- Speaker #0
Bonjour Petula, merci beaucoup de venir dans notre podcast Sous les strass. Ça fait très longtemps que j'ai envie de t'accueillir, tu es même la première personne que j'ai interviewée il y a de ça quelques années et je ne savais pas encore comment bien le faire. J'espère qu'aujourd'hui je peux t'accueillir dans les meilleures conditions. Donc merci beaucoup d'avoir accepté cette interview pour Sous les strass.
- Speaker #1
Merci beaucoup Gabi de m'avoir invitée à nouveau parce que j'ai hâte. de pouvoir partager plein de choses, répondre aux questions. J'adore être interviewée et je pense qu'on va bien s'amuser. En plus, ça fait longtemps qu'on se connaît, donc je pense qu'on a pas mal de souvenirs, de choses à échanger. C'est génial.
- Speaker #0
Trop bien. Est-ce que tu peux te présenter de la manière dont tu le souhaites à tous nos auditeurs et nos auditrices qui nous écoutent ?
- Speaker #1
Bien sûr. Donc, je m'appelle Petula, Petula Goldfever. Parce que Goldfinger, c'est trop vulgaire et Golden Retriever, c'était déjà pris dans le milieu. Et je suis effeuilleuse burlesque, mais également présentatrice de cabaret ou tout événement, événementiel. Voilà.
- Speaker #0
Génial. J'ai envie avec toi, dans ce format long, de pouvoir revenir un petit peu sur tout ton parcours. Ton parcours artistique, ton parcours avec la scène et en particulier le burlesque. Est-ce que tu peux nous raconter ? Tes premiers moments, tes premiers émois avec la scène ? Oh waouh !
- Speaker #1
Alors en fait ce qui est particulier dans mon parcours c'est que je ne suis pas quelqu'un qui a été formée. Je n'ai pas fait d'école de danse depuis 4 ans avec énormément de spectacles ou de galas de fin d'année. Je n'ai pas fait de théâtre non plus. Donc mes premiers émois avec la scène j'ai quand même été choisie pour le bicentenaire. centenaire de la Révolution en classe de CE2 en France pour faire, je ne sais plus, il y avait Félicité, elle s'appelait et je devais faire, voilà, il y avait une pièce de théâtre et j'avais été choisie parce que je racontais le mieux les poésies. Donc ça, c'était vraiment ma première expérience sur scène et à l'époque, en plus, mes parents n'avaient même pas de caméscope, ils ont donc tout enregistré au dictaphone. Il y a peut-être une cassette quelque part dans le grenier de mes parents avec ce souvenir mémorable qui, j'espère, sera vendu aux enchères. sur Ebay après mon décès. Sinon, non, la scène m'est venue beaucoup plus tardivement quand j'ai été professeure et que j'ai pu mettre mes élèves sur scène. J'avais fait des petites mises en scène, des trucs comme ça. On s'amusait pas mal avec les collègues, on faisait des fêtes des talents. On imaginait des journées où les élèves montaient sur scène et on s'occupait de tout, d'une technique très improbable, mais finalement assez comparable au cabaret transformiste de la région Picarde. Mais on faisait un peu tout. Et après, moi, je suis passée sous la lumière. Je suis montée sur scène moi-même. C'était quand même beaucoup plus tardif. Ma première scène date de 2013.
- Speaker #0
Oh, waouh ! Génial ! C'est des parcours super inspirants de se dire que n'importe quel âge, quand on se donne les moyens, on peut monter sur scène et vivre ce rêve d'enfant. Et justement, tu me dis que tu ne viens pas... pas d'une famille qui fait de la scène, une famille artistique. Est-ce que tu as été un petit peu éduquée à l'art de manière générale ? Quel est ton rapport avant 2013 à l'art ?
- Speaker #1
Alors oui, je ne suis pas une fille de... Après, il y a toujours eu quand même de l'art à la maison. Mon père a fait de la musique quand il était plus jeune, donc on avait des instruments de musique à la maison. J'ai fait pas mal de musique. J'ai même eu un groupe de rock quand j'étais plus jeune. On avait enregistré un CD de titres. J'étais la batteuse de ce groupe. J'avais fait des percussions, j'avais fait pas mal de concerts en fait. Et avant de faire de la scène d'un point de vue théâtre, oui j'avais fait des concerts où j'étais derrière ma batterie à jouer des instruments. J'avais fait aussi du vibraphone dans un petit quintet de jazz. Après, comme toujours aujourd'hui, je n'étais pas forcément très très talentueuse, mais j'étais une grande bosseuse. Et avec un peu d'esbrouf, j'y arrivais assez bien. Et finalement, en plus de la musique, on aimait beaucoup le cinéma à la maison. On regardait un peu trop tôt des films absolument pas de notre âge, d'où ma passion James Bond. Elle date vraiment de très très loin. Et j'ai beaucoup aimé le cinéma. J'aurais aimé faire d'ailleurs des écoles de cinéma plus tard, ce qui m'a été impossible pour diverses raisons, particulièrement financières. Mais on a adoré le cinéma très tôt. Et dès que j'ai eu la télé dans ma chambre, 15 ans, j'ai regardé Arte tous les soirs avec tous les thémas. J'ai fait des études de cinéma audiovisuel au lycée et vraiment passion cinéma. Ah oui,
- Speaker #0
passion cinéma.
- Speaker #1
Et j'ai eu aussi forcément une passion théâtre avec mes études de lettres modernes.
- Speaker #0
En fait, j'avais envie de te demander, est-ce que cette envie de monter sur scène, elle est venue quand ? Est-ce que c'est en commençant le burlesque qu'en fait tu t'es dit, ah, je vais monter sur scène et je vais créer des choses, etc. Ou alors est-ce que c'était un rêve, un désir lointain ? À partir de quand ça te titille, ça te donne envie et tu te dis, pourquoi pas moi ?
- Speaker #1
Je crois que je n'ai jamais eu envie de me mettre moi dans la lumière ou d'être vraiment la star sur la scène. Et d'ailleurs, quand je faisais de la musique, j'étais derrière ma grosse batterie. On est vraiment le dernier. Généralement, on est dernier au fond, pas forcément éclairé. Enfin voilà, on n'est pas la personne qu'on voit le plus dans les concerts. Et quand je voulais faire étudier le cinéma, c'était pour devenir réalisatrice, scénariste, voire scripte, au plus bas de l'échelle, dans les métiers féminins du cinéma. Et je ne me suis jamais imaginée, moi, sous les projecteurs, la star. Je n'ai jamais rêvé de ça. Je pense parce que je n'avais pas une bonne image de moi, ni confiance en moi par rapport à mon physique ou des choses comme ça. Je pense que, comme beaucoup de femmes, je souffrais beaucoup de l'image que je pouvais avoir. Et c'est vraiment venu cette idée de pouvoir monter sur scène, beaucoup plus tard, à partir de 30 ans, quand j'étais beaucoup plus... quand j'avais beaucoup plus confiance en moi et puis suite à avoir vu le film tourné de Mathieu Amalric qui a été vraiment une grande révélation surtout dans la façon dont il décrivait comment ces femmes revendiquaient donc une prise de parole entre guillemets sur scène et le fait de pouvoir elle-même monter sur scène de décider totalement de a à z comment se dérouler ce que serait le numéro quel en serait le concept le fond comment il se déroulerait et de le revendiquer face à des producteurs, à n'importe qui, de dire non, on est totalement libre. Il y avait un côté totalement punk et libérateur là-dedans, et j'avais trouvé ça absolument formidable. Surtout que là où j'habitais, en Picardie, il n'y avait pas de burlesque, il n'y avait pas d'école de burlesque, le burlesque n'existait pas.
- Speaker #0
Ok, super intéressant. Donc toi, c'est vraiment le film tourné qui a été un déclic et une révélation, une découverte même du burlesque à ce moment-là ? Et donc, qu'est-ce qui se passe ? Tu ne dis, il n'y a pas de cours, tu commences à imaginer tes propres numéros, tu vas chercher des personnes à Paris ou quelque part pour prendre des cours, pour découvrir ?
- Speaker #1
Alors, j'ai une petite anecdote parce que quand Tourner était sorti, j'étais mariée avec mon premier mari et je me souviens que je m'étais un petit peu dit, oh là là, je vais faire la même chose. Et j'avais commencé un striptease burlesque en me disant, oh là là. Tu vas voir, ça va être génial. Et il a baillé, il est monté à l'étage et il a dit, quand t'auras terminé, tu me rejoindras. Et je pense que c'est là, vraiment, que je me suis dit qu'il fallait... Il fallait continuer dans cette voie. Donc on a déjà... Et j'ai changé de mari. Voilà, on a déjà divorcé. Et justement, après mon divorce, j'ai dit, Haha, maintenant, je fais vraiment ce que je veux. Et j'ai pris ma voiture et je suis allée là où je pouvais trouver des cours de burlesque. Donc je suis partie à Lille. Je suis partie à Paris et puis mes premières scènes, c'était en Belgique.
- Speaker #0
Donc là, on est en 2014.
- Speaker #1
2013, ma première scène. Donc, je pense que j'ai commencé les premiers cours 2012, 2013, mon tout premier cours. Donc, on était à Lille dans ce cours, ce workshop organisé par Juliette Dragon qui devait durer 2-3 heures. Et puis arrive une équipe de journalistes de la télévision. Non. Mais si ! Mon premier cours. Mon premier cours. Alors là, tout de suite, on est impressionnés parce que les grosses caméras, etc. Et on ne s'y attend pas. En plus, on est toutes là. C'était un cours de burlesque débutant. Donc, il y en avait peut-être des filles qui avaient déjà pris quelques cours. Mais la plupart, c'était quand même un petit peu la première fois. Et donc, l'équipe de télé va vers Juliette et explique qu'en fait, ils suivent une dame d'un certain âge qui souhaite se réconcilier avec sa féminité et qui donc suit un cours de burlesque pour ça. Est-ce que Juliette Dragon est d'accord ? C'est pour un voyage spécial. France 2, donc forcément, on trouve que c'est bien, c'est sérieux. Elle dit oui. Les journalistes demandent quelles sont les personnes qui souhaitent être filmées. Moi, je dis non tout de suite.
- Speaker #0
Oui, parce que tu es professeure à ce moment-là.
- Speaker #1
Mais surtout, c'est mon premier cours de burlesque. Je n'ai pas envie de passer à la télé. Tu sais, moi, je voulais un moment un peu plus intime avec moi-même, avec les autres, etc. Et donc, il y a quand même des jeunes femmes, plus jeunes que moi, dans la vingtaine, qui acceptent d'être filmées, etc. Et donc... Le cours se passe, ce tournage aussi, et quelques mois plus tard, je vais justement regarder en voyer spécial pour savoir un peu ce qui s'est passé et comment s'en fait arrivent les premières images où je vois toutes ces jeunes femmes qui étaient avec moi, qui dansent avec les boas, qui bougent, le déhanché, des bumps, des grinds et la voix off qui commence. Précarité et prostitution. Nous suivons Madame X qui se prostitue, qui habite dans le nord de la France et se prostitue en Belgique. Son métier est de plus en plus précaire à tel point qu'elle est obligée de prendre des cours de burlesque au sein de l'école des filles de joie pour pouvoir spice up, améliorer, etc. Mais tu rigoles !
- Speaker #0
Je ne rigole absolument pas. Ça se retrouve encore aujourd'hui ?
- Speaker #1
Tu peux retrouver encore les débuts sur internet, ce n'est plus parce que comme c'est envoyé spécial, c'est la télé, ils ont leur droit. Mais j'avais retrouvé un bout sur Dailymotion. Tu vois, pas tout, mais ça commence comme ça. Précarité et prostitution, alors qu'on faisait du burlesque. D'où ma défiance aujourd'hui envers les journalistes.
- Speaker #0
Incroyable. Donc toi, j'aimerais quand même revenir sur le fait que tu es professeur à ce moment-là. Tout à fait. Pour l'éducation nationale, n'est-ce pas ? Oui, oui. Et notamment que... C'est super intéressant puisque tu lui en as fait un TEDx de cette histoire, que vous pouvez aller retrouver, il est disponible sur YouTube.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous résumer un petit peu ton TEDx et ce qui s'est passé ?
- Speaker #1
Oui, c'est une histoire totalement rocambolesque parce qu'en fait, oui, je faisais du burlesque, je prenais des cours de burlesque et puis finalement, assez rapidement, j'ai eu l'opportunité de monter sur scène. En Stage Kitten++, où j'étais l'assistante du présentateur, on écrivait des sketchs entre les numéros de burlesque. Moi, j'arrivais la Stage Kitten, mais la Stage Kitten qui rêvait de monter sur scène. Parfois, j'arrivais avec une perruque et il était là. Mais on vous a reconnu, Pétula ! Non, vous ne montrez pas sur scène. Et puis, on avait un petit numéro où on s'effeuillait tous les deux. Et c'était lui la vedette parce qu'il terminait. En fait, il avait un soutien-gorge à paillettes. Et puis, moi, j'avais une lingerie toute simple. Donc on avait des petits numéros cocasses et puis ça marchait bien. Ce qui est rigolo, c'est qu'on jouait dans une ville en Belgique qui s'appelait Jambes. Et je trouve ça génial de faire ces débuts de burlesque dans une ville qui s'appelle Jambes. J-A-M-B-E-S. Franchement, c'est...
- Speaker #0
Incroyable.
- Speaker #1
Oui, c'est rêvé, quoi. Et puis finalement, donc tout se passait bien jusqu'au jour où, en fait, une lettre anonyme a été envoyée dans mon lycée à la directrice pour dire... que j'étais stripteaseuse et que je faisais ça pendant mes arrêts de travail, etc. Donc ça aurait pu s'arrêter très vite en fait, parce qu'à la fois j'étais professeure titulaire, ça faisait longtemps que j'enseignais dans ce lycée, ça faisait bien 7 ans que j'étais dans ce lycée, que j'organisais la fête des talents, la fête déguisée, des voyages au Canada, des voyages au ski. En soi j'étais une professeure active, donc on aurait pu arrêter très vite. Cela m'est assez emballée, donc la directrice s'est retrouvée totalement choquée parce qu'elle a vu par les images qui étaient envoyées, alors moi j'ai eu accès à rien. Donc en fait on a eu une petite bagarre avec la directrice, donc moi j'ai porté plainte en diffamation en citant la directrice puisque c'est elle qui avait tous les documents qu'elle refusait de me dévoiler. Donc vraiment tout est monté très très haut et au final j'ai dû faire face surtout à la misogynie du rectorat. qui voulait contrôler mes activités du week-end parce qu'il trouvait que le burlesque, ce n'était pas bien. Donc au final, après plusieurs mois de pourparler, j'ai obtenu gain de cause. C'est-à-dire que j'ai reçu un courrier du rectorat qui me disait que mon travail de professeur n'était absolument pas mis en cause et qu'en revanche, même si ce n'était pas bien, j'avais le droit de faire du burlesque, mais il m'interdisait de faire du burlesque en Picardie. Alors c'était l'interdiction de trop, je n'ai pas supporté cette interdiction. Ah oui,
- Speaker #0
je ne voulais pas que géographiquement ce soit trop proche des familles et des élèves, etc.
- Speaker #1
Ce que je trouvais totalement hypocrite, parce qu'à la fois cette lettre anonyme s'était basée sur des photos qui étaient sur Facebook, des photos géniales où moi je suis en stage kitten, en tailleur, entourée de Colette Colrette en cachetéton. Donc on m'a reproché d'ailleurs que Colette Colrette était en cachetéton, mais bon, écoutez, moi j'étais stage kitten, je n'étais pas en cachetéton sur la photo. Donc c'était vraiment des reproches. Enfin, il n'y avait rien dans les photos qui pouvait indiquer que j'avais été en cachetéton ou pas, dans tel ou tel spectacle. Mais donc, je trouvais ça hyper hypocrite de m'interdire géographiquement de faire du burlesque, alors que les photos pouvaient se retrouver dans le monde entier, via Internet. Et en plus, je trouvais extrêmement hypocrite, de leur part, de n'avoir jamais avoué qu'ils avaient obtenu ces informations-là par lettres anonymes. Et donc, non, non, c'était l'interdiction de trop. Je ne voulais pas aller au lycée le lundi matin en me disant qu'est-ce qu'on va me reprocher de ce que j'ai fait de mon week-end. Je trouvais qu'il y avait un regard moralisateur qui était totalement à côté de la plaque sur ce qu'on faisait en burlesque, qu'il y avait un déni total de la fonction politique de ce qu'on faisait, et puis même qu'il y avait un jugement sur le corps des femmes qui était totalement déplacé, qui était totalement misogyne et puis obsolète. Donc j'ai démissionné.
- Speaker #0
Et on est en quelle année là ?
- Speaker #1
Alors j'ai démissionné fin 2013, donc en 2014 en fait. J'ai dû démissionner en 2013. Oui, en fait, je pense que la lettre anonyme, j'ai dû l'avoir en janvier 2014. J'avais démissionné en août 2014. Ça va très, très vite en fait. Première scène, donc je l'ai fait en 2013, mais en stage kitten. Et d'ailleurs, j'ai réalisé mon tout premier numéro burlesque après qu'il y ait eu cette histoire de lettre anonyme. En fait, j'ai voulu me dire que je ne voulais pas que ce corbeau, la corneille qui avait envoyé ça, alors... puissent se dire que j'étais à six pieds sous terre, alors que oui, on est très mal. Sur une lettre anonyme, on est très mal. Mais j'ai voulu me battre et c'est là que j'ai fait mon tout premier numéro d'effeuillage burlesque, que je fais toujours aujourd'hui, c'est le gorille. Il est toujours là, celui-là. Et donc, je n'ai pas voulu me cacher. Et justement, je ne serais peut-être jamais devenue effeuilleuse burlesque en solo sans cette lettre anonyme.
- Speaker #0
Oui, ça t'a donné le petit coup de pied.
- Speaker #1
C'était mon côté punk. On va y aller. On va y aller. Et donc, j'ai démissionné en août 2014. Et puis après, j'ai déménagé sur Paris. J'ai trouvé un petit boulot parce que je n'avais pas le droit au chômage. Et puis au bout de deux ans, là, j'ai pu avoir droit au chômage. Et c'est là que j'ai pu commencer véritablement à faire mes cachets. J'avais déjà monté mon réseau pour pouvoir devenir intermittente du spectacle.
- Speaker #0
Génial. Tu penses que dix ans après, maintenant, aujourd'hui, c'est un petit peu changé ? Tu penses que le rectorat et le monde est un petit peu moins misogyne ?
- Speaker #1
Alors à la fois oui et non, parce que déjà le tout premier workshop burlesque avec Juliette Dragon avait été organisé par Lulu Socrate, qui était professeure de philosophie dans un lycée, et elle, elle n'a jamais eu de problème. Elle a toujours revendiqué ça d'un point de vue en plus vraiment très politique, très politisé. Donc elle n'a jamais eu de problème. Moi, j'ai eu des problèmes aussi parce qu'on a voulu m'ancrer. Et je pense qu'aujourd'hui, à la fois, le burlesque s'est démocratisé, s'est popularisé et de moins en moins underground. Mais d'un autre côté, le droit des femmes, on doit toujours se battre, n'est jamais forcément acquis. Donc d'un autre côté, on va avoir une population plus importante qui va dire Oui, c'est que du burlesque, ce n'est pas grave. Mais je trouve que les voix qui trouvent que le burlesque est encore ultra sulfureux et, j'allais dire, pas délicat, mais quelque chose d'un regard... Il y a encore beaucoup de personnes qui ont un regard totalement négatif sur le fait que les femmes se déshabillent, tout simplement parce que les femmes se déshabillent, c'est mal. Le corps des femmes est toujours associé à quelque chose. de mauvais, voire de maléfiques.
- Speaker #0
Oui, moi, l'argument que j'entends le plus, qui est quand même très minoritaire, c'est plutôt les femmes... Ma maman, par exemple, typiquement, elle me dit qu'elle trouve ça rétrograde. Il y a des femmes comme ça, je pense, de la génération 68, qui, pour elles, trouvent que c'est rétrograde.
- Speaker #1
Alors, j'entends tout à fait cet argument parce que je pense que ces gens-là ne pensent pas qu'on se... réapproprie les codes. En tout cas, dans le burlesque que j'ai vu moi-même sur scène et qui m'a donné envie de faire du burlesque, on est vraiment sur une réappropriation des codes du rétro, du glamour hollywoodien, sur tous les codes totalement inaccessibles de la femme fatale et on les réutilise pour justement se les réapproprier, mais comme... Dans beaucoup de cas, on va se réapproprier, par exemple, des insultes. J'ai un t-shirt slut-faming pour justement se réapproprier l'insulte slut-shaming etc. Ou comme les homosexuels vont dire qu'eux, ils peuvent utiliser le mot pédé parce que justement, on se renforce en utilisant, en se réappropriant tous ces mots-là. Donc là, je pense que pour beaucoup de femmes qui ont souffert de tous les dictates, de tous les codes de la séduction, de la féminité, Là, d'un seul coup, on se rend compte que c'est finalement beaucoup de maquillage et beaucoup de postures qui peuvent s'apprendre. Qu'à partir du moment où on peut se dire, finalement, ce n'est pas si compliqué, moi aussi, je peux le faire. Eh bien, ça permet d'envoyer un pied de nez à tous ces gens qui nous ont fait souffrir parce qu'on ne rentrait pas dans les codes. Parce qu'on était trop grosse, trop petite, trop mec, trop vieille. Ben non, regarde, tu mets une bonne lumière. Regarde, je me tourne. Je me tourne deux trois quarts, je tourne les épaules, je te fais un sourire, c'est bon quoi. Donc me fait pas chier le matin si je suis pas maquillée, que j'ai envie d'être en tongs. Personnellement non, moi je ne porte pas de tongs. Mais voilà, on a le droit de faire ce qu'on veut. Parce qu'on est libre et parce qu'on sait que, ok, il faut jouer à la femme fatale, je peux le faire, je ne souffre pas de ne pas être une femme fatale. Je choisis de ne pas avoir envie de l'être parce que ça me saoule de devoir porter un corset, de devoir rentrer le ventre, mais je peux le faire, c'est pas quelque chose d'inaccessible. C'est accessible à toutes les femmes. Et c'est comme ça qu'on se renforte, parce que la vie est faite de choix. C'est pas juste un an, je suis trop, ou pas assez ceci pour pouvoir faire ça. Non, c'est juste j'ai pas envie. Et ça, ça change tout.
- Speaker #0
Clairement, tu as tout dit, tu as répondu. J'enverrai ce podcast à ma maman.
- Speaker #1
Mais qu'elle vienne faire un numéro et qu'elle vienne brûler son soutien-gorge. Enfin, pas s'il est en matière plastique, parce que dans ce cas-là, ça va être compliqué. Mais voilà, tout à fait. D'ailleurs, on le retire, le soutien-gorge, il y en a quelque chose. Je ne pense pas qu'il faut... Parfois, on essaye de trouver des guéguerres entre les femmes, les féministes ou pas. Je pense qu'en fait, on a le même propos, la même envie de liberté, la même envie d'arrêter de s'excuser, la même envie d'aller envoyer chier les gens qui nous ennuient. Sauf qu'on n'a pas forcément les mêmes outils pour l'exprimer, tout simplement. Oui,
- Speaker #0
tout à fait. Et puis, en général, je trouve que les détractrices... Et détractrices... du burlesque pour beaucoup sont des gens qui sont pas complètement à l'aise avec leur sexualité sensualité l'expression leur pudeur leur impudeur et c'est donc psychologiquement
- Speaker #1
les gens généralement ne parle que d'eux quand on dit si j'étais à ta place les gens ne sont jamais véritablement à ta place en fait ils expriment les peurs les doutes qu'ils ont qu'ils ont en eux après justement je trouve que le burlesque et l'expression de la confiance en soi. Et que les femmes ont, aujourd'hui, autant qu'hier, et certainement demain ce sera la même chose, ont besoin de voir des femmes qui ont confiance en elles. Et c'est ça qui est extrêmement inspirant.
- Speaker #0
J'ai envie de parler avec toi un peu d'intime, parce que tu es l'une des femmes les plus drôles que je connaisse, à la ville comme à la Seine. Et on a parlé aussi de confiance en soi. Je sais que cet humour pincant, cette personnalité extravagante, merveilleuse, cache une femme qui...
- Speaker #1
Mais on a toujours des fragilités. Oui,
- Speaker #0
en fait tu as un humour incroyable à la vie comme à la scène. Souvent on se dit, on te voit en spectacle, le personnage Pétula, la diva Pétula, et puis après on te rencontre et... Tu es cette femme extravagante, drôle, engagée, sensible, tout ça, et tu es... Je voudrais savoir quel est ton chemin vers la confiance en soi, vers l'affirmation de soi, et j'ai l'impression que ce chemin, l'humour, t'a aussi beaucoup aidé dans ton burlesque, dans ta vie et dans ton personnage, et que c'est une arme, une de... une de tes armes et j'aimerais un peu que tu nous racontes déjà d'où vient-il est-ce que depuis toujours tu es à cet humour un peu pincant comment tu l'as un peu travaillé aussi et puis comment ça a pu peut-être aussi t'aider,
- Speaker #1
te donner une arme pour cette vie de fou alors c'est drôle parce qu'en enfant j'ai le souvenir de ne pas être drôle je crois que mon frère était drôle et moi je ne l'étais pas Et j'aurais rêvé d'être aussi drôle que mon frère. Mais petite, c'est vrai qu'on écoutait beaucoup les grosses têtes. Après, ce n'est pas ma plus grande inspiration. Mais l'humour était toujours présent et je pense que moi, je n'étais pas drôle. Je l'ai été un peu plus tard. Mais c'est surtout, moi, je me souviens de quelque chose, justement, quand après la lettre anonyme, j'avais été voir des psys. Enfin, ça n'allait pas. Et j'avais été en voir un, je lui expliquais un peu ma vie. Et je crois qu'au deuxième rendez-vous, Il m'a regardée et il était un peu comme si Eureka l'avait trouvé. Il m'a fait Mais en fait, vous montez sur scène pour revivre les humiliations de l'enfance, mais pour cette fois-ci vous faire applaudir. Et moi, je suis restée totalement interdite parce que j'étais dans mon malheur. Enfin, tout était compliqué dans ma vie avec la lettre anonyme. Qu'est-ce que j'allais faire ? Je démissionnais, je démissionnais pas. Monter sur scène, arrêter de monter sur scène. Qui étais-je ? Où était mon authenticité dans tout ça ? Et le gars était tout sourire. Je lui ai fait mon chèque de 70 euros pour la séance. Je lui ai dit Mais... Mais je ne veux pas d'un gars qui... Enfin, je ne suis pas un puzzle dont il faut trouver la solution ou je ne sais quoi. Enfin, c'était hyper vexant, mais au fond, il avait raison. Il y a forcément quelque chose comme ça. Mais je pense que... Bon après il y a la confiance en soi, tout le monde joue là-dessus, mais je pense, enfin tout le monde va trouver la sienne, enfin tout le monde n'a pas les mêmes doutes aux mêmes endroits. Pour moi je pense qu'il y a cette idée qu'il n'y a rien de ridicule, que c'est comme ça et c'est pas grave, et on va jouer avec, quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe. Comme à la fois, je vais peut-être regarder dix fois une photo avant de la publier pour vérifier si tout est bien, mais en live, je m'en moque si le ventre n'est pas forcément bien rentré. S'il y a les bingo wings, si justement il y a plein de rites d'expression, tant mieux. Allons-y parce que c'est live et on y va. Et ça, c'est quelque chose aussi que m'avait inculqué la première personne avec qui j'ai fait des shows burlesques, un de mes ex aussi, et qui m'avait dit en fait, dès qu'il se passe quelque chose, il faut acknowledge it. Il faut le revendiquer, il faut le prendre en compte. Il ne faut pas l'attraper, il ne faut pas faire comme si ça n'existait pas. C'est-à-dire que s'il y a un problème... Bon ben voilà, on l'utilise le problème. On ne va pas essayer de le cacher. Et je pense qu'il y a de ça dans la vie, d'avoir toujours peur, d'avoir honte, d'être jugée par le regard des autres. Tandis que là, quoi qu'il arrive, je l'assume à 100%. Je bafouille, ce n'est pas grave. Je me trompe, ce n'est pas grave. Je ne sais pas où se trouve telle ville dans tel pays. Eh ben, ce n'est pas grave et on y va. Il y a un problème. Ma robe est coincée. Rien n'est grave. Et il n'y a pas de tabou. Et je pense que la base de mon sens de l'humour va être d'utiliser le tabou. Et d'oser dire, et c'est pas forcément utiliser des gros mots ou autre, mais d'oser dire les choses qu'on n'oserait pas dire. Et souvent, c'est ça qui est choquant, c'est Oh my God, elle l'a dit ! Ben oui, et en quoi ? C'est un fait, c'est la vérité. C'est pas parce que personne n'ose en parler ou n'ose le dire. Comme par exemple, en show burlesque, je vais tout de suite revendiquer le fait que, oui, on va vous applaudir, mais en fait, on va vous juger. Est-ce que t'as le pied pointé ? Est-ce que tu as bien coupé l'étiquette de ta lingerie ? Ils sont collés comme en testrasse. Et puisque la couleur de ton boa, elle matche bien la couleur de ta robe. Et des trucs comme ça. Parce que c'est vrai, c'est ça la grande famille du burlesque. Mais il faut dire les choses. Et en disant les choses, le personnage rentre.
- Speaker #0
Oui, en assumant nos qualités, mais aussi nos défauts. Toutes nos aspérités qui rendent... plus authentique et plus drôle et plus super. Comment est-ce que tu es amenée à présenter ? En fait, dès le début, tu me dis, tu fais ce duo, comment s'appelait ton partenaire ?
- Speaker #1
Freddy Fury.
- Speaker #0
Freddy Fury. Donc vous faites déjà des petits duos, donc tu ne présentes pas, tu ne parles pas vraiment à ce moment-là ?
- Speaker #1
Non, c'est vers la fin. On avait monté un truc où j'arrivais quand même à prendre le micro à la fin. C'est d'où l'achat du costume de Gorille. Au début, on l'avait acheté pour lui, pour Freddy Fury. Il devait mettre le gorille. Et puis, une fois qu'on l'a reçu, on a trouvé que ce serait quand même tellement plus drôle que ce soit moi qui soit en gorille plutôt que lui. Et puis donc, on a monté ce petit numéro où en fait, j'arrive exactement sur la même musique de gorille. Sauf que je ne m'effeuillais pas. Après, je retirais juste le costume de gorille. J'avais un maillot de bain tigre que j'avais confectionné moi-même. Et là, je lui piquais le micro en fait. Il y avait cette idée depuis le début, j'essaye de monter sur scène, de prendre la parole, de lui prendre le micro ou de prendre la lumière pour faire un effeuillage. Il refuse, il refuse. Bon, alors, je sors les grands moyens. Je lui fais peur en gorille et je lui pique le micro.
- Speaker #0
Du coup, il lâche le micro et puis toi, tu lui piques.
- Speaker #1
Et là, je présente. Sauf que c'était une très mauvaise idée parce que t'es essoufflée après avoir fait, tu sais, cinq minutes de gorille sur scène. C'est vraiment très difficile de présenter. Je me souviens, c'était en Suisse aussi. Il fallait présenter Zara van den Villen Regen. Et ça, c'était hyper dur. Hyper dur à dire. Zara van den Villen Regen. C'était hyper dur. Donc, c'était vraiment une épreuve. Oh, génial.
- Speaker #0
Et puis après, on te demande, tu as des occasions un petit peu de présenter. Et aujourd'hui, pour moi, il n'y en a pas beaucoup, des présentateurs et présentatrices francophones dont c'est la spécialité. Mais c'est quand même aujourd'hui ta spécialité, la présentation.
- Speaker #1
Et c'est vrai qu'au début, j'ai vraiment commencé comme ça parce que... Donc après le duo avec Freddy Furey, on s'est séparés et moi j'ai continué en tant que présentatrice. Puis après j'ai eu plus de boulot en tant qu'effeuilleuse burlesque et j'avais quand même du travail en tant que présentatrice dans des conventions de tatouage, dans des choses comme ça. Et je pense que grâce au confinement, j'ai pu remettre ça au goût du jour avec les quelques vidéos que j'avais faites et puis c'est là que j'ai eu encore plus de boulot et j'en suis... Moi, le confinement m'a servi professionnellement. Et donc, j'ai pu vraiment avoir de belles opportunités pour présenter des cabarets, des shows, des festivals de burlesque.
- Speaker #0
Oui, et moi, ce que j'apprécie énormément avec toi, c'est vraiment tout ton engagement, toute ta préparation. On le voit d'ailleurs quand on te suit sur Instagram. Allez suivre Petula sur Instagram. C'est un show permanent. Et puis, plein d'astuces, etc. Mais parce que vraiment, tu es dans les détails. toujours les voilà tu penses à énormément de choses toutes ces petites choses qui vont faire que tout a du sens et je pense à ton aplos sur les fesses et
- Speaker #1
c'est drôle parce que là pour l'idée m'est venue quand tu m'a bouqué pour la première fois en 2019 et je crois que c'était le 1 mai pour tout premier show juste après mon congé maternité et j'avais eu l'idée je trouve que c'était drôle d'écrire applaudir encore plus fort sur le corps mais en trois parties, parce que l'humour répétition c'est trois maximum. Et j'ai demandé à une de tes élèves qui faisait partie du show de m'écrire au stylo applaudir encore plus fort avec le plus fort sur les fesses. Et comme j'ai trouvé qu'en revanche c'était compliqué, parce que ça ne s'effaçait pas aussi facilement que ça le stylo, entre deux présentations, c'est là que je me suis dit bon, on va se tracer quelque chose réutilisable, ce sera plus sympa. Mais l'idée était venue à l'occasion d'un show de Secret Folies.
- Speaker #0
Est-ce que tu as quelques conseils pour quelqu'un qui aurait envie de se lancer dans la présentation ? Qu'est-ce que tu lui dirais ?
- Speaker #1
Je pense que ce sont les mêmes conseils que pour le burlesque. D'une part, penser au public. Ensuite, travailler. Parce que le burlesque, c'est toujours finalement du one-shot. En plus, quand on est en présentation, on n'a pas vraiment de metteur en scène, on n'a pas non plus quelqu'un qui forcément nous écrit nos textes ou nos blagues, donc il faut parfois repenser à ce qu'on a dit pour dire la prochaine fois on le dira comme ça. Mais aussi lâcher prise un petit peu, pas trop stresser, c'est fait, c'est dit, c'est pas grave, on y va, on continue. On continue le spectacle, on sera plus drôle la prochaine fois. Donc je pense que c'est un petit peu les mêmes. Après, spécifiquement pour la présentation, pas oublier qu'on présente des œuvres et donc mettre ces œuvres en valeur. On est au service du spectacle et donc ça, c'est important. Et après, en étant au service du spectacle, allez hop ! On place un petit peu, soit ses engagements politiques, ce qui nous fait rire, son style, son humour, ou tout simplement ses plus belles robes. Quand on n'a rien à dire, changer de robe. Franchement, voilà, c'est ce qu'il y a. Les gens disent qu'est-ce qu'elle était belle ! Tu vois, ils disent elle était drôle, c'était intelligent Qu'est-ce qu'elle était belle ! Au minimum.
- Speaker #0
Oui, oui, oui, moi je pense que ce que je vois, moi, plus d'un côté productrice, on va dire, ce que je vois le plus en erreur, C'est le manque de préparation. Ça change tout quand même, notamment pour la présentation des numéros. Il y a des choses, parfois, pour certains numéros, à ne pas dire ou à dire. Ou alors, la deuxième chose aussi, c'est vrai que le costume, le personnage. Il faut être à la hauteur aussi du spectacle et vraiment avoir une vraie proposition.
- Speaker #1
Puis il y a tellement de choses qui sont possibles, parce qu'on peut imaginer tout à fait quelqu'un qui arrive véritablement avec un... personnage théâtral très très fort ou quelqu'un simplement qui vient de façon un peu plus naturelle comme un stand-upers donc tout est tout est possible après la préparation c'est sûr c'est capital parce que on peut pas juste improviser surtout sur tout un spectacle parce que sinon c'est creux après bah oui bah parfois on n'est pas inspiré parfois c'est compliqué même si on a les informations sur sur les différents numéros qu'un jour ou trois mois à l'avance ça vient pas comme ça c'est pas forcément évident Mais moi, je sais que j'ai un catalogue de blagues.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
un bal. Ça, c'est un des gros conseils. Il y a peu de bouquins comme ça sur l'humour, mais il y en a. Bon, soit sur les théories de l'humour, ça, on en a. Mais sur comment être un bon stand-up ou autre, il y a des bouquins comme ça en anglais. Et c'est un des premiers conseils. Quand tu as un bon mot, tu l'écris. Tu le mets dans une boîte à mots et puis après, tu les relis. Et quand je présente des festivals de burlesque, tous les copains du milieu pourraient vous le dire. Le premier jour, j'arrive, tout est hyper écrit. Et le lendemain matin, vous me retrouvez au petit déjeuner à l'hôtel et je suis là, j'ai plus de blagues, mais comment je vais faire ? Et j'ouvre mon cahier de blagues et je me dis, ah oui, ok, celle-là, je la mets là, celle-là, je la mets là, celle-là, je la mets là. Parce qu'il y a le petit narratif pour justement mettre en valeur, donner des clés de compréhension ou des clés pour apprécier l'esthétique d'un numéro. Et puis hop, si j'arrive à y glisser une blague, c'est la petite cerise sur le gâteau.
- Speaker #0
Génial. Il y a quelque chose dont j'aimerais beaucoup parler avec toi et je suis sûre qui intéressera. beaucoup nos éditorices, c'est le fait que je trouve entre le moment où tu commences le burlesque et le moment où tu en vis, en tout cas tu en fais une profession, un métier, c'était quand même assez fulgurant comme histoire. Et à quoi est-ce que tu l'attribuerais ? Qu'est-ce que tu penses qui a permis que tu puisses être engagée assez rapidement ?
- Speaker #1
En plus,
- Speaker #0
tu nous dis... Je ne viens pas de la danse, je n'ai pas un passé qui pourrait expliquer, je ne sais pas, des capacités incroyables de scène.
- Speaker #1
Après, je pense que justement, dans ma vie, il y a beaucoup de choses qui viennent du côté autodidacte, où j'ai pu réutiliser en fait les différentes choses que j'ai apprises pour utiliser tout ça en fait pour la scène. Parce que c'est vrai que je n'ai pas fait de danse. Après, j'ai fait de la salsa, comme toutes les femmes divorcées de province. Donc, j'avais fait de la musique, donc j'ai quand même une musicalité. Une appréciation, et je suis capable aussi de monter moi-même mes musiques, de les couper, etc., d'en faire le montage sans problème. Avec l'option cinéma audiovisuel au lycée, j'ai des notions de montage, j'ai des notions aussi de chant, d'or chant, avec ma passion pour le cinéma. J'avais continué à étudier ça aussi à la fac, il y a des choses. De par mes études de lettres modernes, j'ai une bonne idée au niveau des concepts, même de comment parler. une connaissance de la théâtralité même si j'ai pas fait d'études de mise en scène donc c'est un peu tout ça après au niveau de mon répondant j'ai quand même été dix ans prof en collège et lycée professionnel donc après c'est justement c'est pas des élèves de maternelle j'étais pas prof avec des petits enfants dont il fallait moucher le nez non moi c'était des grands qu'il fallait qu'il fallait moucher verbalement ou au moins trouver un angle pour se faire respecter.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai que ça a dû nourrir. Ta présentation est à Gouailles. C'est ça.
- Speaker #1
Ce sont des ados et des jeunes adultes. Et puis prof d'anglais. Alors, je n'ai aucun diplôme d'anglais. Moi, je suis vraiment diplômée de lettres modernes. Mais l'anglais, c'est parce que j'ai vécu à l'étranger pendant quelques années, où j'ai été videur en boîte de nuit. Donc là aussi, un peu de Gouailles.
- Speaker #0
Moi qui te connais un peu, je pense qu'il y a... Beaucoup de gens qui s'imaginent pas le côté un peu punk rock'n'roll de la jeune Petula.
- Speaker #1
Ça ne se voit pas mais derrière les boucles se cachent beaucoup de rébellions. Mais voilà, donc il y a tout ça en fait qui a pu nourrir. Ensuite, je pense que j'étais déjà au bon endroit au bon moment, c'est-à-dire que je suis venue à Paris. Donc Paris, c'était le bon endroit. Et c'était encore un moment où le burlesque, enfin déjà à Paris, c'était déjà très bien installé. On avait déjà des grandes stars, etc. qui étaient présentes. Et moi, je suis arrivée un petit peu comme, mais c'est qui la nouvelle ? Ma chance, c'est que tout le monde pensait que j'étais belge. Si tout le monde savait que j'avais pris des cours comme tout le monde. à l'école des filles de joie ou avec Sugar d'amour ou autre. Ça aurait peut-être été différent, mais là, j'étais un peu une outsider. D'où vient-elle ? Qui est-elle ? Donc ça, ça m'a servi. Ensuite, j'ai eu beaucoup de chance ou de nez parce que mon premier numéro, que je fais toujours le gorille, il est là, il est toujours là parce qu'il plaît toujours.
- Speaker #0
Il est très fort.
- Speaker #1
Après, c'est pas non plus... J'ai rien inventé. Finalement, le gorille était déjà... quelque chose de très présent dans les cabarets depuis les années 30 surtout, en fin de 30, mais King Kong etc. Tout ça. Après c'était un travail de concept, de réflexion par rapport à la féminité, puis le côté série B en léopard, etc. Le fouet caché dans la banane enfin, après ce sont des idées mais en soi, donc mon numéro est toujours là et j'ai pu m'en sortir alors qu'au début j'avais vraiment qu'un seul numéro pour malgré tout faire des shows burlesques et puis après il faut très tôt... mais ça c'est grâce à mon deuxième mari, je me suis assise dans mon canapé à réfléchir c'est quoi le produit Petula ? En quoi Petula peut être une valeur ajoutée à un cabaret, à un événement, etc. Donc j'ai vraiment travaillé sur quel est le personnage de Petula, et donc pour le définir, pour essayer de définir son esthétique, son ton, etc. Donc je pense que ça...
- Speaker #0
Appellerait aujourd'hui le personal branding.
- Speaker #1
Exactement, donc ça je pense que les gens au bout d'un moment s'étaient bien compris. Et après comme... toutes les effeuilleuses burlesques qui ont plus de 10 ans d'expérience là, mais j'ai bourlingué, j'ai galéré, j'ai accepté des plans payés 50 euros à pète-pète les oies, j'ai pris des flics-bus dans toute l'Europe pour dire bonjour, j'existe quoi. Donc c'est pas juste des festivals, j'ai rencontré des gens, etc. Et puis tu vas aussi au spectacle quand tu n'es pas bookée pour soutenir le métier, la profession, etc. Et voilà, mais... Quand on dit Ouais, on fait une tournée, j'ai fait une tournée en Angleterre, c'était génial ! Non, non, ça veut dire que tu t'es pris 10 Flixbus, que tu as dormi dans des auberges de jeunesse, sur des lits superposés, partagés, mixtes, parce que c'est moins cher avec des gars à la chaussette qui pue. Non, non, derrière les paillettes, on a bourlingué pour pouvoir y arriver. Et c'est ça aussi qui fait la grande expérience aujourd'hui. Tu vas dans n'importe quel lieu, oui, tu as déjà dansé sur une scène plus petite, oui. tu t'es déjà changé dans un truc moins éclairé et oui ça va le faire oui t'as l'habitude et rien n'est grave et on y va quoi oui moi j'attribue aussi le fait que tu aies on va dire réussi à te faire un nom aussi beaucoup au travail incroyable que tu fais t'es vraiment une grande bosseuse moi je le vois ça me fait plaisir qu'au moins on remarque parce qu'après c'est vrai qu'on n'est pas toujours heureux Je veux dire, on ne peut pas plaire à tout le monde dans les numéros et autres, mais si au moins dans le métier on me reconnaît pour quelqu'un qui travaille, ça me fait chaud au cœur. Et puis je pense aussi que j'ai cherché à me démarquer. J'ai cherché aussi un nom burlesque qui change, parce que des Louise, on en a eu beaucoup, etc. Enfin voilà, trouver un nom qui me démarque. et qui soit vraiment très spécifique, un branding très reconnaissable. Et puis aussi essayer de créer des numéros qui soient aussi différents. C'est-à-dire que j'ai bien compris quels étaient mes points faibles, mais j'ai aussi pu regarder quels étaient mes points forts. Et donc n'étant pas danseuse, non, je ne cherche pas à faire toute une diagonale en déboulé, même si j'adore une diagonale en déboulé, je rêverais de faire ça, parce qu'elles sont belles, celles qui savent faire ça. Mais non, je ne vais pas le faire parce que je sais que je ne pourrais pas me mettre en valeur et que je serais comparée à quelqu'un qui le fait mieux que moi. En revanche, j'ai développé des numéros plus narratifs parce que c'est quelque chose que je vais maîtriser bien. Des numéros aussi avec cette esthétique années 40-50 qui me plaît. Et puis, j'ai tout misé sur les cheveux. Je me suis dit, on ne sait jamais. Sur un malentendu, l'important, c'est d'avoir un bon brushing.
- Speaker #0
Je pense que c'est plein de très bons conseils pour tout le monde. Prenez le temps, prenez le temps d'identifier vos forces, vos faiblesses, de faire un numéro parce que tu nous dis qu'en fait tu as tourné pendant tes premières années avec le gorille, c'est tout. C'est tout. Mais en fait, un numéro, un numéro sur lequel on met vraiment du temps sur le concept, le costume, l'histoire, tout ça, de vraiment prendre tout le temps nécessaire, c'est ça qui va lui donner une force, un impact et dont on se souviendra longtemps.
- Speaker #1
Et surtout, ne jamais arrêter de se former. Moi, dès que j'ai l'occasion, je fais toujours des workshops avec des professionnels parce qu'on apprend toujours. Et quand on identifie un point faible, eh bien, on met le temps. Ce n'est pas nécessairement de l'argent, mais pour pouvoir se former. J'ai fait des formations maquillage également. Alors, quand je n'avais pas d'argent, j'étais modèle maquillage pour l'école Make Up Forever. Et comme ça, j'écoutais bien les conseils de la prof qui disait, mais non, regarde sur son visage, tu fais comme ça. Et là, tu écoutes, tu fais, ah oui, d'accord, ok, je me referais chez moi. Des petites choses comme ça. Quand je pensais que je ne me maquillais pas correctement, j'ai fait des workshops avec Mac. Et puis, quand je savais que j'ai des lacunes en danse, j'ai fait une formation professionnelle de danse à 13 heures par semaine. Alors, ça ne va pas changer. Je ne vais pas avoir le coup de pied de certaines collègues et je ne vais pas non plus. Je ne sais toujours pas faire des diagonales en déboulé, mais au moins, on travaille. On travaille ces points faibles pour les atténuer, pour faire en sorte que ça se voit moins et pour toujours être la meilleure de moi-même sur scène. Parce que le public vient, le public... paye, il faut leur donner le meilleur. C'est-à-dire qu'on repasse ses vêtements, on repasse sa tenue, on se coiffe bien et on arrête de dire Ah non, mais moi je ne sais pas me coiffer. Dans ce cas-là, tu achètes des perruques et ce n'est plus un sujet. Ou Ah non, moi je ne sais pas me maquiller. Soit tu demandes qu'on t'aide ou tu apprends. Mais en fait, les Ah non, moi je ne sais pas faire ça. Non, non. Pour l'instant, je n'y arrive pas très bien ou je ne suis pas en confiance en moi. Mais tu te donnes les moyens d'être la meilleure version de toi-même sur scène.
- Speaker #0
Merci Pessula. Est-ce que tu pourrais nous parler des... P2 Games, des Pin-Up Games, pardon, ton dernier projet qui va sortir tout bientôt. Je ne sais pas exactement si le podcast sera avant ou après, mais le 22 juin prochain, tu lances les premiers Pin-Up Games.
- Speaker #1
Exactement, c'est une idée qui est restée en tête depuis des années, à l'époque où j'avais créé une association, justement Picardie, parce que je n'avais pas le droit de faire du burlesque en Picardie. J'ai créé la première association burlesque et les premiers shows. burlesque en Picardie, je me suis dit qu'il y avait un petit problème au niveau des élections de Miss Pin-up. Miss France, c'est pas mon problème. Mais en tout cas, au niveau des élections de Pin-up, pour moi, les femmes qui décident de s'habiller en Pin-up, généralement, sont des femmes qui cherchent des revanches, qui se disent, finalement, malgré mon surpoids, ça me va hyper bien. Ou des femmes qui disent, moi, je ne rentre pas, les jeans taillent bas, je suis désolée, ça me grossit. C'est mon cas. Tandis qu'une robe bien cintrée, ça me va mieux. ou même quelle que soit sa morphologie, avec les fringues pin-up, on arrive à sortir du lot, à se reconnaître et à se trouver un personnage qui a confiance en lui. Et je trouvais que le fait d'avoir une élection classique, on retombait dans le jugement, dans le jugement physique ou dans le jugement de goût, et qu'il fallait faire des élections différentes, qui ne se battent pas sur les candidats, mais sur leurs compétences. Et donc j'ai créé un concept de jeu avec plusieurs épreuves, dans lequel les candidats s'affrontent. non pas sur les fringues qu'elles ont choisies ou sur comment elles sont, comment elles réagissent, comment elles sont à l'aise avec le micro, mais non sur sont-elles capables de mettre des bigoudis ? Sont-elles capables de faire une petite course à talons ? Sont-elles capables d'enfiler des bas coutures en gardant la couture la plus droite possible ? Et il y a tout un système de points, ce qui fait qu'en fait, on n'est pas jugé soi-même, mais par ce que l'on fait. Et c'est comme finalement en burlesque quand on monte sur scène, il ne faut pas oublier que ce n'est pas nous-mêmes en tant que personnes qui sommes jugées, mais le public apprécie en fait le numéro qui a été créé et qui est proposé.
- Speaker #0
Et tout ceci avec beaucoup d'autodérision.
- Speaker #1
Mais bien sûr, parce que quand on est là, on ne va pas prendre au premier degré, je pense qu'il ne faut pas prendre justement au premier degré ce type d'élection. Malheureusement... Quand j'avais été jury de plusieurs élections, j'ai parfois reçu des messages de femmes qui étaient déçues, blessées et qui ne comprenaient pas pourquoi elles n'avaient pas été choisies. Et souvent, elles ne sont simplement pas choisies parce qu'il n'y a que trois places et qu'il faut bien faire des choix et que choisir, c'est renoncer et qu'il a fallu renoncer à les mettre sur le podium. Et je pense qu'en créant des jeux, c'est quelque chose de plus festif, de plus drôle. Et ce n'est pas grave si tu as enroulé moins de bigoudis que la camarade. Puis bon, moi je suis sympa, il y aura des écharpes pour tout le monde.
- Speaker #0
Donc voilà, on vous invite toutes et tous à aller le 22 juin au théâtre.
- Speaker #1
Alors le 22 juin 2024 au théâtre Les Enfants du Paradis, juste à côté des Folies Bergères, vous pouvez retrouver nos cinq candidats, tout un jury de choix et des invités de valeur internationale, dont Mistela Starbright, la gagnante du Vive à Las Vegas de cette année. Nous avons également du burlesque avec Colette Colrette, Coco Las Vegas et Ernesto Coyote, mon draking préféré qui fait un pied de nez aux male gays parce que... pas de pin-up sans regard masculin. Et puis, voilà, on va bien s'amuser ensemble. Et si jamais le podcast est diffusé après le 20 déjoint, sachez que les Pin-up Games sont prêtes à faire le tour de l'Europe. Et vous les retrouverez très bientôt, si ce n'est en France, pour l'élection de Miss Paris Pin-up. Près de chez vous. Si vous connaissez un théâtre, n'hésitez pas à contacter moi.
- Speaker #0
Génial, Pétulaire. On arrive à la fin de ce podcast. podcast et à la question signature. Qu'est-ce que Frédérique dirait à Petula Goldfieffer ?
- Speaker #1
Je crois qu'elle dirait qu'elle est fière de moi parce que Frédérique met beaucoup les paillettes, les sequins depuis toute petite et qu'elle serait très très fière de moi d'en mettre toujours et de n'avoir jamais cessé de mettre des paillettes. Et tout comme la Frédérique qui à cinq ans mettait du vernis pailleté sur ses ongles. Pétula a 43 ans, mais toujours des paillettes sur ses ongles.
- Speaker #0
Merci beaucoup Pétula.
- Speaker #1
Merci beaucoup à toi Gabi.