- SUEUR D'ESPOIR
Bienvenue dans Sueur d'Espoir, le podcast qui vous fait découvrir les dessous du haut niveau. Je suis Martin Gauthier et ici pas d'interview, pas de questions, juste des parcours de sportives et sportifs que je vous raconte au format narratif après les avoir rencontrés. Pour chaque épisode un nouveau sport, des disciplines les plus médiatisées à celles moins connues, je suis sûr que les histoires de ces athlètes d'exception seront vous inspirées. Bon épisode !
- Mathis ROCHAT
Après l'escrime et le parcours, il me restait la natation et le laser run. Et en fait, dans les vestiaires, pour se changer pour la natation, je me suis mis à pleurer, mais vraiment de manière incontrôlée. Je me suis mis à pleurer en me disant, « Tiens, mais ce n'est pas possible, je peux gagner en fait. » Surtout, ce qui est dur, c'est qu'on s'entraîne du lundi jusqu'au samedi à midi. Donc, tu vois, notre pause du week-end, elle est assez courte. Et on n'a pas de demi-journée en fait. C'est-à-dire qu'on s'entraîne vraiment... tous les jours jusqu'au samedi, sans pause, sans interruption. Il y a une émulation avec le groupe que tu ne trouves nulle part ailleurs. Parce que là, tu vois, cette année, je crois qu'on est 14 à l'INSEP. Et en fait, les 14, on est surmotivés et on se pousse les uns les autres. Ton niveau, il monte. Et tes objectifs, ils se dessinent plus clairement. Moi, par exemple, maintenant, c'est clairement devenir champion olympique en 2028.
- SUEUR D'ESPOIR
Alors très bon nageur dans ses années jeunes, ce n'est pourtant pas dans les bassins que la carrière de Mathis Ausha va s'envoler. Encore au collège, Mathis participe à un cross pour son école. Pas licencié en club d'athlétisme et nageur à la base, il fait pourtant forte impression. Un jeune qui est très bon en natation et en course à pied. On pourrait naturellement penser qu'il ne lui manque plus que le vélo pour devenir un triathlète aguerri. Mais ce n'est absolument pas la trajectoire que va prendre sa carrière sportive. Avec ses qualités, on lui conseille d'aller voir du côté du pentathlon. Le pentathlon, c'est 5 épreuves avec de l'escrime, de la natation, du laser run, un combiné qui allie course à pied et tire, et enfin de l'équitation, tout récemment devenu un parcours d'obstacles. Quand on est seulement nageur, il faut réussir à se projeter. Mais vous verrez que cette trajectoire atypique a changé sa vie. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Sueur d'espoir, bonne écoute.
- Mathis ROCHAT
Voir les championnats de France, voir les différents pôles jeunes, moi j'ai trouvé ça génial et en fait c'était une décision pas facile parce que j'ai décidé d'aller faire mon lycée dans le sud à Aix-en-Provence alors que moi j'ai toujours grandi à Paris. Et donc en fait, j'ai décidé complètement de changer de vie pour faire du pentathlon que je n'avais jamais fait et tout. Parce que je trouvais la discipline super intéressante et ludique. Et le fait qu'il y ait plein de sports différents, moi je trouvais ça super. Et donc je me suis lancé et c'était peut-être la meilleure décision de ma vie jusqu'à maintenant. De changer radicalement de vie.
- SUEUR D'ESPOIR
Alors novice en escrime, au tir et en équitation, il doit rattraper tout le retard. Et dans ces trois nouvelles disciplines, il y en a une dans laquelle il s'avère particulièrement à l'aise, l'équitation. Ou peut-être pas en fait.
- Mathis ROCHAT
Quand j'ai commencé à 15 ans le Pinta, j'ai commencé l'équitation en même temps, j'en avais jamais fait. Et en fait pour moi c'était vraiment... j'avais pas de contact avec l'animal, j'avais pas un bon contact, j'avais peur. Je n'étais pas rassuré. Et à l'INSEP, quand je suis arrivé à l'INSEP, je suis parti m'entraîner à la garde républicaine. Tu vas t'entraîner dans un cadre où ton entraîneur, c'est un militaire. Tu croises des militaires, les chevaux. Il faut s'en occuper aux petits soins. Et là, ce n'est pas le problème. Mais le truc, c'est que ça crée une pression supplémentaire par rapport à la pression que je me mettais déjà avec mon niveau d'équitation. Et ce qui fait que je détestais aller m'entraîner en équitation. Et j'avais un niveau catastrophique. Et je tombais quasiment à toutes les séances. Je pense que j'ai des anecdotes sur toutes mes séances d'équitation à la garde épicricaine. Parce qu'à chaque fois, il m'arrivait un nouveau truc. Et c'est pour ça que je n'avais pas envie d'y aller. Parce que je savais qu'à chaque fois, j'allais revenir avec une nouvelle histoire à raconter. Donc c'est marrant après coup, mais sur le moment, c'est tout sauf marrant.
- SUEUR D'ESPOIR
Bon, le contact animal, pas au top. Mais bon, 15 ans, nouvelle vie à Aix-en-Provence, nouveau sport, il faut laisser du temps au temps. Sauf que Mathis, le temps, il n'en a pas vraiment besoin.
- Mathis ROCHAT
Moi, je partais juste pour vivre une nouvelle aventure, une nouvelle expérience. Et en fait, je n'avais pas du tout d'ambition champion du monde, champion olympique, rentrer en équipe de France à l'INSEP. Moi, je voulais juste changer de vie. Je voulais juste voir du neuf, voir du nouveau.
- Speaker (La France Qui Gagne)
Et la troisième touche ! Parfait ! Parfait pour Mathis Rochat !
- Mathis ROCHAT
Et en fait, on s'est rendu compte dès la première année que j'avais quand même des facilités pour le sport. Parce que dès ma première année, j'étais déjà vice-champion de France dans ma catégorie. Donc là, c'était moins de 17 ans. Et je me suis qualifié aussi pour les championnats d'Europe. Alors qu'il y a d'autres peintes athlètes, ça faisait plusieurs années qu'ils s'entraînaient et tout. Et qu'ils ne s'étaient pas qualifiés. Et moi, dès ma première année, je me qualifie. Et en fait, ça a été comme ça toutes mes années jeunes. C'est-à-dire à chaque fois, j'étais dans les meilleurs français. À chaque fois, j'étais sélectionné pour les championnats jeunes. Que ce soit moins de 17 ans, moins de 19 ans ou moins de 22 ans. Et en fait, de fil en aiguille, ton niveau, il monte. et tes objectifs se dessinent plus clairement. Et tu te dis, ah ouais, là, j'ai réussi à faire ça. Peut-être que la prochaine compétition, j'arriverai à faire ça. Et en fait, de fil en aiguille, tu t'écartes des chemins. C'est comme si tu avais plein de chemins devant toi possibles. Et en fait, au vu de tes performances et de ce que tu as fait dans l'année, il y en a un qui se dessine plus clairement que les autres. Et c'est, moi par exemple, maintenant, c'est clairement devenir champion olympique en 2028.
- SUEUR D'ESPOIR
La messe est dite « Objectif champion olympique en 2028 » et il faut dire que quand on démarre aussi bien dans une discipline, il y a de quoi nourrir de grandes ambitions. D'autant plus que pendant les JO de Tokyo en 2021, une affaire s'empare du monde du pentathlon.
- Speaker (Eurosport)
Elle a déjà du mal à le lancer et elle pleure. Aïe, aïe, aïe, elle a compris que ça n'allait pas le faire. C'est terrible, elle est en tête et elle est tombée sur un cheval qui ne veut pas y aller. Saint-Boy !
- SUEUR D'ESPOIR
Annicka Schleu, athlète allemande alors en tête du classement avant l'équitation, tire un cheval du nom de Saint-Boy. Le problème, le cheval refusera de sauter et éliminera par conséquent l'Allemande. Une affaire qui remet une fois de plus en cause l'équité de cette épreuve. Le pentathlon est alors menacé de disparaître du programme olympique pour les JO de 2028. Finalement, il est décidé que l'équitation serait supprimée directement après les JO de Paris 2024, afin d'être remplacé. par un parcours d'obstacles du style Ninja Warrior.
- Mathis ROCHAT
Alors le changement pour la catégorie senior, qui s'est fait du coup après les Jeux Olympiques de Paris 2024, c'est-à-dire qu'aux Jeux Olympiques, c'était la dernière compétition avec équitation. Depuis, on est passé au parcours d'obstacles type Ninja Warrior. Mais dans les catégories jeunes, dans les catégories juniors, c'était effectif depuis 2023. Donc déjà l'année... l'année qui précède celle des Jeux. Et en fait, pour moi, c'était vraiment du pain béni parce qu'en équitation, c'est le sport où vraiment j'avais beaucoup de mal. Et donc, quand j'ai appris que l'équitation allait sauter au profit du parcours d'obstacles, moi, j'étais tout de suite, oui, bien sûr, allons-y. Peu importe la discipline, je suis preneur. Et donc, je me suis super investi directement dans le parcours. Et je pense aussi... c'est ce qui a joué sur le fait que dès ma première année, je sois devenu champion du monde junior. C'est parce qu'en fait, j'ai direct pris la discipline super au sérieux et je me suis investi à 100% sur tous les entraînements. D'autant que j'avais quelques lacunes au début, j'avais quelques faiblesses et je les ai beaucoup bossées. Et là, au championnat du monde junior en 2023, comme au championnat du monde senior en 2025, le parcours, ça a été pour moi... Un tremplin, clairement, c'est ce qui m'a apporté beaucoup de poids.
- SUEUR D'ESPOIR
Entre temps, Mathis découvre aussi l'INSEP, d'abord pour s'y entraîner, puis en tant qu'interne à partir de 2022.
- Mathis ROCHAT
Déjà, moi, la première fois que je suis arrivé, je m'étais entraîné deux ans au club avant d'entrer à l'INSEP. Et donc, en fait, tu passes de l'entraînement au club, où tu dois aller un peu à droite à gauche dans les piscines, dans les stades, revenir au club, aller faire de l'escrime et tout, tu te trames à aller tout le temps avec les affaires. Et là, tu arrives à l'INSEP et en fait, c'est carrément royal. Tu as toutes les infrastructures au même endroit. Tu as la cantine qui nous sert vraiment des bons plats, de la bonne nourriture en quantité, en variété. Et tu as le médical, tu as tout le staff médical qui est là pour t'aider au moindre pépin. Tu peux aller voir le médecin à toute heure de la journée et il t'envoie chez le kiné à toute heure de la journée. Et donc ça, c'est incroyable. Tu te rends compte à quel point la chance que tu as d'être là. Et franchement, moi, j'en profite. Surtout quand tu viens du club comme moi je l'ai fait, tu en profites à fond. Tu te dis, mais c'est incroyable. Après, maintenant que ça fait trois ans que j'y suis, tu commences à t'habituer au luxe, entre guillemets. Et tu te dis, là, il y a des petits défauts, là, il y a des petits trucs et tout. Mais à chaque fois, tu prends du recul et tu te remets à la place où tu étais il y a trois ans quand tu étais en club et tu te dis Merci. Non mais quoi qu'il arrive, même s'il y a des petits problèmes par-ci par-là, il n'y a rien de mieux que l'inset pour s'entraîner en pentathlon, c'est clair. On ne s'entraîne que entre pentathlètes. En fait, ce qu'il faut savoir en pentathlon, c'est qu'on est beaucoup moins fort que les coureurs, beaucoup moins fort que les nageurs, beaucoup moins fort que les épéistes. Et donc pour eux, ce n'est pas intéressant de s'entraîner avec nous. De temps en temps, on s'entraîne avec les épéistes jeunes. On a des séances en commun avec eux de temps en temps. Mais sinon, on ne s'entraîne que de notre côté. Et ça, c'est un autre point positif qui a s'entraîné à l'INSEP. C'est qu'en fait, il y a une émulation avec le groupe que tu ne trouves nulle part ailleurs. Parce que là, tu vois, cette année, je crois qu'on est 14 à l'INSEP. Et en fait, les 14, on est surmotivés et on se pousse les uns les autres. Et en parcours, on apprend en se regardant les uns les autres. Et en fait, c'est une émulation qui est hyper positive, surtout dans le groupe. Globalement, on s'entend tous très bien et on a tous la banane d'aller à l'entraînement. On se retrouve tous avec joie chaque matin. Et donc ça, mine de rien, ça joue beaucoup. Parce que ça veut dire qu'on évolue dans un environnement qui est sain, au moins entre nous les athlètes. Et donc ça, c'est super positif et ça aide beaucoup à la performance. Alors, on s'entraîne environ 25 heures, 25 à 30 heures par semaine. Mais surtout, ce qui est dur, c'est qu'on s'entraîne du lundi jusqu'au samedi à midi. Donc, tu vois, notre pause du week-end, elle est assez courte et on n'a pas de demi-journée, en fait. C'est-à-dire qu'on s'entraîne vraiment tous les jours jusqu'au samedi, sans pause, sans interruption. Et à la longue, quand les saisons durent dans le temps... c'est surtout émotionnellement et que c'est fatigant parce qu'en fait tu as la motivation bien sûr de faire des résultats en compétition mais tu as aussi la fatigue en fait émotionnelle de faire des moins bons entraînements de s'entraîner dans le froid c'est pas facile après chaque sport a ses difficultés chaque athlète rencontre ses difficultés Mais en pentathlon, c'est vrai qu'on a l'impression qu'en fait, c'est un métier quasiment à temps plein. Vu qu'on s'entraîne tous les matins et tous les après-midi de l'année.
- SUEUR D'ESPOIR
En septembre 2023, ce sont les championnats du monde junior de pentathlon. Une première pour Mathis.
- Mathis ROCHAT
Je suis très compétiteur. Ça, c'est peut-être quelque chose d'un peu inné. Tu peux le travailler, mais moi, j'ai la chance vraiment de passer outre vraiment le stress. Parfois, à un moment, tu arrives tellement stressé qu'en fait, j'en oublie le stress, j'en oublie la douleur, j'en oublie les enjeux. Tu oublies tout, en fait. Et j'arrive à me mettre dans cet état d'hyperconcentration. Et c'est vrai que ça m'est arrivé au championnat du monde junior. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé à ce moment-là, mais en gros, après les scrims et le parcours, il me restait la natation et le laser run, et en fait, dans les vestiaires, pour se changer pour la natation, donc il me restait trois épreuves. Je me suis mis à pleurer, mais vraiment de manière incontrôlée, je me suis mis à pleurer en me disant, tiens, mais ce n'est pas possible, je peux gagner en fait. Et j'ai réalisé que je pouvais gagner, et du coup, je me suis vraiment mis à pleurer d'émotion, tu vois, de... d'émotions, de stress, je ne savais pas ce qui m'arrivait. Et en fait, une fois que j'ai pleuré, après j'avais l'esprit complètement vide et ça s'est hyper bien passé, la natation. J'ai fait un bon temps, j'avais même pas mal à la sortie, aucune douleur. Ensuite, je vais sur le laser run, je pars, je ne partais pas premier, mais je passe vite en tête. Et à partir de là, quand j'arrivais à chaque stand, je m'imaginais des gens qui tiraient à côté de moi et qui n'existaient pas en fait, j'étais seul au stand. Et en fait, ça ne me venait même pas. Je me suis dit, OK, là, il y a un gars à côté de moi. Ce n'est pas grave, je fais mon truc. Alors qu'en fait, j'étais 15 secondes devant le deuxième. À chaque fois, je tirais tout seul au stand. Et c'est des états où c'est hyper difficile à expliquer parce que ça ne m'arrive qu'en compétition. Des états où tu es en hyper concentration et tu as l'impression de survoler les compétitions. pas forcément dans la perf, mais mentalement, tu te sens hyper bien. Et ça, je ne l'ai pas à toutes les compétitions, mais par contre, quand je l'ai, je prends beaucoup de plaisir à faire le sport et je prends beaucoup de plaisir à aller loin dans la douleur, parce que ça, pareil, ça peut être un frein mental. Et c'est vraiment un état que je n'ai jamais travaillé. Ça vient naturellement dans les moments où il y a beaucoup d'enjeux.
- SUEUR D'ESPOIR
Triple champion du monde en individuel, en relais et en équipe lors de cette compétition, en 2024, ce seront les Jeux Olympiques à Paris. Alors encore dans ses années junior, Mathis ne rentre pas dans les modalités de sélection et ne participe donc pas aux JO de 2024. Surtout que les Jeux de Paris marquent la dernière compétition en senior avec l'équitation au programme.
- Mathis ROCHAT
Par exemple, ma compagne Louison, elle est... elle adore l'équitation et en fait c'était surtout pour ça qu'elle est venue dans le pentaton. Donc elle essaye d'en faire de son côté dans la mesure du possible. Mais c'est vrai que l'équitation, il y avait de nombreux problèmes. Il y avait l'accessibilité au sport. Déjà avec quatre disciplines qui n'avaient rien à voir, c'est déjà compliqué. Mais à ça tu rajoutes l'équitation, tu avais un problème d'équité aussi avec le tirage au sort en compétition. Parce que nous, on n'a pas nos chevaux, en fait, on n'est pas du tout propriétaire. C'est quand on est arrivé sur la compète, on arrive dans un centre équestre qui nous met à disposition une trentaine de chevaux. Et en fait, tu tires ton cheval au sort pour faire ton parcours. Tu as 20 minutes d'échauffement avec lui, ce qui fait que déjà, l'équitation, c'est un sport très compliqué. Si à ça, tu rajoutes un côté d'adaptation à ton cheval, en fait, on se rend compte qu'on n'avait clairement pas le niveau pour faire cette discipline. Pour l'instant, ça a plutôt bien marché. Les championnats du monde ont été pas mal suivis. Il y avait à peu près 1500 personnes dans l'aréna où on était. C'est très rare de voir autant de gens. Il faut voir aux Jeux Olympiques comment la sauce va prendre. Mais aux États-Unis, ils peuvent vraiment nous faire un parcours très impressionnant, très télévisuel. Franchement, ça peut donner un nouveau souffle au pentaton qui est un sport pas connu finalement.
- SUEUR D'ESPOIR
En 2025, Mathis fait son passage chez les seniors avec le début du circuit coupe du monde. Alors comment ça se passe une étape de coupe du monde, je vais vous la faire très simple. Tout commence avec un premier tour de qualification lors duquel le but va être de se qualifier en demi-finale. Ce tour de qualif consiste en un pentathlon complet. Vient ensuite la demi-finale pour laquelle il faut à nouveau disputer un pentathlon complet. Le but étant de finir dans le cut pour passer en finale. Au niveau de l'ordre et du contenu des épreuves, un pentathlon commence par l'escrime. Il est suivi du parcours d'obstacles, nouvelle arrivée dans le programme. L'épreuve est un parcours de 70 mètres avec 8 obstacles à franchir. L'épreuve d'après est la natation avec un 200 mètres nage libre. Et enfin le pentathlon se termine avec le laser run. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'avant le laser run, chaque athlète a marqué des points sur les épreuves précédentes, escrime, parcours, natation. Ces points sont additionnés pour former un classement intermédiaire et le leader part en premier sur le laser run, puis les autres partent avec un retard proportionnel à leur écart de points. Un point d'écart, ça représente une seconde de retard au début du laser run. Le laser run, ça consiste en 5 tours de 600 mètres avec 4 passages au tir. Le premier à passer la ligne d'arrivée en finale est vainqueur et fatigué parce que 3 pentathlon dans la semaine, faut se les envoyer.
- Mathis ROCHAT
Du coup, c'est une compétition qui dure sur toute la semaine. Au total, on a trois pentathlons à faire. Et quand tu arrives en finale, il y a une grande partie de gestion des journées précédentes. Parce que tu peux être super fort sur un one shot, c'est-à-dire sur un pentathlon, tu peux vraiment avoir des super résultats en natation, en course, en parcours. Mais ce qui est super important, c'est le dernier jour d'être au taquet, d'être à 100%.
- SUEUR D'ESPOIR
Or, les finales lors de ses premières Coupes du Monde, Mathis n'en voit pas la couleur.
- Mathis ROCHAT
Moi, j'ai eu un début de saison très compliqué, où en fait, c'était ma première saison sur le circuit senior. Et donc forcément, comme j'étais champion du monde junior en 2023, pour ma première saison senior, je me dis, c'est bon, je vais arriver, forcément, je vais récolter toutes les médailles, je vais être dans le top mondial et tout. Et en fait, pas du tout. Mes deux premières Coupes du Monde, je finis 37ème. Et en fait, je n'arrive pas à me qualifier en demi parce que je suis le cinquième français. Et donc, en fait, je finis clairement loin du niveau que j'imaginais avoir. Et heureusement, j'ai beaucoup bossé avec ma préparatrice mentale. Et en fait, les choses se sont un petit peu améliorées. Et je fais sixième à la troisième Coupe du Monde, ce qui me qualifie du coup pour les championnats d'Europe et les championnats du monde. Et en fait, à partir de là, pour moi, c'était mais que du bonus. Dans le sens où, je ne m'imaginais même pas, jusqu'à la dernière Coupe du Monde, je ne m'imaginais pas participer aux Europes et au Monde. En fait, quand j'arrivais sur ces compétitions, j'étais plus heureux que vraiment sous pression. Quand tu es dans le pentathlon, quand tu es dans les 90 minutes, il faut être super concentré pour justement passer d'une épreuve à l'autre. Il faut, entre chaque épreuve, prendre le temps d'accepter vraiment ton résultat, d'accepter ce qui s'est passé. et ensuite de lâcher prise, de ne pas s'y attarder pour reconditionner ton cerveau à passer à l'épreuve d'après. Et ça, c'est super dur. En fait, ça, ça vient surtout avec l'expérience. Ce n'est pas un truc que tu apprends vraiment à l'entraînement, c'est vraiment l'expérience de la compétition. Après chaque épreuve, il faut vraiment balayer la précédente et se concentrer par fond sur la même.
- SUEUR D'ESPOIR
Le 27 août 2025, débute en Lituanie les Championnats du Monde de pentathlon. Deux ans après sa victoire chez les juniors, Mathis joue désormais dans la cour des grands.
- Mathis ROCHAT
Franchement, la finale des Championnats du Monde, c'était... Quand j'y repense, parfois j'essaye de me remémorer en entier la scène, et en fait, j'ai des flashs, en fait. J'ai des flashs de ce qui s'est passé. Je me souviens quasiment plus de mes matchs de screen, parce qu'en fait, c'est difficile à dire, mais... Quand t'es dans le truc, t'es hyper concentré. T'es tellement concentré qu'en fait, t'oublies toi, en tout cas. Mais tu t'oublies, en fait. Tu t'oublies dans la perf. Ce qui fait que j'étais très concentré. Je voyais les gens se déplacer en épée. Je voyais mes adversaires. Je voyais ce qu'il fallait faire à peu près. Mais sauf qu'après coup, j'ai pas de souvenir, en fait. Comme si c'était pas moi qui ai fait les matchs d'épée, tu vois. Et c'est pareil pour le parcours. quand je regarde le parcours ma vidéo je me dis attends mais j'ai fait ça mais attends mais comment j'ai pu faire ça, comment j'ai fait ça et tout et en fait c'est trop bizarre j'étais tellement concentré quand je me rappelle de la compétition c'est vraiment des flashs et tout ce dont je me souviens c'est que c'est allé super vite et pendant le combiné pareil normalement ça dure 10 minutes et pour moi l'épreuve j'ai l'impression quand je me souviens qu'elle a duré 25 secondes je me souviens même plus de mes tirs et tout c'est hyper bizarre comme sensation à expliquer mais j'étais tellement conscient sur le coup que après coup je... Mon cerveau a supprimé l'épisode de la cassette d'enregistrement.
- Speaker (La France Qui Gagne)
Première finale de championnat du monde. Tu es vice-champion du monde, Mathis. C'est énorme ce que tu viens de proposer cet après-midi.
- SUEUR D'ESPOIR
Une semaine de grâce où tout réussit à Mathis. Une incroyable deuxième place au final qui permet aussi à la France de devenir championne du monde par acquis. Vice-champion du monde pour sa première chez les seniors. Lui qui encore quelques mois avant n'arrivait même pas à voir les finales. Un des podiums le plus jeune des championnats du monde, avec trois athlètes n'ayant même pas participé au JO de Paris 2024. La relève est assurée et le passage au parcours d'obstacles semble avoir insufflé une nouvelle dynamique au sport.
- Mathis ROCHAT
Déjà juste en passant la ligne d'arrivée, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Pour moi, je finissais juste une compétition comme ça, comme d'habitude, où tu franchis la ligne arrivée. Et moi, j'étais juste KO, en fait. J'en pouvais juste plus. Et c'est vrai qu'après coup... Quand j'ai commencé, du coup, moi, je suis allé directement à Tahiti faire mon stage et j'ai commencé à parler aux gens autour de moi que j'étais vice-champion du monde de pentaton et tout. Et les gens, après, ils te regardent. « Oh, mais tu vas faire les Jeux Olympiques ! Attends, mais c'est incroyable et tout ! Mais waouh ! » Et je leur disais « Bah, ouais, c'est bien, mais c'est... » C'est vrai qu'on a un peu banalisé le truc, surtout cette année. Nous, on a eu plein de médailles en équipe de France. Les Français ont été vraiment bons. Et... Je trouve que ma performance, je la vois plus comme une étape. Je ne me suis pas du tout dit « c'est bon, j'ai réussi ma carrière, ma carrière est finie, j'ai fait une médaille au monde » . Moi, je vois ça vraiment comme une étape où j'ai coché des cases, j'ai validé un certain niveau en parcours, j'ai validé un certain niveau en natation, en course. Et maintenant, il faut que je coche d'autres cases pour pouvoir aller jusqu'aux Jeux Olympiques et remporter la médaille d'or. Là où j'ai eu un déclic, c'est que quand tu pratiques le sport de haut niveau, malgré tout, en pentathlon, les compétitions sont très changeantes. Tu vois, si on avait refait la même compétition avec les mêmes bonhommes le lendemain, c'est sûr que les résultats auraient été complètement différents. Et du coup, tu ne peux pas t'habituer au podium, mais par contre, le fait d'en faire un, je me dis, ok, j'en ai fait un, je peux en refaire. J'ai la capacité d'en refaire. Et ça te passe une barrière mentale où tu vois les gars sur les podiums et tu te dis « Ah mais les gars, c'est des ovnis, c'est des extraterrestres et tout. » Et en fait, non. Et maintenant que j'ai fait la médaille, j'ai eu un déclic de « Ok, maintenant je sais que tout est possible, tout est jouable. » Et je vais aller chercher le plus de médailles que je peux sans me dire que les mecs sur les podiums sont inatteignables et des surhommes par rapport à moi.
- SUEUR D'ESPOIR
Un déclic qui est arrivé au meilleur des moments pour Mathis, lui qui après trois années à l'INSEP est passé externe. Un nouveau statut qui rajoute une petite pression financière, car il faut désormais trouver un logement, payer le transport, la nourriture, etc. Des frais pris en charge à 50% par la fédération quand il était encore interne.
- Mathis ROCHAT
Moi j'ai la chance d'avoir un mécène vis-à-vis de la Fondation du sport français. Donc en gros, j'ai un mécène qui m'aide à financer ma saison. Et en plus de ça, il y a la fédération de Pentathlon qui nous aide aussi à financer notre saison. Mais c'est sûr que là, maintenant, je suis passé externe, moi, parce que j'ai fait trois ans d'internat déjà. Donc j'ai 23 ans, donc là, je viens de passer externe. Enfin, j'ai trouvé mon appartement en dehors de l'INSEP. C'est sûr que là, je rentre dans la vraie vie, entre guillemets, et tous les coûts sont le loyer à payer, l'électricité, la nourriture, les déplacements. les transports. Et en fait, c'est sûr qu'à partir de ce moment-là, si je n'avais pas fait ma médaille de vice-champion du monde, ça aurait été très compliqué. Parce que là, ce que la médaille de vice-champion du monde m'a apporté, c'est déjà la fédération qui m'aide un petit peu plus. Et donc, j'ai la chance d'avoir fait cette médaille qui me facilite grandement le travail. Mais c'est sûr que sinon, à part ça, il faut... La seule façon de trouver vraiment des partenaires financiers, c'est le bouche à oreille en fait. Mais c'est presque un travail à part entière de dénicher ces contrats. Et nous, on n'a pas forcément le temps ou la motivation parce que tu prends beaucoup, beaucoup de refus quand tu fais de la recherche de contrat. Et à un moment, ça te casse un peu le moral aussi. Tu te dis bon, ça ne sert à rien. J'ai pris 15 refus, je m'arrête là. On sait qu'on ne fait pas du football ou des sports comme ça qui sont très médiatisés. Donc, on n'aspire pas à baigner dans l'argent. Mais c'est vrai qu'il y a des moments, c'est compliqué de faire autre chose. Comme je t'ai dit, une fois que tu es à l'internat en interne, tu n'as plus forcément d'argent après pour ne serait-ce qu'aller au resto, partir en vacances ou te faire des cadeaux de temps en temps. C'est vrai qu'il y a cet aspect-là qui est aussi important parce que tu peux... de ne pas faire que du pentaton toute ta vie parce que sinon, tu deviens flou, entre guillemets. Il faut que tu puisses te sortir un peu la tête de ce monde-là, de ce milieu qui est très prenant. Et ça, c'est un vrai facteur de réussite. Mais voilà, pour avoir ce facteur de réussite, il faut un peu d'argent pour justement, comme je te dis, sortir un peu la tête de l'internat et du pentathlon.
- Speaker (Eurosport)
C'est fini. On a notre podium. Et dessus, on aura Elodie Clouvel.
- Speaker (La France Qui Gagne)
Première finale de championnat du monde. Tu es vice-champion du monde, Mathis.
- SUEUR D'ESPOIR
Aux côtés d'une équipe de France plus motivée que jamais, Mathis ne compte pas en rester là. Devenu le premier Français médaillé au Mondiaux depuis 9 ans, et le premier Français à jamais médaillé mondial sur ce nouveau format du pentathlon. Dans 3 ans, son objectif sera d'être le premier champion olympique sur ce format qui lui va si bien. C'est la fin de cet épisode, un épisode sur un sport historique qui a su se réinventer et qui va sans nul doute gagner en popularité au gré des années. Je vous encourage à aller suivre Mathis dans son rêve olympique, aux côtés de cette talentueuse équipe de France. Et si ça vous a plu, je vous invite aussi à vous abonner au podcast et à évaluer l'épisode. Merci pour votre écoute, c'était Sueur d'Espoir.