- SUEUR D'ESPOIR
Bienvenue dans Sueur d'Espoir, le podcast qui vous fait découvrir les dessous du haut niveau. Je suis Martin Gauthier et ici pas d'interview, pas de questions, juste des parcours de sportives et sportifs que je vous raconte au format narratif après les avoir rencontrés. Pour chaque épisode un nouveau sport, des disciplines les plus médiatisées à celles moins connues, je suis sûr que les histoires de ces athlètes d'exception seront vous inspirer. Bon épisode !
- Maya CLOETENS
Depuis que je suis toute petite, c'était LE truc, c'est qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? Participer, performer aux Jeux Olympiques. Je demande à ma coach, je lui dis mais tu penses que je vais encore arriver à progresser ? Parce que là j'ai mis tout en place et en fait je ne progresse pas du tout. Je sors le 10 sur 10, le bonjour. J'étais vraiment trop contente. Je ne m'y attendais pas du tout. J'ai toujours été sensible aux questions environnementales et en pratiquant un sport d'hiver, on voit vraiment le changement climatique direct sur nos pratiques.
- SUEUR D'ESPOIR
Le 29 novembre 2025 marquera la reprise de la saison de Coupe du Monde de biathlon. Une saison ô combien importante, car en février 2026, ce sont les Jeux Olympiques à Milan Cortina. Dans l'épisode d'aujourd'hui, découvrez le parcours de Maya Cloetens, biathlète qui représente la Belgique sur le circuit Coupe du Monde. Une athlète qui a un temps douté sur sa capacité à atteindre le plus haut niveau, avant de finalement se révéler cette saison avec un top 8 au championnat du monde. Un épisode qui montre l'importance de cultiver sa singularité, et que ce qui marche pour un ne fonctionne pas forcément pour tous. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Sueur d'espoir, bonne écoute. Alors que les jours sont comptés avant de partir pour Ostersund en Suède, là où démarrera la première étape de Coupe du Monde, Maya note ses derniers objectifs pour cette nouvelle saison. Des objectifs qu'elle s'attache chaque année à noter dans un carnet.
- Maya CLOETENS
C'est vrai que je note pas mal de choses dans le carnet autour de mes objectifs, même presque à chaque course, et ça me permet, je pense, d'avoir un peu une motivation supplémentaire. Et c'est vraiment plus l'action de l'écrire qui va me faire du bien. Je ne vais presque jamais les relire, en fait. Mais je sais qu'une fois que je l'ai écrit, c'est posé. Et ça me permet d'avancer et vraiment de me donner une motivation supplémentaire. Et c'est vraiment pas du tout, aujourd'hui, il faut que je termine top 10, absolument. C'est plus des choses, ça peut être surtout sur un point technique en ski, le tir, ça peut être juste aussi un état d'esprit. Et en vrai, moi, ça marche assez bien et ça me motive. C'est important de viser pile le bon niveau de hauteur. Il ne faut pas viser trop parce qu'après, moi, vers ceci, je rase, je vais vraiment être déçue et du coup avoir un peu l'effet inverse. Mais par contre, il faut viser la bonne hauteur. Et par exemple, l'année dernière, j'avais peut-être même pas visé assez haut, mais parce qu'il y a deux ans, ça avait été une saison quand même un peu moyenne. Mais là, par exemple, si je me dis, bon, là, je vais progresser lunairement comme ça, et donc l'année prochaine, je ne sais pas, c'est podium, peut-être que ce serait quand même un peu rapide dans ma progression. Et je ne veux pas mettre la pression qu'il faut absolument que j'atteigne ce niveau-là tout de suite. et du coup... En vrai aussi, pour désacraliser ça, je vais peut-être me concentrer sur d'autres objectifs qui ne sont pas de résultats. Donc, technique, la manière, les temps de tir, des choses comme ça. Des choses qui sont des résultats, mais pas une place.
- SUEUR D'ESPOIR
Alors, pour aborder cette nouvelle saison, pas question de changer les ingrédients d'une recette qui a fonctionné.
- Maya CLOETENS
C'est quelque chose que je me demandais et je m'étais toujours dit, en tout cas depuis que je pense à ces jeux, peut-être... depuis 4-5 ans que l'année des Jeux, ça allait être super différent, que j'allais faire tout vraiment parfaitement, que tout serait optimisé autour et que pour arriver vraiment en pleine forme l'hiver et puis en fait, on se rend compte qu'on a eu cette discussion-là au printemps avec mes coachs et en fait... C'est pas l'année des jeux qu'on va tout changer, tout réinventer et faire différemment parce qu'on prendrait beaucoup trop de risques. Et du coup, au contraire, on était presque, pas basique, mais dans vraiment ce que je sais faire. Et voilà, on cherche toujours à progresser, mais au final, ça ressemblait vraiment à un été comme un autre. Et en faisant un peu plus d'attention peut-être à la récup ou des trucs comme ça. Mais du coup, étonnamment, et en fait, j'ai mis longtemps à réaliser que... On était dans une saison olympique. Là, ça commence vraiment à venir parce que l'hiver approche et que beaucoup de monde en parle. Mais sinon, il faut vraiment faire ce que je sais faire et je sais que c'est ce qui marche. Donc, ça apportera du bon stifle. Les risques, ils ont été pris, mais plus les années d'avant. Ça fait presque deux, trois ans. Et tous les stages, si on est... Enfin, je dis ça, mais tous les stages, ils sont centrés sur les Jeux parce qu'on a fait des blocs en altitude. Par rapport à ça, c'est le cas, mais ça fait 2-3 ans qu'on fait ça. Pour être sûre que ça marche, on n'a pas fait que cette année, on l'a fait les années d'avant. Au final, depuis 2-3 ans, c'est dans la même dynamique des Jeux.
- SUEUR D'ESPOIR
Entre course à pied, vélo et ski roue, l'été fut studieux.
- Maya CLOETENS
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, parce qu'on voit rire à la télé pendant 6 mois, mais c'est vraiment là où on s'entraîne le plus et là où on fait les plus gros. gros volumes d'entraînement. Et du coup, on a la chance d'avoir du ski à roulettes pour pouvoir simuler le ski. Et en vrai, ça permet techniquement de travailler vraiment le même geste que le ski de fond. Donc, on en fait beaucoup. On va dire presque tous les matins. Et puis l'après-midi, par contre, pour compléter et ne pas faire tout le temps le même sport, on fait pas mal de sports croisés avec tous les autres sports d'endurance. Donc, pas mal de vélo, pas mal de trail. Puis, bien sûr, du renforcement en salle. Pour équilibrer tout ça, et ça permet en vrai de varier, et du coup, on ne s'ennuie vraiment pas du tout l'été. C'était des grosses semaines d'entraînement, et à chaque fois, ça passe trop vite. Il n'y a pas longtemps, j'avais l'impression d'être encore en plein milieu d'été, et là, l'hiver est arrivé. En vrai, techniquement, on peut travailler exactement pareil, c'est les mêmes muscles, ça fait travailler les mêmes groupes musculaires. Après, la sensation pure entre le bouton et la neige, c'est différent. Mais en vrai, on a besoin d'une petite semaine sur neige, sur ski, pour vraiment retrouver le sensation après sur neige. Mais c'est tout, ça revient super vite parce que le geste du ski à roulettes est quasiment le même. Par rapport au ski alpin, par exemple, c'est un énorme avantage. On n'a pas besoin d'aller de l'autre côté du monde ou sur glacier l'été pour skier sous neige. Du coup, j'habitais Grenoble et donc souvent le week-end, on allait faire par exemple du ski de fond, des randonnées l'été et puis des balades en ski de fond. Et contrairement à beaucoup d'enfants qui n'aimaient pas le ski de fond et qui adoraient le ski alpin et qui ne faisaient que râler, moi en vrai j'aimais bien et je voulais toujours aller un peu plus vite à la balade. Et à ce moment-là, ma maîtresse d'école, elle était au club de ski de Grenoble et du coup un peu tous les enfants qui... pour éviter d'essayer de les motiver à venir au club de ski. Et c'est comme ça que j'ai commencé. Et ça m'a tout de suite plu, un peu le goût de l'effort, justement. Ce côté endurance, et du coup, ça a vite un peu marché. Les premières courses que j'ai faites, j'ai dû gagner. Du coup, ça donne envie de continuer. Et comme ça, je me suis impliquée de plus en plus jusqu'à rentrer au sport études, jusqu'à aujourd'hui.
- SUEUR D'ESPOIR
Puis, la compétition vient progressivement prendre le dessus sur l'insouciance des débuts. Comme tous les printemps, la Fédération Française de Ski annonce la publication des collectifs nationaux. Un soulagement pour se sélectionner, un moment plus compliqué pour se écarter. Avant le début de la saison 2022, les listes sortent, et pendant que Lou Jeanmonnot est intégrée pour la première fois dans le groupe Coupe du Monde, Maya elle est sortie du groupe fédéral. Pas une surprise après une saison en méforme, mais à 4 ans des Jeux, le rêve de Maya d'aller un jour aux Jeux Olympiques s'éloigne.
- Maya CLOETENS
C'est vrai que je me rappelle très bien, en gros, j'étais une année où j'étais en équipe de France Junior et je me suis entraînée, j'ai mis un peu toute ma vie dans l'entraînement l'été, j'avais fait une super prépa, j'avais fait des nouveaux coachs qui franchement étaient super, techniquement, ils m'accompagnaient et tout, il n'y avait aucun souci, mais je pense que j'ai voulu faire presque trop bien et du coup, ça m'a cramé et je suis arrivée à un point où... l'hiver au lieu de justement être en forme c'était la cata j'avais jamais été aussi peu en forme en tout cas en termes de sensation et à ce moment là je demande à ma coach est-ce que tu penses que je vais encore arriver à progresser parce que là j'ai mis tout en place et en fait je ne progresse pas du tout voire je pense que à ce moment là j'étais moins bonne que l'année précédente et Et puis je pense que j'ai su répondre à la question moi-même l'année d'après. Et en fait, il faut vraiment voir le truc, la progression c'est pas linéaire.
- SUEUR D'ESPOIR
Il faut dire que la France et le biathlon, c'est une belle histoire d'amour. Avec dans ses rangs les meilleurs biathlètes du monde, la bataille pour accéder au circuit coupe du monde est chaque année loin d'être évidente. Sauf que pour aller au JO, il faut passer par ce fameux circuit coupe du monde.
- Maya CLOETENS
Il y a une telle densité, et puis c'est la même chose je pense en triathlon, le niveau des Françaises, c'est la meilleure équipe mondiale aujourd'hui, les Françaises en biathlon. Moi, c'est pas que j'étais mauvaise, mais j'étais très bonne et au même niveau que plein d'autres filles. Je pense qu'on est une vingtaine de filles françaises à avoir quasiment le même niveau. Et donc, après, forcément, il y a quand même une histoire de place. Et les Jeux, c'est que quatre.
- SUEUR D'ESPOIR
Cette saison 2022 laisse Maya pleine de doutes. La désillusion de voir ses rêves s'éloigner est forte, au point de remettre en question son projet sportif.
- Maya CLOETENS
Je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui ne croyaient plus en moi à ce moment-là.
- SUEUR D'ESPOIR
Alors après une grosse pause pour recharger les batteries, Maya revient finalement sur les skis et décide d'ouvrir un nouveau chapitre en prenant la nationalité sportive belge.
- Maya CLOETENS
Moi perso, j'avais vraiment coupé un petit moment et je suis repartie avec un nouvel entraîneur. Du coup, j'étais passée en équipe de Belgique. C'était vraiment un nouveau start et ça m'a permis de... progresser du coup bien plus et la fin de l'année d'après j'étais vraiment retrouvée à mon meilleur niveau dès le début de saison où je fais des podiums à l'international et donc ouais c'est finalement ce moment là où en fait on se remet tout en question qui permet derrière de vraiment progresser donc en fait mais pareil là c'était le fait de continuer à y croire parce que pour le coup j'étais la seule à me dire ok bah est-ce que je continue ou pas Mais si il y a cette flamme au fond de soi de se dire qu'on a envie de continuer, envie de progresser, refaire les choses posément, ça marchera. Justement, c'est en pensant au JO, on sait qu'il n'y a que 4 places au jeu. Donc c'est encore moins qu'en Coupe du Monde où les grandes nations vont avoir 6 places. Et donc je me suis dit, ok, parce que là, je pourrais essayer de me requalifier pour l'équipe de France, passer par l'équipe B, ensuite l'équipe A, la Coupe du Monde. et espérer faire partie des quatre meilleures françaises. Mais j'ai bien vu que les chances étaient moindres et que ça passait surtout par beaucoup de cases de sélection, beaucoup de pression et que je pense que ce n'est pas un système qui me convient. Et au même moment, j'avais la possibilité d'aller avec la Belgique qui, je savais, il y avait plus de place et moins de pression de sélection. Et du coup, c'était vraiment une... une chance et une opportunité. Au début, j'avais trouvé que c'était tôt, mais en vrai, je n'ai pas hésité longtemps. Aujourd'hui, pour rien au monde, je pense que c'est vraiment la meilleure décision que j'ai faite. C'était une opportunité, mais vraiment une des meilleures décisions que j'ai pu prendre.
- SUEUR D'ESPOIR
Un renouveau qui relance une toute autre dynamique. La confiance revient, et ça, en tant qu'athlète, c'est important.
- Maya CLOETENS
D'ailleurs, c'est quelque chose qui est vraiment très... qui fluctue. Il y a des jours où ça va super, et puis vraiment le lendemain, il suffit d'un événement des fois qui peut un peu déconstruire cette confiance-là. Donc je dirais que ça se construit vraiment petit à petit. D'ailleurs, c'est un peu tout l'été. Moi, j'ai quand même besoin d'avoir des repères et de prendre des sensations qui me mettent en confiance, donc de réussir un peu soit des entraînements importants et de passer par là pour... construire la confiance petit à petit.
- SUEUR D'ESPOIR
Les entraîneurs aussi ont un grand rôle à jouer dans la confiance de l'athlète. On se rend souvent compte que quand bien même l'entraîneur est théoriquement le plus compétent, le meilleur entraîneur restera toujours celui qui convient à l'athlète. Celui qui sait insuffler une dynamique positive.
- Maya CLOETENS
Même si peut-être que il y a des fois où ce n'est pas tout parfait, mais ils vont peut-être insister sur le positif et pas sur le petit point qui ne va pas. Et en fait, ça me met en confiance petit à petit. Et ça permet que j'arrive début de saison, je sens que la forme elle monte et de me dire ok ça va le faire. Alors que dans le passé j'ai peut-être eu des coachs un peu plus titilleurs et qui font progresser sur des points techniques c'est certain. Mais en fait en termes de confiance du coup ça remettait beaucoup en question mon niveau je pense. Et du coup intérieurement j'avais beaucoup moins confiance en moi. Donc voilà il y a des choses comme ça. Et surtout, elle se dit aussi qu'une fois que cette conscience-là est construite, Je veux dire aussi que ce n'est pas parce qu'il y a un jour qui ne va pas que tout à coup il n'y a plus rien et qu'on oublie tout ce qu'on a fait avant. Il y aura toujours un jour meilleur après. Si tu vas sur une course mais que tu es persuadée que tu ne vas pas y arriver parce que j'en sais rien, il y a trop de niveaux et tout, il y a quand même des grandes chances que ça ne marche pas. Et c'est vrai que je suis passée dans les quatre dernières années. où j'ai rejoint le top niveau mondial, je suis passée par des moments plus durs et des moments vraiment géniaux. Mais en gros, dans les moments durs, au final, il y a peut-être des gens qui se disent « Ah ben c'est bon, elle ne va plus y arriver. » Et en fait, nous-mêmes, on est la seule personne qui peut croire en nous. Et du coup, de toujours y croire, ça marche.
- SUEUR D'ESPOIR
Trois ans passent et nous nous retrouvons le vendredi 14 février 2025. En cette journée de Saint-Valentin, l'heure n'est pourtant pas au dîner aux chandelles. Première épreuve individuelle des championnats du monde du biathlon, le sprint va être lancé.
- Speaker
Départ dans quelques secondes pour ces championnats du monde.
- Maya CLOETENS
On parlait de confiance tout à l'heure, je pense que je n'étais pas à 100% en confiance. En fait, j'avais fait un super début de saison et après je suis tombée malade à la dernière étape, juste avant les championnats du monde. J'ai eu une semaine pour me remettre, puis une semaine de stage en altitude. Avec le froid, il n'y a pas forcément de bonnes sensations et le sprint, c'est la première course des mondiaux. Du coup, j'arrivais et je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre. Je me disais que j'étais malade et que je ne savais pas si ça allait. Les sensations n'étaient pas en vrai extraordinaires. mais du coup Du coup, ce jour-là, il ne faisait quand même pas très beau, il neigeait, il y a eu du vent. Et donc, on sait qu'en biathlon, tout peut se passer.
- SUEUR D'ESPOIR
Le tir est une composante essentielle de la réussite en course. Debout, couché, il faut vite réussir à faire redescendre le cœur et surtout... Ne pas commencer à trop réfléchir.
- Maya CLOETENS
Ça peut arriver, mais en général, ça ne se passe pas très bien quand je commence à penser à ça. Et d'ailleurs, c'est presque ce qui peut arriver beaucoup à l'entraînement, parce que vu que les entraînements où je suis moins essoufflée, je vais avoir presque le temps de penser et de me dire « ok, il faut que je fasse ça, il faut que je fasse ça » . Et en fait, je pense que dans l'effort, il se passe un truc où il y a quand même moins de lucidité, parce que tellement essoufflée, du coup... Il suffit que je me concentre sur un truc très simple, ça va me prendre toute mon attention. Et en général, c'est comme ça que ça marche. Si je commence à tergiverser, justement, il y a vraiment très peu de chances que ça sorte avec un plan derrière.
- SUEUR D'ESPOIR
Ce 14 février, malgré le vent, sur le pas de tir, chaque balle de Maya vient blanchir sa cible. Une pleine maîtrise qui rappelle qu'il y a des jours où tout ce pour quoi on s'entraîne se réalise. Ce jour-là, on faisait partie, la glisse était bonne et Maya réalise un sans-faute qui à la fin lui permet d'accrocher la 8ème place. Son meilleur résultat au meilleur des moments.
- Maya CLOETENS
Il se trouve qu'il y a eu quand même des filles qui ont fait beaucoup d'erreurs et moi je sors le 10 sur 10 le bon jour et déjà de ça, d'arriver à le faire le jour J, qui est super important parce que forcément le sprint a beaucoup de conséquences sur la poursuite et même la mastarte, etc. J'étais vraiment trop contente et après, ça donne un boost supplémentaire en ski aussi et au final, le temps-ci était vraiment correct. En vrai, c'était un peu la course de la saison et je ne m'y attendais pas du tout et le fait de sortir ça le jour J, j'étais vraiment J'étais vraiment contente et je me suis rendue compte de l'importance que c'était. Déjà, la saison de biathlon, c'est au plus haut niveau mondial, c'est la saison de Coupe du Monde qui est de novembre à mars. Et là-dedans, il y a un classement général. Et en plus de ça, il y a les championnats du monde, sauf l'année des Jeux, où à ce moment-là, c'est les Jeux Olympiques qui sont en février. Et donc ça, ce n'est pas dans le classement général et c'est vraiment le rendez-vous de l'année. Il y a six étapes sur le championnat du monde qui sont le sprint, la poursuite, l'individuel, la mass start, les relais mixtes et par genre. Ça permet d'avoir pas mal de chances. Et puis sur chaque étape de Coupe du Monde, qui dure en général une semaine, hormis les championnats, il y a trois courses par semaine avec les formats qui varient tout au long de l'année.
- Speaker L'EQUIPE
Le tout premier départ dans quelques instants. Et attention Anne-Sophie, on peut rappeler le format de l'individuel qui est fatal au niveau du tir.
- Speaker 2 L'EQUIPE
Voilà, ça y est, c'est parti, sprint, poursuite et relais au programme de cette deuxième étape de Coupe du Monde.
- SUEUR D'ESPOIR
Pour ceux qui n'auraient pas les subtilités, en biathlon, il y a quatre épreuves individuelles principales. L'individuelle d'abord, c'est la plus longue, 15 km chez les femmes, découpée en cinq boucles de 3 km. Quatre passages au tir, alternés entre coucher et debout, et chaque cibraté rajoute une minute de pénalité au temps final. Les départs se font toutes les 30 secondes. Ensuite, il y a le sprint qui est un peu plus court, 7,5 km, 3 boucles, 2 tirs, 1 coucher, 1 debout. Là, chaque faute envoie sur un tour de pénalité de 150 mètres. Vient ensuite la poursuite, elle réunit les 60 meilleurs du sprint. Les départs se font selon les écarts du sprint, la première part en tête. 10 km à parcourir avec 4 tirs, 2 couchers, 2 debouts. Et toujours les tours de pénalité de 150 mètres en cas de cible manquée. Enfin, la Mastart, c'est le départ groupé des 30 meilleurs du classement général. Tout le monde part ensemble pour 12,5 km, 4 tirs aussi et avec le même principe de pénalité. Enfin, il y a les relais, féminin, masculin, mixte ou simple mixte avec un homme et une femme. Autant dire qu'une saison de biathlon, tant bien même qu'elle ne dure que de novembre à mars, elle est très très dense. en épreuve et en compétition.
- Maya CLOETENS
Vraiment c'était le challenge de l'année. Déjà c'était la première année que je faisais une saison complète en Coupe du Monde puisqu'avant j'étais encore junior donc il y avait plusieurs courses et j'avais pas forcément tout fait. Et en vrai, je me suis rendue compte de cette difficulté-là, notamment après les championnats du monde, où on vit quand même un événement de fou sur deux semaines. Du coup, j'ai participé aux six courses, donc ça éreinte vraiment. Et après, on a juste une petite semaine à la maison et puis on repart pour le troisième bloc. Et avec le recul, je pense que je n'étais pas du tout reposée des mondiaux et je suis repartie en fait. Et puis, il y a quand même un petit peu un dogme après un gros événement, surtout peut-être quand il se passe bien. et Je suis repartie avec un peu moins de motivation et surtout beaucoup de fatigue. Je suis arrivée là-bas à Nové-Mesto sur une étape. Je pense que ça n'allait pas. Avec le recul, il faudrait peut-être accepter de faire une semaine de moins parce que je suis encore jeune. Je ne joue peut-être pas le classement général de l'actu du monde, par exemple, pour finir en forme les deux semaines d'après. J'étais fatiguée et j'ai eu des problèmes respiratoires. qui sont arrivées, qui sont sûrement d'ailleurs liées à la fatigue et au relâchement du corps. Mon corps, il ne voulait plus. Mais du coup, j'ai appris ce que c'est que de faire une saison entière en Coupe du Monde. Et on se rend compte à ce moment-là aussi ce que c'est de jouer un classement général et le niveau que ça représente et le niveau par exemple des Françaises aujourd'hui qui sont tout le temps au top. C'est vraiment extraordinaire. De se dire qu'il n'y a pas un moment où tu as le droit d'être moins bien. Enfin, Martha for Cat, qui a été au top pendant 7 années, là on se rend compte de l'ampleur du truc. C'est vraiment pas anodin de gagner un classement général, et alors plusieurs, mais c'est presque surhumain. Et ce passage m'a aussi appris, je pense, pour les années à venir, si un jour je veux jouer un classement général.
- SUEUR D'ESPOIR
Et si les journées sont déjà bien chargées, il faut dire que le biathlon n'est pas la seule chose qui occupe les journées de Maya. En parallèle de tout ça, elle est aussi étudiante à Grenoble en génie civil.
- Maya CLOETENS
Je pense que vraiment tous les sports c'est galère, mais nous c'est vrai qu'on s'entraîne loin de la ville, et donc on ne pourrait pas être à l'université tous les jours et monter une heure de route, s'entraîner, puis redescendre une heure, ça paraît vraiment impossible. J'ai fait un lycée sport et études, donc déjà au lycée j'avais des horaires aménagés qui nous permettaient déjà de nous entraîner par exemple l'après-midi. À ce moment-là, c'était plus déjà une fois par jour, mais de le faire tous les jours, c'était une chance. Et puis maintenant, oui, j'ai vraiment un rythme où j'ai choisi après le bac de mettre en avant. Le sport de haut niveau parce que c'était maintenant et pas dans cinq ans, alors que les études, au pire, je pourrais quand même reprendre un peu plus intensément plus tard. Et au final, ça fait six ans que j'ai ce rythme-là et j'ai la chance. Je pense qu'à Grenoble, pour les sports d'hiver, on a vraiment le meilleur aménagement possible vu qu'ils ont compris qu'il y avait cette problématique-là, déjà que la saison est en plein milieu de l'année scolaire et qu'on part loin. Et en plus, le fait que nos stades d'entraînement, ils ne sont pas juste à la sortie de l'université, mais au moins une heure de route. Et du coup, ça marche bien. Après, il faut être motivé et se cadrer seul. Parce que du coup, je fais beaucoup de choses à distance. Et il faut arriver à se cadrer et à se motiver même quand on est fatigué. Parce qu'en fait, le temps, on en a quand même un peu. Mais c'est surtout d'arriver à être enfin réveillé pour travailler les cours. Et ça, c'est... Et bon, on a qu'une envie, c'est de dormir, quoi. Pas de travail.
- Intervenant plateau télé
Le réchauffement climatique, ce n'est pas une opinion, ce n'est pas une idéologie, c'est un fait scientifique. Il faut le traiter par la science. Chacun doit faire sa part, c'est une grande chaîne.
- SUEUR D'ESPOIR
Les sports d'hiver sont directement impactés par le réchauffement climatique et les questions environnementales liées à la pratique du biathlon sont donc un aspect primordial pour l'avenir du sport. Maya, en tant qu'ambassadrice durabilité à l'IBU, souhaite participer à ses pas en avant. et inspiré autrement qu'à travers la performance sportive.
- Maya CLOETENS
Déjà, en gros, c'est un sujet qui me devenait à cœur depuis un moment, parce que j'ai toujours été sensible aux questions environnementales, et en pratiquant un sport d'hiver, on voit vraiment le changement climatique direct sur nos pratiques, et du coup, j'avais envie de m'impliquer plus là-dedans. Et ça tombait bien, parce que l'IBE a créé un programme d'ambassadeurs pour que des athlètes puissent... Relayer les informations, se former sur ces sujets-là et partager aux autres athlètes ce qui est possible de faire, prendre en main des projets. Et là-dessus, on a de la chance quand même d'avoir une fédération internationale qui est quand même une des premières à avoir eu une stratégie sustainability assez poussée, approfondie. Donc après, il y a plein de progrès à faire. Ce n'est vraiment pas parfait. et on sait que parmi De par les calendriers, notre pratique sportive, la pratique des compétitions internationales, c'est un peu une catastrophe écologique. On prend l'avion plusieurs fois par an. Mais derrière, le sport de niveau, c'est un vecteur pour faire passer des messages. On pratique dans des espaces naturels pour protéger ces espaces-là et sensibiliser beaucoup de monde. Quand on voit le nombre de spectateurs qui regardent le biathlon, C'est quand même un vecteur qui pourrait sensibiliser beaucoup de monde. Donc voilà, l'IBU met quand même en place pas mal de choses et je suis contente de participer à ce projet-là et de pouvoir partager les infos avec eux. Malheureusement ou bien heureusement, les athlètes de haut niveau, les stars, ils ont beaucoup plus de notoriété que par exemple un scientifique. On le sait, ça a été prouvé. Le fait de pouvoir toucher, inspirer et faire passer les bons messages, je trouve qu'on a un peu une responsabilité. Puis après, il y a plein d'autres, au-delà des transports, il y a plein d'autres aspects où, pour le coup, on peut vraiment montrer l'exemple. Ça peut être l'alimentation végétarienne, pour mon cas, mais il y a plein d'autres choses dans les pratiques de tous les jours. Je pense que c'est important d'en parler.
- SUEUR D'ESPOIR
Après des années compliquées, autant sportivement que financièrement, le chemin vers les Jeux Olympiques semblait bien loin. Maya a su garder ses rêves en ligne de mire et faire la bascule vers le circuit Coupe du Monde. Un bol d'air qui lui permet désormais de vivre de sa passion.
- Maya CLOETENS
Les choses ont quand même changé depuis, dans le sens où j'ai grandi et je cours maintenant en Coupe du Monde, ce qui me permet de vivre de mon sport, je suis accompagnée par la Belgique. Après, on n'est pas où nous sommes. au niveau des top athlètes français en biathlon au côté belgique. Mais on peut se dire que je peux déjà être indépendante financièrement, payer mon appartement, remplir mon frigo. C'est ce que je disais dans mon poste, je pense. Et du coup, c'est vraiment une chance et je m'en rends compte de dire que je peux appeler ça un peu, entre guillemets, mon travail. Mais en fait, c'est ma passion. Et tous les jours, quand je pars m'entraîner, je sais pourquoi je fais ça. Donc, je suis très reconnaissante de ça. Et voilà. Après, c'est juste qu'il y a toujours ce fossé-là entre des athlètes, par exemple, en biathlon, le top 10 mondial, qui va gagner vraiment très, très, très bien sa vie. Et ensuite, il y a un petit paquet qui la gagne bien. Puis derrière, c'est zéro. Et du coup... C'est toujours pas équilibré, mais c'est une compétition. C'est pour ça que je pense qu'il y a toujours un moment un peu charnière où on ne gagne pas encore notre vie, mais il faut investir pour pouvoir derrière la gagner. Ces années-là sont super importantes. Si on n'a pas le soutien nécessaire, on n'arrivera jamais à passer ce cap. Je ne sais pas, il y a peut-être 2% qui réussissent vraiment. Il faut accepter de prendre le risque de perdre, mais de réussir à prendre ce risque, c'est déjà une réussite. Et puis après, il faut quand même avoir les moyens. Aujourd'hui, c'est une vérité, le biathlon, ce n'est pas du tout accessible à tout le monde. Surtout quand tu es jeune, les matériels coûtent de plus en plus cher. Peut-être que tu seras champion olympique, mais à ce moment-là, il y a zéro sponsor et aucune aide financière. Donc, il faut avoir les parents derrière. ou les clubs et du coup c'est pas donné à tout le monde et donc très reconnaissante d'avoir eu cet accompagnement là qui me permet de pouvoir vivre mon sport d'aujourd'hui.
- SUEUR D'ESPOIR
Chaque jour de cette saison 2025-2026 va rapprocher Maya un peu plus de son rêve d'enfant. Un rêve qu'elle ne veut pas laisser s'échapper et pour lequel je lui ai demandé de se projeter le jour J.
- Maya CLOETENS
Déjà d'être là, ça sera un rêve. Et puis après, si je suis en forme, c'est de finir fort. Parce que le stade, on le sait, c'est en altitude. Et chaque année, tout le monde explose au dernier tour. Parce que l'altitude fait que si tu passes cette ligne rouge, après il n'y a plus rien et c'est rideau. Et donc déjà, de bien gérer ma course et de mettre les balles tout simplement. Et ça fera forcément un gros résultat. En tout cas ça me donne envie là.
- SUEUR D'ESPOIR
Ça donne envie, ça c'est clair. Alors rendez-vous le 29 novembre pour la reprise de la saison de Coupe du Monde. Un début de saison où il faudra faire sa place pour espérer en février être du voyage pour les Jeux Olympiques de Milan-Cortina. C'est la fin de cet épisode qui marque aussi le début d'une nouvelle saison pour le podcast. Une nouvelle saison avec de nouveaux projets qui arriveront en 2026. Alors abonnez-vous pour ne pas manquer la suite. Et si l'épisode vous a plu, pour rester dans le sans faute, allez lui mettre 5 sur 5. Merci pour votre écoute, c'était Sueur d'Espoir.