- Speaker #0
Qu'est-ce que tu veux faire toi dans l'avenir ? Capitien. Secrétaire de direct. Chapeau. Finataire industriel. Marat. Moi,
- Speaker #1
je voudrais être architecte.
- Speaker #2
J'aimerais être standardiste parce que j'aime bien les téléphones.
- Speaker #1
Coiffeuse.
- Speaker #0
J'aimerais être caméraman. Matisse de l'air. Historie. J'aimerais être cuisinier parce que la cuisine ça me plaît, comme ça on est sûr de manger à sa faim. Puis c'est un métier qui fera jamais faillite.
- Speaker #1
Moi j'ai pas une idée fixe,
- Speaker #0
y'a des métiers qui me plaisent mais j'arrive pas à trouver mon métier.
- Speaker #3
Il est important de donner le goût d'avoir des méthodes d'investigation qui permettent aux jeunes de goûter, de prendre du plaisir à découvrir cet univers. L'univers des sciences est encore un fantastique univers d'aventure, un univers qui peut faire rêver, encore faut-il l'enseigner comme tel.
- Speaker #4
Après une pause de plus de six mois consacrée à l'écriture d'un livre, l'Odyssée des dix, publié aux éditions Stock, Je suis ravie de vous annoncer que le podcast reprend du service avec un épisode tous les 15 jours. Alors merci pour votre patience et votre soutien durant cette période. Pour ouvrir cette nouvelle saison, j'ai posé mes micros en banlieue lyonnaise, à Vaud-en-Velin, dans les locaux de l'association Ébully Science, pour découvrir le métier de médiateur scientifique. L'origine de cette profession remonte aux Lumières, avec les premiers cabinets de curiosité du XVIe siècle, où des amateurs passionnés partageaient leurs découvertes avec le public. Au XXe siècle. Cette tradition s'est institutionnalisée avec la création du Palais de la Découverte en 1937, sous l'impulsion de Jean Perrin, prix Nobel de physique en 1926, qui souhaitait présenter les sciences de manière vivante et accessible, en proposant des démonstrations interactives animées par des démonstrateurs. Ses précurseurs ont jeté les bases de la médiation scientifique telle que nous la connaissons aujourd'hui, rendre la science intelligible à tous. Un enjeu ? Plus que jamais d'actualité, alors que les récents rapports soulignent que le niveau des élèves français en mathématiques et en sciences reste en dessous de la moyenne de l'OCDE. Dans ce contexte, est-ce que le métier de médiateur scientifique pourrait être un levier pour réconcilier les jeunes générations avec les maths et la physique, matière souvent perçue comme intimidante, voire incompréhensible ? Dans cet épisode, en compagnie de Blandine Desjans, la directrice d'EbuliSciences, et d'Aurélie Romand, chargée de communication, Nous tenterons de percer le mystère de la langue mathématique. Ensemble, nous explorerons comment la pédagogie active peut redonner aux sciences une place plus accessible dans notre société, en suscitant curiosité et esprit critique. Et comme toujours, nous écouterons des archivinas afin de tisser un parallèle entre le passé et l'avenir de ce métier méconnu. Rencontre !
- Speaker #2
Bonjour, merci de l'accueil. Je suis Aurélie, je suis la chargée de communication de l'association Abilisciences. Au départ, je suis arrivée, je m'occupais d'un dispositif qui s'appelle les labos mobiles. C'est la vente de prestations de médiation scientifique à l'extérieur, donc dans des écoles, dans des bibliothèques, des MJC, des centres sociaux, etc.
- Speaker #0
Merci Blandine, déjà, je suis la directrice de l'association Abilisciences. Je tiens à préciser qu'on est aujourd'hui à Vau-en-Lin. Donc un peu en périphérie de Lyon, mais c'est vrai que notre association, comme le soulignait Aurélie en parlant des labos mobiles, travaille sur toute la région Auvergne-Rhône-Alpes.
- Speaker #4
Alors est-ce que vous pouvez nous dire, Ébully Science, pourquoi ce nom déjà ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Speaker #0
Oui, ça a été trouvé il y a 25 ans, presque 26 ans, par des étudiants et des étudiantes de l'INSA de Lyon, puisque à l'époque, le président de l'époque, Henri Latreille, était enseignant à chercheur à l'INSA de Lyon. Et il s'est dit, je vais faire travailler des élèves, des étudiants et des étudiantes sur un projet de préfiguration d'une structure qui proposerait à tous les publics d'être des chercheurs et des chercheuses. Et donc ces étudiants, dans leur brainstorming de l'époque, à 26 ans, ont trouvé ce nom, Ébulli-science, avec l'idée d'ébullition, évidemment, et puis contenant le mot science, puisqu'on est, comme le disait Aurélie, dans la médiation scientifique, et notre sujet c'est la culture scientifique et technique.
- Speaker #4
L'idée c'est de rendre accessibles les sciences à tout le monde. Alors justement, concrètement, comment vous faites et comment ça se passe ?
- Speaker #0
On travaille, on embauche pour le bureau de l'association des médiateurs et des médiatrices scientifiques, c'est-à-dire avant tout des personnes qui aiment. Les sciences, donc ça ne veut pas dire qu'elles ont forcément fait des études scientifiques. C'est très important de le souligner. Il faut aimer chercher, il faut être curieux et curieuse. Il faut aimer les enfants, c'est mieux. Et puis s'intéresser aussi à la pédagogie. En fait, il ne suffit pas d'avoir fait des études scientifiques du tout. Il y a beaucoup de choses qui s'apprennent in situ, qui s'apprennent au sein de l'association, parce qu'on a vraiment une pédagogie, moi j'aime bien dire madine et buddhisme, qui est vraiment spécifique, une pédagogie active. Mais avec les spécificités d'EbuliSciences, de mettre les publics en situation d'être des chercheurs et des chercheuses. Donc les gens qui viennent chez nous, qui postulent, ils peuvent venir, avoir été dans des études scientifiques, mais pas que, loin de là. La première chose qu'on cherche chez les candidats et les candidates, c'est la motivation, l'envie d'aller faire découvrir la culture scientifique au public. Et j'insiste sur le terme de culture scientifique, on est dans les sciences, mais ce qu'on amène, ce qu'on essaye, ce qu'on demande à nos salariés... de faire au quotidien, c'est de faire vivre une culture scientifique et technique, dans le sens où, comme c'est de la culture, ça appartient vraiment à tous et toutes. Et c'est de donner les clés de la compréhension de cette culture scientifique et technique, de la compréhension des sciences, par une démarche qui est spécifique, qui est la démarche d'investigation.
- Speaker #4
Justement, aujourd'hui, il y a des ateliers qui sont organisés en ce moment. Il y a cette idée d'être un peu un petit chercheur ou une petite chercheuse, parce que ça s'adresse plutôt aux enfants, aux ateliers. Et alors comment vous faites, parce qu'il y a de la pédagogie active, donc c'est vous-même qui inventez complètement les différents dispositifs. Comment vous trouvez aussi la source d'inspiration ?
- Speaker #0
Oui, dès le départ, Henri Latreille a trouvé cette formule, il est interdit de ne pas toucher. Donc c'est vraiment au cœur. Et en fait, depuis 26 ans, il y a des centaines et des centaines de personnes qui ont été médiateurs, médiatrices scientifiques. Au tout départ, c'est toujours les étudiants et les étudiantes de l'INSA qui ont constitué un fonds d'expérience. qu'on a encore aujourd'hui. Et à partir de ce fonds, au fur et à mesure des années, moi ça fait plus de 12 ans que je fais l'ébédition, chacun et chacune a fait son ingénierie, a développé une ingénierie, en fonction soit des envies, soit des besoins aussi, des écoles, des partenaires, des structures qui nous sollicitent, et puis de ce qui nous semble aussi actuel, par exemple, ça fait plusieurs années qu'on développe beaucoup des expériences qui portent sur l'écologie, évidemment. Donc il y a aussi ces aspects-là qui sont importants, c'est aussi la demande, le besoin. et dans quel domaine on pense que les publics ont besoin de développer leur esprit critique. On a fait aussi, il y a quelques années, beaucoup de choses sur les fake news. C'est aussi important d'être très dans l'actualité aussi, sans être dans le modernisme à tout prix. Au contraire, moi je dis souvent que c'est très cheap en fait. Comme il faut que ça soit manipulable, manipulé, ce ne sont pas des choses qu'il ne faut pas toucher. Au contraire, c'est des choses... qui peuvent paraître simples, avec des objets de la vie du quotidien, mais qui permettent aussi de comprendre que les sciences, c'est tout autour de nous, c'est partout, et ce sont des choses du quotidien.
- Speaker #4
Les sciences, pour la plupart des gens, c'est quand même les maths. Vous faites de la chimie, vous faites de la physique, vous faites des sciences naturelles peut-être ?
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #4
Vous faites des mathématiques également, et dans tout ce que vous dites, finalement, il y a quand même un langage, si on trouvait qu'il y a un langage des sciences, et comment... on va le transformer et passer par l'expérience pour arriver au raisonnement scientifique. Donc c'est quand même une alternative aux manières d'enseigner classiques ?
- Speaker #0
Oui, tout à fait. On est dans ce qu'on appelle l'enseignement informel et la formalisation de tout ça, de ces connaissances, elle appartient la plupart du temps à l'école, par exemple. Donc les enseignants et les enseignantes qui viennent chez nous viennent pour la manipulation. essentiellement pour la manipulation et aussi parce qu'ils sont très mal à l'aise avec les sciences, la part du temps et la démarche d'investigation, pas parce qu'ils n'ont pas envie mais qu'ils sont pour beaucoup, ils ont fait des études plutôt littéraires et donc ils viennent pour permettre à leurs élèves de manipuler et après ça leur appartient de formaliser, dans le langage dont tu parles, les éventuelles connaissances que les enfants ont acquis. Nous, c'est pas notre entre guillemets problématique, tant mieux si les enfants trouvent. Les réponses aux expériences, c'est vraiment cette question de la démarche. Mais dans les mathématiques, c'est tout à fait valable. On a mis en place des programmes qui étaient assez ambitieux. Sur six ans, on a suivi les mêmes classes pendant six ans, de la maternelle jusqu'à l'élémentaire, autour d'un projet qu'ils appelaient compter la science Et par exemple, avec des enfants de maternelle, on en parlait tout à l'heure, la question de la comptine en fait. Les enfants apprennent à compter. au travers d'une comptine, mais en fait ils n'apprennent donc pas à compter, puis ils apprennent par cœur le 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8. Et on avait travaillé ça avec une chercheuse en mathématiques, et l'idée c'était justement d'utiliser le fait que les enfants ne savent pas compter. pour que d'eux-mêmes, ils trouvent des systèmes de numération. Donc si on veut apprendre à compter, tout petit, il faut comprendre qu'on a besoin d'un système de numération. Donc on part dans des comptes, on est à la préhistoire, on veut aller chasser, comment on va faire pour savoir si on est tous revenus, puisqu'on ne sait pas compter. Et les enfants, même petits, c'est ça qui est vraiment hyper intéressant, ils vont trouver en fait ces solutions, ils vont les élaborer avec l'adulte qui les accompagne. Et tout le sens de la médiation, je trouve, elle est vraiment là. C'est-à-dire que l'adulte qui est médiateur, médiatrice, scientifique, il n'est pas là pour donner les réponses, mais bien pour accompagner dans le fait de trouver ses réponses.
- Speaker #2
On est beaucoup dans la question. Il y a une espèce de déformation professionnelle chez nous qui est de passer notre temps à poser des questions. Et pourquoi ? Et pourquoi ? Je ne sais pas, on a tous trois ans, je pense. Mais du coup, c'est ça, c'est amener. Les gens à réfléchir et à trouver la réponse en leur posant les bonnes questions.
- Speaker #0
C'est une manière de réfléchir, déjà, observer, essayer d'observer au maximum. J'ai des a priori, j'ai vu ça rapidement, c'est vraiment observer. Et ça dans la vie de tous les jours, c'est assez utile normalement, mais on le fait tous très rapidement. On n'observe pas, on voit bien quand il y a eu un accident et qu'on est témoin, on a vu une chose, on n'a pas réellement observé, on a beaucoup de ressenti, etc. Donc là c'est essayer d'avoir une rigueur dans l'observation. Cette observation nous permet d'émettre des hypothèses. et qu'on teste par l'expérience ces hypothèques. Donc c'est vraiment une démarche intellectuelle, une manière de réfléchir.
- Speaker #4
On a parlé tout à l'heure de la langue et du langage. Dans le podcast, on passe des archives. Alors je vais vous passer une archive qui date de 2005. On va entendre Stella Baruc, qui est une chercheuse française et qui est spécialiste en pédagogie des mathématiques. Elle est assez connue, elle a écrit L'âge du capitaine Je ne sais pas si vous connaissez. Et je vais vous passer cette archive. et je viens que vous réagissez après à l'archive s'il vous plaît si
- Speaker #5
A plus B au carré égal à je ne sais pas comment ils le disent A2 plus 2AB plus B2 je crois vous voyez d'ailleurs c'est très bien parce que A2 plus 2AB plus B2 c'est plus facile à dire que A au carré etc or c'est bien de A au carré il s'agit plus 2AB plus B au carré et Si on n'arrive pas à le penser au départ d'abord comme le carré d'une somme égale au carré du premier terme plus deux fois le produit du premier par le deuxième plus le carré du second, ça ne reste pas dans les têtes et ce fameux 2ab disparaît au profit de a plus b au carré égale a au carré plus b au carré qui est la croix des profs de maths. Donc il ne peut pas y avoir à mon sens de mathématiques sans... non pas langage, mais sans langue. Un substrat de langue, et ce substrat de langue, il est pris dans la langue ordinaire. Tout petit exemple pour vous montrer que ce n'est pas facile. Quand vous voyez sur une copie d'élève que les côtés consécutifs d'un paralogramme sont parallèles, les côtés consécutifs parallèles. Ce qui est un exploit assez extraordinaire. Bon, et bien, c'est où parallèle ? ou consécutif qui n'ont pas de sens. Consécutif est un mot de la langue courante, mais qu'on utilise beaucoup en mathématiques. Bon, parallèle, on parle de pas mal de choses parallèles. Donc, il est clair qu'il faut que les deux mots s'intègrent à la langue de l'élève. Eh bien, pour consécutif, qui n'a pas sa place dans un dictionnaire de mathématiques en principe, je pense l'avoir mis dans le mien, il suffit de le faire passer par la langue ordinaire. Si je dis il a plu pendant trois jours consécutifs, ça veut dire quoi ? Qu'ils se suivent. Donc c'est quoi des côtés consécutifs qui se suivent ? C'est quoi des nombres consécutifs qui se suivent ? Et quand peut-on parler de nombres consécutifs quand ils sont entiers, etc. ? Et nous voici engagés dans la matière.
- Speaker #0
Elle parle des côtés consécutifs. Si on dit il a plu pendant trois jours consécutifs, l'élève a tout de suite compris que c'est trois jours qui se suivent. Donc c'est exactement de la même manière que quand on veut aborder certains phénomènes scientifiques qui ont des terminologies aussi qui leur sont propres. Nous aussi, comme on est beaucoup dans le fer et qu'il faut les voir, les expériences là, on enregistre un peu compliqué, mais nous on a des expériences qui permettent de conceptualiser concrètement des phénomènes scientifiques qui sont des termes dans le langage scientifique. qui serait incompréhensible, et qui sont d'ailleurs la peur du temps incompréhensible, si l'élève, l'enfant, ne passe pas par l'expérience. Parce qu'en fait, le fait de passer par l'expérience, de le vivre dans son corps, puisque là on parle bien de toucher, on parle bien de sentir, etc., ça va l'imprimer aussi. On sait aujourd'hui qu'on retient aussi, parce qu'on est passé par cette expérience. Donc non seulement il va retenir cela, mais il va le comprendre en fait. Et donc il saura le manipuler. Et après, on peut remettre dans un langage qui est scientifique, évidemment. Mais pour nous, l'idée, c'est d'abord de passer par ce dont elle parle, c'est-à-dire les choses de la vie courante. Et puis ensuite, il n'empêche qu'évidemment, ce langage, ces termes, cette sémantique, elle est très importante, encore plus dans les mathématiques, où il y a des termes qui sont spécifiques à une langue, qui est spécifique aux mathématiques, évidemment. Mais elle, elle propose d'abord... passer par ce qu'elle appelle le langage ordinaire, notre langage à nous tous, pour ensuite faire rentrer les élèves dans le langage mathématique.
- Speaker #2
Je pense que ce qui est important dans le travail des médiateurs, finalement, c'est ça, c'est de rendre compréhensibles, c'est de retrouver des mots différents et de les rendre physiques avec l'expérience, en fait. Finalement, c'est ça le travail du médiateur, c'est de créer le lien entre l'enfant, sa connaissance de base, l'expérience qu'il va voir et qu'il va manipuler. Et après, éventuellement, leur donner le nom concret, spécifique.
- Speaker #0
Ça me fait penser à la persistance rétinienne. Ça ne veut pas dire grand-chose pour beaucoup de gens, encore moins pour les enfants. Mais en fait, dès que vous leur faites faire du cinéma, du pré-cinéma, superposer des images, les faire se suivre, etc., là, ils vont concrètement comprendre ce qu'est la persistance rétinienne. C'est ce qui permet de faire tes dessins animés, par exemple.
- Speaker #4
Mais c'est un métier, médiateur culturel, dont on t'en parlait depuis à peu près 20 ans. Avant, on parlait de démonstrateur et à Lyon, donc tu me disais, on parlait de complice. Finalement, il y avait quand même cette idée, soit t'es bon en maths, soit t'es bon en lettres. Il fallait toujours être dans des cases. Donc je me dis finalement, est-ce qu'il ne faudrait pas renverser complètement la manière d'enseigner ?
- Speaker #0
Ça, on parle de didactique. De toute façon, on est bien là-dessus. Ça fait quand même très longtemps, des centaines d'années. que les penseurs en didactique réfléchissent à la meilleure manière de faire apprendre quelque chose. Mais après, évidemment, ça vient se frotter un système, c'est-à-dire qu'il faut bien avoir un système scolaire, et il faut déterminer une méthode qui s'adapterait à la plupart des enfants pour apprendre. Le choix qui a été fait en France, notamment, c'est de rester sur un système qui est resté jusqu'à très tard, même encore maintenant, très descendant, c'est-à-dire... On est resté quand même très longtemps dans l'image du vase. L'enfant, c'est un vase qu'il faut remplir de connaissances. Démonstrateur, le terme de démonstrateur est très différent pour moi du terme de complice parce que le démonstrateur reste dans la démonstration, comme un enseignant de physique, de maths va faire une démonstration de quelque chose. Alors que le terme complice, c'est-à-dire on se met à côté d'eux. Et ça, ça va quand même avec toute une pensée de se dire, enfin, que l'enfant est une personne. qu'on accompagne, duquel on se met, et qui n'est pas forcément quelque chose qu'il faut remplir, remplir, remplir de connaissances. Le fait que beaucoup d'enfants, pour plein de raisons, des raisons sociales, des raisons de problématiques spécifiques sortent, n'arrivent plus dans ce système scolaire, a aussi poussé à essayer de penser des manières différentes d'apprendre. Et donc, Ébully Science est né, en fait, Henri Latreille, c'est exactement ça, la personne qui a fondé... C'était un très mauvais élève en sciences et un jour il rencontre un adulte qui lui fait aimer les sciences parce que cet adulte-là emploie une méthodologie qui est différente. Il est devenu enseignant-chercheur à l'INSA de Nyon. Ce sont des ateliers,
- Speaker #4
alors comment ça se passe concrètement ?
- Speaker #0
Donc si je prends par exemple une semaine robotique en centre de loisirs, ça veut dire que des enfants entre 6 et 12 ans vont se retrouver une bonne quarantaine à travailler sur un projet robotique. Ça leur a été annoncé comme ça. Ils viennent le matin entre 8h et 9h. Ils repartent le soir entre 17h et 18h. Et ils vont vraiment vivre un projet scientifique. Qu'est-ce qu'ils vont travailler sur cette semaine robotique ? Ils vont travailler des connaissances en robotique, la question des circuits. Ils vont devoir comprendre le schéma, l'électricité, etc. Mais pas que. Ils vont utiliser des pistocolles, des fers à souder. Ils vont développer leur motricité fine. Ils vont utiliser des outils qu'on ne leur laisse pas utiliser parce que c'est dangereux, mais en fait, ils sont tout à fait capables de les utiliser dans des bonnes conditions de sécurité. Donc, ils vont se découvrir des compétences techniques, technologiques. Ils vont avoir un projet à aboutir. C'est-à-dire qu'il va falloir qu'à la fin de la semaine, le robot, soit j'arrive à le programmer, soit on est à ce niveau-là, soit il faut qu'il arrive à bouger, à se mouvoir. Donc, ça va les motiver. Ils vont devoir travailler en groupe. Ils vont aussi... Il y a énormément de choses qui vont être mobilisées. Et c'est là, en fait, sur ces semaines, où par exemple, on sait que l'enfant, il arrive, il n'a jamais fait un robot de sa vie. Et quand il repart au bout d'une semaine, il a compris les circuits, il a compris des concepts scientifiques liés à la robotique. Il a fabriqué son robot et il repart avec. Il est capable d'expliquer à la fin de semaine, quand on fait une restitution pour les parents, à son parent ce qu'il a fait toute la semaine et ce qu'il a appris. Donc là, on le voit très concrètement qu'en étant dans la démarche d'investigation, c'est-à-dire qu'on n'a pas forcément, nous, de volonté d'apprentissage, qu'ils repartent avec des connaissances, ils repartent quand même avec des connaissances parce que pendant une semaine, ils ont été accompagnés par des médiateurs, médiatrices, scientifiques qui les ont amenés à comprendre et à avoir ces connaissances à la fin de la semaine.
- Speaker #1
J'ai fait plein d'ateliers, mais moi, tout ce qui m'impressionne, c'est un peu l'électricité. Je ne me suis pas vraiment impressionné contre les trucs électroniques avec la petite batterie, mais moi, je me suis impressionné sur le ventilateur, juste là.
- Speaker #4
Qu'est-ce qu'il y a devant les yeux ?
- Speaker #1
Un ventilateur et un autre ventilateur, parce que celui-là, il a plus de force. On peut le contrôler avec ce boîtier. On va voir qu'il y en a un deuxième. C'est le premier qui fait marcher le deuxième. On peut bien voir. On va faire ça. On doit le remettre. On doit le rallumer. On n'a pas besoin de décharge. On va faire la lumière qui brille. Mais après, on va faire la puissance. Là, on va activer le ventilateur. Et là... Là on va à l'autre côté et là on peut voir que le ventilateur il tourne. Ça a l'air très cool. Il y a aussi autre chose que j'aime. On voit il y a des bouteilles.
- Speaker #0
Il y en a
- Speaker #1
5. Bon, là on peut voir qu'il y a un tube dedans. Si je le retourne, il y a quelque chose d'impressionnant qui va s'arriver. Une fontaine d'eau,
- Speaker #0
qui est là-haut.
- Speaker #4
Ah oui, c'est un peu magique.
- Speaker #1
C'est pas magique, c'est de la chance.
- Speaker #3
Le jeune est très dans un monde de virtualité. Il est important de le ramener à ce principe de réalité, de respirer cet environnement, l'environnement physique, l'environnement de la matière, de la discipline. Et puis aussi, la deuxième idée, c'est peut-être le phénomène de parrainage. Et c'est intéressant que ce soit des universitaires, des chercheurs qui accompagnent ces... jeunes pour effectivement les accompagner dans la découverte avec une attitude d'observation, d'interrogation et en supprimant peut-être la méthode déductive qui peut-être est moins efficace sur le plaisir des sciences.
- Speaker #4
Donc c'est une archive de 2007 de la tête au carré. On a entendu Bernard Allot qui était directeur de CapSciences à Bordeaux. Je veux bien que vous réagissiez à l'archive.
- Speaker #0
C'est l'idée de la fête de la science qui est un événement national. La fête de la science, elle a vraiment été créée dans cette idée-là, c'est-à-dire de faire se rencontrer les chercheurs et les chercheuses avec le public. Avec plus ou moins de succès, pour le coup, parce que la grande problématique qu'on a dans les sciences, c'est que les chercheurs et les chercheuses qui veulent vulgariser la science, ils sont relativement mal vus dans les milieux universitaires. dans les grandes écoles etc et ça c'est ce qu'on entend continuellement moi je me souviens de Vincent Borelli très grand mathématicien qui a participé à l'ouverture de la maison des mathématiques et de l'informatique à Lyon qui me disait à quel point c'était mal vu qu'il se lance dans ce type d'initiative donc on a aussi cette problématique de tu es chercheur, tu dois chercher tout le temps c'est pas ton métier de vulgariser moi j'aimerais bien qu'on pose la question pour de vrai
- Speaker #6
Il a décidé à plusieurs reprises de supprimer le service science ou l'espace réservé à la science dans le journal. Il ne lui serait jamais venu à l'idée de supprimer le service sport. Moi je respecte tout à fait le travail de mes collègues en sport. La faiblesse de penser que pour ce qui concerne l'avenir de nos sociétés, la capacité des citoyens, des populations à utiliser l'information sur les sciences et les technologies est nettement plus impactante quant à notre futur. Alors, en théorie, c'est simple pour avoir des sociétés capables de décider démocratiquement de l'usage des technologies. Il suffit de partager le savoir, de la même façon qu'on partage le pouvoir. Un citoyen, un droit de vote. Mais le problème, c'est que le partage du savoir tel qu'il se construit dans les laboratoires de sciences est tout simplement impossible. Tout le monde, absolument tout le monde, ignore la majorité des sciences enseignées, ne serait-ce qu'en premier cycle universitaire. C'est vrai sans exception de ce que je viens de dire. Dans ma carrière de journaliste, j'ai rencontré des centaines de scientifiques, des prix Nobel, des médailles Fields, des gens couverts d'honneur. Aucun ne dérogeait à cette règle. Et donc ce que ça veut dire, c'est que l'effort qu'on a à faire pour pouvoir espérer gérer en démocratie des décisions qu'on doit prendre sur l'usage des technologies, il est absolument immense. Et donc on ne peut pas se satisfaire de la situation actuelle où... sur des chaînes de télévision grand public, on a un, deux journalistes spécialisés en sciences, pareil pour les radios, et où on a un système politique où il est tout à fait possible pour des dirigeants, pour des élus, pour de tous les niveaux, y compris députés, sénateurs, en fait, d'étaler une ignorance assez crasse de la technologie et des sciences, sans que cela leur soit... si reprochés que cela par les citoyens mais aussi par les journalistes.
- Speaker #4
C'est Sylvestre Huet qui est journaliste scientifique qui parle dans cette émission de 2022. Je vois bien que vous réagissez à l'archive qui est un peu longue où il dit beaucoup de choses.
- Speaker #0
Je ne peux pas tout savoir, personne ne peut tout savoir.
- Speaker #2
L'humanité a un niveau de connaissance et de réflexion qui est bien trop énorme pour s'en sacher. Donc forcément.
- Speaker #0
On sera toujours ignorant.
- Speaker #4
Je pense que là, c'était vraiment l'idée dans les médias, le journaliste scientifique, l'expert scientifique, on ne lui tend pas si souvent que ça le micro. Là où on va plutôt tendre le micro, on va plus parler au climato-sceptique qu'écouter la parole scientifique. Et de la même manière, dans les travaux de recherche qu'il peut y avoir sur les troubles neurodéveloppementaux, on va plus écouter les psychiatres et les fake news qu'exactement la parole scientifique.
- Speaker #0
Oui, en fait, ce qui brouille un peu ce qu'il veut dire, je comprends cela, c'est qu'il est déjà encore...