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SUEUR D'ESPOIR

Lucie BELBEOCH - IQ Foil, la Formule 1 de la planche à voile

Lucie BELBEOCH - IQ Foil, la Formule 1 de la planche à voile

33min |18/05/2025
Play
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Lucie BELBEOCH - IQ Foil, la Formule 1 de la planche à voile

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33min |18/05/2025
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Description

🌊 Dans cet épisode, on prend le large avec Lucie Belbeoch, membre de l’équipe de France de voile et spécialiste de l’IQ Foil, une discipline aussi technique que spectaculaire où l’on vole littéralement au-dessus de l’eau.

De Brest à Los Angeles 2028, en passant par Paris, Lucie nous emmène dans son quotidien d’athlète de haut niveau. Préparation physique, matériel à plus de 10 000€, nouvelles règles de course, écarts de genre, manque de visibilité… rien n’est épargné.

🎙 On parle de :
– La transformation du RS:X vers l’IQ Foil
– La difficulté de vivre de ce sport encore peu médiatisé
– L’exigence mentale et physique dans une discipline en pleine mutation
– L'importance du collectif dans un sport individuel
– Le rêve de Los Angeles 2028, malgré la non-sélection pour Paris
– Être une femme dans un milieu majoritairement masculin

Une immersion dans une discipline spectaculaire, exigeante, encore trop méconnue — portée par une voix lucide, inspirante et déterminée.
⛵ Une petite virée en mer qui je l’espère vous plaira !


***

🎙 Sueur d’Espoir, c’est le podcast qui raconte le sport de haut niveau différemment.

Pendant quelques minutes, découvrez le parcours de ceux qui rêvent grand.

Entre récit narratif et interview, je vous emmène dans la vraie vie des meilleurs athlètes.
Les hauts, les bas, les doutes… et l’espoir.
Chaque épisode, un sport. Une discipline. Une trajectoire.

Sports olympiques ou non, tous ont la même obsession :
Aller au bout de leurs ambitions.


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Transcription

  • SUEUR D'ESPOIR

    De la sueur de l'effort naît la lueur de l'espoir. Bienvenue dans Sueur d'espoir, le podcast qui raconte le parcours d'athlètes ayant décidé de mettre leurs rêves au premier plan. Bonne écoute. Dans ce nouvel épisode de Sueur d'espoir, aujourd'hui on prend le large. Vous avez toujours rêvé de voler sur l'eau ? Et bien c'est un peu le quotidien de l'athlète du jour. L'IQ Foil, si ça ne vous parle pas, sachez déjà que c'est un sport olympique et que ça va très très vite. Une planche à voile avec un foil, des vitesses à plus de 15 nœuds sur l'eau, soit plus de 30 km heure, c'est un peu le topo que je vous propose. Des compétitions d'une semaine composées de plusieurs épreuves où chaque jour le classement peut basculer et avec une dernière manche au format stressant où le gagnant remporte tout. Retenez votre souffle, on part en mer direction Brest avec une athlète de l'équipe de France d'IQ Foil, Lucie Belbeoch. L'IQ Foil, c'est grossièrement une planche à voile avec un foil. Un foil, rapidement, c'est un mât relié à deux ailerons. Les deux ailerons vont sous l'eau, ça va créer de la portance et ces deux ailerons ont chacun leur rôle pour assurer la maniabilité. et la stabilité de la navigation. Le vent est la force motrice, sans vent on ne peut pas naviguer, et l'idée est que le vent propulse la voile, ce qui vous fait avancer, et grâce à la portance du foil, la planche se lève de l'eau, ce qui vous donne la sensation de voler. Au final, la seule résistance à l'eau restante, c'est celle du foil avec le mât, et les ailerons immergés dans l'eau. C'est ce peu de résistance à l'eau qui fait qu'on peut aller très très vite avec ce type de planche à voile. Chez les hommes, on peut aller jusqu'à 50 km heure. C'est dur de se rendre compte que ça représente 50 kmh sur l'eau, je peux vous assurer que ça va super vite. Allez, j'arrête le passage c'est pas sorcier, rentrons dans le vif du sujet. Entraînement, prix du matériel, Jeux Olympiques, partenariat et le fait d'évoluer dans un milieu essentiellement masculin en tant que femme, ce sont tous les sujets que l'on va parcourir avec Lucie. Le but, découvrir et comprendre ce que c'est d'être athlète olympique en IQ Foil. Une carrière d'athlète, c'est 80% d'échecs pour... 20% de kiff quoi ! Aujourd'hui, il y a 10 séries olympiques en voile. Les séries historiques, puis les nouvelles séries qui volent, dont fait partie l'IQ Foil. En effet, L'IQ Foil, c'est une nouvelle série qui a connu ses premiers Jeux Olympiques cet été à Marseille pour les JO de Paris 2024. La planche à voile était déjà discipline olympique, mais sous un autre nom... le RS-X.

  • Lucie BELBEOCH

    La différence entre avant et maintenant c'est dans le nom ce fameux foil qui fait qu'avant les vitesses des plus tôt autour de 10 km heure contre 3 à 4 fois plus rapide désormais. Je navigue avec ma montre gps qui m'indique en noeud donc en kilomètres je pourrais même pas te dire mais mais ça va beaucoup plus vite qu'avant donc c'est sûr que ça change c'est pour ça maintenant on a des casques et des gilets d'impact obligatoire parce que d'un point de vue blessure on a découvert des nouvelles blessures, des luxations d'épaule, ce genre de choses qu'on n'avait pas avant parce qu'on tombait entre guillemets au ralenti. D'ailleurs on tombait pas en fait. Là c'est beaucoup plus l'équilibre est plus précaire on va dire en foil. Les différences principales c'est vraiment cette partie-là foil. Donc là on vole au-dessus de l'eau et c'est des sensations qui sont complètement différentes. C'est vraiment la formule 1 de la planche à voile. Et puis en fait c'est un peu aussi l'évolution de la voile en général. Si on suit un peu des courses comme le Vendée Globe ou des choses comme ça de la course au large, en fait on voit de plus en plus de... de bateaux qui sont sur des foils. Et donc, ça se traduit aussi au niveau olympique avec des planches à vol à foils, des kites à foils. Tout le monde bascule là-dessus. Donc ça, grosse, grosse différence.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Vous le voyez peut-être venir, mais ces changements de vitesse impliquent pas mal de changements, notamment physiques.

  • Lucie BELBEOCH

    Sur l'ancienne planche à voile, il fallait plutôt avoir un physique un peu marathonien, très endurant, assez sec, plutôt léger et tonique. Et là, sur des foils, on a découvert assez rapidement que plus l'athlète était lourd, plus le foil pouvait accélérer. Donc là-dessus, ça a fait un grand, grand changement. Moi, j'avais un gabarit, je ne suis pas très grande, et pour les RS-X, j'étais descendue jusqu'à 53 kg. Et là, au maximum, sur l'IQ foil, j'ai fait 67. Et donc, c'est assez costaud comme modification parce que ça prend du temps de créer du poids. Tout que nous, on a plutôt intérêt à créer du poids intelligent, entre guillemets. Le gras, c'est facile à faire, mais le muscle, c'est beaucoup plus long. Et c'est énergivore. On passe énormément de temps à la salle pour se muscler. Ensuite, il y a toute la partie alimentation qui est hyper conséquente dans le projet. Et là, je suis retombée. Enfin, 67, c'était vraiment le max que j'ai pu faire, mais je ne me sentais vraiment pas bien. Donc, je suis redescendue à des poids un peu plus mezzo-mezzo, du 60, 63. Mais oui. c'est un truc qu'on doit quand même garder bien en tête

  • SUEUR D'ESPOIR

    Forcément, ça rebat les cartes et les profils avantagés d'avant ne sont plus les profils avantagés de maintenant.

  • Lucie BELBEOCH

    Ceux qui étaient pénalisés en RS-X se sont vu éclore en IQ Foil, mais tant mieux pour eux, des gabarits qui sont hyper grands, qui étaient presque en sous-nutrition sur l'ancienne planche à voile, bon bah là ils ont pu s'exprimer, de manière plus sympa. On naît avec le corps qu'on a, la taille qu'on a, et puis après on fait avec.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Même dans la manière de naviguer, cette nouvelle classe implique de tout recommencer au début.

  • Lucie BELBEOCH

    On a vu beaucoup d'évolutions sur tout ce qui était tactique, stratégie, puisque tout va beaucoup plus vite, donc on n'a pas les mêmes problématiques qu'on avait avant. Après, ça reste de la régate comme on le faisait auparavant, mais c'est pas le même sport.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Et une saison en IQ foil, comment ça se passe ?

  • Lucie BELBEOCH

    Alors, moi, ça fait longtemps que je suis dans le circuit. Par Olympiade, ça a évolué en fait, parce que les directeurs et les dirigeantes ne sont pas les mêmes d'une Olympiade à l'autre. Donc moi, j'ai tout connu. J'ai connu le système par Olympiade, où là, on avait un groupe déterminé en début de préparation olympique qui allait jusqu'au bout. Maintenant, c'est complètement différent. Les groupes sont beaucoup plus resserrés. Et puis, à chaque championnat du monde, tout est remis à plat, ce qui est plutôt bien, parce que du coup, ça re-challenge à fond les athlètes. donc ça c'est plutôt sympa et donc effectivement là pour Los Angeles On part sur quelque chose comme ça qui va se faire de saison à saison. Et les saisons sont plutôt rythmées par le championnat du monde qui pour nous est le plus important. Nous, c'est vrai que les Coupes du Monde, ce n'est pas le plus sexy. Pour nous, les Coupes du Monde, c'est plutôt des compétitions d'entraînement pour être performant le jour du championnat du monde. Donc globalement, gagner quatre Coupes du Monde dans l'année, mais finir 30e au championnat du monde, ça n'a pas trop d'intérêt. Donc on est vraiment observé sur le mondial. C'est vraiment là qu'on doit tout casser.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans un sport en plein air, les conditions extérieures peuvent faire totalement basculer les scénarios de course ou des plans travaillés au préalable. Ainsi, dans l'IQ foil, le maître mot, c'est vraiment l'adaptabilité.

  • Lucie BELBEOCH

    Chaque entraînement, on regarde les fichiers météo. C'est quelque chose qu'on a l'habitude de faire au quotidien, que ce soit les courants, les nuages, les cartons. Tout ça, on connaît, donc on le fait. Et après, effectivement, on a un soutien fédéral sur certaines compétitions où là, on peut avoir des choses un peu plus détaillées. Mais après, évidemment, la météo, ça reste que des prévisions. Donc, c'est toujours des bonnes indications, mais attention à ne pas se faire avoir non plus le jour J. Il suffit d'un nuage, nous, pour que ça nous affecte. Donc, il faut quand même rester bien éveillé et faire attention à ce qu'on lit. Ce n'est pas toujours la vraie vie. Alors moi, j'aime bien avoir un plan en tête de base, bien imager qu'est-ce qui va se passer aussi, où va être notre zone de course, et regarder un peu par rapport aux reliefs, notamment, par exemple, on a des endroits comme Marseille où il y a beaucoup de montagnes autour, donc c'est quand même hyper important de regarder avant qu'est-ce qui pourrait se passer, et d'avoir un préplan en tête. Notre préplan va influencer nos réglages aussi, parce qu'on a quand même beaucoup de réglages en sport matériel, donc il est bien de savoir où on va, qu'est-ce qui pourrait se passer, et après, évidemment, la vraie vie sur l'eau, c'est rarement comme on l'imagine. Là, il faut rester sur le qui-vive et bien bien regarder ce qui se passe pour ne pas se faire avoir. Chez nous, les profils lourds vont plutôt être sereins quand ils vont voir des conditions de météo fortes. Et puis les petits gabarits, ça va être un peu plus compliqué. Et puis à l'inverse, globalement, des gabarits plus légers peuvent s'en sortir un peu mieux dans des vents légers. Si on fait vraiment de manière caricaturale, ça peut être un peu résumé comme ça.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Avant d'en arriver à préparer les Jeux Olympiques, il y a quand même quelques étapes à franchir, avec notamment les années jeunes, où l'équilibre à trouver entre études et sport de haut niveau n'est jamais simple.

  • Lucie BELBEOCH

    Moi je suis passée par là, donc je sais exactement quelles questions les jeunes filles peuvent se poser. D'ailleurs globalement on se pose beaucoup plus de questions que les garçons, notamment sur les études. Généralement, les filles vont se dire « Oula, ça va peut-être être un peu chaud, vaut peut-être mieux que je fasse les études » . globalement, on voit des profils plus prudents que les gars qui ne vont pas trop se poser de questions, qui disent "c'est marrant, on continue". C'est là où je pense qu'il faut être vigilant et leur ouvrir l'esprit sur le fait que c'est hyper possible. Si elles ont la passion, qu'elles aiment ça, qu'elles n'aient pas trop de barrières à se mettre.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans un sport olympique, forcément, participer au JO, c'est le Graal. Mais avec 25 concurrentes aux JO contre 100 habituellement aux championnats du monde, cela restreint les quotas par nation. Ainsi, pour espérer représenter la France dans son propre pays, il n'y avait qu'une seule place pour les femmes et une seule place pour les hommes. L' IQ Foil s'avère très compétitif.

  • Lucie BELBEOCH

    C'est sûr que quand on fait un sport olympique, c'est quand même le sujet prépondérant, les Jeux olympiques. Donc ça, c'est clair. Après, nous, on sait, en plus dans notre sport, c'est assez dur parce que c'est assez violent comme sélection. C'est qu'un homme et une femme par catégorie, par nation. Donc quand on se lance là-dedans, on sait qu'il y en aura une, pas deux. Donc on sait que ça va être dur. Ce qui est particulier chez nous, c'est qu'on a un sport individuel, mais on ne progresse pas sans le collectif. Donc on travaille ensemble, on vit ensemble, on est quand même... Toutes très proches et on sait que si c'est pas moi, c'est elle, ou si c'est elle, c'est pas moi. C'est assez particulier et je trouve que c'est très intéressant humainement de vivre cette expérience-là.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Encore RSX en 2020, pour les JO de Tokyo, Lucie est alors partenaire d'entraînement de Charline Picon, championne olympique à Rio en 2016. Pour cette édition, Lucie sera remplaçante et Charline prendra la médaille d'argent. C'est peu de temps après que la bascule du RS-X vers l'IQ foil est faite. En 2022, lors des IQ Foil Games de Lanzarote, qui vient lancer la saison avec les meilleurs mondiaux réunis, Lucie prend la troisième place. En 2023, c'est la deuxième place qu'elle prend à la Coupe du Monde de Palma de Mallorca. Mais comme Lucie l'a dit, c'est lors des Championnats du Monde qu'il faut briller. Et en 2023, c'est au Pays-Bas que les Championnats du Monde ont lieu. La seule place pour Paris 2024 est rude, avec notamment face à elle, Hélène Noesmoen, triple championne d'Europe, et double championne du monde en IQ foil et Lola Sorin, qui a terminé devant elle lors des championnats du monde de 2022.

  • Lucie BELBEOCH

    Les résultats parlent d'eux-mêmes, c'est la meilleure qui ira. Normalement, si les sélectionneurs font bien leur boulot, il n'y a pas de sujet là-dessus. On a des grilles, ils nous attendent sur telle ou telle épreuve, soit on y est pas, et du coup, il faut repartir au boulot pour après. Donc oui, c'est un risque à prendre. Après, si on a peur de ne pas être sélectionné, il ne faut pas se lancer là-dedans. Mais moi, je n'ai pas trop peur et j'aime bien quand même les difficultés. Donc, ce qui fait que je suis toujours là et que l'histoire est quand même hyper sympa à vivre. Qu'on y soit ou qu'on n'y soit pas, c'est quand même incroyable.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Meilleure française lors de ses championnats du monde avec une cinquième place, c'est finalement Hélène Noesmoen qui représentera les couleurs bleu-blanc-rouge dans la Rade de Marseille.

  • Lucie BELBEOCH

    Un des sujets que j'aime bien aborder, c'est l'échec. Parce qu'en fait, une carrière d'athlète, c'est 80% d'échecs pour 20% de kiff. C'est un peu, finalement, dans la vie active, on est confronté à pas mal d'échecs. Et comment on fait ? Comment je me redonne de la valeur ? Comment je repars à zéro ? Comment je grandis après des échecs comme ça ?

  • SUEUR D'ESPOIR

    Pas de quoi dissiper le rêve olympique de Lucie pour autant. Et réussir à se reprojeter, ça passe aussi par un entourage et un staff solide.

  • Lucie BELBEOCH

    Alors moi, du coup, dans l'écosystème, on a l'entraîneur national, donc avec le groupe. Après, on a le préparateur physique. On a accès aussi à une nutritionniste. J'avoue que cet item-là, je l'ai utilisé, mais je l'utilise beaucoup moins maintenant. Après, on a tout ce qui est médecin, kiné et aussi prépa mental. Donc prépa mental, moi, je l'en ai fait très longtemps. Là après la sélec de paris 2024 j'ai un peu temporisé pour volontairement pour pouvoir avoir plus de temps de réfléchir de moi même en fait parce que finalement je me suis rendu compte que j'arrivais sur des séances ou en fait j'avais pas eu temps de préparer ou finalement ça devenait une charge j'étais plus dedans donc je me suis dit ça sert à rien d'y aller pour y aller donc là je prends un petit peu de recul en ce moment pour voir ce que je vais refaire d'un point de vue psy mais je me dis que la préparation mentale c'est très sympa mais j'aurais bien aimé coupler avec de la vraie psychologie parce que finalement plus on avance dans l'âge et la vie je trouve plus finalement je vais rencontrer des difficultés qui ne sont pas liées à ma façon de naviguer, ma façon parce que bon, tout ce qui est gestion du stress et compagnie ça je l'ai traité depuis un moment, mais ça va être plutôt des problématiques plus profondes liées à moi qui je suis, vraiment, quelle personne et du coup pourquoi j'agis comme ça sur l'eau en fonction de telle ou telle situation donc je suis plus en à vouloir creuser un peu plus sur ce côté là, dans les mois à venir mais globalement il y a un staff de 5-6 personnes qui sont autour de nous pour nous amener dans de la perf, donc c'est hyper enrichissant.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Une voile, un foil, une planche et tout le matériel nécessaire, ça coûte un peu plus cher qu'une paire de chaussures, même carbone. Et ça, c'est un facteur qui joue beaucoup sur une saison.

  • Lucie BELBEOCH

    Vu que c'est un support olympique, on est contraint d'avoir une monotypie. Donc il y a un seul vendeur qui peut vendre le matériel. Et donc, ce qui fait qu'on a tous le même équipement. Après, plus on a de budget, plus on peut acheter des voiles, plus on peut acheter des planches, des foils qui soient plus neufs et c'est quand même meilleur pour la performance. Donc ça, c'est ce que le grand public voit. Mais après, nous, en fait, en inside, deux voiles ne vont pas du tout être pareils. Alors, elles ont vraiment le même format, les mêmes couleurs, vraiment la même tête. Mais en fait, ça reste des coutures qui sont faites mains. Une planche, elle peut être produite en hiver. Je ne sais pas, le stockage, il est un peu plus humide. Donc, elle va être un petit peu plus lourde. Il y a plein de paramètres comme ça que nous, on ne maîtrise pas. Ce qui fait que quand on achète du matériel, c'est un petit peu le loto. On va voir si on va récupérer un foil qui est plutôt raide, plutôt souple. Tout ça, c'est une partie énorme de matériel. Et malgré le fait qu'à l'œil nu, c'est tout pareil. Finalement, pour nous, il y a des différences qui sont vraiment monstrueuses. Et on doit passer beaucoup de temps. Trouver des financements, investir, tester, voir ce qui est le mieux. C'est une grosse partie de la préparation pour les compètes. C'est un petit sujet aussi ça. Pour avoir un ordre d'idée, par exemple, une planche à voile complète, on est à 9 000 voire même 10 000 euros. Donc planche, voile, mât, foil, ça c'est monstrueux. Et après effectivement par saison, c'est quand même bien d'avoir... Genre voile, pour avoir des voiles fraîches pour les grands événements. Planche, non t'as pas besoin d'une planche neuve pour chaque compét' Mais bon, le prix de la saison peut vraiment varier en fonction de si j'ai trouvé du bon matériel ou pas. Parce que du coup si j'ai pas trouvé du bon matériel, effectivement là faut aligner parce que tant qu'on trouve pas quelque chose... C'est la course à l'armement, c'est sport à matériel, c'est toujours la problématique. Après ils travaillent dessus pour essayer de faire que la monotype soit la plus monotype possible, mais ça reste compliqué donc... Donc vraiment, une saison, ça peut être de 20 000 jusqu'à 120 000 euros. Ça dépend vraiment de ce que tu veux mettre. Il n'y a pas que le matériel, c'est ça. Il y a tout le staff médical aussi. Est-ce que tu veux un entraîneur privé ? Est-ce que tu veux un préparateur physique privé ? Il y a tellement de paramètres différents qu'effectivement, le prix des saisons, si on fait un tour de parking, personne n'aura le même tarif à la fin de la saison.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Pour se projeter vers une nouvelle Olympiade, avoir des partenaires est alors obligatoire et pas souvent évident dans un sport qui reste encore... peu médiatisé ?

  • Lucie BELBEOCH

    C'est sûr que déjà pour les Jeux Olympiques, la visibilité n'a pas été bonne, notamment dû aux résultats qui n'ont pas été bons pour la voile en général. Donc c'est sûr que quand il y a des sports à médailles, c'est plus simple de les montrer à la télé. Là, il n'y a plus énormément de médailles, donc ça n'a pas été relayé, alors que vraiment, les images étaient magnifiques. À Marseille, c'était hyper beau à voir, ils avaient bien fait le boulot, mais il n'y avait pas les médailles qui suivaient. Globalement, oui, après c'est un cercle vertueux, c'est-à-dire que si on nous diffuse... Du coup les gens vont peut-être s'y intéresser, donc du coup les partenaires oui. Enfin voilà, c'est pareil, qu'est-ce qu'on montre, qu'est-ce qu'on montre pas, c'est un peu comme aussi le sport féminin, le sport masculin, enfin bon, c'est compliqué. Il faudrait que ça se lance quoi, mais bon. Là pour l'instant on est plutôt dans un cercle vicieux que vertueux sur la voile olympique, mais à nous de faire le boulot aussi pour que ce soit sympa et puis qu'on fasse le boulot pour qu'on nous connaisse un petit peu quoi. Moi écoute, j'ai perdu des partenaires dans la route cette année donc... Je ne suis pas du tout dans l'équipe où on jette la pierre sur les partenaires. Je me dis que c'est une chance d'avoir des personnes qui nous suivent. Paris, évidemment, c'était exceptionnel. Donc, c'était une préparation olympique qui était vraiment particulière. C'est juste qu'effectivement, on va revenir dans les standards plus classiques, comme quand on préparait Tokyo et compagnie. C'est sûr que là, c'est plus loin, donc ça parle moins. On va bien voir comment ça se profile. Mais à voir effectivement si les grandes entreprises françaises ont été séduites par le format 2024 et sont prêtes à repartir pour... pour accompagner les athlètes jusqu'à 2028.

  • SUEUR D'ESPOIR

    En plus d'être athlète de l'équipe de France de voile, Lucie travaille aussi en banque à côté.

  • Lucie BELBEOCH

    Alors, ça, c'est quand même le nerf de la guerre. Sinon, c'est quand même compliqué de manger. Alors moi, aujourd'hui, j'ai de la chance d'être soutenue par la fédération. Et donc, je bénéficie d'un CIP. C'est une convention d'insertion professionnelle. Parce que du coup, moi, j'ai un diplôme. J'ai un bac plus 5 d'école de commerce à Paris. Et du coup, c'était intéressant de le faire fructifier, ce diplôme. Pour pas avoir un peu... pour me retrouver en post-carrière avec un CV complètement blanc, donc je travaille en banque aujourd'hui. J'ai 20% pour la banque et à 80% je suis détachée pour la Fédération française de voile, donc pour les entraînements, pour les déplacements, les compétitions et tout ça. Donc ce qui me permet d'avoir un salaire à temps plein, pouvoir aussi moi bosser, rencontrer aussi d'autres personnes et pouvoir utiliser mon diplôme et préparer la suite. Et ça c'est une super chance parce que même au niveau mental, je trouve que c'est très ressourçant de casser un peu les choses et d'avoir... avoir autre chose à côté. Moi j'ai toujours aimé justement ce double projet, que ce soit sport-études ou là travail-compétition, je me régale vraiment là-dedans. Donc c'est comme ça que je fonctionne aujourd'hui et ensuite j'ai des partenaires privés aussi qui me soutiennent pour l'achat de matériel et tout, les à côté en fait dont on a besoin, donc ça c'est hyper important. Moi je me rappelle par exemple au lycée, il y a eu une période où je m'étais blessée, et vraiment pendant trois mois j'avais que le lycée à gérer. Et mes parents étaient ravis, ils se sont dit c'est super, ça va exploser les notes. Et en fait c'était une catastrophe, j'étais plus du tout investie, parce qu'en fait j'avais trop de temps, mais du coup plus on a de temps moins on en fait. Et vraiment c'est là que je me suis dit, ah en fait cet équilibre là il me va, d'avoir les deux à fond tout le temps, c'est vraiment essentiel je trouve. En tout cas pour mon type de personnalité c'est top. Et c'est pour ça que moi, ça me donne vraiment un équilibre, une stabilité. Ça me permet aussi, quand je rentre de compétition, de switcher complètement, que ce soit bien passé ou pas. Ça veut dire que j'ai mon rôle de banquière à côté, qui me libère quand même pas mal d'esprit sur la planche à voile. C'est un exercice qui est sympa, franchement, de pouvoir switcher comme ça. Ça fait un peu double vie, mais c'est hyper, hyper enrichissant.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Le rêve sportif de Lucie se construit depuis le plus jeune âge, à Brest, d'où elle est originaire, et où une bonne partie du collectif France de voile s'entraîne. Le Pôle France de Brest est donc là où elle va à nouveau passer ses quatre prochaines années, là où le rêve olympique se façonne.

  • Lucie BELBEOCH

    Le parcours originel, c'est qu'on rentre en Pôle Espoir, ensuite en Pôle France, et après c'est circuit équipe de France et compagnie. Mais on est toujours attaché à un Pôle France, ce qui fait que quand on n'est pas en compétition, on revient dans nos pôles pour faire du travail foncier, revenir là-dessus. Et c'est vraiment la force du système français, c'est qu'on a ça. Et ça n'existe pas du tout ailleurs. Les Anglais ont un petit peu ce style. style-là de mise en place du travail, mais en France, c'est assez volontaire d'avoir un travail structurel dans les pôles, notamment l'hiver quand il n'y a pas trop de compétition. Et ça nous permet aussi de travailler avec les jeunes, les jeunes qui sont pour l'espoir, comme ça ils voient aussi à quoi ça ressemble le circuit professionnel senior.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Lorsqu'on est à Brest, le monde de la navigation n'est jamais bien loin. Et c'est d'ailleurs dans son cercle familial que son envie de naviguer est née.

  • Lucie BELBEOCH

    Ça a commencé déjà par naître à Brest, et c'est quand même une ville maritime, donc ça aide beaucoup. Et après, c'est souvent des histoires de famille dans le sport. Et moi, effectivement, c'est mon grand frère qui faisait de la planche à ouelle. Et mes parents m'ont inscrite, parce que je voulais quand même faire comme mon frère. Donc, ils m'ont inscrite au club de Brest, qui marchait bien. Et puis, moi, j'ai tout de suite adoré ce sport. Le fait d'être en extérieur, le fait d'être au contact de l'eau. J'ai vraiment, vraiment adoré la glisse et compagnie. Et finalement, par chance, ce club-là... était axée compétition, donc je suis grimpée, enfin j'ai grimpée comme ça en mode compétition, ça me plaisait, en tout cas ça me déplaisait pas, donc je continue sans trop me poser de questions, et ensuite, il y a toujours des passerelles, après la troisième, bon bah qu'est-ce que je fais ? Là j'avais beaucoup hésité à partir en sport études ou pas, finalement j'y suis allée pour suivre un peu les copains, on avait un super groupe à l'époque, donc ça m'avait bien poussée. Et d'ailleurs j'étais la seule fille à ce moment-là, donc c'était, ouais, je vois très bien quelles peuvent être les questions qu'on se pose à ce moment-là. Et j'y suis allée et c'était vraiment top. Et ensuite, pareil, après le bac, nouvelle passerelle, qu'est-ce que je fais ? Je pars pour les études, parce que je continue un petit peu le rêve. Et finalement, je me suis dit, je continue. Et je suis rentrée en fac, Pôle Espoir, puis Pôle France, École de Commerce. Tout ça en parallèle, tout a été hyper bien goupillé. On a de la chance aussi en France d'avoir des études qui permettent d'accueillir des athlètes. Donc ça, c'est chouette. Puis après, je suis rentrée en équipe de France en 2018. Et voilà, on a changé de support et compagnie. Et puis voilà, on a préparé Los Angeles. Donc ouais. Pas mal de questionnements au fil de l'eau, mais un bon début à Brest dans un super club avec des bonnes copines et puis ça m'a lancé.

  • SUEUR D'ESPOIR

    C'est souvent que l'on entend des meilleurs sportifs avoir eux aussi des parents qui ont été athlètes de haut niveau. Pour Lucie, ses parents ont pour autant suivi un chemin plus conventionnel. Et quand on est la première à suivre la voie du haut niveau, pas évident d'avoir réponse à toutes les questions qu'on peut se poser.

  • Lucie BELBEOCH

    C'était pas simple parce que je dirais la... La plus grosse passerelle où le choix était le plus compliqué à faire, c'est vraiment le post-bac, parce que moi je suis quand même issue d'une famille assez conventionnelle. Les études, c'est la priorité. On n'est pas trop farfelu là-dedans, et là je me dirigeais vers une vie un petit peu atypique quand même. L'athlète, c'est un peu... Bon, c'est pas commun. Et finalement, c'est en étant assez cartésienne et factuelle, en me renseignant bien sur les études et qu'est-ce que je voulais au bout, que je me suis rendue compte que finalement, au lieu de faire une prépa HEC, pour attendre mon école de commerce, je pouvais passer par la fac et attendre l'école de commerce ensuite, après. Ça me donnait trois ans d'entraînement supplémentaire pour voir aussi quelles étaient mes compétences sportives parce que si, j'aurais pu tout à fait me prendre un mur et ne pas réussir à switcher au niveau senior. Finalement, ça a été. Et puis, en fait, en fin de compte, j'ai atteint une école de commerce hyper bien renommée, l'ESCP à Paris, une école que je ne visais même pas au début si j'avais fait une prépa et que finalement, le sport m'a permis d'avoir. Et donc là, je remercie vraiment mon choix, mes parents de m'avoir soutenu là-dedans aussi. Enfin, pas soutenu, mais suivi. Et puis d'avoir réussi à bien bosser et d'avoir pu faire les deux. Et au final, je repars avec un diplôme, je pense, meilleur que si j'avais arrêté la planche à voile. Ça m'a bien aidée. Merci, la planche à voile.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans le monde de la voile, il y a aussi un phénomène qui interpelle, c'est la grande majorité d'hommes, et ça se ressent même dans le staff qui encadre les athlètes. D'ailleurs en 2022, le pôle ressource national Sport Nature a mené une étude qui rapportait que plus de 80% des professionnels de l'encadrement de la voile étaient des hommes.

  • Lucie BELBEOCH

    La voile c'est un sport qui est hyper masculin, la planche à voile d'autant plus. Donc on est clairement en minorité, même au niveau du staff, c'est une catastrophe. Que des hommes, quasiment sur du 100% masculin. Enfin, je dis que c'est une catastrophe, je ne veux pas dire que le travail est catastrophique, je veux juste dire qu'en terme d'ouverture d'esprit et de choc des cultures et des façons de réfléchir, on n'est pas bon. Mais bon, c'est... J'espère qu'on va réussir à trouver des solutions pour rééquilibrer un petit peu ça. Et après, nous, on n'a pas le même matériel que les garçons. On a des voiles plus petites, donc on a les mêmes foils, mais on a des voiles plus petites, ce qui fait que... On est quand même pas mal séparés sur les entraînements et les compétitions, mais on essaie quand même de garder une connexion et des échanges sur tous les sujets qu'on peut partager en fait. Moi, je suis pour la mixité, pour le partage, l'échange, parce qu'on a tous des choses à s'apprendre. C'est sûr qu'on a des compétences complètement différentes et c'est hyper intéressant. Mais on est en forte minorité. C'est pour ça que j'essaie de me battre aussi pour... Pour les jeunes, pour qu'elles se rendent compte que c'est possible et que tu peux avoir une super vie en faisant de la planche à voile et qu'il faut y aller. C'est un super sport et qu'on se régale.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Là où dans la plupart des sports, on travaille par cycle, endurance, vitesse, explosivité, spécifique, etc. En IQFoil, il faut tout travailler en même temps.

  • Lucie BELBEOCH

    C'est comme un peu en triathlon, je pense, ou en Décathlon, c'est qu'on est obligé de bosser sur tout en même temps. Mais du coup, il y a certaines choses qui sont un peu contraires. Donc, on essaie d'être les plus polyvalents possibles, d'avoir le moins de coquilles possible pour pouvoir matcher dès qu'il y a les conditions. Et oui, sur des profils marathons, effectivement, on va plutôt bosser de l'endurance et compagnie. Mais quoi qu'il arrive, l'endurance, pour nous, elle est importante parce que comme la compétition, elle dure quasiment une semaine, on est obligé d'être endurant. Sinon, on éclate au bout de deux jours et ça ne marche plus. Et après, oui, sur des formats sprint qu'on a, là, il faut être hyper explosif, hyper... solide là-dessus. Et même en prépa mental, je dirais, c'est un truc qu'on aborde aussi parce qu'on ne va pas du tout avoir le même état d'esprit si on part sur une course de 1h15 ou une course de 4 minutes. Ouais, rien qu'en en parlant, je me dis c'est vrai qu'on bosse sur plein de trucs différents. C'est ça aussi qui est sympa, c'est-à-dire qu'on ne s'ennuie jamais.

  • SUEUR D'ESPOIR

    C'est d'ailleurs le bon moment pour vous expliquer comment se déroule une compétition en IQFoil. Prenons l'exemple des JO de Paris 2024. La compétition se tâche sur près d'une semaine. Chaque jour, les athlètes disputent plusieurs courses qu'on appelle régates. Il y en a 12 au total et à chaque régate, des poissons attribués. Moins le classement est bon, plus on prend de points. Par exemple, si on finit deuxième, on prend 2 points, troisième 3 points, quatrième 4 points, etc. Comme au golf, le but c'est d'avoir le moins de points possible. A la fin de ces 12 régates, les 10 meilleurs sont qualifiés pour la phase finale, la fameuse medal race. La medal race, pour vous expliquer plus clairement, c'est un format à élimination directe en 3 étapes, quart, demi et finale. La première des qualifications est directement qualifiée pour la finale. Ensuite, les athlètes classés de la 4ème à la 10ème place s'affrontent en quart. Les deux meilleurs de cette manche avancent en demi-finale. En demi, elles rejoignent la 2ème et la 3ème des qualifs. Et là encore, seules deux passent en finale. La finale réunit donc 3 athlètes. Les compteurs sont remis à zéro. et celle qui franchit la ligne la première remporte la médaille d'or. Vous pouvez donc avoir fini dixième au terme des douze régates et quand même remporter la médaille d'or. Et c'est ça qui fait tout le piment de l' IQ Foil. Mais ça crée aussi une part d'injustice qui ne récompense pas vraiment la régularité.

  • Lucie BELBEOCH

    Ouais, déjà t'as bien révisé, parce que t'es bien au courant des problématiques qu'on vit là. C'est sûr que le format des medal race, vraiment les medal race, c'est le dernier jour où on retrouve le top 10, et maintenant c'est un top 8. C'est assez atypique, ça n'existait pas avant sur l'autre planche à voile. La finale se passait de manière normale, avec des points normaux. Et là maintenant, toujours dans l'idée de rendre ça plus spectaculaire et compagnie, et plus compréhensible, ils ont voulu faire un peu quelque chose dans le format quart, demi, finale. Effectivement le dernier jour finalement même si tu as gagné tout toute la semaine, en fait, tu peux complètement perdre et être éjecté du podium. Après, il y a eu énormément de discussions là-dessus pendant ces quatre dernières années parce que, imagine-toi, les premiers championnats, ils prenaient le top 12, donc 12 entre le premier et le douzième, il y a un gouffre quand même. Et en fait, le douzième pouvait gagner la compétition. Donc, c'était beaucoup trop violent. Finalement, en discutant avec les athlètes, les entraîneurs et compagnie, on a arrivé à faire évoluer un petit peu le format pour que ce soit moins tragique et moins aléatoire parce que finalement, nous aussi on est un sport. C'est-à-dire que tu as gagné toute la semaine et si tu te prends un sac plastique le jour de la finale, tu es cuit et perdre des Jeux Olympiques là-dessus, c'est un peu dur. Donc, ils ont travaillé là-dessus. Il y a eu un format pour Paris. Finalement, il n'a pas été encore plébiscité parce qu'il y a encore eu des drames. En fait, c'est hyper dur mentalement pour les athlètes parce que c'est quatre ans pour une finale comme ça qui va si vite. C'est dur, mais à la fois, quand on se rapproche un peu des autres sports, bah oui, tu cours ton 100 mètres, t'as un 100 mètres, ça se joue là, et y'a pas d'autres sujets. Donc bon, c'est un truc à discuter, mais là, aujourd'hui, maintenant, là je sors de deux Coupes du Monde, ils ont testé un format qui est nouveau, la finale se joue à 8, ce qui a plus de sens, enfin, à mon avis, par rapport à ce qui se fait au niveau des JO, parce que des finales à 10, ça n'existe pas, et donc on est à 8, et donc il y a quand même un système de protection qui protège un petit peu, quand même, la première et la deuxième du classement général, notamment. Donc c'est... on se rapproche de trucs qui sont un peu... un petit peu plus doux, un peu plus cohérent sportivement, mais encore une fois, qui du coup prennent plus de temps. C'est un peu moins compréhensible parce que... "Alors elle, OK, elle a gagné cette course, mais pourquoi elle fait la gueule ? Ah oui, parce que l'autre avait une étoile, un bonus de machin". Donc bon, c'est toujours un petit peu compliqué et je pense qu'on va encore changer de format, mais on va voir comment ça évolue. Après, c'est le jeu, on verra bien ce qu'ils choisissent à la fin. Mais c'est un petit sujet, et notamment mentalement, parce que c'est super tout pour quelqu'un qui tombe sur toi ou compagnie. Bon ça fait beaucoup d'éléments qui peuvent faire... foirer quelque chose et qui n'était pas trop plébiscité par les athlètes. Mais bon, on verra qui aura le dernier mot.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Sur sa planche, Lucie glisse, flotte, vole. Une passion qu'elle a découvert jeune et qu'elle n'a jamais arrêtée. Sur l'eau, impossible de la louper, une grande voile rouge marquée du drapeau français et de son numéro FRA18. Dans un monde maritime fait de plus ou moins grandes voiles, elle a appris à faire son chemin, dans un milieu essentiellement masculin. Elle a appris à composer avec les vents, même contraires, et malgré le matériel à financer, les courses à enchaîner, le boulot à gérer, elle ne s'est jamais découragée. Chaque matin, quand les conditions le permettent, elle enfile sa combinaison. Chaque matin, elle revient sur l'eau, pas pour fuir, mais pour construire. Dans l'incertitude permanente de ce sport à ciel ouvert, elle sait pour autant que les rêves se préparent à terre, mais qu'ils se jouent en mer. Et quand l'océan devient une arène, il faut être prêt à tout. À rater un départ, à changer de cap, à repenser sa stratégie ou à inventer la sienne. À Paris, elle n'a pas réussi à être de la partie, mais elle sait que sur l'eau, le vent tourne, et dans une vie aussi. Alors Lucie avance, avec un cap clair en tête, celui de Los Angeles 2028. Avant d'espérer traverser l'Atlantique, elle aura fort à faire au Danemark, début juillet, où auront lieu les prochains championnats du monde. Pour suivre sa préparation jusqu'aux prochains JO. Allez la suivre sur ses réseaux, en prime vous aurez le droit à de superbes vidéos. Merci à Lucie pour cet échange où j'ai appris énormément de choses. J'espère que vous aussi vous avez apprécié cette petite virée en mer. C'est la fin de cet épisode, abonnez-vous au podcast pour ne rien manquer des prochains, et rendez-vous sur la page Instagram Sueur d'Espoir pour d'autres contenus tout aussi intéressants. Merci pour votre écoute, c'était Sueur d'Espoir.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Explication de l'IQ Foil

    01:07

  • Thèmes abordés durant le podcast

    02:02

  • RS:X vs IQ Foil : Quelles différences ?

    02:23

  • Le changement physique que ça implique

    04:09

  • Les profils avantagés en IQ Foil

    05:21

  • Les évolutions tactiques et stratégiques

    05:50

  • Une saison en IQ Foil

    06:10

  • Les coupes du monde en IQ Foil

    06:55

  • La nécessité de s'adapter dans un sport en plein air

    07:19

  • Le choix entre études et sport et les différences de pensée entre les garçons et les filles

    09:07

  • La qualification pour les JO de Paris 2024

    09:54

  • L'échec dans une carrière d'athlète

    12:48

  • Son staff et la préparation mentale

    13:13

  • Le coût du matériel et la différence entre ce que le grand public voit et la réalité

    14:54

  • La visibilité de la voile et la recherche de partenaires

    17:20

  • Son métier en banque, un équilibre nécessaire

    18:59

  • Ses débuts à Brest, pôle espoir, pôle France...

    21:01

  • La naissance de son envie de naviguer, sports études, l'équipe de France

    21:57

  • Choisir la voie du haut niveau dans une famille conventionnelle / Etudes prestigieuses et planche à voile

    23:42

  • La voile, un sport majoritairement masculin. Le déséquilibre flagrant hommes / femmes dans l'encadrement

    25:16

  • Être polyvalent pour performer / L'approche des courses selon le format

    26:57

  • Le déroulé d'une compétition en IQ Foil

    27:58

  • La Medal Race et sa part d'injustice

    28:37

  • Conclusion

    31:50

Description

🌊 Dans cet épisode, on prend le large avec Lucie Belbeoch, membre de l’équipe de France de voile et spécialiste de l’IQ Foil, une discipline aussi technique que spectaculaire où l’on vole littéralement au-dessus de l’eau.

De Brest à Los Angeles 2028, en passant par Paris, Lucie nous emmène dans son quotidien d’athlète de haut niveau. Préparation physique, matériel à plus de 10 000€, nouvelles règles de course, écarts de genre, manque de visibilité… rien n’est épargné.

🎙 On parle de :
– La transformation du RS:X vers l’IQ Foil
– La difficulté de vivre de ce sport encore peu médiatisé
– L’exigence mentale et physique dans une discipline en pleine mutation
– L'importance du collectif dans un sport individuel
– Le rêve de Los Angeles 2028, malgré la non-sélection pour Paris
– Être une femme dans un milieu majoritairement masculin

Une immersion dans une discipline spectaculaire, exigeante, encore trop méconnue — portée par une voix lucide, inspirante et déterminée.
⛵ Une petite virée en mer qui je l’espère vous plaira !


***

🎙 Sueur d’Espoir, c’est le podcast qui raconte le sport de haut niveau différemment.

Pendant quelques minutes, découvrez le parcours de ceux qui rêvent grand.

Entre récit narratif et interview, je vous emmène dans la vraie vie des meilleurs athlètes.
Les hauts, les bas, les doutes… et l’espoir.
Chaque épisode, un sport. Une discipline. Une trajectoire.

Sports olympiques ou non, tous ont la même obsession :
Aller au bout de leurs ambitions.


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Transcription

  • SUEUR D'ESPOIR

    De la sueur de l'effort naît la lueur de l'espoir. Bienvenue dans Sueur d'espoir, le podcast qui raconte le parcours d'athlètes ayant décidé de mettre leurs rêves au premier plan. Bonne écoute. Dans ce nouvel épisode de Sueur d'espoir, aujourd'hui on prend le large. Vous avez toujours rêvé de voler sur l'eau ? Et bien c'est un peu le quotidien de l'athlète du jour. L'IQ Foil, si ça ne vous parle pas, sachez déjà que c'est un sport olympique et que ça va très très vite. Une planche à voile avec un foil, des vitesses à plus de 15 nœuds sur l'eau, soit plus de 30 km heure, c'est un peu le topo que je vous propose. Des compétitions d'une semaine composées de plusieurs épreuves où chaque jour le classement peut basculer et avec une dernière manche au format stressant où le gagnant remporte tout. Retenez votre souffle, on part en mer direction Brest avec une athlète de l'équipe de France d'IQ Foil, Lucie Belbeoch. L'IQ Foil, c'est grossièrement une planche à voile avec un foil. Un foil, rapidement, c'est un mât relié à deux ailerons. Les deux ailerons vont sous l'eau, ça va créer de la portance et ces deux ailerons ont chacun leur rôle pour assurer la maniabilité. et la stabilité de la navigation. Le vent est la force motrice, sans vent on ne peut pas naviguer, et l'idée est que le vent propulse la voile, ce qui vous fait avancer, et grâce à la portance du foil, la planche se lève de l'eau, ce qui vous donne la sensation de voler. Au final, la seule résistance à l'eau restante, c'est celle du foil avec le mât, et les ailerons immergés dans l'eau. C'est ce peu de résistance à l'eau qui fait qu'on peut aller très très vite avec ce type de planche à voile. Chez les hommes, on peut aller jusqu'à 50 km heure. C'est dur de se rendre compte que ça représente 50 kmh sur l'eau, je peux vous assurer que ça va super vite. Allez, j'arrête le passage c'est pas sorcier, rentrons dans le vif du sujet. Entraînement, prix du matériel, Jeux Olympiques, partenariat et le fait d'évoluer dans un milieu essentiellement masculin en tant que femme, ce sont tous les sujets que l'on va parcourir avec Lucie. Le but, découvrir et comprendre ce que c'est d'être athlète olympique en IQ Foil. Une carrière d'athlète, c'est 80% d'échecs pour... 20% de kiff quoi ! Aujourd'hui, il y a 10 séries olympiques en voile. Les séries historiques, puis les nouvelles séries qui volent, dont fait partie l'IQ Foil. En effet, L'IQ Foil, c'est une nouvelle série qui a connu ses premiers Jeux Olympiques cet été à Marseille pour les JO de Paris 2024. La planche à voile était déjà discipline olympique, mais sous un autre nom... le RS-X.

  • Lucie BELBEOCH

    La différence entre avant et maintenant c'est dans le nom ce fameux foil qui fait qu'avant les vitesses des plus tôt autour de 10 km heure contre 3 à 4 fois plus rapide désormais. Je navigue avec ma montre gps qui m'indique en noeud donc en kilomètres je pourrais même pas te dire mais mais ça va beaucoup plus vite qu'avant donc c'est sûr que ça change c'est pour ça maintenant on a des casques et des gilets d'impact obligatoire parce que d'un point de vue blessure on a découvert des nouvelles blessures, des luxations d'épaule, ce genre de choses qu'on n'avait pas avant parce qu'on tombait entre guillemets au ralenti. D'ailleurs on tombait pas en fait. Là c'est beaucoup plus l'équilibre est plus précaire on va dire en foil. Les différences principales c'est vraiment cette partie-là foil. Donc là on vole au-dessus de l'eau et c'est des sensations qui sont complètement différentes. C'est vraiment la formule 1 de la planche à voile. Et puis en fait c'est un peu aussi l'évolution de la voile en général. Si on suit un peu des courses comme le Vendée Globe ou des choses comme ça de la course au large, en fait on voit de plus en plus de... de bateaux qui sont sur des foils. Et donc, ça se traduit aussi au niveau olympique avec des planches à vol à foils, des kites à foils. Tout le monde bascule là-dessus. Donc ça, grosse, grosse différence.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Vous le voyez peut-être venir, mais ces changements de vitesse impliquent pas mal de changements, notamment physiques.

  • Lucie BELBEOCH

    Sur l'ancienne planche à voile, il fallait plutôt avoir un physique un peu marathonien, très endurant, assez sec, plutôt léger et tonique. Et là, sur des foils, on a découvert assez rapidement que plus l'athlète était lourd, plus le foil pouvait accélérer. Donc là-dessus, ça a fait un grand, grand changement. Moi, j'avais un gabarit, je ne suis pas très grande, et pour les RS-X, j'étais descendue jusqu'à 53 kg. Et là, au maximum, sur l'IQ foil, j'ai fait 67. Et donc, c'est assez costaud comme modification parce que ça prend du temps de créer du poids. Tout que nous, on a plutôt intérêt à créer du poids intelligent, entre guillemets. Le gras, c'est facile à faire, mais le muscle, c'est beaucoup plus long. Et c'est énergivore. On passe énormément de temps à la salle pour se muscler. Ensuite, il y a toute la partie alimentation qui est hyper conséquente dans le projet. Et là, je suis retombée. Enfin, 67, c'était vraiment le max que j'ai pu faire, mais je ne me sentais vraiment pas bien. Donc, je suis redescendue à des poids un peu plus mezzo-mezzo, du 60, 63. Mais oui. c'est un truc qu'on doit quand même garder bien en tête

  • SUEUR D'ESPOIR

    Forcément, ça rebat les cartes et les profils avantagés d'avant ne sont plus les profils avantagés de maintenant.

  • Lucie BELBEOCH

    Ceux qui étaient pénalisés en RS-X se sont vu éclore en IQ Foil, mais tant mieux pour eux, des gabarits qui sont hyper grands, qui étaient presque en sous-nutrition sur l'ancienne planche à voile, bon bah là ils ont pu s'exprimer, de manière plus sympa. On naît avec le corps qu'on a, la taille qu'on a, et puis après on fait avec.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Même dans la manière de naviguer, cette nouvelle classe implique de tout recommencer au début.

  • Lucie BELBEOCH

    On a vu beaucoup d'évolutions sur tout ce qui était tactique, stratégie, puisque tout va beaucoup plus vite, donc on n'a pas les mêmes problématiques qu'on avait avant. Après, ça reste de la régate comme on le faisait auparavant, mais c'est pas le même sport.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Et une saison en IQ foil, comment ça se passe ?

  • Lucie BELBEOCH

    Alors, moi, ça fait longtemps que je suis dans le circuit. Par Olympiade, ça a évolué en fait, parce que les directeurs et les dirigeantes ne sont pas les mêmes d'une Olympiade à l'autre. Donc moi, j'ai tout connu. J'ai connu le système par Olympiade, où là, on avait un groupe déterminé en début de préparation olympique qui allait jusqu'au bout. Maintenant, c'est complètement différent. Les groupes sont beaucoup plus resserrés. Et puis, à chaque championnat du monde, tout est remis à plat, ce qui est plutôt bien, parce que du coup, ça re-challenge à fond les athlètes. donc ça c'est plutôt sympa et donc effectivement là pour Los Angeles On part sur quelque chose comme ça qui va se faire de saison à saison. Et les saisons sont plutôt rythmées par le championnat du monde qui pour nous est le plus important. Nous, c'est vrai que les Coupes du Monde, ce n'est pas le plus sexy. Pour nous, les Coupes du Monde, c'est plutôt des compétitions d'entraînement pour être performant le jour du championnat du monde. Donc globalement, gagner quatre Coupes du Monde dans l'année, mais finir 30e au championnat du monde, ça n'a pas trop d'intérêt. Donc on est vraiment observé sur le mondial. C'est vraiment là qu'on doit tout casser.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans un sport en plein air, les conditions extérieures peuvent faire totalement basculer les scénarios de course ou des plans travaillés au préalable. Ainsi, dans l'IQ foil, le maître mot, c'est vraiment l'adaptabilité.

  • Lucie BELBEOCH

    Chaque entraînement, on regarde les fichiers météo. C'est quelque chose qu'on a l'habitude de faire au quotidien, que ce soit les courants, les nuages, les cartons. Tout ça, on connaît, donc on le fait. Et après, effectivement, on a un soutien fédéral sur certaines compétitions où là, on peut avoir des choses un peu plus détaillées. Mais après, évidemment, la météo, ça reste que des prévisions. Donc, c'est toujours des bonnes indications, mais attention à ne pas se faire avoir non plus le jour J. Il suffit d'un nuage, nous, pour que ça nous affecte. Donc, il faut quand même rester bien éveillé et faire attention à ce qu'on lit. Ce n'est pas toujours la vraie vie. Alors moi, j'aime bien avoir un plan en tête de base, bien imager qu'est-ce qui va se passer aussi, où va être notre zone de course, et regarder un peu par rapport aux reliefs, notamment, par exemple, on a des endroits comme Marseille où il y a beaucoup de montagnes autour, donc c'est quand même hyper important de regarder avant qu'est-ce qui pourrait se passer, et d'avoir un préplan en tête. Notre préplan va influencer nos réglages aussi, parce qu'on a quand même beaucoup de réglages en sport matériel, donc il est bien de savoir où on va, qu'est-ce qui pourrait se passer, et après, évidemment, la vraie vie sur l'eau, c'est rarement comme on l'imagine. Là, il faut rester sur le qui-vive et bien bien regarder ce qui se passe pour ne pas se faire avoir. Chez nous, les profils lourds vont plutôt être sereins quand ils vont voir des conditions de météo fortes. Et puis les petits gabarits, ça va être un peu plus compliqué. Et puis à l'inverse, globalement, des gabarits plus légers peuvent s'en sortir un peu mieux dans des vents légers. Si on fait vraiment de manière caricaturale, ça peut être un peu résumé comme ça.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Avant d'en arriver à préparer les Jeux Olympiques, il y a quand même quelques étapes à franchir, avec notamment les années jeunes, où l'équilibre à trouver entre études et sport de haut niveau n'est jamais simple.

  • Lucie BELBEOCH

    Moi je suis passée par là, donc je sais exactement quelles questions les jeunes filles peuvent se poser. D'ailleurs globalement on se pose beaucoup plus de questions que les garçons, notamment sur les études. Généralement, les filles vont se dire « Oula, ça va peut-être être un peu chaud, vaut peut-être mieux que je fasse les études » . globalement, on voit des profils plus prudents que les gars qui ne vont pas trop se poser de questions, qui disent "c'est marrant, on continue". C'est là où je pense qu'il faut être vigilant et leur ouvrir l'esprit sur le fait que c'est hyper possible. Si elles ont la passion, qu'elles aiment ça, qu'elles n'aient pas trop de barrières à se mettre.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans un sport olympique, forcément, participer au JO, c'est le Graal. Mais avec 25 concurrentes aux JO contre 100 habituellement aux championnats du monde, cela restreint les quotas par nation. Ainsi, pour espérer représenter la France dans son propre pays, il n'y avait qu'une seule place pour les femmes et une seule place pour les hommes. L' IQ Foil s'avère très compétitif.

  • Lucie BELBEOCH

    C'est sûr que quand on fait un sport olympique, c'est quand même le sujet prépondérant, les Jeux olympiques. Donc ça, c'est clair. Après, nous, on sait, en plus dans notre sport, c'est assez dur parce que c'est assez violent comme sélection. C'est qu'un homme et une femme par catégorie, par nation. Donc quand on se lance là-dedans, on sait qu'il y en aura une, pas deux. Donc on sait que ça va être dur. Ce qui est particulier chez nous, c'est qu'on a un sport individuel, mais on ne progresse pas sans le collectif. Donc on travaille ensemble, on vit ensemble, on est quand même... Toutes très proches et on sait que si c'est pas moi, c'est elle, ou si c'est elle, c'est pas moi. C'est assez particulier et je trouve que c'est très intéressant humainement de vivre cette expérience-là.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Encore RSX en 2020, pour les JO de Tokyo, Lucie est alors partenaire d'entraînement de Charline Picon, championne olympique à Rio en 2016. Pour cette édition, Lucie sera remplaçante et Charline prendra la médaille d'argent. C'est peu de temps après que la bascule du RS-X vers l'IQ foil est faite. En 2022, lors des IQ Foil Games de Lanzarote, qui vient lancer la saison avec les meilleurs mondiaux réunis, Lucie prend la troisième place. En 2023, c'est la deuxième place qu'elle prend à la Coupe du Monde de Palma de Mallorca. Mais comme Lucie l'a dit, c'est lors des Championnats du Monde qu'il faut briller. Et en 2023, c'est au Pays-Bas que les Championnats du Monde ont lieu. La seule place pour Paris 2024 est rude, avec notamment face à elle, Hélène Noesmoen, triple championne d'Europe, et double championne du monde en IQ foil et Lola Sorin, qui a terminé devant elle lors des championnats du monde de 2022.

  • Lucie BELBEOCH

    Les résultats parlent d'eux-mêmes, c'est la meilleure qui ira. Normalement, si les sélectionneurs font bien leur boulot, il n'y a pas de sujet là-dessus. On a des grilles, ils nous attendent sur telle ou telle épreuve, soit on y est pas, et du coup, il faut repartir au boulot pour après. Donc oui, c'est un risque à prendre. Après, si on a peur de ne pas être sélectionné, il ne faut pas se lancer là-dedans. Mais moi, je n'ai pas trop peur et j'aime bien quand même les difficultés. Donc, ce qui fait que je suis toujours là et que l'histoire est quand même hyper sympa à vivre. Qu'on y soit ou qu'on n'y soit pas, c'est quand même incroyable.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Meilleure française lors de ses championnats du monde avec une cinquième place, c'est finalement Hélène Noesmoen qui représentera les couleurs bleu-blanc-rouge dans la Rade de Marseille.

  • Lucie BELBEOCH

    Un des sujets que j'aime bien aborder, c'est l'échec. Parce qu'en fait, une carrière d'athlète, c'est 80% d'échecs pour 20% de kiff. C'est un peu, finalement, dans la vie active, on est confronté à pas mal d'échecs. Et comment on fait ? Comment je me redonne de la valeur ? Comment je repars à zéro ? Comment je grandis après des échecs comme ça ?

  • SUEUR D'ESPOIR

    Pas de quoi dissiper le rêve olympique de Lucie pour autant. Et réussir à se reprojeter, ça passe aussi par un entourage et un staff solide.

  • Lucie BELBEOCH

    Alors moi, du coup, dans l'écosystème, on a l'entraîneur national, donc avec le groupe. Après, on a le préparateur physique. On a accès aussi à une nutritionniste. J'avoue que cet item-là, je l'ai utilisé, mais je l'utilise beaucoup moins maintenant. Après, on a tout ce qui est médecin, kiné et aussi prépa mental. Donc prépa mental, moi, je l'en ai fait très longtemps. Là après la sélec de paris 2024 j'ai un peu temporisé pour volontairement pour pouvoir avoir plus de temps de réfléchir de moi même en fait parce que finalement je me suis rendu compte que j'arrivais sur des séances ou en fait j'avais pas eu temps de préparer ou finalement ça devenait une charge j'étais plus dedans donc je me suis dit ça sert à rien d'y aller pour y aller donc là je prends un petit peu de recul en ce moment pour voir ce que je vais refaire d'un point de vue psy mais je me dis que la préparation mentale c'est très sympa mais j'aurais bien aimé coupler avec de la vraie psychologie parce que finalement plus on avance dans l'âge et la vie je trouve plus finalement je vais rencontrer des difficultés qui ne sont pas liées à ma façon de naviguer, ma façon parce que bon, tout ce qui est gestion du stress et compagnie ça je l'ai traité depuis un moment, mais ça va être plutôt des problématiques plus profondes liées à moi qui je suis, vraiment, quelle personne et du coup pourquoi j'agis comme ça sur l'eau en fonction de telle ou telle situation donc je suis plus en à vouloir creuser un peu plus sur ce côté là, dans les mois à venir mais globalement il y a un staff de 5-6 personnes qui sont autour de nous pour nous amener dans de la perf, donc c'est hyper enrichissant.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Une voile, un foil, une planche et tout le matériel nécessaire, ça coûte un peu plus cher qu'une paire de chaussures, même carbone. Et ça, c'est un facteur qui joue beaucoup sur une saison.

  • Lucie BELBEOCH

    Vu que c'est un support olympique, on est contraint d'avoir une monotypie. Donc il y a un seul vendeur qui peut vendre le matériel. Et donc, ce qui fait qu'on a tous le même équipement. Après, plus on a de budget, plus on peut acheter des voiles, plus on peut acheter des planches, des foils qui soient plus neufs et c'est quand même meilleur pour la performance. Donc ça, c'est ce que le grand public voit. Mais après, nous, en fait, en inside, deux voiles ne vont pas du tout être pareils. Alors, elles ont vraiment le même format, les mêmes couleurs, vraiment la même tête. Mais en fait, ça reste des coutures qui sont faites mains. Une planche, elle peut être produite en hiver. Je ne sais pas, le stockage, il est un peu plus humide. Donc, elle va être un petit peu plus lourde. Il y a plein de paramètres comme ça que nous, on ne maîtrise pas. Ce qui fait que quand on achète du matériel, c'est un petit peu le loto. On va voir si on va récupérer un foil qui est plutôt raide, plutôt souple. Tout ça, c'est une partie énorme de matériel. Et malgré le fait qu'à l'œil nu, c'est tout pareil. Finalement, pour nous, il y a des différences qui sont vraiment monstrueuses. Et on doit passer beaucoup de temps. Trouver des financements, investir, tester, voir ce qui est le mieux. C'est une grosse partie de la préparation pour les compètes. C'est un petit sujet aussi ça. Pour avoir un ordre d'idée, par exemple, une planche à voile complète, on est à 9 000 voire même 10 000 euros. Donc planche, voile, mât, foil, ça c'est monstrueux. Et après effectivement par saison, c'est quand même bien d'avoir... Genre voile, pour avoir des voiles fraîches pour les grands événements. Planche, non t'as pas besoin d'une planche neuve pour chaque compét' Mais bon, le prix de la saison peut vraiment varier en fonction de si j'ai trouvé du bon matériel ou pas. Parce que du coup si j'ai pas trouvé du bon matériel, effectivement là faut aligner parce que tant qu'on trouve pas quelque chose... C'est la course à l'armement, c'est sport à matériel, c'est toujours la problématique. Après ils travaillent dessus pour essayer de faire que la monotype soit la plus monotype possible, mais ça reste compliqué donc... Donc vraiment, une saison, ça peut être de 20 000 jusqu'à 120 000 euros. Ça dépend vraiment de ce que tu veux mettre. Il n'y a pas que le matériel, c'est ça. Il y a tout le staff médical aussi. Est-ce que tu veux un entraîneur privé ? Est-ce que tu veux un préparateur physique privé ? Il y a tellement de paramètres différents qu'effectivement, le prix des saisons, si on fait un tour de parking, personne n'aura le même tarif à la fin de la saison.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Pour se projeter vers une nouvelle Olympiade, avoir des partenaires est alors obligatoire et pas souvent évident dans un sport qui reste encore... peu médiatisé ?

  • Lucie BELBEOCH

    C'est sûr que déjà pour les Jeux Olympiques, la visibilité n'a pas été bonne, notamment dû aux résultats qui n'ont pas été bons pour la voile en général. Donc c'est sûr que quand il y a des sports à médailles, c'est plus simple de les montrer à la télé. Là, il n'y a plus énormément de médailles, donc ça n'a pas été relayé, alors que vraiment, les images étaient magnifiques. À Marseille, c'était hyper beau à voir, ils avaient bien fait le boulot, mais il n'y avait pas les médailles qui suivaient. Globalement, oui, après c'est un cercle vertueux, c'est-à-dire que si on nous diffuse... Du coup les gens vont peut-être s'y intéresser, donc du coup les partenaires oui. Enfin voilà, c'est pareil, qu'est-ce qu'on montre, qu'est-ce qu'on montre pas, c'est un peu comme aussi le sport féminin, le sport masculin, enfin bon, c'est compliqué. Il faudrait que ça se lance quoi, mais bon. Là pour l'instant on est plutôt dans un cercle vicieux que vertueux sur la voile olympique, mais à nous de faire le boulot aussi pour que ce soit sympa et puis qu'on fasse le boulot pour qu'on nous connaisse un petit peu quoi. Moi écoute, j'ai perdu des partenaires dans la route cette année donc... Je ne suis pas du tout dans l'équipe où on jette la pierre sur les partenaires. Je me dis que c'est une chance d'avoir des personnes qui nous suivent. Paris, évidemment, c'était exceptionnel. Donc, c'était une préparation olympique qui était vraiment particulière. C'est juste qu'effectivement, on va revenir dans les standards plus classiques, comme quand on préparait Tokyo et compagnie. C'est sûr que là, c'est plus loin, donc ça parle moins. On va bien voir comment ça se profile. Mais à voir effectivement si les grandes entreprises françaises ont été séduites par le format 2024 et sont prêtes à repartir pour... pour accompagner les athlètes jusqu'à 2028.

  • SUEUR D'ESPOIR

    En plus d'être athlète de l'équipe de France de voile, Lucie travaille aussi en banque à côté.

  • Lucie BELBEOCH

    Alors, ça, c'est quand même le nerf de la guerre. Sinon, c'est quand même compliqué de manger. Alors moi, aujourd'hui, j'ai de la chance d'être soutenue par la fédération. Et donc, je bénéficie d'un CIP. C'est une convention d'insertion professionnelle. Parce que du coup, moi, j'ai un diplôme. J'ai un bac plus 5 d'école de commerce à Paris. Et du coup, c'était intéressant de le faire fructifier, ce diplôme. Pour pas avoir un peu... pour me retrouver en post-carrière avec un CV complètement blanc, donc je travaille en banque aujourd'hui. J'ai 20% pour la banque et à 80% je suis détachée pour la Fédération française de voile, donc pour les entraînements, pour les déplacements, les compétitions et tout ça. Donc ce qui me permet d'avoir un salaire à temps plein, pouvoir aussi moi bosser, rencontrer aussi d'autres personnes et pouvoir utiliser mon diplôme et préparer la suite. Et ça c'est une super chance parce que même au niveau mental, je trouve que c'est très ressourçant de casser un peu les choses et d'avoir... avoir autre chose à côté. Moi j'ai toujours aimé justement ce double projet, que ce soit sport-études ou là travail-compétition, je me régale vraiment là-dedans. Donc c'est comme ça que je fonctionne aujourd'hui et ensuite j'ai des partenaires privés aussi qui me soutiennent pour l'achat de matériel et tout, les à côté en fait dont on a besoin, donc ça c'est hyper important. Moi je me rappelle par exemple au lycée, il y a eu une période où je m'étais blessée, et vraiment pendant trois mois j'avais que le lycée à gérer. Et mes parents étaient ravis, ils se sont dit c'est super, ça va exploser les notes. Et en fait c'était une catastrophe, j'étais plus du tout investie, parce qu'en fait j'avais trop de temps, mais du coup plus on a de temps moins on en fait. Et vraiment c'est là que je me suis dit, ah en fait cet équilibre là il me va, d'avoir les deux à fond tout le temps, c'est vraiment essentiel je trouve. En tout cas pour mon type de personnalité c'est top. Et c'est pour ça que moi, ça me donne vraiment un équilibre, une stabilité. Ça me permet aussi, quand je rentre de compétition, de switcher complètement, que ce soit bien passé ou pas. Ça veut dire que j'ai mon rôle de banquière à côté, qui me libère quand même pas mal d'esprit sur la planche à voile. C'est un exercice qui est sympa, franchement, de pouvoir switcher comme ça. Ça fait un peu double vie, mais c'est hyper, hyper enrichissant.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Le rêve sportif de Lucie se construit depuis le plus jeune âge, à Brest, d'où elle est originaire, et où une bonne partie du collectif France de voile s'entraîne. Le Pôle France de Brest est donc là où elle va à nouveau passer ses quatre prochaines années, là où le rêve olympique se façonne.

  • Lucie BELBEOCH

    Le parcours originel, c'est qu'on rentre en Pôle Espoir, ensuite en Pôle France, et après c'est circuit équipe de France et compagnie. Mais on est toujours attaché à un Pôle France, ce qui fait que quand on n'est pas en compétition, on revient dans nos pôles pour faire du travail foncier, revenir là-dessus. Et c'est vraiment la force du système français, c'est qu'on a ça. Et ça n'existe pas du tout ailleurs. Les Anglais ont un petit peu ce style. style-là de mise en place du travail, mais en France, c'est assez volontaire d'avoir un travail structurel dans les pôles, notamment l'hiver quand il n'y a pas trop de compétition. Et ça nous permet aussi de travailler avec les jeunes, les jeunes qui sont pour l'espoir, comme ça ils voient aussi à quoi ça ressemble le circuit professionnel senior.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Lorsqu'on est à Brest, le monde de la navigation n'est jamais bien loin. Et c'est d'ailleurs dans son cercle familial que son envie de naviguer est née.

  • Lucie BELBEOCH

    Ça a commencé déjà par naître à Brest, et c'est quand même une ville maritime, donc ça aide beaucoup. Et après, c'est souvent des histoires de famille dans le sport. Et moi, effectivement, c'est mon grand frère qui faisait de la planche à ouelle. Et mes parents m'ont inscrite, parce que je voulais quand même faire comme mon frère. Donc, ils m'ont inscrite au club de Brest, qui marchait bien. Et puis, moi, j'ai tout de suite adoré ce sport. Le fait d'être en extérieur, le fait d'être au contact de l'eau. J'ai vraiment, vraiment adoré la glisse et compagnie. Et finalement, par chance, ce club-là... était axée compétition, donc je suis grimpée, enfin j'ai grimpée comme ça en mode compétition, ça me plaisait, en tout cas ça me déplaisait pas, donc je continue sans trop me poser de questions, et ensuite, il y a toujours des passerelles, après la troisième, bon bah qu'est-ce que je fais ? Là j'avais beaucoup hésité à partir en sport études ou pas, finalement j'y suis allée pour suivre un peu les copains, on avait un super groupe à l'époque, donc ça m'avait bien poussée. Et d'ailleurs j'étais la seule fille à ce moment-là, donc c'était, ouais, je vois très bien quelles peuvent être les questions qu'on se pose à ce moment-là. Et j'y suis allée et c'était vraiment top. Et ensuite, pareil, après le bac, nouvelle passerelle, qu'est-ce que je fais ? Je pars pour les études, parce que je continue un petit peu le rêve. Et finalement, je me suis dit, je continue. Et je suis rentrée en fac, Pôle Espoir, puis Pôle France, École de Commerce. Tout ça en parallèle, tout a été hyper bien goupillé. On a de la chance aussi en France d'avoir des études qui permettent d'accueillir des athlètes. Donc ça, c'est chouette. Puis après, je suis rentrée en équipe de France en 2018. Et voilà, on a changé de support et compagnie. Et puis voilà, on a préparé Los Angeles. Donc ouais. Pas mal de questionnements au fil de l'eau, mais un bon début à Brest dans un super club avec des bonnes copines et puis ça m'a lancé.

  • SUEUR D'ESPOIR

    C'est souvent que l'on entend des meilleurs sportifs avoir eux aussi des parents qui ont été athlètes de haut niveau. Pour Lucie, ses parents ont pour autant suivi un chemin plus conventionnel. Et quand on est la première à suivre la voie du haut niveau, pas évident d'avoir réponse à toutes les questions qu'on peut se poser.

  • Lucie BELBEOCH

    C'était pas simple parce que je dirais la... La plus grosse passerelle où le choix était le plus compliqué à faire, c'est vraiment le post-bac, parce que moi je suis quand même issue d'une famille assez conventionnelle. Les études, c'est la priorité. On n'est pas trop farfelu là-dedans, et là je me dirigeais vers une vie un petit peu atypique quand même. L'athlète, c'est un peu... Bon, c'est pas commun. Et finalement, c'est en étant assez cartésienne et factuelle, en me renseignant bien sur les études et qu'est-ce que je voulais au bout, que je me suis rendue compte que finalement, au lieu de faire une prépa HEC, pour attendre mon école de commerce, je pouvais passer par la fac et attendre l'école de commerce ensuite, après. Ça me donnait trois ans d'entraînement supplémentaire pour voir aussi quelles étaient mes compétences sportives parce que si, j'aurais pu tout à fait me prendre un mur et ne pas réussir à switcher au niveau senior. Finalement, ça a été. Et puis, en fait, en fin de compte, j'ai atteint une école de commerce hyper bien renommée, l'ESCP à Paris, une école que je ne visais même pas au début si j'avais fait une prépa et que finalement, le sport m'a permis d'avoir. Et donc là, je remercie vraiment mon choix, mes parents de m'avoir soutenu là-dedans aussi. Enfin, pas soutenu, mais suivi. Et puis d'avoir réussi à bien bosser et d'avoir pu faire les deux. Et au final, je repars avec un diplôme, je pense, meilleur que si j'avais arrêté la planche à voile. Ça m'a bien aidée. Merci, la planche à voile.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans le monde de la voile, il y a aussi un phénomène qui interpelle, c'est la grande majorité d'hommes, et ça se ressent même dans le staff qui encadre les athlètes. D'ailleurs en 2022, le pôle ressource national Sport Nature a mené une étude qui rapportait que plus de 80% des professionnels de l'encadrement de la voile étaient des hommes.

  • Lucie BELBEOCH

    La voile c'est un sport qui est hyper masculin, la planche à voile d'autant plus. Donc on est clairement en minorité, même au niveau du staff, c'est une catastrophe. Que des hommes, quasiment sur du 100% masculin. Enfin, je dis que c'est une catastrophe, je ne veux pas dire que le travail est catastrophique, je veux juste dire qu'en terme d'ouverture d'esprit et de choc des cultures et des façons de réfléchir, on n'est pas bon. Mais bon, c'est... J'espère qu'on va réussir à trouver des solutions pour rééquilibrer un petit peu ça. Et après, nous, on n'a pas le même matériel que les garçons. On a des voiles plus petites, donc on a les mêmes foils, mais on a des voiles plus petites, ce qui fait que... On est quand même pas mal séparés sur les entraînements et les compétitions, mais on essaie quand même de garder une connexion et des échanges sur tous les sujets qu'on peut partager en fait. Moi, je suis pour la mixité, pour le partage, l'échange, parce qu'on a tous des choses à s'apprendre. C'est sûr qu'on a des compétences complètement différentes et c'est hyper intéressant. Mais on est en forte minorité. C'est pour ça que j'essaie de me battre aussi pour... Pour les jeunes, pour qu'elles se rendent compte que c'est possible et que tu peux avoir une super vie en faisant de la planche à voile et qu'il faut y aller. C'est un super sport et qu'on se régale.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Là où dans la plupart des sports, on travaille par cycle, endurance, vitesse, explosivité, spécifique, etc. En IQFoil, il faut tout travailler en même temps.

  • Lucie BELBEOCH

    C'est comme un peu en triathlon, je pense, ou en Décathlon, c'est qu'on est obligé de bosser sur tout en même temps. Mais du coup, il y a certaines choses qui sont un peu contraires. Donc, on essaie d'être les plus polyvalents possibles, d'avoir le moins de coquilles possible pour pouvoir matcher dès qu'il y a les conditions. Et oui, sur des profils marathons, effectivement, on va plutôt bosser de l'endurance et compagnie. Mais quoi qu'il arrive, l'endurance, pour nous, elle est importante parce que comme la compétition, elle dure quasiment une semaine, on est obligé d'être endurant. Sinon, on éclate au bout de deux jours et ça ne marche plus. Et après, oui, sur des formats sprint qu'on a, là, il faut être hyper explosif, hyper... solide là-dessus. Et même en prépa mental, je dirais, c'est un truc qu'on aborde aussi parce qu'on ne va pas du tout avoir le même état d'esprit si on part sur une course de 1h15 ou une course de 4 minutes. Ouais, rien qu'en en parlant, je me dis c'est vrai qu'on bosse sur plein de trucs différents. C'est ça aussi qui est sympa, c'est-à-dire qu'on ne s'ennuie jamais.

  • SUEUR D'ESPOIR

    C'est d'ailleurs le bon moment pour vous expliquer comment se déroule une compétition en IQFoil. Prenons l'exemple des JO de Paris 2024. La compétition se tâche sur près d'une semaine. Chaque jour, les athlètes disputent plusieurs courses qu'on appelle régates. Il y en a 12 au total et à chaque régate, des poissons attribués. Moins le classement est bon, plus on prend de points. Par exemple, si on finit deuxième, on prend 2 points, troisième 3 points, quatrième 4 points, etc. Comme au golf, le but c'est d'avoir le moins de points possible. A la fin de ces 12 régates, les 10 meilleurs sont qualifiés pour la phase finale, la fameuse medal race. La medal race, pour vous expliquer plus clairement, c'est un format à élimination directe en 3 étapes, quart, demi et finale. La première des qualifications est directement qualifiée pour la finale. Ensuite, les athlètes classés de la 4ème à la 10ème place s'affrontent en quart. Les deux meilleurs de cette manche avancent en demi-finale. En demi, elles rejoignent la 2ème et la 3ème des qualifs. Et là encore, seules deux passent en finale. La finale réunit donc 3 athlètes. Les compteurs sont remis à zéro. et celle qui franchit la ligne la première remporte la médaille d'or. Vous pouvez donc avoir fini dixième au terme des douze régates et quand même remporter la médaille d'or. Et c'est ça qui fait tout le piment de l' IQ Foil. Mais ça crée aussi une part d'injustice qui ne récompense pas vraiment la régularité.

  • Lucie BELBEOCH

    Ouais, déjà t'as bien révisé, parce que t'es bien au courant des problématiques qu'on vit là. C'est sûr que le format des medal race, vraiment les medal race, c'est le dernier jour où on retrouve le top 10, et maintenant c'est un top 8. C'est assez atypique, ça n'existait pas avant sur l'autre planche à voile. La finale se passait de manière normale, avec des points normaux. Et là maintenant, toujours dans l'idée de rendre ça plus spectaculaire et compagnie, et plus compréhensible, ils ont voulu faire un peu quelque chose dans le format quart, demi, finale. Effectivement le dernier jour finalement même si tu as gagné tout toute la semaine, en fait, tu peux complètement perdre et être éjecté du podium. Après, il y a eu énormément de discussions là-dessus pendant ces quatre dernières années parce que, imagine-toi, les premiers championnats, ils prenaient le top 12, donc 12 entre le premier et le douzième, il y a un gouffre quand même. Et en fait, le douzième pouvait gagner la compétition. Donc, c'était beaucoup trop violent. Finalement, en discutant avec les athlètes, les entraîneurs et compagnie, on a arrivé à faire évoluer un petit peu le format pour que ce soit moins tragique et moins aléatoire parce que finalement, nous aussi on est un sport. C'est-à-dire que tu as gagné toute la semaine et si tu te prends un sac plastique le jour de la finale, tu es cuit et perdre des Jeux Olympiques là-dessus, c'est un peu dur. Donc, ils ont travaillé là-dessus. Il y a eu un format pour Paris. Finalement, il n'a pas été encore plébiscité parce qu'il y a encore eu des drames. En fait, c'est hyper dur mentalement pour les athlètes parce que c'est quatre ans pour une finale comme ça qui va si vite. C'est dur, mais à la fois, quand on se rapproche un peu des autres sports, bah oui, tu cours ton 100 mètres, t'as un 100 mètres, ça se joue là, et y'a pas d'autres sujets. Donc bon, c'est un truc à discuter, mais là, aujourd'hui, maintenant, là je sors de deux Coupes du Monde, ils ont testé un format qui est nouveau, la finale se joue à 8, ce qui a plus de sens, enfin, à mon avis, par rapport à ce qui se fait au niveau des JO, parce que des finales à 10, ça n'existe pas, et donc on est à 8, et donc il y a quand même un système de protection qui protège un petit peu, quand même, la première et la deuxième du classement général, notamment. Donc c'est... on se rapproche de trucs qui sont un peu... un petit peu plus doux, un peu plus cohérent sportivement, mais encore une fois, qui du coup prennent plus de temps. C'est un peu moins compréhensible parce que... "Alors elle, OK, elle a gagné cette course, mais pourquoi elle fait la gueule ? Ah oui, parce que l'autre avait une étoile, un bonus de machin". Donc bon, c'est toujours un petit peu compliqué et je pense qu'on va encore changer de format, mais on va voir comment ça évolue. Après, c'est le jeu, on verra bien ce qu'ils choisissent à la fin. Mais c'est un petit sujet, et notamment mentalement, parce que c'est super tout pour quelqu'un qui tombe sur toi ou compagnie. Bon ça fait beaucoup d'éléments qui peuvent faire... foirer quelque chose et qui n'était pas trop plébiscité par les athlètes. Mais bon, on verra qui aura le dernier mot.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Sur sa planche, Lucie glisse, flotte, vole. Une passion qu'elle a découvert jeune et qu'elle n'a jamais arrêtée. Sur l'eau, impossible de la louper, une grande voile rouge marquée du drapeau français et de son numéro FRA18. Dans un monde maritime fait de plus ou moins grandes voiles, elle a appris à faire son chemin, dans un milieu essentiellement masculin. Elle a appris à composer avec les vents, même contraires, et malgré le matériel à financer, les courses à enchaîner, le boulot à gérer, elle ne s'est jamais découragée. Chaque matin, quand les conditions le permettent, elle enfile sa combinaison. Chaque matin, elle revient sur l'eau, pas pour fuir, mais pour construire. Dans l'incertitude permanente de ce sport à ciel ouvert, elle sait pour autant que les rêves se préparent à terre, mais qu'ils se jouent en mer. Et quand l'océan devient une arène, il faut être prêt à tout. À rater un départ, à changer de cap, à repenser sa stratégie ou à inventer la sienne. À Paris, elle n'a pas réussi à être de la partie, mais elle sait que sur l'eau, le vent tourne, et dans une vie aussi. Alors Lucie avance, avec un cap clair en tête, celui de Los Angeles 2028. Avant d'espérer traverser l'Atlantique, elle aura fort à faire au Danemark, début juillet, où auront lieu les prochains championnats du monde. Pour suivre sa préparation jusqu'aux prochains JO. Allez la suivre sur ses réseaux, en prime vous aurez le droit à de superbes vidéos. Merci à Lucie pour cet échange où j'ai appris énormément de choses. J'espère que vous aussi vous avez apprécié cette petite virée en mer. C'est la fin de cet épisode, abonnez-vous au podcast pour ne rien manquer des prochains, et rendez-vous sur la page Instagram Sueur d'Espoir pour d'autres contenus tout aussi intéressants. Merci pour votre écoute, c'était Sueur d'Espoir.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Explication de l'IQ Foil

    01:07

  • Thèmes abordés durant le podcast

    02:02

  • RS:X vs IQ Foil : Quelles différences ?

    02:23

  • Le changement physique que ça implique

    04:09

  • Les profils avantagés en IQ Foil

    05:21

  • Les évolutions tactiques et stratégiques

    05:50

  • Une saison en IQ Foil

    06:10

  • Les coupes du monde en IQ Foil

    06:55

  • La nécessité de s'adapter dans un sport en plein air

    07:19

  • Le choix entre études et sport et les différences de pensée entre les garçons et les filles

    09:07

  • La qualification pour les JO de Paris 2024

    09:54

  • L'échec dans une carrière d'athlète

    12:48

  • Son staff et la préparation mentale

    13:13

  • Le coût du matériel et la différence entre ce que le grand public voit et la réalité

    14:54

  • La visibilité de la voile et la recherche de partenaires

    17:20

  • Son métier en banque, un équilibre nécessaire

    18:59

  • Ses débuts à Brest, pôle espoir, pôle France...

    21:01

  • La naissance de son envie de naviguer, sports études, l'équipe de France

    21:57

  • Choisir la voie du haut niveau dans une famille conventionnelle / Etudes prestigieuses et planche à voile

    23:42

  • La voile, un sport majoritairement masculin. Le déséquilibre flagrant hommes / femmes dans l'encadrement

    25:16

  • Être polyvalent pour performer / L'approche des courses selon le format

    26:57

  • Le déroulé d'une compétition en IQ Foil

    27:58

  • La Medal Race et sa part d'injustice

    28:37

  • Conclusion

    31:50

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Description

🌊 Dans cet épisode, on prend le large avec Lucie Belbeoch, membre de l’équipe de France de voile et spécialiste de l’IQ Foil, une discipline aussi technique que spectaculaire où l’on vole littéralement au-dessus de l’eau.

De Brest à Los Angeles 2028, en passant par Paris, Lucie nous emmène dans son quotidien d’athlète de haut niveau. Préparation physique, matériel à plus de 10 000€, nouvelles règles de course, écarts de genre, manque de visibilité… rien n’est épargné.

🎙 On parle de :
– La transformation du RS:X vers l’IQ Foil
– La difficulté de vivre de ce sport encore peu médiatisé
– L’exigence mentale et physique dans une discipline en pleine mutation
– L'importance du collectif dans un sport individuel
– Le rêve de Los Angeles 2028, malgré la non-sélection pour Paris
– Être une femme dans un milieu majoritairement masculin

Une immersion dans une discipline spectaculaire, exigeante, encore trop méconnue — portée par une voix lucide, inspirante et déterminée.
⛵ Une petite virée en mer qui je l’espère vous plaira !


***

🎙 Sueur d’Espoir, c’est le podcast qui raconte le sport de haut niveau différemment.

Pendant quelques minutes, découvrez le parcours de ceux qui rêvent grand.

Entre récit narratif et interview, je vous emmène dans la vraie vie des meilleurs athlètes.
Les hauts, les bas, les doutes… et l’espoir.
Chaque épisode, un sport. Une discipline. Une trajectoire.

Sports olympiques ou non, tous ont la même obsession :
Aller au bout de leurs ambitions.


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Transcription

  • SUEUR D'ESPOIR

    De la sueur de l'effort naît la lueur de l'espoir. Bienvenue dans Sueur d'espoir, le podcast qui raconte le parcours d'athlètes ayant décidé de mettre leurs rêves au premier plan. Bonne écoute. Dans ce nouvel épisode de Sueur d'espoir, aujourd'hui on prend le large. Vous avez toujours rêvé de voler sur l'eau ? Et bien c'est un peu le quotidien de l'athlète du jour. L'IQ Foil, si ça ne vous parle pas, sachez déjà que c'est un sport olympique et que ça va très très vite. Une planche à voile avec un foil, des vitesses à plus de 15 nœuds sur l'eau, soit plus de 30 km heure, c'est un peu le topo que je vous propose. Des compétitions d'une semaine composées de plusieurs épreuves où chaque jour le classement peut basculer et avec une dernière manche au format stressant où le gagnant remporte tout. Retenez votre souffle, on part en mer direction Brest avec une athlète de l'équipe de France d'IQ Foil, Lucie Belbeoch. L'IQ Foil, c'est grossièrement une planche à voile avec un foil. Un foil, rapidement, c'est un mât relié à deux ailerons. Les deux ailerons vont sous l'eau, ça va créer de la portance et ces deux ailerons ont chacun leur rôle pour assurer la maniabilité. et la stabilité de la navigation. Le vent est la force motrice, sans vent on ne peut pas naviguer, et l'idée est que le vent propulse la voile, ce qui vous fait avancer, et grâce à la portance du foil, la planche se lève de l'eau, ce qui vous donne la sensation de voler. Au final, la seule résistance à l'eau restante, c'est celle du foil avec le mât, et les ailerons immergés dans l'eau. C'est ce peu de résistance à l'eau qui fait qu'on peut aller très très vite avec ce type de planche à voile. Chez les hommes, on peut aller jusqu'à 50 km heure. C'est dur de se rendre compte que ça représente 50 kmh sur l'eau, je peux vous assurer que ça va super vite. Allez, j'arrête le passage c'est pas sorcier, rentrons dans le vif du sujet. Entraînement, prix du matériel, Jeux Olympiques, partenariat et le fait d'évoluer dans un milieu essentiellement masculin en tant que femme, ce sont tous les sujets que l'on va parcourir avec Lucie. Le but, découvrir et comprendre ce que c'est d'être athlète olympique en IQ Foil. Une carrière d'athlète, c'est 80% d'échecs pour... 20% de kiff quoi ! Aujourd'hui, il y a 10 séries olympiques en voile. Les séries historiques, puis les nouvelles séries qui volent, dont fait partie l'IQ Foil. En effet, L'IQ Foil, c'est une nouvelle série qui a connu ses premiers Jeux Olympiques cet été à Marseille pour les JO de Paris 2024. La planche à voile était déjà discipline olympique, mais sous un autre nom... le RS-X.

  • Lucie BELBEOCH

    La différence entre avant et maintenant c'est dans le nom ce fameux foil qui fait qu'avant les vitesses des plus tôt autour de 10 km heure contre 3 à 4 fois plus rapide désormais. Je navigue avec ma montre gps qui m'indique en noeud donc en kilomètres je pourrais même pas te dire mais mais ça va beaucoup plus vite qu'avant donc c'est sûr que ça change c'est pour ça maintenant on a des casques et des gilets d'impact obligatoire parce que d'un point de vue blessure on a découvert des nouvelles blessures, des luxations d'épaule, ce genre de choses qu'on n'avait pas avant parce qu'on tombait entre guillemets au ralenti. D'ailleurs on tombait pas en fait. Là c'est beaucoup plus l'équilibre est plus précaire on va dire en foil. Les différences principales c'est vraiment cette partie-là foil. Donc là on vole au-dessus de l'eau et c'est des sensations qui sont complètement différentes. C'est vraiment la formule 1 de la planche à voile. Et puis en fait c'est un peu aussi l'évolution de la voile en général. Si on suit un peu des courses comme le Vendée Globe ou des choses comme ça de la course au large, en fait on voit de plus en plus de... de bateaux qui sont sur des foils. Et donc, ça se traduit aussi au niveau olympique avec des planches à vol à foils, des kites à foils. Tout le monde bascule là-dessus. Donc ça, grosse, grosse différence.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Vous le voyez peut-être venir, mais ces changements de vitesse impliquent pas mal de changements, notamment physiques.

  • Lucie BELBEOCH

    Sur l'ancienne planche à voile, il fallait plutôt avoir un physique un peu marathonien, très endurant, assez sec, plutôt léger et tonique. Et là, sur des foils, on a découvert assez rapidement que plus l'athlète était lourd, plus le foil pouvait accélérer. Donc là-dessus, ça a fait un grand, grand changement. Moi, j'avais un gabarit, je ne suis pas très grande, et pour les RS-X, j'étais descendue jusqu'à 53 kg. Et là, au maximum, sur l'IQ foil, j'ai fait 67. Et donc, c'est assez costaud comme modification parce que ça prend du temps de créer du poids. Tout que nous, on a plutôt intérêt à créer du poids intelligent, entre guillemets. Le gras, c'est facile à faire, mais le muscle, c'est beaucoup plus long. Et c'est énergivore. On passe énormément de temps à la salle pour se muscler. Ensuite, il y a toute la partie alimentation qui est hyper conséquente dans le projet. Et là, je suis retombée. Enfin, 67, c'était vraiment le max que j'ai pu faire, mais je ne me sentais vraiment pas bien. Donc, je suis redescendue à des poids un peu plus mezzo-mezzo, du 60, 63. Mais oui. c'est un truc qu'on doit quand même garder bien en tête

  • SUEUR D'ESPOIR

    Forcément, ça rebat les cartes et les profils avantagés d'avant ne sont plus les profils avantagés de maintenant.

  • Lucie BELBEOCH

    Ceux qui étaient pénalisés en RS-X se sont vu éclore en IQ Foil, mais tant mieux pour eux, des gabarits qui sont hyper grands, qui étaient presque en sous-nutrition sur l'ancienne planche à voile, bon bah là ils ont pu s'exprimer, de manière plus sympa. On naît avec le corps qu'on a, la taille qu'on a, et puis après on fait avec.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Même dans la manière de naviguer, cette nouvelle classe implique de tout recommencer au début.

  • Lucie BELBEOCH

    On a vu beaucoup d'évolutions sur tout ce qui était tactique, stratégie, puisque tout va beaucoup plus vite, donc on n'a pas les mêmes problématiques qu'on avait avant. Après, ça reste de la régate comme on le faisait auparavant, mais c'est pas le même sport.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Et une saison en IQ foil, comment ça se passe ?

  • Lucie BELBEOCH

    Alors, moi, ça fait longtemps que je suis dans le circuit. Par Olympiade, ça a évolué en fait, parce que les directeurs et les dirigeantes ne sont pas les mêmes d'une Olympiade à l'autre. Donc moi, j'ai tout connu. J'ai connu le système par Olympiade, où là, on avait un groupe déterminé en début de préparation olympique qui allait jusqu'au bout. Maintenant, c'est complètement différent. Les groupes sont beaucoup plus resserrés. Et puis, à chaque championnat du monde, tout est remis à plat, ce qui est plutôt bien, parce que du coup, ça re-challenge à fond les athlètes. donc ça c'est plutôt sympa et donc effectivement là pour Los Angeles On part sur quelque chose comme ça qui va se faire de saison à saison. Et les saisons sont plutôt rythmées par le championnat du monde qui pour nous est le plus important. Nous, c'est vrai que les Coupes du Monde, ce n'est pas le plus sexy. Pour nous, les Coupes du Monde, c'est plutôt des compétitions d'entraînement pour être performant le jour du championnat du monde. Donc globalement, gagner quatre Coupes du Monde dans l'année, mais finir 30e au championnat du monde, ça n'a pas trop d'intérêt. Donc on est vraiment observé sur le mondial. C'est vraiment là qu'on doit tout casser.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans un sport en plein air, les conditions extérieures peuvent faire totalement basculer les scénarios de course ou des plans travaillés au préalable. Ainsi, dans l'IQ foil, le maître mot, c'est vraiment l'adaptabilité.

  • Lucie BELBEOCH

    Chaque entraînement, on regarde les fichiers météo. C'est quelque chose qu'on a l'habitude de faire au quotidien, que ce soit les courants, les nuages, les cartons. Tout ça, on connaît, donc on le fait. Et après, effectivement, on a un soutien fédéral sur certaines compétitions où là, on peut avoir des choses un peu plus détaillées. Mais après, évidemment, la météo, ça reste que des prévisions. Donc, c'est toujours des bonnes indications, mais attention à ne pas se faire avoir non plus le jour J. Il suffit d'un nuage, nous, pour que ça nous affecte. Donc, il faut quand même rester bien éveillé et faire attention à ce qu'on lit. Ce n'est pas toujours la vraie vie. Alors moi, j'aime bien avoir un plan en tête de base, bien imager qu'est-ce qui va se passer aussi, où va être notre zone de course, et regarder un peu par rapport aux reliefs, notamment, par exemple, on a des endroits comme Marseille où il y a beaucoup de montagnes autour, donc c'est quand même hyper important de regarder avant qu'est-ce qui pourrait se passer, et d'avoir un préplan en tête. Notre préplan va influencer nos réglages aussi, parce qu'on a quand même beaucoup de réglages en sport matériel, donc il est bien de savoir où on va, qu'est-ce qui pourrait se passer, et après, évidemment, la vraie vie sur l'eau, c'est rarement comme on l'imagine. Là, il faut rester sur le qui-vive et bien bien regarder ce qui se passe pour ne pas se faire avoir. Chez nous, les profils lourds vont plutôt être sereins quand ils vont voir des conditions de météo fortes. Et puis les petits gabarits, ça va être un peu plus compliqué. Et puis à l'inverse, globalement, des gabarits plus légers peuvent s'en sortir un peu mieux dans des vents légers. Si on fait vraiment de manière caricaturale, ça peut être un peu résumé comme ça.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Avant d'en arriver à préparer les Jeux Olympiques, il y a quand même quelques étapes à franchir, avec notamment les années jeunes, où l'équilibre à trouver entre études et sport de haut niveau n'est jamais simple.

  • Lucie BELBEOCH

    Moi je suis passée par là, donc je sais exactement quelles questions les jeunes filles peuvent se poser. D'ailleurs globalement on se pose beaucoup plus de questions que les garçons, notamment sur les études. Généralement, les filles vont se dire « Oula, ça va peut-être être un peu chaud, vaut peut-être mieux que je fasse les études » . globalement, on voit des profils plus prudents que les gars qui ne vont pas trop se poser de questions, qui disent "c'est marrant, on continue". C'est là où je pense qu'il faut être vigilant et leur ouvrir l'esprit sur le fait que c'est hyper possible. Si elles ont la passion, qu'elles aiment ça, qu'elles n'aient pas trop de barrières à se mettre.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans un sport olympique, forcément, participer au JO, c'est le Graal. Mais avec 25 concurrentes aux JO contre 100 habituellement aux championnats du monde, cela restreint les quotas par nation. Ainsi, pour espérer représenter la France dans son propre pays, il n'y avait qu'une seule place pour les femmes et une seule place pour les hommes. L' IQ Foil s'avère très compétitif.

  • Lucie BELBEOCH

    C'est sûr que quand on fait un sport olympique, c'est quand même le sujet prépondérant, les Jeux olympiques. Donc ça, c'est clair. Après, nous, on sait, en plus dans notre sport, c'est assez dur parce que c'est assez violent comme sélection. C'est qu'un homme et une femme par catégorie, par nation. Donc quand on se lance là-dedans, on sait qu'il y en aura une, pas deux. Donc on sait que ça va être dur. Ce qui est particulier chez nous, c'est qu'on a un sport individuel, mais on ne progresse pas sans le collectif. Donc on travaille ensemble, on vit ensemble, on est quand même... Toutes très proches et on sait que si c'est pas moi, c'est elle, ou si c'est elle, c'est pas moi. C'est assez particulier et je trouve que c'est très intéressant humainement de vivre cette expérience-là.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Encore RSX en 2020, pour les JO de Tokyo, Lucie est alors partenaire d'entraînement de Charline Picon, championne olympique à Rio en 2016. Pour cette édition, Lucie sera remplaçante et Charline prendra la médaille d'argent. C'est peu de temps après que la bascule du RS-X vers l'IQ foil est faite. En 2022, lors des IQ Foil Games de Lanzarote, qui vient lancer la saison avec les meilleurs mondiaux réunis, Lucie prend la troisième place. En 2023, c'est la deuxième place qu'elle prend à la Coupe du Monde de Palma de Mallorca. Mais comme Lucie l'a dit, c'est lors des Championnats du Monde qu'il faut briller. Et en 2023, c'est au Pays-Bas que les Championnats du Monde ont lieu. La seule place pour Paris 2024 est rude, avec notamment face à elle, Hélène Noesmoen, triple championne d'Europe, et double championne du monde en IQ foil et Lola Sorin, qui a terminé devant elle lors des championnats du monde de 2022.

  • Lucie BELBEOCH

    Les résultats parlent d'eux-mêmes, c'est la meilleure qui ira. Normalement, si les sélectionneurs font bien leur boulot, il n'y a pas de sujet là-dessus. On a des grilles, ils nous attendent sur telle ou telle épreuve, soit on y est pas, et du coup, il faut repartir au boulot pour après. Donc oui, c'est un risque à prendre. Après, si on a peur de ne pas être sélectionné, il ne faut pas se lancer là-dedans. Mais moi, je n'ai pas trop peur et j'aime bien quand même les difficultés. Donc, ce qui fait que je suis toujours là et que l'histoire est quand même hyper sympa à vivre. Qu'on y soit ou qu'on n'y soit pas, c'est quand même incroyable.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Meilleure française lors de ses championnats du monde avec une cinquième place, c'est finalement Hélène Noesmoen qui représentera les couleurs bleu-blanc-rouge dans la Rade de Marseille.

  • Lucie BELBEOCH

    Un des sujets que j'aime bien aborder, c'est l'échec. Parce qu'en fait, une carrière d'athlète, c'est 80% d'échecs pour 20% de kiff. C'est un peu, finalement, dans la vie active, on est confronté à pas mal d'échecs. Et comment on fait ? Comment je me redonne de la valeur ? Comment je repars à zéro ? Comment je grandis après des échecs comme ça ?

  • SUEUR D'ESPOIR

    Pas de quoi dissiper le rêve olympique de Lucie pour autant. Et réussir à se reprojeter, ça passe aussi par un entourage et un staff solide.

  • Lucie BELBEOCH

    Alors moi, du coup, dans l'écosystème, on a l'entraîneur national, donc avec le groupe. Après, on a le préparateur physique. On a accès aussi à une nutritionniste. J'avoue que cet item-là, je l'ai utilisé, mais je l'utilise beaucoup moins maintenant. Après, on a tout ce qui est médecin, kiné et aussi prépa mental. Donc prépa mental, moi, je l'en ai fait très longtemps. Là après la sélec de paris 2024 j'ai un peu temporisé pour volontairement pour pouvoir avoir plus de temps de réfléchir de moi même en fait parce que finalement je me suis rendu compte que j'arrivais sur des séances ou en fait j'avais pas eu temps de préparer ou finalement ça devenait une charge j'étais plus dedans donc je me suis dit ça sert à rien d'y aller pour y aller donc là je prends un petit peu de recul en ce moment pour voir ce que je vais refaire d'un point de vue psy mais je me dis que la préparation mentale c'est très sympa mais j'aurais bien aimé coupler avec de la vraie psychologie parce que finalement plus on avance dans l'âge et la vie je trouve plus finalement je vais rencontrer des difficultés qui ne sont pas liées à ma façon de naviguer, ma façon parce que bon, tout ce qui est gestion du stress et compagnie ça je l'ai traité depuis un moment, mais ça va être plutôt des problématiques plus profondes liées à moi qui je suis, vraiment, quelle personne et du coup pourquoi j'agis comme ça sur l'eau en fonction de telle ou telle situation donc je suis plus en à vouloir creuser un peu plus sur ce côté là, dans les mois à venir mais globalement il y a un staff de 5-6 personnes qui sont autour de nous pour nous amener dans de la perf, donc c'est hyper enrichissant.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Une voile, un foil, une planche et tout le matériel nécessaire, ça coûte un peu plus cher qu'une paire de chaussures, même carbone. Et ça, c'est un facteur qui joue beaucoup sur une saison.

  • Lucie BELBEOCH

    Vu que c'est un support olympique, on est contraint d'avoir une monotypie. Donc il y a un seul vendeur qui peut vendre le matériel. Et donc, ce qui fait qu'on a tous le même équipement. Après, plus on a de budget, plus on peut acheter des voiles, plus on peut acheter des planches, des foils qui soient plus neufs et c'est quand même meilleur pour la performance. Donc ça, c'est ce que le grand public voit. Mais après, nous, en fait, en inside, deux voiles ne vont pas du tout être pareils. Alors, elles ont vraiment le même format, les mêmes couleurs, vraiment la même tête. Mais en fait, ça reste des coutures qui sont faites mains. Une planche, elle peut être produite en hiver. Je ne sais pas, le stockage, il est un peu plus humide. Donc, elle va être un petit peu plus lourde. Il y a plein de paramètres comme ça que nous, on ne maîtrise pas. Ce qui fait que quand on achète du matériel, c'est un petit peu le loto. On va voir si on va récupérer un foil qui est plutôt raide, plutôt souple. Tout ça, c'est une partie énorme de matériel. Et malgré le fait qu'à l'œil nu, c'est tout pareil. Finalement, pour nous, il y a des différences qui sont vraiment monstrueuses. Et on doit passer beaucoup de temps. Trouver des financements, investir, tester, voir ce qui est le mieux. C'est une grosse partie de la préparation pour les compètes. C'est un petit sujet aussi ça. Pour avoir un ordre d'idée, par exemple, une planche à voile complète, on est à 9 000 voire même 10 000 euros. Donc planche, voile, mât, foil, ça c'est monstrueux. Et après effectivement par saison, c'est quand même bien d'avoir... Genre voile, pour avoir des voiles fraîches pour les grands événements. Planche, non t'as pas besoin d'une planche neuve pour chaque compét' Mais bon, le prix de la saison peut vraiment varier en fonction de si j'ai trouvé du bon matériel ou pas. Parce que du coup si j'ai pas trouvé du bon matériel, effectivement là faut aligner parce que tant qu'on trouve pas quelque chose... C'est la course à l'armement, c'est sport à matériel, c'est toujours la problématique. Après ils travaillent dessus pour essayer de faire que la monotype soit la plus monotype possible, mais ça reste compliqué donc... Donc vraiment, une saison, ça peut être de 20 000 jusqu'à 120 000 euros. Ça dépend vraiment de ce que tu veux mettre. Il n'y a pas que le matériel, c'est ça. Il y a tout le staff médical aussi. Est-ce que tu veux un entraîneur privé ? Est-ce que tu veux un préparateur physique privé ? Il y a tellement de paramètres différents qu'effectivement, le prix des saisons, si on fait un tour de parking, personne n'aura le même tarif à la fin de la saison.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Pour se projeter vers une nouvelle Olympiade, avoir des partenaires est alors obligatoire et pas souvent évident dans un sport qui reste encore... peu médiatisé ?

  • Lucie BELBEOCH

    C'est sûr que déjà pour les Jeux Olympiques, la visibilité n'a pas été bonne, notamment dû aux résultats qui n'ont pas été bons pour la voile en général. Donc c'est sûr que quand il y a des sports à médailles, c'est plus simple de les montrer à la télé. Là, il n'y a plus énormément de médailles, donc ça n'a pas été relayé, alors que vraiment, les images étaient magnifiques. À Marseille, c'était hyper beau à voir, ils avaient bien fait le boulot, mais il n'y avait pas les médailles qui suivaient. Globalement, oui, après c'est un cercle vertueux, c'est-à-dire que si on nous diffuse... Du coup les gens vont peut-être s'y intéresser, donc du coup les partenaires oui. Enfin voilà, c'est pareil, qu'est-ce qu'on montre, qu'est-ce qu'on montre pas, c'est un peu comme aussi le sport féminin, le sport masculin, enfin bon, c'est compliqué. Il faudrait que ça se lance quoi, mais bon. Là pour l'instant on est plutôt dans un cercle vicieux que vertueux sur la voile olympique, mais à nous de faire le boulot aussi pour que ce soit sympa et puis qu'on fasse le boulot pour qu'on nous connaisse un petit peu quoi. Moi écoute, j'ai perdu des partenaires dans la route cette année donc... Je ne suis pas du tout dans l'équipe où on jette la pierre sur les partenaires. Je me dis que c'est une chance d'avoir des personnes qui nous suivent. Paris, évidemment, c'était exceptionnel. Donc, c'était une préparation olympique qui était vraiment particulière. C'est juste qu'effectivement, on va revenir dans les standards plus classiques, comme quand on préparait Tokyo et compagnie. C'est sûr que là, c'est plus loin, donc ça parle moins. On va bien voir comment ça se profile. Mais à voir effectivement si les grandes entreprises françaises ont été séduites par le format 2024 et sont prêtes à repartir pour... pour accompagner les athlètes jusqu'à 2028.

  • SUEUR D'ESPOIR

    En plus d'être athlète de l'équipe de France de voile, Lucie travaille aussi en banque à côté.

  • Lucie BELBEOCH

    Alors, ça, c'est quand même le nerf de la guerre. Sinon, c'est quand même compliqué de manger. Alors moi, aujourd'hui, j'ai de la chance d'être soutenue par la fédération. Et donc, je bénéficie d'un CIP. C'est une convention d'insertion professionnelle. Parce que du coup, moi, j'ai un diplôme. J'ai un bac plus 5 d'école de commerce à Paris. Et du coup, c'était intéressant de le faire fructifier, ce diplôme. Pour pas avoir un peu... pour me retrouver en post-carrière avec un CV complètement blanc, donc je travaille en banque aujourd'hui. J'ai 20% pour la banque et à 80% je suis détachée pour la Fédération française de voile, donc pour les entraînements, pour les déplacements, les compétitions et tout ça. Donc ce qui me permet d'avoir un salaire à temps plein, pouvoir aussi moi bosser, rencontrer aussi d'autres personnes et pouvoir utiliser mon diplôme et préparer la suite. Et ça c'est une super chance parce que même au niveau mental, je trouve que c'est très ressourçant de casser un peu les choses et d'avoir... avoir autre chose à côté. Moi j'ai toujours aimé justement ce double projet, que ce soit sport-études ou là travail-compétition, je me régale vraiment là-dedans. Donc c'est comme ça que je fonctionne aujourd'hui et ensuite j'ai des partenaires privés aussi qui me soutiennent pour l'achat de matériel et tout, les à côté en fait dont on a besoin, donc ça c'est hyper important. Moi je me rappelle par exemple au lycée, il y a eu une période où je m'étais blessée, et vraiment pendant trois mois j'avais que le lycée à gérer. Et mes parents étaient ravis, ils se sont dit c'est super, ça va exploser les notes. Et en fait c'était une catastrophe, j'étais plus du tout investie, parce qu'en fait j'avais trop de temps, mais du coup plus on a de temps moins on en fait. Et vraiment c'est là que je me suis dit, ah en fait cet équilibre là il me va, d'avoir les deux à fond tout le temps, c'est vraiment essentiel je trouve. En tout cas pour mon type de personnalité c'est top. Et c'est pour ça que moi, ça me donne vraiment un équilibre, une stabilité. Ça me permet aussi, quand je rentre de compétition, de switcher complètement, que ce soit bien passé ou pas. Ça veut dire que j'ai mon rôle de banquière à côté, qui me libère quand même pas mal d'esprit sur la planche à voile. C'est un exercice qui est sympa, franchement, de pouvoir switcher comme ça. Ça fait un peu double vie, mais c'est hyper, hyper enrichissant.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Le rêve sportif de Lucie se construit depuis le plus jeune âge, à Brest, d'où elle est originaire, et où une bonne partie du collectif France de voile s'entraîne. Le Pôle France de Brest est donc là où elle va à nouveau passer ses quatre prochaines années, là où le rêve olympique se façonne.

  • Lucie BELBEOCH

    Le parcours originel, c'est qu'on rentre en Pôle Espoir, ensuite en Pôle France, et après c'est circuit équipe de France et compagnie. Mais on est toujours attaché à un Pôle France, ce qui fait que quand on n'est pas en compétition, on revient dans nos pôles pour faire du travail foncier, revenir là-dessus. Et c'est vraiment la force du système français, c'est qu'on a ça. Et ça n'existe pas du tout ailleurs. Les Anglais ont un petit peu ce style. style-là de mise en place du travail, mais en France, c'est assez volontaire d'avoir un travail structurel dans les pôles, notamment l'hiver quand il n'y a pas trop de compétition. Et ça nous permet aussi de travailler avec les jeunes, les jeunes qui sont pour l'espoir, comme ça ils voient aussi à quoi ça ressemble le circuit professionnel senior.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Lorsqu'on est à Brest, le monde de la navigation n'est jamais bien loin. Et c'est d'ailleurs dans son cercle familial que son envie de naviguer est née.

  • Lucie BELBEOCH

    Ça a commencé déjà par naître à Brest, et c'est quand même une ville maritime, donc ça aide beaucoup. Et après, c'est souvent des histoires de famille dans le sport. Et moi, effectivement, c'est mon grand frère qui faisait de la planche à ouelle. Et mes parents m'ont inscrite, parce que je voulais quand même faire comme mon frère. Donc, ils m'ont inscrite au club de Brest, qui marchait bien. Et puis, moi, j'ai tout de suite adoré ce sport. Le fait d'être en extérieur, le fait d'être au contact de l'eau. J'ai vraiment, vraiment adoré la glisse et compagnie. Et finalement, par chance, ce club-là... était axée compétition, donc je suis grimpée, enfin j'ai grimpée comme ça en mode compétition, ça me plaisait, en tout cas ça me déplaisait pas, donc je continue sans trop me poser de questions, et ensuite, il y a toujours des passerelles, après la troisième, bon bah qu'est-ce que je fais ? Là j'avais beaucoup hésité à partir en sport études ou pas, finalement j'y suis allée pour suivre un peu les copains, on avait un super groupe à l'époque, donc ça m'avait bien poussée. Et d'ailleurs j'étais la seule fille à ce moment-là, donc c'était, ouais, je vois très bien quelles peuvent être les questions qu'on se pose à ce moment-là. Et j'y suis allée et c'était vraiment top. Et ensuite, pareil, après le bac, nouvelle passerelle, qu'est-ce que je fais ? Je pars pour les études, parce que je continue un petit peu le rêve. Et finalement, je me suis dit, je continue. Et je suis rentrée en fac, Pôle Espoir, puis Pôle France, École de Commerce. Tout ça en parallèle, tout a été hyper bien goupillé. On a de la chance aussi en France d'avoir des études qui permettent d'accueillir des athlètes. Donc ça, c'est chouette. Puis après, je suis rentrée en équipe de France en 2018. Et voilà, on a changé de support et compagnie. Et puis voilà, on a préparé Los Angeles. Donc ouais. Pas mal de questionnements au fil de l'eau, mais un bon début à Brest dans un super club avec des bonnes copines et puis ça m'a lancé.

  • SUEUR D'ESPOIR

    C'est souvent que l'on entend des meilleurs sportifs avoir eux aussi des parents qui ont été athlètes de haut niveau. Pour Lucie, ses parents ont pour autant suivi un chemin plus conventionnel. Et quand on est la première à suivre la voie du haut niveau, pas évident d'avoir réponse à toutes les questions qu'on peut se poser.

  • Lucie BELBEOCH

    C'était pas simple parce que je dirais la... La plus grosse passerelle où le choix était le plus compliqué à faire, c'est vraiment le post-bac, parce que moi je suis quand même issue d'une famille assez conventionnelle. Les études, c'est la priorité. On n'est pas trop farfelu là-dedans, et là je me dirigeais vers une vie un petit peu atypique quand même. L'athlète, c'est un peu... Bon, c'est pas commun. Et finalement, c'est en étant assez cartésienne et factuelle, en me renseignant bien sur les études et qu'est-ce que je voulais au bout, que je me suis rendue compte que finalement, au lieu de faire une prépa HEC, pour attendre mon école de commerce, je pouvais passer par la fac et attendre l'école de commerce ensuite, après. Ça me donnait trois ans d'entraînement supplémentaire pour voir aussi quelles étaient mes compétences sportives parce que si, j'aurais pu tout à fait me prendre un mur et ne pas réussir à switcher au niveau senior. Finalement, ça a été. Et puis, en fait, en fin de compte, j'ai atteint une école de commerce hyper bien renommée, l'ESCP à Paris, une école que je ne visais même pas au début si j'avais fait une prépa et que finalement, le sport m'a permis d'avoir. Et donc là, je remercie vraiment mon choix, mes parents de m'avoir soutenu là-dedans aussi. Enfin, pas soutenu, mais suivi. Et puis d'avoir réussi à bien bosser et d'avoir pu faire les deux. Et au final, je repars avec un diplôme, je pense, meilleur que si j'avais arrêté la planche à voile. Ça m'a bien aidée. Merci, la planche à voile.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans le monde de la voile, il y a aussi un phénomène qui interpelle, c'est la grande majorité d'hommes, et ça se ressent même dans le staff qui encadre les athlètes. D'ailleurs en 2022, le pôle ressource national Sport Nature a mené une étude qui rapportait que plus de 80% des professionnels de l'encadrement de la voile étaient des hommes.

  • Lucie BELBEOCH

    La voile c'est un sport qui est hyper masculin, la planche à voile d'autant plus. Donc on est clairement en minorité, même au niveau du staff, c'est une catastrophe. Que des hommes, quasiment sur du 100% masculin. Enfin, je dis que c'est une catastrophe, je ne veux pas dire que le travail est catastrophique, je veux juste dire qu'en terme d'ouverture d'esprit et de choc des cultures et des façons de réfléchir, on n'est pas bon. Mais bon, c'est... J'espère qu'on va réussir à trouver des solutions pour rééquilibrer un petit peu ça. Et après, nous, on n'a pas le même matériel que les garçons. On a des voiles plus petites, donc on a les mêmes foils, mais on a des voiles plus petites, ce qui fait que... On est quand même pas mal séparés sur les entraînements et les compétitions, mais on essaie quand même de garder une connexion et des échanges sur tous les sujets qu'on peut partager en fait. Moi, je suis pour la mixité, pour le partage, l'échange, parce qu'on a tous des choses à s'apprendre. C'est sûr qu'on a des compétences complètement différentes et c'est hyper intéressant. Mais on est en forte minorité. C'est pour ça que j'essaie de me battre aussi pour... Pour les jeunes, pour qu'elles se rendent compte que c'est possible et que tu peux avoir une super vie en faisant de la planche à voile et qu'il faut y aller. C'est un super sport et qu'on se régale.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Là où dans la plupart des sports, on travaille par cycle, endurance, vitesse, explosivité, spécifique, etc. En IQFoil, il faut tout travailler en même temps.

  • Lucie BELBEOCH

    C'est comme un peu en triathlon, je pense, ou en Décathlon, c'est qu'on est obligé de bosser sur tout en même temps. Mais du coup, il y a certaines choses qui sont un peu contraires. Donc, on essaie d'être les plus polyvalents possibles, d'avoir le moins de coquilles possible pour pouvoir matcher dès qu'il y a les conditions. Et oui, sur des profils marathons, effectivement, on va plutôt bosser de l'endurance et compagnie. Mais quoi qu'il arrive, l'endurance, pour nous, elle est importante parce que comme la compétition, elle dure quasiment une semaine, on est obligé d'être endurant. Sinon, on éclate au bout de deux jours et ça ne marche plus. Et après, oui, sur des formats sprint qu'on a, là, il faut être hyper explosif, hyper... solide là-dessus. Et même en prépa mental, je dirais, c'est un truc qu'on aborde aussi parce qu'on ne va pas du tout avoir le même état d'esprit si on part sur une course de 1h15 ou une course de 4 minutes. Ouais, rien qu'en en parlant, je me dis c'est vrai qu'on bosse sur plein de trucs différents. C'est ça aussi qui est sympa, c'est-à-dire qu'on ne s'ennuie jamais.

  • SUEUR D'ESPOIR

    C'est d'ailleurs le bon moment pour vous expliquer comment se déroule une compétition en IQFoil. Prenons l'exemple des JO de Paris 2024. La compétition se tâche sur près d'une semaine. Chaque jour, les athlètes disputent plusieurs courses qu'on appelle régates. Il y en a 12 au total et à chaque régate, des poissons attribués. Moins le classement est bon, plus on prend de points. Par exemple, si on finit deuxième, on prend 2 points, troisième 3 points, quatrième 4 points, etc. Comme au golf, le but c'est d'avoir le moins de points possible. A la fin de ces 12 régates, les 10 meilleurs sont qualifiés pour la phase finale, la fameuse medal race. La medal race, pour vous expliquer plus clairement, c'est un format à élimination directe en 3 étapes, quart, demi et finale. La première des qualifications est directement qualifiée pour la finale. Ensuite, les athlètes classés de la 4ème à la 10ème place s'affrontent en quart. Les deux meilleurs de cette manche avancent en demi-finale. En demi, elles rejoignent la 2ème et la 3ème des qualifs. Et là encore, seules deux passent en finale. La finale réunit donc 3 athlètes. Les compteurs sont remis à zéro. et celle qui franchit la ligne la première remporte la médaille d'or. Vous pouvez donc avoir fini dixième au terme des douze régates et quand même remporter la médaille d'or. Et c'est ça qui fait tout le piment de l' IQ Foil. Mais ça crée aussi une part d'injustice qui ne récompense pas vraiment la régularité.

  • Lucie BELBEOCH

    Ouais, déjà t'as bien révisé, parce que t'es bien au courant des problématiques qu'on vit là. C'est sûr que le format des medal race, vraiment les medal race, c'est le dernier jour où on retrouve le top 10, et maintenant c'est un top 8. C'est assez atypique, ça n'existait pas avant sur l'autre planche à voile. La finale se passait de manière normale, avec des points normaux. Et là maintenant, toujours dans l'idée de rendre ça plus spectaculaire et compagnie, et plus compréhensible, ils ont voulu faire un peu quelque chose dans le format quart, demi, finale. Effectivement le dernier jour finalement même si tu as gagné tout toute la semaine, en fait, tu peux complètement perdre et être éjecté du podium. Après, il y a eu énormément de discussions là-dessus pendant ces quatre dernières années parce que, imagine-toi, les premiers championnats, ils prenaient le top 12, donc 12 entre le premier et le douzième, il y a un gouffre quand même. Et en fait, le douzième pouvait gagner la compétition. Donc, c'était beaucoup trop violent. Finalement, en discutant avec les athlètes, les entraîneurs et compagnie, on a arrivé à faire évoluer un petit peu le format pour que ce soit moins tragique et moins aléatoire parce que finalement, nous aussi on est un sport. C'est-à-dire que tu as gagné toute la semaine et si tu te prends un sac plastique le jour de la finale, tu es cuit et perdre des Jeux Olympiques là-dessus, c'est un peu dur. Donc, ils ont travaillé là-dessus. Il y a eu un format pour Paris. Finalement, il n'a pas été encore plébiscité parce qu'il y a encore eu des drames. En fait, c'est hyper dur mentalement pour les athlètes parce que c'est quatre ans pour une finale comme ça qui va si vite. C'est dur, mais à la fois, quand on se rapproche un peu des autres sports, bah oui, tu cours ton 100 mètres, t'as un 100 mètres, ça se joue là, et y'a pas d'autres sujets. Donc bon, c'est un truc à discuter, mais là, aujourd'hui, maintenant, là je sors de deux Coupes du Monde, ils ont testé un format qui est nouveau, la finale se joue à 8, ce qui a plus de sens, enfin, à mon avis, par rapport à ce qui se fait au niveau des JO, parce que des finales à 10, ça n'existe pas, et donc on est à 8, et donc il y a quand même un système de protection qui protège un petit peu, quand même, la première et la deuxième du classement général, notamment. Donc c'est... on se rapproche de trucs qui sont un peu... un petit peu plus doux, un peu plus cohérent sportivement, mais encore une fois, qui du coup prennent plus de temps. C'est un peu moins compréhensible parce que... "Alors elle, OK, elle a gagné cette course, mais pourquoi elle fait la gueule ? Ah oui, parce que l'autre avait une étoile, un bonus de machin". Donc bon, c'est toujours un petit peu compliqué et je pense qu'on va encore changer de format, mais on va voir comment ça évolue. Après, c'est le jeu, on verra bien ce qu'ils choisissent à la fin. Mais c'est un petit sujet, et notamment mentalement, parce que c'est super tout pour quelqu'un qui tombe sur toi ou compagnie. Bon ça fait beaucoup d'éléments qui peuvent faire... foirer quelque chose et qui n'était pas trop plébiscité par les athlètes. Mais bon, on verra qui aura le dernier mot.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Sur sa planche, Lucie glisse, flotte, vole. Une passion qu'elle a découvert jeune et qu'elle n'a jamais arrêtée. Sur l'eau, impossible de la louper, une grande voile rouge marquée du drapeau français et de son numéro FRA18. Dans un monde maritime fait de plus ou moins grandes voiles, elle a appris à faire son chemin, dans un milieu essentiellement masculin. Elle a appris à composer avec les vents, même contraires, et malgré le matériel à financer, les courses à enchaîner, le boulot à gérer, elle ne s'est jamais découragée. Chaque matin, quand les conditions le permettent, elle enfile sa combinaison. Chaque matin, elle revient sur l'eau, pas pour fuir, mais pour construire. Dans l'incertitude permanente de ce sport à ciel ouvert, elle sait pour autant que les rêves se préparent à terre, mais qu'ils se jouent en mer. Et quand l'océan devient une arène, il faut être prêt à tout. À rater un départ, à changer de cap, à repenser sa stratégie ou à inventer la sienne. À Paris, elle n'a pas réussi à être de la partie, mais elle sait que sur l'eau, le vent tourne, et dans une vie aussi. Alors Lucie avance, avec un cap clair en tête, celui de Los Angeles 2028. Avant d'espérer traverser l'Atlantique, elle aura fort à faire au Danemark, début juillet, où auront lieu les prochains championnats du monde. Pour suivre sa préparation jusqu'aux prochains JO. Allez la suivre sur ses réseaux, en prime vous aurez le droit à de superbes vidéos. Merci à Lucie pour cet échange où j'ai appris énormément de choses. J'espère que vous aussi vous avez apprécié cette petite virée en mer. C'est la fin de cet épisode, abonnez-vous au podcast pour ne rien manquer des prochains, et rendez-vous sur la page Instagram Sueur d'Espoir pour d'autres contenus tout aussi intéressants. Merci pour votre écoute, c'était Sueur d'Espoir.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Explication de l'IQ Foil

    01:07

  • Thèmes abordés durant le podcast

    02:02

  • RS:X vs IQ Foil : Quelles différences ?

    02:23

  • Le changement physique que ça implique

    04:09

  • Les profils avantagés en IQ Foil

    05:21

  • Les évolutions tactiques et stratégiques

    05:50

  • Une saison en IQ Foil

    06:10

  • Les coupes du monde en IQ Foil

    06:55

  • La nécessité de s'adapter dans un sport en plein air

    07:19

  • Le choix entre études et sport et les différences de pensée entre les garçons et les filles

    09:07

  • La qualification pour les JO de Paris 2024

    09:54

  • L'échec dans une carrière d'athlète

    12:48

  • Son staff et la préparation mentale

    13:13

  • Le coût du matériel et la différence entre ce que le grand public voit et la réalité

    14:54

  • La visibilité de la voile et la recherche de partenaires

    17:20

  • Son métier en banque, un équilibre nécessaire

    18:59

  • Ses débuts à Brest, pôle espoir, pôle France...

    21:01

  • La naissance de son envie de naviguer, sports études, l'équipe de France

    21:57

  • Choisir la voie du haut niveau dans une famille conventionnelle / Etudes prestigieuses et planche à voile

    23:42

  • La voile, un sport majoritairement masculin. Le déséquilibre flagrant hommes / femmes dans l'encadrement

    25:16

  • Être polyvalent pour performer / L'approche des courses selon le format

    26:57

  • Le déroulé d'une compétition en IQ Foil

    27:58

  • La Medal Race et sa part d'injustice

    28:37

  • Conclusion

    31:50

Description

🌊 Dans cet épisode, on prend le large avec Lucie Belbeoch, membre de l’équipe de France de voile et spécialiste de l’IQ Foil, une discipline aussi technique que spectaculaire où l’on vole littéralement au-dessus de l’eau.

De Brest à Los Angeles 2028, en passant par Paris, Lucie nous emmène dans son quotidien d’athlète de haut niveau. Préparation physique, matériel à plus de 10 000€, nouvelles règles de course, écarts de genre, manque de visibilité… rien n’est épargné.

🎙 On parle de :
– La transformation du RS:X vers l’IQ Foil
– La difficulté de vivre de ce sport encore peu médiatisé
– L’exigence mentale et physique dans une discipline en pleine mutation
– L'importance du collectif dans un sport individuel
– Le rêve de Los Angeles 2028, malgré la non-sélection pour Paris
– Être une femme dans un milieu majoritairement masculin

Une immersion dans une discipline spectaculaire, exigeante, encore trop méconnue — portée par une voix lucide, inspirante et déterminée.
⛵ Une petite virée en mer qui je l’espère vous plaira !


***

🎙 Sueur d’Espoir, c’est le podcast qui raconte le sport de haut niveau différemment.

Pendant quelques minutes, découvrez le parcours de ceux qui rêvent grand.

Entre récit narratif et interview, je vous emmène dans la vraie vie des meilleurs athlètes.
Les hauts, les bas, les doutes… et l’espoir.
Chaque épisode, un sport. Une discipline. Une trajectoire.

Sports olympiques ou non, tous ont la même obsession :
Aller au bout de leurs ambitions.


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Transcription

  • SUEUR D'ESPOIR

    De la sueur de l'effort naît la lueur de l'espoir. Bienvenue dans Sueur d'espoir, le podcast qui raconte le parcours d'athlètes ayant décidé de mettre leurs rêves au premier plan. Bonne écoute. Dans ce nouvel épisode de Sueur d'espoir, aujourd'hui on prend le large. Vous avez toujours rêvé de voler sur l'eau ? Et bien c'est un peu le quotidien de l'athlète du jour. L'IQ Foil, si ça ne vous parle pas, sachez déjà que c'est un sport olympique et que ça va très très vite. Une planche à voile avec un foil, des vitesses à plus de 15 nœuds sur l'eau, soit plus de 30 km heure, c'est un peu le topo que je vous propose. Des compétitions d'une semaine composées de plusieurs épreuves où chaque jour le classement peut basculer et avec une dernière manche au format stressant où le gagnant remporte tout. Retenez votre souffle, on part en mer direction Brest avec une athlète de l'équipe de France d'IQ Foil, Lucie Belbeoch. L'IQ Foil, c'est grossièrement une planche à voile avec un foil. Un foil, rapidement, c'est un mât relié à deux ailerons. Les deux ailerons vont sous l'eau, ça va créer de la portance et ces deux ailerons ont chacun leur rôle pour assurer la maniabilité. et la stabilité de la navigation. Le vent est la force motrice, sans vent on ne peut pas naviguer, et l'idée est que le vent propulse la voile, ce qui vous fait avancer, et grâce à la portance du foil, la planche se lève de l'eau, ce qui vous donne la sensation de voler. Au final, la seule résistance à l'eau restante, c'est celle du foil avec le mât, et les ailerons immergés dans l'eau. C'est ce peu de résistance à l'eau qui fait qu'on peut aller très très vite avec ce type de planche à voile. Chez les hommes, on peut aller jusqu'à 50 km heure. C'est dur de se rendre compte que ça représente 50 kmh sur l'eau, je peux vous assurer que ça va super vite. Allez, j'arrête le passage c'est pas sorcier, rentrons dans le vif du sujet. Entraînement, prix du matériel, Jeux Olympiques, partenariat et le fait d'évoluer dans un milieu essentiellement masculin en tant que femme, ce sont tous les sujets que l'on va parcourir avec Lucie. Le but, découvrir et comprendre ce que c'est d'être athlète olympique en IQ Foil. Une carrière d'athlète, c'est 80% d'échecs pour... 20% de kiff quoi ! Aujourd'hui, il y a 10 séries olympiques en voile. Les séries historiques, puis les nouvelles séries qui volent, dont fait partie l'IQ Foil. En effet, L'IQ Foil, c'est une nouvelle série qui a connu ses premiers Jeux Olympiques cet été à Marseille pour les JO de Paris 2024. La planche à voile était déjà discipline olympique, mais sous un autre nom... le RS-X.

  • Lucie BELBEOCH

    La différence entre avant et maintenant c'est dans le nom ce fameux foil qui fait qu'avant les vitesses des plus tôt autour de 10 km heure contre 3 à 4 fois plus rapide désormais. Je navigue avec ma montre gps qui m'indique en noeud donc en kilomètres je pourrais même pas te dire mais mais ça va beaucoup plus vite qu'avant donc c'est sûr que ça change c'est pour ça maintenant on a des casques et des gilets d'impact obligatoire parce que d'un point de vue blessure on a découvert des nouvelles blessures, des luxations d'épaule, ce genre de choses qu'on n'avait pas avant parce qu'on tombait entre guillemets au ralenti. D'ailleurs on tombait pas en fait. Là c'est beaucoup plus l'équilibre est plus précaire on va dire en foil. Les différences principales c'est vraiment cette partie-là foil. Donc là on vole au-dessus de l'eau et c'est des sensations qui sont complètement différentes. C'est vraiment la formule 1 de la planche à voile. Et puis en fait c'est un peu aussi l'évolution de la voile en général. Si on suit un peu des courses comme le Vendée Globe ou des choses comme ça de la course au large, en fait on voit de plus en plus de... de bateaux qui sont sur des foils. Et donc, ça se traduit aussi au niveau olympique avec des planches à vol à foils, des kites à foils. Tout le monde bascule là-dessus. Donc ça, grosse, grosse différence.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Vous le voyez peut-être venir, mais ces changements de vitesse impliquent pas mal de changements, notamment physiques.

  • Lucie BELBEOCH

    Sur l'ancienne planche à voile, il fallait plutôt avoir un physique un peu marathonien, très endurant, assez sec, plutôt léger et tonique. Et là, sur des foils, on a découvert assez rapidement que plus l'athlète était lourd, plus le foil pouvait accélérer. Donc là-dessus, ça a fait un grand, grand changement. Moi, j'avais un gabarit, je ne suis pas très grande, et pour les RS-X, j'étais descendue jusqu'à 53 kg. Et là, au maximum, sur l'IQ foil, j'ai fait 67. Et donc, c'est assez costaud comme modification parce que ça prend du temps de créer du poids. Tout que nous, on a plutôt intérêt à créer du poids intelligent, entre guillemets. Le gras, c'est facile à faire, mais le muscle, c'est beaucoup plus long. Et c'est énergivore. On passe énormément de temps à la salle pour se muscler. Ensuite, il y a toute la partie alimentation qui est hyper conséquente dans le projet. Et là, je suis retombée. Enfin, 67, c'était vraiment le max que j'ai pu faire, mais je ne me sentais vraiment pas bien. Donc, je suis redescendue à des poids un peu plus mezzo-mezzo, du 60, 63. Mais oui. c'est un truc qu'on doit quand même garder bien en tête

  • SUEUR D'ESPOIR

    Forcément, ça rebat les cartes et les profils avantagés d'avant ne sont plus les profils avantagés de maintenant.

  • Lucie BELBEOCH

    Ceux qui étaient pénalisés en RS-X se sont vu éclore en IQ Foil, mais tant mieux pour eux, des gabarits qui sont hyper grands, qui étaient presque en sous-nutrition sur l'ancienne planche à voile, bon bah là ils ont pu s'exprimer, de manière plus sympa. On naît avec le corps qu'on a, la taille qu'on a, et puis après on fait avec.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Même dans la manière de naviguer, cette nouvelle classe implique de tout recommencer au début.

  • Lucie BELBEOCH

    On a vu beaucoup d'évolutions sur tout ce qui était tactique, stratégie, puisque tout va beaucoup plus vite, donc on n'a pas les mêmes problématiques qu'on avait avant. Après, ça reste de la régate comme on le faisait auparavant, mais c'est pas le même sport.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Et une saison en IQ foil, comment ça se passe ?

  • Lucie BELBEOCH

    Alors, moi, ça fait longtemps que je suis dans le circuit. Par Olympiade, ça a évolué en fait, parce que les directeurs et les dirigeantes ne sont pas les mêmes d'une Olympiade à l'autre. Donc moi, j'ai tout connu. J'ai connu le système par Olympiade, où là, on avait un groupe déterminé en début de préparation olympique qui allait jusqu'au bout. Maintenant, c'est complètement différent. Les groupes sont beaucoup plus resserrés. Et puis, à chaque championnat du monde, tout est remis à plat, ce qui est plutôt bien, parce que du coup, ça re-challenge à fond les athlètes. donc ça c'est plutôt sympa et donc effectivement là pour Los Angeles On part sur quelque chose comme ça qui va se faire de saison à saison. Et les saisons sont plutôt rythmées par le championnat du monde qui pour nous est le plus important. Nous, c'est vrai que les Coupes du Monde, ce n'est pas le plus sexy. Pour nous, les Coupes du Monde, c'est plutôt des compétitions d'entraînement pour être performant le jour du championnat du monde. Donc globalement, gagner quatre Coupes du Monde dans l'année, mais finir 30e au championnat du monde, ça n'a pas trop d'intérêt. Donc on est vraiment observé sur le mondial. C'est vraiment là qu'on doit tout casser.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans un sport en plein air, les conditions extérieures peuvent faire totalement basculer les scénarios de course ou des plans travaillés au préalable. Ainsi, dans l'IQ foil, le maître mot, c'est vraiment l'adaptabilité.

  • Lucie BELBEOCH

    Chaque entraînement, on regarde les fichiers météo. C'est quelque chose qu'on a l'habitude de faire au quotidien, que ce soit les courants, les nuages, les cartons. Tout ça, on connaît, donc on le fait. Et après, effectivement, on a un soutien fédéral sur certaines compétitions où là, on peut avoir des choses un peu plus détaillées. Mais après, évidemment, la météo, ça reste que des prévisions. Donc, c'est toujours des bonnes indications, mais attention à ne pas se faire avoir non plus le jour J. Il suffit d'un nuage, nous, pour que ça nous affecte. Donc, il faut quand même rester bien éveillé et faire attention à ce qu'on lit. Ce n'est pas toujours la vraie vie. Alors moi, j'aime bien avoir un plan en tête de base, bien imager qu'est-ce qui va se passer aussi, où va être notre zone de course, et regarder un peu par rapport aux reliefs, notamment, par exemple, on a des endroits comme Marseille où il y a beaucoup de montagnes autour, donc c'est quand même hyper important de regarder avant qu'est-ce qui pourrait se passer, et d'avoir un préplan en tête. Notre préplan va influencer nos réglages aussi, parce qu'on a quand même beaucoup de réglages en sport matériel, donc il est bien de savoir où on va, qu'est-ce qui pourrait se passer, et après, évidemment, la vraie vie sur l'eau, c'est rarement comme on l'imagine. Là, il faut rester sur le qui-vive et bien bien regarder ce qui se passe pour ne pas se faire avoir. Chez nous, les profils lourds vont plutôt être sereins quand ils vont voir des conditions de météo fortes. Et puis les petits gabarits, ça va être un peu plus compliqué. Et puis à l'inverse, globalement, des gabarits plus légers peuvent s'en sortir un peu mieux dans des vents légers. Si on fait vraiment de manière caricaturale, ça peut être un peu résumé comme ça.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Avant d'en arriver à préparer les Jeux Olympiques, il y a quand même quelques étapes à franchir, avec notamment les années jeunes, où l'équilibre à trouver entre études et sport de haut niveau n'est jamais simple.

  • Lucie BELBEOCH

    Moi je suis passée par là, donc je sais exactement quelles questions les jeunes filles peuvent se poser. D'ailleurs globalement on se pose beaucoup plus de questions que les garçons, notamment sur les études. Généralement, les filles vont se dire « Oula, ça va peut-être être un peu chaud, vaut peut-être mieux que je fasse les études » . globalement, on voit des profils plus prudents que les gars qui ne vont pas trop se poser de questions, qui disent "c'est marrant, on continue". C'est là où je pense qu'il faut être vigilant et leur ouvrir l'esprit sur le fait que c'est hyper possible. Si elles ont la passion, qu'elles aiment ça, qu'elles n'aient pas trop de barrières à se mettre.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans un sport olympique, forcément, participer au JO, c'est le Graal. Mais avec 25 concurrentes aux JO contre 100 habituellement aux championnats du monde, cela restreint les quotas par nation. Ainsi, pour espérer représenter la France dans son propre pays, il n'y avait qu'une seule place pour les femmes et une seule place pour les hommes. L' IQ Foil s'avère très compétitif.

  • Lucie BELBEOCH

    C'est sûr que quand on fait un sport olympique, c'est quand même le sujet prépondérant, les Jeux olympiques. Donc ça, c'est clair. Après, nous, on sait, en plus dans notre sport, c'est assez dur parce que c'est assez violent comme sélection. C'est qu'un homme et une femme par catégorie, par nation. Donc quand on se lance là-dedans, on sait qu'il y en aura une, pas deux. Donc on sait que ça va être dur. Ce qui est particulier chez nous, c'est qu'on a un sport individuel, mais on ne progresse pas sans le collectif. Donc on travaille ensemble, on vit ensemble, on est quand même... Toutes très proches et on sait que si c'est pas moi, c'est elle, ou si c'est elle, c'est pas moi. C'est assez particulier et je trouve que c'est très intéressant humainement de vivre cette expérience-là.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Encore RSX en 2020, pour les JO de Tokyo, Lucie est alors partenaire d'entraînement de Charline Picon, championne olympique à Rio en 2016. Pour cette édition, Lucie sera remplaçante et Charline prendra la médaille d'argent. C'est peu de temps après que la bascule du RS-X vers l'IQ foil est faite. En 2022, lors des IQ Foil Games de Lanzarote, qui vient lancer la saison avec les meilleurs mondiaux réunis, Lucie prend la troisième place. En 2023, c'est la deuxième place qu'elle prend à la Coupe du Monde de Palma de Mallorca. Mais comme Lucie l'a dit, c'est lors des Championnats du Monde qu'il faut briller. Et en 2023, c'est au Pays-Bas que les Championnats du Monde ont lieu. La seule place pour Paris 2024 est rude, avec notamment face à elle, Hélène Noesmoen, triple championne d'Europe, et double championne du monde en IQ foil et Lola Sorin, qui a terminé devant elle lors des championnats du monde de 2022.

  • Lucie BELBEOCH

    Les résultats parlent d'eux-mêmes, c'est la meilleure qui ira. Normalement, si les sélectionneurs font bien leur boulot, il n'y a pas de sujet là-dessus. On a des grilles, ils nous attendent sur telle ou telle épreuve, soit on y est pas, et du coup, il faut repartir au boulot pour après. Donc oui, c'est un risque à prendre. Après, si on a peur de ne pas être sélectionné, il ne faut pas se lancer là-dedans. Mais moi, je n'ai pas trop peur et j'aime bien quand même les difficultés. Donc, ce qui fait que je suis toujours là et que l'histoire est quand même hyper sympa à vivre. Qu'on y soit ou qu'on n'y soit pas, c'est quand même incroyable.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Meilleure française lors de ses championnats du monde avec une cinquième place, c'est finalement Hélène Noesmoen qui représentera les couleurs bleu-blanc-rouge dans la Rade de Marseille.

  • Lucie BELBEOCH

    Un des sujets que j'aime bien aborder, c'est l'échec. Parce qu'en fait, une carrière d'athlète, c'est 80% d'échecs pour 20% de kiff. C'est un peu, finalement, dans la vie active, on est confronté à pas mal d'échecs. Et comment on fait ? Comment je me redonne de la valeur ? Comment je repars à zéro ? Comment je grandis après des échecs comme ça ?

  • SUEUR D'ESPOIR

    Pas de quoi dissiper le rêve olympique de Lucie pour autant. Et réussir à se reprojeter, ça passe aussi par un entourage et un staff solide.

  • Lucie BELBEOCH

    Alors moi, du coup, dans l'écosystème, on a l'entraîneur national, donc avec le groupe. Après, on a le préparateur physique. On a accès aussi à une nutritionniste. J'avoue que cet item-là, je l'ai utilisé, mais je l'utilise beaucoup moins maintenant. Après, on a tout ce qui est médecin, kiné et aussi prépa mental. Donc prépa mental, moi, je l'en ai fait très longtemps. Là après la sélec de paris 2024 j'ai un peu temporisé pour volontairement pour pouvoir avoir plus de temps de réfléchir de moi même en fait parce que finalement je me suis rendu compte que j'arrivais sur des séances ou en fait j'avais pas eu temps de préparer ou finalement ça devenait une charge j'étais plus dedans donc je me suis dit ça sert à rien d'y aller pour y aller donc là je prends un petit peu de recul en ce moment pour voir ce que je vais refaire d'un point de vue psy mais je me dis que la préparation mentale c'est très sympa mais j'aurais bien aimé coupler avec de la vraie psychologie parce que finalement plus on avance dans l'âge et la vie je trouve plus finalement je vais rencontrer des difficultés qui ne sont pas liées à ma façon de naviguer, ma façon parce que bon, tout ce qui est gestion du stress et compagnie ça je l'ai traité depuis un moment, mais ça va être plutôt des problématiques plus profondes liées à moi qui je suis, vraiment, quelle personne et du coup pourquoi j'agis comme ça sur l'eau en fonction de telle ou telle situation donc je suis plus en à vouloir creuser un peu plus sur ce côté là, dans les mois à venir mais globalement il y a un staff de 5-6 personnes qui sont autour de nous pour nous amener dans de la perf, donc c'est hyper enrichissant.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Une voile, un foil, une planche et tout le matériel nécessaire, ça coûte un peu plus cher qu'une paire de chaussures, même carbone. Et ça, c'est un facteur qui joue beaucoup sur une saison.

  • Lucie BELBEOCH

    Vu que c'est un support olympique, on est contraint d'avoir une monotypie. Donc il y a un seul vendeur qui peut vendre le matériel. Et donc, ce qui fait qu'on a tous le même équipement. Après, plus on a de budget, plus on peut acheter des voiles, plus on peut acheter des planches, des foils qui soient plus neufs et c'est quand même meilleur pour la performance. Donc ça, c'est ce que le grand public voit. Mais après, nous, en fait, en inside, deux voiles ne vont pas du tout être pareils. Alors, elles ont vraiment le même format, les mêmes couleurs, vraiment la même tête. Mais en fait, ça reste des coutures qui sont faites mains. Une planche, elle peut être produite en hiver. Je ne sais pas, le stockage, il est un peu plus humide. Donc, elle va être un petit peu plus lourde. Il y a plein de paramètres comme ça que nous, on ne maîtrise pas. Ce qui fait que quand on achète du matériel, c'est un petit peu le loto. On va voir si on va récupérer un foil qui est plutôt raide, plutôt souple. Tout ça, c'est une partie énorme de matériel. Et malgré le fait qu'à l'œil nu, c'est tout pareil. Finalement, pour nous, il y a des différences qui sont vraiment monstrueuses. Et on doit passer beaucoup de temps. Trouver des financements, investir, tester, voir ce qui est le mieux. C'est une grosse partie de la préparation pour les compètes. C'est un petit sujet aussi ça. Pour avoir un ordre d'idée, par exemple, une planche à voile complète, on est à 9 000 voire même 10 000 euros. Donc planche, voile, mât, foil, ça c'est monstrueux. Et après effectivement par saison, c'est quand même bien d'avoir... Genre voile, pour avoir des voiles fraîches pour les grands événements. Planche, non t'as pas besoin d'une planche neuve pour chaque compét' Mais bon, le prix de la saison peut vraiment varier en fonction de si j'ai trouvé du bon matériel ou pas. Parce que du coup si j'ai pas trouvé du bon matériel, effectivement là faut aligner parce que tant qu'on trouve pas quelque chose... C'est la course à l'armement, c'est sport à matériel, c'est toujours la problématique. Après ils travaillent dessus pour essayer de faire que la monotype soit la plus monotype possible, mais ça reste compliqué donc... Donc vraiment, une saison, ça peut être de 20 000 jusqu'à 120 000 euros. Ça dépend vraiment de ce que tu veux mettre. Il n'y a pas que le matériel, c'est ça. Il y a tout le staff médical aussi. Est-ce que tu veux un entraîneur privé ? Est-ce que tu veux un préparateur physique privé ? Il y a tellement de paramètres différents qu'effectivement, le prix des saisons, si on fait un tour de parking, personne n'aura le même tarif à la fin de la saison.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Pour se projeter vers une nouvelle Olympiade, avoir des partenaires est alors obligatoire et pas souvent évident dans un sport qui reste encore... peu médiatisé ?

  • Lucie BELBEOCH

    C'est sûr que déjà pour les Jeux Olympiques, la visibilité n'a pas été bonne, notamment dû aux résultats qui n'ont pas été bons pour la voile en général. Donc c'est sûr que quand il y a des sports à médailles, c'est plus simple de les montrer à la télé. Là, il n'y a plus énormément de médailles, donc ça n'a pas été relayé, alors que vraiment, les images étaient magnifiques. À Marseille, c'était hyper beau à voir, ils avaient bien fait le boulot, mais il n'y avait pas les médailles qui suivaient. Globalement, oui, après c'est un cercle vertueux, c'est-à-dire que si on nous diffuse... Du coup les gens vont peut-être s'y intéresser, donc du coup les partenaires oui. Enfin voilà, c'est pareil, qu'est-ce qu'on montre, qu'est-ce qu'on montre pas, c'est un peu comme aussi le sport féminin, le sport masculin, enfin bon, c'est compliqué. Il faudrait que ça se lance quoi, mais bon. Là pour l'instant on est plutôt dans un cercle vicieux que vertueux sur la voile olympique, mais à nous de faire le boulot aussi pour que ce soit sympa et puis qu'on fasse le boulot pour qu'on nous connaisse un petit peu quoi. Moi écoute, j'ai perdu des partenaires dans la route cette année donc... Je ne suis pas du tout dans l'équipe où on jette la pierre sur les partenaires. Je me dis que c'est une chance d'avoir des personnes qui nous suivent. Paris, évidemment, c'était exceptionnel. Donc, c'était une préparation olympique qui était vraiment particulière. C'est juste qu'effectivement, on va revenir dans les standards plus classiques, comme quand on préparait Tokyo et compagnie. C'est sûr que là, c'est plus loin, donc ça parle moins. On va bien voir comment ça se profile. Mais à voir effectivement si les grandes entreprises françaises ont été séduites par le format 2024 et sont prêtes à repartir pour... pour accompagner les athlètes jusqu'à 2028.

  • SUEUR D'ESPOIR

    En plus d'être athlète de l'équipe de France de voile, Lucie travaille aussi en banque à côté.

  • Lucie BELBEOCH

    Alors, ça, c'est quand même le nerf de la guerre. Sinon, c'est quand même compliqué de manger. Alors moi, aujourd'hui, j'ai de la chance d'être soutenue par la fédération. Et donc, je bénéficie d'un CIP. C'est une convention d'insertion professionnelle. Parce que du coup, moi, j'ai un diplôme. J'ai un bac plus 5 d'école de commerce à Paris. Et du coup, c'était intéressant de le faire fructifier, ce diplôme. Pour pas avoir un peu... pour me retrouver en post-carrière avec un CV complètement blanc, donc je travaille en banque aujourd'hui. J'ai 20% pour la banque et à 80% je suis détachée pour la Fédération française de voile, donc pour les entraînements, pour les déplacements, les compétitions et tout ça. Donc ce qui me permet d'avoir un salaire à temps plein, pouvoir aussi moi bosser, rencontrer aussi d'autres personnes et pouvoir utiliser mon diplôme et préparer la suite. Et ça c'est une super chance parce que même au niveau mental, je trouve que c'est très ressourçant de casser un peu les choses et d'avoir... avoir autre chose à côté. Moi j'ai toujours aimé justement ce double projet, que ce soit sport-études ou là travail-compétition, je me régale vraiment là-dedans. Donc c'est comme ça que je fonctionne aujourd'hui et ensuite j'ai des partenaires privés aussi qui me soutiennent pour l'achat de matériel et tout, les à côté en fait dont on a besoin, donc ça c'est hyper important. Moi je me rappelle par exemple au lycée, il y a eu une période où je m'étais blessée, et vraiment pendant trois mois j'avais que le lycée à gérer. Et mes parents étaient ravis, ils se sont dit c'est super, ça va exploser les notes. Et en fait c'était une catastrophe, j'étais plus du tout investie, parce qu'en fait j'avais trop de temps, mais du coup plus on a de temps moins on en fait. Et vraiment c'est là que je me suis dit, ah en fait cet équilibre là il me va, d'avoir les deux à fond tout le temps, c'est vraiment essentiel je trouve. En tout cas pour mon type de personnalité c'est top. Et c'est pour ça que moi, ça me donne vraiment un équilibre, une stabilité. Ça me permet aussi, quand je rentre de compétition, de switcher complètement, que ce soit bien passé ou pas. Ça veut dire que j'ai mon rôle de banquière à côté, qui me libère quand même pas mal d'esprit sur la planche à voile. C'est un exercice qui est sympa, franchement, de pouvoir switcher comme ça. Ça fait un peu double vie, mais c'est hyper, hyper enrichissant.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Le rêve sportif de Lucie se construit depuis le plus jeune âge, à Brest, d'où elle est originaire, et où une bonne partie du collectif France de voile s'entraîne. Le Pôle France de Brest est donc là où elle va à nouveau passer ses quatre prochaines années, là où le rêve olympique se façonne.

  • Lucie BELBEOCH

    Le parcours originel, c'est qu'on rentre en Pôle Espoir, ensuite en Pôle France, et après c'est circuit équipe de France et compagnie. Mais on est toujours attaché à un Pôle France, ce qui fait que quand on n'est pas en compétition, on revient dans nos pôles pour faire du travail foncier, revenir là-dessus. Et c'est vraiment la force du système français, c'est qu'on a ça. Et ça n'existe pas du tout ailleurs. Les Anglais ont un petit peu ce style. style-là de mise en place du travail, mais en France, c'est assez volontaire d'avoir un travail structurel dans les pôles, notamment l'hiver quand il n'y a pas trop de compétition. Et ça nous permet aussi de travailler avec les jeunes, les jeunes qui sont pour l'espoir, comme ça ils voient aussi à quoi ça ressemble le circuit professionnel senior.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Lorsqu'on est à Brest, le monde de la navigation n'est jamais bien loin. Et c'est d'ailleurs dans son cercle familial que son envie de naviguer est née.

  • Lucie BELBEOCH

    Ça a commencé déjà par naître à Brest, et c'est quand même une ville maritime, donc ça aide beaucoup. Et après, c'est souvent des histoires de famille dans le sport. Et moi, effectivement, c'est mon grand frère qui faisait de la planche à ouelle. Et mes parents m'ont inscrite, parce que je voulais quand même faire comme mon frère. Donc, ils m'ont inscrite au club de Brest, qui marchait bien. Et puis, moi, j'ai tout de suite adoré ce sport. Le fait d'être en extérieur, le fait d'être au contact de l'eau. J'ai vraiment, vraiment adoré la glisse et compagnie. Et finalement, par chance, ce club-là... était axée compétition, donc je suis grimpée, enfin j'ai grimpée comme ça en mode compétition, ça me plaisait, en tout cas ça me déplaisait pas, donc je continue sans trop me poser de questions, et ensuite, il y a toujours des passerelles, après la troisième, bon bah qu'est-ce que je fais ? Là j'avais beaucoup hésité à partir en sport études ou pas, finalement j'y suis allée pour suivre un peu les copains, on avait un super groupe à l'époque, donc ça m'avait bien poussée. Et d'ailleurs j'étais la seule fille à ce moment-là, donc c'était, ouais, je vois très bien quelles peuvent être les questions qu'on se pose à ce moment-là. Et j'y suis allée et c'était vraiment top. Et ensuite, pareil, après le bac, nouvelle passerelle, qu'est-ce que je fais ? Je pars pour les études, parce que je continue un petit peu le rêve. Et finalement, je me suis dit, je continue. Et je suis rentrée en fac, Pôle Espoir, puis Pôle France, École de Commerce. Tout ça en parallèle, tout a été hyper bien goupillé. On a de la chance aussi en France d'avoir des études qui permettent d'accueillir des athlètes. Donc ça, c'est chouette. Puis après, je suis rentrée en équipe de France en 2018. Et voilà, on a changé de support et compagnie. Et puis voilà, on a préparé Los Angeles. Donc ouais. Pas mal de questionnements au fil de l'eau, mais un bon début à Brest dans un super club avec des bonnes copines et puis ça m'a lancé.

  • SUEUR D'ESPOIR

    C'est souvent que l'on entend des meilleurs sportifs avoir eux aussi des parents qui ont été athlètes de haut niveau. Pour Lucie, ses parents ont pour autant suivi un chemin plus conventionnel. Et quand on est la première à suivre la voie du haut niveau, pas évident d'avoir réponse à toutes les questions qu'on peut se poser.

  • Lucie BELBEOCH

    C'était pas simple parce que je dirais la... La plus grosse passerelle où le choix était le plus compliqué à faire, c'est vraiment le post-bac, parce que moi je suis quand même issue d'une famille assez conventionnelle. Les études, c'est la priorité. On n'est pas trop farfelu là-dedans, et là je me dirigeais vers une vie un petit peu atypique quand même. L'athlète, c'est un peu... Bon, c'est pas commun. Et finalement, c'est en étant assez cartésienne et factuelle, en me renseignant bien sur les études et qu'est-ce que je voulais au bout, que je me suis rendue compte que finalement, au lieu de faire une prépa HEC, pour attendre mon école de commerce, je pouvais passer par la fac et attendre l'école de commerce ensuite, après. Ça me donnait trois ans d'entraînement supplémentaire pour voir aussi quelles étaient mes compétences sportives parce que si, j'aurais pu tout à fait me prendre un mur et ne pas réussir à switcher au niveau senior. Finalement, ça a été. Et puis, en fait, en fin de compte, j'ai atteint une école de commerce hyper bien renommée, l'ESCP à Paris, une école que je ne visais même pas au début si j'avais fait une prépa et que finalement, le sport m'a permis d'avoir. Et donc là, je remercie vraiment mon choix, mes parents de m'avoir soutenu là-dedans aussi. Enfin, pas soutenu, mais suivi. Et puis d'avoir réussi à bien bosser et d'avoir pu faire les deux. Et au final, je repars avec un diplôme, je pense, meilleur que si j'avais arrêté la planche à voile. Ça m'a bien aidée. Merci, la planche à voile.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Dans le monde de la voile, il y a aussi un phénomène qui interpelle, c'est la grande majorité d'hommes, et ça se ressent même dans le staff qui encadre les athlètes. D'ailleurs en 2022, le pôle ressource national Sport Nature a mené une étude qui rapportait que plus de 80% des professionnels de l'encadrement de la voile étaient des hommes.

  • Lucie BELBEOCH

    La voile c'est un sport qui est hyper masculin, la planche à voile d'autant plus. Donc on est clairement en minorité, même au niveau du staff, c'est une catastrophe. Que des hommes, quasiment sur du 100% masculin. Enfin, je dis que c'est une catastrophe, je ne veux pas dire que le travail est catastrophique, je veux juste dire qu'en terme d'ouverture d'esprit et de choc des cultures et des façons de réfléchir, on n'est pas bon. Mais bon, c'est... J'espère qu'on va réussir à trouver des solutions pour rééquilibrer un petit peu ça. Et après, nous, on n'a pas le même matériel que les garçons. On a des voiles plus petites, donc on a les mêmes foils, mais on a des voiles plus petites, ce qui fait que... On est quand même pas mal séparés sur les entraînements et les compétitions, mais on essaie quand même de garder une connexion et des échanges sur tous les sujets qu'on peut partager en fait. Moi, je suis pour la mixité, pour le partage, l'échange, parce qu'on a tous des choses à s'apprendre. C'est sûr qu'on a des compétences complètement différentes et c'est hyper intéressant. Mais on est en forte minorité. C'est pour ça que j'essaie de me battre aussi pour... Pour les jeunes, pour qu'elles se rendent compte que c'est possible et que tu peux avoir une super vie en faisant de la planche à voile et qu'il faut y aller. C'est un super sport et qu'on se régale.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Là où dans la plupart des sports, on travaille par cycle, endurance, vitesse, explosivité, spécifique, etc. En IQFoil, il faut tout travailler en même temps.

  • Lucie BELBEOCH

    C'est comme un peu en triathlon, je pense, ou en Décathlon, c'est qu'on est obligé de bosser sur tout en même temps. Mais du coup, il y a certaines choses qui sont un peu contraires. Donc, on essaie d'être les plus polyvalents possibles, d'avoir le moins de coquilles possible pour pouvoir matcher dès qu'il y a les conditions. Et oui, sur des profils marathons, effectivement, on va plutôt bosser de l'endurance et compagnie. Mais quoi qu'il arrive, l'endurance, pour nous, elle est importante parce que comme la compétition, elle dure quasiment une semaine, on est obligé d'être endurant. Sinon, on éclate au bout de deux jours et ça ne marche plus. Et après, oui, sur des formats sprint qu'on a, là, il faut être hyper explosif, hyper... solide là-dessus. Et même en prépa mental, je dirais, c'est un truc qu'on aborde aussi parce qu'on ne va pas du tout avoir le même état d'esprit si on part sur une course de 1h15 ou une course de 4 minutes. Ouais, rien qu'en en parlant, je me dis c'est vrai qu'on bosse sur plein de trucs différents. C'est ça aussi qui est sympa, c'est-à-dire qu'on ne s'ennuie jamais.

  • SUEUR D'ESPOIR

    C'est d'ailleurs le bon moment pour vous expliquer comment se déroule une compétition en IQFoil. Prenons l'exemple des JO de Paris 2024. La compétition se tâche sur près d'une semaine. Chaque jour, les athlètes disputent plusieurs courses qu'on appelle régates. Il y en a 12 au total et à chaque régate, des poissons attribués. Moins le classement est bon, plus on prend de points. Par exemple, si on finit deuxième, on prend 2 points, troisième 3 points, quatrième 4 points, etc. Comme au golf, le but c'est d'avoir le moins de points possible. A la fin de ces 12 régates, les 10 meilleurs sont qualifiés pour la phase finale, la fameuse medal race. La medal race, pour vous expliquer plus clairement, c'est un format à élimination directe en 3 étapes, quart, demi et finale. La première des qualifications est directement qualifiée pour la finale. Ensuite, les athlètes classés de la 4ème à la 10ème place s'affrontent en quart. Les deux meilleurs de cette manche avancent en demi-finale. En demi, elles rejoignent la 2ème et la 3ème des qualifs. Et là encore, seules deux passent en finale. La finale réunit donc 3 athlètes. Les compteurs sont remis à zéro. et celle qui franchit la ligne la première remporte la médaille d'or. Vous pouvez donc avoir fini dixième au terme des douze régates et quand même remporter la médaille d'or. Et c'est ça qui fait tout le piment de l' IQ Foil. Mais ça crée aussi une part d'injustice qui ne récompense pas vraiment la régularité.

  • Lucie BELBEOCH

    Ouais, déjà t'as bien révisé, parce que t'es bien au courant des problématiques qu'on vit là. C'est sûr que le format des medal race, vraiment les medal race, c'est le dernier jour où on retrouve le top 10, et maintenant c'est un top 8. C'est assez atypique, ça n'existait pas avant sur l'autre planche à voile. La finale se passait de manière normale, avec des points normaux. Et là maintenant, toujours dans l'idée de rendre ça plus spectaculaire et compagnie, et plus compréhensible, ils ont voulu faire un peu quelque chose dans le format quart, demi, finale. Effectivement le dernier jour finalement même si tu as gagné tout toute la semaine, en fait, tu peux complètement perdre et être éjecté du podium. Après, il y a eu énormément de discussions là-dessus pendant ces quatre dernières années parce que, imagine-toi, les premiers championnats, ils prenaient le top 12, donc 12 entre le premier et le douzième, il y a un gouffre quand même. Et en fait, le douzième pouvait gagner la compétition. Donc, c'était beaucoup trop violent. Finalement, en discutant avec les athlètes, les entraîneurs et compagnie, on a arrivé à faire évoluer un petit peu le format pour que ce soit moins tragique et moins aléatoire parce que finalement, nous aussi on est un sport. C'est-à-dire que tu as gagné toute la semaine et si tu te prends un sac plastique le jour de la finale, tu es cuit et perdre des Jeux Olympiques là-dessus, c'est un peu dur. Donc, ils ont travaillé là-dessus. Il y a eu un format pour Paris. Finalement, il n'a pas été encore plébiscité parce qu'il y a encore eu des drames. En fait, c'est hyper dur mentalement pour les athlètes parce que c'est quatre ans pour une finale comme ça qui va si vite. C'est dur, mais à la fois, quand on se rapproche un peu des autres sports, bah oui, tu cours ton 100 mètres, t'as un 100 mètres, ça se joue là, et y'a pas d'autres sujets. Donc bon, c'est un truc à discuter, mais là, aujourd'hui, maintenant, là je sors de deux Coupes du Monde, ils ont testé un format qui est nouveau, la finale se joue à 8, ce qui a plus de sens, enfin, à mon avis, par rapport à ce qui se fait au niveau des JO, parce que des finales à 10, ça n'existe pas, et donc on est à 8, et donc il y a quand même un système de protection qui protège un petit peu, quand même, la première et la deuxième du classement général, notamment. Donc c'est... on se rapproche de trucs qui sont un peu... un petit peu plus doux, un peu plus cohérent sportivement, mais encore une fois, qui du coup prennent plus de temps. C'est un peu moins compréhensible parce que... "Alors elle, OK, elle a gagné cette course, mais pourquoi elle fait la gueule ? Ah oui, parce que l'autre avait une étoile, un bonus de machin". Donc bon, c'est toujours un petit peu compliqué et je pense qu'on va encore changer de format, mais on va voir comment ça évolue. Après, c'est le jeu, on verra bien ce qu'ils choisissent à la fin. Mais c'est un petit sujet, et notamment mentalement, parce que c'est super tout pour quelqu'un qui tombe sur toi ou compagnie. Bon ça fait beaucoup d'éléments qui peuvent faire... foirer quelque chose et qui n'était pas trop plébiscité par les athlètes. Mais bon, on verra qui aura le dernier mot.

  • SUEUR D'ESPOIR

    Sur sa planche, Lucie glisse, flotte, vole. Une passion qu'elle a découvert jeune et qu'elle n'a jamais arrêtée. Sur l'eau, impossible de la louper, une grande voile rouge marquée du drapeau français et de son numéro FRA18. Dans un monde maritime fait de plus ou moins grandes voiles, elle a appris à faire son chemin, dans un milieu essentiellement masculin. Elle a appris à composer avec les vents, même contraires, et malgré le matériel à financer, les courses à enchaîner, le boulot à gérer, elle ne s'est jamais découragée. Chaque matin, quand les conditions le permettent, elle enfile sa combinaison. Chaque matin, elle revient sur l'eau, pas pour fuir, mais pour construire. Dans l'incertitude permanente de ce sport à ciel ouvert, elle sait pour autant que les rêves se préparent à terre, mais qu'ils se jouent en mer. Et quand l'océan devient une arène, il faut être prêt à tout. À rater un départ, à changer de cap, à repenser sa stratégie ou à inventer la sienne. À Paris, elle n'a pas réussi à être de la partie, mais elle sait que sur l'eau, le vent tourne, et dans une vie aussi. Alors Lucie avance, avec un cap clair en tête, celui de Los Angeles 2028. Avant d'espérer traverser l'Atlantique, elle aura fort à faire au Danemark, début juillet, où auront lieu les prochains championnats du monde. Pour suivre sa préparation jusqu'aux prochains JO. Allez la suivre sur ses réseaux, en prime vous aurez le droit à de superbes vidéos. Merci à Lucie pour cet échange où j'ai appris énormément de choses. J'espère que vous aussi vous avez apprécié cette petite virée en mer. C'est la fin de cet épisode, abonnez-vous au podcast pour ne rien manquer des prochains, et rendez-vous sur la page Instagram Sueur d'Espoir pour d'autres contenus tout aussi intéressants. Merci pour votre écoute, c'était Sueur d'Espoir.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Explication de l'IQ Foil

    01:07

  • Thèmes abordés durant le podcast

    02:02

  • RS:X vs IQ Foil : Quelles différences ?

    02:23

  • Le changement physique que ça implique

    04:09

  • Les profils avantagés en IQ Foil

    05:21

  • Les évolutions tactiques et stratégiques

    05:50

  • Une saison en IQ Foil

    06:10

  • Les coupes du monde en IQ Foil

    06:55

  • La nécessité de s'adapter dans un sport en plein air

    07:19

  • Le choix entre études et sport et les différences de pensée entre les garçons et les filles

    09:07

  • La qualification pour les JO de Paris 2024

    09:54

  • L'échec dans une carrière d'athlète

    12:48

  • Son staff et la préparation mentale

    13:13

  • Le coût du matériel et la différence entre ce que le grand public voit et la réalité

    14:54

  • La visibilité de la voile et la recherche de partenaires

    17:20

  • Son métier en banque, un équilibre nécessaire

    18:59

  • Ses débuts à Brest, pôle espoir, pôle France...

    21:01

  • La naissance de son envie de naviguer, sports études, l'équipe de France

    21:57

  • Choisir la voie du haut niveau dans une famille conventionnelle / Etudes prestigieuses et planche à voile

    23:42

  • La voile, un sport majoritairement masculin. Le déséquilibre flagrant hommes / femmes dans l'encadrement

    25:16

  • Être polyvalent pour performer / L'approche des courses selon le format

    26:57

  • Le déroulé d'une compétition en IQ Foil

    27:58

  • La Medal Race et sa part d'injustice

    28:37

  • Conclusion

    31:50

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