- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans Sous les strass, le podcast qui vous emmène dans les coulisses du cabaret et du burlesque. Je m'appelle Émilie, ou Liv Laflamme, ça dépend du moment de la journée, et nous avons aujourd'hui la chance d'accueillir the one and only Misty Lotus. Dans cet épisode, la feuilleuse indo-suisse et directrice de la Suisse Burlesque Academy nous parle de santé mentale quand on est artiste, d'authenticité de soi, du privilège de se produire sur scène, des différences entre burlesques américains et européens, ou encore de comment ses origines indiennes influencent son art et sa spiritualité. Découvrez une artiste puissante, engagée et singulière. Bonne écoute ! Alors nous avons aujourd'hui le plaisir d'accueillir Misty Lotus. Pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter ?
- Speaker #1
Je suis Bistilotis, je suis artiste internationale de burlesque et aussi mangeuse de feu. Je suis élue dans le top 10 des artistes d'Europe continentale du 21st century burlesque. Et je suis headliner ou tête d'affiche de multiples festivals à travers l'Europe.
- Speaker #0
Et ça fait combien de temps que tu fais du burlesque ?
- Speaker #1
Ça fait dix ans maintenant que je fais du burlesque, mais ça fait depuis fin 2016 que je fais ça à temps plein, donc sept, huit ans, comme ça.
- Speaker #0
Et puis peut-être pour commencer, un petit retour en arrière, dans quel genre de famille tu as grandi ? Est-ce que tu as grandi dans une famille qui était tournée vers les arts vivants ou vers l'art en général ?
- Speaker #1
Donc en fait, la chose que je dois mentionner, c'est que j'ai grandi en Inde et dans une famille... indienne, parce qu'il n'y avait que ma mère qui était blanche à la maison. Et en fait, l'art en Inde est quelque chose d'extrêmement important, que ce soit les peintures, les œuvres artistiques en sculpture ou les arts de scène comme la danse, les nombreuses danses classiques. Il y a huit danses classiques en Inde. Et mes parents sont des amoureux de l'art et ils m'ont, dès mon enfance, toujours amené à des spectacles de danse. et à des musées, mais beaucoup, beaucoup de spectacles de danse. J'ai le souvenir en tout cas. Donc j'ai été très, très encouragée de manière artistique, c'est-à-dire que j'ai eu des cours de piano depuis que j'ai 6 ou 7 ans. J'ai aucun talent pour le piano, je souhaite préciser, mais par contre, j'ai une très, très bonne musicalité qui doit venir de ça. J'ai ma grand-mère qui travaillait avec des enfants défavorisés ou des... personnes trisomiques et elle les encourageait à peindre et faire de la peinture à huile donc j'avais toujours de la peinture à huile à disposition et je peignais énormément avec ma grand-mère aussi et j'ai aussi fait des cours de peinture avec un artiste très célébré qui s'appelait Balan Nambiar et qui a même fait des expositions en Suisse à Berne même récemment il y a quelques années en arrière. Donc du coup j'ai vraiment eu de la chance de me retrouver un peu entourée par l'art.
- Speaker #0
Donc tu as vraiment développé ta créativité au fil des années.
- Speaker #1
Exactement, en tout cas c'était toujours quelque chose qui était là et jamais quelque chose qui était hors de ma vie en fait si on peut dire ça comme ça.
- Speaker #0
Et quand tu es revenue en Suisse, est-ce que tu as continué à nourrir cette créativité ?
- Speaker #1
Quand je suis revenue en Suisse, mes parents m'ont inscrit au conservatoire pour le piano. Et disons, c'était complètement une autre manière d'enseigner que ce que j'ai eu d'habitude. Et je pense que, bien que ma prof était extrêmement talentueuse, et c'était une très très bonne prof, je pense que venant d'une culture différente, on n'a jamais vraiment connecté. Et du coup, je pense que je n'ai jamais vraiment percé dans le piano pour cette raison. Bah, mis à part ça, le but là c'était, et ça aussi ça vient du fait que je viens d'une famille indienne, c'était le plus important c'est de bien réussir à l'école. Et du coup c'était le seul objectif, c'était de faire des bonnes notes à l'école. Je parlais pas français quand je suis arrivée en Suisse, et du coup j'ai dû apprendre le français. J'ai appris très très rapidement, mais c'était quand même un gros choc. C'est-à-dire que je me suis retrouvée là à Morges. J'ai trouvé dans une école où j'étais la seule personne racisée. C'était que des personnes blanches. Mais moi, naïvement, je me suis dit, waouh, mais ils sont espagnols ou italiens. Il y en a une qui est grecque. Enfin, en fait, on est très multiculturel, sauf que moi, on ne m'a pas vue comme ça, en fait. Et du coup, je me suis tellement, je me suis sentie autre pendant des années. Quand je suis allée à l'école secondaire, il y avait 900 élèves cette fois dans mon école. mais on était trois personnes racisées dans l'école entière. Donc de nouveau, ça continuait. Je vais quand même appeler ça du racisme ou de la xénophobie, de tu es autre, tu n'es pas comme nous, et tu ne seras jamais comme nous à cause de comment tu as grandi Donc voilà, je pense qu'en fait, sur le moment, je ne me rendais pas compte, sur le moment, j'avançais, je vivais ma vie telle qu'elle venait, j'essayais de faire des bonnes notes agricoles, j'avais quand même des amis, mais je pense que j'ai quand même un gros trauma qui est lié à ma venue en Suisse. Ce qui fait qu'en fait, j'étais en mode un peu survie et dans un mode un peu dissociatif pendant mes premières années ici. Ce qui fait que je pense que l'art, je le vivais à travers le piano. Mais par contre, effectivement, il n'y avait plus ces représentations de danse. Après, dès qu'il y avait de la danse indienne en Suisse, mes parents m'amenaient quand même à ces représentations. Mais sinon, la musique, c'est devenu très, très important pour moi. C'est devenu ma manière de m'exprimer. J'ai commencé à faire des cours de chant. J'ai toujours aimé chanter. Je le ferai, je pense, jamais sur scène. Je l'ai déjà eu fait, mais ce n'est pas ma manière préférée de m'exprimer sur scène. Je le fais pour moi. Mais effectivement, je pense que c'était plus l'entente de la musique, de voir tous ces artistes différents, de leur manière de s'exprimer, non seulement dans leur musicalité, mais aussi par leur look, par leur style. À fond d'un sens, c'est justement par... toutes les belles choses qu'il racontait à travers l'horreur qui m'a beaucoup inspirée. Et du coup j'ai commencé à écouter énormément de rock, de metal, de hip-hop, toutes ces musiques marginalisées où les gens avaient quelque chose d'important à dire à travers l'horreur.
- Speaker #0
Et comment justement le burlesque est rentré dans ta vie ?
- Speaker #1
Première fois que j'ai vu un documentaire où il y avait quelqu'un qui faisait du burlesque, j'étais beaucoup trop jeune, je pense que j'avais 10 ou 11 ans, c'était sur Arte. C'est un documentaire qui parlait des artistes go-go-danceuses à New York. Et je me souviens avoir vu une artiste, et je n'ai pas la preuve que c'est elle, mais visuellement de ce que je me rappelle, je pense que c'était cette personne-là, c'était Tura Satana, une artiste d'origine asiatique américaine, d'origine... japonaise qui a aussi été actrice dans des films de série B qui en fait est arrivée sur scène elle avait une énorme jupe elle a juste enlevé son homme elle a gardé cette longue jupe et là elle était en cachetons elle s'est penchée elle a commencé à faire tourner ses cachetons genre j'ai jamais vu quelqu'un tourner à ce jour les cachetons de cette manière c'était tellement fluide c'était tellement et Doctora Satana c'était C'était une bombe dans le sens conventionnel quand elle était jeune, mais là, elle devait bien avoir 60-70 ans. Et du coup, c'était la femme de son âge. Déjà, c'est la première fois que je vois une femme aussi âgée à moitié nue, mais aussi, elle était en surpoids. Et du coup, de voir comment le public l'applaudissait, c'est quelque chose à quel point elle avait du succès. Et il y avait d'autres gogo danseuses, et même une qui a dit Oh mon Dieu, je suis arrivée, j'ai enlevé mon top, tout le monde en avait rien à foutre. Pardon, j'ai le droit de jurer. Et là, cette tour à satana, là, juste là, encore avec son énorme jupe, juste pencher, faire tourner ses cachetons et de voir le public en folie. Et j'étais trop jeune, je pense, pour le comprendre, mais j'étais là. Mais il y a un truc, il y a une puissance. Cette femme est puissante, comment elle arrive à toucher chaque personne dans cette salle, malgré le fait qu'elle soit asiatique, malgré le fait qu'elle soit en surpoids et malgré son apparence due à son âge. Après, j'ai toujours trouvé qu'elle était magnifique, mais c'est juste, j'étais quand même consciente des standards de beauté, même si j'étais jeune. Du coup, c'était ma première impression du burlesque. Et j'ai entendu encore parler du burlesque grâce à Dita Von Teese, parce qu'elle sortait à l'époque avec Marilyn Manson, horrible personne. Et du coup, j'ai été fascinée par sa beauté, par son look surtout. Et du coup, j'ai commencé à faire plus de recherches, j'ai appris un peu ce que c'était. Et je me souviens quand j'avais 18 ans, j'ai cherché sur internet cours de burlesque, mais j'ai cherché sur Google burlesque classes et ça m'a sorti New York School of Burlesque Et j'étais là, évidemment qu'à New York il y a des trucs, mais à part ça, je me dis, je n'avais pas le bon sens de chercher cours de burlesque suisse Et du coup, je me suis juste dit que ça n'existait pas en Suisse. Mais quelques années plus tard, je crois que j'avais 20 ans. 21 ans, j'ai une amie, je traînais beaucoup dans un bar underground très punk à chien, et j'ai une amie qui tenait le bar et on se connaissait, on n'était pas encore amis au début mais on se voyait, on était toujours très contents de se voir entre gens lookés parce que j'avais un look justement très corset, très goth, enfin mais goth un peu marron fun quoi. Et du coup elle m'a dit ça te dirait de commencer les cours de burlesque, j'ai l'impression que t'as le look pour Et j'étais là mon dieu ça existe en Suisse et on a commencé les cours à Vevey Entre nous les cours c'était un peu un désastre, c'était pas des très très bons cours, mais par contre j'ai trouvé vraiment une équipe d'amis, dont Robel Betty, qui est encore ma meilleure amie aujourd'hui, avec qui je travaille à l'école Swiss Burlesque Academy.
- Speaker #0
Et une super artiste.
- Speaker #1
Une incroyable artiste. Donc du coup c'était dans les... Dans les étoiles que je fasse ce cours, et après on a commencé à faire des cours avec... On a trouvé... En fait ça nous plaisait quand même, donc on n'était pas dégoûtés. On a cherché une autre prof et c'est là qu'on a trouvé Emma Milan. Je me souviens qu'on a dû attendre un bon moment pour avoir des cours avec elle, parce que son cours était complet, puis elle nous a proposé d'aller dans un cours avec quelqu'un d'autre, mais nous on était là, non, cette fois, on veut elle, on veut pas, voilà. Hermès 6 a commencé les cours avec elle le semestre d'après, on a attendu à peu près une année. Et mon premier solo, du coup, c'était en février 2014. Et voilà, et depuis, je ne me suis pas arrêtée.
- Speaker #0
Et ce premier solo, c'était aussi ta première scène ?
- Speaker #1
Non, ma première scène, c'était dans une chorégraphie de groupe. où on a donc chorégraphié par Emma Milane, où on a fait, on a dansé Big Spender et moi j'ai chanté Big Spender. Emma, dix ans après, elle me dit encore, c'est comme tu rechantes sur scène. Vraiment, je crois juste que c'est tellement facile de se déshabiller et de montrer son corps. Et je trouve que quand on chante, c'est une autre forme de vulnérabilité qu'on montre, que je ne sais pas si je suis prête à montrer. Mais un jour, un jour. Mais du coup voilà, Big Spender. Et je me souviens que c'était trop fun, c'était trop fun de faire ça avec les copines. C'était trop fun de s'exprimer, d'être habillée en corset avec une petite jupette. Et puis, ouais, je sais pas, j'ai adoré ce premier moment, mais je pense que j'ai pas trop trop de souvenirs de celui-là, mis à part que c'était fun d'être entourée de mes copines et de faire ça. Par contre, mon numéro solo, du coup, c'était Poison Ivy. personnage de DC Comics. C'était à la base une des ennemies de Batman. C'était, je pense, un de mes premiers crushs à la télé. Ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille comme quoi j'étais queer, mais non, ça a pris plusieurs années.
- Speaker #0
Tu te souviens de ce que tu as ressenti quand tu étais sur scène, une fois que tu es sortie de scène ?
- Speaker #1
Je me souviens que j'ai eu l'impression que c'était le seul endroit où je pouvais être 100% moi-même et que j'allais être célébrée pour ça. Pendant toute ma vie, on m'a toujours dit pas pendant toute ma vie, dès le moment où je suis arrivée en Suisse, on m'a dit que j'étais trop quelque chose, j'étais trop, je parlais trop fort, je m'exprimais trop, j'avais pas... Bah évidemment, c'est une question de culture. Et j'en veux pas à ces gens qui m'ont dit ça, parce qu'ils ont été aussi élevés d'une autre manière, et c'est clair, c'est un choc culturel de me voir arriver. Même encore maintenant que je suis bien adaptée, c'est un choc culturel de me voir arriver. Donc, du coup, c'est clair que là, je me suis dit, mais waouh... J'ai le droit de me maquiller autant que je veux, parce que je me maquillais déjà beaucoup à l'époque. J'ai le droit de porter les habits que j'ai envie, dans lesquels je me sens sexy. Et je suis célébrée pour ça. Et j'ai le droit de grandir et d'arrêter de me rapetissir pour intégrer ce monde. Et là, on me dit, c'est bien, bravo. Et en fait, tu pourrais faire plus. Donc du coup, je crois que c'était vraiment le moment où je me suis dit, mais waouh. Et je n'avais pas avancé à des aspirations encore de je veux être artiste internationale et tout. C'est juste que je prends vraiment la vie en fait comme elle vient. Et j'ai toujours quelqu'un qui a, oui, de l'ambition, mais sur le moment, ça a été un moment très pur de waouh, c'est incroyable et je me sens bien ici Et c'est toujours le cas quand tu es sur scène aujourd'hui ? Oui, toujours. Et ce sera toujours le seul endroit où j'ai l'impression que je peux être célébrée pour qui je suis. Genre, ce week-end, j'étais à Las Vegas. Et un soir, j'ai porté un sari en hommage justement à ma culture, d'où je viens. Tout le monde m'a dit que j'étais belle et pareil quand je fais mon numéro de pan, je porte un lehenga qui est un costume traditionnel indien. C'est la première fois depuis que j'ai déménagé qu'on me disait que j'étais belle en fait dans quoi que ce soit qui ressemblait à ma culture. Et où je me sens safe en fait, dans un environnement safe et bienveillant pour le faire. Parce que genre encore maintenant je me dis alors oui, je pourrais très bien me promener avec un sari dans la rue et je le ferais avec plaisir. mais je sais que les regards seront pas bienveillants sur moi. Oui, il y a des gens qui seront là, qui admireront, qui adorent, mais il y a des gens qui me regarderont mal. Alors que dans le burlesque, personne m'a jamais fait ça et tout le monde m'a accueilli en fait. Donc du coup, je pense que ça, ça changera jamais. Ça changera que c'est le fait que, en fait, peu importe le message de mon numéro, que ce soit le pan ou que ce soit le dragon ou que ce soit genre une sorcière venue du fond de l'océan, en fait, on célébrera ma vision. et ce que j'ai à raconter sur scène.
- Speaker #0
Et justement, tu disais que tu n'avais sûrement pas forcément pensé à devenir professionnelle. Mais là, ça fait depuis 2016 que tu te consacres entièrement au burlesque. Est-ce qu'il y a eu un déclic ou ça s'est fait naturellement ? Oui !
- Speaker #1
Il y a eu un énorme déclic. Où en fait, déjà... Le burlesque m'amenait énormément de joie et je pense que de base je ne suis pas quelqu'un qui est extrêmement joyeuse. À part dans le burlesque en fait et à part dans tout ce qui touche à ça. Quand j'enseigne, je suis heureuse. Quand je danse, je suis heureuse. Quand je suis en train de préparer, faire mon numéro, faire mes costumes, des trucs comme ça. Alors des fois je ne dis pas, c'est la prise de tête. Au bout de la vingtième fois qu'on se plante une aiguille dans le doigt, on a envie de pleurer, mais c'est quelque chose qui m'amène du bonheur. Mais par contre, le déclic, c'était que j'étais en études en sciences politiques à l'Union de Lausanne, et on venait de suivre un cours en politique sociale, et un excellent cours qui nous racontait à quel point la langue française, de part à quel point c'est genré, pouvait même aller jusqu'à influencer les femmes. en fait, dans leur vision d'elles-mêmes, et pourquoi en fait ça pourrait expliquer que les femmes, il y en a moins qui sont en position de pouvoir. Parce que tous les mots genrés féminins sont des choses plutôt c'est doux, c'est à l'intérieur, c'est tout ce qui est... voilà. Alors que tout ce qui est entreprenant et tout ce qui a une énergie en fait de aller à l'extérieur, travailler, enfin voilà, c'est tous des mots qui sont genrés masculins. Et je me souviens, j'étais sortie de ce cours et j'étais là, waouh. C'est incroyable d'apprendre ça. Ça confirme tout ce que je sais sur la société. Et j'ai parlé avec un de mes collègues qui était à côté de moi. Donc, il était plus jeune que moi. Moi, j'avais 23... J'avais 24 ans, je crois. Lui, il en avait 20. Et il me dit... Ouais, mais moi, je pense pas que ça influence les femmes et tout. Et genre, je me souviens que j'ai eu un... Epiphany, comment on dit ça en français ? Je sais pas. Epiphany. Epiphany. Et genre, je suis sortie de mon corps et... j'ai regardé ce gars et j'étais là non mais ça c'est le plus ouvert d'esprit qui sera jamais dans sa vie quoi parce que là il est aux études, là il est jeune là il a tout le privilège et plus il vieillira, plus il va en fait s'ancrer dans ses croyances on vient d'avoir un cours qui a sûrement déjà du retard par rapport à la société dans laquelle on est, parce que le temps que ça vienne qu'on nous enseigne ça, c'est 20 ans de recherche des fois et du coup j'étais là genre le cours il est sûrement déjà plus à jour et là on a quelqu'un genre... On nous a mis toutes les preuves après des années de recherche. Et le gars, il dit, ah non, mais je ne pense pas que les femmes... En gros, ce n'était pas un sous-entendant, en fait, que les femmes, en fait, en étaient juste moins capables. Et c'est pour ça, en fait, qu'on n'arrivait pas à des plus hauts degrés de pouvoir dans la société. Et du coup, j'étais là, en fait, je vais devoir me battre contre ces gens pendant le restant de ma vie. Si je continue Sciences Politiques et je trouve un travail dans le domaine, où je pourrais... changer le monde à ma façon même si c'est petit en faisant du burlesque et ce sera au moins plus fun parce que je pourrais le faire à moitié à poil et en m'amusant et en dansant et du coup j'ai décidé je vais faire ça pendant une année j'ai économisé de l'argent sur l'année qui est venue j'ai tout de suite arrêté les cours en fait très peu de temps après en fait je me suis dit que les cours c'est quelque chose que j'adorais et j'adore toujours entendre et apprendre. Mais par contre, je me suis dit je suis jeune maintenant, je vais essayer. Pendant une année, je vais économiser et après je vais partir vivre à Berlin, qui est genre en fait le centre de l'art où ça l'était en tout cas à l'époque, c'était en 2016, où je vais pouvoir en fait expérimenter et faire tout ce que je veux de mon art en fait. Pourquoi Berlin aussi ? C'est parce que... En Suisse à l'époque, les seules opportunités qu'il y avait des artistes avec mon expérience, c'est qu'il n'y en avait pas en fait, il y en avait très peu. Il y en avait très peu d'opportunités pour des artistes de mon expérience, mais aussi tout ce que je voyais en Suisse, c'est qu'il fallait faire du classique, du burlesque classique. Et j'adore le burlesque classique, c'est quelque chose de très important pour moi dans mon cœur. Mais c'est juste que moi à l'époque, je ne faisais pas ça. Et du coup, je me disais, je ne vais jamais réussir à intégrer quoi que ce soit ici en fait, parce qu'il faut être mince, il faut être blanche. et il faut faire du classique. En fait, c'était trois trucs qui me convenaient, donc deux impossibles. Et le troisième, que j'avais essayé de faire du classique, mais je pense que, comme dit, j'étais jeune à l'époque et je pense que pour réussir à bien faire du classique, en tout cas pour moi, ça m'a pris quelques années d'être un peu plus de la maturation et de pouvoir m'assumer, quoi. Faire dans le sens, vraiment, d'une autre manière, en fait.
- Speaker #0
Juste pour les personnes qui ne le sauraient pas, forcément, est-ce que tu peux nous expliquer le burlesque classique ?
- Speaker #1
et le néo burlesque le burlesque classique c'est plutôt si je dois résumer ça c'est un peu plus complexe que ça mais en fait en gros le burlesque classique c'est là où tu es le fantasme du public donc par exemple quand on dit je vais voir un show burlesque c'est un petit avantage c'est les plumes, c'est les paillettes c'est C'est en fait ce strip qui raconte Comme message, je suis ton fantasme. Alors que le néo burlesque, c'est généralement un strip qui a un autre message, en fait. C'est-à-dire... En fait, j'ai des numéros classiques et pas classiques. Par exemple, mon pan, il n'est pas du tout esthétiquement classique, mais c'est un numéro classique pour moi, parce que j'estime que je suis le fantasme du public dans ce numéro. Alors que, par exemple, j'ai un numéro de dragon, où là, je suis en train de raconter que je suis un personnage, et je ne suis pas... Moi, en tant qu'humaine, je suis cette dragonne sur scène. Et du coup, ça, c'est un numéro néo-burlesque. Ça, c'est selon moi. Et je ne suis pas la reine de tout. Et je ne sais pas forcément tout, mais c'est comme ça que je le résumerais.
- Speaker #0
Merci pour cette parenthèse. Donc, tu déménages à Berlin. Oui,
- Speaker #1
je déménage à Berlin. C'était en décembre 2016. Et je suis tout de suite allée voir un max de shows pour pouvoir comprendre comment la scène était là-bas, pour pouvoir rencontrer des gens. J'ai été très bien accueillie par certaines personnes, d'autres étaient là encore une artiste burlesque à Berlin, c'est normal, on est quand même dans un milieu où il y a quand même un peu de compétition Mais voilà, de nouveau, je n'y fais pas vraiment très attention, j'étais là, je viens, je raconte, j'essaye, j'apprends. Et du coup, j'ai fait beaucoup de stage managing, j'ai fait beaucoup de petits shows et j'ai créé beaucoup de nouveaux numéros qui étaient peut-être juste pour une fois sur scène. mais ça m'a permis d'explorer plein de chemins du burlesque et de pouvoir vraiment me dire, là je m'amuse, là j'aime ce que je fais, là ça me convient. Et du coup, il y a une telle diversité d'artistes et dans le style de ce qu'ils font, il y a beaucoup d'artistes qui mélangent par exemple le sideshow, donc ce n'est pas du cirque, c'est des arts de foire, on va dire. Donc par exemple le fait d'avaler des sabres ou le fait de se planter des aiguilles.
- Speaker #0
C'est là que tu as appris le feu ?
- Speaker #1
Non, j'avais déjà appris le feu avant. En fait, en gros, en parenthèse, j'ai appris le feu parce que c'est quelque chose qui m'a toujours fascinée. Et c'est un des premiers skills que j'ai appris parce que c'était le truc... J'ai toujours voulu faire du feu. Depuis que je suis enfant, je voyais déjà mon père, il jouait tout le temps avec le feu dès qu'il y avait une bougie sur la table. Donc je pense qu'il m'a... Effectivement, peut-être ne faites pas ça devant vos enfants. Et en fait, quand j'ai commencé le burlet, je me suis dit Ah, mais là, j'ai une raison de la prendre, le feu. Et du coup, j'ai vraiment appris ça dans la première année où j'ai fait les cours, en fait. Donc à Berlin, j'ai fait énormément de shows, j'ai vu énormément de shows, j'ai rencontré énormément de personnes et j'ai pu être vraiment... Ça a servi d'inspiration, en fait. Et j'ai commencé à performer de plus en plus et de plus en plus. Et après, j'ai des gens comme dit, c'était toujours une année Berlin pour moi parce que j'avais ma mère qui était malade à l'époque à la maison. Je savais que je n'allais pas partir pour très longtemps, que j'avais quand même mon maintenant mari qui était qui était. On n'avait pas le projet de vivre ensemble à Berlin. L'idée, c'était qu'on parte une année, faire nos trucs un peu de nos côtés. Et du coup, quand je suis revenue de Berlin, Je me souviens quand je suis partie de Berlin, je devrais dire, j'ai des collègues qui me disaient mais tu pars, mais tu as été là si peu de temps. J'étais là, j'ai pris ce que j'avais besoin de prendre et je pense que je suis venue vraiment au meilleur moment. C'est-à-dire que c'était là où le burlesque à Berlin était dans la plus grosse explosion et c'est plutôt tellement le cas maintenant. C'est-à-dire qu'il y a encore beaucoup de shows, il y a encore énormément d'artistes, mais par contre, il y a énormément de salles qui ont fermé, des salles iconiques. Et du coup, en fait, il y a un peu moins d'opportunités. Et il y a un peu, je sais pas s'il y a moins de folie, mais disons, j'ai l'impression que j'ai quand même vu des trucs ultra trash sur scène. J'ai pu faire partie de certaines soirées où j'ai l'impression maintenant, est-ce qu'ils cherchent vraiment que des artistes burlesques ? Enfin, voilà quoi. Et je tiens quand même à souligner que quand je suis allée à Berlin, maintenant, quand je réfléchis à mon mindset et mon état d'esprit, quand je suis arrivée là-bas, j'ai presque la peine à me reconnaître parce que je pense que j'avais tellement faim. Genre, je faisais... Pour les gens qui utilisent Facebook, à l'époque Facebook événements c'était un peu mieux que maintenant. Et du coup j'avais passé des heures et des heures à chercher tout plein d'événements différents. Et je me souviens j'écrivais à tout le monde, est-ce que vous avez besoin d'une artiste ? Est-ce que je peux venir voir votre spectacle ? Est-ce que je peux intégrer votre soirée ? Et je me dis maintenant je ne ferai jamais ça. Mais c'était juste la soif de pouvoir faire partie de ce monde culturel. Je me souviens qu'il y en a un. Il y a un spectacle, je faisais un numéro à l'époque qui s'appelait Eyes Wide Shut, qui était un hommage au film de Kubrick. Et j'avais trouvé un événement qui s'appelait Eyes Wide Shut, qui est un événement fétiche à Berlin. Et puis du coup, je l'ai écrit, je l'ai écouté, je pense que vous avez besoin de moi. Je l'ai écrit de manière un peu plus...
- Speaker #0
Et ça a fonctionné ? Oui !
- Speaker #1
Ils m'ont bookée ! Ils m'ont bookée et puis j'ai fait mon numéro. En plus, ils m'ont dit, alors ouais, en fait, le seul truc, c'est qu'on n'est pas très sérieux. Donc, si tu pourrais modifier ton numéro pour qu'il soit un peu moins sérieux. Et je dis, pas de souci, j'ai fait un truc, mon Dieu. J'ai rajouté une partie, j'ai changé un peu la musique de fin, j'ai mis une chanson très très humoristique où j'étais dans cette espèce de costume méga sérieux, je faisais une chorégraphie, mais genre qui voulait rien dire. Ils étaient là, ils ont aimé ce que j'ai fait, ils m'ont dit il faut que tu reviennes, j'ai jamais retravaillé avec eux, c'est con, mais ils m'ont réinvité à faire d'autres soirées, mais c'était toujours quand j'étais pas disponible. Mais c'est dingue ça, c'est là que j'ai appris en fait, non seulement tu peux faire une... une bonne performance le soir du spectacle, mais aussi à quel point c'est important, les contacts avec les gens, le fait de ne pas arriver comme une diva. La diva, c'est sur scène quoi, enfin dans le sens d'être polie, sympa, de toujours... Et c'est quelque chose que je pratique encore aujourd'hui, c'est que je suis toujours très très reconnaissante pour tout ce que j'ai dans ma vie. Je suis toujours reconnaissante pour chaque opportunité que j'ai sur scène, parce qu'être sur scène, ce n'est pas un droit, mais c'est un privilège d'être sur scène. On l'a vu pendant le Covid, personne n'était sur scène. Et à quel point c'était un privilège de pouvoir toucher la scène, toucher les gens qui nous regardent. Et à quel point ça ne devrait jamais monter à la tête. Et du coup, je pense qu'en général, j'ai toujours des excellents contacts avec les gens avec qui je performe. Et je pense que c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidé dans ma carrière.
- Speaker #0
Et comment ça s'est passé le retour en Suisse ?
- Speaker #1
C'était un peu trash. De l'autre côté, j'étais contente de revenir, de retrouver mon chien. Mais j'étais quand même... Bon, je suis revenue au mois de décembre. Ce n'était pas le meilleur moment pour revenir fin décembre. Mon vol avait 7 heures de retard. On était coincés avec deux artistes. Bon, j'étais en bonne compagnie, mais deux artistes, on a attendu pendant 7 heures le vol à Berlin. 5h et midi en fait. Et du coup, j'étais là, qu'est-ce que je fais là en fait ? Mais de l'autre côté, j'avais quand même encore faim, j'avais encore soif de créer quelque chose. Et je me suis dit, si je rentre, ce n'est pas pour rien. J'avais le but de tourner. J'ai fait pas mal de tournées, j'ai fait beaucoup de dates à l'étranger. C'est là que j'ai fait ma tournée américaine. Ça c'est aussi grâce à des gens que j'ai rencontrés à Berlin. C'est grâce au fait que j'avais gagné une compétition. Je suis la Queen, Bohemian Queen of Burlesque. C'est un festival de burlesque qui a lieu encore aujourd'hui, qui est à Prague. Et j'avais gagné ça. Les juges, c'était des Américains qui m'ont dit il faut absolument que tu viennes faire ça aux États-Unis. Ils m'ont invité aux États-Unis. Ils m'ont trouvé beaucoup de dates à côté. Et du coup, j'ai pu faire le Midwest, Chicago, Saint-Louis et la Nouvelle-Orléans en 2018. Et là, c'était aussi quelque chose de voir ce qui se fait aux États-Unis. Et je suis en telle admiration et surtout devant les gens de Chicago. En fait, ils sont tellement créatifs. Je pense qu'en fait leur création vient vraiment du fait que Chicago c'est beaucoup connu pour être une ville théâtre. Enfin il y a énormément de théâtre dans cette ville, c'est grave dans la culture et du coup le burlesque est grave influencé là-dessus. Alors bien sûr c'est des bombes et c'est très sexuel sur scène et tout ça, mais il y a quand même des fois des manières de raconter des histoires qu'on voit qui ont une autre influence. Et du coup j'étais genre pas moison devant ces artistes, j'arrivais pas à croire qu'ils m'aient inclus, qu'ils aiment ce que je fais. J'ai eu des commentaires... extrêmement encourageant de la part de certains de ces grands producteurs qui voyaient quelque chose en moi en fait que je pense que moi je voyais pas à l'époque et surtout que personne d'autre voyait et comme j'étais là c'est les artistes que j'admirais le plus dans le monde entier qui me disaient ces trucs là je me disais ben faut que tu continues du coup tu as bien quelque chose à dire et je pense ça m'a vraiment a inspiré la confiance de mon chemin.
- Speaker #0
Donc tu as trouvé ta légitimité à l'international plutôt qu'en Suisse.
- Speaker #1
Oui, et c'est drôle parce que beaucoup de gens disent que les Américains ne voient pas du tout les Européens et qu'ils ne nous reconnaissent pas. Ce n'est pas du tout mon expérience. D'ailleurs, à chaque fois que je vais aux États-Unis, j'ai l'impression que c'est le seul endroit qui me reconnaît. Même mon mari dirait genre, c'est eux au moins, ils te reconnaissent, ça t'a juste valeur en Suisse, sans te sous-estimer tellement. Vraiment, moi je m'en fous. Moi je suis contente dans ce que je fais, j'ai tout le temps du travail, je travaille trop, donc je peux pas me plaindre quoi. Mais c'est vrai que là-bas, c'est oh my god, vous avez vu, c'est Misty Lotus, c'est pas la même chose. Après aussi autre chose dont j'aimerais beaucoup parler, si tu me laisses bien, c'est la thérapie. La thérapie fait partie de mon voyage depuis des années. C'est-à-dire de suivre une thérapie. Et c'est extrêmement important pour sa santé mentale. Surtout quand on parle de... Je veux dire, le burlesque, c'est super glamour. Quand on voit sur scène, c'est des incroyables costumes, des costumes qui valent plusieurs milliers de francs suisses, quand même, la plupart du temps. Et après, quand on performe régulièrement là-dedans et qu'on voit certains shows, on arrive et c'est genre... le backstage, ça la taille de mon canapé. Ou le backstage, où on performe pour, je sais pas, une soirée genre en boîte, genre créature magique, et on te dit, ah mais tu vas te changer dans les toilettes, quoi. Je veux dire, dans le sens, il y a un tel décalage. Et après, il y a tous les applaudissements quand on est sur scène. Et après, quand on rentre chez soi, c'est le silence. Et du coup, je pense vraiment que la thérapie, c'est super important. Moi, je suis quelqu'un qui... mon but dans la vie c'est de toujours s'améliorer ça vient de mes croyances en douce à j'ai tout le travail que je vais faire cette vie ce sera moins à faire pour la prochaine et du coup du coup là je veux sans cesse améliorer en fait vis-à-vis de ma relation avec les autres qu'est ce que je peux apporter aux autres mais qu'est ce que je peux faire pour moi être sereine en fait dans la vie je vais pas dire heureuse veut dire sereine en fait Et du coup, en fait, genre, pourquoi je parle de la thérapie, c'est parce que je suis en rentrant de Berlin et entre toutes ces tournées, je voyais ma thérapeute comme d'hab. Et puis je lui ai dit, elle a dit, qu'est ce que tu vas faire maintenant que tu es de retour ici ? J'ai dit, je vais faire mes tournées et puis je pense que je vais peut être avant de partir en Suisse. J'enseignais dans une autre école de burlesque et j'ai dit, je vais leur demander si je peux avoir mon job d'enseignante parce que c'était quelque chose qui me tenait. énormément à cœur et j'adore faire ça. Je suis tellement passionnée par Bollet, j'ai besoin de partager ça aux autres. Et ma thérapeute m'a dit, elle a fermé mon dossier, elle m'a regardée. Elle a jamais, c'est une personne très douteuse, j'étais là, j'ai jamais vu comme ça. Elle m'a dit, écoute, normalement je te laisse arriver à tes propres conclusions, mais là je pense que je vais devoir te dire quoi faire. Et puis j'ai dit, ah bon ? Et elle me dit, il faut que tu ouvres ton école à toi en fait. T'as une telle vision qui est la tienne. Tu ne veux pas avoir un boss, tu veux faire les choses à ta manière, fais-le. Et genre, vraiment, je vais dire que je l'ai fait parce qu'elle m'a dit de le faire. Genre, je n'aurais pas eu idée de l'ouvrir toute seule, mon école, en fait. Et maintenant, je lui remercie, mais fois mille, parce qu'en fait, c'est vrai que j'ai ma vision des choses. C'est vrai que je pense que j'aurais fini par l'ouvrir et je préfère que ce soit passé comme ça. Que je sois rentrée de Berlin, que j'ai ouvert mon école et que la suite, c'était ça. Mais aussi, je me dis, j'ai tellement des problèmes avec l'autorité, dans le sens que du coup, en fait, effectivement, je pense que c'est très bien. Je suis trop punk pour avoir un chef.
- Speaker #0
Et tu as ouvert la Swiss Burlesque Academy en 2019.
- Speaker #1
Oui, les premiers stages, c'était en 2018, mais l'ouverture officielle en 2019, c'était à Provence, à Lausanne, dans l'arrêt de métro Provence. Là, on a déménagé. Là, j'ai ma salle qui est entièrement à moi. qui est un peu au-dessus de la rue de la Barre à Lausanne. J'adore cet endroit de Lausanne, c'est la vieille ville. J'ai une magnifique vue quand je sors du studio, je vois le lac, je vois la cathédrale et je vois tout ce que j'adore à Lausanne. Donc ça fait cinq ans maintenant, c'est vrai, le temps passe vite.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu avais envie de transmettre à tes élèves ou que tu as d'ailleurs toujours envie de transmettre avec cette école et ses cours ?
- Speaker #1
La chose la plus importante pour moi de transport, c'est l'authenticité de soi, c'est notre force. C'est que tu ne vas pas avoir du succès dans quoi que ce soit, peu importe quel est le but que tu as en commençant les cours de burlesque. Que ce soit juste, je vais me sentir mieux dans mon corps, ou je vais peut-être bouger un peu plus, ou j'aimerais apprendre à être une star du burlesque. C'est égal, le plus important c'est l'authenticité. Que toi tu es unique, que tu es la meilleure version de toi-même en étant qui tu es à la base. et que c'est pas du tout en imitant ce que tu penses que la société veut de toi ou ce que les gens veulent de toi, en fait, qui fait que tu vas être un succès, en fait, dans la vie. Et du coup, je pense que cette unicité, c'est quelque chose que je pousse énormément encore maintenant. Aussi, je pense qu'il faut souligner qu'on est tous différents. Il y a des personnes qui n'ont pas le même corps que nous, simplement dans le fait qu'on n'a pas la même validité. Oui, oui. Et du coup, je veux dire dans le sens, je ne peux pas avoir les mêmes attentes vis-à-vis d'une élève qui est 100% mobile, qui a 25 ans, qu'une autre élève qui a eu par exemple une maladie ou autre et qui en a 65, quoi, dans le sens. Et du coup, en fait, toutes mes chorégraphies, tout ce que j'enseigne à l'école, en fait, est fait d'une manière que ça puisse s'adapter à chaque personne. Et c'est quelque chose, et je trouve très intéressant, parce que je ne pensais pas que c'était quelque chose de visible. mais j'ai des personnes à Berlin qui voient des fois les extraits de vidéos que je poste de mes élèves et qui me disent c'est génial parce que tous les mouvements que tu fais dans tes numéros en fait ça sublime chaque personne qui est dedans peu importe comment ils sont et du coup j'étais très fière que des gens de l'étranger reconnaissent en fait ça donc du coup voilà c'est l'unicité avant tout c'est le fait que tu es incroyable et tu es magique tel que tu es après je pousse beaucoup la créativité aussi, dans le sens et c'est ce qui m'excite le plus en fait c'est quand une élève vient vers moi avec une idée extrêmement créative ou une idée qui est liée en fait avec une représentation de qui elle est par exemple j'ai mon élève si je peux citer, je suis sûre qu'elle sera d'accord Magic Misfit qui est venu dans l'idée de faire un numéro de Burlesque Classique à mais en sublimant le côté queer du burlesque. Et du coup, j'étais très excitée parce qu'il y a historiquement tellement de gens queers qui font le burlesque et on n'en parle jamais quand on parle d'artistes qui font du classique. Et du coup, par exemple, c'était incroyable que Yelmette mette sa personne dans ce numéro, mais tout en restant cette espèce de fantaisie de plume de paillettes. sparkle. Mais comme, par exemple, j'ai une autre élève, par exemple, Sally Vespertine, qui, son numéro le plus récent, qui est son chat. Elle est un chat. Et du coup, j'étais là, ben oui, tu es un chat, mais... Elle me montrait tous les mouvements de chat qu'elle voulait faire, j'étais là, c'est bien, maintenant on pousse encore plus loin, c'est de penser à tellement de manières de comment intégrer le chat dans son numéro, comment interpréter le chat, c'est pas juste le chat, c'est le chat vraiment l'animal, que ça aille dans le bout des mouvements, dans le bout des conneries de ce qu'ils font ces chats, et pourquoi on les adore. et de séduire le public de cette manière, pas juste avec une fourrure, mais avec l'attitude poussée au complet. Oui,
- Speaker #0
puis tu mets aussi beaucoup de tes élèves en avant en les programmant dans tes shows aux côtés de professionnels.
- Speaker #1
Oui, donc c'est très important pour moi d'avoir un spot de débutant, on s'entend, mais débutant face aux arts internationaux que je programme. Pour moi c'est important que tout show professionnel doit avoir une place pour les débutants. J'appelle ça professional debut en fait. Et du coup, voilà, des fois c'est les élèves elles-mêmes qui postulent. J'aime toujours quand on postule parce que ça veut dire que tu as envie de faire mon show et j'ai pas… voilà. Ou tout d'un coup j'ai un coup de cœur et puis… Par exemple, une des artistes que j'avais programmé pour le deuxième circus que je voyais vraiment moi, mais à l'époque. On ne se ressemble pas, on ne fait pas le même genre de numéro. C'est juste dans l'énergie, j'étais là, je me voyais moi et son numéro était tellement charmant, tellement puissant. Et j'étais là, il me faut ce numéro, c'est parfait, ça ira très bien sur cette scène.
- Speaker #0
Et puis peut-être pour revenir à toi, tu décris ton burlasque comme mystique et puissant. Oui. Et puis justement tu avais évoqué dans une interview il y a quelques années que pour toi c'était aussi le burlesque, la reconquête du pouvoir féminin. Oui. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ?
- Speaker #1
Je dois faire un trigger warning pour ça, parce que je vais parler justement d'abus sexuels. Donc s'il y a des gens qui veulent arrêter d'écouter, désolé. Du coup en fait la reconquête du pouvoir féminin c'est que, en gros, j'ai été abusée sexuellement quand j'étais enfant, entre mes 5 et 7 ans. Et j'ai aussi été droguée et violée de manière très très violente quand j'avais 18 ans. Et en fait, ces choses aussi mêlées au fait que, de nouveau en arrivant en Suisse, les gens me différaient beaucoup parce que mon corps était différent des gens ici, que j'avais naturellement. plus de forme et en plus j'ai commencé à avoir des seins avant tout le monde mais du coup j'attirais beaucoup l'attention d'hommes et c'était encore... j'étais quand même très très naïve j'avais encore 10-11 ans, je me rendais pas du tout compte que et ça me paraît horrible de dire ça mais du pouvoir sexuel que je pouvais dégager à 10 ans ça me paraît dingue mais j'avais constamment des hommes qui venaient me parler de mon corps et qui me disaient tu ressembles aux déesses nues sur les temples et des hommes de 40 ans qui venaient me dire ça alors que j'avais 10 ans. Et ils se gênaient pas, des fois c'était même devant ma mère, devant d'autres personnes. Et en fait ça m'a tellement mis mal à l'aise, j'avais honte de mon corps, je voulais pas le montrer. Ma mère elle me disait mais c'est fou comme t'es pudique et je crois qu'elle a jamais compris pourquoi jusqu'à bien plus tard. Mais en fait j'étais pudique et je voulais pas montrer mon corps. Déjà bah j'étais en surpoids, mais aussi que c'était tellement mal vu dans la société, mais pourtant j'étais même pas tant en surpoids, mais c'est parce que j'avais en fait honte de ce que, en fait... me faisait subir les gens à cause du fait de voir mon corps. Ça a du sens ? Je crois que c'était pas très français, les gens vont comprendre. Mais du coup, pour moi, le burlesque, c'était la première fois que je me déshabillais et j'étais là, les gens regardent le corps parce que j'ai choisi de leur montrer. Et là, ils ont le droit de regarder mes formes, ils ont le droit de me trouver sexy ou ils ont le droit de me trouver... comme ils veulent quoi, mais je veux dire là je leur donne l'autorisation et le consentement qu'ils me regardent en fait. Et surtout on n'a pas le droit de toucher en fait. Et du coup pour moi en fait, d'être sur scène et d'être là, vous êtes obligés d'écouter ce que j'ai à dire, que ce soit par la forme de la danse, mais ou dans mes messages. En fait voilà c'est ça quand je dis reconquête du pouvoir féminin, c'est qu'en fait mon corps qui était féminin dans... dans ma conception, dans ce que j'ai dans la tête, je pouvais enfin l'assumer en être fière et être dans un endroit safe. Et c'est grâce au burlesque. Et ça, c'est vraiment le cadeau que le burlesque m'a fait, en fait.
- Speaker #0
Et c'est comme ça que tu as gagné en confiance ?
- Speaker #1
Alors, c'est intéressant la confiance, parce que j'ai l'impression qu'il y a eu des moments dans ma vie où je n'avais pas vraiment confiance en moi. Après, si je compare à d'autres personnes qui n'avaient pas confiance en eux, je me dis non, ça a l'air en fait. Du coup, c'est quoi la confiance vraiment en fait ? Je pense que j'ai toujours eu l'impression... que j'avais quelque chose de spécial en fait. Je sais que ça peut paraître tellement... deluded de dire ça en fait. Mais je pense que ça se reflète encore aujourd'hui parce que pour moi, tout le monde a quelque chose de spécial. Et chaque élève que j'ai, chaque personne, chaque artiste a quelque chose d'incroyable. Il y a un bijou à l'intérieur d'eux en fait. Et du coup, c'est normal que j'avais pensé ça de moi aussi. Mais du coup, j'étais là, j'ai aussi ce bijou à l'intérieur de moi. Donc je pense que cette confiance, elle a toujours été là. de cette manière. Après, la confiance dans le fait que ce que j'avais à dire c'était quelque chose d'intéressant, ça peut-être pas, dans le sens où moi je me sentais spéciale, mais je ne pensais pas que ce que j'avais à dire c'était vraiment très important en fait. Et ça c'est venu avec le temps, c'est venu grâce à la communauté en fait, qui me disent que les shows que je programmais, que ce que je faisais sur scène, c'était quelque chose de beau et d'important, et du coup je pense que c'est venu comme ça. Après je pense avec l'âge, est-ce que vraiment on connaît beaucoup de gens à 24 ans qui ont confiance en eux ? Et même s'ils le sont ou s'ils sont confiants, est-ce que vraiment c'est pas la même chose ? Je parle comme si j'avais 62, mais j'ai 33 ans. Et du coup, maintenant, en tant que femme de 33 ans, je comprends ce que mes aînés me disaient. Quand il y a 30 ans, il y a quelque chose qui change, en fait. Et c'est vrai, je pense. Je pense qu'on sait ce qu'on aime dans la vie. Moi, mes 20 ans, c'est de l'expérience. J'ai fait tellement d'expériences. Et maintenant, à 30 ans, je sais ce que je veux. Et je suis très convaincue par ce que j'ai envie et très convaincue par mes idées, en fait. Alors qu'entre 20 et 30, c'est plus... Ah, je vais tout tester ! Je vais tout tester, je vais faire plein de choses, on verra.
- Speaker #0
Mais on peut rassurer les gens qui nous écoutent, oui, ça s'améliore avec l'âge.
- Speaker #1
Oui, c'est clair. Et puis, il y a plein de manières de s'améliorer. Comme dit la thérapie, c'est le plus important. Il y a beaucoup de gens qui pensent que mes cours, c'est en fait des cours de thérapie. Alors, ce n'est pas le cas. Je ne suis pas une professionnelle de la santé. Je ne suis pas thérapeute. Je pense que le burlesque peut aider, mais je pense aussi que le burlesque peut rendre pire les choses. Parce que quand même, on est confronté à être devant un miroir. Donc, c'est vraiment super difficile pour nous. Je veux évoquer ça parce que des fois, on me demande si c'est bien le burlesque pour la confiance en soi, pour l'acceptance de son corps. Des fois, oui. Des fois, non. C'est comme tout. Mais je pense vraiment que c'est important. S'il y a vraiment des graves problèmes de ça, c'est très important d'être suivi. à côté pour la santé mentale avant tout et de ne pas prendre ses profs pour des thérapeutes parce qu'on ne l'est pas. Maintenant bien sûr que ça aide dans le sens où Je pense que les élèves, ça c'est pareil, l'autre prof, Rebelle Betty et moi-même, on voit les gens pour qui ils sont, et on trouve que tous les corps sont magnifiques, que toutes les expressions de soi sont magnifiques et ont une raison d'être. Donc du coup, c'est clair que si la personne a besoin juste d'avoir l'approbation de quelqu'un d'autre, ce qui est très très souvent le cas, qu'on a juste besoin que quelqu'un voit de la beauté en nous, et ça, là, on peut le faire. on peut le faire et ça c'est notre spécialité. Donc du coup, je pense que si vous avez juste besoin que quelqu'un vous dise mais bien sûr que t'es une bombe, bien sûr que t'es canon, bien sûr que t'as quelque chose de spécial à raconter oui, là on est là pour ça et puis le burlesque va aider pour la confiance de ce côté-là.
- Speaker #0
Et quand tu dis que ton burlesque il est mystique, est-ce que ça lie à une spiritualité ?
- Speaker #1
Je pense énormément à la connexion, en fait, la connexion avec chaque personne. En Inde, la connexion entre les gens se passe de manière très différente par rapport en Europe en général. C'est-à-dire qu'en Inde, tout le monde se regarde. Et d'ailleurs, les gens qui voyagent en Inde pour la première fois, ils trouvent ça très déconcertant à quel point les gens, tout d'un coup, vont te regarder dans les yeux et c'est bizarre. Parce qu'ici, personne ne le fait. Personne ne te regarde dans les yeux dans la rue. Et du coup, le message, la connexion entre les gens se passe de manière très différente. Et pour moi, c'est une manière de connecter avec chacun qui est dans le public, de raconter des histoires, de raconter qui je suis et de leur transmettre une émotion, un sentiment et quelque chose du style. C'est-à-dire que tous mes numéros sont conçus dans le fait de ce que j'ai envie d'envoyer au public, comment j'ai envie que le public se sente. Je veux dire dans le sens, si pour prendre un exemple, par exemple, la femme fatale, elle regarde de manière très hautaine le public, elle est là, genre, vous êtes très privilégiée de m'avoir, je suis la déesse que je suis ici devant vous, et vous avez de la chance de me voir là, quoi, enfin dans le sens. Mais le public, il se sent comment quand on fait ça, en fait ? Alors peut-être qu'il se sent, waouh, incroyable cette femme, ou peut-être qu'il se sent tout petit, vous voyez ce que je veux dire ? Et c'est pas grave, c'est juste d'avoir cette conscience de qu'est-ce qu'on amène en fait... aux gens en fait et comment on va leur changer leur journée, comment on va leur changer leur vie, plus que de leur mettre des paillettes dans les yeux grâce à nos costumes, grâce à tout ça. Qu'est-ce qu'on peut leur transmettre émotionnellement en fait pour qu'ils passent une plus belle journée après en fait. C'est ça que je réfléchis beaucoup. Mais si ma collection en fait avec les dieux et les déesses en fait et de comment en fait à chaque fois que je suis dans les backstage. et que je dois prendre de la force avant d'aller sur scène, je me connecte justement à ces différentes entités. Ce ne sont pas toujours les mêmes, dépendant de ce que je dois envoyer sur scène. Mais en fait, voilà quoi. Donc je pense que ça doit venir du... C'est pour ça que je dis mystique. Parce que j'estime que je ne suis pas très mystérieuse sur scène. Donc voilà, ça vient de là. Et puissant parce que j'estime que je suis quelqu'un de très puissante sur scène. Dans le sens où je dégage beaucoup, que je suis... Pardon, je parle beaucoup en anglais, mais command attention. Je pense que je suis quelqu'un qui peut très facilement avoir le regard des gens. Et du coup, cette puissance-là. Mais voilà. Pour moi, c'est la puissance. Justement, j'aime bien m'imaginer comme telle une déesse quand je suis sur scène. Et de nouveau, pas forcément que vous êtes là pour me vénérer, mais je suis là pour vous donner du bonheur, vous donner de l'amour. Et on ne se rend pas compte à quel point les gens ont besoin de ça. Quand je suis sur scène et je fais mon numéro de pan et que je fais un sourire avec un geste vers quelqu'un, et je vois en fait... l'expression de la personne changée, de voir le corps se détendre en fait. C'est tellement précieux que j'ai le droit de faire ça et c'est tellement précieux cette collection qu'on vient d'avoir.
- Speaker #0
Et puis tu es une artiste, une prof, mais tu produis aussi des spectacles. Dans Lausanne, tu produis le burlesque Extravaganza et le burlesque Circus. Et je me demandais en fait comment tu choisis les artistes que tu vas programmer et puis qu'est-ce qui fait qu'un numéro te touche ? Au point justement que tu le programmes.
- Speaker #1
Alors, je book les artistes en fait pour... Comment ils me touchent, c'est par leur authenticité. Je suis désolée, je ne vais rien dire de nouveau. Mais en fait, en gros, c'est que si je vois quelqu'un être sans apologies, eux-mêmes sur scène et qui m'amène leur brand de magnifique, ça, c'est quelque chose qui va me toucher en fait. C'était authentiquement... authentiquement, si tu es toi-même sans excuses. En fait, et que tu as, je veux dire, pour moi, ça suffit. En fait, que ce soit du burlesque classique ou du burlesque néo, du mélange, peut être du drag, peut être autre chose. C'est égal en fait. Dès le moment où tu es qui tu es et que cette version de toi, elle est énorme en fait. Après, comment je book les gens ? Je suis très... J'essaie d'être très au courant des artistes qui sont en tournée. Et du coup évidemment que ça influence en fait mes line-ups. Par exemple si je sais, typiquement au mois de décembre j'ai eu Loulou, la Duchesse de Rier, qui était donc Miss Exotic World 2022, qui est une artiste d'origine indigène du Canada. Évidemment, de booker des artistes racisés, c'est quelque chose de très important pour moi, juste parce qu'on doit voir plus de corps racisés sur scène, et on doit les voir plus au quotidien. Je veux dire, comme si on a grandi dans les années 90 et 2000, il y avait très peu de personnes racisées, même à la télé, où il y en avait un. Et du coup, en fait, c'est toujours quelque chose qui m'a dérangée, parce que le monde est quand même plus coloré que ça. Et du coup, voilà, c'est donc je savais que j'avais déjà Loulou comme premier artiste. Et en fait, à la suite de Loulou, j'ai commencé à construire le reste de la Running Order. J'ai booké Clio Penta, qui est une incroyable artiste, la première de la Grande-Bretagne dans le top 10 du monde. Clio Penta est une artiste qui mélange énormément de hip hop avec le burlesque. Alors autant qu'elle a du succès maintenant, ça a pris beaucoup d'années. Je me souviens d'elle au début, on s'est connues très vite dans nos carrières. Et les gens lui disaient, c'est pas du burlesque que tu fais. Personne ne mélange du burlesque avec du hip hop. Tu n'as pas de talent sur scène. Et quand elle osait porter ses cheveux au naturel, donc c'est une personne noire, elle a les cheveux frisés, et que les gens lui disaient tes cheveux ne sont pas professionnels. Je veux dire dans le sens, voilà, moi je veux célébrer des personnes comme ça justement qui font des choses dans le burlesque. C'est quoi le burlesque ? C'est pas tout le temps la même chose. C'est de l'expression de soi-même, c'est de l'art. Donc du coup, à quel moment on met des règles là-dedans en fait. Donc du coup, voilà, c'est pour ça que j'ai booké. Miss Cleopatra et Lou Sapphire. qui est un artiste non-binaire qui vient d'Angleterre aussi, qui est un magnifique artiste. Après, je ne vais pas dire que je l'ai booké. à cause de son corps parce que c'est faux c'est juste les bouquets parce que c'est beau ce qu'est ce qu'elle fait en fait il y a le faire une magnifique danse aux éventails en fait on dirait presque sally rand sur scène sauf que c'est un goûte c'est une goutte de Punk Ouais une punk gothique, punk ou gothique, je sais pas comment dire ça. Et du coup, j'adore voir ce genre de mélange, en fait, de voir quelqu'un qui danse de manière tellement gracieuse, mais en fait qui a un look de punk des années 90, quoi. Enfin, dans le sens... Et c'est ça qui est beau. C'est ça qui fait qu'on est encore plus attiré par ce qu'on voit sur scène. En fait, donc... Et aussi, il a fait un numéro de Voldemort. qui s'appelle Lady Voldemort. Et ça, c'était en gros Fuck you à J.K. Rowling. Aussi de ma part, parce que, comme on sait, J.K. Rowling, l'écrivaine d'Harry Potter, est une très fameuse TERF. Transforme. Oui, transforme. Et du coup, le fait d'avoir une Voldemort, mais femme, incarnée par une personne non-binaire sur scène... Je veux dire dans le sens, ouais, et puis ce numéro il est tellement drôle, je l'adore quoi, dans le sens. J'aime bien aussi quand même qu'on ait des numéros qui font rire, pas que ce soit toujours de la sobriété, de la beauté, mais que, enfin je veux dire, d'amener en fait un mélange de personnes qui puissent amener différentes émotions au public. Et c'est aussi, c'est non seulement comme ça que je boucle les artistes, de prendre des gens différents, de, voilà. mais aussi comme ça que je construis mes line-ups et l'ordre dans lequel je mets mes numéros, parce que je veux toujours amener le public dans un voyage. C'est-à-dire, et je sais, là le public va ressentir de l'émotion, et là le public va ressentir de la puissance, et là le public va recevoir ça en fait. Et c'est toujours simple de se dire, on met la tête d'affiche en dernier. Alors comment on fait quand j'ai mes spectacles où c'est que des têtes d'affiche ? On les met, et je le dis aussi à chaque fois à mes artistes avant le spectacle, vous avez été fait, vous avez été... mis dans un ordre pour amener le public dans le meilleur voyage qu'ils peuvent vivre, mais aussi qu'ils puissent vous recevoir de la meilleure manière possible. Parce que, est-ce que c'est intelligent de mettre un numéro puissant, drague et tout, qui bouge dans tous les sens, et après de mettre un numéro doux, d'éventail ? Est-ce que le public est vraiment dans un endroit pour recevoir ça de la meilleure manière possible ? Du coup, c'est comme ça que je réfléchis, en fait. Autant boucan, autant...
- Speaker #0
Parce que c'est vrai que c'est tous des numéros très diversifiés. Il y en a qui font rire, qui font pleurer, qui donnent les frissons. Mais est-ce que tu dirais qu'ils ont aussi quand même tous comme base le fait d'être politisés ?
- Speaker #1
Tous les corps sont politisés de toute manière, et de plus quand on les met sur scène. Donc du coup, effectivement, il y a toujours un apport, disons, politique derrière, mais je ne pense pas que je réfléchis à je vais booker cette personne parce qu'elle est racisée, cette personne parce qu'elle est en surpoids, c'est pas du tout comme ça que je fonctionne C'est juste une heureuse coïncidence que mes line-up finissent par être comme ça. Et ça, je pense que ça vient vraiment du fait que je suis aussi une personne racisée et pas mince non plus. Je pense que... Parce que je vois, par exemple, des personnes blanches qui font des castings et en fait, en gros, ils doivent faire l'effort conscient de je dois booker Mais en fait, moi, tout seul, déjà, les gens que j'admire, ils font déjà partie de ce spectre très, très inclusif. Et du coup, je pense que c'est juste un reflet de moi-même, les gens que je book. naturellement, mais non je ne m'assieds pas en me disant il manque tel... Non, il y a certains de mes shows qui sont moins inclusifs que d'autres et c'est juste parce que c'est comme ça et c'est pas grave quoi, enfin dans le sens... Mais non, je pense que c'est juste, je boucle ce qui me fait plaisir et ceux que j'admire et puis ceux que j'estime que la Suisse a besoin de voir.
- Speaker #0
Et puis tu reviens de Las Vegas où tu as été juge pour le Burlesque Hall of Fame Weekender pour une compétition en particulier qui s'appelle ?
- Speaker #1
Le mmmh exotic world.
- Speaker #0
Et est-ce que pour toi c'était une consécration d'être juge en fait ?
- Speaker #1
C'était incroyablement flatteur et je suis encore très très honorée qu'on m'a choisie comme juge. Je veux dire que les personnes en charge de cet incroyable festival, le plus grand festival de burlesque au monde, sachent qui je suis et ont du respect pour ce que je suis et de ce que je fais en fait. Je crois qu'on m'a choisie justement à cause des productions que je fais en Suisse, mais aussi à cause de mon art en fait. Et il faut quand même le dire, je crois qu'on est moins de 20 artistes au monde à être d'origine du sud de l'Asie. Je veux dire, dans le sud de l'Asie, ça veut dire l'Inde, le Bangladesh et le Pakistan. Et du coup, je pense qu'ils voulaient avoir mon avis pour ces différentes raisons. parce qu'ils voient comment je boucle mes spectacles, parce qu'ils voient les line-up, ce que ça représente, qu'ils voient ce que je fais en tant qu'artiste et tout ça. Mais c'est dingue d'être reconnue de cette manière et j'ai été incroyablement flattée. Et en plus, j'ai eu le meilleur siège de tout le festival parce que j'étais au centre, au premier rang. Et c'était wow. Donc en fait, c'est non seulement en fait, exotic world, donc on dit hum, parce que maintenant c'est plus genré, donc ça peut être mess, mister, mecs. Et aussi donc du coup j'ai jugé pour les groupes, les petits groupes et les grands groupes sur scène dont elle est le best début, la catégorie best début donc qui font leur première scène à ce Weekender donc c'est pas du tout des débutants je tiens à souligner certains ont genre 10 ans de carrière par exemple Cleopanta a été dans la compétition Best Debut cette année. Donc ça veut juste dire que c'est la première fois que tu travailles sur cette scène à Las Vegas. Et du coup je suis incroyablement flattée, honorée, et je me sens très privilégiée d'avoir eu un siège. On était six ou sept juges je crois, et un panel de personnes incroyables. Et du coup j'étais là, je suis honte de ces gens qui en font tant pour le burlesque. Du coup c'était une expérience incroyable. C'était une expérience incroyable de voir 40 numéros au premier rang sur la plus grande scène de burlesque au monde. C'était absolument fabuleux. J'ai jugé vraiment avec mon cœur. C'est-à-dire que j'ai commencé à juger un peu de manière, OK, où est-ce que... Vraiment un peu plus sévère, disons. Et puis en fait, au bout du deuxième numéro, je me suis dit, non mais stop, quoi. Tous ces gens, ils sont incroyables. Et puis en fait, je vais juger avec le cœur. Qu'est-ce qu'il m'apporte ? Quel est le sentiment qu'il me donne ? Je ne sais pas. J'ai donné des très très hautes notes à tout le monde. Ils se débrouilleront en faisant les comptes. On est 7 ici pour une raison en fait. Et du coup, j'arrivais pas du tout à dire qui allait gagner tellement qu'il y avait d'excellence sur scène. Mais c'était vraiment un magnifique week-end.
- Speaker #0
C'est une émulation de créativité,
- Speaker #1
inspirante. Exact, on a pu voir des choses du burlesque horreur même sur scène, enfin dans le sens, enfin ce week-end, enfin dans le sens, c'est horrible de voir du burlesque horreur hein, parce que d'un côté t'es turned on, d'un côté t'es genre allumé, de l'autre côté t'es horrifié par ce qu'on voit sur scène. Les groupes c'était quelque chose d'incroyable de voir en fait, soit des duos mais aussi les plus grands groupes où ils étaient peut-être 10, 15 sur scène, enfin dans le sens, c'était quelque chose de magnifique en fait de voir tous ces artistes, tous ces stars en fait qui se mettent ensemble pour créer un numéro de groupe et puis ouais c'était vraiment fabuleux quoi.
- Speaker #0
Justement toi qui connais bien le burlesque américain et le burlesque européen, c'est quoi un petit peu les différences que tu vois ?
- Speaker #1
Disons, je pense que le burlesque américain a un peu moins d'excuses, moins de apologies. Dans le sens, ils osent vraiment se célébrer et s'incarner tels qu'ils sont, beaucoup plus facilement. Alors que par exemple, le burlesque anglais, qui font beaucoup de burlesques humoristiques aussi, en fait, ils ont un peu plus de peine à assumer leur côté très sexuel. Je suis une bombasse sur scène. On en voit moins, en tout cas qu'aux États-Unis, où c'est clair que... C'est genre la puissance, la sexualité, le côté bam bam dans ta gueule quoi.
- Speaker #0
C'est intéressant pour un pays qui est aussi très puritain. Ouais. D'autres égards.
- Speaker #1
Alors je pense que de toute manière les artistes on est deux. On est souvent dégrouchés à ça, on va dire. Du coup, c'est clair que c'est une manière de se rebeller même contre leur propre politique, leur propre gouvernement. Et après, moi, je pense quand même que ce qu'ils disaient à Oscar Wilde, je crois, ou d'autres, mais la vie imite l'art, en fait. Et du coup, c'est ça l'importance, en fait, aussi, de montrer... la diversité sur scène, de montrer tous les corps différents, de montrer en fait plein de manières d'incarner l'art en fait parce que c'est comme ça qu'on va influencer le reste de notre monde en fait. Et du coup ouais effectivement c'est très intéressant mais je pense vraiment que tous les artistes américains que je connais c'est des gros rebelles en fait et puis c'est des gens qui haïssent leur gouvernement en fait et puis qui veulent en fait... bon ils aiment leur pays hein je dois le dire. Mais je veux dire dans le sens qu'ils n'aiment pas forcément les choses politiques qui arrivent dans le monde et puis que du coup, c'est leur manière de se rebeller, en fait, simplement. Comme par exemple, s'il faut le différer des burlesques européens, moi, je pense qu'on est tellement payé en Europe, on a aussi cette richesse, en fait, de culture. Et du coup, c'est clair que si on voit le burlesque français, alors bien sûr, c'est une généralité de ce que je suis en train de faire, mais on voit que le burlesque français est quand même... Influencé, je dirais quand même par l'art même français, quoi, en fondant le sens, par la poésie, par le ballet, par... Il y a tout un côté, en fait, le burlesque français, il n'y a personne qui fera le burlesque comme les Français font le burlesque. C'est beau, c'est poétique, c'est des tableaux, en fait, qu'on crée, alors que, par exemple, on va du côté finlandais, et là, en fait, les Finlandais, c'est les fous du burlesque en Europe, quoi, et je les adore, et là, il y aura... énormément d'humour, énormément de... Et c'est drôle parce qu'on ne connaît pas trop les Finlandais en fait. J'y connais déjà un petit peu plus grâce à la musique, en fait. Mais en fait, c'est un peuple qui a beaucoup d'humour. Et on le voit dans le burlesque. Ils n'ont pas peur d'être ridicules. Et en fait, ils font des choses, par exemple, qui peuvent paraître ridicules, mais en même temps, ils le font avec un tel Admirez-moi, comme je suis incroyable Et du coup, c'est magnifique, en fait. Toutes ces différentes aspects du burlesque qu'on trouve, rien qu'on change dans le pays. Et je pense que c'est vraiment inspiré, en fait. Comme moi, par exemple, je suis très inspirée dans ma manière de faire les numéros par l'art indien, par l'art de raconter des histoires sur scène, que chaque geste signifie quelque chose. Ça, ça vient clairement du fait que j'ai grandi en voyant de la danse indienne. Autant, chaque personne va être influencée parce que la culture leur a amené de leur enfance ou en grandissant.
- Speaker #0
Et justement, est-ce que tu pourrais nous en dire plus sur tes inspirations ou tes modèles du moment, que ce soit dans le burlesque ou peut-être en dehors ?
- Speaker #1
Donc les gens qui m'inspirent artistiquement, là, comme dit, c'est l'art, donc même si j'ai jamais pratiqué de la danse classique indienne, j'en ai toujours eu dans ma vie, et du coup, dans la danse classique indienne, il y a la particularité qu'on raconte en fait des histoires grâce à la gestuelle sur scène, et des histoires très très littérales même des fois, de genre, je vais... à la rivière pour prendre mon seau d'eau que je mets sur ma tête et on va le voir en fait, ça va être incarné comme ça et du coup c'est clair que ça a énormément influencé ma manière de chorégraphier mes numéros en fait. Maintenant je pense que le dernier truc qui m'inspire grave c'est la série Hero Mandy sur Netflix qui est une série en fait qui raconte l'histoire des Tauaves. qui est du coup les courtisanes à Lahore avant la séparation de l'Inde, donc c'était encore l'Inde, là maintenant c'est le Pakistan, et ça en vue de l'occupation anglaise, l'occupation britannique en Inde. Et d'ailleurs je crois que cette série c'est exactement genre moi, parce que... C'est tellement beau, chaque scène c'est presque un tableau, c'est réfléchi dans le détail, c'est magnifique. Mais il y a un tel côté politisé à la fin où il montre à quel point ces courtisanes ont aidé à la révolte des Indiens contre la Britannique, qui ont aidé à la décolonisation. D'ailleurs ça a été quelque chose qui a été grave effacé. de l'histoire en fait parce qu'on n'aime pas rendre les fleurs aux femmes et encore moins si c'est des courtisanes. Et c'est pareil dans le burlesque en fait. Je veux dire dans le sens où on est beaucoup à être révolté. Je veux dire quand on pense à certaines femmes historiquement qui étaient des artistes burlesques et tout ce qu'elles ont fait en fait genre pour lutter en fait contre le gouvernement dans leur pays, contre les injustices et tout et on les efface en fait, on veut plus en parler. Oui pour répondre à la question c'est la police. C'est une série qui m'inspire beaucoup, sinon on ne me présente rien que des artistes comme Beyoncé. Beyoncé fait partie de ma vie depuis que j'ai 9 ans. J'ai pu la voir sur scène l'année passée et c'était l'incroyable expérience. Et en fait, j'ai pleuré dès la première chanson. Mais c'est juste, je ne sais pas, de voir une femme racisée, alors elle a encore un corps magnifique Beyoncé, mais elle a des formes quoi, dans ce sens. Elle dégage une puissance, elle commande l'attention. Sa musique est tellement incroyable. Chacun des gens qui ont de la peine avec son nouvel album, même moi je l'aime quand même. Et du coup, les gens ont le droit de se réinventer. Et du coup, c'est quelque chose qui m'inspire énormément, l'art qu'elle crée. Oui,
- Speaker #0
et puis elle est texane en plus.
- Speaker #1
Elle est texane en plus !
- Speaker #0
Je crois que ça fait du bien aussi de voir justement une femme racisée s'emparer un petit peu de ce symbole de la culture blanche aux Etats-Unis.
- Speaker #1
Oui, alors en fait, en gros, quand on regarde aussi l'histoire, c'est quand même les Noirs qui étaient à la base de cette musique. Comme ils étaient à la base du rock'n'roll, en fait, et tout ce qu'on entend maintenant, c'est Elvis. Mais à la base, c'est les Noirs aux Etats-Unis qui ont créé le rock'n'roll, comme ils ont créé le jazz, comme ils ont créé le R'n'B, comme ils ont créé toute forme de musique.
- Speaker #0
La techno aussi. Oui,
- Speaker #1
exactement. Donc du coup voilà quoi, et voilà je pense que cette dimension politique de se réapproprier en fait ce qui nous, ce qui nous aura peut-être été volé un peu quelque part, c'est clair, tout ça c'est des démarches qui m'inspirent et dans lesquelles je me sens vue quoi, fondement sensée.
- Speaker #0
Et puis est-ce que tu as des projets que tu aimerais partager avec nous ?
- Speaker #1
Donc là actuellement, je vais quand même souligner le fait que autant que j'adore mes productions, autant c'est énormément de travail parce que je suis toute seule pour faire tout. Et en plus, je ne gagne rien en fait. Sur environ huit heures de travail, je suis payée au total peut-être 100 francs à la fin de ma production. Donc c'est en fait ma charité en ce moment. Je fais vraiment genre comme âme charitable pour amener de la culture justement en queer en Suisse romande. Je vais quand même dire que les bases du burlesque sont quand même... Des fois j'ai l'impression que... Les gens m'entendant parler se disent que tout ça c'est de la nouveauté et tout, mais le burlesque a toujours été queer jusqu'à dans les années 40-50. C'était la première forme de travail où les femmes pouvaient s'émanciper et être indépendantes dans un moment où elles n'avaient pas le droit d'avoir un compte en banque. Elles gagnaient, certaines que j'ai rencontrées même le week-end passé à Vegas, elles gagnaient certaines semaines 2 000 dollars la semaine en 1960, ce qui représente avec l'inflation à peu près... 11 fois 8 et 10 maintenant quoi, c'est dingue ! Et du coup c'est pour ça que quand je raconte la politisation, le fait que ce soit queer, quand on était une femme lesbienne dans les années 50, on faisait comment ? Quand on est dans les années 50 ou 60 aux Etats-Unis, où le seul travail qu'on pouvait faire en tant que femme, c'est d'être prof d'enfantine ou réceptionniste. Où c'est clair que le seul manière, même en gagnant sa vie comme ça, on faisait quoi ? On pouvait vivre en coloc, mais on ne pouvait pas vivre, on ne pouvait pas s'autosuffire. Il fallait se marier, il fallait faire des enfants. Et il y a ces femmes incroyables qui nous ont pavé le chemin, aujourd'hui là, qui gagnaient, elles, 2000 balles. dans les clubs quoi. Après, de nouveau, c'est pas le cas de tout le monde, mais c'était leur moyen en fait en tant que femme lesbienne ou mère célibataire ou juste genre personne non binaire ou personne trans en fait, de pouvoir en fait s'auto-suffire quoi et j'ai plus la question, je me suis emballée.
- Speaker #0
Tes projets.
- Speaker #1
Mes projets, si. Du coup, ça a toujours été un art queer, ça a toujours été un art féministe, ça a toujours été un art justement avec des personnes racisées aussi, parce qu'il y a énormément de légendes qui sont des femmes noires, qui sont des femmes d'origine sud-américaine ou asiatique. C'est ce que j'essaye de reproduire en Suisse avec mes productions et j'estime que maintenant la ville de Lausanne doit me donner de l'argent.
- Speaker #0
Si jamais quelqu'un de la ville de Lausanne nous entend !
- Speaker #1
De me donner de l'argent pour ces productions, parce qu'autant que j'adore les faire et autant que je continuerai à les faire, autant là, c'est plus possible. J'aimerais vraiment arrêter de couper dans ce que je gagne moi, en fait, pour payer les artistes. Et comme je suis un peu une gauchiasse, j'aimerais éviter d'augmenter le prix des billets. Donc, voilà. Donc, ça, c'est mes projets. Et bien sûr, un nouveau numéro qui est dans ma tête depuis un bon moment. Mais moi, je suis... Ça, c'est mon côté suisse. Il faut faire les choses aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire. C'est-à-dire que je n'aime pas me presser pour les choses. Je ne suis pas là, genre, mon nouveau solo doit être prêt dans six mois, quoi. Mon nouveau solo, ça va aussi être un numéro en hommage à mes origines, un autre numéro que Le Pan. Et du coup, je prends vraiment mon temps pour savoir quelles sont les énergies, quelles sont les émotions, quelles sont mes expériences propres que j'ai envie d'insuffler là-dedans.
- Speaker #0
Et pour finir, la question signature. Qu'est-ce que dirait Misty Lotus, l'artiste, à la femme de tous les jours ?
- Speaker #1
Elle dirait, je pense, prends-toi pas la tête, c'est juste ce que tu fais. C'est juste ce que tu fais. Et ça, je le dirais à n'importe quel moment de moi, de ma vie, en fait. Que ce soit moi en tant qu'enfant, ou à 20 ans, ou à 25, ou même maintenant. Genre, des fois, j'ai tendance à avoir des doutes. Et c'est toujours le truc de, ah, est-ce que c'est juste ce passage ? Est-ce que c'est juste ? Le chemin dans lequel je m'engage, en fait, je pense que Missy Otis dirait Bien sûr, t'as une incroyable intuition, vas-y, girl, fonce !