy Horse, juste je voyais des corps en mouvement, en danse avec des lumières et je trouvais ça juste beau.

  • Speaker #0

    Alors moi je trouve quand même très sensuel, érotique, vraiment quand je vois le crazy, je rentre, j'ai envie de faire l'amour. Ouais c'est vrai. Ah oui moi ça me... Ah oui vraiment ça me... Pour moi c'est une sensualité, une... Super ! Ça m'émoustille vraiment. C'est vrai ? Ouais, j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Ouais, ça ne m'émoustille pas plus que ça. Je trouve ça juste très beau, sensuel. Aussi,

  • Speaker #0

    aussi, complètement. Le Crazy, c'est pour moi le spectacle le plus sexy, sensuel au monde, avec un chic, une proposition artistique sur ses cordus qui est juste incroyable. Mais oui, je comprends aussi ce rapport de... Alors moi c'est l'inverse, j'ai été éduquée d'un corps, c'est un corps, c'est beau et puis il n'y a rien de mauvais. Mais toi tu as fait cette éducation par l'art.

  • Speaker #1

    Oui, et puis je ne comprenais pas aussi pourquoi en fait. Plus jeune, je ne comprenais pas pourquoi il y avait cette injonction à ne pas montrer, à faire attention, à ce que tout soit un peu tabou.

  • Speaker #0

    Tu as une forte personnalité, un peu rebelle.

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est chouette, ça a été l'occident.

  • Speaker #1

    Ma force,

  • Speaker #0

    justement. Surtout, heureusement, quand on a une éducation un peu chape de plomb, comme on peut ressentir, en plus la société, mais aussi ce côté, comme tu dis, un peu catholique, etc. Après,

  • Speaker #1

    je suis la petite dernière. J'ai 6 et 8 ans d'écart avec mon farmaceur. Donc peut-être qu'eux, ils sont passés avant. Ils ont préparé un peu le terrain à ce que ce soit un petit peu plus simple pour moi. Les mentalités aussi ont évolué. Mais j'ai quand même eu beaucoup de chance. Ma mère m'a toujours soutenue dans les choix que je faisais. J'ai eu la chance d'y mettre financièrement pour mes études. Même si au début, ça leur faisait peur que j'aille dans un milieu artistique. Quand j'ai fait le spectacle avec deux boufflés, je l'ai dit à ma mère. Mon père, il n'est pas venu. Je pense que c'était trop pour lui de potentiellement voir sa fille dénudée. Tu vois, il n'a pas pu. Alors qu'il était venu, il était très heureux pour moi. Mais il ne voulait pas venir au show. Ma mère, elle m'a dit, tu n'as pas le corps pour. c'est dur ouais c'est dur donc je viens de là waouh quand t'es danseuse c'est un corps svelte j'imagine toutes ces femmes qui vont nous écouter et qui peut-être n'osent pas qu'elles se disent bah en fait non Kiki elle avait confiance en elle et son corps non j'ai toujours des complexes je pense qu'on a toujours des complexes parce que c'est quand même pas facile de se détacher d'une injonction quand on est enfant on te montre des pubs des stars hollywoodiennes des danseuses qui ont corps, un schéma et qu'on te dit c'est à ça qu'il faut que tu ressembles pour être bien dans la société, c'est quand même très dur de se déconstruire de ça. Ça m'a apporté tellement de joie d'être sur scène, de pouvoir m'exprimer, de faire ce que je veux et d'être mise en lumière, d'être magnifiée dans un groupe que en fait à un moment donné juste j'en ai plus rien à faire du jugement des autres. On ne met pas assez en avant d'autres corps, d'autres morphologies, où on ne dit pas que tous les corps sont acceptés et pas que ce type-là. De plus en plus, oui, je m'en fous en fait. J'ai juste envie de créer des personnages, faire rêver les gens, de créer autre chose qui se détache aussi peut-être de... On se met nu sur scène. Je pense que le burlesque, ce n'est pas ça, tu vois. Ce n'est pas un effeuillage.

  • Speaker #0

    C'est presque anecdotique parfois, le fait qu'on est nu dans les numéros que tu proposes. où on est dans une proposition artistique presque cérémoniale, un voyage dans cet effeuillage. On oublie presque le propos, le but. Moi je trouve que c'est totalement aussi magnifique. Il y a plein d'autres numéros où c'est une vraie proposition de sensualité, de sexualité, de je vais te faire ressentir un truc, je vais te faire avoir des papilles. Voilà c'est toutes ces propositions là qui coexistent dans le burlesque. Je ressens une pression sur mon physique dans tout ce qui est corps. tous les mandats qu'on a dans des milieux moins culturels bon moi je fais du hula hoop c'est encore je pense un peu différent parce qu'on a les stéréotypes de la gymnastique du cirque comment est-ce que tu jongles toi avec cette injonction quand même qu'on voit le burlesque ça reste quand même pour les milieux corporate une vision assez américaine avantise honnêtement c'est vraiment contraignant en fait parce que tu dis pfff

  • Speaker #1

    On ne va pas réussir à évoluer. Ça serait bien de sortir un peu de ces stéréotypes. Je pense qu'il y a une responsabilité des productrices de proposer d'autres choses et de dire que ça va être bien aussi. Encore une fois, le but, ce n'est pas de dire qu'il faut arrêter complètement d'avoir des corps stéréotypés. C'est juste qu'il faut amener un peu plus d'inclusivité, de diversité pour qu'il y ait des modèles. En plus, on le voit maintenant. dans la mode où toutes les marques maintenant mettent des mannequins grande taille, des mannequins de couleur, amènent beaucoup plus de diversité, surtout. Et donc, sur des événements corporés, tu vois, il faut...

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'avant tout, avant tout, on fait du divertissement. L'idée d'un spectacle, d'un numéro, c'est d'emmener les gens dans quelque chose d'extraordinaire et de résumer ça qu'un type de corps, c'est trop dommage.

  • Speaker #1

    C'est très très frustrant de se dire bon bah en fait on ne pourra pas travailler dans ce type de milieu alors qu'on est doué parce qu'on ne correspond pas à un critère aussi. Je trouve ça assez violent.

  • Speaker #0

    Clairement je suis tout à fait d'accord et je ne sais pas si à un moment donné tu as failli basculer, mais il y a un moment où tu te dis ok est-ce que je fais super attention à ce que je mange et du sport à outrance, c'est une possibilité, est-ce que j'essaye de fitter ? Est-ce qu'à un moment donné, tu t'es posé la question ?

  • Speaker #1

    Je le fais quand même, de toute façon. Je le fais déjà pour une raison, c'est que je ne suis plus toute jeune et que si j'ai envie de continuer la scène, je suis obligée d'entretenir mon corps parce que c'est quand même aussi mon objet de travail, tu vois.

  • Speaker #0

    Plus dans une optique aussi d'entretenir le corps. Je veux qu'il reste fort, je veux qu'il reste capable. Je veux rester maître aussi. Moi, c'est ce que j'adore dans la danse et dans le sport. C'est que tu sens que tu maîtrises jusqu'au bout des doigts un peu ce corps et que tu es vraiment en connexion.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est les périodes où j'avais pas forcément de travail, j'étais pas forcément bookée. Du coup tu te dis, ah peut-être que si j'étais plus mince, j'aurais plus de booking ou quoi. Au final je me suis rendu compte que comme j'avais deux métiers, j'avais pas le temps de me consacrer entièrement à Kiki et du coup de faire du démarchage. Donc j'ai pris un peu de recul là-dessus. Quand tu traînes trop sur les réseaux sociaux, ça te bouffe le cerveau quoi. vraiment tu te compares trop c'est pas bon quoi c'est à dire qu'on a besoin des réseaux sociaux pour pour se faire connaître pour faire sa promo mais en même temps enfin pour moi déjà c'est trop chronophage dire que j'arrive j'arrive pas à gérer c'est vrai c'est trop chronophage et en même temps tu as besoin aussi pour te si tu as envie de d'être dans la communauté. Moi, je sais que je me sens un peu en dehors de la communauté, pas parce que je le fais exprès, mais c'est juste que j'arrive pas à suivre en fait. Je peux pas passer une heure par jour à voir ce que font les autres et tout. Et puis ça me fait trop du mal aussi. Parce que justement, comme j'ai pas le temps de me consacrer entièrement, tu vois, à mon personnage, en fait, je me sens pas bien après. Je me dis merde, je fais pas assez. Enfin, tu vois, je trouve ça très très très violent quoi. Donc je trouve qu'il faut faire attention à ça et Il faut savoir prendre du recul, mais ce n'est pas facile quand tu as tout autour de toi qui te fait pointer du doigt ce que tu ne fais pas, ce que tu devrais faire, ce que tu devrais être. C'est très difficile.

  • Speaker #0

    Écoute, on arrive gentiment à la fin de ce podcast. Je ne sais pas si tu avais envie de parler d'autre chose.

  • Speaker #1

    Ça dépend. Si tu as envie que je parle de mon nouveau projet, du château et tout, que j'ai envie de faire connaître. Carrément. Le projet.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    oui. Et comme je te disais, c'est un peu l'aboutissement aussi de, je pense, tout ce que j'ai fait jusqu'à présent dans ma vie. Pendant le confinement, j'ai créé un collectif militant qui s'appelait Balai Masque, où on dénonçait l'exploitation des couturières à qui on demandait de faire des masques bénévolement. Je ne sais pas si en Suisse vous avez eu ce même problème, mais en tout cas en France c'est parti vraiment. N'importe comment, les communes, les entreprises faisaient des appels massifs à bénévoles pour venir coudre des masques, des blouses pour les hôpitaux. C'est devenu une industrie à côté de travail gratuit, en fait, et qui incombait aux femmes parce qu'on considérait que la couture, c'est un travail féminin. Donc ça m'a fait prendre conscience que je n'étais pas respectée dans mon travail de costumière, comme dans le travail du burlesque aussi. Je trouve qu'on n'est pas... bien respectée quand on demande à être bien payée ou quoi tu vois je pense qu'il y a beaucoup de dans la tête des producteurs qui restent quand même assez souvent des hommes, on reste des femmes qui se foutent à poil tu vas donc je trouve qu'il y a un manque de considération aussi ça rejoignait un peu ça tu vois de la valeur du travail, la valeur du travail féminin et et les arts autant le burlesque que le costume et donc là je travaille sur un gros projet de vie qui est de créer un centre culturel et artistique dédié à l'héritage des femmes. Donc le but c'est d'acheter un château pour en faire lieu de matrimoine écoféministe et réfléchir aussi dans la création, dans l'art, comment tu produis, comment tu consommes, comment tu vis. Et donc c'est pour ça que par exemple tous les nouveaux numéros que j'ai envie de créer maintenant, c'est vraiment en fait mage, je peux le dire.

  • Speaker #0

    Tu peux récouter qui ?

  • Speaker #1

    Femmage, c'est le pendant de hommage, en fait. Donc un hommage aux hommes, un femmage aux femmes. C'est pas moi qui l'ai inventé. Non,

  • Speaker #0

    mais je me dis que...

  • Speaker #1

    Je trouve ça très fort, en fait. Le pouvoir des mots, souvent, on l'oublie, mais c'est très, très important de reprendre en compte ça et de justement retrouver ce matrimoine. Et pour moi, le burlesque, vraiment, ça fait partie du matrimoine des femmes. C'est-à-dire que... C'est avec ça qu'on pouvait quand même, à l'époque les femmes pouvaient gagner leur vie, être indépendantes. Ça restait le petit espace aussi de création qu'on a pu reprendre aussi nous. Donc voilà, je pense que le fait de vouloir mettre en avant justement autant l'artisanat que l'art, ça reprend tout ce que j'ai fait jusqu'à présent. Et ce combat militant qui était un peu sous-jacent, tu vois, finalement, dans mon parcours, mais que je ne voyais pas forcément et qui, là, pendant le Covid, ça m'a vraiment explosé un peu à la figure, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est génial et j'espère qu'on aura quand même pas mal d'auditeurs et d'auditrices. Est-ce qu'on profiterait un peu, parce que je sais que tu cherches... Du coup, des personnes qui ont envie de te rejoindre dans ce projet. Peut-être qu'il y a des gens qui vont nous écouter, qui vont nous connaître. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Donc, n'hésitez pas à écrire à nous.

  • Speaker #1

    Le projet va s'appeler le Château Béguine, figure-toi. C'est génial. Parce que les Béguines, c'était la première communauté féministe qui existait au Moyen-Âge.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça un béguin ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que, donc, elle portait un béguin. Donc c'était une petite coiffe, comme c'était avoir quelqu'un dans la tête, en fait, tu vois, de fil en aiguille sur l'exploitation du mot béguin, on en arrivait à cette expression d'avoir un crush sur quelqu'un.

  • Speaker #0

    Tu as déjà un château en tête ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, mais il y en a plein, en fait, je ziote depuis deux ans des offres de ventes aux enchères de l'État, parce que l'État a énormément de châteaux, et il y en a plein qui l'avaient récupéré. pour faire des colonies de vacances, des centres médicaux. Donc c'est des lieux qui ont déjà été réaménagés et qui ont déjà par exemple des dortoirs, des salles aménagées pour accueillir du public. Et comme c'est un projet qui est très politique, j'ai besoin, je vais avoir besoin d'être soutenue par une commune, tu vois, sur ce projet.

  • Speaker #0

    Donc appel aux communes qui seraient... J'aimerais ce projet qui...

  • Speaker #1

    On va trouver, je ne me fais pas de...

  • Speaker #0

    Je ne fais pas de soucis non plus, mais c'est peut-être une écoute. Je suis sûre que c'est un magnifique projet et je pense qu'il va certainement parler à plein de gens. Et voilà, là, tu es dans une phase où, bon, ce n'est pas pour demain, mais c'est pour quoi ? Tu l'imagines dans...

  • Speaker #1

    Assez rapidement quand même. Assez prochaines années quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    assez rapidement, dans peut-être un ou deux ans quand même.

  • Speaker #0

    C'est génial. Je te souhaite beaucoup, beaucoup de succès, d'énergie parce que... C'est un énorme projet, mais qui va être aussi merveilleux qu'il est grand.

  • Speaker #1

    Et on fera des gros festivals burlesques au château.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Avec des workshops, des séminaires.

  • Speaker #0

    Et donc, on va terminer sur la question signature du podcast. Si Kiki pouvait dire quelque chose à Jackie, qu'est-ce qu'elle lui dirait ?

  • Speaker #1

    Sur la scène, vraiment, j'ai peur de rien. Et ce serait bien d'avoir ce même état d'esprit dans la vraie vie, encore plus que ce que j'ai là, tu vois.

  • Speaker #0

    Et justement, est-ce que Kiki t'a déjà un peu insufflé ça au fur et à mesure des années ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, beaucoup. Et en même temps, la question, c'est est-ce que c'est pas aussi reposant, à un moment donné, d'avoir... une personnalité qui est beaucoup plus renfermée, beaucoup plus calme, tu vois. Il y a plein de moments où, quand je suis Jackie, où j'aimerais bien ne pas avoir cette peur d'aller voir les gens, de leur parler, tu vois, ou d'être hyper, un peu exubérante, donc c'est ça que j'aurais envie de dire, genre, soit comme Kiki, tu vois, et en même temps, est-ce que, ouais, ça serait pas trop fatigant d'être tout le temps trop dans... J'ai peur de rien, tu vois. Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Eh bien, écoute, génial. Merci beaucoup pour ce partage. Tu nous as raconté ton parcours passionnant.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Et merci à tous ceux qui nous ont écoutés jusqu'au bout. On vous retrouve bientôt dans un prochain épisode de Sous les Stress.

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Description

De la couture au burlesque, l’audace comme fil rouge


Dans cet épisode, découvrez le parcours fascinant de Kiki Béguin, effeuilleuse burlesque, costumière et véritable épistémophile. Kiki nous emmène à travers son univers mêlant créativité, audace et revendication.


De ses débuts dans la danse classique et le cosplay à sa première scène avec le célèbre chorégraphe Philippe Decouflé, elle nous raconte comment elle a su saisir les opportunités malgré les doutes et les injonctions. Elle revient sur son amour pour la couture, son rapport au corps, et ses inspirations pour ses costumes et numéros, oscillant entre esthétique rétro et féminisme contemporain.


Kiki partage également son projet ambitieux, le Château Béguin, un futur lieu dédié à l’art, au matrimoine et à l’écoféminisme.


💬 "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait." Mark Twain


Préparez-vous à plonger dans un épisode inspirant et émouvant, où la créativité se mêle à la quête de liberté et d'expression artistique.


🎧 Bonne écoute !
👉 Retrouvez Kiki sur Instagram : @kikibeguin


Photographie de Olivier Charlet


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les strass. Aujourd'hui, je vous propose de vous plonger dans l'univers très éclectique de l'effeuilleuse burlesque et costumière Kiki Béguin. De son éducation classique mais aussi artistique, à sa première scène avec le célèbre chorégraphe Philippe Découfflé, il a notamment créé la revue Désir du Crazy Horse, Kiki nous emmène dans son parcours artistique mêlé d'audace. de curiosité et d'émancipation. J'ai été particulièrement inspirée par sa capacité à saisir les opportunités et à oser se lancer malgré les doutes et la peur. Bienvenue dans Sous les strass, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du cabaret et du burlesque. Aujourd'hui j'ai la chance de rencontrer Kiki Béguin, artiste burlesque mais aussi costumière. Tu es un peu touchée à tous les arts de la scène. Est-ce que tu peux nous résumer ton parcours artistique ?

  • Speaker #1

    Je devais faire un CV une fois pour me présenter et j'ai trouvé un mot qui me correspond bien. Épistémophile, c'est pour les personnes qui aiment apprendre en fait. J'ai eu la chance d'avoir une mère qui m'a beaucoup poussée au niveau artistique, même si je pense qu'elle ne voulait pas forcément que je finisse en 5FS Burlesque. Mais en tout cas, j'ai eu la chance d'avoir vraiment une bonne éducation artistique où je faisais de la danse classique. J'ai fait du piano aussi pendant plus de 10 ans. Et la danse classique, depuis que j'ai 5 ans, j'ai arrêté il y a quelques années pour faire de la contorsion. J'ai fait des stages de danse latine, j'ai fait des stages de danse africaine, j'ai fait un peu de contemporain, j'ai fait un peu de hip-hop aussi. J'aime bien apprendre, tester plein de choses. Au collège, j'avais le choix entre trois possibilités, soit aller dans une filière générale et passer un bac littéraire, soit faire une école de danse, soit faire le conservatoire de piano. Et du coup mes parents qui sont assez vieille école m'ont dit non tu passes ton bac d'abord et après tu choisis. Après je suis partie dans une filière art appliqué. J'ai fait une mise à niveau en art appliqué. Ce qu'il faut savoir aussi c'est que je suis une personne geek, j'adore les jeux vidéo.

  • Speaker #0

    Ah génial !

  • Speaker #1

    C'est maladif quoi, c'est une addiction, c'est à dire que chez moi j'ai pas de télé, j'ai pas de console sinon je ferais que ça. J'adore jouer tous les jeux, tu peux mettre n'importe quel jeu. Genre sur mon téléphone j'ai enlevé tous les jeux par exemple. Et du coup je faisais du cosplay, j'ai commencé la création de costumes avec le cosplay. Mais tu fais encore du cosplay ? Non, j'arrête. Je fais des costumes pour gagner ma vie du coup.

  • Speaker #0

    Ça me prend déjà beaucoup de temps.

  • Speaker #1

    Déjà beaucoup de temps. Mais pour ceux qui ne connaissent pas le cosplay, ça veut dire costume player. Et en fait, ce sont des personnes qui se costument en personnages de manga, jeux vidéo. A l'époque, ce n'était pas forcément connu. Mais maintenant, il y a plein de conventions où on peut voir plein de personnes en costume, de super-héros, de jeux vidéo. J'adore quoi. J'ai commencé au lycée et j'en ai fait jusqu'à que je commence mes études de costumes.

  • Speaker #0

    Et tu te souviens de ton costume préféré ?

  • Speaker #1

    J'ai gagné le Japan Expo une fois. Ah oui ? Ouais, une grosse convention.

  • Speaker #0

    Avec quel personnage ?

  • Speaker #1

    Moi ce qui m'éclatait c'était vraiment de faire des costumes de monstres, des gros costumes, c'est vraiment l'aspect technique qui m'intéressait. C'est le challenge. C'est pour ça que j'adore les jeux et que j'adore les concours aussi.

  • Speaker #0

    T'es compétitrice comme ça ? T'es mauvaise joueuse du coup ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. T'es pas mauvaise joueuse ? J'ai aucun souci à perdre. Par contre, je peux jouer jusqu'à ce que je gagne.

  • Speaker #0

    Tu as envie de gagner.

  • Speaker #1

    Oui, et je ne suis pas du tout dans l'optique de gagner sur quelqu'un. C'est-à-dire que je le fais vraiment pour moi, pour me prouver quelque chose à moi-même, mais absolument pas pour me dire que je suis meilleure que quelqu'un ou quoi.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment le défi d'être bon et de réussir.

  • Speaker #1

    De créer quelque chose avec un thème, avec un contexte. Moi, ça me pousse à faire des choses. Le cosplay, c'était ça. C'était juste se dire, ouais, à un moment donné, il y a un espace où il faut se challenger. Les jeux, c'est pareil, en fait. Il faut se challenger, il faut être sur plein de jeux. C'est de la technique, c'est de la tactique et tout. Donc ça te permet de repousser tes limites, en fait. Et puis aussi, l'aspect ludique. Ça fait trois ans que j'ai commencé Zelda. Et que le seul moment où je peux jouer, c'est quand je retourne chez mes parents. Et c'est mon kiff ultime de passer une semaine à jouer à Zelda. Et de me balader dans un monde avec des créatures, d'être un super-héros. Quand j'étais petite, par exemple, ce que j'adorais en lecture, c'était les livres dont vous êtes le héros.

  • Speaker #0

    Tu peux m'expliquer ? Parce que moi,

  • Speaker #1

    je n'ai jamais lu un livre génial dont tu l'es repris.

  • Speaker #0

    Héros, pardon.

  • Speaker #1

    C'est vraiment comme les jeux de rôle, en fait. C'est-à-dire que tu commences ton livre, tu choisis quel personnage tu es. Donc, tu peux être selon les collections et les livres. Mais tu peux être, par exemple, un mage, une magicienne, un ou une chevaleresse. Tu commences l'histoire. Voilà, vous êtes dans le village de tatata. Vous apprenez une légende, il y a le mal qui arrive. Du coup, vous décidez de partir en quête pour sauver le monde. Et du coup, tu as dans ton sac, donc tu as une petite feuille où tu marques, tu vois, les accessoires, les objets que tu as. Et qu'au fur et à mesure de la quête, tu vas récupérer ou perdre. Tu as aussi des points de vie, tu vois, parce que quand tu rencontres des personnes et que tu te bats, tu tires au dé pour savoir. Enfin, tu vois. Ah,

  • Speaker #0

    j'ai mis !

  • Speaker #1

    C'est un vrai jeu de rôle. Et donc, tu arrives à la fin de la première page. Ils te disent, voilà, vous sortez du village, vous pouvez aller à gauche, tout droit ou à droite. Donc tu choisis. Si tu vas à gauche, tu te rends à la page temps et tu as un numéro et tu continues l'histoire comme ça.

  • Speaker #0

    Comme les jeux de rôle et comme les jeux aussi vidéo. Oui. Ça doit avoir un nom d'ailleurs ce type de jeu.

  • Speaker #1

    C'est les RPG.

  • Speaker #0

    Voilà les RPG. Trop bien, trop bien. Et donc ce costume de monstre avec lequel tu gagnes la Japan Rose, c'est quel monstre ?

  • Speaker #1

    Une créature en vinyle, c'était un académique ultra moulant, noir et rose. Il y avait deux grandes paires d'ailes qui partaient des chevilles et du dos. Mais ce n'est pas des ailes en plumes, c'est des ailes en vinyle aussi qui étaient déjà sculptées. Et il y avait une grande cagoule avec deux grandes cornes qui partaient en pointe, il avait des yeux partout. Et je ne savais pas du tout faire de costume à cette époque. Donc c'était vraiment de la bidouille. À l'époque, il n'y avait pas Internet, il n'y avait pas le tuto. Donc c'était un vrai challenge.

  • Speaker #0

    Tu as une photo de ce...

  • Speaker #1

    Mais je crois que j'ai des photos. Mais j'ai plein de photos de mes cosplays. Je pourrais te les...

  • Speaker #0

    Oui, alors j'adorerais avoir cette photo en tout cas pour qu'on partage avec nos auditeurs. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. Mais tous mes cosplays, je les adore. Quand j'ai commencé, vraiment, je ne savais pas du tout coudre. Et je pense que c'est les Barbies qui m'ont amenée à aimer autant ça. Tous les Noëls, les anniversaires, j'ai récupéré toutes les Barbies de ma sœur et du coup j'avais une garde-robe de Barbie assez phénoménale. Et j'adorais les habiller, les changer de costume et je leur créais des vêtements et à un moment donné j'ai commencé aussi à me créer des vêtements. Je prenais un T-shirt que j'aimais bien, je le découpais pour voir comment c'était fait, comment c'était construit. J'avais un mannequin de ma grand-mère, j'épinglais dessus, j'essayais de le découper, je commençais à créer sans savoir ce que je faisais mais je pense que c'est ça qui m'a plu. permis après tu vois de comprendre beaucoup plus facilement la logique de la couture et quand tu sais pas forcément les choses et que tu cherches par toi même tu dois trouver des solutions des matières donc tu es beaucoup plus créative finalement on perçoit déjà un trait de personnalité chez toi des brouillardes mais d'oser chercher découper ouais ouais et je me rappelle aussi je m'étais cousu une robe entièrement à la main j'avais récupéré des galons de dentelle j'avais cousu tout autour de moi une robe tout en dentelle, avec une ceinture bleue en satin de soie. Je sais pas, j'avais peut-être 8 ans, un truc comme ça.

  • Speaker #0

    Moi, j'admire énormément parce que, en fait, on voit que la technicité, le fait que tu ne sais pas faire, ne t'effraie pas. Clairement, moi, avec la couture,

  • Speaker #1

    je suis là,

  • Speaker #0

    ok, ça a l'air tellement, incroyablement difficile et je sais pas par quel bout le prendre et c'est hyper beau de voir que, ok, j'ai envie de faire ça, je vais tester, je fonce, quoi, tu fonces.

  • Speaker #1

    Je suis bélier, je fonce un peu trop. Sans réfléchir.

  • Speaker #0

    Ça me fait penser au projet que tu m'as parlé tout à l'heure. On en parlera peut-être plus tard, mais tu as un très grand et beau projet qui t'attend. Et aussi, c'est impressionnant de voir cette capacité à foncer.

  • Speaker #1

    Si je dois continuer dans mon parcours de vie, parce qu'on a fait une petite dégression. À la base, je voulais travailler dans les jeux vidéo. Je voulais être caractère designer. Vraiment créer les...

  • Speaker #0

    Tu les signes beaucoup, tu adores les jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Je te dis... Je voulais faire l'école des gobelins, tu vois, qui est une grande école à Paris qui forme les dessinateurs, dessinatrices de jeux vidéo, de dessins animés. Je suis partie en BTS graphisme et le deuxième, troisième jour, je me suis rendue compte que c'était absolument pas ça que je voulais faire. J'ai quand même continué l'année parce qu'il y avait des cours qui étaient hyper intéressants. On faisait de la photo, on a appris tout ce qui était traitement de texte, mise en page. Donc ça, c'est des choses que de toute façon, j'utilise énormément dans tous mes métiers, qu'on utilise assez souvent. Donc c'était quand même très intéressant. Mais par contre, je me suis rendue compte vraiment que... C'était la création textile en fait et ça ne m'était pas venu à l'idée que je pouvais en faire un métier. Du coup tous les stages que j'ai fait, j'ai fait au théâtre, j'étais à Marseille donc j'ai fait à l'Opéra de Marseille, je l'ai fait aussi au théâtre Massalia. Donc je les ai fait dans des structures plus artistiques et culturelles et ma mère m'a inscrite pendant les vacances à un cours de couture en me disant Bon bah écoute, teste et puis on voit si vraiment c'est quelque chose qui t'intéresse ou pas

  • Speaker #0

    Et pourquoi tu es à Marseille à ce moment-là ? Parce que l'école de graphisme est à Marseille ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je viens du sud. Tu viens du sud ? Oui.

  • Speaker #0

    Je pensais que tu étais une vraie parigote.

  • Speaker #1

    Mon père, oui. D'accord. Mais on a déménagé dans le sud pour le travail de mon père quand j'avais 8 ans, quelque chose comme ça, je pense. Ok. Et du coup, j'ai fait des études entre... Ma mise à niveau, c'était à côté de Lyon, et après je suis descendue à Marseille. Et après, je suis remontée à Paris pour le reste de mes études. J'ai candidaté à une école de costume. À l'époque, c'était les DMA costumiers réalisateurs, donc diplôme des métiers d'art. Je suis partie, j'étais prise. Et puis là, ça a été vraiment la révélation. Bah oui, c'est ça en fait. Et c'est à partir de là où j'ai vraiment commencé à beaucoup, beaucoup travailler par moi-même. C'est-à-dire que je commençais à faire plein de créations à côté. J'avais une passion pour l'écorcer. C'était vraiment ça que je voulais apprendre.

  • Speaker #0

    Donc en plus de ce que tu fais à l'école.

  • Speaker #1

    Ouais. Je commençais à faire des créations. Et à l'époque, il y avait MySpace.

  • Speaker #0

    Tu avais un blog MySpace.

  • Speaker #1

    J'avais une page MySpace. Et je sais plus... Comment ça est arrivé ? J'ai mis des photos de corsets, de tenues que j'avais faits et en fait il y a un photographe ou une modèle qui m'a contactée en me disant je vais faire des photos Et c'est comme ça que j'ai commencé à me faire un petit peu un bouc en prêtant mes premières créations. J'ai commencé à poser aussi avec mes créas, c'est-à-dire que les photographes me disaient t'es mignonne, est-ce que tu veux poser ? Dans ma dernière année de diplôme de costume, tu dois réaliser un costume dans un milieu professionnel. Et du coup je me suis retrouvée à faire un costume pour une artiste burlesque pour un spectacle de Philippe de Coufflet.

  • Speaker #0

    Et tu te souviens du nom de l'artiste ?

  • Speaker #1

    C'était Blanche Alix.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'était vraiment une des premières artistes. Je me rappelle, elle travaillait aussi pas mal dans le milieu fétiche, elle avait créé les premières nuits démoniaires d'Angleterre. Et elle faisait de la vidéo, elle faisait de la performance, elle faisait vraiment pas que du burlesque. C'était vraiment un personnage incroyable. Et moi, je découvrais vraiment cet univers-là qui arrivait juste à Paris. En fait, c'était il y a quand même... Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'on est à quelle année là ?

  • Speaker #1

    C'était il y a 18 ans. Donc, c'était pour Philippe de Couffey qui est un grand chorégraphe français. Le contemporain aussi. Contemporain, oui. En fait, il vient du cirque et de la danse contemporaine. Il a vraiment justement ce côté très burlesque de chercher comment le corps bouge. et les corps en fait. Il adore mettre justement des corps différents, des personnes très grandes, des personnes fortes, des personnes petites. Il adore jouer justement avec, détourner le...

  • Speaker #0

    Et il est si très connu pour avoir créé la revue du CrediHorse.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Enfin plusieurs numéros du CrediHorse qui sont encore joués actuellement. Et d'ailleurs il y a tout un documentaire qui est superbe.

  • Speaker #1

    Ah je l'ai même pas vu.

  • Speaker #0

    On le voit travailler sur cette revue.

  • Speaker #1

    Je l'ai pas vu mais... C'était fou parce que genre peut-être un mois avant qu'on propose ce projet, j'avais fait un exposé sur son costumier Phil Giotel et après j'ai eu cette opportunité.

  • Speaker #0

    Mais non.

  • Speaker #1

    Ouais, et j'étais genre waouh. Je pense que des fois il n'y a pas trop de hasard dans la vie et que t'as quand même des opportunités qu'il faut savoir saisir.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Ouais, c'était fou. Et en plus à la base je ne devais pas faire ce projet-là. J'avais un projet pour un costume pour un opéra. J'avais une amie dans la classe qui elle faisait du film d'opéra qui avait ce projet avec deux couffées. Elle m'a dit ça te dit pas qu'on échange nos projets ? Bah oui. Ah putain.

  • Speaker #0

    Génial !

  • Speaker #1

    Je me suis retrouvée à faire un costume burlesque pour cette artiste. Elle faisait un numéro d'effeuillage, Petite Fleur. Et donc, j'avais fait un corset, elle avait un gant avec des pétales qu'elle effeuillait. Pour ce diplôme, j'avais tout un mémoire à faire. Et donc, c'est là où je me suis penchée sur l'histoire du burlesque. Et je suis tombée folle amoureuse de cet univers-là. Quand j'étais petite, tu vois, je bavais devant le Crazy Horse au jour de l'an. Sur France 3, t'avais toujours la retransmission des spectacles du Crazy Horse. Et après, t'avais les Texabri, les deux univers qui ont gréement d'avance entre eux. Tu vois, c'est les femmes qui étaient incroyablement magnifiques. Puis l'humour burlesque de Texabri, quoi. Pendant que je faisais ce costume, que je le voyais répété, que j'étudiais le burlesque, ça m'a pris au trip et j'ai dit, putain, mais...

  • Speaker #0

    Ça a été évident très vite.

  • Speaker #1

    Ça a été évident très vite que j'avais envie de faire ça. Et je parlais à une artiste circassienne, parce que du coup, le spectacle qu'il crée, il s'appelle Coeur croisé, mais il l'a joué pas très longtemps. Et je pense qu'il préparait aussi son arrivée au Crézeur justement avec ce spectacle. C'était un grand workshop où il y avait plein d'artistes, toutes sortes d'auditions géantes, où il y avait plein d'artistes qui se succédaient au tout début du workshop. Donc plein d'artistes différents, pas forcément de l'effet H. Burlesque. Il y avait un orchestre de ukulélé, il y avait deux personnes de petite. il y avait des circassiens, circassiennes, il y avait des danseurs, il y avait des humoristes, donc tu vois c'était vraiment tout un univers. En voyant tout ça vraiment ça m'a... Et donc je parlais à cet artiste et je lui disais mais j'ai tellement envie de faire ça, il me dit bah pourquoi tu tentes pas l'audition du coup puisque c'était aussi propice à tenter quelque chose et je lui disais mais je me sens. pas légitimes.

  • Speaker #0

    Tenter avec quoi ?

  • Speaker #1

    Ouais j'ai pas fait d'études en fait pour ça tu vois, dans un peu la manière dont j'avais été éduquée.

  • Speaker #0

    Dans l'académie.

  • Speaker #1

    Voilà, j'ai fait des études pour faire ça et du coup je dis genre mais je... Et elle m'a dit vraiment deux phrases qui m'ont fait un électrochoc dans ma vie et que j'essaie de me rappeler tout le temps quand je dois prendre une décision c'est bah écoute tente de toute façon t'as rien à perdre et si tu le fais pas tu le reviendras peut-être toute ta vie. Bah oui ! Si on le fait !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Et du coup,

  • Speaker #0

    le risque que tu prends, c'est juste d'être pas prise.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et effectivement, je risquais de le regretter toute ma vie, tu vois. C'est une occasion comme ça, quand je dis tout à l'heure, il faut savoir saisir les occasions. C'était maintenant, tu vois. Je me rappelle, je n'ai pas mangé pendant deux jours tellement j'avais le ventre serré. Genre, je le fais, je ne le fais pas. C'est quand même finalement un effeuillage. Moi, je viens d'une famille qui est très catho, très stricte. Du coup, le corps, la nudité, c'est très, très tabou. J'étais vraiment en dichotomie avec moi-même, tu vois. Il y avait un côté qui avait extrêmement envie d'y aller et l'autre côté qui était là, genre non, c'est pas bien. l'ange et le démon qui étaient là genre mais si vas-y tu vas trop t'éclater mais non c'est pas bien ils vont porter les gens en taquiner tu vois Et au bout de deux jours où vraiment j'avais le ventre serré, j'arrivais pas à manger, je vais voir mon maître de stage et je lui dis écoute, est-ce que tu crois que je peux proposer quelque chose ? Je pensais qu'il allait me dire non, c'est pas sérieux, t'as un projet. Et il m'a dit mais si, viens on va voir Philippe ! Et je suis là, maintenant ? C'était en fin de journée, donc on va voir Philippe, il était en train de faire ses notes. Philippe, il y a la petite Kiki, parce que c'est mon surnom, qui voudrait proposer un numéro. Et du coup Philippe il me regarde, il me fait, bah oui ! tout mignonne mais tu sais faire quelque chose du coup je fais de la danse depuis que j'ai 5 ans je fais des pointes et m'a dit bah écoute propose quelque chose demain quoi donc j'avais déjà pas mal de créa costumes finalement tu vas décorsé des robes des chutes donc j'ai bidouillé la bidouille tu vois un numéro pour le lendemain sur old jazz de chicago avec une chaise vraiment un numéro de défeuillage ultra basique classique Et donc, j'ai fait ce premier fayaz devant toute la troupe que je voyais répéter depuis des semaines, sur pointe. Et il m'a dit, bah c'est cool, on le garde.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Voilà la mâchoire de Camille qui se décroche.

  • Speaker #0

    Ah mais incroyable. Mais vraiment, moi j'étais tellement à fond avec toi, je voyais toute la scène, je te vois. Et en plus, raconte-nous ce numéro, la Holda Jazz. J'entends que tu as fait de la danse toute ta vie, mais de ces fayaz, alors la danse va vraiment... t'aider à maîtriser ton corps, à pouvoir jouer un petit peu avec ce corps. Pour voir les élèves dans mes cours, il y a quand même une tragédie souvent dans le classique, c'est que pour le coup, l'interprétation de personnages, il n'y a plus personne avant très tard, et d'ailleurs les danseuses étoiles en parlent souvent, elles doivent vraiment apprendre ça par elles-mêmes. Est-ce que c'est en train de changer peut-être à l'Opéra de Paris ? Mais bref, c'est quelque chose en fait qui faisait partie de toi, cette envie de dégager un truc sur scène et de jouer.

  • Speaker #1

    Ouais, je pense. Quand je rentre sur scène et qu'il y a la musique, il doit y avoir un mécanisme dans mon cerveau, dans mon corps, qui fait que j'ai une dissociation de moi-même. Et en fait, c'est vraiment les tripes qui s'expriment.

  • Speaker #0

    Tu es habitée par quelque chose qui a besoin de s'exprimer. Ouais, ouais, ouais. Tu rejoins cette... Troupe de cœur croisée.

  • Speaker #1

    Donc je rejoins cette troupe, on finit le workshop, on a une présentation devant des professionnels. Ils me rappellent trois mois après en me disant Est-ce que tu es dispo pour jouer cet été au Festival Paris Quartier d'été ? Je dis Bah oui ! Donc mon vrai premier gros spectacle, c'était avec Philippe Decoufflé dans la cour du Palais Royal.

  • Speaker #0

    Pardon ?

  • Speaker #1

    Ouais, avec une scène sous les fenêtres du ministère de la Culture, à côté des colonnes de Buren, et on avait une scène bifrontale. on avait des espèces de portiques, on avait un maître shibari, moi il m'attachait, pendant que les gens rentraient, on avait toute une scénographie avec la lumière, dès que les gens étaient installés, la lumière se baissait jusqu'à laisser que nous sur les portiques, et là on se suspendait avec une musique hyper dark, hyper sensuelle, c'était la première partie, et après on se rejoignait tous au centre de la scène, et je me rappelle on était tous de la plus petite au plus grand, on faisait comme ça une danse de bras, des mouvements de corps, on se suivait tous, donc c'était une espèce de vague de sensualité. comme ça et tout. Pour ce spectacle j'avais prêté aussi des costumes que j'avais fait, des corsets, des jupes, des choses comme ça donc...

  • Speaker #0

    Tu nous racontes quand même un conte des temps modernes. Merci beaucoup. Pour nous tous, quand le monde du cabaret, du burlesque, de la sensualité te fait rêver, franchement de commencer avec Philippe Découflet sur une scène magnifique,

  • Speaker #1

    waouh !

  • Speaker #0

    Quel début ou quoi ?

  • Speaker #1

    Je réalise pas plus que ça parce que ça s'est fait tellement... naturellement que je ne réalise pas la chance que j'ai eu de l'opportunité. Je pense que tu sais, il y a plein de gens qui te disent oui j'étais là au bon moment, je pense que j'étais là au bon moment.

  • Speaker #0

    Il y a aussi saisir la chance.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce qu'il aurait pu te laisser impressionner et ça aurait été aussi totalement normal dans le sens où tu débarques à peine, tu aurais pu te dire bah non je peux pas, j'ai pas les capacités.

  • Speaker #1

    Ouais ou j'ai peur.

  • Speaker #0

    On aurait été plus que compréhensif avec cette sensation. tu saisis ta chance tu dis j'essaie j'y vais malgré les nœuds dans mon estomac malgré le fait que j'ai pas fait ces études il y a peut-être une force extérieure qui m'a poussée

  • Speaker #1

    Il y a plein de moments, d'endroits où vraiment j'ose pas et j'ai toujours un peu cette réserve. Il faut pas oser, il faut rester à sa place. Je pense que je suis pas d'accord avec ça de base. Je pense que c'est ça aussi pour moi le burlesque. Parce qu'il y a pas longtemps, tu vois, on m'a demandé est-ce que pour toi c'est féministe de faire du burlesque ? Et je pense qu'à l'époque c'était pas du tout ça. C'était juste que j'avais envie, parce que j'en ressentais le besoin. Par un peu plus dans des combats un peu plus militants justement dans mes numéros, dans ma manière d'être actuelle. Je pense qu'effectivement, sans le savoir, c'était finalement un acte féministe dans le sens où... Je me réapproprie un espace d'expression.

  • Speaker #0

    De prendre la place.

  • Speaker #1

    Et après, je refais une date avec eux dans le cadre du festival Antipode à Brest, au Quartz. Grosse scène nationale. On refait le spectacle et ils m'avaient demandé est-ce que tu veux continuer ? Et en fait, j'avais été prise à l'époque dans une autre formation qui était pareil, un diplôme des métiers d'art, en broderie d'art.

  • Speaker #0

    Parce qu'en parallèle, tu continues donc ces études de costumière.

  • Speaker #1

    J'avais fini du coup mais j'ai été prise à cette formation qui est à l'école du Perret, en France à Paris c'est une grande école d'art. Et je voulais absolument faire cette formation en broderie d'art qui m'avait pareil subjuguée. Et pour moi c'était une évidence aussi qu'après le costume je complète avec cette capacité, ces compétences. Donc j'ai pas continué. J'ai appris plus tard, je m'en rappelais plus mais en fait Miss Botero m'a recommandé à Miss Anthropy. Donc elle m'a contactée en me disant voilà je monte un spectacle aux aides de Belleville et je cherche... Je me rappelle plus trop comment mais en tout cas je sais qu'elle m'a... démarcher trois fois alors que j'avais aucune vidéo, j'avais pas de matériel tu vois à montrer, j'avais juste fait ce spectacle avec Philippe. Elle a vraiment insisté et donc j'ai fait ok et donc c'est là où j'ai créé mes deux premiers numéros qui étaient la poupée et le numéro lumineux qui n'était pas lumineux à cette époque donc avec les éventails en tissu.

  • Speaker #0

    Et là on est en quelle année ?

  • Speaker #1

    2008-2009. Je sais pas exactement mais non ces eaux là. Donc elle avait réuni des super artistes assez pluridisciplinaires, il y avait une humoriste, Lila O, je crois que c'est ça, je me rappelle plus exactement qui était la MC. Il y avait du burlesque, il y avait une super chanteuse qui venait de Londres. Je crée ces deux numéros et la MC qui travaillait au Palais Mascotte me voit et me dit c'est super ce que tu fais, ce que ça te dit de partir en résidence au Palais Mascotte à Genève pendant un mois. Et j'ai fait bah ouais super, ça m'a fait mes armes tu vois. on avait trois shows par soir et on faisait cinq shows par semaine. Ça m'a permis de jouer devant absolument tous les types de publics possibles et inimaginables. On commençait je crois c'était à 21 heures au restaurant donc les gens qui sont là pour manger, qui sont pas forcément là pour te regarder. Après on descendait à l'étage du dessous c'était le bar donc pareil les gens potentiellement entrebourrés qui font pas forcément attention à toi et après on remontait à 2h du mat. Des fois il y avait trois personnes pareil des gens complètement bourrés ou alors qui s'attendaient à avoir du striptease enfin bref ça m'a bien rodé mais tu sais qu'on en parle encore aujourd'hui du palais mascotte ça a marqué beaucoup les jeunes voix je pense

  • Speaker #0

    que tout le monde y est allé une fois les gens en parlent avec beaucoup de plaisir c'était vraiment une chouette époque je pense que c'est là aussi que je me suis rendu compte je peux gagner ma vie avec ça en fait je peux en faire vraiment un métier

  • Speaker #1

    J'ai pu filmer mes numéros là-bas et quand je suis revenue à Paris, j'ai commencé à travailler avec Miss Glitter Pen Killer, avec Emma Montes. On n'était pas si nombreuses que ça. Je suis rentrée dans les anciennes du burlesque français.

  • Speaker #0

    Il me manque un élément, c'est le chant.

  • Speaker #1

    C'est assez récent le chant, c'était peut-être deux ans avant le Covid. J'avais envie de tester autre chose, trouver d'autres scènes, parce que je trouve qu'il n'y a pas assez de scènes où on peut s'exprimer avec l'effet H burlesque. Et j'avais envie, besoin d'exprimer autre chose, de créer plus facilement des personnages sans penser à il faut enlever tel vêtement, comment on les enlève. Si j'ai juste un personnage et que je ne m'effeuille pas, qu'est-ce que je peux faire ? J'ai joué du piano, oui, mais c'est difficile d'amener un piano. Le ukulélé, c'est quand même super, donc j'ai acheté un ukulélé. J'ai pris quelques cours. Mon prof, il m'a dit, tu sais toutes les bases, là après c'est du travail perso. Et je me suis dit, bon, quitte à faire du ukulélé, autant m'accompagner au chant. J'ai commencé avec du chant lyrique, je me suis dit un peu comme la danse classique, pourquoi pas commencer avec une base assez classique. J'ai eu deux autres profs en chant plus moderne et j'ai fait aussi une formation en comédie musicale en cours du soir. J'ai vu,

  • Speaker #0

    à l'AECOM.

  • Speaker #1

    Ouais, ou pareil, on faisait chant, théâtre, danse.

  • Speaker #0

    Tu as fait la formule 3 soirs, 3 heures par soir ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'était une matière par soir ?

  • Speaker #1

    Non, on avait deux matières par soir. J'ai commencé à faire mon premier numéro qui est... du coup on est numéro d'effeuillage. Bon, Yukulele,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que tu fais pour ne pas faire ton émeuillage ?

  • Speaker #1

    C'est vrai,

  • Speaker #0

    on fait trois ans de séparation.

  • Speaker #1

    Parce que je voulais quand même avoir une transition entre les Flash Burlesque et le cabaret et amener ça. Et puis, je ne sais pas, j'avais cette idée. Je cherchais des chansons Yukulele, je suis tombée sur celle de Laurel Hardy, Honolulu Baby. Ça faisait longtemps que je voulais faire un costume avec une face, un personnage, une autre face, ce personnage. ça se prêtait bien au jeu d'avoir ce petit marin et de l'autre côté cette petite haïtienne je ne t'ai pas vue sur ce numéro non je ne peux pas le faire souvent mais parce qu'il n'y a pas tant de scènes que ça qui t'autorisent à faire du chant finalement en effeuillage burlesque dans les spectacles j'ai ce petit numéro là Et après, j'ai eu la chance, j'ai saisi l'opportunité, mais je pense que là c'était quand même de la chance, c'est qu'il venait de rouvrir Madame Arthur. Charlie Vaudou m'a proposé dans les personnages pour venir chanter chez Madame Arthur. Ça m'a aussi permis vraiment beaucoup plus de travailler le chant et de commencer à avoir un petit répertoire et tout. Mais les premières fois où je chantais chez Madame Arthur, j'étais malade.

  • Speaker #0

    Ah mais le chant, c'est quelque chose.

  • Speaker #1

    Ouais. Beaucoup moins maintenant parce que vraiment cette année de travail chez Madame Arthur, ça m'a vraiment permis de... En fait, ce dont j'ai peur quand je chante, c'est absolument pas d'être fausse, je suis pas là pour être popstar, je suis là pour créer un personnage. Moi ce qui me fait le plus peur c'est d'oublier les paroles. J'ai vraiment un vrai problème de mémoire. C'est très très frustrant et c'est très très dur pour moi d'apprendre des chansons, il faut vraiment que je mette beaucoup de temps. de temps, je les écrive, il faut que je les répète constamment. Là, si je ne retravaille pas mon répertoire, j'oublie en fait. Et pour moi, c'est vraiment le truc. Les quelques fois où ça m'est arrivé, j'ai réussi à rebondir soit en le jouant, soit en faisant du yaourt ou quoi. Et au final, je me suis dit bon, finalement, j'arriverai toujours à m'en sortir.

  • Speaker #0

    Ce qui est le cas.

  • Speaker #1

    Ouais. Donc du coup, j'ai moins le track, mais j'ai quand même encore des fois des pourquoi je m'inflige ça.

  • Speaker #0

    Mais t'as peur de rien. Difficilement.

  • Speaker #1

    Si, mais...

  • Speaker #0

    Après moi j'admire, on en revient toujours sur ce point là mais vraiment je trouve ça admirable.

  • Speaker #1

    C'est mon troisième credo dans la vie, après tu vas peut-être le regretter ou t'as rien à perdre, c'est une phrase de Mark Twain qui dit ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait Et à un moment donné aussi j'ai lu un livre de développement personnel où il parlait de la peur et ça m'a aussi beaucoup marqué où il disait en fait la plupart du temps on n'ose pas faire les choses parce qu'on a peur. C'est à partir du moment où on analyse de quoi on a peur. on se rend compte que finalement toutes nos peurs sont assez irrationnelles. Voilà, j'ai peur d'oublier mes paroles, décortiquer un peu quelles sont les solutions que je peux avoir dans ces situations-là. Et bien on se rend compte qu'il y a toujours des solutions et que tout peut toujours s'en sortir. Donc ça permet un peu de prendre du recul et de déstresser, de se dire bon ben finalement il n'y a rien de grave qui peut m'arriver, donc allons-y, j'ai rien à perdre.

  • Speaker #0

    Clairement. Écoute, j'ai envie qu'on revienne sur le costume. Parce que c'est encore aujourd'hui tes deux métiers, costumière et artiste burlesque. J'ai vu ton superbe workshop et j'espère qu'on aura l'occasion de le reproposer en Suisse bientôt, où tu nous parles de l'histoire du costume burlesque, mais en fait l'histoire du costume aussi de manière plus générale. Du coup, ça nous donne aussi des clés en tant qu'artistes pour nos propres créations. Donc, je voulais savoir un petit peu quels étaient... tes inspirations pour les costumes de Kiki, parce que je sais que tu travailles aussi sur des projets pour des troupes et j'ai envie de savoir l'inspiration pour tes personnages.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a une évolution vraiment au tout début de ma carrière et à maintenant. Je prenais les inspirations qui étaient naturelles. Par exemple, le premier costume que j'ai fait, donc la poupée mécanique, c'est inspiré du ballet Coppélia parce que c'est l'éducation classique que j'ai eue. J'ai vu plein de ballets classiques. Et Coppelia, le pantin inanimé, c'est un personnage quelque chose qui revient assez souvent. J'avais un autre numéro aussi de pantin. Je ne sais pas pourquoi j'ai cette fascination sur la poupée.

  • Speaker #0

    Peut-être Barbie ?

  • Speaker #1

    Peut-être Barbie du coup, effectivement. Ce qui m'intéressait, c'était justement que cette poupée, où on croit qu'elle est inactive, inoffensive, où tu peux faire ce que tu veux avec, finalement elle se réveille. Et non, tu ne peux pas faire ce que tu veux. La musique, c'est la musique du ballet de Coppelia, où tu as les automates qui se réveillent et tout. Et après, c'est une musique de Marilyn Monroe. Parce que tu avais aussi tout l'univers de la femme enfant, la femme un peu bête, tu vois, qu'on essaie de mettre en avant avec Marilyn, que tu peux justement manipuler toute cette réflexion à partir de ça, qui sont vraiment des influences directes de ma vie.

  • Speaker #0

    Ah oui, il y a une réflexion entre le paraître et puis l'être.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Toi, tu as souffert de quoi ? Peut-être une image qu'on te colle et en fait, tu dis mais je ne suis pas comme ça ? Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Oui, oui. De toute façon, c'est exactement dans ma vie, tu as ça. Tu as vraiment Kiki et Jackie, tu vois. Et Jackie, c'est vraiment mon nom civil, tu vois, avec mon histoire civile de mon éducation très patriarcale. Et je n'ai jamais été en accord avec ça. Et je pense que vraiment, Kiki, c'est mon passe-droit, mon sauf conduit sur... Mais non, je n'ai pas envie, je ne comprends pas ce monde. Et le deuxième numéro, donc le numéro des éventails, je commençais déjà à l'époque à réfléchir, ok, dans les codes du burlesque, tu as les éventails, qu'est-ce que je peux faire pour que ce soit différent de ce qui existe déjà ? En faisant mes recherches, je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas beaucoup d'éventails tissus. J'avais vu une référence, je crois que c'est Lily Saint-Cyr, où tu as une photo où elle a un énorme éventail, tu sais, mais vraiment très très grand, comme les éventails chinois ou japonais, en papier, tu vois, et je me suis dit, ah, ce serait intéressant d'en faire un en tissu. et je voulais reprendre aussi l'imaginaire de la boîte à musique, de la ballerine sur la boîte à musique. Et au tout début, quand j'ai créé ce numéro-là, j'étais vraiment sur une petite scène qui tournait. Au tout début, vraiment les premiers numéros que j'ai créés, c'était par rapport à toute la culture que j'ai eue. Et après, je me suis rendue compte que finalement, tu pouvais créer avec tout et n'importe quoi, et que je n'avais pas envie de m'interdire ou de me restreindre à ce que je connaissais. Et donc la plupart des numéros, c'est... peu du hasard ou juste une idée ou une musique donc c'est vraiment très varié par exemple je suis souvent la crevette parce qu'il est assez drôle et que le processus créatif est assez clair donc c'est facile à visualiser pour mon numéro de crevettes et une amie avait un peu trop bu un soir et mdi il faut que tu fasses un numéro sur

  • Speaker #0

    le coup c'était drôle et je me suis dit ok challenge accepté comment je vais rendre comment je vais remettre la moindre drôle qu'est ce que je fais avec ça C'est la même idée que parfois dans la contrainte, c'est là où on est le plus créatif.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. J'ai commencé Pinterest, mon ami, comme je le dis souvent sur mon workshop costume, Pinterest est votre meilleur ami, à chercher des photos de crevettes. J'analyse la carapace, sa texture, ça m'amène à réfléchir sur des idées de matière, de couleurs. Il y a la grande queue. Tout de suite, ça m'a fait penser à la collection de Thierry Meugler sur les insectes, avec ses femmes insectes. ultra sexy et je me suis dit mais ouais je vais faire un hommage à Thierry Mugler avec une femme crustacée ultra sexy corsetée il y avait toute cette idée de carapace qui faisait écho aussi du coup aux insectes donc je suis partie là dessus au niveau du design du costume et après en recherchant les crevettes tout de suite je suis arrivée sur les poissons combattants les petits planctons les animaux des abysses quoi avec les poissons combattants je me disais ça serait super à un moment donné d'avoir des espèces de nageoires comme ça qui volent et tout comme si la crevette se transformer, se déployer dans l'eau et ça serait super aussi d'avoir comme dans les abysses l'idée de lumière, de réflexion et bah ouais je vais partir sur un numéro en UV avec le rose fluo et d'avoir ces nageoires, ces voiles qui sortent de la crevette à un moment donné donc c'est comme ça que je suis arrivée à quand la crevette se décortique de toute sa carapace, dessous tu avais la combinaison de la crevette tigrée et j'ai des fermetures éclairs dans lesquelles je sors ces voiles qui sont dans la combi et qui sont en fluo et je passe en lumière fluo et là tu as toute une danse de voile Est-ce que tu dirais que si tu ne disais pas à un spectateur que c'est un humour sur une crevette,

  • Speaker #0

    il saurait ? Oui,

  • Speaker #1

    tout de suite tu le vois, j'ai les petites antennes j'ai la queue de crevette et puis dans la présentation aussi je demande de dire Elle peut être rose, elle peut être grise, vous les met en cocktail. Et ce qu'on préfère chez elle, c'est sa grande queue. Et ce soir, elle se décortique pour vous. Tu arrives sur un truc où les gens sont assez amusés et après...

  • Speaker #0

    En plus, on aurait pu aussi imaginer quelque chose où ça aurait été plus imagé. Et puis, tu aurais gardé dans l'idée de la crevette vraiment la couleur, l'essence de pas mal de choses. Là, tu es allée jusqu'au bout.

  • Speaker #1

    Mais il est quand même hyper chic et esthétique. Tu as juste des petits éléments. La queue, j'ai fait comme une crinoline. Donc, c'est que des cerceaux comme ça. Là, tu as juste le bout. J'ai quand même essayé de garder un côté assez esthétique. Sur beaucoup de mes derniers numéros, c'était vraiment juste une envie de soit reprendre les codes du burlesque et les détourner ou quand on a une nouveauté. Et là, sur mes derniers numéros, je pars plus sur faire des fémages à des artistes femmes. Donc ça fait très très très très longtemps que je voulais faire un numéro sur Loï Fuleur et donc là j'ai enfin créé le numéro. Et là, un de mes nouveaux numéros que je vais sortir cette année qui s'appelle Déshabillez-moi où en fait c'est une robe en crochet que les gens vont pouvoir décrocheter pour me déshabiller. Et je vais être sur une petite scène tournante. Un groupe de musique namoro me recompose la musique Déshabillez-moi dans une ambiance je trouve très futuriste. Et donc là, j'ai créé un personnage un peu de science-fiction. Je le vois un peu comme Barbie qui rencontre Blade Runner. Je vais être en mode pareil, robot pantin, tu vois, qui fait écho à deux autrices pionnières qui ont écrit des livres de science-fiction. t'as Marie Shelley avec Frankenstein et t'as Margaret, je me rappelle plus son nom, mais qui est au 18e siècle, qui a écrit aussi un livre de science fiction qui s'appelle The Blazing World sur une femme qui se fait enlever et qui devient l'impératrice d'une autre planète. C'est plein de discussions sur le genre, la place de la femme déjà au 18e siècle.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'inspiration pour ce numéro.

  • Speaker #1

    Oui et du coup, j'ai voulu créer l'impératrice d'une nouvelle planète.

  • Speaker #0

    J'adore !

  • Speaker #1

    Et puis j'aimais bien aussi cette ambiance un peu... de mannequin, vitrine, comme ça, où tu peux...

  • Speaker #0

    On connaît vraiment une patte.

  • Speaker #1

    Tu peux déshabiller aussi et tout, et au final, qui se révèle et qui se réveille, et qui reprend aux sessions de son corps et de...

  • Speaker #0

    Et de sa planète.

  • Speaker #1

    Et de sa planète. Et de la scène, pour s'exprimer comme elle le veut.

  • Speaker #0

    Et là, c'est pour quand, cette première ?

  • Speaker #1

    Je devais le sortir là, et puis j'ai eu une commande costume qui m'a un peu bloquée, mais normalement, dans deux mois.

  • Speaker #0

    Tu te sens prête là ? Non,

  • Speaker #1

    on est encore en train de finir le costume. J'ai cette robe qui se décrochette. J'ai fait plein d'essais déjà. Il va falloir que je la recrochette à chaque fois. Au début, j'ai essayé avec un fil. C'était trop fin, ça me prenait trop de temps à crocheter. Ça prenait trop de temps à décrocheter. Donc j'ai créé un fil plus gros. Mais pareil, c'était encore trop long de le faire en entier. Donc là, au final, je fais une partie de la robe qui est déjà crochetée, qui va rester comme ça. Et donc j'ai juste des liens qui vont venir désagréger la robe. C'était la solution que j'ai trouvée pour que ce ne soit pas trop long à faire à chaque fois, et que ce ne soit pas trop long aussi à décrocher. Et dessous, j'ai toute une combinaison en sequin rose, avec des lanières en cuir rose aussi, Blade Runner Barbie. Et dessous, on est en train de mettre en point, avec une de mes stagiaires qui fait ça pour son diplôme, toute une combinaison avec que des découpes de couleur chair, qui rappelle justement l'idée de Frankenstein. J'aimais bien cette idée de finir nue mais pas nue, sur scène avec les lumières, que tu aies plein de découpes, avec des tissus nude ou transparents et que du coup tu as des morceaux de porc de porc de peau, de corps. C'est un switch entre peau et corps. Qui se révèle, tu vois, un peu partout. J'ai acheté les pétiches du ballet de choses, quoi. Les pointes avec...

  • Speaker #0

    Ah oui, avec le talon, vertigineux, de 18 cm. Un truc comme ça. Où t'as le pied dans la position presque pointe.

  • Speaker #1

    Bah si,

  • Speaker #0

    complètement. Après,

  • Speaker #1

    je sais pas si j'arriverai à danser avec, mais en tout cas, je peux tenir debout, je pense, sur la première partie où t'as cette silhouette qui va apparaître comme ça.

  • Speaker #0

    Tu es dans un cycle là, puisque ta stagiaire est en train de faire pour ses diplômes un costume. Est-ce qu'elle va passer elle aussi du côté obscur de la force ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas.

  • Speaker #0

    On fait un art comme la danse aussi, mais je veux dire, on se montre nue. Est-ce que tu as appris à aimer ton corps ? Est-ce que tu étais déjà bien avec lui quand tu as commencé ? Parce que c'est vrai que tu oses dans ce rôle d'adjacent, c'était feuillage. Parce que tu avais... dès le départ, un rapport assez ok avec ton corps ? Est-ce que ça a évolué ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai quand même beaucoup évolué sur la représentation de mon rapport au corps. Quand j'ai commencé le burlesque, comme je le disais, je viens d'une famille quand même assez strict-cato, où le rapport au corps a toujours été très tabou. Le rapport à la sexualité aussi, c'est-à-dire qu'un corps nu, souvent c'est associé à la sexualité, et donc c'est pas bien, c'est sale, c'est... tu vois, t'as... truc très patriarcal,

  • Speaker #0

    il faut se cacher quoi.

  • Speaker #1

    Ouais il faut se cacher, si tu montres un sein, tout de suite t'es une tentatrice et en même temps moi j'ai toujours trouvé le corps de la femme absolument magnifique. Dans l'art, dans les musées, t'as 80% des tableaux c'est des femmes nues quoi donc on a un peu cette hypocrisie de dire tu peux pas allaiter un enfant en public, montrer ton sein en public et en même temps t'as des femmes partout dans la mode, dans la pub pour vendre, mais par contre si tu fais de l'art il faut le faire d'une manière... très esthétique, très jolie, il ne faut pas que ce soit trop sexuel, érotique, sinon tu passes dans le côté obscur où là c'est pas bien tu vois. J'ai toujours été attirée par ça, tu vois quand je voyais les danseuses au Crazy Horse, juste je voyais des corps en mouvement, en danse avec des lumières et je trouvais ça juste beau.

  • Speaker #0

    Alors moi je trouve quand même très sensuel, érotique, vraiment quand je vois le crazy, je rentre, j'ai envie de faire l'amour. Ouais c'est vrai. Ah oui moi ça me... Ah oui vraiment ça me... Pour moi c'est une sensualité, une... Super ! Ça m'émoustille vraiment. C'est vrai ? Ouais, j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Ouais, ça ne m'émoustille pas plus que ça. Je trouve ça juste très beau, sensuel. Aussi,

  • Speaker #0

    aussi, complètement. Le Crazy, c'est pour moi le spectacle le plus sexy, sensuel au monde, avec un chic, une proposition artistique sur ses cordus qui est juste incroyable. Mais oui, je comprends aussi ce rapport de... Alors moi c'est l'inverse, j'ai été éduquée d'un corps, c'est un corps, c'est beau et puis il n'y a rien de mauvais. Mais toi tu as fait cette éducation par l'art.

  • Speaker #1

    Oui, et puis je ne comprenais pas aussi pourquoi en fait. Plus jeune, je ne comprenais pas pourquoi il y avait cette injonction à ne pas montrer, à faire attention, à ce que tout soit un peu tabou.

  • Speaker #0

    Tu as une forte personnalité, un peu rebelle.

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est chouette, ça a été l'occident.

  • Speaker #1

    Ma force,

  • Speaker #0

    justement. Surtout, heureusement, quand on a une éducation un peu chape de plomb, comme on peut ressentir, en plus la société, mais aussi ce côté, comme tu dis, un peu catholique, etc. Après,

  • Speaker #1

    je suis la petite dernière. J'ai 6 et 8 ans d'écart avec mon farmaceur. Donc peut-être qu'eux, ils sont passés avant. Ils ont préparé un peu le terrain à ce que ce soit un petit peu plus simple pour moi. Les mentalités aussi ont évolué. Mais j'ai quand même eu beaucoup de chance. Ma mère m'a toujours soutenue dans les choix que je faisais. J'ai eu la chance d'y mettre financièrement pour mes études. Même si au début, ça leur faisait peur que j'aille dans un milieu artistique. Quand j'ai fait le spectacle avec deux boufflés, je l'ai dit à ma mère. Mon père, il n'est pas venu. Je pense que c'était trop pour lui de potentiellement voir sa fille dénudée. Tu vois, il n'a pas pu. Alors qu'il était venu, il était très heureux pour moi. Mais il ne voulait pas venir au show. Ma mère, elle m'a dit, tu n'as pas le corps pour. c'est dur ouais c'est dur donc je viens de là waouh quand t'es danseuse c'est un corps svelte j'imagine toutes ces femmes qui vont nous écouter et qui peut-être n'osent pas qu'elles se disent bah en fait non Kiki elle avait confiance en elle et son corps non j'ai toujours des complexes je pense qu'on a toujours des complexes parce que c'est quand même pas facile de se détacher d'une injonction quand on est enfant on te montre des pubs des stars hollywoodiennes des danseuses qui ont corps, un schéma et qu'on te dit c'est à ça qu'il faut que tu ressembles pour être bien dans la société, c'est quand même très dur de se déconstruire de ça. Ça m'a apporté tellement de joie d'être sur scène, de pouvoir m'exprimer, de faire ce que je veux et d'être mise en lumière, d'être magnifiée dans un groupe que en fait à un moment donné juste j'en ai plus rien à faire du jugement des autres. On ne met pas assez en avant d'autres corps, d'autres morphologies, où on ne dit pas que tous les corps sont acceptés et pas que ce type-là. De plus en plus, oui, je m'en fous en fait. J'ai juste envie de créer des personnages, faire rêver les gens, de créer autre chose qui se détache aussi peut-être de... On se met nu sur scène. Je pense que le burlesque, ce n'est pas ça, tu vois. Ce n'est pas un effeuillage.

  • Speaker #0

    C'est presque anecdotique parfois, le fait qu'on est nu dans les numéros que tu proposes. où on est dans une proposition artistique presque cérémoniale, un voyage dans cet effeuillage. On oublie presque le propos, le but. Moi je trouve que c'est totalement aussi magnifique. Il y a plein d'autres numéros où c'est une vraie proposition de sensualité, de sexualité, de je vais te faire ressentir un truc, je vais te faire avoir des papilles. Voilà c'est toutes ces propositions là qui coexistent dans le burlesque. Je ressens une pression sur mon physique dans tout ce qui est corps. tous les mandats qu'on a dans des milieux moins culturels bon moi je fais du hula hoop c'est encore je pense un peu différent parce qu'on a les stéréotypes de la gymnastique du cirque comment est-ce que tu jongles toi avec cette injonction quand même qu'on voit le burlesque ça reste quand même pour les milieux corporate une vision assez américaine avantise honnêtement c'est vraiment contraignant en fait parce que tu dis pfff

  • Speaker #1

    On ne va pas réussir à évoluer. Ça serait bien de sortir un peu de ces stéréotypes. Je pense qu'il y a une responsabilité des productrices de proposer d'autres choses et de dire que ça va être bien aussi. Encore une fois, le but, ce n'est pas de dire qu'il faut arrêter complètement d'avoir des corps stéréotypés. C'est juste qu'il faut amener un peu plus d'inclusivité, de diversité pour qu'il y ait des modèles. En plus, on le voit maintenant. dans la mode où toutes les marques maintenant mettent des mannequins grande taille, des mannequins de couleur, amènent beaucoup plus de diversité, surtout. Et donc, sur des événements corporés, tu vois, il faut...

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'avant tout, avant tout, on fait du divertissement. L'idée d'un spectacle, d'un numéro, c'est d'emmener les gens dans quelque chose d'extraordinaire et de résumer ça qu'un type de corps, c'est trop dommage.

  • Speaker #1

    C'est très très frustrant de se dire bon bah en fait on ne pourra pas travailler dans ce type de milieu alors qu'on est doué parce qu'on ne correspond pas à un critère aussi. Je trouve ça assez violent.

  • Speaker #0

    Clairement je suis tout à fait d'accord et je ne sais pas si à un moment donné tu as failli basculer, mais il y a un moment où tu te dis ok est-ce que je fais super attention à ce que je mange et du sport à outrance, c'est une possibilité, est-ce que j'essaye de fitter ? Est-ce qu'à un moment donné, tu t'es posé la question ?

  • Speaker #1

    Je le fais quand même, de toute façon. Je le fais déjà pour une raison, c'est que je ne suis plus toute jeune et que si j'ai envie de continuer la scène, je suis obligée d'entretenir mon corps parce que c'est quand même aussi mon objet de travail, tu vois.

  • Speaker #0

    Plus dans une optique aussi d'entretenir le corps. Je veux qu'il reste fort, je veux qu'il reste capable. Je veux rester maître aussi. Moi, c'est ce que j'adore dans la danse et dans le sport. C'est que tu sens que tu maîtrises jusqu'au bout des doigts un peu ce corps et que tu es vraiment en connexion.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est les périodes où j'avais pas forcément de travail, j'étais pas forcément bookée. Du coup tu te dis, ah peut-être que si j'étais plus mince, j'aurais plus de booking ou quoi. Au final je me suis rendu compte que comme j'avais deux métiers, j'avais pas le temps de me consacrer entièrement à Kiki et du coup de faire du démarchage. Donc j'ai pris un peu de recul là-dessus. Quand tu traînes trop sur les réseaux sociaux, ça te bouffe le cerveau quoi. vraiment tu te compares trop c'est pas bon quoi c'est à dire qu'on a besoin des réseaux sociaux pour pour se faire connaître pour faire sa promo mais en même temps enfin pour moi déjà c'est trop chronophage dire que j'arrive j'arrive pas à gérer c'est vrai c'est trop chronophage et en même temps tu as besoin aussi pour te si tu as envie de d'être dans la communauté. Moi, je sais que je me sens un peu en dehors de la communauté, pas parce que je le fais exprès, mais c'est juste que j'arrive pas à suivre en fait. Je peux pas passer une heure par jour à voir ce que font les autres et tout. Et puis ça me fait trop du mal aussi. Parce que justement, comme j'ai pas le temps de me consacrer entièrement, tu vois, à mon personnage, en fait, je me sens pas bien après. Je me dis merde, je fais pas assez. Enfin, tu vois, je trouve ça très très très violent quoi. Donc je trouve qu'il faut faire attention à ça et Il faut savoir prendre du recul, mais ce n'est pas facile quand tu as tout autour de toi qui te fait pointer du doigt ce que tu ne fais pas, ce que tu devrais faire, ce que tu devrais être. C'est très difficile.

  • Speaker #0

    Écoute, on arrive gentiment à la fin de ce podcast. Je ne sais pas si tu avais envie de parler d'autre chose.

  • Speaker #1

    Ça dépend. Si tu as envie que je parle de mon nouveau projet, du château et tout, que j'ai envie de faire connaître. Carrément. Le projet.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    oui. Et comme je te disais, c'est un peu l'aboutissement aussi de, je pense, tout ce que j'ai fait jusqu'à présent dans ma vie. Pendant le confinement, j'ai créé un collectif militant qui s'appelait Balai Masque, où on dénonçait l'exploitation des couturières à qui on demandait de faire des masques bénévolement. Je ne sais pas si en Suisse vous avez eu ce même problème, mais en tout cas en France c'est parti vraiment. N'importe comment, les communes, les entreprises faisaient des appels massifs à bénévoles pour venir coudre des masques, des blouses pour les hôpitaux. C'est devenu une industrie à côté de travail gratuit, en fait, et qui incombait aux femmes parce qu'on considérait que la couture, c'est un travail féminin. Donc ça m'a fait prendre conscience que je n'étais pas respectée dans mon travail de costumière, comme dans le travail du burlesque aussi. Je trouve qu'on n'est pas... bien respectée quand on demande à être bien payée ou quoi tu vois je pense qu'il y a beaucoup de dans la tête des producteurs qui restent quand même assez souvent des hommes, on reste des femmes qui se foutent à poil tu vas donc je trouve qu'il y a un manque de considération aussi ça rejoignait un peu ça tu vois de la valeur du travail, la valeur du travail féminin et et les arts autant le burlesque que le costume et donc là je travaille sur un gros projet de vie qui est de créer un centre culturel et artistique dédié à l'héritage des femmes. Donc le but c'est d'acheter un château pour en faire lieu de matrimoine écoféministe et réfléchir aussi dans la création, dans l'art, comment tu produis, comment tu consommes, comment tu vis. Et donc c'est pour ça que par exemple tous les nouveaux numéros que j'ai envie de créer maintenant, c'est vraiment en fait mage, je peux le dire.

  • Speaker #0

    Tu peux récouter qui ?

  • Speaker #1

    Femmage, c'est le pendant de hommage, en fait. Donc un hommage aux hommes, un femmage aux femmes. C'est pas moi qui l'ai inventé. Non,

  • Speaker #0

    mais je me dis que...

  • Speaker #1

    Je trouve ça très fort, en fait. Le pouvoir des mots, souvent, on l'oublie, mais c'est très, très important de reprendre en compte ça et de justement retrouver ce matrimoine. Et pour moi, le burlesque, vraiment, ça fait partie du matrimoine des femmes. C'est-à-dire que... C'est avec ça qu'on pouvait quand même, à l'époque les femmes pouvaient gagner leur vie, être indépendantes. Ça restait le petit espace aussi de création qu'on a pu reprendre aussi nous. Donc voilà, je pense que le fait de vouloir mettre en avant justement autant l'artisanat que l'art, ça reprend tout ce que j'ai fait jusqu'à présent. Et ce combat militant qui était un peu sous-jacent, tu vois, finalement, dans mon parcours, mais que je ne voyais pas forcément et qui, là, pendant le Covid, ça m'a vraiment explosé un peu à la figure, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est génial et j'espère qu'on aura quand même pas mal d'auditeurs et d'auditrices. Est-ce qu'on profiterait un peu, parce que je sais que tu cherches... Du coup, des personnes qui ont envie de te rejoindre dans ce projet. Peut-être qu'il y a des gens qui vont nous écouter, qui vont nous connaître. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Donc, n'hésitez pas à écrire à nous.

  • Speaker #1

    Le projet va s'appeler le Château Béguine, figure-toi. C'est génial. Parce que les Béguines, c'était la première communauté féministe qui existait au Moyen-Âge.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça un béguin ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que, donc, elle portait un béguin. Donc c'était une petite coiffe, comme c'était avoir quelqu'un dans la tête, en fait, tu vois, de fil en aiguille sur l'exploitation du mot béguin, on en arrivait à cette expression d'avoir un crush sur quelqu'un.

  • Speaker #0

    Tu as déjà un château en tête ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, mais il y en a plein, en fait, je ziote depuis deux ans des offres de ventes aux enchères de l'État, parce que l'État a énormément de châteaux, et il y en a plein qui l'avaient récupéré. pour faire des colonies de vacances, des centres médicaux. Donc c'est des lieux qui ont déjà été réaménagés et qui ont déjà par exemple des dortoirs, des salles aménagées pour accueillir du public. Et comme c'est un projet qui est très politique, j'ai besoin, je vais avoir besoin d'être soutenue par une commune, tu vois, sur ce projet.

  • Speaker #0

    Donc appel aux communes qui seraient... J'aimerais ce projet qui...

  • Speaker #1

    On va trouver, je ne me fais pas de...

  • Speaker #0

    Je ne fais pas de soucis non plus, mais c'est peut-être une écoute. Je suis sûre que c'est un magnifique projet et je pense qu'il va certainement parler à plein de gens. Et voilà, là, tu es dans une phase où, bon, ce n'est pas pour demain, mais c'est pour quoi ? Tu l'imagines dans...

  • Speaker #1

    Assez rapidement quand même. Assez prochaines années quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    assez rapidement, dans peut-être un ou deux ans quand même.

  • Speaker #0

    C'est génial. Je te souhaite beaucoup, beaucoup de succès, d'énergie parce que... C'est un énorme projet, mais qui va être aussi merveilleux qu'il est grand.

  • Speaker #1

    Et on fera des gros festivals burlesques au château.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Avec des workshops, des séminaires.

  • Speaker #0

    Et donc, on va terminer sur la question signature du podcast. Si Kiki pouvait dire quelque chose à Jackie, qu'est-ce qu'elle lui dirait ?

  • Speaker #1

    Sur la scène, vraiment, j'ai peur de rien. Et ce serait bien d'avoir ce même état d'esprit dans la vraie vie, encore plus que ce que j'ai là, tu vois.

  • Speaker #0

    Et justement, est-ce que Kiki t'a déjà un peu insufflé ça au fur et à mesure des années ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, beaucoup. Et en même temps, la question, c'est est-ce que c'est pas aussi reposant, à un moment donné, d'avoir... une personnalité qui est beaucoup plus renfermée, beaucoup plus calme, tu vois. Il y a plein de moments où, quand je suis Jackie, où j'aimerais bien ne pas avoir cette peur d'aller voir les gens, de leur parler, tu vois, ou d'être hyper, un peu exubérante, donc c'est ça que j'aurais envie de dire, genre, soit comme Kiki, tu vois, et en même temps, est-ce que, ouais, ça serait pas trop fatigant d'être tout le temps trop dans... J'ai peur de rien, tu vois. Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Eh bien, écoute, génial. Merci beaucoup pour ce partage. Tu nous as raconté ton parcours passionnant.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Et merci à tous ceux qui nous ont écoutés jusqu'au bout. On vous retrouve bientôt dans un prochain épisode de Sous les Stress.

Description

De la couture au burlesque, l’audace comme fil rouge


Dans cet épisode, découvrez le parcours fascinant de Kiki Béguin, effeuilleuse burlesque, costumière et véritable épistémophile. Kiki nous emmène à travers son univers mêlant créativité, audace et revendication.


De ses débuts dans la danse classique et le cosplay à sa première scène avec le célèbre chorégraphe Philippe Decouflé, elle nous raconte comment elle a su saisir les opportunités malgré les doutes et les injonctions. Elle revient sur son amour pour la couture, son rapport au corps, et ses inspirations pour ses costumes et numéros, oscillant entre esthétique rétro et féminisme contemporain.


Kiki partage également son projet ambitieux, le Château Béguin, un futur lieu dédié à l’art, au matrimoine et à l’écoféminisme.


💬 "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait." Mark Twain


Préparez-vous à plonger dans un épisode inspirant et émouvant, où la créativité se mêle à la quête de liberté et d'expression artistique.


🎧 Bonne écoute !
👉 Retrouvez Kiki sur Instagram : @kikibeguin


Photographie de Olivier Charlet


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les strass. Aujourd'hui, je vous propose de vous plonger dans l'univers très éclectique de l'effeuilleuse burlesque et costumière Kiki Béguin. De son éducation classique mais aussi artistique, à sa première scène avec le célèbre chorégraphe Philippe Découfflé, il a notamment créé la revue Désir du Crazy Horse, Kiki nous emmène dans son parcours artistique mêlé d'audace. de curiosité et d'émancipation. J'ai été particulièrement inspirée par sa capacité à saisir les opportunités et à oser se lancer malgré les doutes et la peur. Bienvenue dans Sous les strass, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du cabaret et du burlesque. Aujourd'hui j'ai la chance de rencontrer Kiki Béguin, artiste burlesque mais aussi costumière. Tu es un peu touchée à tous les arts de la scène. Est-ce que tu peux nous résumer ton parcours artistique ?

  • Speaker #1

    Je devais faire un CV une fois pour me présenter et j'ai trouvé un mot qui me correspond bien. Épistémophile, c'est pour les personnes qui aiment apprendre en fait. J'ai eu la chance d'avoir une mère qui m'a beaucoup poussée au niveau artistique, même si je pense qu'elle ne voulait pas forcément que je finisse en 5FS Burlesque. Mais en tout cas, j'ai eu la chance d'avoir vraiment une bonne éducation artistique où je faisais de la danse classique. J'ai fait du piano aussi pendant plus de 10 ans. Et la danse classique, depuis que j'ai 5 ans, j'ai arrêté il y a quelques années pour faire de la contorsion. J'ai fait des stages de danse latine, j'ai fait des stages de danse africaine, j'ai fait un peu de contemporain, j'ai fait un peu de hip-hop aussi. J'aime bien apprendre, tester plein de choses. Au collège, j'avais le choix entre trois possibilités, soit aller dans une filière générale et passer un bac littéraire, soit faire une école de danse, soit faire le conservatoire de piano. Et du coup mes parents qui sont assez vieille école m'ont dit non tu passes ton bac d'abord et après tu choisis. Après je suis partie dans une filière art appliqué. J'ai fait une mise à niveau en art appliqué. Ce qu'il faut savoir aussi c'est que je suis une personne geek, j'adore les jeux vidéo.

  • Speaker #0

    Ah génial !

  • Speaker #1

    C'est maladif quoi, c'est une addiction, c'est à dire que chez moi j'ai pas de télé, j'ai pas de console sinon je ferais que ça. J'adore jouer tous les jeux, tu peux mettre n'importe quel jeu. Genre sur mon téléphone j'ai enlevé tous les jeux par exemple. Et du coup je faisais du cosplay, j'ai commencé la création de costumes avec le cosplay. Mais tu fais encore du cosplay ? Non, j'arrête. Je fais des costumes pour gagner ma vie du coup.

  • Speaker #0

    Ça me prend déjà beaucoup de temps.

  • Speaker #1

    Déjà beaucoup de temps. Mais pour ceux qui ne connaissent pas le cosplay, ça veut dire costume player. Et en fait, ce sont des personnes qui se costument en personnages de manga, jeux vidéo. A l'époque, ce n'était pas forcément connu. Mais maintenant, il y a plein de conventions où on peut voir plein de personnes en costume, de super-héros, de jeux vidéo. J'adore quoi. J'ai commencé au lycée et j'en ai fait jusqu'à que je commence mes études de costumes.

  • Speaker #0

    Et tu te souviens de ton costume préféré ?

  • Speaker #1

    J'ai gagné le Japan Expo une fois. Ah oui ? Ouais, une grosse convention.

  • Speaker #0

    Avec quel personnage ?

  • Speaker #1

    Moi ce qui m'éclatait c'était vraiment de faire des costumes de monstres, des gros costumes, c'est vraiment l'aspect technique qui m'intéressait. C'est le challenge. C'est pour ça que j'adore les jeux et que j'adore les concours aussi.

  • Speaker #0

    T'es compétitrice comme ça ? T'es mauvaise joueuse du coup ?

  • Speaker #1

    Pas du tout. T'es pas mauvaise joueuse ? J'ai aucun souci à perdre. Par contre, je peux jouer jusqu'à ce que je gagne.

  • Speaker #0

    Tu as envie de gagner.

  • Speaker #1

    Oui, et je ne suis pas du tout dans l'optique de gagner sur quelqu'un. C'est-à-dire que je le fais vraiment pour moi, pour me prouver quelque chose à moi-même, mais absolument pas pour me dire que je suis meilleure que quelqu'un ou quoi.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment le défi d'être bon et de réussir.

  • Speaker #1

    De créer quelque chose avec un thème, avec un contexte. Moi, ça me pousse à faire des choses. Le cosplay, c'était ça. C'était juste se dire, ouais, à un moment donné, il y a un espace où il faut se challenger. Les jeux, c'est pareil, en fait. Il faut se challenger, il faut être sur plein de jeux. C'est de la technique, c'est de la tactique et tout. Donc ça te permet de repousser tes limites, en fait. Et puis aussi, l'aspect ludique. Ça fait trois ans que j'ai commencé Zelda. Et que le seul moment où je peux jouer, c'est quand je retourne chez mes parents. Et c'est mon kiff ultime de passer une semaine à jouer à Zelda. Et de me balader dans un monde avec des créatures, d'être un super-héros. Quand j'étais petite, par exemple, ce que j'adorais en lecture, c'était les livres dont vous êtes le héros.

  • Speaker #0

    Tu peux m'expliquer ? Parce que moi,

  • Speaker #1

    je n'ai jamais lu un livre génial dont tu l'es repris.

  • Speaker #0

    Héros, pardon.

  • Speaker #1

    C'est vraiment comme les jeux de rôle, en fait. C'est-à-dire que tu commences ton livre, tu choisis quel personnage tu es. Donc, tu peux être selon les collections et les livres. Mais tu peux être, par exemple, un mage, une magicienne, un ou une chevaleresse. Tu commences l'histoire. Voilà, vous êtes dans le village de tatata. Vous apprenez une légende, il y a le mal qui arrive. Du coup, vous décidez de partir en quête pour sauver le monde. Et du coup, tu as dans ton sac, donc tu as une petite feuille où tu marques, tu vois, les accessoires, les objets que tu as. Et qu'au fur et à mesure de la quête, tu vas récupérer ou perdre. Tu as aussi des points de vie, tu vois, parce que quand tu rencontres des personnes et que tu te bats, tu tires au dé pour savoir. Enfin, tu vois. Ah,

  • Speaker #0

    j'ai mis !

  • Speaker #1

    C'est un vrai jeu de rôle. Et donc, tu arrives à la fin de la première page. Ils te disent, voilà, vous sortez du village, vous pouvez aller à gauche, tout droit ou à droite. Donc tu choisis. Si tu vas à gauche, tu te rends à la page temps et tu as un numéro et tu continues l'histoire comme ça.

  • Speaker #0

    Comme les jeux de rôle et comme les jeux aussi vidéo. Oui. Ça doit avoir un nom d'ailleurs ce type de jeu.

  • Speaker #1

    C'est les RPG.

  • Speaker #0

    Voilà les RPG. Trop bien, trop bien. Et donc ce costume de monstre avec lequel tu gagnes la Japan Rose, c'est quel monstre ?

  • Speaker #1

    Une créature en vinyle, c'était un académique ultra moulant, noir et rose. Il y avait deux grandes paires d'ailes qui partaient des chevilles et du dos. Mais ce n'est pas des ailes en plumes, c'est des ailes en vinyle aussi qui étaient déjà sculptées. Et il y avait une grande cagoule avec deux grandes cornes qui partaient en pointe, il avait des yeux partout. Et je ne savais pas du tout faire de costume à cette époque. Donc c'était vraiment de la bidouille. À l'époque, il n'y avait pas Internet, il n'y avait pas le tuto. Donc c'était un vrai challenge.

  • Speaker #0

    Tu as une photo de ce...

  • Speaker #1

    Mais je crois que j'ai des photos. Mais j'ai plein de photos de mes cosplays. Je pourrais te les...

  • Speaker #0

    Oui, alors j'adorerais avoir cette photo en tout cas pour qu'on partage avec nos auditeurs. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. Mais tous mes cosplays, je les adore. Quand j'ai commencé, vraiment, je ne savais pas du tout coudre. Et je pense que c'est les Barbies qui m'ont amenée à aimer autant ça. Tous les Noëls, les anniversaires, j'ai récupéré toutes les Barbies de ma sœur et du coup j'avais une garde-robe de Barbie assez phénoménale. Et j'adorais les habiller, les changer de costume et je leur créais des vêtements et à un moment donné j'ai commencé aussi à me créer des vêtements. Je prenais un T-shirt que j'aimais bien, je le découpais pour voir comment c'était fait, comment c'était construit. J'avais un mannequin de ma grand-mère, j'épinglais dessus, j'essayais de le découper, je commençais à créer sans savoir ce que je faisais mais je pense que c'est ça qui m'a plu. permis après tu vois de comprendre beaucoup plus facilement la logique de la couture et quand tu sais pas forcément les choses et que tu cherches par toi même tu dois trouver des solutions des matières donc tu es beaucoup plus créative finalement on perçoit déjà un trait de personnalité chez toi des brouillardes mais d'oser chercher découper ouais ouais et je me rappelle aussi je m'étais cousu une robe entièrement à la main j'avais récupéré des galons de dentelle j'avais cousu tout autour de moi une robe tout en dentelle, avec une ceinture bleue en satin de soie. Je sais pas, j'avais peut-être 8 ans, un truc comme ça.

  • Speaker #0

    Moi, j'admire énormément parce que, en fait, on voit que la technicité, le fait que tu ne sais pas faire, ne t'effraie pas. Clairement, moi, avec la couture,

  • Speaker #1

    je suis là,

  • Speaker #0

    ok, ça a l'air tellement, incroyablement difficile et je sais pas par quel bout le prendre et c'est hyper beau de voir que, ok, j'ai envie de faire ça, je vais tester, je fonce, quoi, tu fonces.

  • Speaker #1

    Je suis bélier, je fonce un peu trop. Sans réfléchir.

  • Speaker #0

    Ça me fait penser au projet que tu m'as parlé tout à l'heure. On en parlera peut-être plus tard, mais tu as un très grand et beau projet qui t'attend. Et aussi, c'est impressionnant de voir cette capacité à foncer.

  • Speaker #1

    Si je dois continuer dans mon parcours de vie, parce qu'on a fait une petite dégression. À la base, je voulais travailler dans les jeux vidéo. Je voulais être caractère designer. Vraiment créer les...

  • Speaker #0

    Tu les signes beaucoup, tu adores les jeux vidéo.

  • Speaker #1

    Je te dis... Je voulais faire l'école des gobelins, tu vois, qui est une grande école à Paris qui forme les dessinateurs, dessinatrices de jeux vidéo, de dessins animés. Je suis partie en BTS graphisme et le deuxième, troisième jour, je me suis rendue compte que c'était absolument pas ça que je voulais faire. J'ai quand même continué l'année parce qu'il y avait des cours qui étaient hyper intéressants. On faisait de la photo, on a appris tout ce qui était traitement de texte, mise en page. Donc ça, c'est des choses que de toute façon, j'utilise énormément dans tous mes métiers, qu'on utilise assez souvent. Donc c'était quand même très intéressant. Mais par contre, je me suis rendue compte vraiment que... C'était la création textile en fait et ça ne m'était pas venu à l'idée que je pouvais en faire un métier. Du coup tous les stages que j'ai fait, j'ai fait au théâtre, j'étais à Marseille donc j'ai fait à l'Opéra de Marseille, je l'ai fait aussi au théâtre Massalia. Donc je les ai fait dans des structures plus artistiques et culturelles et ma mère m'a inscrite pendant les vacances à un cours de couture en me disant Bon bah écoute, teste et puis on voit si vraiment c'est quelque chose qui t'intéresse ou pas

  • Speaker #0

    Et pourquoi tu es à Marseille à ce moment-là ? Parce que l'école de graphisme est à Marseille ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je viens du sud. Tu viens du sud ? Oui.

  • Speaker #0

    Je pensais que tu étais une vraie parigote.

  • Speaker #1

    Mon père, oui. D'accord. Mais on a déménagé dans le sud pour le travail de mon père quand j'avais 8 ans, quelque chose comme ça, je pense. Ok. Et du coup, j'ai fait des études entre... Ma mise à niveau, c'était à côté de Lyon, et après je suis descendue à Marseille. Et après, je suis remontée à Paris pour le reste de mes études. J'ai candidaté à une école de costume. À l'époque, c'était les DMA costumiers réalisateurs, donc diplôme des métiers d'art. Je suis partie, j'étais prise. Et puis là, ça a été vraiment la révélation. Bah oui, c'est ça en fait. Et c'est à partir de là où j'ai vraiment commencé à beaucoup, beaucoup travailler par moi-même. C'est-à-dire que je commençais à faire plein de créations à côté. J'avais une passion pour l'écorcer. C'était vraiment ça que je voulais apprendre.

  • Speaker #0

    Donc en plus de ce que tu fais à l'école.

  • Speaker #1

    Ouais. Je commençais à faire des créations. Et à l'époque, il y avait MySpace.

  • Speaker #0

    Tu avais un blog MySpace.

  • Speaker #1

    J'avais une page MySpace. Et je sais plus... Comment ça est arrivé ? J'ai mis des photos de corsets, de tenues que j'avais faits et en fait il y a un photographe ou une modèle qui m'a contactée en me disant je vais faire des photos Et c'est comme ça que j'ai commencé à me faire un petit peu un bouc en prêtant mes premières créations. J'ai commencé à poser aussi avec mes créas, c'est-à-dire que les photographes me disaient t'es mignonne, est-ce que tu veux poser ? Dans ma dernière année de diplôme de costume, tu dois réaliser un costume dans un milieu professionnel. Et du coup je me suis retrouvée à faire un costume pour une artiste burlesque pour un spectacle de Philippe de Coufflet.

  • Speaker #0

    Et tu te souviens du nom de l'artiste ?

  • Speaker #1

    C'était Blanche Alix.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    C'était vraiment une des premières artistes. Je me rappelle, elle travaillait aussi pas mal dans le milieu fétiche, elle avait créé les premières nuits démoniaires d'Angleterre. Et elle faisait de la vidéo, elle faisait de la performance, elle faisait vraiment pas que du burlesque. C'était vraiment un personnage incroyable. Et moi, je découvrais vraiment cet univers-là qui arrivait juste à Paris. En fait, c'était il y a quand même... Oui,

  • Speaker #0

    parce qu'on est à quelle année là ?

  • Speaker #1

    C'était il y a 18 ans. Donc, c'était pour Philippe de Couffey qui est un grand chorégraphe français. Le contemporain aussi. Contemporain, oui. En fait, il vient du cirque et de la danse contemporaine. Il a vraiment justement ce côté très burlesque de chercher comment le corps bouge. et les corps en fait. Il adore mettre justement des corps différents, des personnes très grandes, des personnes fortes, des personnes petites. Il adore jouer justement avec, détourner le...

  • Speaker #0

    Et il est si très connu pour avoir créé la revue du CrediHorse.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Enfin plusieurs numéros du CrediHorse qui sont encore joués actuellement. Et d'ailleurs il y a tout un documentaire qui est superbe.

  • Speaker #1

    Ah je l'ai même pas vu.

  • Speaker #0

    On le voit travailler sur cette revue.

  • Speaker #1

    Je l'ai pas vu mais... C'était fou parce que genre peut-être un mois avant qu'on propose ce projet, j'avais fait un exposé sur son costumier Phil Giotel et après j'ai eu cette opportunité.

  • Speaker #0

    Mais non.

  • Speaker #1

    Ouais, et j'étais genre waouh. Je pense que des fois il n'y a pas trop de hasard dans la vie et que t'as quand même des opportunités qu'il faut savoir saisir.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Ouais, c'était fou. Et en plus à la base je ne devais pas faire ce projet-là. J'avais un projet pour un costume pour un opéra. J'avais une amie dans la classe qui elle faisait du film d'opéra qui avait ce projet avec deux couffées. Elle m'a dit ça te dit pas qu'on échange nos projets ? Bah oui. Ah putain.

  • Speaker #0

    Génial !

  • Speaker #1

    Je me suis retrouvée à faire un costume burlesque pour cette artiste. Elle faisait un numéro d'effeuillage, Petite Fleur. Et donc, j'avais fait un corset, elle avait un gant avec des pétales qu'elle effeuillait. Pour ce diplôme, j'avais tout un mémoire à faire. Et donc, c'est là où je me suis penchée sur l'histoire du burlesque. Et je suis tombée folle amoureuse de cet univers-là. Quand j'étais petite, tu vois, je bavais devant le Crazy Horse au jour de l'an. Sur France 3, t'avais toujours la retransmission des spectacles du Crazy Horse. Et après, t'avais les Texabri, les deux univers qui ont gréement d'avance entre eux. Tu vois, c'est les femmes qui étaient incroyablement magnifiques. Puis l'humour burlesque de Texabri, quoi. Pendant que je faisais ce costume, que je le voyais répété, que j'étudiais le burlesque, ça m'a pris au trip et j'ai dit, putain, mais...

  • Speaker #0

    Ça a été évident très vite.

  • Speaker #1

    Ça a été évident très vite que j'avais envie de faire ça. Et je parlais à une artiste circassienne, parce que du coup, le spectacle qu'il crée, il s'appelle Coeur croisé, mais il l'a joué pas très longtemps. Et je pense qu'il préparait aussi son arrivée au Crézeur justement avec ce spectacle. C'était un grand workshop où il y avait plein d'artistes, toutes sortes d'auditions géantes, où il y avait plein d'artistes qui se succédaient au tout début du workshop. Donc plein d'artistes différents, pas forcément de l'effet H. Burlesque. Il y avait un orchestre de ukulélé, il y avait deux personnes de petite. il y avait des circassiens, circassiennes, il y avait des danseurs, il y avait des humoristes, donc tu vois c'était vraiment tout un univers. En voyant tout ça vraiment ça m'a... Et donc je parlais à cet artiste et je lui disais mais j'ai tellement envie de faire ça, il me dit bah pourquoi tu tentes pas l'audition du coup puisque c'était aussi propice à tenter quelque chose et je lui disais mais je me sens. pas légitimes.

  • Speaker #0

    Tenter avec quoi ?

  • Speaker #1

    Ouais j'ai pas fait d'études en fait pour ça tu vois, dans un peu la manière dont j'avais été éduquée.

  • Speaker #0

    Dans l'académie.

  • Speaker #1

    Voilà, j'ai fait des études pour faire ça et du coup je dis genre mais je... Et elle m'a dit vraiment deux phrases qui m'ont fait un électrochoc dans ma vie et que j'essaie de me rappeler tout le temps quand je dois prendre une décision c'est bah écoute tente de toute façon t'as rien à perdre et si tu le fais pas tu le reviendras peut-être toute ta vie. Bah oui ! Si on le fait !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Et du coup,

  • Speaker #0

    le risque que tu prends, c'est juste d'être pas prise.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et effectivement, je risquais de le regretter toute ma vie, tu vois. C'est une occasion comme ça, quand je dis tout à l'heure, il faut savoir saisir les occasions. C'était maintenant, tu vois. Je me rappelle, je n'ai pas mangé pendant deux jours tellement j'avais le ventre serré. Genre, je le fais, je ne le fais pas. C'est quand même finalement un effeuillage. Moi, je viens d'une famille qui est très catho, très stricte. Du coup, le corps, la nudité, c'est très, très tabou. J'étais vraiment en dichotomie avec moi-même, tu vois. Il y avait un côté qui avait extrêmement envie d'y aller et l'autre côté qui était là, genre non, c'est pas bien. l'ange et le démon qui étaient là genre mais si vas-y tu vas trop t'éclater mais non c'est pas bien ils vont porter les gens en taquiner tu vois Et au bout de deux jours où vraiment j'avais le ventre serré, j'arrivais pas à manger, je vais voir mon maître de stage et je lui dis écoute, est-ce que tu crois que je peux proposer quelque chose ? Je pensais qu'il allait me dire non, c'est pas sérieux, t'as un projet. Et il m'a dit mais si, viens on va voir Philippe ! Et je suis là, maintenant ? C'était en fin de journée, donc on va voir Philippe, il était en train de faire ses notes. Philippe, il y a la petite Kiki, parce que c'est mon surnom, qui voudrait proposer un numéro. Et du coup Philippe il me regarde, il me fait, bah oui ! tout mignonne mais tu sais faire quelque chose du coup je fais de la danse depuis que j'ai 5 ans je fais des pointes et m'a dit bah écoute propose quelque chose demain quoi donc j'avais déjà pas mal de créa costumes finalement tu vas décorsé des robes des chutes donc j'ai bidouillé la bidouille tu vois un numéro pour le lendemain sur old jazz de chicago avec une chaise vraiment un numéro de défeuillage ultra basique classique Et donc, j'ai fait ce premier fayaz devant toute la troupe que je voyais répéter depuis des semaines, sur pointe. Et il m'a dit, bah c'est cool, on le garde.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Voilà la mâchoire de Camille qui se décroche.

  • Speaker #0

    Ah mais incroyable. Mais vraiment, moi j'étais tellement à fond avec toi, je voyais toute la scène, je te vois. Et en plus, raconte-nous ce numéro, la Holda Jazz. J'entends que tu as fait de la danse toute ta vie, mais de ces fayaz, alors la danse va vraiment... t'aider à maîtriser ton corps, à pouvoir jouer un petit peu avec ce corps. Pour voir les élèves dans mes cours, il y a quand même une tragédie souvent dans le classique, c'est que pour le coup, l'interprétation de personnages, il n'y a plus personne avant très tard, et d'ailleurs les danseuses étoiles en parlent souvent, elles doivent vraiment apprendre ça par elles-mêmes. Est-ce que c'est en train de changer peut-être à l'Opéra de Paris ? Mais bref, c'est quelque chose en fait qui faisait partie de toi, cette envie de dégager un truc sur scène et de jouer.

  • Speaker #1

    Ouais, je pense. Quand je rentre sur scène et qu'il y a la musique, il doit y avoir un mécanisme dans mon cerveau, dans mon corps, qui fait que j'ai une dissociation de moi-même. Et en fait, c'est vraiment les tripes qui s'expriment.

  • Speaker #0

    Tu es habitée par quelque chose qui a besoin de s'exprimer. Ouais, ouais, ouais. Tu rejoins cette... Troupe de cœur croisée.

  • Speaker #1

    Donc je rejoins cette troupe, on finit le workshop, on a une présentation devant des professionnels. Ils me rappellent trois mois après en me disant Est-ce que tu es dispo pour jouer cet été au Festival Paris Quartier d'été ? Je dis Bah oui ! Donc mon vrai premier gros spectacle, c'était avec Philippe Decoufflé dans la cour du Palais Royal.

  • Speaker #0

    Pardon ?

  • Speaker #1

    Ouais, avec une scène sous les fenêtres du ministère de la Culture, à côté des colonnes de Buren, et on avait une scène bifrontale. on avait des espèces de portiques, on avait un maître shibari, moi il m'attachait, pendant que les gens rentraient, on avait toute une scénographie avec la lumière, dès que les gens étaient installés, la lumière se baissait jusqu'à laisser que nous sur les portiques, et là on se suspendait avec une musique hyper dark, hyper sensuelle, c'était la première partie, et après on se rejoignait tous au centre de la scène, et je me rappelle on était tous de la plus petite au plus grand, on faisait comme ça une danse de bras, des mouvements de corps, on se suivait tous, donc c'était une espèce de vague de sensualité. comme ça et tout. Pour ce spectacle j'avais prêté aussi des costumes que j'avais fait, des corsets, des jupes, des choses comme ça donc...

  • Speaker #0

    Tu nous racontes quand même un conte des temps modernes. Merci beaucoup. Pour nous tous, quand le monde du cabaret, du burlesque, de la sensualité te fait rêver, franchement de commencer avec Philippe Découflet sur une scène magnifique,

  • Speaker #1

    waouh !

  • Speaker #0

    Quel début ou quoi ?

  • Speaker #1

    Je réalise pas plus que ça parce que ça s'est fait tellement... naturellement que je ne réalise pas la chance que j'ai eu de l'opportunité. Je pense que tu sais, il y a plein de gens qui te disent oui j'étais là au bon moment, je pense que j'étais là au bon moment.

  • Speaker #0

    Il y a aussi saisir la chance.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce qu'il aurait pu te laisser impressionner et ça aurait été aussi totalement normal dans le sens où tu débarques à peine, tu aurais pu te dire bah non je peux pas, j'ai pas les capacités.

  • Speaker #1

    Ouais ou j'ai peur.

  • Speaker #0

    On aurait été plus que compréhensif avec cette sensation. tu saisis ta chance tu dis j'essaie j'y vais malgré les nœuds dans mon estomac malgré le fait que j'ai pas fait ces études il y a peut-être une force extérieure qui m'a poussée

  • Speaker #1

    Il y a plein de moments, d'endroits où vraiment j'ose pas et j'ai toujours un peu cette réserve. Il faut pas oser, il faut rester à sa place. Je pense que je suis pas d'accord avec ça de base. Je pense que c'est ça aussi pour moi le burlesque. Parce qu'il y a pas longtemps, tu vois, on m'a demandé est-ce que pour toi c'est féministe de faire du burlesque ? Et je pense qu'à l'époque c'était pas du tout ça. C'était juste que j'avais envie, parce que j'en ressentais le besoin. Par un peu plus dans des combats un peu plus militants justement dans mes numéros, dans ma manière d'être actuelle. Je pense qu'effectivement, sans le savoir, c'était finalement un acte féministe dans le sens où... Je me réapproprie un espace d'expression.

  • Speaker #0

    De prendre la place.

  • Speaker #1

    Et après, je refais une date avec eux dans le cadre du festival Antipode à Brest, au Quartz. Grosse scène nationale. On refait le spectacle et ils m'avaient demandé est-ce que tu veux continuer ? Et en fait, j'avais été prise à l'époque dans une autre formation qui était pareil, un diplôme des métiers d'art, en broderie d'art.

  • Speaker #0

    Parce qu'en parallèle, tu continues donc ces études de costumière.

  • Speaker #1

    J'avais fini du coup mais j'ai été prise à cette formation qui est à l'école du Perret, en France à Paris c'est une grande école d'art. Et je voulais absolument faire cette formation en broderie d'art qui m'avait pareil subjuguée. Et pour moi c'était une évidence aussi qu'après le costume je complète avec cette capacité, ces compétences. Donc j'ai pas continué. J'ai appris plus tard, je m'en rappelais plus mais en fait Miss Botero m'a recommandé à Miss Anthropy. Donc elle m'a contactée en me disant voilà je monte un spectacle aux aides de Belleville et je cherche... Je me rappelle plus trop comment mais en tout cas je sais qu'elle m'a... démarcher trois fois alors que j'avais aucune vidéo, j'avais pas de matériel tu vois à montrer, j'avais juste fait ce spectacle avec Philippe. Elle a vraiment insisté et donc j'ai fait ok et donc c'est là où j'ai créé mes deux premiers numéros qui étaient la poupée et le numéro lumineux qui n'était pas lumineux à cette époque donc avec les éventails en tissu.

  • Speaker #0

    Et là on est en quelle année ?

  • Speaker #1

    2008-2009. Je sais pas exactement mais non ces eaux là. Donc elle avait réuni des super artistes assez pluridisciplinaires, il y avait une humoriste, Lila O, je crois que c'est ça, je me rappelle plus exactement qui était la MC. Il y avait du burlesque, il y avait une super chanteuse qui venait de Londres. Je crée ces deux numéros et la MC qui travaillait au Palais Mascotte me voit et me dit c'est super ce que tu fais, ce que ça te dit de partir en résidence au Palais Mascotte à Genève pendant un mois. Et j'ai fait bah ouais super, ça m'a fait mes armes tu vois. on avait trois shows par soir et on faisait cinq shows par semaine. Ça m'a permis de jouer devant absolument tous les types de publics possibles et inimaginables. On commençait je crois c'était à 21 heures au restaurant donc les gens qui sont là pour manger, qui sont pas forcément là pour te regarder. Après on descendait à l'étage du dessous c'était le bar donc pareil les gens potentiellement entrebourrés qui font pas forcément attention à toi et après on remontait à 2h du mat. Des fois il y avait trois personnes pareil des gens complètement bourrés ou alors qui s'attendaient à avoir du striptease enfin bref ça m'a bien rodé mais tu sais qu'on en parle encore aujourd'hui du palais mascotte ça a marqué beaucoup les jeunes voix je pense

  • Speaker #0

    que tout le monde y est allé une fois les gens en parlent avec beaucoup de plaisir c'était vraiment une chouette époque je pense que c'est là aussi que je me suis rendu compte je peux gagner ma vie avec ça en fait je peux en faire vraiment un métier

  • Speaker #1

    J'ai pu filmer mes numéros là-bas et quand je suis revenue à Paris, j'ai commencé à travailler avec Miss Glitter Pen Killer, avec Emma Montes. On n'était pas si nombreuses que ça. Je suis rentrée dans les anciennes du burlesque français.

  • Speaker #0

    Il me manque un élément, c'est le chant.

  • Speaker #1

    C'est assez récent le chant, c'était peut-être deux ans avant le Covid. J'avais envie de tester autre chose, trouver d'autres scènes, parce que je trouve qu'il n'y a pas assez de scènes où on peut s'exprimer avec l'effet H burlesque. Et j'avais envie, besoin d'exprimer autre chose, de créer plus facilement des personnages sans penser à il faut enlever tel vêtement, comment on les enlève. Si j'ai juste un personnage et que je ne m'effeuille pas, qu'est-ce que je peux faire ? J'ai joué du piano, oui, mais c'est difficile d'amener un piano. Le ukulélé, c'est quand même super, donc j'ai acheté un ukulélé. J'ai pris quelques cours. Mon prof, il m'a dit, tu sais toutes les bases, là après c'est du travail perso. Et je me suis dit, bon, quitte à faire du ukulélé, autant m'accompagner au chant. J'ai commencé avec du chant lyrique, je me suis dit un peu comme la danse classique, pourquoi pas commencer avec une base assez classique. J'ai eu deux autres profs en chant plus moderne et j'ai fait aussi une formation en comédie musicale en cours du soir. J'ai vu,

  • Speaker #0

    à l'AECOM.

  • Speaker #1

    Ouais, ou pareil, on faisait chant, théâtre, danse.

  • Speaker #0

    Tu as fait la formule 3 soirs, 3 heures par soir ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'était une matière par soir ?

  • Speaker #1

    Non, on avait deux matières par soir. J'ai commencé à faire mon premier numéro qui est... du coup on est numéro d'effeuillage. Bon, Yukulele,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que tu fais pour ne pas faire ton émeuillage ?

  • Speaker #1

    C'est vrai,

  • Speaker #0

    on fait trois ans de séparation.

  • Speaker #1

    Parce que je voulais quand même avoir une transition entre les Flash Burlesque et le cabaret et amener ça. Et puis, je ne sais pas, j'avais cette idée. Je cherchais des chansons Yukulele, je suis tombée sur celle de Laurel Hardy, Honolulu Baby. Ça faisait longtemps que je voulais faire un costume avec une face, un personnage, une autre face, ce personnage. ça se prêtait bien au jeu d'avoir ce petit marin et de l'autre côté cette petite haïtienne je ne t'ai pas vue sur ce numéro non je ne peux pas le faire souvent mais parce qu'il n'y a pas tant de scènes que ça qui t'autorisent à faire du chant finalement en effeuillage burlesque dans les spectacles j'ai ce petit numéro là Et après, j'ai eu la chance, j'ai saisi l'opportunité, mais je pense que là c'était quand même de la chance, c'est qu'il venait de rouvrir Madame Arthur. Charlie Vaudou m'a proposé dans les personnages pour venir chanter chez Madame Arthur. Ça m'a aussi permis vraiment beaucoup plus de travailler le chant et de commencer à avoir un petit répertoire et tout. Mais les premières fois où je chantais chez Madame Arthur, j'étais malade.

  • Speaker #0

    Ah mais le chant, c'est quelque chose.

  • Speaker #1

    Ouais. Beaucoup moins maintenant parce que vraiment cette année de travail chez Madame Arthur, ça m'a vraiment permis de... En fait, ce dont j'ai peur quand je chante, c'est absolument pas d'être fausse, je suis pas là pour être popstar, je suis là pour créer un personnage. Moi ce qui me fait le plus peur c'est d'oublier les paroles. J'ai vraiment un vrai problème de mémoire. C'est très très frustrant et c'est très très dur pour moi d'apprendre des chansons, il faut vraiment que je mette beaucoup de temps. de temps, je les écrive, il faut que je les répète constamment. Là, si je ne retravaille pas mon répertoire, j'oublie en fait. Et pour moi, c'est vraiment le truc. Les quelques fois où ça m'est arrivé, j'ai réussi à rebondir soit en le jouant, soit en faisant du yaourt ou quoi. Et au final, je me suis dit bon, finalement, j'arriverai toujours à m'en sortir.

  • Speaker #0

    Ce qui est le cas.

  • Speaker #1

    Ouais. Donc du coup, j'ai moins le track, mais j'ai quand même encore des fois des pourquoi je m'inflige ça.

  • Speaker #0

    Mais t'as peur de rien. Difficilement.

  • Speaker #1

    Si, mais...

  • Speaker #0

    Après moi j'admire, on en revient toujours sur ce point là mais vraiment je trouve ça admirable.

  • Speaker #1

    C'est mon troisième credo dans la vie, après tu vas peut-être le regretter ou t'as rien à perdre, c'est une phrase de Mark Twain qui dit ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait Et à un moment donné aussi j'ai lu un livre de développement personnel où il parlait de la peur et ça m'a aussi beaucoup marqué où il disait en fait la plupart du temps on n'ose pas faire les choses parce qu'on a peur. C'est à partir du moment où on analyse de quoi on a peur. on se rend compte que finalement toutes nos peurs sont assez irrationnelles. Voilà, j'ai peur d'oublier mes paroles, décortiquer un peu quelles sont les solutions que je peux avoir dans ces situations-là. Et bien on se rend compte qu'il y a toujours des solutions et que tout peut toujours s'en sortir. Donc ça permet un peu de prendre du recul et de déstresser, de se dire bon ben finalement il n'y a rien de grave qui peut m'arriver, donc allons-y, j'ai rien à perdre.

  • Speaker #0

    Clairement. Écoute, j'ai envie qu'on revienne sur le costume. Parce que c'est encore aujourd'hui tes deux métiers, costumière et artiste burlesque. J'ai vu ton superbe workshop et j'espère qu'on aura l'occasion de le reproposer en Suisse bientôt, où tu nous parles de l'histoire du costume burlesque, mais en fait l'histoire du costume aussi de manière plus générale. Du coup, ça nous donne aussi des clés en tant qu'artistes pour nos propres créations. Donc, je voulais savoir un petit peu quels étaient... tes inspirations pour les costumes de Kiki, parce que je sais que tu travailles aussi sur des projets pour des troupes et j'ai envie de savoir l'inspiration pour tes personnages.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a une évolution vraiment au tout début de ma carrière et à maintenant. Je prenais les inspirations qui étaient naturelles. Par exemple, le premier costume que j'ai fait, donc la poupée mécanique, c'est inspiré du ballet Coppélia parce que c'est l'éducation classique que j'ai eue. J'ai vu plein de ballets classiques. Et Coppelia, le pantin inanimé, c'est un personnage quelque chose qui revient assez souvent. J'avais un autre numéro aussi de pantin. Je ne sais pas pourquoi j'ai cette fascination sur la poupée.

  • Speaker #0

    Peut-être Barbie ?

  • Speaker #1

    Peut-être Barbie du coup, effectivement. Ce qui m'intéressait, c'était justement que cette poupée, où on croit qu'elle est inactive, inoffensive, où tu peux faire ce que tu veux avec, finalement elle se réveille. Et non, tu ne peux pas faire ce que tu veux. La musique, c'est la musique du ballet de Coppelia, où tu as les automates qui se réveillent et tout. Et après, c'est une musique de Marilyn Monroe. Parce que tu avais aussi tout l'univers de la femme enfant, la femme un peu bête, tu vois, qu'on essaie de mettre en avant avec Marilyn, que tu peux justement manipuler toute cette réflexion à partir de ça, qui sont vraiment des influences directes de ma vie.

  • Speaker #0

    Ah oui, il y a une réflexion entre le paraître et puis l'être.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Toi, tu as souffert de quoi ? Peut-être une image qu'on te colle et en fait, tu dis mais je ne suis pas comme ça ? Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr. Oui, oui. De toute façon, c'est exactement dans ma vie, tu as ça. Tu as vraiment Kiki et Jackie, tu vois. Et Jackie, c'est vraiment mon nom civil, tu vois, avec mon histoire civile de mon éducation très patriarcale. Et je n'ai jamais été en accord avec ça. Et je pense que vraiment, Kiki, c'est mon passe-droit, mon sauf conduit sur... Mais non, je n'ai pas envie, je ne comprends pas ce monde. Et le deuxième numéro, donc le numéro des éventails, je commençais déjà à l'époque à réfléchir, ok, dans les codes du burlesque, tu as les éventails, qu'est-ce que je peux faire pour que ce soit différent de ce qui existe déjà ? En faisant mes recherches, je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas beaucoup d'éventails tissus. J'avais vu une référence, je crois que c'est Lily Saint-Cyr, où tu as une photo où elle a un énorme éventail, tu sais, mais vraiment très très grand, comme les éventails chinois ou japonais, en papier, tu vois, et je me suis dit, ah, ce serait intéressant d'en faire un en tissu. et je voulais reprendre aussi l'imaginaire de la boîte à musique, de la ballerine sur la boîte à musique. Et au tout début, quand j'ai créé ce numéro-là, j'étais vraiment sur une petite scène qui tournait. Au tout début, vraiment les premiers numéros que j'ai créés, c'était par rapport à toute la culture que j'ai eue. Et après, je me suis rendue compte que finalement, tu pouvais créer avec tout et n'importe quoi, et que je n'avais pas envie de m'interdire ou de me restreindre à ce que je connaissais. Et donc la plupart des numéros, c'est... peu du hasard ou juste une idée ou une musique donc c'est vraiment très varié par exemple je suis souvent la crevette parce qu'il est assez drôle et que le processus créatif est assez clair donc c'est facile à visualiser pour mon numéro de crevettes et une amie avait un peu trop bu un soir et mdi il faut que tu fasses un numéro sur

  • Speaker #0

    le coup c'était drôle et je me suis dit ok challenge accepté comment je vais rendre comment je vais remettre la moindre drôle qu'est ce que je fais avec ça C'est la même idée que parfois dans la contrainte, c'est là où on est le plus créatif.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait. J'ai commencé Pinterest, mon ami, comme je le dis souvent sur mon workshop costume, Pinterest est votre meilleur ami, à chercher des photos de crevettes. J'analyse la carapace, sa texture, ça m'amène à réfléchir sur des idées de matière, de couleurs. Il y a la grande queue. Tout de suite, ça m'a fait penser à la collection de Thierry Meugler sur les insectes, avec ses femmes insectes. ultra sexy et je me suis dit mais ouais je vais faire un hommage à Thierry Mugler avec une femme crustacée ultra sexy corsetée il y avait toute cette idée de carapace qui faisait écho aussi du coup aux insectes donc je suis partie là dessus au niveau du design du costume et après en recherchant les crevettes tout de suite je suis arrivée sur les poissons combattants les petits planctons les animaux des abysses quoi avec les poissons combattants je me disais ça serait super à un moment donné d'avoir des espèces de nageoires comme ça qui volent et tout comme si la crevette se transformer, se déployer dans l'eau et ça serait super aussi d'avoir comme dans les abysses l'idée de lumière, de réflexion et bah ouais je vais partir sur un numéro en UV avec le rose fluo et d'avoir ces nageoires, ces voiles qui sortent de la crevette à un moment donné donc c'est comme ça que je suis arrivée à quand la crevette se décortique de toute sa carapace, dessous tu avais la combinaison de la crevette tigrée et j'ai des fermetures éclairs dans lesquelles je sors ces voiles qui sont dans la combi et qui sont en fluo et je passe en lumière fluo et là tu as toute une danse de voile Est-ce que tu dirais que si tu ne disais pas à un spectateur que c'est un humour sur une crevette,

  • Speaker #0

    il saurait ? Oui,

  • Speaker #1

    tout de suite tu le vois, j'ai les petites antennes j'ai la queue de crevette et puis dans la présentation aussi je demande de dire Elle peut être rose, elle peut être grise, vous les met en cocktail. Et ce qu'on préfère chez elle, c'est sa grande queue. Et ce soir, elle se décortique pour vous. Tu arrives sur un truc où les gens sont assez amusés et après...

  • Speaker #0

    En plus, on aurait pu aussi imaginer quelque chose où ça aurait été plus imagé. Et puis, tu aurais gardé dans l'idée de la crevette vraiment la couleur, l'essence de pas mal de choses. Là, tu es allée jusqu'au bout.

  • Speaker #1

    Mais il est quand même hyper chic et esthétique. Tu as juste des petits éléments. La queue, j'ai fait comme une crinoline. Donc, c'est que des cerceaux comme ça. Là, tu as juste le bout. J'ai quand même essayé de garder un côté assez esthétique. Sur beaucoup de mes derniers numéros, c'était vraiment juste une envie de soit reprendre les codes du burlesque et les détourner ou quand on a une nouveauté. Et là, sur mes derniers numéros, je pars plus sur faire des fémages à des artistes femmes. Donc ça fait très très très très longtemps que je voulais faire un numéro sur Loï Fuleur et donc là j'ai enfin créé le numéro. Et là, un de mes nouveaux numéros que je vais sortir cette année qui s'appelle Déshabillez-moi où en fait c'est une robe en crochet que les gens vont pouvoir décrocheter pour me déshabiller. Et je vais être sur une petite scène tournante. Un groupe de musique namoro me recompose la musique Déshabillez-moi dans une ambiance je trouve très futuriste. Et donc là, j'ai créé un personnage un peu de science-fiction. Je le vois un peu comme Barbie qui rencontre Blade Runner. Je vais être en mode pareil, robot pantin, tu vois, qui fait écho à deux autrices pionnières qui ont écrit des livres de science-fiction. t'as Marie Shelley avec Frankenstein et t'as Margaret, je me rappelle plus son nom, mais qui est au 18e siècle, qui a écrit aussi un livre de science fiction qui s'appelle The Blazing World sur une femme qui se fait enlever et qui devient l'impératrice d'une autre planète. C'est plein de discussions sur le genre, la place de la femme déjà au 18e siècle.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'inspiration pour ce numéro.

  • Speaker #1

    Oui et du coup, j'ai voulu créer l'impératrice d'une nouvelle planète.

  • Speaker #0

    J'adore !

  • Speaker #1

    Et puis j'aimais bien aussi cette ambiance un peu... de mannequin, vitrine, comme ça, où tu peux...

  • Speaker #0

    On connaît vraiment une patte.

  • Speaker #1

    Tu peux déshabiller aussi et tout, et au final, qui se révèle et qui se réveille, et qui reprend aux sessions de son corps et de...

  • Speaker #0

    Et de sa planète.

  • Speaker #1

    Et de sa planète. Et de la scène, pour s'exprimer comme elle le veut.

  • Speaker #0

    Et là, c'est pour quand, cette première ?

  • Speaker #1

    Je devais le sortir là, et puis j'ai eu une commande costume qui m'a un peu bloquée, mais normalement, dans deux mois.

  • Speaker #0

    Tu te sens prête là ? Non,

  • Speaker #1

    on est encore en train de finir le costume. J'ai cette robe qui se décrochette. J'ai fait plein d'essais déjà. Il va falloir que je la recrochette à chaque fois. Au début, j'ai essayé avec un fil. C'était trop fin, ça me prenait trop de temps à crocheter. Ça prenait trop de temps à décrocheter. Donc j'ai créé un fil plus gros. Mais pareil, c'était encore trop long de le faire en entier. Donc là, au final, je fais une partie de la robe qui est déjà crochetée, qui va rester comme ça. Et donc j'ai juste des liens qui vont venir désagréger la robe. C'était la solution que j'ai trouvée pour que ce ne soit pas trop long à faire à chaque fois, et que ce ne soit pas trop long aussi à décrocher. Et dessous, j'ai toute une combinaison en sequin rose, avec des lanières en cuir rose aussi, Blade Runner Barbie. Et dessous, on est en train de mettre en point, avec une de mes stagiaires qui fait ça pour son diplôme, toute une combinaison avec que des découpes de couleur chair, qui rappelle justement l'idée de Frankenstein. J'aimais bien cette idée de finir nue mais pas nue, sur scène avec les lumières, que tu aies plein de découpes, avec des tissus nude ou transparents et que du coup tu as des morceaux de porc de porc de peau, de corps. C'est un switch entre peau et corps. Qui se révèle, tu vois, un peu partout. J'ai acheté les pétiches du ballet de choses, quoi. Les pointes avec...

  • Speaker #0

    Ah oui, avec le talon, vertigineux, de 18 cm. Un truc comme ça. Où t'as le pied dans la position presque pointe.

  • Speaker #1

    Bah si,

  • Speaker #0

    complètement. Après,

  • Speaker #1

    je sais pas si j'arriverai à danser avec, mais en tout cas, je peux tenir debout, je pense, sur la première partie où t'as cette silhouette qui va apparaître comme ça.

  • Speaker #0

    Tu es dans un cycle là, puisque ta stagiaire est en train de faire pour ses diplômes un costume. Est-ce qu'elle va passer elle aussi du côté obscur de la force ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas.

  • Speaker #0

    On fait un art comme la danse aussi, mais je veux dire, on se montre nue. Est-ce que tu as appris à aimer ton corps ? Est-ce que tu étais déjà bien avec lui quand tu as commencé ? Parce que c'est vrai que tu oses dans ce rôle d'adjacent, c'était feuillage. Parce que tu avais... dès le départ, un rapport assez ok avec ton corps ? Est-ce que ça a évolué ?

  • Speaker #1

    Oui, j'ai quand même beaucoup évolué sur la représentation de mon rapport au corps. Quand j'ai commencé le burlesque, comme je le disais, je viens d'une famille quand même assez strict-cato, où le rapport au corps a toujours été très tabou. Le rapport à la sexualité aussi, c'est-à-dire qu'un corps nu, souvent c'est associé à la sexualité, et donc c'est pas bien, c'est sale, c'est... tu vois, t'as... truc très patriarcal,

  • Speaker #0

    il faut se cacher quoi.

  • Speaker #1

    Ouais il faut se cacher, si tu montres un sein, tout de suite t'es une tentatrice et en même temps moi j'ai toujours trouvé le corps de la femme absolument magnifique. Dans l'art, dans les musées, t'as 80% des tableaux c'est des femmes nues quoi donc on a un peu cette hypocrisie de dire tu peux pas allaiter un enfant en public, montrer ton sein en public et en même temps t'as des femmes partout dans la mode, dans la pub pour vendre, mais par contre si tu fais de l'art il faut le faire d'une manière... très esthétique, très jolie, il ne faut pas que ce soit trop sexuel, érotique, sinon tu passes dans le côté obscur où là c'est pas bien tu vois. J'ai toujours été attirée par ça, tu vois quand je voyais les danseuses au Crazy Horse, juste je voyais des corps en mouvement, en danse avec des lumières et je trouvais ça juste beau.

  • Speaker #0

    Alors moi je trouve quand même très sensuel, érotique, vraiment quand je vois le crazy, je rentre, j'ai envie de faire l'amour. Ouais c'est vrai. Ah oui moi ça me... Ah oui vraiment ça me... Pour moi c'est une sensualité, une... Super ! Ça m'émoustille vraiment. C'est vrai ? Ouais, j'aime beaucoup.

  • Speaker #1

    Ouais, ça ne m'émoustille pas plus que ça. Je trouve ça juste très beau, sensuel. Aussi,

  • Speaker #0

    aussi, complètement. Le Crazy, c'est pour moi le spectacle le plus sexy, sensuel au monde, avec un chic, une proposition artistique sur ses cordus qui est juste incroyable. Mais oui, je comprends aussi ce rapport de... Alors moi c'est l'inverse, j'ai été éduquée d'un corps, c'est un corps, c'est beau et puis il n'y a rien de mauvais. Mais toi tu as fait cette éducation par l'art.

  • Speaker #1

    Oui, et puis je ne comprenais pas aussi pourquoi en fait. Plus jeune, je ne comprenais pas pourquoi il y avait cette injonction à ne pas montrer, à faire attention, à ce que tout soit un peu tabou.

  • Speaker #0

    Tu as une forte personnalité, un peu rebelle.

  • Speaker #1

    Oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est chouette, ça a été l'occident.

  • Speaker #1

    Ma force,

  • Speaker #0

    justement. Surtout, heureusement, quand on a une éducation un peu chape de plomb, comme on peut ressentir, en plus la société, mais aussi ce côté, comme tu dis, un peu catholique, etc. Après,

  • Speaker #1

    je suis la petite dernière. J'ai 6 et 8 ans d'écart avec mon farmaceur. Donc peut-être qu'eux, ils sont passés avant. Ils ont préparé un peu le terrain à ce que ce soit un petit peu plus simple pour moi. Les mentalités aussi ont évolué. Mais j'ai quand même eu beaucoup de chance. Ma mère m'a toujours soutenue dans les choix que je faisais. J'ai eu la chance d'y mettre financièrement pour mes études. Même si au début, ça leur faisait peur que j'aille dans un milieu artistique. Quand j'ai fait le spectacle avec deux boufflés, je l'ai dit à ma mère. Mon père, il n'est pas venu. Je pense que c'était trop pour lui de potentiellement voir sa fille dénudée. Tu vois, il n'a pas pu. Alors qu'il était venu, il était très heureux pour moi. Mais il ne voulait pas venir au show. Ma mère, elle m'a dit, tu n'as pas le corps pour. c'est dur ouais c'est dur donc je viens de là waouh quand t'es danseuse c'est un corps svelte j'imagine toutes ces femmes qui vont nous écouter et qui peut-être n'osent pas qu'elles se disent bah en fait non Kiki elle avait confiance en elle et son corps non j'ai toujours des complexes je pense qu'on a toujours des complexes parce que c'est quand même pas facile de se détacher d'une injonction quand on est enfant on te montre des pubs des stars hollywoodiennes des danseuses qui ont corps, un schéma et qu'on te dit c'est à ça qu'il faut que tu ressembles pour être bien dans la société, c'est quand même très dur de se déconstruire de ça. Ça m'a apporté tellement de joie d'être sur scène, de pouvoir m'exprimer, de faire ce que je veux et d'être mise en lumière, d'être magnifiée dans un groupe que en fait à un moment donné juste j'en ai plus rien à faire du jugement des autres. On ne met pas assez en avant d'autres corps, d'autres morphologies, où on ne dit pas que tous les corps sont acceptés et pas que ce type-là. De plus en plus, oui, je m'en fous en fait. J'ai juste envie de créer des personnages, faire rêver les gens, de créer autre chose qui se détache aussi peut-être de... On se met nu sur scène. Je pense que le burlesque, ce n'est pas ça, tu vois. Ce n'est pas un effeuillage.

  • Speaker #0

    C'est presque anecdotique parfois, le fait qu'on est nu dans les numéros que tu proposes. où on est dans une proposition artistique presque cérémoniale, un voyage dans cet effeuillage. On oublie presque le propos, le but. Moi je trouve que c'est totalement aussi magnifique. Il y a plein d'autres numéros où c'est une vraie proposition de sensualité, de sexualité, de je vais te faire ressentir un truc, je vais te faire avoir des papilles. Voilà c'est toutes ces propositions là qui coexistent dans le burlesque. Je ressens une pression sur mon physique dans tout ce qui est corps. tous les mandats qu'on a dans des milieux moins culturels bon moi je fais du hula hoop c'est encore je pense un peu différent parce qu'on a les stéréotypes de la gymnastique du cirque comment est-ce que tu jongles toi avec cette injonction quand même qu'on voit le burlesque ça reste quand même pour les milieux corporate une vision assez américaine avantise honnêtement c'est vraiment contraignant en fait parce que tu dis pfff

  • Speaker #1

    On ne va pas réussir à évoluer. Ça serait bien de sortir un peu de ces stéréotypes. Je pense qu'il y a une responsabilité des productrices de proposer d'autres choses et de dire que ça va être bien aussi. Encore une fois, le but, ce n'est pas de dire qu'il faut arrêter complètement d'avoir des corps stéréotypés. C'est juste qu'il faut amener un peu plus d'inclusivité, de diversité pour qu'il y ait des modèles. En plus, on le voit maintenant. dans la mode où toutes les marques maintenant mettent des mannequins grande taille, des mannequins de couleur, amènent beaucoup plus de diversité, surtout. Et donc, sur des événements corporés, tu vois, il faut...

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'avant tout, avant tout, on fait du divertissement. L'idée d'un spectacle, d'un numéro, c'est d'emmener les gens dans quelque chose d'extraordinaire et de résumer ça qu'un type de corps, c'est trop dommage.

  • Speaker #1

    C'est très très frustrant de se dire bon bah en fait on ne pourra pas travailler dans ce type de milieu alors qu'on est doué parce qu'on ne correspond pas à un critère aussi. Je trouve ça assez violent.

  • Speaker #0

    Clairement je suis tout à fait d'accord et je ne sais pas si à un moment donné tu as failli basculer, mais il y a un moment où tu te dis ok est-ce que je fais super attention à ce que je mange et du sport à outrance, c'est une possibilité, est-ce que j'essaye de fitter ? Est-ce qu'à un moment donné, tu t'es posé la question ?

  • Speaker #1

    Je le fais quand même, de toute façon. Je le fais déjà pour une raison, c'est que je ne suis plus toute jeune et que si j'ai envie de continuer la scène, je suis obligée d'entretenir mon corps parce que c'est quand même aussi mon objet de travail, tu vois.

  • Speaker #0

    Plus dans une optique aussi d'entretenir le corps. Je veux qu'il reste fort, je veux qu'il reste capable. Je veux rester maître aussi. Moi, c'est ce que j'adore dans la danse et dans le sport. C'est que tu sens que tu maîtrises jusqu'au bout des doigts un peu ce corps et que tu es vraiment en connexion.

  • Speaker #1

    Je pense que c'est les périodes où j'avais pas forcément de travail, j'étais pas forcément bookée. Du coup tu te dis, ah peut-être que si j'étais plus mince, j'aurais plus de booking ou quoi. Au final je me suis rendu compte que comme j'avais deux métiers, j'avais pas le temps de me consacrer entièrement à Kiki et du coup de faire du démarchage. Donc j'ai pris un peu de recul là-dessus. Quand tu traînes trop sur les réseaux sociaux, ça te bouffe le cerveau quoi. vraiment tu te compares trop c'est pas bon quoi c'est à dire qu'on a besoin des réseaux sociaux pour pour se faire connaître pour faire sa promo mais en même temps enfin pour moi déjà c'est trop chronophage dire que j'arrive j'arrive pas à gérer c'est vrai c'est trop chronophage et en même temps tu as besoin aussi pour te si tu as envie de d'être dans la communauté. Moi, je sais que je me sens un peu en dehors de la communauté, pas parce que je le fais exprès, mais c'est juste que j'arrive pas à suivre en fait. Je peux pas passer une heure par jour à voir ce que font les autres et tout. Et puis ça me fait trop du mal aussi. Parce que justement, comme j'ai pas le temps de me consacrer entièrement, tu vois, à mon personnage, en fait, je me sens pas bien après. Je me dis merde, je fais pas assez. Enfin, tu vois, je trouve ça très très très violent quoi. Donc je trouve qu'il faut faire attention à ça et Il faut savoir prendre du recul, mais ce n'est pas facile quand tu as tout autour de toi qui te fait pointer du doigt ce que tu ne fais pas, ce que tu devrais faire, ce que tu devrais être. C'est très difficile.

  • Speaker #0

    Écoute, on arrive gentiment à la fin de ce podcast. Je ne sais pas si tu avais envie de parler d'autre chose.

  • Speaker #1

    Ça dépend. Si tu as envie que je parle de mon nouveau projet, du château et tout, que j'ai envie de faire connaître. Carrément. Le projet.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    oui. Et comme je te disais, c'est un peu l'aboutissement aussi de, je pense, tout ce que j'ai fait jusqu'à présent dans ma vie. Pendant le confinement, j'ai créé un collectif militant qui s'appelait Balai Masque, où on dénonçait l'exploitation des couturières à qui on demandait de faire des masques bénévolement. Je ne sais pas si en Suisse vous avez eu ce même problème, mais en tout cas en France c'est parti vraiment. N'importe comment, les communes, les entreprises faisaient des appels massifs à bénévoles pour venir coudre des masques, des blouses pour les hôpitaux. C'est devenu une industrie à côté de travail gratuit, en fait, et qui incombait aux femmes parce qu'on considérait que la couture, c'est un travail féminin. Donc ça m'a fait prendre conscience que je n'étais pas respectée dans mon travail de costumière, comme dans le travail du burlesque aussi. Je trouve qu'on n'est pas... bien respectée quand on demande à être bien payée ou quoi tu vois je pense qu'il y a beaucoup de dans la tête des producteurs qui restent quand même assez souvent des hommes, on reste des femmes qui se foutent à poil tu vas donc je trouve qu'il y a un manque de considération aussi ça rejoignait un peu ça tu vois de la valeur du travail, la valeur du travail féminin et et les arts autant le burlesque que le costume et donc là je travaille sur un gros projet de vie qui est de créer un centre culturel et artistique dédié à l'héritage des femmes. Donc le but c'est d'acheter un château pour en faire lieu de matrimoine écoféministe et réfléchir aussi dans la création, dans l'art, comment tu produis, comment tu consommes, comment tu vis. Et donc c'est pour ça que par exemple tous les nouveaux numéros que j'ai envie de créer maintenant, c'est vraiment en fait mage, je peux le dire.

  • Speaker #0

    Tu peux récouter qui ?

  • Speaker #1

    Femmage, c'est le pendant de hommage, en fait. Donc un hommage aux hommes, un femmage aux femmes. C'est pas moi qui l'ai inventé. Non,

  • Speaker #0

    mais je me dis que...

  • Speaker #1

    Je trouve ça très fort, en fait. Le pouvoir des mots, souvent, on l'oublie, mais c'est très, très important de reprendre en compte ça et de justement retrouver ce matrimoine. Et pour moi, le burlesque, vraiment, ça fait partie du matrimoine des femmes. C'est-à-dire que... C'est avec ça qu'on pouvait quand même, à l'époque les femmes pouvaient gagner leur vie, être indépendantes. Ça restait le petit espace aussi de création qu'on a pu reprendre aussi nous. Donc voilà, je pense que le fait de vouloir mettre en avant justement autant l'artisanat que l'art, ça reprend tout ce que j'ai fait jusqu'à présent. Et ce combat militant qui était un peu sous-jacent, tu vois, finalement, dans mon parcours, mais que je ne voyais pas forcément et qui, là, pendant le Covid, ça m'a vraiment explosé un peu à la figure, tu vois.

  • Speaker #0

    C'est génial et j'espère qu'on aura quand même pas mal d'auditeurs et d'auditrices. Est-ce qu'on profiterait un peu, parce que je sais que tu cherches... Du coup, des personnes qui ont envie de te rejoindre dans ce projet. Peut-être qu'il y a des gens qui vont nous écouter, qui vont nous connaître. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais.

  • Speaker #0

    Donc, n'hésitez pas à écrire à nous.

  • Speaker #1

    Le projet va s'appeler le Château Béguine, figure-toi. C'est génial. Parce que les Béguines, c'était la première communauté féministe qui existait au Moyen-Âge.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça un béguin ?

  • Speaker #1

    Oui. Parce que, donc, elle portait un béguin. Donc c'était une petite coiffe, comme c'était avoir quelqu'un dans la tête, en fait, tu vois, de fil en aiguille sur l'exploitation du mot béguin, on en arrivait à cette expression d'avoir un crush sur quelqu'un.

  • Speaker #0

    Tu as déjà un château en tête ou pas du tout ?

  • Speaker #1

    Non, mais il y en a plein, en fait, je ziote depuis deux ans des offres de ventes aux enchères de l'État, parce que l'État a énormément de châteaux, et il y en a plein qui l'avaient récupéré. pour faire des colonies de vacances, des centres médicaux. Donc c'est des lieux qui ont déjà été réaménagés et qui ont déjà par exemple des dortoirs, des salles aménagées pour accueillir du public. Et comme c'est un projet qui est très politique, j'ai besoin, je vais avoir besoin d'être soutenue par une commune, tu vois, sur ce projet.

  • Speaker #0

    Donc appel aux communes qui seraient... J'aimerais ce projet qui...

  • Speaker #1

    On va trouver, je ne me fais pas de...

  • Speaker #0

    Je ne fais pas de soucis non plus, mais c'est peut-être une écoute. Je suis sûre que c'est un magnifique projet et je pense qu'il va certainement parler à plein de gens. Et voilà, là, tu es dans une phase où, bon, ce n'est pas pour demain, mais c'est pour quoi ? Tu l'imagines dans...

  • Speaker #1

    Assez rapidement quand même. Assez prochaines années quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    assez rapidement, dans peut-être un ou deux ans quand même.

  • Speaker #0

    C'est génial. Je te souhaite beaucoup, beaucoup de succès, d'énergie parce que... C'est un énorme projet, mais qui va être aussi merveilleux qu'il est grand.

  • Speaker #1

    Et on fera des gros festivals burlesques au château.

  • Speaker #0

    J'adore.

  • Speaker #1

    Avec des workshops, des séminaires.

  • Speaker #0

    Et donc, on va terminer sur la question signature du podcast. Si Kiki pouvait dire quelque chose à Jackie, qu'est-ce qu'elle lui dirait ?

  • Speaker #1

    Sur la scène, vraiment, j'ai peur de rien. Et ce serait bien d'avoir ce même état d'esprit dans la vraie vie, encore plus que ce que j'ai là, tu vois.

  • Speaker #0

    Et justement, est-ce que Kiki t'a déjà un peu insufflé ça au fur et à mesure des années ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, beaucoup. Et en même temps, la question, c'est est-ce que c'est pas aussi reposant, à un moment donné, d'avoir... une personnalité qui est beaucoup plus renfermée, beaucoup plus calme, tu vois. Il y a plein de moments où, quand je suis Jackie, où j'aimerais bien ne pas avoir cette peur d'aller voir les gens, de leur parler, tu vois, ou d'être hyper, un peu exubérante, donc c'est ça que j'aurais envie de dire, genre, soit comme Kiki, tu vois, et en même temps, est-ce que, ouais, ça serait pas trop fatigant d'être tout le temps trop dans... J'ai peur de rien, tu vois. Je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Eh bien, écoute, génial. Merci beaucoup pour ce partage. Tu nous as raconté ton parcours passionnant.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Et merci à tous ceux qui nous ont écoutés jusqu'au bout. On vous retrouve bientôt dans un prochain épisode de Sous les Stress.

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